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A. Composants universels
COMPOSANTS UNIVERSELS
Tout ce qui nous entoure présente, de manière générale, les mêmes caractéristiques, les mêmes composants. Ces derniers sont des invariants du monde extérieur. Leur présence ne varie certes pas, mais la manière dont ils s’expriment et dont nous les percevons, elle, varie. Il est bien sûr question des grandes catégories omniprésentes dans notre environnement qui sont entre autre l’ombre et la lumière, les couleurs, les textures, les matières et les matériaux. Nous pouvons aussi ajouter des caractéristiques plus secondaires mais toutes aussi importantes dans l’analyse du réel qui sont les époques et les styles du bâti, les typologies urbaines, l’organisation saptiale ou encore la succession des plans. Certes ce ne sont pas des éléments abstraits tels que la lumière, les ombres ou encore les couleurs, mais nous les retrouvons toujours dans la composition du réel et il est donc assez intéressant de les intégrer au processus d’analyse, surtout d’un point de vue architectural.
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Tout d’abord, un des aspects qui prime lorsque l’on regarde quelque chose c’est sa façon d’être éclairée et de ce fait, ombrée. En effet, sans lumière nous ne verrions pas et c’est donc pour cela qu’elle est aussi importante. Elle permet de faire ressortir des éléments, ensemble ou individuellement, de rendre compte des profondeurs, des recoins, des matières, des textures, des couleurs, qui sont eux aussi des éléments importants qui composent le réel. L’ombre et la lumière vont de paire avec la vue, elles sont indissociables scientifiquement parlant mais également d’un point de vue architectural. D’après moi, ce sont les ombres et la lumière qui donnent vie et sens à ce qui nous entoure. Bien qu’elles soient deux choses immatérielles, savoir les capter, les relever et les révéler c’est aussi cela savoir regarder.
Ensuite, nous pouvons également prendre en considération tout ce qui est en lien avec la matérialité, les textures, les couleurs, tout ce qui tourne autour de la vue mais cette fois-ci en lien avec le toucher. L’aspect des surfaces, qu’il soit lisse ou rugueux, et les couleurs, qu’elles soient vives ou plus sobres, sont des éléments intrinsèques à la composition du réel et font donc partie de ce qu’il est important de regarder lorsque nous analysons notre envrionnement.
Dans les photographies présentes ci-contre, on peut immédiatement remarquer l’impact qu’ont la lumière, les couleur et les textures sur notre perception du réel. La lumière donne également une indication temporelle. On se trouve parfois confronté à des lumières diffuses et douce, plutôt du soir ou du matin et parfois, à l’inverse, à des lumière plus directes qui créent des ombres portées franches. Les couleurs sont parfois vives, parfois neutres. Les textures varient elles-aussi et permettent ainsi d’associer ce que l’on voit à un lieu plus ou moins précis, à un type de bâti, de conception, de culture.
Djerba, Tunisie


Paris, France ©Clotilde Trolet

San Francisco, Etats-Unis
©Clotilde Trolet
Île de Flores, Indonésie ©Clotilde Trolet
©Clotilde Trolet
Comme je le laissais entendre à la fin de la page précédente, la lumière, les textures et les couleurs ne sont pas les seuls composants du réel qui doivent être pris en compte. Ils sont ceux que l’on remarque en premier et peuvent alors donner de nombreuses indications sur le reste, comme la notion de temporalité, de spatialité, de localisation, de culture. C’est de cela dont nous allons parler à présent.
En effet, j’évoquais prédemment des facteurs plus secondaires mais tout aussi intéressants qui sont davantage liés à l’architecture à proprement parlé. Il s’agit des époques et des styles du bâti, des typologies urbaines, de l’organisation spatiale ou encore de la succession des plans qui se trouvent face à nous. Aussi, dans un second temps, après avoir, entre autre, prêté attention à la lumière et à la matérialité, j’aime observer la juxtaposition, l’assemblage ou encore la séparation entre les époques, les styles, les typologies architecturales. Je trouve que cela constitue une grande part de la diversité qui nous entoure et que nous nous donnons tant de mal à analyser, en la scrutant sans cesse pour mieux la comprendre.
En tant que future architecte, il paraît primordial de s’intéresser aux époques, aux styles et à la manière dont, au fil des siècles, ils ont du apprendre - ou non - à dialoguer ensemble. Aussi, les strates temporelles, les additions ou soustractions d’éléments au fil des siècles et surtout ce mélange de tout genre, tout type, tout style offre cette sorte de complexité qui nourrit le regard, qui l’enrichit et lui octroie cette capacité à analyser et à comparer. Ainsi, selon moi, c’est aussi cela qui rend l’analyse du monde extérieur si passionnante et riche.
Si l’on veut aller encore plus loin, après avoir analysé les époques et les styles architecturaux qui composent ce qui nous entoure et plus particulièrement la ville. Nous pouvons alors nous intéresser à la manière dont elle est organisée et comment cette organisation impacte la manière dont on appréhende cette dernière et plus globalement le réel. Les villes regorgent d’éléments et d’indices qu’il nous suffit de découvrir en levant les yeux, en regardant devant, derrière, à travers. En découpant ce qui se trouve face à nous, en la décomposant afin de mieux comprendre sa composition. C’est aussi grâce à ce mécanisme qu’il est possible de décortiquer la ville d’un point de vue plus architectural, en analysant les coins, les recoins, les ouvertures, les percements, les hauteurs, les profondeurs, les organisations spatiales, le rapport à la rue, le rapport au ciel, les typologies des espaces publics et privés, la manière de circuler...
Ainsi, les «composants universels» sont autant d’éléments que l’on retrouve systématiquement autour de nous. Certains sont plus simples à relever que d’autres mais lorsque l’on prête bien attention à tous ces éléments, nous sommes alors en mesure de prendre davantage conscience de notre environnement et c’est cette prise de conscience qui enrichit notre manière de voir et de comprendre.
Alberobello, Italie ©Clotilde Trolet

Paris, France ©Clotilde Trolet


©Clotilde Trolet