CityZen Moove Magazine - Episode 9

Page 1

art urbai ist n cu ique ltu re l Ep i so de 9

janvier 2013 www.cityzenmoove.com



Sommaire

6 découverte 12

portrait

26 chroniques D’UNE NOTE 30

Carnet de voyage

42 Cinéma 52

merveilles du monde

60 à la mode de chez nous 70

L’eau à la bouche

72 Les histoires du père magrin 74

chroniques d’une lettre

76 sensations 82

geek

86 rétro dvd 90

agenda

98 nouvelle de la faim

3

--

s o m m a i r e


4

--

Mise en bouche 2013 ! Ça y est, nous y sommes ! Beaucoup attendaient la fin du monde (les idiots !) tant les signes annonciateurs étaient nombreux (rendez-vous compte, nous étions le 12/12/2012 !) et finalement, nous sommes toujours là ! Si certains (finalement pas si bêtes) ont su exploiter le filon jusqu’à l’os, force est de constater qu’à l’instar du « bug de l’an 2000 », peu de choses ont changé et certainement pas le taux de croissance de notre beau pays ! Nous revoici donc gonflés à bloc (ou presque, tant le réveillon fut rude et ce n’est certainement pas aujourd’hui que nous remporterons le prix Nobel), nous et notre volonté de faire découvrir de nouveaux horizons à nos lecteurs ! De l’Islande et ses panoramas grandioses, au Brésil, à l’Argentine et au Paraguay avec les chutes d’Iguazu, en passant par l’imaginaire de Popay ainsi que les salles de Bordeaux et leurs concerts endiablés, ce voyage de début d’année ne sera pas de tout repos pour qui embarquera à bord et nous espérons que vous serez au moins aussi nombreux que le mois précédent ! Nous poursuivons donc sur notre lancée, en espérant vous procurer encore et toujours le même plaisir que celui que nous éprouvons, malgré les difficultés économiques et le temps qui passe… :) Bonne année à toutes et à tous ! Samy et toute l’équipe de CityZen Moove

Retrouvez-nous sur Facebook et internet www.cityzenmoove.com www.facebook.com/CityZenMoove


5

--

ONT PARTICIPE A L’AVENTURE : Ondine Senac, Ophélie Large, Adeline Blackité, Joanna Pichon, François Dubedout, Alice Bellocq, Charles Magrin, Maxime Bedochaud, Luis Gandara. Couverture : Ondine Senac et Samy Ellaouzi

CityZen Moove est édité par la SARL Hermes Press and Advertising. DIRECTION/REDACTION/GRAPHISME/ PUBLICITE : Samy Ellaouzi Hermes Press and Advertising 37 rue Duranteau 33000 Bordeaux 06 86 82 16 47 Rédaction : cityzenmoove@hpaa.fr Publicité : contact@hpaa.fr L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photographies, illustrations, libellés des annonces fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Les articles publiés n’engagent que leurs auteurs. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, quel qu’en soit le procédé, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. Magazine Gratuit. Ne pas jeter sur la voie publique.


6

--

Cat’s Eyes

Découverte C

at’s Eyes (de son nom Marine Thibault) est DJ et multi instrumentiste. Nous avons pu la découvrir en tant que flûtiste lors du concert de Wax Tailor, en novembre dernier et c’est donc presque par hasard que nous sommes tombés sur son travail. Comme quoi, il fait parfois bien les choses ! Cette artiste aux multiples facettes possède un CV pour le moins fourni : elle grandit au Château d’Hérouville, construit au XVI° siècle et réhabilité début 70 en studio d’enregistrement. Il connut par ailleurs un succès phénoménal et produisit des pointures mondiales (Pink Floyd, David Bowie, Iggy Pop pour ne citer qu’eux). Quel meilleur cadre pour appréhender le monde musical ? Mais c’est après des études de flûte traversière classique au conservatoire que Marine Thibaut réalisa son premier album : « Organic Point Of View », mélange entre musique électronique et trip hop. Elle poursuivit ensuite des études de journalisme et décida d’arrondir ses fins de mois en tant que DJ (Cat’s

Eyes). Elle tourna en 2006 avec DJ Click et c’est en 2007 qu’elle intégra Wax Tailor à la flûte, pour la tournée internationale « Hope and Sorrow », mais aussi en 2012 pour la tournée « The Dusty Rainbow Expérience ». Elle put également intervenir sur scène avec de nombreux artistes de renom : Eric Truffaz, Emilie Loizeau, Java, Improvisator Dub… C’est après de nombreux voyages qu’elle réalise en 2012 l’album « Nomade », accompagnée de cinq musiciens. Oscillant entre trip hop, dub et world music, le groupe créé autour du nom de Cat’s Eyes nous propose, une fois n’est pas coutume, une musique personnelle et à fleur de peau. Sa sensibilité rare nous invite au voyage, dans un road trip autour des sept langues maîtrisées par les artistes de la formation : dépaysement garanti. Marine Thibaut se produira en Gironde à trois reprises au mois février 2013 : le 8 aux Vivres de l’Art à Bordeaux, le 9 au Zic Zac à La Teste de Buch et le 15 à la Bibliothèque de Mériadeck encore à Bordeaux. Notre petit doigt nous dit qu’on Texte : Samy E. reparlera d’elle dans le prochain opus… Photographies : Benjamin J. / Florent T. www.marinethibault.com A bon entendeur !


7 --

DOPE I

D.O.D

L fut un temps où l’on repérait le potentiel d’un groupe grâce au nombre de places vendues lors des concerts et du classement de son dernier album dans les charts. Le monde change et aujourd’hui les découvertes se font sur Youtube, un grand nombre de vues attestant d’une popularité incontestable. Le clip « What happened » des Hollandais de Dope D.O.D. en compte déjà plus de 9 millions en moins d’un an ! Penchons-nous donc un instant sur la bête… Visuellement, c’est une claque ! La réalisation est léchée et illustre parfaitement le propos des trois Mc’s et de leur style parodiant de prétentieux psychopathes. Côté son, dès que la bombe est amorcée, passez-moi l’expression mais il s’agit d’un véritable « coup de ranjo en pleine face » ! Des basses faisant partie des plus grasses qui nous aient été données d’entendre dans des productions rap sont posées sur un beat tout aussi efficace et nous scotchent pendant que les lascars balancent un flow hargneux et maîtrisé, imposant leur style « Hip Hop Hardcore » sur fond d’instru « Dubstep », et ce avec l’efficacité d’une moissonneuse batteuse ! Sauvagement efficace ! http://www.dopedod.com Texte : Charles M.

d e c o u v e r t e


LIVE

8 --

Jim Jones Revue

C

ETTE fin d’année a vu le retour des Jim Jones Revue sur les terres qui les ont fait connaître, avec notamment une escale à Cenon le 17 novembre dernier. Forts d’une réputation acquise au fil de prestations explosives, c’est devant un public conquis d’avance que les cinq Londoniens débarquent sur les planches du Rocher de Palmer. Mais le groupe, emmené par un Jim Jones toujours aussi ébranlé, n’est pas venu se reposer sur ses acquis, mais bien tester ses nouvelles armes issues du troisième et dernier album en date, intitulé « The Savage Heart ». Toujours sur les bases d’un rock garage qui tend à s’éloigner peu à peu des racines 50’s - 60’s de leurs débuts, le JJR assomme dès l’entame grâce aux rythmes lourds d’ « It’s Gonna Be About Me » et « Never Let You Go ». Le dernier opus apportant de la matière supplémentaire, le groupe est désormais plus à même de nous surprendre qu’auparavant, en se permettant par exemple de briser la cadence sur le blues pesant de « Chain Gang ». Le départ de l’excellent pianiste Elliott Mortimer est désormais oublié, tant son successeur Henri Herbert, à la virtuosité bluffante, semble avoir pris de la bouteille au fil des tournées et replace ainsi le clavier en attraction quasi principale du concert. Le chanteur Jim Jones quant à lui, fidèle à sa réputation de show man, ne ménage pas sa voix rauque devant un public d’abord attentiste qui se lâchera durant la deuxième partie, sur les « classiques » tels que « Burning Your House Down », « Rock’n’Roll Psychosis » ou encore « Cement mixer ». Les titres s’enchaînent sans baisse de tension, pour atteindre une nouvelle dimension de ferveur lors du rappel avec le fédérateur « In & Out Of Harm’s Way » et ses chœurs soulevant une audience envoûtée par la puissance dégagée par le groupe. La prestation se conclue sur « Princess & The Frog », titre phare qui lançait il y a quatre ans le premier album d’un groupe en constante ascension. Les guitares brandies vers le haut, les Jim Jones Revue effectuent leur salut pour la quatrième fois en Gironde, laissant présager un retour rapide des Anglais dans nos salles. Texte : Maxime B.

Photographies : Samy E.


9

--

ATELIER DE MÉCANIQUE GéNéRALE CONTEMPORAINE

P

our la 6ème édition de la Grande Revue Mécanique (qui s’est tenue du 5 au 9 décembre dans différents lieux de Pessac), l’Atelier de Mécanique Générale Contemporaine nous entraîne sur la piste de la lenteur. Cette année, le spectacle prend une autre forme : des brèves, un peu d’infos, des chansons, et toujours le rire. On savoure le moment, on participe à la réflexion. Pour cela, les cinq soirées sont entrecoupées de débat sur des thèmes aussi divers que l’art et la culture, les nouvelles technologies, la normalisation et le conformisme, les monnaies alternatives et le temps qu’on laisse aux choses… Une seule règle : Stop ! Ralentissons… La troupe de « l’Atelier de Mécanique Générale Contemporaine », animée depuis 2002 par Jean-Philippe Ibos, auteur et metteur en scène, et Michel Herreria, peintre scénographe, prend ses quartiers à Pessac en 2009. De là naît le Compagnonnage avec la ville. Cela permet à la compagnie de s’inscrire dans un lieu et d’animer celui-ci, à travers des représentations dans les lieux culturels, mais aussi dans l’espace public. Le spectateur découvre ces nouvelles formes d’écritures contemporaines et jette un œil sur le monde qui l’entoure. Les liens sont solidement noués, et ainsi chaque année, la Grande Revue Mécanique fait des siennes.

Mais rien n’est fini ! Depuis mars 2012, la compagnie planche sur un nouveau spectacle. La création 2013, qui s’intitule « Mords la main qui te nourrit » promet d’être explosive ! On assistera à une grande soirée énergique et musicale, qui s’articule autour du (re)calcul du SMIC, d’un buffet-colère quoique convivial et du grand bal de la désobéissance des corps et des esprits. Avec la complicité de la Cie Le Trio d’en Bas et de Thierry Oudin, les mécanos vous réservent une surprise de taille, une soirée impertinente, excessive, utopique ! Les 21, 22, 23 et 24 mars, les premières représentations auront lieu à Pessac. A vos agendas ! Réservations « Mords la main… » auprès de Pessac en Scènes (05 57 93 65 40) Pour les autres spectacles, les autres dates et pour plus d’infos : Texte : Adeline D. Photographie : Samy E.


wax tailor

10 --

d e c o u v e r t e

L

E Rocher de Palmer est plein à craquer ce soir, comme la veille dans la « ville rose », la salle affiche complet. Le fait que la plus grande partie du public soit féminine me réjouit : cela va me changer de la sueur et des cris gutturaux des sympathiques poilus des concerts dont j’ai l’habitude et bonne surprise ce soir, la « team » est au complet, tous les instruments sont présents, du violoncelle à la guitare électrique en passant par la flûte traversière de Marine Thibault. Cette tournée suit la sortie du dernier album « Dusty rainbow from the dark ». Néanmoins J.C. Le Saout sait bien qu’il est impossible de faire l’impasse sur les morceaux devenus emblématiques des précédentes productions. Les deux MC de « A state of mind » (Cf. CM épisode 4) sont en grande forme et mettent le feu au public sur l’excellent « Positively Inclined ». La sublime voix de Charlotte Savary quant à elle nous donne des frissons de plaisir sur les tubes « Qué Sera » et « This Voice », un pur régal ! Alors que Mr Tailor tente de chauffer son public en lui posant la fameuse question : « comment ça va Bordeaux ? Vous êtes chauds ? », une remarque sortie de l’ombre me fait éclater de rire : « Pourquoi se sent-il obligé de faire le DJ de boîte de nuit de campagne ! ». Certes, sur le fond, cette intervention de l’artiste n’éclaire aucunement nos lanternes sur la question de l’unification de la relativité générale avec la physique des quantas ; mais on ne peut pas lui reprocher de vouloir se rapprocher du public afin de connecter la scène à l’arène, et ainsi entretenir la bonne ambiance en place. Sa technique est irréprochable, ses compositions tour à tour planantes ou dansantes mais toujours efficaces, pourtant tout l’intérêt du groupe en live réside dans sa mise en scène. Passionné de cinéma (en attestent les nombreux samples de films sur chacune de ses galettes), Wax Tailor a su en tirer l’essence pour en imprégner ses concerts. Les jeux de lumières et les projections vidéos créent une ambiance unique, une performance dont on ressort joyeux et plein d’optimisme ! Merci Mr Tailor ! Texte : Charles M. Photographies : Charles M.


11

--


Portrait

Photographies : ŠPopay


The Sailor

Texte : Samy E.

http://popay.free.fr/



15 "La réaction qu’une image peut provoquer chez quelqu’un ». Depuis son plus jeune âge, le leitmotiv de Popay est de recréer ce phénomène, qui si tôt, le marqua… Convaincu qu’il aurait un jour ou l’autre une carte à jouer dans le domaine de l’image et de l’illustration, il se lança à corps perdu dans l’Art et nous allons donc tenter de comprendre le sien. Faisant encore une fois la démonstration de leur grande perspicacité, les « Grande écoles » fermèrent leurs portes à ce talent brut, ce qui lui permit de s’investir pleinement dans le graffiti qui lui tendait les bras (en effet, nul besoin d’un BAC + 8 pour exercer son art dans ces conditions). En 1992, la réalité économique le rattrapant, il commença à travailler au sein d’une société d’effets spéciaux (« Duboi »). Cette expérience lui permit d’appréhender l’outil informatique et provoqua chez lui une véritable révélation, qui, si elle ne fut pas immédiate (il n’acquit son premier ordinateur en 1999), n’en fut pas moins importante, puisqu’ il travailla dès lors l’illustration numérique, sans pour autant délaisser ses premières amours : les murs, le graffiti, le street art. Subversif ? Popay l’est certainement, du moins si l’on se fie aux raisons de son orientation vers le dessin et l’illustration. S’il a avant tout souhaité réagir au marché de l’art, à son évolution (plus particulièrement celle des techniques, que nous aborderons par la suite) il s’est orienté vers le pop art car selon lui, « il désacralise le support, la technique ». Casser l’idée de la rareté faisant la valeur et rendre accessible son (ses) message(s) par d’autres méthodes de diffusion, tout en apprivoisant le système marketing, tels étaient ses objectifs. Philosophe ? Pas qu’un peu, surtout lorsque l’on examine les points concernant son art et ses influences ! S’il préfère que le spectateur soit seul juge de ses influences (un vrai magicien ne révélant jamais ses secrets), sa plus grande victoire est le pouvoir d’attraction de son dessin, qui ne manque jamais de marquer les esprits. En effet, l’être humain n’étant jamais plus vivant que lorsque sa curiosité est attisée, Popay nous explique que « l’Art doit aider à prendre conscience du présent », et… il a raison : Les messages et émotions qu’une œuvre nous renverra, différeront d’un individu à l’autre, mais toujours en « éclairant ses lanternes » et en l’incitant à la réflexion, quelle que soit la thématique traitée. Par ailleurs, s’il prétend ne pas avoir de technique ou du moins ne pas s’y soustraire et même la dépasser, afin de la mettre au service du thème abordé, de l’idée ou de l’expression, Popay pratique la peinture, comme la photographie et l’animation, en tâchant de rester attentif aux avancées technologiques qui conditionnent évidemment l’inspiration. L’évolution des outils et surtout la dématérialisation du support permettent maintenant de réduire de manière drastique les coûts de production d’une œuvre, qui auparavant était bien souvent formatée par le commanditaire, et c’est en cela qu’il tire la force de son art indépendant. Pour conclure, Popay est un artiste réfléchi, optimiste, réaliste économiquement parlant et avide de projets en tous genres (réalisation de murs monumentaux, expérimentations animées, récupération d’un lieu d’art collectif - un squat en péril -). Il s’estime également chanceux de vivre à une époque où tant de choses évoluent et tout particulièrement l’accès à l’image, les outils infographiques, etc. Ainsi, si les perspectives économiques de cette nouvelle année s’avèrent particulièrement sombres, nous espérons que ses œuvres vous feront considérer le verre à moitié plein, tout comme lui…

-p o r t r a i t












26 --

Les Chroniques D’une Note

Shifted Crossed Paths

https://soundcloud.com/shifted

U

NE opportunité s’offre enfin à moi de vous parler d’un artiste que j’affectionne particulièrement. En effet, son EP venant tout juste de sortir, il s’agit là du prétexte idéal pour nous enfoncer dans des contrées plus sombres qu’à l’accoutumée ! Jusqu’en 2012, son nom ne suscitait chez moi aucune réaction. Et puis en avril dernier je suis tombé sur « Crossed Paths », que j’ai assez rapidement placé tout en haut de la liste d’albums à retenir cette année. S’il a néanmoins sorti de très bons Ep en 2011 (entre autres « Control », « Drained », pour ne citer que ses sorties chez l’excellent label de Luke Slater). Nous ne retiendrons dans cette chronique que sa fameuse intervention d’avril, celle qui lui a assuré une place au panthéon des artistes Techno contemporains. Il est clair qu’aujourd’hui, nous assistons à une résurgence de ce style qui a quelque peu été délaissé… Cette techno dure, industrielle et froide que l’on pouvait entendre dans les années 90 et qui fait office aujourd’hui de fer de lance de labels tels que Mote-Evolver, Avian Stroboscopic Artefacts… Pour le plus grand bonheur de nos tennis et oreilles avisées. Même s’il s’inscrit dans cette mouvance et que nous arrivons à le faire entrer dans une boîte, le personnage est à placer en retrait. Si l’étiquette techno lui sied à ravir, il va cependant beaucoup plus loin, tant la puissance visuelle et mentale de sa musique est forte. Nous sommes immédiatement


27 -L E S C H R O N I Q U E S d ‘ u n e N o t e

plongés dans un univers singulier et ce dans la majorité de ses productions. Les textures sont très détaillées et forment un tout, ce qui ne veut bien entendu pas dire que tout se ressemble. A l’opposé, chaque « track » est à la fois singulière et surprenante. Les atmosphères hypnotiques et mentales se succèdent avec des parties plus « dancefloor », le tout dans une redoutable cohérence. Il va sans dire que son dernier Ep, « Razors », s’inscrit tout à fait dans cette ligne. Une sympathique pincée électronique en attendant un prochain LP, qui je l’espère fera voyager les amateurs tout autant que le précédent. Il ne me reste qu’à préciser que si la techno vous effraie, alors Shifted n’est probablement pas à mettre dans votre « itruc »… Ou alors accompagné de mesures préventives, car on ne trouvera que peu de compromis dans ces boucles, qui tournicotent au plus profond de nos synapses. Le plaisir sera néanmoins de la partie pour tous les amateurs et au-delà des frontières musicales, simplement, par curiosité, jetez-y une oreille attentive, sans vous poser de question et laissant vos a priori de côtés. Texte : Luis G.


28 --

NEObliviscaris portal of i

https://www.facebook.com/NeObliviscarisBand

P

arfois, les plus belles surprises revêtent des formes on ne peut plus originales... Cet album « Portal Of I », du groupe Australien « Ne Obliviscaris », qui signifie « ne pas oublier » (à juste titre) est paru en mai dernier et frappe un très grand coup… Formé en 2003, c’est après une première démo de trois titres (compris dans cet album) pressée en 2007 que leur premier disque sort dans les bacs. C’était il y a cinq ans, la formation a donc bien pris son temps, qu’en est-il du résultat ?

Puisant dans diverses branches du registre Metal, c’est sans complexe que « Neo » nous assène une énorme claque. Lorgnant clairement du côté d’« Opeth » de la grande époque, certains riffs et parties de voix sont pourtant tirés du Black Metal norvégien des années 90. Cependant, limiter leur musique à cela serait pure hérésie. En effet, l’ajout d’éléments folks (oui oui, vous allez voir !) et la construction même des compositions, bardées de riff tous plus accrocheurs les uns que les autres, modernise, allège et transcende finalement le tout. L’une des grandes forces du groupe est un violon omniprésent qui vient renforcer les mélodies des guitares et ce véritable tour de force émotionnel prend toute son ampleur lors de fantastiques envolées. L’utilisation d’une guitare acoustique nous surprend d’emblée, ajoutant un réel caractère folk à la musique produite. Les deux chants totalement différents, l’un clair (celui du violoniste) et l’autre tantôt purement Black Metal, tantôt hurlé, se complètent à merveille et l’on sent une réelle cohésion dans le travail de composition. N’étant que peu adepte des voix criardes typées Black Metal, je ne peux que m’incliner devant tant de maîtrise et de mise en valeur des « instrus ». Les guitares…du grand art, tout simplement. Le son, travaillé de sorte à paraître froid nous réchauffe pourtant le cœur ! Il faut justement en avoir un fait de pierre pour ne pas être touché par les mélodies enivrantes livrées par nos compères. La « disto » ne se fait presque pas sentir et aucune agression auditive


29 -L E S C H R O N I Q U E S d

'

u n e N o t e

caractéristique au registre n’est à noter. C’est en poussant le volume que l’on prend toute la mesure de leurs compositions, ceci reflétant un travail de production sérieux, mais surtout la volonté de la formation de développer l’aspect progressif de leur musique, qui tend parfois vers du Dream Theather ou du Cynic (toujours de la grande époque), un certain côté féerique en plus. Paradoxalement, si de prime abord la production semble loin d’être le point fort du groupe, c’est en approfondissant l’écoute que l’on se rend clairement compte du travail effectué : tous les instruments, voix comprises (bien que celle du violoniste puisse parfois sonner bizarrement, son timbre nasillard - sans critique technique aucune - étant accentué sur certains passages), se distinguent parfaitement les uns des autres. Malgré la présence de six musiciens, tout paraît clair et parfaitement limpide (pour une oreille avertie) et c’est avant tout ce que l’on demande. Venons-en maintenant à la batterie, tout bonnement impressionnante. Les pieds (les plus rapides d’Australie !) sont ahurissants de maîtrise et le jeu de bras n’est pas en reste… Les énormes descentes de tomes fonctionnent à merveille, ajoutant un côté épique des plus appréciables, les blasts sont du plus bel effet, pour un tout réfléchi de bout en bout. Le jeu est fin mais direct, technique mais pas flambeur, bref, un régal pour les oreilles, et, une nouvelle fois, la production fait merveille en nous permettant de distinguer chaque élément, même sous un déluge de notes... La basse quant à elle ne se contente pas de suivre les guitares en ajoutant de la « grosseur » au son, mais est bel et bien présente et apporte énormément aux compositions. Vous l’aurez compris, le coup de cœur est réel tant il est inattendu. Bien que ne m’attardant que rarement dans ce type de considérations, « Portal of I » fait clairement partie des albums Metal de l’année ! Texte : Samy E.


Carnet De Voyage

Photographies : ŠCharles Magrin


au pays des trolls (suite)

Texte : C. Magrin


32 Actu --

Ciné ///


A

près cette journée bien remplie, lors de laquelle je suis parti des geysers pour faire halte à la cascade Gullfoss, avant d’arriver sur les hauts 33 plateaux au terme d’une harassante ascension (c.f. CM 8), je passe - la porte de la cabane de bergers (ouverte à tous les naufragés de cet océan pétrifié) c et m’effondre sur un lit en bois. Alors que je sombre paisiblement dans un sommeil a réparateur sans même avoir songé à me nourrir, l’écho caractéristique des sabots de r plusieurs chevaux islandais me parvient. Quelques minutes plus tard cinq hommes n entrent, me saluent furtivement et déverrouillent la grande pièce attenante à ma e t chambre, dans laquelle ils vont faire étape cette nuit. Cet événement réveille mon estomac criant famine et je me décide enfin à faire bouillir une douteuse poudre de légumes lyophilisés. C’est alors que l’un des hommes fait son apparition sur le seuil de la chambre glacée et m’invite en anglais à partager avec eux la chaleur du poêle à gaz qu’ils ont amené. Je ne me fais pas prier et remets à plus tard la dégustation de ma tambouille. Au milieu d’une grande pièce seulement meublée de quelques lits trône une grande table ronde autour de laquelle les hommes sont assis en silence. Ils me dévisagent et sur leurs faces creusées par l’inépuisable vent islandais, se dessinent de maigres sourires. De leurs yeux émanent une force tranquille. Franches poignées de mains, présentations (ayant omis de noter leurs noms il m’est impossible de me les rappeler), on m’invite à rejoindre le cercle. La première minute est très spéciale : les Islandais étant par nature timides et froids, et étant moi-même exténué par ma longue journée de pédalage, nous n’échangeons mot et nous nous contentons de nous observer à la lumière d’une bougie. Sa chaude lueur oscille au rythme d’une mélopée inaudible, accentuant sur leurs visages les profonds sillons qui trahissent une vie au grand air. Bizarrement je ne ressens aucune gêne, ce moment est même apaisant. Peut-être attendent-ils un signe de la part des Elfes pour savoir si cet étranger est digne de confiance ? Quoi qu’il en soit, l’un d’eux se lève soudain et part fouiller dans un grand sac dont il tire deux bouteilles en plastique. Il en dévisse le bouchon et s’envoie tranquillement une rasade du breuvage. Je comprends alors que ce liquide transparent ne doit pas être inoffensif… Il passe ensuite la bouteille à son voisin de droite et donne l’autre à celui de gauche. On me demande enfin ce que je suis venu faire dans les Highlands au mois de septembre. « Me promener » leur réponds-je simplement. « Tu t’es trompé de saison ! » me lance le seul jeune de la troupe. J’accuse le coup et leur demande pourquoi. Je savais bien que les températures baissaient rapidement dès la fin du mois d’août, mais les blizzards sont plutôt attendus pour novembre. On me répond qu’en ce moment même une gigantesque tempête de neige arrive du Groenland tout proche ! « What the F… ! » « Si tu continues vers le nord tu trouveras encore une cabane à soixante kilomètres d’ici mais plus rien sur les cent derniers kilomètres et si tu es pris dans la tempête, tu ne survivras pas, ta tente s’envolera avec toi et personne ne sera là pour te secourir. » Je suis abasourdi ! « D’habitude ça arrive plutôt en novembre… » me dit-on… C’est à ce moment précis que mon voisin de gauche me passe la bouteille. « Qu’est-ce que c’est ? » dis-je ; « Brennivín ! » répond-il : de l’eau de vie de pomme de terre…

d e v o y a g e


34

Je porte à mon tour le goulot à mes lèvres. Ce qui s’ensuit pendant peut-être - - deux heures n’est plus très clair et ce ne sont que des lambeaux de souvenirs brumeux qui me parviennent aujourd’hui : les bouteilles font un tour, puis deux, puis trois, je leur fait goûter au Génépi que j’ai amené avec moi et qu’ils semblent apprécier. Je leur pose des questions sur ce qu’ils sont venus faire ici : ils descendent les moutons dans la vallée pour l’hiver. Le jeunot s’approche de moi et je me rends compte qu’il est complètement « farci » ! Il tente de m’expliquer les différences de prononciations entre le Danois et l’Islandais qui ont des racines communes. Le pauvre bougre est bloqué sur le mot « Danois », qu’il répète en boucle en me regardant vaguement dans les yeux : « Dans-k, daaansk, arghh, DANSK you see ? be-cause BLURP Dansk is… DANSK ! ». Lassé par son haleine d’éperlan frit et voyant que cela n’en finira jamais (les autres, rendus plus résistants à l’éthanol par les années de transhumance se tordent de rire et ne font rien pour l’arrêter), je lui conseille de rendre les armes et de rejoindre Morphée. A ma grande surprise, il s’exécute presque immédiatement (avec la grâce d’un calmar s’essayant à la marche terrestre) et s’en va vomir tout son soûl dans son lit. Merci pour l’odeur camarade… Après encore quelques échanges culturellement enrichissants avec les autres, je me décide enfin à me coucher. On me dit de choisir un lit dans la pièce pour profiter de la chaleur du poêle. C’est gentil mais le « Brennivin » m’a déjà suffisamment rôti les côtes ! Je jette un coup d’œil par la fenêtre avant de passer la tête sous le sac de couchage et crois soudain être victime d’hallucinations ! Serait-ce un effet de cette maudite eau de « vie-king » ? Pour m’en assurer j’appelle un des bergers. « Ah t’as quand même de la chance ! Les premières de la saison » me dit-il sans plus s’émouvoir. Je me propulse hors de mon duvet comme un possédé, me rhabille, saisit mon appareil photo et me précipite au dehors. Ce que je vois alors me subjugue : des aurores boréales ! L’excitation m’envahit : mes yeux s’emplissent et une larme coule le long de ma joue. Je n’espérais même plus avoir cette chance ! Elles se meuvent presque imperceptiblement, leurs formes sveltes lacèrent une trame nocturne piquée d’innombrables étoiles. Leurs couleurs chatoyantes vertes et jaunes sont extraordinairement belles ! Je n’ai jamais rien vu de tel. Je les observe deux heures durant et ne les photographie que quelques dizaines de minutes : il serait dommage de passer mon temps derrière mon appareil alors que je peux les contempler de mes yeux ébahis ! Je ne peux évidemment pas exprimer par des mots à quel point cette expérience est divine. Un souvenir inaltérable, d’ailleurs je ne ressens plus les effets du tord-boyaux local. Deux heures du matin, il est temps de laisser la place aux êtres magiques qui peuplent cette salle de spectacle à ciel ouvert.


Le lendemain à l’aube l’air est vif. Après un petit déjeuner aux côtés de mes amis d’un soir (dont un assez pâle !) je suis donc leurs conseils et rebrousse chemin 35 à contrecœur. Au moins je ne serai pas venu sur les hauts plateaux pour rien, je suis - encore tout excité par les merveilleuses visions de la nuit passée. Et puis la rude c ascension de la veille est maintenant une longue pente depuis laquelle j’ai une vue a panoramique sur les splendides étendues de la vallée en contrebas ! r Je repasse devant la « Chute d’or » sans m’arrêter puis devant les geysers que je vois cracher leur vapeur depuis la route. Le soir venu je fais de nouveau étape à l’auberge de Laugavartn car la tempête dont les bergers m’ont averti est imminente. Au matin, le ciel est clair, le vent pour une fois presque inexistant. Il ne s’est assurément produit aucun cataclysme cette nuit. Je décide de continuer vers le sud en direction de Selfoss. C’est la plus grande ville du sud du pays avec six mille âmes. Elle n’est pas des plus esthétiques et je pousse mon guidon jusqu’à Eyrarbakki, petit village de pêcheurs où je déniche une auberge en face de la plage. Depuis environ une heure, je vois un énorme front d’épais nuages noirs à une quinzaine de kilomètres à l’ouest et faisant route vers l’est, c’est-à-dire droit sur moi… l’auberge est fermée mais un numéro est inscrit sur la porte. J’appelle. Un homme me répond et envoie sa femme m’ouvrir pour la nuit. Rassuré, j’attends sur le bord de la route en gardant un œil sur la menaçante masse qui approche lentement, mais sûrement. Une demiheure plus tard personne n’est encore venu, et les quelques passants me voyant avec mon vélo me disent que je ne pourrai pas dormir dehors ce soir car la tempête promet d’être terrible… je décide de rappeler le gérant de l’auberge. Après plusieurs tentatives infructueuses il décroche enfin et me dit, un peu penaud, que ni lui ni sa femme ne viendront m’ouvrir ! Voyant que les torrents de pluie ne sont plus qu’à un ou deux kilomètres, j’explose et lui intime l’ordre de tenir parole, de plus je vais me faire tremper alors que j’aurais eu le temps de retourner à Selfoss avant la tempête s’il avait directement fait état de sa flemme au premier échange... Rien n’y fait et, réalisant qu’il lui suffit de raccrocher nonchalamment le combiné pour ne plus se faire accabler, il s’exécute…

n e t d e

v o y a g e


Furieux, je rugis des insultes en anglais et en français, à la grande stupeur des 36 habitants s’activant encore à mettre à l’abri tout ce qui pourrait s’envoler. J’effectue --

donc le trajet inverse (décidément !) jusqu’à Selfoss malgré le fait que toutes les auberges des environs affichent complet. Le déluge s’abat enfin sur moi et les automobilistes ne comprennent pas pourquoi un cinglé fait du cyclo tourisme un jour de tempête. Je commence à me demander où je vais bien pouvoir me réfugier quand j’aperçois soudain un merveilleux panneau signifiant « un gîte à la ferme » ! Je prie pour qu’il y reste des lits. Le propriétaire m’accueille avec un grand sourire et me rassure immédiatement, le gîte est libre et la nuitée d’un prix abordable. Quelques minutes plus tard, c’est l’enfer, la pluie est balayée par des vents d’une violence inouïe. Cela va durer toute la nuit, puis la journée suivante et encore une partie de la nuit d’après. Heureusement, deux jeunes Finlandaises ont elles aussi trouvé refuge ici et l’on fait passer le temps en se racontant nos vies et nos aventures islandaises autour d’un thé fumant. En allumant la télé, nous sommes surpris de constater qu’au nord et au centre de l’île (vers où je me dirigeais encore trois jours plus tôt) la tempête a détruit une partie du réseau électrique et que des centaines de foyers sont plongés dans l’obscurité, sans chauffage. Un manteau neigeux de plusieurs mètres y recouvre tout. Ouf, j’ai eu chaud ! J’aurais eu l’air fin avec ma tente et mon vélo au beau milieu de cette furie. Heureusement que la neige a épargné le sud ! Après l’inactivité de ces derniers jours mes cuisses réclament leur quota de travail et j’abats cent kilomètres contre un vent de face de trente kilomètres par heure, en m’arrêtant seulement une vingtaine de minutes à la mi-journée pour me sustenter de barres de céréales. La route le long de la côte est magnifique. Je passe la nuit à Grindavik dans une auberge hors de prix tenue par des Russes peu commodes aux gueules de mafieux. Ils jacassent dans leur dialecte et me jettent des regards ponctués d’éclats de rire. Le jour suivant marque la dernière étape de mon périple sur « l’île de glace » : une quinzaine de kilomètres le long de volcans endormis. Je passe devant le « Blue Lagoon », thermes balnéaires artificiels entourés par une centrale géothermique au charme… tout industriel. Malgré sa laideur et son inauthenticité c’est l’une des plus grosses attractions touristiques de l’île. Je croise une bonne dizaine d’autocars de tours opérateurs, véritables barges déversant leurs régiments d’amateurs de voyages organisés, qui enchaînent les sites classés dans une course ne laissant aucune place à l’imprévu, aux rencontres et à la contemplation. Le temps d’y songer et l’aéroport est déjà en vue. Prévu pour un mois, mon voyage n’aura finalement pas duré plus de onze jours. Frustré par ce coup du sort qui m’empêche de poursuivre, je ne veux pas rentrer immédiatement en France et réserve donc un billet pour Londres. Après une visite de la ville (c.f. portfolio C.M. 7), je prendrai un ferry pour Saint-Malo d’où j’entamerai le tour de la Bretagne le long de la côte. Néanmoins, en montant dans l’avion, je me promets de revenir un jour découvrir les merveilles que ce pays singulier à la beauté brute peut offrir à qui souhaite vivre une expérience inoubliable à seulement trois battements d’ailes de Paris. Je tiens à remercier l’Islande pour sa beauté, son peuple pour son authenticité, mon destrier roulant pour sa fidélité, ainsi que Mady et Gary pour leur chaleureux accueil lors de mon passage au royaume du thé.

FIN







42 --

Les Chroniques D’une Bande

les bĂŞtes du sud sauvage


43 --

De: Benh Zeitlin Avec: Quvenzhané Wallis, Dwight Henry, Jonshel Alexander… Drame fantasmagorique / Couleur / 1h32 / États-Unis (2011) / 12 Décembre

H

USHPUPPY, 6 ans, vit dans le bayou avec son père. Brusquement, la nature s’emballe, la température monte, les glaciers fondent, libérant une armée d’aurochs. Avec la montée des eaux, l’irruption des aurochs et la santé de son père qui décline, Hushpuppy décide de partir à la recherche de sa mère disparue. Bien que son monde soit condamné, la petite fille lutte avec obstination, échafaudant autour d’elle un monde fantastique où l’imaginaire est protecteur.

C’est une véritable avalanche de prix et de louanges qui a déferlé sur ce petit film indépendant, récompensé cette année par la Caméra d’Or et le Prix Regard Jeune à Cannes, Prix du Jury à Sundance ainsi que le Grand Prix et le Prix de la Critique à Deauville… rien que ça. Alors, la question qui nous brûle les lèvres : « Les Bêtes du Sud Sauvage » mérite-t-il tant d’éloges ? Et bien ma réponse sera plus contrastée que celle de la majeure partie de la critique. Présenté comme une fable naturaliste, le film met en lumière la résistance des opprimés, les habitants du bayou, face au monde moderne, et leur volonté de conserver un mode de vie proche de cette nature farouche qu’ils ont su apprivoiser. Seulement le portrait de cette population du marais manque cruellement de contraste. Si l’on s’en tient à l’appréciation du réalisateur, il semblerait que la population du bayou soit exclusivement composée d’ivrognes braillards et dépenaillés. Benh Zeitlin force un peu le trait pour illustrer la pauvreté et la rudesse de l’hygiène de vie de ses personnages. Cependant le réalisateur retranscrit avec une certaine tendresse l’univers pourtant brutal où évoluent ses protagonistes, via le procédé classique mais ô combien efficace de l’identification. En effet, tout le film repose sur l’empathie pour la petite Hushpuppy, gamine intrépide barbouillée de gadoue. Il faut dire qu’elle est attachante avec sa petite frimousse et sa moue dévastatrice ! Malheureusement la caméra-épaule remuante de Zeitlin ne se pose que très rarement pour la filmer et nous aurions préféré quelques plans fixes qui auraient appuyé à merveille le côté contemplatif de la mise en scène. Car s’il faut bien accorder une chose au film, c’est son atmosphère féérique et envoûtante. Appuyé par une bande-son magnifique, l’ambiance est magnétique lorsque le cinéaste nous transporte dans l’après Katrina : les villes dévastées, l’eau qui a tout emporté, tout est retranscrit, filmé avec poèsie… Une sensibilité extrême, trop rare pour que l’on passe à côté, et qui fait vite oublier les quelques défauts du film. Un conte onirique qui retranscrit avec une tendresse incommensurable la réalité d’un monde rude. Texte : Joanna P.

c i n e m a


Actu Ciné

44 --

Textes : Joanna P.

Django Unchained De : Quentin Tarantino Avec : Jamie Foxx, Christopher Waltz, Leonardo DiCaprio, Samuel L. Jackson, Kerry Washington… Western / Couleur / 2h44 / Etats-Unis (2012) / 16 Janvier

D

ANS le Sud des Etats-Unis, quelque temps avant la Guerre de Sécession, un ancien dentiste allemand reconverti en chasseur de primes, le Dr King Schultz, fait l’acquisition de Django, un esclave qui peut l’aider à traquer les frères Brittle, les meurtriers qu’il recherche. En contrepartie il lui promet de l’affranchir. La mission accomplie, Schultz va cependant rester aux côtés de Django afin de lui permettre de libérer sa femme des mains du cruel Calvin Candie, un puissant propriétaire terrien. Trois ans se sont écoulés depuis le débridé « Inglourious Basterds », et il y a fort à parier que ce nouveau bébé de Tarantino donne dans l’affreusement réjouissant, lui aussi. Le plus cinéphile des cinéastes s’offre enfin l’immense plaisir de réaliser son western spaghetti. Grand admirateur du genre et de Sergio Leone, cela fait bien longtemps que le réalisateur mûrissait ce projet. Humour et hémoglobine, dialogues tranchants et situations ubuesques sous fond de révérence à la série B : voilà le programme que nous réserve certainement le prochain Tarantino. Alors, déchaîné ?


45 -A C T U C i n e

Gimme The Loot De: Adam Leon Avec: Tashiana Washington, Ty Hickson, Zoë Lescaze… Drame / Couleur / 1h21 / Etats-Unis (2012) / 02 Janvier

M

ALCOM et Sofia sont de jeunes graffeurs qui arpentent les rues de New York pour couvrir de leurs noms les murs de la ville. Lorsque l’un de leurs tags disparaît sous un autre graffiti, les deux adolescents se lancent le défi de leur vie : tagguer la pomme géante du Shea Stadium. Pour cela, une seule contrainte et pas des moindres : trouver les 500 dollars nécessaires pour que le gardien de nuit les fassent entrer incognito… Entre rivalités de gangs et petites combines, parviendront-ils à prendre leur revanche ? Voici une jolie promesse du cinéma indépendant newyorkais. Caméra à l’épaule, de la grosse pomme du Bronx à Manhattan, le jeune Adam Léon a tourné son « Gimme the loot » en un temps record (21 jours). Réalisé avec un budget drastique, voici le portrait optimiste d’une jeunesse un peu paumée mais pourtant si exaltée. La légèreté du ton et la vitalité de la mise en scène ne viennent pourtant pas occulter la violence et la fracture sociale qui caractérisent New-York. Il est possible d’être à la fois lucide et insouciant.


46

Textes : Joanna P.

--

Hot Hot Hot De: Béryl Koltz Avec: Rob Stanley, Joanna Scanlan, Gary Cady … Comédie / Couleur / 1h30 / Belgique-Autriche-Luxembourg (2011) / 02 Janvier

F

ERDINAND est un homme d’une timidité maladive, enfermé dans un quotidien monotone. La promiscuité et la chaleur l’angoissent. Tout bascule le jour où l’entreprise qui l’emploie le délocalise au «Finnish-Turkish Delight», un centre Spa où se mêlent relaxation, transpiration et corps nus. Tout s’écroule pour Ferdinand. Du jour au lendemain, il se retrouve dans un monde empli de nudité, de sensualité et de lâcher prise. Mais c’est grâce à ce nouveau travail et à sa rencontre avec l’une des employées «hot» du Spa qu’il va enfin pouvoir s’ouvrir aux autres... Tourné en anglais par une réalisatrice luxembourgeoise, voici le portait attendrissant d’un petit homme timide et complexé qui découvre sur le tard les plaisirs de la vie. « Hot Hot Hot » est une comédie loufoque au style totalement barré, qui ravira les uns mais fera fuir les autres. La réalisatrice Beryl Koltz a voulu livrer selon ses dires « un éloge à la différence et à la diversité des corps dans un monde de plus en plus uniformisé ». Un bon bain de chaleur humaine.


47 -A C T U C i n e

L’ivresse de L’argent De : Im Sang-soo Avec: Kim Kang-woo, Yun-Shik Baek, Yun Yeo-Jung… Drame sulfureux / Couleur / 1h53 / Corée du sud (2012) / 23 Janvier

Y

OUNGJAK est le secrétaire de Madame Baek, dirigeante d’un puissant empire industriel coréen. Il est chargé de s’occuper des affaires privées de cette famille à la morale douteuse. Pris dans une spirale de domination et de secrets, perdu entre ses principes et la possibilité de gravir rapidement les échelons vers une vie plus confortable, Youngjak devra choisir son camp, afin de survivre dans cet univers où argent, sexe et pouvoir sont rois… Lors du festival de Cannes 2010, « The Housemaid » du génial Im Sang-Soo avait injustement été privé du prix de la mise en scène. Il semblerait que la critique soit insensible au style léché et sulfureux du réalisateur sudcoréen. Avec « L’Ivresse de l’argent », le cinéaste livre de nouveau une critique sur la bourgeoisie coréenne, celle qui asservit la caste populaire, par un jeu de pouvoir centré sur le sexe et l’argent. Une œuvre dérangeante où luxure et manipulation ne font qu’un. On s’attend une nouvelle fois à une mise en scène magistrale nimbée d’une atmosphère glaciale mais élégante. A voir.


48

Textes : Joanna P.

--

The Master De: Paul Thomas Anderson Avec : Joaquin Phoenix, Philip Seymour Hoffman, Amy Adams … Drame / Couleurs / 2h17 / États-Unis (2012) / 09 Janvier

F

REDDIE, un vétéran, revient en Californie après avoir combattu dans le Pacifique. Alcoolique, il distille sa propre gnôle et contient difficilement la violence qu’il a en lui… Il rencontre alors Lancaster Dodd alias «le Maître», charismatique meneur d’un mouvement nommé la Cause. Il tombe rapidement sous la coupe de ce gourou manipulateur qui vante les mérites de sa méthode d’amélioration personnelle basée sur la science et la mémoire. Tout le monde retient son souffle pour l’un des films les plus attendus de l’année. Monsieur P.T. Anderson présente son très controversé « The Master » librement inspiré de la vie de Ron L. Hubbard, fondateur de l’Église de Scientologie. Nul besoin de s’étaler sur le génie du réalisateur qui a largement prouvé l’étendue de son talent avec « Magnolia » ou le génialissime « There Will Be Blood ». Lion d’argent du meilleur réalisateur et Prix du meilleur acteur ex-æquo pour J. Phoenix et P.S. Hoffman à la Mostra de Venise, « The Master » se profile comme l’un des grands favoris des Oscars. Tomberez-vous sous l’emprise du «Maître» ?


49 -A C T U C i n E

Paulette De : Jérôme Enrico Avec: Bernadette Lafont, Carmen Maura, Dominique Lavanant, Paco Boublard… Comédie sociale / Couleur / 1h27 / France (2012) / 16 Janvier AULETTE vit seule dans une cité HLM de la banlieue parisienne. Avec sa maigre retraite, elle n’arrive plus à joindre les deux bouts. Lorsqu’un soir elle assiste à un curieux trafic en bas de son immeuble, Paulette y voit le signe du destin. Elle décide de se lancer dans la vente de cannabis. Après tout, pourquoi pas elle ? Paulette était pâtissière autrefois. Son don pour le commerce et ses talents de cuisinière sont autant d’atouts pour trouver des solutions originales dans l’exercice de sa nouvelle activité. Mais on ne s’improvise pas dealer !

P

Avec un scénario et des considérations idéologiques qui évoquent inévitablement le cinéma social anglais, le film de Jérome Enrico se présente comme une fable réaliste et drôle. Des mères de familles qui se réinventent dealer : le sujet semble à la mode depuis quelques années, via des personnages comme les veuves endettées de « Saving Grace » ou de la série « Weeds ». Est-ce parce qu’il reflète une certaine réalité ? Ici l’héroïne est septuagénaire, ce qui ajoute au tragi-comique de la situation. Naphtaline et cannabis font-ils bon ménage ?


50

Textes : Joanna P.

--

La Parade De : Srdjan Dragojevic Avec: Nikola Kojo, Milos Samolov, Hristina Popovic, Goran Jevtic… Satire sociale / Couleur / 1h55 / Hongrie-Serbie-Croatie-Slovénie (2012) / 26 Décembre

E

N voulant sauver son pitbull chéri et contenter sa fiancée capricieuse, Lemon, parrain des gangsters de Belgrade, se voit obligé d’assurer la sécurité de la première Gay Pride de Serbie. Pour l’aider dans cette mission impossible, il part à la recherche d’anciens mercenaires. Serbes, musulmans, Bosniaques, Albanais du Kosovo et combattants croates se retrouvent aux côtés des militants homosexuels. Comment cet équipage hétéroclite qui n’aurait jamais dû se rencontrer va-t-il arriver à transcender les frontières et leurs différences ? Remettons-nous dans le contexte. Au début des années 2000, le premier défilé Gay Pride de Serbie regroupait 400 personnes. Face à eux une contre-manifestation de 10 000 personnes dont une horde de néonazis bien remontée. C’est pour répondre au sectarisme et à l’intolérance qui rongent l’ex-Yougoslavie, que le réalisateur réalise cette comédie satirique. Le film a le mérite d’avoir ouvert un débat sur la question des droits des homosexuels au sein de la société serbe, car il fait un véritable tabac au box-office balkanique. Sarcasme et mixité sociale.


51 -A C T U C i n e

Foxfire De : Laurent Cantet Avec: Raven Adamson, Katie Coseni, Madeleine Bisson, Claire Mazerolle… Drame / Couleur / 2h23 / France-Canada (2012) / 02 Janvier

1

955. Dans un quartier populaire d’une petite ville des Etats-Unis, une bande d’adolescentes crée une société secrète, Foxfire, pour survivre et se venger de toutes les humiliations qu’elles subissent. Avec à sa tête la fougueuse « Legs », ce gang de jeunes filles poursuit un rêve impossible : vivre selon ses propres lois. Unies par le désir de résister au joug du patriarcat qui a trop longtemps régenté leur vie, elles frôlent bientôt la criminalité. L’équipée sauvage qui les attend aura vite raison de leur idéal. Après le succès de « Entre les murs », Laurent Cantet filme une nouvelle fois avec force la fragilité de l’adolescence. Cette fois-ci nous ne sommes plus dans l’hexagone mais de l’autre côté de l’Atlantique. Le réalisateur adapte en anglais le roman de Joyce Carol Oates « Confessions d’un gang de filles ». Au-delà d’un message purement féministe, le film témoigne d’une époque mais il évoque surtout les limites de la révolte et les impasses de la radicalisation, le tout servi par un formidable casting d’actrices débutantes.


Merveilles Du Monde

Photographies : Creative commons


Grondements au coeur de la forĂŞt

Texte : Samy E.


54 --


D

écouvertes en 1542 par une expédition menée par l’Espagnol Alvar 55 Nunez, les chutes d’Iguazu, situées sur la triple frontière Brésil, - Argentine et Paraguay, constituent l’une des plus impressionnantes M merveilles naturelles de notre planète.

C’est en 1881 que les premiers colons délogent les indiens « Cainguangues » de la région, mais ce n’est qu’en 1939 que les parcs nationaux d’Iguazu ont été créés, puis classés au patrimoine mondial de l’humanité en 1986. Afin d’unir les trois nations, deux ponts furent construits en 1985 : le « pont de l’amitié » entre le Paraguay et le Brésil ainsi que le « pont de la fraternité » entre l’Argentine et le Brésil. Dans l’optique de renforcer cette union, il est à noter qu’aucune formalité administrative n’est exigée afin de traverser et visiter les chutes des différents pays. Spectacle grandiose, « Iguazu » signifie « grande eau » en tupi-guarani et le spectacle auquel on peut assister est sans pareil ! Ce tableau monumental est constitué de 257 cataractes qui s’étalent sur 3 kilomètres, dont la moitié en Argentine et l’autre moitié au Brésil. La plus grande des chutes atteint 72 mètres, soit 25 de plus que celles du Niagara... La forêt subtropicale environnante, les arcs-en-ciel permanents tous droits sortis d’un jeu vidéo, procurent au panorama un caractère véritablement magique, enchanteur, qui séduira les visiteurs de 7 à 77 ans ! Cerise sur le gâteau, le parc national d’Iguazu est la région la plus riche d’Argentine au plan de la diversité biologique : plus de 200 plantes vasculaires, 420 espèces d’oiseaux, 80 espèces mammifères ainsi qu’une multitudes d’insectes et de reptiles sont recensées. Si la grande majorité des visiteurs se antonne aux cataractes, les amoureux de la nature peuvent néanmoins profiter de nombreuses excursions et randonnées, notamment le long de la piste de Macuco, en plein règne animal, entre opossums, serpents et araignées géantes… Pour terminer, les amateurs de grandes réalisations techniques seront comblés, car la zone habite le plus puissant barrage hydro-électrique du monde (en attendant la fin de la construction de celui des « Trois Gorges » en Chine) : le barrage d’Itaipu. Il approvisionne tout le Sud du Brésil et l’ensemble du Paraguay en électricité, et avec 200 km de long pour 7 km de large, la retenue d’eau créée par le barrage constitue l’une des plus importantes du monde.

Infos pratiqueS Réception à l’aéroport et transfert à l’hôtel (ou sur le site selon l’heure d’arrivée). Transport privé avec guide francophone pour une vue d’ensemble du parc. Entrée du parc 8$ US par personne. Zone hautement touristique, de nombreux hôtels et restaurants bordent les environs. Zone hautement touristique, de nombreux hôtels et restaurants bordent les environs. Il n’est pas nécessaire de posséder de visas pour les citoyens européens. Ainsi, l’entrée en Argentine, Paraguay et Brésil est libre. Avec une voiture de location argentine, l’entrée au brésil est tolérée par les autorités jusqu’aux chutes bien que rouler au Paraguay se fasse sous votre entière responsabilité. En Pratique l’entrée et la sortie des différents pays se fait assez facilement, parfois sans aucun contrôle.

e r v e i l l e s

d u m o n d e






60 --

A la Mode de chez Nous

influences d’une beauté sombre et mystique Le noir s’exprime au travers des matières telles le velours et le cuir. On joue la transparence avec l’organza, l’imprimé classique du cachemire devient arabesque, se teintant de bleu et de violet. Finalement, l’animal se pare de bijoux, la bête devient étrange.

Robe imprimée Milkyway, American Retro, 175€.

T-shirt Theodora, Claudie Pierlot, 95€ - CP €.


Jean Pink,Claudie Pierlot, 185€

61 -a l a m o d e d e c h e z

Robe Plumetis Evening Lila, American Retro, 195€

Collier Ailes en paillettes, Zara, 22.95€

Sweat-shirt Ted, Claudie Pierlot, 145€

Nous poursuivons sur la lancée du mois précédent en vous proposant un nouveau shooting maison. Nous avons cette fois-ci opté pour l’immortalisation de quelques-uns des phénomènes de foire présents lors d’une soirée de réveillon, à laquelle une partie de l’équipe du magazine a participé… Veuillez bien entendu excuser la piètre qualité de nos prises, qui s’avère être néanmoins largement compensée par nos modèles ! Une nouvelle fois, bonne année à tous !

n o u s


-62


63 -a l a m o d e d e c h e z n o u s


64 --


65 -a l a m o d e d e c h e z n o u s


66 --

ĂŠtudiants


67 -a l a m o d e d e c h e z n o u s




70 -l ' e a u a l a b o u c h e

L’eau à lq Bouche

Crumble tomate et chèvre Au Royaume Uni, durant la Seconde Guerre mondiale, tandis que les hommes partaient sur le front, les femmes, elles, se consacraient au travail dans les usines. Leur temps en cuisine était restreint et le rationnement en œufs trop insuffisant. De là, elles créèrent le fameux crumble (de l’anglais to crumble : émietter), un plat à base de farine, de sucre, de margarine et de fruits. Aujourd’hui, bien que ne partant plus en guerre, nous pouvons cependant, nous autres étudiants, nous considérer tels des soldats envoyés au front, devant survivre à la jungle urbaine avec seulement quelques pommes et des sardines. Ainsi, cette recette plaira à plus d’un lors de fins de mois difficiles, alors…qu’attendez-vous pour vous mettre aux fourneaux ?!

Ingrédients 1 boîte de tomates pelées / ½ bûche de chèvre / 1 boule de mozzarella / 1 c. à s. d’huile d’olive / 1 gousse d’ail / Herbes de Provence / Sel poivre / 60g de beurre / 1 sachet de parmesan de 60g / 60g de farine / 2 c. à s. de chapelure

Préparation Dans une casserole, faites mijoter les tomates pelées, l’huile, la gousse d’ail coupée en petits cubes sur feu doux. Salez et poivrez. Couvrez le temps de préparer la pâte. Mélanger avec les mains le beurre ramolli, la chapelure, le parmesan et la farine. Dans de petits ramequins, posez une couche de tomate, quelques dés de mozzarella et de chèvre puis recouvrez à nouveau de tomate. Egrainez la pâte sur le dessus. 4°) Enfournez à 210°C durant environ 30min, le temps que le dessus gratine et que le fromage fondu se mêle à la tomate. Accompagnez le crumble de quelques feuilles de salade, c’est prêt !

Dégustez ! Photographie : Marie F.

Texte : Ophélie S.


71 --


72 --

Les Histoires Du Père Magrin

Le Saint

A

r (apé

o !)

PERITIF fruité ancré dans la tradition française depuis plus d’un siècle, on oublie souvent qu’il doit son nom à un personnage truculent au caractère bien trempé : le Chanoine Félix Kir. Mais qui est Kir ?

Né le 22 janvier 1876 à Alise-Sainte-Reine en Bourgogne où ses parents se sont installés pour fuir la guerre franco-prussienne ravageant l’Alsace (d’où les Kir sont originaires), il se destine à une carrière religieuse et est ordonné prêtre en 1901. Affecté au service de santé pendant la Grande Guerre, il devient ensuite Chanoine en 1931. C’est lors de la seconde guerre mondiale qu’il fait montre d’un humanisme courageux : l’armée allemande ayant soumis la France en 1940, le Maire de Dijon quitte la ville et l’on nomme Félix Kir membre de la délégation municipale. Celui-ci fait alors libérer cinq mille prisonniers de guerre français du camp de Longvic près de Dijon, ce qui lui vaut d’être emprisonné par l’ennemi pendant deux mois. A sa sortie il est évidemment relevé de ses fonctions politiques et se fait de nouveau enfermer deux jours durant en 1943. Son espoir de voir la France un jour libre agace les collaborateurs de Vichy qui attentent à sa vie en 1944 en lui logeant plusieurs balles dans le corps. Blessé mais plus patriote que jamais, il s’enfuit de la ville où la Gestapo le traque. Il y reviendra à la Libération en juin 1944 et sera nommé « Chevalier de la Légion d’Honneur » deux ans plus tard. Ces actes de bravoure l’ayant rendu très populaire, Kir est élu Maire de Dijon en 1945 et le restera jusqu’à sa mort en 1968. Il est également Conseiller général de la Côte d’Or et député à l’Assemblée Nationale de 1945 à 1967 (il en sera le doyen pendant quatorze ans).


73 -l e s h i s t o i r e s

Ses cadeaux à la ville sont le lac Kir qui permet la régulation des crues de l’Ouche et le jumelage de Dijon avec de nombreuses villes telles que Dallas, Meknès et Stalingrad (aujourd’hui Volgograd), entre autres. C’est en 1952 que le Chanoine concède l’exclusivité de l’utilisation de son nom à la maison Lejay-Lagoute, dont le fondateur, Auguste-Denis Lagoute, avait créé la liqueur de cassis en 1841. Exclusivité dont il se ravisera ensuite pour ne pas causer de tort aux autres fabricants. Mais au-delà des faits historiques, politiques et culturels dont il fut le protagoniste, Kir était célèbre pour ses réparties mordantes et sa personnalité atypique. En effet il n’était pas rare de le voir débarquer à l’Assemblée Nationale vêtu d’une soutane avec dans sa besace deux bouteilles : une de vin blanc de Bourgogne Aligoté et une seconde de liqueur de cassis qu’il servait à ses camarades ! Homme d’action, il mit un jour un képi sur sa tête afin de réguler la circulation devant l’hôtel de ville. Pour finir, nommons une de ses célèbres répliques pleines d’humour – et je suis presque certain que vous ne retiendrez que ceci de mon exposé. Alors qu’un député communiste lui déclarait un jour qu’il ne pouvait croire en l’existence de Dieu sans l’avoir jamais vu, le bon Chanoine lui répondit simplement : « Et mon cul, tu l’as pas vu et pourtant il existe » ! Sacré Kir !

Photographies : Creative commons

Texte : Charles M.

d u p e r e m a g r i n


74 --

Les Chroniques D’une Lettre

Le désertDino des tartares Buzzati

G

iovanni Drogo est un jeune et bel officier qui prend ses fonctions au fort Bastiani, une austère et inquiétante forteresse édifiée au sommet d’une chaîne de montagnes bordée par le désert : celui des fameux Tartares, ennemis attendus mais dont on n’a jamais vu la moindre baïonnette se profiler à l’horizon... Enfant de la ville, Giovanni redoute la solitude et l’ennui qui promettent d’être ses fidèles compagnons. Toutefois, son service d’une durée de quatre mois lui semble surmontable. Mais lorsqu’arrive enfin le jour de son départ, notre capitaine se trouve incapable de s’en aller retrouver les siens, obnubilé par l’espoir d’une hypothétique bataille à venir qui justifierait sa patience et lui apporterait enfin la gloire tant désirée. Le lieu l’a ensorcelé... Commence alors la longue attente d’un événement qui ne semble jamais vouloir se réaliser. Triste mais sublime récit d’une vie gâchée pour les oriflammes de l’orgueil, ce roman nous pose la question du choix que nous devons tous faire un jour et nous rappelle que nous devrions prendre en main le pinceau de notre destin plutôt que d’observer sa toile se remplir de couleurs ternes et de formes disparates. Ecrit en 1940 et publié en 1949, « Le désert des Tartares » rencontre un formidable succès (quinze mille exemplaires vendus dès les deux premiers jours !) et devient vite un best-seller incontournable, véritable clef de voûte de l’œuvre de Buzzati. Texte : Charles M.


75 --

Le meilleur des mondes Aldous Huxley

L E S C H R O N I Q U E S d ' u n e L e t t r e

R

oman d’anticipation d’Aldous Huxley, « Le meilleur des mondes » est publié en 1932. L’histoire débute à Londres, en l’an « 632 de Notre Ford », dans une société où tout est rationalisé.

La procréation est artificielle afin de créer des individus au code génétique qui les destine à l’une des cinq classes de ce monde nouveau : les Alpha (l’élite), les Bêta (les cadres), les Gamma (la classe moyenne), enfin les Delta et les Epsilon, classes les plus basses vouées aux tâches manuelles et à la surveillance du fonctionnement des machines. La population étouffe ses sentiments sous le SOMA, drogue euphorisante distribuée par l’administration, et le loisir omniprésent. L’envie, la colère, le malheur, l’espoir et le désespoir ont disparu. Le sexe est encouragé dès l’enfance comme activité récréative. La vie se passe dans un état de satisfaction hébétée. Welcome to Brave New World. Utopie anxiogène, mise en garde contre le divertissement qui abrutit et contre la recherche du bonheur au prix de la liberté, critique des théories eugénistes en vogue à l’époque de la publication de l’ouvrage, « Le meilleur des mondes » est une vision noire et horriblement lucide d’une société qui par bien des côtés nous rappelle la nôtre. À lire et à relire, de préférence avec « 1984 » (George Orwell), l’autre grand roman d’anticipation du début du XXeme siècle, pour comparer deux traitements magistraux bien que diamétralement opposés d’un thème commun, la privation des libertés (cf notre prochain numéro). Texte : Samy E.


SenSationS

Photographies : ŠFreebord


Snowboard de rue

Texte : Charles M.


78 Actu --

Ciné ///


H

IVER... Ce simple mot déclenche en nous une cascade de sensations et d’images à la fois désagréables et plaisantes : les gerçures, les dents qui claquent, les chutes sur les plaques de verglas de bon matin, mais aussi les batailles de boules de neige, les décorations scintillantes des villes, la beauté pure d’un grand manteau blanc recouvrant les cimes, le bonheur de la glisse et les tartiflettes fondantes ! Mais voilà, pour ce qui est de la glisse justement, on se demande si le plaisir est à la hauteur du coût. En effet la hausse de la T.V.A. (passée de 5% à 7% au 01/01/12) sur les forfaits de ski, associée à des tarifs de location toujours plus chers en font givrer plus d’un ! Malgré tout, certains n’hésiteront pas un instant et sacrifierons tout ou partie de leurs économies pour se lancer à l’assaut des stations de ski. Les moins chanceux d’entre eux rentreront avec comme souvenir non pas une photo d’eux effectuant un double backflip sur le Big Air du snowpark, mais avec celle de leur côtes brisées ou d’un poignet en miettes, ruinés de surcroît...Pour ceux qui aiment les sensations du carving dans la fraîche et l’extase d’un schuss sur une pente vertigineuse sans pour autant divorcer de leur banquier, il existe une alternative : Le Freebord ! Concept sorti de l’esprit génial d’un designer américain fana de snowboard en 1996, le Freebord amène son cousin des montagnes sur le bitume ! Après de nombreux prototypes réalisés dans son garage californien, Steen Strand, son géniteur, tient enfin le bon modèle qu’il commercialise en 1998. Il rencontre rapidement un grand succès tant auprès des skateurs que des snowboardeurs, ravis de pouvoir retrouver les sensations du « snow » en été ! Au premier coup d’œil, la planche ne semble pas beaucoup se différencier d’un long skate traditionnel. Il faut la retourner pour découvrir son secret : deux roues pivotantes placées perpendiculairement aux quatre autres. Il en résulte la possibilité de passer d’une « carre » à l’autre tout en fluidité, comme sur un snowboard ! Des fixations maintiennent le pied pour un meilleur contrôle de l’engin. Les plus téméraires tentent même de gros « gaps » par-dessus le mobilier urbain mais avec une vitesse de pointe de 70Km/h, c’est bien la vitesse pure alliée à sa maniabilité qui fait tout l’attrait d’une telle planche ! Encore peu croisé sur nos routes, le Freebord est une vraie institution aux Etats-Unis, particulièrement en Californie où les longues routes sinueuses en pente douce sont le parfait terrain de jeu pour un tel sport. Il n’y est pas rare de voir défiler des groupes de plusieurs dizaines de « riders » réunis autour de leur passion ! L’esprit y est amical et non pollué par le surf business qui n’y trouve certainement pas encore son compte...

Alors pour moins de 250 euros, partez vous aussi à la conquête du goudron avec le style d’un pro du snowboard ! (Mais n’oubliez tout de même pas casques et protections diverses, le bitume étant encore moins l’ami de nos coccyx que la neige !).

79 -s e n s a t i o n S


80 --


81 -s e n s a t i o n s


82 --

Geek

Texte : Samy E. Nous vous proposons en ce mois de janvier quelques-uns des jeux les plus attendus de l’année et le moins que l’on puisse dire est qu’il y a du lourd, du très très lourd !

sim city / PC C

’est en 2013 que le taulier des «city builders» a décidé de faire son grand retour et force est de constater qu’il risque d’en clouer plus d’un. Nouveau moteur graphique ultra détaillé, ville évoluant sous vos yeux ébahis dans ses moindres détails (jusqu’aux graffitis !), habitants gérés individuellement... Bref, c’est un véritable simulateur de vie auquel nous aurons affaire et nous faisons entièrement confiance à «Electronic Arts» pour apporter le grain de folie nécessaire pour nous rendre accros, à grands coups de tornades et autres cataclysmes !

Bioshock Infinite / PC-XBOX 360-PS3 S

’il n’a eu de cesse d’être repoussé, au point que les rumeurs les plus folles commencent à courir (galoper pour être exact) à son sujet, la barre à allègrement été redressée, grâce à une vidéo magistrale postée en fin d’année 2012 et comprenant cinq minutes de gameplay. Il rompt littéralement avec les deux premiers épisodes et leur ville sous-marine et nous avons cette fois-ci le plaisir de découvrir une nouvelle cité (flottante !), une nouvelle mythologie mais toujours avec cette ambiance rétro années 50/60, toujours aussi délectable. L’univers paraît tout aussi riche que les précédents et cette mouture reprend les anciennes mécaniques : vue subjective, armes et pouvoirs surnaturels (non plus par injection cette fois-ci !) pour notre plus grand bonheur !


83 --

GTA V / PS3 - XBOX 360 C

OMMENT ne pas citer le mastodonte qu’est GTA V. Loin d’être le plus original il est sans doute aucun le jeu le plus attendu (et immoral) de cette année 2013. Si «Rockstar» (l’éditeur voyons !) a encore beaucoup de choses à nous livrer d’ici sa sortie, cette simple annonce défraie la chronique depuis quelques mois maintenant... Printemps 2013 est fortement soupçonné pour être le créneau de sortie du jeu et les quelques rumeurs distillées concernant ses mensurations gigantesques (sa superficie serait l’équivalent des trois derniers jeux rockstar : GTA San andreas, GTA IV, Red Dead Redemption) ont de quoi donner le tournis. Nous devons maintenant attendre que les bougres de chez «Rockstar» daignent nous éclairer davantage. M’enfin on leur fait confiance, à eux aussi !

The Elder Scrolls Online / PC D

EPUIS le temps que nous l’attendions, le voici ! Amis geek, il est d’ores et déjà temps de quitter son emploi, de pointer au chômage et malheureusement, de limoger votre conjoint(e)... Oui « The Elder Scrolls Online » arrive et si le titre s’efforcera de proposer les composantes classique du « MMO RPG », il devrait néanmoins conserver une part de progression du système de Skyrim (l’opus précédent voyons!). L’histoire se déroulera dans les temps anciens de « Tamriel », environ mille ans avant « Skyrim » sous le reigne du prince « Daedra : Molag Bal ». Il y évidemment de quoi être fébrile et l’attente promet de nous titiller les nerfs... VITE !

g e e k


84 --

Gears of War Judgment / XBOX 360 U

NE préquelle de plus, une ! Mais pas de n’importe quelle license ! Les bourrins de « Gears Of War » nous reviennent un mois seulement après «l’emergence day», commencement de l’invasion «Locuste» (ces vilaines bêtes sanguinaires, vraiment pas jolies et à tendance coloniale prononcée qui vous en font baver depuis 2006). Se voulant plus nerveux, plus vif, il a l’intention de rafraîchir la série, que ce soit en solo ou en multi. A noter qu’il sera le premier épisode à ne pas être développé par ses créateurs mais cette fois, par «People Can Fly»...ce qui n’est pas pour nous déplaire.

Tomb Raider / PC-XBOX360-PS3 R

EBOOT, vous avez dit «reboot» ? Oui, notre belle Lara Croft revient dans de nouvelles aventures qui nous renvoient loin dans la passé de l’héroïne, échouée sur une île des plus hostiles ! Dire que ce nouveau cru change la donne serait un euphémisme tant l’aventure a gagné en intensité, en beauté, et tant l’aspect horrifique s’est vu développer – au point que l’on se demande si nous avons toujours affaire à notre Lara... Les graphismes subjuguants de beauté ne cessent de faire parler d’eux, mais c’est surtout son système de jeu hyper dynamique à base de QTE (« Quick Time Event » ou action contextuelle - grossièrement des phases d’actions démarrant généralement lors de cinématiques dans lesquelles vous ne dirigez plus votre personnage mais devez lui éviter une mort certaine, grâce à des pressions de touches au timing parfait-) - qui surprend et nous fait baver !


85

Crysis 3 / PC-XBOX 360-PS3 L

E «plus beau jeu de tous les temps» est de retour et nous devons reconnaître qu’à première vue, il s’agit encore et toujours du… «plus beau jeu de tous les temps». Mais qu’en est-il réellement après un deuxième épisode en demi-teinte ? La leçon ayant visiblement été enregistrée, c’est de nouveau un monde ouvert (bon, la narration impose toutefois certaines limites) qui nous est proposé, dans un New York ravagé, changé en véritable jungle luxuriante. Le «Cry Engine» (moteur graphique du jeu) nous fait une nouvelle fois de l’œil (du pied pour être exact), tant la végétation fascine, et le level design ouvert laisse augurer du meilleur. Allez, rangez vos bavoirs, il débarque en février !

The Last Of Us / PS3 S

ORTI de nulle part, un trailer aura suffi pour conquérir le monde ! Développé par « Naughty Dog » (« Uncharted »), nous avons cette fois-ci affaire à un « survival horror » dont la narration, la mise en scène, ainsi que le moteur graphique semblent aller très très loin, qui plus est, Naughty Dog n’a plus rien à prouver dans ces domaines. Aux frontières de «La Route» et de «28 jours plus tard», vous incarnerez Joël et Ellie, deux survivants d’un virus ayant dévasté toute la ville de Boston (et sûrement plus) mais vous apprendrez aussi à être paranoïaque dans un environnement dont il faudra se méfier, tout autant que de ces étranges rôdeurs (d’affreux zombies !) ou de ces chasseurs avides de viande humaine raréfiée...

--

g e e k


86 --

Les Chroniques Rétro Dvd Textes : Joanna P.

Il était une fois dans l’Ouest (Once Upon a Time in the West)

De : Sergio Leone Avec : Claudia Cardinale, Henry Fonda, Jason Robards, Charles Bronson… Western spaghetti / Couleur / 2h45 / Italie – Etats-Unis (1968) LORS qu’il prépare une fête pour sa femme, Bet McBain est tué avec ses trois enfants. Jill McBain hérite alors des terres de son mari, terres que convoite Morton, le commanditaire du crime (celles-ci ont de la valeur maintenant que le chemin de fer doit y passer). Mais les soupçons se portent sur un aventurier, Cheyenne...

A

Après sa trilogie de « l’homme sans nom «, Sergio Leone persiste dans la désacralisation du mythe du Far West. Il s’offre la prestation de vedettes de l’époque, tel qu’Henry Fonda, ici à contreemploi dans le rôle du méchant. Il obtient le résultat escompté en déstabilisant au plus haut point le public américain qui réserve alors au film un accueil mitigé. Il faut pourtant saluer ici le suspense et la tension que le réalisateur arrive à insuffler via sa mise en scène. De ralentis en mouvements de caméra alambiqués, le cinéaste revisite le genre avec encore plus de modernisme. Il faut dire qu’il sait bien s’entourer. Le fabuleux travail de Morricone, qui crée un thème musical pour chaque personnage, transforme le film en un opéra plutôt funeste. Au scénario, on trouve les immenses Dario Argento et Bernardo Bertolucci qui signent ici leurs plus beaux scripts. Ah, il y aurait tellement de choses à dire sur ce prodigieux film. Premier volet d’une nouvelle trilogie qui se terminera par un chef-d’œuvre plus grand encore : « Il était une fois en Amérique ». Mais ceci est une autre histoire…


À l’occasion de la sortie de « Django Unchained » de Tarantino, retour sur le western spaghetti avec les quatre monuments du maître incontesté du genre : Sergio Leone. Bien loin d’un western à la John Ford, vecteur des valeurs et fondements de l’Amérique, un western de Leone ça sent la crasse, la sueur, le tabac froid : ce n’est pas la conquête de l’ouest, c’est sa décadence.

87 -L e s C h r o n i q u e s

Le Bon, la brute et le truand (Il Buono, il brutto, il cattivo)

De : Sergio Leone Avec : Clint Eastwood, Eli Wallach, Lee Van Cleef … Western spaghetti / Couleur / 3h00 / Italie – Espagne (1966)

P

ENDANT la Guerre de Sécession, trois hommes, préférant s’intéresser à leur profit personnel, se lancent à la recherche d’un coffre contenant 200 000 dollars en pièces d’or volés à l’armée sudiste. Tuco sait que le trésor se trouve dans un cimetière, tandis que Joe connaît le nom inscrit sur la pierre tombale qui sert de cache. Chacun a besoin de l’autre. Mais un troisième homme entre dans la course : Setenza, une brute qui n’hésite pas à massacrer femmes et enfants pour parvenir à ses fins. Fort du succès de « Et pour quelques dollars de plus » et galvanisé par sa liberté de ton maintenant acquise, Leone atteint enfin la plénitude de son art avec son film suivant, « Le bon, la brute et le truand ». Porté par un trio truculent et peu fréquentable, le réalisateur y dépeint un monde toujours violent et amoral. Entre la crasse et la poussière, l’argent est maître, le sexe roi, et les scènes de tueries virent au grandguignolesque ; car il ne faut pas omettre que l’humour et le second degré sont toujours présents dans un western à la Leone. Pour notre plus grand plaisir, le réalisateur les utilise à bon escient afin de grossir le trait, caricaturer ses personnages et gonfler démesurément le propos. « Le bon, la brute, et le truand » reste le plus marquant de cette première trilogie leonienne : un premier film pour explorer le terrain, un second pour s’y exercer et un troisième pour s’accomplir. Une nouvelle trilogie s’annonce…

r e t r o d v d


88

Textes : Joanna P.

--

Pour une poignée de dollars (Per un pugno di dollari)

De : Sergio Leone Avec : Marianne Koch, Clint Eastwood, Gian Maria Volonte … Western spaghetti / Couleur / 1h35 / Italie – Espagne – Allemagne (1964)

D

EUX bandes rivales, les Baxter, trafiquants d’armes, et les Rojo, qui font de la contrebande d’alcool, se disputent la suprématie et la domination de la ville de San Miguel, au sud de la frontière américano-mexicaine. Un étranger, vêtu d’un poncho, arrive à dos de mulet dans cette petite ville et s’immisce entre les deux bandes. Proposant d’abord ses services aux Rojo, l’étranger va très vite tirer profit des deux camps à la fois, à la grande joie du fabricant de cercueils Piripero. C’est en 1964 qu’un jeune cinéaste de 35 ans, Bob Robertson, décide de se réapproprier un genre en déclin : le western. Derrière ce pseudonyme anglo-saxon se cache en fait le réalisateur italien Sergio Leone. Avec « Pour une poignée de dollars », le metteur en scène décide de mettre un terme au mythe des glorieux héros du Far West en se réappropriant les codes d’un genre un peu embourbé dans le manichéisme. Il pose les jalons de ce qu’on qualifie rapidement de «western spaghetti». Ici Leone prend le parti de l’anti-héro en remplaçant le justicier vaillant par un pistolero crasseux, un mercenaire obscur à la gâchette plutôt facile. Tourné en Andalousie avec le maigre budget de 100 000 dollars, Leone s’octroie les services d’un Américain alors inconnu en Europe : Clint Eastwood. Inspiré de «Yojimbo» d’Akira Kurosawa, « Pour une poignée de dollars » est le premier western à la sauce méditerranéenne.


89 -L e s C h r o n i q u e s

Et pour quelques dollars de plus (per qualche dollaro in più)

De : Sergio Leone Avec : Clint Eastwood, Lee Van Cleef, Klaus Kinski, Gian Maria Volonte, Mara Krupp… Western spaghetti / Couleur / 2h10 / Italie – Espagne – Allemagne (1965) ’INDIEN, bandit cruel et fou, s’est évadé de prison. Il se prépare à attaquer la banque d’El Paso, la mieux gardée de tout l’Ouest, avec une quinzaine d’autres malfaiteurs. Le « Manchot « et le Colonel Douglas Mortimer, deux chasseurs de primes concurrents, décident, après une confrontation tendue, de faire finalement équipe pour arrêter les bandits. Mais leurs motivations ne sont pas forcément les mêmes...

L

Alors que « Pour une poignée de dollars » est loin d’avoir rencontré un triomphe dans les salles, ce deuxième volet de « la trilogie du dollar » va atteindre un succès jamais égalé au box-office italien. Clint Eastwood reprend du service afin d’incarner une nouvelle fois « l’homme sans nom », moins d’un an après sa première collaboration avec Leone. Le style est plus prononcé, la mise en scène plus maîtrisée. On retrouve dans « Et pour quelques dollars de plus » tous les ingrédients formels du western transalpin : l’abondance des gros plans qui viennent étayer l’expression des visages, un geste, un détail et cette outrance du montage qui se joue du cynisme et de la violence manifeste de l’action. Bien sûr n’oublions pas la musique qui prend une place prédominante dans le cinéma de Leone à qui on associera à jamais le nom de son éternel ami et compositeur Ennio Morricone. Le cinéaste déclarera d’ailleurs à propos de celui-ci « Ennio n’est pas mon musicien, c’est mon scénariste ».

r e t r o d v d


90 --

Agenda

jeudi 3 22H00 //// Superlate + Elize //// House //// Azuli //// Gratuit 00H00//// Residence Minotor - Minotor Orchestra Djs ; Foan + Larcier + Malin //// Deep House //// I.Boat //// 5 €

vendredi 4 22H00 //// Station Essence W/ Etienne Feudo //// Tech House //// Azuli //// Gratuit 00H00//// House :: Ultraturn'house + Modowski + Ressmoon + Exces + Dcftd //// House //// Bt59 //// 8 € 00H00//// Seek Sick Sound W/ Marcel Dettmann & Tobias //// Techno //// I.Boat //// 12/15€

samedi 5

20H30 //// Orchestre Regional Bayonne Cote Basque, Infernale Chauve-Souris ! //// Musique //// Théâtre De Bayonne //// 15/28€ 22H00 //// Clement V //// Tech House //// Azuli //// Gratuit 00H00//// Technicolor W/ The Magician (Kitsuné) + Moonraker (Toulouse) + The Canadian (Bx) //// Techno //// I.Boat //// 10/12€

dimanche 6

18H //// Orchestre Regional Bayonne Cote Basque, Infernale Chauve-Souris ! //// Musique //// Théâtre De Bayonne //// 15/28€


91 -A g e n d a

mardi 8 20H30 //// Chloe Lacan, Plaisirs Solitaires //// Chanson //// Chapiteau De Baroja //// 12/16 €

mercredi 9 22H00 //// Tib'z + Superlate

//// House

//// Azuli //// Gratuit

jeudi 10 20H30 //// Festival 30"30' - Perrine En Morceau + Minimal Bouge //// Concert //// I.Boat //// Gratuit 20H30 //// Ensembles Melyos + Mythos + A(É)Ia + Icel.A.Ndscapes //// Poésie Et Musique Contemporaine //// Le Rocher De Palmer //// 5 € 22H00 //// Well Come W/ Jonsi + Guests //// House //// Azuli //// Gratuit 00H00 //// Residence Club Nautique W/ Nt'o (Form) + Hnr //// Electronica //// I.Boat //// 5 €

vendredi 11 20H00 //// Soirée Electro //// Electro //// L'accordeur //// Gratuit 20H30 //// Festival De Magie //// Magie //// Les Carmes/Langon //// 15/20 € 20H30 //// Banzaï Lab : 5 Ans ! //// Électro //// Le Rocher De Palmer //// 11 € 22H00 //// Smack The Devil W/ Krist'l + Ken Aki //// Tech House //// Azuli //// Gratuit 00H00 //// Le Manège Déjanté Présente : Techno ! //// Techno //// Bt59 //// 8 € 00H00 //// Germans Do It Better Invite Live At Robert Johnson + Gerd Janson & Lauer Live //// House //// I.Boat //// 10/12€


92

samedi 12

--

14H00 //// Stage Arts Plastiques //// Abstraction, Matières //// Les Carmes/Langon //// 15/20 € 20H00 //// Edgar De L'est + Pamela Contreras + Invités //// Chanson //// L'accordeur //// 8 € 20H00 //// Nouvel An Russe //// Spectacle //// Théâtre Du Casino //// 25 € Musical Barrière De Bordeaux 20H30 //// Enter Shikari + Cancer Bats //// Hardcore Electro //// Krakatoa //// 17/20 € 20H30 //// Festival De Magie //// Magie //// Les Carmes/Langon //// 15/20 € 21H00 //// Cabaret Burlesque //// Cabaret //// Rock School Barbey //// 8 € 22H00 //// Before Hello Azuli W/ Yougo + Tib'z + Antoine Zael //// House Minimal //// Azuli //// Gratuit 00H00 //// Just Show :: Elrow + Mario Biani //// Techno //// Bt59 //// 10 € 00H00 //// Hello Azuli W/ Sven Weisemann (Mojuba) - Berlin + Tim Green (Cocoon) Londres + Pepperpot (Hello) - Paris //// House //// I.Boat //// 10/15€

mardi 15 18H30 //// Parler Aux Oiseaux 19H00 //// Workshop Cdj 2000 20H45 //// Zombie Aporia

//// Manœuvre //// Molière Scène D'aqui//// 7 € Poétique taine / Bordeaux //// Workshop //// I.Boat //// 5 € //// Danse //// Théâtre Des 4 Saisons //// 8/21€ / Gradignan

mercredi 16 14H30 //// Projection "10, 11, 12 Pougne Le Herisson"+ Atelier Jeune Public Mains D'œuvres //// Jeune Public //// I.Boat //// 10 € 19H00 //// Atelier Degustation De Vin //// Atelier Decouverte //// I.Boat //// 20 € 22H00 //// Tib'z + Eric Marat //// House //// Azuli //// Gratuit


jeudi 17 17H00 //// La Plateforme

//// Découvertes Artistiques 19H00 //// Œuvre/Orgueil //// Théâtre-Performance 20H30 //// Groupe Anamorphose, Don Quichotte //// Théâtre 21H00 //// Before Your Very Eyes //// Théâtre

//// Le Carré -/ Saint-Mé- //// Gratuit dard-En-Jalles //// Le Carré -/ Saint-Mé- //// 8/16€ dard-En-Jalles

//// Théâtre De Bayonne //// 15/25€ //// Le Carré -/ Saint-Mé- //// 8/21€ dard-En-Jalles 21H00 //// Funeral Suits + Great Mountain Fire + Holograms //// Tournée //// Rock School Barbey //// 10€/13€ Europavox 22H00 //// Baron De France Residency W/ Baron + Guests //// Tech //// Azuli //// Gratuit 00H00 //// Club : Micro - Techno : Invite Surprise ! //// Electro //// I.Boat //// 5 € 17H00 //// La Plateforme //// Découvertes //// Le Carré -/ Saint-Mé- //// Gratuit Artistiques dard-En-Jalles 19H00 //// Rugby //// Danse & //// Salle Fongravey / //// 8/16€ Ballon Ovale Blanquefort 20H00 //// Tzitzimitl //// Chanson //// L'accordeur //// Gratuit 20H00 //// Germinal //// Théâtre-Légo //// Tnba //// 8/16€

vendredi 18 20H30 //// Groupe Anamorphose, Don Quichotte //// Théâtre //// Théâtre De Bayonne //// 15/25€ 21H00 //// Œuvre/Orgueil //// Théâtre-Per- //// Le Carré -/ Saint-Mé- //// 8/16€ formance dard-En-Jalles 21H00 //// Germinal //// Théâtre-Légo //// Tnba //// 8/16€ 22H00 //// Jahred + Jewish Bear //// Techno //// Azuli //// Gratuit 00H00 //// Kick Me Out ! Dodge & Fuski + All Batard + Bootyben + Lordof Maximus + Nums //// Hip-Hop / Dubstep //// Bt59 //// 12 € 00H00 //// Club Uk W/ Eats Everything (Dirtybirds) + The Graves + Secret Guest //// House //// I.Boat //// 10/12€

93 -a g e n d a


94

samedi 19

--

10H00 //// Il Était Une Fois Bigata //// Journée Expo- //// Les Carmes/Langon //// Gratuit sition Dédicace 15H30 //// Wolfest Gold Challenge //// Tremplin //// Le Rocher De Palmer //// 15 € Musical 19H00 //// Aperoboat I.Photo.Maton //// Aperoboat //// I.Boat //// Gratuit 19H30 //// June Hill Release Party + I Amstramgram (Bx) Side Project Du Groupe My Ant + Charlie Plane (Bx) //// Pop Rock //// I.Boat //// 5/7 20H30 //// Jermaine Jackson //// Spectacle //// Théâtre Du Casino //// 59 € Musical Barrière De Bordeaux 22H00 //// Lieds //// Deep House //// Azuli //// Gratuit 00H00 //// Trance //// Trance //// Bt59 //// Nc 00H00 //// Ivan Smagghe (Kill The Dj - Fr) + Marc Pinol (Barcelone) //// Electro //// I.Boat//// 10/14€

18H00 //// Pendiente De Voto

mardi 22

//// Dans La Peau //// Le Carré -/ Saint-Mé- //// 8/16€ D'un Député dard-En-Jalles 20H30 //// Kheiron //// Humour //// Théâtre Du Casino Barrière De Bordeaux 21H00 //// "Theatre" //// Transdiscipli- //// Le Carré -/ Saint-Mé- //// 8/21€ naire dard-En-Jalles 19H00 //// Processing Bordeaux Invite Clèment Chalubert //// Workshop Processing Bx //// I.Boat //// 5 €

mercredi 23

14H00 //// Atelier Jeune Public 14H30 //// Le Pays De Rien

//// Jeune Public //// I.Boat //// Nc //// Théâtre //// Les Colonnes / //// 5/9€ Famille Blanquefort 19H00 //// Allege //// Danse //// Le Cuvier - Cdc / Arti//// 7 € gues-Près-Bordeaux 19H30 //// Iboat & Bx Rock Présentent Trust + Be Quiet (Bx) //// Rock //// I.Boat //// 7/10€


95 --

20H00 //// Pendiente De Voto

//// Dans La Peau //// Le Carré -/ Saint-Mé- //// 8/16€ D'un Député dard-En-Jalles 20H30 //// Mieko Miyazaki Et Guo Gan //// Musiques Du //// Eglise Du Haillan //// 5 € Monde 22H00 //// Tib'z + Vostro //// House //// Azuli //// Gratuit

jeudi 24 19H00 //// Atelier Cocktails 19H00 //// Allege

//// Workshop //// I.Boat //// 15 € //// Danse //// Le Cuvier - Cdc / Arti//// 7 € gues-Près-Bordeaux 19H30 //// Mieko Miyazaki Et Guo Gan //// Musiques Du Monde //// Le Rocher De Palmer //// 5 € 19H30 //// Le Pays De Rien //// Théâtre //// Les Colonnes / //// 5/9€ Famille Blanquefort 20H00 //// Pendiente De Voto //// Dans La Peau //// Le Carré -/ Saint-Mé- //// 8/16€ D'un Député dard-En-Jalles 20H30 //// Compagnie Rêvolution //// Danse //// Les Carmes/Langon //// 10/20€ 22H00 //// Utok2me? //// Electro House //// Azuli //// Gratuit //// Residence Box Is On //// Electro //// I.Boat //// Nc

vendredi 25 19H30 //// Festival Bordeaux Rock Presente Aline + Alba Luna + Cargo //// Rock //// I.Boat 20H00 //// Reggae Meeting //// Reggae / Dub //// L'accordeur 20H00 //// Pendiente De Voto //// Dans La Peau //// Le Carré -/ Saint-MéD'un Député dard-En-Jalles 20H30 //// Anachronic Jazz Band //// Musique //// Théâtre De Bayonne 21H00 //// Kenza Farah //// R'n'b //// Rock School Barbey 00H00 //// La Croix Jaune Présente John Lord Fonda //// Electro //// Bt59 00H00 //// C.T.R.L W/ Blawan + Kampfer + Loner Vs Knopfaugen //// Techno //// I.Boat

//// 7/10€ //// Gratuit //// 8/16€ //// 18/25€ //// 19 € //// Nc //// 5/7 €

A g e n d a


samedi 26

96 --

10H00 //// Atelier Cuisine : Chinoiseries //// Atelier Adulte //// I.Boat //// 39,00 € 19H30 //// Festival Bordeaux Rock Presente Stereo Total + Black Bug + Los Dos Hermanos //// Rock //// I.Boat //// 10/13€ 20H00 //// The Decline + The Rookies + Terminus //// Punk Rock //// L'accordeur //// 8,00 € 20H30 //// Cult Of Luna + Abraham //// Post Hard//// Krakatoa //// 17/20€ core 20H30 //// Melange 2 Temps/ Bp Zoom //// Clown Cirque //// La Caravelle //// 9/12€ 20H30 //// Bonsoir Charlie //// Théâtre //// Théâtre Du Casino //// 20 € Barrière De Bordeaux 21H00 //// Soirée Shaker Médias //// Concerts Et //// Rock School Barbey //// Gratuit Projections 22H00 //// Crossover W/ Florian Gauthier + Guests //// House Minimal //// Azuli //// Gratuit 00H00 //// O.U.T Vs Filla Disco //// Electro //// Bt59 //// 5 € 00H00 //// Festival Bordeaux Club Presente Andy Butler ( Hercules & Love Affair) //// Acid House //// I.Boat //// 11/14€

lundi 28

20H30 //// The Datsuns + Radio Moscow 20H30 //// Pastora Galvan, Pastora 20H30 //// Angus Stone

//// Rock //// Le Rocher De Palmer

//// 15 €

//// Danse //// Théâtre De Bayonne //// 18/25€ //// Folk //// Le Rocher De Palmer //// 18/ 20€

mardi 29

19H00 //// Atelier De Formation Aulogiciel Ableton Live //// Workshop //// I.Boat //// 5 € 20H //// Broken Wings Trio //// Musique //// Écuries De Baroja À //// 12/16€ Anglet


97

mercredi 30 14H00 //// Atelier Le Labo Revelateur D'images //// Jeune Public //// I.Boat 19H30 //// Thus:owl (Suede)+ Howe Gelb (Giant Sand) //// Pop/Folk //// I.Boat 20H00 //// Jérusalem Plomb Durci //// Théâtre //// Le Carré -/ Saint-MéDocumentaire dard-En-Jalles 20H00 //// Broken Wings Trio //// Musique //// Écuries De Baroja À Anglet 20H30 //// Sophie Hunger //// Folk Rock //// Le Rocher De Palmer 22H00 //// Tib'z + Antoine Zael //// House //// Azuli Minimal

--

//// 10 € //// 8/12€ //// 8/16€ //// 12/16€ //// 18/ 20€ //// Gratuit

jeudi 31 19H00 //// Jérusalem Plomb Durci 19H00 //// Pelotes Soniques 20H30 //// Manu Katché 21H00 //// The Table 22H00 //// Cleonce + Marco Dlm

//// Théâtre //// Le Carré -/ Saint-Mé- //// 8/16€ Documentaire dard-En-Jalles //// Aperoboat //// I.Boat //// Gratuit //// Jazz //// Le Rocher De Palmer //// 23/ 25€ //// Marionnettes //// Les Colonnes / //// 9/12€ So British Blanquefort

//// House //// Azuli //// Gratuit 00H00 //// Residence La Delicieuse Musique W/ Stereoclip + Bakermat //// HOUSE //// I.BOAT //// 8 €

a g e n d a


98 --

Nouvelles de la Faim

Alice Bellocq : saint Sylvestre

" C’est qui qui t’envoie des textos ? C’est ton amoureux ? » Élise retient le roulement vers le ciel de ses globes oculaires ; la question lui aurait arraché un sourire si elle était venue de l’un des enfants présents à table, mais sa tante est bien trop vieille pour utiliser des expressions comme « ton amoureux ». Elle répond un « non, c’est un pote » définitif avant de se tourner vers son autre voisine de table, la bouteille de rouge. Elle ne sait plus à quel moment elle s’est dit que passer la veille du nouvel an en famille était sa meilleure option. Cette année on a commencé à planifier des soirées dès le mois d’août, quand même des plans sur la comète à Londres ou Rio de Janeiro avaient d’une chance, fut-elle infime, d’être concrétisés. Bien sûr, Élise s’est enthousiasmée pour chaque nouvelle proposition. Puis au cours du mois d’octobre, elle a réalisé qu’afin d’honorer ses engagements il lui restait deux mois pour apprendre à se téléporter. En novembre elle s’est rappelée que les 31 décembre sont toujours si décevants qu’elle avait résolu, onze mois auparavant, de ne plus jamais prévoir autre chose qu’une tisane détox et un bon bouquin. En décembre elle a réussi à concocter des excuses fumeuses à tout le monde sans trop s’emmêler les pinceaux. Et elle a fini par tout gâcher au repas de Noël, quand, prise de court, elle n’a rien su objecter à une invitation au réveillon familial. Ce n’est pas qu’ils s’entendent mal ; mais le repas gargantuesque dans la maison mal chauffée de sa grand-mère, les regards désapprobateurs et guindés sur les clopes et les verres qui se remplissent trop vite, les enfants de son cousin qui compensent leur taille par leur volume sonore, même sa grand-mère qui d’habitude est drôle mais a l’air blasé qu’ils soient tous là à salir sa belle nappe, tout cela lui donne envie de faire quelque chose d’extrême, de choquant, comme allumer la télévision pour regarder TF1. Elle ne peut même pas chahuter les pièces rapportées à usage unique qui viennent ponctuer les réunions familiales pendant l’année ; elles ont sans doute mieux à faire de leur Saint-Sylvestre. Il y a bien la copine de son neveu, mais taquiner une végétarienne en sarouel, anéantie par le fait que personne n’essaiera de la forcer à manger du foie gras – alors qu’elle avait si bien préparé son argumentaire sur le traitement inhumain des canards ! – semble trop facile pour être vraiment amusant. « Pour un pote, il t’en envoie beaucoup des messages je trouve ! - C’est. Pas. Le. Même. - Oh, ça va, ça va. Moi je me demande juste quand tu vas nous amener quelqu’un, c’est tout. - Mais ferme-la, Isabelle ! » Soit, cette réplique-là est restée dans sa tête. Autant sa tante peut être insupportable, autant elle fait toujours des bons cadeaux à Noël : il vaut mieux garder des relations cordiales. Dans un éclair de lucidité Élise se dit que la vérité est qu’elle détesterait faire de la peine à Isabelle. En plus la pauvre n’a pas entièrement tort : depuis qu’Horace et elle ont eu l’idée lumineuse de se mettre à coucher ensemble, le mot « pote » sonne faux. La jeune femme sourit à cette idée, puis


grimace, agacée par cette joie inopinée qu’elle n’a pas sonnée. Son téléphone sonne encore, cette fois il lui indique une nouvelle alerte Twitter, l’informant 99 d’une arrivée à une fête, ou de la première citation impérissable pendant dix - minutes de la soirée, peut-être. Quelques jours plus tôt Twitter vibrait de colère N en décrivant la beauferie homophobe, raciste, spéciste, classiste, sexiste, qui o infeste les foyers français quand il se croient à l’abri des regards. Heureusement u ce soir l’équilibre cosmique est rétabli : plus personne n’est obligé de parler à v e quelqu’un qui ne pense pas comme lui. « - Mais je comprends pas, pourquoi tu nous amènes jamais personne ? En même temps c’est drôle, parce que ta mère a fait ça pendant des années et on pensait tous qu’elle était gouine ! » Élise caresse l’idée de lui expliquer sa conception du couple, à savoir qu’elle ne saisit pas l’intérêt de se plier en quatre pour plaire à quelqu’un qui, fatalement, s’avèrera être un Jack Torrance édulcoré – et si peu. Ou, dans le meilleur des cas, quelqu’un qui ne tolèrera le coït qu’une demi fois par semaine (mais c’est bien parce que la vie à deux implique des compromis). C’était ça qu’elle appréciait chez Horace. Seules les absences conjointes d’Arthur et d’Anna avaient rendu leur relation possible, tout en la condamnant à plus ou moins brève échéance – la dynamique d’un groupe ayant ses droits. Ils n’essayaient donc même pas de se plaire, se contentant d’être eux-mêmes jusque dans les aspects les moins reluisants de leurs personnalités. C’était libérateur. Excitant même, paradoxalement. « J’amène personne parce que j’ai personne d’intéressant à te présenter Tatie, c’est tout. - Pfft ! J’y crois pas du tout. En plus… Et merde ! Maman ! Maman arrête qu’est-ce que tu fais ? » Le brouhaha cesse brutalement et tout le monde se retourne vers le bout de la table où est assise Violette. Elle n’a plus du tout l’air ennuyé, elle sourit comme une gamine gourmande qui découvre la saveur d’une nouvelle friandise exotique. Au bout de ses doigts encore élégants même si l’arthrose les déforme, elle tient un magasine jailli d’on ne sait où, qu’elle donne à lécher au flammes d’un chandelier. Isabelle et son frère se lèvent si brusquement qu’une chaise tombe avec fracas, ils saisissent le papier glacé qui s’embrase et le jettent sur le tapis pour lui donner de vigoureux coups de talon. Ils continuent à le piétiner même si le feu est éteint, des débris calcinés volètent autour de leurs mollet. Personne ne dit encore rien. Les plus petits ont les yeux ronds et semblent sur le point de rire comme quand un adulte jure par inadvertance devant eux, mais quelque chose les retient. Ceux qui savaient fixent un point sur la table, ou sur le mur, avec une rage déjà résignée. Violette est au bord des larmes, elle a l’air terrorisé, et murmure « Pardon ? Mais qu’est-ce qui se passe ? Je suis désolée, pardon ? ». « C’est rien, Maman, viens avec moi, on va aller se coucher, d’accord ? » Sa fille lui prend le bras avec douceur et l’entraîne vers sa chambre en chantonnant quelque chose à son oreille. Bientôt quelqu’un va oser demander si ça fait longtemps qu’elle est malade, et puis de quelle démence il s’agit exactement, comment est-ce qu’elle est prise en charge, ha, oui, heureusement elle est très bien suivie, le gérontologue est très compétent. Et on hochera la tête en faisant comme si c’était rassurant, d’avoir un bon docteur pour une maladie incurable, qui vous dépouille de tout ce que vous êtes jusqu’à faire de vous un machin en position fœtale qui se bave dessus en n’attendant même pas la mort, puisqu’il a oublié que ça existait. Alors Élise attrape son verre, le lève comme pour porter un toast, et détachant chaque mot : « Le réveillon, c’est vraiment de la merde, vous trouvez pas ? »

l l e s

d e l a f a i m


100 --

Harum quiaeperiate mi, ut maion experum fugition nimpore ipid ut rem estium qui ut voluptae voluptatur? Udaes vid que et et ped quo magniam cullabo. Ur? Olore, es imincima dendaecae. Pel ium volorro iuntota dolores endi rere doluptam vel imaio beatis ni sundero videliquam il int laborit fugitatur aut etur rerror alis dit ut quunt. Nationsent iuscime ndandis alignatem fugit pratior eprates tibusae ctatem vel ipiendi odi non re rehendi stiat. Optatium quo eatium vent laborerum aut harunt quatur? Cimporum aut hillanis doluptaecusa quo endam aditia niminullest odiae pellibus dolut resci dolest aut ducid qui aperspelit et eum hiliqui dolorupti officiu sciamus danimendi am ut officillab ipit el mod quam doluptur si occae quat. Por aut vellaccatem sim nus et aut laboreniscia dolorit la nobitiam a quodis asite expel ex experovid mintota tempore iusapelit ad quatet odita cus dolorit, con niet hitatempost aut aped quae volorrum remped eiciet inctess equossimus sed quiscide dolo inctiumquid et quat volesto vitinti blaboratum id mo quam laut eat harum dolorep eliqui atecte voluptat occumquam re, quunt iusdae laccabo rendae coratum nobis dolendem quo dis ma exerfernatur sed quas acidia as a doluptis et exero ium faccus assundic te volorit asimiliqui audaepel inimagnatem ute veniet, quia nam et, sa quibusd aerit, exceaquodis abore corror res enda eost, officiis accullu tempor accusae struIta que acerferorro essum eatquate ni offic tem id utecus aut reperum nihit as aut venihilis dita dolestibus, ea pratatur aliasim aliquo inverci isciis derit aciis quae etur? Quissi illa ius ad exces esto quo cuscim ent odignam exceario quia si occus quia dolupientio. Itam re et perfero eosandent facerum lautae velendestrum re, se doluptur, odit inctur re pliquibus, solupta a sinvendio omnihil in poreror itatist iatio. Itaquid moloribus magnimus aut omnis ea desciunt. Ignam fugia volumquis sedicatium apid quam, et as que perit que as re magnatiatur atus ati ra sequae. Ed undaess itasped ut volecus aut porem idipidu cimus, sumqui aruptur, ut isciandest ommolum quam, sunt diciis audi nobitas dolores quo berate volorum iusdam, sequi doluptur, quis essi duciaspiciis inctiss imaximus moluptas doluptia sunt ab ipsandaecto intiatquam volut reiunt, quis cuptaquis ut pel idelit libus dolo deseditatiis modit pa nimi, con eaquiat issitat ex eum fugiae. Nequodis quia everia idestiatur? Sed quam istinimpos moloria sincienem. Uga. Hitatiore verae nem fuga. Voluptatiur? Qui dit occuptate debitem fugit quo quatis aperae nossit issit, ab in eum latem que sitinia ndiorecta dolorro omnihilit as audictem quid magnatusam, sitat qui conseque dolent qui simi, anihit, quia sitia sa audiatis excere poressi milit, vel imet, aruptat officabo. Dolorem alitem rerorrundit, ullaborem. Rumquas sus estiatem nobit arum dicaes velias sequiam quis et venihil iuntecabo. Onsequo quistin iminis consequame sit re nobit eossundem harumqui aut venihit ommoluptur?


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.