CityZen Moove Magazine - Episode 8

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|| magazine gratuit, urbain, artistique et culturel ||



Sommaire news

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10 découverte 14

portrait

26 chroniques D’UNE NOTE 30

Carnet de voyage

42 Cinéma 52

merveilles du monde

60 à la mode de chez nous 70

L’eau à la bouche

72 Les histoires du père magrin 74

chroniques d’une lettre

76 sensations 82

geek

84 rétro dvd 88

agenda

96 nouvelle de la faim

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s o m m a i r e


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Mise en bouche Mais qui a tué le Père Noël ?! Serait-ce le colonel moutarde, mademoiselle Rose ? Ou bien la mondialisation des échanges culturels et la laïcisation de la société, centrant les fêtes de Noël sur des décorations et des cadeaux ? A défaut de proposer un retour à de « vraies » valeurs, ces fêtes de fin d’année permettent avant tout aux familles de se retrouver autour de bons repas et sans doute aucun d’oublier la morosité d’un quotidien alambiqué. Et… ne nous voilons pas la face : NOUS aussi nous aimons les cadeaux (vous trouverez à ce propos nos coordonnées en page suivante afin de nous faire parvenir présents, bonbons et chocolats !), et à priori on a fait plus religieux que la rédaction de votre magazine favori. Ainsi, s’il est aisé de jeter la pierre (l’un des sports favoris du citoyen français, et de loin) au premier venu, à notre modèle sociétal, à nos dirigeants et au chien de notre voisin, nous n’en ferons rien et nous conserverons notre auto-dérision (teintée d’un sérieux tout relatif ) au long de la centaine de pages à venir. Pour terminer, n’oubliez pas les Restos du Cœur et encore moins Cityzen Moove. Très bonnes fêtes de fin d’année ! Samy et toute l’équipe de CityZen Moove

Retrouvez-nous sur Facebook et internet www.cityzenmoove.com www.facebook.com/CityZenMoove


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ONT PARTICIPE A L’AVENTURE : Ondine Senac, Ophélie Large, Joanna Pichon, François Dubedout, Alice Bellocq, Charles Magrin, Maxime Bedochaud, Luis Gandara. Couverture : CityZen Moove à l’Azuli Bar Photographie : Charles Magrin Costumes : Créa’ Fêtes CityZen Moove est édité par la SARL Hermes Press and Advertising. DIRECTION/REDACTION/GRAPHISME/ PUBLICITE : Samy Ellaouzi Hermes Press and Advertising 37 rue Duranteau 33000 Bordeaux 06 86 82 16 47 Rédaction : cityzenmoove@hpaa.fr Publicité : contact@hpaa.fr L’éditeur décline toute responsabilité quant aux visuels, photographies, illustrations, libellés des annonces fournis par ses annonceurs, omissions ou erreurs figurant dans cette publication. Les articles publiés n’engagent que leurs auteurs. Tous droits d’auteur réservés pour tous pays. Toute reproduction, même partielle, quel qu’en soit le procédé, ainsi que l’enregistrement d’informations par système de traitement de données à des fins professionnelles, sont interdites et donnent lieu à des sanctions pénales. Magazine Gratuit. Ne pas jeter sur la voie publique.


Point News

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L

BT59.

BANZAI LAB : 5 ANS ! e petit collectif électro-instrumental autour de UNITED FOOLS, créé en 2004, a grandi pour donner naissance le 11 janvier 2008 au label associatif Banzaï Lab, lors d’une soirée d’inauguration mémorable au

Tout en ayant toujours à cœur de dynamiser sa ville d’origine : Bordeaux, ce laboratoire indépendant d’innovations sonores a grandi, s’est structuré, s’est diversifié et obtient désormais une reconnaissance nationale, voire internationale. 5 ans. 5 ans que nous nous battons pour défendre notre vision de la musique, pour sortir de bons albums, organiser des évènements originaux, valoriser des talents pour dessiner un chemin plus sûr à des musiciens qui sortent de l’ordinaire, qui explorent des métissages culturels et temporels, qui font conjuguer musiques électroniques et musiques vivantes. Voilà 5 ans que nous parvenons progressivement à faire vivre ceux qui font vivre la musique : artistes, techniciens, bénévoles et cadres du projet, avec l’aide de partenaires associatifs et professionnels, d’institutions, de fédérations, et surtout du soutien grandissant du public. Toutes les forces vives qui ont souhaité s’associer à ce projet sont invitées à partager les temps forts de cet évènement en participant en décembre et début janvier aux concerts gratuits, expositions, projections qui précèderont la grosse sauterie musicale des kamikazes : la soirée anniversaire du 11 Janvier 2013 au Rocher de Palmer. 5 ans : ça se fête !

Save the date !

Matthieu Perrein // 06 18 363 965 Clément Rouan // 06 17 486 585


7 -p o i n t n e w s

La programmation 21 DECEMBRE 2012 Boqueron / 21h – 02h : Dernière soirée Banzaï Lab avant la fin du monde ! Djsets de la team Banzaï. Gratuit 4 JANVIER 2013 Cinema Utopia / 20h30 : Projection des clips Banzaï Lab, suivie du film 24h Party People (Michael Winterbottom / 2002). Tarif séance normale 5 JANVIER 2013 Apollo Bar / 19h – 22h : Djsets avec Barrel House et Feldub. Gratuit 11 JANVIER - Rocher de Palmer 19h30 :: Apéro Pros + Expo WDN Studio + Showcase ESÏOM (Electro pop) 21h00 :: MONSIEUR GRANDIN (Trip-Hop) - Toulouse 22h15 :: UNITED FOOLS ORCHESTRA (World – Hip Hop - Psyche) - Bordeaux 23h45 :: LA FINE EQUIPE (Hip Hop - Soul - Electro) - Paris 01h15 :: SMOKEY JOE & THE KID (Hip Hop – Swing -Electro) – Paris/Bordeaux 02h45 :: DIRTY HONKERS (Electro – Dirty Swing) – Berlin Toute la soirée au bar : Sound System Dub/Nueva Cumbia, Balkan Beat avec FELDUB et DJ STANBUL.


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Template Records «Template Records est un label de musique électronique fondé en 2012 par Ressmoon. L’idée de base de la structure est de fédérer et créer des passerelles entre styles et artistes, casser les angles tout en respectant l’idée que la musique électronique est comme les yeux de certains insectes: un ensemble de facettes qui mises bout à bout forme une seule et unique sphère.»

soirée de lancement à l’azuli JEUDI 6 DECEMBRE 2012 55 cours Alsace Lorraine, Bordeaux 22h – 02h Gratuit

G.ODYS [Template, Starsrain, Baccara] COMBE [Input Selector / Goûtez Electronique] YOUGO & SUPERLATE [Unpleased / RTB]


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-p o i n t n e w s


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Découverte fishTank A

Ensemble

ttention, l’écoute (même modérée), de Fishtank Ensemble provoque une envie irrépressible de sauter en l’air, d’embrasser les passants, de danser en tapant du pied tout en chantant à tue-tête !

mise, elle se lâche au sein de la formation, jouant du violon, de la scie musicale et du banjo ! Un violoniste français, Fabrice Martinez, qui a passé sept ans à sillonner les routes d’Europe en quête d’expériences à bord d’une roulotte de sa fabrication, assaisonne la sauce d’envolées endiablées qui, avec la contrebasse “slappée” du virtuose serbe Djordge Stijepovic, donnent une énergie incroyable à l’ensemble. La guitare n’est pas en reste avec l’excellent Douglas Smolens nous arrivant d’ Espagne, aussi à l’aise en Flamenco qu’en Manouche. Le quartet en est à son troisième album, “Woman in Sin” sorti en 2010, et enchaîne les tournées, dynamitant aussi bien les salles les plus prestigieuses que les bars ou jouant simplement dans la rue ! Idéal pour faire la fête ou simplement oublier qu’au-dehors, c’est l’hiver!

Ovni musical, leur musique est inclassable : du swing enjoué de Django Reinhardt à la musique traditionnelle Tzigane ou Rom , les influences aussi variées qu’étonnantes prennent racine dans la personnalité même de chaque membre du groupe, tous d’horizons très différents. Ainsi Ursula Knudson a fait ses classes comme chanteuse d’opéra en Italie. Envoûtante et surprenant nos oreilles en changeant de voix et de langue comme de che-

http://

www.fishtankensemble. Texte : Charles M.


11 -d e c o u v e r t e

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alterphilo

lterphilo, membre actif de P2R Prod depuis 10 ans déjà arrive avec son «Monde Imaginaire»,premier album solo. Ses textes pour le moins affûtés et engagés se veulent être sa marque de fabrique, à contre-courant de la majeure partie du rap hexagonal, refusant la victimisation et la morosité ambiante du registre.

Nourri de ses voyages et basant ses textes sur ses expériences personnelles, il nous propose ainsi un large panel de couleurs instrumentales au long de son projet. Prônant avant tout l’aspect militant du rap, la musique est centrée sur sa plume et utilise « ses lyrics comme fondations de son Monde Imaginaire ». Un artiste à rapidement découvrir, se voulant être le symbole d’un rap nouveau, altruiste, intelligent et universel. Son album de 11 titres, produit en association avec de nombreux artistes (« Piloophaz » pour ne citer que lui) est en vente sur les sites de téléchargement légal ou de streaming (Spotify, Deezer, iTunes, etc) ; un clip est actuellement en cours de tournage, sortie prévue pour 2013 ! A surveiller de très près et à écouter ussi sagement qu’à l’école !

http://www.p2rprod.fr Texte : Samy E.


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O

Mr Raoul k

riginellement travailleur dans le bâtiment en Allemagne, on peut dire qu’il débute sa carrière de musicien en 1999. Raoul Konan de son vrai nom, vit dans une petite ville du nord appelée Lübeck. Tout en travaillant la charpente, il façonne ses premières boucles depuis chez lui. Ses productions ne sortent pas directement du lot et on commence à l’apercevoir lorsqu’il fonde son label « Baobab » en 2007. Je vais prendre le parti de ne pas évoquer ses travaux antérieurs dans cet article, car ses dernières productions sont de loin les plus probantes. Il y a chez Mr Raoul de multiples influences qui font de lui un artiste des plus polyvalents. Mêlant dans chacune de ses « tracks » les différentes essences dont il a pu s’abreuver depuis son plus jeune âge, ayant qui plus est grandi en Côte d’Ivoire (terre des griots et des boucles envoûtantes de la « Cora » ou du « Balafon »), il a su capturer les « progressions » que l’on peut entendre chez les divers maîtres du genre. Une autre partie de sa vie s’est déroulée à Hambourg, où il put s’essayer à la musique électronique et finalement en vivre. Cette dualité permettant de conjuguer deep-house et sonorités traditionnelles Ivoiriennes fait tout le charme de sa musique, et le résultat en est des plus surprenants (voir par exemple la track « Africa -Kuniyuki Main Remix - » ou encore « Somassai » dans le dernier opus qui sont assez représentatives). Ce dernier album reste fidèle à ce que l’on a pu entendre de lui dans le passé, tout du moins pour quelques titres… Mère nature semble être à l’honneur dans « Mande » qui, par moments, est un véritable retour aux sources : il délaisse même la house pour laisser parler les instruments traditionnels et les voix. Les boucles s’enchaînent et nous font rapidement sombrer dans une douce transe, les progressions sont lentes et semblent infinies… La diversité de « paysages sonores » surprennent à plus d’un titre et cet album nécessitera plusieurs écoutes afin d’en saisir l’essence. Bonne écoute !

http://soundcloud.com/mr-raoul-k Texte : Luis G.


13 -d e c o u v e r t e

walk Off The earth

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vec plus de 130 millions de vues sur internet, leur reprise de Gotye “Somebody that I used to know”, dans lequel les cinq musiciens chantent autour d’une guitare sur laquelle ils jouent (tous !) a fait un buzz énorme sur les cinq continents.

Indépendants, tous multi-instrumentistes talentueux, ils nous proposent une musique fleur bleue et délicieuse, faite de reprises et de compositions originales aux sonorités folk et pop. C’est bien leur talent de musiciens et leur plaisir à jouer ensemble qui les démarquent d’un énième groupe à tubes produit par un géant de l’industrie du disque. La voix douce et sensuelle de Sarah Blackwood s’harmonise superbement avec celle, claire et puissante de Gianni “Luminati” Nicassio, parfois secondées par les choeurs des trois autres, dont le fameux beardman (“l’homme à la barbe” – le claviériste). Leurs clips, tous auto-produits (donc à petit budget) et réalisés par “Luminati”, pleins d’humour et de créativité sont remarquablement originaux, montrant par la même occasion qu’on n’a pas besoin de dépenser des millions de dollars en costumes, maquillage et effets spéciaux lorsqu’on a du talent ! En attendant de pouvoir un jour goûter l’énergie contagieuse des Canadiens sur scène, vous pouvez suivre l’activité du groupe sur leur site, où de nouvelles vidéos sont postées régulièrement. http://www.walkofftheearth.com Texte : Charles M.


Portrait

Photographies : ©Fräneck


bâtisseur de rêves

Texte : Samy E.

http://neneck.blogspot.fr/



F

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räneck, récent diplômé des Beaux- - Arts de Toulouse (en 2008), partage aujourd’hui un atelier dans lequel il p nous concocte ses OVNI artistiques haute- o ment acidifiés. Son travail, pour le moins sin- rt gulier, évolue sur différents supports tels que r le livre, l’affiche, le dessin mural, et le tout est a diffusé dans des festivals, des concerts ainsi i que des expositions. Entrons maintenant dans t le vif du sujet et essayons de comprendre les fondements de son art si atypique ! Il intègre il y a deux ans le collectif toulousain « Indélébile » avec lequel il organise chaque année un festival de petites éditions et de narrations graphiques, associé à un parcours d’exposition dans toute la ville de Toulouse. Volonté de conserver une indépendance certaine, ces artistes, de par leurs actions, tendent à démocratiser un Art singulier, aux antipodes de la bande dessinée industrielle et marchande, et mettent un point d’honneur à défendre l’Art Indépendant. Ses œuvres, au panel de couleurs d’une apparente simplicité, ne placent pas de barrières (à l’instar de bien des dessinateurs voulant intellectualiser chacun de leurs coups de pinceau) entre le néophyte et l’artiste confirmé. Mais de là à parler de travail facile… Que nenni ! Véritable architecte, Fräneck bâtit, démolit, emboîte, déboîte, construit et reconstruit, dans son premier livre sobrement intitulé « Les Maisons », édité aux éditions ION après un an de travail acharné. Nul besoin de texte, les images parlent d’ellesmêmes et les bâtisses réalisées prennent vie sous nos yeux ébahis… Il se plaît donc à reprendre les éléments de notre quotidien, faisant fi des rapports d’échelle et apportant ainsi à chacune de ses œuvres une dimension d’étrangeté cinglante. Certains aimeront, d’autres détesteront peut-être (la faute à un manque d’ouverture d’esprit me direz-vous ?) mais difficile de rester insensible aux œuvres de ce bâtisseur de rêves excentriques. Un livre entièrement sérigraphié et édité par Mehdi Beneitez, aux éditions « Parasites » de Bordeaux, est prévu pour le courant 2013 et nous comptons bien entendu sur ses folles constructions pour nous protéger d’une imminente fin du monde !










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Les Chroniques D’une Note

Bajka In Wonderland

http://www.bajka.fr/

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écouverte sur l’excellent “Days to come” de Bonobo (cf. C.M. N°5), la rafraîchissante Bajka réalise un premier album solo indispensable !

Rien d’étonnant à ce que la musique de Bajka (à prononcer “Baï-kah”) soit métissée étant donné qu’elle naquît en Inde, fut élevée au Portugal, en Afrique du sud, et étudia la musique à Prague ! Désormais installée à Berlin, elle est aussi productrice et poète. Au vu de ses nombreuses collaborations (notamment avec l’excellent groupe Allemand Radio Cityzen), la chanteuse bénéficie d’une grande expérience mais n’a réalisé que deux albums en solo. Son second opus nommé “Just the truth” et produit par Rejoicer est sorti cette année. Dans une toute autre optique que son prédécesseur, très expérimental, électronique et déstructuré, il est surtout beaucoup moins accessible et agréable que le premier. Nous allons donc nous concentrer sur la pépite originelle qu’est “In Wonderland ”. Pour faire sa cuisine, la belle a choisi un univers jazzy, dans lequel la contrebasse est une pièce maîtresse, imprégnant les mélodies de ses typiques vibrations chaudes et colorées ; l’ensemble est servi par une batterie down-tempo groovy à la caisse-claire efficace. Cette ambiance est le décor parfait sur lequel la voix suave et orientalisante de l’artiste fait des merveilles !


27 -L E S C H R O N I Q U E S d ‘ u n e N o t e

Si la première chanson tend vers une légère mais sereine mélancolie, la suite de l’album table intégralement sur l’optimisme et la gaieté. De composition semblable mais surtout pas lassante, les titres constituent une suite qui s’apprécie dans son ensemble, écoute après écoute. Il y est difficile de trouver sa chanson préférée, chaque titre ayant été mitonné aux petits oignons tels les arrangements de piano et de violons : un régal de subtilité dont on ne sort pas rassasié ! L’intro, l’interlude et l’outro, chacune reprenant le même thème arrangé différemment, renforcent encore « l’unité » et l’identité très marquée de cette galette magique. D’un point de vue lyrique, les textes sont inspirés de l’univers absurde du texte de Lewis Caroll « The hunting of the Snark », poème contant la traque du « Snark » - animal fantastique - par des personnages délirants (un castor, un boulanger, un banquier, etc) et menés par « l’homme à la cloche » (!), qui apportent une inoffensive touche de folie à l’œuvre. Une voix inoubliable, une production parfaite et des ingrédients métissés font de cet album haut en couleurs (la jaquette donne le ton !), une perle rare de finesse dans un monde qui ne produit de tels artistes que trop rarement, une cure d’optimisme donc à s’injecter immédiatement - et régulièrement - en intra-auriculaire! Texte : Charles M.


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hACRIDE lAZARUS

http://www.hacride.com/

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aru en 2009 et n’ayant pas encore eu sa place dans nos colonnes, voici le « dernier » album d’Hacride. Trois années se sont écoulées et pourtant le CD tourne toujours (en boucle) dans nos lecteurs. Ainsi, après un « Deviant Current Signal » entamant les hostilités de la plus belle des manières, en 2005, « Amoeba » vint exploser la baraque en nous gratifiant de LA perle du métal français dès 2007. Qu’en est-il de ce « Lazarus » à l’artwork de toute beauté ? Si le premier album fut direct et clairement « messhugien », le groupe surprit son monde en teintant son métal extrême d’éléments « postcore » et mélodiques. Nous attendions donc les bougres au tournant et… quelle surprise ! L’album démarre avec la perle de 15 minutes, « To Walk Among Them ». A la manière de « Perturbed » du précédent album, cette piste propose la synthèse (tant en termes de palette technique, que de production ou de composition) de ce qui nous attend dans le CD et force est de constater que le tout s’avère beaucoup moins violent, bien plus aéré, forcément plus digeste et terriblement JOUISSIF ! Si la formation a bel et bien perdu en hargne, elle le compense allégrement en maîtrise et en intelligence. Les compositions sont aériennes au possible et la production vaporeuse, pour ne pas dire lunaire (réverbérations bonsoir !), transcende le tout et quel « tout » ! La batterie d’Olivier Laffond (vous noterez un changement de lineup entre les deux albums) s’avère être bien plus posée, moins viscérale et torturée qu’auparavant pour nous proposer des plans d’une finesse sans égal, « groovy » au possible et pouvant à certains moments se passer de tout accompagnement tant ils s’avèrent être parlants ! Le son produit, étouffé, est aux antipodes des standards du genre, qui misent essentiellement sur une grosse caisse assourdissante et surcompressée, sans âme...


29 -L E S C H R O N I Q U E S d

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u n e N o t e

Il en va de même pour la guitare d’Adrien Gousset, qui bien que conservant un son des plus tranchants, voit disparaître les longues syncopes et autres riffs difficiles d’accès, pour maintenant proposer des séquences aériennes aux sonorités si personnelles qu’elles semblent venir d’une autre planète… La basse de Benoist Danneville se voit aussi moins « galopante » que précédemment, pour finalement mieux coller à l’atmosphère du CD. Que de surprises me direz-vous et ce ne sont pas les (énormes) progrès du chant de Samuel Bourreau qui nous feront mentir. Il ose expérimenter et nous gratifie même de parties de grande classe des plus originales. Tantôt hurlé, tantôt chanté de sa voix rocailleuse que nous avions découverte dans « Amoeba », il nous propose maintenant des vocalises claires, douces (tout en conservant une virilité certaine, ne nous méprenons pas !), bien souvent hallucinées (murmurées et ne lésinant pas sur le « delay ») et semblant tout droit sorties d’un album de « Cynic ». Ainsi, la musique d’Hacride a clairement évolué et se démarque maintenant de TOUTE la concurrence. Le tout est magistralement orchestré, d’une finesse sans pareil et nous propose un véritable voyage... Tantôt rageuse, tantôt posant des envolées d’une grâce inouïe, leur musique surprend, touche pour finalement happer l’auditeur dans une traversée d’un univers onirique – qui pour notre part dure depuis trois ans. Leur nouvel album sort en 2013 et vu la qualité des précédents ainsi que de leurs prestations scéniques, nous l’attendons à bras ouverts et ne pouvons que les remercier, encore et encore ! Texte : Samy E.


Carnet De Voyage

Photographies : ŠCharles Magrin


au pays des trolls

Texte : C. Magrin


32 Actu --

Ciné ///


Q

uelle chaleur accablante en ce mois d’août à Bordeaux ! Espérant goûter 33 l’ombre fraîche d’un saule, je me dirige en hâte vers le jardin public où - les filles délicieusement peu vêtues se prélassent dans l’herbe grasse et verte, remerciant d’un sourire adressé au ciel les ultraviolets leur caramélisant c a l’échine. r Ayant trouvé mon bonheur au pied d’un cyprès chauve qui ne l’est pas encore , je laisse mes paupières s’alourdir en écoutant le gai pépiement des moineaux, respirant profondément pour sombrer dans une sieste cotonneuse et béate. A demi conscient, un “PFFLOUTCHHH” me réveille soudain! Je viens de recevoir le cadeau puant et gluant d’un volatile que je reconnais aussitôt : un pigeon ! “Espèce d’infâme rat volant, descends de ta branche que je te présente à la pointe de ma chaussure !!” m’entends-je hurler, troublant ainsi l’ambiance paisible qui régnait jusqu’alors ce qui me vaut le mépris de tout l’auditoire... Le criminel lui me fixe d’un œil dans lequel je ne discerne pas plus de traces d’intellect que de regrets pour son acte odieux, avant qu’il ne s’envole en quête de déchets à picorer ou d’une autre tête à décorer, me laissant seul avec mon odorant maquillage... Je pourrais alors m’engouffrer dans l’infini cortège des automobiles débordant de graisse à traire et de parasols bariolés en pèlerinage vers le saint océan, tel un aoûtien en quête de plages saturées de viande humaine, de boîtes de nuit assourdissantes et d’élections de miss dans quelque camping rendu célèbre par un mauvais film. Mais la promesse d’un bain dans les eaux fraîches de l’Atlantique ne me semble pas mériter tel supplice ! Que faire alors ? Puisque mon corps semble être en décalage avec la saison en cours, il me paraît judicieux de m’enfuir vers des contrées moins bouillantes et plus aérées. Après quelques hésitations, mon choix tombe finalement sur l’Islande, à vélo ! Les billets sont réservés pour début septembre. D’ici là, les achats de chaussettes de ski, gants et autres polaires rendront la chaleur estivale plus supportable... Après une épique bataille lors de laquelle mes terrifiants borborygmes doublés de violentes invectives contre l’administration aéroportuaire triomphent de cette dernière, je peux finalement embarquer mon compagnon à deux roues ! Deux vols entre Toulouse et Keflavík plus tard, je pose enfin le pied en “terre de glace et de feu” ! Le contraste avec la France est saisissant dès la sortie de l’aéroport : pas un seul arbre à l’horizon, de grands nuages lenticulaires courent librement les immenses plaines cendreuses alentours et l’on aperçoit déjà quelques volcans au loin ! Il fait frais mais pas froid car un soleil radieux me souhaite la bienvenue ! Le vélo dégagé de ses protections en carton et films alimentaires, je regonfle les pneus, resserre une ribambelle de rayons et constate quelques dégâts mineurs (mais pourquoi diantre les bagagistes font-ils ce métier s’ils haïssent tant les bagages ?). Une fois les sacoches équipées et fixées je peux enfin partir en quête de grands espaces !

n e t d e v o y a g e


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- - Après 65 kms de route plate le long de la côte et passée la capitale Reykjavík où je ne m’arrête point, je stoppe dans un endroit aussi sublime que dépaysant : un replat herbeux sur lequel je pose ma tente, donnant sur une plaine traversée par une rivière se jetant dans la mer. En arrière-plan un immense fjord ferme la scène, sage gardien de ce panorama grandiose devant lequel je médite ma chance d’en être le témoin. Le lendemain matin, toute cette allégresse a été sournoisement dissipée par la froide nuit qui m’a empêché de fermer l’œil plus de deux heures d’affilée, ainsi que par l’arrivée au petit jour de la pluie labourant la frêle toile de ma tente... Je la replie laborieusement sous un abribus en face d’une école. Aux fenêtres, les petites têtes blondes semblent plus intéressées par mes gesticulations maladroites que par leur cours de Norrois quotidien. Le prof lui fait semblant de n’avoir rien remarqué et continue sa leçon, impassible Nordique... Après un signe d’adieu adressé à la nouvelle génération, j’enfourche ma monture et reprends la route en direction d’un haut lieu de l’histoire islandaise : Þingvellir prononcez “Thingvétlir” (!). Malgré le temps maussade et humide, le site est imprégné d’une énergie spéciale, de celles qui nous rendent immensément humbles devant les merveilles de la nature, sentiment que je n’ai d’ailleurs pas fini d’éprouver sur cette île. Une plaine entourée de sommets de mille mètres, abreuvée par un lac anthracite et lacérée d’immenses failles parallèles compose le paysage... La plus impressionnante est celle d’Almannagjá, longue de 7,7 kms et d’une profondeur maximale de 40m ! Ces cicatrices géologiques sont d’origine tectonique. En effet l’Islande est placée “à cheval” sur les deux grandes plaques Américaine et Européenne. Je me trouve donc en plein sur la faille médio-atlantique qui, par son activité volcanique et géothermique intense donne parfois vie à ces roches ! Mais là n’est pas le seul intérêt du site. Il est aussi le lieu que choisirent les fameux Vikings venus de Norvège pour établir le premier parlement (Althing) créé en Europe, en 930 ! Les failles constituaient en effet un abri idéal contre les intempéries et les maigres forêts disséminées alentour fournissaient en bois de chauffage leurs assemblées. Marchands ambulants et artistes en tout genre y arrivaient des quatre coins du territoire. Jeux, danses et lectures de poèmes y étaient organisés. Doté du pouvoir législatif et judiciaire (mais non de l’exécutif), l’Althing administrait le pays et l’on y jugeait les faits divers, des querelles territoriales à l’assassinat ; son président était élu pour trois ans. Cet homme de loi qu’était l’Islandais de l’époque (Celtes et Vikings) n’est pas conforme à la fausse image du féroce et sanguinaire


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du féroce et sanguinaire barbare que l’on nous a inculquée. Rendons lui donc la - dignité qu’il mérite ! Le soir venu, ne pouvant me résoudre à installer ma toile sous l’averse, je me rabats sur l’auberge de jeunesse de Laugavartn où je fais la rencontre de Caroline et Thibault, sympathique couple de compatriotes arrivés au terme de leur périple en tout-terrain. Ils m’invitent à partager leur repas et me racontent leur voyage. Le lendemain le beau temps fait son retour ce qui me donne des ailes pour rallier la prochaine étape au plus vite. Car ce sont bien les fameux geysers qui m’attendent 25 kms plus loin ! Ces colonnes d’eau sont issues de l’activité sismique du sol. Geysir, le plus grand des geysers (Il peut atteindre les 80 mètres !), ne me fera pas l’honneur de cracher aujourd’hui. Heureusement, son petit frère Strokkur montre le bout de son nez environ toutes les six minutes ! Et quel spectacle ! En surface, l’eau calme s’engouffre tout à coup dans les entrailles de la Terre avant de remonter pour former une bulle de gaz turquoise qui explose et jaillit jusqu’à une trentaine de mètres de haut ! De brûlantes gerbes d’eau emportées par le vent aspergent parfois les spectateurs un peu trop curieux, provoquant cris de surprise et sprints éclair ! Je détends ensuite mon fessier endolori dans le “hot-pot” voisin (jacuzzi remplit de l’eau des geysers refroidie à 40° ), puis me fait de nouveau inviter par un couple de Français ayant judicieusement emporté vin rouge, saucisson et whiskey ! Avant d’affronter une nouvelle nuit par -5°, je vide mes deux gourdes et les remplit d’eau à 80° (ça brûle !) puisée dans un trou d’eau non loin des geysers, afin de me tenir chaud toute la nuit. Malheureusement pour moi les gourdes n’étant pas isothermes, le froid me réveille très tôt le matin! Qu’importe, pédaler me réchauffera et puis je suis délibérément venu ici chercher l’air frais du grand Nord ! Au sortir de la tente, Strokkur me salue en lançant joyeusement son panache blanc dans un océan de ciel bleu, la journée commence bien ! C’est un bon signe, car l’étape d’aujourd’hui sera longue et escarpée.

c a r n e t d e

v o y a g e


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Premier arrêt après une dizaine de kilomètres : Gullfoss (“la chute d’or”), doit son nom à l’arc-en-ciel souvent observé au dessus d’elle. Nouvelle osmose avec les éléments : le vacarme des trombes d’eau déferlant à pic brise la continuité sereine des étendues qui la bordent. Quelques paresseux nuages semblent profiter de la scène. Le spectacle absorbant toute l’attention disponible, la chaîne du temps s’estompe. Merveilleux... “WHAAA DAS IST SCHOON!!!!” une bruyante troupe de vacanciers allemands descendus d’un “car à touristes” envahit les lieux, faisant fuir par la même occasion les fées, elfes, gnomes et autres créatures mythiques du coin. Il est temps de repartir. Huit kilomètres plus loin, la route se transforme en gravel road. En bref un chemin défoncé, infesté de nids de poules et de grosses caillasses... Pratique quand on voyage à vélo ! La fin du bitume met également un terme à toute civilisation (si tant est qu’on puisse parler de civilisation dans un pays totalisant le même nombre d’habitants que la seule ville de Bordeaux !). Connue pour traverser des paysages lunaires, la “F35” est l’une des deux “routes” reliant le Sud au Nord en traversant les hauts plateaux (Highlands) du centre de l’île. Slalomant entre les pierres et me jetant sur le côté quand un énorme tout terrain me double à fond les ballons en m’offrant un nuage de poussière, j’arrive enfin à une cabane de bergers déposée au milieu de nulle part. Dans ce désert de roches lunaires, seule la lointaine langue de glace du Langjökull plongeant dans un lac me rappelle que je suis toujours sur Terre. Ce n’est pas tout à fait vrai car il y a aussi des moutons. Mais enfin, pour peu qu’on les peigne en vert, on se croirait débarqué sur une autre planète ! Les highlands sont les endroits les plus froids de l’Islande sauvage. Mais je ne suis pas encore complètement masochiste et si je me suis donné la peine de m’y rendre c’est pour une bonne raison : la chance aidant et s’il est dégagé, le ciel nocturne se changera en théâtre pour accueillir la plus belle troupe de danseuses au monde : celle des splendides Aurora boréalis !

Suite et fin au prochain épisode !







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Les Chroniques D’une Bande

Thérèse desqueyroux


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De : Claude Miller Avec : Audrey Tautou, Gilles Lellouche, Anaïs Demoustier, Catherine Arditi, Francis Perrin… Drame/ Couleurs/ 1h50/ France / 21 Novembre

rance, à la fin de l’année 1920. Dans les Landes, on arrange les mariages pour réunir les terrains et allier les familles. Les hectares de pins comptent plus que les sentiments. C’est dans ce contexte que Thérèse Larroque, jeune femme à l’esprit vif, épouse Bernard et devient Madame Desqueyroux. Mais cette jeune femme avide de liberté et aux idées avant-gardistes ne respecte pas les conventions ancrées dans la région et dans son époque. Elle se trouve rapidement étouffée par l’ennui de sa vie provinciale et les faibles aspirations intellectuelles de sa belle-famille. Elle continue pourtant de faire bonne figure afin de respecter les convenances mais surtout de préserver « la famille » des qu’en-dira-t-on. Jusqu’au jour où son mari s’intoxique gravement à l’arsenic. Ce qui commence comme une erreur de traitement, tourne vite à la tentative d’empoisonnement. Pour se libérer du destin qu’on lui impose, Thérèse aurait-elle commis l’irréparable ? Il y a quelques mois, Claude Miller nous quittait, laissant derrière lui un parcours cinématographique riche et sans fioritures. De La meilleure façon de marcher à sa relecture de Thérèse Desqueyroux, en passant par Garde à vue ou L’effrontée, il est souvent question dans le cinéma de Miller de transgressions sexuelles, d’émancipations difficiles, de désirs fous mais aussi de témérité. «Ma pulsion consiste à étaler sur l’écran nos dilemmes les plus profonds, les plus permanents» disait-il. A l’écho de ses mots, on comprend aisément ce qui a poussé le réalisateur à s’approprier l’œuvre de François Mauriac et son héroïne maudite. Cinquante ans après le Thérèse Desqueyroux de Franju, Miller livre un ultime film à la fois simple et charmant. Mais si le scénario est bâti sur les solides fondations d’un personnage fascinant, il est malheureusement très vite noyé dans la linéarité d’un récit convenu. Le livre et le film de Franju y avaient préféré le flash-back et une diégèse bien plus bouleversée, choix peut-être plus cohérents à l’image du dilemme qui se joue sous nos yeux. Le style est un peu trop délicat, trop académique, et le tout manque de passion. La férocité de l’œuvre de Mauriac semble bien assagie, par ces images un peu trop belles, trop claires. La prison bourgeoise et le voile illusoire des apparences, remparts des traditions, sont au centre de cette fresque historique trop immobile. Une fois l’ampleur du propos saisi, on aurait souhaité que le cinéaste nous propose quelque chose de plus consistant. Il y parvient presque grâce à la construction de ces cadres à la fois sobres et gracieux. Mais une voix off trop présente vient souvent encombrer l’harmonie de ces tableaux, émoussant ainsi la puissance de suggestion de l’image. Mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, Audrey Tautou livre une prestation excellente, secondée à merveilles par un Gilles Lellouche assez bluffant dans le registre dramatique. Un beau portrait de femme comme les affectionnait tant Miller, mais un film posthume un peu trop aseptisé qui aurait mérité plus de passion et d’audace. Texte : Joanna P.

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Actu Ciné

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Textes : Joanna P.

populaire De: Regis Roinsard Avec: Romain Duris, Deborah François, Bérénice Bejo, Nicolas Bedos Comédie / Couleurs/ 1h51/ France (2012)/ 28 Novembre

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958. Dans sa bourgade de Basse Normandie, la jeune Rose Pamphyle rêve de grandes villes et de découvrir le monde. Elle part un jour pour Lisieux afin d’obtenir un poste de secrétaire chez Louis Echard, patron charismatique d’une agence d’assurance. Bien qu’inexpérimentée et à priori pas du tout faite pour le métier, Rose a pourtant un don : elle tape à la machine à une vitesse vertigineuse. Son nouveau patron compte bien faire d’elle la dactylographe la plus rapide de tous les temps… Premier long-métrage du réalisateur Regis Roinsard, Populaire se présente comme une petite comédie nostalgique pleine de fraîcheur. Mais une fois passé le charme de la reconstitution dû à de bon décors, bons costumes et bonne direction de la photographie (grâce à Guillaume Schiffman, familier du genre, avec The Artist, Gainsbourg et OSS 117), cette fable vintage risque fort de glisser sur la pente savonneuse du soap-opéra périmé. Alors « populaire » ou non ? À vous de juger.


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Cogan : Killing Them Softly De: Andrew Dominik Avec: Brad Pitt, Richard Jenkins, James Gandolfini, Ray Liotta… Thriller/ Couleurs/ 1h37/ Etats-Unis (2012)/ 05 Décembre

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orsqu’une partie de poker illégale est braquée, c’est tout le monde des bas-fonds de la pègre qui est menacé. Les caïds de la Mafia font appel à Jackie Cogan pour trouver les coupables. Mais entre des commanditaires indécis, des escrocs à la petite semaine, des assassins fatigués et ceux qui ont fomenté le coup, Cogan va avoir du mal à garder le contrôle d’une situation qui dégénère… Après son sublime « Assassinat » de Jesse James par le lâche Robert Ford, le réalisateur néozélandais s’approprie une nouvelle fois le thème des gangsters américains. Cette fois-ci les truands sont transposés dans un univers digne des frères Coen ; le western contemplatif laisse place à la sphère mafieuse et à l’humour noir. Servi par un casting sur mesure, on espère un film crépusculaire, à la fois anxieux et brutal. Le cinéaste tombera-t-il dans le piège du film de genre au risque d’éluder la poésie désenchantée qui nous avait tant captivés lors de son dernier film ? Réponse le 5 décembre.


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Textes : Joanna P.

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Le hobbit : un voyage inattendu De: Peter Jackson Avec: Martin Freeman, Andy Serkis, Ian McKellen… Heroic Fantasy/ Couleurs/ 2h44 / Nouvelle-Zélande – Etats-Unis(2011)/ 12 Décembre

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es aventures de Bilbon Sacquet, entraîné dans une quête héroïque pour reprendre le Royaume perdu des nains d’Erebor, conquis longtemps auparavant par le dragon Smaug. Abordé à l’improviste par le magicien Gandalf le Gris, Bilbon se retrouve à intégrer une compagnie de treize nains menée par Thorin Ecu-deChêne, guerrier légendaire. Ce voyage les emmènera au Pays sauvage, à travers des territoires dangereux grouillant de gobelins, d’orcs et autres créatures peu fréquentables. Voici bientôt la fin d’une attente interminable (neuf ans) pour les fans de la saga du Seigneur des anneaux. Peter Jackson revient, avec le premier volet de sa nouvelle trilogie adapté du roman Bilbo le Hobbit de J.R.R Tolkien. Pour ceux qui n’ont pas lu le roman, l’histoire se déroule avant les événements narrés par Le Seigneur des anneaux et sera donc l’occasion de retrouver certains des personnages de la trilogie précédente bien qu’ils n’apparaissent pas forcément dans le livre. Patience…


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Les bêtes du sud sauvage De: Benh Zeitlin Avec: Quvenzhané Wallis, Dwight Henry, Jonshel Alexander… Drame fantasmagorique/ Couleurs/ 1h32/ États-Unis (2011)/ 12 Décembre

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ushpuppy, 6 ans, vit dans le bayou avec son père. Brusquement, la nature s’emballe, la température monte, les glaciers fondent, libérant une armée d’aurochs. Avec la montée des eaux, l’irruption des aurochs et la santé de son père qui décline, Hushpuppy décide de partir à la recherche de sa mère disparue. Bien que son monde soit condamné, la petite fille lutte avec obstination, échafaudant un monde fantastique où l’imaginaire est protecteur. Si vous deviez ne voir qu’un film ce mois-ci, « Les Bêtes du Sud sauvage » serait celui-là. Grand prix du Festival du Cinéma Américain de Deauville et Caméra d’or du Festival de Cannes 2012, le premier film de Benh Zeitlin porte un message universel et retranscrit avec une tendresse incommensurable la réalité d’un monde rude. Véritable conte philosophique où se mêlent onirisme et violence latente, voici un film contrasté, porté par le regard bienveillant d’un jeune réalisateur plus que prometteur. Magnifique, indescriptible…


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Textes : Joanna P.

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Un jour de chance De: Álex de la Iglesia Avec: Jose Mota, Salma Hayek, Blanca Portillo… Comédie dramatique/ Couleurs/ 1h35/ Espagne (2012)/ 12 Décembre

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ncien publicitaire à succès désormais sans emploi, Roberto ne supporte plus d’être au chômage. Désespéré, il veut faire une surprise à sa femme en l’invitant dans l’hôtel qui fut le théâtre de leur lune de miel. Mais l’établissement a laissé place à un musée sur le point d’être inauguré et présenté à de nombreux journalistes. Au cours de sa visite, Roberto fait une grave chute... En quelques minutes il devient l’attraction numéro un des médias présents et comprend que cet accident pourrait finalement lui être très profitable... Le caustique réalisateur de « Mes chers voisins », « Le Crime Farpait », ainsi que du récent et explosif « Balada Triste », est de retour. Cynisme, humour mordant, critique offensive d’un système à la dérive, nous sommes bien dans un film d’Alex de la Iglesia. Comme d’habitude, l’histoire trouve sa force dans un scénario loufoque et grave à la fois. Un drame social déguisé en comédie corrosive qui fera, on l’espère, définitivement oublier le fiasco de « Crimes à Oxford ».


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Maniac De: Franck Khalfoun Avec: Elijah Wood, Liane Balaban, America Olivo… Horreur/ Couleurs/ 1h30/ Etats-Unis - France (2012)/ 26 Décembre

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ans les rues qu’on croyait tranquilles, un tueur en série en quête de scalps se remet en chasse. Frank est le timide propriétaire d’une boutique de mannequins. Sa vie prend un nouveau tournant quand Anna, une jeune artiste, vient lui demander de l’aide pour sa nouvelle exposition. Franck commence à développer une véritable obsession pour la jeune fille. Au point de donner libre cours à une dangereuse pulsion trop longtemps réfrénée… Maniac est le remake du film du même nom réalisé par William Lustig en 1980. Inspirée de véritables tueurs en série, cette histoire à l’ambiance malsaine est remise au goût du jour par Franck Khalfoun. Derrière ce nom se cache aussi le duo Aja - Levasseur, ici producteurs et scénaristes. Ayant conquis Hollywood, avec Haute tension et l’adaptation de La colline a des yeux, le trio est toujours très attendu par les fans du genre. Tourné presque intégralement en caméra subjective, Maniac risque pourtant d’épuiser rapidement son public. Sanglant.


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Textes : Joanna P.

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4h44 dernier jour sur terre De: Abel Ferrara Avec: Willem Dafoe, Shanyn Leigh, Natasha Lyonne, Paul Hipp… Drame – Science Fiction/ Couleurs/ 1h22/ Etats-Unis France (2011)/ 19 Décembre

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ew York. Cisco et Skye s’apprêtent à passer leur dernier après-midi ensemble. C’est l’heure des adieux, l’occasion d’une ultime étreinte. D’un côté Ciscoe tente de noyer sa détresse dans le bruit et le mouvement, faisant ses adieux à ses amis, et s’informant via les médias. De l’autre, Skye se réfugie dans l’art et le déni. Comme la majorité des hommes et des femmes, ils ont accepté leur destin. Demain, à 4h44, le monde disparaîtra. Deux jours avant l’hypothétique fin du monde… Superbe timing pour la sortie du dernier film d’Abel Ferrara, et certainement un peu opportuniste. New-York, le réalisateur de « Bad Lieutenant », « The Addiction » et « Nos Funérailles », y transpose les dernières heures de quelques-uns de ces citoyens. Violents, torturés, explorant les côtés obscurs de l’humain, les films d’Abel Ferrara lui ont valu une image sulfureuse et respectée. On redoute cependant que le cinéaste ne se soit essoufflé en route, et livre un film trop consensuel. A voir avant le 21 décembre.


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L’homme qui rit De: Jean-pierre Améris Avec: Gérard Depardieu, Marc-andré Grondin, Christa Theret, Emmanuelle Seigner… Drame – Film d’époque/ Couleurs/ 1h33/ France (2012)/ 26 Décembre

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n soir d’hiver, Ursus, un forain haut en couleurs, recueille dans sa roulotte deux orphelins perdus dans la tempête : Gwynplaine, un jeune garçon marqué au visage par une cicatrice qui lui donne en permanence une sorte de rire et Déa, une fillette aveugle. Quelques années plus tard, ils donnent un spectacle dont Gwynplaine est la vedette. Partout on veut voir « L’Homme qui rit ». Ce succès ouvre au jeune homme les portes de la célébrité, l’éloignant des deux seuls êtres qui l’aient toujours aimé pour ce qu’il est. Adaptation du roman éponyme de Victor Hugo publié en 1869, le film de Jean-pierre Améris (réalisateur du sympathique Les émotifs anonymes) redonne vie à l’un des personnages les plus célèbres de la littérature française. Déjà porté à l’écran en 1928, l’œuvre livre une critique virulente de la société française du XIXème siècle. Très attendu pour ces décors et costumes, c’est pourtant avec beaucoup d’appréhension que l’on guette cette nouvelle adaptation.


Merveilles Du Monde

Photographies : Creative commons


Rolling Stone

Texte : Charles M.


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ituée en Californie , la Vallée de la mort recèle de nombreux tré- - sors tels que lacs salés, formations géologiques uniques (mus- M hroom rocks), défunts volcans et déserts de sable. Elle est e également connue pour son extrême aridité (plus de 55° C !), fatale à de r nombreux téméraires partis défricher ses somptueuses immensités. Cepen- v dant elle cache un phénomène aussi peu connu que mystérieux : les sailing e i stones, littéralement les “pierres navigatrices”! De quelques centaines de grammes à plus de trois cents kilos, ces roches dolomites ou basaltiques semblent laisser derrière elles de longs sillages dans le sol desséché ! Il est peu vraisemblable que ces pérégrinations soient provoquées par l’homme, les camions ou machines utilisées laisseraient elles aussi leurs empreintes sur le sol surchauffé... Une question évidente fait donc rapidement son chemin dans nos esprits : qu’est-ce qui peut bien pousser ces somnambules minéraux à tracer leur chemin ? De nombreuses études furent menées par différents scientifiques depuis les années 50 dont certaines suivent encore leurs cours. Loin d’avoir élucidé l’affaire, plusieurs théories plausibles sont aujourd’hui retenues pour expliquer le phénomène, sans toutefois répondre à toutes les questions. La théorie la plus populaire invoque le rôle du vent, qui peut atteindre les 145km/h en hiver dans cette zone appelée Racetrack Playa - plage de la piste de course (!) - qui, allié à de fines couches de glaces apparaissant sur le sol de ce lac asséché il y a dix mille ans, créeraient les conditions favorables à ce ballet inorganique. D’autres postulent que les violents orages d’été déversent de grandes quantités d’eau sur le racetrack, ce qui rendrait le sol extrêmement glissant. Dès lors, les vents seraient à même de faire avancer les pierres... Toutefois, les sceptiques arguent du fait que le vent, même en soufflant à ces grandes vitesses ne peut être seul à l’origine du déplacement de Karen, un énorme rocher pesant 320kg et qui s’est déplacé sur plus de 18 mètres! Quoi qu’il en soit, le spectacle de cette course intemporelle de bolides pétrifiés reste unique au monde. Malgré l’immense savoir acquis par l’homme depuis son apparition et à l’heure d’Internet, des clones et de la biomécanique, la Nature prouve encore une fois que nous ne connaissons pas tout, et c’est tant mieux!

Infos pratiqueS

Adresse : La Vallée de la mort (Death Valley) est située à l’est de la Californie, tout près de la frontière du Nevada. C’est un passage obligé sur l’axe San Francisco - Las Vegas. Les renseignements du Visitor Center sont essentiels pour visiter un parc naturel. Il est situé à Furnace Creek, la seule oasis de ce désert ! Tarifs : Le parc est ouvert toute l’année. L’entrée y est payante, 10$ par véhicule motorisé, 5$ à pied ou à vélo. Les tickets sont valables 7 jours. Dangers : Si vous entreprenez des excursions en été, chaque personne doit boire plus de 4 litres d’eau par jour pour compenser la transpiration et éviter ainsi la déshydratation. De la crème solaire indice 50+ est indispensable.

l l e s

d u m o n d e






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A la Mode de chez Nous

Cet hiver, plus cela brille et mieux c’est ! Voici donc notre sélection de tenues excentriques, pour un véritable retour aux sixties : couleurs flashy, motifs psychédéliques et fourrures teintées sont au menu. Oubliez le noir hivernal, votre banquier et faites vous plaisir !

Jupe Gold en cuir, Comptoir des Cotonniers, 210€.

Bonnet Veronica, American Retro, 145€.

Mais en cherchant un peu, vous la trouverez beaucoup moins cher, notamment chez Camaïeu ou Etam.

Manteau Veronica, American Retro, 595 €.


Pantalon imprimé Caty, American Retro, 120€

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Jean Darkside doré deluxe, Zadig & Voltaire, 230€

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Toque Avion, Claudie Pierlot, 145€

Veste Vero, Zadig & Voltaire, 298€

Nous inaugurons ce mois-ci une nouvelle rubrique illustrant certains looks de la saison hivernale, que vous serez susceptibles de rencontrer au détour d’une ruelle de « La Belle Endormie ».


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Susan & Daughter


steve manager

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corinne professeur d’eps


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pierre restauration


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lĂŠa

florent

ĂŠtudiants


maxime & marie-lise

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ĂŠtudiants



thomas gendarme


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L’eau à lq Bouche

Les Christmas Muffins Noël approche, le vent fouette vos joues, vous avez la goutte au nez, les oreilles congelées et les orteils siamois, alors je vous ai créé la recette magique, le remède miracle contre la déprime hivernale, en 30 minutes montre en main !

Matériel Un saladier Des moules à muffins (2€ chez Auchan) Un four (allons donc !)

Ingrédients

2 œufs. 75g de farine. 1 sachet de levure chimique. 1 sachet de sucre vanillé. 1 pot (plus ou moins gros selon votre niveau de déprime) de pâte à tartiner au chocolat et aux noisettes. ½ brique de crème fraîche semi-épaisse (cela rendra vos gâteaux encore plus moelleux). 1 sachet de pralin. (Vous pouvez ajouter de l’extrait de vanille, du miel, de la cannelle, tout ce qui pourra rendre la recette meilleure).

Préparation Mélangez tous les ingrédients excepté la pâte à tartiner. Beurrez ou huilez les moules à muffins. Remplissez de moitié les moules avec la pâte. Déposez-y une (grosse) cuillère de pâte à tartiner. Recouvrez de pâte et enfournez 20 minutes au four (180°C). Photographie : C. Magrin

Dégustez !

Texte : Ophélie S.


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Les Histoires Du Père Magrin

cEt hommE qui sauva B

(l

nde o m e

. . .)

ien que vous n’ayez probablement jamais entendu parler de lui, chacun d’entre vous lui doit - sinon la vie - le fait de ne pas avoir de tentacules à la place des bras et le quotient intellectuel d’une larve de moustique ! Car c’est bien l’holocauste nucléaire que nous évita de justesse Vasili Arkhipov pendant la crise des missiles nucléaires de Cuba en 1962, événement de la guerre-froide lors duquel les deux volcans sous pression qu’étaient les États-Unis d’Amérique et l’ex-URSS faillirent exploser à la face du monde. Mais avant de comprendre en quoi cet homme peut être considéré comme un véritable héros, il est important de se rappeler le contexte politique de l’époque. Dirigée par Fidel Castro, la République socialiste de Cuba, géographiquement proche des États-Unis mais politiquement acquise à l’idéologie communiste, représentait un danger pour les Américains. Ils tentèrent de la soumettre par la force avec le catastrophiquement célèbre débarquement dit de “la baie des cochons”, du nom de la baie ou débarquèrent le 17 avril 1961 mille quatre cent exilés cubains entraînés par la CIA. Les attaquants faits prisonniers par la population et l’armée cubaine, cette opération fut un échec cuisant pour les yankees. Les attaquants furent faits prisonniers par la population et l’armée cubaines : échec cuisant de l’opération. Cette tentative de prise de Cuba par l‘Oncle Sam fit craindre à Castro une seconde invasion, c’est pourquoi il appela les Soviétiques à la rescousse. En 1962, Khrouchtchev (premier secrétaire du Parti communiste de l’URSS à l’époque) lança dans le plus grand secret l’opération Anadyr, composée de cinquante mille hommes de l’Armée Rouge, de quatre sous-marins et de trente-huit missiles balistiques nucléaires.


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Autant dire que les Soviétiques tenaient à protéger Cuba même au prix d’un désastre qui mettrait fin au règne d’Homo Sapiens sur Terre ! C’est dans ce contexte d’extrême tension que le 27 octobre 1962, le sous-marin soviétique B-59, après s’être approché un peu trop près de la ligne d’interdiction (ligne d’exclusion géopolitique imaginaire, fixée par le président américain J.F. Kennedy), est encerclé par onze navires de l’US Navy qui tentent de le faire remonter à la surface en faisant exploser des charges d’entraînement autour de lui. Sans contact possible avec Moscou (car soumis au silence radio afin de rendre le navire plus discret), et donc ne sachant pas si la guerre a été déclenchée ou non, le commandant Valentin Savitsky décide alors d’utiliser une torpille à charge nucléaire contre ses assaillants, approuvé par le commissaire politique présent à bord. C’est ici qu’intervient le commandant en second, Vasili Arkhipov, qui s’oppose fermement à cette décision. Aidé d’une réputation d’homme de grand courage (acquise notamment lors de l’accident du K-19 survenu un an auparavant) , il persuade les deux hommes de faire surface dans l’optique de contacter leur état-major avant de déclencher une guerre nucléaire totale, évitant ainsi le pire à l’humanité tout entière! Vasili Alexandrovitch Arkhipov est décédé en Russie en 1999 à l’âge de 73 ans dans l’anonymat le plus complet, l’affaire étant restée confidentielle pendant quarante ans. Cette histoire permet de nous rappeler qu’un homme, même pris dans un conflit gigantesque en entraînant des millions d’autres peut seul, faire triompher l’humanisme de la destruction en alliant son cœur à son intelligence.

Photographies : Creative commons

Texte : Charles M.

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Les Chroniques D’une Lettre

La SagaJean des Romanov Des Cars

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amille régnante au destin tragique, la maison Romanov alimenta la Russie en “Tsars” pendant presque 3 siècles, avant d’être mise au ban de l’histoire par les soviétiques, désireux de faire oublier au peuple le passé impérial de leur pays. De Pierre le Grand, bâtisseur de Saint-Petersbourg et infatigable voyageur en quête de modernisme à Nicolas II, personnage tourmenté, assassiné avec toute sa famille par les bolchéviques le 17 juillet 1918, Jean des Cars nous conte l’incroyable histoire de cette lignée, faite de parricides/infanticides, trahisons, défaites et déroutes, tout autant que de gloire, de conquêtes, d’humanisme et d’honneur! On assiste en effet depuis la chute de l’Union soviétique à un retour dans la mémoire collective de personnages tels que Paul Ier, qui fit tirer sur son peuple, d’Alexandre Ier, qui embrassa Napoléon à Tilsit en 1807 et entra dans Paris en 1814, sans oublier Alexandre III, soutien de l’Alliance franco-russe, qui bien qu’autocrate, consentit à se découvrir pendant La Marseillaise, montrant une fois de plus ce lien surprenant entre les destins russes et français. Une merveilleuse manière de plonger dans la fascinante histoire de ce pays aussi rude qu’immense, au peuple souvent malmené mais jamais abattu et qui se souvient de son passé pour construire un avenir meilleur. Texte : Charles M.


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KafkaHarukisurMurakami le rivage

L E S C H R O N I Q U E S d ' u n e L e t t r e

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aruki Murakami, écrivain japonais, a vécu en Europe et aux Etats-Unis. Ses récits sont donc emprunts d’une influence occidentale prononcée en faisant un auteur international qui a la force de maitriser bon nombre de cultures et donc de pouvoir toucher les lecteurs de manière « intercontinentale ». Si ses intrigues sont belles et ancrées dans une certaine normalité (traitant essentiellement des rapports humains), elles bifurquent souvent vers un fantastique nous révélant une forme de surréalisme des plus surprenantes, et « Kafka sur le rivage » ne déroge pas à la règle… Ainsi, nos deux personnages principaux - relativement désaccordés - rompent volontairement ou non avec la réalité et la société. L’intrigue les poussera à abandonner une vision d’eux-mêmes qu’ils pouvaient avoir et cette évolution des protagonistes (au magnétisme certain) nous scotchera de la première lettre à l’ultime caractère du livre. Néanmoins, l’auteur a une fâcheuse tendance à s’enliser dans des descriptions à rallonge souvent futiles (bien que permettant finalement au lecteur de parfaitement visualiser l’objet ou la personne en question), à oublier de justifier des événements capitaux mais… le charme opère, les personnages sont poignants et l’écriture des plus plaisantes...

Texte : Samy E.


SenSationS

Photographies : Creative commons


Entre ciel et mer

Texte : Charles M.


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Ciné ///


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e matin, vous vous êtes levé avec l’idée d’aller surfer les vagues de - la côte ! Une heure plus tard quelle déception quand, après avoir s vaillamment conquis la dernière dune qui vous séparait de l’océan e le verdict tombe : une fois de plus, un vent du large s’est lui aussi levé aux n aurores pour gâcher cette belle houle de nord-ouest qui vous promettait s une session mémorable... Puis vous retrouvez soudain le sourire en vous a rappelant que l’école de surf du coin propose une alternative : le Kite-surf ! ti Des esprits conjugués de deux frères bretons, Bruno et Dominique Legaignoux, sportifs et marins émérites, naquît le désir d’allier la vitesse d’une planche à voile à la puissance potentielle d’un cerf-volant. Inspirés par le catamaran “Jacob’s ladder” emmené par une flopée de cerfs-volant, ils commencèrent à concevoir des dizaines de prototypes tout au long des années 80, essayant de trouver le meilleur profil de voile, afin qu’elle soit rentable et maniable à la fois, tout en évaluant quel support, des planches ou des skis, conviendrait le mieux à ce nouveau sport. Malgré un prix de l’ingéniosité, remporté à l’occasion de la semaine de vitesse à Brest en 1985, ils ne parviennent pas à convaincre les fabricants d’investir dans cette nouvelle discipline, le marché étant déjà bien occupé avec la planche à voile et le funboard, déclinaison plus radicale de la première. Après de nombreuses expérimentations et améliorations, ce n’est qu’en 1996 que le sport prend enfin son envol, aidé par l’engouement de riders de légende tels que Laird Hamilton ou Emmanuel Bertin, devenus inconditionnels de cette nouvelle manière de surfer ou de s’envoler à leur guise au-dessus des flots. En 2012, une étude menée par l’association internationale des kitesurfeurs (I.K.A.) estime à 1.5 millions le nombre de pratiquants dans le monde, avec pas moins de soixante-quinze mille planches et cent quatre-vingt mille voiles vendues chaque année ! De nombreuses catégories existent aujourd’hui, comme le freestyle, où le but est d’enchaîner figures et acrobaties, dont beaucoup sont empruntées au très technique wakeboard (version “planche” du ski-nautique). Le “Wave” consiste comme son nom l’indique à surfer des vagues. La régate, comme en voile, est une course plus ou moins longue, dite aussi “d’endurance”, quand le kite-longboarding se pratique lui sur la plage, avec une planche type mountainboard (skateboard tout terrain) ou encore le snowkite dans les stations de ski. Désormais sport olympique au détriment de la planche à voile (Rio 2016), le kitesurf peut également se targuer de détenir le record de vitesse sur l’eau d’un engin à voile, établi à 55,65 nœuds, (103,06 km/h!) par l’Américain Robert Douglas en 2010. Si l’expérience vous tente, sachez que plus de soixante écoles labellisées « École Française de Kitesurf » disséminées sur toutes les côtes de France, ainsi qu’en Corse et dans les Alpes, vous initieront en toute sécurité aux plaisirs de la glisse entre ciel et mer.

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Le Geek C’est Chic

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Texte : Samy E.

Wii Mini Nintendo a confirmé le lancement d’une Wii Mini, pour 99.90$, le 7 Décembre et au Canada... Si elle devrait être disponible mondialement au premier semestre 2013, nous sommes tout de même en droit de nous poser des questions quant à l’utilité d’une telle sortie, la Wii U (nouvelle génération de consoles Nintendo) arrivant chez nous le 30 novembre...

Wii U C’est le 30 novembre que la nouvelle Nintendo débarque dans l’Hexagone. N’ayant pas encore pu poser nos fébriles mains dessus, nous vous réservons un dossier pour l’édition du mois prochain !

La Xbox 360 a 7 ans Ca y est, la «box» souffle sa septième bougie ! Ce qui nous rappelle qu’il s’agit de la plus longue génération de consoles ayant jamais existée et que les constructeurs ont clairement tendance à tirer sur la corde, au profit de l’innovation...


Halo 4

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Au revoir Bungie, bonjour 343 Industries ! Certains pouvaient (devaient !) redouter le changement de développeur de la mythique série Halo. Ainsi après un peu plus de 2 ans d’attente, Halo débarque, dans un FPS plus fiévreux que jamais. Si précédemment la série avait pu décevoir au plan technique, cette fois-ci le nouveau studio à mis les petits plats dans les grands, et nous propose des graphismes de très haute volée (se hissant sans problème dans le top 5 des jeux de la console, les cinématiques évoquant davantage un film de SF qu’un jeu vidéo) et le « character design » des personnages fait - encore une fois - mouche. Comment traiter de Halo sans évoquer son mode multijoueur ? Et bien là encore quelques innovations, avec notamment un système de points permettant d’engranger de l’expérience qui permettra de débloquer armes et armures, mais aussi de booster les compétences de son personnage, à la manière d’un « Call of Duty ». Certains crieront au scandale, et il y a en effet de quoi s’insurger : un joueur débutant se retrouvant nezà-nez avec un niveau 30 – donc suréquipé - n’aura quasiment aucune chance de l’emporter et les parties deviennent donc plus que déséquilibrées… Mais Halo 4 est avant tout un pur condensé de SF, beau, sombre, nerveux à la bande son merveilleuse !

Gros Malin ? Okan Kaya (lui, sur la photo !), un australien que l’on peut raisonnablement qualifier d’idiot, a donc battu le record du monde de la plus longue cession de jeu vidéo, en jouant 122 heures de suite à Call of Duty Black Ops II. Il avait le droit de prendre une pause de dix minutes toutes les heures ou alors de les regrouper afin de dormir, ce qui nous donne finalement une moyenne de 20 heures de jeu par jour durant 6 jours… Gros malin !


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Les Chroniques Rétro Dvd Textes : Joanna P.

Le dernier rivage

(On the beach)

De: Stanley Kramer Avec: Gregory Peck, Ava Gardner, Fred Astaire, Anthony Mélodrame - Anticipation/ Noir-Blanc/ 2h15/ Etats-Unis Australie (1959) ne guerre nucléaire massive a eu lieu entre les EtatsUnis et la Russie, l’hémisphère Nord est entièrement détruit. Un sous-marin américain fait route vers l’Australie afin d’atteindre une région épargnée par les retombées radioactives. Arrivé à Melbourne, l’équipage apprend que leur répit sera de courte durée, les retombées radioactives se rapprochent lentement... L’être humain vit ses dernières heures. Après une dernière tentative pour retrouver d’éventuels survivants et une région miraculeusement préservée, le commandant du sous-marin retourne en Australie pour y mourir.

U

Bienvenue dans un monde où l’on distribue gratuitement des pilules pour se suicider afin d’éviter l’horrible agonie due aux radiations. Terriblement pessimiste, l’adaptation du bestseller de Nevil Shute décrit comment un petit groupe de survivants fait face à l’inéluctable disparition de l’humanité. Grand classique du cinéma américain, servi par un casting imposant, ce film sombre et réaliste, fait écho au traumatisme d’Hiroshima et ne présente aucune autre alternative que la mort. De mémoire, un des films les plus déprimants jamais réalisé. On salue par ailleurs la bonne qualité de la version téléfilm de 2000, peut-être plus immersive car plus contemporaine.


Plus que quelques jours avant la fin du monde. À des kilomètres des Armageddon, Jour d’après, ou autre 2012… De la plume à l’écran, voici 4 adaptations d’œuvres littéraires post-apocalyptiques retranscrites au cinéma.

85 -L e s C h r o n i q u e s r e t r o

Malevil De: Christian de Chalonge Avec: Michel Serrault, Jacques Dutronc, Jean-Louis Trintignant, Jacques Villeret… Post-Apocalyptique/ Couleurs/ 1h59/ France (1980) ans la cave de son petit château de campagne, le maire de Malevil déguste son vin accompagné de quelques hôtes. C’est alors qu’une explosion monstrueuse intervient. Le maître de maison ainsi que ses invités ont survécu à l’accident mais la région a été ravagée. Incapables de savoir s’ils sont les seuls rescapés, ils apprennent à se réorganiser en microsociété le plus harmonieusement possible. Non loin de là, un autre petit groupe tombe sous le joug d’un dictateur, des rôdeurs se livrent au pillage... La cohabitation va s’avérer délicate.

D

Tiré du roman éponyme de Robert Merle, le film de Christian de Chalonge n’a été accueilli que très frileusement par les fans de l’œuvre littéraire. Il faut dire que l’auteur lui-même n’a pas souhaité apparaître au générique tant son roman aurait été simplifié. Cependant il faut reconnaître que si on lui soustrait son pendant d’adaptation, Malevil demeure un excellent film. Sur le plan visuel tout d’abord, le film nous offre une magnifique succession de paysages désolés où ruines et arbres morts jalonnent une terre aride tapissée de cendres. On apprécie également la justesse des dialogues utilisés avec parcimonie mais toujours à bon escient. Et que dire de l’interprétation impeccable de la pléiade d’acteurs triés sur le volet… Ne passez pas à côté de Malevil.

d v d


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Textes : Joanna P.

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Les fils de l’homme (Children of men) De: Alfonso Cuarón Avec: Clive Owen, Julianne Moore, Michael Caine… Thriller - Anticipation/ Couleurs/ 1h49 / Etats-Unis – Royaume-Uni (2006)

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ondres 2027, la totalité des femmes est devenue stérile ; l’humanité est vouée à l’extinction. Le RoyaumeUni n’est plus qu’une dystopie où le terrorisme et les pandémies font rage. Le gouvernement parque les immigrés comme des animaux pendant qu’une poignée d’activistes tentent de faire valoir leur droit. C’est dans ce climat dépressif que le pays, au bord de la guerre civile apprend que le plus jeune citoyen du monde, âgé de 18 ans, vient d’être tué. Au même moment un petit miracle se produit ; une jeune femme tombe enceinte. Un homme est chargé de sa protection ; elle est le dernier espoir d’une humanité à bout de souffle… Et si notre espèce venait à s’éteindre ainsi ? Dilapidation de nos richesses naturelles, individualisme, barbarie, politiques intensives de lutte contre l’immigration ; et si notre disparition n’était qu’une suite logique et non un châtiment ? Tel est le message du célèbre roman de P.D James. Par conséquent son adaptation cinématographique nous plonge dans un futur qui ne semble malheureusement pas si lointain. On peut saluer ici la virtuosité d’une réalisation chirurgicale qui offre prouesses sur prouesses, à l’image de certains plans séquences inoubliables et époustouflants. L’immersion est totale tant la caméra de Cuarón semble couvrir l’action telle celle d’un reporter de guerre. Tristement réaliste.


87 -L e s C h r o n i q u e s

La route (The road) De: John Hillcoat Avec: Viggo Mortensen, Kodi Smit-McPhee, Guy Pearce, Charlize Theron… Drame – Anticipation - Horreur/ Couleurs/ 1h59/ Etat-Unis (2009) l y a maintenant plus de dix ans que le monde a explosé. Personne ne sait ce qui s’est passé. Les derniers survivants rôdent dans un monde dévasté et couvert de cendres qui n’est plus que l’ombre de ce qu’il fut. C’est dans ce décor apocalyptique qu’un père et son fils errent en poussant devant eux un caddie rempli d’objets hétéroclites. L’humanité est retournée à la barbarie ; le cannibalisme est fréquent. Durant leur périple, ils vont faire des rencontres dangereuses et fascinantes. Même si le père n’a ni but ni espoir, il s’efforce de rester debout pour celui qui est désormais son seul univers.

I

Disons-le d’emblée : le roman de Cormac McCarthy est infiniment plus intense et inquiétant que le film. Pourtant il faut reconnaître que John Hillcoat ne s’en sort pas trop mal avec une adaptation très fidèle au récit du livre. Le réalisateur plonge le spectateur dans un univers où la couleur a laissé place au gris, à la cendre, à la fumée. Mais bien que le décor offre ici de très beaux plans, il semble parfois trop policé, trop détectable. Il en va de même pour certains partis pris narratifs un peu mièvres, tels les flashbacks superflus montrant la vie du père avant le cataclysme. Côté casting on s’incline néanmoins devant la prestation de Viggo Mortensen, réellement habité par le personnage. Pour conclure, lire le livre est une obligation, voir le film une option convenable.

r e t r o d v d


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Agenda

samedi 1er

11H00 //// Cafés Polar Animés Par Christophe Dupuis Sur Le Thème " Les Romans Policiers Historiques" //// Lecture //// Médaithèque Jacques //// Gratuit Ellul 15H00 //// C'est Bien Ben //// Chanson //// Mediatheque De //// Gratuit Rock / Bordeaux Merignac 20H00 //// Scène Découverte //// Musiques //// L'accordeur - Saint //// Gratuit Actuelles Denis De Pile 20H30 //// Sexion D’assaut + Dry //// Rap //// Patinoire Mériadeck //// 32/42€ 20H30 //// Total Warr + Noir Cœur //// Electro Pop //// I.Boat //// 8/12€ 20H30 //// Meshuggah + Decapitated + Cb Murdoc Présenté Par Base Productions //// Metal //// Krakatoa //// 25 € 22H00 //// "Get Wet Party!": Archipel + Caandides + Encore! + Dj Martial Jesus //// Pop / Folk / Disco Folk //// Heretic Club //// 8/10€ 22H30 //// Mister B & Mister Fly //// Rock, Pop, //// Le Chat Qui Pêche //// Gratuit Swing 23H00 //// Basic Statements W/ Slevin K & Jilaa //// Tech House //// Azuli //// Gratuit 00H00//// Jimmy Edgar Live (Warp - Hotflush) + Radio Mario + D.Fine //// House //// I.Boat //// 10/14€

dimanche 2 19H30 //// Sallie Ford & The Sound Outside + David Carroll //// Rock Sixties / Usa - Blues Folk/Bordeaux

//// Krakatoa

//// 18€

lundi 3 19H00 //// Conference Avec Michel Jaffrenou + Projection Du Film "Il Etait 3 Fois La Video" //// Conference //// I.Boat //// Gratuit 19H00 //// Rencontres Hors Jeu / //// Conférence //// Le Rocher De Palmer //// Gratuit En Jeu 19H30 //// Opéra-Ballet "La Fille Du Régiment" Enregistrée Au Royal Opera House De Londres //// Opéra //// Cinéma Jean Eustache //// 18 €


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mardi 4

19H00 //// Algo Et Ritmo //// Jeune Public //// Le Rocher De Palmer //// 5€ 20H00 //// Regarde Maman, Je Danse De Et Avec Vanessa Van Durme 20H30 //// Salia Sanou //// Danse Afro //// Le Carré //// 8/21€

mercredi 5 14H00 //// Atelier Photo Avec Le Labo Revelateur (Fabrique Pola) (8 Places) //// Jeune Public //// I.Boat //// 10€ 14H30 //// Projection "Ernest Et Célestine" Suivie D'une Activité Boule De Neige //// Cinéma //// Cinéma Jean Eustache //// Nc 19H00 //// Aperoboat - Jeux De Societe //// Aperoboat //// Entrée Libre //// Gratuit 20H00 //// Regarde Maman, Je Danse De Et Avec Vanessa Van Durme //// Théâtre //// Tnba Salle Vauthier //// 7/25 € 20H30 //// Oxmo Puccino + Mai Lan //// Rap //// Le Rocher De Palmer //// 18/20€ 22H00 //// Tib'z + Guest //// House //// Azuli //// Gratuit Minimal

jeudi 6 19H00 //// Grande Revue Mécanique, Épisode 6 De L'atelier De Mécanique Générale Contemporaine //// Théâtre //// Le Royal //// 5 € 19H30 //// Yannick Jaulin //// Théâtre //// Les Colonnes //// 8/21€ Conte 20H00 //// Regarde Maman, Je Danse De Et Avec Vanessa Van Durme //// Théâtre //// Tnba Salle Vauthier //// 7/25 € 20H30 //// Canailles //// Folk Cajun //// I.Boat //// 7/10€ 22H00 //// Soirée Chabaret //// Scène //// Le Chat Qui Pêche //// Gratuit Ouverte 23H00 //// Template Invite G-Odys, Combe, Yougo & Superlate //// House Minimal //// Azuli //// Gratuit 00H00 //// Residence Minotor -Möme (Fragil Rec - Fr) + Ian Tocor (Virées - Fr) //// Deep House //// I.Boat //// 5 €

A g e n d a


vendredi 7

90 --

20H00 //// My Blobfish

//// Folk Pop

//// L'accordeur - Saint //// Gratuit Denis De Pile 20H00 //// Regarde Maman, Je Danse De Et Avec Vanessa Van Durme //// Théâtre //// Tnba Salle Vauthier //// 7/25 € 20H30 //// Concert De L'orchestre Symphonique De Pessac //// Musique Classique //// Eglise Saint-Martin //// Nc 20H30 //// The Apartments + 49 //// Pop/Rock //// Le Rocher De Palmer //// 13/15€ Swimming Pools 20H30 //// «Talents D’ici» Perrine Fifadji/Fabien Boeuf/Calame //// Chanson //// Le Rocher De Palmer //// Gratuit 20H30 //// Light Asylum (Mexican Summer - Us) + Guest //// Electro Rock //// I.Boat //// 8/12€ 20H30 //// Yannick Jaulin //// Théâtre //// Les Colonnes //// 8/21€ Conte 20H30 //// Chants De Noël Et Envolées Lyriques Du Chœur De L'opéra National De Borderaux //// Chant //// La Caravelle //// 9/12€ 21H00 //// Grace //// Folk //// Rock School Barbey //// 22/ 25€ 21H00 //// Streets Of Rage + Kommando Crevard + Sound System Reggae Punk //// Punk Rock //// Heretic Club //// 5/7€ / Oï 21H00 //// Tiago + Clayton Guifford + Tib'z //// House Minimal //// Azuli //// Gratuit

samedi 8

12H00 //// Le Super Marché De Noel //// X-Mas Market 20H00 //// Les Caméléons + Guaka //// Ska Rock

//// I.Boat //// L'accordeur - Saint Denis De Pile 20H00 //// Regarde Maman, Je Danse De Et Avec Vanessa Van Durme //// Théâtre //// Tnba Salle Vauthier 20H30 //// «Sélection» Ben Mazué/Claire Denamur/Rover //// Chanson //// Le Rocher De Palmer 20H30 //// "Pfffff!" Compagnie Akoreacro //// Cirque //// Théâtre De L'atrium/ Dax 21H00 //// Les Tots [Rockabilly] + Les Reservoir Dogsw //// Rock //// Le Pavillon Noir

//// Gratuit //// 10/12€ //// 7/25 € //// 5€ //// 5/7€ //// Gratuit


21H00 //// Black Kent //// Hip-Hop //// Rock School Barbey //// 13€ 91 -22H00 //// "So Sexy Part.2": Concerts, Show Burlesque, Djs //// Show //// Heretic Club //// 6/8€ a g 22H00 //// "Les Impulsives : Lenny Dee/ Psyk/ Menog/ Painkiller/ Citize N Kain/ Paul Nazca/ Radium/ Manu Le Malin/ Hyper Frequencies/ Speedyq's ne & More Artists" d //// Musiques Electronique //// Respublica //// 15/18€ a 22H30 //// Les Gosses De La Rue //// Jazz //// Le Chat Qui Pêche //// Gratuit Manouche 23H00 //// The Canadian + La Chambre De Mary Jane //// House Minimal //// Azuli //// Gratuit 00H00 //// Focus On W/ Daniel Bortz + Melle Caro ( Throne Of Blood - Fr) + Dear Friends //// Electro //// I.Boat //// 10/14€

mardi 11 20H30 //// Ha Ha Ha / Okidok 20H30 //// Moriarty&Christine Salem

//// Arts Du Cirque //// Folk

//// Le Carré //// 9/12€ //// Krakatoa

//// 25€

mercredi 12 14H00 //// Atelier Skin Jack'in - Atelier De Customisation D'un Petit Objet De Ton Choix //// Jeune Public //// I.Boat //// 7€ 20H00 //// Requiem De Berlioz Dans Le Cadre Du Jubilé D'eliane Lavail //// Musique Classique //// Eglise Saint-Martin //// Nc 21H00 //// Auditions Régionales Des Inouïs Du Printemps De Bourges //// Tremplin //// Rock School Barbey //// Gratuit 21H00 //// Napoleon + Lyre + Two Minutes For //// Metal / Hardcore //// Heretic Club //// 4/6€ 22H00 //// Tib'z + Antoine Zael //// House //// Azuli //// Gratuit Minimal

jeudi 13 20H00 //// Pessac En Scènes 2 : Le Petit Poucet D'après Charles Perrault / Laurent Gutamnn (En Partenariat Avec Le Festival Sur Un Petit Nuage) //// Théâtre Des Enfants À Partir De 8 Ans //// Tnba Salle Vauthier//// 7€ À 10€ 20H30 //// Doctor Flake + Senbei //// Hip Hop Electro //// I.Boat //// 8/12€ 21H00 //// Eths + Loudblast //// Métal //// Rock School Barbey //// 19,00 € 22H00 //// Soirée Chabaret //// Scène //// Le Chat Qui Pêche //// Gratuit Ouverte


92 23H00 //// Eric Marat + Ianakka

//// Techno //// Azuli //// Gratuit - - 00H00 //// Rewind Residency Invite Ben Klock (Berghain - All) + Cesco (Br) + Disobey //// Techno //// I.Boat //// 10/13€

vendredi 14

20H00 //// La Jazz Compagnie

//// Jazz

//// L'accordeur - Saint //// Gratuit Denis De Pile 20H00 //// Pessac En Scènes 2 : Le Petit Poucet D'après Charles Perrault / Laurent Gutamnn (En Partenariat Avec Le Festival Sur Un Petit Nuage) //// Théâtre Des Enfants À Partir De 8 Ans //// Tnba Salle Vauthier//// 7€ À 10€ 20H30 //// Proxima Centauri Et Le Scrime / Opus 12.4 //// Contemporain //// Le Rocher De Palmer //// 5€/10€ 20H30 //// Metisolea’+ Soul Revolution+ Jeremie Malodj' //// Rock / //// Krakatoa //// 10€ Flamenco 20H30 //// Bip On Board ! Embarquez Avec La Bip //// Theatre Impro //// I.Boat //// 5 € 20H30 //// Bibeu Et Humphrey De La Compagnie L'attraction Céleste //// Cirque //// La Caravelle //// 9€/12€ 21H00 //// Afrobeat Crusaders + Nyum + Invités //// Afrobeat //// Rock School Barbey //// Gratuit 21H00 //// Pulmonary Fibrosis + Fetal Injury + Mentaly Murdered + Embryopatia //// Grindcore //// Heretic Club //// 5/7€ 21H00 //// Before Hello Azuli W/ G-Rom + Ressmoon //// Electro //// Azuli //// Gratuit 22H30 //// Salsa Con Pamela //// Musique //// Le Chat Qui Pêche //// Gratuit Latine 00H00 //// Hello Azuli - Get Physical Bday 10 Years W/ M.A.N.D.Y. + Avatism Live+ Pepperpot //// Tech house //// I.BOAT //// 10/15€

samedi 15

20H00 //// Boum De Noël - Dj Foutrack Deluxe //// Electro Festif

//// L'accordeur - Saint //// 3€ Denis De Pile 20H00 //// Vhp W/ Neo Vs Dedo //// Tech House //// Azuli //// Gratuit 20H30 //// Festival Barrio 33 : Duende + The Jouby's + China Chana + Esparatrapo //// Franco-Espagnol //// Rock School Barbey //// 5 € 22H30 //// Kitoslev //// Chanson //// Le Chat Qui Pêche //// Gratuit 00H00 //// Wunderboat Invite X Arpiar Feat Petre Inspriescu & Praslea + Superlate & Youg //// Electro //// I.Boat //// 13/15€ 00H00 //// Soirée "Anonymes": Faon B2b Ian Tocor + Jonas Sella ... //// Techno //// Heretic Club //// 7/9€


dimanche 16

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14H30 //// Chriss Hope Battle

//// Danse Hip- //// Rock School Barbey //// 3€/5€ Hop 20H00 //// Pessac En Scènes 2 : Le Petit Poucet D'après Charles Perrault / Laurent Gutamnn (En Partenariat Avec Le Festival Sur Un Petit Nuage) //// Théâtre Des Enfants À Partir De 8 Ans //// Tnba Salle Vauthier //// 7/10€ 14H30 //// Chriss Hope Battle //// Danse Hip- //// Rock School Barbey //// 3€/5€ Hop 20H00 //// Pessac En Scènes 2 : Le Petit Poucet D'après Charles Perrault / Laurent Gutamnn (En Partenariat Avec Le Festival Sur Un Petit Nuage) //// Théâtre Des Enfants À Partir De 8 Ans //// Tnba Salle Vauthier //// 7/10€

lundi 17

20H00 //// Pessac En Scènes 2 : Le Petit Poucet D'après Charles Perrault / Laurent Gutamnn (En Partenariat Avec Le Festival Sur Un Petit Nuage) //// Théâtre Des Enfants À Partir De 8 Ans //// Tnba Salle Vauthier //// 7/10€ 20H00 //// Liferuiner (Can) / Ritsos (Toulouse) + As Clarity Falls + Stay Focus //// Metal //// I.Boat //// 8 € 20H30 //// Hans Was Heiri De Zimmermann & De Perrot //// Danse, Cirque, Musique //// Tnba Grande Salle //// 7/25 € Vitez

mardi 18

18H30 //// Forums De Pessac Avec Jean-Jacques Hazan Sur Le Thème De L'éducation //// Conférence //// //// Gratuit 19H00 //// Workshop Processing - Théme : Provessing. //// Processing //// I.Boat //// 5 € 20H30 //// Hans Was Heiri De Zimmermann & De Perrot //// Danse, Cirque, Musique //// Tnba Grande Salle //// 7/25 € Vitez 20H30 //// K'boum / Aoc //// Cirque //// Les Colonnes //// 9/12€ 21H00 //// "Womenizer //// Heavy Rock //// Heretic Club //// Gratuit

mercredi 19

14H00 //// I.Boat Au Festival Un Petit Nuage À Pessac //// Jeune Public

//// Mediatheque De Pessac

//// 5 €

A g e n d a


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14H30 //// K'boum / Aoc //// Cirque //// Les Colonnes 19H00 //// Atelier Cocktails //// Workshop //// I.Boat 20H30 //// Hans Was Heiri De Zimmermann & De Perrot //// Danse, Cirque, Musique //// Tnba Grande Salle Vitez 22H00 //// Tib'z + Yougo //// House //// Azuli Minimal 14H30 //// K'boum / Aoc //// Cirque //// Les Colonnes 19H00 //// Atelier Cocktails //// Workshop //// I.Boat 20H30 //// Hans Was Heiri De Zimmermann & De Perrot //// Danse, Cirque, Musique //// Tnba Grande Salle Vitez 22H00 //// Tib'z + Yougo //// House //// Azuli Minimal

//// 9/12€ //// 15€ //// 7/25 € //// Gratuit //// 9/12€ //// 15€ //// 7/25 € //// Gratuit

jeudi 20

19H00 //// Hans Was Heiri De Zimmermann & De Perrot //// Danse, Cirque, Musique //// Tnba Grande Salle Vitez 20H00 //// Santa Nova Mix //// Indie //// I.Boat 22H00 //// Soirée Chabaret //// Scène O. //// Le Chat Qui Pêche 23H00 //// Nova Djs Crew + Concert De Dorian 1 The Dawn Riders (Bx) //// Indie Electro //// I.Boat 23H00 //// Basic Statements W/ Slevin K & Jilaa //// Tech House //// Azuli

//// 7/25 € //// Gratuit //// Gratuit //// 7 € //// Gratuit

vendredi 21 16H30 //// Chocolatada De Noël

//// Conte

//// Parvis De L'église //// Gratuit Sainte Croix

19H00 //// Hans Was Heiri De Zimmermann & De Perrot //// Danse, Cirque, Musique //// Tnba Grande Salle //// 7/25 € Vitez 19H00 //// Sound Of Creation //// Aperoboat //// I.Boat //// Gratuit 20H00 //// Reggae Meeting #3 //// Sound Sys- //// L'accordeur - Saint //// Gratuit tem Reggae Denis De Pile 21H00 //// Despo Rutti + Guizmo //// Hip-Hop //// Rock School Barbey //// 15,30 € 23H00 //// Le Baron De France Residency W/ Deux Point Zero & Baron //// Tech //// Azuli //// Gratuit 00H00 //// Germans Do It Better Invite Le Label Magazine W/ Barnt (Kompakt- All) + Popnoname Live (Kompakt - All) //// Tech House //// I.Boat //// 10/12€


samedi 22

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14H00 //// I.Boat Au Festival Un Petit Nuage À Pessac - My Dad Is A Dj Boum Electro Pour Les Kids Avec Nos Papa Djs + Atelier Circuit Bending //// Jeune Public //// Mediatheque De //// 5 € Pessac 14H00 //// Atelier Cuisine Familial //// Atelier //// I.Boat //// 39 Euros Cuisine 19H00 //// I.Photo.Maton //// Aperoboat //// I.Boat //// Gratuit 20H00 //// Croix Jaune W/Senator Opsius B-Day + Felight Flash + Azerty //// Electro Tech //// Azuli //// Gratuit 20H30 //// Speed Food 2012 //// Performance //// Le Rocher De Palmer //// 6€/10€ Gourmande 22H00 //// Festival Geraldball 2012 : Aguirre + Yattaï + Panzer Kardinals + Tape Or Die + Fatal Nunchaku + Mentally Murdered //// Metal //// Heretic Club //// 5/7€ 22H30 //// Raw Wild //// Rockabilly, //// Le Chat Qui Pêche //// GraCountry-Blues tuit/5€ 00H00 //// Club - Technicolor - Rivar Starr (Snatch Rec) + Cheaper Sheperd (Paris) + Lim-C (B4) //// Electro //// I.Boat

22H00 //// Tib'z + Little G

23H00 //// Polux B2b G-Odys 00H00 //// Club Nautique

23H00 //// Utok2me ? 00H00 //// Mandala Records

mercredi 26 jeudi 27 //// House Minimal

//// Azuli //// Gratuit

//// Tech House //// House

//// Azuli //// Gratuit //// I.Boat //// 8 €

vendredi 28 //// Electro //// Trance

Samedi 29

//// Azuli //// Gratuit //// I.Boat //// 12*/15€

20h30 //// N.Y Ska Jazz Ensemble //// Jazz //// Le Rocher de Palmer //// 10€ 23H00 //// WELL COME //// House //// AZULI //// Gratuit 00H00 //// DUKE DUMONT (Turbo rec ) + TUFFWHEELZ (bx) + HNOPFAUGEN (Bx) //// ELECTRO TECHNO //// I.BOAT //// 10/12€

a g e n d a


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Nouvelles de la Faim

Alice Bellocq Doors « J’y crois pas, putain, j’y crois pas » gémit Anna sous la pluie qui commence à tomber, essayant de s’abriter sous le pas-de-porte de l’immeuble où exerce sa psy. Elle vérifie mais aucun parapluie ne se matérialise au fond de son sac. Sa mère était censée être là il y a plus de dix minutes, et, comme toujours quand c’est important, elle ne répond pas au téléphone. Leur arrangement était pourtant clair : Anna continue à se rendre à ses rendez-vous (qui sont redevenus hebdomadaires), mais seulement si elle n’a pas à affronter la rue et les transports en commun.

E

lle a donné sa démission il y a trois mois, et chaque jour depuis la porte de son appartement lui a paru un peu plus petite. Elle a l’impression de dévaler un de ces angoissants tunnels de plastiques que l’on trouve dans les parcs aquatiques : ses possibilités d’action lui paraissent réduites à portion congrue, et dès qu’elle en entrevoit une, elle l’a déjà perdue. Toujours très à propos, son agoraphobie a fait un retour en fanfare, et la seule idée de sortir de chez elle lui donne la sensation que ses poumons se rétractent, comme une huître sous le jus de citron. Anna se surprend parfois à regretter de n’avoir jamais fumé, parce que le manque de nicotine est supposé triompher de la peur panique de communiquer avec un être humain. La veille elle s’est aperçue qu’elle n’avait parlé à personne depuis au moins trois jours, quand elle a sursauté au bruit de son propre rire – déclenché par une blague sur Facebook. Une blague pas très drôle, maintenant qu’elle y pense. Et sa mère n’arrive toujours pas. Elle guète avec anxiété les voitures qui la dépassent, elle a l’impression d’avoir 7 ans, quand elle a cru qu’on l’avait oubliée à l’école. Serait-il bien raisonnable de fondre en larmes et de décrire la couleur du véhicule et les chiffres de sa plaque d’immatriculation, aux passants qui lui demandent avec sollicitude si « vous allez bien, mademoiselle » ? C’est vraiment pas le jour de lui faire un coup pareil. Sa séance s’est mal passée, elle s’est sentie incapable de répondre aux questions de bon sens qui lui étaient posées, et le regard déçu de sa thérapeute la hante. Mais enfin qu’est-ce qu’elle en sait, elle, de ce qu’elle a envie de faire maintenant qu’elle a jeté son plan de vie aux orties ? Est-ce qu’elle a l’air de s’être déjà posé cette question, franchement ? Elle a fait ce qu’elle devait faire, c’était censé être déjà pas mal. Et maintenant il va falloir qu’elle rentre chez elle toute seule. Elle ne peut pas remonter dans la salle d’attente : pour ça il aurait fallu évoquer sa spectaculaire régression en matière d’interactions sociales avec sa psy, et plutôt crever que de deviner le « je vous l’avais bien dit » derrière un hochement de tête concerné. Elle ne peut pas non plus rester sous l’averse, la crise de sanglots pointant dans la glotte, et continuer à affronter la sollicitude des marcheurs perplexes qui la croisent.


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La pluie devient battante alors qu’elle commence à arpenter les rues, et Anna - se dit qu’elle a de la chance dans son malheur, parce que tout le monde déserte les trottoirs et personne ne lui accorde d’attention. Les gouttes d’eau ruissèlent N dans son cou et ses tennis de toile se gorgent du liquide trouble que le pavé com- o mence à charrier, mais elle n’envisage pas de prendre le bus qui attend à quelques uv mètres. Elle se sent presque bien, en fait. Pour un peu, elle se mettrait presque e à courir. l Soudain elle sent une présence se rapprocher d’elle, les bruits de pas qu’elle croit distinguer sous le vacarme ambiant s’accélèrent, c’est sûr. Anna se raidit et son souffle se fait plus court, devrait-elle essayer de forcer une porte ou se mettre à crier ? Mais peut-être qu’on la prendrait pour une folle, et elle n’est pas folle, enfin pas complètement, en tout cas elle ne veut pas en avoir l’air. Puis une main s’abat sur son épaule alors qu’une terreur nauséeuse s’épanouit dans son ventre comme une fleur carnivore. Elle se retourne et ce n’est qu’Élise qui lui sourit avant de reculer de deux pas, mystifiée, levant les mains en signe de bonne volonté. Au temps pour l’air sain d’esprit, pense Anna avant d’éclater en pleurs hystériques. « J’ai de la vodka ou sinon de la tisane au fenouil. » Au centre de la pièce unique de son appartement, Élise fouille au fond de la vielle malle en cuir qui lui sert de vaisselier et de table basse pour en dénicher deux verres en plastique. « J’ai dit un truc marrant ? - Ah non… désolée. Je vais prendre la tisane ? - J’ai un peu peur que ça fasse fondre le verre. C’est bon, j’rigole ! J’ai une tasse. Bon, tu fais quoi depuis tout ce temps qu’on t’a pas vue ? - J’ai démissionné, enfin ça tu sais, et… » Anna réfléchit à une version pas trop pathétique de ce qu’elle a effectivement fait depuis trois mois : un rendez-vous à Pôle Emploi duquel il est ressorti qu’il était « incongru en temps de crise » de quitter un tel poste, mais « activez votre réseau et on se revoit dans trois mois » ; des discussions humiliantes avec sa mère qui se comporte désormais comme son curateur ; un nombre respectable de réveils en fin d’après-midi, et de tentatives infructueuses de se rendormir pour arriver au lendemain. Elle pourrait dire qu’elle est tombée dans le coma suite à un terrible accident, peut-être. « Ouais, t’as rien foutu quoi », répond Élise à sa propre question. « Bah c’est pas malin, t’aurais dû venir manger avec Horace et moi, on a trouvé un resto portugais, c’est génial, on dirait une poubelle et ils servent leur vin rouge tellement chaud qu’il faut des glaçons pour arriver à le boire. » Elle intercepte d’un haussement d’épaules les protestations de son amie. « Faut pas te sentir obligée de trouver un truc acceptable à dire. Ecoute, pour ce que j’en sais, t’as bien fait de te tirer de ce terrier de cons. Le reste, c’est pas mon problème. Ton téléphone vibre, je crois. » En descendant de la voiture, Anna marmonne une réponse à sa mère, qui vient de lui faire remarquer qu’elle a survécu. On pourrait la soupçonner de se moquer, bien que le sarcasme ne lui soit pas habituel. Avant qu’elles ne se quittent, Élise lui a arraché la promesse qu’elle retrouverait tout le monde le lendemain, « Arthur a enfin réussi à s’évader de la France d’en bas ». Elle ne sait pas si elle s’y tiendra ; la porte de son appartement lui semble toujours aussi exiguë. D’un autre côté, c’est peut-être elle qui a grandi.

l e s

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