Le MAG des soeurs de N.D. de Charité du Bon Pasteur

Page 1

www.bonpasteur.com

Le Mag’ Sœurs de Notre¯Dame de Charité du Bon Pasteur Décembre 2021

Trimestriel

ENQUÊTE / PAGE 6

LA MISSION, AU CŒUR DU MONDE EN COUVERTURE : SI LES VOCATIONS DANS NOTRE PAYS SEMBLENT PRESQUE SUR LE POINT DE SE TARIR, D’AUTRES, EN PROVENANCE DU MONDE ENTIER, VIENNENT IRRIGUER LA MISSION DANS UN GRAND ÉLAN D’ESPÉRANCE, DE COMMUNION ET D’AMOUR.

N°29


w w w. b o n p a s t e u r. c o m

Expo À Angers, des crèches de notre «maison commune»

Nouveau rendez-vous de fin d’année, les sœurs de la communauté internationale de la Maison-Mère d’Angers mettent en valeur des crèches de la congrégation venues du monde entier. Du dimanche 28 novembre au dimanche 9 janvier, une exposition d’une centaine de crèches se tiendra au musée du Bon Pasteur d’Angers. Elle aura pour thème : «Tous accueillis dans notre maison commune». Au 18 rue Euphrasie Pelletier à Angers. Entrée gratuite. Plus d’infos sur www.bonpasteur.com

À lire

Sommaire

Une saison douce de Milena Agus

Page 3 – Édito Page 4 – Rencontre

Sœur Nirmala, le monde comme maison

Page 6 – Enquête

La Mission, au cœur du monde

Page 12 – Événement

Les 380 ans de la première maison au service des femmes en difficulté

Page 14 – Spiritualité

L’avent, porte ouverte sur l’espérance

Échos

Page 16 – Méditation

La famille ignatienne en fête

Directeur de la publication : sœur Marie-Luc Bailly Conception et réalisation : Bayard Service - Parc du Moulin, Allée Hélène-Boucher, CS 60090, 59874 Wambrechies - Tél. 03 20 13 36 60 bse-nord@bayard-service.com - www.bayard-service.com Graphiste : Anthony Liefooghe - Secrétaire de rédaction : Eric Sitarz Contact publicité : 03 20 13 36 70 Imprimeur : Offset impression-Pérenchies -59 - Dépôt légal à parution En couverture - Crédit photo : Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur. Tous droits réservés textes et photos.

2

Éditeur Liana Lévi (2021) Dans un petit pays à l’intérieur des terres sardes, le Campidanese, arrive une poignée de migrants venus de loin et de volontaires, qui les accompagnent, pour s’installer dans le Rudere, une maison abandonnée. Tout le monde est déconcerté, locaux et arrivants… «Ce n’est pas le bon endroit», répète-t-on dans les deux camps. L’un s’effraie d’une telle nouveauté tombée du ciel, l’autre se sent catapulté dans ce «coin perdu» où les trains ne s’arrêtent plus. Mais en cette saison imprévisiblement douce, grâce à cette étrange assemblée humaine, les potagers commencent à donner, le Rudere à se peupler et les émotions à se partager.

Du 30 octobre au 1er novembre, toute la famille ignatienne était réunie à Marseille autour de leur fondateur, Ignace de Loyola (1491-1556). Ils étaient plus de sept mille à se retrouver pour fêter les 500 ans marquant le début de son chemin de conversion, suite à sa blessure, reçue lors de la bataille de Pampelune, en 1521. À travers cent vingt lieux de la cité fosséenne, c’était une invitation «à aller au large», à la découverte des signes de fraternité dans notre monde bouleversé.

Le Mag’ - n°29 - Décembre 2021


w w w. b o n p a s t e u r. c o m

Edito N

Ouverture, dialogue et humilité ous venons de vivre deux évènements retentissants : le lancement du Synode par le

pape François, le 10 octobre, et le rapport de la Commission «Sauvé» sur les crimes perpétrés au sein de l’Église de France, le 5 octobre. Qu’en ferons-nous ? Le Synode est un moment ecclésial de «communion», de «participation» et de «mission», «dont l’Esprit Saint – je cite le pape François – est l’acteur principal. S’il n’y a pas d’Esprit, il n’y aura pas de Synode» ! Les trois mots clés qui font le thème de ce Synode, nous pouvons les retrouver dans «les mots de vie» exprimés à l’intérieur de ce numéro. Que ce soit dans la longue expérience «du monde comme mission» de sœur Nirmala ou dans celle, toute neuve encore, de sœur Clémence, en études à l’Institut catholique. Puissions-nous, en lien avec les déclarations du dernier chapitre de Province BFMN, recevoir ces témoignages comme une invitation à plus d’ouverture, plus de dialogue, «appelées à être missionnaires jusqu’au bout avec d’autres». Le rapport de la Ciase, ce tsunami, cette sidération qui ont atteint chacun et chacune de nous au plus intime, nous invite à beaucoup d’humilité dans nos propos, à bien du courage dans nos actes pour nous convertir et adopter dans nos vies, pour les transmettre, «les manières et le style de Dieu Père des miséricordes». «Paradoxe et mystère de l’Église» comme l’écrivait Henri de Lubac (1896-1991) : «Une Église trop sale pour être idolâtrée, et cependant plus vraie dans l’aveu de son péché ; une Église blessée dans ses enfants victimes ; une Église trahie par ceux à qui elle faisait confiance, une Église appelée à se recentrer sur l’essentiel le Christ Jésus qui, malgré le paradoxe de ses faiblesses, a voulu l’associer à son mystère.» Oui, contemplons l’humilité de Dieu ! Sœur Marie Luc Bailly

Actualités

Agenda

Rapport Sauvé : entre douleur et espérance

Synode 2023 : le pape nous invite tous à y participer

La douleur, l’effroi et la sidération sont si forts face aux terribles révélations du rapport de la Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Église (Ciase). Nous vous invitons à prier ensemble pour toutes les victimes, les familles brisées par ces actes terribles. Le choc est immense mais la parole désormais levée et entendue nous pousse à renouveler notre foi et notre espérance en Jésus, tendresse et miséricorde de Dieu.

Initialement prévue en 2022, la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques s’est ouverte en octobre 2021 sur le thème : «Pour une Église synodale : communion, participation et mission». Le synode est un temps d’écoute, de dialogue et de discernement que l’Église toute entière entend mener au cours des deux prochaines années afin de mieux répondre à sa mission d’annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ au monde entier. C’est un événement important de l’Église locale et universelle, qui concerne tous les chrétiens fidèles laïcs, clercs et personnes consacrées.

Le Mag’ - n°29 - Décembre 2021

3


w w w. b o n p a s t e u r. c o m

Rencontre

Sœur Nirmala, le monde comme maison

Elle a appris six langues, parcouru quatre continents pour suivre son désir brûlant de vivre la mission. Sœur Nirmala Abeyasingha, née en 1941 au Ski Lanka, nous raconte son incroyable destin porté par Sainte Marie Euphrasie, notre fondatrice. Bonjour, sœur Nirmala, pouvez-vous nous présenter votre parcours ? Sœur Nirmala Abeyasingha. J’avais 18 ans lorsque je suis entrée au Bon Pasteur au Sri Lanka. Pour terminer mon noviciat, je suis partie à Angers, puis en Amérique du Nord pendant sept ans où j’ai suivi des études pour devenir directrice d’établissement scolaire. Dès le départ, je ressens ce besoin de devenir missionnaire, comme un appel, quelque chose qui m’habite. Malgré de nombreuses demandes pour partir en mission, elles sont toutes refusées ; à cette époque, ce sont les sœurs européennes qui partent en mission, pas les Sri Lankaises. À L’époque être missionnaire, c’était être blanc !

Sœur Nirmala Abeyasingha à la Maison-Mère

4

Et finalement, vous partez en mission… La crise politique au Pakistan, en 1970, va tout accélérer. Les évêques demandent aux communautés sri-lankaises de désigner des religieuses pour fonder le Bon Pasteur au Pakistan. En 1976, le rêve de ma vie est réalisé, je pars en mission. Ces quinze années restent gravées à tout jamais comme le point de départ d’une vie missionnaire. À la suite de cette expérience, je suis «envoyée» au Sénégal pour fonder une nouvelle communauté et venir en aide aux jeunes filles précaires. Vingt années s’écoulent avant qu’une autre mission à l’île

Le Mag’ - n°29 - Décembre 2021

Maurice s’offre à moi. J’apprends le créole et développe la pastorale. Je me rappelle de ce peuple extraordinaire, si bienveillant et accueillant. Je n’ai qu’une petite partie de l’océan indien à traverser pour rejoindre Madagascar en 2007, la responsabilité de la Province des Îles m’est proposée (Madagascar, Maurice et la Réunion). Un nouveau rôle, un nouveau challenge que j’accepte, je n’ai jamais dit non à l’appel de Dieu. Les années passent et la jeunesse s’en va petit à petit. Une mission plus courte en Hongrie m’est proposée. Mon âme missionnaire s’illumine auprès de cette population gitane démunie et particulièrement présente là-bas. J’ai le désir de rejoindre mes sœurs hongroises, elles ont tellement souffert pendant le régime communiste. Aujourd’hui, je suis à la Maison-Mère en France à Angers. J’ai coordonné pendant trois ans le centre spirituel de la congrégation. Cette mission se termine bientôt, je ne sais où me mènera la prochaine, mais je reste, depuis quarante-cinq ans, à la disposition de la congrégation. Que retirez-vous de ces missions à travers le monde ? Être missionnaire, c’est l’héritage de Saint Jean Eudes et de Sainte Marie Euphrasie, la richesse de notre congrégation présente aujourd’hui dans soixante-douze pays dans


w w w. b o n p a s t e u r. c o m

le monde. Cette internationalité, je l’ai toujours cultivée dans mes voyages, car nous ne sommes pas seulement une congrégation missionnaire, mais une congrégation internationale. Je suis fière d’avoir distillé toutes ces années le charisme de NotreDame de Charité du Bon Pasteur. Vous dites «appartenir au monde entier»… Le désir missionnaire se ressent au fond de soi, être missionnaire c’est être utile à une population, la valoriser à travers leurs aspirations, leurs coutumes, leur langue. Je n’étais pas là pour donner, mais pour partager la vie. Je les ai estimés, tant aimés, sans jamais m’imposer. C’est une réalité, il faut le savoir, je suis restée une étrangère, même chez moi au Sri Lanka où je ne suis restée que neuf ans. Mais au fond de moi, j’appartiens au monde entier. «Que chaque battement de mon cœur soit

Sœur Nirmala en mission en Hongrie

«Être missionnaire, c’est l’héritage de saint Jean Eudes et de Sainte Marie Euphrasie et la richesse de notre congrégation présente aujourd’hui dans soixantedouze pays dans le monde. Cette internationalité, je l’ai toujours cultivée dans mes voyages, car nous ne sommes pas seulement une congrégation missionnaire, mais une congrégation internationale.» une prière pour obtenir des grâces et le pardon pour les pécheurs. Que chaque respiration soit un appel à votre Miséricorde infinie ! Que chacun de mes regards attire vers vous les âmes et leur révèle votre Amour ! Que la nourriture de ma vie soit de travailler sans cesse pour votre Gloire et pour le salut des âmes», dit une prière de Sainte Marie Euphrasie Pelletier.

Propos recueillis par Élodie Comoy

Le Mag’ - n°29 - Décembre 2021

5


w w w. b o n p a s t e u r. c o m

Enquête LA MISSION, AU CŒUR I

l y a cent ans, 75 % des missionnaires dans le monde étaient Français. Cela a bien changé. Nous sommes face à un véritable croisement des réalités. Mais si les vocations au sein de notre pays semblent presque sur le point de se tarir, d’autres, en provenance du monde entier, viennent l’irriguer dans un grand élan d’espérance, de communion et d’amour. Contemplons les témoignages missionnaires de sœur Clémence et du père Paul Claude, la vocation à la mission n’est pas quelque chose du passé ; ils en sont la preuve. Comme l’a dit le pape François, à l’occasion de la Journée des missions, en octobre dernier : «Aujourd’hui, Jésus a besoin de cœurs capables de vivre leur vocation comme une véritable histoire d’amour qui les fasse sortir aux périphéries du monde et devenir des messagers et des instruments de compassion. Et c’est un appel qu’il adresse à tous, même si ce n’est pas de la même manière.» Dans notre enquête : >> Abbé Paul Claude Diokh «La mission n’est pas cloisonnée» >> Sœur Clémence Ouangre En mission, «là où je suis, là où il m’envoie» >> Mission Langues : «Nos stagiaires sont originaires de tous les continents» >>L’apôtre du futur est un laïc

6

Le Mag’ - n°29 - Décembre 2021


w w w. b o n p a s t e u r. c o m

Raw pixels Ltd

DU MONDE

Le Mag’ - n°29 - Décembre 2021

7


w w w. b o n p a s t e u r. c o m

Enquête

ABBÉ PAUL CLAUDE DIOKH

«La mission n’est pas cloisonnée» Ordonné voici maintenant treize ans, l’abbé Paul Claude Diokh est prêtre de l’archidiocèse de Dakar. Depuis septembre 2020, il est administrateur de la paroisse Saint-Laud à Angers et en mission pour la pastorale. Son regard sur cette réalité missionnaire. Qu’est-ce qui vous a attiré à vivre cette expérience missionnaire ? Quels défis avez-vous dû relever ? Abbé Paul Claude Diokh. Être attiré ? Pas à proprement parler. J’ai reçu ma mission à Saint-Laud comme un coup de main à apporter à l’Église en Anjou qui, hélas, voit baisser le nombre de ses prêtres. Des défis ? En pastorale, à mon avis. J’ai compris qu’il y avait besoin de

tranquilliser les paroissiens parce qu’un changement de curé n’est pas toujours facile à vivre à leur niveau. J’ai voulu aussi impulser plus de vie aux jours autres que le dimanche. Pour quelles raisons, y a-t-il de plus en plus de prêtres africains ? L’Europe commence à manquer de prêtres. Les évêques africains, par souci de solidarité missionnaire, envoient des prêtres de leurs diocèses pour renforcer les presbytères européens. On envoie aussi des prêtres africains pour des études ; les congrégations se

sont également internationalisées et les obédiences des prêtres africains membres des congrégations internationales peuvent les amener en France. Quel regard avez-vous sur cette réalité de mission qui émerge, ces dernières décennies ? Mon regard est serein. Nous avons à comprendre que la mission n’est pas cloisonnée. Ce qui est important, c’est le message et non la personne qui le porte. Le fait que celui qui porte le message soit incarné donne à l’interpellation évangélique de la puissance.

Crédit Abbé Paul Claude Diokh

«Allez donc aux croisés des chemins : tous ceux que vous trouverez, invitez-les» (Mt 22,9)

Abbé Paul Claude Diokh, paroisse Saint-Laud, Angers

8

Après avoir essuyé un premier refus de la part des premiers invités au repas, le maître de la maison envoie de nouveau ses serviteurs vers les carrefours… N’est-ce pas un appel pour nous, missionnaires d’aujourd’hui, à ne guère perdre l’espérance, mais sans cesse à recommencer autrement ? Ces croisées de chemin sont des routes, des lieux de passage à plusieurs directions où une multitude de voyageurs de tous les horizons se croisent, se rencontrent, dialoguent, échangent un regard, un sourire, un merci, un excuse-moi… Pourrions-nous dire alors que, missionnaires aujourd’hui, Dieu nous invite à un mouvement ? À un déplacement au cœur du monde, pour partager un «repas» où Dieu se donne, se communique ? Au cœur d’un monde où, à notre tour, il nous invite à nous faire don, communion et à engager un dialogue d’amitié ?

Sœur Émilie Ngom

Le Mag’ - n°29 - Décembre 2021


w w w. b o n p a s t e u r. c o m

SŒUR CLÉMENCE OUANGRE

En mission, «là où je suis, là où il m’envoie» Sœur Clémence, 33 ans, originaire du Burkina Faso, est en mission à Chevilly-Larue depuis un an auprès des sœurs de la communauté.

L

a vie de sœur Clémence à la suite du Christ est avant tout une vie missionnaire, celle d’une jeune femme africaine qui essaie de se donner pleinement au service des autres, particulièrement des plus démunis. «Pour l’amour de Jésus Bon Pasteur qui m’a appelée et avec le désir de le faire connaître et aimer partout. Là où je suis et là où il m’envoie est “terre de mission”.» Elle accepte les défis de cette expérience comme des chemins de croissance. Pour elle, être missionnaire

aujourd’hui comme hier, c’est vivre une vie spirituelle enracinée dans une relation profonde avec Dieu dans la prière. C’est aussi accueillir sans cesse la joie de l’Emmanuel qui est toujours «avec nous» et la partager avec les autres, d’abord avec la communauté, dans le quotidien de la vie, dans les rencontres les plus simples de la journée. C’est vivre de l’amour même de Dieu, en aimant comme il aime, en commençant avec le prochain le plus proche et tout ce qui nous entoure. «Où que l’on soit, je pense que nous avons la même mis-

sion, celle de faire connaître le Christ aux autres, le faire aimer et aussi vivre en enfants de Dieu, aimés et sauvés. Enfin, c’est faire vivre et régner le Christ dans nos cœurs et dans le cœur du monde, comme nous le recommande notre père Saint Jean Eudes.» Sur les nouvelles réalités missionnaires qui émergent ces dernières décennies, son regard est rempli d’espérance : «Que le feu que le Christ est venu apporter au monde ne s’éteigne jamais.» «Dieu ne cesse d’appeler.» «La moisson est abondante, mais les ouvriers peu nombreux, priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson» [Mt 9,37-38].

«Où que l’on soit, je pense que nous avons la même mission, celle de faire connaître le Christ aux autres, le faire aimer et aussi vivre en enfants de Dieu, aimés et sauvés.» Rassemblement Brothers & Sisters Act II à Paris

Le Mag’ - n°29 - Décembre 2021

9


w w w. b o n p a s t e u r. c o m

Enquête MISSION LANGUES

«Nos stagiaires sont originaires de tous les continents» Centre d’apprentissage de la langue française au service de la mission, Mission Langues a été fondé à Angers en 1993. Avec son équipe de professeurs, Georges Delrieu, son directeur depuis janvier 2020, accueille de plus en plus de stagiaires dont la mission religieuse va se dérouler en France ou en Europe. C’est le retour de la mission.

Crédit Mission Langues

I

Georges Delrieu

l y a cent ans, 75 % des missionnaires dans le monde étaient français ! Maintenant c’est avec bonheur que nous accueillons nos frères et sœurs, fruits de ces missions anciennes, qui reviennent évangéliser des territoires qui s’éloignent de Dieu. Que serait l’Église de France sans les prêtres étrangers qui l’ont rejointe ? Que deviendraient de nombreuses congrégations, abbayes ou communautés sans cet apport heureux de missionnaires étrangers qui viennent les renouveler ? Plus que jamais pour Mission Langues, la mission est d’aider à l’accomplissement de la mission. Faciliter la communication Dans la démarche missionnaire, cette structure a un rôle de facilitateur : permettre aux missionnaires de communiquer correctement en terre de mission. La formation au français que nous dispensons se déroule avant l’envoi en mission, et se poursuit parfois pendant la mission : amélioration de la communication, perfectionnement. Le

10

Le Mag’ - n°29 - Décembre 2021

profil des stagiaires à Mission Langues est très varié ! Nos stagiaires sont originaires de tous les continents, et sont envoyés dans des missions très différentes. Ce peut être une religieuse polonaise partant dans un dispensaire en Afrique, un prêtre mexicain poursuivant des études en français, un séminariste vietnamien rejoignant un séminaire français ou un prêtre indonésien prenant en charge la formation de prêtres africains francophones en Asie.

Que serait l’Église de France sans les prêtres étrangers qui l’ont rejointe ? Que deviendraient de nombreuses congrégations, abbayes ou communautés sans cet apport heureux de missionnaires étrangers qui viennent les renouveler ?


Crédit Mission Langues

w w w. b o n p a s t e u r. c o m

«L’apôtre du futur est un laïc» La France peut-elle encore transmettre de sa richesse spirituelle, chrétienne, vocationnelle au monde ? «Oui ! Par notre charisme, notre style de vie, notre spiritualité, notre vie communautaire, nous avons, en lien avec l’Église de France, l’audace d’appeler encore, d’ouvrir la porte aux jeunes, aux moins jeunes et à toute personne intéressée par la vie communautaire», explique sœur Nirmala. En 1990, Jean Paul II le dit dans son encyclique Redemptoris Missio : «L’apôtre du futur est un laïc !» «Pour être en état de mission, rappelle le pape François, il suffit d’embrasser la vie comme elle vient, en vivant de manière missionnaire les gestes les plus habituels, les occupations les plus ordinaires, parmi les gens que le Seigneur nous fait rencontrer.»

Et même si la situation de l’Église reste critique, nous devons garder l’espérance. «Depuis toujours des apôtres émergent à la suite de périodes de crises dans l’Église. Par le passé, des saints comme Dominique et François d’Assise ont été des “antidotes” aux turpitudes de leurs temps», fait observer Alex Lauriot Prévost, délégué épiscopal, dans le diocèse d’Avignon. Être missionnaire aujourd’hui, c’est être présent au monde et transmettre l’espérance de la foi chrétienne avec un langage décodable pour nos contemporains. C’est accepter de se laisser rejoindre par le Christ, autrement que dans mes habitudes et ma façon de faire, mais se laisser surprendre et conduire par «l’Esprit de Dieu qui souffle où il veut et quand il veut».

Le Mag’ - n°29 - Décembre 2021

11


w w w. b o n p a s t e u r. c o m

Événement

1641, un premier refuge pour les femmes

Le 25 novembre dernier, Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, a été également l’occasion de célébrer les 380 ans de la fondation de la première maison de ce qui deviendra l’Ordre de Notre-Dame de Charité au service des femmes en difficulté.

A

u XVIIe siècle, sous le règne de Louis XIII, la France est majoritairement rurale et les conditions de vie sont très précaires pour le peuple. En particulier pour les femmes, pour la plupart illettrées, et qui travaillent durement pour survivre et faire vivre leurs enfants, eux aussi mis au travail dès le plus jeune âge. Une frange de la population féminine, essentiellement urbaine, est soumise à la «prostitution». Ce terme est peu usité au XVIIe siècle. On parle alors de «filles de débauche» ou de «femmes du

12

Le Mag’ - n°29 - Décembre 2021

monde», généralement réprouvées par la société et par l’Église. Le XVIIe siècle voit aussi l’émergence des œuvres de charité, cherchant à lutter contre la pauvreté, la misère, les épidémies ou encore le manque d’éducation. Ainsi, dès les années 1630, à Caen, Saint Jean Eudes et Jean de Bernières prennent conscience des problèmes liés à la prostitution et ils envisagent d’ouvrir des lieux de refuge pour ces femmes, dites «repenties», qui souhaitent s’en sortir sans en avoir les moyens.


w w w. b o n p a s t e u r. c o m

Agir avec Saint Jean Eudes Saint Jean Eudes, saisi par la misère de son temps, nourrissait dans son cœur le désir de leur venir en aide. Dans un premier temps, des personnes laïques, telles que Madeleine Lamy, accueillent les femmes chez elles pour les instruire, leur apprendre à travailler et les aider à reprendre pied dans la vie. Mais ces familles d’accueil ne peuvent répondre à tous les besoins. Aussi, en 1641, Madeleine Lamy interpelle par deux fois Saint Jean Eudes et ses amis. Chacun agit alors à sa façon : monsieur de Bernières se charge de trouver la maison et d’en payer la location, monsieur de Camilly fournit quarante boisseaux de froment, sa femme s’occupe d’agencer la maison et d’autres fournissent l’argent nécessaire pour le matériel : lits, linge et autres meubles. De son côté, Jean Eudes se charge de trouver des personnes susceptibles de s’occuper de cette entreprise. Au cours d’une mission à Valognes, il rencontre mademoiselle de Taillefer, qui accepte de le suivre, ainsi que quelques-unes de ses compagnes, et Marguerite Morin, huguenote (protestante) convertie, qui sera la première responsable de l’œuvre. La maison, très modeste, se situe rue Saint-Jean, près de la porte Millet, au sud de Caen. Le refuge ouvre ses portes le 25 novembre 1641, et les carmélites de Caen, dont le Père Eudes était l’aumônier, lui

font don, pour la chapelle de la maison, de la statue que nous connaissons aujourd’hui sous le titre de Notre Dame de Charité, et qui se trouve dans la chapelle de la communauté de Cormellesle-Royal. Voici ce que disent les annales de l’Ordre de Notre-Dame de Charité : «On fit venir toutes les pénitentes qu’on avait retirées chez Madeleine Lamy et en d’autres lieux de la ville, et dès lors nos demoiselles prirent soin de leur instruction et vécurent en communauté.» Une tradition demeurait à Notre-Dame de Charité, en souvenir de cette rude installation… Ce jour-là, le repas som-

Le Mag’ - n°29 - Décembre 2021

maire était constitué de châtaignes rôties au feu dans la cheminée, et de bols de cidre ! La congrégation est autorisée officiellement, par lettres patentes, en 1642, puis par lettres d’institution, par l’évêque de Bayeux, en 1651. Et enfin, la bulle d’érection de l’Ordre de NotreDame de Charité est publiée en 1666, par le pape Alexandre VII. Débute alors toute une histoire…

Sibylle Gardelle, archiviste Notre-Dame de charité du bon pasteur Cet article est très largement inspiré des écrits de sœur Marie-Françoise Le Brizaut

13


w w w. b o n p a s t e u r. c o m

Spiritualité

14

Le Mag’ - n°29 - Décembre 2021


w w w. b o n p a s t e u r. c o m

L’avent… dans l’attente de Celui qui est, qui était et qui vient Sœur Véronique nous propose une méditation, à l’approche de l’avent, sur l’Annonciation et la Visitation. Sur l’espérance que porte en elle la Vierge Marie, en ces temps si critiques pour l’Église.

P

our entrer dans ce temps plein de promesses, la liturgie nous donne à méditer sur l’attitude d’ouverture de Marie dans les mystères de l’Annonciation et de la Visitation. «Avent», mot magique, qui porte en lui la clé qui ferme une porte sur une époque faite de jours heureux et moins heureux, et en ouvre une autre sur un avenir mystérieux centré autour de la venue à Noël de Celui qui est, qui était et qui vient ! Dans le mystère de l’incarnation, nous voyons Marie ouverte à la parole de l’ange. «Tu es bénie entre toutes les femmes, tu enfanteras un Fils.» Ouverte pour recevoir la Parole éternelle : «Le Verbe s’est fait chair.» «Mon âme exalte le Seigneur.» Marie, comblée de grâce, aurait pu se replier sur elle dans l’adoration et l’action de grâce. Mais elle reste ouverte à la suite du message : «Ta cousine, dans sa vieillesse, a conçu elle aussi et en est à son sixième mois.»… Aussitôt («en hâte», nous dit l’Évangile), la Vierge se met en route pour offrir ses services à sa parente.

Marie est toujours prête à recevoir tout appel et y répondre. Avons-nous une souffrance à confier à sa tendresse ? Marie, une tendresse maternelle à l’œuvre Aujourd’hui, c’est notre Église, l’Église de son Fils qui est malade, dans la détresse, et qui a besoin de son soutien pour traverser son Vendredi saint, son Samedi saint, et pour rester forte et ouverte dans l’espérance. Confions-la au cœur compatissant de la Vierge bénie. Sûrs que sa tendresse maternelle est déjà là à l’œuvre dans l’Église et dans chacun de ses membres.

Sœur Véronique Colomies, pour les sœurs contemplatives Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur

Marie est toujours prête à recevoir tout appel et y répondre. Avons-nous une souffrance à confier à sa tendresse ?

Le Mag’ - n°29 - Décembre 2021

15


w w w. b o n p a s t e u r. c o m

Méditation

Car voici, aussitôt que la voix de ta salutation a frappé mon oreille, l'enfant a tressailli d'allégresse dans mon sein. Heureuse celle qui a cru, parce que les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur auront leur accomplissement. Luc 1, 44-45

Corinne Mercier/Ciric

16

Le Mag’ - n°29 - Décembre 2021


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.