Le Mag congrégations N.D. de Charité du Bon Pasteur

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Sœurs de Notre¯Dame de Charité du Bon Pasteur

ENQUÊTE/PAGE 6 2024, UNE ANNÉE DE PRIÈRE

EN CHOISISSANT DE CONSACRER L’ANNÉE 2024 À LA PRIÈRE, LE PAPE FRANÇOIS ENGAGE LES CHRÉTIENS À APPROFONDIR LEUR RELATION

À

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Avril 2024 Trimestriel
AVEC LE CHRIST ET
DÉCOUVRIR
N°36 Freepick
LA PUISSANCE DE LA PRIÈRE.

Page 4 – Rencontre

Véronique Charpy, artiste-peintre

Page 6 – Enquête 2024, année de la prière

Page 12 – Événement

Agir contre la traite des êtres humains

Page 14 – Spiritualité

Pâques, une nouvelle naissance

Page 16 – Méditation

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Rédaction-administration : 3, impasse de Tournemine 49100 Angers. 02 41 72 12 40 – bonpasteur.com

Directrice de la publication : sœur Marie-Luc Bailly. Rédactrice en cheffe : Élodie Comoy.

Édition déléguée, conception-réalisation : Bayard Service

23 rue de la Performance BV4 59650 Villeneuve d’Ascq – bayard-service.com

Conception graphique : Anthony Liefooghe. Secrétaire de rédaction : Éric Sitarz.

Responsables de fabrication : Caroline Boretti, René Tueux.

Imprimeur : Offset impression (Pérenchies, 59)

Dépôt légal à parution. En couverture (crédit photo) : Free Pick. Tous droits réservés textes et photos.

Dix ans déjà ! Le 28 juin 2024, nous fêterons les dix ans de la réunification de nos deux congrégations. Des années de travail pour la consolider du point vue canonique et civil. Saint Jean-Eudes a fondé NotreDame de Charité à Caen, en 1641, pour venir en aide aux jeunes filles et femmes en difficulté. En 1835, sœur Marie-Euphrasie Pelletier fonde le Bon Pasteur à Angers. Avec les mêmes racines, les deux branches vont suivre leur chemin. L’idée d’un rapprochement a germé voici soixante ans, avec le concile Vatican II « qui invitait les congrégations à revenir à la source ».

Arbre de vie à Marquette : rejoignez l’équipe

Depuis 2017, la congrégation des sœurs de NotreDame de Charité du Bon Pasteur a confié à un groupe de laïcs l’animation d’un lieu de vie à Marquette (59). Nous recherchons un couple, avec ou sans enfants, pour rejoindre l’aventure. La mission se décline autour de deux objectifs principaux. Tout d’abord, accueillir et héberger des personnes en situation de fragilité, suite à un accident de la vie, dans cinq logements, au sein de la résidence Arbre de vie. Ensuite, proposer des temps forts, ouverts à tous : temps spirituels dans le sens d’une Église ouverte sur le monde, animation d’un jardin partagé pour aider à mettre en route les personnes les plus isolées, partages de divers témoignages et d’activités pour faire et vivre ensemble. Il s’agit de s’engager bénévolement en moyenne deux à trois heures par jour : présence, accueil, écoute, comptabilité et administratif, entretien de la propriété, et participation à l’animation du lieu au sein de l’équipe déjà en place. En contrepartie, vous serez hébergés sur place. Contact : 07 86 35 52 26 ou ctemarquette@gmail.com.

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réunification
Sommaire Les 10 ans de la

Edito

La prière, « libre de la liberté de Dieu »

Le thème de ce Mag sur la prière, la richesse des apports de celles et ceux qui ont accepté de témoigner parlent d’eux-mêmes, bien mieux que notre édito. La prière me semble présente ici sous bien des formes ! Comme l’exprime Madeleine Delbrel, « ellelongelesphasesdenosjours,envérifielesactes,encomblelescreux ; elle vit là où nous sommes… elle est libre de la liberté de Dieu. »

L’artiste Véronique Charpy, dans la rubrique « Rencontre », nous confie : « J’aimerais emmenerlepublicàlarencontredeJeanEudesetdeMarieEuphrasie,tousdeuxont vécularadicalitédel’Évangile…dansleurattentioncommuneportéeàladétresse des femmes ! »

« (…) La prière d’un chrétien est la prière du Christ ; de la prière du Christ, aucun vivant n’est exclu. »

Dans notre enquête, Monseigneur Michel Dubost témoigne et répond à la question : comment prier ? Vous trouverez en dernière page, en guise de méditation, la présentation des quatre temps de la prière « à la manière de Jean Eudes »… A l’approche des Jeux olympiques, nous relayons enfin la prise de position courageuse de Geneviève Colas, dans le cadre du collectif « Ensemble contre la traite des êtres humains », vis-à-vis des potentielles victimes de la prostitution, « pourquel’onacceptederegarderenfacequecelaexiste !Ettrouverdesmoyenspourmieux accompagnerlesvictimes. »

Puissions-nous, en découvrant ce magazine du printemps 2024, faire nôtre cette invitation de l’auteure de la Joie de croire , citée plus haut : « Nousdevonsquitterleje,le moi,pourdirelenous ;c’estdansleChrist,aveclui,parluiquenousprions ;laprière d’un chrétien est la prière du Christ ; de la prière du Christ, aucun vivant n’est exclu. Elle dit le nous leplustotalitairequipuisseêtre. »

Belles fêtes de Pâques ! Christ est ressuscité.

Sœur Marie Luc Bailly

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Rencontre

Véronique Charpy, artiste-peintre

«

Un reposoir pour mettre en valeur le reliquaire »

La chapelle latérale de la maison mère, à Angers, accueille les reliques de saint Jean-Eudes, sainte Marie Euphrasie Pelletier, sœur Augustita, Maria Droste et Marie Thérèse de Soubiran. Elle fait actuellement l’objet d’une importante transformation que la congrégation a confiée à l’artiste-peintre Véronique Charpy. Dès le mois d’avril, les visiteurs pourront ainsi découvrir, autour du reliquaire, un nouveau reposoir, riche de sens et de sensibilité, propice au recueillement.

Pouvez-vous vous présenter brièvement ?

Véronique Charpy. Une chose me caractérise, je ne cherche pas tant à exécuter une œuvre solitaire qu’à accompagner un projet, à servir l’esprit d’un lieu, ou l’esprit d’une cause. J’ai, par ailleurs, développé avec le temps une passion pour l’or et les poudres de bronze, des matériaux qui rendent précieuses les choses les plus simples. Et, parce que l’alliance du précieux et du brut est au cœur de la spiritualité chrétienne, l’art sacré s’inscrit tout naturellement dans ma pratique de la peinture. La providence l’a sans doute compris car, venant de relocaliser mon atelier de Paris en Anjou, j’ai eu le privilège de me voir confier l’oratoire de la maison diocésaine de Béhuard. Un projet formidable qui est venu s’arrimer à l’entreprise remarquable qu’est la renaissance de ce sanctuaire.

Comment travaillez-vous sur ce type d’œuvre ?

La clé est, d’abord, d’être à l’écoute du commanditaire. J’attache une importance particulière à ces échanges initiaux. Car, seule

une rencontre profonde permet de saisir les sensibilités en jeu et d’interpréter au mieux les attentes. Ensuite, je prends en compte les éléments décoratifs préexistants qui singularisent l’environnement dans lequel l’œuvre va s’intégrer. Parallèlement, j’entreprends, bien sûr, une recherche documentaire, aussi complète que possible, pour me nourrir du sujet, du thème ou de l’intention qui préside au projet. Ce n’est qu’à cette étape que je réalise les premières esquisses qui vont me conduire à bâtir une maquette en volume. Cette dernière est plus qu’une ébauche : elle est une promesse quasi contractuelle, car la réalisation ultime sera rigoureusement fidèle au prototype. Enfin, je présente, à l’appui de cette offre, la maquette au 1/10e de chacun des tableaux, en utilisant mes fameuses matières.

Le recours à un modèle réduit très abouti a pour moi une double vertu : d’une part, il permet de matérialiser précisément une proposition à même de convaincre un commanditaire ; d’autre part, il me sert par la suite de guide pour réaliser mes tableaux à l’échelle.

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Le reliquaire, qui s’insère dans la niche, s’élève au beau milieu, dans un grand ciel d’or épuré.

Pouvez-vous nous présenter la future œuvre ?

Au Bon Pasteur, il s’agissait de créer un reposoir pour mettre en valeur le reliquaire, symbole même de la réunion des deux congrégations, celles de sainte Euphrasie et de saint Jean – Eudes. Le premier défi a été pour moi de m’inscrire dans l’œuvre totale de Jean Coquet, le maître verrier et ensemblier-décorateur de talent, qui a conçu la chapelle dans les années 1960. Ensuite, il convenait de tenir compte de la configuration de la chapelle latérale dévolue au projet. Mon parti pris fut ici de ne pas occulter l’arrière-plan constitué des fenêtres ouvrant sur le cloître. C’est ainsi qu’est née l’idée de quatre tableaux-totems, tout en hauteur, postés en avant des fenêtres, autour d’un panneau central, accueillant une niche pour abriter le reliquaire.

Si un portrait des deux fondateurs allait de soi, restait à choisir le vocabulaire décoratif à même de les réunir symboliquement. Nous avons opté pour un univers végétal distinct pour chaque saint, les deux s’entremêlant dans le panneau central. L’ensemble est réalisé avec des feuilles d’or et des poudres de bronze, des matières précieuses qui font écho à la spiritualité et à la beauté du lieu. Le tout est un polyptyque en cinq tableaux.

Nichés au cœur de ce fond décoratif, les attributs allégoriques des deux saints sur les panneaux latéraux figurent en majesté : l’Agneau du Bon Pasteur pour sainte Euphrasie et le Sacré-Cœur de Jésus pour saint Jean-Eudes. Quant au reliquaire qui s’insère dans la niche, il s’élève au beau milieu, dans un grand ciel d’or épuré.

Quelles sont vos intentions, en mettant saint Jean-Eudes et sainte Marie Euphrasie au tout premier plan ? J’aimerais emmener le public à la rencontre de saint Jean-Eudes et sainte Marie Euphrasie, car tous deux ont vécu la radicalité de l’Évangile. Euphrasie comme Jean-Eudes se sont pleinement donnés au service de cette pauvreté immédiate, celle qui frappe à nos portes et se voit dans la rue. Dans leur attention commune portée à la détresse des femmes, tous deux nous ramènent à une actualité brûlante : le drame des femmes, seules, maltraitées, battues, abandonnées et que nous devons, plus que jamais, secourir. Leurs engagements dans le siècle rendent accessible et tangible, à notre portée, la charité de Dieu. Sainte Euphrasie et saint Jean-Eudes ne sont pour moi, en vérité, nullement démodés. Ils resplendissent de la beauté de leur trajectoire humaine. Puissent mes tableaux-totems leur rendre l’hommage qui leur est dû !

Propos recueillis par élodie comoy

www.veroniquecharpy.wordpress.com

La maquette au 1/10e du reposoir. Les quatre tableaux-totems, avec au centre, le panneau central accueillant le reliquaire.

Accompagner l’esprit des lieux

Artiste peintre, diplômée de l’école supérieure des arts appliqués Duperré, Véronique Charpy peint depuis une quarantaine d’années, des tableaux allant du petit format au format monumental, en passant par le mur tableau. Elle peint essentiellement sur commande et travaille notamment pour des clients privés ou des collections particulières. Elle œuvre aussi en France comme à l’étranger, pour des architectes d’intérieur et des décorateurs et crée pour eux des pièces uniques qui fédèrent et accompagnent l’esprit des lieux.

inauguration le 20 avril à la maison mère à Angers.

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Enquête 2024, UNE ANNÉE DE PRIÈRE

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S’il est toujours temps d’apprendre à prier ou d’approfondir sa relation au Christ, le contexte actuel s’y destine tout particulièrement : guerres en Ukraine et en Terre sainte, unité fragile de l’Église, crise climatique, projet de loi sur la fin de vie, élections européennes, Jeux olympiques à Paris… Les enjeux sont importants, et 2024 est l’occasion d’apprendre à prier. Une manière aussi de se préparer au Jubilé 2025, qui sera fêté en grande pompe à Rome, avec quelque 30 millions de pèlerins. En choisissant de consacrer l’année 2024 à la prière, le pape François engage les chrétiens à approfondir leur relation avec le Christ et à découvrir la puissance de la prière.

Dans notre enquête :

> Nous avons demandé à Monseigneur Michel Dubost : comment prier et pourquoi ?

> Sœur Jocelyne Tremer, contemplative, consacre sa vie au silence et à la prière.

> Apolline, 27 ans, prie régulièrement en ayant recours aux applications numériques.

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PRIÈRE

Enquête

SŒUR JOCELYNE TREMER

« La prière, un cœur à cœur avec Dieu »

Attirée par une vie de silence et de prière, sœur Jocelyne Tremer est entrée à Notre-Dame de Charité du Bon Pasteur de Reims, en 1969, comme sœur contemplative.

Que représente la prière pour vous ?

Sœur Jocelyne Tremer. La prière, c’est le cœur à cœur avec Dieu. Dans la foi et l’amour, la prière unit tous les aspects de notre vie dans notre réponse à Dieu. Nous le trouvons dans la profondeur de notre être, mais aussi dans la rencontre des personnes et des événements. Nous découvrons alors sa présence au cœur du monde. Dieu soutient et approfondit continuellement notre relation avec Lui. Mon vœu de zèle (1) s’enracine dans ma vie de prière. Je m’engage à vivre et à prier pour le salut des personnes, spécialement de celles confiées à la congrégation. Ma mission de prière reste pour moi importante. Le personnel et des résidents de l’Ehpad me confient souvent une demande de prière. Dans ma chambre, j’ai une petite boîte dans laquelle je mets l’intention. Je l’ai mise près d’une petite statue de l’ange gardien ; de ce fait, si moi j’oublie de prier pour l’intention, l’ange gardien y pense. Je fais de même pour toutes les intentions que l’on me confie.

Comment apprend-on à prier ?

Apprendre à prier dépend du ressenti de chacun. Le chemin de Dieu est propre à chaque personne. J’aime prier seule devant le tabernacle. J’aime aussi prier les offices avec mes sœurs et,

souvent, me tourner vers la Vierge en récitant mon chapelet.

Vous allez prier plus spécialement pour quoi et pour qui, cette année ?

Cette année, ma prière sera orientée vers le bicentenaire de notre fondation à Tours [le 11 novembre 1825, par sainte Marie Euphrasie Pelletier]. Et dans l’esprit du Synode « communion, participation, mission ».

Comme le dit, le pape François, « vous priez et intercédez pour beaucoup de

frères et sœurs qui sont en prison, migrants, réfugiés, malades et victimes de dépendances pour ne citer que quelques-unes des situations qui sont chaque jour plus pressantes. Avec votre prière, vous pouvez guérir les plaiesdumondeentier. »

Propos recueillis par élodie comoy

(1) 4e vœu spécifique à notre congrégation, qui nous engage à aller jusqu’au bout, sans jamais baisser les bras, dans notre mission : permettre à tout homme et à toute femme, blessés par la vie, de retrouver sa dignité.

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APOLLINE, 27 ANS

« Je prie pour rendre grâce de ce que je reçois tous les jours »

Si les choses semblent de nouveau évoluer dans le bon sens, rares sont encore les jeunes qui se rendent régulièrement à l’église ou à la messe. Mais souvent bon nombre d’entre eux se tournent vers les propositions numériques en ligne, et leurs applications…

Des applications comme « Hozana », « Découvrir Dieu » ou encore « Prie en chemin » accompagnent mais, de façon différente, la prière et la méditation.

Dans la vie de tous les jours, difficile d’avoir sa bible, son magnificat sous la main ; parfois, la prière est un vrai défi dans le quotidien. Pris par les occupations, ce temps de recueillement semble difficile à trouver. Il existe maintenant via les téléphones portables, des applications de prière pour la rendre plus accessible. Des applications comme « Hozana », « Découvrir Dieu » ou encore « Prie en chemin » ont fait leurs preuves auprès des chrétiens décidés à pratiquer. Plus ou moins récentes, elles

accompagnent mais, de façon différente, la prière et la méditation.

Communier dans un lieu sacré

Pour autant, les jeunes recherchent toujours ce moment de communion, comme Apolline, 27 ans, qui va, tous les dimanches soir, à la cathédrale, prier avec d’autres jeunes. Elle apprécie aussi de prier seule : « Cela me permet d’avoir un temps pour moi, de prendre du recul après une journée difficile ou

de déposer des intentions de prières. »

Mais le caractère sacré du lieu permet de se sentir au plus près de Dieu. Pas forcément une cathédrale, bien sûr. Une église, une chapelle ou encore un simple oratoire peuvent aider à se recueillir. 7 % des jeunes catholiques français se rendent à la messe chaque semaine.

Apolline et Philippine se retrouvent sur le fait que les applications aident la prière : « Cela donne une certaine régularité, on peut lire l’évangile du jour, des neuvaines. » Les jeunes aujourd’hui prient pour des préoccupations quotidiennes ou les dédient à des individus. « Je prie pour rendre grâce de ce que je reçois tous les jours. Prier le matin, donne une dynamique à ma journée. Je confie ma journée et je remercie le Seigneur de m’avoir aidée. »

Propos recueillis par Élodie Comoy

Quel que soit la prière, la réflexion et l’intention, le support choisi, celle-ci reste unique et propre à chacun.

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MONSEIGNEUR MICHEL DUBOST

« La prière est d’abord une question de présence »

Comment prier et pourquoi ? Nous avons posé la question à Monseigneur Michel Dubost, membre de la congrégation de Jésus et Marie, communauté fraternelle présente dans de nombreux pays et plus connue sous le nom d’Eudistes.

Né au Maroc en 1942, ordonné prêtre en 1967, depuis 1989, il a servi les diocèses aux armées, d’ÉvryCorbeil-Essonnes,deLyonetde Cayenne. Aujourd’hui, Monseigneur

Michel Dubost sert les foyers de Charité du monde entier. Selon lui, ces quelquesdates,quelqueslieuxdonnent desrepères, « mais ne rendent pas présent, ne présentent pas quelqu’un. Or la prière est d’abord une question de présence. »

« Seigneur, apprends-nous à prier »

« Beaucoup de ceux qui disent ne pas savoir prier, ne savent pas non plus rencontrer, être présents. J’aimerais me rendre présent à ceux qui me lisent. Au moins, je pense à eux. “Seigneur, apprends-nous à prier” Et j’espère qu’elle le sera jusqu’à la fin de ma vie terrestre ! Jésus est le seul humain qui sait parfaitement adorer. Il est le seul à établir un véritable cœur à cœur avec son Père ! Sans

cesse, il nous donne son Esprit à accueillir pour aimer avec lui. Il faut apprendre à l’accueillir ! Chaque jour, l’Église nous propose de se joindre à son don de luimême dans l’eucharistie. Chaque jour, l’Église propose de prier avec lui pour le temps présent. Je le fais très volontiers… Mais c’est vraiment insuffisant ! Le Christ nous est toujours vivant, présent, mais moi, il m’est si facile de m’absenter ! Je veux faire sa volonté, écouter sa Parole, et c’est vrai ; mais c’est quand même une véritable lutte, Dieu parle de tellement de manières : la liturgie, les fêtes, la vie, la mort des proches, les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses de nos contemporains, mes rêves, mes fatigues, mes distances, une parole qui me marque, que sais-je encore… Chaque instant devrait susciter une prière particulière ou un silence, lorsque ne comprenant pas, n’ayant rien à dire, il conviendrait d’offrir sa confiance ! »

« Chaque instant devrait susciter une prière particulière ou un silence, lorsque ne comprenant pas, n’ayant rien à dire, il conviendrait d’offrir sa confiance ! »

N’oublier personne...

« Je sais que l’Église m’invitera à prier pour le pape, les évêques, les prêtres, les diacres et tous les baptisés. Il est certain qu’elle me demandera de ne pas oublier les blessés de la vie, les pauvres, les malades, les migrants, mais aussi elle me fera penser aux dirigeants, et aux morts ! Je le ferai volontiers. Mais que sais-je de l’an prochain ? L’année dernière, j’avais prié pour les amis de Gaza… Je ne me doutais pas, hélas, que je le ferais davantage cette année. »

Mgr Michel Dubost

Sortie du livre «prier 15 jours avec saint jean-eudes : missionnaire auprès des plus humbles». éditions nouvelle cité

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Enquête

La prière demeure avant tout un dialogue

Pilier de la vie chrétienne, la prière est vécue de mille façons différentes par les baptisés. On prie un peu ou beaucoup. On prie seul ou en communauté. On prie le matin ou le soir. On prie pour rendre grâce ou pour demander. On prie Dieu, la Vierge ou les saints… Mais au-delà de toutes ces formes, la prière demeure avant tout un dialogue. Un cœur à cœur personnel, intime, avec Dieu. C’est Jésus qui a enseigné à ses disciples le principe même de la prière : « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira » (Lc 11,9). Jésus dit aussi : « Si donc vous, qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père qui est aux cieux donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui les lui demandent ! » (Mt 7, 11).

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Événement

Agir contre l’exploitation des êtres humains

À l’occasion des Jeux olympiques et paralympiques 2024, le collectif « Ensemble contre la traite des êtres humains »

lance une nouvelle campagne de sensibilisation. Il entend attirer sur les risques d’exploitation exacerbés, en marge des grands événements sportifs.

LSainte Joséphine

Bakhita : esclave, sœur puis sainte

Le 8 février est célébré le jour de la fête de sainte Joséphine Bakhita (1869-1947), qui a été victime de la traite des personnes alors qu’elle était enfant. Aujourd’hui, elle est un symbole de liberté et une source d’inspiration pour l’ensemble de la communauté internationale engagée contre la traite et l’exploitation des personnes.

Pour en savoir plus : eglise.catholique.fr, voir l’article « Sainte Bakhita, la force de la foi face au piège de la servitude ».

e collectif « Ensemble contre la traite des êtres humains » est un réseau créé pour lutter plus efficacement contre toutes les formes de ce déni des droits humains. Créé par le Secours catholique -Caritas France en 2007, il regroupe vingt-huit associations françaises. Ces associations sont engagées, de façon directe ou indirecte, à défendre les personnes victimes d’exploitation et de traite, quelle qu’en soit la forme, en France ou dans leurs pays d’origine, de transit et de destination.

Où en sommes-nous, actuellement, des avancées ? Un troisième plan national de lutte contre l’exploitation et la traite des êtres humains, pour la période 2024-2027, vient d’être publié. Le collectif a été associé à la réflexion, mais pas à sa rédaction. Le point positif de ce plan, selon Geneviève Colas, présidente du collectif, est la distinction faite entre les diverses formes de traite. Car, dans le premier plan, il semblait que la traite ne recouvrait que l’exploitation sexuelle, forme majoritaire en France, mais qui n’est pas la seule.

L’exploitation à des fins économiques et par le travail est ainsi aussi développée dans le nouveau plan, même si la question de l’esclavage domestique semble y être oubliée. La contrainte à commettre des délits

ou l’obligation à mendier sont identifiées, mais il est regrettable que ces deux formes soient confondues dans un même axe du plan… sans doute parce qu’elles sont moins connues.

« On voudrait toutes et tous que ce soit une fête »

À trois mois du lancement des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, Le collectif « Ensemble contre la traite des êtres humains » lance une campagne de sensibilisation à destination des publics particuliers et professionnels. Il informe sur les risques d’exploitation amplifiés, en marge des grands événements sportifs. La campagne est signée de la formule : « On voudrait toutes et tous que ce soit une fête. » Elle a pour objectif d’alerter sur toutes les formes d’exploitation, d’aider à l’identification des victimes et de proposer des pistes d’action pour les accompagner.

À travers neuf récits de vie, la campagne illustre toutes les formes d’exploitation et de traite des êtres humains auxquelles peuvent être confrontés des enfants, des femmes et des hommes, de tout âge et toutes origines : exploitation sexuelle, exploitation au travail (services à la personne, construction, restauration, transport…),

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À travers neuf récits de vie, la campagne illustre toutes les formes d’exploitation et de traite des êtres humains auxquelles peuvent être confrontés des enfants, des femmes et des hommes, de tout âge et toutes origines : exploitation sexuelle, exploitation au travail (services à la personne, construction, restauration, transport…), esclavage domestique, contrainte à commettre des délits, obligation à mendier…

esclavage domestique, contrainte à commettre des délits, obligation à mendier… Le collectif a alerté l’opinion sur la nécessité d’une sensibilisation accrue et de la mise en place de mesures pour accompagner les potentielles victimes de la prostitution. Geneviève Colas a demandé des points d’accueil avec « de la traduction », adaptés aux personnes ne parlant pas français, ainsi que du personnel formé. « Le grand défi des JO est d’accepter de regarder en face queçaexiste,etdetrouverlesmoyenspour pouvoirmieuxaccompagnerlesvictimes », a-t-elle déclaré à la télévision.

L’association a indiqué que des échanges sont en cours avec la préfecture de police concernant la construction de ces points d’accueil pendant l’événement. Des collectifs ayant averti sur le développement

des cas de prostitution de jeunes via les réseaux sociaux, la préfecture de police a annoncé une vigilance renforcée en ligne pendant les Jeux.

Élodie Comoy

https://www.contrelatraite.org/

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Spiritualité

Pâques, une nouvelle naissance

Pour comprendre les fondements de notre foi, il nous faut sans cesse revenir au mystère pascal, à la source même qui est le Christ, « chemin, vérité et vie » (Jn 14,6), le Vivant à jamais qui nous ouvre à la vie éternelle de Dieu.

Pour bien comprendre ce qui se joue à Pâques, inscrivez dans un tableau de quatre colonnes les quatre évangiles de la Résurrection : Mt 28,110 ; Mc 16,1-8 ; Luc 24,1-10 ; Jean 20,118. Prenez des crayons de couleur et regardez les grandes ressemblances. Celles-ci vous permettent de découvrir le beau mystère de Pâques : – De grand matin, le premier jour de

la semaine, dès le lever du soleil… Les évangélistes nous suggèrent que la Résurrection est un nouveau jour, une nouvelle création ! C’est l’un des sens du baptême : nous avons reçu la vie sur cette terre, mais nous avons à renaître de nouveau à ce que nous sommes profondément : « Des êtres créés à l’image et à la ressemblance de Dieu » (Gn 1,26).

– La pierre roulée du tombeau… Elle peut apparaître grande et lourde la pierre de tous les tombeaux qui enferment nos vies (nos souffrances, nos péchés, nos morts). Les évangélistes annoncent que Dieu nous libère de la mort et de tous nos enfermements. – Vous cherchez Jésus le crucifié, il n’est pas ici, il est ressuscité… Désormais, nos cimetières seront vides à ja-

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mais. La noirceur de la mort est effacée par la blancheur de la Résurrection, tel un appel à laisser rayonner la vie divine déposée en chacun de nous.

– Allez dire à ses disciples : il vous précède en Galilée… C’est maintenant au carrefour de toutes les nations que Dieu se donne à rencontrer comme le Vivant. Jésus nous y précède, présence agissante dans le cœur de chacun. Nous sommes tous appelés à être des disciples-missionnaires.

« Naître d’en haut »

À Pâques, tous les évangiles nous invitent donc à accueillir une nouvelle naissance ! Jean-Guilhem Xerri, dans son livre Prenez soin de votre âme, petit traité d’écologie intérieure, explique qu’il existe une équivoque dans les expressions « être un humain » et « être humain ». Pour « être un humain », il suffit de naître biologiquement. En revanche, pour « être humain », il faut le devenir, comme une seconde naissance, tout au long de sa vie. Pour un chrétien, la résurrection de Jésus est la clef de compréhension qui nous permet de « naître d’en haut » (Jean 3,7). Mais que peut bien être cette nouvelle naissance ? L’apôtre saint Paul la décline en trois expériences liées au Ressuscité : – Premier-né de toute création (col 1,15) : vivre une écologie intégrale. Par sa résurrection, Jésus ouvre une humanité renouvelée, réintégrée dans une relation de vie avec toute la création. La pape François, dans Laudato si ‘ , replace l’homme dans sa respon-

« À Pâques, Jésus ouvre une nouvelle manière de penser la vie en société selon l’idéal de la fraternité tel que nous l’exprimons en priant le Notre Père. Tous enfants de Dieu, nous sommes de la même famille, au-delà des cultures, des âges, des conditions sociales, selon une même fraternité universelle. »

sabilité sociale et environnementale : L’homme nouveau ne peut se comporter en prédateur de la création, il doit veiller sur elle et refuser toute culture du déchet. Ne laissons personne au bord du chemin : il est plus que jamais urgent de remettre en avant la notion de bien commun !

– Premier-né d’entre les morts (Col 1,18) : pour vivre la force de la Résurrection. L’homme n’est pas un être destiné à une fin tragique, il est en chemin d’éternité. Chaque acte d’amour posé est déjà semence de vie éternelle. D’où l’importance de toutes les questions éthiques pour replacer l’homme dans sa dimension totale. Dans La joie de l’Évangile (n° 275-279), le pape évoque magnifiquement cette réalité : « Le Christ ressuscité et glorieux est la source profonde de notre espérance. Sa Résurrection n’est pas un fait relevant du passé. Là où tout semble être mort,departout,lesgermesdelarésurrection réapparaissent. C’est une force sanségale.Chaquepersonnepeutêtre sûre qu’aucune de ses œuvres faites avec amour ne sera perdue. Tout cela

envahit le monde, comme une force de vie. »

– Premier-né d’une multitude de frères (Rm 8,29) : pour vivre la fraternité sans frontières. À Pâques, Jésus ouvre une nouvelle manière de penser la vie en société selon l’idéal de la fraternité tel que nous l’exprimons en priant le Notre Père. Tous enfants de Dieu, nous sommes de la même famille, au-delà des cultures, des âges, des conditions sociales, selon une même fraternité universelle. Dans cette famille des enfants de Dieu où m’introduit Jésus, je n’ai pas à choisir mes frères et mes sœurs, mais à les recevoir comme tels, ce que me rappelle l’encyclique Fratelli tutti.

Vivre la joie de Pâques est bien plus qu’un discours, mais une manière totalement nouvelle d’envisager la vie ! Que le Ressuscité ouvre les yeux de notre cœur pour nous faire vivre du feu de son amour à jamais !

Jean-Paul Avrillon, curé de la paroisse Saint-Lazare–Saint-Nicolas à Angers

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Méditation

Prière des quatre temps par saint Jean Eudes

Adorer : contempler, s’émerveiller, admirer…

Rendre grâces : reconnaître les dons du Seigneur, dire merci…

Vivre le pardon : prendre conscience de la distance qui existe entre sa propre vie et la merveille de l’amour de Dieu.

Se donner à Jésus : se donner pour être témoin, se donner pour la mission…

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