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Spiritualité

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1641, un premier refuge pour les femmes

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Le 25 novembre dernier, Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, a été également l’occasion de célébrer les 380 ans de la fondation de la première maison de ce qui deviendra l’Ordre de Notre-Dame de Charité au service des femmes en difficulté.

Au XVIIe siècle, sous le règne de Louis XIII, la France est majoritairement rurale et les conditions de vie sont très précaires pour le peuple. En particulier pour les femmes, pour la plupart illettrées, et qui travaillent durement pour survivre et faire vivre leurs enfants, eux aussi mis au travail dès le plus jeune âge. Une frange de la population féminine, essentiellement urbaine, est soumise à la «prostitution». Ce terme est peu usité au XVIIe siècle. On parle alors de «filles de débauche» ou de «femmes du monde», généralement réprouvées par la société et par l’Église. Le XVIIe siècle voit aussi l’émergence des œuvres de charité, cherchant à lutter contre la pauvreté, la misère, les épidémies ou encore le manque d’éducation. Ainsi, dès les années 1630, à Caen, Saint Jean Eudes et Jean de Bernières prennent conscience des problèmes liés à la prostitution et ils envisagent d’ouvrir des lieux de refuge pour ces femmes, dites «repenties», qui souhaitent s’en sortir sans en avoir les moyens.

Agir avec Saint Jean Eudes Saint Jean Eudes, saisi par la misère de son temps, nourrissait dans son cœur le désir de leur venir en aide. Dans un premier temps, des personnes laïques, telles que Madeleine Lamy, accueillent les femmes chez elles pour les instruire, leur apprendre à travailler et les aider à reprendre pied dans la vie. Mais ces familles d’accueil ne peuvent répondre à tous les besoins. Aussi, en 1641, Madeleine Lamy interpelle par deux fois Saint Jean Eudes et ses amis. Chacun agit alors à sa façon : monsieur de Bernières se charge de trouver la maison et d’en payer la location, monsieur de Camilly fournit quarante boisseaux de froment, sa femme s’occupe d’agencer la maison et d’autres fournissent l’argent nécessaire pour le matériel : lits, linge et autres meubles. De son côté, Jean Eudes se charge de trouver des personnes susceptibles de s’occuper de cette entreprise. Au cours d’une mission à Valognes, il rencontre mademoiselle de Taillefer, qui accepte de le suivre, ainsi que quelques-unes de ses compagnes, et Marguerite Morin, huguenote (protestante) convertie, qui sera la première responsable de l’œuvre. La maison, très modeste, se situe rue Saint-Jean, près de la porte Millet, au sud de Caen. Le refuge ouvre ses portes le 25 novembre 1641, et les carmélites de Caen, dont le Père Eudes était l’aumônier, lui font don, pour la chapelle de la maison, de la statue que nous connaissons aujourd’hui sous le titre de Notre Dame de Charité, et qui se trouve dans la chapelle de la communauté de Cormellesle-Royal. Voici ce que disent les annales de l’Ordre de Notre-Dame de Charité : «On fit venir toutes les pénitentes qu’on avait retirées chez Madeleine Lamy et en d’autres lieux de la ville, et dès lors nos demoiselles prirent soin de leur instruction et vécurent en communauté.» Une tradition demeurait à Notre-Dame de Charité, en souvenir de cette rude installation… Ce jour-là, le repas sommaire était constitué de châtaignes rôties au feu dans la cheminée, et de bols de cidre ! La congrégation est autorisée officiellement, par lettres patentes, en 1642, puis par lettres d’institution, par l’évêque de Bayeux, en 1651. Et enfin, la bulle d’érection de l’Ordre de NotreDame de Charité est publiée en 1666, par le pape Alexandre VII. Débute alors toute une histoire… Sibylle Gardelle, archiviste Notre-Dame de charité du bon pasteur

Cet article est très largement inspiré des écrits de sœur Marie-Françoise Le Brizaut

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