INDUS 28

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Le journal

L’INDUS Le journal de l'APIEP

Dossier L’Industrie pharmaceutique et son empreinte sur l’environnement

Innovations thérapeutiques En bref

N° 28


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L’INDUS N° 28 > Sommaire

Sommaire avril 2021 p. 6

Édito.

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Dossier : L’Industrie pharmaceutique  et son empreinte sur l’environnement

p. 13

L’Industrie pharmaceutique et son impact sur l’environnement p. 5 Réglementation autour des résidus de médicaments dans l’environnement p. 8 Le dispositif Cyclamed p. 11 Entretien avec Jérôme Enault p. 13

Actus Quelle est la place des femmes dans l’industrie pharmaceutique ? p. 16 Loi sur la programmation de la recherche p. 18

Innovation thérapeutique Une administration orale pour l’insuline p. 20 Innovation Thérapeutique : les CAR-T-cells p. 21

p. 21

Expérimentation L’expérimentation du cannabis médical en France : cadre, contexte et mise en œuvre p. 23

En bref p. 25

p. 25

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Édito

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Chers lecteurs, chères lectrices,

DR.

Chères lectrices, chers lecteurs,

C’est un honneur de vous présenter ce 28e numéro de L’INDUS. Depuis sa première parution il y a maintenant 11 ans, ce journal n’a cessé de se développer et de se professionnaliser au fil du temps. L’objectif premier de L’INDUS est de vous faire découvrir le vaste monde de l’industrie pharmaceutique et les différents métiers qui s’y rattachent. Notre motivation et notre enthousiasme nous poussent à continuer de vous faire découvrir différentes thématiques autour du secteur pharmaceutique et de la santé. Aujourd’hui, nous continuons à perpétuer cette envie avec la création d’une page digitalisée de L’INDUS sur laquelle nous publions des articles dans le but de faciliter l’accès à l’information et à l’innovation scientifique. Dans cette nouvelle édition, nous avons choisi d’aborder le thème de l’environnement qui est au cœur des enjeux contemporains auxquels doit faire face le secteur de l’industrie. Nous savons à l’heure actuelle que la situation écologique est problématique et qu’il est nécessaire d’agir. Nous avons donc voulu nous concentrer sur l’Industrie pharmaceutique et l’empreinte qu’elle pourrait avoir sur l’environnement et les différentes actions que fournie cette industrie pour être plus respectueuse de la planète. Pour ce dossier, nous vous présentons aussi le profil d’un pharmacien travaillant dans le domaine de l’environnement dans l’espoir que cela vous inspire pour votre futur.

Vous attendent également dans ce numéro, des articles sur la place des femmes dans l’Industrie pharmaceutique, la nouvelle loi pour la programmation de la recherche ainsi que les dernières innovations thérapeutiques. Enfin vous retrouverez nos traditionnelles brèves. Cet INDUS est incontestablement le fruit d’un travail d’équipe. Je tiens à remercier tous les rédacteurs, nos responsables communication et partenariats, les professionnels qui nous ont fait l’honneur de partager leur expertise sur le domaine de l’industrie pharmaceutique ainsi que nos partenaires. Ce fut un plaisir de collaborer avec eux pour la confection de ce nouveau numéro. Je vous souhaite une agréable lecture, Melissa Bechroune Rédactrice en chef du Journal de L’INDUS

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Ours : L’INDUS

Numéro 28

IEP Avril 2021 • Publication de l’AP Paris-Sud 11 é ersit Univ Faculté de Pharmacie -Malabry enay Chât 0 9229 • ent Clém J-B. 5, rue .apiep.net www • m il.co gma a e-mail : apiep.pharm @ roune Bech ssa Meli Directrice de la publication : : Melissa nt eme ronn Rédacteurs : Industrie et envi roune • Bech ssa Meli : re ntai leme Bechroune • Rég ssa BeMeli : etien Cyclamed : Chloé Delacour • Entr eumac phar ie ustr l’Ind dans es chroune • Les femm e : erch rech la de ent tique : Léa Baron • Loi financem e : Lytiqu apeu thér n vatio Inno • e Melissa Bechroun e • Cannabis média Kechemir et Melissa Bechroun Raillard on Man : es Brèv • d dical : Yosser Essi r inge Dell e rlott Cha : ure vert Cou Partenariats : Manon Raillard aide, ainsi qu’à tous Merci aux relecteurs pour leur tout au long ance nos partenaires pour leur confi de l’année. es : Conception & réalisation graphiqu 2114-7388  : ISSN N° • ntin Que tierGau Nadine


L’INDUS N° 28 > Dossier : L’Industrie pharmaceutique et son empreinte sur l’environnement

L’Industrie pharmaceutique   et son impact sur l’environnemnt DR.

Aujourd’hui, la question de l’environnement est de plus en plus présente au sein des esprits. Les consommateurs prennent davantage en compte l’impact que les produits qu’ils achètent pourrait avoir sur l’environnement. Cette nouvelle façon de consommer met la pression aux entreprises pour qu’elles adoptent une approche responsable concernant la protection de l’environnement. Par Melissa Bechroune, étudiante en 4e année de pharmacie à la faculté de Châtenay-Malabry

Le

secteur de l’industrie phar-

maceutique n’y échappe pas.

Ce secteur est considéré comme l’un des plus polluant même s’il est toujours difficile de mesurer son impact du fait du manque de transparence de certaines entreprises. Grâce à l’amélioration des moyens analytiques, il est possible de mesurer l’impact du secteur pharmaceutique sur l’environnement. Des quantités importantes de résidus de médicaments sont retrouvées dans l’eau et les sols, tout cela ayant un impact sur la biodiversité du fait qu’il s’agisse de molécules biologiquement actives à faibles doses. Selon un rapport*, l’industrie pharmaceutique mondiale est non seulement un contributeur important au réchauffement climatique, mais elle est également plus polluante que le secteur mondial de la fabrication automobile. L’industrie pharmaceutique a conscience que si elle ne réduit pas son impact environnemental, son image auprès des populations risque d’être ternie. Il s’agit aujourd’hui d’une problématique que l’on retrouve au cœur du cadre de la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise

(RSE). Dans la RSE, les entreprises détaillent l’ensemble des pratiques mises en place dans le but de respecter le développement durable. Ce dernier est basé sur trois principaux axes : être économiquement viable, avoir un impact positif sur la société et respecter l’environnement. On retrouve aujourd’hui sur tous les sites des entreprises un onglet RSE où sont développés leurs objectifs et actions dans le cadre de la RSE. De plus en plus d’entreprises introduisent les préoccupations environnementales dans leurs systèmes de gestion internes, afin de réduire leurs déchets, leurs consommations de ressources ou leurs impacts sur l’environnement. La norme ISO 14001 a d’ailleurs été spécialement créée pour aider les entreprises à mettre en place un système de management environnemental dans le cadre de la RSE. Cette norme a pour objectif de promouvoir et d’encadrer une démarche de management environnemental. Elle est non obligatoire, il s’agit avant tout d’un système de procédures à respecter pour gérer les impacts environnementaux. Être

certifié ISO 14001 ne signifie pas que l’entreprise est écologique mais que celle-ci dispose d’un système permettant de s’améliorer sur ce point. L’industrie pharmaceutique a amorcé sa transition vers l’économie circulaire depuis plusieurs années déjà. En veillant notamment à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, en optimisant sa consommation d’eau et d’énergie, en diminuant la production de ses déchets et en limitant les pollutions liées à ses activités.

L’écoconception Sur le site du Ministère de la transition écologique, on peut retrouver une définition de l’écoconception. Elle consiste à : « intégrer la protection de l’environnement dès la conception des biens ou services. Elle a pour objectif de réduire les impacts environnementaux des produits tout au long de leur cycle de vie : extraction des matières premières, production, distribution, utilisation et fin de vie. Elle se caractérise par une vision globale de ces impacts environnementaux : c’est une approche multi-étapes

*« Carbon footprint of the global pharmaceutical industry and relative impact of its major players »

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(prenant en compte les diverses étapes du cycle de vie) et multi-critères (prenant en compte les consommations de matière et d’énergie, les rejets dans les milieux naturels, les effets sur le climat et la biodiversité) ». L’objectif de cette démarche est d’éliminer les gaspillages des ressources naturelles et de l’énergie ainsi que d’éviter le traitement couteux des produits en fin de vie. Toutes les nuisances environnementales des produits et de leurs emballages sont prises en compte, depuis l’extraction des matières premières jusqu’au traitement en fin de vie. Il ne suffit donc plus de penser en réaction au recyclage (notice, carton d’emballage, papier, seringues, aiguilles, etc.), à l’économie des ressources (eau, énergie, biodiversité, etc.), à la valorisation énergétique (récupération de l’énergie par incinération des médicaments non utilisés), à la sensibilisation collective (achat de médicaments responsable auprès des hôpitaux, des institutions et des particuliers), à l’innovation plus respectueuse de l’environnement. Il est plus que temps d’imaginer de nouvelles stratégies industrielles incluant en amont l’écoconception, des solutions pour limiter la production des déchets et pour réutiliser les matériaux secondaires, la valorisation des déchets, la synergie industrielle, le partage d’infrastructure, de matériel industriel, de ressources, de technologies, etc. L’industrie pharmaceutique a tout à y gagner, elle aussi, en termes d’image. Il est certain que les consommateurs sensibles aux enjeux environnementaux se montreront plus confiants et fidèles vis-àvis d’entreprises soucieuses

DR.

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Les 12 principes de la chimie verte (Paul T. Anastas et John C.. Warner, Green Chemistry : theory and practice, Oxford University Press, New York, 1998)

d’œuvrer à la maîtrise de leur empreinte environnementale. De plus, les autorités sont plus soucieuses de l’aspect environnemental du médicament et demandent aux industriels de se concentrer sur cette problématique. Les industries pharmaceutiques se sont donc fixé des objectifs et mettent en place différentes stratégies pour y parvenir. Il est nécessaire d’agir sur tout le cycle du médicament, de sa production jusqu’à son élimination.

Une chimie plus verte À commencer par la réduction de l’impact néfaste du génie chimique sur l’environnement en traitant le problème à sa source par la diminution de la production de déchets pour éviter d’avoir à les traiter en fin de cycle. C’est le concept de « Chimie verte ». La chimie verte passe par la mise en place de nouveau modes de productions et de techniques analytiques pour minimiser l’impact sur l’envi-

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ronnement. Pour ce faire, les réactions chimiques sont petit à petit retravaillées en prenant en compte les douze principes fondateurs. Entre autres, l’utilisation de produits chimiques moins toxiques et la recherche d’alternatives à certains solvants et réactifs dangereux. La diminution de la quantité de solvant utilisée lors du processus de fabrication et de recycler lorsque cela est possible. Les chimistes cherchent aussi à développer la catalyse et la chimie enzymatique pour accélérer les réactions et diminuer les énergies nécessaires. Ainsi, certaines synthèses nécessitant des quantités parfois astronomiques de solvants peuvent être optimisées en utilisant par exemple des procédés mécaniques (broyage, agitation longue…) ou des fluides supercritiques (état de la matière obtenu à haute température et forte pression, donnant des propriétés intermédiaires entre celle des liquides et des gaz). Une application frappante de la chimie verte est la synthèse de l’ibuprofène. Le procédé clas-


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sique génère 20 000 tonnes de déchets, des sous-produits inutilisables, pour 13 000 tonnes de médicament synthétisé en un an. Le procédé « chimie verte » produit un seul sous-produit, l’acide acétique, qui est revalorisable (comme solvant, coagulant, additif dans l’industrie alimentaire ou du tabac, etc.) et n’est donc pas un déchet. De plus, la nouvelle synthèse ne nécessite que 3 étapes, soit deux fois moins que l’ancienne réaction, ce qui se traduit par un gain important de temps et d’argent.

Une meilleure gestion des ressources L’industrie pharmaceutique a pour objectif d’améliorer sa gestion des ressources. Les secteurs pharmaceutiques et biotechnologiques ont des besoins complexes en matière de gestion de l’eau, des matières résiduelles et de l’énergie pour leurs installations de fabrication, leurs laboratoires. Ces fabricants requièrent des connaissances spécialisées dans des domaines tels que la réutilisation de l’eau, la mise au rebut de matières résiduelles dangereuses, le recyclage des solvants et la gestion de l’énergie pour maintenir leur excellence opérationnelle et minimiser leur empreinte environnementale. Pour cela, l’industrie signe des accords avec des entreprises spécialisées dans ce domaine pour améliorer leur installations et innover. La gestion des ressources implique aussi la préservation de la biodiversité. Les ressources naturelles sont très importantes pour la découverte et le développement de médicaments, d’où la nécessité de les préserver.

C’est un point sur lequel l’industrie cherche à réduire son impact par l’investissement dans l’innovation pour synthétiser les molécules d’une autre manière. Les plantes étant la première source de médicaments cela soulève la problématique de l’aspect écologique de l’exploitation de ces ressources qui peut parfois mener à une destruction de l’espace dans lequel elles poussent. Pour cela des innovations ont été faites pour permettre de ne plus avoir recours à ces ressources notamment en synthétisant entièrement les principes actifs qui en sont issus. Des investissements sont aussi faits concernant l’utilisation d’énergies renouvelables. Des sites de productions sont rénovés pour parvenir à utiliser l’énergie d’une nouvelle manière. Sanofi a pour objectif d’utiliser 100 % d’électricité renouvelable sur ses sites en France. En plus de cela, des efforts sont faits pour diminuer la consommation d’eau en modifiant la manière de produire leurs médicaments et de gérer cette consommation via le recyclage de l’eau. Un autre point d’action dans la préservation de l’environnement est le rejet de résidus de médicaments ou de produits chimiques liés à la production dans les eaux. Un des principaux problèmes du secteur pharmaceutique. Pour cela, certaines entreprises ont investi dans des systèmes de traitement des eaux usées au niveau de leur site de production. On a l’exemple de Sanofi qui a signé un accord avec Suez pour optimiser la gestion de l’eau et des déchets des sites de production du groupe pharmaceutique en France et à l’étranger. L’objectif de cet accord est d’augmenter

l’efficacité énergétique des sites de Sanofi via l’optimisation du fonctionnement des unités de traitement des eaux et la valorisation énergétique des déchets, et de «préserver la ressource en eau» via son traitement et son recyclage sur les sites. L’usine de Sisteron sera dotée d’une unité de valorisation énergétique des déchets et de traitement de composés organiques volatils. La mise en œuvre de technologies de pointe afin de rendre nos procédés de gestion de l’eau et des déchets plus écologiques. L’industrie a bien pris conscience des efforts qu’elle devait fournir. Que ce soit pour l’environnement, son image et même économiquement, le secteur pharmaceutique a tout intérêt à améliorer son empreinte environnementale. Des efforts sont faits, notamment du fait de la pression des autorités avec une réglementation de plus en plus contraignante. S’ajoute aussi que les populations se sentent de plus en plus concernées par ces problématiques et réclament des changements. On peut néanmoins souligner qu’après des années d’alertes de la part des scientifiques, le secteur pharmaceutique a tardé pour acter ces changements. Les résidus de médicaments ont été mis en évidence depuis les années 90, mais les mesures sont apparues bien plus tard et reste toujours faibles face à l’urgence climatique. De plus, il y a un fort contraste des mesures selon les régions du monde, il nécessaire de parvenir à une harmonisation pour optimiser les efforts fournis pour la préservation de l’environnement.

Sources : Sites du Ministère de la Transition Écologique et Solidaire, Sanofi, LEEM, The Conversation, Veolia, Suez

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Suite à la prise de conscience de la présence de résidus de médicaments dans le milieu aquatique à la fin des années 1980, le nombre de publications scientifiques sur l’occurrence de ces résidus dans l’environnement a augmenté de façon très importante. Des campagnes nationales d’analyses ont été conduites dans différents pays complétant cette connaissance sur la présence des résidus de médicaments dans l’environnement. Par Melissa Bechroune, étudiante en 4e année de pharmacie à la faculté de Châtenay-Malabry

Dans un premier rapport en 2008, l’Académie de pharmacie synthétise les connaissances sur la nature des dangers, les effets associés, les risques d’exposition, les évaluations de risque et les mesures de gestion des médicaments. Dans ce rapport, il est statué que la présence de traces de substances médicamenteuses et de leur dérivés ou métabolites étaient largement présents dans les eaux, les stations d’épuration et dans les sols. La situation est très inégale selon les pays en fonction de leur développement socio-économique, de l’accès de leurs populations aux soins et de leurs réglementations. Le risque pour les populations dû à l’exposition aux résidus des médicaments n’est cependant pas connu. Néanmoins deux catégories de sources d’émission ont été identifiées : les sources d’émissions diffuses consécutives aux rejets de substances médicamenteuses et de

leurs dérivés dans les urines et les fèces de la population humaine et des animaux de compagnie et d’élevage ou aux déchets des usagers ainsi que les sources d’émissions ponctuelles liées aux rejets de l’industrie chimique fine, de l’industrie pharmaceutique, des établissements de soins, des élevages industriels animaux et piscicoles ou aux épandages des boues de stations d’épuration.

Une réglementation plus contraignante

Puis en 2019, un 2e rapport fut publié dans lequel l’Académie présentait les avancées des recherches ainsi que des propositions d’actions de gestion préventives ou curatives comme la maîtrise des sites de production, la gestion des médicaments non utilisés, l’amélioration des performances des stations d’épuration des eaux usées (STEU), la prise en charge spécifique des établissements hospitaliers, la proposition d’un indice suédois de classement des substances actives en fonction de leur impact pour l’environnement.

La première apparition de la notion d’évaluation du risque environnemental des médicaments a eu lieu aux ÉtatsUnis en 1998. La Food and Drug Administration (FDA) a publié une réglementation décrivant la méthodologie d’évaluation du risque environnemental à adopter par les industries (FDA, 1998). Puis l’Europe, a introduit l’évaluation du risque environnemental, pour les médicaments à usage vétérinaire, au sein d’une directive qui décrit les protocoles et méthodes à utiliser pour évaluer l’exposition environnementale des médicaments vétérinaires. Cette directive a été adoptée

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Pour permettre une action efficace dans le cadre de la protection environnementale, il est nécessaire de mettre en place un cadre réglementaire. Depuis 20 ans, la réglementation se fait de plus en plus contraignante. La notion de sureté implique maintenant, les effets du médicaments sur l’environnement.

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Réglementation autour des résidus   de médicaments dans l’environnement


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en janvier 1997 mais n’a été effective qu’un an plus tard. En 1993, apparait le première directive sur l’indication des risques potentiels sur l’environnement pour les médicaments à usage humain : Environmental risk Assessment (ERA). L’ERA devient obligatoire en 2004 pour toute nouvelle demande de dossier d’AMM. Il est précisé que le risque environnemental devrait être étudié et au cas par cas des dispositions particulières visant à le limiter devraient être envisagées. Néanmoins, l’impact environnemental ne constitue pas un critère de refus pour l’octroi de l’AMM. Un médicament présentant des risques environnementaux peut être autorisé, ce qui n’est pas le cas pour les médicaments à usage vétérinaire qui peuvent se voir refuser l’AMM si le risque est élevé. Sept années ont été nécessaires pour concrétiser la publication de lignes directrices de l’EMA. Elles ne sont effectives que pour les nouveaux médicaments et les modifications majeures à partir de décembre 2006. Elles excluent les génériques, les renouvellements, les modifications mineures. Il est aussi important de noter que sont exclus des lignes directrices les médicaments de phytothérapie, les vaccins, les vitamines, électrolytes, acides aminés, peptides, glucides et lipides. Autre point important, ce texte n’est pas rétroactif ce qui exclut les molécules les plus consommées comme le paracétamol ou le diclofénac.

L’évaluation environnementale réalisée dans le cadre de l’AMM est graduelle. Si la concentration environnementale estimée PEC est inférieure à une valeur guide (10 ng/l), l’étude se conclut par l’absence de risque environnemental et s’arrête là. En revanche, si la PEC est supérieure à la valeur guide, une deuxième évaluation est lancée afin d’identifier et caractériser les dangers (PNEC). L’étude se conclut par une comparaison PNEC/PEC qui permet de caractériser les risques. En cas de risque, deux options s’offrent à l’autorité compétente : inscription dans le Vidal des mesures à prendre pour limiter le risque environnemental ou bien inciter le laboratoire à revoir sa copie.

Indice Suédois La Suède de son côté a mis en place un système de classification des effets environnementaux des produits phar-

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maceutiques qui s’adresse aux prescripteurs qui souhaitent introduire cette préoccupation dans leur choix thérapeutique et apporte une aide pour leurs décisions. Cette classification se base sur une estimation des risques et des dangers. Le risque est calculé en fonction de la concentration environnementale estimée (PEC) et de la concentration maximum pour laquelle il n’y a pas d’effets toxiques pour les organismes aquatiques ainsi que sur l’estimation du danger (PNEC) avec trois indicateurs (PBT) : la persistance, la bioaccumulation et la toxicité. Des niveaux de risques sont ensuite établis : négligeables, faible, modéré et élevé. La grande majorité des médicaments pour lesquelles les données sont connues présentent un risque négligeable. Cependant, pour plus de 200 produits les données sont incomplètes voire même inexistantes, il est donc difficile d’établir un indice.


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Les résultats sont par la suite publiés annuellement dans une brochure dans le but d’informer les prescripteurs (médecins, pharmaciens), les comités pharmacologiques qui formulent des recommandations sur les médicaments à utiliser selon trois critères (efficacité, coût et impact environnemental) mais aussi les patients et les autorités de gestion de l’eau. Permettant ainsi une transparence aux niveaux des produits de santé. Cette démarche n’a pas eu l’effet escompté, son impact est resté faible car les situations où l’impact écologique peut être pris en compte par rapport au bénéfice médical ne sont pas nombreuses. Le critère environnemental est possible lorsqu’il existe des alternatives thérapeutiques de même efficacité aux médicaments. À l’heure actuelle seuls les antibiotiques, les antidouleurs et les œstrogènes sont « éligibles ». En France les Académies de pharmacie et de médecine confirment l’intérêt d’une telle démarche, mais insistent tout particulièrement sur l’exigence de validation indépendante des conclusions données à chaque molécule dans le livret et si possible au niveau européen. Après validation ou correction des données publiées, les académies recommandent, avant éventuelle mise à disposition d’un tel livret, de mettre en place une démarche de communication à caractère national, claire et didactique pour les prescripteurs et les dispensateurs, et non anxiogène pour le grand public, sur des éléments factuels de risque avé-

ré de molécules réellement contaminantes.

Quelles solutions pour l’avenir ? La réglementation en vigueur reste insuffisante, de nombreuses molécules échappent aux obligations par l’absence de rétroaction des directives. Différents experts ont émis des suggestions sur d’autres moyens d’actions pour diminuer la pollution liés aux médicaments. Ils proposent d’introduire en plus de l’évaluation médicale et économique, une prise en compte de ce critère environnemental dans le remboursement des médicaments et ainsi refuser le remboursement ou un remboursement moindre pour les médicaments polluants. Le Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable (CGEDD) estime cependant que cette mesure est difficilement réalisable aujourd’hui étant donné que les médicaments mis sur le marché échappent à tout évaluation du risque environnemental. Cependant cela pourrait être réalisé si les connaissances de l’impact environnemental des médicaments s’améliorent. Le CGEDD pense aussi pouvoir inciter les industriels à développer des médicaments « verts » par « l’allongement de la durée de protection de la molécule, un des rares paramètres à offrir aux industriels un retour motivant ». L’OCDE estime de son côté que la Suisse est aujourd’hui le seul pays à mettre en place l’approche la plus avancée en termes de lutte contre les ré-

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sidus de médicaments dans l’environnement. En effet, les Suisses ont imposé aux stations de traitement des eaux usées de certaines villes d’ajouter un quatrième niveau de traitement des eaux qui consiste à se débarrasser des résidus de médicaments. Cette méthode porte ces fruits pour une majorité des résidus de médicaments. Cependant le coût de cette technique est élevé rendant difficile sa mise en place pour certains pays. La Suisse a investi deux milliards de francs suisses (1,84 milliards d’euros) pour une centaine de stations d’épuration. Elle propose aussi de créer des labels sur les boîtes de médicaments sans ordo avec une note ou indicateur de toxicité du produit sur l’environnement ou bien la vente de médicament à l’unité pour éviter le taux de MNU.

Sources : Rapports « Médicaments et environnement » de l’Académie de pharmacie (2008, 2029), CGEDD, Pollitiquedesante.fr, EMA


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Le dispositif Cyclamed

DR.

En 2018, 80 % des français déclaraient rapporter leurs Médicaments Non Utilisés (M.N.U.) chez leur pharmacien. Ce geste éco-citoyen est permis depuis 1993 grâce à l’association Cyclamed, dont le but est de préserver l’environnement et la santé publique en permettant aux patients de recycler leurs médicaments, périmés ou non.

Présentation L’intérêt de ce tri est multiple. Il permet à ceux qui veulent se débarrasser de leurs MNU d’adopter une démarche écologique : une des missions de l’association est de sensibiliser à la pollution des sols et rivières causée par les principes actifs qui seraient jetés dans une poubelle classique, un évier ou des toilettes. De plus, déposer ses médicaments dans une pharmacie d’officine permet d’éviter de garder chez soi ses MNU, limitant ainsi le risque de confusion entre plusieurs médicaments ou leur ingestion accidentelle, fréquente notamment chez les jeunes enfants. La prise involontaire de médicaments est responsable d’une hospitalisation sur dix et plus d’une intoxication sur deux chez les enfants, les risques ne sont donc pas négligeables. À la création de Cyclamed la collecte avait également un objectif humanitaire, c’était un des éléments décisifs à son montage. Les créateurs de l’association souhaitaient redistribuer aux populations démunies les MNU retournés aux pharmaciens via des organismes humanitaires.

C’était un argument supplémentaire pour atteindre un bon taux de collecte, qui avait été permis par une dérogation au principe du monopole officinal (introduit par la loi n° 92-1279 du 8 décembre 1992). Cette pratique est interdite en France depuis 2009, suivant les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé. Aujourd’hui, l’organisme s’appuie sur de nouveaux arguments pour inciter les patients à recycler leurs médicaments grâce à son image protectrice de l’environnement. En complément des réseaux sociaux, il utilise une campagne TV sponsoring en 2018 ou encore sur une campagne d’affichage dans 70 % des stations de métro et de RER durant l’été 2019 afin de faire connaitre par le plus grand nombre son mouvement de « TRI-athlètes ». La stratégie semble porter ses fruits : selon Cyclamed, 64 % de la population les connaissait en 2019, contre 51 % en 2018.

Le devenir des médicaments recyclés Afin de faciliter l’organisation et la gestion des médicaments possédés par chaque foyer, une application inti-

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Par Chloé Delacour, étudiante en 3e année de pharmacie à la Faculté de Châtenay-Malabry

tulée « Mon armoire à Pharmacie » a été développée. Elle permet de minimiser les efforts de tous ceux qui souhaiteraient trier leurs médicaments. Premièrement, la démarche consiste à identifier les médicaments. Ensuite, il est nécessaire de mettre dans le tri sélectif l’emballage en carton et la notice en papier car seul le médicament en tant que tel est concerné par le dispositif Cyclamed. L’ensemble des pharmacies propose ce système de recyclage : depuis 2007 la récupération des médicaments par les pharmaciens est une obligation légale. Ce sont eux qui vérifient que les médicaments qui leur sont donnés peuvent être recyclés. Elles possèdent un contenant en carton qu’elles pourront donner à leur grossiste-répartiteur une fois rempli. Ce sera à lui de prévenir un transpor-


L’INDUS N° 28 > Dossier : L’Industrie pharmaceutique et son empreinte sur l’environnement

teur qui va assurer l’acheminement des M.N.U. vers l’une des 52 unités de valorisation énergétique du territoire. Leur incinération va permettre de récupérer de l’énergie sous forme de vapeur ou d’électricité. En 2018, les 10 827 tonnes de M.N.U. récupérés ont permis de chauffer et d’éclairer près de 7 000 logements (ce qui revient à 167 g de M.N.U. par habitant).

Le principe du pollueur-payeur DR.

L’éco-organisme est uniquement financé par les laboratoires pharmaceutiques qui lui versent une cotisation pour1/ Letamment dans les pilules contracepeaux usées ursponsoring les à la télévision : chaque boite de médicament tives, l’augmentation de leur baines, les eaux de surface court de 6-7 ou 8 secondes), par son format,face facilite la mémorisation et incite à vendue. Ainsi, ils respectentLe billboard vulnérabilité à leurs préou les (film eaux souterraines. La rapporter les Médicaments Non Utilisés en pharmacie sans les produits de parapharmacie. dateurs causée par les anleurs obligations au titre de pollution peut avoir lieu de tidépresseurs, ou laleCOVID phénol’article L.541-10 du code deVoici plusieurs manières : le dépôt le media-planning TV adapté aux conditions sanitaires en lien avec : mène d’antibiorésistance chez l’environnement qui pose le des MNU dans les toilettes l’homme et l’animal, accru par auprès des principe d’une responsabilité ou la poubelle, certaines pra2020 Nombre de contacts Nombre de contacts Vagues de sponsoring sur les auprès des + 50 ans femmes responsables d’achat l’utilisation trop importante élargie du producteur : « Les tiques agricoles ou par les exchaines hertziennes et de la TNT* avec enfant d’antibiotiques. Seules 200 producteurs s’acquittent de crétions des humains et des molécules parmi les 4 000 susleur obligation en mettant animaux. En effet, entre 30 6 janvier au 2 février 130 millions certifiés 23 millions certifiés ceptibles d’atteindre le comen place collectivement des et 90  % des principes actifs partiment éco-organismes agréés dont des 6médicaments juillet au 2 août sont excré120 millions (estimés) environnemental 21 millions (estimés) ont été recherchées et étudiées ils assurent la gouvernance tés par l’urine ou les selles et Septembre (4 semaines) 70 millions (estimés) 12 millions (estimés) (chiffres 2014). et auxquels ils transfèrent les stations d’épuration et de leur obligation et versent en traitement des eaux usées ne Novembre (4 semaines) 165 millions (estimés) contrepartie une contribution Il est donc important28 demillions conti-(estimés) permettent pas de filtrer la tofinancière ». Les industriels à agir pour réduire la talité des résidus médicamen- 485nuer TOTAL millions 84 millions se voient cependant offrir une présence des produits pharteux. Les concentrations mealternative à la contribution,*France maceutiques dans l’environsurées de l’ordre duChérie ng/L25, Paris 3, M6,sont W9, 6Ter, TF1 séries, 1ère… en mettant en place un éco-ornement. Dans 20 pays euet du μg/L et n’ont pas d’effet amplifier l’efficacité de cettesur campagne, diffusera tout aucomme long de l’année sur le ganisme individuel qui auraitPour toxique ropéens,le des actions à court terme les Cyclamed réseaux sociaux ainsi que d’autres films ou teasers digitaux. pour but de recycler les médicelle de Cyclamed sont mises êtres vivants. Cependant peu caments que le laboratoire a en place afin de promouvoir d’études sont actuellement lui-même mis sur le marché le retour des MNU. La réusdisponibles et ne permettent via son propre réseau de colsite de ces actions repose donc pas de statuer sur les lecte et d’élimination. sur l’éducation de la populapossibles risques d’effet nétion afin de sensibiliser les faste à long terme. L’impact des MNU non consommateurs de produits Il faut donc limiter au maxirecyclés sur la nature pharmaceutiques, mais égamum cette contamination qui lement les prescripteurs et impacte fortement le fonctionEn l’absence de tri, les méles délivreurs de ces derniers. nement des écosystèmes. On dicaments peuvent avoir de peut citer la féminisation des sérieuses conséquences sur poissons et amphibiens causée notre environnement nopar l’éthinylestradiol contenu

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L’INDUS N° 28 > Dossier : L’Industrie pharmaceutique et son empreinte sur l’environnement

Entretien avec Jérôme Enault

Par Melissa Bechroune, étudiante en 4e année de pharmacie à la Faculté de Châtenay-Malabry

n quoi consiste votre E poste ? Dans notre équipe, nous travaillons tous à un même objectif : Évaluer les risques sanitaires liés à l’ensemble des activités du groupe SUEZ. Mon domaine d’expertise est l’évaluation des risques sanitaires liés à la production d’eau potable. Ces risques peuvent être liés à des pathogènes présents dans les ressources ou pouvant recroître dans les réseaux mais aussi à des molécules chimiques (pesticides, perfluorés, résidus de médicaments, etc.). Un autre sujet sur lequel je peux être amené à travailler est celui des risques radiologiques. C’est le cas par exemple en cas de contamination d’une ressource par des radioéléments. Heureusement cela reste des évènements rares. Les actions que je mène dans ce domaine se déclinent sous trois formes : • Des actions d’assistance pour les exploitants de sites de production/distribution d’eau potable : Il s’agit de collègues qui rencontrent des problématiques pouvant avoir une incidence sur la santé des consommateur d’eau du robinet. Nous les aidons à évaluer les risques, et proposons parfois des solutions permettant de les maîtriser.

•À cela s’ajoute des actions de recherche et d’innovation sur la thématique des risques sanitaires. Dans ce cas l’objectif est d’anticiper des futurs problèmes sanitaires ou règlementaires. • Enfin, nous avons une mission de rayonnement scientifique, veille scientifique et d’influence réglementaire pour voir dans quelle mesure notre expertise peut bénéficier à l’extérieur de SUEZ et aider les décisions publiques. uels sont vos parcours Q d’étude et professionnel ? J’ai étudié à la faculté de pharmacie de Châtenay-Malabry. J’ai obtenu mon diplôme en 2013. Au cours de mes études je me suis orienté en filière Industrie et vers le Master 1 « Santé et Environnement » et le Master 2 « Santé publique et risques environnementaux » (co-habilité par les facultés de Chatenay-Malabry, Descartes et l’École des Hautes Études en Santé Publique de Rennes). Au cours de ces deux années de formation, j’ai eu l’occasion d’effectuer un stage à l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) sur la thématique des risques liés aux résidus de médicaments présents dans

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Jérôme Enault, pharmacien spécialisé en évaluation des risques sanitaires au CIRSEE (Centre International de Recherche Sur l’Eau et l’Environnement de SUEZ).

l’eau. Mon autre stage s’est déroulé au CIRSEE, sur la comparaison des apports en micropolluants entre l’eau potable et l’alimentation. À l’issue de mes études, j’ai travaillé 2 ans dans le laboratoire de Santé Publique – Environnement (UMR 8079) situé sur le campus de la faculté de pharmacie de Châtenay-Malabry au sein de l’équipe du professeur Yves Lévi. Au sein de ce laboratoire, je me suis penché sur la problématique des résidus de médicaments et de la modélisation de leurs concentrations dans les eaux usées d’un hôpital francilien. L’objectif était de prédire les concentrations au jour le jour à partir de données fournies par la pharmacie à usage intérieur de l’hôpital et de comparer les résultats avec d’autres analyses effectuées par des partenaires du projet. À la suite de ça, je suis retourné au CIRSEE en 2015. omment avez-vous choisi C votre orientation et pourquoi avoir choisi le domaine environnemental ? Cela s’est fait progressivement, au cours de mes études de pharmacie il y avait des enseignements qui m’intéressaient plus que d’autres. Notamment ceux de biologie moléculaire sur lesquel je pensais m’orienter au début.


L’INDUS N° 28 > Dossier : L’Industrie pharmaceutique et son empreinte sur l’environnement

omment s’organise C votre journée type ? Il n’y a pas de journée type. Dans l’équipe, nous nous organisons au fur et mesure de nos axes de travail actuels et des urgences qui nous parviennent régulièrement. Nous priorisons les choses en fonction de leur importance. En termes d’urgences, nous pouvons également être impliqués en cas de crise. Me concernant, il s’agit d’une implication en cas de problème ayant une incidence sur la qualité de l’eau potable. C’est heureusement particulièrement rare. uels aspects appréQ ciez-vous tout particulièrement dans votre métier ? Le fait de ne pas avoir de journée type et de découvrir des choses nouvelles quasiment chaque semaine avec des thématiques ou problématiques nouvelles. Travailler en évaluation des risques dans le domaine de l’eau est très enrichissant car nous sommes confrontés à tous les types de dangers chimiques, radiologiques et microbiologiques. C’est aussi la difficulté de notre travail car il faut avoir une bonne base de connaissances et

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Cependant, j’ai par la suite beaucoup apprécié les cours d’hydrologie du professeur Yves Lévi et, en parallèle, j’avais suivi d’autres UE qui concernaient ce domaine comme les risques sanitaires et la toxicologie. C’est par la force des choses, en découvrant ces domaines que j’ai cherché à me spécialiser dans le domaine de l’eau. Ça s’est donc fait progressivement au fil des choses que j’appréciais.

d’être capable de dialoguer avec les différents spécialistes de ces domaines (microbiologistes, chimistes) et d’articuler le tout autour de l’évaluation des risques sanitaires. C’est aussi la richesse de notre travail, qui est une sorte de synthèse de différents domaines, centrée sur la santé de nos consommateurs. C’est très pluridisciplinaire scientifiquement et techniquement. Par exemple il faut bien connaître les traitements (de l’eau ou des déchets) que nous mettons en œuvre pour évaluer leur impact sur les risques que nous étudions. Une bonne connaissance des différents métiers de Suez est donc nécessaire. uelles sont les qualités Q requises pour ce poste ? Pour ce poste, il est important d’avoir une ouverture d’esprit car il s’agit d’un métier relativement différent des autres expertises du CIRSEE. Même si dans notre équipe nous avons chacun notre spécialité, nous essayons le plus possible d’être polyvalents.

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Le profil de pharmacien est donc intéressant car celui-ci a disposé d’une formation assez générale. Dans mon métier, j’ai l’occasion de piocher des compétences dans de nombreux enseignements de mes études. omment voyez-vous la C place du pharmacien dans ce domaine ? C’est une position qu’il faut défendre. Il y a 5 ans lorsque j’ai intégré le groupe SUEZ, je ne connaissais que 3 pharmaciens dans le groupe dans des métiers proches du mien. La question de la place du pharmacien dans ce métier a souvent été posée. Néanmoins, l’intérêt de notre formation pour travailler dans le domaine de l’environnement se comprend rapidement. uels conseils pouvezQ vous prodiguer aux étudiants qui aimeraient s’orienter dans ce domaine ? Ce conseil est valable quel que soit le domaine, mais il est très important de bien choisir


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L’INDUS N° 28 > Dossier : L’Industrie pharmaceutique et son empreinte sur l’environnement

uite à la crise sanitaire, S y a-t-il eu des changements que vous voyez perdurer même après ? Il faut essayer de voir du positif : Sur le fond, la crise a été une opportunité pour lancer différents sujets qui sont en lien avec la Covid-19. Par exemple, Cela a permis de démarrer des projets passionnants sur l’épidémiologie des eaux usées. Il s’agit de les analyser, avec comme objectif

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ses stages. Concernant l’évaluation des risques sanitaires, et en particulier dans le privé, il faut avoir conscience qu’il y a peu de postes. À titre d’exemple, dans notre équipe, nous sommes 4 à exercer cette activité pour un groupe de plus de 80 000 personnes.

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de déterminer l’état sanitaire d’une population. Concrètement, nous avons pu mettre en place un suivi de ce type pour le SARS-CoV-2 en milieu d’année dernière. Dans les années à venir, cette approche pourrait être étendue à d’autres pathogènes. La crise est également utile pour sensibilité nos différents interlocuteurs aux risques microbiologiques. Que ce soit en production d’eau potable ou lors du de la prise en charge des déchets, il s’agit du risque principal. Par exemple, au début de la crise, nous avons été sollicités en urgence : Du génome de SARS-CoV-2 avait été retrouvé dans la Seine et la question du risque en production d’eau potable était posée. Nous savions que le virus est très rapidement inactivé dans les eaux usées et l’environnement, et très sensible aux traitements de désinfection. Le risque pour les consommateurs d’eau du robinet est donc totalement négligeable. Cependant, il était important de se poser cette question : d’autres virus, comme ceux responsables des gastro-entérites, doivent être étudiés. Sur la forme, cette problématique occupe beaucoup certains collègues de notre petite équipe. Depuis un an, un collègue évaluateur des risques est à plein temps sur ce sujet. Cette crise a donc conduit à revoir les priorités dans nos sujets de travail.


L’INDUS N° 28 > Actus

La place des femmes dans l’industrie a toujours été plus petite que celle des hommes. La part d’hommes dans le secteur représente une grande majorité depuis de nombreuses années. Mais depuis quelques temps, la tendance actuelle augmente, comme on peut le voir dans nos études, le secteur de l’industrie se dirige progressivement vers l’égalité hommes-femmes. Par Léa Baron, étudiante en 3e année de pharmacie à la Faculté de Châtenay-Malabry

Aujourd’hui, partissent

les femmes se rémajoritairement

dans trois sous-secteurs industriels. Il s’agit des domaines du textile-habillement où elles sont majoritaires avec 61 %, de l’industrie pharmaceutique avec 54 % des effectifs, et de l’agroalimentaire où elles occupent 43% des postes. Nous allons nous intéresser essentiellement à l’industrie pharmaceutique qui nous touche plus particulièrement. Parmi les belles avancées du secteur, le 6 juillet dernier, le Leem a signé un nouvel accord sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Ce nouvel accord, qui révise un accord collectif datant du 24 mars 2011, démontre une volonté de la part des industriels du médicament de réduire les inégalités encore existantes et qui subsistent au niveau des cadres dirigeants. Pour donner quelques chiffres, en 2015 les femmes représentent 57 % des 100 000 salariés de l’industrie du médicament, et jusqu’à 71 % chez Pfizer France par exemple. En comparant ces chiffres à la moyenne de 28 % observée dans les autres industries ma-

nufacturières, on distingue une réelle différence entre l’industrie pharmaceutique et tout autre type d’industrie. Depuis mars 2019, un nouvel outil a été mis en place pour lutter d’autant plus contre les inégalités en entreprise : l’index d’égalité professionnelle femmes-hommes. Il a été décidé par le ministère du Travail, qui permet d’évaluer les différences de rémunération et de promotion dans chaque entreprise. Si l’égalité salariale entre femmes et hommes est inscrite dans la loi depuis 1972, la réalité est bien différente. En France, les femmes sont payées en moyenne 9 % de moins que les hommes à poste, âge et compétences requises égales.

Mais qu’en est-il du secteur pharmaceutique ? Les entreprises du médicament sont particulièrement attentives aux enjeux de parité. L’index d’égalité professionnelle imposé aux entreprises de plus de 250 salariés a permis de montrer que notre secteur d’activité fait

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partie des « bons élèves », avec pour l’immense majorité des notes supérieures à 75, et même plus de 90 sur 100 pour les leaders. Bien que le secteur de l’industrie du médicament a nettement diminué les écarts hommes-femmes, ces avancées en matière de parité sont plus fastidieuses lorsque l’on touche aux plus hautes fonctions. Dans les catégories 10 et 11, soit aux fonctions de direction adjointe et de direction, la part de femmes a régressé de 38,3 % à 37,3 % entre 2017 et 2018 alors qu’elle était en augmentation depuis 2014 (32,8 % en 2014). Depuis décembre 2018, Pfizer France est dirigé par une femme, Henriette Rosenquist, il s’agit d’un fait rare au sein d’une entreprise de médicaments. De plus, l’année 2019 a également vu l’entrée de 3 femmes au sein du bureau du Leem, qui était jusqu’ici entièrement masculin. Cela nous prouve que les mentalités évoluent et que les femmes sont tout autant capables que les hommes d’atteindre le sommet de grandes sociétés.

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Quelle est la place des femmes   dans l’industrie pharmaceutique ?


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L’INDUS N° 28 > Actus

Un autre enjeu qui a aussi son importance, et pas des moindres, concerne la différence de rémunération entre les femmes et les hommes. Cette différence est en moyenne de 2,7 % tous groupes de classification confondus, et les études ont démontré que ce pourcentage augmentait au niveau des hauts postes à responsabilité. Les rares dirigeantes souffrent d’un écart de salaire avec les hommes plus important que dans les autres catégories. Désormais, l’égalité salariale femmes-hommes à poste équivalent fait l’objet d’une obligation de résultats et non plus

simplement d’une obligation de moyens. Même si les choses évoluent certes trop lentement, elles évoluent dans le bon sens. Aujourd’hui, le secteur de l’industrie, dynamique et innovant, fait un réel effort de communication sur son offre d’emploi et sa volonté d’intégrer des femmes autant que les hommes sur ses différents métiers. La porte est ouverte pour tout genre et c’est un beau bilan positif qui démontre le progrès et l’évolution des mœurs dans l’industrie pharmaceutique.

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Sources : Le Leem, Youmatter, APMnews


L’INDUS N° 28 > Actus

Loi sur la programmation   de la recherche DR.

La crise sanitaire actuelle nous a rappelé l’importance de la recherche scientifique pour la société. En effet, il est essentiel pour un pays comme la France d’être à la pointe de la recherche surtout que cette dernière, au cours de ces dernières années, a accumulé du retard sur le sujet suite à un désinvestissement chronique depuis 30 ans. Par Melissa Bechroune, étudiante en 4e année de pharmacie à la faculté de Châtenay-Malabry

Cela que

faisait plusieurs années la

communauté

scienti-

appelait à une réforme concernant la recherche en France pour lutter contre la baisse de l’attractivité, le manque de financement des laboratoires, l’érosion des emplois et les faibles rémunérations.

fique

État de la recherche en France En France, ce sont près de 618  000 chercheurs et personnels de soutien qui participent à la recherche. Parmi eux près de 2 tiers sont des chercheurs. Le personnel de soutien correspond au non chercheurs participant à l’exécution des projets de R&D ou qui y sont directement associés : les techniciens et personnels assimilés, les personnels de bureau et les personnels de secrétariat administratifs. Ces activités de recherche sont réalisées dans les établissements d’enseignement supérieur et les organismes nationaux de recherche (recherche publique). L’effort de recherche est réalisé pour les deux tiers par les entreprises (recherche privée).

En France, 40  % des chercheurs occupent un poste dans le secteur public et 60 % sont salariés dans le privé. Leurs travaux sont publiés dans les revues scientifiques mondiales les plus reconnues et affichent le quatrième indice d’impact le plus fort au monde. La recherche s’organise au sein des universités et des organismes de recherche publics que sont, entre autres, le CNRS (Centre national de la recherche scientifique), l’Inra (Institut national de la recherche agronomique) ou l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale). Ces institutions publiques sont très prestigieuses. Le CNRS est par exemple le premier organisme de recherche au monde en nombre de publications scientifiques. Au total 50 Mds € sont consacrés à la recherche en France mais seulement 15 Mds € d’argent public soit 2,22 % de son PIB. Insuffisant pour mener des projets de recherche publique. À titre de comparaison, l’Allemagne consacre 104,8 milliards d’euros pour 2018 ce qui correspond à moins

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de 3,1 % du PIB allemand – au-delà de l’objectif européen fixé à 3 % pour 2020.

Quelle est cette loi ? Publiée au Journal officiel le 26 décembre 2020, cette loi est centrée autour de 3 axes importants : mieux financer et évaluer la recherche publique, améliorer l’attractivité de la recherche et replacer la science dans une relation plus ouverte avec la société. Sur le plan financier, l’objectif serait d’atteindre 3% du PIB alloué à la recherche contre 2,19  % actuellement. Concrètement, cela représenterait 20 Mds d’euros de budget annuel contre 15 Mds actuellement correspondant à un investissement de 25 Mds d’euros sur les dix prochaines années. Un autre objectif de cette loi, est l’augmentation des moyens annuels de l’Agence nationale de recherche (ANR) pour arriver à un taux de succès des appels à projet de 30% contre 16% actuellement. Concernant les carrières, une revalorisation salariale du personnel de recherche dans l’enseignement supérieur est


L’INDUS N° 28 > Actus

Évolution de la part de la dépense intérieure de R&D dans le PIB (1981-2018)

Pourquoi les scientifiques sont contre ?

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Même si l’effort est là, les scientifiques pensent que cette loi reste insuffisante. L’augmentation progressive sur 10 ans du budget est considérée trop lente. Dans son rapport, l’Académie des sciences considère que « l’inflation naturelle sur cette période de temps effacera une grande partie des sommes supplémentaires inscrites dans la loi ».

prévue. Un seuil minimum de 2 SMIC a été établi pour les chargés de recherche et les maîtres de conférence. À cela s’ajoute 5  200 recrutements supplémentaires. Une nouvelle voie de recrutement, en parallèle à la fonction publique, inspirée des « tenure tracks » américaines est mise en place. Elle consiste en la création de chaires de professeurs juniors où les scientifiques, sélectionnés après un appel à candidatures largement ouvert, se verraient offrir un contrat doté d’un environnement financier attribué par l’ANR – 200  000 euros en moyenne, prévoit le ministère –, et permettant d’accéder, à l’issue d’une période maximale de six ans, à une titularisation dans le corps des professeurs des universités ou des directeurs de recherche.

D’autres mesures ont été prévues, comme la mise en place de contrat post doctoraux pour faciliter la transition professionnelle des docteurs vers des postes pérennes de la recherche publique ou privée. Ainsi que des CDI de mission scientifiques qui doivent remplacer les CDD à répétitions. Dans ce cadre, un CDI est signé entre le chercheur et l’établissement de recherche prenant fin une fois le projet terminé. L’ambition de cette loi est de garder la France compétitive en termes de recherche scientifique pour se préparer aux différents changements comme la transition écologique, l’essor de nouvelles technologies que ce soit dans le numérique ou la santé.

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Autre point de désaccord avec la communauté scientifique, est le financement par appel de projet. En effet, l’augmentation du budget passera en majeure partie par l’ANR au détriment de budgets pérennes. Certains redoutent, la promotion de la recherche basée sur la compétition et le court terme. De plus, il y a un risque de déséquilibre entre les différents organismes avec une concentration des financements au niveau des établissement les plus performants. Sources : Vie Publique, CNRS, Académie des Sciences, Site du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche


L’INDUS N° 28 > Innovation thérapeutique

Par Melissa Bechroune, étudiante en 4e année de pharmacie à la faculté de Châtenay-Malabry

Le diabète est la 7e cause de décès dans le monde. Des millions de personnes partout dans le monde sont touchées avec une incidence croissante liée à l’obésité et à la malbouffe. Il existe deux types de diabètes sucrés : le diabète de type 1 aussi appelé insulino-dépendant où les patients ne produisent plus d’insuline suite à une destruction des cellules ß de Langerhans et le diabète de type 2 pour lequel les patients ne produisent plus suffisamment ou ont développé une insulino-résistance. Dans les deux cas, en l’absence d’insuline, le corps n’est plus capable de décomposer le sucre dans le sang, ce qui peut être fatal. Actuellement le traitement consiste en l’injection d’insuline par voie sous-cutanée plusieurs fois par jour. Ces injections sont vues comme une contrainte pour des millions de patients et souvent la cause de non-observance du traitement. Dans une nouvelle étude publiée le 6 avril 2021 dans la revue Chemical Science, des scientifiques de l’université de New-York à Abu Dhabi annoncent avoir mis au point une nouvelle méthode d’administration. Elle consiste à utiliser la voie orale pour administrer l’insuline. Jusqu’à maintenant cette voie était inutilisable pour l’insuline du fait de la taille de la molécule et de sa nature ainsi que des conditions physiologiques du tube digestif et l’insuline se retrouve très vite dégradée une fois dans le tube

digestif sans pouvoir atteindre la circulation sanguine.

Des pilules pour remplacer les injections Cette innovation est sous forme de pilules d’insuline constituées de nanoparticules gastro-résistantes à structure organique covalente liée à l’imine (nCOF). Ces nanoparticules sont chargées d’insuline protègent l’hormone du pH acide de l’estomac tout en étant sensibles au sucre. Elles sont ensuite capables de franchir la barrière intestinale et atteindre la circulation sanguine. Une fois dans le sang, elles peuvent surveiller automatiquement les niveaux d’insuline du patient et ne libérer la substance que lorsque cela est nécessaire. Le glucose pénètre dans les particules et déloge l’insuline qu’elles contiennent. Ce schéma fonctionne également dans l’autre sens, de sorte que la libération d’insuline ralentit lorsque la glycémie redescend. Les nanomatériaux sont suffisamment durables pour résister à la digestion et garantir que le traitement parvient à la circulation sanguine. Selon les dires des chercheurs, ce système d’administration d’insuline est « biocompatible, très stable dans l’estomac, spécifique et capable de fournir la bonne quantité d’insuline en fonction de la glycémie du sujet diabétique ». « Notre travail surmonte les barrières d’admi-

nistration de l’insuline par voie orale en utilisant des nanoparticules [...] chargées d’insuline, qui présentent une protection de l’insuline dans l’estomac ainsi qu’une libération sensible au glucose  », a déclaré Farah Benyettou, co-auteure de l’étude. « Cette technologie répond rapidement à une élévation de la glycémie, mais s’arrêterait rapidement pour éviter une surdose d’insuline et améliorerait considérablement le bien-être des patients diabétiques », a-t-elle ajouté. Pour le moment cette méthode n’a démontré son efficacité que chez le rat, les chercheurs tentent d’affiner la chimie de son système en explorant et en testant différents types de nanoparticules. Un autre système est aussi en cours de développement par des chercheurs du MIT. Cette nouvelle forme d’administration est appelée SOMA, il s’agit alors d’une capsule contenant alors des microaiguilles biodégradables chargées en insuline qui une fois dans le tube gastro-intestinal sous l’influence d’un pH plus basique que celui de l’estomac la capsule s’ouvre et déploie trois axes comprenant des microaiguilles solubles. Ces aiguilles d’un millimètre de long s’insèrent dans la couche superficielle de l’intestin grêle et se dissolvent en délivrant in situ de l’insuline. L’hormone passe ensuite dans la circulation sanguine générale pour faire baisser la glycémie.

Sources : Revue Chemical Science, Revue Science, Le Quotidien du médecin, Info-diabete.com

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Une administration orale  pour l’insuline


L’INDUS N° 28 > Innovation thérapeutique

Innovation Thérapeutique :  les CAR-T-cells

Le

concept des car-t-cells

lules

t

à

récepteurs

(cel-

antigé-

niques chimériques) est simple : combiner la thérapie génique à la thérapie cellulaire. L’idée étant de combattre une leucémie en utilisant nos armes immunologiques (anticorps et lymphocytes). Ce principe est déjà utilisé dans la greffe de moelle osseuse. En revanche, il est plus difficile à mettre en place dans le cas des CAR-T-cells.

Il s’agit donc de prélever au patient des globules blancs spécialisés dans la reconnaissance et la destruction de cellules pathogènes (des lymphocytes T), les modifier génétiquement in vitro de manière à leur faire exprimer un récepteur artificiel, dit chimérique. Ce récepteur est conçu de telle manière que sa partie extracellulaire reconnaisse un antigène tumoral, le plus spécifiquement possible afin d’éviter les effets néfastes sur d’autres organes du patient. L’objectif est donc de rendre ces lymphocytes T plus puissants et plus spécifiques. On les multiplie puis on les réinjecte dans le corps du patient afin que ces CART-cells détruisent les cellules tumorales.

reconnaitre spécifiquement les cellules leucémiques, peut permettre de résoudre une bonne partie de ces problèmes. Cette idée brillante de transformer un lymphocyte T en médicament « vivant » a donc donné le jour aux CAR- T-cells, dont l’activité clinique a été confirmée dans la leucémie aiguë lymphoblastique (LAL) par plusieurs équipes américaines. On peut également avoir recours à un donneur « allogénique » (identifié au sein de la famille ou dans un fichier de donneurs volontaires) mais cela nécessite, même si le donneur est choisi pour sa relative compatibilité, de détruire le système immunologique du

patient receveur pour éviter le rejet. Il nécessite aussi de contrôler la réactivité des lymphocytes transplantés pour en limiter les effets néfastes sur d’autres organes (maladie du greffon contre l’hôte). Les premiers essais cliniques dans la LAL sont apparus en 2012-2013, et ils sont très concluants. Trois équipes américaines (Penn University, National Cancer Institute, Memorial Sloan Kettering) ont rapporté les résultats de trois études indépendantes, menées chez des patients présentant des cellules leucémiques persistantes après traitement standard et parfois après allogreffe. Plusieurs dizaines de

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L’utilisation de lymphocytes T autologues, c’est-à-dire du patient lui-même, capables de

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Par Lydia Kechemir, étudiante en 3e année de pharmacie à la Faculté de Châtenay-Malabry

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L’INDUS N° 28 > Innovation thérapeutique

patients ont été traités. Les résultats sont concordants : • Forte expansion et activation des CAR-T-cells chez les patients après réinjection. • Disparition des cellules leucémiques dans 70 à 90% des cas, même en utilisant des techniques de détection ultrasensibles. • Persistance des CAR-T-cells dans l’organisme du patient plusieurs mois après réinjection. • Pas d’induction de maladie du greffon contre l’hôte chez les patients ayant préalablement reçu une allogreffe. Depuis quelques années, l’immunothérapie à base de CART-cells a révolutionné le traitement clinique contre les formes sévères de cancer, notamment les lymphomes. Une nouvelle étude pointe cependant les risques secondaires graves et la neurotoxicité de ce nouveau traitement. L’équipe du Brigham and Women’s Hospital ont révélé la prévalence généralisée des symptômes neurologiques après le début du traitement par CAR-T-cells : 77  % des patients avaient éprouvé au moins un des symptômes. Le plus fréquent est l’encépha-

lopathie, une maladie du cerveau qui cause de la confusion, mais d’autres symptômes tels que des maux de tête, des tremblements, une faiblesse et une dysfonction du langage ont également été observés. Les chercheurs ont cependant noté que la plupart de ces symptômes étaient réversibles et ont donc fini par disparaître dans la majorité des cas. La Commission d’évaluation économique et de santé publique a, quant à elle, exprimé de nombreuses réserves concernant l’efficience de ces spécialités : le coût est très élevé, et les incertitudes sur le prix à payer pour obtenir un bénéfice clinique sont nombreuses. On estime aujourd’hui que cette thérapie personnalisée coute environ 350 000 euros par personne. Ils ont également un impact organisationnel conséquent dont il faut tenir compte : la prise en charge implique des déplacements, un hébergement du patient à proximité de l’établissement de santé pendant plusieurs semaines.

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L’INDUS N° 28 > Expérimentation

L’expérimentation du cannabis médical en France : cadre, contexte   et mise en œuvre Par Yosser Essid, étudiante en 3e année de pharmacie à la Faculté de Châtenay-Malabry

lancement de l’expérimen-

tation du cannabis médical en

France s’est tenu ce vendredi 26 mars dernier, au CHU de Clermont-Ferrand, où le ministre de la Santé Olivier Véran s’est rendu pour l’occasion. Très attendue, cette expérimentation durera deux ans et concernera au total près de 3000 patients volontaires et éligibles. « Cette expérimentation vise à recueillir les premières données françaises sur l’efficacité et la sécurité du cannabis médical, ainsi qu’à préparer les circuits de sa mise à disposition à terme » (Communiqué de presse du Ministère des Solidarités et de la Santé, mars 2021). Ce projet, au cœur de nombreux débats dans la sphère médicale, suscite le questionnement quant à sa mise en œuvre. En voici les premières réponses.

Quel est le cadre de réflexion autour de cette initiative ? En octobre 2019, l’Assemblée nationale donne son feu vert à une expérimentation de l’usage du cannabis médical. L’initiative, pilotée par l’ANSM, est ainsi inscrite dans loi de financement de la sécurité sociale pour 2020, pour une durée de deux ans. Un rapport au Parlement est prévu

6 mois avant la fin de l’expérimentation afin d’envisager les suites pouvant être données à cette expérimentation. La réflexion de l’ANSM sur la faisabilité de la mise à disposition du cannabis médical en France s’est faite en fonction de trois facteurs principaux. Premièrement, des données scientifiques convergentes ont montré un intérêt du cannabis dans le traitement de certains symptômes de différentes pathologies. Dans un deuxième temps, on a constaté une demande accrue, de plus en plus nombreuse de la part de patients et de professionnels de santé ; enfin les résultats concluants des bénéfices de l’usage médical du cannabis dans de nombreux pays en Europe et dans le monde ont été communiqués. Ces trois éléments, ainsi que de nombreuses discussions avec des associations de patients, des professionnels de santé, des sociétés savantes, des acteurs en charge de l’économie, ainsi que la consultation des avis des pays où le cannabis médical est utilisé, ont poussé l’ANSM à poursuivre le lancement de ce projet. Ainsi, ce lundi 29 mars, les 215 centres de références situés dans 170 hôpitaux de l’hexagone ont démarré l’expérimentation, grâce à des médecins formés, sur la base du volontariat.

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Quels sont les patients concernés ? Les patients éligibles à une prescription de cannabis médical sont les patients souffrants de douleurs neuropathiques, de certaines formes d’épilepsie, d’effets secondaires de la chimiothérapie, de situations de soins palliatifs ou certaines douleurs de la sclérose en plaques, seulement si les traitements initialement mis en place soulagent de manière insuffisante ou ne sont pas bien tolérés par ces patients. De plus, la première consultation se fera obligatoirement dans un des centres de référence, avec des patients déjà suivis dans ces services hospitaliers spécialisés ou bien adressés par leur médecin traitant. La décision d’inclure ou non le patient revient exclusivement aux médecins des centres de la structure de référence. L’ANSM rappelle aux patients qu’ils ne doivent en aucun cas arrêter leur traitement bruta-

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Le


L’INDUS N° 28 > Expérimentation

lement et d’eux-mêmes, mais qu’ils pourront librement, au cours de chacune des consultations de suivi, et sur les conseils de leur médecin, décider de poursuivre ou d’arrêter de participer à l’expérimentation.

Sous quelle forme sera délivré le cannabis ? Le cannabis médical sera délivré sous forme d’huile par voie orale (en flacons de solutions buvables) ou de fleurs séchées par inhalation à l’aide d’un vaporisateur. À noter que la délivrance de fleurs séchées est retardée pour cause de covid-19, car la mise à disposition du système de vaporisation associé n’est pas totalement finalisée, l’appel d’offres des fournisseurs étant en cours. On estime la mise à disposition des fleurs séchées courant le mois de juin 2021. Les médicaments seront disponibles à différents dosages des substances actives de tétrahydrocannabinol (THC) et de cannabidiol (CBD), à ratio THC dominant, ratio équilibré en THC et CBD, ou ratio CBD dominant. Enfin, pour des raisons évidentes de santé publique, le cannabis à fumer est exclu du protocole.

Quels sont les fournisseurs ? La culture du cannabis médical n’étant toujours pas autorisée en France, l’ANSM a lancé en octobre 2020 un appel d’offres pour les fournisseurs étrangers. Ces-derniers ont dû nouer un partenariat avec un établissement pharmaceutique exploitant auto-

risé et situé en France. Au total, 6 binômes exploitant/ fournisseur ont été retenus. Les fournisseurs sont des laboratoires canadien, israélien, britannique et australien. « Afin de garantir l’approvisionnement en cannabis médical de manière continue et donc de prévenir les ruptures de stock, le fournisseur devra indiquer dans son offre les différents sites de culture de cannabis et de fabrication de cannabis médical. Le fournisseur devra, dans son offre, fournir des échantillons de cannabis médical, accompagnés de leurs certificats d’analyse de la matière première et des produits finis. L’exploitant aura l’obligation de toujours disposer d’un stock équivalent à un mois de traitement pour tous les patients concernés par la forme de cannabis médical pour laquelle le fournisseur est retenu.» (Publication de l’ANSM, mars 2021). Des contrôles pourront être réalisés à tout moment afin de s›assurer de leur qualité, l’ANSM. De plus, à noter que le cannabis sera fourni gratuitement pendant toute l’expérimentation. Ainsi, bien que le cannabis fourni ne rapportera pas immédiatement de l’argent, l’expérimentation permettra aux multinationales du cannabis de se positionner sur le marché français. Au sujet des fournisseurs du dispositif de vaporisation mentionné plus haut, l’ANSM est actuellement en charge de la mise en concurrence, sélection et désignation d’un prestataire, via un appel d’offres. Ce prestataire devra assurer la livraison du dispositif de vaporisation aux pharmacies

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à usage intérieur des établissements de santé et aux pharmacies d’officine participant à l’expérimentation.

Quelles sont les modalités de prescription ? La prescription initiale est nécessairement hospitalière. Comme tout stupéfiant, la durée de prescription (sur ordonnance sécurisée), est de vingt-huit jour maximum. Par la suite, un médecin généraliste formé et volontaire pourra prendre le relais de prescription. Les résultats de cette expérimentation, attendus pour septembre 2023, permettront d’envisager les suites et l’éventuelle généralisation du cannabis médical en France. L’ANSM publiera régulièrement des avancées de cette expérimentation, dont les enjeux finaux sont la maitrise d’une grande partie des risques liés à la provenance du produit, l’évaluation des effets thérapeutiques en fonction pathologie, et la mise en place d’un cadre de consommation médical, qui pourrait amener une dimension moins péjorative du cannabis, pourtant responsable de prouesses thérapeutiques et d’espoirs de guérison aux yeux d’un grand nombre de patients. Sources : Ministère des Solidarités et de la Santé, ANSM, Sciences et Avenir


L’INDUS N° 28 > En bref

En bref Détruire les cellules  cancéreuses  sans médicament ? La promesse des nanoparticules « Cheval de Troie »

Cependant, ces nanoparticules doivent encore être l’objet de nombreuses recherches avant de véritablement devenir un nouveau traitement viable pour le cancer. Néanmoins, leur avenir reste prometteur d’autant que celles-ci n’ont montré, pour le moment, aucun effet indésirable. Sources : Inserm, Futura-Sciences

Tests microfluidiques :  un projet français pour améliorer le dépistage du Covid-19

Aujourd’hui, la première cause de décès dans les pays développés sont les cancers. Les traitements actuels présentant tous un problème commun qui est la résistance aux médicaments pour les cancers récurrents. C’est pourquoi, la communauté scientifique doit faire preuve d’inventivité pour trouver de nouveaux traitements. En effet, à Singapour une équipe de chercheur propose une nouvelle approche basée sur l’utilisation des prometteuses nanoparticules. Ces nanoparticules sont alors recouvertes d’un acide aminé spécifique, la L-phénylalanine, apportée par l’alimentation et qui assure aux cellules cancéreuses une prolifération rapide. À l’image du célèbre Cheval de Troie de la mythologie grecque, la L-phénylalanine agit comme un manteau pour permettre aux nanoparticules thérapeutiques anticancéreuses de pénétrer à l’intérieur des cellules cancéreuses. Le professeur Dalton Tay de la National Taiwan University a déclaré que l’innovation se trouvait dans l’utilisation d’un nanomatériau comme médicament plutôt que comme vecteur de médicament. En effet, la nanoparticule utilisée ici, appelée Nano-pAAM (Nanoscopic phenylalanine Porous Amino Acid Mimic), possède des propriétés anticancéreuses intrinsèques qui ne nécessite pas d’activation par des stimuli externes. Une fois à l’intérieur de la cellule, la Nano-pAAM stimule la production d’espèces réactives d’oxygène (ROS) qui provoquent la mort par apoptose des cellules cancéreuses tout en restant inoffensif pour les cellules saines. L’efficacité du Nano-pAAM a été testé sur des souris et a présenté des résultats très encourageants avec presque 80% d’efficacité pour les cellules cancéreuses du sein ou encore de l’estomac.

Pour mettre fin aux interminables files d’attentes devant les laboratoires d’analyse et répondre à une importante demande de tests PCR, une startup française Fluigent a accepté de mettre son expertise dans le domaine de la microfluidique au service du dépistage. L’objectif est de réduire les délais d’attente ainsi que les coûts engendrés tout en conservant un haut niveau de fiabilité. La société Fluigent basée au Kremlin-Bicêtre n’est autre que le leader français de la microfluidique. Ce domaine en plein essor qui correspond à la science de la manipulation des fluides à l’échelle micrométrique. L’objectif de l’entreprise tricolore est de co-développer avec de grands acteurs du secteur du diagnostic, des laboratoires miniatures mobiles d’analyse tout-en-un de la taille d’une imprimante de bureau. Ces mini laboratoires fonctionneront sur le même principe que la PCR mais nécessiteront une quantité plus faible de réactifs permettant de rendre les tests moins couteux. Ceux-ci seront également entièrement automatisés et pourront traiter plusieurs échantillons en même temps. Mais l’atout principal reste que la machine pourra être utilisée directement par les laboratoires qui effectuent les prélèvements. Ainsi, toute la chaîne logistique qui comprend l’envoi des échantillons et le délai de retour sera supprimé ce qui correspond à un gain de temps non négligeable dans la course contre l’épidémie. « L’idée est bien de décentraliser les analyses en les faisant localement, de simplifier la prise de décision et de minimiser les risques

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L’INDUS N° 28 > En bref

de diffusion » a expliqué France Hamber la présidente de Fluigent. Ce projet basé sur la microfluidique qui réunira les prélèvements et les résultats dans une même machine va donc permettre d’améliorer le diagnostic et de continuer de réaliser des tests massivement avec des résultats rapides au service de l’épidémie de Covid-19.

qui arrivera en Europe devra alors être soumis de nouveau à des tests et des coûts financiers. Ainsi, un allongement des délais sera à prévoir. La fédération européenne EFPIA ainsi que la fédération britannique ABPI ont alarmé sur la nécessité urgente d’accords techniques entre le Royaume-Uni et le reste de l’Europe. Sans accord, les risques de perte de compétitivité au profit du Japon ou de la Chine seront importants. Cependant, les entreprises anticipent tout de même ces changements depuis au moins 2 ans. Ainsi, Sanofi a par exemple augmenté ses capacités de stockage outre-Manche et a exclu le Royaume-Uni de ses chaînes d’approvisionnement pour les médicaments distribués en Europe. De même à Novartis où les stocks outre-Manche ont été revus à la hausse. De plus, un autre problème important est posé par le transfert de l’Agence européenne des médicaments (EMA) à Amsterdam initialement basé à Londres. Effectivement, ce sont majoritairement les filiales britanniques des laboratoires qui détiennent et procèdent aux AMM par soucis de proximité. Ainsi, 200 AMM ont dû être transférées pour que le titulaire de l’AMM soit basé sur le continent européen. Pour les mêmes raisons de proximité, de nombreux essais cliniques européens étaient réalisés en Angleterre ainsi que des contrôles qualité. Il a donc fallu transférer au-delà de l’administratif, des technologies adaptées obligeant les laboratoires à modifier leurs capacités et leur organisation. Le Brexit continue donc d’imposer de lourdes modifications sur l’organisation de l’Industrie Pharmaceutique au sein de l’Europe et certains points comme les taxes douanières restent encore flous.

Sources : Usine Nouvelle, Les Échos

À quelques mois du Brexit, quel est le sort réservé   à l’Industrie Pharmaceutique européenne ?

Le Brexit, enjeu de taille pour l’industrie Pharmaceutique européenne. En effet, chaque mois 37 millions de boîtes de médicaments sont envoyés outre-Manche et près de 45 millions quittent le Royaume-Uni pour l’Europe. Le marché britannique des produits pharmaceutiques représente 9% du marché européen. « L’industrie pharmaceutique s’est bien préparée à assurer la continuité et la stabilité des approvisionnements des deux côtés du Channel, mais des zones de flou demeurent », explique Philippe Lamoureux, directeur général du Leem, le syndicat de l’industrie pharmaceutique. En effet, tous les médicaments sont soumis à de nombreux contrôles et tests pour assurer leur conformité aux critères de sécurité et de qualité et à l’heure actuelle aucun accord de reconnaissance mutuelle sur ces contrôles n’a encore été mis en place. Un médicament

Sources : Les Échos, Challenges

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