INDUS 29

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Le journal

L’INDUS Le journal de l'APIEP

Dossier L’évaluation des nouveaux médicaments permet-elle de suivre le rythme de l’innovation ?

Innovations thérapeutiques En bref

N° 29


L’INDUS N° 29 > Sommaire

Sommaire octobre 2021 p. 5

Édito.

DEVENEZ MANAGER DANS LES INDUSTRIES DE SANTÉ. CHOISISSEZ VOTRE PARCOURS ! MARKETING

p. 4

Dossier : L’évaluation des médicaments

AFFAIRES RÉGLEMENTAIRES p. 11

1 AN POUR ACQUÉRIR UNE DOUBLE COMPÉTENCE ET FAIRE LA DIFFÉRENCE !

L’évaluation des médicaments permet-elle de suivre le rythme de l’innovation ? p. 5 L’évolution du secteur pharmaceutique suite à la crise du Mediator p. 8 La technologie au service de la pharmacovigilance p. 11 Comment le vaccin contre le SARS-Cov2 a-t-il pu être mis sur le marché aussi rapidement ? p. 13

Innovations thérapeutiques Le cœur artificiel Carmat p. 17 DenovoCast : une machine à générer de la peau humaine p. 18 Un mini pancréas bio-imprimé pour lutter contre le diabète p. 19 L’impression 3D pour réparer les os p. 20 p. 13

En bref p. 21

4 MOIS

DE FONDAMENTAUX

8 MOIS

p. 20

D’ALTERNANCE

L’IMIS, L’ÉCOLE DE MANAGEMENT SPÉCIALISÉE DANS LES INDUSTRIES DE SANTÉ Master of Science MSc

MANAGER INTERNATIONAL DES INDUSTRIES ET SERVICES EN SANTÉ. 2

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En cette rentrée universitaire, l’ensemble de l’APIEP vous souhaite une excellente année. Qu’elle soit remplie de réussite et vous permette de réaliser tous vos projets.

Le 27 janvier 2020, la Haute Autorité de Santé dévoile son plan d’action concernant l’évaluation des médicaments innovants en réponse aux progrès et à l’accélération du développement des thérapies géniques et cellulaires.

L’évaluation des médicaments est un sujet d’actualité, notamment depuis l’arrivée des vaccins contre la Covid-19 sur le marché qui a suscité de nombreux débats. Il est compréhensible que certaines personnes s’inquiètent quant à la qualité et l’efficacité des vaccins suite à leur développement très rapide. Ce 29e numéro tente d’expliquer comment le système d’évaluation des médicaments s’efforce de garantir leur sécurité, en revenant sur les changements depuis la crise du Mediator mais aussi en informant sur les évolutions du système. De nombreux changements sont en cours, notamment pour s’adapter aux innovations, de plus en plus nombreuses et rapides.

Je vous souhaite une excellente lecture. Chloé Delacour Rédactrice en Chef de L’INDUS

Ours : L’INDUS

est

de

permettre

de la Commission de Transparence et au Service Évaluation des Médicaments (SEM), qui ont un délai d’un mois maximum pour rendre leur avis. un

accès plus rapide aux patients atteints

Numéro 29

l’APIEP Octobre 2021 • Publication de é Paris-Sud 11 ersit Univ Faculté de Pharmacie enay-Malabry Chât 0 9229 • ent Clém J-B. 5, rue m • www.apiep.net il.co gma a e-mail : apiep.pharm @ é Delacour Chlo Directrice de la publication : uation des médiacRédacteurs : Dossier « L’éval Innovations théra • cour Dela é ments » : Chlo at : Melissa Bepeutiques : Le cœur artificiel Carm à générer de la hine mac une ast : chroune • DenovoC mini pancréas Un peau humaine : Marie Rousseau • ète : Melissa diab le re cont r lutte r bio-imprimé pou rer les os : répa r Bechroune • L’impression 3D pou Heitz, Maa andr Alex es : Brèv ux • Daphnée Bourdea er Reni non Cohen, Lisa Bouzar, Mathilde Couverture : Albane Laurin Partenariats : Manon Raillard aide, ainsi qu’à tous Merci aux relecteurs pour leur tout au long ance confi leur pour nos partenaires de l’année. es : Conception & réalisation graphiqu  : 2114-7388 Nadine Gautier-Quentin • N° ISSN

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Le plan d’action de la HAS pour l’évaluation des médicaments innovants L’enjeu

Elles restent nombreuses à voir le jour malgré l’énergie mobilisée pour nous sortir de cette pandémie. Parmi elles, l’arrivée de la possibilité de remplacer certaines parties du corps : un cœur artificiel, l’impression de pancréas et d’os ou encore la possibilité de générer de la peau. Ce journal a l’ambition de se développer encore plus, notamment dans le domaine du numérique avec un accès facilité via l’application de l’APIEP dans le but d’être toujours au plus proche de vous.

Par Chloé Delacour, étudiante en 4e année de pharmacie à la faculté de Châtenay-Malabry

de

maladies

graves

n’ayant pas de traitement actuellement tout en garantissant leur efficacité et leur sécurité. En effet, une préoccupation forte des acteurs du secteur est le délai d’accès des patients à l’innovation. Le délai légal fixé par l’Union européenne est de 180 jours entre l’obtention de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) et la prise en charge du médicament. Le but de ce plan d’action est de s’adapter au contexte d’innovation est d’être plus agile dans ses modes d’évaluation. Pour qu’un médicament soit considéré comme « présumé innovant », il doit répondre à 3 critères : il doit à la fois constituer une nouvelle modalité de prise en charge de la maladie, être susceptible d’apporter un progrès cliniquement pertinent et répondre à un besoin non couvert ou mal couvert. La demande doit être faite par le laboratoire auprès

Ce plan d’action repose sur 6 points : 1. Rendre des avis conditionnels, le temps de lever les incertitudes Les avis conditionnels représentent une procédure qui permet d’évaluer un médicament innovant de façon provisoire lorsque son développement clinique n’est pas optimal. 2. Suivre les médicaments en vie réelle pour vérifier les promesses initiales Les études en vie réelles permettent de compléter les études cliniques. 3. Renforcer l’agilité de la HAS pour mieux accompagner l’innovation a. Se concentrer sur des évaluations à forte valeur ajoutée b. Développer les rencontres précoces pour accompagner les développements cliniques c. Promouvoir les procédures d’évaluation accélérées (dites de « fasttracking »)

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Il me tient à cœur de remercier l’ancienne rédactrice en chef, Melissa Bechroune, qui a su continuer à faire vivre ce journal l’année dernière malgré une période compliquée. Elle a permis une digitalisation de L’INDUS, notamment via la création d’une page Facebook sur laquelle sont postés de nouveaux articles hebdomadairement. Vous pouvez aller la consulter en scannant le QR code présent sur cette page.

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Chers lecteurs, chères lectrices,

L’évaluation des nouveaux   médicaments permet-elle de suivre   le rythme de l’innovation ?

Édito

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L’INDUS N° 29 > Dossier : L’évaluation des nouveaux médicaments

Cette procédure d’évaluation anticipée, « fast-tracking », a pour objectif de mettre à disposition des patients le plus rapidement possible des médicaments répondant à des besoins médicaux non satisfaits. Il s’agit de rendre un avis de manière accélérée après l’obtention de l’AMM si le médicament remplit les 3 conditions pouvant le qualifier de médicament « présumé innovant ». d. Améliorer l’efficience collective 4. Impliquer systématiquement les patients et usagers Il est nécessaire de porter une attention particulière à l’impact qu’a le traitement sur la qualité de vie d’un patient notamment lorsqu’il s’agit de traitements lourds. La qualité de vie du patient est un indicateur significatif mis en valeur dans les projets d’avis.


L’INDUS N° 29 > Dossier : L’évaluation des nouveaux médicaments

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Source : gouvernement.fr

L’INDUS N° 29 > Dossier : L’évaluation des nouveaux médicaments

5. Renforcer la transparence a. Sur les délais b. Sur les études post-inscription 6. Renforcer la coopération européenne pour mutualiser les savoirs

Bilan de juin 2020 Un premier bilan positif de ce plan d’action a été rendu en juin 2020. Malgré la crise sanitaire, Christian Thuillez, président de la commission de la transparence, a affirmé « 21 dossiers de médicaments particulièrement innovants ont obtenu des ASMR de 1 à 3 depuis janvier 2020, on peut parler de succès de l’innovation ».

Projet de loi pour le financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2021

d’utilisation (RTU) qui permettaient respectivement de bénéficier d’un accès précoce au marché, à la prise en charge et d’encadrer un protocole dédié des prescriptions non conformes à une AMM ont été remplacées par de nouveaux dispositifs d’accès au marché. On retrouve le dispositif d’accès précoce pour les spécialités dont l’efficacité et la sécurité sont fortement présumées pour lesquelles l’indication thérapeutique correspond à une maladie grave qui ne possède pas de traitement. Il s’adresse donc à des médicaments innovants, sous réserve de l’engagement du laboratoire de déposer une demande d’AMM pour cette indication dans les 2 années qui suivent. L’accès précoce

cible les médicaments pour lesquels le laboratoire a une stratégie commerciale. Il y a également l’accès compassionnel, pour les médicaments qui permettent de traiter des patients atteints de maladies pour lesquelles il n’existe pas de traitement approprié sans qu’ils ne soient destinés obtenir une AMM en France. Il cible les besoins médicaux pour lesquels le laboratoire n’a pas de stratégie commerciale. Il peut être demandé par un prescripteur hospitalier pour un patient désigné sous réserve que l’ANSM puisse présumer d’un rapport bénéfice/risque favorable pour une maladie grave, rare ou invalidante : c’est une autorisation d’accès compassionnel nominative (AAC). Il peut également être

à l’initiative de l’ANSM lorsqu’un médicament est prescrit pour des indications hors AMM : c’est une prescription compassionnelle (CPC). Une dérogation est cependant possible, lorsqu’un patient se retrouve dans une impasse thérapeutique ne pouvant pas attendre la mise en place d’un accès précoce alors que le médicament y serait éligible. Si la situation nécessite une décision immédiate, l’ANSM peut alors octroyer une autorisation d’accès compassionnel sur la demande d’un médecin prescripteur pour des médicaments à un stade très précoce de la recherche clinique : c’est l’accès compassionnel « pré-précoce » ou « très précoce ».

Accès facilité par Macron, présentation de la stratégie « Innovation Santé 2030 »

Dans la continuité de ces démarches, le projet de loi pour le financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2021 avait l’ambition de réformer le processus d’accès aux médicaments innovants avant leur lancement sur le marché français. Depuis le 1er juillet 2021, les 2 régimes de prise en charge dérogatoire des médicaments, les autorisations temporaires d’utilisation (ATU) et les recommandations temporaires

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Le conseil stratégique des industries de santé a pour but d’établir un dialogue entre l’État et les industriels afin d’améliorer l’attractivité de la France dans le secteur de la santé. Pour sa 9e édition, le 29 juin 2021, Emmanuel

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«

Nous vivons aujourd’hui une vraie révolution dans les domaines de la santé et des sciences   de la vie. Les thérapies géniques, la capacité   de soigner des maladies rares, l’immuno-oncologie, la génomique, le séquençage de l’ADN, l’utilisation de l’ARN comme vecteur de soin, l’application   de l’intelligence artificielle à la santé sont autant   de transformations majeures. Et je suis convaincu que les décennies à venir seront celles de la santé,

»

des biotech et des sciences du vivant.

Emmanuel Macron, Éditorial de la présentation du plan Innovation Santé 2030 - Terry Pratchett

Macron a présenté la nouvelle stratégie nationale à l’horizon 2030. Parmi les mesures annoncées, la mise en place d’un accès au marché dès l’avis rendu par la HAS pour les médicaments avec une ASMR 1 à 4 sans attendre la négociation avec le CEPS. Si elle échoue, le médicament sera retiré du marché. « Nous mettons en place un dispositif comparable à ce qui

fonctionne en Allemagne », a précisé le président de la République. Une autre annonce pour favoriser l’innovation est celle de la création d’une agence de l’innovation dédiée à la santé. L’objectif est de réduire les temps de négociation des prix des médicaments et des procédures ainsi que de faciliter l’accès des médicaments innovants, jugés trop chers, aux hôpitaux.

Sources : S ite du Ministère des Solidarités et de la Santé, site de la Haute Autorité de Santé, site du Sénat, Revue Pharma, Pharmaceutiques, L’Usine Nouvelle, site du Gouvernement

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L’INDUS N° 29 > Dossier : L’évaluation des nouveaux médicaments

à l’hôpital de Brest qui avait tiré la sonnette d’alarme à propos du Médiator. L’ANSM a exclu de son conseil d’administration les industriels et y a inclus des patients, des parlementaires ou encore des représentants de l’Ordre national des pharmaciens. De plus, les ressources de l’institution venaient très majoritairement de l’industrie pharmaceutique avec seulement 6,4 % de leur financement provenant de l’État, le reste reposait sur les taxes acquittées par les laboratoires (commission d’enquête du Sénat, 2003). Désormais, le financement de l’ANSM est assuré par une subvention de l’État.

L’évolution du secteur pharmaceutique suite à la crise du Mediator Le 23 septembre 2019 s’ouvrait à Paris le procès de l’affaire du Mediator, un des plus gros scandales sanitaires auquel la France a dû faire face au cours des dernières décennies. Par Chloé Delacour, étudiante en 4e année de pharmacie à la faculté de Châtenay-Malabry

le benfluorex, plus

connu sous son nom commercial

Mediator, est mis sur le marché. Ce médicament, destiné à traiter les diabétiques en surpoids, est également prescrit comme coupe faim. Il est à l’origine dès les années 1990 d’effets secondaires graves comme l’hypertension artérielle pulmonaire ainsi que des cas de valvulopathies dont le premier cas apparaît en 1999. Alors qu’il est retiré du marché belge en 1978, suisse en 1997, espagnol en 2003, il faudra attendre en France 2007 pour que l’Afssaps (devenu ANSM) recommande de ne plus le prescrire comme coupe-faim et le 30 novembre 2009 pour qu’il soit retiré du marché. Le tribunal a rendu son jugement le 29 mars 2021, considérant que le laboratoire Servier disposait dès 1995 de suffisamment d’éléments pour prendre conscience des risques mortels du médicament et l’a donc condamné à une amende de 2,718 millions d’euros pour « tromperie aggravée » et « homicides et blessures involontaires ». L’ancien numéro deux de la firme, Jean-Philippe Seta, a été condamné à quatre ans d’emprisonnement avec sur-

sis et à 90 600 euros d’amende pour « tromperie aggravée » et « homicide et blessures involontaires » mais pas condamné pour escroquerie. Il sera rejugé en appel suite à la demande du parquet de Paris. Le laboratoire n’est pas le seul fautif, l’ANSM a été condamnée à 303 000 euros d’amende pour avoir tardé à suspendre sa commercialisation et ne fera pas appel. Douze ans après le retrait du benfluorex du marché, il est intéressant de se pencher sur les réformes mises en place par le gouvernement et les institutions de santé pour éviter qu’un tel scandale se reproduise.

Changements à l’agence de sécurité du médicament Suite à cette crise, la loi du 29 décembre 2011 relative au renforcement de la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé a été adoptée. L’Afssaps est donc devenue l’ANSM le 1er mai 2012 afin de renforcer la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé et d’insister sur l’importance de garantir l’indépendance de ses membres afin de protéger les conflits d’intérêts. En effet, le manque d’indépendance de l’Afssaps avait été souligné, notamment par Irène Frachon, médecin

Loi anti-cadeaux

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En 1976,

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Afin d’assoir cette indépendance, les avantages octroyés par les laboratoires à l’ensemble des acteurs de la santé ont été encadrés par la loi Bertrand, aussi connue sous le nom de loi anti-cadeaux. Les professionnels de santé et les firmes pharmaceutiques doivent déclarer leurs liens d’intérêts et tout avantage d’une valeur supérieure à 10 e octroyé par un laboratoire à un professionnel de santé sur une base de données publique, www. transparence.santé.gouv. Les entreprises omettant de déclarer ces avantages risquant 45 000 e d’amende. Cet encadrement a permis de lutter contre certains conflits d’intérêts, mais il reste une marge de manœuvre pour certains experts qui ont des liens avec des entreprises qui sont plus anciens que la limite pour déclarer ou qui sont liés à des sociétés étrangères.

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L’INDUS N° 29 > Dossier : L’évaluation des nouveaux médicaments

Délivrance d’AMM Une des causes de la crise du Médiator est sa prescription massive hors de l’indication thérapeutique pour laquelle il avait obtenu son AMM. Il avait en effet obtenu une AMM d’adjuvant au régime du diabète mais était prescrit comme coupe-faim sur les recommandations des visiteurs pharmaceutiques des laboratoires Servier. La délivrance des AMM en France n’a pas changé car c’est l’EMA, au niveau européen, qui s’en charge depuis 1985.

Depuis 2011, les patients pouvent notifier eux-mêmes les évènements indésirables à leur CRPV mais la possibilité depuis 2017 pour les patients de signaler directement des effets indésirables sur la plateforme signalement-sante.gouv.fr représente une innovation majeure par son accessibilité. De plus, plusieurs applications permettant de signaler des effets indésirables ont été mises en place comme MedSafety du projet Web-RADR lancé par l’EMA.

L’arrivée du numérique

La loi de 2016 de modernisation de notre système de santé

Le système français de pharmacovigilance a également été remis en cause par cette crise. Ce système censé surveiller les médicaments n’a pas rempli sa mission et a subi une réorganisation afin de donner un rôle central à une trentaine de centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV), et un service de pharmaco-épidémiologie a été créée lors de la mise en place de l’ANSM.

Cette loi prévoit la possibilité pour les patients de déposer des recours collectifs devant la justice afin de demander réparation des dommages causés par des produits de santé. Ces recours peuvent prendre place auprès des juridictions judiciaires ou administratives puisque les établissements de santé publics peuvent également voir leur responsabilité engagée suite à une mauvaise utilisation

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L’INDUS N° 29 > Dossier : L’évaluation des nouveaux médicaments

La crise du Médiator a engendré une profonde reformation du système de pharmacovigilance français, limitant les conflits d’intérêts, poussant à l’indépendance des institutions et en plaçant le patient au centre du système. Cependant, ces mesures n’ont pas suffi à éviter la survenue d’autre scandales sanitaires : Dépakine, Levothyrox, prothèses PIP…

Pharmacovigilance et Réseaux sociaux : la technologie au service   de la pharmacovigilance

Les

réseaux sociaux prennent

une place de plus en plus impor-

dans la vie courante et l’ensemble des entreprises ont dû les intégrer dans leur stratégie de communication. Ils permettent en effet d’émettre des alertes en temps réel, ce qui est un atout notamment pour la pharmacovigilance. Depuis 2011, les patients peuvent déclarer directement un effet indésirable sans passer par un professionnel de santé. Il s’en est découlé un phénomène de réunion sur les réseaux sociaux de ces patients qui, après avoir effectué un signalement ou non au CRPV (centre régional de pharmacovigilance), échangent sur leurs expériences et ressentis suite à la prise d’un médicament. Ce phénomène a inspiré les institutions et les industriels, qui ont décidé de créer des systèmes permettant de regrouper plus facilement ces informations disponibles en ligne qui ont une utilité pour la santé publique. L’ANSM a lancé Vigi4MED (vigilance dans les forums sur les médicaments), qui a pour objectif d’analyser les messages concernant des effets indésirables médicamenteux postés par les patients sur les forums de discussion ou les réseaux sociaux afin de s’en tante

Sources : Le Quotidien du Médecin, France Culture, Site du Sénat, France TV Info, Le Parisien, Les Échos

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servir comme source complémentaire d’information. L’infrastructure permettant cette analyse a été mise en place par 5 partenaires spécialisés en informatique médical, traitement automatique du langage et web sémantique : SSPIM-Saint Etienne, LIMICS/INSERM U1142, INSERM U1138-Eq 22, LIMSICNRS et ISCOD-École des Mines de Saint Étienne. Le projet compte également comme partenaires deux centres régionaux de pharmacovigilance, l’Hôpital Européen de George Pompidou et le CHU de Saint Étienne, qui ont établi 2 listes de médicaments. La première comporte des médicaments retirés ou suspendus du marché, destinés à une évaluation rétrospective et la seconde comporte des médicaments sous surveillance renforcée destinés à une évaluation prospective. L’EMA a lancé WEB-RADR (Recognising adverse drug reactions – Reconnaître les effets indésirables des médicaments sur le Web), qui regroupe deux projets consécutifs. En septembre 2014 a été lancé le projet WEB-RADR 1 visant à utiliser les réseaux sociaux et les nouvelles tech-

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Par Chloé Delacour, étudiante en 4e année de pharmacie à la Faculté de Châtenay-Malabry

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des dispositifs médicaux. Le recours comporte deux phases, la première phase est introduite par une association d’usagers dans le but de faire reconnaitre la responsabilité d’un manquement dans la commercialisation ou l’utilisation du produit causant des dommages corporels. La seconde phase prévoit la possibilité pour chacune des victimes de faire valoir ses préjudices personnels auprès d’un responsable (désigné par le juge).

L’INDUS N° 29 > Dossier : L’évaluation des nouveaux médicaments

nologies à des fins de pharmacovigilance. Le premier objectif de Web-RADR est de créer des algorithmes capables d’analyser automatiquement les échanges sur des médias sociaux grand public, type Facebook ou Twitter, ou des médias sociaux créés par et pour des malades, comme RareConnect. Dans un second temps, les développeurs du projet ont eu l’intention de mettre à disposition des utilisateurs de ces espaces de dialogue sur Internet une application mobile pour téléphones et/ou tablettes. Le projet a développé des applications en collaboration avec l’Uppsala Monitoring Center (UMC), l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la MHRA spécifiques à certains pays, pour l’Angleterre, les Pays-Bas et la Croatie et une application générique utilisable dans plusieurs pays : Med Safety. C’est une application gratuite téléchargeable sur smartphone permettant de « signaler instantané-


ment les effets indésirables liés aux produits de santé aux autorités sanitaires, de garder une trace des informations signalées et de recevoir des nouvelles et alertes officielles liées aux produits de santé que vous prenez ou qui vous intéressent », a expliqué le ministre de la santé du Burkina Faso, Nicolas Méda. En effet, en 2017, le Burkina Faso était le second pays pilote de l’application Med Safety en Afrique après la Zambie à implémenter la Web-RADR avant d’être étendue en Arménie, au Ghana, en Éthiopie, au Botswana, en Côte d’Ivoire et en Ouganda. L’application est utilisable avec ou sans internet et permet de savoir ce qu’il se passe en temps réel dans le monde

entier en donnant accès à l’ensemble des informations que l’autorité de régulation émet sur son site. Le projet WEB-RADR 2 a été lancé en septembre 2018 et a pour objectif d’améliorer la plateforme de WEBRADR1 et tenter de maximiser son impact. Ces projets font face à plusieurs défis : celui de la qualité variable de l’information sur les réseaux sociaux, la garantie de la vie privée, la réponse variable aux attentes des pharmacovigilants et l’identification des informations pertinentes. Il nécessite de prendre en compte des facteurs comme le langage des patients ou encore la présence d’une relation causale. Il faut pour cela travailler de

Sources : RQRM, Acadpharm, CRIP

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manière transversale en analysant l’ensemble des informations disponibles, tout en faisant attention aux fausses informations et aux doublons. De plus, ce système a des limites. Il ne permet pas de prendre en compte la population générale et met en avant majoritairement des effets non-graves. Ils ne permettent pas toujours de précéder la crise médiatique, la quantité de signalements augmentant même temps que le scandale. Même si la qualité des messages peut être discutable, leur compréhensibilité ou la véracité des informations, ils permettent de faire entendre la voix des patients et de prendre en compte des facteurs tels que leur qualité de vie et leur adhérence au traitement.

Comment le vaccin contre le SARS-Cov2 a-t-il pu être mis sur le marché   aussi rapidement ? Par Chloé Delacour, étudiante en 4e année de pharmacie à la Faculté de Châtenay-Malabry

Généralités Une famille connue Le SARS-CoV2 fait partie de la famille des coronavirus, qui est sujet d’études notamment depuis l’épidémie de syndrome respiratoire aigu sévère de 2003, causé par le SARS-CoV-1. Les deux virus présentent la même protéine Spike à leur surface et ont le même mode d’adhérence et de fusion avec les cellules (attacher puis entrer pour infecter). À l’époque, des essais vaccinaux avaient débuté mais se sont arrêtés chez l’animal, faute de patient porteur du SRAS-Cov-1, qui a disparu au bout de 3 mois bloquant la recherche avant le stade des essais cliniques.

Une nouvelle technologie ? De même pour la nouvelle technologie vaccinale à ARNm, qui a permis ce développement rapide. Cette approche, autour de laquelle de nombreuses questions sont posées, est étudiée depuis une trentaine d’années : « Dès 1993, une équipe française a montré que les vaccins à ARNm pouvaient induire une réponse immunitaire, relève le Pr Lamiae Grimaldi de l’unité de pharmacolo-

gie-pharmaco-épidémiologie du groupe hospitalier Paris-Saclay (AP-HP). Et depuis 2017, des vaccins contre le virus Zika, Ebola, la grippe ou encore le cytomégalovirus sont conçus et testés chez l’homme. » En effet, les vaccins à ARNm de Pfizer-BioNTech et de Moderna ont pu être mis sur le marché aussi rapidement car ils reposent sur des brevets antérieurs. L’un d’entre eux concerne la fabrication d’un ARNm inoffensif pour l’organisme conçu par l’université de Pennsylvanie. Les laboratoires ont dû payer chacun 75 millions de dollars pour l’exploiter. L’avantage de cette technologie vaccinale repose dans sa rapidité de production car elle nécessite uniquement de connaitre le code génétique d’une protéine du virus sans passer par l’étape de culture du virus. Moderna a indiqué avoir eu besoin de seulement 2 à 3 jours pour trouver celui de la protéine Spike du SRAS. Les vaccins à ARNm utilisent le système immunitaire du corps. Ils contiennent une portion de l’ARN du virus, entouré de lipides pour ralentir sa vitesse de dégradation et lui permettre de pénétrer dans les cellules. L’ARN messager ainsi fourni va être tra-

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duit par les ribosomes afin de fabriquer une protéine Spike identique à celle présente à la surface du SARS-CoV-2 qui va stimuler les défenses immunitaires afin qu’il puisse défendre l’organisme de manière efficace lors d’un contact éventuel avec le virus. L’ARN messager des vaccins se décompose dans les jours qui suivent la vaccination.

Des investissements dans la recherche En France, seulement 2,2% du PIB est consacré à l’investissement dans la recherche. Le sous-financement est souvent un frein aux innovations pharmaceutiques. Dans ce contexte d’urgence, l’Union Européenne a pu débloquer plus de 2,15 milliards d’euros et a précommandé plus de 2

DR.

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L’INDUS N° 29 > Dossier : L’évaluation des nouveaux médicaments


L’INDUS N° 29 > Dossier : L’évaluation des nouveaux médicaments

Des procédures accélérées Pour pouvoir garantir la livraison d’une telle quantité (4,575 milliards de doses uniquement pour l’Union Européenne), les laboratoires ont dû augmenter leurs capacités de production. Le réseau européen de réglementation a agi dans ce sens en accélérant l’approbation des nouvelles lignes de production et de nouveaux sites de fabrication pour les vaccins contre la Covid-19. De plus, la Commission Européenne s’est rendue plus flexible face aux exigences d’étiquetage et d’emballage de ces vaccins afin de permettre d’augmenter la capacité de production en limitant au maximum l’incidence sur la production d’autres vaccins de routine. On retrouve notamment la possibilité de n’imprimer qu’en anglais l’emballage extérieur et le conditionnement primaire, la notice peut être

fournie séparément et n’être qu’au minimum accessible dans la langue nationale du pays (par exemple par le biais d’un QR code). Ainsi, chaque patient ou professionnel de santé peut y avoir accès, indépendamment de l’accès au vaccin ou à sa boîte.

a rapidité L de l’évaluation du vaccin Pour toute demande de mise sur le marché d’un vaccin, le laboratoire doit demander une autorisation de mise sur le marché (AMM) à l’agence européenne des médicaments, (european medicine agency, EMA) dont le rôle est d’évaluer l’innocuité, l’efficacité et la qualité du vaccin. L’EMA doit alors rendre son avis dans un délai de 210 jours actifs maximum. Si l’EMA rend un avis positif, la Commission européenne peut alors procéder à la mise sur le marché du vaccin dans l’Union Européenne. Cependant, dans le contexte de crise sanitaire, l’EMA peut mettre en place une procédure d’examen continu des données dès qu’elles sont disponibles (à la place d’attendre qu’elles soient toutes collectées) : la « rolling review ». Cette évaluation continue des données permet à l’EMA de réduire le délai pour rendre son avis à 150 jours ouvrables. Afin de rendre son avis, l’EMA fait appel à deux comités : le comité d’évaluation des risques en pharmacovigilance (PRAC) et le comité des médicaments à usage humain (CHMP). Le premier évalue le rapport bénéfice/risque des produits étudiés et suit les effets indésirables détectés tan-

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milliards de doses à 6 laboratoires différents dont Pfizer, AstraZeneca et Sanofi, sans avoir d’assurance que les vaccins seraient sûrs et efficaces. La Commission européenne a expliqué que « cela a permis de financer la finalisation des essais cliniques, la mise en place de nouvelles chaînes de production, ou encore l’achat de matières premières.» Les États-Unis ont adopté la même stratégie en dépensant plus de 11 milliards de dollars en pré-réservant des vaccins. Ces investissements ont permis aux laboratoires d’accélérer le développement de leurs vaccins afin d’être prêts au plus vite à les distribuer.

L’INDUS N° 29 > Dossier : L’évaluation des nouveaux médicaments

dis que le second rend un avis scientifique à l’attention de la Commission Européenne, sur la base de l’ensemble des données à disposition. La Commission Européenne peut ensuite décider d’octroyer une autorisation de mise sur le marché dite « conditionnelle », valable 12 mois renouvelables. Pour cela, il faut disposer d’un nombre suffisant de données sur l’efficacité et l’innocuité d’un produit et que le bénéfice immédiat l’emporte sur tous les risques inhérents au fait de ne pas avoir de données sur le long terme. Cette autorisation conditionnelle peut, par la suite, être convertie en une AMM standard. La procédure d’octroiement d’une AMM conditionnelle a été créée en 2006 et a été utilisée pour 30 produits (souvent en cancérologie) dans les 10 ans qui ont suivi. Afin de pouvoir fournir l’ensemble des informations nécessaires à l’EMA dans un temps raccourci, les protocoles d’essais cliniques ont également été modifiés. Les phases cliniques ne se réalisent pas de manière successive mais quasiment simultanément. On perd un peu de

recul sur les vaccins, mais il est compensé par un processus de pharmacovigilance renforcé par la déclaration d’effets indésirables et l’obligation par les laboratoires de communiquer leurs nouvelles données et un rapport des évènements inattendus mensuel. Dans le cadre de cette procédure, plusieurs acteurs ont une responsabilité. Les producteurs de vaccins doivent donc signaler les effets indésirables graves, surveiller en permanence l’innocuité des vaccins, mettre à jour leurs informations et présenter des rapports réguliers de bénéfice/risque à l’EMA. L’Agence Européenne du Médicament doit, quant à elle, surveiller et analyser les données qui lui sont signalées, donner des exigences concernant le plan de gestion de crise aux producteurs de vaccins et mettre en place Eudravigilance, un système de gestion et d’analyse des informations relatives aux effets indésirables suspectés. Les États membres doivent superviser la collecte d’informations sur les effets indésirables présumés. Le système de surveillance vaccinale est donc renforcé, surtout que l’évaluation en « vie réelle » constitue une part importante du processus afin d’évaluer les effets indésirables. En effet, les essais cliniques sont adaptés à l’évaluation du bénéfice mais ne suffisent pas à l’évaluation du risque. Une plateforme nommée SI-Vaccination est disponible depuis janvier 2021 afin de rassembler des informations sur la provenance et la distribution des vaccins ainsi que sur le profil des personnes

vaccinées. Elle alimentée par les professionnels de santé et permet à Santé Publique France de publier en open data les indicateurs de couverture vaccinale. Les données pharmaco-épidémiologiques sont suivies notamment par Epi-phare et l’INSERM afin de déceler d’éventuels événements indésirables. L’ANSM se charge de publier les données de pharmacovigilance chaque semaine, et l’agence européenne transmet les rapports qu’elle reçoit. De plus, elle a mis en place un module fondé sur l’intelligence artificielle intégrant des techniques de Machine Learning afin d’accélérer le traitement des déclarations d’effets indésirables par les CRPV. Il analyse automatiquement ces déclarations afin de les catégoriser en fonction de leur type et de leur gravité sans réaliser d’analyse médicale, effectuée par le centre avant d’être enregistré dans la base nationale de pharmacovigilance. Il a été généralisé à l’ensemble des CRPV français suite à un test régional qui s’est avéré être un succès.

L’enquête sur les possibles effets indésirables du vaccin AstraZeneca Suite à une suspicion de lien entre les cas de thromboses et le vaccin, le comité d’évaluation de l’agence européenne a ouvert en mars 2021 une enquête. Par précaution, le vaccin avait été suspendu d’abord en Allemagne, puis le 15 mars en France. Le Comité pour l’Évaluation des Risques en matière de Pharmacovigilance (PRAC)

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de l’EMA a été créé en 2012 et est composé d’une directrice, un vice-directeur, un membre nommé par chaque État membre, six experts scientifiques indépendants, deux représentants des professionnels de santé et deux représentants des organisations de patients. Pour rendre son avis, il s’est servi notamment de la base de données EudraVigilance et s’est renseignée sur les cas potentiels qui ont été remontés. Dans son communiqué, l’EMA avait annoncé s’être également rapprochée d’experts en troubles sanguins, des données des essais cliniques du laboratoire ainsi que de l’agence du médicament britannique afin de bénéficier du retour des 11 millions de doses administrées à ce moment. L’urgence a modifié la conduite à tenir : au lieu de recommander la conduite de nouvelles études, l’avis a dû se baser sur les signalements. De manière générale, le PRAC s’intéresse à la gravité des effets secondaires. Cette notion de gravité fait l’objet de critères bien définis. Par exemple, « sérieux » correspond à « la mort, une menace vitale immédiate, la nécessité d’une hospitalisation ou la présence de séquelles ». Observer si les effets indésirables soupçonnés sont classés « sérieux » permet de donner une première indication. Il prend également en compte l’imputabilité, c’est-à-dire la possibilité théorique que le médicament provoque la maladie entre sa prise et le début des symptômes, cherchant notamment un délai au-delà duquel on peut déclarer que les 2 évènements ne sont pas liés. Il observe le profil des


L’INDUS N° 29 > Dossier : L’évaluation des nouveaux médicaments

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Actuellement, l’insuffisance cardiaque représente la première cause de décès dans le monde. Pour les cas les plus grave d’insuffisance cardiaque, il existe actuellement très peu de traitements efficaces, seule la transplantation cardiaque permet au patient de survivre.

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Par Mélissa Bechroune, étudiante en 5e année de pharmacie à la Faculté de Châtenay-Malabry

patients et essaie de déterminer la présence ou non de similarités afin de dégager un profil-type pouvant expliquer l’apparition de la maladie chez tous ces patients. S’il y arrive, la causalité n’est pas exclue mais sa probabilité est plus faible, et permet d’établir des recommandations pour certaines catégories à risque. La fréquence de la maladie dans la population vaccinée doit être comparée à la fréquence dans la population générale. L’EMA avait annoncé que « le nombre total d’événements thromboemboliques chez des personnes vaccinées ne semble pas être plus haut que celui observé dans la population générale » tout en gardant en tête la possibilité d’une sous-notification très importante de personnes n’ayant pas pensé à un possible lien avec le vaccin. Enfin, pour rendre son avis, l’EMA doit se pencher également sur les bénéfices attendus et les mettre en balance avec les risques de survenue des effets secondaires : « Il existe des méthodes statis-

tiques de modélisation qui permettent de voir si, même dans le scénario du pire et en prenant en compte la sous-notification des cas, le risque reste inférieur ou non à celui encouru par la personne non-vaccinée », explique Bernard Bégaud, directeur de l’unité de recherche INSERM U657 « Pharmaco-épidémiologie et évaluation de l’impact des produits de santé sur les populations ». C’est le 18 mars 2021 que l’avis de l’EMA a finalement été rendu. Emer Cooke, directrice de l’EMA, a annoncé que « le vaccin est sûr, efficace et n’est pas associé à un risque accru de formation de thrombose », en insistant sur le fait que les bénéfices du vaccin AstraZeneca surpassent les éventuels risques qui lui sont associés. « Il demeure très important que tous les effets secondaires soient étroitement surveillés et déclarés », a-telle néanmoins ajouté.

Sources : FranceTV, Le Monde, Site de l’EMA, Site de la Commission Européenne, Site de l’ANSM

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Le 4 avril 2021, au CHU de Lille, un patient souffrant d’insuffisance cardiaque terminale et en attente d’un greffon pour une transplantation, recevait un cœur artificiel Aeson® de la société Carmat. L’objectif de cette transplantation était de prolonger la survie du patient dans l’attente de la disponibilité d’un greffon. Le patient a ainsi pu bénéficier du cœur artificiel pour une durée de trois mois avant d’être transplanté.

Le cœur Aeson® Le cœur « Aeson® est un dispositif implantable actif destiné à remplacer les ventricules du cœur natif chez les patients souffrant d’insuffisance cardiaque avancée. Il s’agit d’un dispositif à entraînement électrohydraulique dont la forme correspond à celle d’un cœur humain. Une fois le cœur Aeson® connecté, il reproduit l’action d’un cœur natif, fournissant un soutien circulatoire mécanique et rétablissant une circulation sanguine normale dans le corps » peut-on lire sur le site de la société Carmat qui commercialise ce dispositif.

Le dispositif est composé de 3 parties : - la prothèse implantable composée de deux pompes miniatures permettant de reproduire le phénomène de diastole et de systole avec deux cavités ventriculaires séparées en deux parties par une membrane, une pour le sang et une pour le liquide d’actionnement. La couche en contact avec le sang est constituée de matériaux biocompatibles. Les besoins physiologiques du patient sont autorégulés par des microprocesseurs et des capteurs intégrés. Quatre valves biologiques à l’admission et à l’éjection permettent d’avoir un flux sanguin pulsatile unidirectionnel. Puis deux conduits d’éjection permettent de connecter la prothèse à l’artère pulmonaire et à l’aorte. Un câble percutané connecte la prothèse aux équipements externes. - les équipements externes viennent composer la deuxième partie : Ils offrent la mobilité et l’autonomie nécessaires pour mener une vie presque normale. Ils pèsent 4 kg, et se composent d’un contrôleur et de deux sup-

Sources : Site de la société Carmat, France Bleu, Le Monde

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ports batteries assurant une autonomie d’environ 4 h. - et enfin la console de soin hospitalière utilisée par l’équipe médicale pour piloter la prothèse durant l’implantation et suivre/contrôler le fonctionnement du dispositif. Ce cœur artificiel est indiqué dans le pont à la transplantation chez les patients souffrant d’insuffisance cardiaque biventriculaire terminale (classes Intermacs 1-4) qui ne peuvent pas bénéficier d’une thérapie médicale maximale ou d’un dispositif d’assistance ventriculaire gauche (LVAD) et qui sont susceptibles de bénéficier d’une transplantation cardiaque dans les 180 jours suivant l’implantation. Carmat a obtenu l’autorisation de commercialiser son cœur artificiel en Europe en janvier 2021. Actuellement, 6 patients dans le monde ont pu bénéficier de cette technologie et le dispositif est toujours en phase d’études cliniques aux États-Unis.

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Le cœur atrificiel Carmat


L’INDUS N° 29 > Innovations thérapeutiques

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DenovoCast : une machine   à générer de la peau humaine DR.

Par Marie Rousseau, étudiante en 4e année de pharmacie à la faculté de Châtenay-Malabry

année dans le monde, 11 millions de personnes

souffrent de brûlures graves

nécessitant des interventions chirurgicales. La norme de soins actuelle est l’autogreffe de peau, processus malheureusement limité car il nécessite des prélèvements de peau saine sur le patient assez importants et entraine la production d’une peau très fine laissant de larges cicatrices. C’est à travers un projet universitaire mené par Daniela Marino et visant à étudier la peau que la start-up Suisse CUTISS voit le jour. En collaboration avec le CSEM, un centre de recherche et de développement lui aussi basé en Suisse, elle met alors au point une machine révolutionnaire capable de générer de la peau humaine. Baptisée « DenovoCast », cette machine permettra de produire de façon totalement automatisée des greffes de peau personnalisées à partir des cellules saines du patient. Ce processus de fabrication innovant permet d’obtenir des greffes de peau de manière autonome, réduisant ainsi les risques de contamination microbienne engendrés par les manipulations du personnel. Elle garantit aussi une qualité constante et reproductible, permet la culture simultanée de plusieurs greffons et

devrait réduire les temps de production de 30%. Les cellules saines, obtenues à partir d’une biopsie de quelques centimètres carrés seulement, permettent d’obtenir un greffon promettant de grandir avec le patient, limitant ainsi les cicatrices et le nombre de chirurgies correctives qu’il devra subir par la suite. En effet, cette machine produit un type particulier de tissu cutané appelé « DenovoSkin ». La fabrication de ce type de peau synthétique doit suivre un protocole particulier : à partir de la biopsie, les cellules dermales et épidermales sont isolées et développées in vitro pour ensuite être combinées à un hydrogel, leur permettant de se déployer de façon naturelle durant un processus d’environ 30 jours. La mise au point de ce dispositif permettra d’augmenter considérablement la qualité des soins reçus par les grands brulés. La machine, qui est opérationnelle, doit maintenant subir des tests au sein de CUTISS afin de démontrer son efficacité dans des contextes de recherche et de clinique tout en respectant les « Bonnes Pratiques de Fabrication ». Actuellement en phase IIb des essais cliniques et disposant d’une autorisation spéciale dans le cadre d’usage « compassionnel », c’est-à-dire qu’il est déjà

Sources :Forbes, Swissinfo

utilisé sur des patients ne disposant pas d’autre alternative thérapeutique, DenovoCast devra encore prouver son efficacité sur un grand nombre de patients avant de pouvoir accéder au marché. Commercialisée à prix abordable, cette machine constitue un réel espoir pour les grands brulés, en particulier pour les pays en voie de développement où l’accès aux soins reste limité. La cofondatrice de la startup, Daniela Marino, explique en effet vouloir en faire un produit de « consommation », c’est-à-dire un produit abordable financièrement, facile et rapide à mettre en place.

Par Mélissa Bechroune, étudiante en 5e année de pharmacie à la Faculté de Châtenay-Malabry

Les

scientifiques sont parvenus

à fabriquer un pancréas miniaturisé par bio impression à partir

d’un gel biologique contenant des cellules souches de patient malade. Il s’agit d’une technologie développée à l’EPFL (École Polytechnique fédérale de Lausanne) qui utilise un gel biologique contenant les cellules souches du malade qui à l’aide d’un laser va permettre de solidifier la matière par polymérisation. Des calculs ont été réalisés pour que l’intensité et la direction des faisceaux n’atteignent seulement les parties du gel nécessaires à l’obtention de la pièce désirée. « L’un des principaux atouts de la technique est ainsi la possibilité de fabriquer une pièce d’un seul bloc, ce qui est particulièrement intéressant dans le cas de l’impression de tissus mous tels que des organes », a expliqué Paul Delrot, directeur technique de Readily3D.

La start-up CUTISS s’impose donc comme étant une des entreprises majeures dans le paysage des biotechnologies innovantes, avec une mission claire, permettre l’accès aux soins aux personnes dans le besoin. Cette nouvelle avancée constitue un réel espoir, puisqu’elle est peut-être le premier pas vers la synthèse de novo de tissus humains plus complexes…

Cette technique présente deux principaux avantages : la réalisation de modèles « personnalisés » en utilisant les cellules souches de patients malades qui « n’auraient plus à expérimenter toute une pa-

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plus de

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Chaque

Dans la cadre du projet européen Enlight, ayant pour but de créer le premier modèle de tissu fonctionnel, une start-up suisse, Readily3D a mis au point une technologie permettant d’imprimer des tissus biologiques en seulement 30 secondes.

noplie de médicaments aux effets secondaires parfois pénibles avant de trouver enfin celui qui fonctionne », ajoute Damien Loterie, directeur de Readily3D. De plus, la mise au point d’un modèle vivant de pancréas pourrait éliminer la nécessité de faire des tests sur les animaux. L’objectif serait de pouvoir développer et tester de nouveaux médicaments pour le diabète qui touche actuellement plus de 450 millions d’adultes dans le monde et qui est dû dans certains cas à un défaut de synthèse de l’insuline par le pancréas. Ces travaux ont permis à l’EPLF et à la start-up Rea-

Sources : Site de l’EPFL

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Un mini pancréas bio-imprimé   pour lutter contre le diabète

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dily3D de rejoindre un consortium multidisciplinaire, aux côtés de l’Université de Naples ou encore d’AstraZeneca, pour réaliser le premier modèle de tissu fonctionnel d’ici trois ans. Le projet baptisé «Enlight» a reçu une contribution de 3,6 millions d’euros du Fonds européen d’innovation Horizon 2020. Il s’agit là d’un premier pas vers la synthèse d’organes artificiels, cette technique pourrait ensuite également être utilisée pour créer tout autre type de tissus, pour traiter d’autres maladies comme le cancer, voire à plus long terme encore en vue de transplantations.


L’INDUS N° 29 > Innovation thérapeutique

L’INDUS N° 29 > En bref

L’impression 3D pour réparer les os

En bref Philip Morris se lance dans l’industrie pharmaceutique

Atténuer les séquelles d’un traumatisme crânien grâce aux plaquettes sanguines

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Par Daphnée Bourdeaux, étudiante en 4e année de pharmacie à la faculté de Châtenay-Malabry

nouveauté dans le monde médical.

En effet cette technique innovante a fait parler d’elle lors de la première double greffe de main et de visage car indispensable à sa réalisation. Cependant elle permettrait cette fois ci d’imprimer des os synthétiques sur mesure grâce à la réalisation d’un scanner puis l’impression de l’implant personnalisé. Ce processus permet de mieux s’adapter aux patients donc de mieux les traiter, améliorant la prise en charge et la qualité de vie du patient. Cela est rendu possible grâce à une nouvelle encre céramique formée de polymères biodégradables (comme le methyl methacrylate-co-3-(trimethoxysilyl)propyl methacrylate découvert par le professeur Chung JJ) et d‘hydroxyapatite pour imprimer les os. Ce dernier composant est un minéral naturellement présent dans les os, il possède la capacité de stimuler la croissance osseuse. Cette encre a pour avantage d’incorporer des cellules vivantes dans la structure osseuse, cellules qui vont pouvoir ensuite se multiplier avec une viabilité de 95%. On obtient une encre biocompatible. Cette caractéristique est très novatrice car elle permet d’éviter l’utilisation de produits

chimiques et composants synthétiques qui entraînent des réactions inflammatoires et donc des rejets.

Un autre avantage non négligeable de cette technique est qu’elle permet de faciliter une intervention risquée pour le patient. En effet, l’impression 3D in situ pourrait permettre d’améliorer une technique déjà existante dans la réparation d’os endommagé : la greffe osseuse autologue. Pour réaliser cette dernière il faut prélever un morceau d’os d’une autre partie du corps pour réparer l’os endommagé. Cette méthode invasive est dans un premier temps désagréable pour le patient surtout quand la quantité d’os à prélever est importante et présente également un risque important d’infection.

La bio-impression se base sur le même principe qu’une imprimante classique, on trouve une cartouche qui contient l’encre et le papier est remplacée par un hydrogel. L’imprimante dépose donc par couche successive l’hydrogel et l’encre afin de former le support 3D imitant la structure de l’os. Les cellules vont ensuite s’accrocher pour se diviser, migrer et se différencier sur l’impression 3D qui doit présenter une caractéristique essentielle : la porosité. En effet les cellules et vaisseaux sanguins doivent pouvoir s’infiltrer dans le matériau pour permettre la régénération tissulaire. Cette bio-impression a lieu à température ambiante, ce qui permettrait d’imprimer les os directement dans le corps du patient, cela pourrait être un gros avantage car il permettrait des reconstructions osseuses in situ.

L’un des leaders mondiaux du tabac, Philip Morris International, a récemment racheté deux laboratoires pharmaceutiques Fertin Pharma au mois de mai et Vectura au mois d’aout. Fertin Pharma est spécialisée dans la production de compléments alimentaires ayant un rôle dans l’immunité ou le sommeil par exemple. Elle est principalement connue pour la mise au point de substituts nicotiniques. Vectura est quant à elle une entreprise dédiée à la conception de dispositifs pour une meilleure administration des traitements par voie inhalée aux patients. Philip Morris International souhaite depuis 2016 diversifier ses activités en développant ses gammes de produits alternatives à la cigarette traditionnelle entre autres. Ces investissements dans le domaine de la santé s’inscrivent dans l’intention d’un monde sans fumée bien qu’ils soulèvent quelques questions d’éthique comme ont pu le dénoncer les associations anglaises de lutte contre l’asthme et les maladies du poumon. Jacek Olczak, PDG de Philip Morris International, croit particulièrement en son projet d’un monde en meilleure santé car il s’appuie sur des technologies et des connaissances en sciences dont nous ne disposions pas il y a une dizaine d’années, a-t-il déclaré. En accord avec l’un des 17 objectifs du développement durable pour 2030 : assurer la santé et le bien-être de tous et s’inscrivant plus précisément dans un contexte de lutte contre le Covid 19, Vectura travaille actuellement en collaboration avec Inspira, start-up travaillant sur des traitements contre les maladies respiratoires et infectieuses, sur un potentiel traitement par voie inhalée.

Un traumatisme crânien (TC) est un choc sur le crâne, peu importe l’intensité. Le choc peut être compliqué ou non par une lésion au cerveau, qui fera la gravité du traumatisme. Il peut s’ensuivre des séquelles neurologiques qui se traduisent par des troubles moteurs, cognitifs, transitoires ou définitifs. Ces séquelles sont dues à la lésion elle-même, mais aussi à des saignements internes, à l’inflammation ou encore à un stress oxydant qui favorise la mort neuronale. À ce jour, il n’existe aucune solution thérapeutique satisfaisante pour les contrer. Des études ont été réalisées à Lille dans le laboratoire Inserm dirigé par Luc Buée, en collaboration avec la Taipei Medical University de Taïwan. Il étudie un mélange de molécules issues de plaquettes sanguines prélevées dans le cadre des dons de sang mais non utilisées pour la transfusion. C’est ce que l’on appelle le lysat plaquettaire. Ils ont appliqué du lysat plaquettaire directement au contact de la plaie des souris puis ont continué par voie intranasale pendant 6 jours. À la suite de ces expériences les souris ont développé beaucoup moins de troubles moteurs que les animaux qui n’ont pas reçu le lysat. La différence observée entre les deux groupes d’animaux est tout à fait significative. De plus ils ont constaté une diminution du niveau d’inflammation et de stress oxydant ainsi qu’une meilleure expression des protéines impliquées dans la communication synaptique chez les animaux traités. L’équipe lilloise développe d’ores et déjà des procédés reproductibles et fiables, qui répondent aux normes de bonnes pratiques, pour une future production industrielle de lysats plaquettaires. Cette biothérapie ne cible pas un mécanisme spécifique, mais un ensemble complémentaire de voies de signalisation qui participent à la neuroprotection. Les chercheurs préparent alors des études pour cibler d’autres maladies du système nerveux central comme l’Alzheimer.

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n’est pas une

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L’impression 3D

Sources : Site de Vectura, Site de Philip Morris International, Pharmatimes

Image d’un support 3D issu d’une vidéo de Science Magazine

Sources : Advanced healthcare materials, Site internet Sciencespost, 20minutes.

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Sources : inserm, futura sciences

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L’INDUS N° 29 > En bref

Récemment, l’Institut de recherche Scripps et l’IAVI (International AIDS Vaccine Initiative) ont mené un essai pour un vaccin très prometteur contre le sida. Cet essai a été commencé suite aux recherches récentes sur les vaccins contre la COVID-19. En effet, le vaccin en cours de développement se base sur la technologie de l’ARN messager. D’autres laboratoires mènent des recherches pour développer ce vaccin préventif, dont Moderna. Actuellement, le vaccin est en phase 1 d’essai clinique. L’essai a été mené sur 48 personnes dont la moitié a reçu un placebo. Parmi les 24 patients vaccinés, 23 ont développé une réponse immunitaire contre le VIH, soit 97%. Il s’agit donc du vaccin expérimental le plus efficace de nos jours. Le vaccin à ARNm vise à protéger en amont en prévenant l’activation du virus. Le VIH reste plus difficile à cibler que le Sars-CoV-2, puisqu’il se transmet d’une cellule à l’autre et peut rester en latence. Ce produit est encore loin d’obtenir une autorisation de mise sur le marché et doit encore passer les phases 2 et 3 de l’essai clinique, qui vont durer plusieurs années. La technique de l’ARNm reste très prometteuse pour le vaccin contre le VIH, ainsi que contre d’autres maladies comme l’hépatite C, la dengue ou zika.

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Le virus Ebola, responsable d’une fièvre hémorragique, est un virus enveloppé à haut potentiel pathogène de classe 4. L’Afrique a connu sa plus importante épidémie du virus Ebola entre 2014 et 2016, période durant laquelle l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait déclenché l’état d’urgence sanitaire. Déjà confrontée à la pandémie de Covid-19, la République démocratique du Congo doit désormais faire face au retour du virus Ebola. Les autorités ont en effet annoncé, dimanche 7 février, la «résurgence» du virus dans l’est du pays, après la mort d’une femme, trois mois après la déclaration de la fin d’une épidémie précédente. La présence concomitante de ces deux maladies est un enjeu de taille pour les communautés scientifiques. «Nous avons deux traitements maintenant, le mAb114 et le REGN-EB3. Ce sont donc ces deux molécules que nous allons utiliser, parce que d’après les résultats que nous avons obtenus jusqu’à présent, ce sont ces deux molécules qui sont efficaces», a expliqué cet expert congolais, spécialiste et pionnier dans la lutte contre Ebola. Les autorités sanitaires américaines, qui ont cofinancé une étude sur le traitement d’Ebola, ont indiqué que ces deux médicaments ont augmenté significativement le taux de survie des patients dans le cadre d’un essai clinique en RDC, qui a doublé. Ces deux traitements sont des anticorps monoclonaux qui agissent en neutralisant la capacité du virus à affecter d’autres cellules. Si ces nouveaux traitements ravivent l’espoir, l’insécurité et la défiance des malades entravent la lutte.

L’ARN messager, un nouvel espoir dans la lutte contre   le VIH ?

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Réemergence du virus Ebola dans un contexte de Covid-19

Sources : Le Dauphine, France TV Info, Sciences et Avenir

Sources : L’Express, NCBI, France 24

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