INDUS 27

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Le journal

L’INDUS Le journal de l'APIEP

Dossier Les maladies inectieuses

Innovations thérapeutiques En bref

N° 27


AVEZ-VOUS DÉJÀ PENSÉ À TRAVAILLER DANS L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE VÉTÉRINAIRE ?

L’INDUS N° 27 > Sommaire

Sommaire février 2021 p. 7

Édito.

p. 4

Dossier : Les maladies infectieuses

+

Historique des épidémies p. 5 La vaccination p.  Les avancées des vaccins VIH p. 10 Où en est l’industrie du vaccin ? p. 12

Innovation thérapeutique

p. 10

L’antibiorésistance

p. 14

Actus COVID-19 p. 16 L’éradication de la Poliomyélite

p. 20

Innovation thérapeutique p. 20

Un anneau vaginal pour prévenir l’infection par le VIH p. 23 L’essor de la télémédecine p. 25

En bref p. 27 Humains, Animaux et Environnement sont liés par nature. Prendre soin des animaux qui partagent notre quotidien, c’est préserver la santé de tous. #LinkedByNature

p. 25

Développer, fabriquer et commercialiser des solutions pour la santé et le bien-être des animaux de compagnie : NOTRE MÉTIER ET NOTRE PASSION DEPUIS PLUS DE 70 ANS.

Rejoignez-nous ! 3

2 www.domespharma.com


Édito

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DR.

Chers lecteurs, chères lectrices,

C’est un immense honneur pour moi de m’adresser à vous à l’occasion de l’ouverture de la 35e édition du Forum de l’Industrie Pharmaceutique, qui se tiendra cette année sur une plateforme numérique, ainsi que de la sortie du 27e numéro de notre journal L’INDUS. L’APIEP a toujours eu comme ambition de favoriser, créer et entretenir un contact privilégié entre les étudiants en pharmacie et le monde de l’Industrie Pharmaceutique. C’est pourquoi, malgré la situation sanitaire actuelle et le contexte si particulier, nous avons le souhait de maintenir ces échanges privilégiés entre étudiants et professionnels lors de cette nouvelle édition du Forum. C’est un travail prenant, exigeant, rigoureux, mais aussi gratifiant, car vous êtes toujours plus nombreux à nous suivre et à nous solliciter concernant vos premiers pas dans le monde de l’Industrie Pharmaceutique. À ce titre, L’INDUS est un formidable outil de découverte et d’instruction de ce milieu. Ce journal ne cesse de s’améliorer et de se professionnaliser tant que sur la forme que sur son contenu. Cette année encore, L’INDUS a fait peau neuve avec la création d’une toute nouvelle page Facebook alimentée toutes les semaines par des articles d’actualité que vous pouvez aussi retrouver sur le site internet de l’APIEP, sous la direction de notre rédactrice en chef et amie Melissa Bechroune. Motivée et curieuse, c’est grâce à sa persévérance et à son travail ainsi qu’à son équipe motivée et compétente que nous pouvons vous proposer du contenu de qualité. Ainsi, nous vous proposons d’aborder le sujet des « Maladies Infectieuses », sujet d’actualité qui vous permettra de mieux comprendre le monde qui nous entoure. L’INDUS Numéro 27 Dans ce numéro, nous vous invitons à découvrir le dos- Février 2021 • Publication de l’APIEP sier principal qui traitera de la vaccination. De plus, vous Faculté de Pharmacie - Université Paris-Sud 11 y trouverez un dossier sur la pandémie qui sévit actuel- 5, rue J-B. Clément • 92290 Châtenay-Malabry p.net il.com • www.apie lement, la COVID-19, mais nous nous pencherons éga- e-mail : apiep.pharma@gma ssa Bechroune Meli lement sur l’éradication de la poliomyélite ainsi que sur Directeur de la publication : ue des épidémies : Victoire diverses innovations thérapeutiques comme la mise au Rédacteurs : Historiq ion : Melissa Bechroune • Les inat sseau • Vacc point d’un anneau vaginal contre le VIH. À la fin du jour- Rou hilde Renier • Où avancées du vaccin VIH : Mat : Lucie Fontaine • ? in Vacc du nal, vous pourrez trouver des brèves portant sur divers su- en est l’Industrie roune • Covid-19 Antibiorésistance : Melissa Bech jets d’actualité du monde de l’Industrie Pharmaceutique. on de la polio : icati Érad • e Melissa Bechroun Toute l’équipe de l’APIEP se joint à moi afin de vous sou- :Chlo : Chloé Virinal é Detournay • Anneau Vacc haiter une agréable lecture et une excellente visite de louvet • Télémédecine : Lydia Kechemir • Brèves : ne cette 35e édition du Forum de l’Industrie Pharmaceutique. Daphnée, Manon, Océane et Alba r nge Deli e rlott : Cha Nous espérons sincèrement que ce journal vous sera utile Couverture  Partenariats : Manon Raillard et que vous trouverez les informations nécessaires à votre Merci aux relecteurs pour leur aide, ainsi qu’à tous ance tout au long orientation ainsi qu’à votre épanouissement. nos partenaires pour leur confi

Ours :

de l’année. es : Conception & réalisation graphiqu  : 2114-7388 ISSN N° • ntin Que tierGau Nadine

Marie Rousseau Présidente de l’APIEP

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L’INDUS N° 27 > Dossier : Maladies infectieuses

Historique des épidémies Par Victoire Rousseau, étudiante en 3e année de pharmacie à la faculté de Châtenay-Malabry

Depuis maintenant presque 1 an, nous vivons dans le monde un épisode historique et inédit. Le confinement, les déplacements, les activités réduites au minimum et le port du masque, par exemple, semblent être une nouveauté. Pourtant l’histoire des épidémies se révèle être aussi ancienne que l’humanité. En effet, la plus ancienne épidémie connue a eu lieu en Grèce, de 430 à 426 avant JC. Appelée peste d’Athènes. Une longue liste d’épidémies suit celle-ci, cependant, nous nous contenterons d’évoquer les plus connues et dévastatrices.

1347-1352 : La peste noire Selon différentes estimations, elle aurait tuée entre le quart et la moitié de la population européenne, soit plusieurs dizaines de millions de personnes. Comme beaucoup d’autres à l’époque, la peste a pu se propager par la route de la soie. La peste se diffuse en France à partir du port de Marseille et atteint l’Europe. Certaines villes réussissent à échapper à l’épidémie grâce à un confinement très strict. Il y a eu de nombreuses réapparitions de peste noire au fil des siècles.

1500-1800 : La variole La variole est une maladie antique apparue en Égypte et au Moyen-Orient. C’est surtout au XVIe siècle, lors de la conquête des Amériques qu’elle fait des ravages. En effet, elle est importée d’Afrique par des négriers européens, étant responsables de la dis-

parition de la majorité des Amérindiens en quelques dizaines d’années. En guise de lutte contre la variole, on invente la variolisation qui est une inoculation préventive (mais risquée) de variole, afin de développer une immunité naturelle. A la fin du XVIIIe siècle, le médecin anglais Edward Jenner développe l’inoculation de la variole des vaches (ou vaccine) présentant moins de risques. Ce sera le début du succès de la vaccination. Au XXe siècle, elle est responsable de 300 à 500 millions de décès à travers le monde. La variole a été éradiquée grâce au vaccin en 1980.

1918-1919 : Grippe espagnole La grippe espagnole est la plus forte pandémie ayant frappé l’Europe depuis la peste noire du XIVe siècle. Venue d’Asie, elle se manifeste en mars 1918 aux États-Unis, dans un camp militaire du

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Kansas, où s’entraînent les soldats américains. Durant l’automne 1918, la pandémie touche le monde entier, jusqu’en 1919. Le nombre de morts est estimé entre 20 et 100 millions, faisant quasiment 10 fois plus de morts que la Première Guerre mondiale. En France, on estime que la grippe espagnole est à l’origine de 240 000 décès. On parle de grippe espagnole, non pas pour l’origine de la maladie mais parce que les espagnols, étant neutres pendant la Première guerre mondiale, ont été les premiers à publier des informations sur l’effet dévastateur de la maladie. Par la suite les journaux européens l’ont reprise sous le nom de « grippe espagnole ».

1917 - à nos jours : Choléra Auparavant concentré en Asie, le choléra s’est répandu en Russie et en Europe. Le choléra est une infection intestinale provoquée par l’in-


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La vaccination Aujourd’hui encore, de nombreuses maladies mortelles sont d’origines infectieuses. La principale solution face à ces maladies reste le développement de vaccin et la mise en œuvre de campagnes de vaccination efficaces, seuls moyens pour éradiquer à terme ces maladies. Par Melissa Bechroune, étudiante en 4e année de pharmacie à la faculté de Châtenay-Malabry

gestion d’aliments ou d’eau contaminés. Il provoque de violentes diarrhées, parfois accompagnées de vomissements. En l’absence de traitement, cette infection très contagieuse peut tuer en quelques heures. Selon les estimations, il y a chaque année 1,3 à 4 millions de cas de choléra, et 21 000 à 143 000 décès dus à la maladie dans le monde.

1981- à nos jours : VIH Le VIH, ou virus de l’immunodéficience humaine, est une infection qui atteint le système immunitaire. Les premiers signes de l’épidémie sont apparus à la fin des années 1970, en Amérique du Nord. Au départ, l’épidémie n’était pas prise au sérieux car elle visait principalement

des patients homosexuels. Ils suspectaient une maladie due aux drogues prises et au mode de vie. Cependant, c’est grâce à des chercheurs français que la maladie a été identifiée et donc par la suite reconnue. Le VIH se transmet par le contact étroit et non protégé avec les liquides organiques comme le sang, le lait maternel, le sperme et les sécrétions vaginales. Il n’existe pas aujourd’hui de vaccin, mais des traitements à base de médicaments antirétroviraux permettent aux personnes atteintes de continuer de mener une vie « normale ». À ce jour, le VIH a fait plus de 36 millions de morts et continue d’être un problème majeur de santé publique.

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2014 – 2016 : Ébola Découvert en 1979 et responsable d’une première épidémie au Soudan et en République démocratique du Congo (RCD), le virus Ébola est réapparu en 2014 en Afrique de l’Ouest, causant 11  000 morts entre 2014 et 2016. Le virus se transmet par contact étroit avec du sang c’est pourquoi le contenir est beaucoup plus facile en appliquant des mesures d’hygiène strictes. Ébola sévit toujours en RDC, mais plusieurs vaccins ont été mis au point.

Pour lutter contre les maladies infectieuses, la meilleure méthode est le vaccin. Ce concept remonte à la variole quand Edward Jenner fait une importante découverte au 18e siècle. Une maladie bénigne des vaches, la « vaccine », ressemble à la variole. Il observe que les fermières, en contact régulier avec le virus de la vaccine en raison de leur métier, ne contractent pas la variole lors des épidémies. Jenner décide alors de contaminer une personne avec la vaccine via de petites incisions dans la peau. Puis s’efforce d’infecter son « cobaye » avec la variole, sans succès : celui-ci ne développe pas la maladie. Le nom de « vaccination » est alors donné à cette opération. C’est dans la seconde moitié du 19e siècle que Louis Pasteur explore le rôle des microbes dans la survenue des maladies contagieuses, en travaillant sur des animaux d’élevage. Il démontre que le choléra des poules est dû à une bactérie. Il administre par la suite des vieilles cultures de cette bac-

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Les débuts de la vaccination

térie à des volailles, qui vont développer la maladie mais dans une forme atténuée non mortelle. Louis Pasteur vient de créer un vaccin atténué. En l’honneur de Jenner, il invente le terme « vaccin ». Il va par la suite énoncer le principe de la vaccination : (inoculer) « des virus affaiblis ayant le caractère de ne jamais tuer, de donner une maladie bénigne qui préserve de la maladie mortelle ». Puis Pasteur décide d’orienter ses recherches vers la vaccination humaine. Il se penche sur une maladie touchant à la fois l’animal et l’homme : la rage. En 1885, il met au point le premier vaccin humain à

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virus atténué. À partir d’animaux morts de la rage, Pasteur parvient à isoler, purifier et inactiver la souche de l’agent contagieux. Il s’est avéré par la suite que le virus utilisé dans le vaccin contre la rage était détruit, ce qui a ouvert la voie à des vaccins à base de microbes « tués ». Louis Pasteur crée autour de lui une véritable école de pensée scientifique. Il fonde l’Institut Pasteur, et forme de nombreux chercheurs en infectiologie, immunologie, parasitologie, génétique… Ces découvertes provoquent un afflux mondial de candidats à la vaccination.


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Un vaccin est un outil de prévention pour éviter les infections potentiellement mortelles ou handicapantes par des bactéries, virus ou parasites. Son principe repose sur l’immunité adaptative des individus que le vaccin va stimuler pour préparer le corps à lutter contre les infections. On va pour cela injecter au patient une forme inactivée ou atténuée d’un agent infectieux ou ses composants et ainsi chercher à déclencher une réaction immunitaire pour éviter une contamination ultérieure. La vaccination permet en effet de développer des cellules immunitaires « mémoires », capables de reconnaître immédiatement l’agent pathogène s’il venait à infecter l’individu par la suite.

De quoi est composé un vaccin ? Si les vaccins ont longtemps été conçus de manière empirique, les progrès de la biologie cellulaire et moléculaire permettent aujourd’hui d’identifier les sous-unités des agents infectieux comportant les éléments suffisants pour provoquer une réponse du système immunitaire. Grâce à ces nouvelles connaissances, il est possible d’améliorer l’efficacité et de limiter les effets secondaires des vaccins. Il existe plusieurs types de vaccins : les vaccins vivants atténués contenant des agents infectieux vivants,

mais dont la virulence a été atténuée. Ces vaccins provoquent une infection avec peu ou pas de symptômes. Les vaccins contre la tuberculose, la varicelle ou ROR en sont des exemples. Ils permettent une protection de longue durée, néanmoins ils sont contre-indiqués chez les femmes enceintes et les immunodéprimés du fait de leur virulence. Il s’agit du type de vaccins le plus efficace mais tout agent pathogène ne peut être atténué. Les vaccins inactivés renferment des microbes entiers qui ont été tués par la chaleur ou des traitements chimiques. Il n’existe pas de contre-indication mais ces vaccins ont pour effet indésirables des réactions au point d’injection. Le vaccin contre la poliomyélite en est un exemple. Les vaccins sous-unitaires contiennent des fragments de microbes purifiés, nécessaires et suffisants pour apprendre au système immunitaire à reconnaître le germe entier. Tel que les vaccins contre le pneumocoque, méningocoque ou la coqueluche. Certains vaccins sous-unitaires contiennent aussi des toxines bactériennes : le tétanos ou diphtérie. Cependant, du fait de la faible réponse immunitaire ces vaccins nécessitent des adjuvants et plusieurs rappels. Enfin, certains vaccins sont fabriqués par génie génétique. Ils ne sont pas directement issus de l’isolement et de la purification d’un agent infectieux ou de ses composants : l’antigène est produit à partir d’un gène du microbe que l’on fait s’exprimer dans des cellules en culture.

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D’autres éléments entrent en jeu dans la composition des vaccins : des stabilisateurs maintiennent la qualité des produits empêchant la dégradation des agents pathogènes ou de ses fragments. Des conservateurs qui préviennent la prolifération bactérienne ou fongique. Un diluant eau ou solution saline. Ainsi que des adjuvants pour les vaccins autres que vivants atténués dont le but est d’augmenter la réponse immunitaire contre l’antigène microbien.

Enjeux de la recherche Aujourd’hui, de nombreuses maladies, dont certains cancers, sont causés par des agents infectieux et continuent de se propager faute de vaccins. Le but de la recherche est alors de développer un outil efficace contre ces infections (Sida, Hépatite C, Paludisme) et de réduire leur incidence. La recherche a aussi pour objectif d’améliorer l’efficacité et la sécurité de de vaccins déjà existants. Pour cela différentes pistes sont explorées : la manipulation du génome de l’agent infectieux pour inhiber sa pathogénicité, c’est la technique de neutralisation par génie génétique. Il existe aussi une technique qui consiste à injecter dans un vecteur, le plus souvent viral, plusieurs antigènes de microbes divers, on parle alors de vaccins recombinants. La vaccination dite « génétique » est aussi une autre piste que la recherche cherche à développer. Dérivée

de la thérapie génique, elle consiste à injecter un fragment d’ADN codant pour un antigène donné dans les cellules des personnes que l’on veut protéger.

Plusieurs pistes d’amélioration Concernant l’amélioration du confort et de la sécurité des vaccins, les laboratoires travaillent sur des alternatives à la piqûre, comme l’utilisation de patchs cutanés ou encore l’administration par voie muqueuse (orale, nasale, sublinguale, rectale ou vaginale). Certains vaccins existent déjà sous ces formes un vaccin vivant atténué contre la grippe est déjà administré par voie intra-nasale.

Vaccin thérapeutique Un autre enjeu de la recherche est la mise au point de vaccins thérapeutiques contre le cancer. L’objectif est d’induire une réponse immunitaire chez les personnes atteintes de cancer ou à fort risque de récidive. Le principe de ces vaccins repose toujours sur le système immunitaire que l’on cherche à rediriger contre les cellules tumorales en présentant aux cellules immunitaires un antigène tumoral spécifique des cellules cancéreuses. De telles approches d’immunothérapie active ont déjà fait leur preuve. Sipuleucel-T a même été le premier vaccin à obtenir une autorisation de mise sur le marché (AMM) aux États-Unis pour traiter certains cancers métastatiques

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Fonctionnement d’un vaccin

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de la prostate hormono-résistants. Il consiste en l’injection de cellules dendritiques « boostées ».

Situation vaccinale en France Pour qu’une politique vaccinale soit efficace, il faut l’adhésion de l’ensemble de la population. En effet, pour qu’une maladie soit considérée comme disparue, il faut une couverture vaccinale de 95 %. Cependant une certaine défiance vis-à-vis des vaccins s’est développée ces dernières années en France. En 2016, la couverture vaccinale moyenne est estimée au tour de 30 %, bien loin des chiffres permettant de bloquer la diffusion des maladies. La conséquence est la résurgence depuis quelques temps de la rougeole due à une non-vaccination des jeunes adultes et des enfants. Selon une enquête mondiale menée par l’Institut Gallop et publiée en 2019, 40 % des Français déclarent douter de la sécurité des vaccins. Les

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raisons de cette défiance sont diverses, les différents scandales sanitaires fortement médiatisés ont entrainé une diminution de la confiance des populations vis-à-vis des institutions et des industries de santé. À cela s’ajoute les ruptures d’approvisionnement récurrentes et la complexité du parcours de vaccination entre autres. Il est important d’agir sur cette baisse de la couverture vaccinale. Avec notamment des campagnes d’informations sur la vaccination, une transparence sur la composition des vaccins et de leurs effets indésirables pour restaurer la confiance des français. Sources : Inserm, Institut Pasteur, Vaccination-info, Institut Curie, Vie Publique


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Les avancées des vaccins VIH Aujourd’hui, 23,3 millions de personnes sont sous traitement anti-VIH dans le monde. Le traitement antirétroviral donne de très bons résultats lorsqu’il est débuté rapidement après l’infection, évitant les maladies et handicaps liés au VIH et sauvant des vies. Ce traitement permet également de diminuer le risque de transmission du VIH de 96%. En revanche, il ne permet pas de guérir et reste lourd au quotidien. De plus, les oublis de prise peuvent conduire à une résistance aux médicaments et donc à la progression de la maladie. Par Mathilde Renier, étudiante en 3e année de pharmacie à la faculté de Châtenay-Malabry

parallèle,

la

recherche

pour un vaccin est très dynamique,

et plusieurs équipes explorent des pistes qui pourraient aboutir à de nouvelles stratégies vaccinales. Il n’existe pas encore de vaccin contre le VIH / SIDA, bien que la recherche ait largement progressé. En effet, la conception d’un vaccin contre le VIH est longue et n’a rien à voir avec celle du vaccin contre la covid-19. Le processus de développement requiert de nombreuses années de recherche et développement, et dans le cas du VIH, s’ajoute la diversité génétique et le fort taux de mutation du virus. En effet, il est très difficile de mettre en place un vaccin contre le VIH car il cible les lymphocytes T CD4 qui représentent une partie très importante du système immunitaire, et il s’intègre dans le génome, persistant alors chez les personnes infectées. Depuis le début de l’épidémie, la mise au point d’un vaccin est prioritaire. Il existe deux types de vaccins contre le virus : le vaccin préventif qui permettrait d’éviter la contamination par le VIH, ainsi que le vaccin thérapeutique, qui aiderait le système immunitaire des personnes séropositives à combattre le virus.

Un vaccin thérapeutique comme alternative aux antirétroviraux Le vaccin thérapeutique pourrait être un complément ou une alternative au traitement antirétroviral. En tant que complément, il permettrait de protéger les cellules immunitaires en maintenant le taux de lymphocytes T CD4 ou en ralentissant sa baisse, ainsi que de réduire l’hyperactivation immunitaire impliquées dans de nombreux troubles pathologiques. En tant qu’alternative, le vaccin thérapeutique devra susciter des réponses immunitaires contrôlant efficacement la réplication du VIH, rendant alors la charge virale indétectable. Il serait alors possible d’arrêter au moins sur une certaine période les antirétroviraux. Cet arrêt permettrait de diminuer les effets indésirables à long terme et le risque de résistance. Concernant le vaccin préventif, il est devenu évident qu’il faut mettre à contribution autant l’immunité innée qu’adaptative pour le développement d’un vaccin anti-VIH efficace. Pour cela, la recherche doit acquérir des connaissances sur les interactions existantes

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entre le VIH et le système immunitaire de l’homme.

Quels sont les essais en cours ? Depuis l’arrivée du VIH au début des années 80, le premier essai concluant fut l’essai « Thaï » RV144 en 2009 qui a montré une efficacité de protection de 31% et démontré qu’une stratégie de vaccination en plusieurs étapes renforce et maintient sur la durée un niveau de réponse contre le VIH. Cet essai a été le premier à montrer qu’il était possible de concevoir un vaccin protecteur contre le VIH. Ces résultats n’auront finalement pas d’impacts sur l’épidémie, mais un impact sur la recherche vaccinale. Plus tard, les connaissances approfondies permettent l’identification des meilleurs antigènes afin d’obtenir de meilleures approches et stratégies vaccinales. Grâce à la recherche fondamentale, début 2015, il existe 35 essais vaccinaux à visée préventive dans le monde dont 29 de phase I et 6 de phase II. Deux essais prometteurs ont débuté en 2016. Il s’agit de l’essai Uhombo, qui a malheureusement dû être arrêté pour cause d’inefficacité en février 2020, et l’essai Imbokodo.

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En

L’essai Imbokodo, actuellement en phase II, a pour but le développement d’un vaccin préventif capable de protéger contre plusieurs variantes du virus. Cet essai est mené par le professeur Dan Barouch et l’industrie pharmaceutique Janssen avec les équipes de recherche de l’école de médecine d’Harvard. Le vaccin développé est dit « mosaïque ». Il est composé d’ARN codant pour les protéines env, gag et pol du virus, encapsidés dans des vecteurs viraux et de la protéine gp140 sous forme trimérique soluble. Les vecteurs viraux miment l’infection et stimulent alors la réponse immunitaire. De plus, comme ils contiennent les séquences génomiques de différents variants viraux, la réponse induite couvre un large éventail de virus. Les premiers résultats de l’essai Imbokodo, actuellement mené en Afrique du Sud, sont attendus pour 2021.

Enfin, une nouvelle avancée majeure a été faite par les scientifiques du Scripps Research. Les résultats de leur étude ont été publiés en novembre 2020. Des cellules immunitaires génétiquement modifiées pourraient prévenir toute infection par le VIH. En effet, il est quasiment impossible que des anticorps classiques puissent stopper la propagation du virus. Pour ce faire, il faudrait que l’organisme arrive à produire des anticorps capables de vaincre plusieurs souches du virus à la fois. C’est en se basant sur cette approche que les scientifiques du Scripps Research ont commencé leur expérience sur des souris. Ils ont alors réussi à produire des anticorps largement neutralisants appelés bNabs. Ces anticorps ont la particularité de pouvoir s’attaquer à plusieurs souches du VIH en même temps. Un problème persiste, ces anticorps sont compliqués à produire et seuls quelques rares patients

Sources : Unaids, Sidaction, Le CRIPS-IDF

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atteints par le VIH en ont. Pour réussir à les développer à grande échelle, les scientifiques ont compris qu’il est possible d’utiliser des ciseaux génétiques CRISPR-Cas9 afin de reprogrammer les gènes des lymphocytes B pour qu’ils produisent naturellement des anticorps bNabs. Les lymphocytes B sont ensuite réinjectés chez les souris pour se multiplier, mûrir et devenir des lymphocytes B mémoire et des plasmocytes. Ces gènes modifiés peuvent produire des anticorps plus efficaces. Il faut désormais améliorer la technologie afin qu’elle devienne accessible en plus grand nombre. Le vaccin préventif reste pour l’instant le meilleur espoir de contrôle et d’éradication de l’épidémie de VIH/SIDA. Malheureusement le premier vaccin anti-VIH est encore loin d’obtenir son AMM puisqu’il n’en existe encore aucun en phase III. Les avancées restent importantes et en perpétuel mouvement.


L’INDUS N° 27 > Dossier : Maladies infectieuses

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Par Lucie Fontaine, étudiante en 3e année de pharmacie à la faculté de Châtenay-Malabry

Un

très haut niveau d’exper-

pour permettre la production de vaccin. Le processus complexe de fabrication doit répondre à de nombreuses contraintes. Les normes de sécurité sont approuvées par les autorités de santé avant la production, et cette surveillance perdure une fois la mise sur le marché des vaccins grâce au système de pharmacovigilance, important pour signaler les effets indésirables et ainsi évaluer continuellement le rapport bénéfice/risque des produits. tise est nécessaire

Avant la mise sur le marché le vaccin suit le parcours suivant :

1. C ULTURE DE BACTÉRIES, VIRUS OU CELLULES Développement des antigènes à l’aide de matières premières. 2. R ÉCOLTE DES ANTIGÈNES PRODUITS Production des antigènes à partir des micro-organismes. 3. P URIFICATION Élimination des impuretés par des processus physiques et chimiques. 4. I NACTIVATION Suppression de la pathogénicité et conservation des propriétés immunologiques. 5. A SSEMBLAGE DE VALENCE Formation d’un seul composant avec les substances antigéniques actives. 6. F ORMULATION Mélange de tous les ingrédients. 7. R EMPLISSAGE Production du vaccin en flacon ou en seringue. 8. L YOPHILISATION Élimination de l’eau pour assurer une meilleure stabilité et meilleure conservation. 9. E MBALLAGE Étiquetage selon les exigences réglementaires, emballage. 10. L IBÉRATION DU LOT L’autorité réglementaire du pays donne l’autorisation finale de distribuer le produit. 11. T RANSPORT : Respect de la chaine du froid : entre 2°C et 8°C.

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Un processus long et complexe Gardons en tête que la mise au point d’un nouveau vaccin est complexe et peut de plus s’avérer longue et couteuse. Nous retrouvons 3 étapes majeures dans cette production : 1. Entre 2 et 4 ans pour la phase exploratoire permettant d’identifier les antigènes et de sélectionner les candidats vaccins 2. Entre 1 et 2 ans de phase préclinique nécessaire à l’évaluation des antigènes. 3. Entre 6 et 8 ans de développement clinique du candidat vaccin chez le sujet sain.

L’Europe leader mondial dans la production de vaccin Les entreprises Européennes produisent 75% des vaccins mondiaux. L’Europe est alors un leader de la recherche et de la production de vaccins, avec un investissement de près de 2 milliards d’euros par an. On retrouve 12 centres de recherche répartis dans 8 pays de l’Union Européenne et 27 sites de production répartis dans 11 pays. Selon l’OMS entre 2 et 3 millions de vies sont sauvées grâce à la vaccination. Ce nombre pourrait augmenter davantage en améliorant l’accès au vaccin. Les recherches restent cependant actives sur d’autres maladies comme le VIH. De nombreux essais ont été menés et ont permis de relancer l’espoir. La complexité du virus de par sa diversité génétique ou son fort taux de mutation s’ajoute à la difficulté habi-

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Où en est l’industrie du vaccin ?

tuelle de mise au point d’un vaccin et entraine un temps de recherche particulièrement long. Les efforts de recherche portent actuellement sur de nouvelles cibles complexes comme Ebola, Zika, le Clostridium difficile (responsable des colites) ou encore le Staphylocoque doré. L’industrie du vaccin est fondée sur la recherche et est typique de la nouvelle économie de la connaissance. Les recherches ont un enjeu mondial et l’importance de cette industrie en fait un enjeu politique voir stratégique. La production de vaccin est très spécifique et exige alors un investissement considérable par rapport aux médicaments classiques. Le temps de mise sur le marché

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L’INDUS N° 27 > Innovation thérapeutique

L’INDUS N° 27 > Innovation thérapeutique

L’antibiorésistance Les antibiotiques représentent l’une des principales innovations de la médecine au XXe siècle. Ils ont pu réduire considérablement le nombre de décès liés à certaines maladies infectieuses comme les pneumonies, la tuberculose ou la peste. On parle d’une des plus grandes révolutions du 20e siècle. Par Melissa Bechroune, étudiante en 4e année de pharmacie à la faculté de Châtenay-Malabry

années,

maintenant on

quelques

observe

l’émer-

gence de souches bactériennes

de plus en plus résistantes aux antibiotiques. Les bactéries ont développé des mécanismes d’adaptation leur permettant de résister à des environnements hostiles notamment à la présence d’antibiotiques. Ces bactéries devenues résistantes ne cessent de se propager, sur tous les continents. On se retrouve face à l’un des problèmes majeurs du 21e siècle. Nous entrons dans une ère post-antibiotique où la moindre petite blessure peut s’avérer mortelle en l’absence d’antibiotiques empêchant une infection. Aux États-Unis, le staphylocoque dorée fait plus de morts que le SIDA. Selon l’OMS, si nous n’agissons pas vite, le nombre de morts annuel suite à une infection pourrait atteindre 10 millions de personnes en 2050 contre 700 000 actuellement.

alors pu s’adapter, devenir insensibles aux médicaments. La mésusage des antibiotiques est en partie responsable du développement de l’antibiorésistance, avec la prescription abusive ou l’utilisation hors prescription (mauvais usage, durée et/ou dosage), le recours à des antibiotiques puissants pour traiter des infections simples ou dans les cas de maladies bénignes ou dues à des virus (les antibiotiques sont alors inefficaces). L’utilisation massive d’antibiotiques dans l’élevage (et dans une moindre mesure dans l’agriculture) contribue également au phénomène en développant la résistance des bactéries qui peuvent ensuite être transmises à l’homme, par contact direct ou ingestion.

On peut noter aussi, dans les facteurs de développement de l’antibiorésistance, le non-respect des règles d’hygiène et de contrôle infectieux dans les hôpitaux, qui favorisent la propagation des bactéries – y compris résistantes – entre patients. Enfin, la simplification et l’accélération de la circulation des personnes, qui fait de l’antibiorésistance une problématique globale, et la diffusion de bactéries résistantes portées par des individus sains, entrent également en jeu.

DR.

Depuis

Où en est la recherche ? La lutte contre l’antibiorésistance passe par la mise au point de nouveaux antibiotiques. On observe une difficulté dans la mise au point d’un nouvel antibiotique, la recherche de nouvelles molécules susceptibles de remplacer celles devenues inefficaces patine car elle est trop coûteuse et peu rentable pour les industriels. En effet, les médicaments en cours de développement apportent peu d’avantages en comparaison aux traitements existants et rares sont ceux qui ciblent les bactéries les plus dangereusement résistantes (les bactéries à gram négatif).

Causes de l’antibiorésistance

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L’antibiorésistance a été favorisée, ces dernières décennies, par l’utilisation massive d’antibiotiques pour les humains, mais aussi pour les animaux d’élevage. Les bactéries ont

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La baisse des investissements privés et le manque d’innovation dans la mise au point de nouveaux antibiotiques sapent les efforts visant à lutter contre les infections résistantes aux antimicrobiens. Les entreprises les plus dynamiques dans la recherche-développement pour les antibio-

tiques sont essentiellement de petites et moyennes entreprises, tandis que les grandes entreprises pharmaceutiques continuent à abandonner le terrain. Sur les 50 antibiotiques actuellement en cours de développement, 32 ciblent les pathogènes prioritaires indiqués par l’OMS mais les avantages de la majorité d’entre eux ne sont que limités par comparaison aux antibiotiques existants. Deux de ces antibiotiques agissent contre les bactéries à gram négatif multirésistantes qui se propagent rapidement et demandent des solutions de toute urgence. Cependant, les perspectives de développement pour les agents antibactériens visant à traiter la tuberculose et Clostridium difficile (responsable de diarrhées) sont plus prometteuses, plus de la moitié des traitements satisfaisant à l’ensemble des critères d’innovation définis par l’OMS.

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En phase préclinique, les pistes de développement sont davantage porteuses d’innovation et de diversité. Néanmoins ces médicaments ne sont qu’au début du processus de développement et doivent encore faire la preuve de leur efficacité et de leur innocuité. Le scénario optimiste voudrait, selon le rapport, que les deux à cinq premiers de ces produits soient disponibles dans dix ans environ. Sources : OMS, Institut Pasteur, Inserm


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COVID-19 La menace d’une pandémie mondiale se faisait de plus en plus ressentir. En effet, la mondialisation, l’augmentation de la population ainsi que l’urbanisation laissaient présager l’arrivée d’un tel évènement. Par Melissa Bechroune, étudiante en 4e année de pharmacie à la faculté de Châtenay-Malabry

Voilà

maintenant un an que

nos vies ont été bouleversées

par l’apparition de la Covid-19, une maladie causée par le SARS-CoV-2, un virus à ARN enveloppé appartenant à la famille des coronavirus et identifié pour la première fois à Wuhan en Chine, en décembre 2019. Ce virus aura au moins permis de mettre en lumière les failles de notre système de santé et le manque de préparation des autorités face à cette menace.

Origine inconnue L’origine du SARS-CoV-2 reste encore inconnue. Les virus de cette famille sont souvent retrouvés chez l’animal et peu sont capables d’infecter l’Homme mais il existe des exceptions, telle que le Sars CoV et le MERS-CoV qui ont été transmis à l’Homme par des animaux. C’est pourquoi les chercheurs estiment probable que la transmission à l’Homme a eu lieu par le biais d’une espèce hôte intermédiaire. Le pangolin a été initialement identifié comme porteur d’un coronavirus proche du SARS-CoV-2, toutefois plusieurs éléments laissent douter de cette possibilité, notamment parce que les séquences génétiques du virus responsable de l’épidémie actuelle et celles du coro-

navirus qui infecte le pangolin conservent des différences significatives. Les autres hypothèses avancées seraient que le virus aurait été transmis de la chauve-souris à l’Homme via une espèce animale non encore identifiée ou bien le virus aurait circulé depuis plusieurs années chez l’Homme, à bas bruit, jusqu’à ce qu’une mutation récente l’ait rendu plus virulent et pathogène. Aucune donnée ne va dans le sens d’un échappement accidentel du virus depuis un laboratoire comme on aurait pu l’entendre dans les médias.

Comment ce virus se transmet-il ? La transmission du virus se fait par deux voies principales : le contact direct avec la personne infectée ou une surface qu’elle a contaminée et via transmission aérienne du virus via des gouttelettes émises par la personne infectée. Il est rarement présent dans le sang, le sperme, les sécrétions vaginales, les urines ou les selles. Les cas de ce type de transmission ont seulement été observés chez des personnes ayant développé une forme grave de la maladie mais sans qu’aucun cas de transmission par

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ces différentes voies n’ait été rapporté. Par ailleurs, les cas de transmission intra-utérine sont exceptionnels et le virus n’a pas été identifié dans le lait maternel.

Comment l’infection par le virus se déroule-t-elle ? Le virus pénètre dans l’organisme via les voies aériennes, depuis le nez et la bouche. Une partie de sa protéine de surface se fixe au récepteur ACE2 exprimé à la surface des cellules qui tapissent nos voies respiratoires. Une autre protéine cellulaire (TMPRSS2) permet ensuite au virus de pénétrer dans la cellule. Une fois à l’intérieur, il utilise la machinerie cellulaire de l’hôte pour s’y multiplier. De nouveaux virions se forment et vont infecter de nouvelles cellules. Ainsi, l’affinité de la liaison entre la protéine S et le récepteur ACE2 détermine le niveau de la réplication virale et la sévérité de la maladie. Bloquer expérimentalement le récepteur ACE2 ou TMPRSS2 permet d’empêcher le virus de pénétrer dans les cellules et se répliquer. Le récepteur ACE2 est présent à la surface d’autres cellules que celles du tissu respiratoire, comme au niveau

du système digestif, du cœur ou des vaisseaux sanguins… Ceci explique vraisemblablement l’existence de symptômes extrapulmonaires. Mais le mécanisme par lequel les récepteurs ACE2 sont activés au niveau de ces organes reste à déterminer.

Comment notre organisme réagit-il à cette infection ? L’infection déclenche une infection inflammatoire classique, le corps se met à produire rapidement des cytokines (IL-6, IL-8, IL10…) et d’autres médiateurs (TNF-alpha). Ces molécules exercent une action antivirale locale et attirent des cellules immunitaires capables d’éliminer les cellules infectées (monocytes, macrophages, lymphocytes T). Si cette réponse initiale est inefficace, la production des cytokines devient anormale et engendre un phénomène hyperinflammatoire : cet évènement, appelé orage cytokinique, survient souvent autour du 8e jour suivant le début des symptômes. Il induit une réponse immunitaire incontrôlée avec une mise en jeu du pronostic vital et une admission en réanimation. Suite à cette infection, la Covid-19 se manifeste de façon très hétérogène et une part non négligeable des personnes qui sont infectées ne développent pas de symptômes. On estime que la proportion de porteurs asymptomatiques représente entre 20 et 50% des patients infectés.

Chez les personnes symptomatiques, la nature et la sévérité de la maladie est variable. On retrouve fréquemment les symptômes suivants : fièvre, toux et des difficultés respiratoires provoquée par une accumulation de liquide dans les bronchioles. Ces symptômes peuvent aussi être accompagnés de douleurs musculaire (myalgies), maux de tête (céphalées), maux de gorge, congestion nasale, nausées, vomissements, diarrhées… La survenue brutale d’une perte de goût (agueusie) ou d’odorat (anosmie). Certaines personnes développent un érythème (rougeur) ou une éruption cutanée. Cela serait les conséquences selon certaines études d’une immunité innée très efficace contre le SARSCoV-2.

Comment la maladie évolue-t-elle ? Dans 80% des cas environ, les symptômes restent légers ou modérés et disparaissent après 5 à 14 jours. La plupart des formes graves se développent dans la deuxième semaine suivant l’apparition des symptômes, lorsqu’un syndrome hyperinflammatoire survient dans la continuité de l’accumulation de liquide dans les voies respiratoires. Celui-ci peut conduire à une insuffisance respiratoire, voire à un syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) imposant l’admission en réanimation. D’autres complications potentiellement graves peuvent aussi apparaître, comme une insuffisance rénale, des troubles du rythme cardiaque, des évé-

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nements thromboemboliques (formation de caillots dans la circulation sanguine), des surinfections bactériennes ou une septicémie. Les personnes à risque de développer une forme grave de la maladie sont généralement des personnes de sexe masculin de plus de 65 ans présentant des pathologies cardiovasculaires, diabète mal équilibré, pathologies chroniques respiratoires, obésité. En France, les plus de 65 ans représentent trois quarts des personnes diagnostiquées qui nécessitent une hospitalisation et la moitié de celles qui nécessitent une réanimation. Les 45-64 ans comptent pour un peu moins de 20% des hospitalisations. Selon les données disponibles début novembre 2020, plus de 9 patients sur 10 décédés de la Covid-19 sont âgés d’au moins 65 ans.

Comment les malades sont-ils soignés à ce jour ? Il n’existe pas encore de traitement antiviral efficace contre le SARS-CoV-2. Seuls des traitements symptomatiques sont à disposition comme le paracétamol.


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Depuis le début de l’épidémie, l’évolution des protocoles de prise en charge des complications a permis d’améliorer le pronostic et de réduire la durée d’hospitalisation et la fréquence des décès associés à la maladie.

Quelles sont les pistes de traitement en développement ? Plusieurs pistes sont envisagées pour lutter contre la Covid-19 : le développement d’antiviraux, qui visent à inhiber l’entrée ou la réplication du virus dans les cellules ; les immunomodulateurs, pour contrôler les dérégulations de la réponse immunitaire responsables des principales complications associées à la maladie ; ainsi que la mise au point d’immunothérapies (exemple des vaccins), pour procurer au patient une immunité contre le virus, à visée thérapeutique ou préventive. Pour l’instant, la recherche clinique se concentre sur le repositionnement thérapeutique de certains médicaments (hydroxychloroquine,

ivermectine, remdesivir) déjà prescrits dans d’autres maladies. La toxicité et la posologie des molécules sont déjà connues, ce qui permet d’accélérer le processus d’évaluation. De nouveaux médicaments sont aussi en cours de développement, mais ce processus est plus lent et nécessite des années de recherche avant de pouvoir aboutir. On compte plus de 1 500 essais cliniques à travers le monde pour trouver des thérapeutiques efficaces contre la maladie. Certaines de ces molécules semblent réduire la durée des symptômes liés à la maladie, mais à ce jour, seuls les corticoïdes (dexaméthasone, hydroxycortisone) qui ont une action immunosuppressive ont prouvé avec certitude qu’ils réduisaient la mortalité de plus de 30% dans les formes graves de Covid-19. Cependant, il est possible que l’association de plusieurs molécules permettent d’obtenir des résultats plus convaincants qu’avec des monothérapies.

Où en sont les recherches en immunothérapie (vaccin, plasma, anticorps) ? Les méthodes à l’étude sont la mise au point d’anticorps thérapeutiques et le développement de vaccins préventifs. Le premier axe de recherche, consiste en l’administration directe aux malades sévèrement atteints d’anticorps ciblant le SARS-CoV-2 (immunothérapie passive) produits naturellement par des patients guéris de la maladie.

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Il n’existe à ce jour pas de consensus sur cette méthode néanmoins elle pourrait être pertinente chez les patients immunodéprimés. Par ailleurs, plusieurs laboratoires développent des anticorps monoclonaux spécifiques, produits à partir de cellules immunitaires modifiées par génie génétique pour réagir contre l’un des antigènes du virus. Cette approche pourrait réduire le risque d’aggravation de la maladie. Des essais cliniques sont en cours. Concernant le deuxième point, le développement de vaccins préventifs contre la Covid-19 est déjà bien acté puisque trois candidats vaccins se sont vu octroyer une AMM en Europe. La recherche clinique est très active dans ce domaine avec une quarantaine de vaccins en phase d’études cliniques et près de 150 en développement préclinique. Cette rapidité de développement est due à la mise en œuvre de moyens considérables dans la recherche. En conduisant en parallèle toutes les phases de développement au lieu de les faire se succéder – mais sans renoncer aux contrôles de qualité à chaque étape. Ils ont été autorisés que lorsque les autorités indépendantes ont pu confirmer leur qualité, leur sécurité et leur efficacité. Ainsi en l’espace d’un an (au lieu des dix ans habituellement nécessaires) des vaccins contre la Covid-19 ont pu être mis sur le marché. Deux de ces vaccins, COMIRNATY (Pfizer-BioNTech) et le

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Pour les cas les plus graves en réanimation à l’hôpital, une oxygénothérapie et une prévention des thromboses veineuses peuvent être mises en place, en complément des traitements symptomatiques. En cas d’aggravation, les soins apportés pallient les défaillances présentées par le patient, qu’elles soient respiratoires (intubation, respirateur…), cardiovasculaires (anti-arythmiques, anticoagulants…) ou encore rénales (dialyse…).

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vaccin de Moderna utilise la technologie de l’ARN messager qui consiste à injecter la séquence d’ARNm codant la protéine Spike dans les cellules humaines pour qu’elles puissent produire cette protéine d’intérêt et la présenter au système immunitaire. C’est la première fois qu’un vaccin est produit à l’aide de cette technologie, même si elle est connue depuis maintenant une dizaine d’années. Cependant, l’absence d’investissement avant la pandémie de Covid-19 a empêché son développement. L’avantage de cette technique est la rapidité de développement et son efficacité dans l’induction d’une réponse immunitaire, 95% d’efficacité pour COMIRNATY et 94% pour le vaccin de Moderna. Néanmoins, du fait de l’instabilité de l’ARN messager le vaccin de Pfizer-BioNTech nécessite une conservation à -70°C tandis que celui de Moderna peut être conservé «pendant 6 mois à - 20°C, y compris jusqu’à 30 jours dans

des conditions normales de réfrigération (soit de 2 à 8°C) rendant ainsi difficile la mise en place d’une campagne de vaccination optimale. Un troisième vaccin a récemment obtenu l’AMM, il s’agit du vaccin de AstraZeneca produit en collaboration avec l’Université d’Oxford. Celui-ci emploie une technologie différente : un vecteur adénoviral. Il utilise un autre virus (un adénovirus de chimpanzé) recombiné pour exprimer la protéine Spike du Sars-CoV-2. Son efficacité est estimée à 70,4%, moins efficace que les vaccins précédents mais présentant un autre avantage : il peut être conservé, transporté et manipulé dans des conditions réfrigérées classiques (entre 2 et 8 °C) pendant au moins six mois. Cela va permettre sa distribution en officine et l’élargissement de la campagne de vaccination en ville. Sources : Inserm, OMS, Institut Pasteur, EMA

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L’INDUS N° 27 > Actus

L’INDUS N° 27 > Actus

©. Site OMS

vant laisser des séquelles à long terme. La mortalité s’élève de 5 à 10 % et est majoritairement due à l’arrêt fonctionnel pur et simple des muscles respiratoires.

Objectif de l’OMS depuis 1988

L’éradication de la poliomyélite figure parmi les objectifs de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) depuis 1988. L’éradication de cette maladie serait uniquement la deuxième de notre histoire moderne. Le seul exemple à ce jour étant celui de la variole, aussi appelée petite vérole, qui a totalement été éradiquée du globe en 1980. Les moyens mis en œuvre étaient alors déjà passés par une campagne de l’OMS débutée en 1958 avec des campagnes de vaccination massive.

virale

très

contagieuse

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que dans 1 cas sur 200 infections par un poliovirus. Même si cette incidence parait faible, elle est redoutable car elle concerne surtout les enfants de moins de 5 ans dans les zones endémiques. Le tableau clinique de la poliomyélite est sévère. On retrouve une paralysie flasque aiguë et asymétrique, pou-

Par ailleurs toutes les maladies infectieuses humaines ne peuvent pas être cibles d’éradication. En effet, il est nécessaire qu’elles répondent à certains critères. Tout d’abord la maladie doit avoir une importance pour la santé publique. On entend par là qu’elle ait un impact important sur la mortalité mais aussi sur l’invalidi-

©. Site OMS

tion

causée par trois sérotypes de Poliovirus de la famille des Picornaviridae, et du genre Enterovirus. L’infection par le poliovirus est asymptomatique dans la majorité des cas et l’incubation dans le corps humain dure en moyenne 7 à 10 jours.

Quand elles ne sont pas asymptomatiques, les infections par un poliovirus vont causer dans la majeure partie des cas des syndromes pseudo-grippaux, et ce, majoritairement chez les adultes. On peut également retrouver une atteinte méningée dans 1 à 5% des infections avec un diagnostic de méningite. La poliomyélite ne se déclare

Par ailleurs, un vaccin efficace contre l’infection doit être disponible de manière à ce que les personnes soient protégées avec une efficacité élevée. Il existe bien un vaccin contre les poliovirus responsables de la poliomyélite. Cette vaccination est obligatoire en France. Il existe deux types de vaccins. Le premier est un vaccin inactivé développé en 1953. C’est celui qui est utilisé en France par exemple. Mais il existe également un vaccin vivant atténué administrable par voie orale. C’est ce vaccin qui est abondamment utilisé lors des campagnes de vaccination dans les zones endémique du virus. Ceci s’explique par sa simplicité d’administration : il peut être administré par des bénévoles et pas uniquement du personnel médical. De plus, il est peu cher : 0,14$/ dose est son prix le plus bas. Enfin, la maladie doit être fa-

Il faut donc bien comprendre qu’un objectif de cette envergure appelle à une mobilisation générale.

Par Chloé Detournay, étudiante en 4e année de pharmacie à la Faculté de Châtenay-Malabry

poliomyélite est une infec-

Mais qu’entend-t-on par le mot éradication ? Il s’agit de la réduction permanente à zéro de l’incidence mondiale de l’infection provoquée par un agent spécifique à la suite d’efforts délibérés. Le terme « efforts délibérés » permet de ne pas confondre l’éradication avec la disparition spontanée de la maladie ou avec sa mutation

L’éradication de la Poliomyélite

La

La transmission du virus de la poliomyélite est liée à l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés. Le virus ayant tout d’abord une réplication dans les intestins, cela entraîne par la suite une dissémination dans les selles de la personne contaminée. Ainsi, il s’agit d’autant plus d’une préoccupation dans les pays où le système d’assainissement des eaux usées n’est pas au point.

té. On rappelle que la poliomyélite entraine dans la majorité des cas des séquelles telles qu’une faiblesse musculaire pouvant impacter l’autonomie de la personne et qu’elle peut tuer dans de plus rares cas. De plus, le réservoir du pathogène doit être strictement humain (pas animal ni environnemental). C’est bien le cas de la poliomyélite puisque les poliovirus sont pathogènes stricts de l’Homme. Ce critère élimine la plupart des maladies contagieuses touchant les Hommes. Sont exclues la plupart des parasitoses qui possèdent un hôte autre que l’Homme à un moment de leur cycle de réplication, mais aussi beaucoup d’infections bactériennes comme la peste, qui infecte le rat, ou virales comme le virus Ébola retrouvé chez d’autres primates.

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L’INDUS N° 27 > Actus

Depuis 1988, année où l’OMS a déclaré vouloir éradiquer la polio, nous sommes parvenus à 99% de son éradication. Avant cette date, on comptait chaque année 350  000 personnes qui développaient une paralysie flasque dûe à leur infection par un poliovirus. Au 1er mars 2016, on n’en comptait plus que 33. Seulement deux pays n’ont encore jamais réussi à stopper la transmission de la poliomyélite : l’Afghanistan et le Pakistan. Ces pays ont en commun certaines difficultés à savoir l’insécurité, la faiblesse du système de santé ou encore des problèmes certains d’assainissement. Le virus ne circule plus en France puisque le dernier cas autochtone date de 1989 et le dernier cas importé de 1995. Le poliovirus de type 2 a été éradiqué mondialement en 1999 et aucun cas d’infection par le poliovirus de type 3 n’a été enregistré depuis novembre 2012. L’Asie du Sud -Est dont fait partie l’Inde a été certifiée exempte de poliomyélite en 2014. Un bel espoir pour le reste du monde. Cependant le chemin menant à l’éradication de la poliomyélite est long. Alors que l’OMS se félicitait de l’éradication du poliovirus sauvage sur le continent africain en août 2020 après 4 années

sans aucun cas déclaré au Nigéria (dernier foyer endémique Africain) et des efforts importants, ont été découvert des cas de poliovirus dérivé d’une souche vaccinale seulement deux jours après cette annonce. Dans 16 pays africains dont le Soudan, on a recensé au moins 13 personnes qui ont déclaré une poliomyélite (à la date du 27 août). Ces poliovirus dérivés apparaissent lorsque la souche vivante atténuée retrouvée dans le vaccin per os circule au sein d’une population sous-immunisée. Cette diminution de l’immunisation collective est en parti dûe à la pandémie mondiale de Covid-19. L’OMS a appelé à des actions immédiates avec la mobilisation d’une équipe d’intervention rapide composée d’experts en gestion d’opérations de vaccination, d’épidémiologistes, etc. L’ONU cherche actuellement à mobiliser 20 millions de dollars pour lancer une campagne de vaccination ciblant 9 millions d’enfants de moins de 5 ans au Soudan. L’éradication de la poliomyélite passe obligatoirement par la vaccination de l’ensemble des enfants du globe. Y compris ceux vivants en zone de conflits ou dans des zones reculées ou difficiles d’accès. On estime à l’heure actuelle 30 000 enfants « inaccessibles », un chiffre « trop faible » pour assurer une transmission épidémique, selon les experts scientifiques qui se veulent optimistes.

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L’objectif est proche : le monde peut être libéré de la menace de la poliomyélite mais ce moyennant l’engagement de tous : parents et responsables politiques tout comme la communauté internationale. Sources : OMS, Quotidien du Pharmacien, Le Monde, Académie de Médecine

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cile à diagnostiquer sans la possibilité de rester cachée de la surveillance chez un hôte humain. Ici, il faudra donc être prudent car l’infection par un poliovirus reste asymptomatique dans la plupart des cas.

L’INDUS N° 27 > Innovation thérapeutique

Un anneau vaginal pour prévenir l’infection par le VIH Le 24 juillet 2020, l’Agence Européenne des Médicaments (EMA) a émis un avis favorable vis-à-vis de l’anneau vaginal pour la prévention de l’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). C’est la première option de prévention destinée exclusivement aux femmes depuis le préservatif féminin, il y a plus de 30 ans. Par Chloé Virlouvet, étudiante en 3e année de pharmacie à la Faculté de Châtenay-Malabry

L’EMA a rendu son avis dans le cadre de la procédure de l’article 58 lui permettant d’évaluer le bénéfice/risque des médicaments destinés à des pays hors de l’Union Européenne selon les normes employées par les pays européens. Cette initiative nommée « Des médicaments pour tous » est en collaboration avec l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). L’évaluation de l’anneau vaginal par l’EMA comprend également le témoignage de deux femmes vivant

dans des pays d’Afrique où la prévalence du VIH est élevée, et permet de refléter la qualité, l’efficacité, l’innocuité, et le rapport bénéfice-risque de l’anneau. Cet anneau, mis au point par les chercheurs de l’International Partnership for Microbicides (IPM), est utilisé pour réduire le risque d’infection par le VIH en combinaison avec des pratiques sexuelles à moindre risque. « L’avis de l’EMA est un pas en avant

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important pour les femmes, qui ont un besoin urgent et méritent de nouvelles options discrètes pour gérer leur risque de VIH selon leurs propres conditions », a déclaré le Dr Zeda F. Rosenberg, directrice générale fondatrice de l’IPM. L’anneau vaginal, en silicone et flexible, permet l’administration du médicament antirétroviral selon la technologie utilisée pour le dispositif contraceptif. La molécule li-


bérée lentement en continu est la dapivirine, un inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse. Cet anneau a été développé pour les femmes exposées à un risque élevé de contracter le virus. En Afrique subsaharienne les femmes sont particulièrement touchées par le VIH, avec 4  500 femmes infectées chaque semaine, représentant plus d’un tiers des 1,5 million de nouveaux cas dans le monde. Ces chiffres s’expliquent par le manque d’accès à l’éducation, l’incapacité pour certaines femmes de se procurer ou de prendre le traitement antirétroviral prophylaxie pré-exposition (PrEP) et l’impossibilité de négocier l’utilisation du préservatif avec le partenaire, sans oublier les femmes qui sont à risque de violence sexuelle ou intime. L’anneau offre une alternative discrète, accessible et simple d’utilisation. Il doit être remplacé toutes les 4 semaines et l’utilisatrice l’insère et le retire elle-même. Le risque d’oubli est moindre qu’avec un comprimé quotidien à prendre. De plus, prendre un médicament tous les jours est culturellement signe de maladie. On a donc une meilleure acceptation sociale de l’anneau par rapport à la PrEP. Pour rendre son avis, l’EMA s’est basée sur des données provenant de 183 études non cliniques, 11 essais d’innocuité et de pharmacocinétique de phase I et de phase II et 2 études de phase III de 2016 : The Ring Study et ASPIRE. La première, menée par l’IPM, montre que l’anneau réduit le

L’INDUS N° 27 > Innovation thérapeutique

risque global de 35 % tandis que la seconde, menée par le MTN, montre une réduction du risque de 27 %. Toutefois, il faut souligner que l’efficacité augmente selon l’âge et l’adhésion au traitement, l’anneau doit donc être porté en continu pour conférer une protection. Plus récemment, il y a eu 2 études d’extension en ouvert de phase IIIb (OLE), HOPE et DREAM. Ces études ont réussi à montrer une réduction du risque de 54 %. En comparaison, la PrEP à la demande réduit les infections de 86 %. Dans le cas de l’essai HOPE, le taux de nouvelles infections avec l’anneau vaginal est de 1,9 %. Selon une modélisation statistique, les chercheurs ont déterminé que le taux de nouvelles infections aurait été de 4,1 % si les anneaux n’avaient pas été donnés aux femmes (selon des projections épidémiologiques basées sur les critères socio-économiques des femmes enrôlées dans l’essai). L’étude DREAM, qui a recruté 940 femmes à partir de juillet 2016, a abouti aux résultats similaires, avec une réduction de 54  % du taux d’incidence du VIH. Cependant, le taux d’infection est particulièrement élevé chez les femmes enceintes, allaitantes et les adolescentes mais les approbations actuelles de l’anneau ne s’appliquent pas à ces populations. L’IPM et MTN collaborent actuellement pour étudier l’anneau mensuel chez ces groupes.

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Aujourd’hui, l’IPM accélère le développement d’anneaux qui permettraient de répondre aux besoins de prévention du VIH des femmes à chaque moment de leur vie. De plus, il s’est lancé dans le développement de nouveaux anneaux, y compris un anneau de dapivrine à une action plus longue avec une durée d’action de 3 mois et un anneau de prévention polyvalent afin d’allier contraception et prévention du VIH. Les deux produits ont terminé les essais cliniques de sécurité de phase I. Sources : unaids., hiv, news.un, ipmglobal, actions-traitements, seronet, cliniquemutualisteamberieu

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L’INDUS N° 27 > Innovation thérapeutique

L’essor de la télémédecine La télémédecine regroupe l’ensemble des pratiques médicales (téléconsultation, téléexpertise, télésurveillance médicale…) qui permettent aux patients d’être pris en charge à distance grâce aux NTIC santé (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication). Par Lydia Kechemir, étudiante en 3e année de pharmacie à la Faculté de Châtenay-Malabry

La

télémédecine est prise en

par l’Assurance maladie depuis septembre 2018, mais jusqu’à lors la téléconsultation médicale peinait à se démocratiser et à s’ancrer dans les habitudes des médecins généralistes et spécialistes. Le confinement, instauré mimars 2020 pour lutter contre la pandémie de Covid-19. Cette crise a donc permis de démocratiser et de normaliser la pratique de la télémédecine.

charge

Ce concept a beaucoup d’avantages car il concerne tout assuré quel que soit son lieu ainsi que tout médecin quelle que soit sa spécialité. Cependant, la téléconsultation s’inscrit dans un parcours de soins et doit donc passer par le médecin traitant du patient sauf pour les spécialistes que l’on peut déjà consulter en accès direct et pour les patients de moins de 16 ans. Le patient doit en effet être connu du médecin traitant

qui détient son dossier médical (depuis au moins 12 mois), connaît son parcours de soins et ses antécédents médicaux.

Comment la consultation se déroule-t-elle ? Dans tous les cas, pour le patient, la téléconsultation se déroulera comme n’importe quelle consultation, en partant d’une demande de rendez-vous. Sur le plan technologique, elle repose sur deux exigences : d’une part, le recours à un échange vidéo – exigé par la loi, pour garantir la qualité des échanges entre le médecin et le patient via une très bonne résolution d’image – et, d’autre part, une connexion sécurisée, une exigence essentielle dans la mesure où la téléconsultation fait transiter des informations à caractère médical dont la confidentialité doit être protégée. Concrètement, le patient reçoit un lien, l’invitant à se connecter vers un site ou

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une application sécurisés, via son ordinateur ou une tablette équipée d’une webcam. La téléconsultation sera facturée par le médecin au tarif conventionnel comme une consultation en face-à-face. Dans le cadre d’un exercice en secteur 2 le médecin est libre de fixer un tarif qu’il juge adapté. Le paiement s’effectue uniquement par carte bancaire.

La télémédecine vue par les médecins Dans un article sur le site de Sanofi, on retrouve une interview du Docteur Jean-Paul Ortiz, Président de la Confédération des Syndicats Médicaux Français (CSMF). Il y dit que la crise sanitaire a joué le rôle d’un accélérateur, permettant de franchir, en quelques jours, les étapes qui constituent le cycle d’adoption d’une innovation. Il était primordial de réduire l’exposition des pro-


L’INDUS N° 27 > Innovation thérapeutique

fessionnels et de leurs patients au virus. Et l’appel lancé par les autorités à ne consulter qu’en cas d’urgence a été si bien entendu que les médecins généralistes, et les médecins spécialistes en particulier, ont vu leurs cabinets désertés du jour au lendemain. Ils se sont logiquement inquiétés du suivi de leurs patients, notamment ceux atteints de maladies chroniques (diabète, insuffisance cardiaque…), dont les risques sont accrus dans le contexte du Covid-19. La souscription aux plateformes en ligne permettant la prise de rendez-vous, l’appel vidéo et l’échange sécurisé de documents était jusquelà encore peu répandue chez les médecins. À la faveur de la crise, la plupart des acteurs du marché ont accordé des conditions tarifaires avantageuses (allant jusqu’à la gratuité temporaire), ce qui a permis de démocratiser l’utilisation de leurs solutions. Enfin, le temps de l’état d’urgence sanitaire, les autorités ont procédé à un assouplissement des règles de prise en charge de la téléconsultation par l’Assurance maladie et ont décrété une prise en charge à 100 % des actes de téléconsultation pour tous les patients. Nous sommes passés de 40 000 actes de téléconsultation en février 2020 à 1 million juste pour la semaine du 30 mars. De plus, 85 % de ces téléconsultations ont d’ailleurs été réalisées entre un patient et un médecin qui se connaissaient, donc dans le respect du parcours de soin, selon la CNAM.

La télémédecine vue par les patients Il faut rappeler que la télémédecine est une révolution

L’INDUS N° 27 > En bref

pour les déserts médicaux. Cela permet d’avoir une consultation très rapidement depuis chez soi chez n’importe quel spécialiste. Selon des sondages sur ce sujet, les patients relèvent la rapidité à laquelle ils ont pu avoir les rendez-vous. De plus, l’écoute et la rapidité à laquelle ils ont pu avoir des ordonnances est un point non négligeable. Bien évidemment, certaines spécialités sont plus aptes à se faire en téléconsultation, comme la psychiatrie, contrairement à l’ophtalmologie par exemple qui nécessite plus des appareils spécialisés. Cependant, on relève de vraies limites. Les patients ont beaucoup de doutes sur le diagnostic. Le CPO de Qare répond à cela que l’on ne consulte pas en téléconsultation lorsque l’on a des douleurs intenses ou un doigt coupé. Pour lui, il s’agit d’une vraie solution afin de désengorger les urgences ou encore résoudre le problème des déserts médicaux. La téléconsultation doit donc rester un outil complémentaire à la consultation en présentiel.

Cabine de téléconsultation dans les pharmacies ? Les téléconsultations sont proposées au patient au sein de l’officine. Le pharmacien met à disposition le matériel nécessaire à la réalisation de la téléconsultation et se charge de son organisation en prenant contact avec le médecin. Cet espace doit permettre de préserver la confidentialité des échanges. Il participe à l’examen clinique et accompagne le patient dans la bonne compréhension de la prise en

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charge. Le pharmacien doit également, si nécessaire, participer à certains examens cliniques (tensiomètre, oxymètre, stéthoscope...). La consultation doit être réalisée dans le respect du parcours de soins coordonné. Le pharmacien pourra, à la demande du médecin, lui transmettre des données complémentaires comme, par exemple, les valeurs tensionnelles. Le pharmacien perçoit annuellement une participation forfaitaire relative au temps passé à l’organisation de la téléconsultation et à l’assistance apportée au médecin et au patient lors de la téléconsultation. Ce montant forfaitaire varie en fonction du nombre de téléconsultations réalisées au sein de l’officine sur la période de référence appréciée en année civile. Ce montant est fixé comme suit : • de 1 à 20 téléconsultations : 200 € ; • de 21 à 30 téléconsultations : 300 € ; • supérieur à 30 téléconsultations : 400 € ; La téléconsultation a encore beaucoup d’avenir devant elle. La crise sanitaire a énormément accéléré le processus de déploiement. Le pharmacien, comme le médecin ont un rôle important à jouer car de plus en plus de pharmacies se lancent dans les cabines de téléconsultation. Cependant, il existe encore beaucoup de limites car il y a un manque de matériel et toutes les spécialités ne sont pas égales face à la télémédecine.

En bref Cornée artificielle

La thérapie génique dans  la guérison de la paraplégie

Le dispositif médical créé par la SartUp Israélienne CorNeat Vision, spécialisée dans les implants biomimétiques, a été testé pour la première fois sur un patient humain. Ce dernier, âgé de 78ans, était atteint d’une cécité progressive. Ainsi la cornée artificielle implantée dans sa paroi oculaire lui a permis de retrouver la vue ! L’implant est entièrement synthétique, fabriqué à partir d’un matériau biocompatible qui imite la microstructure extracellulaire humaine. L’implant, permettant aux cellules de synthétiser la matrice extracellulaire via les fibroblastes, ce dernier permet une implantation tissulaire progressive. La mise en place de ce dispositif médical est relativement simple et rapide, permettant de réduire les risques d’infection. En effet, le temps d’exposition de l’intérieur de l’œil avec le monde extérieur est réduit. De plus, les risques de rejet sont rares et les essais sur l’animal ont permis de montrer un lien solide et durable entre le tissu et l’implant. La cécité partielle est un handicap encombrant qui touche les personnes de plus en plus tôt. Elle est effectivement accentuée par les lumières bleues émises par les écrans auxquels nos yeux sont de plus en plus exposés. Ce dispositif médical nouvelle génération permettra donc d’améliorer le quotidien de nombreuses personnes et de contrer le manque de dons de greffons cornéens utilisés en dernier recours pour lutter contre la cécité cornéenne. La StartUp CorNeat doit continuer ses essais cliniques sur l’Homme pour prouver l’efficacité et la sécurité de son dispositif médical. Elle espère ainsi obtenir le marquage CE pour pouvoir commercialiser son produit ainsi que l’autorisation de la Food and Drug Administration (FDA) et de la National Medical Products Administration (NPMA). Daphnée Bourdeaux

La paraplégie est une atteinte du système nerveux. Elle survient suite à une lésion de la moelle épinière et engendre une paralysie des membres inférieurs. En effet, les axones étant sectionnés, les informations nerveuses ne peuvent plus circuler entre le cerveau et les muscles. Plus de 80.000 personnes en sont atteintes en France. À ce jour, la maladie est irréversible. Ces dernières semaines, une nouvelle approche a vu le jour : la thérapie génique pour la guérison de la paraplégie. Elle a ainsi permis à des souris de recouvrer l’usage de leurs pattes arrière. La question est donc légitime : serait-il envisageable que cela s’applique à l’Homme permettant alors aux malades de retrouver la motricité des membres inférieurs ? Tout d’abord, les scientifiques se sont penchés sur l’étude de souris paraplégiques. Leur idée a donc été de rétablir les liaisons axonales par thérapie génique en se basant sur le pouvoir de régénération de certaines cellules nerveuses. Cela est permis par l’ hyper-interleukine-6 qui est une protéine d’ores et déjà connue. Cependant, on sait qu’elle « ne se crée pas comme cela dans la nature et doit être produite à l’aide du génie génétique », détaille Dietmar Fischer, chercheur à la Ruhr-Universität Bochum et qui est un des investigateurs de l’étude. Les scientifiques ont donc injecté des virus modifiés avec un gène permettant la production d’hyper-interleukine-6 à des souris paraplégiques. Ces dernières ont alors été capables de produire elles-mêmes la protéine au niveau des cellules nerveuses. D’après M. Fisher « le traitement par thérapie génique de quelques cellules nerveuses seulement a stimulé la régénération axonale de différentes cellules nerveuses du cerveau, et de plusieurs voies motrices de la moelle épinière simultanément ». Au bout de deux à trois semaines, les chercheurs ont constaté la guérison de la paraplégie de ces souris car ces dernières avaient recouvré la motricité de leurs pattes arrière. Ce genre d’avancée n’avait jamais été constatée auparavant, d’autant plus sur des sujets atteints de paraplégie complète, et ouvre la voie à de possibles grandes avancées médicales. Il se pourrait que cette thérapie génique soit applicable chez l’Homme. Océane Vray

Source : siecledigital.fr et usine-digital.fr

Sources : Sanofi, Site de Soigner en Ile de France, Site de France Asso Santé

Sources : Futura Sciences, Derwesten

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L’INDUS N° 27 > En bref

Le cœur artificiel « Aeson », une révolution !

Découverte d’un nouvel   anticorps capable de ralentir la maladie d’Alzheimer

Le 23 décembre 2020, le cœur artificiel « Aeson » de la société Carmat a obtenu la certification européenne afin d’être commercialisé dans les 27 pays de l’Union Européenne. Grâce à celle-ci, la société a pu se lancer le défi de produire dix cœurs par mois afin de tenter notamment de réduire la longue liste des 900 patients en attente d’une greffe cardiaque en France. Aujourd’hui la principale démarche pour lutter contre l’insuffisance cardiaque est la transplantation cardiaque. Cependant, l’écart entre la demande de greffe et les cœurs disponibles est trop important ; une raison qui explique pourquoi moins de 50% des patients souffrant de cette maladie décèdent 5 ans après leur diagnostic. Le lancement de ce cœur artificiel est une révolution car il assure le rôle d’intermédiaire entre un patient en attente d’un cœur et sa transplantation. Il permet ainsi de prolonger la vie des malades atteints d’insuffisance cardiaque en phase terminale en luttant efficacement contre les conséquences désastreuses de la pénurie de greffons. Son fonctionnement repose sur le principe suivant : le cœur artificiel Carmat, un peu plus lourd qu’un cœur biologique a globalement la même configuration que ce dernier. La prothèse implantable comprend deux cavités ventriculaires ainsi que quatre valves qui permettent d’obtenir un flux sanguin unidirectionnel et pulsatile. L’ensemble est connecté d’une multitude de capteurs et récepteurs qui permettront de reproduire le fonctionnement d’un cœur sain. Enfin des équipements externes (contrôleur et batteries) permettront de contrôler le bon fonctionnement de ce nouveau cœur assurant ainsi au patient une forte autonomie et une mobilité quasi-normale. Cette opération reste très couteuse, aux alentours de 150 000 €. La prise en charge par la sécurité sociale en France serait forfaitaire. Nous ne savons pas encore quel montant exact sera remboursé mais ce remboursement permettra d’assurer une possibilité de traitement aux plus grands nombres de malades. Le but de cette démarche étant d’atteindre au moins 2000 patients par an. Albane Laurin

Le groupe pharmaceutique Eli Lilly a récemment découvert un anticorps nommé le donanemab qui permet de ralentir la maladie d’Alzheimer. Cette maladie est l’une des maladies neurodégénératives les plus répandues dans le monde qui s’accompagne de la perte de certaines fonctions cognitives ainsi qu’une perte de mémoire. Les études sur cet anticorps ont montré un ralentissement d’un tiers de la dégradation des fonctions cognitives et vitales aux premiers stades de la maladie et a atteint les objectifs fixés lors de la phase II de son essai clinique. Le donanemab va agir sur la protéine N3pG présente dans les plaques séniles et va permettre leur destruction. Cette étude dont la durée prévue est d’un an et demi a mis en évidence un ralentissement de 32 % du déclin cognitif concernant les patients qui ont reçus le donanemab contrairement au patient qui ont reçus un placebo. Les scientifiques du groupe américains ont ensuite quantifiés les plaques d’amyloïdes au scanner grâce à une mesure appelé centiloide, s’étalant de 0 (absence de plaque sur l’image) à 100 (présence importante de plaque). Le donanemab a permis de réduire de 84 centiloïdes les plaques amyloïdes. On remarque ainsi que la présence d’amyloïde est un accélérateur important de la maladie d’Alzheimer. Il s’agit alors d’une découverte prometteuse. Manon Cohen

INSTITUT MINES-TELECOM INS_16_10099_IMT_MinesAlbi_LogoCMYK_Baseline 28/02/2017 24, rue Salomon de Rothschild - 92288 Suresnes - FRANCE Tél. : +33 (0)1 57 32 87 00 / Fax : +33 (0)1 57 32 87 87 Web : www.carrenoir.com

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ÉQUIVALENCE QUADRICHROMIE

CYAN 75% JAUNE 15% NOIR 100%

DOCTEUR EN PHARMACIE ET INGÉNIEUR DEUX DIPLÔMES, UNE VISION GLOBALE DU MÉDICAMENT

ET FIL PA IÈR R ES A LT ÉT ER UD N IA A N N T C E

Sources : Usine Nouvelle, Futura Sciences

Sources : Carmatsa, Sciences et Avenir, Futura Sciences IMT Mines Albi

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Campus Jarlard - 81 013 ALBI - CT Cedex 09 Tél. : 05 63 49 32 50 - Mail : communication@imt-mines-albi.fr www.imt-mines-albi.fr

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