ANIMAN 244 NOUVELLE MAQUETTE

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MONGOLIE

DES SUMOS AU PAYS DU CIEL BLEU

SIERRA LEONE

JOYAU OUBLIÉ DE L’AFRIQUE

PORTFOLIO

L’HIVER VU PAR THIERRY VEZON

COSTA RICA SOUS LE MASQUE DES BORUCAS

CORÉE DU SUD

GYEONGJU, TEMPLE DU BOUDDHISME

SUISSE STREET ART À BÂLE

UN ZOOM QUI VA BIEN AU-DELÀ DES STANDARDS

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© Richard Grell

NOUVELLE FORMULE

RÊVER,

VOYAGER, PRÉSERVER

Chères lectrices, chers lecteurs,

A l’occasion de la sortie de ce dernier numéro de l’année, Animan se réinvente avec une maquette plus moderne, élégante et épurée. Imaginée par le nouveau directeur artistique Thierry Desplands-Monnier, cette refonte ne bouleverse pas notre ADN, au contraire, elle ne fait que mieux le révéler. Grâce à cette mise en page, les récits de voyage gagnent en impact et en lisibilité. Les photographies qui les illustrent captivent davantage encore. Nous avons cherché l’équilibre idéal entre textes et images, entre substance et forme, pour faire de chaque numéro d’Animan un objet d’émerveillement.

Cette évolution s’inscrit dans la continuité de ce qui fait la singularité d’Animan: l’exigence de la qualité, l’ambition de faire rêver et surtout l’envie de donner à voir un monde où l’homme sait encore vivre en harmonie avec son environnement, malgré toutes les pressions que celui-ci subit. La refonte graphique d’Animan s’accompagne d’une nouvelle devise qui ne saurait mieux résumer notre vocation: rêver, voyager, préserver. Nous espérons que vous aurez autant de plaisir à lire cette édition que nous en avons eu à la préparer.

Bonne découverte!

Alexander Zelenka rédacteur en chef

© Thierry Vezon

12 MONGOLIE

DES SUMOS AU PAYS DU CIEL BLEU

Venu du Japon, ce sport emblématique suscite un enthousiasme grandissant. Plusieurs athlètes mongols ont connu une carrière à succès au Japon, contribuant à enrichir les échanges culturels entre les deux pays.

Par Alexander Zelenka et Catherine Hyland

24 SIERRA LEONE

LE JOYAU OUBLIÉ DE L’AFRIQUE

Terre de contrastes, ce petit pays d’Afrique de l’Ouest émerge d’une histoire marquée par les conflits pour dévoiler des trésors insoupçonnés. Découverte hors des sentiers battus.

Par Laurent Nilles

35 PORTFOLIO

L’HIVER MAGIQUE DE THIERRY VEZON

Le photographe français a promené son objectif aux quatre coins du globe pour en ramener des images aussi esthétiques que féériques.

52 COSTA RICA

SOUS LE MASQUE DES BORUCAS

Chaque année, du 31 décembre au 2 janvier, les descendants du peuple Boruca honorent la mémoire de leurs ancêtres qui ont vaillamment repoussé les conquistadores durant la Fiesta de los Diablitos.

Par Julien Pannetier et Vincent Eschmann/Zeppelin

62 CORÉE DU SUD

LE TEMPLE DU BOUDDHISME SUD-CORÉEN

Classée au patrimoine mondial de l’Unesco, la cité de Gyeongju n’est pas seulement un musée à ciel ouvert, mais aussi un lieu propice à la contemplation et à la méditation.

Par Marie Paturel et Hemis

72 SUISSE

DU STREET ART POUR VOIR BÂLE AUTREMENT

Identifié très tôt par les autorités pour son potentiel touristique, le graffiti est un fil rouge qui permet de découvrir la cité rhénane avec un autre regard. Tour d’horizon des fresques les plus emblématiques.

Par Alexander Zelenka et Basel Tourismus

LÉGENDE DE LA COUVERTURE: portrait d’un jeune lutteur mongol.

© Catherine Hyland

Elle est petite. Elle est puissante. Elle est arrivée.

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Notre SUV le plus compact à ce jour séduit par ses performances puissantes, son design innovant et l’empreinte carbone la plus faible de toutes les Volvo. Souvent, la petitesse s’accompagne de grandeur.

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PARADISE INC.

UN PARADIS QUI N’EST BIENTÔT PLUS

ans l’imaginaire collectif, le continent africain reste un refuge pour le monde sauvage. Cette pensée repose autant sur les récits d’éthologues célèbres comme Dian Fossey ou Jane Goodall que sur certains films à succès qui ont su capter la splendeur des paysages et la richesse d’un patrimoine naturel exceptionnel. Mais cette mémoire universelle repose sur des clichés. Que reste-t-il de ce paradis aujourd’hui? Face à l’expansion économique fulgurante du continent, comment préserver son capital naturel? De quelle manière concilier l’explosion démographique des villes tentaculaires du continent et l’intégrité des territoires qui abritent peuples autochtones et animaux sauvages? Avec Paradise Inc., Guillaume Bonn signe une enquête photographique passionnante qui nous entraîne en profondeur au cœur de ces questions fondamentales, dont les ramifications se tissent jusqu’en Europe. Au fil des pages, ce photographe documentaire français d’origine malgache, qui a grandi au Kenya, propose un éclairage inédit et rare sur ce qu’il se passe vraiment en Afrique, loin des idées et des solutions toutes faites.

Paradise Inc. Guillaume Bonn Editions Hemeria 184 pages www.hemeria.com

© Guillame Bonn / Hemeria

LUTTER CONTRE LE SURTOURISME

LE GROENLAND S’INVITE À BERNE

Le Musée Alpin Suisse consacre sa nouvelle exposition au Groenland, une nation en pleine mutation. Des masses de glace qui fondent à toute vitesse, un tourisme en plein essor, trois nouveaux aéroports en construction, des montagnes de déchets qui ne cessent de s’accumuler, des investisseurs à la recherche de ressources minières et un pays qui s’assume en quête d’identité indigène comme d’indépendance… le changement à l’œuvre au Groenland est multiple et parfois contradictoire. Mais qu’en pensent les personnes qui y vivent? Et qu’est-ce que cette mutation nous apprend sur le monde dans lequel nous vivons? Avec cette exposition qui fait réfléchir, le Musée Alpin Suisse nous transporte instantanément au Groenland.

Exposition Groenland, Tout va changer Musée Alpin Suisse Berne www.alps.museum/fr

Cet été, les autorités japonaises ont instauré une redevance obligatoire de 2 000 yens (environ 12 euros) pour les randonneurs empruntant le sentier Yoshida, le plus fréquenté pour monter au sommet. Outre endiguer le surtourisme, la taxe finance la préservation de l’environnement et l’amélioration des infrastructures. Par ailleurs, le nombre de passages a été limité à 4 000 par jour via un système de réservation en ligne. Ces mesures ont conduit à une baisse de la fréquentation de 14%, avec 178 000 randonneurs recensés entre début juillet et début septembre de cette année, contre environ 205 000 l’année précédente.

Avis aux nostalgiques du légendaire

Orient-Express: European Sleeper lance en 2025 une nouvelle ligne de train de nuit à destination de Venise. Après avoir ouvert des liaisons entre Bruxelles, Berlin et Prague, la coopérative belgonéerlandaise permettra désormais de voyager de Bruxelles à Venise, en passant par les Pays-Bas, l’Allemagne et l’Autriche. Après le trajet inaugural prévu le 5 février 2025, deux trains circuleront chaque semaine en février et mars. L’itinéraire promet de faire rêver les amateurs de voyages lents autant que pittoresques, dans l’esprit des lignes mythiques.

© Jonas-Schmitt
© Paul VolkmeUnsplash

«Papa, est-ce que les vaches ont aussi le

pour le bien-être animal.

Des paroles aux actes nº74: en matière de bien-être animal, nous imposons des normes sévères.

des-paroles-aux-actes.ch

ACTUALITÉS

SWISS PRESS PHOTO 24 RÉTROSPECTIVE PHOTOGRAPHIQUE

Si vous avez manqué l’exposition Swiss Press Photo 24 à la Bibliothèque nationale suisse de Berne, le Château de Prangins vous offre une occasion de vous rattraper. Revenant sur l’année écoulée, ce sont quelque 150 images d’actualités nationales et internationales qui sont à découvrir. On peut citer celles sur le thème du rachat de Credit Suisse par UBS, mais aussi les séries photographiques illustrant des phénomènes sociaux tels la vie à l’année au camping, la tradition de l’après-ski ou encore le «horsing», très populaire dans les pays nordiques, qui consiste à faire de l’équitation en montant sur… un faux cheval en bois!

Exposition Swiss Press Photo 24 Château de Prangins Visites guidées les 8, 15 et 29 décembre de 15 h à 16 h www.chateaudeprangins.ch

ÉTUDE HORIZONS 25 LE MOTEUR DE NOS VOYAGES

Publiée en octobre 2024, l’étude Horizons 25 réalisée par Expedia Group a interrogé 25 000 voyageurs de 19 pays, dont 2000 Suisses, pour déterminer leurs préférences en matière de vacances pour l’année à venir. Plusieurs tendances fortes se dégagent: l’attrait pour les destinations alternatives (63%), l’intérêt pour la gastronomie locale et les restaurants réputés (67%), le «set-jetting», qui consiste à visiter des lieux de tournage de films et de séries (74%) ou encore l’envie d’assister à des phénomènes naturels (86%).

DES WADIS AUX PLAGES DE RÊVE, EN PASSANT PAR LE PLUS GRAND DÉSERT DE SABLE DU MONDE

Oman – Un pays de contrastes

Envie de découvrir Oman?

En parcourant la partie sud du pays, vous longerez les plages de sable blanc sur les rives de la mer d’Arabie puis profiterez de la fraîcheur des wadis, des paysages de montagne et d’une incursion en plein cœur du désert. Découverte du Dhofar, région encore préservée à la beauté brute et authentique.

POINTS FORTS

• Glamping dans le désert de Rub al Khali

• Wadi Darbat

• Les sublimes plages du sud ouest

GARANTIE DE VOYAGE

• Fond de garantie pour les voyages forfaitaires

• Hotline d’urgence 24 h / 24 et 7 j / 7

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Suite aux premiers succès que les sumos mongols ont remporté au Japon, dans les années 1990, cette discipline est rapidement devenue très populaire dans le pays, inspirant la jeune génération.

MONGOLIE

Des sumos au pays du ciel bleu

Texte : Alexander Zelenka Photos : Catherine Hyland

photographe Catherine Hyland a réalisé ses images entre le centre Kyokushu Beya, l’un des principaux lieux de formation pour les jeunes sumos à Oulan-Bator, et le parc national de Gorkhi-Terelj, situé à environ deux heures de route.

Venu du Japon, le sumo, ce sport emblématique a pris son essor en Mongolie, suscitant toujours plus d’enthousiasme au sein de la population. Plusieurs athlètes mongols ont connu une carrière à succès au Japon, contribuant à enrichir les échanges culturels entre les deux pays. La photographe anglaise Catherine Hyland a documenté cette nouvelle tradition.

Appelée bökh, la lutte traditionnelle occupe une place centrale dans la culture mongole. Elle fait partie des trois sports principaux aux côtés de la course de chevaux et du tir à l’arc. C’est une discipline empreinte de traditions ancestrales, où la force physique, le respect des valeurs morales et l’honneur familial sont mis en avant. Si elle est pratiquée depuis des siècles dans les vastes steppes de la Mongolie, la rencontre de ce pays avec le sumo japonais a de quoi étonner.

La

Certains lutteurs n’ont même pas 10 ans mais ils s’entraînent sans relâche dans l’espoir de marcher un jour dans les pas de leurs illustres prédécesseurs.

L’intérêt de ce pays situé entre la Russie et la Chine pour le sumo a véritablement émergé dans les années 1990, lorsqu’un petit groupe de lutteurs mongols s’est rendu au Japon pour se former. Ces athlètes étaient attirés par l’exigence du sumo mais aussi par la possibilité de se faire un nom au sein d’une structure internationale. Dès leurs débuts, plusieurs d’entre eux ont brillé par un

talent et une adaptation exceptionnels aux codes du sumo japonais. Certains sont même devenus des légendes de ce sport, à l’image d’Asashōryū Akinori, devenu en 2003 le premier yokozuna (le rang le plus élevé que peut atteindre un sumo, ndlr.) mongol.

Par effet ricochet, ses succès ont encouragé un grand nombre de ses compatriotes à s’intéresser à cette discipline. La Mongolie a adopté le sumo avec un enthousiasme grandissant au point de commencer à l’intégrer aux

événements sportifs nationaux. De plus en plus de jeunes mongols, fascinés par cette nouvelle pratique, ont fait le choix de partir à leur tour, commençant à bâtir, petit à petit, la domination mongole sur ce sport. Hakuho, lui aussi Mongol d’origine et véritable légende vivante puisqu’il détient à ce jour le record du nombre de tournois et de matchs gagnés, en est l’un des plus illustres symboles. En 2019, celui-ci a d’ailleurs eu le privilège d’obtenir la nationalité japonaise.

La Mongolie présente un double visage: d’un côté, elle s’urbanise, de l’autre, elle conserve des zones où l’habitat traditionnel, en particulier les yourtes, perdure. C’est dans cet environnement particulier mêlant tradition et modernité que s’inscrit l’essor du sumo.

À travers son objectif, Catherine Hyland a cherché à dévoiler non seulement la force brute des sumos, mais aussi leur fragilité, leurs doutes et au final leur humanité.

UNE PHOTOGRAPHE EN IMMERSION

C’est ce contexte unique d’échanges culturels que Catherine Hyland a voulu documenter. Connue pour son travail photographique centré sur la relation entre l’homme et son environnement, la photographe britannique a été fascinée par l’idée qu’un sport aussi profondément japonais que le sumo soit pratiqué dans le cadre des steppes mongoles. Elle s’est donc rendue pendant plusieurs mois en Mongolie pour illustrer l’attrait du pays pour le sumo, cherchant à explorer les points communs et les différences entre cette discipline et la lutte mongole.

Son but n’était pas simplement de documenter une pratique sportive, mais de comprendre les multiples dynamiques à l’œuvre dans son adoption culturelle. Ses images se distinguent par leur capacité à saisir les nuances invisibles, que ce soit la tension avant un combat, les moments d’effort intense ou des instants plus calmes, lorsque les lutteurs reprennent leur souffle, comme plongés dans une forme de méditation. À travers son objectif, Catherine Hyland a cherché à dévoiler non seulement la force brute des sumos, mais aussi leur fragilité, leurs doutes et au final leur humanité.

Les sumotoris se combattent sur le dohyô qui symbolise le ciel et qui mesure 6 m2. La lutte en elle-même se déroule au centre, à l’intérieur d’un cercle de 4 mètres de diamètre.

Catherine Hyland s’est focalisée sur les jeunes pratiquants, qui se sont révélés plus faciles à approcher que les adultes, parfois réticents à se laisser photographier durant leurs entraînements.

À LA FOIS DOCUMENTAIRE ET POÉTIQUE

Son approche se caractérise par une volonté de creuser sous la surface des choses. Pour elle, il ne s’agissait pas seulement de suivre les combats de sumo en Mongolie, mais de sonder ce que ce sport signifie dans un pays où la tradition de la lutte est aussi ancienne que respectée. En intégrant des éléments visuels de la culture mongole et en capturant des moments de la vie quotidienne des lutteurs, elle a cherché à créer un dialogue entre deux mondes, avec d’un côté le Japon traditionnel du sumo et de l’autre la Mongolie contemporaine, en pleine transformation.

La photographe a passé beaucoup de temps à suivre des entraînements dans des écoles de lutte où les jeunes Mongols s’initient au sumo parfois dès leur plus jeune âge, rêvant de marcher dans les pas de leurs idoles. Ses photographies montrent ces moments de transmission, où l’on voit des lutteurs en devenir se confronter à des techniques qui ne leur sont pas propres mais qu’ils apprennent à maîtriser avec patience et détermination. En même temps que les corps se heurtent et que les esprits s’affûtent, la culture japonaise du sumo prend racine dans un

nouveau terreau. En toile de fond de son sujet principal, Catherine Hyland a également pris soin de photographier les paysages mongols, vastes et austères. Des images de steppes infinies et de montagnes lointaines qui offrent un contraste frappant avec la nature confinée et contrôlée des dohyō, illustrant la rencontre entre un sport extrêmement ritualisé, né dans les villes du Japon, et l’immensité sauvage de la Mongolie.

Peuplée de 3 millions d’habitants seulement alors qu’elle est près de quarante fois plus grande que la Suisse, la Mongolie offre d’immenses espaces vierges.

DE LA PRIÈRE AU DIVERTISSEMENT

Le sumo, sport emblématique du Japon, trouve ses racines dans les rituels religieux du shintoïsme, une des croyances les plus anciennes du pays. Les premiers combats de sumo remontent au VIIIe siècle, où ils étaient organisés dans le cadre de cérémonies destinées à plaire aux dieux et à assurer des récoltes abondantes. À l’époque, le sumo n’était pas un simple divertissement, mais une véritable prière physique, un rite sacré visant à maintenir l’harmonie entre les forces naturelles et les hommes. Cette lutte est progressivement devenue un art martial à part entière, codifié à l’extrême, et profondément ancré dans la culture japonaise.

Aujourd’hui, le sumo est perçu comme bien plus qu’un sport au Japon: c’est un héritage national, un mode de vie et bien sûr un spectacle fascinant. Les combats, qui se déroulent sur un ring circulaire appelé dohyō, sont encadrés par des rituels et des gestes précis, perpétués depuis des siècles. Les lutteurs, appelés rikishi, sont soumis à un code de conduite strict, tant sur le plan alimentaire que comportemental. Leur entraînement est rigoureux, forgé par la répétition des techniques et un contrôle mental constant. Au-delà de la puissance physique, le sumo exige une discipline de vie complète qui continue d’inspirer des adeptes bien au-delà des frontières japonaises.

Un masque Gongoli effectue une danse au bord de l’océan. A droite, un homme se déplace à pirogue sur la rivière Moa, tandis qu’une femme vend du poisson séché en bord de route.

SIERRA LEONE

Le joyau oublié de l’Afrique

Texte et photos : Laurent Nilles

La capitale Freetown mélange bourgs de pêcheurs, plages idylliques, quartiers modernes et vestiges du passé, que ce soient les villas sur pilotis des colons britanniques ou les plus modestes huttes des anciens esclaves américains affranchis.

A droite, la pêche a été bonne pour ces jeunes Sierra-Léonais. L’âge médian des habitants du pays est juste en-dessous de 20 ans.

Terre de contrastes, ce petit pays d’Afrique de l’Ouest émerge d’une histoire marquée par les conflits pour dévoiler des trésors insoupçonnés. Entre plages immaculées, forêts luxuriantes et faune rare, cette destination également riche en culture invite à voyager hors des sentiers battus.

Des vagues douces caressent les rochers polis par le mouvement perpétuel des eaux. Des palmiers d’un vert intense se penchent au-dessus de la plage de sable clair. Au loin, un pêcheur dirige sa pirogue en direction du coucher de soleil, tandis que de la musique reggae résonne dans l’air. La scène semble sortir tout droit d’un prospectus publicitaire des Seychelles, mais c’est bien en Sierra Leone que nous nous trouvons. Un petit pays situé sur la côte atlantique de l’Afrique de l’Ouest qu’on associe plus volontiers à son passé tourmenté qu’à une destination de vacances.

Depuis le début des années 1990 jusqu’à l’accord de paix de 2002, le pays était en effet plongé dans une guerre civile sanglante, mise en scène par Hollywood dans le blockbuster «Blood Diamonds». Au-delà des clichés, les images des seigneurs de guerre aux lunettes de soleil opaques et des enfants-soldats armés traumatisés hantent encore les mémoires. En 2014,

une épidémie d’Ebola a causé de nouveaux malheurs et fait la une des journaux. Et pourtant, moins de dix ans plus tard, l’ouverture d’un aéroport international flambant neuf marque le renouveau d’une nation dont les habitants ont réussi à trouver des perspectives en se projetant dans un futur qui reste à dessiner.

HÉRITAGE COLONIAL

Porte d’entrée pour le voyageur qui veut découvrir le pays, Freetown, la capitale, a été fondée à la fin du XVIIIe siècle par d’anciens esclaves affranchis qui y ont construit leur nouvelle vie d’hommes et de femmes libres. Aujourd’hui, l’héritage architectural de cette époque se retrouve un peu partout. L’église St. John’s Maroon, construite en 1822, est particulièrement connue, mais de nombreuses maisons d’habitation plus modestes, construites en bois et peintes de couleurs vives ont également une histoire plus que centenaire.

Le projet d’écotourisme de Tiwai permet de combiner exploration de la faune et échanges culturels.

On peut y découvrir des lieux sacrés au milieu de la forêt, habités par des esprits, des artisanats ancestraux comme le tissage ainsi que la vie quotidienne au sein des villages Mende.

Si un nombre important de ces logements, la plupart sans eau courante ni électricité ont fait place à de nouvelles constructions, il en reste encore à Bathurst, une banlieue de Freetown. Les colons britanniques, en revanche, préféraient le climat plus frais de Hill Station, un quartier sis en altitude, pour leurs villas édifiées sur pilotis afin de se protéger des moustiques et des termites. Elles appartiennent désormais à l’État qui les utilise comme logements de service pour ses fonctionnaires.

L’ÉCOTOURISME A LE VENT EN POUPE

Après avoir exploré la capitale, les plages ensoleillées de Bureh ou River Number Two sont idéales pour se détendre. Le sanctuaire de Tiwai est une alternative intéressante pour découvrir la nature sierra-léonaise. Dans cette réserve protégée située sur le fleuve Moa vivent, outre de nombreux oiseaux et des primates, dont des colobes bai ou des cercopithèques Diane, les très rares hippopotames nains. Il faut toutefois être exceptionnellement chanceux pour apercevoir un de ces animaux nocturnes.

Un projet d’écotourisme, géré conjointement par plusieurs communautés locales, se prête à merveille pour découvrir la riche culture du peuple Mende.

L’imam du village pose pour un portrait. En bas, une petite cérémonie traditionnelle a pour but de protéger le campement nouvellement inauguré pour les visiteurs.

La société secrète Sandé a pour mission d’initier les jeunes filles. Leur masque, appelé Sowei et toujours de couleur noire, est unique en Afrique, car il est le seul à être porté par une femme plutôt que par un homme.

À Boma, l’un des huit villages participants, camper dans une clairière idyllique au bord de la rivière nous permet d’assister à un rituel de la société Sandé. Le rôle de cette structure secrète est de préparer, pendant une période de formation de plusieurs semaines, les

jeunes filles à leur futur rôle de femme et de mère. Sous la supervision d’un personnage portant un masque noir et vêtu d’une robe de raphia sombre, celles-ci effectuent une purification spirituelle au bord de la rivière, enduites de poudre de kaolin blanc. Appelée

Sowei, cette figure élégante symbolise la féminité dans sa forme idéale et est censée inspirer un mode de vie exemplaire. C’est d’ailleurs le seul parmi tous les masques africains à être porté non pas par un homme, mais par une femme.

En haut, le Soko Banna démontre ses pouvoirs et sa résistance à la douleur lors d’une cérémonie rituelle. Masque farceur, le Gongoli a pour but de divertir le public. Tout en bas, le Falui incarne le masque souverain selon la mythologie Mende.

RITES SECRETS

Les hommes Mende ont également leur propre société secrète. Dans un village voisin, une sortie des masques du Poro est organisée à l’occasion de notre venue. Juste avant le coucher du soleil, les tambours annoncent l’arrivée du Falui. Avec une couronne de plumes sur la tête, ce personnage affiche un air de noblesse royale lorsqu’il défile sur la place sablonneuse du village. Selon la mythologie Mende, l’esprit du Falui, qui ne voulait être au service de personne, aurait donné sa main gauche en échange du pouvoir de la dignité souveraine. Le monarque est accompagné du Goboi, un être sans visage effectuant des mouvements de danse effrénés.

Le Falui et le Goboi sont des masques de la société secrète du Poro. Coiffé d’une couronne de plumes, le Falui arbore une allure royale. Quant au Goboi, entité sans visage, il est réduit à un chapeau orné de cauris et une masse de raphia jaunâtre.

Selon la mythologie Mende, l’esprit du Falui, qui ne voulait être au service de personne, aurait donné sa main gauche en échange du pouvoir de la dignité souveraine.

Quelques jours plus tard, la performance d’un Soko Banna, un initié Poro de haut rang, nous fait entrer encore plus dans la dimension de l’étrange. Pour prouver ses pouvoirs, soit l’invulnérabilité et la tolérance à la douleur, il se coupe la langue, se pique les gencives avec un aiguillon de porc-épic et jongle avec une demi-douzaine de serpents étrangleurs. Un spectacle aussi fascinant que… sanglant!

DES DIAMANTS PEU RELUISANTS

Non moins sanglantes étaient les conditions de travail dans les mines de diamants du nord-est pendant la guerre civile, lorsque les rebelles du RUF (Revolutionary United Front) forçaient des civils à y travailler. Dans le district de Kono, où se concentre l’essentiel des ressources diamantifères, l’extraction reste un travail particulièrement pénible. Chaque jour, sous un soleil de plomb, des milliers d’ouvriers transpirent dans la boue, creusent la terre et lavent la vase brune pour mettre à jour les pierres scintillantes tant convoitées. Le propriétaire d’une petite mine en détaille le fonctionnement: l’exploitation est régie par des concessions, les propriétaires terriens sont indemnisés et les ouvriers reçoivent un salaire régulier bien que modeste, voire participent au bénéfice.

Les structures visitées manquent toutefois de machines et de capitaux et cherchent des investisseurs. Selon l’entrepreneur, quelques milliers d’euros suffisent pour louer une pelleteuse. Réaliser un bénéfice est possible en quelques mois, voire en quelques semaines… à condition d’avoir de la chance. Car trouver des diamants reste une gageure. Pour le voyageur de passage, il est moins hasardeux de compter sur la découverte de ce pays encore méconnu et de ses trésors naturels comme culturels pour s’enrichir.

Le travail manuel reste dominant dans les mines de diamant locales, faute de capital.

SPLENDEURS DU NIL : L’HÉRITAGE DES PHARAONS

Du vendredi 4 au dimanche 16 février 2025 (13 jours)

VOTRE DAHABIEH PRIVATISÉE

Vous naviguerez à bord d’une dahabieh, un voilier traditionnel égyptien idéal pour voguer sur le Nil. Ce bateau comprend sept cabines avec salle de bains privative et de grands espaces communs.

JOURS 1 À 3

Le Caire et ses pyramides

Départ de Genève à destination du Caire pour explorer les célèbres pyramides et le Sphinx. Immergez-vous dans l’exceptionnelle collection d’antiquités du musée égyptien. Découvrez ensuite le Caire copte et le Caire islamique, et laissez-vous emporter par l’atmosphère du grand souk.

JOUR 4 À 6

Louxor ou l’ancienne Thèbes

Au lever du jour, envolez-vous en montgolfière pour une vue panoramique sur l’ancienne Thèbes. Explorez le complexe de Karnak, suivi d’une visite au temple de Louxor. Poursuivez avec la vallée des Rois, en visitant notamment le tombeau de Sethi I, et découvrez le temple funéraire d’Hatshepsout.

JOURS 7 À 10

Sur le Nil en dahabieh privée

Pendant 5 jours et 4 nuits, naviguez sur le Nil à bord de votre dahabieh privatisée. Cette croisière vous permettra d’accoster près de petites îles, de vous promener au cœur des plantations sur les terres fertiles du Nil, et de visiter les sites antiques majestueux qui bordent ses rives.

JOURS 11 À 13

Abu Simbel et Assouan

Après avoir débarqué à Assouan, prenez la route pour Abu Simbel où vous assisterez à un spectacle de son et lumière. Profitez d’une navigation matinale surlelacNasseretadmirezl’aubesurlessites sur le lac Nasser et admirez l’aube sur les sites environnants. À Assouan, une visite du temple de Philae est prévue.

Découvrir l’Égypte représente la consécration d’un rêve : percer les mystères des tombes de la vallée des Rois, approcher les gens durant leurs activités quotidiennes, admirer les paysages des rives du Nil… À bord d’une dahabieh spécialement privatisée, une croisière intime vous attend.

VOTRE GUIDE FRANCOPHONE : ASHRAF SAAD

Guide conférencier depuis plus de 30 ans, féru d’égyptologie et des périodes copte gréco-romaine et arabe médiévale, il vous fera découvrir les temples, églises, tombeaux et autres merveilles de l’Égypte antique de manière passionnante.

LES EXPERIENCES ANIMAN

• La découverte des sites majeurs de la Haute-Égypte, dont le tombeau de Sethi I et la Nécropole de Sakkara

• Une croisière de 5 jours sur le Nil

• Un vol en montgolfière au lever du jour

• Des hébergements confortables, soigneusement sélectionnés

• Un repas chez l’habitant dans une famille nubienne

• Un spectacle son et lumière

• L’accompagnement par un guide égyptologue francophone

Circuit en petit groupe de 12 à 14 participants

Prix abonné: CHF 6’800.- par personne

Supplément non abonnés : CHF 250.-

Programme et informations

Au Tigre Vanillé Silvia Fabbri 022 817 37 36 silvia@autigrevanille.ch

PORTFOLIO

THIERRY VEZON

HIVER MAGIQUE THIERRY

THIERRY VEZON

1 Norvège

Senja après la pluie.

2 Islande

de sable noir à Stokkeness.

Plage de sable noir à Stokkeness.

3 Etats-Unis

Bison dans le parc de Yellowstone.

Bison dans le parc de Yellowstone.

4 Finlande

Les toilettes les plus connues du grand nord, au mont Livaara.

5 Etats-Unis

Coyote dans l’immensité de Yellowstone.

Les toilettes les connues du nord, au mont Livaara. de Yellowstone.

fait un nom dans le monde de nature grâce à son et sensible des arpente des territoires reculés aux coins du froides l’a

de du Groenland ou ou encore vastes Il

Thierry Vezon s’est fait un nom dans le monde de la photographie nature grâce à son approche poétique et sensible des grands espaces sauvages. Depuis plus de quinze ans, cet autodidacte arpente des territoires reculés aux quatre coins du globe. Son amour pour les régions froides l’a régulièrement conduit en Arctique, où il a notamment photographié les fjords de Norvège, les glaciers du Groenland ou encore les vastes étendues de l’Islande. Il

6 Japon

la le ballet des flamants les en Écosse et les forêts de la Slovénie. Fasciné la lumière et la quié tude de ces lieux Vezon immortalise aussi la faune ces environne et de respect pour la nature.

explore également la Camargue, sa région natale, capturant le ballet des flamants roses et celui des chevaux sauvages, ainsi que les grands espaces des Highlands en Écosse et les forêts mystiques de la Slovénie. Fasciné par la lumière et la quiétude de ces lieux isolés, Vezon immortalise aussi la faune qui peuple ces environnements, toujours dans une quête d’émotions et de respect pour la nature. www.thierryvezon.com

7 13 à dans les japonaises.

11 Norvège

Macaque du Japon à Jigokudani, dans les Alpes japonaises.

7 Finlande

Arbres de la de Kuusamo.

Arbres de la taïga près de Kuusamo.

8 Groenland

Chiens de traineaux près de Tasiilaq.

Chiens de traineaux de Tasiilaq

9 Etats-Unis

Site de Mammoth

Site de Mammoth Hot Springs.

10 Norvège

Cabane sur les Iles lofoten.

Renard sur du Svalbard.

Renard arctique sur l’archipel du Svalbard.

12 Japon

Grues à Hokkaido.

Hokkaido

13 Norvège

Reflets aquatiques sur l’archipel du Svalbard.

Reflets sur Svalbard

14 Etats-Unis

dans parc de Yellowstone.

Coyote dans le parc de Yellowstone.

15 France

Arbre isolé en Lozère

Arbre isolé sur le plateau de Causse Méjean, en Lozère.

PATAGONIE : DIRECTION LE BOUT DU MONDE !

VOTRE GUIDE FRANCOPHONE

MICKAEL

Il a mis un jour les pieds en Patagonie et voilà 20 ans qu’il ne l’a plus quittée… Ce passionné de nature, de faune, de botanique et de géologie aura à cœur de partager ses connaissances sur sa terre d’adoption.

JOURS 1 ET 2

Envol pour le Chili

Vol de Genève pour Santiago et visite des quartiers historiques et zones modernes.

JOURS 3 À 5

Parc Torres del Paine

Vol pour la Patagonie chilienne et plongée immédiate dans le parc Torres del Paine pour trois nuits, de façon à profiter au mieux de cette nature grandiose. Vous découvrirez ce joyau des parcs chiliens de plusieurs façons : en bateau sur le lac Grey, par des balades notamment face aux splendides sommets des « Cuernos » et par un circuit par la route vers plusieurs miradors du parc.

JOURS 6 À 9

Parc national des Glaciers

Il est temps de rallier la Patagonie argentine, royaume des condors et des gauchos, jusqu’à El Calafate. Exploration des trésors du parc national des Glaciers avec l’incontournable Perito Moreno dont l’imposante langue glaciaire libère avec fracas d’immenses blocs de glace. Navigation sur le lac Argentino pour observer les glaciers Upsala et Spegazzini. Vous séjournerez dans une estancia traditionnelle (exploitation agricole), à la frontière avec le parc.

Du 6 au 20 mars 2025 (15 jours)

Plongez-vous dans une nature sauvage et traversez les paysages grandioses de Patagonie : glaciers immenses, montagnes escarpées, lacs glaciaires et pampa à perte de vue ! Vous parcourrez cette terre mythique par la route, à travers des balades à pied et en bateau.

JOURS 10 ET 11

El Chaltén et les montagnes mythiques d’Argentine

Court trajet vers le village de montagne d’El Chalten. Face à vous se dressent des pics granitiques majestueux : le Fitz Roy et le Cerro Torre. Ce décor sera l’occasion de plusieurs randonnées, dont une grandiose vous menant aux lagunes Madre et Hijas. Une des journées sera consacrée à de la navigation sur le lac del Desierto.

JOURS 12

La forêt pétrifiée de la Leona

Découverte d’un lieu insolite : la « forêt pétrifiée », un site paléontologique où l’on trouve des troncs d’arbres pétrifiés vieux de 70 millions d’années, témoignage d’une époque où le climat était très différent et la flore abondante.

JOURS 13 À 15

Buenos Aires et retour

Vol pour Buenos Aires et deux jours complets pour découvrir la capitale argentine et ses quartiers aux ambiances si variées : le quartier bohème de San Telmo, le quartier coloré de la Boca, les quartiers huppés de la Recoleta ou encore le Buenos Aires futuriste à Puerto Madero. Puis, vol de retour sur Genève.

LES EXPÉRIENCES ANIMAN

• La combinaison des plus beaux sites de Patagonie : côté chilien et côté argentin

• Des journées nature avec des randonnées dans des lieux mythiques : Fitz Roy, parc Torres del Paine, parc des Glaciers

• Plusieurs navigations sur les lacs de montagne

• Un séjour de 2 nuits dans une estancia traditionnelle

En petit groupe de 10 à 14 participants

• Prix abonné : CHF 8’800.- par personne

• Supplément non abonnés : CHF 300.-

• Supplément chambre individuelle : CHF 1’350.-

Programme et informations

Au Tigre Vanillé

Hubert Vereecke - 022 817 37 39 hubert@autigrevanille.ch

En partenariat avec Terre & Nature et Animan

COSTA RICA sous le masque des borucas

Texte : Julien Pannetier

Photos : Vincent Eschmann/Zeppelin

Chaque année, du 31 décembre au 2 janvier, les descendants du peuple Boruca honorent la mémoire de leurs ancêtres qui ont vaillamment repoussé les conquistadores. Durant la Fiesta de los Diablitos, ils revêtent des costumes végétaux et des masques colorés pour manifester leur identité précolombienne dans la jungle de la cordillère Brunqueña.

Incarnant les déités précolombiennes, les masques des Borucas puisent leur inspiration dans la nature de la cordillère Brunqueña.

A gauche, un membre de la communauté pose avec un masque figurant une harpie féroce, un aigle aujourd’hui éteint au Costa Rica.

Pieds nus sur la terre battue, Santiago se concentre sur un morceau de balsa blond. Ses yeux, d’ordinaire si rieurs, ne quittent pas l’objet qu’il sculpte avec précision. À 24 ans, l’artisan déjà aguerri s’attelle à la figure d’un jaguar qui, à chaque coup de ciseau, prend davantage forme entre ses mains. «Cet animal est l’un des plus vénérables. Il incarne la force et la ruse du guerrier», relève Santiago qui a tout appris de son oncle, lorsqu’il avait 14 ans. «Aujourd’hui, je vends mes œuvres aux plus grands hôtels du pays, et je peux venir en aide à mes parents agriculteurs», confie celui qui rêve pourtant de partir loin d’ici.

ARTISANS DEPUIS DES SIÈCLES

Peuple autochtone de la cordillère Brunqueña, au Costa Rica, les Borucas sont reconnus pour leur savoir-faire unique, transmis de génération en génération. Parmi leurs créations les plus emblématiques, les masques aux motifs colorés, souvent ornés de plumes et de feuillages, symbolisent les esprits qui habitent leur environnement forestier. Ces masques, autrefois outils de résistance spirituelle, sont les témoins d’une histoire complexe, marquée par la défense de leur identité précolombienne.

Il faut dire que les Borucas occupent la région depuis près de 15’000 ans, et qu’ils ont donc dû faire face aux envahisseurs espagnols dès le XVIe siècle. En 1502, Christophe Colomb découvrait cette terre qui sera rapidement baptisée costa rica, la côte riche, tant les parures dorées des autochtones impressionnèrent les marins européens. Avides de ces richesses, les colons n’avaient cependant pas prévu la résistance farouche des Borucas. Lors d’une ultime tentative de conquête en 1562, le gouverneur Juan Vázquez de Coronado s’est vu contraint de reconnaître leur ténacité. «Ils sont plus grands que n’importe quel Espagnol», aurait-il dit de ses redoutables adversaires.

Pendant les trois jours que dure la fête, les musiciens suivis des Diablitos vont de maison en maison en dansant pour effrayer les mauvais esprits.

COUTUMES ANIMISTES

Au son mystique de la conque, accompagnée de flûtes et de tambours, la joyeuse bande doit bientôt lutter contre un taureau. L’animal factice incarne à lui seul l’oppression et la puissance des conquistadors.

Avant tout militaire, cette résistance s’est aussi manifestée à travers la culture. Malgré la colonisation définitive au XVIIe siècle et l’imposition du catholicisme, les Borucas ont conservé de nombreux aspects de leur spiritualité mais aussi de leurs coutumes animistes, dissimulés derrière la symbolique chrétienne. Aujourd’hui encore, cette dualité se retrouve dans la Fiesta de los Diablitos, une célébration qui, chaque année, rappelle leur confrontation avec les Espagnols. Tous les 29 décembre, une partie des habitants se réunissent ainsi dans l’intimité de la jungle pour raconter l’histoire de leurs glorieux ancêtres. À minuit sonne un gong qui symbolise la renaissance des guerriers et marque le début de trois jours de festivités.

Vêtus de costumes végétaux et de masques effrayants, les «petits diables» quittent la forêt pour chasser les mauvais esprits du village. Des musiciens ouvrent la marche pour annoncer la venue du cortège. Au son mystique de la conque, accompagnée de flûtes et de tambours, la joyeuse bande doit bientôt lutter contre un taureau. L’animal factice incarne à lui seul l’oppression et la puissance des conquistadors. Un à un, les diablitos l’affrontent et le bousculent avant qu’il ne soit théâtralement capturé à l’aide de chaînes. Un ballet fabuleux dont l’effervescence est encore exacerbée par la chicha, une boisson composée de racines de maïs fermentées, servie fraîche aux villageois qui danseront jusque tard dans la nuit. Le soir du 2 janvier, le costume du taureau est brûlé dans l’euphorie générale.

LA RECONNAISSANCE D’UNE NATION

La tradition du Cabrú Rojc, plus connue sous le nom de Fiesta de los Diablitos, a été hissée au rang de Patrimoine immatériel national en 2017, récompensant ainsi l’engagement de la communauté pour son travail de mémoire et la sauvegarde de son identité culturelle. C’est Don Ismael González Lázaro (1928-2014), dernier cacique de Boruca, qui a initié cette démarche. Il a trouvé un écho favorable auprès des gouvernements progressistes du Costa Rica qui, depuis les années 1980, tentent de protéger les huit tribus autochtones du territoire national.

Au fil du temps, la plupart des danses que les Borucas pratiquaient lors des cérémonies se sont perdues. Il n’en reste plus que deux aujourd’hui: les negritos et le bullfight, communément désigné comme la Fiesta de los Diablitos.

Initiés par les anciens, les garçons ne sont pas autorisés à participer à la fête avant leur adolescence. En attendant, ils apprennent les traditions et la langue brunka à l’école du village.

SAUVER UNE CULTURE MENACÉE

Au lendemain de ce folklore enraciné dans le passé, la communauté de 2500 âmes se confronte aux réalités du présent. Face au chômage, deux fois plus élevé que dans le reste du pays, bon nombre de villageois saisissent l’opportunité de vendre aux touristes les masques en bois comme autant de souvenirs. De l’avis de certains, c’est une pente dangereuse: «Outre le fait que des

objets rituels deviennent une source de revenus, une commercialisation excessive menacerait l’authenticité de cet artisanat», craint Melvin González Rojas, représentant des anciens du village et fils du dernier cacique, le nom donné au chef traditionnel. «On trouve déjà des contrefaçons en plastique sur les marchés de San José», dénonce le solide gaillard dont le père s’est battu à la fin du XXe siècle pour sauver la culture boruca de l’oubli.

Les Diablitos figurent la mémoire du peuple Boruca à travers les esprits des anciens guerriers et des totems de la nature. Les jeunes hommes sont initiés par les anciens aux valeurs et à la symbolique de cette tradition masquée. En participant, ils font vivre la culture locale et représentent son avenir identitaire.

Dans ce contexte précaire, certains se sont retroussés les manches. À l’école de Boruca, un enseignement spécifique de la culture indigène est intégré dans le programme général. Deux jours par semaine, les élèves apprennent la langue brunka, ainsi que l’histoire et les traditions de leur peuple. Ce système permet aux jeunes de grandir en conciliant leur héritage culturel avec les savoirs modernes, ouvrant des perspectives professionnelles plus larges que celles de leurs aînés, souvent limités à l’agriculture ou à l’artisanat.

Avec Internet et les nouvelles technologies, les jeunes découvrent de nouvelles perspectives hors de la communauté, rêvant d’une vie citadine. Mais le manque d’éducation supérieure des populations autochtones, pour des raisons financières, est discriminant sur le marché de l’emploi. Aujourd’hui, seul 20% de la population autochtone du Costa Rica vit en dehors de ses territoires d’origine.

LES ESPOIRS DE LA JEUNE GÉNÉRATION

Steven, 15 ans, fait partie de cette nouvelle génération. Influencé par les réseaux sociaux et les plateformes de streaming, il rêve de partir pour découvrir la vie citadine. Cependant, les obstacles économiques empêchent bon nombre de jeunes indigènes d’accéder à l’enseignement supérieur, limitant leurs chances sur le marché de l’emploi. Des initiatives locales ont donc vu le jour pour contribuer à l’émancipation économique des membres de la communauté.

La Asociación de Flor, par exemple, apporte une aide pécuniaire aux étudiants. Elle travaille également à réinsérer les sans-emplois en leur donnant des outils pour créer et gérer leurs propres entreprises. De nombreuses femmes ont ainsi gagné leur autonomie financière, telle Noemy, 38 ans, qui a pu rejoindre ses terres d’origine avec ses trois enfants. Elle avait quitté Boruca à l’adolescence pour vivre à la capitale, où elle a rencontré son mari, mais la vie était devenue trop chère. Comme elle, Santiago, le jeune sculpteur, quittera-t-il la communauté? Sans doute. Mais quoi qu’il advienne, il y a fort à parier que cette dernière saura le protéger, tout comme elle s’est si vaillamment défendue contre les conquistadores.

GYEONGJU Temple du Temple du bouddhisme sud-coréen

Texte : Marie Paturel Photos : : Hemis
Le temple de Bulguksa et les tombes royales de la dynastie Silla sont de véritables emblèmes de la cité de Gyeongju.

Gyeongju est un lieu de spiritualité, que l’on s’accorde un moment de méditation au bord de l’étang Wolji, une pause dans le parc des tumuli ou une visite au musée national, où est exposée la cloche divine du roi Seongdeok.

Classée au patrimoine mondial de l’Unesco, la cité de Gyeongju n’est pas seulement un musée à ciel ouvert, mais aussi un lieu propice à la contemplation et à la méditation.

De mystérieux tertres aux formes douces et harmonieuses se dressent au cœur de la ville sud-coréenne de Gyeongju. Ces collines miniatures, drapées d’une herbe vert tendre, sont parfois ponctuées d’un arbre au port altier. Loin d’être naturels, ces tumuli géants, qui peuvent parfois atteindre une trentaine de mètres de hauteur, sont les tombeaux des rois et nobles du royaume de Silla, la dynastie qui a régné sur la péninsule coréenne durant près d’un millénaire, de 57 avant J.C. à 935 après J.C.

Ces nécropoles aux silhouettes arrondies recelaient jadis de fabuleux trésors, désormais exposés au musée national de Gyeongju et à Séoul. Parmi les quelque 150 tumuli de la ville et ses environs, les plus spectaculaires se situent au parc Daereungwon qui abrite le tombeau de Cheonmachong, où se cachent toujours poteries, armes et bijoux en or, ainsi que dans le quartier de Noseo-Dong, où les illuminations nocturnes créent une atmosphère mystique.

S’abreuver à la fontaine proche de la grotte Seokguram, sur les pentes du mont Toham, revêt une dimension spirituelle.

Capitale de l’ancien royaume de Silla, Gyeongju a vu régner la bagatelle de 56 rois sur une durée de 992 ans. Elle aurait compté jusqu’à un million d’habitants, contre 245 000 aujourd’hui.

56 ROIS EN 992 ANS

L’étrangeté fascinante de ces tombeaux millénaires ne saurait éclipser la complexité de la cité de Gyeongju, à la fois «musée sans murs», comment la surnomment les visiteurs du monde entier, ville trépidante où l’on pratique le shopping, mais aussi lieu de contemplation où la nature est source de méditation. Gyeongju a été classée au patrimoine mondial de l’Unesco au titre de sa «remarquable concentration d’exemples exceptionnels de l’art bouddhiste coréen». Sculptures, bas-reliefs, pagodes, hanoks (maisons traditionnelles), vestiges de temples et de palais témoignent de la culture

Le temple de Bulguksa, construit en 774, est classé au patrimoine mondial de l’Unesco et témoigne d’un art bouddhique ancestral.

florissante de la dynastie de Silla du VIIe au Xe siècles qui constitue un jalon marquant dans l’histoire de l’architecture bouddhiste et laïque coréenne. Capitale de l’ancien royaume de Silla, Gyeongju a vu régner la bagatelle de 56 rois sur une durée de 992 ans. Elle aurait compté jusqu’à un million d’habitants, contre 245 000 aujourd’hui. Fondée par le roi Bak Hyeokgeose en 69 avant Jésus Christ, la ville connut une période de développement culturel remarquable à partir du règne de Beopheung, au VIe siècle, lorsque le bouddhisme fut officiellement reconnu. La multitude de temples édifiée dans tout le royaume donne à voir, de nos jours encore, la richesse spirituelle d’une civilisation prospère.

CHEFS D’ŒUVRE DE L’ART BOUDDHIQUE

Bulguksa, construit sur le mont Tohamsan entre 751 et 774, s’affirme comme l’un des plus précieux de Corée. Composé de pavillons en bois et de pagodes en pierre, il possède plusieurs cours fleuries qui invitent au silence et à la contemplation. Tout près, la célèbre grotte de Seokguram est un véritable chef-d’œuvre de l’art bouddhique avec son exceptionnelle collection de 38 statues de Bouddha, dont la plus impressionnante est placée dans une niche creusée dans le granit.

Une fois la nuit tombée, Gyeongju dévoile un autre visage, tout en reflets et en jeux de lumière.

Ses nombreux pavillons se dressent au bord de l’étang Wolji qui reflète l’éclat de la lune avec une perfection édifiante. L’ambiance y devient presque surnaturelle lorsque la nuit nimbe les lieux.

Un autre palais, le Donggung, a également résisté à l’usure des années: ses nombreux pavillons se dressent au bord de l’étang Wolji qui reflète l’éclat de la lune avec une perfection édifiante. L’ambiance y devient presque surnaturelle lorsque la nuit nimbe les lieux. A deux pas, un superbe jardin de lotus rend hommage à cette fleur aquatique sacrée pour les bouddhistes, symbole de pureté du corps et de l’esprit. Banwolseong n’a, quant à lui, pas résisté aux ravages du temps. Seuls ses jardins ont traversé les millénaires, continuant à offrir un havre de paix bucolique. On y reconnaît encore la silhouette conique du Cheongseomdae, le plus vieil observatoire astronomique d’Asie qui illustre le développement scientifique avancé du royaume de Silla.

ENTRE HANOKS ET STREET FOOD

Au-delà de son patrimoine spirituel, Gyeongju recèle aussi une myriade de hanoks: ces belles maisons traditionnelles, entièrement bâties en bois et cernées de hauts murs qui les dissimulent aux yeux des visiteurs, pullulent à Gyochon où il fait bon déambuler. Il règne ici une atmosphère de petit village champêtre, émaillé de boutiques d’artisanat, de cafés et de restaurants, mais aussi de riches demeures ouvertes à la visite. Le long de la rivière Hyeongsan, Yangdong est un autre village traditionnel incontournable où plusieurs hanoks remarquables se dressent, surmontées de leurs toits de tuiles et de chaume.

La cité offre de spectaculaires exemples d’architecture bouddhique, comme le Donggung Palace ou l’observatoire en pierre de Cheomseongdae. On peut également y admirer des costumes traditionnels, notamment lors du festival de Silla.

Le cœur de Gyeongju vibre, quant à lui, d’une vie urbaine trépidante. On y pratique un shopping effréné et on y découvre les saveurs culinaires sudcoréennes dans les innombrables gargotes et stands de street food: frites de patates douces, sipwon-ppang (snack sucré en forme de pièce de monnaie et fourré de fromage ou de crème), ssambap (riz agrémenté de divers accompagnements et de sauce ssamjang, enroulé dans des feuilles de légumes) ou encore hwangnam-ppang (pain sucré garni d’une pâte de haricots rouges). Une autre expérience exotique est la vision du plus grand pont en bois du pays. Le Woljeonggyo, construit au VIIe siècle et rénové en 2018, arbore des pavillons et des galeries aux couleurs éclatantes, sublimées par ses illuminations nocturnes.

La nature est omniprésente à Gyeongju et contribue à l’atmosphère spirituelle qui y règne.

Le pont Woljeonggyo est l’un des lieux les plus emblématiques de Gyeongju. Une promenade méditative dans le parc des tumuli ou les allées du parc du mont Namsa permet de se plonger dans la riche histoire de la région.

EN LIEN AVEC LA NATURE

La dernière facette de Gyeongju n’est pas la moins marquante. Les liens de la cité avec la nature s’avèrent omniprésents. On ne peut errer dans la ville sans trouver sur son chemin un parc fleuri ou des tumuli verdoyants.

A quelques encablures de Gyeongju, la forêt de Gyerim étend sa canopée envoûtante. C’est ici que serait né Gim Alji, personnage mythique qui aurait fondé l’une des dynasties du royaume de Silla. Plus loin, Namsan est une

zone naturelle de petits monts d’environ 500 mètres d’altitude où les randonnées sont jalonnées de temples, pagodes et statues de Bouddha nichés dans les clairières, entre les arbres ou au milieu des rochers. De véritables pépites se dissimulent dans cet écrin de verdure foisonnant, à l’image de la statue du Bouddha assis de Mireuk-God ou des bas-reliefs de l’ermitage de Ongnyong-am.

L’exploration de l’aire du mont Nam a permis de découvrir les ruines de 122 temples, 53 statues de pierre, 64 pa-

godes et 16 lanternes de pierre! Ces vestiges montrent qu’il existait dans la région un culte de la nature, mais aussi un culte animiste pré-bouddhiste. Ainsi, avant même l’apparition et la reconnaissance officielles du bouddhisme, les populations étaientelles étroitement liées à un environnement dans lequel elles puisaient déjà les sources d’une spiritualité et d’une méditation existentielle que résume à merveille le symbole des lanternes de lotus: «illuminez votre cœur et le monde!»

SUISSE

regard sur Bâle

Texte : Alexander Zelenka Photos : Basel Tourismus
Le street art, un nouveau
Avec sa fresque géante qui s’étend sur plus de 1700 m2, le Bell-Areal est l’un des lieux les plus emblématiques du street art à Bâle.

Les graffitis sont présents jusque dans le cœur de la ville, notamment dans la Gerbergässlein, à deux pas de la cathédrale, où l’on peut admirer une œuvre de l’artiste Art4000.

Le graffiti est un fil rouge dont le potentiel a très tôt été identifié par les autorités pour faire découvrir autrement la cité rhénane aux visiteurs. Promenade à la découverte des fresques les plus emblématiques.

En plein cœur de Bâle, sur les murs du site de Bell, une fresque monumentale impose sa présence. Réalisée lors de l’événement «Change of Colours» en 2020, cette œuvre colossale, qui s’étend sur 1700 m², fait vibrer la ville de ses couleurs éclatantes. Plus de 30 artistes internationaux ont collaboré pour réaliser cette prouesse artistique, considérée depuis comme la plus grande œuvre de street art de Suisse.

Bien davantage qu’un graffiti XXL, celle-ci est le reflet d’un mouvement culturel qui n’a fait que prendre de l’ampleur et qui a transformé Bâle en capitale européenne du street art. Mais comment cette ville suisse, réputée pour ses musées et son architecture contemporaine, est-elle devenue une référence dans un domaine artistique aussi particulier?

ENCOURAGER LA CRÉATIVITÉ

Retour dans les années 1980. Alors que les graffitis font leurs premières apparitions dans les grandes métropoles, Bâle n’échappe pas à la vague. Au début, ils sont vus comme des actes de vandalisme, qui prennent pour cible les trains, les ponts et les murs des quartiers industriels. Mais très vite, la ville se distingue par une approche plus ouverte vis-à-vis de cette nouvelle forme d’expression. La municipalité, loin de réprimer systématiquement les graffeurs, commence à envisager l’idée de leur offrir des espaces où ils pourraient donner libre cours leur créativité.

En quelques années, Bâle devient un terrain fertile pour le street art. Des murs sont mis à disposition des artistes, des espaces urbains leur sont ouverts et, peu à peu, la ville s’impose comme un lieu incontournable pour les graffeurs suisses autant qu’internationaux. Cette reconnaissance progressive du graffiti comme forme artistique à part entière transforme le paysage urbain, faisant de la ville un laboratoire à ciel ouvert dont le potentiel n’échappe pas aux chasseurs de nouvelles tendances touristiques.

Située sur le quai Klybeck, l’Uferstrasse est un autre incontournable du street art dans la cité rhénane.

RENDEZ-VOUS DES ARTISTES

INTERNATIONAUX

Bâle est aujourd’hui un point de convergence pour les grands noms du street art mondial. Des festivals dédiés au street art attirent chaque année des artistes venus des quatre coins du globe qui y laissent leur empreinte. On peut citer Invader, célèbre pour ses mosaïques inspirées du jeu vidéo Space Invaders, The London Police, avec ses personnages minimalistes en noir et blanc, ou l’Américain Espo, connu pour ses œuvres textuelles engageantes. Mais aussi Tarek Abu Hageb, Tika, Mr Cenz, Bane, Chromeo ou encore Bustart...

Si le street art colonise volontiers les friches industrielles, on le retrouve aussi sur les façades de certaines institutions, comme ci-contre en haut, sur la façade de Helvetia Assurances, à l’adresse Steinenring 41.

Les événements comme Art Basel ou le festival «Change of Colours» ont renforcé cette dynamique, en créant des opportunités pour les artistes de venir embellir les murs de la ville avec leurs fresques. Ces collaborations entre la scène locale et internationale participent à une véritable effervescence créative. En laissant libre cours à leur imagination sur des murs souvent emblématiques de la ville, ils réécrivent le paysage bâlois à travers des œuvres qui mêlent réflexion, provocation et esthétisme pour le plus grand plaisir des touristes qui les intègrent à leur liste des «must-see» bâlois.

EXPLORER LA PÉRIPHÉRIE

Pour apprécier pleinement le street art à Bâle, il faut parfois s’éloigner des circuits touristiques traditionnels et c’est tout l’intérêt de la démarche. Certes, le centre-ville offre de nombreux exemples d’art urbain, mais c’est surtout dans certains quartiers moins fréquentés que l’on trouve des perles inattendues. Le long des quais, entre la gare suisse CFF et le Schwarzwaldbrücke, des fresques particulièrement élaborées se déploient sur des murs souvent gris et anonymes. Dans ces espaces, l’art urbain redonne vie et couleurs à des lieux que l’on aurait autrement à peine remarqués.

Les représentations féminines sont au centre de plusieurs fresques au Bell-Areal.

Le quartier du Schänzli, aux abords du Sankt-Jakob-Stadion, est un autre hotspot du graffiti. Ici, des œuvres impressionnantes côtoient des créations plus modestes, et l’ensemble témoigne de la vitalité de la scène locale. Plus au sud, le Sommercasino est également un lieu de prédilection pour les graffeurs. Quant au port de Bâle, il accueille lui aussi des œuvres d’envergure, transformant cet espace industriel en véritable galerie à l’air libre.

ENTRE ART INSTITUTIONNEL ET URBAIN

Mais ce qui rend l’art urbain de la cité rhénane vraiment unique, c’est la manière dont il s’inscrit dans un dialogue constant avec l’histoire et l’architecture locales. Contrairement à certaines villes où le street art reste à la marge, à Bâle il cohabite harmonieusement avec les institutions traditionnelles. La municipalité a su trouver l’équilibre entre l’art institutionnalisé et l’expression libre des graffeurs.

Une intégration réussie qui se retrouve notamment dans les événements majeurs comme Art Basel, où l’art contemporain et urbain se mélangent. De plus, de nombreux projets de street art sont soutenus par des initiatives locales, des galeries et des collectifs d’artistes, prouvant que Bâle est un lieu où l’art, quelle que soit sa forme et son support, peut prospérer.

DES VISITES GUIDÉES

POUR DÉCOUVRIR

LE STREET ART

Artstübli, un espace d’exposition spécialisé dans l’art urbain, le graffiti et la culture visuelle contemporaine, organise des visites guidées de 1 h 30 en français, en anglais et en allemand pour faire découvrir aux visiteurs les principales oeuvres de street art disséminées à travers Bâle.

Renseignements et inscriptions sur www.basel.com/fr/art/street-art

Un bâtiment entièrement recouvert de graffitis dans le quartier du port.

Ce qui rend l’art urbain de la cité rhénane vraiment unique, c’est la manière dont il s’inscrit dans un dialogue constant avec l’histoire et l’architecture locales.

GUATEMALA 20 ANS DE SUCCÈS

POUR LA GESTION COMMUNAUTAIRE

DES FORÊTS

Le nom «Guatemala» vient du mot autochtone nahuatl qui signifie «terre aux nombreux arbres», soulignant la richesse des paysages forestiers du pays. Dans la région du Petén, où la déforestation liée à l’élevage de bétail va de pair avec des incendies volontairement déclenchés qui menacent la biodiversité, la Réserve de biosphère Maya se distingue comme un exemple réussi de gestion communautaire des ressources naturelles. Depuis plus de 20 ans, l’Association des communautés forestières de Petén gère en effet 500 000 hectares de forêts, contribuant efficacement à la conservation et au développement économique local. Grâce à sa branche technique et commer-

ciale, l’association est en charge des certifications FSC et Rainforest Alliance, garantissant des pratiques forestières durables et respectueuses des normes sociales. Cette approche a permis de réduire les incendies dans les zones gérées à moins de 1 %, renforçant le rôle de la réserve comme barrière écologique. Alors que les certificats des concessions attribuées aux diverses communautés arrivent bientôt à échéance, il apparaît plus important que jamais que le gouvernement guatémaltèque soutienne leur renouvellement pour préserver ce modèle durable, bénéfique à la fois pour la population et pour la biodiversité unique de la région.

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Depuis l’étranger: +41 22 860 84 09

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SIERRA LEONE JOYAU OUBLIÉ DE L’AFRIQUE PORTFOLIO L’HIVER VU PAR THIERRY VEZON COSTA RICA SOUS LE MASQUE DES BORUCAS

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