Mémoire d'Habilitation (HMONP) - 2021

Alexandre TEOLI

À LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTEURBANISTE Mémoire d’Habilitation à la Maîtrise d’œuvre en son Nom Propre Année Universitaire 2020-2021

Alexandre TEOLI

À LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTEURBANISTE Mémoire d’Habilitation à la Maîtrise d’œuvre en son Nom Propre Année Universitaire 2020-2021

École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, sous la direction de Mathieu Grenier & François Lis Mise en Situation Professionnelle réalisée à l’Atelier de Ville en Ville, sous la direction de Christophe Boyadjian

Image de couverture : ZAC Saint-Fons-Carnot-Parmentier © Atelier de Ville en Ville

Je tiens en premier lieu à remercier Christophe, pour sa patience, son abnégation durant la crise sanitaire, et ces mois riches en enseignements passés ensemble.

Merci également à Patrice pour son soutien et son attention, ainsi qu’à Claire et Alexandre, pour leur camaraderie en toutes circonstances.

Merci à Mathieu Grenier, qui, malgré les circonstances, a été présent à mes côtés pour ce mémoire.

Enfin merci à Emilie, Noémie, Aliénor, Luc, Laura, Lionel, Marion, Oscar et Annouk pour leur présence et leur aide tout au long de cette période.

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

SOMMAIRE 8

EXPOSÉ DU PROTOCOLE DE FORMATION 8 Parcours 16 Profession de foi

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PRÉSENTATION DE L’EXPÉRIENCE DE LA MISE EN SITUATION PROFESSIONNELLE 18 Rôle et responsabilité de l’ADE : 18 la MSP à l’ère de la Pandémie 21 Contexte contractuel et juridique

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INTRODUCTION

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I.AGIR POUR L’ARCHITECTURE PAR L’URBANISME ?

28 Cadre de la réflexion 29 L’urbaniste & l’architecte-urbaniste 33 des pratiques et une vision similaire 36 Une connaissance & une pratique de l’urbanisme importante…

39 …Pour ne pas se retrouver seul en bout de chaîne 41 Pratiquer la concertation 47 Politique : L’engagement à une autre échelle 48 Urbaniste-architecte ?

54

II. GESTION D’UNE AGENCE D’ARCHITECTURE & D’URBANISME 54 Accéder à la commande : comment en arrive-t-on à

pratiquer l’architecture et l’urbanisme en agence ?

60 La question financière 64 Des temporalités différentes 66 Structure et stratégie d’agence

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SOMMAIRE

74

III. RÉFLEXIONS ÉTHIQUES & PERSONNELLES 74 Construire dans un territoire Étudié ?

89 Remettre l’architecte au centre du débat sur

l’aménagement au territoire 94

CONCLUSION

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GLOSSAIRE & ABRÉVIATIONS UTILISÉES

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BIBLIOGRAPHIE

© INterland

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A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

EXPOSÉ DU PROTOCOLE DE FORMATION PARCOURS Les Arts Appliqués, l’Art total, et la synthèse architecturale Mon parcours jusqu’à ce mémoire d’Habilitation prend source dès mes années de lycée. J’ai fait le choix assez jeune d’étudier dans la filière des Arts Appliqués (Baccalauréat Sciences et Techniques de l’Ingénieur - Arts Appliqués (STI-AA), l’équivalent du mot anglais Design). J’ai découvert, par le biais de ces trois ans le monde des arts, leur pratique (croquis, perspectives, dessin technique etc.) et leur histoire.

J’ai pu expérimenter et découvrir toutes les formes d’arts visuels (peinture, design, sculpture, etc .) avant de choisir de me spécialiser en architecture pour mes études supérieures. Je considérais cette discipline comme transversale à toutes les autres formes d’art que j’avais pu appréhender auparavant. Une synthèse en somme.

Cette idée de synthèse m’est venue lors de l’étude des architectes du début du XXème siècle qui prônaient un « Art Total », c’est-à-dire que la pensée de l’artiste puisse se décliner dans toutes les disciplines artistiques dans un même espace. C’était le cas pour des architectes comme Theo Von Duisbourg, Gerit Rietveld, Walter Gropius, mais également Victor Horta, dont la visite de sa maison à Bruxelles m’a conforté dans l’idée que l’espace architectural était bien la synthèse et le potentiel support de tous les arts.

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EXPOSÉ DU PROTOCOLE DE FORMATION

Maison et Atelier de Victor Horta à Bruxelles (source : https://visit.brussels/ fr/place/Musee-Horta)

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A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

Les études, vers une approche urbaine et humble de l’architecture Au cours de mes premières années à l’École Nationale Supérieure d’Architecture Lyon (ENSAL), j’ai pu mettre en pratique cette synthèse en m’essayant sur des projets à différentes échelles : mobilier, scénographie, micro-architecture, logements individuels et collectifs, équipements et finalement l’urbanisme.

Dès la troisième année de Licence, avec mon premier projet urbain, j’ai acquis un intérêt pour cette discipline que j’ai considérée très rapidement comme complémentaire, puis indissociable de l’architecture. C’est peutêtre, une fois de plus, cette idée de synthèse qui m’a interpellé : le territoire (urbain, rural, etc.) est ce qui intègre l’Architecture, ce qui la contient, la met en valeur.

Lors de mon séjour en Erasmus à Gênes, j’ai pu approfondir ce lien entre architecture et territoire en choisissant des projets variés qui m’ont permis de découvrir de nouvelles pratiques et de nouvelles façons de penser la ville, à Gênes bien sûr, mais également dans la banlieue de Rome, ou sur le territoire barcelonnais. Mon stage dans une petite agence d’architecture dont la responsable était également professeure dans un collège m’a aussi ouvert sur la question d’une pratique ouverte.

C’est ainsi que j’ai choisi le domaine d’étude Architecture, Ville et Périphérie pour mon Projet de Fin d’Études (PFE, Mention Recherche, 2016). Par ce biais-là, j’ai pu travailler et découvrir l’articulation d’échelles totalement différentes et pourtant complémentaires sur un temps long.

L’urbanisme, couplé à l’architecture et vice versa m’est définitivement paru comme une évidence depuis lors. Ma mention recherche concernait d’ailleurs la question de l’intégration d’une forme urbaine archétypale (les maisons de ville) dans un territoire singulier (le quartier de SaintJean à Villeurbanne), et donc plus largement la question de l’influence du contexte (spatial, social, historique) dans la production d’une forme urbaine et architecturale. Ceci est pour moi le fondement d’une pratique éthique et responsable.

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EXPOSÉ DU PROTOCOLE DE FORMATION

Extraits de mon Projet de Fin d’Etudes, de la stratégie territoriale du quartier Saint-Jean à Villeurbanne, jusqu’à la définition du projet architectural, 2016, ENSAL, sous la direction de Joan Casanelles 11

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

Stage et premier emploi chez INterland : le Nouveau Monde Après le PFE, j’ai effectué un stage (Mention Recherche) puis travaillé durant trois ans à l’agence d’architecture et d’urbanisme INterland (fondée par un architecte, et cultivant cette «double culture», à Villeurbanne).

Cela m’a permis d’aller plus loin encore dans ce jeu d’échelles, en touchant des thématiques, et des territoires très diversifiés (dans toute la France), de la stratégie territoriale à de petites faisabilités urbaines pour des centresbourgs, en passant par des projets de renouvellement urbain, ou des études pré-opérationnelles de Zone d’Aménagement Concerté (ZAC). J’ai pu également pratiquer la concertation, comprendre les enjeux politiques de tel ou tel choix et le jeu des (nombreux) acteurs privés ou publics qui gravitent autour d’un projet urbain.

Paradoxalement, alors que le projet urbain se fait sur un temps très long et qu’il est à une plus grande échelle que le projet architectural, ces temps d’échanges, et surtout la concertation, m’ont donné la sensation d’être proche des usagers des différents quartiers, de leurs problèmes et de leur quotidien.

Conférences Lilloises, et nouveau départ En parallèle, et durant deux ans, j’ai été invité à donner des conférences sur la pratique du projet urbain à des étudiants de licence et de master à l’École Nationale Supérieure d’Architecture et du Paysage de Lille (ENSAPL) afin de les sensibiliser à ce domaine. Cela a été pour moi l’occasion de rationaliser et de réfléchir à ce que je faisais chez INterland et de montrer aux étudiants qu’ils avaient d’autres débouchés professionnels que « seulement » le travail en agence d’architecture.

Ces expériences enrichissantes m’ont néanmoins éloigné du projet architectural, de sa pratique et de sa mise en œuvre, ce qu’a parfois tendance à occulter un urbaniste dans sa pratique. La réalité, la faisabilité et la temporalité m’ont également fait prendre conscience que l’architecture reste la seule voie concrète pour la matérialisation du projet 12

EXPOSÉ DU PROTOCOLE DE FORMATION

Groupement

état

Région

Département Intercommunalité

Ville

Extraits d’une présentation sur la gouvernance du projet urbain à l’ENSAPL, 2019.

En bas, le quartier de la Paillade, à Montpellier.

Source : http://histoiregeo34.canalblog.com/archives/2013/03/28/26757212.html+ 13

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

urbain. En effet, ce qui reste d’un projet urbain est l’architecture qui aura pu s’y développer et ses espaces publics. Dès lors, et pour aller au bout du processus, il faut pouvoir travailler aussi bien à l’échelle du quartier que du détail architectural.

C’est pourquoi j’ai choisi de quitter INterland afin de trouver une agence pratiquant à la fois l’architecture et l’urbanisme. Après de nombreuses rencontres et d’entretiens dans toute la France, j’ai rejoint l’Atelier de Ville en Ville en septembre 2019 (dont je détaillerai la composition et l’activité un peu plus loin). Cela m’a permis de me recentrer et développer mes compétences en architecture avec le suivi d’un projet de résidence étudiante de 350 chambres à Lyon (depuis l’esquisse, jusqu’au chantier), tout en capitalisant sur mon expérience passée au travers de projets urbains sur lesquels travaille l’agence (une Zone d’Aménagement Concerté (ZAC) dont nous sommes architecte-urbaniste en chef dans la Métropole de Lyon).

L’Habilitation : Devenir un être complet C’est dans ce contexte et après une mûre réflexion, que l’Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre en son Nom Propre (HMONP) m’a semblé prendre son sens, afin, notamment, de défendre ma position singulière forte de ces différentes expériences. D’autre part, cette Habilitation et le travail qui en découle a été pour moi l’occasion de me poser les questions de mon avenir, de mon positionnement quant au rôle de l’architecte dans les territoires d’aujourd’hui et de demain et à la production à laquelle j’ai envie de participer, avec quelles valeurs, et pour quelle société. Cette année de formation vient parachever ma volonté de pouvoir appréhender tout le processus de l’aménagement du territoire.

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EXPOSÉ DU PROTOCOLE DE FORMATION

Synthèse de mon parcours universitaire et professionnel 15

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

PROFESSION DE FOI Ci-après, extrait de ma profession de foi lors de mon inscription à l’Habilitation en octobre 2020 : « Si j’ai aujourd’hui quelques compétences et connaissances sur la gestion d’un projet, la partie administrative, les acteurs, les documents officiels et réglementaires, notamment grâce à mon expérience passée, j’ai envie de pouvoir approfondir cela afin de pouvoir réellement me saisir et m’approprier tout ce qui touche à la maîtrise d’œuvre. Cela me sera grandement utile dans mon emploi actuel, mais aussi car j’envisage à moyen-long terme de pouvoir être en capacité de gérer une entreprise et un projet de bout en bout. C’est une des raisons pour lesquelles cette formation me semble indispensable.

Comme je le disais précédemment, je considère l’architecture comme transverse, et l’architecte comme un véritable pivot dans l’aménagement du territoire, de tout ce qui nous entoure. Il est une pièce maîtresse dans tout un processus politique, social, économique. Il est enfin partie prenante d’une société dans laquelle nous évoluons, et le témoin de ce qu’elle a été. Pour toutes ces raisons je veux être architecte, je veux participer à tout cela.

Cependant, il me semble essentiel de remettre en permanence l’architecture, comme élément d’un tout, dans son contexte. C’est pour cela que j’ai trouvé toute ma place dans l’agence où je travaille aujourd’hui, entre des projets architecturaux et des projets de maîtrise d’œuvre urbaine. Cette complémentarité me permet de trouver l’équilibre qu’il me manquait précédemment.

J’attends de cette année de formation qu’elle puisse être une source de réponses à de nombreuses questions que je me pose (ou que je ne me pose pas encore d’ailleurs) sur la pratique de l’architecture en France et sur ma pratique quotidienne. Cela concerne bien entendu la manière dont se gère une agence, et donc une entreprise. Plus largement, je souhaite qu’elle me permette d’éclairer mon avenir professionnel. En effet, si je considère comme probable le fait d’être indépendant un jour, je n’ai aucune idée des possibilités que j’ai, de comment je pourrais faire etc.

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EXPOSÉ DU PROTOCOLE DE FORMATION

J’espère également que la formation pourra m’aider dans ma réflexion d’une double pratique d’architecte et d’urbaniste à terme. Je n’attends pas une formation en urbanisme mais bien de voir et réfléchir à comment avoir une pratique connexe à celle d’architecte.

L’objectif est donc double selon moi : m’aider et me faire progresser dans la maîtrise d’œuvre au quotidien, et en parallèle me guider vers ma future (double ?) pratique, ma future (?) gestion d’entreprise. Ces deux objectifs, indissociables seront, je l’espère, mes fils conducteurs pour la partie cours et pour la rédaction de mon mémoire. » Au regard de ce que j’ai écrit il y a maintenant plusieurs mois et après avoir suivi la formation théorique de l’HMONP, je suis content de voir qu’elle m’a bien apporté les réponses que je voulais obtenir. Elle me permet de me projeter petit à petit vers une pratique indépendante et ouverte, avec comme point d’ancrage l’architecture et la maîtrise d’œuvre et de l’autre l’urbanisme comme boussole.

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A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

PRÉSENTATION DE L’EXPÉRIENCE DE LA MISE EN SITUATION PROFESSIONNELLE Comme je l’évoquais précédemment, j’ai effectué ma Mise en Situation Professionnelle dans l’agence d’architecture et d’urbanisme Atelier de Ville en Ville, gérée par deux associés, Christophe Boyadjian et Patrice Prével. J’y suis arrivé en septembre 2019 et ils m’ont proposé d’emblée de m’inscrire en HMONP. J’ai décliné car je considérais que malgré mes années d’expérience passées en urbanisme, il m’en manquait sur la maîtrise d’œuvre architecturale.

C’est pourquoi, après un an passé à travailler principalement sur un projet de résidence étudiante à Lyon, je me suis inscrit en HMONP à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble (ENSAG) en septembre 2020. La Mise en Situation Professionnelle (MSP) n’a donc officiellement commencé qu’en novembre, même si en réalité le fait de travailler déjà depuis plusieurs mois à l’Atelier de Ville en Ville n’a pas bouleversé la situation.

RÔLE ET RESPONSABILITÉ DE L’ADE : LA MSP À L’ÈRE DE LA PANDÉMIE L’agence étant assez petite (deux employés, deux gérants associés), j’ai été très vite mis dans les échanges, les réunions de projet, mis au cœur de la réflexion architecturale et urbaine, déjà bien avant le début de ma MSP. Malheureusement, le COVID est passé par là. La décision prise par mes responsables a été de mettre l’agence en télétravail à 100% du mois de 18

mars 2020 au mois de mai 2021 (avec une présence à mi-temps en agence entre les mois de juillet et octobre 2020, soit au début de ma MSP).

Cette situation, peu banale par rapport aux autres agences autour de moi a été assez compliquée pour des raisons qui touchaient à la fois des questions personnelles (ne plus sortir de chez soi, ne plus voir ses collègues/patrons, n’avoir de relations qu’à distance etc.) et des questions professionnelles (difficile de ne travailler qu’en ligne, une disponibilité des responsables minime car ils avaient de nombreuses choses à gérer etc.).

Néanmoins, je retiens des points positifs de cette MSP un peu particulière, avec une certaine prise de responsabilités sur les projets que je suivais : relation directe et totale avec certains bureaux d’études, une possibilité d’assister à toutes les réunions en visio, une forme de quasi indépendance, parfois et enfin, un apprentissage de la gestion autonome du rythme de travail, d’organisation.

Comme en témoigne le schéma en page précédente, et comme je l’ai déjà expliqué précédemment, l’agence est composé de deux architectes associés qui ont chacun une spécialité : Christophe Boyadjian est également urbaniste et professeur à l’ENSAL. Patrice Prével est aussi ingénieure et paysagiste (Ecole de Versailles). Cette polyvalence leur permet donc de toucher à de nombreux sujets.

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A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

Structure et organisation de l’Atelier de Ville en Ville 20

PRESENTATION DE L’EXPERIENCE DE LA MISE EN SITUATION PROFESSIONNELLE

A part moi, une autre employée, Claire Chappart, jeune ADE-ingénieure (embauchée peu de temps après mon arrivée), vient compléter l’équipe.

Le fonctionnement de l’agence et le pilotage des projets est assez classique : les associés sont très présents et contrôlent la production des assistants de projet. Il y a des temps d’échanges sur certains sujets, suivant les projets, et suivant le temps que les associés ont car ils ont de nombreux engagements.

Au fur et à mesure que nous avons pris de l’expérience, Claire et moi, nous avons pu nous affirmer dans la définition et le pilotage des projets, tout en restant toujours contrôlés par nos responsables.

CONTEXTE CONTRACTUEL ET JURIDIQUE Du point de vue contractuel, j’ai été embauché en septembre 2019 en Contrat à Durée Déterminée (CDD) d’un an en anticipation du fait que j’allais probablement faire la HMONP l’année d’après et que nous reposerions la question de mon engagement dans l’agence à l’aune de cette donnée. En 2020, au regard de la situation sanitaire, et des projets de l’agence, nous avons convenu de resigner un CDD (de formation) durant toute la période la MSP, soit de novembre 2020 à mai 2021. A la fin de la MSP, le nombre de projets de l’agence et la quantité de travail ne justifiaient plus ma présence à l’Atelier de Ville en Ville et j’ai donc quitté l’agence.

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A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

INTRODUCTION Notre société fait face aujourd’hui à de nombreux défis et crises abondamment décrits ces dernières années : climatique, avant toute chose, mais aussi politique, économique et social, sans oublier sanitaire ces derniers mois. Je suis convaincu que les architectes doivent prendre leur part dans ces défis, faire entendre leur voix.

Ainsi, l’architecte a aujourd’hui le devoir de s’ouvrir le plus possible au monde qui l’entoure, aux autres champs disciplinaires de l’aménagement du territoire, afin de comprendre et répondre aux défis pré-cités et qui vont forcément guider toute la pratique de la profession d’ici quelques années.

Cette ouverture est historiquement inscrite dans le métier d’architecte, qui a la capacité et les compétences pour parler à tout le monde, et concevoir des espaces qui soient tous d’intérêt public.

C’est d’ailleurs ce qu’évoque Christine Leconte, la nouvelle Présidente du Conseil National de l’Ordre des Architectes : « L’enjeu principal est de réconcilier l’architecture et la société.

Nous sommes dans un contexte post-covid, où on a tous pu constater l’importance des lieux de vie, que l’espace, la lumière, les espaces extérieurs, sont des éléments fondamentaux pour bien vivre. A cela s’ajoutent les enjeux environnementaux du XXIème siècle. Le tout montre qu’il y a un grand besoin d’architecture et un besoin que les architectes parlent à la société, et aux politiques, à tous les niveaux. [...] L’architecte est aussi utile en tant que force de proposition, en remettant les attentes des habitants au cœur des projets, en permettant que les choses se fassent, en prenant en compte les demandes 22

de toutes les parties, pour éviter le rejet des projets. L’architecte, enfin, est indispensable pour aider les territoires à élaborer leurs projets, en écrivant un récit territorial et en redessinant des lieux de vie... »1 L’architecture est donc au service du bien commun, de la société. C’est bien ce que dit l’article 1 de la Loi sur l’Architecture du 3 janvier 19772.

Un des problèmes est, qu’aujourd’hui, sa pratique semble parfois éloignée de cet apport à la société, comme en témoigne la réduction des surfaces et de la qualité architecturale des logements neufs ces dernières années3.

Pourtant, le législateur nous a investi d’une mission, il y a plus de 40 ans et qui va au-delà du fait même de construire. Nous devons penser nos choix (esthétiques, constructifs, etc. mais aussi politiques) au regard de ce que l’on doit apporter à la société.

Peut-on encore construire en tant qu’architecte, un bâtiment qui ne respecte pas nos convictions, qui est soumis à la pression des promoteurs privés ou qui nous semble être un non-sens par rapport aux valeurs communes de la société ? La réponse devrait être négative, mais c’est parfois l’inverse aujourd’hui. J’ai la conviction que cette situation doit changer.

1. «Les architectes sont là pour remettre du long terme dans l’équation» Interview de Christine Leconte pour batiactu.com, le 11juin 2021 2. «La création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le respect des paysages naturels ou urbains ainsi que du patrimoine sont d’intérêt public.» (extrait de l’article I) 3. A ce sujet voir l’article «En vingt ans, les appartements neufs franciliens ont perdu jusqu’à 15 % de leur surface», in Le Monde, 26 août 2021, et l’interview de Marjam Hessamfar «Le logement n’est pas un produit financier», vice présidente de l’OA pour batiactu.com, le 23 juillet 2021 23

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

Un art politique L’architecture est donc bien un “art” politique, car il à la capacité et l’injonction d’améliorer le quotidien de notre société, comme l’indique Emmanuel Macron dans son discours de 2019 devant les architectes français : « Je crois qu’il n’y a pas beaucoup d’art qui soit plus politique que le vôtre au sens le plus strict du terme. Être architecte c’est être celui ou celle qui décide d’organiser la vie dans la cité, celui qui fait de la politique au sens le plus trivial du terme, celui qui essaie d’en définir les règles. »4 Cet extrait montre, au-delà des considérations politiques, que la mission que l’État attend de nous est vaste dans la définition de notre rôle quant à l’organisation de la société, et qu’elle est toujours d’actualité, malgré le fait que, pour différentes raisons, notre profession soit absente de certains territoires (en périphérie des grandes villes, dans les territoires ruraux) et peu visible aux yeux du grand public. Comme le dit Christine Leconte « Il faut davantage démocratiser l’architecture. C’est à nous, les 30 000 architectes français, de prendre notre bâton de pèlerin pour promouvoir notre savoirfaire, notamment auprès des élus, et montrer aux citoyens que nous sommes à même de répondre à leurs besoins.»5 Je suis donc prêt, aujourd’hui, à «prendre mon bâton de pèlerin» et m’engager pour l’architecture, au service de l’intérêt public.

Un architecte qui s’engage : oui, mais comment ?

Un architecte peut aujourd’hui s’engager de plusieurs manières. Tout d’abord, dans sa pratique professionnelle et de la maîtrise d’oeuvre ; par le choix des matériaux, une démarche écologique, sociale, le choix de certains programmes….en bref, par une pratique visible, claire, identifiable.

4. Discours d’Emmanuel Macron le 24 mai 2019 devant les architectes, à l’occasion de la remise du prix Pritzker 2019, disponible sur le site de l’Ordre des Architectes 5. « Les architectes ne sont pas des designers de façade ! » Interview de Christine Leconte, in L’Architecture d’Aujourd’hui, le 7 décembre 2017 24

INTRODUCTION

Différents types d’engagements identifiés 25

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

Il peut aussi s’investir dans son milieu socioprofessionnel ; via l’Ordre des Architectes et les syndicats notamment, pour peser dans le débat, faire évoluer la pratique, mais aussi par les maisons de l’architecture, les CAUE, qui jouent dans la reconnaissance et le rayonnement de l’architecte vis-àvis du reste de la société : conseiller, faire de la pédagogie, de la médiation, de la sensibilisation.

Enfin, l’architecte a enfin la possibilité de s’engager au niveau proprement politique, afin d’agir sur les décisions qui concernent l’architecture, l’aménagement territorial, des lois, des normes etc. Cette échelle-là est très importante car elle dicte beaucoup de règles à l’architecte. Or, si on veut que les choses changent, il faut travailler aussi sur l’amont de notre pratique. « Insistons sur l’amont, c’est là que l’architecte peut être utile »6 Au regard de mes modestes cinq premières expériences professionnelles, il y a, selon moi, un domaine qui réussit à lier l’architecte, sa pratique et sa vision générale sur la société : l’urbanisme. Un domaine vaste, qui a une définition très large de sa pratique en France : de la stratégie territoriale, à la faisabilité d’ouvrages qui seront conçus et exécutés par des architectes.

Différentes échelles (d’une région, à un îlot, en passant par la commune, et le quartier), différents territoires (urbain, périurbain, rural, industriel, portuaire, en friche etc.), dont la connaissance et la pratique peuvent, j’en suis convaincu, aider l’architecte à reprendre pied sur des sujets dont il suit (ou subit, c’est selon) ensuite les règles.

Ainsi, l’urbaniste peut plus facilement influer sur le cours de l’aménagement d’un territoire en côtoyant les différents acteurs du territoire, même si ce n’est pas lui qui décide, bien évidemment.

La pratique de l’urbanisme couplée à celle de l’architecture permet de garder les yeux ouverts sur le monde et la société, et de pouvoir proposer des alternatives ou de répondre au mieux aux besoins des usagers et 6. «Les architectes sont là pour remettre du long terme dans l’équation» Interview de Christine Leconte pour batiactu.com, le 11juin 2021 26

INTRODUCTION

habitants d’un territoire, ce qui est la mission même de l’architecte selon moi, et c’est ce que disait déjà Giancarlo De Carlo : « L’architecture est et ne saurait être que l’organisation et la forme de l’espace physique7 . Elle ne peut pas être autre chose, mais c’est déjà énorme.

Lorsqu’elle est valable, elle fait rejaillir ses qualités sur ce dont elle dépend et aussi sur les facteurs qui finissent par dépendre d’elle. Elle n’est pas autonome mais hétéronome. »8 Au travers de ce mémoire, je cherche donc à expliquer ce que peut apporter la pratique de l’urbanisme aux architectes.

Dans une première partie, nous verrons comment on peut agir pour la qualité architecturale via la pratique de l’urbanisme.

Dans une seconde partie, nous verrons en quoi la pratique de l’urbanisme peut avoir une influence sur une agence d’architecture, sa structure et son organisation.

Enfin, je tenterai d’avoir un retour critique sur mon expérience personnelle au sujet de la pratique simultanée de l’architecture et de l’urbanisme, avant d’évoquer mes perspectives professionnelles pour les années à venir.

7. A toutes les échelles donc, puisque De Carlo est un des premiers à soutenir qu’architecture, ville, et territoire, sont indissociables.

8. Giancarlo De Carlo, Architecture et liberté, Paris, Editions du Linteau, 2003, p. 142 27

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

PARTIE I AGIR POUR L’ARCHITECTURE PAR L’URBANISME ?

CADRE DE LA RÉFLEXION Au cours de ce mémoire, j’évoquerai principalement mes expériences passées qui appuieront mon propos général et la réponse à ma problématique. Je suis conscient que mon expérience est partielle et que dans certaines situations, que je ne connais pas ni ne maîtrise, mon propos ne pourra pas s’appliquer.

Par exemple, sur la question de la production architecturale, je me base sur une expérience qui correspond à du logement collectif, construit avec des promoteurs qui ne donnent pas toujours la priorité à l’intérêt commun, alors que d’aucun pourra me montrer un exemple différent, ou parler d’une expérience avec des clients particuliers pour la construction d’une maison individuelle.

Autre exemple, sur la question urbaine, je ferai référence à des projets de Zone d’Aménagement Concerté (ZAC) ou des projets urbains qui concernent principalement des zones urbanisées, dynamiques et tendues (Haute-Savoie, région Lyonnaise).

Il existe une multitude de situations où architecture et urbanisme s’entremêlent, se complètent, et ce mémoire n’en montrera donc qu’une partie.

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Enfin, il sera souvent question de l’aménagement du territoire ou de sa «fabrique» (un terme en vogue dans le milieu de l’aménagement). Derrière ces mots, je place tout le processus qui démarre de la planification nationale ou régionale jusqu’au bâtiment. Je ne traiterai pas de tous ces aspects, j’en évoquerai certains et en détaillerai d’autres selon mon expérience.

L’URBANISTE & L’ARCHITECTE-URBANISTE L’urbanisme est un domaine très vaste qui, comme cela a été dit précédemment, va de la planification territoriale, jusqu’à la faisabilité d’un îlot avant que l’architecte ne prenne en main la maîtrise d’œuvre du bâtiment en question.

La fin du XIXème siècle et le début du XXème siècle ont, par les progrès technologiques et scientifiques, amené à s’intéresser à la question de l’organisation, de la planification et du fonctionnement de la ville, et à l’anticipation de son développement, notamment au regard des conditions sanitaires de certaines villes (Londres par exemple, avec l’émergence des cités-jardins, mais aussi Cerda à Barcelone, ou Haussmann à Paris pour ne citer qu’eux).

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A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

Dès lors, un nouveau domaine d’étude et de réflexion, l’urbanisme, est né, avec le métier d’urbaniste et ses nombreuses parties prenantes : sociologues, économistes, géographes... et bien entendu les architectes.

En France, on peut regrouper le domaine de l’urbanisme dans deux catégories : - d’un côté l’urbanisme de droit, réglementaire, (ou «urban planning» en anglais) qui concerne les activités de la Maîtrise d’Ouvrage, avec la rédaction et l’élaboration de tous les documents opposables, qui planifient l’aménagement du territoire à des échelles diverses (jusqu’au Plan Local d’Urbanisme (PLU)).

- de l’autre l’urbanisme de projet (ou «urban design» en anglais) qui concerne les activités de Maîtrise d’Oeuvre avec la conception, l’organisation d’un espace en vue de sa matérialisation.

C’est bien de l’urbanisme de projet dont je parle dans ce mémoire et qui m’intéresse dans la pratique.

Un rapport de la délégation aux collectivités territoriales et à la décentralisation du Sénat, réalisé en juillet 2012 par le sénateur Pierre Jarlier, donne une définition du cœur de métier de l’urbaniste : « Loin de se réduire à un aspect réglementaire, le travail de l’urbaniste vise à définir et mettre en forme le projet territorial des collectivités locales. Son rôle est d’anticiper les dynamiques d’urbanisation en apportant aux élus locaux une aide à la décision politique leur permettant d’arbitrer sur les localisations les plus cohérentes (activité, emploi, logement, réseaux de transport) pour la gestion optimale des mobilités ; de mener une action foncière adéquate ; et de conduire des projets de renouvellement urbain. » 1 Cette définition semble assez bien résumer le rôle de l’urbaniste à mon sens et correspond bien aux expériences que j’ai pu voir, aussi bien chez INterland qu’à l’Atelier de Ville en Ville. J’ajouterai tout de même qu’il manque la question de la faisabilité sur les futurs îlots et leur conception.

L’urbaniste (de projet donc) est bien un concepteur, certes à une échelle 1. «Un rapport du Sénat propose de réglementer la profession d’urbaniste», jeunes-urbanistes.fr, le 20 juillet 2012 30

AGIR POUR L’ARCHITECTURE PAR L’URBANISME

différente de l’architecte, mais il utilise des outils similaires et a une vision synthétique d’un espace complexe, sur lesquels nous reviendrons plus tard.

Par ailleurs, en France toujours, il existe aujourd’hui une profession hybride, qui justement inclut ces questions de faisabilité, entre la pratique de l’urbanisme et celle de l’architecture, c’est l’architecte-urbaniste. Au départ, je pensais que ce nom était utilisé simplement pour définir un

L’urbanisme en France aujourd’hui 31

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

architecte qui pratiquait également l’urbanisme ou que c’était une manière un peu confidentielle pour des architectes (inscrits ou non à l’Ordre et pratiquant l’urbanisme) de se donner un titre auprès des maîtrises d’ouvrage.

La réalité est plus complexe. Aujourd’hui, il existe bien un métier nommé architecte-urbaniste, reconnu par des diplômes et par Pôle Emploi (par exemple). Mais cette formation et cette appellation ne s’appliquent, alors que ce statut n’est pas protégé, uniquement que pour des architectes (ADE ou HMONP) qui font le choix de pratiquer l’urbanisme (avec ou sans maîtrise d’œuvre).

Les urbanistes issus de la formation qui leur est dédiée en Instituts d’Urbanisme sont considérés «uniquement» comme urbanistes et ne peuvent prétendre au «titre» (qui n’existe pas en tant que tel) d’architecteurbaniste. Le fait d’être architecte de formation est donc un véritable atout cela donne une forme de statut supplémentaire. On peut considérer cela comme une sorte de « pré carré » des architectes, justifié par le fait qu’à certaines échelles les urbanistes ont besoin d’un architecte pour mener à bien leur mission.

Cette échelle, c’est celle du quartier, de l’îlot, cette « zone grise » qui nécessite une expertise à une échelle plus réduite, pas forcément de maîtrise d’œuvre, mais une connaissance du bâtiment, de ses proportions et de son rapport à la ville. En bref, cette échelle demande les compétences d’un architecte.

Cela est confirmé par l’article «La conception urbaine en France est une affaire d’architectes» qui dit : «Le marché français des études de conception urbaine est largement tenu par des « Sociétés d’architecture » (...) et, dans une moindre mesure par des « Sociétés d’ingénierie ». Par ailleurs, «les urbanistes diplômés travaillant dans la conception urbaine ont au préalable une formation initiale d’architecte».2 2. «La conception urbaine en france, une affaire d’architectes ?», urbanews.fr, 7 mai 2015 32

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Cette situation n’est toutefois pas nouvelle. En effet, dès 1972 est créé en France le Programme d’Architecture Nouvelle (qui deviendra EuroPAN en 1987) et qui a pour ambition de faciliter l’accès aux commandes publiques aux jeunes architectes novateurs dans leur manière de concevoir la ville.

Ainsi, cela fait 50 ans que la question territoriale, de la forme urbaine et de l’environnement urbain interroge les architectes, qu’ils soient chercheurs ou praticiens. Les enseignements de Panerai et Castex3 ont guidé des générations d’ étudiants (dont la mienne) sur le chemin de la pratique du projet urbain dans les Écoles Nationales Supérieures d’Architecture.

C’est depuis cette époque que l’architecte-urbaniste, tel qu’on le connaît, en France, s’est institutionnalisé.

J’ai eu la chance de jouer ce rôle chez INterland comme à l’Atelier de Ville en Ville, d’architecte-urbaniste et cette interaction entre les deux domaines de l’architecte et de l’urbaniste m’ont donc beaucoup aidé à comprendre et à réfléchir sur ma pratique.

DES PRATIQUES ET UNE VISION SIMILAIRE Au service de l’intérêt général En tant qu’acteur du territoire et de son aménagement, l’architecte a un rôle à jouer qui est d’ailleurs sans doute bien plus important qu’on ne le pense au quotidien. Bien évidemment, grâce à la loi de 1977 et son statut de profession réglementée, il est bien le seul habilité à déposer un permis de construire (hors exceptions) et il a le devoir d’agir pour l’intérêt public, et non pas pour des intérêts (uniquement) particuliers, en étant désintéressé, comme le précise Isabelle Chesneau dans l’ouvrage Profession Architecte : « [le critère] du désintéressement insiste sur le fait que l’intérêt public et celui de la clientèle doivent passer avant le sien propre. Être désintéressé, c’est quitter la sphère mercantile pour accéder à celle de l’intérêt général, 3. A ce sujet, voir notamment les ouvrages Formes Urbaines, de l’îlot à la barre, Paris, Parenthèses, 1997, et Analyse Urbaine, Paris, Parenthèses, 1999 33

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en se mettant au service de la société civile. Dans ce sens, l’architecte est mandaté par la société pour remplir une mission sociale d’intérêt général concernant le cadre de vie (loi de 1977). [Les professions réglementées sont des] intermédiaires entre l’État et les citoyens, elles exercent-idéalementpar le biais de leur expertise, une autorité morale et intellectuelle sur l’orientation des politiques publiques, en matière (…) de construction pour les architectes.»4 L’urbaniste, quant à lui, a également pour mission d’œuvrer à l’intérêt public (par ses missions pour les collectivités et l’État). Malgré le fait que ce ne soit pas une profession réglementée, on pourrait lui adjoindre le même critère de désintéressement cité plus haut. De plus, Il peut lui aussi, par sa pratique répondre aux enjeux d’un espace. Malgré des moyens différents, ces deux acteurs ont bien des objectifs, des fins, communs.

Ce que j’ai pu voir lors de ces dernières années, c’est que la pratique de l’urbanisme de projet permet, sous certains aspects, de pouvoir influer sur l’architecture qui sera produite. La position antécédente à l’architecte de l’urbaniste lui permet déjà d’anticiper sur de nombreux sujets afin d’aider l’architecte, le mettre dans des conditions de réaliser un projet de qualité., au service de l’intérêt général.

Deux généralistes face aux spécialistes De son côté, la valeur ajoutée de l’architecte est sa vision large et ouverte et sur notre environnement et celui de l’architecture qu’il va concevoir, ce que l’on pourrait aussi dénommer la culture du projet, une des composantes essentielles de cette profession. A la différence d’un « technicien », spécialisé dans un domaine, il a une capacité et un devoir de regarder plus loin que la problématique du bâti.

En effet, dans la conception d’un projet architectural faisant intervenir des Bureaux d’Etudes Techniques (BET) spécialisés, ces derniers ont souvent un regard unilatéral sur leur rôle et les solutions qu’ils proposent. Par exemple, le thermicien a un avis sur son sujet mais ne prend pas forcément 4. Sous la direction d’Isabelle Chesneau, Profession Architecte, Paris, Eyrolles, 2018, p. 74 34

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en compte toutes les composantes du projet, comme les impératifs du BET structure ou l’acousticien. Cela tient principalement au fait qu’ils n’ont pas de culture de projet, ce qui est un des fondements de la pratique de l’architecture.

C’est assez similaire sur un projet urbain : le spécialiste commerce a du mal, parfois, à comprendre que son avis sur le projet et l’implantation de nouveaux commerces n’est pas compatible avec une vision générale du quartier/de la ville qui inclut aussi les aspects d’équipements, d’espaces publics, de volumétrie etc. Ce qui ne veut pas dire que ces intervenants ne sont pas « compétents », ils ont juste une vision plus restreinte du projet.

L’architecte, comme l’urbaniste, ont cette capacité de synthèse qui donne du corps à un projet et lui permettent de répondre à toutes les questions qui sont posées en même temps. J’irai même plus loin, en disant qu’aussi bien l’architecte que l’urbaniste, ont tout intérêt à bien connaître le rôle et les spécialités de chaque co-traitant/ bureau d’études dans le cas ou celuici ferait défaut ou ne serait pas très coopératif.

Une vocation identifiée Partant de ce constat, il est cohérent qu’un architecte puisse lui aussi travailler sur les questions urbaines et les projets de cette échelle-là. C’est d’ailleurs ce que dit clairement le code de déontologie de l’architecte dans son Article 2 : « La vocation de l’architecte est de participer à tout ce qui concerne l’acte de bâtir et l’aménagement de l’espace ; d’une manière générale, il exerce la fonction de maître d’œuvre. Outre l’établissement du projet architectural, l’architecte peut participer notamment aux missions suivantes : - aménagement et urbanisme, y compris élaboration de plans ; - lotissement ; - élaboration de programme ; - préparation des missions nécessaires à l’exécution des avant-projets et des projets consultation des entreprises, préparations des marchés d’entreprises, - coordination et direction des travaux ; 35

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- assistance aux maîtres d’ouvrage ; - conseil et expertise ; - enseignement.»5 On parle bien ici à la fois de l’acte de construire et de celui d’aménager l’espace, ce qui ouvre de nombreuses possibilités à l’architecte, hors de sa mission de constructeur, ce dont je parlerai dans la troisième partie de ce mémoire notamment.

UNE CONNAISSANCE & UNE PRATIQUE DE L’URBANISME IMPORTANTE… Ce rôle de concepteur que j’ai pu pratiquer ces dernières années m’a montré que la prise en compte et la compréhension des nombreux documents réglementaires d’urbanisme est fondamentale. En effet, si je prends l’exemple d’un PLU, son règlement, ses zones, ne sont que la déclinaison d’un véritable projet de ville ou d’intercommunalité. C’est-à-dire une stratégie posée pour un temps long car elle aussi pensée et négociée entre élus pendant de nombreuses années avant son approbation, comme l’indiquent J. Michaud et C.Lecq6 : «Depuis les lois de décentralisation (lois Defferre, 1982), le maire d’une commune est compétent, en principe, dans le domaine de l’urbanisme : il définit les règles d’urbanisme, le Plan Local d’Urbanisme (PLU) et délivre les autorisations d’urbanisme. Le PLU est un outil pour mettre en œuvre ce projet politique et l’instruction des autorisations d’urbanisme est le moyen de l’imposer.»

Ainsi, si on veut être cohérents, il faudrait que l’architecte comprenne les enjeux, les objectifs de la commune avant de déposer un Permis de Construire (PC), via la lecture du Projet d’Aménagement et de Développement Durables (PADD), du Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT), ou maintenant du Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET) par exemple. Je ne dis pas que l’architecte doit être forcément un sachant, 5. Disponible sur le site de l’Ordre des Architectes 6. Sous la direction d’Isabelle Chesneau, Profession Architecte, Paris, Eyrolles, 2018, p.314 36

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MAÎTRISE D’ŒUVRE

Ce schéma montre la quantité de documents réglementaires-cadres-opposables qui existent et qui dictent, de manière directe ou indirecte la manière dont l’architecture se fera à terme sur un territoire.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:La_hi%C3%A9rarchie_des_normes_en_urbanisme.jpg

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A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

lire l’intégralité de ces documents (qui ne concernent pas que le cadre bâti). Néanmoins je trouve que ces documents, bien que parfois indigestes, sont riches d’enseignements et donnent déjà beaucoup d’indications pour un projet architectural.

Dans la logique d’une pratique plus durable de l’architecture, avec l’idée de réhabiliter en priorité plutôt que de construire sans limite, avec des matériaux locaux, dans une démarche exemplaire etc. l’étude de ces documents est aussi importante car ils donnent nombre de conseils, d’indications, voire d’exemples pour aider les architectes dans la matérialisation de leur projet.

Enfin, au-delà de l’aspect réglementaire et juridique que représentent tous ces documents, il y a donc toujours, derrière, un projet conçu, réfléchi, et qui doit être appuyé et matérialisé derrière par des architectes.

Pour poursuivre dans cette direction, il semble donc clair que par ses compétences, sa connaissance de la construction et plus largement de la maîtrise d’œuvre, l’architecte a la possibilité (et même une forme de devoir selon moi) de s’intéresser et de promouvoir la pratique de l’urbanisme et au-delà, à une forme engagée-et politique par extension-de sa pratique.

Un engagement d’autant plus important qu’il semble que les architectes, au cours de ces dernières décennies, aient perdu en visibilité et en marges de manœuvre, y compris vis-à-vis des Maîtres d’Ouvrage : multiplication des bureaux d’études, d’Assistants à Maîtrise d’Ouvrage, la prise en compte des données et calculs au détriment (parfois) de la logique, d’un bon sens et de l’empirisme dont peut faire preuve l’architecte… sans oublier des pressions de certaines maîtrises d’ouvrage (les promoteurs principalement) pour rogner au maximum les coûts de construction et qui peuvent conduire à un appauvrissement et à un standardisation de l’architecture. C’est ce que j’ai pu observer sur un projet de Résidence étudiante pour le CROUS par exemple et dont je parlerai plus loin.

La pratique de l’urbanisme, la connaissance des enjeux et règlements, 38

en rencontrant des élus, les techniciens, et en étant au cœur des prises de décisions, permet, j’en suis convaincu, à l’architecte de prendre une autre stature, pas incompatible avec celle du maître d’œuvre, et à agir sur ses conditions d’exercice futures. Il est donc nécessaire d’investir ce terrain pour sortir de la spirale qui semble (parfois) inexorable : celle de l’invisibilisation de l’architecte.

…POUR NE PAS SE RETROUVER SEUL EN BOUT DE CHAÎNE Lutter et s’engager contre cette invisibilisation est quelque chose de fondamental aujourd’hui. Mon parcours m’a montré à quel point l’architecte, lorsqu’il démarre un projet architectural n’est en réalité que l’ultime maillon d’une chaîne de «fabrication du territoire» beaucoup plus longue. Il est néanmoins le plus important car c’est le seul qui va concevoir l’acte physique et matériel.

Aujourd’hui, dans n’importe quel projet urbain où va intervenir l’architecte, il y a à minima entre 5 et 10 ans de réflexion et de conception de la part de nombreux acteurs. C’était le cas dans le projet urbain que j’ai suivi à Bron-Terraillon (Rhône). Au stade de la réalisation de la ZAC et en tant qu’architecte-urbaniste, l’agence récupérait un projet qui avait déjà plus de cinq années de réflexions (en 2016) et la première consultation architecturale n’a eu lieu qu’en 2019, soit huit années entre le début de la réflexion et la première matérialisation concrète du projet.

Cette longue réflexion, au gré des allers-retours sur les orientations, des changements de municipalité, ou encore des aléas financiers du projet fait intervenir de (très) nombreux acteurs publics, parapublics et parfois même privés. L’urbaniste (ou l’architecte-urbaniste donc) est chargé de donner forme à un projet dès le départ régi par de nombreuses règles, des orientations, des préconisations à l’échelle urbaine bien sûr... mais aussi à l’échelle architecturale.

C’est en me rendant compte de cela que j’ai commencé à me poser beaucoup de questions sur la pratique de l’urbanisme par des professionnels ne pratiquant pas la maîtrise d’œuvre. Dans le processus d’ aménagement du 39

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Plan masse de la ZAC de Bron Terraillon, Rhône, et vue 3D générale du projet urbain. L’agence INterland est Architecte-urbaniste en chef de cette ZAC. © INterland 40

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territoire, avec la succession de personnes qui travaillent sur un projet, cela ne me posait pas de problème, les rôles étaient bien définis.

Mais quand on en arrive, en tant qu’architecte-urbaniste à donner des règles (qu’elles soient opposables ou non d’ailleurs) à des architectes alors que l’on ne pratique pas la maîtrise d’œuvre (ce qui était le cas chez INterland) cela commence à être plus compliqué à accepter.

Certes, tous les architectes-urbanistes étaient architectes de formation, et ils comprenaient certains enjeux qui étaient sous-tendus pour la suite et la matérialisation du projet, mais cela m’a beaucoup interrogé, au point de finir par partir… et à me dire qu’il fallait vraiment que les architectes, seuls à avoir cette expérience de la maîtrise d’œuvre soient mis dans le processus de conception urbaine bien avant la conception du bâtiment en vue de sa construction.

L’architecte ne doit pas être une personne en bout de chaîne, qui subit (c’est parfois vraiment le cas) des règles édictées sans sa consultation. Je ne cherche pas à opposer les deux professions, puisque je défends l’idée d’une complémentarité accrue entre eux. Je déplore simplement une mise à l’écart progressive de l’architecte dans sa liberté et dans ses choix architecturaux face à un « mur » de préconisations faites par avance par tout un tas d’experts (tous très bons je n’en doute pas) mais qui ne construisent pas.

Pour retrouver des marges de manœuvre, la pratique de l’urbanisme et l’utilisation des compétences humaines et sociales qu’il réclame est donc utile pour que l’architecte reprenne de la hauteur, se rapproche des usagers et des décideurs.

PRATIQUER LA CONCERTATION C’est ici que la question politique, au sens noble du terme, intervient.

Les urbanistes, par leur formation et les compétences qu’ils acquièrent ont une fibre politique développée qui leur permet d’être à l’aise, de comprendre les enjeux derrière telle ou telle décision prise par des élus...

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A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

Schéma de synthèse des différents types de concertation expérimentés 42

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sans décider à leur place : «Le seul pouvoir d’un urbaniste consiste en ses facultés de persuasion qui sont très, très minces !»7 Ils sont aussi amenés à savoir prendre le pouls d’une population, d’étudier le fonctionnement d’une ville, d’un quartier, via leurs usagers et habitants.

Le fait d’aller à leur rencontre, c’est-à-dire de pratiquer la concertation, est un fait assez classique pour les urbanistes mais beaucoup moins pour les architectes, au regard de mon expérience. On peut parler ici d’un paradoxe assez particulier : dans le cas d’un projet de logement collectif, les architectes sont capables de concevoir et de dessiner très rapidement certains détails de la vie des futurs usagers ou habitants d’un logement sans avoir de contacts directs avec eux. A l’inverse les urbanistes sont au plus près et rencontrent directement les usagers d’un quartier, d’une ville, alors qu’ils ne pensent la transformation de l’espace que sur des temps longs voire très longs.

Chez INterland, j’ai très régulièrement dû réfléchir à des dispositifs d’échanges, de récolte de paroles, d’envies des habitants d’un quartier et passé quelques journées à parcourir des villes, faire des réunions avec des techniciens et parfois avec des élus. Cela est devenu, pour moi, une sorte de préalable à tout projet, comme le dit également De Carlo : « Toute motivation à organiser et à donner forme à l’espace physique trouve son origine dans les rapports individuels et sociaux ; on ne peut pas penser, juger, faire, recourir à l’architecture et à l’urbanisme sans se référer à la société. »8 En tant qu’architecte à l’Atelier de Ville en Ville, la situation était différente.

Dans le cas des logements réalisés dans le cadre de la promotion privée, les futurs habitants n’ont pas leur mot à dire avant la phase des Travaux Modificatifs Acquéreurs (TMA) et l’architecte ne prend donc pas réellement en compte leur mode de vie, la diversité des familles, de leur structure, à l’image de la société, de plus en plus multiple. Il me semble paradoxal, pour un architecte, de ne produire que des logements standardisés et 7. Charles Delfante, Souvenirs d’un urbaniste de province, Paris, Editions du Linteau, 2010, p.193 8. Giancarlo De Carlo, Architecture et liberté, Paris, Editions du Linteau, 2003, p. 21 43

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normés parfois à l’extrême alors que les structures familiales sont de plus en plus diverses. Cela tient néanmoins plus, dans ce cas, à la culture sociale et de projet du promoteur privé qui ne voit pas forcément l’intérêt d’une concertation. Une sensibilisation et une pédagogie auprès d’eux pourraient permettre de construire autrement. En cela, la concertation citoyenne peut être un moyen de se rendre compte des changements de société et de pouvoir par la suite changer en conséquence les modèles de l’habiter et l’architecture, entre acteurs de la construction.

On peut considérer que le logement, ayant vocation à changer de propriétaire, d’habitants au cours de son cycle de vie, ne doit pas sortir de la norme de base pour s’adapter au mieux à tous ses (futurs) habitants. On pourra dès lors difficilement expliquer l’engouement pour les logements atypiques (duplex, avec des organisations spatiales différentes, des pièces pas tout à fait rectangulaires) lors de la commercialisation des logements.

Une fois de plus, plus de concertation qualitative et moins de certitudes quantitatives montrerait peut-être que les modèles de conception architecturaux actuels sont dépassés.

Dans le cas des équipements ou logement social, en revanche, la concertation devrait être centrale. Pourtant, sur le projet de résidence étudiante (couplée à trois Établissements Recevant du Public (ERP) pour le compte du CROUS, je n’ai rencontré aucun étudiant ou potentiel usager du bâtiment. La Maîtrise d’Ouvrage a même demandé aux étudiants de quitter leur chambre pendant que l’on visitait. Bien sûr, de nombreux intervenants, techniciens, chefs de projet, nous ont éclairé, guidé, fait visiter des résidences existantes, mais pas d’étudiant, qui auraient pu avoir un regard critique sur le projet, l’aménagement des chambres etc. .

Dans le même programme, un ERP était dédié à l’enseignement pour des personnes en situation de déficience visuelle. Nous avons respecté le cahier des charges, fait les aménagements demandés spatialement mais de nombreux éléments de finition (couleurs, matériaux, mobilier) ont été un peu mis de côté, sinon expédiés sans traitement particulier par l’entreprise générale (nous étions en conception-réalisation). Je pense que c’est en partie dû au fait que peut-être, ni les architectes, ni le représentant 44

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de la Maîtrise d’Ouvrage n’avait rencontré une de ces personnes, couplé au rapport de force compliqué entre l’entreprise de construction et l’architecte sur un marché tel que celui-ci.

A l’inverse, dans le cadre de faisabilités pour plusieurs écoles primaires dans des villes de la périphérie lyonnaise, l’Atelier de Ville en Ville a proposé de faire la visite avec l’équipe technique et les élus, lorsque cela était possible, d’autres écoles de la Métropole, et d’échanger avec les usagers, dont les instituteurs. Sans surprise, nos faisabilités étaient plus riches, plus argumentées, s’appuyant sur des besoins réels et une prise en compte de notre part et de celle des élus aux besoins du programme.

Bien entendu, je nuancerai ce propos en ajoutant que la concertation n’est pas l’alpha et l’oméga d’un projet urbain ou architectural : l’usager ou l’élu n’est pas un sachant ni un concepteur, et il convient donc de prendre les éléments sortant de la concertation avec prudence.

Vue d’ensemble de l’opération Laënnec pour le CROUS et l’Université Lyon I. Le programme de résidence étudiante contient 350 chambres et 3 ERP répartis en 3 bâtiments. Le bâtiment encadré est celui réalisé par l’Atelier de Ville en Ville, les autres réalisés par SUD Architectes. ©Atelier de Ville en Ville 45

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PP 93+37x204

Protection basse 1 m.

Hsfp 4.0 m.

Joue de faux-plafond

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800 520

20 540

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11 Espaliers fixes 0.8m.

896

BC-06 Vitrage clair + store intérieur

Salle d'activité 1 10.001 150.10 m² Sol Sportif Peinture satinée + protection basse 1 m.

HsP 3.5m + B. à R.

IS 2 UP

430 20

Pl. élec.

ISTR

PP 83x204

336

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BC-05 Vitrage clair + store intérieur

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Protection basse 1 m.

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Béton Quartzé Peinture satinée + protection basse 1 m.

HsP 3.0m

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3066 440

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Robinet ext

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227

BC-06 Vitrage clair + store intérieur

Stockage 13.25 m²

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Porte grillagée

PP 93+93x204 CF 1/2h +FP

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480

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Echelle 1 : 50

BATIMENT BC - PLAN DE RDC

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Projet

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6 Miroirs fixes 1m.

10

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Vue d'ensemble

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BC-05 Vitrage clair + store intérieur

PP 93x204

Vestiaire H 17.83 m²

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25

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BC-02-A Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

BC-02-A Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

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110

BC-03-E Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

BC-02-A Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

20

110

20

AMO BC

BTP Consultants 62 Chemin de la Bruyère 69570 DARDILLY

120

20

SUD ARCHITECTES 27 rue Joannes Carret 69009 LYON

T : +33 (04) 78 64 07 07 @: pbowdler@sudarchitectes.com @: sbayod@sudarchitectes.com

BLB CONSTRUCTIONS 480 rue Thimonnier 69730 GENAY

T : +33 (04) 72 79 07 07 @: abdel.manssour@demathieu-bard.fr @: bernard.lafont@demathier-bard.fr @: martin.fleury@demathieu-bard.fr

DEMATHIEU BARD MAINTENANCE 19 rue de la Picardie 57003 METZ

T : +33 (06) 43 82 04 25 @: archange.filippone@demathieu-bard.fr

1135

BET Structure

25

195

SETEC 191/193 cours Lafayette 69006 LYON

T : +33 (04) 84 35 06 26 @: roy.dabee@h3c-energies.fr

F

T: +33 (0)4 27 85 48 00 @: franck.kokocinski@setec.com @: lara.pegoraro@setec.com

T : +33 (04) 37 49 64 63 @: cyrille.merieau@btp-consultants.fr

TECO 21 rue Renan 69007 LYON

T : +33 (04) 81 11 17 45 @: david.quiviger@btp-ingenieriesolutions .com

T : +33 (04) 72 60 16 08 @: christophe.boyadjian@ville-enville.com @: alexandre.teoli@ville-en-ville.com

Architecte

110

T : +33 (04) 37 28 73 57 @: ophelie.perret-coutagne@crous-lyon.fr

H3C ENERGIES 57 Bd Marius Vivier Merle 69003 LYON

20 ATELIER DE VILLE EN VILLE 2 Bd Marius Vivier Merle 69003 LYON

BET Fluides

BC-01-C Vitrage ctrôle solaire

61 20

CROUS DE LYON 59 rue de la Madeleine 69007 LYON

503 21

CET INGENIERIE 3 place Renaudel 69003 LYON

T : +33 (04) 78 60 09 71 @: l.civy@cet-lyon.com @: c.neff@cet-lyon.com

BET

110

619

TRAJECTOIRES REFLEX 30 rue Pré Gaudry 69007 LYON

T : +33 (04) 78 69 02 88 @: trajectoire@trajectoire-reflex.org

Acousticien

20

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Carrelage 60x60 Toile de verre + peinture satinée HsP 3.94 m

BC-03-B Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

40

40

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EP

Sas 4.60 m²

MO

247

AMO

6

Architecte

207

Mandataire

5 182

20

Hsfp 4.0 m.

5 21

21 BC-02-A Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

BC-03-B Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

BC-02-D Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

20

Hsfp 4.04 m.

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40

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Joue de faux-plafond

Joue de faux-plafond

BC-01

IS 2 UP

20

164

164

Oculus

PP 93x204

Hall 8.34 m²

Carrelage 60x60 Toile de verre + peinture satinée HsP 3.5m + B. à R.

243

351

359

Bureau 11.83 m²

Plan du Rez-de-Chaussée (phase PRO) du bâtiment réalisé par l’Atelier de Ville en Ville, avec les deux ERP en encadré. En haut le centre de formation en kinésithérapie pour personnes déficientes visuelles et en bas une salle de sport destinée aux étudiants © Atelier de Ville en Ville E'

17 Décembre 2020

491

1115

46

PRO V2

Marché public global de performance portant sur la conception, réalisation, exploitation et maintenance de la résidence Site Laënnec - La Buire / 69008 LYON

70

Titre document

227

BC-05 Vitrage clair + store intérieur

143

Cloison mobile type Algaflex multidirectionnelle revêtement Oberflex Panneaux de 1,13m. dont 1 porte Rails dans le faux-plafond

D'

Hsfp 3.0 m.

300

PP 93+37x204

245

110

41

Joue de faux-plafond

378

PP 93x204

12

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Carrelage 30x30 Carrelage mural 30x30 HsP 2.8m

BC-02-A Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

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7 20

RESIDENCE UNIVERSITAIRE LAENNEC

564 55 PP 93+37x204

PP 93x204

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AMO

110

191 175

WC PMR 3.86 m²

21 BC-02-A Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

20

140

7

Carrelage 30x30

Sol Souple Toile de verre + peinture satinée HsP 3.5m + B. à R.

Hsfp 4.04 m.

227 70

18 12 334 12 10

WC PMR 5.29 m²

Sol Souple Toile de verre + peinture satinée HsP 3.5m + B. à R.

61 110

20

Robinet

Bur Admin 1 9.41 m²

10

BC-05 Vitrage clair + store intérieur

142 20 12 137

300

213

378

20 105 BC-02-A Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

Sol Sportif Peinture satinée HsP 3.8m + B. à R.

Axe de la cloison mobile

Carrelage 60x60 Toile de verre + peinture satinée HsP 3.0m

Vestiaire F 18.61 m²

Joue de faux-plafond

161

Joue de faux-plafond

656

Salle de Sport 102.09 m²

20

Circulations SdS 16.17 m²

244

244

Hsfp 4.04 m.

Hsfp 4.0 m.

PP 93+37x204

140

Occulus

20

162

12

Hsfp 3.0 m.

208

338

Carrelage 30x30

150

41

Joue de faux-plafond

130

12

12

PP 93x183

10

10

619

Bâtiment C

Joue de faux-plafond

BC-04 Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

20

BC-06 Vitrage clair + store intérieur

89 20

22

12

Sol Souple Toile de verre + peinture satinée HsP 3.5m + B. à R.

61

140

18 308

342

10

140 12

Oculus

BC-02-A Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

140

Oculus

277

10

Bur Admin 2 11.16 m²

20

PP 93x204

208

Carrelage 30x30 Carrelage mural 30x30 HsP 2.8m

20

WC PMR 3.92 m²

Sol Souple Toile de verre + peinture satinée HsP 3.0m

PP 93x204

106

Oculus

PP 93x204

145

32

10 140

130

PP 93x204

Circulations Admin 9.02 m²

10

PP 93x204 CF 1/2h +FP

10

Pause 8.58 m²

Sol Souple Toile de verre + peinture satinée HsP 3.5m + B. à R.

248

140

Carrelage 30x30

Carrelage 30x30

238

20

227

10 152 10 140

Escalier

Peinture de sol

Robinet

150

363

242

Béton Quartzé Toile de verre + peinture satinée HsP 2.8m

115

PP 93x204

12

PP 93x204 CF 1/2h +FP

Seuil : bande podotactile Nez de marches antidérapants

281 112

LM Adm. 1.19 m²

PP 93x204

Joue de faux-plafond

10

256 Oculus

PP 93x204

10

Tableau d'affichage

10 Hsfp 4.04 m.

21

140

227 2 25

2 20

BC-05 Vitrage clair + store intérieur

Joue de faux-plafond

PP 93+67x204 CF 1/2h +FP

10 279

20

10

Centrale de Paiement

279

175

WC PMR 4.45 m²

368

Carrelage 60x60 Toile de verre + peinture satinée HsP 3.0m

7

21 225

Hsfp 4.04 m.

BC-02-A Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

10

Sol Souple Toile de verre + peinture satinée HsP 3.5m + B. à R.

Armoire à clés (400)

379

BC-02-A Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

20

Carrelage 30x30

18

12 Banque d' accueil

354

Loge 8.29 m²

110

BC-02-A Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

VDI 5.30 m²

Peinture de sol Peinture satinée HsP 2.8m

18 32

Col. Sèche

12

Tableaux d'affichage

20

21

20

110

81 12

Colonne Lave-linge / Sèche-linge

Colonne Lave-linge / Sèche-linge

LaveLinge

10

466

18

137

PP 93x204 CF 1/2h +FP

236

Carrelage 60x60 Toile de verre + peinture satinée HsP 3.94 m

Seuil : bande podotactile Nez de marches antidérapants

BC-02

20

BC-01-C Vitrage ctrôle solaire

32

Sas 4.48 m²

20 20 10 20 20

LaveLinge

Circulations Hall 12.09 m²

340

20

20

504 240

BC-01-C Vitrage ctrôle solaire

20 2388 110 20 110

20

PP 93x204 CF 1/2h +FP

725 170

200

160

PP 93x204

60

Placard CTA

280

Occulus

Joue de faux-plafond

120

304

21

20

110

69 20

17 PP 93x204 CF 1/2h +FP

479 21

20

254

5

Joue de faux-plafond

236

Hsfp 3.94 m.

110

BC-03-A Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

Présentoirs à documents

BC-02

110

20

WC PMR 4.17 m²

Carrelage 30x30

PP 93x204

158

30 10

SècheLinge

300

200

20

Colonne sèche Coffret métallique 40x40 cm all. 1.15m.

122

32 Boîtes aux lettres + 5 boîtes à colis Espace d'affichage dynamique + signalétique

498

BC-01-A Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

Hsfp 4.04 m.

Joue de faux-plafond

20

BC-02-A Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

Carrelage 60x60 Toile de verre + peinture satinée HsP 3.5m + B. à R.

20

110

20

20

37

20

17 20

BC-01-C Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

20 110 20

664

Hall CROUS + BAL 62.63 m²

9 Espaliers fixes 0.8m.

20

88

104

BC-07 Vitrage clair

Laverie 18.11 m²

Carrelage 30x30 Carrelage mural sur 1.5m. + Toile de verre HsP 3.0m 440

N

110

104 Boîtes aux lettres

Peinture sur dalle

BC-08-A Vitrage clair + store intérieur

220

406

386

BC-09 Vitrage clair

Patio 24.91 m²

20

104

383

120 Boîtes aux lettres

20

Carrelage 30x30 Carrelage mural 30x30 HsP 3.0m

70

Fausse poutre Plâtre 78 x 28 cm.

B-03

152

Loc Poubelles 16.58 m²

110

70

21

98

18

17

851

17

BC-08-B Vitrage opalescent

BC-08-B Vitrage opalescent Partie vitrée

120

41

Robinet

433

227

BC-05 Vitrage clair + store intérieur

804

70

5 Miroirs fixes 1m.

Meuble sonorisation à roulettes Salle 2 Fermeture à clé

Carrelage 30x30 Faïence 30x30 sur 1.6m.

HsP 3.0m

700

BC-05 Vitrage clair + store intérieur

20

5133

Salle d'activité 2 10.002 97.41 m² Sol Sportif Peinture satinée + protection basse 1 m.

HsP 3.5m + B. à R.

Fausse poutre Plâtre 78 x 28 cm.

12

BC-02-E Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

497

420

430

BC-02-B Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

Vestiaire H10.005 28.56 m²

Ecran de projection amovible, caché dans le faux-plafond

Tableaux d'affichage

PP 83x204

Sèche-mains à lame d'air

Sol Souple Toile de verre + peinture satinée HsP 3.5m + B. à R.

21

IS 2 UP

10

Fausse poutre Plâtre 78 x 28 cm.

690

140

PP 93+37x204

Protection basse 1 m.

20

227

97 10

PP 93+67x204 CF 1/2h +FP

905

BC-02-B Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

350

Peinture de sol

150

10

PP 93+37x204 CF 1/2h +FP

170

Protection basse 1 m.

20

PP 93x204

Coworking 43.60 m²

40

130

20

Axe de la cloison mobile

109 140

Local VDI T10.501A 1.48 m²

12

BC-02-B Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

497

20

107

20

Tableaux d'affichage

12

140

Hsfp 4.04 m.

BC-02-B Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

107 20

21

Joue de faux-plafond

106

497

20

21

20 107 20

804

10

BC-02-F Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

20

127

90

383

20

PP 93+67x204 CF 1/2h +FP

115

12

Cloison mobile type Algaflex multidirectionnelle revêtement Oberflex Panneaux de 1m. dont 1 porte Rails dans faux-plafond

176 91

12

Tableaux d'affichage

2

107

558

1282 68

Pl. CTA

20 20

41

290

41

10

Carrelage 60x60 Toile de verre + peinture satinée HsP 3.94 m

5

18

804 5 Miroirs fixes 1m.

299

20

BC-05 Vitrage clair + store intérieur

20

622

188

LM UCBL 10.006 6.62 m²

Carrelage 30x30 Peinture satinée HsP 2.8m

227

PP 93x204 CF 1/2h +FP

12

Sas 6.55 m²

BC-04

220

12 20 641

224

433

PP 93+43x204

61

C' 227

BC-05 Vitrage clair + store intérieur

140

PP 93+37x204 CF 1/2h +FP

20

Protection basse 1 m.

12

Stockage 10.004 63.15 m²

140

20

PP 93+37x204 CF 1/2h +FP

12

20

17

Hall 12.33 m²

Carrelage 60x60 Toile de verre + peinture satinée HsP 3.5m + B. à R. BC-04

Robinet

40

227

20

121

140

10

PP 93x204

20

208

18

BC-01-D Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

Hsfp 4.04 m.

BC-03-C Vitrage ctrôle solaire + store intérieur

109

40

40

20

18 5

130

Ecran dynamique (centré sur voile béton)

17

40

61

20

162 20

Robinet ext

D

110

Meuble sonorisation à roulettes Salle 1 Fermeture à clé

Carrelage 30x30 Faïence 30x30 sur 1.6m.

HsP 2.8m

18

18 270

107

761

110

BC-02-C Vitrage clair + store intérieur

20

Vestiaires F 10.003 31.90 m²

119

338

PP 93x204 CF 1/2h +FP

40

5133

20

Mur de projection

Bâtiment B

195

18

110

17

Joue de faux-plafond

BC-01-D Vitrage ctrôle solaire

20 110 110 20

20

20

297 153

12

LM CROUS 4.02 m²

Carrelage 30x30 Carrelage mural sur 1.6m. + Peinture satinée HsP 2.8m

PP 93x204 CF 1/2h +FP

Seuil : bande podotactile Nez de marches antidérapants

Colonne sèche Coffret métallique 40x40 cm all. 1.15m.

140

20

5

18 10

20

121

2

311

110

268

13

20 110 20

40

20

Sèche-mains à lame d'air

Carrelage 60x60 Peinture satinée HsP 3.0m

213

Peinture de sol

40

20

Circulations ISTR 40.68 m²

PP 93x204

297 PP 83x204

7

5 BC-01-B Vitrage ctrôle solaire

20

13 17

Escalier

110

BC-02-C Vitrage clair + store intérieur

200

10

PP 93x204

20

199

213

7 91

260

18

110

Col. Sèche

20

PP 93x204

Carrelage 30x30 Faïence 30x30 sur 1.6m.

HsP 2.8m

7

WC F S10.300A 2.13 m²

Carrelage 30x30

40

C

110

BC-01-E Vitrage clair + store intérieur

10

18

20 110 20

260

110 20 1984

10

20

7

San H S10.301 6.42 m²

371

Carrelage 30x30

17

17

110

Robinet

Carrelage 30x30 Faïence 30x30 sur 1.6m.

HsP 2.8m

San F S10.300 6.33 m²

WC PMR F S10.300B 4.92 m²

40

20

Joue de faux-plafond

226 20 10

20 Carrelage 30x30

WC H S10.301B 1.67 m²

18

520

Hsfp : 3.00 m.

258 PP 93x204

7

281

173

110

10

20

173

20

7

PP 83x204

Peinture de sol

Robinet ext

110

Carrelage 30x30

106

188

372

18

Local CTA 10.007 10.45 m²

20

21 140

Hall ISTR C10.500 17.85 m²

Carrelage 60x60 Peinture satinée HsP 3.5m + B. à R.

WC PMR H S10.301A 4.91 m²

12

20 110 20

281

110

10

110

140

20

236

255

Carrelage 60x60 Peinture satinée HsP 3.94 m

20

BC-05

20

10

10

BC-06

5

237

255

Sas ISTR B10.500 6.02 m²

110

BC-02-C Vitrage clair

21

60

60 237

20

20

BC-01-E Vitrage clair

Hsfp 3.94 m.

Joue de faux-plafond

175

110

40

20

21

110

4 Miroirs fixes 1m.

20

Peinture sur dalle

110

BC-01-E Vitrage clair

150

20

10

110

40

20

86

155

61

20

ACOUPHEN Parc d'activités des Gaulnes 22 avenue Lionel Terray 69330 JONAGE

T : +33 (04) 78 89 63 61 @: acouphen@acouphen.fr

AGIR POUR L’ARCHITECTURE PAR L’URBANISME

« Dans le processus de participation, tout est subtil, contradictoire, changeant, et il faut accepter cet état de choses sous peine de voir tout le processus faussé. Il faut beaucoup plus de talent dans l’élaboration participative que pour imposer autoritairement ses propres projets, parce que dans le premier cas il faut être réceptif, perspicace, agile, avoir l’imagination rapide, savoir transformer très promptement un symptôme et un fait, et en faire un point de départ.

Beaucoup de gens pensent, soit par naïveté, soit par ruse, que la participation consiste à transcrire ce que demandent les interlocuteurs. Il faut se méfier de ceux-là car ce sont des gens qui ne croient pas à l’architecture et qui trouvent ainsi une compensation à leur incapacité architecturale. »9 Un autre problème est la question de la représentativité des usagers qui parlent vis-à-vis de tous ceux qui ne parlent pas. Quelle légitimité si 90 habitants sur 10 000 viennent assister et donner leur avis sur l’avenir de leur quartier (situation vécue à Nice dans le quartier de l’Ariane) ?

Enfin, la concertation est aussi un outil politique, balisé, où il est parfois difficile pour les habitants d’aller contre les orientations de projet déjà actées. Cela pose la question, une fois de plus, de la légitimité d’un processus dont les décisions sont prises, in-fine par des hommes et des femmes politiques. L’architecte, comme l’urbaniste, ne doit donc pas non plus être naïf sur ces outils.

POLITIQUE : L’ENGAGEMENT À UNE AUTRE ÉCHELLE Les décisions, qui vont influer directement sur la production architecturale d’un territoire se prennent donc, non pas seulement avec les habitants, mais surtout avec les élus : maires, élus régionaux, départementaux, présidents d’intercommunalités etc. et les services de l’État. Face à leurs prises de décisions, à leurs engagements, même les promoteurs doivent s’y plier. C’est donc un levier pour que les architectes puissent peser sur la liberté et la qualité de leur production.

9. Giancarlo De Carlo, Architecture et liberté, Paris, Editions du Linteau, 2003, p. 239 47

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

Une fois de plus, les urbanistes sont armés pour discuter, conseiller et influer sur les décisions des élus : ils ont été formés pour cela, parlent le même langage, ont les mêmes codes, en bref, ils ont une carte à jouer.

Ces décisions prises par des non-sachants sont extrêmement importantes car elles vont concerner directement la production architecturale, comme nous le voyions précédemment.

Dès lors, il semble logique et important que les architectes soient aussi capables d’utiliser les compétences politiques des urbanistes pour défendre leur position, c’est-à-dire du bien commun et de l’intérêt public (qui est donc la même que celle des élus et de l’Etat), plutôt que celle des très bons communicants des promoteurs et investisseurs privés (qui ne représentent qu’eux-mêmes).

Cette discussion et cette pédagogie avec les élus sont possibles tout au long de l’élaboration des projets urbains, notamment par la tenue d’ateliers et de réunions pour discuter du projet, ce qui est bien plus complexe dans les projets architecturaux construits par des investisseurs privés. Dans ce caslà, il convient d’avoir des cadres réglementaires exigeants et qui ne mettent pas l’architecte dans une position inconfortable à dessiner des projets dans lesquels il ne croit pas.

Ce propos peut paraître dur, mais il me semble malheureusement, en partie, réaliste. En effet, s’il n’y a pas de contraintes assez fortes vis-à-vis des ambitions des promoteurs, l’architecte est, lui, contraint de concevoir un projet qui, au fur et à mesure, risque de contrevenir à certains de ses principes. Face au lobbying politique des promoteurs, il convient donc d’avoir un lobbying de l’intérêt public et de la qualité architecturale, mené par des architectes imprégnés des principes et des codes des urbanistes.

URBANISTE-ARCHITECTE ?

Les points précédents ont cherché à démontrer pourquoi il était important pour un architecte de pratiquer, comprendre et s’approprier le domaine de l’urbanisme (jusqu’à la sphère politique) afin de pouvoir reprendre une 48

AGIR POUR L’ARCHITECTURE PAR L’URBANISME

place dans l’aménagement du territoire et dans la qualité de la production architecturale.

La question peut être inversée : pourquoi est-il important pour un urbaniste d’être sachant en architecture, dans la conception et la maîtrise d’œuvre ? En effet, comme cela a été dit précédemment, mon expérience en tant qu’architecte-urbaniste chez INterland m’a montré qu’à des échelles opérationnelles, il est difficile d’aller plus loin que certaines banalités lorsque l’on ne maîtrise pas les phases d’après, celles de la maîtrise d’œuvre.

J’ai plusieurs fois travaillé sur des fiches de lots, que ce soit chez INterland ou l’Atelier de Ville en Ville, et les manières de faire sont complètement différentes, en fonction de la capacité de l’agence, par la suite, à construire un des bâtiments.

Chez INterland, sans maîtrise d’œuvre par la suite, la conception des bâtiments, des îlots, et leur faisabilité était finalement assez sommaire.

Les bâtiments avaient souvent des proportions « idéales » (pour l’agence), avec par exemple, une épaisseur de 12 mètres pour obtenir des logements parfaitement traversants, et des préconisations assez poussées sur les questions d’organisation des îlots, des traversées, des domanialités etc. Il y avait beaucoup d’intentions louables selon moi, mais parfois éloignées de la réalité constructive car on ne s’y confrontait pas.

Le fait de ne pas construire ne pousse pas non plus d’ailleurs l’urbaniste à forcément réfléchir et à rendre possible l’utilisation de procédés constructifs différents (bois ou paille par exemple), plus économiques (connaître les normes et coûts de construction de base pour les matériaux de construction peut aider) qui peuvent influencer la manière dont on conçoit aussi le projet urbain.

Chez l’Atelier de Ville en Ville, la pratique de la maîtrise d’œuvre architecturale (et paysagère), au contraire, a guidé l’intégralité de la rédaction du Cahier de Préconisations Architecturales Urbaines Paysagères et Environnementales (CPAUPE) et des fiches de lot de la ZAC que j’ai suivie. Pour ce faire, nous avons réalisé des faisabilités assez 49

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE SERL - Juin 2017

FICHE DE LOT // Lots A1 & A2

Approche envi

>> un programme immobilier implanté au contact du parc au nord de la rue marcel bramet et au croisement avec la rue Hélène boucher

Les objectifs e rentiel Grand L enjeux à traite

Enjeux de con

• Les séjou 21/12.

• Les toitur espaces a cialisatio eaux pluv Lots A1 et A2

Plan masse de l’aménagement de la ZAC

Plan de composition du macro lot A1 A2

Volumétrie illustrative

INTERLAND / TRIBU / PROCOBAT

Extraits de la fiche du lot A, premier mis en œuvre pour la ZAC de Bron-Terraillon, dont INterland est l’architecte-urbaniste en chef © INterland 50

Traitement des

• Les logem ou en sur • L’aménag gés en ét • L’équipe d calcul dé

AGIR POUR L’ARCHITECTURE PAR L’URBANISME

3

Épannelage

nouvelle rue

rue Hélène Boucher

nouvelle traverse

rue Hélène Boucher

2

nouvelle rue

A1

nouvelle traverse

rue Hélène Boucher

nouvelle traverse

Alignement

nouvelle rue

nouvelle rue

nouvelle rue

ouveau parc public

nouveau parc public

nouveau parc public

e lot m² / 3 045 m² Sdp m² / 2 520 m² Sdp

Hauteur moyenne R+4 (R+3 à R+4 +att.)

Retrait pour des espaces privatifs de 4 à 5 m

R+4 avec attique

Retrait de 2m pour mise à distance des RDC Implantation en limite

Stationnement & accès

nouvelle traverse

nouvelle rue

nouvelle rue

rue Hélène Boucher

nouvelle traverse

rue Hélène Boucher

nouvelle traverse

Paysage

rue Hélène Boucher

ersalité

nouvelle rue

nouvelle rue

nouvelle rue

ouveau parc public

nouveau parc public

nouveau parc public

ysique (chemins) uelle

Stationnement souterrain

Espaces privatifs

Stationnement semi-enterré

Cheminements

Façade d’accès aux bâtiments

Noue paysagée

Accès aux stationnements

Espace de gestion des eaux de pluie

Espaces collectifs Espaces de pleine terre

51

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

poussées sur certains lots pour valider les hypothèses et les mettre ensuite dans le CPAUPE. Cette situation crée quelque chose, à priori, de plus rassurant car, même s’il y avait moins de « vues de l’esprit » idéalisées, les principes mis en place étaient réalistes et réalisables.

Bien sûr cela a son lot de mauvaises surprises : les bâtiments deviennent «traversants avec plus que 12 mètres d’épaisseur, entre autres… Mais à côté de cela, on peut expérimenter plus facilement des formes différentes d’habitat, tester des dispositifs spatiaux à l’avance et voir si les hypothèses de surfaces constructibles se tiennent, en s’inspirant des expériences passées. En bref, on prend le projet urbain sous l’angle architectural.

Cette façon de faire n’a pas que des avantages, puisque l’architecte-urbaniste doit aussi avoir une vision urbaine, c’est-à-dire, notamment, de savoir où il faut bâtir et où il ne le faut pas, par exemple, et donc ne pas avoir une vision seulement architecturale des choses. Néanmoins, connaître ce qu’est le fait de matérialiser un projet urbain grâce à la maîtrise d’œuvre est, selon moi, fondamental pour l’urbaniste.

Dans le cadre d’un projet urbain à Ambérieu-en-Bugey, nous avons été en contact et avons travaillé avec les urbanistes chargés du PLU de la commune pendant notre étude. Je me suis rendu compte à quel point les urbanistes n’avait pas de vision ni architecturale, voire, plus grave spatiale, de ce qui était proposé. Les élus n’ayant pas une culture très accrue de ces sujets, ils ne voyaient pas forcément ce qui posait problème. A titre d’exemple, dans une ville déjà « multipolaire », ils proposaient la création d’un « nouveau centre » en périphérie, alors que le centre historique périclitait… Et ils proposaient dans certaines Orientations d’Aménagement et de Programmation (OAP) des bâtiments complètement hors d’échelle (une petite tour…) par rapport à leur contexte.

Je crois fondamentalement que des architectes et urbanistes n’auraient pas pu être aussi incohérents… Cet exemple n’en est qu’un parmi tous les problèmes que peuvent engendrer des urbanistes qui n’ont pas l’expérience de la maîtrise d’œuvre, de la culture de projet, du rapport d’échelle, bref de la réalité spatiale de ce qui est dessiné dans le cadre de documents 52

AGIR POUR L’ARCHITECTURE PAR L’URBANISME

réglementaires.

En conclusion de cette partie, il me semble évident que la pratique de l’architecture doit être couplée à celle de l’urbanisme, de par la complémentarité des enjeux et des objectifs de chacun de ces deux domaines, mais surtout de par le fait que l’architecte peut trouver ici un moyen de s’extraire d’une position de dernier maillon de la chaîne de fabrication du territoire, et de pouvoir de nouveau agir sur la qualité architecturale, sans subir des règles qui lui ont imposées.

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A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

PARTIE II GESTION D’UNE AGENCE D’ARCHITECTURE & D’URBANISME Dans cette partie, nous verrons comment on peut allier les deux pratiques dans le cadre d’une agence, au sujet de l’accès à la commande, de l’argent, du temps, de la stratégie et de la structure d’agence.

ACCÉDER À LA COMMANDE : COMMENT EN ARRIVE-T-ON À PRATIQUER L’ARCHITECTURE ET L’URBANISME EN AGENCE ?

Au regard de la formation générale dans les écoles d’architecture en France, il ne semble pas forcément évident de vouloir se porter vers des études urbaines. En effet, même si on est bien formés à la question urbaine et que nous touchons au projet urbain durant la licence, voire en Master, l’idée d’une pratique urbaine au niveau professionnel n’est peu ou pas évoquée, puisque, à raison, la formation et les architectes praticiens-enseignants nous guident vers une pratique centrée sur la maîtrise d’œuvre.

Dès lors, c’est par le biais de mes stages et de mes premiers emplois que j’ai pu aborder cette question et comment ces différentes agences se sont orientées vers des projets urbains, et quelle stratégie d’accès à la commande ils avaient mis en place avec le temps. Les parcours de l’agence INterland, et de l’Atelier de Ville sont, dès lors, intéressants dans l’optique de ma future pratique professionnelle. Chacune d’entre elles s’est lancée dans la pratique du projet urbain par des biais différents.

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L’ Atelier de Ville en Ville, où j’ai effectué ma Mise en Situation Professionnelle, a été créée par deux architectes associés qui se sont lancés par le biais de participation à des concours. Ils ont répondu en premier lieu à des concours ouverts puisqu’ils n’avaient pas de références. Ils ont démarré par un EuroPAN puis des concours de l’Union International des Architectes (UIA), où ils ont fini troisième dès leur première participation, pour un projet à Lorient. Ils ont réinvesti la somme gagnée pour acheter des ordinateurs et poursuivre leur stratégie de concours. Ils étaient quatre pour le premier concours, mais ils sont restés à deux pour la suite et la création de l’agence.

Un relatif succès dans d’autres concours (IBA, UIA) leur a permis de continuer, avant leur première grande victoire : EuroPAN pour un projet à Clermont-Ferrand (projet urbain terminé plus de 15 ans plus tard, en 2019). Cette victoire leur a permis de participer à des expositions à Lyon, dont le maire cherchait à promouvoir de jeunes architectes. Cela leur a permis de rencontrer des promoteurs, entre autres acteurs de l’aménagement du territoire.

Par la suite, ils ont capitalisé sur la pluridisciplinarité de l’agence - une des associés est paysagiste diplômée de Versailles – pour aller vers des projets ne nécessitant pas de références construites : projets urbains, et d’espaces publics pour certains plus ouverts. Cela leur a permis de voir 55

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

Extraits d’un rendu de concours (remporté) dans le quartier de Lyon Confluence de l’Atelier de Ville en Ville au printemps 2021, en partenariat avec les agences PPX et Baumschlager © Atelier de Ville en Ville 56

GESTION D’UNE AGENCE D’ARCHITECTURE ET D’URBANISME

plus loin pour la suite, toujours avec l’ambition de chercher une diversité dans la nature des projets et des programmes : station d’épuration, lignes de transport, Assistance à Maîtrise d’Ouvrage (AMO), esquisses d’espaces publics etc. jusqu’à gagner un appel d’offre pour réaliser la totalité des espaces publics du centre d’une petite ville.

En parallèle, ils ont continué à participer régulièrement à des concours architecturaux, jusqu’à ce qu’ils en gagnent un. Plus tard, ils ont eu une opportunité de réaliser une crèche. Après celle-ci, ils ont été sollicités sur une autre, et encore une autre, mais ils ont choisi de s’arrêter avec ce programme.

C’est là que leur stratégie d’accès à la commande est très intéressante selon moi. Ils auraient pu poursuivre dans cette voie là et participer à de nombreux concours de crèche, et pourtant cela ne les intéressait pas. Ils ne veulent pas s’enfermer dans un programme, dans une commande. Ils ont fait le même choix avec les stations d’épuration par exemple, mais aussi sur les plans d’aménagement de bourgs au bout d’un certain nombre.

Les seules récurrences qu’ils ont choisies sont le logement, mais là aussi ils cherchent la diversité des programmes et des projets (avec des bailleurs ou des promoteurs) : maisons de ville, réhabilitation de logements collectifs, résidences étudiantes, logements intermédiaires etc. ... et les projets urbains, avec des ZAC, ou des études urbaines.

Aujourd’hui, hormis le réseau établi par toutes ces années d’expériences, ils regardent toujours les annonces à la recherche de programmes intéressants, différents. Mais la nécessité des références empêche bien souvent de répondre.

Au regard de leur parcours et de leur choix, on se rend compte que les architectes de l’Atelier de Ville en Ville ont placé la question du projet urbain au cœur du fonctionnement de leur agence, dès sa naissance. Ils ont choisi dès les premiers concours de se diriger vers des projets urbains qui leur ont ouvert des portes vers des projets architecturaux. Les projets urbains leur ont aussi permis de créer des contacts avec des maîtrises 57

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

d’ouvrages publiques avec qui ils ont travaillé longtemps et ainsi de se garantir un accès à la commande plus aisé.

L’agence INterland, quant à elle, a été fondée par un architecte qui a petit à petit choisi de ne plus faire de maîtrise d’œuvre. Il a fait ce choix car il voulait peser sur la ville, son processus et sur les acteurs qui la composent, tout en ayant un regard qui reste propre à l’architecte.

Touchant tous les sujets et tous les territoires, les premières commandes concernaient des petites études urbaines ou des documents réglementaires (PLU notamment) dans la région Rhône-Alpes, obtenus grâce à des appels d’offre où des références précises n’étaient pas systématiquement demandées. La diversification des projets autour de ces sujets, qui intéressaient peu les architectes à l’époque, a permis de développer au fur et à mesure de nombreuses références dans plusieurs thématiques (la gestion du littoral, les friches industrielles, ..). Grâce à ces références, des concours et des marchés publics se sont ouverts pour des projets de plus en plus ambitieux, jusqu’à travailler pour le Ministère de la Transition Ecologique.

En terme de stratégie, une attention est toujours portée sur le nombre et le type de projets réalisés par l’agence, déterminant les secteurs sur lesquels se positionner par la suite, sans faire toujours la même chose.

Par exemple, il n’est pas question de faire plus de tant de pour-cent de Projets de Renouvellement Urbain (PRU) et de laisser tomber des études plus opérationnelles.

Cela permet de cibler assez précisément les appels d’offre, de garder un équilibre. Cette stratégie était assez payante car quand je suis arrivé, environ la moitié des appels d’offre était victorieux, pour moins de 20 réponses, un taux deux à trois fois supérieur que l’année précédente, avec environ 40 réponses. Ils avaient donc réduit la quantité de réponses et augmenté le taux de réussite. D’où la nécessité d’une stratégie efficace pour les réponses aux commandes publiques.

Le choix de la diversification des sujets est aussi essentiel pour les urbanistes 58

GESTION D’UNE AGENCE D’ARCHITECTURE ET D’URBANISME

car les politiques publiques varient et se succèdent (le renouvellement urbain est un exemple, le programme Action Cœur de Ville pour les villes moyennes un autre, des programmes lancés pour la réhabilitation de friches industrielles également…). Il faut donc être capable de jongler sur différents types de commandes pour pouvoir suivre ces décisions politiques.

La connaissance des logiques politiques et économiques et des acteurs de l’aménagement du territoire, couplée à une pluridisciplinarité des compétences, est donc un véritable atout pour des architectes car cela leur permet à la fois d’ouvrir des portes pour des projets architecturaux, mais également de créer un complément d’activité pour l’agence, car en cas d’une baisse d’activité et du nombre de projets architecturaux (candidatures infructueuses, crise dans le milieu de la construction neuve etc.) les projets urbains, qui ne jouent pas sur la même temporalité, et les mêmes enjeux, peuvent permettre de garantir un accès à la commande.

Si tout vise à nous enfermer dans un modèle au niveau de la commande (système de référence, récurrence des projets, bouche à oreille) il y a toujours possibilité de rester un peu en dehors du cadre, et à travailler sur différents sujets en même temps. Je trouve que l’Atelier de Ville en Ville, comme INterland, ont su cultiver, à leur manière cette volonté de ne pas rester enfermé dans un seul type de commande, et un seul programme.

En cela, ils correspondent à ce à quoi j’aspire pour la suite. S’il est certain, loin de ce que je pensais durant mes études, qu’un architecte ne peut pas travailler sur tous les programmes qu’il veut, ces exemples et ces stratégies montrent qu’on peut réussir à trouver une voie médiane.

Pour l’accès à leurs premières commandes, ils ont pris des risques (concours, projets peu enthousiasmant de prime abord) mais n’ont pas perdu leurs objectifs en cours de route et peuvent aujourd’hui « choisir » les projets sur lesquels ils veulent travailler. Ils sont à présent reconnus dans ce qu’ils font et peuvent défendre leur vision de l’architecture et de l’urbanisme d’autant mieux qu’ils ont réalisé de nombreux projets, dans des situations et des échelles variables.

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A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

Je n’espère pas que les premières commandes et projets sur lesquels je travaillerai lorsque j’aurais créé mon agence conditionneront à eux seuls ceux que j’obtiendrai par la suite. Si j’ai conscience qu’ils feront partie de mon expérience, je pense que ces projets peuvent être médiocres, ou peutêtre, ne pas refléter totalement ma vision de l’architecture. Ils devront donc être assumés, mais sans m’enfermer.

LA QUESTION FINANCIÈRE Négociations et montants des honoraires La rémunération entre les projets urbains et architecturaux peut beaucoup varier en fonction du mode de rémunération des architectes (au pourcentage du montant des travaux, ou au temps passé) et ainsi impacter la gestion financière de l’agence concernée.

Pour les études urbaines, la question de la rémunération est assez simple.

On peut accéder à l’écrasante majorité des projets urbains, via des candidatures et des appels d’offre, via une procédure de marchés publics.

Ce système garantit une stabilité dans les honoraires des architectesurbanistes : la Décomposition du Prix Global et Forfaitaire (DPGF) ou le Bordereau de Prix Unitaire (BPU) ne sont pas renégociés après la signature du marché, et la rémunération est donc fixée pour toute la durée de l’étude (hors avenants). L’architecte-urbaniste est payé à la tâche, au fur et à mesure de la validation des différentes phases de projet.

Cela ne veut pas dire que la rémunération est forcément élevée car pour gagner un appel d’offre le critère du prix est souvent assez important et une négociation avec la maîtrise d’ouvrage peut avoir lieu et faire diminuer les honoraires.

Pour l’architecte, il y a plusieurs situations et modes de rémunération possibles. Dans le cas d’une procédure de marché public, le système est sensiblement identique à celui expliqué précédemment, si ce n’est que 60

GESTION D’UNE AGENCE D’ARCHITECTURE ET D’URBANISME

la rémunération de l’architecte va se faire par rapport au montant des travaux. Cela implique donc que sa rémunération peut varier au cours du projet, en fonction des aléas de la conception et éventuellement de sa mise en œuvre. Cette rémunération en pourcentage du montant de travaux est également la norme pour les projets de promotion privée.

Il peut en revanche arriver ponctuellement que l’architecte se fasse rémunérer en fonction du temps passé sur le projet, sur la base d’un forfait (journalier, ou horaire, selon). C’est donc dans ce cas le même type de rémunération que pour les projets urbains.

Ayant expérimenté les deux types de rémunération, celle au forfait du temps passé me semble plus cohérente, y compris pour le projet architectural pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il est logique, comme en tant qu’architecte nous vendons une prestation intellectuelle (même si elle implique la construction d’un édifice), que ce soit le temps passé pour établir cette prestation qui soit rémunéré et pas seulement le résultat final (ce qui est le cas avec une rémunération au pourcentage du montant de travaux).

De plus, la rémunération au pourcentage des montants de travaux ne prend pas en compte les atermoiements et les modifications demandées sur le projet qui peuvent nécessiter une reprise partielle mais conséquente du projet. Le temps passé à faire des modifications n’est pas rémunéré. On ne peut donc pas, dès le départ, trop tergiverser sur la conception si l’on veut rester rentables.

Dans le système de rémunération au forfait du temps passé, il faut en revanche être capable de bien anticiper le temps que l’on va passer sur le projet, c’est ici la chose la plus difficile. Cependant, il est possible, dans le cadre d’un projet architectural privé de demander un avenant et une rallonge des honoraires au regard d’un temps supplémentaire passé sur le projet, ce qui me semble plus cohérent et plus juste pour le concepteur.

Pour les projets publics, les avenants sont toujours possibles, mais ils restent assez rares. En effet, en tant que profession libérale et dotée d’un 61

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

devoir de conseil indispensable, il est aussi compréhensible de ne pas facturer toutes les heures travail effectuées. Il faut trouver, encore une fois, l’équilibre entre facturer correctement pour faire fonctionner l’agence et vouloir facturer tout ce qu’on fait, au risque de perdre des clients, et l’idée de désintéressement cité dans la partie précédente, qui reste une caractéristique de notre profession réglementée.

Les études urbaines et la pratique du projet urbain permet donc de remettre en perspective les pratiques et modes de rémunération des architectes.

Avant de travailler à l’Atelier de Ville en Ville, il me semblait logique d’être payé pour la « tâche » effectuée, comme c’est le cas chez INterland, et malgré mon expérience en maîtrise d’œuvre, je persiste à croire que la rémunération au pourcentage du montant de travaux semble être plus complexe et moins valorisante pour le travail effectué par l’architecte.

Répartition des honoraires entre co-traitants Sur ce sujet, que ce soit pour les projets architecturaux ou urbains, le sujet et les négociations financières sont les mêmes. Tout est donc une question de répartition des tâches, avant la répartition pécuniaire, au moment de la négociation, de savoir clairement qui fait quoi.

Dans la répartition des honoraires avec les co-traitants, il est important de ne pas se sous-vendre, ni de se survendre. En se sous-vendant, à environ 50% des honoraires de la maîtrise d’œuvre pour l’architecte, la quantité de travail effectuée n’est pas rémunérée à sa juste valeur. A 70% environ, en revanche, l’architecte ou l’urbaniste se « survendrait » et ce n’est pas tant la négociation avec les BET qui sera complexe, que la quantité de travail et les tâches qu’eux effectueront pour le projet qui sera impactée. En d’autres termes les BET accepteront peut-être de voir leurs honoraires amoindris, mais ils ne feront en retour que le strict minimum.

Dans le cas d’un projet urbain par exemple, de la même manière que pour un marché de travaux, la Maîtrise d’œuvre s’engage généralement par le biais d’une DPGF, avec la répartition des tâches, ce qui facilite cette question de la répartition puisque tout est clairement énoncé. Lorsque 62

GESTION D’UNE AGENCE D’ARCHITECTURE ET D’URBANISME

l’on répond à un appel d’offre avec un CCTP clair, il est facile de pouvoir donner un prix à chacune des prestations décrites précisément (qu’elle soit intellectuelle ou de travaux) et ainsi savoir si l’entreprise « répond » à un prix raisonnable ou pas.

Ainsi, lors de la répartition dans le cadre d’un marché public, il est donc plus ou moins aisé de répartir les honoraires par rapport au travail estimé et à effectuer.

Dans le cadre d’une consultation privée, qui est spécifique aux projets architecturaux, la situation est plus complexe car l’architecte n’a pas connaissance des honoraires des BET et du contenu exact de leur mission, ce qui rend difficile de savoir ce qu’ils doivent faire, ce qu’ils font (peutêtre) en plus de leurs obligations, et donc parfois de travailler en équipe.

De plus, les BET calculant souvent leurs honoraires au prorata des jours passés à travailler, ils rechignent à passer plus de temps sur un projet sur lequel ils ne sont pas rémunérés, à la différence de l’architecte qui ne compte souvent pas de cette manière.

Investissement, facturation et flux tendu Dans la gestion des fonds de l’agence, la question n’est donc pas tant le coût des employés, du matériel etc. que le pourcentage d’heures de travail effectué qui est réellement facturable. Le coût de l’agence dépend de cela, en prenant en compte les concours, les heure des assistants administratifs etc. qui ne le sont pas. Ces éléments, impondérables, et qui sont de l’investissement pour l’agence, sont communs, que l’on pratique la maîtrise d’œuvre et/ou des projets urbains.

Cet élément, couplé à l’intérêt intercalaire (c’est-à-dire le délai entre le fait d’effectuer le travail et le fait d’être payé pour ce travail) fait que l’on se retrouve dans une situation d’investissement permanent et de flux tendu pour certaines agences. Cet intérêt intercalaire est un peu réduit avec les études urbaines, car, d’une part, les collectivités règlent souvent plus rapidement leurs prestataires (même si on peut parfois penser le contraire) que des privés, et d’autre part, par le fait que grâce à la rémunération au 63

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

forfait, on peut anticiper sur le chiffre d’affaire théorique de l’agence.

Bien évidemment cela demande aussi une gestion du temps particulière pour les études urbaines par rapport aux projets architecturaux.

DES TEMPORALITÉS DIFFÉRENTES On manque toujours de temps dans une agence d’architecture, mais je ne crois pas que ce problème soit spécifique à ce domaine. C’est plutôt un fait de société largement répandu qui consiste à dire que l’on n’a jamais le temps de faire ce que l’on a envie de faire (la conception dans le cas qui nous concerne) et que l’on perd du temps à faire des choses qui ne nous intéressent pas ou que l’on n’a pas envie de faire mais qui doivent être faites quand même (la gestion administrative, les mails à envoyer aux entreprises, les réunions à rallonge avec tout un tas d’acteurs du projet).

Gagner du temps, ou plutôt ne pas en perdre, et donner à chaque phase du projet le temps nécessaire nécessite à mon sens plusieurs choses et dépend grandement de la capacité d’adaptation, d’initiative et d’organisation des responsables (associés, directeurs d’agence), et des employés (qu’ils soient architectes ou dessinateurs). Cela concerne aussi bien les agences d’architecture, que celles qui pratiquent également l’urbanisme.

Pendant la conception du projet architectural ou urbain > le temps du projet Le temps du projet est le seul qui soit un impondérable avec ses échéances définies par le Maître d’Ouvrage. Tous les autres temps sont là au service du projet, pour dégager du temps à sa conception, son amélioration. Il faut donc toujours s’organiser par rapport à ce temps-là.

Mais dans la gestion du temps du projet, nous pouvons également en gagner, ou plutôt ne pas en perdre, tout d’abord en ayant une bonne communication avec la maîtrise d’ouvrage. Expliquer, faire de la pédagogie et discuter avec elle de ses attentes, de ses besoins etc. permet de définir au mieux ce qu’il faut produire, concevoir, savoir là où on peut passer 64

GESTION D’UNE AGENCE D’ARCHITECTURE ET D’URBANISME

plus de temps et là où c’est moins important. Bien comprendre sa Maîtrise d’Ouvrage, c’est assurément s’éviter de refaire plusieurs fois la même chose, sans forcément que la qualité du projet y gagne.

Par exemple, dans le projet de Résidence étudiante que j’ai suivi durant un an et demi, la maîtrise d’ouvrage nous demandait des plans et élévations du mobilier adapté aux Personnes à Mobilité Réduite (PMR) pour toutes les chambres. C’est un travail assez fastidieux. Le mandataire du groupement (le constructeur, puisque dans le cas d’un projet de conception/réalisation), nous a relayé plusieurs fois cette demande avant que nous nous mettions d’accord avec la MO sur le fait d’attendre que le prestataire pour le mobilier soit désigné pour que nous puissions travailler avec lui et faire un projet définitif, plutôt qu’un projet bancal car nous ne sommes pas designers.

Autre exemple, sur le projet urbain que j’ai suivi durant ma Mise en Situation Professionnelle, nous avons fait très régulièrement des modifications du plan de la ZAC de Saint-Fons car de nombreuses décisions n’ont pas été arbitrées politiquement. Ici, il est difficile de travailler en temps masqué car tout peut changer au terme d’un conseil municipal. Nous travaillons donc avec parcimonie sur les éléments demandés afin de ne pas aller trop dans le détail sur certains lots qui peuvent encore être modifiés. Ce qui fait que le projet est très souvent en attente et qu’il n’avance qu’épisodiquement.

Mais au moins, nous ne perdons pas de temps.

Sur la question du temps masqué, c’est-à-dire avancer sur une phase d’étude alors que la précédente n’a pas été validée, cela peut être en effet un vrai « gain de temps » sur certains projets mais aussi un investissement à perte sur d’autres projets. Il faut bien savoir jauger en fonction du projet, de sa capacité de réalisation (typiquement sur un projet urbain).

Il y a donc bien des temporalités différentes entre projet urbain et architectural, puisque les deux ne projettent pas sur le même temps et que les décisions ne sont pas prises par les mêmes personnes. Cela joue forcément sur la manière dont l’agence fonctionne.

Dans le cas du projet architectural, la temporalité donnée fixe un cap, 65

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

un délai, qu’il ne faut pas dépasser pour la réalisation de l’édifice. Les investissements -souvent considérables- de la Maîtrise d’Ouvrage, qu’elle soit publique ou privée, ne peuvent supporter un retard trop important et nécessitent que le projet avance vite et bien.

Tout est calibré, pensé, pour que le projet soit bien réalisé en temps et en heure, de la conception jusqu’à la livraison (mission d’où l’importance de la mission d’Ordonnancement, de Pilotage et de Coordination (OPC) sur le chantier notamment). En bref, dans une mission complète de maîtrise d’œuvre, on sait quand le projet commence et quand il se termine, même s’il y a souvent des petites différences.

Dans le cas du projet urbain, les échéances sont tellement éloignées, et les validations politiques difficiles à obtenir dans les délais, que la plupart des études ne respectent pas les échéances prévues dans le Cahier des Clauses Techniques Particulières (CCTP) et dans l’offre du groupement. Dès lors, il convient d’organiser l’étude et l’agence pour que d’un côté il soit possible de temporiser l’étude et la production, pour éviter d’en faire trop et être prêt à la mettre en pause six mois si besoin, et de l’autre, être prêt à produire beaucoup en peu de temps pour répondre aux exigences de la Maîtrise d’Ouvrage. Cette dilatation ou contraction du temps implique donc une organisation particulière, moins linéaire que pour un projet architectural.

STRUCTURE ET STRATÉGIE D’AGENCE Les points précédents ont montré comment le fait de pratiquer à la fois des projets architecturaux et urbains peut influer sur la stratégie d’accès à la commande, sur la manière de se rémunérer, et sur une gestion du temps différenciée de l’agence. Face à ces complémentarités, l’agence qui veut jouer sur les deux tableaux peut se structurer de manières différentes, comme l’explique Isabelle Chesneau : «Pour comprendre cette diversité d’approches, il faut considérer la gestion d’entreprise de façon systémique et en fonction de la nature du marché sur lequel l’agence se positionne. Parce que les marchés de l’architecture sont pluriels, divisés en de nombreux secteurs et sous-secteurs et de plus en plus 66

GESTION D’UNE AGENCE D’ARCHITECTURE ET D’URBANISME

Deux différentes structures d’agences 67

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

complexes, les stratégies pour y accéder sont elles-mêmes variées. [...] Ainsi les agences ne se différencient pas seulement les unes des autres en occupant des positions différentes sur certains marchés, elles se distinguent également en rassemblant des compétences qui vont les différencier les unes des autres. (…) Cette compétence spécifique d’une agence constitue sa valeur ajoutée et ce qu’elle propose au maître d’ouvrage »1.

La première possibilité est de fonctionner dans un systèmes où chaque membre de l’agence est capable de travailler aussi bien sur des projets architecturaux que des projets urbains. Cela permet, notamment dans les petites agences, de garantir une certaine polyvalence et une adaptabilité en fonction du flux des projets qui arrivent.

C’était par exemple le cas à l’Atelier de Ville en Ville où j’ai pu à la fois travailler sur un projet architectural de l’Avant-Projet Sommaire (APS) au VISA et en parallèle sur un projet de ZAC. Cela est très enrichissant car on progresse sur des compétences propres à chacune des typologies de projet et qui se nourrissent l’une et l’autre.

L’autre moyen de structurer son agence, est de le faire par pôles de compétences. Ainsi on peut créer d’un côté un pôle « Architecture » qui s’occupe, comme son nom l’indique, des projets architecturaux, et de l’autre un pôle « Urbanisme » qui s’occupe des projets urbains. Ce système est intéressant et concerne principalement les agences plus importantes, car il permet presque d’avoir deux agences différentes chapeautées par le même nom avec des compétences spécifiques réparties entre les deux pôles. C’est ainsi que fonctionnent de grandes agences françaises, comme François Leclercq, Reichen et Robert, ou encore Nicolas Michelin pour ne citer qu’eux.

Cette stratégie est cohérente au regard d’un phénomène que j’ai pu observer en pratiquant des projets architecturaux et urbains : une forme de spécialisation des deux professions sur les outils et compétences mises en œuvre dans les projets. Deux exemples sont assez parlants selon moi.

Tout d’abord, chez les architectes, la propension de plus en plus importante 1. Sous la direction d’Isabelle Chesneau, Profession Architecte, Paris, Eyrolles, 2018,p.427 68

GESTION D’UNE AGENCE D’ARCHITECTURE ET D’URBANISME

(et l’incitation des pouvoirs publics) à utiliser des logiciels de Building Information Modeling (BIM), ce qu’un urbaniste n’a aucun intérêt à utiliser pour le moment au regard de ses échelles d’intervention.

En revanche, ce dernier utilise de plus en plus des Système d’Information Géographique (SIG), via les bases de données de l’Institut Géographique National (IGN) ou des collectivités elles-mêmes et qui n’ont pas d’intérêt pour l’architecte en tant que tel. Ces deux outils sont formidables et critiquables sur plusieurs points, mais je trouve surtout qu’ils enferment les praticiens sur des outils plutôt que de leur ouvrir les portes d’autres champs disciplinaires.

Une agence qui veut pratiquer l’architecture et l’urbanisme doit donc être à la fois très généraliste et ouverte, et savoir, de l’autre côté, pouvoir utiliser des outils très spécifiques que l’autre domaine n’utilise pas. Dans ce cas, le principe d’avoir une agence structurée en pôles semble plus pertinente, mais pas idéale car un employé lambda ne peut pas d’un côté faire de la maîtrise d’œuvre et de l’autre des études urbaines.

L’adaptation aux nouveaux outils, nouveaux logiciels qui permettent de gagner du temps si on sait les maîtriser, est donc fondamentale. Si on ne maîtrise pas ces logiciels (évidemment je parle du BIM), dans le cas d’une petite agence généraliste par exemple, on risque de se retrouver d’ici peu dans une impasse lorsque les Maîtrises d’Ouvrage imposeront de les utiliser.

Par exemple, sur la résidence étudiante, nous avons dû passer le projet en BIM à partir de la phase PRO. Cela a été annoncé bien avant mais nous n’avons pas, selon moi, anticipé correctement, par réticence envers cette méthode. Les personnes formées en BIM avaient soit quitté l’agence, soit avaient oublié comment utiliser le logiciel en question. Je connaissais un peu un logiciel BIM, mais pas celui imposé. Plutôt que de commencer le modèle de 0 avec un formateur (ce que j’ai proposé), nous avons sous-traité la réalisation de la maquette à quelqu’un d’autre. La pandémie arrivant, je me suis retrouvé seul, non formé, avec une maquette que je ne connaissais pas à devoir réaliser des plans PRO, cela a donc été très complexe à gérer.

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Extrait du plan (PRO) d’un étage courant de la résidence étudiante du CROUS. SdE Le début du PRO a enclenché lem² processus de modélisation sous REVIT du projet, et d’un processus 2.19 Sol Souple de BIM avec les ingénieurs fluides et structure. © Atelier de VilleChambre en Ville

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B 104 16.89 m²

77

2042

146

120

PP 93x204

20

103

200

Sol Souple Toile de verre + peinture satinée Peinture sur dalle BA

60

Bâtiment B

Chambre 14.68 m²

Limiteur d'ouverture

Sol Souple

Limiteur d'ouverture

SdE 2.21 m²

m

133

18

70

280

90

Sol Souple Toile de verre + peinture satinée Peinture sur dalle BA

40

nts forts

Limiteur d'ouverture

L-02-D

50

SdE 2.21 m²

375

Chambre 14.43 m²

L-01-D

Joue de FP (VH)

226

B 103 16.64 m²

Limiteur d'ouverture

42

146

20

133

120

PP 93x204

100

103

PP 93x204

18

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m²

90

Sol Souple Toile de verre + peinture satinée Peinture sur dalle BA

194

18

Sol Souple

17

Chambre 14.70 m²

Limiteur d'ouverture

SdE 2.21 m²

375 149

B 102 16.91 m²

51

10

42

133

20

PP 93x204

17

103

120

48

90

120 x 90 Rideau douche

m²

66

20

17

17

Limiteur d'ouverture

14

verre atinée dalle BA

GESTION D’UNE AGENCE D’ARCHITECTURE ET D’URBANISME

Enfin, je crois qu’une agence, et donc ses dirigeants, doit être capable de capitaliser sur ce qu’elle a produit auparavant (ce n’est pas évident tout le temps) et sur les apports venus de l’extérieur, notamment des nouveaux arrivants dans l’agence, qui amènent de nouvelles compétences, des connaissances sur de nouveaux outils etc. et donc un gain de temps pour la suite.

Pratiquer l’urbanisme : une stratégie mercantile ?

D’un point de vue stratégique pour une agence d’architecture, il reste à savoir pourquoi il pourrait être intéressant de pratiquer l’urbanisme en complément. En effet, on a vu que sur différentes questions afférentes à la gestion et la structure d’agence, le fait d’avoir cette compétence supplémentaire implique de requestionner le modèle traditionnel des agences d’architecture centrées autour de la maîtrise d’œuvre.

Par ailleurs, les études urbaines, bien qu’apportant une forme de revenu stable, restent peu rémunératrices puisque les montants ne concernent que l’étude et pas de maîtrise d’œuvre, et sur des temps plus longs.

Mis à part l’intérêt pour le sujet et ses échelles, l’intérêt principal est le fait que les projets urbains peuvent amener par la suite des projets de maîtrise d’œuvre. J’en ai eu moi-même l’expérience et cela a été confirmé par certains entretiens que j’ai eu avec des architectes-urbanistes pour la rédaction de ce mémoire, et comme le décrit l’article (à charge contre les architectes) «Tous Architectes-Urbanistes» : « Aujourd’hui, de nombreuses agences d’architecture tentent de se glisser dans la brèche de l’urbanisme.[...]Sauf que les honoraires d’urbaniste, c’est «peanuts» par rapport à ceux d’une opération de logements dans le même quartier, même pas chère payée. Alors que diable vont-ils tous faire dans cette galère, qui en plus est particulièrement chronophage ?

«L’urbanisme c’est intéressant mais ce n’est pas très lucratif. Nous, on y va parce qu’on sait qu’on pourra espérer glaner un beau projet dans le quartier». Cette phrase, signée d’un architecte bien connu et entendue lors 71

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

du dernier forum des projets urbains en novembre dernier, pourrait avoir été prononcée par beaucoup de professionnels.»»2 En effet, dès lors qu’un architecte conçoit un projet urbain, il a tendance à concevoir, imaginer l’architecture du lieu, même si ce n’est pas explicitement dans sa mission, qui se limite souvent à des faisabilités (en études pré-opérationnelles).

De plus, être urbaniste sur un territoire, voire être architecte-urbaniste en chef d’une ZAC est forcément un atout pour l’architecte : son agence connaît le territoire, il est (a priori) en bons termes avec la collectivité ou la potentielle Maîtrise d’Ouvrage, bref, il a une opportunité non négligeable de construire un bâtiment par la suite.

Cette question est véritablement stratégique car elle peut aussi jouer directement sur la structure et l’organisation de l’agence : le « pôle urbanisme » dès lors, travaille indirectement pour le « pôle architecture », qui capitalise sur la connaissance du territoire de l’agence pour la conception architecturale.

Si la pratique de l’architecture au service d’un projet urbain me semble fondamentale, le modèle décrit précédemment, cette stratégie et ces pratiques me posent des questions éthiques et personnelles pour la suite de ma carrière professionnelle.

2. «Tous urbarchitectes ?», sur le site Chroniques d’Architecture, le 16 janvier 2018 72

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

PARTIE III RÉFLEXIONS ÉTHIQUES & PERSONNELLES La question d’une pratique ouverte à l’architecture et à l’urbanisme me semble donc cohérente et de l’ordre du possible dans la gestion de ma future agence. Sur le fond il y a une véritable continuité (des échelles, du temps, etc.) qui donne pour moi un sens et une raison supplémentaire de s’engager en tant qu’architecte dans des projets à plus grande échelle.

Néanmoins, mon expérience m’a aussi fait m’interroger sur plusieurs situation, dont une en particulier : Quid du fait de construire dans un territoire sur lequel on a réalisé une étude urbaine, sur lequel on a une expertise et une connaissance, voire un contrat en cours avec la collectivité.

Sur le principe, cela me semblait (lorsque j’étais chez INterland) assez logique, mais j’ai à présent un avis plus nuancé sur la question.

CONSTRUIRE DANS UN TERRITOIRE ÉTUDIÉ ?

Un projet architectural exemplaire ?

Quand je suis arrivé chez INterland, j’ai commencé à travailler sur les études pré-opérationnelles d’une ZAC de 300 logements, à Cluses (HauteSavoie). Ce projet, ambitieux d’un point de vue environnemental (labellisé écoquartier), venait compléter le centre-ville dynamique mais à l’étroit, a été concerté avec les habitants, validé par la municipalité.

Le projet nécessitait la réalisation d’une faisabilité assez poussée sur les différents lots de logement pour valider les hypothèses du nombre et de la qualité des logements voulue dans le futur Cahier des Préconisations 74

Plan masse et vue 3D de la ZAC de Cluses, avant la concession d’aménagement © INterland 75

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

Principes architecturaux donnés pour la ZAC de Cluses © INterland 76

REFLEXIONS ETHIQUES ET PERSONNELLES

Architecturales Urbaines Paysagères et Environnementales (CPAUPE).

Ayant réalisé ces faisabilités, j’étais persuadé que, même si nous n’allions pas forcément faire de la maîtrise d’œuvre, la «logique» du projet voulait que nous réalisions un lot de la ZAC. Rien de plus normal : nous avions fait les études pré-opérationnelles sur plusieurs années, nous avions l’historique du projet, la connaissance du terrain, des élus, de l’aménageur pressenti, bref, nous pouvions construire, par exemple en étant en association avec un architecte local.

Toutes les conditions étaient réunies… sauf que nous avons finalement perdu le marché d’architecte-urbaniste en chef de la ZAC. Néanmoins, j’étais convaincu qu’en ayant cette somme de connaissance ainsi que le fait de potentiellement réaliser le CPAUPE, nous enjoignait à construire dans cette ZAC, comme pour réaliser une opération exemplaire, symbole de ce que l’architecte-urbaniste en chef « attend » des autres qui arriveront par la suite.

Cette notion d’exemplarité résonnait en moi car elle faisait écho au fait que, en tant qu’urbaniste, les connaissances des normes de construction, des coûts de construction vis à vis de la qualité réclamée dans le CPAUPE et par la ville, etc. étaient moins centraux chez INterland. Or, comment garantir la qualité d’un quartier conçu si on ne sait s’il est faisable ? Bien sûr, nous avions fait des faisabilités, y compris financières, mais mon expérience en maîtrise d’œuvre m’a bien montré que c’est toujours plus complexe que le ratio appliqué au départ.

Par ailleurs, dans le parcours que je me suis construit et dans ma volonté de « maîtriser » toute la chaîne de fabrication du projet, il me semblait indispensable de construire pour valider les hypothèses posées sur le projet depuis le début. L’œuvre réalisée reste le « seul » témoin de ce qu’est réellement le projet urbain, qui n’est qu’une idée, un concept, aussi détaillé soit-il.

77

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

Une conception urbaine différenciée selon les objectifs Arrivé à l’Atelier de Ville en Ville, en charge de la ZAC de Saint-Fons, à un stade qui me semblait moins avancé que la ZAC de Cluses, j’ai tout de suite été surpris par la manière dont le projet était pensé, conçu. Deux choses m’ont interpellées. Tout d’abord, la précision et la rigueur demandée sur les questions techniques de la ZAC (réseaux notamment) mais aussi sur la topographie, assez présente sur le site. Les faisabilités étaient encore plus poussées que ce que j’avais fait chez INterland, on en était presque à dessiner les logements (ce que l’on a fait par la suite). Le stationnement souterrain était calibré, réglé, comme si on allait faire les bâtiments.

Le deuxième point était, à contrario « l’instabilité » du plan guide de la ZAC, qui a été modifié très régulièrement, au gré des opportunités, sans que l’on arrive, parfois, à percevoir une logique. Il y avait donc un grand écart entre une ambition du projet et de son plan guide qui semblait assez malléable (des lots pouvaient disparaître ou apparaître, même si les invariants du projet n’ont pas bougé, heureusement), et une sorte de rigidité et de précision extrême sur les lots bâtis (plan de géomètre à l’appui etc.).

Sur Cluses, le plan guide, figé très rapidement n’avait pas vocation à changer, les fonciers mutables étaient clairement établis, en bref, la vision générale de la ZAC était fixe. Mais la faisabilité des bâtiments était faite de manière moins détaillée, ne craignant pas un décalage des limites foncières au besoin.

Sur Saint-Fons, n’ayant pas suivi le projet depuis le départ, et commençant seulement le CPAUPE et quelques plans thématiques généraux, je n’avais pas encore pensé au fait de bâtir. Pourtant, il a été question assez rapidement de construire le premier lot avec un promoteur, justement comme valeur d’exemple et pour valider nos préconisations. J’avais donc atteint mon « objectif » grâce à ce projet : j’allais voir la réalisation concrète du travail d’architecte-urbaniste, grâce à cette maîtrise d’œuvre.

78

REFLEXIONS ETHIQUES ET PERSONNELLES

Plan de masse et axonométrie programmatique générale de la ZAC de Saint-Fons Carnot-Parmentier dont l’Atelier de Ville en Ville est l’Architecte-Urbaniste en chef © Atelier de Ville en Ville 79

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

Fiche technique du lot A de la ZAC de Saint-Fons

Plan de rez-de-chaussée et du sous-sol réalisé pour une faisabilité du lot A3 de la ZAC de Saint-Fons © Atelier de Ville en Ville 80

REFLEXIONS ETHIQUES ET PERSONNELLES

Je comprenais donc aussi pourquoi depuis le départ du projet, il y avait cette tendance à aller dans une précision très marquée sur les futurs lots bâtis, ce qui n’avait pas été le cas dans mon expérience précédente.

Des objectifs différents Aussi bien sur le fond du projet que sur la forme, cette expérience m’a fait petit à petit changer mon avis à ce sujet.

Sur le fond tout d’abord car une des premières questions qui s’est posée sur le projet vis à vis de la Métropole (Maîtrise d’Ouvrage de la ZAC) est de savoir qui allait défendre son intérêt, et donc les principes de la ZAC, vis à vis de notre autre Maîtrise d’Ouvrage (promoteur-bailleur) du bâtiment. Le fait d’être à la fois architecte-urbaniste en chef de la ZAC et d’être maître d’œuvre nous renvoyait directement dans deux camps, pas forcément opposés, mais qui n’ont pas les mêmes objectifs.

Cela pose, selon moi, une vraie question éthique, comme l’évoquais déjà en son temps Charles Delfante : « Edgar Pisani, ministre de l’Équipement, disait qu’il fallait que l’architecte en chef donne l’exemple, c’est à dire construise, mais les juristes de son ministère disaient que ce n’était pas déontologique : quand on est architecte conseil ou coordonnateur, on ne construit pas sur le territoire dont on a la responsabilité. Vaste débat !»1 De son côté, la Maîtrise d’Ouvrage de la ZAC veut un projet urbain cohérent, qui réponde à une stratégie territoriale plus large, dans laquelle le fait de construire de nouveaux édifices n’est pas la seule réponse mais un des dispositifs à mettre en place pour améliorer le quartier, surtout quand il fait l’objet d’un Nouveau Projet National de Renouvellement Urbain (NPNRU). Les enjeux financiers sont bien présents, mais il reste que la collectivité est toujours plus prompte à investir et à faire peu de profit si les gens du quartier bénéficient d’une amélioration de leurs conditions de vie. En bref, construire n’est pas l’alpha et l’oméga d’une collectivité, même 1. Charles Delfante, Souvenirs d’un urbaniste de province, Paris, Editions du Linteau, 2010, p. 63 81

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

si la charge foncière joue pour beaucoup dans la réalisation de la ZAC. De l’autre côté, la maîtrise d’ouvrage du bâtiment, un promoteur-bailleur dans ce cas précis, n’a pas les mêmes objectifs, même si son identité de bailleur social permet de tempérer certaines ardeurs constructives. Le promoteur a besoin de construire, de faire un certain nombre de mètres carrés de surface pour rentabiliser la construction et investir dans d’autres « produits ». En bref, construire plus pour gagner plus et construire plus encore etc. Jusque là rien de surprenant.

Le problème éthique est bien quand on est en contrat avec chacune des maîtrises d’ouvrage présentes.

Sur Saint-Fons, pour juger le projet architectural à l’aune du projet urbain, il a été décidé que ce serait un architecte conseil du CAUE qui examinerait le projet pour la Métropole afin que nous ne soyons pas juge et partie. Cela permettait déjà d’éviter une situation que je trouvais inconfortable (bien que n’étant pas interdite). Ce n’était certes pas l’idéal car cet architecte conseil ne connaissait pas le projet urbain, mais grâce au CPAUPE (que nous avions rédigé) il avait matière pour apprécier le projet. Cette solution était donc sur le fond un entre-deux convenable au regard de la situation.

Des arrangements possibles Sur la conception architecturale, le fait d’être architecte-urbaniste en chef a également eu des conséquences. Le promoteur voulant construire rapidement le bâtiment en question et la nécessité pour l’agence d’avoir des projets et sa volonté de donner forme au projet urbain nous ont amenés très rapidement à commencer l’esquisse du premier lot.

Premier élément, sans surprise, la forme urbaine proposée par le projet urbain et les surfaces indiquées ne pouvaient être respectées en l’état.

Cela semblait assez logique car même en dessinant précisément, on se rend toujours compte que le projet urbain reste une vue de l’esprit et que le projet architectural vient ajuster cette vision. Cela nous a poussés à modifier un peu les limites parcellaires, qui avaient pourtant été dessinées 82

REFLEXIONS ETHIQUES ET PERSONNELLES

au millimètre pour le géomètre…

Le fait d’être urbaniste nous a donc libérés de cette contrainte car dans une ZAC où l’on n’a pas ce rôle, l’architecte est obligé de respecter les limites et la fiche de lot. C’est le B-A-BA d’un concours, ce que j’ai pu voir aussi bien d’un côté (architecte-urbaniste en chef dans un jury) que dans l’autre (architecte voulant construire un lot).

Cela devait globalement servir le projet architectural, respectant ainsi les engagements pris, mais nous a contraints, en tant qu’urbaniste à rogner sur les lots contigus. Avec cette question toujours dans un coin de ma tête : comment vont faire les autres architectes pour respecter la constructibilité et une qualité de logement si on est obligés de décaler la limite foncière dès le premier lot sur les trois à bâtir dans le premier îlot ?

Deuxième élément : les élections municipales et métropolitaines qui ont fait basculer la majorité à la Métropole de Lyon, ont provoqué l’accélération d’un projet qui était jusque là en pause : l’implantation d’un tramway au droit de la parcelle sur laquelle nous réalisions le premier lot.

Cette fois, ce n’est pas à la marge que nous avons dû modifier le projet, mais de manière plus importante car il a fallu modifier la forme urbaine même du projet pour élargir l’espace public en contrepartie, alors que nous étions bien avancés (au stade APD en préparation d’un pré-rendu de PC). Cela a donc créé des problèmes d’un côté pour l’architecte, mais aussi pour l’urbaniste qui a dû (encore) raboter les autres lots pour garantir à la première opération de remplir ses objectifs.

Troisième élément : au moment de déposer le permis de construire, un autre problème s’est dressé : le dossier loi sur l’eau et l’étude d’impact de la ZAC étaient obsolètes à cause de nouvelles règles et lois qui entraient en vigueur. Le projet allait prendre six mois de retard si le PC n’était pas déposé très rapidement. Six mois de retard pour un urbaniste, c’est presque une routine, et cela est comblé par d’autres études qui redémarrent par ailleurs. Mais pour un architecte, c’est un vrai trou d’air pour le plan de charge (et pour la trésorerie).

83

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

R+1

D

R+2

A2

A1

Rdc

R+4+a

R+4+a

R+4

R+4

A5

R+4 R+4+a

Voie pompier végétalisée L=5.0

Espace Ado

R+4 Mur à démolir

En haut, le plan masse du lot A de la ZAC de Saint-Fons, avec un bâtiment en saillie au nord -est.

A3 rendu provisoire du PC, suite à En bas, le même bâtiment qui a dû être raccourci, peu avant le R+4 l’annonce de l’arrivée du tramway...et rallongé un peu au sud pour remplir les objectifs de surface de plancher initiaux et le nombre de logements. © Atelier de Ville en Ville

A4 84

R+4+a

R+4

R+4

R+4+a

P

REFLEXIONS ETHIQUES ET PERSONNELLES

L’agence en tant que telle n’y pouvait rien et elle a dû gérer cette situation d’instabilité. Le projet architectural en est à présent à la phase PRO ce qui montre qu’il a bien su rebondir. Et pourtant je suis convaincu que si les rôles avaient été plus délimités, les choses se seraient passées différemment.

Si on avait été qu’urbanistes en chef, nous n’aurions pas lancé l’esquisse du premier lot avant d’avoir figé le plan guide et d’être certains qu’un projet comme le tramway ne perturberait pas le projet urbain et on aurait attendu que le dossier loi sur l’eau et l’étude d’impact soient conformes avant de laisser un PC être déposé. Si l’ on n’avait été qu’architectes, l’esquisse aurait démarré après que le plan guide eût été validé, le promoteur aurait d’abord pris toutes les précautions sur la parcelle (forme, situation etc.) et un concours aurait même pu être organisé. L’arrivée du tramway nous aurait peut-être aussi posé problème, mais sans doute pas autant.

L’influence de l’architecte-urbaniste sur les autres architectes Le fait d’être architecte et architecte-urbaniste en chef sur la même ZAC m’a posé une autre question qui regarde plutôt les autres architectes qui devront bâtir dans la ZAC. Comme je l’expliquais précédemment, sur la ZAC de Saint-Fons, les faisabilités que nous faisions étaient assez poussées. Il nous est arrivé, pour certains lots de vérifier, en dessinant un bout d’esquisse, que nos formes urbaines étaient viables. Les sous-sols étaient précisément dessinés, la granulométrie des étages et l’organisation du rez-de-chaussée également (voir le lot A3, page 77).

C’est un vrai point positif de prime abord car cela évite certaines mauvaises surprises. Mais cela a posé également problème lorsque les architectes d’un autre lot (en l’occurrence un lot d’Action Logement) se sont plaints que la forme urbaine, vu la manière dont elle était dessinée, et vu l’organisation du lot, contraignait beaucoup trop leur projet architectural.

Au départ je me suis dit que c’était sûrement une manière de réclamer des dérogations à certaines règles, et puis en regardant de plus près, je me suis rendu compte que les formes urbaines (leur gabarit, de largeur, de hauteur) empêchaient certaines libertés sur les façades (les balcons étaient de fait impossibles par exemple). Les formes urbaines avaient été pensées par 85

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

rapport à la manière dont l’Atelier de Ville en Ville conçoit les bâtiments.

Je ne critique pas ici la qualité de la production architecturale de l’agence, mais le fait qu’inconsciemment, être architecte contraint aussi l’urbaniste dans ses choix et qu’il est très difficile de faire la part des choses, à moins d’avoir deux personnes différentes qui font le projet urbain d’un côté et le projet architectural de l’autre. Ce qui renvoie à la forme et la structure de l’agence (voir partie précédente).

D’où ma question : est-ce que c’est seulement dû au fait que promoteur et architecte aient voulu aller vite que ces problèmes ont vu le jour, et que la ZAC en a vraiment été impactée ? Est ce qu’il est vraiment souhaitable que l’architecte-urbaniste en chef construise en premier ? Éthiquement, est-il normal que l’architecte/architecte-urbaniste puisse être juge et partie ?

Cela me questionne beaucoup au regard de la pratique que j’ai envie d’avoir plus tard. J’ai l’impression, comme toujours que la réponse est complexe et que mon expérience future pourra répondre à ces questions. Pour le moment, et avec l’humilité de mon expérience, je dirais qu’il est préférable soit de s’abstenir de construire, soit de construire mais lorsque la ZAC est bien avancée (donc peut-être pas le premier lot).

Sur la ZAC de Bron-Terraillon, INterland n’a ainsi pas construit (ce qui correspondait plutôt à une volonté car nous n’avions pas dessiné le plan guide, nous avions juste obtenu le marché d’architecte-urbaniste en chef).

Cette situation, plus apaisée a permis au premier lot de se construire de manière classique, dans un plan figé, clair et avec un architecte-urbaniste en chef à sa place.

Ces exemples posent enfin une question essentielle : la finalité de l’architecte qui pratique l’urbanisme est-elle de bâtir ? Les agences qui ciblent les ZAC le font-elles par intérêt de l’urbanisme et de l’impact du projet sur son contexte, sur les habitants présents et futurs, ou le fait-il de manière mercantile, pour pouvoir bâtir, comme on le voyait dans la partie précédente ? L’urbanisme est-il un moyen, un investissement pour une agence, et non une fin, un objectif ? Ici aussi la question éthique est très présente, et la question de la stratégie, évoquée dans la partie précédente prend tout son sens.

86

REFLEXIONS ETHIQUES ET PERSONNELLES

VUE 1 DEPUIS LA RUE NOUVELLE

BÉTON MATRICÉ

BÉTON SABLÉ

CLÔTURE

Plan de composition du macro lot A1 A2 GARDE-CORPS

INTERLAND / TRIBU / PROCOBAT PERGOLA

HALL D’ENTRÉE

VÉGÉTATION

0

2m

4m

10m

PLAN REZ-DE-CHAUSSÉE – ÉCHELLE 1:200

En haut, le plan masse du lot A de la ZAC de Bron-Terraillon, et en bas le plan d’étage courant de l’équipe lauréate du concours ATAUB + ARTO architectes © INterland & ATAUB + ARTO architectes 87

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

Présenté comme cela, ce peut être jugé caricatural, mais il n’empêche que dans le cadre d’une stratégie (financière, de développement) cette question a le mérite d’être posée. Au regard des architectes et urbanistes avec qui j’ai travaillé, que j’ai lus, je suis convaincu que chacun a à cœur d’être un bon architecte et un bon urbaniste, mais les agences plus importantes, avec des échelles de projet différentes ont peut-être d’autres logiques.

La question du type de projet urbain et leur interaction avec l’architecte Cette réflexion peut être également balancée au regard de la nature du projet urbain sur lequel l’architecte intervient en tant qu’urbaniste. Les projets cités précédemment ne concernent que des ZAC, qui est un des outils d’urbanisme où l’architecte et l’urbaniste sont les plus à même de travailler ensemble, et donc de risquer des « conflits d’intérêt ». D’un autre côté, avoir des activités d’urbaniste à une échelle éloignée de l’architecture peut aussi poser problème dans la gestion de l’agence et il est logique qu’un architecte ayant une pratique ouverte soit plus enclin à travailler sur des sujets où l’échelle architecturale a un rôle à jouer.

En revanche sur des projets à une échelle beaucoup plus large, comme des études territoriales à l’échelle d’une ou plusieurs communes, voire des études purement stratégiques à l’échelle d’une région, le fait d’être architecte sur le territoire me semble beaucoup moins prégnante, même si toujours importante car il est capable de faire le lien entre toutes les échelles.

Cette réflexion, enfin, découle peut-être aussi du cadre légal français dans lequel ma pratique s’est inscrite pour le moment (très normée, réglée etc.) et l’époque dans laquelle nous vivons, où l’architecte et l’urbaniste se dissocient de plus en plus. Les architectes et urbanistes comme Giancarlo de Carlo ou Charles Delfante, à une époque pas si éloignée, pouvaient pratiquer les deux à des échelles variables sans se poser toutes ces questions d’éthique. Il était assez normal à leur époque de construire dans les projets urbains qu’ils supervisaient.

88

REFLEXIONS ETHIQUES ET PERSONNELLES

REMETTRE L’ARCHITECTE AU CENTRE DU DÉBAT SUR L’AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE Pour prendre un peu de champ vis-à-vis des considérations que j’évoquais précédemment, il me semble crucial que l’architecte (re)prenne une place plus importante dans les questions d’aménagement du territoire.

La première partie de mon mémoire traitait de la nécessité pour les architectes de prendre plus de place dans les études urbaines afin de trouver des nouveaux marchés et d’être plus visible vis-à-vis des pouvoirs publics. C’est d’ailleurs une des prérogatives de l’architecte selon le code de déontologie. Ces considérations concernent la pratique de l’architecture et la manière dont les architectes, via cette pratique, peuvent aider une certaine qualité architecturale et urbaine à émerger, y compris dans des territoires ou l’architecture est peu visible. En bref, comment les architectes doivent réagir et prendre conscience de leur potentiel d’action.

Changer le regard des autres acteurs Mais le propos est également valable pour les maîtrises d’ouvrage, publiques ou privées. Si les architectes doivent avoir une prise de conscience, leurs clients, et globalement tous les acteurs de la chaîne du projet architectural aussi.

A ce titre, et pour montrer à quel point c’est loin d’être le cas aujourd’hui, la Commission Rebsamen pour relancer la construction de logements neufs, menée par le Ministère de la Transition écologique, n’a sur 32 participants, aucun architecte. Comment est-il possible, que parmi tous ces acteurs, on exclut de fait les premiers concernés, exerçant la maîtrise d’œuvre de tous ces projets futurs, seuls habilités à déposer un permis de construire, et concepteurs des logements ? Cet exemple est selon moi symptomatique du fait que, même parmi les professionnels du bâtiments, la société ne (re) connaît pas ou très peu le rôle des architectes.

Bien entendu, on pourrait tenir un discours un peu différent au regard du quotidien de l’architecte : il est en relation avec des bureaux d’études, des 89

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

entreprises, sa maîtrise d’ouvrage, voire des élus dans certaines situations ce qui montre bien que son rôle est bien connu et reconnu dans sa pratique « quotidienne »… et heureusement. Néanmoins, lorsque l’on sort de ce cercle de la construction, on se rend tous compte (lorsque l’on est étudiant, lorsque l’on fait de la concertation, mais aussi dans nos cercles privés) que la connaissance de notre rôle est restreinte. Et je ne parle pas seulement de la sempiternelle question : « Tu es architecte d’intérieur ou d’extérieur ? » Autre exemple assez frappant qui a eu lieu cette année, le rapport Sichel du ministère du Logement, qui, pour encourager la rénovation énergétique ds logements prône la création d’un nouveau métier, celui d’accompagnateur Rénov’… qui ne ferait rien d’autre que le métier d’architecte, soit «dresser des plans, proposer aux clients des artisans au meilleur rapport qualité/prix et suivre les travaux en veillant à ce que tout se passe au mieux »2 .

Comme le dit justement la pétition du collectif des architectes d’Occitanie : « L’État semble découvrir que pour réussir des travaux de construction ou de rénovation, il faut confier l’opération à un professionnel qualifié et spécialisé. Vous le saviez déjà, tout le monde le sait. Mais pas les Pouvoirs Publics ! […] Ce métier existe déjà, depuis très longtemps .... Vous l’avez deviné : ce sont les architectes, profession réglementée, sous tutelle de l’État lui-même, comportant 30 000 professionnels répartis dans toute la France.»3 A titre personnel, cette situation générale illustrée par ces exemples m’interroge beaucoup sur ma pratique actuelle et future. Ce n’est pas tant par réflexe corporatiste ou égoïste sur mon potentiel « statut » d’architecte que par cette question qui m’anime en premier lieu : l’intérêt public et la vie des personnes pour lesquelles nous menons tous ces projets. J’ai un vrai doute, pour avoir déjà échangé avec des promoteurs, et quand je lis des phrases comme « la taille des logements n’est pas un bon critère de 2. Voir la pétition et la lettre ouverte du Collectif Architectes Occitanie sur le site change.org 3. ibid 90

REFLEXIONS ETHIQUES ET PERSONNELLES

qualité »4 (à l’heure du Covid, cela ne manque pas de sel) de la part du nouveau président de la Fédération des promoteurs immobiliers, sur le fait que tout le monde se pose cette question.

Et quid des futurs accompagnateurs Rénov’, de leur formation et de leur capacité à penser le projet de rénovation autrement que par un prisme purement technique et performanciel ?

Je ne dis pas ici que je ne travaillerai pas avec des promoteurs, ou que la noblesse de l’architecture est entravée par des questions uniquement financières, que tous les architectes sont fantastiques et que la révolution approche. J’ai bien conscience que la réalité est bien plus complexe et que c’est par d’autres moyens que nous pourrons arriver à faire changer les mentalités de tous ces acteurs qui parfois, se méprennent sur notre rôle.

Vers d’autres pratiques et actions pour nous faire connaître Comme je l’ai dit dans ce mémoire, je considère que la pratique de l’urbanisme est déjà une manière de montrer un nouveau visage de la profession d’architecte. Cette pratique permet de rencontrer des techniciens, des élus, des bailleurs dans d’autres situations que celle de la maîtrise d’œuvre, ce qui permet de modifier le regard mutuel que l’on peut avoir les uns vis-à-vis des autres.

Par ailleurs, la pratique de la concertation permet aussi de rencontrer des habitants d’un quartier, d’une ville, pour comprendre et penser différemment les projets urbains ou architecturaux et pour qu’eux aussi puissent se réapproprier le rôle de l’architecte et peut-être changer d’idée vis-à-vis d’eux.

Mon expérience de la concertation, m’a parfois donné un véritable sentiment d’utilité vis-à-vis de la population car non seulement il s’agit de recueillir de l’information sur un territoire, présenter et défendre un projet en réunion publique par exemple, mais également de montrer la pratique de notre métier comme une cause commune, noble, qui sert 4. Propos de Pascal Boulanger in, «Pour les promoteurs, la taille des logements n’est pas un bon critère de qualité», sur le site batiactu.com, le 29 juin 2021 91

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

l’intérêt public. Je m’inscris en cela dans les pas de Giancarlo De Carlo : « Je cherchais une activité qui me permettrait d’être à la fois créatif et utile. Pour moi, être utile ne signifiait pas secourir les pauvres, et encore moins être missionnaire, mais cela voulait dire à peu près collaborer à la transformation de la société en exerçant une activité créative »5.

Je suis convaincu que la concertation permet, d’une manière complémentaire des institutions publiques (maisons de l’architecture, CAUE) de communiquer sur notre profession. Je considère également qu’exercer dans un CAUE peut être très intéressant pour un architecte car c’est un moyen d’être confronté à de nombreuses situations et à des publics très variés.

Le fait d’être architecte-conseil est pour moi valorisant pour la profession car une fois de plus cela permet de donner un autre visage à l’architecte et de sensibiliser les maîtres d’ouvrage, sans forcément concevoir un projet.

Cette idée, celle de la pédagogie, me semble une piste importante pour répondre à la question de l’invisibilisation de l’architecte dans le débat public. La limite réside plutôt dans le fait que le CAUE, bien que présent dans presque tous les territoires, n’est pas consulté systématiquement, et en règle générale, pour les petits projets particuliers son avis n’est pas demandé, alors que c’est peut-être à ce genre d’échelle qu’on peut toucher le plus de public.

Une voie parallèle à cette ouverture à la société de l’architecture est la médiation et l’enseignement, qui peut et pourrait se faire à des degrés différents et à des publics variés : en école, dans des facultés, ou d’autres lieux, en bref, faire de l’architecture un domaine «banal», connu et visible aux yeux de tous.

Enfin, une autre voie est celle de la politique : il n’y a aujourd’hui, par exemple, pas un seul architecte député. Comment notre profession peutelle continuer à défendre ses positions auprès de notre ministère de tutelle, écrire et amender des lois qui nous concernent au premier chef (loi Elan 5. Giancarlo De Carlo, Architecture et liberté, Paris, Editions du Linteau, 2003, p. 40 92

REFLEXIONS ETHIQUES ET PERSONNELLES

par exemple) s’il n’ y a pas un architecte député ? Cela ne veut bien sûr pas dire que la profession n’est jamais consultée (elle a fini par être entendu par la Commission Rebsamen), mais il n’empêche, c’est sur le terrain politique que le bât blesse particulièrement. La question de l’engagement de l’architecte est mise en jeu ici aussi.

C’est justement car j’ai envie de m’engager pour cette profession et ses valeurs (l’intérêt public, les habitants, la qualité architecturale urbaine et paysagère) que je me pose la question de suivre certaines de ces pistes citées précédemment. Je sais que tôt ou tard je m’engagerai en ce sens.

Pour terminer, je ne considère pas que ces pratiques connexes (concertation, conseil, médiation, enseignement, politique) doivent être le seul cœur de notre pratique. La maîtrise d’œuvre reste la mission principale de l’architecte et la concertation, la médiation, l’enseignement , et la recherche doivent rester complémentaires d’une pratique architecturale et urbaine.

Je pense sincèrement que c’est en allant vers les usagers, la société dans son ensemble que l’architecte réussira peut-être à retrouver une place centrale dans l’aménagement du territoire. Il doit avoir un rôle un peu hybride, polyvalent, qui lui permet d’être connu et d’être appelé par tous si besoin.

Cette question concerne toutes les échelles de la politique (la commission Rebsamen), à la question de la rénovation (l’accompagnateur Renov’).

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A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

CONCLUSION Pour conclure ce mémoire d’Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre en son Nom Propre, il convient de revenir sur les différents points traités tout au long de ce texte.

Mon parcours scolaire , mon expérience accumulée lors de ces cinq dernières années, couplée à mes premiers stages, m’ont façonné et m’ont conforté dans l’idée que la pratique de l’architecture est quelque chose de complexe, long, qui est lui même imbriqué dans nombre d’autres processus qui regardent l’aménagement du territoire, et surtout ses usagers.

L’architecte, en tant que maître d’œuvre, et comme concepteur se doit donc de prendre en compte toutes les données qui l’environnent. Il n’est pas et ne sera jamais seul. Les réglementations actuelles, de moins en moins permissives en sont la preuve. La pratique de la maîtrise d’œuvre se doit donc d’être ouverte à d’autres disciplines, d’autres champs, parfois connexes, parfois plus éloignés.

En retour, il me semble fondamental de rappeler, une fois de plus, à quel point l’architecte, par ses capacités de conception, la culture du projet, son habileté à maîtriser les échelles, la temporalité d’un projet, sa gestion et ses acteurs parfois nombreux, a toute sa place dans le processus d’aménagement du territoire. La pratique de l’urbanisme, réglementaire et de projet, doit donc aussi se tourner vers lui.

Quel autre acteur, au service de l’intérêt général, connaît mieux toute cette chaîne de production du projet architectural et urbain, sur le plan technique, des usages, des ambiances, qui sont la finalité et la représentation 94

du pouvoir politique, c’est à dire des citoyens ? Je crois fort dans cette idée que l’architecte doit se (re)mettre au centre des décisions concernant son domaine. Cela doit passer par une politisation (sous différentes formes) accrue des architectes.

Je suis conscient que cela implique plusieurs choses. Tout d’abord une prise de conscience des architectes de leur « relative » puissance quant à leur statut de profession réglementée. En parallèle, une prise de conscience des maîtres d’ouvrage, privés et publics de cette «puissance» et de la nécessité de tendre vers une architecture la plus qualitative possible. Je ne dis pas que ce n’est pas le cas, mes expériences personnelles me l’ont montré.

Néanmoins, il faut continuer dans ce sens et engager un certain rapport de force avec nos interlocuteurs. La situation de crise dans laquelle nous sommes nous l’impose.

Enfin cela implique que les architectes soient aussi prêts à s’investir dans une pratique ouverte, qui touche à la fois l’urbanisme, l’architecture et le paysage, pour ne citer qu’eux… et bien entendu qu’ils soient compétents et aient toujours l’intérêt collectif chevillé au corps, pas seulement le profit que peut apporter une étude urbaine suivi de maîtrise d’œuvre.

Cela me semble illusoire au regard de mes expériences et de quelques architectes que j’ai pu rencontrer. Il s’agirait donc plus de promouvoir une pratique ouverte pour ceux qui le souhaitent, et qu’à minima chaque architecte soit sensibilisé à ces sujets. Cela revient à ce que chacun ait bien conscience que l’architecture est un acte politique et qu’on ne peut pas (plus ?) transiger avec.

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A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

Concrètement, avoir une pratique ouverte dans une agence, c’est à dire, pratiquer la maîtrise d’œuvre et le projet urbain dans le même temps, reste un exercice complexe qui tient notamment à la manière de s’organiser. Cela tient à des questions financières, temporelles, de gestion, et de capacité à réfléchir de manière différente selon le projet.

Pour toutes ces raisons, trouver une agence où un salarié peut espérer pratiquer ces deux activités sans être catégorisé dans l’une ou l’autre des cases (« toi, tu es plus urbaniste qu’architecte ! », ou « Tu feras partie du pôle Architecture ») est difficile. Je me trouve donc aujourd’hui à une croisée des chemins : dès lors comment puis-je continuer à progresser dans différents domaines, en m’épanouissant personnellement et professionnellement ?

PERSPECTIVES En termes de perspectives pour mes prochaines années, avoir une pratique ouverte de l’architecture à d’autres champs, ce qui me semble naturel et comme en témoigne mon parcours, m’oblige à avoir une réflexion sur le court (dans un an) et le moyen terme (d’ici à 5 ans), mais aussi sur la manière dont je vais réussir à pratiquer comme je l’entends et non comme on me l’impose, même si je peux parfois y trouver mon compte.

S’il y a un an je me voyais encore mal fonder ma propre agence d’architecture, la formation HMONP qui m’a été délivrée ainsi que la réflexion qu’a engendrée ce mémoire, m’ont peu à peu fait changer cette vision. En effet, je considère aujourd’hui comme probable de pratiquer en mon nom propre, et c’est pour cela que je sollicite l’obtention de l’Habilitation avec d’autant plus de volonté.

En effet, le fait de construire me semble être une nécessité pour un architecte, ce qui n’était pas forcément le cas dans mon esprit il y a quelques années. Le fait de m’être confronté à l’impossibilité de construire dans une agence m’a dirigé vers le choix d’une agence qui me le permettait, comme un aboutissement. Cependant, je considère tout de même qu’on ne peut se réaliser en tant qu’architecte seulement en bâtissant, d’où cette démarche.

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CONCLUSION

A court terme, il me semble nécessaire et indispensable de poursuivre mon apprentissage sur le champ de la maîtrise d’œuvre. Je suis conscient que cet aspect guidera ma pratique professionnelle tout au long de ma carrière, et il faut donc que je poursuive dans cette voie, notamment en acquérant de l’expérience en suivi de chantier, mais pas seulement.

Il s’agit d’accumuler de l’expérience pour prendre conscience et comprendre les points de blocages, les contraintes, les réglementations etc. qui influent sur la pratique de l’architecture aujourd’hui. Il n’est pas question d’être exhaustif, mais, par exemple, le calcul du coût du projet, la rémunération de l’architecte, les nouvelles réglementations environnementales etc. sont des éléments qui sont fondamentaux pour une pratique « classique », mais aussi pour une pratique ouverte.

Dans ma pratique du projet urbain, il m’est indispensable de prendre en compte ce qu’il va se passer ensuite (les jeux d’acteurs, le coût de construction etc.), de manière assez précise, pour pouvoir faire en sorte que l’architecte ne soit pas “juste” le dernier maillon de la fabrique du territoire, mais bien un rouage essentiel et pris en compte dès le départ. C’est d’autant plus important que l’architecte a de nombreuses responsabilités, aussi bien morales que dans son rôle de bâtisseur.

Sur le mode de pratiquer, je souhaiterais donc continuer à accumuler de l’expérience en architecture et en urbanisme, de manière à toujours plus monter en compétences, et commencer à maîtriser les différentes phases, les différents enjeux de ces échelles, dans le cadre d’une activité salariée et en temps partiel, à priori. En parallèle, j’aimerai utiliser le temps qu’il me reste pour commencer à avoir ma propre pratique, avec des projets de taille et d’enjeu modeste, soit par le biais de concours, soit par des commandes directes. C’est pourquoi j’ai participé cette année à EuroPAN 16. Ce pourrait être une première étape.

Allier ces deux pratiques, salariée, et indépendante, me semble être un bon moyen de continuer à progresser, en prenant de plus en plus de responsabilités. Je suis conscient que cela peut être difficile à mettre en place et surtout à accepter pour une entreprise que d’avoir un employé à 97

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

temps partiel, mais je suis prêt à essayer.

Cette manière un peu scindée de pratiquer me semble aussi une opportunité de pouvoir travailler à la fois sur des projets urbains et des projets architecturaux. Le mémoire a montré qu’il est difficile (pas impossible) pour une agence d’avoir cette pratique élargie de l’architecture, et à fortiori pour un salarié de pouvoir jouer sur les deux tableaux. La structuration en pôles séparés ne permet pas pour quelqu’un qui le souhaiterait, de faire partie de deux pôles à la fois.

Dès lors, avoir un emploi dans une agence pratiquant l’urbanisme et à côté une activité d’architecte (et vice versa), n’entrant pas en concurrence avec la première agence me semble être un bon moyen d’arriver à mes fins à moyen terme. Une fois de plus, l’obtention de l’HMONP me permettrait de me lancer dans ce type d’initiative.

Par ailleurs, j’ai voulu démontré avec ce mémoire un certain engagement envers la profession que je souhaite intégrer, et si la possibilité et l’opportunité apparaissent, je souhaiterai m’investir également dans l’Ordre des Architectes qui me semble être une des clés pour donner une voix plus importante aux architectes. Je souhaite participer aux échanges sur l’avenir de notre profession, dans les années à venir.

Pour terminer, dans la continuité de ce mémoire sur la question d’une pratique plus large, je considère que le fait de ne pas consacrer l’intégralité de mon temps à une seule activité et/ou une seule agence pourra me permettre à plus ou moins long terme de pouvoir diversifier mon activité et me diriger vers d’autres manières de pratiquer l’architecture comme le conseil, via le CAUE par exemple, ou encore le professorat.

Ce mémoire et la formation d’HMONP m’auront donc aussi conforté dans le fait que le statut « d’indépendant » de l’architecte et de sa capacité à toucher à de nombreux domaines me permettront de m’épanouir tout au long de ma carrière, au gré des rencontres et des opportunités.

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CONCLUSION

Extraits des planches de rendu de l’équipe Vivifica pour le quartier Saint-Martial à Limoges, dans le cadre de l’EuroPAN 16 - Villes Vivantes, septembre 2021 © A. Soula, A. Drapier, L. Roudeix, A. Teoli 99

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

GLOSSAIRE & ABRÉVIATIONS UTILISÉES MILIEU SCOLAIRE & UNIVERSITAIRE ADE : Architecte Diplômé d’Etat, statut d’une personne ayant obtenu le Diplôme d’État d’Architecte (DEA) valant grade de Master (Bac+5), par une École d’Architecture en France.

ENSAL : École Nationale Supérieure d’Architecture Lyon, une des vingt écoles d’architecture publiques en France.

ENSAPL : École Nationale Supérieure d’Architecture et du Paysage de Lille , une des vingt écoles d’architecture publiques en France, qui forme également au métier de paysagiste.

HMONP : Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre en son Nom Propre, le diplôme qui permet, entre autres conditions, de pouvoir s’inscrire à l’Ordre des Architectes en France.

MSP : Mise en Situation Professionnelle, activité professionnelle de 6 mois minimum à temps plein que l’étudiant en HMONP doit effectuer pour valider son diplôme, en parallèle de la partie théorique dispensée en ENSA. PFE-Mention Recherche : Projet de Fin d’Études en architecture, qui permet d’obtenir un Master. La Mention Recherche certifie la capacité de l’étudiant à poursuivre des travaux de recherches universitaires, dans 100

l’éventualité, notamment, d’un doctorat.

STI-AA : Sciences et Techniques de l’Ingénieur - Arts Appliqués - qui forme aux différentes formes de «design» (espace, produit, communication visuelle, mode).

PLANIFICATION URBAINE & PROJET URBAIN Action Coeur de Ville : Programme national français lancé en 2017 visant à restructurer les centres-villes de 222 villes moyennes CPAUPE : Le Cahier de Préconisations Architecturales Urbaines Paysagères et Environnementales, est un document qui présente les enjeux et les préconisations d’un projet urbain (souvent une ZAC) à destination des opérateurs et des architectes pour les différents lots construits.

Fiche de lot : Fiche prescriptive découlant du CPAUPE mais spécifique à un lot construit, à destination de l’opérateur et de l’architecte concernés.

OAP : Orientations d’Aménagement et de Programmation. «Les orientations d’aménagement et de programmation (OAP) visent à définir des intentions et orientations d’aménagement qualitatives qui peuvent : - porter sur un secteur donné du territoire (OAP de secteurs) 101

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

- ou avoir une approche plus globale sur un enjeu spécifique (OAP dites «thématiques»).»1 PADD : Projet d’Aménagement et de Développement Durables est «un document politique exprimant les objectifs et projets de la collectivité locale en matière de développement économique et social, d’environnement et d’urbanisme à l’horizon de 10 à 20 ans.»2 PLU : «En France, le Plan Local d’Urbanisme (PLU), ou le plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI), est le principal document de planification de l’urbanisme au niveau communal.»3 PRU : Programme de Renouvellement Urbain. Programme lancé par l’Etat Français en 2003 qui a pour objectif de restructurer les quartiers classés en Zone Urbaine Sensible (ZUS). Il a été prolongé en 2014 avec le Nouveau Programme National de Renouvellement Urbain, qui a cours jusqu’en 2030.

SCoT : Schéma de Cohérence Territoriale, «est l’outil de conception et de mise en œuvre d’une planification stratégique intercommunale, à l’échelle d’un large bassin de vie ou d’une aire urbaine, dans le cadre d’un projet d’aménagement et de développement durables (PADD).»4 SIG : Système d’Information Géographique. «Système d’information conçu pour recueillir, stocker, traiter, analyser, gérer et présenter tous les types de données spatiales et géographiques.»5 Il est de plus en plus répandu dans les services des collectivités territoriales.

ZAC : Zone d’Aménagement Concerté, «une opération d’urbanisme publique ayant pour but de réaliser ou de faire réaliser l’aménagement et l’équipement de terrains à bâtir en vue de les céder ou de les concéder 1.http://outil2amenagement.cerema.fr/les-orientations-d-amenagement-et-deprogrammation-r296.html 2. https://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_local_d%27urbanisme 3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_local_d%27urbanisme 4. https://www.ecologie.gouv.fr/scot-projet-strategique-partage-lamenagement-dun-territoire 5. https://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_d%27information_g%C3%A9ographique 102

GLOSSAIRE

ultérieurement à des utilisateurs publics ou privés.»6

ARCHITECTURE & INSTITUTIONS CAUE : Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement, «organisme investi d’une mission d’intérêt public, né de la loi sur l’architecture du 3 janvier 1977. Il a pour objectif de promouvoir la qualité de l’architecture, de l’urbanisme et de l’environnement dans le territoire départemental.

L’architecture, les paysages et le patrimoine sont d’intérêt public.»7 IBA : «Une Internationale Bauausstellung (IBA, ou Exposition internationale d’architecture) est un outil allemand permettant d’exposer, sur une longue durée et en plein air, des concepts innovants en matière d’architecture ou de génie urbain.»8 Maisons de l’Architecture : «Le Réseau des maisons de l’architecture regroupe 34 maisons de l’architecture en France [...]. Ils ont pour but de mener des actions à destination du grand public : visites, expositions, voyages ateliers, publications, etc.»9 PAN : Le Programme d’Architecture Nouvelle, créé en 1972, «est destiné à faire connaître des projets d’architecture novateurs ainsi que leurs auteurs, et à faciliter l’accès de ces derniers à la commande publique». Il est remplacé en 1987 par EuroPAN qui pose le même principe à l’échelle européenne.

UIA : L’Union Internationale des Architectes «est une organisation internationale non-gouvernementale reconnue par l’UNESCO comme étant la seule union architecturale à agir au niveau international.»10

6. http://outil2amenagement.cerema.fr/la-zone-d-amenagement-concerte-zac-r311.html 7. https://www.fncaue.com/quest-ce-qu-un-caue/ 8. https://fr.wikipedia.org/wiki/Internationale_Bauausstellung 9. http://www.patrimoineaurhalpin.org/acteurs/maison-de-larchitecture-rhone-alpes/ 10. https://www.uia-architectes.org/webApi/fr/about 103

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

MAÎTRISE D’ŒUVRE & MARCHÉS PUBLICS AMO : Assistance à Maîtrise d’Ouvrage, mission qui consiste à aider une Maîtrise d’Ouvrage dans la définition, et/ou la réalisation d’un projet APD : Études d’Avant-Projet Définitif. Troisième phase d’études pour un projet de maîtrise d’œuvre architecturale ou paysagère. Avec l’APS, elles forment les études d’Avant-Projet (AVP).

APS : Avant-Projet Sommaire, deuxième phase d’études pour un projet architectural ou paysager, après l’esquisse (ESQ) BET : Bureaux d’Études Techniques, est un ingénieur et/ou technicien dans une spécialité touchant à la maîtrise d’œuvre, et à une thématique spécifique en urbanisme.

BIM : Building Information Modeling . «Il désigne les outils de modélisation des informations de la construction implémentés par des applications qui permettent la modélisation des données du bâtiment, d’une structure, d’un édifice ou d’un ouvrage.»11 BPU : «Le Bordereau des Prix Unitaires est principalement utilisé dans les marchés à bons de commande et liste les prix unitaires relatifs à chaque produit ou élément d’ouvrage prévu par le CCTP.»12 CCTP : Les Cahiers des Clauses Techniques Particulières «fixent les clauses techniques d’un marché particulier déterminé. Ce sont les stipulations qui donnent une description précise des prestations à réaliser.»13 DPGF : Décomposition du Prix Global et Forfaitaire. «Elle fait partie de l’offre technique et financière dans un marché public et constitue la décomposition de l’offre financière de l’entreprise.»14 11. https://fr.wikipedia.org/wiki/Building_information_modeling 12. http://www.marche-public.fr/Marches-publics/Definitions/Entrees/BPU.htm 13. http://www.marche-public.fr/Marches-publics/Definitions/Entrees/CCTP.htm 14. http://www.marche-public.fr/Marches-publics/Definitions/Entrees/DPGF.htm 104

GLOSSAIRE

OPC : Ordonnancement, Pilotage et Coordination. Mission consistant, sur un chantier, à gérer l’intervention des entreprises opérant sur le chantier et son bon déroulement.

PC : Permis de Construire VISA : Le Visa des études d’exécution consiste pour l’architecte à vérifier la conformité et valider les documents d’exécution d’un ouvrage réalisés par une entreprise ou un bureau d’études techniques.

GÉNÉRALITÉS CDD : Contrat à Durée Déterminée CROUS : Le Centre Régional des Œuvres Universitaires et Scolaires, «est un établissement public autonome sous tutelle du Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. [...] Il a pour mission de gérer les services de proximité qui améliorent les conditions de vie des étudiants. Pour cela, il gère les bourses et les aides financières, des résidences et des restaurants universitaires...».

ERP : Établissement Recevant du Public, bâtiment dans lequel des personnes venant de l’extérieur sont reçues.

IGN : Institut Géographique National. L’IGN est «l’opérateur public de référence pour l’information géographique et forestière en France.»15 PMR : Personne à Mobilité Réduite

15. https://www.ign.fr/institut/carte-didentite 105

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

BIBLIOGRAPHIE Certains livres et articles n’ont pas été cités mais m’ont néanmoins aidé au cours de cette année et dans la rédaction de ce mémoire.

LIVRES - Giancarlo De Carlo, Architecture et liberté, Paris, Editions du Linteau, 2003, 311p.

- Sous la direction d’Isabelle Chesneau, Profession Architecte, Paris, Eyrolles, 2018, 553p.

- Charles Delfante, Souvenirs d’un urbaniste de province, Paris, Editions du Linteau, 2010, 206p.

- Bernard Marrey Architecte, du maître d’oeuvre au disagneur, Paris, Editions du Linteau, 2013 - Alberto Magnaghi, Le projet Local, Sprimont (BE), Mardaga, Coll.

Architecture+Recherche, 2003 - Thierry Paquot, Mesures et démesure des villes, Paris, CNRS Editions, 2020 - Sous la direction de Caroline Maniaque et Damien Renault, L’Architecte Médiateur, Discours et pratique de conseil, participation, et médiation, Ornans, L’ éclosoir, 2019

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ARTICLES DE PRESSE Sur l’architecture aujourd’hui - Basile Delacorne, «Les architectes sont là pour remettre du long terme dans l’équation», interview de Christine Leconte pour le site batiactu.com, le 11 juin 2021 https://www.batiactu.com/edito/architectes-sont-remettre-long-termedans-equation-62054.php (consulté le 24/10/2021) - Laurie Picout et Mathilde Weill, « Les architectes ne sont pas des designers de façade ! », interview de Christine Leconte pour le site L’Architecture d’Aujourd’hui, , le 7 décembre 2017 https://www.larchitecturedaujourdhui.fr/les-architectes-ne-sont-pas-desdesigners-de-facade-mais-des-professionnels-du-cadre-de-vie/ (consulté le 24/10/2021) - Basile Delacorne, «Commission Rebsamen : «le logement n’est pas un produit financier»», interview de Marjan Hessamfar pour le site batiactu. com, le 23 juillet 2021 https://www.batiactu.com/edito/propositions-commission-rebsamenvont-dans-bons-sens-62343.php (consulté le 24/10/2021) 107

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

- Isabelle Rey-Lefebvre, «En vingt ans, les appartements neufs franciliens ont perdu jusqu’à 15 % de leur surface», Le Monde, 27 août 2021 https://www.lemonde.fr/societe/article/2021/08/27/en-vingt-ansles-appartements-neufs-franciliens-ont-perdu-jusqu-a-15-de-leursurface_6092551_3224.html (consulté le 24/10/2021) - Pétition et lettre ouverte au Premier Ministre par le Collectif Architectes Occitanie, le 18 mai 2021 : https://www.change.org/p/lettre-ouverte-au-premier-ministre-avec-lesarchitectes-pour-une-r%C3%A9novation-de-qualit%C3%A9 (consulté le 24 octobre 2021) - Basile Delacorne , «Pour les promoteurs, la taille des logements n’est pas un bon critère de qualité», batiactu.com, le 29 juin 2021 https://www.batiactu.com/edito/promoteurs-taille-logements-n-est-pasun-bon-critere-62168.php (consulté le 24 octobre 2021) - «Les membres de la commission Rebsamen pour la relance du neuf ont été désignés», batiactu.com, le 1er juin 2021 https://www.batiactu.com/edito/membres-commission-relancer-neufont-ete-designes-61965.php (consulté le 24 octobre 2021) Sur l’urbanisme - «Un rapport du Sénat propose de réglementer la profession d’urbaniste», jeunes-urbanistes.fr, le 20 juillet 2012 http://www.jeunes-urbanistes.fr/?p=1546 (consulté le 24/10/2021) - Chris Von HafenPark , «La conception urbaine en France, une affaire d’architectes ?», urbaniews.fr, le 7 mai 2015 https://www.urbanews.fr/2015/05/07/48440-la-conception-urbaine-enfrance-une-affaire-darchitectes/ (consulté le 24 octobre 2021) - Alice Delaleu, «Tous urbarchitectes ?», chroniques-architecture.com, le 16 janvier 2018 https://chroniques-architecture.com/tous-architecte-urbaniste/ (consulté le 24 octobre 2021) 108

BIBLIOGRAPHIE

ORDRE DES ARCHITECTES - Code de déontologie des architectes https://www.architectes.org/code-de-deontologie-des-architectes (consulté le 24 octobre 2021) - E. Macron, Président de la République, discours aux architectes, le 24 mai 2019 https://www.architectes.org/actualites/emmanuel-macron-l-architectureest-l-art-le-plus-politique-de-tous (consulté le 24/10/2021) - Archigraphie 2020 https://www.architectes.org/publications/archigraphie-2020-0 (consulté le 24/10/2021)

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Image de quatrième de couverture : ZAC de Saint-Fons-Carnot-Parmentier © Atelier de Ville en Ville

Alexandre TEOLI

À LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE Mémoire d’Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre en son Nom Propre Année Universitaire 2020-2021