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CONCLUSION

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

Pour conclure ce mémoire d’Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre en son Nom Propre, il convient de revenir sur les différents points traités tout au long de ce texte.

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Mon parcours scolaire , mon expérience accumulée lors de ces cinq dernières années, couplée à mes premiers stages, m’ont façonné et m’ont conforté dans l’idée que la pratique de l’architecture est quelque chose de complexe, long, qui est lui même imbriqué dans nombre d’autres processus qui regardent l’aménagement du territoire, et surtout ses usagers.

L’architecte, en tant que maître d’œuvre, et comme concepteur se doit donc de prendre en compte toutes les données qui l’environnent. Il n’est pas et ne sera jamais seul. Les réglementations actuelles, de moins en moins permissives en sont la preuve. La pratique de la maîtrise d’œuvre se doit donc d’être ouverte à d’autres disciplines, d’autres champs, parfois connexes, parfois plus éloignés.

En retour, il me semble fondamental de rappeler, une fois de plus, à quel point l’architecte, par ses capacités de conception, la culture du projet, son habileté à maîtriser les échelles, la temporalité d’un projet, sa gestion et ses acteurs parfois nombreux, a toute sa place dans le processus d’aménagement du territoire. La pratique de l’urbanisme, réglementaire et de projet, doit donc aussi se tourner vers lui.

Quel autre acteur, au service de l’intérêt général, connaît mieux toute cette chaîne de production du projet architectural et urbain, sur le plan technique, des usages, des ambiances, qui sont la finalité et la représentation

du pouvoir politique, c’est à dire des citoyens ? Je crois fort dans cette idée que l’architecte doit se (re)mettre au centre des décisions concernant son domaine. Cela doit passer par une politisation (sous différentes formes) accrue des architectes.

Je suis conscient que cela implique plusieurs choses. Tout d’abord une prise de conscience des architectes de leur « relative » puissance quant à leur statut de profession réglementée. En parallèle, une prise de conscience des maîtres d’ouvrage, privés et publics de cette «puissance» et de la nécessité de tendre vers une architecture la plus qualitative possible. Je ne dis pas que ce n’est pas le cas, mes expériences personnelles me l’ont montré. Néanmoins, il faut continuer dans ce sens et engager un certain rapport de force avec nos interlocuteurs. La situation de crise dans laquelle nous sommes nous l’impose.

Enfin cela implique que les architectes soient aussi prêts à s’investir dans une pratique ouverte, qui touche à la fois l’urbanisme, l’architecture et le paysage, pour ne citer qu’eux… et bien entendu qu’ils soient compétents et aient toujours l’intérêt collectif chevillé au corps, pas seulement le profit que peut apporter une étude urbaine suivi de maîtrise d’œuvre.

Cela me semble illusoire au regard de mes expériences et de quelques architectes que j’ai pu rencontrer. Il s’agirait donc plus de promouvoir une pratique ouverte pour ceux qui le souhaitent, et qu’à minima chaque architecte soit sensibilisé à ces sujets. Cela revient à ce que chacun ait bien conscience que l’architecture est un acte politique et qu’on ne peut pas (plus ?) transiger avec.

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

Concrètement, avoir une pratique ouverte dans une agence, c’est à dire, pratiquer la maîtrise d’œuvre et le projet urbain dans le même temps, reste un exercice complexe qui tient notamment à la manière de s’organiser. Cela tient à des questions financières, temporelles, de gestion, et de capacité à réfléchir de manière différente selon le projet.

Pour toutes ces raisons, trouver une agence où un salarié peut espérer pratiquer ces deux activités sans être catégorisé dans l’une ou l’autre des cases (« toi, tu es plus urbaniste qu’architecte ! », ou « Tu feras partie du pôle Architecture ») est difficile. Je me trouve donc aujourd’hui à une croisée des chemins : dès lors comment puis-je continuer à progresser dans différents domaines, en m’épanouissant personnellement et professionnellement ?

PERSPECTIVES

En termes de perspectives pour mes prochaines années, avoir une pratique ouverte de l’architecture à d’autres champs, ce qui me semble naturel et comme en témoigne mon parcours, m’oblige à avoir une réflexion sur le court (dans un an) et le moyen terme (d’ici à 5 ans), mais aussi sur la manière dont je vais réussir à pratiquer comme je l’entends et non comme on me l’impose, même si je peux parfois y trouver mon compte.

S’il y a un an je me voyais encore mal fonder ma propre agence d’architecture, la formation HMONP qui m’a été délivrée ainsi que la réflexion qu’a engendrée ce mémoire, m’ont peu à peu fait changer cette vision. En effet, je considère aujourd’hui comme probable de pratiquer en mon nom propre, et c’est pour cela que je sollicite l’obtention de l’Habilitation avec d’autant plus de volonté.

En effet, le fait de construire me semble être une nécessité pour un architecte, ce qui n’était pas forcément le cas dans mon esprit il y a quelques années. Le fait de m’être confronté à l’impossibilité de construire dans une agence m’a dirigé vers le choix d’une agence qui me le permettait, comme un aboutissement. Cependant, je considère tout de même qu’on ne peut se réaliser en tant qu’architecte seulement en bâtissant, d’où cette démarche.

CONCLUSION

A court terme, il me semble nécessaire et indispensable de poursuivre mon apprentissage sur le champ de la maîtrise d’œuvre. Je suis conscient que cet aspect guidera ma pratique professionnelle tout au long de ma carrière, et il faut donc que je poursuive dans cette voie, notamment en acquérant de l’expérience en suivi de chantier, mais pas seulement.

Il s’agit d’accumuler de l’expérience pour prendre conscience et comprendre les points de blocages, les contraintes, les réglementations etc. qui influent sur la pratique de l’architecture aujourd’hui. Il n’est pas question d’être exhaustif, mais, par exemple, le calcul du coût du projet, la rémunération de l’architecte, les nouvelles réglementations environnementales etc. sont des éléments qui sont fondamentaux pour une pratique « classique », mais aussi pour une pratique ouverte.

Dans ma pratique du projet urbain, il m’est indispensable de prendre en compte ce qu’il va se passer ensuite (les jeux d’acteurs, le coût de construction etc.), de manière assez précise, pour pouvoir faire en sorte que l’architecte ne soit pas “juste” le dernier maillon de la fabrique du territoire, mais bien un rouage essentiel et pris en compte dès le départ. C’est d’autant plus important que l’architecte a de nombreuses responsabilités, aussi bien morales que dans son rôle de bâtisseur.

Sur le mode de pratiquer, je souhaiterais donc continuer à accumuler de l’expérience en architecture et en urbanisme, de manière à toujours plus monter en compétences, et commencer à maîtriser les différentes phases, les différents enjeux de ces échelles, dans le cadre d’une activité salariée et en temps partiel, à priori. En parallèle, j’aimerai utiliser le temps qu’il me reste pour commencer à avoir ma propre pratique, avec des projets de taille et d’enjeu modeste, soit par le biais de concours, soit par des commandes directes. C’est pourquoi j’ai participé cette année à EuroPAN 16. Ce pourrait être une première étape.

Allier ces deux pratiques, salariée, et indépendante, me semble être un bon moyen de continuer à progresser, en prenant de plus en plus de responsabilités. Je suis conscient que cela peut être difficile à mettre en place et surtout à accepter pour une entreprise que d’avoir un employé à

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temps partiel, mais je suis prêt à essayer.

Cette manière un peu scindée de pratiquer me semble aussi une opportunité de pouvoir travailler à la fois sur des projets urbains et des projets architecturaux. Le mémoire a montré qu’il est difficile (pas impossible) pour une agence d’avoir cette pratique élargie de l’architecture, et à fortiori pour un salarié de pouvoir jouer sur les deux tableaux. La structuration en pôles séparés ne permet pas pour quelqu’un qui le souhaiterait, de faire partie de deux pôles à la fois.

Dès lors, avoir un emploi dans une agence pratiquant l’urbanisme et à côté une activité d’architecte (et vice versa), n’entrant pas en concurrence avec la première agence me semble être un bon moyen d’arriver à mes fins à moyen terme. Une fois de plus, l’obtention de l’HMONP me permettrait de me lancer dans ce type d’initiative.

Par ailleurs, j’ai voulu démontré avec ce mémoire un certain engagement envers la profession que je souhaite intégrer, et si la possibilité et l’opportunité apparaissent, je souhaiterai m’investir également dans l’Ordre des Architectes qui me semble être une des clés pour donner une voix plus importante aux architectes. Je souhaite participer aux échanges sur l’avenir de notre profession, dans les années à venir.

Pour terminer, dans la continuité de ce mémoire sur la question d’une pratique plus large, je considère que le fait de ne pas consacrer l’intégralité de mon temps à une seule activité et/ou une seule agence pourra me permettre à plus ou moins long terme de pouvoir diversifier mon activité et me diriger vers d’autres manières de pratiquer l’architecture comme le conseil, via le CAUE par exemple, ou encore le professorat.

Ce mémoire et la formation d’HMONP m’auront donc aussi conforté dans le fait que le statut « d’indépendant » de l’architecte et de sa capacité à toucher à de nombreux domaines me permettront de m’épanouir tout au long de ma carrière, au gré des rencontres et des opportunités.

CONCLUSION

Extraits des planches de rendu de l’équipe Vivifica pour le quartier Saint-Martial à Limoges, dans le cadre de l’EuroPAN 16 - Villes Vivantes, septembre 2021 © A. Soula, A. Drapier, L. Roudeix, A. Teoli

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