Mémoire de Recherche

Alexandre TEOLI

UN COMPROMIS ARCHITECTURAL

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE DEPUIS 1750

Mémoire de Master d’Architecture, réalisé à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon, sous la direction de Benjamin Chavardés. © Benjamin Chavardés & Alexandre Teoli, Lyon, 2015

Alexandre TEOLI

UN COMPROMIS ARCHITECTURAL LA MAISON DE VILLE EN EUROPE DEPUIS 1750 Mémoire de Master d’Architecture sous la direction de Benjamin CHAVARDÉS Année Universitaire 2015 - 2016

Au terme de cette épopée qu’a constitué la réalisation de ce mémoire, je tiens à utiliser ces quelques pages afin de remercier chaque personne qui a été présente pour moi au cours de cette année.

Mes premiers remerciements vont d’abord à toutes les personnes auxquelles j’ai répété inlassablement durant tout ce temps que je n’avais pas le temps de sortir car je devais travailler mon mémoire, sans oublier ma mère qui a eu le courage de relire ce travail.

Je tiens ensuite à remercier les nombreuses personnes qui m’ ont aidé au cours de ma période de mobilité internationale afin de me renseigner sur la traduction du terme qui est le sujet de mon mémoire dans toutes les langues nécessaires. Je remercie en particulier Luca Rosania, linguiste passionné, pour ses traductions du néerlandais vers le français.

Mon intérêt réel pour cette thématique date de plusieurs années, lorsque j’ai visité la maison et l’atelier de Victor Horta à Bruxelles. En plus de tomber amoureux de cette typologie, j’ai été fasciné par la technicité de cette figure de l’architecture Art Nouveau. Fasciné aussi par la morpho-

logie de cette ville, par ses rangées entières de maisons unifamiliales qui côtoient à la fois la rue et un jardin niché en coeur d’îlot. Ce lien indéfectible entre le bruit et le calme, entre l’asphalte et la nature, entre la rue et le jardin, que constitue la maison bruxelloise m’a profondément marqué. Dès lors, je n’ai eu de cesse de scruter les villes que je visitais afin de trouver des formes urbaines similaires.

Alors que je me destinais à une étude de toute autre nature, c’est un cours sur la ville de Bath par Joan Casanelles à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Lyon qui m’a fait basculé officiellement dans l’étude des maisons de ville. Je le remercie donc ici, bien qu’il ne l’ait pas fait exprès.

Je remercie chaleureusement Philippe Dufieux qui m’a permis de me plonger dans une étude poussée de ce sujet lors de mon rapport d’étude de Licence. Grâce à lui, j’ai pu appréhender ce qu’était un travail, certes succinct, de recherche en architecture et j’ai pris plaisr à travailler avec lui.

Enfin et non des moindres, je remercie bien évidemment Benjamin Chavardés qui m’a poussé à l’élaboration d’un travail perfectible mais conséquent par rapport au temps donné. Outre une véritable initiation au travail de recherche et de ses tenants et ses aboutissants, je tiens à le remercier pour m’avoir permis de devenir autonome dans la réalisation d’un tel ouvrage.

J’espère sincérement qu’un jour ce travail servira à faire changer d’avis les nombreuses personnes qui pensent encore qu’une maison mitoyenne n’est pas acceptable pour eux et qu’ils oseront (qui sait?) avoir un mur en commun avec une autre personne.

Alexandre Teoli

INTRODUCTION SITUATION DU LOGEMENT EN FRANCE AUJOURD’HUI Depuis les années 1970, la plus forte croissance démographique est enregistrée dans les zones dites « périurbaines1 ». Selon l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE), les « zones périurbaines sont des lieux dont les habitants, lorsqu’ils travaillent, sont plus de 40% à travailler ailleurs, dans le ou les pôles urbains les plus proches. » Elles constitueraient donc un troisième espace entre ville et campagne.

Ce phénomène, pour beaucoup, est considéré comme un problème. Si l’écrivain Jean Luc Debry, dans son pamphlet Le Cauchemar pavillonnaire2, critique ouvertement la périurbanisation, de nombreux spécialistes dénoncent eux aussi cette situation.

1. BACCAÏNI Brigitte, SÉMÉCURBE François, 2009 2. DEBRY Jean-Luc, 2012 11

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Ainsi, Martin Vanier et Emmanuel Roux, parlent dans une étude3 d’une « tare collective », écrivant que ce phénomène est condamné par la communauté mais produit par l’individu.

Pour Michel Lussault4, géographe, la périurbanisation est à la fois un fléau écologique (dépendance à la voiture), paysager (répétition de modèles de plans de « contremaîtres », sans qualité architecturale), mais aussi social : selon lui, les habitants de ces zones recherchent un isolement et un enracinement, comme en témoigne le goût «presque obsessionnel» pour une maison positionnée en centre de parcelle, et le rejet des maisons mitoyennes, qualifiées «d’ ouvrières».

Le problème social est aussi évoqué par Hervé Le Braset et Emmanuel Todd5 pour qui la crise contemporaine est celle de la vie en communauté. Cette idée est renforcée par l’analyse d’ Eric Charmes6, qui explique que l’absence de services et d’équipements dans les lotissements, comme des bars, des restaurants, des bibliothèques ou des équipements sportifs contraint l’habitant à être très souvent dans sa voiture, ayant ainsi moins de temps pour lire, flâner ou se cultiver… et dialoguer avec ses voisins, eux aussi en voiture.

Selon Jean-Marc Stébé7, les « périurbains » sont conscients de cette pénurie de services proprement urbains et les réclament, tout en voulant rester vivre à la campagne. L’idée est donc la suivante : «les avantages, sans les inconvénients» du milieu urbain.

C’est la même idée que développe Yves Chalas8. Il explique que les périurbains souhaitent un mode de vie mêlant les avantages de la vie en 3. VANIER Martin, ROUX Emmanuel, 2008 4. Cité dans l’article suivant de RÉROLLE Raphaëlle, 2012 : Le Français, cet «Homo periurbanus», Le Monde 5. LE BRASET Hervé, TODD Emmanuel, 2012 6. CHARMES Eric, 2011 7. Dans l’article de FRANCQUEVILLE Laurence, 2010 : Les Français rêvent d’un «écologis», Le Moniteur 8. Cité dans l’article suivant de RÉROLLE Raphaëlle, 2012 : Le Français, cet «Homo periurbanus», in Le Monde 12

INTRODUCTION

ville (commodités, services etc.), tout en étant isolés de leurs congénères : «On est passé à une ville territoire, ce qui signifie que tout le monde se sent en ville partout. Les périurbains ne sont pas moins urbains que les autres, ils le sont autrement».

Selon une étude9, « le Français rêve toujours d’être propriétaire (86%) d’une maison neuve située plutôt dans une petite ville (90%). ». En outre, la dernière enquête de l’INSEE sur le logement, en 2008-2009, montre que 80 % des Français veulent habiter dans un pavillon. Enfin, on notera que sur environ 28 millions de résidences principales, 19 millions sont des maisons individuelles. Une des solutions mise en avant pour freiner l’expansion des zones périurbaines et l’hémorragie des citadins est de densifier les centres-ville, comme le propose par exemple Jacques Lucan avec l’idée de ses « macro-lots 10 » .

Nous sommes donc face à un paradoxe : on voudrait densifier la ville déjà saturée en logements collectifs afin d’y faire vivre des gens rêvant d’une maison individuelle avec un jardinet. En France, la ville semble donc être le synonyme du logement collectif et la campagne de l’individuel.

Or, force est de constater que les exemples de villes comme Londres ou Bruxelles montrent que l’on peut très bien vivre dans un logement individuel dans un environnement urbain relativement dense11. En outre, en pleine concertation sur le Grand Paris, Nicolas Sarkozy, alors Président de la République, déclare : « La densité de logement des maisons de ville est la même que celle des barres.12 » Il est possible de se questionner sur 9. Dans l’article de FRANCQUEVILLE Laurence, 2010 : Les Français rêvent d’un «écologis», Le Moniteur 10. LUCAN Jaques, 2013 11. Selon l’institut de statistique anglais (statistics.gov.uk), Londres a une densité de 5177 h/ km². Selon l’institut national belge des statistiques (ibsa.irisnet.be), la densité de Bruxelles est de 5321h/km². Ces chiffres sont certes loin de villes comme Paris (24448h/km² en 2013 selon l’, mais elle l’est plus que Berlin par exemple (3797h/km², selon l’institut allemand statistik-berlin-brandenburg.de).

12. SARKOZY Nicolas, 2007. Extraits du discours du 26 juin 2007 à l’occasion de l’inauguration du satellite n° 3 Roissy Charles-de-Gaulle. Le Grand Paris : un vrai projet pour un enjeu capital.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

l’exactitude de cette affirmation, mais le fait notable ici est l’évocation de ce sujet par un responsable politique de haut rang. L’ expression « maison de ville » est posée dans ce discours comme potentiel substitut aux grands ensembles.

Il faut essayer de comprendre ce que l’on entend par ces mots.

APPROCHE HISTORIQUE DE LA MAISON DE VILLE Si l’on s’en tient à une définition brute, la maison de ville serait définie par le fait d’être un habitat unifamilial en zone urbaine.

Ce programme existe depuis les premières villes comme Ur, en Mésopotamie (actuelle Irak). À l’époque de l’Antiquité, on note déjà la différence entre l’ insula13, édifice d’habitat collectif et les domus14 qui sont les maisons individuelles urbaines des riches romains, elles mêmes différentes des villas qui sont généralement en dehors de la ville.

Au Moyen-Âge, les villes sont très souvent constituées de bâtiments ayant au rez de chaussée un commerce, et à l’étage l’habitation des commerçants et artisans. Derrière la maison se trouve généralement un jardin, qui permet de nourrir la famille.

Ce genre de logement est la base de notre urbanisme contemporain, avec notamment la création de bastides au Moyen-Âge, particulièrement dans le sud-ouest de la France. Ces villes neuves, réalisées entre le XIIIème et le XIVème siècle, sont des ensembles urbains fermés, dessinés, planifiés, et divisés en parcelles égales, sur lesquelles sont édifiées des maisons mitoyennes, qui leur donnent une densité certaine. Les bastides contiennent en outre tous les lieux nécessaires à la vie urbaine : marché, église, place, etc., comme en témoigne l’exemple de la commune de Monpazier en Dordogne. À la Renaissance, on distingue la maison des villes et la maison des 13. RICH Anthony, 1861, p. 336 14. Idib, p.236 14

INTRODUCTION

champs, réservées toutes deux à des habitants aisés. Si ces deux typologies ont un programme commun et une dénomination proche, elles sont en réalité assez éloignées. La «maison des champs», construite généralement au XVème siècle en France, est une maison de campagne pour les bourgeois citadins mais qui doit en plus générer un revenu par le travail des terres agricoles environnantes. Elle est à l’opposé de la « maison des villes » qui ne peut être rentable que si elle est louée et qui ne possède évidemment pas de terres.

Au début du XVIIème siècle, c’est en France que l’on voit l’émergence des premières planifications « modernes » notamment à Paris avec la Place des Vosges. Cette place, à l’ordonnance parfaite, est le premier témoignage d’un souci d’urbanisme dû à Henri IV et comprend une quarantaine de pavillons, identiques, déployés autour de celui du Roi et de celui de la Reine.

Dès le début de la seconde Révolution Industrielle (dès la seconde moitié du XVIIIème siècle en Angleterre), de nombreux projets sont lancés afin de pouvoir loger les ouvriers près des centres urbains, contenant les usines, et aussi loger avec le confort le plus moderne la classe aisée.

Mais l’exode rural n’est pas la seule explication à ce besoin de logement : les progrès en médecine et la forte natalité entraînent une explosion démographique sans précédent dans toute l’Europe. Ce système de logements mitoyens va se répandre largement tout le long de la phase d’ industrialisation, jusqu’à la première guerre mondiale. Cependant, les « maisons » sont souvent de piètre qualité, auto-construites pour certaines, amassées autour des centres-ville, avec une hygiène déplorable et la présence de nombreuses maladies.15 Dans l’entre-deux Guerres, les enjeux sont différents architecturalement, politiquement et socialement. Architecturalement tout d’abord car l’architecture moderne prend son envol et les plus grands architectes vont chercher à travailler sur les différents types de logements existants et s’attaquer aux défis qui leur sont contemporains.

15. BENEVOLO Leonardo, 1975 15

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Politiquement ensuite, car la masse des ouvriers va porter au pouvoir dans plusieurs pays européens des dirigeants qui leur sont favorables (comme en Allemagne ou à Vienne avec les sociaux-démocrates, ou en France avec le Front Populaire).

Socialement enfin, car la première guerre mondiale a laissé l’Europe dévastée et il est urgent de reloger des millions de personnes. S’ensuit donc une intense période d’expérimentation sur tous les programmes de logements et par conséquent des maisons de ville.

Après la seconde guerre mondiale, la période dite de la «reconstruction», est propice elle aussi aux expérimentations afin de reloger les personnes sans domicile.

Depuis les années 1980, le New Urbanism16, implanté aux États-Unis principalement, cherche à faire accepter l’idée d’habiter dans un environnement composé d’habitat individuel dense, grâce à une esthétique néo-traditionnelle.

Les grands principes sont l’utilisation de maisons mitoyennes, tout en donnant un cadre de vie urbain aux habitants, avec tous les services et équipements nécessaires. Il s’agit pour ses théoriciens, comme Léon Krier ou le couple Duany et Plater-Zyberk qui réalise le quartier de Seaside en Floride, de tenter de faire une médiation entre les centres urbains et les zones rurales.

En 1996, le New Urbanism se constitue une Charte, explicitant ses principes. Si à première vue cette solution semble adaptée au problème entre recherche de densité et habitat individuel, le New Urbanism est vertement critiqué architecturalement, pour l’utilisation de pastiches de styles traditionnels, et socialement car il favoriserait l’achat de ses maisons par de de riches propriétaires17.

16. Voir le site officiel www.newurbanism.org 17. GHORRA-GOBIN Cynthia, 2006 16

INTRODUCTION

Enfin, on peut citer François Ascher, urbaniste et sociologue français, qui, à la fin du XXème siècle a cherché à résoudre les différents paradoxes entre la ville centre et sa périphérie, et l’ensemble urbain et l’environnement rural. Il invente ainsi les concepts de « métapole », l’idée que la ville, les villages, les banlieues etc. ne font partie que d’un seul ensemble à l’aspect distendu, et d’ hypermodernité, avec l’idée de donner des centralités aussi à la périphérie des centres-villes. « Ce décentrement à la périphérie lui semblait d’autant plus utile que le clivage entre la villecentre et la ville suburbaine lui paraissait être le produit d’une certaine pensée élitiste. »18 Il souhaitait aussi créer une nouvelle urbanité dans les zones périurbaines. Bien qu’éloigné du New Urbanism, on voit bien qu’ Ascher avait tout de même pour objectif de réaliser un « compromis urbain »19 car il acceptait une ville distendue « puisqu’une majorité des Français souhaite une maison et un jardin ». De là, on peut comprendre que la maison de ville pouvait être une des solutions à ce compromis urbain. Les maisons de ville touchent donc à toutes nos problématiques contemporaines sur le logement : densité, foncier (parcellaire et prix), planification urbaine, organisation interne d’un logement, mais aussi comment vivre en ville.

LE CHOIX DE LA MAISON DE VILLE Malgré sa présence constante dans l’histoire de notre urbanisme, comme nous l’avons vu précédemment, en tant que programme de logement de base depuis la création des premières villes, les livres d’histoire de l’architecture en parlent peu, voire pas du tout.

Pourtant, ce genre de logement, aux contraintes très fortes (le parcellaire très exigu notamment), permet aux architectes de libérer au maximum leur créativité, d’essayer toutes sortes de solutions afin de répondre aux besoins primaires des habitants. De plus, la maison de ville peut poser la question de l’idéal, du compromis entre la vie rurale et la vie urbaine.

18. ROSEAU Nathalie, 2011 19. ASCHER François, 1970 17

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Au delà de ces questions, il reste un point important, celui de la dénomination et de la définition de la maison de ville. Au regard de la littérature architecturale, dans différentes langues, il faut noter que cette notion est proprement française. Dans les autres langues, c’est plutôt le terme de maison en bande ou en rangée qui est utilisé, comme par exemple en anglais avec le terme de rowhouses ou en italien avec casa a schiera20.

Ces dénominations n’indiquent rien sur la position géographique de la maison, sa présence ou non en milieu urbain, à la différence du terme français. En outre, au regard de certains exemples, il faut noter que l’idée de « ville » n’est pas prépondérante.

Ainsi, dans la série de maisons Pietarsaari de 1956, en Finlande, Alvar Aalto édifie des maisons mitoyennes situées dans un environnement rural. Pour ses pavillons à Berlin dans le célèbre Hufeisensiedlung (la cité du fer à cheval, 1925-1927), Bruno Taut, se place lui aussi en dehors du centre urbain, dans la tradition des siedlung, très répandus à l’époque.

Afin de mieux définir ce qu’est une maison de ville, il faudrait considérer sa confrontation avec d’autres programmes de logement comme intéressante de manière à pouvoir mieux appréhender ses tenants et ses aboutissants. Tout cela sans oublier de comparer ses divers aspects dans les pays européens aux contextes géographiques et culturels différents qui ont contribué à l’essor de ce programme.

Cette idée de confrontation va de paire avec la notion de type qui semble être essentielle. Il s’agit de savoir si ce programme, et les différentes formes qu’il a prises au cours des siècles peut être considéré comme un type ou pas. Auquel cas sa définition semblerait être déjà plus aisée à aborder, en comparaison avec les autres types de logements qui existent.

Aujourd’hui, aucun livre sur l’architecture ne semble traiter particulièrement du programme de la maison de ville, au sens de son histoire et des croisements qui pourraient être établis entre toutes ses formes dans les différents pays qui y ont eu recours. De nombreux livres sont écrits 20. VENTURI Marco, 1990 18

INTRODUCTION

sur des oeuvres particulières, ou alors il peut être trouvé des exemples de maisons de ville dans les monographies d’architectes, mais le manque d’ouvrage de synthèse est évident.

PROBLÉMATIQUE & OBJECTIFS Pourtant, il semble légitime de se demander en quoi les maisons de ville, dans leur pluralité morphologique, spatiale, et parcellaire ; dans des contextes historiques, géographiques et sociaux différents, ont constitué et pourraient éventuellement constituer un compromis entre une recherche de densité, de logement de masse, de qualité de vie, et d’économie d’espace et ainsi potentiellement répondre à des problématiques actuelles ; cela au moyen d’une étude contemporaine croisée.

Il s’agit donc tout d’abord d’arriver à élaborer une définition européenne de la maison de ville du point de vue lexical, tout en définissant un type et voir si la maison de ville en est un.

Le second objectif est de comprendre comment s’opère et pourquoi on voit l’émergence, ou la prépondérance de ce programme d’habitat à tel moment et à tel endroit et de montrer les liens (et différences) entre toutes ces maisons, de manière à présenter ce type comme un programme aux multiples visages, qui pourrait expliquer cette absence d’ouvrage de synthèse sur ce thème.

Enfin et surtout, il s’agit de montrer quels peuvent être les liens entre la situation actuelle et celles qui ont vu la construction de nombreuses maisons de ville, de manière à montrer qu’une étude typo-morphologique de 1750 à nos jours en Europe, peut aujourd’hui avoir tout son sens afin de répondre à nos problématiques actuelles, en considérant éventuellement la maison de ville en tant que compromis entre la vie urbaine et rurale. Il faut donc faire appel à l’histoire pour répondre à nos préoccupations contemporaines.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

DÉVELOPPEMENT & MÉTHODOLOGIE À partir du questionnement et des objectifs donnés précédemment, la réflexion sera organisée en trois parties.

La première partie traitera de la définition d’un type architectural et du programme de la maison de ville. Afin d’y répondre, il sera nécessaire de faire ressortir les éléments significatifs du programme. Pour ce faire il faudra comparer les différentes manières de qualifier la maison de ville selon les pays européens et la confronter avec d’autres programmes de logements existants. Dans ce but, il sera nécessaire de se pencher sur l’idée d’une « généalogie » des types de logements afin de trouver la place du programme étudié. Enfin il s’agira d’amorcer la mise en place d’une grille d’analyse utilisée dans une « fiche typo-morphologique », qui servira de modèle aux études de cas.

La seconde partie sera consacrée aux études de cas de plusieurs maisons de ville. Le corpus a été élaboré selon plusieurs critères qui permettent d’avoir un panel diversifié et donc un spectre d’étude le plus large possible. Le critère chronologique est primordial, il s’agit de pouvoir étudier des maisons d’époques différentes, entre 1750 et la période contemporaine, de manière à pouvoir comparer ensuite les différents contextes qui ont abouti à l’édification de logements similaires. Le second critère est la géographie : l’Europe a été choisie comme lieu d’étude afin de pouvoir confronter plus logiquement les exemples.

Cependant, pour représenter la diversité des cultures européennes, les maisons étudiées viendront aussi bien de pays du nord, que du sud de l’Europe. Enfin, le critère social a constitué le dernier filtre de la création du corpus dans l’objectif de montrer une certaine universalité dans les destinataires de ces édifices.

Au regard de ces trois critères, le corpus établi, dans l’ordre chronologique est le suivant : House in Alfred Street, 1770-1775, Projet de John Wood fils, W. Ison, 20

INTRODUCTION

Bath, Angleterre En tant qu’architecture des prémices de la Révolution Industrielle elle est une représentante de l’ urbanisme Anglais, et symbole de l’architecture Géorgienne.

Maison du Troisième Type, seconde moitié du XIXème siècle, Paul Fouquiau, Paris XIX, France Sa construction s’effectue en parallèle du Paris Haussmannien, et est un des rares exemples de maisons ouvrières encore debout à Paris. Échoppe, Seconde moitié du XIXème siècle, 1930, Bordeaux,France En tant que représentante d’une région, voire de quelques villes uniquement, cet habitat, en rez-de-chaussée seulement, est intéressant au regard de la ville dense d’aujourd’hui.

Maison de Courée, La Cité Pottier, Lille, 1882, France La courée est une forme urbaine typique de l’Europe minière industrialisée de la fin du XIXème siècle en Angleterre, en France, et en Belgique.

Les conditions de vie et la superficie étaient extrêmement rudimentaires.

Split-Level Solution ou First Class House of The Artizan’s, Labourer’s General Dwellings Estate, 1883, Rowland Plumbe, Londres, Angleterre Elle est un exemple typique parmi les maisons ouvrières londoniennes de la seconde moitié du XIXème siècle.

La Maison & l’Atelier Horta, 1898-1900, Victor Horta,Bruxelles, Belgique Cette maison est un exemple à la fois classique de Bruxelles et en même temps unique par son architecture, son mobilier et son raffinement, en tant que manifeste d’un art total.

Pavillons, Hufeisensiedlung (« la cité du fer à cheval »), 1925-1927, Bruno Taut, Berlin, Allemagne Cet ensemble est un symbole du contexte allemand de la république de Weimar (contexte des sociétés de construction, financement par coopératives, besoin de logement), et de l’expressionnisme allemand.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Quartier Kiefhoek, 1925-1930, J.J.P. Oud, Rotterdam, Pays-Bas En tant que manifeste de Oud, architecte engagé pour la cause ouvrière et l’amélioration des conditions de vie dans le contexte hollandais (De Stijl notamment).

Rowhouses, Alvar Aalto, 1956, Alvar Aalto, Pietarsaari, Finlande, Peut-être considéré comme un exemple d’architecture Nord-Européenne. De plus, Aalto est un des architectes qui s’est le plus intéressé aux maisons de ville et celles-ci peuvent être sujettes à discussion dans la définition de la maison de ville (au niveau de l’implantation notamment.

Case a Schiera, 1950-1954, M. Ridolfi, INA Casa, Quartiere Tiburtino, Roma, Italia Édifiées à l’ époque de la Reconstruction, qui fut propice à de nouvelles expérimentations pour reloger de nombreux italiens.

Galgebakken, 1971-1974, Storgaard, J. P. , J. Ørum-Nielsen, Hanne Markussen, Hanne Ørun-Nielsen, Copenhague, Danemark Pour l’idée de communauté, de refus de la densification verticale de la ville, elle est aussi un exemple de l’architecture scandinave.

Sào Vitor, 1974-1978, Alvaro Siza, Porto, Portugal Ce projet est réalisé en tant que cause humanitaire pour loger des personnes sans logement décent après la dictature de Salazar. De plus, c’est un exemple sud européen.

Grand Union Canal, 1988, Grimshaw, Nicholas & Partners, Londres, Angleterre Sa morphologie particulière est assez éloignée de l’image classique que l’on a de la maison de ville. De plus sa situation géographique centrale alors que la construction est des années 1980 semblerait montrer la possibilité de construire encore des maisons de ville en centre urbain.

Borneo 12, 1999, MVRDV, Amsterdam, Pays-Bas Cette maison est située dans un ancien quartier portuaire de la ville.

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INTRODUCTION

MVRDV est un des symboles de l’architecture néerlandaise contemporaine.

L’analyse de ces exemples sera réalisée avec une grille d’analyse commune contenue dans une « fiche typo-morphologique » qui permettra d’organiser et de classifier les résultats pour amorcer la dernière partie.

La troisième partie de ce travail sera consacrée aux enseignements et à la synthèse des études de cas. Il s’agira de croiser les résultats des analyses et de comprendre les liens et les différences qui existent entre celles-ci.

Cela permettra d’abord d’établir une définition définitive de la maison de ville (héritée des deux premières parties) et de voir en quoi ce programme de logement pourrait éventuellement répondre à nos problématiques contemporaines sur la ville et le logement et être effectivement un compromis entre la vie à la campagne et celle en ville.

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1. UN TYPE ARCHITECTURAL

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1.1. LA TYPOLOGIE EN ARCHITECTURE 1.1.1. SELON ANTOINE CHRYSOSTOME QUATREMÈRE DE QUINCY (17551849) C’est ce théoricien de la seconde moitié du XVIIIème siècle et de la première moitié du XIXème siècle qui donne la première définition du type en architecture en français. En outre, la définition de Quatremère de Quincy1 est encore aujourd’hui la base de toute discussion sur le type en architecture.

Ce terme viendrait du mot grec typos qui exprime en terme générique les idées de modèle, matrice, forme ou encore figure. Il serait donc lié aux domaines de la sculpture, du travail en creux (gravure), des figures et des œuvres coulées en métaux. Par ce biais, l’idée de moule est elle aussi sous-jacente. En Français, le terme de type est beaucoup moins technique, et touche plus aux domaines de l’idée et du métaphorique.

LA DICHOTOMIE ENTRE TYPE ET MODÈLE Selon Quatremère de Quincy, le mot type est utilisé comme synonyme de modèle, bien qu‘il existe une différence notable : « Le mot type ne représente pas tant l’image d’ une chose à copier ou imiter parfaitement,[comme le modèle] que l’idée d’un élément qui doit lui même servir de règle au modèle2. ».

Un type doit donc être copié, pas imité, à la différence d’un modèle. C’est un « élément » qui doit servir de règle au modèle. Le modèle est donc dépendant du type, il en découlerait, selon cette théorie. Contrairement au modèle, qui est une image, au sens propre, de ce à quoi on doit se référer, le type est un concept qui ne peut se représenter formellement.

Il est un élément théorique, un « objet référent » à partir duquel chacun peut concevoir des œuvres différentes.

1. QUATREMERE DE QUINCY Antoine Chrysostome, FARINATI Valeria, TEYSSOT Georges, 1992, p.186 2. Idib 26

UN TYPE ARCHITECTURAL

De plus, cet élément induit, en tant que règle, des points communs fondamentaux entre œuvres, leur « essence », qui seraient le type. Si ces œuvres sont différentes, elles ont donc des points divergents, qui ne sont par conséquent pas parties du type.

Ces points communs, cette essence, sont ce qui fait type. Par conséquent c’est aussi ce qui le diffère des autres et il convient de la définir pour chacun des types existants de manière à avoir les types les plus clairs possibles. « Le type est un objet selon lequel chacun peut concevoir des œuvres qui ne se ressembleront pas point par point. Tout est précis et posé dans le modèle, tout est plus ou moins vague dans le type »3 comme l’explique le théoricien.

Le type n’est donc pas « précis » car n’étant pas un objet fini, il ne peut être représenté et sert de règle théorique et conceptuelle. Avec cette réflexion, il est possible de déduire que l’esthétique, la forme, ne feraient donc pas partie de l’essence du type, à la différence du modèle. Ce dernier, quant à lui, est comme un moule, une image à reproduire.

L’ESSENCE D’UN TYPE ET L’IDÉE DE VARIATION Pour Quatremère de Quincy, l’essence d’un type est « comme une espèce de noyau autour duquel se sont agglomérés et coordonnés par la suite les développements et les variations de formes dont l’objet était susceptible.»4 Schématiquement, l’essence, ce qui fait type, est comme un noyau autour duquel ses « variations » viennent se coller, entourées elles mêmes de variations etc. jusqu’au projet architectural, qui est donc une typologie soumise à de multiples variations. À partir de cette idée, il est possible de considérer que, hors du noyau (objectif car essence du type), c’est la subjectivité de l’architecte, sa pensée, qui vient compléter le « flou » du type avec les choix de ses variations. Un projet se décomposerait donc de la manière suivante : Tout d’abord une essence, soit les caractéristiques de base, qu’on ne peut 3. QUATREMERE DE QUINCY Antoine Chrysostome, FARINATI Valeria, TEYSSOT Georges, 1992, p. 187, 4. Idib, 27

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

pas changer (comme le programme?) et qui feraient la différence avec les autres types.

Puis des variations qui seraient les différentes possibilités existantes de conception architecturale, ajustables , caractéristiques laissées au choix de l’architecte.

Enfin des variations « secondaires », comme des options, dépendant de facteurs non communs à tous les projets se référant au type (comme les caractéristiques géographiques par exemple).

Il est évident que les variations peuvent parfois s’associer et donc obtenir des combinaisons quasi infinies d’exemples résultant d’un même type.

Alors, comment définir un type ? Il existe deux manières selon Quatremère de Quincy. Tout d’abord par des exemples existants, de manière empirique, dans les contextes et les principes spatiaux. Ou bien par son essence comme expliqué précédemment et ses variantes, de manière plus théorique.

1.1.2. SELON FRANCESCO MILIZIA (1725-1798) Ce théoricien de l’architecture du XVIII ème siècle traite lui aussi de la typologie, sans la nommer directement, dans son livre « Principes de l’ architecture civile 5». Selon lui, il est possible d’analyser un édifice à partir de trois critères principaux : la forme, la distribution, et la « situation » du bâtiment (de laquelle découle son usage).

En ce qui concerne la forme, ce théoricien du néo-classicisme s’en tient à parler des ordres, de la décoration, et des différents choix que peut opérer un architecte entre courbes et droites.

Selon Milizia, la distribution est l’« action de diviser une chose en plusieurs parties afin de placer chacune d’elles à l’endroit qui lui convient le

5. MILIZIA Francesco, 1781 (1972) 28

UN TYPE ARCHITECTURAL

V.

V.

ESSENCE

V.

V.

Fig. 1 : Interprétation schématique d’un type selon De Quincy

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

plus 6». Elle est donc égale à l’organisation spatiale et la position du bâtiment sur la parcelle, sans oublier la composition de façade. La distribution concerne la forme, l’ordre et l’usage de chacune des « parties » ainsi que la nécessité de commodité, convenance, et beauté. Au travers de ces critères, il semble clair que la forme est, à la différence de la théorie plus tardive de Quatremère de Quincy, partie du type.

Pour Milizia, les trois « nécessités » sont variables (il est à noter la similitude avec les « variations » de Quatremère de Quincy). La beauté varierait selon la richesse ; la convenance et la commodité sont relatives car elles portent sur les habitudes du maître d’ouvrage. En ajoutant « la diversité des climats, de l’époque, des coutumes, des pays, des lieux, des sites, des usages, des fantaisies, des intérêts et des goûts du maître d’ouvrage »7, il est possible de comprendre comment la distribution peut varier pour chacun des bâtiments et ainsi obtenir des édifices totalement différents pour un même programme.

Dans cette explication, la même idée que Quatremère de Quincy est retrouvée avec son noyau et ses variations possibles, en fonction des contraintes géographiques, historiques, techniques et sociales.

La « situation » du bâtiment, quant à elle, se divise en deux « espèces 8» selon Milizia, public ou privé. À partir de cela, c’est son usage et sa distribution qui va faire les « sous-espèces ».

1.1.3 SELON GIULIO CARLO ARGAN (1909-1992) Plus récemment, la notion de type dans les théories architecturales est réapparue au cours des années 1960-1970. En 1962, Giulio Carlo Argan, dans son article On the Typology of Architecture9, reprenant la définition de Quatremère Quincy, met l’accent sur le fait qu’un type n’est défini qu’a posteriori de l’édification de divers édifices similaires sur des « ressemblances formelles et fonctionnelles évidentes ».

6. MILIZIA Francesco p. 152 7. Idib p. 160 7. Idib p. 161 9. CARLO ARGAN Giulio, 1963 30

UN TYPE ARCHITECTURAL

Un type est donc à définir a posteriori, il n’existe pas avant la réalisation d’exemples architecturaux, il est le résultat d’une étude, d’ une analyse, et n’a pas de sens sans exemples. Ces exemples ont en outre des caractéristiques communes et des différences, comme l’explique Quatremère de Quincy. Mais la création d’un type n’est pas une « intention » de départ, c’est le travail de pensée architecturale qui va le créer de toute pièce, en fonction des besoins du programme par exemple.

Il y a en revanche un risque de subjectivité dans le choix des caractéristiques qui font type puisque « créé » a posteriori. L’idée d’un type purement théorique développée par Quatremère est objective mais il semble bien évidemment plus difficile à mettre en œuvre de par sa non-représentation.

Pour Argan, le type peut être défini par des caractéristiques fonctionnelles, donc par le programme du projet architectural et par certaines caractéristiques formelles. À la différence de Quatremère, il inclut donc l’esthétique dans le type.

Pour les différentes variations, Argan utilise la notion de classes et de sous classes, qui semble plus strict schématiquement qu’un noyau autour duquel viennent s’agréger des variations.

1.1.4. SELON ALDO ROSSI (1931-1997) Aldo Rossi, dans le sillage d’ Argan et de Quatremère de Quincy, écrit sa définition du type architectural dans son ouvrage L’architecture de la ville10 en 1966.

QUESTIONS TYPOLOGIQUES Avec les premières architectures (premières habitations, temples etc.) le type se constitue selon la nécessité (le programme donc) et selon l’aspiration à la beauté (la forme). Le programme, semble donc être le point névralgique du type. Un type architectural a un programme défini qui 10. ROSSI Aldo, 1966 (1999) 31

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

n’entre pas en contradiction avec l’idée de Quatremère de ne pas représenter le type. Cependant l’idée de la beauté renvoie à l’esthétique et entre donc cette fois ci en contradiction avec la représentation.

Si pour les premières architectures cela est possible de définir un type par sa forme, pour l’architecture contemporaine cela semble plus complexe étant données les multitudes de réponses formelles qu’il existe pour un seul programme architectural. C’est ce qu’il souligne en précisant que le type est unique et dans le même temps très varié (dans la forme), suivant les sociétés existantes et leur mode de vie.

Les questions sociologiques et les modes de vie feraient donc parties des facteurs que Quatremère définissait comme étant extérieurs au type mais influençant les variations qu’il peut subir, au même titre que la géographie. Grâce à cela, on peut comprendre pourquoi la question de l’esthétique, de la forme est problématique dans la définition d’un type car elle découle pour l’essentiel de facteurs historiques, sociaux ou géographiques.

Or, si Argan et Rossi s’accordent sur le fait qu’elle ait une importance, il conviendra de savoir quelles caractéristiques formelles peuvent être « objectives » et ainsi faire partie du type, sans pour autant lui donner une représentation qui ferait de lui un modèle et lesquelles sont purement liées à des facteurs extérieurs.

Pour Rossi, la typologie est fondamentale en architecture, et il se réfère au théoricien néo-classique Francesco Milizia pour qui le type comprend trois notions : la situation du bâtiment, sa forme et sa distribution. Le type est ainsi une constante, un élément culturel et finalement le meilleur moyen d’analyser l’architecture, particulièrement au niveau urbain.

Selon Aldo Rossi toutes les architectures peuvent être ramenées à un type. Le type est pour lui l’idée même de l’architecture, ce qui est le plus près de son « essence ». Malgré tous les changements, le type s’est toujours imposé comme le principe de l’architecture et de la ville.

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UN TYPE ARCHITECTURAL

La dimension urbaine fait ici son entrée dans la définition d’un type.

La ville, selon Rossi, est composée d’éléments se référant tous à un type et permettent donc de la lire et la comprendre plus facilement. Cette « classification » des types fait écho à l’idée de classes et sous-classes utilisée par Argan. De plus il utilise lui aussi l’idée d’essence, comme le noyau de Quatremère, mais pour l’architecture. Trouver l’essence de l’architecture est trouver les types qui la composent.

La typologie jouerait un rôle particulier dans la constitution de la forme architecturale, un rôle constamment présent. Cependant, Aldo Rossi, aux prises avec les théoriciens de son époque, et en opposition avec les théories modernes, n’oublie pas de souligner deux problèmes en rapport direct avec la typologie : la fonction et la classification.

LE TYPE ET LA « CRITIQUE DU FONCTIONNALISME NAÏF » Virulent à l’égard de l’architecture moderne, Rossi déclare que l’idée de fonction a muté dans le temps et qu’ainsi une fonction spécifique n’existe pas. Selon lui, la fonction n’est pas, comme tendent à le dire les modernes, le point le plus important de l’architecture. Il réfute l’idée d’une forme au service de la fonction, comme l’avait édicté Louis Sullivan presque un siècle auparavant.

Cependant, il ne dit pas que la fonction n’a pas d’importance : pour lui, elle a son rôle à jouer, mais au même titre que d’autres caractéristiques architecturales. Il est donc du même avis qu’Argan, qui parle plutôt de caractéristiques fonctionnelles pour définir un type et non pas d’une fonction seule puisqu’elle même peut être sujette à débat.

Pour Aldo Rossi, le fonctionnalisme et l’organicisme, les deux courants principaux de l’architecture moderne, montrent leur faiblesse car ils considèrent la forme comme tributaire de la fonction. Elle vient ainsi « destituée » de ses motivations premières. Ainsi, le type se réduit à un schéma purement distributif, et à un diagramme des parcours. L’étude morphologique se transforme par conséquent dans la plupart du temps selon lui en une analyse fonctionnelle.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Si on basait l’architecture sur sa fonction, alors la permanence des bâtiments et des formes n’aurait plus de signification une fois la mutation de leur fonction effectuée. Ainsi, la transmission de la culture par ces édifices et par la ville serait mise à mal.

Si l’on prend la fonction comme élément primordial de l’architecture, alors le type change totalement de sens, il devient le modèle d’organisation de la fonction. Ainsi les éléments autres que la fonction qui peuvent faire type, comme les éléments formels, sont éludés et le type perd sa définition générale. Rossi considère donc que la classification des édifices par leur fonction peut être acceptable, à condition que d’autres critères, comme celui constructif, ou encore de l’occupation au sol y soient associés.

Il est donc clair selon lui, que les caractéristiques formelles entrent en compte dans la définition d’un type. Mais une fois de plus, il convient de souligner que l’on a besoin, en fonction de chaque type, de savoir quelles caractéristiques formelles sont essentielles (faisant partie de l’essence) et lesquelles n’en font pas partie. Les caractéristiques formelles, selon leur importance dans le type, auront une prédominance ou non dans sa définition.

LES PROBLÈMES DE LA CLASSIFICATION S’appuyant sur trois théoriciens de la classification architecturale (Tricart, Poète et Milizia), Rossi nous montre l’étendue des possibilités existantes. Par exemple, sur la base de la lecture de la ville orientée sur le contenu social de Tricart, Aldo Rossi détermine une classification de « l’immobilier d’habitation ».

Il utilise ce terme afin de ne pas utiliser celui de « maison » qui pour lui est trop différente selon les langues11. Ainsi, il différencie ces édifices par 11. En italien, on pourrait considérer « maison » comme synonyme « d’immobilier d’habitation », mais pas en français ou en anglais par exemple, où la définition est beaucoup plus précise.

Pour cela, voir la partie consacrée de ce mémoire.

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UN TYPE ARCHITECTURAL

des « considérations planimétriques 12 »:

«- a) Maison monobloc entourée d’espace libre

- b) Maison monobloc unies les unes aux autres faisant une façade sur la rue et constituant une cour à l’arrière

- c) Maison monobloc en « profondeur » occupant presque toute la surface de la parcelle

- d) Maison avec cour fermée et jardin et petites constructions internes13.»

Au vu de ces différentes classifications possibles, il conviendra de voir pour la maison de ville, laquelle est la plus intéressante, en créant une grille d’analyse qui fera ressortir son essence.

1.1.5. DÉFINITION D’UN TYPE PAR LES CARACTÉRISTIQUES QUI PEUVENT « FAIRE ESSENCE » Voici ce qui est obtenu selon les différentes définitions et nuances apportées par les auteurs ci-dessus.

LE PROGRAMME Essentiel pour chaque architecture, il semble être en mesure de faire le consensus entre les quatre auteurs. Cependant il convient de savoir quels éléments d’un programme, donné par un maître d’ouvrage aux attentes particulières, sont en capacité à terme de faire type.

On pourrait donc être tentés de parler de la fonction, mais il est évident qu’à la lumière de l’architecture post-moderne défendue par Rossi et de l’architecture contemporaine, on parlera plutôt de « caractéristiques fonctionnelles », de programme, plus proche de l’usage que l’on peut avoir d’un espace.

LA FORME Une fois de plus, on ne peut parler de la forme au sens général car, comme expliqué précédemment, selon son importance, un élément formel peut faire partie du type. Sera éliminée aussi l’idée d’ordre et de décoration défendue par Milizia qui correspond à une époque classique 12. L’architettura della Città, p.82 13. Idib, p. 85 35

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

révolue.

Finalement l’idée de caractéristiques formelles définie par Argan semble plus en adéquation avec l’idée de type car elle ne comprend pas la forme dans son ensemble mais seulement quelques éléments.

De plus, cela fait consensus avec Quatremère de Quincy qui considère que la forme découlant de facteurs extérieurs, elle ne peut être comprise dans l’essence typologique. Enfin, si seulement quelques éléments formels sont pris en compte, cela ne permet pas de pouvoir représenter le type comme un modèle, avec une image.

LA SITUATION DU BÂTIMENT Pour cela, il y a besoin de prendre en compte les différentes échelles géographiques : celle de la ville, du quartier ou de l’îlot. Pour Rossi, la situation dans l’îlot est essentielle et lui permet de commencer sa classification. La situation par rapport à la ville semble aussi être intéressante dans l’idée qu’en fonction de la présence de l’édifice (ou plutôt des édifices faisant partie du type) en son sein ou non sera déterminante dans une analyse typologique et a bien sûr une influence sur le programme.

En revanche, l’échelle du territoire où est inscrit le bâtiment, c’est à dire par exemple en montagne, dans un désert etc. semble plutôt relever, comme soulevé par Quatremère de Quincy, de facteurs influençant l’esthétique et les choix formels de l’architecte plutôt que l’idée du type.

LA DISTRIBUTION Dépendant de la situation du bâtiment, de son implantation au sol, la distribution est fondamentale dans un édifice architectural. L’organisation spatiale découle de cette dernière, le dessin du plan notamment, avec les questions de fonctions et usages différenciés selon les étages par exemple, comme expliqué par Milizia par exemple.

1.1.6. DÉFINITIONS DE TERMES ANNEXES Bien qu’évoqués au cours de ce travail, ces termes nécessitent une clarification de leur définition par rapport à ce qui a été dit précedemment.

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UN TYPE ARCHITECTURAL

MODÈLE La définition du modèle, par opposition au type défendue par Quatremère semble encore d’actualité. Le modèle est une image à reproduire.

L’objectif est d’avoir une reproduction du modèle conforme en tous points à celui-ci. Le modèle architectural peut être rapproché de l’idée de moule dans la sculpture par exemple.

COPIE La copie est le résultat d’une opération visant la reproduction du modèle. Elle est contrainte à la ressemblance formelle qu’impose un modèle. Il est impossible de parler de copie pour un édifice se réclamant d’un type puisque la forme n’ entre pas en compte totalement, le type étant un concept.

VARIATION A la différence d’une copie, une variation est une opération découlant d’un type mais ne cherchant pas à la représenter. Elle répond aux attentes initiales d’un projet (faisant partie d’un type), mais prenant une forme qui lui est propre, unique, puisque répondant à des contraintes diverses (géographiques, sociales, historiques etc.) qui sont les facteurs des nombreuses variations d’un même type.

CARACTERISTIQUE Une caractéristique est un élément qui va venir donner une partie de l’identification d’un type (un de ses caractères). Ce n’est donc pas une variation mais plutôt un élément qui définit le type. L’ensemble des caractéristiques d’un type a été nommé essence en tant que fondement de ce dernier.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

1.2. LA MAISON DE VILLE DANS DIFFERENTES LANGUES Comme le souligne Aldo Rossi, la définition du terme maison (et par conséquent de celui de maison de ville) diffère selon les langues et les pays. Il convient donc de savoir pour quelques langues ce que sous-entendent ces termes. Pour cette étude, les langues suivantes ont été retenues : Tout d’abord le français, comme étant la langue originale du mémoire et origine du terme de « maison de ville » étudié.

Ensuite l’italien, comme étant la langue de penseurs et théoriciens déjà cités auparavant qui ont travaillé sur l’idée de la typologie et qui lui ont donné une prédominance dans l’architecture entre les années 1960 et 1990.

Puis l’anglais, comme étant la langue internationale de référence. D’où son importance en terme de terminologie. De plus, il y a un intérêt de la culture anglo-saxonne pour les maisons de ville depuis 1750 notamment.

Enfin, les langues des pays dans lesquels les maisons de ville du corpus ont été construites (allemand, néerlandais, finlandais, danois, portugais).

1.2.1. LE TERME DE «MAISON» EN FRANÇAIS Du latin manere14, signifiant «rester», la maison est le lieu où l’Homme se sédentarise et vit au cours de sa vie. La maison est un logement, c’est à dire un endroit où l’on vit, mais plus précisément, un bâtiment prévu pour une famille seulement dans la quasi-totalité du temps. Ce programme individualise donc une cellule familiale par rapport aux autres par sa présence dans un logement lui étant entièrement destiné, avec sa 14. Selon le Centre Nationale de Ressources Textuelles et Lexicales (http://www.cnrtl.fr/etymologie/) 38

UN TYPE ARCHITECTURAL

propre entrée sur la rue.

EN ITALIEN Le terme casa vient du grec kasa15 parole signifiant la couverture, ou le fait de couvrir, et du latin casa signifiant «cabane», soit un lieu de vie rudimentaire servant à protéger l’Homme de l’extérieur. En italien, le mot casa, soit «maison» en français est utilisé comme terme généraliste afin de définir ce qu’en français nous appelons un logement.

C’est donc le terme générique italien pour nommer tout immobilier, y compris un appartement. Casa vient être nuancé par une juxtaposition de qualificatifs en fonction de la présence d’une ou plusieurs familles vivant en son sein, de sa forme globale, ou de son organisation spatiale.

Par exemple, en français, une «barre d’immeuble» est traduite en italien par casa in linea, littéralement «maison en ligne». De la même manière, «une tour de logements» est traduite casa torre, littéralement «maison-tour». Enfin, si en français les termes de «pavillon», «maison», ou encore «maison individuelle» sont utilisés, en italien c’est le terme casa unifamiliare, littéralement «maison unifamiliale» qui l’est. C’est certes un terme utilisé en français, mais moins courant que ceux précédemment cités.

Selon l’ouvrage Tipologie Primitive de G. Cataldi16, une civilisation a besoin, pour développer des villes, d’un « concept élémentaire […], d’une habitation minimale unifamiliale […] qui peut être agrégée 17.» Cette « cellule » élémentaire, est construite en matériau pérenne comme la pierre ou la brique, à la différence des cabanes ou des tentes primitives.

Cet élément fondateur des villes est donc la « maison originelle 18» pour les italiens (à la différence de la maison dans son acceptation de nos jours).

15. Selon le dictionnaire étymologique italien ETIMO http://www.etimo.it/ 16. CATALDI Giorgio (dir.), 1982 17. Idib. pp. 30-31 18. CATALDI Giorgio (dir.), 1982, p. 31 39

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

EN ANGLAIS Le terme house vient de l’anglais ancien hus19 signifie «habitation», «abri», «maison». Cela rejoint l’idée française de la sédentarisation (maison) et celle italienne de protection (abri). De la même manière qu’en français, le terme de maison définit seulement un immobilier destiné à une seule famille. Pour les autres immobiliers, les anglophones utilisent le terme de building, soit «bâtiment» en français. Le terme correspondant à l’immeuble français n’existant pas en anglais.

DANS LES AUTRES LANGUES En néerlandais le terme huis20 est utilisé et a la même origine étymologique qu’en anglais. Tout comme le terme allemand haus et le terme danois hus.

En portugais c’est le mot casas qui est utilisé et a la même origine étymologique (latine) qu’en italien.

Enfin, en finlandais, le terme talo21 est utilisé.

1.2.2. LE TERME DE «MAISON DE VILLE» EN FRANÇAIS La maison de ville, selon une définition du réseau des Conseils d’ Architecture, d’ Urbanisme et de l’ Environnement, peut se définir de la manière suivante : « Édifice à un ou plusieurs niveaux comportant un bâtiment à l’alignement destiné à l’habitation d’une famille et conçu pour former un front continu le long de la rue, en étant accolé à d’autres édifices identiques par le biais de murs mitoyens22. » Plusieurs caractéristiques (formelles et programmatiques) sont mises en avant : l’habitation unifamiliale (une maison), l’alignement d’édi19. D’après le dictionnaire étymologique anglais : dictionary.reference.com 20. N’ayant pas trouvé de dictionnaire étymologique pour cette langue, un néerlandophone a aidé pour cela.

21. N’ayant pas trouvé de dictionnaire étymologique pour cette langue, un finnois a aidé pour cela. N’ayant pas pu trouver la racine étymologique de ce terme, il est difficile de le commenter 22. Voir le site : http://www.fncaue.com 40

UN TYPE ARCHITECTURAL

fices identiques par le biais de murs en commun et la volonté d’un front continu sur la rue.

Il y a donc l’idée d’une influence de l’agrégation de cette cellule d’habitation pour une seule famille sur son environnement, en l’occurrence par la création d’un alignement sur la rue. La maison fait donc partie d’un plan d’ensemble, d’une organisation de l’environnement qui l’entoure.

EN ITALIEN Si la définition même de la maison est différente entre le français et l’italien, celle de la maison de ville est assez similaire. Casa a schiera, littéralement «maison en rangée» est en italien une unité d’habitation faisant partie d’un ensemble se composant de cette unité répétée et accolée l’une à l’autre. Chaque unité accueille une seule famille.

Par conséquent c’est une définition assez similaire à la française pour la maison de ville. Les mêmes problématiques fondamentales sont mises en exergue : un logement unifamilial (une maison) accolé à d’autres identiques dans un ensemble homogène. Seulement un problème subsiste dans la terminologie. En effet, le terme «maison de ville», induit une position géographique de la maison, son environnement, soit une aire urbaine.

L’importance de cette donnée, soulignée par le nom même donné en français à ce type de logement est absent en italien, qui ne semble pas considérer l’environnement urbain comme fondamental pour définir un projet de maisons en rangée.

EN ANGLAIS Deux termes sont utilisé en anglais, celui de terraced house et celui de row house23.

La terraced house anglaise est une invention datant de l’ère Géorgienne (XVIII ème siècle). Elle tire son nom de la terrace, la «terrasse» en français, pour l’idée d’uniformité (horizontale et verticale) et la perspective 23. MUTHESIUS Stefan, 1982.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

qui se dégageait des rues composées de ces ensembles de maisons disposées en rangées et construites pour de riches propriétaires.

L’urbanisme anglais de cette époque est très précis en ce qui concerne ces maisons puisqu’il donne aussi un nom aux maisons faisant l’angle de ces compositions urbaines, les end-terrace. La terraced house est au départ une version plus élaborée de la row house qui a la même définition mais pour des catégories sociales moins aisées. Le mot row désigne la «rangée» de ces maisons identiques alignées et séparées par des murs mitoyens.

Grâce à ces deux définitions, c’est encore la volonté de créer un ensemble urbain homogène composé des mêmes cellules d’habitation qui est soulignée, comme dans la définition française. Ces édifices sont bien des maisons puisque prévues pour une seule famille. Aujourd’hui, les deux termes sont utilisés, puisque leur définition est similaire.

DANS LES AUTRES LANGUES En néerlandais, le terme rijtjeshuis24 désigne la maison de ville. Le mot rijtje, littéralement «petite ligne» est associé au mot huis, «maison». On a ici une indication sur le nombre de maisons dans une rangée avec le mot «petite». Mais d’autres termes existent en néerlandais pour désigner la maison de ville.

D’abord rijtjeswoning, soit rijtje, «petite ligne» associé à woning, littéralement «vivant» (lieu où l’on vit). Ou encore tussenwoning, soit tussen, «entre», et woning. Cela signifie donc littéralement «qui vit entre» ou «vivant entre».

Il y a donc une véritable importance donnée aux habitants de ces maisons. C’est une approche plus sociologique, plus proche de l’ humain avec cette terminologie, qui peut éliminer l’idée même de la maison en tant que bâtiment.

24. N’ayant pas trouvé de dictionnaire étymologique pour cette langue, un néerlandophone a aidé pour les mots suivants.

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UN TYPE ARCHITECTURAL

En allemand, le mot reihenhaus est utilisé, soit reihen25, «rangée» (comme row en anglais) et haus, «maison» comme vu précédemment.

Il y a une nuance intéressante en suisse allemand : reiheneinfamilienhaus qui associe à la fois reihen, «rangée» ; einfamilien, «unifamiliale» et haus, «maison». Il y a donc une accentuation sur la présence d’une seule famille, et donc une différenciation avec un immeuble, à la différence de l’italien par exemple.

En danois, avec le terme rækkehus26, soit raekke, «rangée» et hus, «maison», l’ explication est la même qu’en anglais. En effet, littéralement, cela signifie «maison en rang» ou «maison en rangée».

Les lusophones emploient le terme casa geminada27, soit «maison jumelée». Il se différencie de casa não geminada, soit un «pavillon» puisque non jumelé. Ce terme laisse penser à la présence de seulement deux maisons (jumelles donc), même si cela reste dans l’ensemble la même signification qu’en italien notamment.

Enfin, les finnois emploient le mot rivitalo, soit rivi, «rang» et talo, «maison». Cela signifie donc littéralement «maison en rang» ou «maison en rangée», comme en anglais par exemple.

1.2.3. SYNTHÈSE La maison de ville est donc une notion complexe à définir étant données les nombreuses définitions selon des langues diverses.

POINTS COMMUNS Il y a des points communs « universels » qui tendent à montrer ce qu’est le type de la maison de ville. Tout d’abord l’idée d’un logement pour une seule famille (soit une maison au sens français et anglais du terme).

25. N’ayant pas trouvé de dictionnaire étymologique pour cette langue, un allemand a aidé pour les mots suivants.

26. N’ayant pas trouvé de dictionnaire étymologique pour cette langue, un danois a aidé pour les mots suivants.

27. N’ayant pas trouvé de dictionnaire étymologique pour cette langue, une lusophone a aidé pour les mots suivants.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Ensuite, l’idée d’un élément faisant partie d’un ensemble composé de ce même élément accolé le long d’une rue, soit une rangée ou une bande.

La présence de murs mitoyens pour séparer ces maisons est aussi soulignée. Enfin, l’idée d’uniformité dans la perspective de la rue et uniformité de gabarit (idée de « front ») est présente.

POINTS DIVERGENTS Cependant, il reste encore des nuances mises en évidence notamment par la situation contemporaine. En effet, le terme français de maison de ville pose problème car il considère que ce type de logement ne se trouve qu’en ville.

Outre le fait que la définition de la ville (par opposition à la campagne) aujourd’hui est largement remise en cause, il semble tout à fait envisageable d’avoir des maisons de ville dans des villages ou même en dehors d’un contexte urbain puisque les problématiques territoriales poussent à rapprocher les logements (réduction de la taille des parcelles etc.), voire à les accoler y compris à la campagne, pour des raisons financières et foncières notamment.

Ce terme sous-entend, par l’association de «maison» et de «ville», que ces maisons mitoyennes seraient les seules présentes en centre urbain.

Or, il existe des maisons de maîtres par exemple (ou maisons bourgeoises), présentes en ville, et ne répondant en aucun point (sauf un habitat unifamilial) à la définition d’une maison de ville qui a été entamée depuis le début de cette étude.

Le terme de «maison de ville» est donc généraliste et ambigu d’un point de vue typologique. Plus généralement, les différentes définitions indiquent que ces maisons sont toutes identiques, faisant partie d’un ensemble homogène. Effectivement, c’est le cas en général quand une opération de construction est conçue. Mais les années passent et certaines maisons peuvent être détruites, reconstruites, modifiées, agrandies, etc. .

Or, ce n’est pas parce qu’aujourd’hui une maison dans la rangée n’est plus programmatiquement la même que ce n’est plus une maison de ville 44

UN TYPE ARCHITECTURAL

puisqu’elle correspond toujours en tous points formels à la définition. L’ uniformité serait donc valable uniquement dans la conception.

Enfin, le problème du nombre est sous-jacent : Combien faut-il de maisons pour faire une rangée ? Il peut être envisagé que, plutôt que d’édicter un nombre, ce qui n’aurait pas forcément de sens, il peut être donné par exemple une idée de proportion. Il s’agirait de « ressentir » l’idée de bande, de rangée, de front, ce que deux maisons mitoyennes ne font pas par exemple. Le référent pourrait aussi être la rue. Si elle est bordée de bout en bout de maisons identiques, peut importe le nombre, ce seraient des maisons de ville.

Au travers de ces réflexions, il est clair qu’il y un intérêt à élaborer une nouvelle définition de la maison de ville, contemporaine, adaptée aux enjeux actuels.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

1.3. LA MAISON DE VILLE & LES AUTRES TYPOLOGIES DE LOGEMENT 1.3.1. LA « GÉNÉALOGIE » DE LA MAISON DE VILLE DES PREMIÈRES MAISONS À LA MAISON DE VILLE Selon l’ouvrage Tipologie Primitive de G. Cataldi28, les premières maisons, dans les campagnes, les villes n’existant pas encore en tant que telles, se constituent autour d’une cour. Ce terme, du latin cohors-tis, signifiant «cour», «enclos», ou encore «autour du jardin29» (au sens de potager).

L’avènement des villes va modifier cet habitat. Notamment au niveau dimensionnel avec une raréfaction du potager, remplacé par une cour plus petite qui engendrera la naissance de maisons comme la domus romaine, organisée autour d’un impluvium et d’un péristyle. À la chute de l’empire romain, les maisons subissent une autre évolution.

D’après Cataldi, elle est initiée au niveau de l’usage, la maison s’ouvre sur la rue afin d’accueillir des commerces. Ensuite avec la création d’un véritable « front » sur la rue. Cette nouvelle maison, issue aussi de la subdivision des grandes domus, est nommée « maison à cour en bande/ rangée », où la cour serait donc partagée entre les différentes maisons l’entourant.

Le besoin d’une cour pour chaque maison (plus petite que celle de la domus bien évidemment) va voir l’avènement de la maison de ville. Selon Cataldi, ce type de logement se diffuse très largement dans toute l’Europe car il est à cette époque le parfait équilibre entre l’habitation individuelle (unifamiliale et personnelle) et la construction « en série 30» (répétition de logement identique dans la même rue). Cette typologie de logement donne ainsi leur image traditionnelle aux centres historiques 28. CATALDI Giorgio (dir.), 1982 29. Idib, p. 33 30. Idib, p.33 46

UN TYPE ARCHITECTURAL

des villes européennes. Tout au long du Moyen- Age, de la Renaissance et jusqu’au XVIII ème siècle, certaines villes, contraintes dans leurs enceintes, vont voir le rehaussement progressif des maisons de ville d’un ou plusieurs étages suivant les besoins.

LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE & SES CHANGEMENTS D’autres construiront à l’extérieur des murs d’enceinte, d’où la naissance des faubourgs. Mais c’est avec l’arrivée de l’industrie, et le fort exode rural que les villes vont procéder à un urbanisme « massif », qui va profondément changer les typologies de logements et la ville, en particulier la maison de ville, «type le plus répandu à l’époque31», selon le théoricien italien.

Puis, cette dernière va être transformée et généralisée (non plus ponctuellement comme dans les périodes précédentes) en un habitat plurifamilial ce qui va engendrer des modifications fonctionnelles, spatiales et structurelles. D’après Cataldi, l’habitat va se stratifier (une famille par étage au mieux), et le nombre d’étages va augmenter. L’escalier, désormais partagé entre plusieurs familles, va s’élargir et la maison va se développer en profondeur. Enfin, la cour va disparaître au seul profit d’un puits de lumière.

Ainsi, la maison de ville perd ses qualités de vie et d’habitat qui en avaient fait le « succès ». Un type « hybride32 » naît, une maison « en bande/rangée plurifamiliale », une maison de ville accueillant plusieurs familles, représentant le « chaînon » entre la maison de ville et l’immeuble.

La typologie moderne de l’immeuble (de forme allongée) se forme par la fusion de deux ou plusieurs maisons de ville, ce qui conduit à avoir plusieurs appartements au même étage avec un espace spécialement dédié à la distribution verticale. Cependant, d’après Cataldi, sont toujours visibles en façade les différentes cellules qui ont permis la création de cette typologie.

31. CATALDI Giorgio (dir.), 1982, p.34 32. Idib., p.35 47

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

PRÉCISIONS Il faut bien noter ici que cette «généalogie » concerne la maison de ville « traditionnelle » et ses évolutions. Traditionnelle car cela concerne comment les villes européennes se sont développées, quelles typologies s’y sont implantées, et comment les centres historiques ont évolué. Mais, la maison de ville en tant que programme de construction n’a pas disparu totalement quand dans les centres urbains européens les maisons « traditionnelles » se sont transformées comme expliqué précédemment. Effectivement, de nombreux programmes de maisons de ville ont été réalisés à l’ère industrielle et postérieurement aux alentours des centres urbains.

1.3.2. CLASSIFICATION TYPOLOGIQUE Cet « arbre généalogique » (fig.2) des typologies de logement est une tentative personnelle et subjective de classification par rapport aux données qui semblent essentielles à ce stade de l’étude au regard de la définition française de la maison de ville et celle du type architectural.

L’objectif est d’isoler la maison de ville le plus simplement possible afin de faire ressortir son « essence » comme l’écrit Quatremère de Quincy.

Les critères de classification sont les suivants.

En premier lieu la situation par rapport à la ville, avec l’opposition entre une implantation du logement en centre urbain ou à la campagne, paraît être une donnée fondamentale, primaire, puisqu’ elle définit aussi le mode de vie de ses habitants.

Puis, le programme, l’usage (unifamilial ou pour plusieurs familles) a été choisi comme la donnée qui va conditionner toute la conception et l’organisation spatiale du logement.

En troisième lieu, l’ implantation du logement sur la parcelle, à savoir mitoyen ou isolé a été sélectionnée car elle influence l’organisation spatiale du logement, notamment en terme de lumière et de rapport entre intérieur et extérieur, du passage entre la rue et l’ arrière du logement.

48

UN TYPE ARCHITECTURAL

Fig. 2 : «Généalogie» de quelques typologies de logement existantes selon une classification personnelle.

49

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

C’est ensuite le nombre (unique ou multiple) d’édifices du même type construits pour un projet qui a été pris comme critère de classification.

La typologie de logement est-elle un élément répété faisant partie d’une forme urbaine prédéfinie, donnant ainsi une homogénéité esthétique à l’ensemble ? Ou bien un élément unique, ayant sa propre esthétique et son indépendance vis à vis de son environnement ?

Enfin, seulement pour différencier la maison de ville des typologies restantes, le critère de la distribution, au travers de la présence d’une cour ou non a été utilisé. Cela a une influence évidente sur la lumière et sur la manière de composer l’espace.

ENSEIGNEMENTS Cette classification typologique met en exergue plusieurs éléments de réflexion.

En effet, si un schéma est plus clair pour comprendre les différentes typologies de logement, il est en fait assez « rigide » : il pourrait être imaginé à notre époque des combinaisons alliant des concepts totalement opposés sur le schéma, ou trouver des exceptions à ces « règles » typologiques. De plus, la maison de ville, par sa classification, est très loin d’être seulement une « maison en ville ».

En outre cette classification est subjective car, comme l’écrivait Giulio Carlo Argan, les catégories ont été choisies, ce qui peut servir un propos en évitant les pièges, même si comme il le disait par ailleurs, des types représentés par des exemples existants sont utilisés, pas des typologies fictives.

La typologie seule n’a pas pu perdurer dans les théories architecturales, puisque l’on peut presque toujours trouver une exception à la règle et ainsi « briser » une analyse. L’idée de type n’est pas à rejeter en soit car elle est intéressante pour son processus de simplification et de clarification de la connaissance des programmes existants.

50

UN TYPE ARCHITECTURAL

Une fois de plus, cette partie démontre qu’il y a un réel besoin d’une définition contemporaine de la maison de ville au regard des aspects soulevés dans les parties précédentes.

51

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

1.4. DÉFINITION ACTUALISEE DU TYPE DE LA MAISON DE VILLE 1.4.1. ELEMENTS DE LA DEFINITION En reprenant les parties précédentes, il a été souligné le besoin d’avoir un programme, des caractéristiques formelles, une distribution et une situation géographique propre pour un type. En appliquant cela à la maison de ville théorique telle qu’abordée depuis le début de cette explication, les points suivants pourraient être établis.

Le programme est donc bien une maison : un habitat unifamilial, avec une entrée sur rue qui lui est propre. Des fondations au toit, tout appartient à la même famille.

Au niveau de la distribution, il est certain que la maison est composée de telle sorte que l’on puisse accéder à la partie arrière (espace extérieur a priori) depuis l’entrée sur la rue. La maison doit donc pouvoir être traversée de part en part. Reste à savoir comment grâce à l’analyse des maisons.

La même réflexion peut être faite pour la distribution entre les différents étages. Celle-ci se fera probablement selon un seul axe vertical (toujours au même endroit à chaque étage), mais il faut l’analyser aussi.

En ce qui concerne le situation géographique, il y a besoin de préciser l’échelle. L’échelle de la ville ou du territoire n’est pas adaptée au regard du programme. En effet, même si elles peuvent couvrir des rues et des quartiers entier, c’est bien une seule parcelle au départ qui est concernée. En outre, en recouvrant des quartiers entiers, comment connaître la localisation de la maison (en ville, dans sa périphérie ou dans la campagne) puisque des maisons peuvent être trouvées dans tous ces environnements hétérogènes. La situation dans la parcelle semble donc plus adaptée et elle est reliée directement à la forme.

52

UN TYPE ARCHITECTURAL

LA QUESTION MORPHOLOGIQUE La morphologie, en architecture, signifie plus ou moins l’étude des caractères formels communs à différents éléments.

En ce qui concerne la maison de ville, les caractéristiques formelles pourraient être une façade régulière alignée sur la rue et similaire à toutes les maisons environnantes, mais aussi la mitoyenneté entre toutes les maisons d’une même rue. Ce sont des caractéristiques formelles générées par des éléments du programme notamment.

D’autre part, comme évoqué précédemment, cela signifie que la maison occupe sa parcelle intégralement d’un côté à l’autre. A l’arrière, il y a un espace extérieur, ce qui signifie que la maison est située entre deux vides.

Ce type est donc particulier car il est à la fois encadré par du vide (latéralement) et du plein (à l’avant et à l’arrière). La forme de la maison est donc donnée par la forme de la parcelle. Le foncier et la construction sont donc intimement liés.

On voit donc bien que le type et la morphologie sont liés. Les caractéristiques formelles sont donc l’aspect visible du type, ce qui peut être identifié comme étant le type sans analyse particulière. Cela fait donc partie de l’analyse.

Cependant, il s’agit de grands principes formels, pas de modèle comme l’explique Quatremère de Quincy. Ce n’est pas non plus la forme comme Milizia l’entend, il s’agit bien uniquement de certaines caractéristiques.

La forme en tant que telle correspond à un goût d’une époque, à une volonté de l’architecte, à des données subjectives.

Néanmoins la question des proportions de la maison, de sa hauteur, de son implantation par exemple sont le résultat exclusif du foncier, du parcellaire notamment. C’est donc une donnée objective et c’est en cela que certaines caractéristiques formelles peuvent faire partie de l’essence d’un type.

53

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Voilà pourquoi sera réalisée plus tard une fiche d’analyse typo-morphologique, et non pas seulement typologique.

1.4.2. TERMINOLOGIE La question est de savoir, après ces éléments de définition et les réflexions entamées, comment appeler ce type puisque «maison de ville» n’est pas adapté.

Si le terme maison est bien celui qui correspond à cette typologie, une maison de ce type n’est pas seule puisqu’il a été expliqué qu’elle était identique à toutes celles autour. Elle n’est jamais isolée comme un pavillon. Elle fait partie d’un projet global qui peut en compter dix, vingt, cinquante ou mille.

Il faudrait donc utiliser le terme «maisons» en parlant du type car il ne peut exister sans la présence de plusieurs de ces logements. Néanmoins, le mot «maison» au singulier peut être utilisé pour définir le logement propre en tant que cellule d’habitat.

Reste à savoir quel(s) terme(s) associer à maisons pour nommer ce type.

Les mots « de ville » correspondent à une caractéristique qui décrirait où on peut trouver ce type de logement. Ils semblent inadaptés pour les raisons précédemment citées à ce propos.

En se référant à l’essence du type, il reste la caractéristique distributive, mais qui semble peu décisive et peu encline à donner une idée précise pouvant définir le type.

Il y a enfin la position qu’a la maison dans son environnement, à l’échelle parcellaire. Cette typologie a la caractéristique d’occuper la parcelle d’une manière particulière.

La parcelle, rectangulaire, dont les petits côtés sont parallèles à la rue est occupée par la maison entièrement dans sa largeur et partiellement dans sa longueur. De ce point de vue, la création de la mitoyenneté entre plusieurs maisons est affirmée. Cette mitoyenneté est une véritable caractéristique formelle de ce type et il semble indispensable de l’inclure 54

UN TYPE ARCHITECTURAL

dans la dénomination finale.

Mais quel mot utiliser ?

En reprenant les termes des autres langues, trois mots différents ressortent : ligne, rangée et bande.

Une ligne est un «trait continu, dont l’étendue se réduit pratiquement à la seule dimension de la longueur»33. Une rangée est «une suite de choses disposées en rang, côte à côte»34. Cela pourrait aussi signifier un ensemble d’éléments disposés sur une même ligne. Une bande serait un élément plus long que large de forme rectangulaire, régulière. Si les trois peuvent sembler adaptées, il y a tout de même des nuances.

La ligne ne correspond pas réellement au type car elle a une très faible épaisseur, quasiment en une seule dimension, hors d’échelle avec un bâtiment. La bande semble convenir car elle semble prendre en compte l’idée d’une forme urbaine donnée par ces maisons accolées.

Mais l’idée de rangée semble plus intéressante et plus adaptée.Tout d’abord car elle ne donne pas de forme comme la bande. En effet, comme il y a une organisation le long d’une ligne, la rangée peut-être avec des décalages entre les éléments, tout en restant mitoyens, par exemple par rapport à la rue. Une maison peut être un mètre en retrait quand une autre peut être collée à la rue, et elles sont toujours du même type. Ensuite car elle sous-entend bien l’idée d’éléments qui créent un ensemble, non pas forcément un seul élément de la forme d’une bande.

1.4.3. DÉFINITION OBTENUE Maisons en rangée : Ensemble de logements unifamiliaux mitoyens organisés suivant un axe.

Maison en rangée : Logement unifamilial, élément constitutif de la rangée.

33. D’après le site http://www.larousse.fr 34. D’après le site http://www.larousse.fr 55

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

S’il faut bien être conscient que le terme de maison en rangée permet d’une certaine manière déjà de définir ce type, ce ne sont pas des termes officiels. Comme expliqué précédemment, le terme officiel actuel est bien maison de ville. Le terme de maison en rangée remplacera donc dans cette étude celui de maison de ville car il est plus adapté selon la démonstration réalisée.

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2. ANALYSES & ETUDES DE CAS

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

2.1. ANALYSER UNE MAISON EN RANGEE 2.1.1. FICHE «TYPO-MORPHOLOGIQUE» La création d’une telle fiche est indispensable pour analyser avec des critères objectifs des maisons différentes. C’ est pour cela qu’elle est utile encore aujourd’hui. Elle permet de remettre en perspective un type, de comprendre grâce aux exemples existants comment réaliser un projet aujourd’hui.

La démarche de projet contemporaine est donc appuyée par l’étude d’exemples passés. Il ne s’agit pas de recopier des éléments existants mais de les analyser et de les comprendre au moyen d’une méthode objective afin de réaliser un projet cohérent par la suite. L’histoire est appelée pour répondre aux questions actuelles.

Cette fiche est destinée aux études de cas de la deuxième partie. Elle est élaborée à partir des éléments étudiés dans la première partie en se donnant comme objectif de traiter des données fondamentales du type (l’essence), des caractéristiques secondaires découlant des précédentes, et des facteurs extérieurs jouant sur la conception architecturale.

CARACTERISTIQUES URBAINES / SITUATION GÉOGRAPHIQUE Dans cette partie, il s’agit d’étudier la position des maisons par rapport à la ville, les caractéristiques de la parcelle et l’implantation de la maison en son sein. Le rapport à la rue sera aussi traité.

CARACTERISTIQUES ARCHITECTURALES / DISTRIBUTION Il s’agira ici de traiter l’organisation spatiale de la maison, le rapport entre la rue et l’espace extérieur, mais aussi la circulation, la distribution et bien entendu la lumière.

FACTEURS HISTORIQUES & SOCIAUX Pour cette partie, les contextes historiques, voire régionaux ou urbains, l’identité du maître d’ouvrage et le destinataire du logement seront étudiés. Il s’agit de comprendre pourquoi ces maisons sont construites.

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ANALYSES & ETUDES DE CAS

2.2. ETUDES DE CAS & ANALYSES our chaque maison a été réalisée une fiche typo-morphologique. Elle se compose d’une image représentative du projet afin de l’identifier clairement, puis d’un texte expliquant le contexte historique, géographique et social de la maison.

Un schéma viendra localiser la position de la maison par rapport à la ville où elle est implantée, puis un autre pour sa position au sein du quartier.

Enfin, quatre schémas viendront montrer comment l’architecte gère les questions fondamentales de la lumière, des usages (en plan et en coupe35), de la distribution et en fin du parcours entre la rue et l’espace extérieur arrière de la maison.

35. Les plans et coupes ont été réalisés à partir de documents extraits de livres ou de sites internet (les références sont notées dans les crédits). La qualité de certains documents laissant à désirer, voire l’absence de coupes parfois, font que certains plans et coupes pourraient ne pas être exactement identiques au projet réalisé.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Fig. 3 : Vue actuelle de Bath, Royaume-Uni

2.2.1. HOUSE IN ALFRED STREET, 1770-1775, PROJET DE JOHN WOOD FILS, W. ISON, BATH,ANGLETERRE BATH À L’ÉPOQUE GÉORGIENNE À partir de la fin du XVIIème siècle, Bath devient réputée pour ses eaux thermales bienfaisantes et l’aristocratie anglaise commence à affluer afin d’ en profiter. Ainsi « la petite ville thermale […] maintient jusqu’au début du XVIIIème siècle l’emplacement de l’antique castrum romain dont elle provient 1».

L’extension qui s’établira tout au long de ce siècle est le fruit de deux facteurs principaux que sont les idées des Lumières et la naissance de la culture capitaliste anglaise. L’objectif global de l’ensemble des projets est de transformer Bath en « un lieu spécial, de familiarisation avec l’esprit de la nature. […] C’est le rapport […] avec la nature physique et son image pensée à partir des constructions idéologiques qui permit le bas-

1. CURCIO Giovanna, 2004, p.222 60

ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 4 : Position géographique (en jaune) de la maison à Bath. En noir la «tâche urbaine» de la ville. En bleu la rivière locale.

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50

m.

Fig. 5 : Position (en jaune) de la maison dans son environnement proche.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

culement architectural de Bath dans le siècle des Lumières 2».

En ce qui concerne l’aspect économique de ces projets, l’extension de Bath s’organise au moyen « d’opérations de spéculations immobilières destinées à la construction d’habitations3. » Ce procédé, utilisé aussi à Londres, crée un cercle vertueux dans lequel les propriétaires investissent dans une construction qu’ils loueront par la suite permettant d’investir dans une autre réalisation etc. C’est la méthode du leasing anglais qui est utilisée : le propriétaire loue son terrain et sa construction pour une durée pouvant aller jusqu’à 99 ans (renouvelable) sur lequel le locataire, grâce à la durée de son bail peut investir dans le logement.

Sur le plan architectural, la période Géorgienne est caractérisée par l’influence de l’architecture palladienne. Ainsi, on retrouve les principes de symétrie, d’ordre, de régularité et de formes géométriques pures, autant au niveau architectural qu’urbain, comme en témoignent les formes urbaines des crescents (demi-cercles) et circus (cercles) entre autres.

De la même manière que pour les Places Royales française, les architectes dessinent des façades uniformes qui donnent une unité urbaine au lieu. Les propriétaires sont en revanche libres d’organiser l’espace intérieur comme ils le souhaitent, avec l’objectif de répondre aux besoins personnels de chacun. L’unique contrainte est celle d’occuper le bâtiment du sous-sol au dernier étage.

LES WOOD ET ALFRED STREET Les coordinateurs principaux de tous ces projets sont les architectes John Wood père et fils, qui s’emploieront entre 1738 et la fin du siècle à la planification urbaine et la réalisation de logements.

Ils joueront le rôle « de concepteurs, d’entrepreneurs, d’investisseurs, en 2. PUGLIESE CARRATELLI Giovanni (dir.), 1995 3. CURCIO Giovanna, 2004, p.221 62

ANALYSES & ETUDES DE CAS

1

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3

2

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5

RDC

Etage Type

1

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m.

1

Salon

4

Chambre

2

Cuisine

5

Hall

3

Toilettes

RDC

COUPE LONITUDINALE

Fig. 6 : Plans et coupe de la maison, Alfred Street, Bath.

1

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1

m.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

utilisant leurs fonds personnels 4» profitant de la spéculation immobilière que connaît Bath, passant de 2000 habitants en 1707 à 28000 à la fin du XVIIIème siècle.

La maison étudiée, située dans une rue orthogonale adjacente au Circus, est un exemple des maisons géorgiennes composant la ville. Sa façade donnant sur la rue est régulière, sur trois étages avec un vide laissé pour donner de la lumière au sous-sol. Du côté cour, la maison s’ouvre sur un jardin, en accord avec les principes naturels développés par les Lumières comme précédemment expliqué.

4. CURCIO Giovanna, 2004, p.222 64

ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 7 : Schéma de répartition des usages. En jaune les pièces à usages collectifs, en gris les pièces à usages individuels.

Fig. 8 : Schéma montrant les points d’entrée de lumière. En jaune, les rayons lumineux, en gris les pièces sans éclairage naturel. En pointillé, les rayons venant du Nord.

Fig. 9 : Schéma montrant le parcours réalisé entre la rue et le jardin

Fig. 10 : Schéma de distribution au sein de la maison. Les flêches représentent le parcours. En jaune, les escaliers.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Fig. 11 : Vue actuelle d’une villa du quartier de la Mouzaïa, Paris XIXème arrondissement.

2.2.2. MAISON DU TROISIÈME TYPE, SECONDE MOITIÉ DU XIXÈME SIÈCLE, PAUL FOUQUIAU, PARIS XIX, FRANCE QUARTIER DE LA MOUZAÏA Parallèlement aux grands travaux Haussmanniens, se développent dans les communes suburbaines de Paris (Belleville notamment, qui sera une partie des futurs XIXème et XXème arrondissements) des lotissements rendus possibles par «des divisions foncières résultant du démembrement de grandes propriétés, de terres agricoles ou de carrières 1».

Amina Sellali explique que «l’urbanisation de ces territoires incorporés à Paris en 1860, au moment de l’annexion, dé­marre vers les années 1820, avec l’arrivée massive d’ouvriers «montant» à Paris. (...) Elle se poursuivra et s’intensifiera jusqu’au début de la Première Guerre Mondiale2 .»Ces lotissements sont donc principalement créés pour les ouvriers de ma­nière à leur offrir des logements décents à proximité de la capitale.

1. BABOULET Luc (dir.), 2004, p. 142 2. Idib, p.143 66

ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 12 : Position géographique (en jaune) de la maison à Paris. En noir la «tâche urbaine». En bleu la Seine. Le contour jaune est la limite administrative de la ville.

10

50

m.

Fig. 13 : Position (en jaune) de la maison dans son environnement proche, villa Sadi Carnot 67

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Mais il faut noter qu’à la différence des travaux Haussman­niens, lancés par l’Etat, ces lotissements sont principalement amenés par des fonds privés, des investisseurs qui cherchent à tirer profit de l’ exode rural massif entraîné par la seconde révolution industrielle. «La frénésie spéculative qui s’empare des communes de l’ex-banlieue de Paris donne naissance à une multitude d’opérations de lotissements qui vont littéralement exploser pendant le Second Empire, mais qui, paradoxalement, ne font l’objet que de brèves mentions dans la littérature spécialisée3.»

La société immobilière «La campagne à Paris» (tout un programme qui deviendra un slogan publicitaire) est un de ces acteurs privés dans la création de ces lotissements, qui a donc pour but de vanter les mérites de ces maisons individuelles au coeur de la capitale nouvellement agrandie.

L’ARCHITECTE Paul Fouquiau est l’architecte principal du quartier de la Mouzaïa. Il est en outre un spéculateur immobilier reconnu à Paris pour plusieurs autres travaux notamment dans le Xème arrondissement où il réalise cinq mille logements sociaux.

C’est la famille belge des Crabbe qui fait appel à lui pour découper, vendre et concevoir les maisons sur ses 70 000 m² de terrains acquis dans le quartier. Il sera par ailleurs le plus gros acquéreur de ces maisons après la fin de l’opération.

Paul Fouquiau est donc un architecte rompu autant au métier d’architecte que d’agent immobilier, ce qui montre bien à quel point la ville de Paris est peu impliquée dans ces grandes opérations de lotissements, certes beaucoup moins pres­tigieuses que les travaux Haussmanniens...

En tous les cas, force est de constater que cet architecte est un expert dans la conception de maisons de ville puisque cette opération du quartier Mouzaïa est menée de bout en bout par Paul Fou­quiau.

3. BABOULET Luc (dir.), 2004, p. 144 68

ANALYSES & ETUDES DE CAS

4

2

3

4

1

RDC

R+1

1

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m.

1

Salon

2

Cuisine

3

Toilettes

4

Chambre

COUPE LONITUDINALE

RDC

Fig. 14 : Plans et coupe de la maison du Troisième type, Villa Sadi Carnot 1

5

1

m.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Il met par ailleurs en place les traités avec la ville de Paris sur les gabarits du quartier et sur ses différentes caractéristiques de manière à amener une homogénéité et il décide notamment la création de quatre types de maisons différentes, chacune ayant ses propres dimensions mais avec un cahier des charges commun établi par la famille Crabbe... et lui même.

70

ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 15 : Schéma de répartition des usages. En jaune les pièces à usages collectifs, en gris les pièces à usages individuels.

Fig. 16 : Schéma montrant les points d’entrée de lumière. En jaune, les rayons lumineux, en gris les pièces sans éclairage naturel. En pointillé, les rayons venant du Nord.

Fig. 17 : Schéma montrant la relation entre la rue et le jardin

Fig. 18 : Schéma de distribution au sein de la maison. Les flêches représentent le parcours. En jaune, les escaliers.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Fig. 19 : Vue actuelle d’échoppes bordelaises, Bordeaux.

2.2.3. ECHOPPE, BORDEAUX, FRANCE, SECONDE MOITIÉ DU XIXÈME SIÈCLE – 1930 L’EXCEPTION BORDELAISE, SITUATION GÉOGRAPHIQUE Au Moyen-Age et jusqu’au XVIII ème siècle, l’échoppe désigne à Bordeaux et partout ailleurs un « petit édifice commercial en bois adossé à un mur1 ». Ces édifices réalisés d’abord en bois, seront ensuite construits en pierre de manière à éviter au maximum le risque d’incendie.

C’est à partir du XVIIIème siècle que l’échoppe bordelaise2 se transforme et vient signifier une typologie d’habitation propre à la ville. Le changement est donc programmatique et non pas formel : les échoppes restent de plain pied généralement et c’est l’usage des pièces autrefois dévolues au commerce et au logement du négociant qui change.

C’est donc la mutation d’un programme commercial en une maison de 1. Selon le site : http://www.larousse.fr 2. Emissiion radiophonique : CARDOZE Michel, émission du 24 mai 2014, France Bleu Gironde, dédiée aux échoppes bordelaises,.

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ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 20 : Position géographique (en jaune) de la maison à Bordeaux. En noir la «tâche urbaine». En bleu la Garonne. Le contour jaune est la limite administrative de la ville.

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m.

Fig. 21 : Position (en jaune) de la maison dans son environnement proche, rue d’ Agen.

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50

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

ville que les bordelais opèrent. Les constructions d’échoppes en tant qu’habitation commencent au XVIIIème siècle, s’intensifient au XIXème siècle et leur apogée se situe entre le Second Empire et 1930. En 1995, la ville de Bordeaux recense 10936 échoppes.

Au delà des quartiers aristocratiques du centre historique, riche de par notamment la traite négrière et le commerce triangulaire, les ouvriers et autres travailleurs s’installent dans des quartiers ceinturant le centre.

Ils y construisent des échoppes, habitats rudimentaires et économiques.

LES ÉCHOPPES SIMPLES, LES ÉCHOPPES DOUBLES Il existe deux types d’échoppes, qui correspondent à deux niveaux de vie différents. L’échoppe simple, pour les moins aisés est composée d’une porte d’entrée et d’un couloir sur le côté qui distribue trois pièces en enfilade.

La première pièce, donnant sur la rue, était la chambre des parents.

Celle du milieu, sans fenêtre donc, pouvait accueillir ou bien un cabinet de toilette, ou bien une chambre pour les enfants. Enfin, la salle côté jardin était la pièce à vivre, flanquée d’un petit espace supplémentaire, « la souillarde », c’est à dire la cuisine. Dans le jardin on peut quelque fois trouver un puits. Les toilettes étaient généralement dans la cour.

L’échoppe double possède une porte d’entrée et un couloir centraux qui desservent donc trois pièces en enfilade de chaque côté. Ainsi, les usages diffèrent selon l’échoppe et les besoins de la famille l’habitant (le plan étant moins contraignant que pour une échoppe simple).

Si ces logements sont dans l’immense majorité de plain pied, certaines échoppes ont un étage supplémentaire. L’escalier vient se placer dans la partie centrale de la maison là où il n’y a pas de lumière naturelle. Les échoppes à étages sont au départ doubles et sont bien sûr plus cossues avec une façade aussi plus travaillée.

Si elles ne sont pas toutes à étage, toutes les échoppes, simples ou doubles, ont une cave.

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ANALYSES & ETUDES DE CAS

2

1

3

3

2

RDC

1

5

m.

1

Pièce Commune

2

Salle de Bain

3

Chambre

3

3

COUPE LONITUDINALE

1

RDC

5

1

m.

Fig. 22 : Plan et coupe de l’échoppe bordelaise simple, rue d’Agen.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Étant donné l’ampleur de ces constructions et leur uniformité, le rôle de l’architecte et donc son identité sont de moindre importance. Difficile d’ailleurs de savoir même si les échoppes ont été réalisées par des architectes ou par des entrepreneurs, qui faisant appel à des ouvriers, pouvaient recopier un modèle sans doute présent à quelques mètres de son site de projet.

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ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 23 : Schéma de répartition des usages. En jaune les pièces à usages collectifs, en gris les pièces à usages individuels.

Fig. 24 : Schéma montrant les points d’entrée de lumière. En jaune, les rayons lumineux, en gris les pièces sans éclairage naturel. En pointillé, les rayons venant du Nord.

Fig. 25 : Schéma montrant le parcours réalisé entre la rue et le jardin

Fig. 26 : Schéma de distribution au sein de la maison. Les flêches représentent le parcours.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Fig. 27 : Vue d’une courée lilloise au début du XXème siècle.

2.2.4. MAISON DE COURÉE, COUR DE POLOGNE, LILLE, XIXÈME SIÈCLE, FRANCE LES COURÉES, LILLE Une courée est « dans les villes du Nord, une petite cour sombre, commune à plusieurs habitations pauvres et insalubres. »1. P. Guignet dans son article raconte l’histoire de ces formes urbaines en montrant le rôle fondamental qu’elles ont eu pour les ville du Nord de la France et particulièrement dans le « triangle-textile2 » Lille-Roubaix-Tourcoing. « Les courées du point de vue typologique sont des formes d’habitat collectif et d’habitat de rapport. Les petites maisons accolées qui constituent la chair même de ces courées cernent en effet une cour collective qui sert de passage et de fixation des installations sanitaires de base qu’il s’agisse des pompes à eau ou des lieux d’aisance3. » 1. Selon le site : http://www.larousse.fr 2. GUIGNET Philippe, 2008 3. Idib 78

ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 28 : Position géographique (en jaune) de la maison à Lille. En noir la «tâche urbaine». En bleu la Deûle. Le contour jaune est la limite administrative de la ville.

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m.

Fig. 29 : Position (en jaune) de la maison dans son environnement proche, cour de Pologne 79

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

D’autre part la proximité des maisons et le caractère clos de la courée a créé une promiscuité imposée et l’on pourrait considérer ce type de logement comme de l’habitat collectif horizontal plus que comme une agglomération de logement individuel d’autant plus que certains usages sont partagés.

Les maisons de courées sont généralement très étroites, avec uniquement deux pièces : « On pénètre directement dans la pièce unique du rez-de-chaussée dont la polyvalence est extrême, puisqu’elle sert de cuisine, de salle à manger, de cabinet de toilette, voire de chambre4 ».

Existant dès le XVIIIème siècle, elles ne se multiplient réellement qu’à partir du XIXème siècle. La révolution touche certes d’abord l’Angleterre, mais le nord de la France en profitera rapidement avec ses ressources minières et l’industrie textile. À Lille, elles profiteront de l’ouverture des remparts sud de la ville en 1858 pour se développer, malgré les appels des hygiénistes à stopper leur construction à cause de la situation sanitaire.

Sur le plan social, l’écrivain Van der Meersch parle « des ténèbres des entrées des courées, l’aspect de coupe-gorge de leurs longs couloirs tortueux, la mesquinerie sordide de ces agglomérations humaines où, depuis des générations, végète une humanité asservie 5».

Les commanditaires de ces courées sont généralement des commerçants ou des industriels qui veulent s’assurer un revenu supplémentaire, malgré des loyers très bas étant donné la pauvreté des habitants.

LA COUR DE POLOGNE A l’origine, l’emplacement de cette courée était dans le jardin d’un hôtel particulier lillois. « Dans les premières années du XIXème siècle se construit un ensemble comprenant la courée, une maison bourgeoise et une fabrique de chaînes. La courée comprend deux rangs de maisons, 4. GUIGNET Philippe, 2008 5. VAN DER MEERSCH M., 1935.

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ANALYSES & ETUDES DE CAS

2

1

RDC

R+1

1

5

m.

1

Pièce Commune

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Chambre

COUPE LONITUDINALE

RD

Fig. 30 : Plans et coupe de la maison de courée, cour de Pologne.

1 5 m.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

ayant chacune son jardin clos devant sa façade6. » On pourrait donc en déduire que le propriétaire vivait à côté de la courée et devait être un industriel.

On note la présence de deux points d’eau et de latrines collectives. De plus la présence de jardins montre que les habitants se nourrissaient de ce qu’ils produisaient chez eux, et donc bien qu’ils vivaient en ville, ils avaient encore certains usages de la campagne.

Cette cour est donc caractéristique de ces formes urbaines réalisées dans le Nord de la France.

6. GUIGNET Philippe, 2008 82

ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 31 : Schéma de répartition des usages. En jaune les pièces à usages collectifs, en gris les pièces à usages individuels.

Fig. 32 : Schéma montrant les points d’entrée de lumière. En jaune, les rayons lumineux.

Fig. 33 : Schéma montrant la relation entre la rue et la maison, étant donné qu’il n’y a pas de jardin

Fig. 34 : Schéma de distribution au sein de la maison. Les flêches représentent le parcours.

83

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Fig. 35 : Vue actuelle d’un quartier composé de maisons en rangée, Londres.

2.2.5. SPLIT-LEVEL SOLUTION OU FIRST CLASS HOUSE OF THE ARTIZAN’S, LABOURER’S GENERAL DWELLINGS ESTATE, 1883, LONDON, ROWLAND PLUMBE, ANGLETERRE LONDRES Les révolutions industrielles successives entraînent une profonde mutation des villes dans toute l’Europe. L’exode rural massif provoque un accroissement phénoménal des villes. Le premier pays a entrer dans cette nouvelle phase est la Grande-Bretagne et Londres sera donc la ville qui va le plus croître durant cette période puisque c’est la capitale du Royaume.

Entre 1800 et 1900, la population va être multipliée par six (d’un million à 6,7 millions d’habitants à la fin du XIXème siècle) et la superficie de la ville par sept1. Ainsi, la ville sera confrontée tout au long du XIXème siècle aux problèmes engendrés par une si forte croissance en un laps de temps très court à l’échelle de l’Histoire.

1. MUTHESIUS Stefan, 1982 84

ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 36 : Position géographique (en jaune) de la maison à Londres. En noir la «tâche urbaine». En bleu la Tamise. Le contour jaune est la limite administrative de la ville.

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Fig. 37 : Position (en jaune) de la maison dans son environnement proche, St George’s 10Square 50

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Les habitants ne seront pas épargnés par les problèmes de transport, d’insalubrité et de pollution. Sur le plan architectural, le nombre d’habitants a entraîné la construction de nombreuses maisons individuelles, préférées aux logements collectifs. Ainsi, des rues entières bordées de maisons identiques sont construites à la périphérie du centre-ville afin de loger les ouvriers londoniens.

En parallèle, des théories nouvelles afin de désengorger la ville seront créées comme celle des cité-jardin. Cependant cela n’empêchera pas la ville de Londres de croître rapidement au cours de ce siècle.

Le contexte londonien est particulier : à la différence d’autres pays et notamment la France jacobine, les aristocrates du royaume préfèrent vivre dans leurs terres à la campagne plutôt qu’à Londres, donc leur logement dans la capitale sont plutôt modeste et ceci explique l’absence d’hôtel particulier luxueux comme en France.

De plus, le problème foncier à Londres est omniprésent. Le peu de réserves foncières à Londres provoque une normalisation drastique des parcelles (seize pieds et quatre pouces de large) ce qui entraîne la construction de maisons identiques.

Enfin, il y aurait une raison à cette interminable ressemblance dans le logement londonien, comme beaucoup de choses dans ce pays, c’est la notion de classe. Rasmussen explique qu’à Londres, le système de classes fait que les gens de la même couche sociale vivront toujours les uns à côté des autres, séparés des gens plus riches ou plus pauvres qu’eux. Ainsi, il est « possible de standardi­ser les maisons : comme les gens vivant dans la même rue ont les mêmes besoins, leurs maisons sont strictement identiques2.»

La personnalité des architectes ayant participé à la construction de ces maisons nous est inconnue aujourd’hui . Cela peut être dû au fait que toutes ces maisons sont identiques et qu’il est donc inintéressant de dis2. Rasmussen Steen Eiler, 1960 86

ANALYSES & ETUDES DE CAS

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Fig. 38 : Plans et coupe de la maison en rangée, Saint George’s Square 1 5 m.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

tinguer les architectes ayant participé à ces constructions.

Cependant, pour des maisons destinées à une classe sociale plus élevée comme dans les maisons victoriennes de la fin du XIXème siècle, les architectes sont mentionnés, même si de nombreuses maisons sont aussi identiques. On voit donc qu’ici les couches sociales ont une véritable importance comme l’a expliqué Ras­mussen plus haut. De plus, on peut se demander si des architectes ont travaillé sur tous ces projets de maisons puisqu’il n’y a pas de trace apparente de leur action. Cette question mériterait de plus amples recherches sur les maisons ou­vrières londoniennes

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ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 39 : Schéma de répartition des usages. En jaune les pièces à usages collectifs, en gris les pièces à usages individuels.

Fig. 40 : Schéma montrant les points d’entrée de lumière. En jaune, les rayons lumineux, en gris les pièces sans éclairage naturel. En pointillé, les rayons venant du Nord.

Fig. 41 : Schéma montrant le parcours réalisé entre la rue et le jardin

Fig. 42 : Schéma de distribution au sein de la maison. Les flêches représentent le parcours.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Fig. 43 : Vue actuelle de la façade de la maison et de l’atelier de Victor Horta, Bruxelles.

2.2.6. LA MAISON & L’ATELIER HORTA, 1898-1900, VICTOR HORTA, BRUXELLES, BELGIQUE CONTEXTE DE LA VILLE, HISTORIQUE, ARTISTIQUE Avec l’indépendance de la Belgique en 1830, donc la paix et la stabilité, la nouvelle capitale, Bruxelles, prend un essor important au cours de la seconde moitié du XIXème siècle pour s’imposer à la fin de ce siècle comme une ville incon­tournable dans le monde de l’art.

Son dynamisme novateur en Europe attirera de nombreux artistes venant de tous pays (France, Royaume-Uni, Allemagne etc.) afin de se rencontrer et échanger. Ce cosmopolitisme, caractéristique de Bruxelles encore aujourd’hui, et surtout la seconde révolution industrielle, qui voit, outre l’essor de la classe ou­vrière, celui aussi d’une bourgeoisie tirant son profit de l’industrie, vont engendrer une véritable expansion de la ville, qui va notamment annexer ses communes suburbaines comme Saint-Gilles ou Uccle.

Cette expansion est aussi due à l’attractivité de la ville de par son 90

ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 44 : Position géographique (en jaune) de la maison à Bruxelles. En noir la «tâche urbaine». En bleu la Senne. Le contour jaune est la limite administrative de la ville.

Fig. 45 : Position (en jaune) de la maison dans son environnement proche, Rue Américaine 91

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

établissement en tant que capitale de la Belgique, et donc l’arrivée de nombreux fonctionnaires. Cet essor urbain sera caractérisé architecturalement par la construction de «maisons unifamiliales» (ou «maisons bruxelloises») inspirées très fortement par la tradition nord-européenne comme à Amsterdam entre autre.

Ces maisons, bien que représentant la quasi-totalité des nouvelles constructions entreprises entre la seconde moitié du XIXème siècle et l’entre-deux guerres, sont réservées à une classe sociale aisée.

D’une part par la rareté du foncier et donc son prix dans une ville déjà très dense et d’autre part par la qualité (esthétique, matérielle) et la taille des mai­sons construites sur plusieurs étages. Si en fonction de la largeur des façades, et donc des parcelles (parfois trois mètres seulement), on peut aisément imaginer le degré de richesse de ses habitants, la maison de ville de Bruxelles reste un produit de haute valeur.

HORTA1, L’ART NOUVEAU À la toute fin du XIXème siècle des artistes et architectes de toute l’Europe créent ce que l’on appellera plus tard un «Art Nouveau» représentant une séparation avec l’Académisme et la vague des «néo». À Bruxelles, ce mouvement est représenté par Victor Horta, partisan chef de file de l’Art Nouveau d’inspiration végétale (à dissocier d’un Art Nouveau géométrique de l’école de Glasgow ou de la Sécession Viennoise notamment). Au vu du contexte urbain de Bruxelles, il va de soi qu’ Horta se voit confier majoritairement des projets de maisons.

On peut ainsi citer l’Hôtel van Eetvelde (1894-1901) pour le secrétaire général du Congo, ou l’Hôtel Tassel (1893) pour un universitaire proche de l’industriel Solvay. Mais ce serait oublier un des projets majeurs d’ Horta qu’est la maison du peuple.

Ce n’est qu’en 1898, alors déjà au sommet de sa gloire, qu’ Horta achète deux lots côte à côte dans la commune (arrondissement) de Saint Gilles 1. Partie réalisée à partir de : BORSI Franco, PORTOGHESI Paolo, 1970.

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ANALYSES & ETUDES DE CAS

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Fig. 46 : Plans et coupe de la maison, Rue Américaine

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

afin de construire sa maison mais aussi son musée personnel afin de mettre en valeur son travail et ainsi asseoir sa renom­mée.

On voit donc bien que de par le contexte dans lequel il évolue, Horta est très lié au programme de la maison de ville. Mais il faut aussi noter l’ambiguïté résidant entre les termes d’Hôtel et de Maison dans l’appellation des différents projets de l’architecte belge, malgré un programme commun .

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ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 47 : Schéma de répartition des usages. En jaune les pièces à usages collectifs, en gris les pièces à usages individuels.

Fig. 48 : Schéma montrant les points d’entrée de lumière. En jaune, les rayons lumineux, en gris les pièces sans éclairage naturel. En pointillé, les rayons venant du Nord.

Fig. 49 : Schéma montrant le parcours réalisé entre la rue et le jardin

Fig. 50 : Schéma de distribution au sein de la maison. Les flêches représentent le parcours.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Fig. 51 : Vue actuelle de la façade des maisons de la cité du «Fer à cheval», Berlin.

2.2.7. PAVILLONS, HUFEISENSIEDLUNG (LA CITÉ DU FER À CHEVAL), 19251927, BRUNO TAUT, BERLIN, ALLEMAGNE BERLIN, LA RÉPUBLIQUE DE WEIMAR1 À la fin de la Première Guerre mondiale, la république de Weimar est proclamée en Allemagne afin de remplacer l’empire défait. La jeune république est face à des défis considérables au niveau du logement car de nombreux alle­mands sont sans toit à cause de la guerre.

De nombreux architectes, notamment des modernes comme Gropius (futur fondateur du Bauhaus), se lancent dans la conception de logements adaptés à la classe ouvrière allemande grâce aux nouvelles techniques de standardisation dans la construction. Cependant, l’Allemagne voit aussi l’apparition, ou plutôt l’affirmation d’une autre classe sociale : celle des employés.

Différente des ouvriers, elle est plutôt précurseur de notre classe 1. D’après MENGIN Christine, 2007 & COMMAILLE Laurent, 2008 96

ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 52 : Position géographique (en jaune) de la maison à Berlin. En noir la «tâche urbaine». En bleu la Spree. Le contour jaune est la limite administrative de la ville.

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Fig. 53 : Position (en jaune) de la maison dans son environnement proche, Jochen Nüssler Strasse 97

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

moyenne contemporaine. Elle aussi a besoin de logements marquant son identité et adaptés à son mode de vie différent des autres classes.

Comme l’explique Christine Mengin, de puissants syndicats employés associés à des sociétés de construction mettent en place de nouvelles caractéristiques de confort et nouveaux dispositifs spatiaux et donc une nouvelle architecture destinée à cette classe sociale particulière.

Deux «écoles» s’affrontent alors repré­ sentées par deux sociétés de construction différentes, la Gagfah et la Gehag : la première consiste en l’inspiration de l’architecture vernaculaire et des cités-jardins représentée par les toits en pente. La seconde est représentée par les toits plats et se réclame de l’architecture avant-gardiste moderne ainsi que de la social-démocratie. La cité du fer à cheval (Britz) réalisée par Bruno Taut est réalisée par cette dernière. A noter que Taut était l’architecte en chef de cette société immobilière.

BRUNO TAUT Bruno Taut est inspiré par les cité-jardin depuis un voyage en Angleterre que le lui a conseillé son mentor Hermann Muthesius (précurseur de l’architecture moderne allemande). Il est urbaniste à Magdebourg avant de devenir ar­chitecte en chef de la Gehag.

Son oeuvre majeure est la cité du fer à cheval, une cité-jardin berlinoise (1925-1927) conçue autour d’une mare. A noter que le fer à cheval est encore le logo de la Gehag, ce qui montre l’influence de Taut sur l’architecture moderne allemande à cette époque et son retentissement jusqu’à aujourd’hui.

Ses idées ancrées à gauche l’empêchèrent de se faire connaître avant la république de Weimar où il a pu se consacrer à la réalisation d’une architecture moderne en accord avec ses idées social-démocrates.

Parti travailler en URSS, il rentre en 1933 en Allemagne, mais le contexte politique ne lui permet plus d’exercer son métier convenablement ; il meurt finale­ment en 1938 en Turquie où il était devenu professeur après avoir fui son pays natal.

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Fig. 54 : Plans et coupe de la maison en rangée, Jochen Nüssler Strasse

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

À travers ces quelques phrases, on voit bien que Bruno Taut a une relation très étroite avec le programme de la maison : si on met souvent en avant les logements collectifs dans la cité du fer à cheval, il n’en demeure pas moins qu’il a réalisé des centaines de maisons individuelles grâce à sa société de construction.

Mais il ne faut pas oublier qu’il est spécialisé dans les maisons pour une classe sociale particulière, celle des employés et c’est bien son appartenance au mouvement moderne, ses idées nouvelles dans la manière d’aborder l’habitat et l’espace au service d’une classe qui font de lui un architecte au­jourd’hui important dans la thématique de la maison de ville.

100

ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 55 : Schéma de répartition des usages. En jaune les pièces à usages collectifs, en gris les pièces à usages individuels.

Fig. 56 : Schéma montrant les points d’entrée de lumière. En jaune, les rayons lumineux, en gris les pièces sans éclairage naturel. En pointillé, les rayons venant du Nord.

Fig. 57 : Schéma montrant le parcours réalisé entre la rue et le jardin

Fig. 58 : Schéma de distribution au sein de la maison. Les flêches représentent le parcours. En jaune, les escaliers 101

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Fig. 59 : Vue actuelle de la façade des maisons de la cité du «Fer à cheval», Berlin.

2.2.8. QUARTIER HOEK VAN HOLLAND, ROTTERDAM, J.J.P. OUD, 19241927, PAYS-BAS LES PAYS-BAS Comme la plupart des pays européens engagés dans la révolution industrielle dès le XIXème siècle, les Pays-Bas se retrouvent confrontés à de multiples problèmes de logement dus notamment à l’exode rural et à des conditions de vie précaires pour les ouvriers.

En 1901, le pays est un des premiers à établir une législation (Woningwet1) qui vise à favoriser la construction de logements pour les ouvriers. En dix paragraphes, cette loi établit par exemple le droit à l’expropriation si nécessaire, des aides financières de la municipalité ou encore l’engagement d’améliorer les conditions de logement et la réduction du nombre de personnes par habitation.

Cette loi, toujours appliquée aujourd’hui a constitué la base légale à la 1. BIRAGHI Marco, 2008 102

ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 60 : Position géographique (en jaune) de la maison à Rotterdam. En noir la «tâche urbaine». En bleu la Meuse. Le contour jaune est la limite administrative de la ville.

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Fig. 61 : Position (en jaune) de la maison dans son environnement proche, Scheepvaartstraat 103

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construction de 2 400 000 logements sociaux.

JACOBUS JOHANNES PIETER OUD ET HOEK VON HOLLAND En 1918, c’est J.J.P. Oud qui devient l’architecte en charge de la ville de Rotterdam. Il est un ancien élève de Berlage (un des fondateurs de « l’école d’Amsterdam ») et est membre du mouvement avant-gardiste De Stijl qui vise à la création d’une architecture mêlant toutes les formes d’art avec un espace fluide, déstructuré, au moyen de formes géométriques orthogonales et des couleurs primaires.

Pour Rotterdam, il va devoir construire de nombreux logements voir des quartiers entiers comme celui de Hoek Von Holland, petite municipalité à l’ouest de la ville.

A propos des maisons, Oud dit : « Les maisons… sont expressément conçues pour loger les plus pauvres parmi la classe ouvrière et… il est impératif que les coûts de construction unitaire ne dépassent pas 2400 florins (213 £)… [La] solution a été trouvée en appliquant les principes posés par Henry Ford dans sa production de voitures à la fois fiables et bon marché – précisément, des méthodes pratiques de construction et de production, une standardisation permettant de fabriquer toutes les composantes en usine, ainsi qu’une organisation économique de l’espace et des matériaux – « Des logements Ford », en somme2. ».

Le projet de Hoek van Holland est d’autant plus important que Oud a dû concevoir le quartier dans son ensemble avec ses différents services, ses magasins etc.

Pour ce projet, Oud sera critiqué par les tenants du mouvement moderne et ses compagnons de De Stijl car il utilise la courbe pour les bâtiments (commerces) situés à l’extrémité de ses rangées.

Il répondra aux critiques en disant : « Je déteste les ponts des chemins de fer dont les formes sont semblables à des cathédrales gothiques, – mais vous pouvez garder la pure ‘’architecture fonctionnelle’’ de nombreux 2. OUD J.J.P., 1925 104

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

ouvrages d’art tant vantés ainsi. […] J’aspire à une maison qui répond à toutes les exigences de mon amour de confort, mais pour moi, une maison est plus qu’une ‘’machine à habiter’’3 .»

Oud se mettra peu à peu de côté du « style international » et par De Stijl, tout en continuant son combat pour des logements décents pour les ouvriers, ce qu’il aura fait toute sa vie.

En cela, les Pays-bas avaient trouvé le meilleur ambassadeur pour leur politique de logements sociaux.

3. OUD J.J.P., 1925 106

ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 63 : Schéma de répartition des usages. En jaune les pièces à usages collectifs, en gris les pièces à usages individuels.

Fig. 64 : Schéma montrant les points d’entrée de lumière. En jaune, les rayons lumineux, en gris les pièces sans éclairage naturel. En pointillé, les rayons venant du Nord.

Fig. 65 : Schéma montrant le parcours réalisé entre la rue et le jardin

Fig. 66 : Schéma de distribution au sein de la maison. Les flêches représentent le parcours.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Fig. 67 : Vue de la façade des maisons en rangée, Pietarsaari

2.2.9. ROWHOUSES, ALVAR AALTO, PIETARSAARI, FINLANDE, 1956, ALVAR AALTO LE PROJET DE PIETARSAARI La Finlande est le pays le moins densément peuplé d’Europe. On peut donc supposer qu’elle n’a pas les mêmes problèmes d’optimisation de l’espace comme d’autres pays.

Pietarsaari (Jakobstad en Français) est une ville moyenne proche de la frontière suédoise. Cette ville a connu un fort développement au XIXème siècle avec l’arrivée de l’industrie et plus particulièrement l’entreprise UPM qui produit des marchandises issues de la forêt. Le paysage des alentours de la ville, comme dans quasiment tout le pays est un paysage naturel plat et boisé.

Entre 1963 et 1965, Alvar Aalto réalise six maisons mitoyennes pour des familles issues de la classe moyenne.

Le terrain large et légèrement en pente est situé à côté d’un bois à la pé108

ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 68 : Position géographique (en jaune) de la maison à Pietarsaari. En noir la «tâche urbaine».

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Fig. 69 : Position (en jaune) de la maison dans son environnement proche, Kvarnbacksgatan

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

riphérie de la ville de Jakobstad.

On peut déjà souligner le fait que l’implantation dans un terrain quasi rural de maisons mitoyennes est original. Cependant la présence des maisons dans un angle du terrain peut laisser à penser que l’architecte voulait laisser un maximum d’espace vert dans son projet.

De plus, l’implantation des maisons est asymétrique, en arc de cercle, de manière à protéger l’intimité des différents habitants.

Chaque maison a un petit jardin privatif devant son salon, mais ce qu’il faut retenir et qui est important pour le programme, c’est le partage du reste de toute la parcelle.

Ce partage est d’autant plus important qu’il ne touche pas seulement l’espace extérieur : au sous-sol, le programme prévoit un sauna commun, une blanchisserie et une pièce à usage libre (jeux etc.).

Ceci montre la volonté de l’architecte et de la maîtrise d’ouvrage de promouvoir un habitat certes individuel car les entrées sont séparées et l’intimité est recherchée par l’agencement des volumes habitables, mais aussi une vie en collectif avec l’idée de partage pour certains espaces et usages.

ALVAR AALTO & LES MAISONS DE VILLE Alvar Aalto est reconnu pour de nombreux projets qui lui ont permis de mettre en œuvre ses théories architecturales.

Les thématiques que l’on peut retrouver dans ses travaux sont répertoriées par Rainier Hoddé1. Ainsi il cite : « la relation intérieur – extérieur, l’ondulation de l’espace, […] le modernisme organique, […] et l’espace « démocratique »2. Aalto parle d’architecture « des petites gens 3 ».

1. HODDE Rainier, 2012 2. Idib 3. Idib 110

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Il souligne aussi le fait que si l’on cite toujours en exemple ses projets les plus grands et prestigieux, Aalto a passé beaucoup de temps sur la réalisation de maisons de ville et les thématiques citées précédemment, sont aussi bien présentes dans les « grands » que dans les « petits » projets.

Aalto cherche dans ses maisons à retrouver la symbolique du « Tupa » traditionnel finlandais : « en ancien finnois, il désignait la cuisine. Dans les anciennes fermes, cette pièce avait généralement un foyer et/ou un fourneau, quelques bancs, et parfois un petit lit4 ».

Enfin, la relation avec la nature est fondamentale dans le travail d’Aalto et se retrouve dans ses maisons de ville. Son objectif est de réaliser une architecture en phase avec son environnement sans poser problème aux usages quotidiens des habitants.

4.. D’après un Finlandais rencontré au cours de l’étude.

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Fig. 71 : Schéma de répartition des usages. En jaune les pièces à usages collectifs, COUPE LONITUDINALE RDC en gris les pièces à usages individuels.

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Fig. 72 : Schéma montrant les points d’entrée de lumière. En jaune, les rayons lumineux, en gris les pièces sans éclairage naturel. En pointillé, les rayons venant du Nord.

Fig. 73 : Schéma montrant le parcours réalisé entre la rue et le jardin

Fig. 74 : Schéma de distribution au sein de la maison. Les flêches représentent le parcours. En jaune, les escaliers.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Fig. 75 : Les maisons en rangée conçues par Mario Ridolfi dans les années 1970.

2.2.10. CASE A SCHIERA, M. RIDOLFI, INA CASA, QUARTIERE TIBURTINO, 1950-1954, ROMA, ITALIA L’ « INA-CASA » A la fin de la seconde guerre mondiale, la nouvelle république italienne décide d’investir massivement dans la construction de logements pour les ouvriers.

Respectivement aux pays européens comme l’Angleterre, la France et l’Allemagne, l’Italie n’avait pas encore terminé sa « mue » vers une société majoritairement urbaine (notamment dans le sud de la péninsule)1.

Ce facteur conjugué à la situation précaire de milliers d’italiens après la guerre, va entraîner la création du plan « INA-Casa ».

Avec la loi du 28 février 1949, (n. 43) le Parlement adopte le projet de loi pour «augmenter l’activité ouvrière, en aidant à la construction de

1. DI BIAGI Paola, 2001 114

ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 76 : Position géographique (en jaune) de la maison à Rome. En noir la «tâche urbaine». En bleu le Tibre. Le contour jaune est la limite administrative de la ville.

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Fig. 77 : Position (en jaune) de la maison dans son environnement proche, Via Luigi Cesana

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

logements pour les travailleurs 2 ».

Le financement de ce projet est opéré par les fonds spéciaux de l’ Istituto Nazionale delle Assicurazioni (Institut National des Assurances « INA »).

Prévu pour un plan septennal, l’opération INA-Casa sera finalement reconduite jusqu’en 1963, à la fin de la période dite de la Reconstruction3.

L’objectif est à la fois social : donner un logement décent aux ouvriers italiens, mais aussi économique car il s’agit de relancer le secteur de la construction après la guerre.

Le plan sera très efficace puisqu’en sept ans, ce sont 147 000 logements qui seront construits, pour un total de 355 000 en 14 ans4.

MARIO RIDOLFI, L’ INA-CASA ROMA TIBURTINA Mario Ridolfi, réalise plusieurs projets sous l’ère fasciste, représentatifs du Rationalisme italien comme le Bâtiment des Postes à Rome (1935).

Après-guerre, il s’oriente plutôt vers le Néoréalisme architectural, qui consiste à réinterpréter de manière moderne les valeurs du passé. Il cherchera ainsi à donner à ses réalisations l’idée de « bourg » ou de village.

Il mettra cette idée en œuvre particulièrement dans le projet INA-Casa Tiburtina, à la périphérie est de Rome entre 1949 et 1954. Avec Ludovico Quarino, il est chargé de la planification urbaine du quartier et réalisera lui même deux projets de logements : un de logements collectifs et un autre de maisons de ville, qui correspondent à ses « recherches sur la typologie5 ».

Ainsi, autant dans le plan urbain que dans ses projets de logements, il s’efforcera d’adopter « un langage architectural se référant à l’architecture vernaculaire, rendre articulé et varié l’environnement6. » 2. DI BIAGI Paola, 2001 3. M. GUCCIONE, M. SEGARRA LAGUNES, R. VITTORINI, 2002 4. M. GUCCIONE, M. SEGARRA LAGUNES, R. VITTORINI, 2002 5. R. CAPOMOLLA, R. VITTORINI (dir.), 2003 6. DI BIAGI Paola, 2001 116

ANALYSES & ETUDES DE CAS

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Enfin il cherchera à « recréer une atmosphère domestique, de bourg spontané, en adoptant des solutions de composition qui redonnent à l’habitation individuelle son caractère singulier7 ».

Le projet du quartier sera pensé comme un village avec trois types de logements : tours de logements, immeubles en barres et maisons de ville avec « des voies piétonnes, des coursives […] et des passages couverts, avec des jardins, des potagers, […] et des places8. ».

Il sera fait appel à des artisans locaux pour la réalisation de certaines parties du quartier afin d’aller aussi matériellement au bout de cette logique, voulue par Ridolfi.

Situées dans une rue en pente, les maisons de ville conçues par Mario Riodlfi s’organisent comme des gradins le long d’une coursive surélevée.

7. DI BIAGI Paola, 2001, p.32 8. Idib, p.34 118

ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 79 : Schéma de répartition des usages. En jaune les pièces à usages collectifs, en gris les pièces à usages individuels.

Fig. 80 : Schéma montrant les points d’entrée de lumière. En jaune, les rayons lumineux, en gris les pièces sans éclairage naturel.

Fig. 81 : Schéma montrant le parcours réalisé entre la rue et l’espace extérieur

Fig. 82 : Schéma de distribution au sein de la maison. Les flêches représentent le parcours.

119

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Fig. 83 : Vue actuelle des maisons en rangée à Galgebakken.

2.2.11. GALGEBAKKEN, STORGAARD, J. P. , J. ØRUM-NIELSEN, HANNE MARKUSSEN, HANNE ØRUN-NIELSEN, COPENHAGUE, 1971-1974, DANEMARK Ce quartier situé à la périphérie ouest de Copenhague est un des premiers quartiers réalisé par les tenants d’une architecture horizontale dense au début des années 1970. Il est entouré d’autres quartiers réalisés avec le même principe.

Les habitants qui s’organisent de la sorte forment des « communautés1 » qui acceptent donc la promiscuité et le fait de partager certains espaces avec leur voisins. On peut parler de mode de vie «alternatif», respectivement à la manière dont on pense la ville et le logement traditionnellement, notamment dans les années 1970.

Ces réalisations sont la réaction à l’architecture promue par le gouvernement danois dans les années 1960 : une architecture verticale.

1. D’après le site http://www.housingprototypes.org/ 120

ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 84 : Position géographique (en jaune) de la maison à Copenhague. En noir la «tâche urbaine». En bleu, la mer Baltique et le cours d’eau local. Le contour jaune est la limite administrative de la ville.

10

50

m.

Fig. 85 : Position (en jaune) de la maison dans son environnement proche, Trippendasvelj

121

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Les commanditaires veulent prendre exemple sur l’architecture ouvrière réalisée au Danemark durant le XIXème siècle. Ils ont pour référence notamment le village de Dragor, situé au sud du Danemark.

L’objectif est de réussir à retrouver l’ambiance, les liens sociaux, et les formes traditionnelles compactes de ces villages ruraux danois : l’idée de rue comme lieu de socialisation, comme les places et bien sûr le lien avec la nature absent en ville.

Proche de l’ancien village de Herstedwester, les architectes ont à disposition un site large et plat sur lequel ils placent cent deux logements organisés en différents blocs en forme de cloître.

Les typologies de logements sont variées, les formes s’en trouvent elles aussi changées : ainsi on retrouve des maisons de un ou deux étages, des habitations pour seulement une personne qui peut être un étudiant ou une personne âgée. L’idée de communauté a donc ici une importance car elle permet d’accueillir le plus de profils d’habitants différents, pas seulement une famille nucléaire.

Au niveau programmatique, des écoles, des boutiques, et aussi des aires de jeux sont réalisés mais sur un autre site, commun à toutes les communautés des quartiers environnants, de manière à créer une sorte de « centre-ville ».

L’idée de partage est aussi fondamentale dans la manière dont sont conçus ces « cloîtres » et l’agencement et l’organisation des maisons en leur sein.

Tout d’abord, chaque maison est encadrée par deux jardins : du côté des espaces diurnes comme la cuisine, ou le salon, le jardin est en partage avec les voisins. C’est donc un espace privé-collectif. Du côté des chambres, le jardin est privé bien qu’il puisse lui aussi s’ouvrir si besoin est.

Un espace collectif est prévu à l’extérieur des cloîtres au centre du quar122

ANALYSES & ETUDES DE CAS

1 4

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7 2

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R+1

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Salon

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Entrée

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COUPE LONITUDINALE

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RDC

5

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Fig. 86 : Plans et coupe d’une maison en rangée, Trippendasvelj

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

tier : il peut à la fois servir de lieu de réunion, d’espace pour faire des repas communs, pour rencontrer ces voisins etc. Le haut degré de socialisation est donc une part fondamentale de ce projet. Il est de plus intéressant de voir que cette problématique était déjà posée il y a quarante cinq ans au Danemark alors qu’elle assez récente en France par exemple.

Comme dans d’autres projets étudiés, on peut se demander si dans ce type de projet, les maisons de ville peuvent être considérées comme un habitat individuel ou collectif, vu le degré de porosité existant entre l’espace privé et celui partagé.

124

ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 87 : Schéma de répartition des usages. En jaune les pièces à usages collectifs, en gris les pièces à usages individuels.

Fig. 88 : Schéma montrant les points d’entrée de lumière. En jaune, les rayons lumineux, en gris les pièces sans éclairage naturel.

Fig. 89 : Schéma montrant le parcours réalisé entre la rue et le jardin

Fig. 90 : Schéma de distribution au sein de la maison. Les flêches représentent le parcours. En jaune, les escaliers.

125

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Fig. 91 : Vue des maisons peu de temps après leur construction.

2.2.12. SÀO VICTOR, ALVARO SIZA, PORTO, 1974-1978, PORTUGAL PORTUGAL, SAAL Ces maisons font partie d’un ensemble de trois projets réalisés par Siza pour des personnes en grande précarité après la Révolution des œillets en 1974 et la chute du régime dictatorial portugais.

Quartier central de Porto, très densément peuplé, le projet fait partie de l’ensemble de la requalification urbaine nécessaire au lieu.

Tout ce processus s’inscrit dans le programme SAAL (Servicio Ambulatório de Apoio Local 1974-1976),« une initiative architecturale et politique conçue afin d’adresser le manque de logement et les conditions de vie pauvres de nombreuses villes portugaises. Produit de la révolution du 25 avril 1974, SAAL a déployé des équipes d’architectes, appelées « brigades », partout au Portugal avec le mandat de développer des solutions de logement avec la contribution des résidents locaux. »1 1. Selon le site du CCA : http://www.cca.qc.ca/fr.

126

ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 92 : Position géographique (en jaune) de la maison à Porto. En noir la «tâche urbaine». En bleu, la mer Méditerranée et le cours d’eau local. Le contour jaune est la limite administrative de la ville.

10

50

m.

Fig. 93 : Position 10 (en jaune) de la maison dans 50 son environnement proche, Rua de Sao Vitor m.

127

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

On voit donc bien le lien avec les autres initiatives du même genre qui ont eu lieu au cours du XXème siècle dans les autres pays européens : Pays- Bas, Italie, Allemagne, France notamment.

Au vu de l’industrie peu développée au Portugal à l’époque, l’utilisation de béton et des matériaux et des formes les plus basiques est faite.

SIZA, LE PROJET Le projet est situé dans un site très étroit enserré entre des petites rues.

Cette idée de logements populaires au faible loyer est tirée du programme de résistance des révolutionnaires anti Salazar L’objectif est de réaliser des maisons qui soit à la fois basées sur les architectures environnantes, la tradition, tout en améliorant leur qualités structurelles, spatiales avec une construction modulaire notamment.

Au départ, 20 maisons étaient prévues avec une restructuration entière de la rue, ce sont finalement 10 qui ont été construites.

L’idée est de réaliser un habitat à l’espace minimum nécessaire de manière à pouvoir loger le plus de personnes possibles dans des conditions décentes. Mais cela a aussi pour but d’économiser l’espace dans ce lieu si contraint. De cette manière, Siza réussit tout de même à donner un patio à chacune de ses maisons par exemple.

Cet « habitat minimal » n’est pas sans rappeler les concepts et théories appliqués en Allemagne dans l’entre deux guerre, avec à son paroxysme l’exposition de 1927 à Stuttgart.

Cependant, le rapport au site et à la standardisation est différent : les allemands prévoyaient au site vierge de s’adapter à leur architecture préfabriquée. Siza est plus en lien avec son site de projet car il veut insérer son projet dans un lieu déjà densément construit, et s’il utilise bien des éléments standardisés notamment pour des raisons économiques, il 128

ANALYSES & ETUDES DE CAS

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2

3

4 4

RDC 1

5

1

Salon

2

Cuisine

3

Salle de Bain

4

Chambre

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COUPE LONITUDINALE 1

5

m.

Fig. 94 : Plans et coupe d’une maison en rangée, Rua de Sao Vitor

129

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

veut les adapter à la situation.

Ces notions de tradition, de son amélioration et donc l’idée de lier l’architecture moderne avec celle vernaculaire portugaise est le fondement du courant architectural de Siza nommé le régionalisme critique.

Ce mouvement va en opposition au style académique de la dictature portugaise. Ses idées rationalistes, tout en respectant la tradition portugaise sont donc en parfaite cohérence avec le programme SAAL.

130

ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 95 : Schéma de répartition des usages. En jaune les pièces à usages collectifs, en gris les pièces à usages individuels.

Fig. 96 : Schéma montrant les points d’entrée de lumière. En jaune, les rayons lumineux, en gris les pièces sans éclairage naturel.

Fig. 97 : Schéma montrant le parcours réalisé entre la rue et l’espace extérieur.

Fig. 98 : Schéma de distribution au sein de la maison. Les flêches représentent le parcours. En jaune, les escaliers.

131

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Fig. 99 : Vue des maisons le long du Canal peu de temps après leur construction.

2.2.13. GRAND UNION CANAL, GRIMSHAW, NICHOLAS & PARTNERS, LONDRES, ANGLETERRE, 1988 LE QUARTIER DE CAMDEN Le quartier de Camden Town est un quartier situé au nord ouest de Londres. À la fin du XVIIIème siècle, le quartier de Camden commence à muter avec la première révolution industrielle. A l’aube du chemin de fer, le quartier devient un point extrêmement important de la capitale en tant que le lieu de transit.

De plus, le passage du Regent’s Canal donnera aussi une importance pour le transport fluvial dans le quartier. Le Grand Union Canal, relié à ce dernier, lie des villes britanniques de premier plan : Leicester, Northampton, et surtout Birmingham.

La population ouvrière et l’industrialisation du quartier donneront une réputation assez négative à Camden. Ce n’est que dans les années 1970 132

ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 100 : Position géographique (en jaune) de la maison à Porto. En noir la «tâche urbaine». En bleu, la Tamise. Le contour jaune est la limite administrative de la ville.

10

50

m.

Fig. 101 : Position (en jaune) de la maison dans son environnement proche le du Grand Union Canal 133

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

avec la nouvelle mutation du quartier, basée sur le tourisme et le commerce que la situation changera.

Le projet de Nicholas Grimshaw entre donc parfaitement dans ce contexte de requalification urbaine. Aujourd’hui, le quartier est un lieu important pour la culture alternative avec des groupes de punk, gothiques etc.

LE PROJET Le site triangulaire du projet est bordé au nord par le Grand Union canal. L’objectif était de créer une mixité entre les diverses communautés habitant le quartier et de réussir à placer sur le même site un supermarché, une école maternelle, un parking, des bureaux, et bien évidemment les 10 maisons de ville.

Grimshaw utilise une structure en acier typique de son travail (il utilise la même structure dans le supermarché et pour les maisons). Au sein de cet ensemble, la place des maisons est paradoxale : elles sont bien placées car le long d’un agréable canal, mais côté rue sont face aux bureaux et au parking.

L’architecte décide donc de fermer totalement la façade côté rue,se protégeant ainsi de la pollution et du bruit tout en laissant passer la lumière naturelle, et d’ouvrir largement la façade côté canal.

De plus, l’architecte anglais a prévu un accès au canal pour les habitants de manière à pouvoir faire accoster des bateaux privés. Ce détail montre que les habitants prévus sont aisés. Respectivement à l’histoire du quartier et à sa population au départ ouvrière et populaire, on voit ici la volonté de vrai changement social, d’une gentrification de la part des dirigeants du quartier.

Ce projet est donc d’autant plus intéressant qu’il vient « clore » la période industrielle de Londres (du moins en son centre) et marquer les changements qui s’effectuent dans la deuxième moitié du XXème siècle dans beaucoup de villes européennes : les familles aisées reviennent en 134

ANALYSES & ETUDES DE CAS

1

1

4

4

2 6

5

3

RDC 1

5

R+1

1

Salon

4

Chambre

2

Cuisine

5

Salle de Bain

3

Toilettes

6

Entrée

R+2

m.

4

4 5

Chambre Salle de Bain Entrée

R+2 COUPE LONITUDINALE 1

5

m.

Fig. 102 : Plans et coupe d’une maison en rangée, Grand Union Canal

135

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

centre-ville qu’elles avaient délaissé et les familles populaires vont à la périphérie des villes, là où sont allées aussi les industries.

Le processus de désindustrialisation des centres-ville laisse donc des friches. Des projets comme celui de Grimshaw viennent les combler et donner une nouvelle vie à des quartiers parfois sinistrés, comme celui de Camden.

L’architecture de Nicholas Grimshaw, volontairement « high-tech » vient souligner la volonté de modernisation du quartier. Reconnu pour ses projets en tant qu’architecte moderne, il a démontré avec des projets comme la gare de Waterloo à Londres en 1994 qu’il portait une attention particulière à la structure et à l’acier.

136

ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 103 : Schéma de répartition des usages. En jaune les pièces à usages collectifs, en gris les pièces à usages individuels.

Fig. 104 : Schéma montrant les points d’entrée de lumière. En jaune, les rayons lumineux, en gris les pièces sans éclairage naturel. En pointillé, les rayons provenant du Nord.

Fig. 105 : Schéma montrant le parcours réalisé entre la rue et l’arrière de la maison

Fig. 106 : Schéma de distribution au sein de la maison. Les flêches représentent le parcours. En jaune, les escaliers.

137

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Fig. 107: Vue actuelle de la façade arrière de la maison.

2.2.14. BORNEO 12 , MVRDV, 1999, AMSTERDAM, PAYS-BAS PAYS- BAS, AMSTERDAM Comme au XIXème siècle et au début du XXème siècle,les Pays-bas se retrouvent dans les années 1990 avec un besoin de logements en ville et notamment à Amsterdam. Étant donné la petitesse du territoire hollandais, la question de l’espace est toujours au centre du projet.

Avec cette demande de logements, la ville va mettre à disposition des terrains inutilisés depuis plusieurs décennies : ce site composé de plusieurs îles était une partie du port de la ville notamment à l’époque coloniale (Borneo étant le nom d’une des îles des Indes Néerlandaises).

Elles ont servi de lieux de stockage pour des containers et étaient aussi occupées par des lignes de chemin de fer.

LE PROJET GLOBAL Le plan d’organisation général a été confié à l’agence West8. Son rôle a été de dessiner le masterplan ainsi que de rédiger le cahier des charges 138

ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 108 : Position géographique (en jaune) de la maison à Amsterdam. En noir la «tâche urbaine». En bleu, l’ Amstel. Le contour jaune est la limite administrative de la ville.

10

50

m.

Fig. 109 : Position (en jaune) de la maison dans son environnement proche, Scheepstimmermanstraat 139

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

architecturales.

Le choix a été de réaliser une architecture différente pour chaque île. « Ainsi, l’île de Java rappelle les canaux du centre historique, alors que l’aménagement des îles Bornéo et Sporenburg va davantage se rapprocher de ce qu’on peut voir dans le quartier Jordaan, plus moderne1. » Le programme prévoit de créer une relation privilégiée « avec l’eau de l’Amstel, sur lequel les habitations ont un accès direct2. » BORNEO Le principe de logement mis en place est celui de l’ «habitat individuel dense ». « Le projet est constitué de 100 unités de logements par hectare. Ces logements sont des maisons individuelles de faible hauteur, imbriquées les unes dans les autres,[...] soit un ensemble de 2500 logements3. » En imbriquant les maisons les unes aux autres, la densité est accrue en ayant toujours cette volonté de permettre une appropriation par les habitants, notamment avec une entrée personnelle, un jardin ou un patio.

Comme l’explique Louise Tanné-Filippi : « Dans chaque maison, environ la moitié de la surface est consacrée à un jardin ou un patio4. » Enfin, le fait qu’à la différence de beaucoup de projets de maisons de ville, chaque maison ait été séparée et réalisée par des architectes différents (tout en respectant le cahiers de charges architecturales de West8), fait que le quartier a un aspect homogène mais diversifié et cela participe aussi à l’appropriation par les habitants.

Afin d’économiser l’espace disponible, le choix a été fait de sacrifier les espaces publics, contrebalancé par la présence de l’eau et par des espaces privatifs plus généreux.

1. TANNE-FILIPPI Louise, 2013 2. Idib 3. Idib 4. Idib 140

ANALYSES & ETUDES DE CAS

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4

5

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RDC

R+1

1

5

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1

Salon

R+2 4

Chambre

2

Cuisine

5

Salle de Bain

3

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6

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Entrée

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RDC m.

1

Fig. 110 : Plans et coupe de la maison Borneo 12, Scheepstimmermanstraat

141

5

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

« En conclusion, l’aménagement des iles Bornéo et Sporenburg a été conçu de façon à favoriser la densité en utilisant le concept d’Habitat Individuel Dense, qui permet de conjuguer densité et cadre de vie agréable. L’originalité du cadre paysager dans lequel est implanté le projet ajoute au sentiment d’espace dont les habitants bénéficient. De plus, les îles Bornéo et Sporenburg se situent à quelque centaines de mètres du centre d’Amsterdam et de la Gare Centrale, permettant ainsi une mobilité parfaite aux habitants5. »

5. TANNE-FILIPPI Louise, 2013 142

ANALYSES & ETUDES DE CAS

Fig. 111 : Schéma de répartition des usages. En jaune les pièces à usages collectifs, en gris les pièces à usages individuels.

Fig. 112 : Schéma montrant les points d’entrée de lumière. En jaune, les rayons lumineux, en gris les pièces sans éclairage naturel. En pointillé, les rayons provenant du Nord.

Fig. 113 : Schéma montrant le parcours réalisé entre la rue et l’arrière de la maison

Fig. 114 : Schéma de distribution au sein de la maison. Les flêches représentent le parcours. En jaune, les escaliers.

143

3. VERS UN COMPROMISÂ ?

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

3.1. POSITION DANS LA VILLE, CONTEXTE 3.1.1. LES MAISONS CONSTRUITES EN ZONE URBAINE Au regard de ces différentes analyses, il y a deux raisons pour lesquelles un projet de maisons en rangée a pu se développer au sein d’une zone urbaine (en centre-ville ou pas) malgré le besoin d’une densité censée être plus élevée que ne le proposent ces maisons. Deux logiques différentes qui correspondent à des besoins et des catégories de population différentes.

RELOGER DES PERSONNES EN SITUATION DE PRÉCARITÉ Maisons du Troisième type, Paris, et projet Sao Vitor, Porto.

La logique est de créer des logements pour des ouvriers ou des personnes sans domicile. Une grande précarité, qui nécessite une réponse sanitaire, sociale et d’urgence, pour les victimes d’une dictature d’un côté et pour des ouvriers venus en masse de la campagne pour Paris.

Ainsi, des bidonvilles ou des taudis sont détruits et sont remplacés par 146

VERS UN COMPROMIS ?

des maisons pouvant accueillir dignement ces gens sans avoir de grands moyens.

L’intérêt est de pouvoir apporter un logement neuf, salubre et sûr à des familles entières. L’eau courante fait même son apparition avec la maison du troisième type, chose très rare au XIXème siècle. Pour le projet de Sao Vitor, il y a un inconvénient. Effectivement, comme le site de projet est très réduit et l’État pauvre, Alvaro Siza ne peut réaliser la totalité de son projet et il ne peut donc pas loger la totalité des personnes prévues.

Le problème foncier est fondamental en ville et la création de projets de la sorte est extrêmement difficile. Pour Paris, le problème est le même, les maisons faisant partie du quartier Mouzaïa sont mono-orientées (la maison étudiée est une exception ) comme en témoigne le parcellaire.

Cela a donc un impact direct sur la taille, la lumière et l’organisation spatiale de la maison. A l’inverse, les parcelles de Sao Vitor sont tellement étroites que les maisons sont extrêmement allongées afin d’économiser l’espace.

Ce sont donc deux logiques inverses pour un même objectif et un contexte de raréfaction du foncier commun.

REDYNAMISER UN QUARTIER Maisons de Grimshaw à Londres, et Borneo 12 à Amsterdam.

Les projets se trouvent dans un quartier sensible d’un côté, et dans des terminaux portuaires désertés de l’autre. Malgré cela, ce sont tous deux des quartiers centraux dans leurs métropoles respectives. Il ne s’agit plus seulement de la ville seule comme au XIXème siècle mais bien de grandes agglomérations, des métropoles, dont la tâche urbaine est si grande que ces projets finissent par être centraux à l’échelle territoriale.

Les villes ont besoin de se densifier et viennent à cette fin construire dans les zones que la ville industrielle a abandonné.

L’avantage est que la ville semble plus encline à réaliser des projets sortant 147

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

de l’esthétique traditionnelle (sans pour autant s’en affranchir totalement dans le cas de Borneo). L’occasion est donnée aux architectes de mettre en pratique leurs théories personnelles. Ainsi, Nicholas Grimshaw joue la carte de l’architecture High-Tech dans la Londres de briques rouges.

L’inconvénient est que cette architecture est destinée à une clientèle fortunée, qui peut se permettre ces biens qui jouissent d’une position particulière, au bord de l’eau et en ville pour ces deux exemples. Si la question du foncier est un peu moins présente pour le projet de MVRDV car le projet de réhabilitation de l’ancien port d’Amsterdam est gigantesque (même si la rentabilité n’est pas oubliée), c’est pour Grimshaw un vrai problème.

Ces exemples montrent que des contraintes foncières fortes poussent les architectes à trouver de nombreuses solutions ingénieuses pour offrir des espaces confortables.

3.1.2. LES MAISONS CONSTRUITES EN PÉRIPHÉRIE Au travers des exemples suivants, on retrouve deux manières totalement différentes d’aborder la vie en périphérie. Mais ces projets montrent comment la périphérie a pu être synonyme de confort, et de lieu pour habiter à bon prix.

LOGER LES OUVRIERS TRAVAILLANT DANS LES INDUSTRIES DE LA VILLE Maisons de la courée Lilloise, de l’échoppe bordelaise, de la maison ouvrière à Londres, de Hoek Von Holland et de Ridolfi à Rome L’ exode rural massif des révolutions industrielles au XIXème et XXème siècles crée un besoin de loger le plus de personnes possible, or la périphérie est à cette époque vide ou remplie de bidonvilles. Elle est donc propice à la construction de nouveaux logements.

C’est aussi un moyen pour les investisseurs de gagner de l’argent. En effet, des crédits sont accordés pour les ouvriers afin de s’acheter une maison avec un jardin la plupart du temps pour rappeler la campagne et permettre aux familles d’avoir un potager, comme à Londres par exemple.

148

VERS UN COMPROMIS ?

En ce qui concerne la courée, c’est une situation particulière car il s’agit d’ habiter sur le lieu de travail, collé à l’usine. L’habitat est rudimentaire, précaire, avec un point d’eau commun.

C’est différent pour le projet de Mario Ridolfi à Rome. Ce sont des logements prévus pour des personnes n’ayant plus de logement, souvent à cause de la guerre, et c’est surtout un projet public, avec une attention particulière des autorités.

Cela permet à la ville de s’agrandir et d’accueillir les personnes dont elle a besoin. Quelques fois cela résout un problème de logement grave, comme celui des bidonvilles. Le problème est que lorsque le projet est privé, il y a un risque de création de situations de précarité voire insalubrité, comme avec les courées par exemple.

Le parcellaire agricole, généralement sous-jacent, influe sur la forme de la maison, qui est allongée. Une économie d’espace est donc nécessaire, ainsi qu’une optimisation de la distribution tout en ayant la possibilité d’avoir des espaces extérieurs. L’optimisation de l’espace peut cependant conduire à une situation difficile, comme en attestent les courées encore une fois.

Enfin, la répétition systématique de la même forme de maison dans des rues voire des quartiers entiers peut poser certains problèmes comme celui de l’uniformisation de la société ou encore l’idée d’imposer un modèle familial en fonction du logement.

CONSTRUIRE AUTOUR DE LA VILLE POUR ÉCHAPPER AU CENTRE HISTORIQUE INSALUBRE Maisons de Victor Horta à Bruxelles, de Taut à Berlin. À Berlin, la périphérie est utilisée pour loger les employés, ou la classe moyenne allemande florissante dans les années 1920-1930. L’idée est d’offrir un cadre de vie plus agréable que le centre-ville. Cependant, la politique des siedlung, inclut aussi (et surtout) le logement de masse pour les ouvriers.

149

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

À Bruxelles, le concept est de loger la bourgeoisie et l’aristocratie belge dans de nouveaux quartiers luxueux éloignés des industries et avec le confort moderne d’époque, des rues larges et des magasins pour eux seulement. C’est une véritable fuite de l’élite vers la périphérie (qui fait néanmoins partie du centre aujourd’hui).

Les avantages sont divers : pour Berlin, le dessin de l’architecte est libre pour le plan général du quartier et il peut mettre en pratique ses idées sociales et modernes. De plus, des quartiers adaptés à une population particulière sont créés, en réponse à leurs besoins. Cela correspond aussi aux valeurs hygiénistes de l’époque : une grande place pour la nature, malgré la proximité du centre.

Pour son projet de maison, Horta a la possibilité d’acheter les parcelles voulues, et de mettre en pratique tout son savoir faire, même si le parcellaire en lanière l’oblige à en acheter deux.

3.1.3. LES MAISONS CONSTRUITES EN ZONE RURALE Ce sont des exemples qui prouvent que la maison en rangée n’est pas destinée à un environnement urbain SE RAPPROCHER DE LA NATURE Maison de Bath.

Les principes des Lumières sont ici mis en pratique en architecture. Les aristocrates veulent profiter des bénéfices de la nature et du thermalisme de Bath. Un grand plan d’extension de la ville est réalisé, mais toujours en lien avec la nature et les parcs environnants. Ainsi, les maisons sont confortables, avec un espace extérieur privé, qui permet de jouir des plaisirs de la campagne avec tout le confort possible à l’époque.

Ce projet est un symbole du développement du capitalisme anglais avec la spéculation, mais aussi la mise en pratique de la pensée architecturale géorgienne. L’unité urbaine est donnée grâce aux gabarits communs, aux formes urbaines et à la mitoyenneté.

150

VERS UN COMPROMIS ?

Le problème majeur à notre époque est l’absence totale de mixité sociale, seuls quelques privilégiés en profitent. De plus, la maison sert la forme urbaine, elle n’est pas pensée en soi par l’architecte (seulement la façade). Enfin, la maison n’est pas faite pour y vivre mais est un lieu de villégiature.

VIVRE EN COMMUNAUTÉ Maisons d’ Alvar Aalto et de Copenhague.

L’idée est de vivre hors la ville pour vivre différemment avec la nature comme cadre de vie. La communauté est alternative à Copenhague. Sur une parcelle unique, de multiples maisons sont édifiées, les espaces extérieurs sont collectifs et les habitants font des économies par la mise en commun. Cette solidarité entre les habitants, promeut le « vivre ensemble », bien que la question de la propriété puisse être sensible.

Mais, des formes libres sont constructibles à l’intérieur de la parcelle, sans contraintes particulières (hormis les règles urbaines évidemment).

151

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

3.2. L’ÎLOT La question de l’îlot est liée à celle de l’influence du projet architectural de la maison en rangée sur la morphologie urbaine. Il est intéressant de voir comment une maison, un élément, change la forme d’une ville, un ensemble.

3.2.1. L’ÎLOT A COUR Fig. 115 et 116 Ce système permet la création de véritables unités dans la ville. Les limites de l’îlot, du foncier, sont très marquées car elles sont visibles depuis la rue. On obtient une séparation claire entre le public et le privé, entre la rue et le cœur d’îlot, entre l’environnement urbain et un autre plus « naturel ». Le cœur d’îlot est caché et réservé (divisé) pour les différents propriétaires.

Cette forme urbaine permet de réutiliser le parcellaire agricole déjà présent. Cela réserve un espace extérieur privé à l’arrière pour avoir un potager pour les ouvriers.

De plus une certaine liberté peut être laissée aux constructeurs derrière les façades sur rue, comme à Bath ou seule cette dernière est dictée par un règlement. Enfin, cette typologie peut s’adapter à des formes d’îlots plus ou moins irrégulières.

Néanmoins, cette forme, aujourd’hui, peut être jugée trop « traditionnelle », fermée par rapport à la rue. Formellement, le problème de l’angle de la rue est à gérer. Effectivement, cette opération est complexe car le système de la rangée est tout de même linéaire.

Il faut donc casser ce système avec un bâtiment spécifique d’angle, comme à Bruxelles ou à Bath avec les end-terrace comme l’expliquait Cataldi1. Juxtaposer perpendiculairement les maisons des petits côtés de l’îlot est possible, comme à Londres, et c’est la seule solution qui permet 1. CATALDI Giorgio (dir.), 1982 152

VERS UN COMPROMIS ?

Fig. 115 : Schéma d’un îlot à cour avec les maisons en retrait par rapport à la rue.

Maison de Bath.

Fig. 116 : Schéma d’un îlot à cour avec les maisons sur rue. Projets de Bordeaux, de Londres (XIXème siècle), de Victor Horta.

Fig. 117 : Schéma d’un îlot en bande double avec jardins à l’arrière. Maisons de Berlin Britz de Bruno Taut.

Fig. 118 : Schéma d’un îlot en bande double avec mitoyenneté à l’arrière. Maisons du Troisième type à Paris.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

d’utiliser toujours la même morphologie de maison.

Une autre solution consiste à mettre les mêmes maisons qui font la rangée dans l’angle avant de changer d’orientation, comme avec les échoppes bordelaises, mais la luminosité pose problème dans cette situation.

3.2.2. L’ÎLOT EN BANDES L’idée serait d’« ouvrir » l’îlot de manière à avoir des formes urbaines moins pesantes sur la ville. Cela permet d’avoir une porosité entre la rue et l’intérieur de l’îlot.

Cette forme permet une certaine libération de la forme traditionnelle de l’îlot fermé,une émancipation du bâti construit selon les limites de l’îlot.

Dans le cas où il n’y aurait qu’une seule bande (fig. 119 à 122), il y a la possibilité de créer une hiérarchie entre les différentes « façades » de l’îlot, entre là où il y a l’entrée, publique, et là où il y a le jardin, qui peut être à caractère privatif. Mais il y a également une possibilité de hiérarchie des voies en fonction de leur usage comme dans le projet Borneo ou celui d’ Alvaro Siza. À la différence de l’îlot à cour, il n’y a pas vraiment de problème d’angle.

En effet, il est possible de dessiner un bâtiment d’angle comme Oud, ou laisser le mur de refend d’une maison clore l’îlot, comme à Amsterdam avec Borneo.

Cependant, si comme à Lille et Paris les bandes de bâti sont collées entre elles (fig. 118) ou à un autre édifice on obtient une triple mitoyenneté qui pose un problème évident de lumière. S’il y a deux bandes et que le bâti de chacune ne se touche pas, on peut se demander s’il n’y a pas un problème de densité, car la forme sera similaire à l’îlot à cour mais sans les édifices sur les petits côtés de l’îlot. Il y a donc mécaniquement une densité plus faible et pas de changement majeur dans la qualité de vie des habitants a priori.

3.2.3. AUTRES FORMES 154

VERS UN COMPROMIS ?

Fig. 119 : Schéma d’un îlot en bande simple avec maison en retrait par rapport à la rue et espace extérieur à l’arrière. Maisons de Oud à Rotterdam, Siza à Porto.

Fig. 120 : Schéma d’un îlot en bande simple avec maison sur rue et espace extérieur à l’arrière. Maisons de Ridolfi à Rome,Grimshaw à Londres.

Fig. 121 : Schéma d’un îlot en bande simple avec maison en retrait de la rue sans espace extérieur arrière. Maisons de la courée lilloise.

Fig. 122 : Schéma d’un îlot en bande simple avec maison impolantée sur toute la profondeur de la parcelle. Projet Borneo 12 à Amsterdam.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Maisons de Copenhague et d’ Alvar Aalto Dans l’exemple danois, un seul îlot comprend tout le projet, y compris les équipements (idée de la communauté). Le choix est de créer de petites entités qui viennent se diffuser sur tout l’îlot, de manière régulière, en laissant beaucoup de vide. La densité y est donc très faible, mais cela permet aux habitants de ne pas être tous regroupés au même endroit.

Dans le projet de Pietarsaari, une seule parcelle contient le projet, cela n’a pas d’influence directe sur les formes urbaines. De la même manière, on ne peut pas parler d’îlot puisque le projet se situe sur une seule parcelle partagée entre les différents propriétaires.

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VERS UN COMPROMIS ?

3.3. LE PARCELLAIRE & LA MAISON 3.3.1. LA PARCELLE EN LANIÈRE La caractéristique principale de ces parcelles est morphologique. En effet, c’est une parcelle qui s’étire en profondeur vers le cœur d’îlot. Cette forme est le plus souvent héritée du parcellaire agricole. Enfin, si les proportions de cette parcelle sont souvent similaires en fonction des projets, c’est la position de la maison qui va différer.

AVEC MAISON EN RETRAIT DE LA RUE Fig. 123 La maison en retrait est donc entre deux espaces extérieurs privés : un espace de seuil, voire de représentation qui fait la transition avec la rue et un espace extérieur, généralement un jardin à l’arrière de la maison.

La transition, l’ effet de seuil avec le retrait entre la rue, publique et ouverte, et la maison, privée et close permet la réalisation de façades en volume, comme en attestent les bow-window à Londres par exemple qui octroient un plus grand apport de lumière. De plus, ce retrait permet de mettre à l’extérieur, devant la maison, des éléments qui ont un rapport avec la rue, comme les poubelles, les vélos etc. sans entreposer (et donc gâcher l’espace) dans le jardin à l’arrière.

Pour Alvaro Siza, cet espace est utilisé comme un seuil sur lequel donne une chambre, ce qui est extrêmement rare et permis seulement par ce retrait par rapport à la rue.

Le risque est d’avoir peut-être une maison plus compacte pour réussir à avoir tout de même des espaces extérieurs qui puissent être utilisés. C’est une solution qui ne peut donc être viable que sur une parcelle suffisamment profonde. En outre, dans le cas d’une maison construite aujourd’hui, il peut y avoir un problème de sécurité pour ce qui est entreposé devant.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

AVEC MAISON SUR RUE Fig. 124 L’entrée de la maison se fait directement depuis la rue. Par conséquent, la façade joue le rôle de séparation directe entre l’espace public et privé.

La limite est donc matérialisée par un plan vertical, à la différence de la maison positionnée en retrait de la rue qui a un effet de seuil.

Néanmoins, cela laisse à l’espace extérieur arrière une plus grande dimension, et l’effet de seuil peut être donné par une ou quelques marches, ce qui peut permettre d’économiser de l’espace par rapport à une maison en retrait.

Le problème étant que la façade sur rue ne peut pas être trop ouverte afin de garder l’intimité des habitants, et cela peut conduire à une perte de luminosité de ce côté là de la maison.

AVEC MAISON REMPLISSANT LA TOTALITÉ DE LA LONGUEUR DE LA PARCELLE Fig. 125 L’ emprise au sol est maximale ou presque. Cela donne la possibilité d’avoir une maison aux dimensions généreuses et permet même éventuellement de dégager de l’espace sur les côtés, voire éviter la mitoyenneté d’un côté. De ce point de vue là, un gain de lumière est envisageable ainsi qu’un changement de l’ organisation de l’espace, comme en atteste Borneo 12 de MVRDV. Cependant, cela empêche d’avoir un véritable espace extérieur. L’idée d’avoir un jardin avec cette configuration semble très difficile. Enfin, cette solution est possible que s’il n’y a qu’une seule rangée de maisons, car sinon on obtient un mur aveugle.

3.3.2. LA PARCELLE RAMASSÉE Fig. 126 - 127 Dans cette configuration, à la différence de la parcelle en lanière, la profondeur n’est pas très marquée. Ainsi, l’espace extérieur peut être devant (courée Lilloise) ou à l’arrière (Grand union Canal à Londres). La par158

VERS UN COMPROMIS ?

Fig. 123 : Schéma d’implantation d’une maison dans une parcelle en lanière. En retrait par rapport à la rue et avec espace extérieur à l’arrière. Maisons de Bath, de Londres (XIXème siècle), de Berlin, de Rotterdam,et de Porto.

Fig. 124 : Schéma d’implantation d’une maison dans une parcelle en lanière. Sur rue et avec espace extérieur à l’arrière. Maisons de Bordeaux, de Bruxelles.

Fig. 126 : Schéma d’implantation d’une maison dans une parcelle ramassée.

Sur rue avec espace extérieur à l’arrière.

Maisons de Rome et Londres (Grimshaw).

Fig. 125 : Schéma d’implantation d’une maison dans une parcelle en lanière. Prenant en partie toute la longueur de la parcelle. Maison de MVRDV à Amsterdam.

Fig. 127 : Schéma d’implantation d’une maison dans une parcelle ramassée.

En retrait de la rue et sans espace extérieur à l’arrière. Maisons de Lille et Paris.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

celle, plus restreinte, peut permettre d’accroître la densité en profondeur et donc de faire suivre plusieurs rangées. Enfin, une maison moins profonde, donne la possibilité de la mono-orientation sans avoir de pièce peu lumineuse.

Le point négatif de cette parcelle concerne principalement les espaces extérieurs qui sont réduits au minimum, et peuvent donc être impropres à certains usages.

3.3.3. AUTRES Dans le cas d’ Aalto, même si les maisons ne respectent pas le parcellaire, elles ont l’aspect de maisons en rangée en éventail. Le fait d’avoir une parcelle unique donne l’occasion à l’architecte de choisir où placer ses maisons. La forme d’éventail permet une orientation différente pour chaque maison et ainsi préserver l’intimité de chacun. Le reste de la parcelle est commun aux différentes familles.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

3.4. LA LUMIERE 3.4.1. MONO-ORIENTATION Peu d’exemples sont dans cette situation car il faut pour cela avoir une mitoyenneté sur trois côtés. Elle est donc souvent associée à une petite parcelle, et il est clair que pour la courée par exemple, cela implique de n’avoir qu’une seule pièce de vie par étage. Cela pose donc parallèlement la question du nombre d’habitants.

En effet, cela supposerait aujourd’hui de ne pas pouvoir faire vivre plus de deux personnes dans un système de maisons en rangée mono-orientées sur deux étages comme une courée, là où il y avait une famille entière au XIXème siècle.

3.4.2. DOUBLE ORIENTATION Ce système est le plus répandu car il est le plus cohérent, ou en tout cas le plus logique au vu de la parcelle en lanière et de la position de la maison, entre rue et jardin en règle générale.

SIMPLE Est appelé « simple » un cas où toutes les pièces principales ont une source de lumière naturelle. Ainsi, c’est un mur, ou plusieurs qui font la séparation entre la partie de la maison qui donne sur la rue et l’autre partie qui donne sur l’espace arrière. Cette configuration lumineuse est liée à une organisation spatiale simple en deux parties donnant chacune sur un espace extérieur différent.

Cependant, il est impossible de faire une maison très profonde s’il y a une volonté d’éclairer chaque pièce naturellement, et il ne peut y en avoir que deux au maximum en profondeur.

AVEC ZONE SOMBRE AU CENTRE L’organisation spatiale est différente ici, car une troisième pièce est ajoutée, celle qui correspond à la distribution. La maison peut donc être plus profonde car la distribution ne prend pas d’espace aux pièces de vie, pas 162

VERS UN COMPROMIS ?

Cas de maisons mono-orientées. Courée Lilloise et projet de Grimshaw, Londres. (cf. fig. 32 & fig. 104)

Cas de maisons avec double-orientation, où toutes les pièces ont un accès à la lumière naturelle. Maisons de Rotterdam et de Porto. (fig. 64 & fig. 96)

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

de lumière non plus. De plus, cela crée un véritable espace de séparation entre les pièces qui donnent sur la rue, et celles qui donnent sur l’arrière, qui peut être intéressant pour une séparation des usages par exemple.

Néanmoins, aujourd’hui, il n’est pas très intéressant d’avoir des espaces sans lumière naturelle au regard des préoccupations écologiques et des économies d’énergie, mais aussi du point de vue du confort car un espace non éclairé n’est pas forcément agréable.­

3.4.3. TRIPLE ORIENTATION SIMPLE Maison du Troisième type, Paris.

C’est une situation particulière car elle ne concerne seulement que le cas de la maison de fin de rangée.

L’avantage évident est que toutes les pièces peuvent bénéficier d’une lumière naturelle et de haute qualité (trois orientations différentes). En outre, la maison fait toujours partie de la rangée, grâce à la mitoyenneté.

Cependant, le problème évident et majeur est que cette triple orientation ne concerne seulement deux maisons dans une rangée. Par conséquent, ce n’est pas une situation généralisable d’avoir trois façades non mitoyennes.

«PARTIELLE» Projets de MVRDV à Amsterdam et Maison ouvrière londonienne Dans cette configuration, seulement une partie de la troisième façade n’est pas mitoyenne. Dans le cas de la maison Borneo 12 de MVRDV, cela permet de créer une percée verticale au centre de la parcelle entre deux appendices situés entre le corps principal de la maison et le deuxième mur mitoyen.

D’autre part, pour la maison londonienne, une troisième pièce est obtenue, en profondeur après les deux principales. La buanderie nécessitant moins d’espace, il n’y a pas besoin de prendre toute la largeur de la parcelle.

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VERS UN COMPROMIS ?

Cas de maisons avec double-orientation, où une zone significative est sans lumière natuelle. De gauche à droite et de bas en haut : Maisons de Copenhague (fig. 88 ), de Berlin (fig. 56), de Bath (fig.8 ), de Bordeaux (fig. 24), d’Aalto (fig.72 ), et de Rome (fig. 80)

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Cependant, il est évident que si la parcelle est trop étroite, une pièce supplémentaire peut n’avoir aucun intérêt. Enfin, cela peut amputer de la luminosité à la cuisine dans le cas de Londres.

AVEC LUMIÈRE ZÉNITHALE Projet de Victor Horta Au vu de la grandeur de la maison, l’architecte réussit à créer un puits de lumière et ainsi apporter de la lumière à l’imposante cage d’escalier.

Cela permet de garder une certaine qualité d’espace même si ses murs sont aveugles.

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VERS UN COMPROMIS ?

Cas de maisons avec triple-orientation : Maisons de Bruxelles (fig. 48), de Londres (fig.

40), de de Paris (fig.16 ), et d’ Amsterdam (fig.112)

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

3.5. RÉPARTITION DES USAGES Pour cette partie, il faut noter les informations suivantes : la cuisine est considérée comme une pièce à usage collectif, comme le salon et la salle à manger. En effet, si à une certaine époque la cuisine était considérée comme une pièce réservée pour les domestiques (par exemple à Bath ou à Bruxelles), ce n’est plus le cas et elle fait partie intégrante de ce système de pièces destinées à la vie en communauté.

3.5.1. USAGES SÉPARÉS PAR ÉTAGES C’est une situation dans laquelle les usages collectifs et ceux individuels sont distribués de telle manière que chaque étage comporte une de ces catégories d’usage. Ainsi, un schéma très simple est obtenu avec le rez de chaussée (et parfois le sous-sol si la cuisine y est ou le premier étage dans le cas de Bath) destiné aux usages collectifs et les chambres (usage privatif donc) à l’étage.

Le cas de Nicholas Grimshaw est particulier car s’il conserve cette alternance, il utilise le rez de chaussée comme espace à usage individuel (chambre et salle de bain), tout comme le deuxième étage. Le premier étage, entre les deux, mutualise tous les espaces à usages collectifs.

Ainsi, cela garantit une préservation de l’intimité des habitants car les chambres ne sont pas accessibles directement au rez-de-chaussée. Un étage réservé aux usages collectifs permet d’avoir des espaces larges et généreux à cette fin. Il y a donc une hiérarchie spatiale claire entre les différents étages et l’escalier a un rôle clé de lien entre ces usages.

La hiérarchie spatiale est présente aussi entre les pièces d’un même étage : au rez-de chaussée, les pièces se succèdent en ayant ainsi la cuisine vers la rue et le salon vers le jardin. Il y a une sorte de hiérarchie des espaces « servants-servis » avec la rue et la cuisine et le salon et le jardin.

Néanmoins, cela prive des espaces à usages individuels, comme les chambres, d’avoir un accès à l’espace extérieur derrière la maison.

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VERS UN COMPROMIS ?

Cas de maisons avec répartition des usages différents par étages. De gauche à droite et de haut en bas : Maisons de Londres (fig.103 et fig.39 ), de Paris (fig.15), de Berlin (fig.55), de Bath (fig.7), de Lille (fig.31), et de Copenhague (fig.87).

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

3.5.2. USAGES MIXTES / MÉLANGÉS C’est ici une configuration dans laquelle les usages sont répartis dans les étages de manière moins régulière. Il peut ainsi y avoir une chambre au rez-de-chaussée dans le projet Sao Vitor à Porto, même située sur la façade sur rue, mais protégée par l’espace de représentation à l’avant faisant office de seuil, espace tampon entre la rue et la maison.

On peut aussi trouver une gradation, comme dans le projet de MVRDV : ainsi, les usages du rez de chaussée sont collectifs, ceux du premier étage aussi mais le deuxième est mixte et le troisième est d’usage individuel.

Un schéma d’organisation similaire est utilisé par Victor Horta pour sa maison.

Cela, permet d’organiser la maison d’une manière moins binaire, répétitive, et donne des libertés à l’architecte en ce sens. En effet la répartition des usages ne dicte pas la manière dont doit être organisée la maison et ses étages. Ainsi, il est possible de dimensionner les espaces et leurs usages comme le souhaite l’architecte (par exemple avec Siza).

Cependant, la hiérarchie spatiale peut être moins évidente, comme avec les projets de Sao Vitor encore une fois et MVRDV qui ont un système complexe.

3.5.3. QUAND LA MAISON EST DE PLAIN-PIED Dans ces cas-ci, il y a deux possibilités qui s’ouvrent pour l’organisation spatiale. La séparation entre les usages collectifs et individuels est globalement gardée (Oud fait une petite entorse avec la cuisine) et les concepteurs les intervertissent entre rue et espace extérieur.

USAGES COLLECTIFS À L’ARRIÈRE Pour le cas bordelais, les chambres donnent sur la rue pour lier espaces collectifs et jardin dans leurs usages. Dans ce cas, la chambre ne semble répondre qu’à son usage le plus primitif : dormir. Tout le reste se fait dans les espaces collectifs. D’autant plus qu’une des chambres n’a pas de source de lumière naturelle.

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VERS UN COMPROMIS ?

Cas de maisons avec répartition mixte (en fonction des étages) pour les usages. Maisons d’ Amsterdam ( fig. 111), de Bruxelles (fig.47), et de Porto (fig.95)

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Cela donne donc plus d’importance aux usages collectifs et il n’y a pas d’espace de circulation gênant. Enfin, cela permet d’avoir des proportions plus cohérentes entre chambres et salle collective.

Néanmoins, cela pose le problème de l’intimité et celui sonore pour la chambre donnant sur la rue. En outre, on peut douter de l’efficacité d’un « grand couloir » sans qualités réelles desservant les pièces de la maison.

USAGES COLLECTIFS DONNANT SUR LA RUE Les cas de Oud et de Ridolfi sont plus « logiques» à première vue puisqu’ils mettent les espaces à usages collectifs vers la rue et les chambres vers l’arrière de la maison. Ainsi, l’ entrée est possible dans une pièce et non un couloir (économie d’espace ?). Cela préserve l’intimité des chambres.

Cependant, il y a un problème d’intimité aussi car il faut tout de même garder une limite claire entre rue et maison. Enfin, il faut encore prendre en compte la question de la luminosité et des ouvertures par rapport à cela.

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VERS UN COMPROMIS ?

Cas de maisons de plain-pied et en conséquence une répartition des usages clairs entre la rue et l’espace extérieur arrière. Maisons de Rome (fig.79), de Rotterdam (fig.63), et de Bordeaux (fig.23).

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VERS UN COMPROMIS ?

3.6. PARCOURS ENTRE RUE ET JARDIN Connecter ces deux espaces est lié fondamentalement à la distribution au sein de la maison et la question du parcours à l’intérieur de celle-ci.

On a donc deux types de parcours : un pour aller vers le jardin (ou en l’absence de ce dernier vers l’arrière de la maison) et un autre qui mène de l’entrée vers les différentes pièces de la maison.

Aller de la rue au jardin est aussi un enjeu qui concerne la gradation entre le public et le privé.

3.6.1. DEUX ESPACES À TRAVERSER RUE / COULOIR / SALON / EXTÉRIEUR Maisons de Bath, Bordeaux, Berlin, Pietarsaari, et Porto Dans ce système, le couloir joue aussi le rôle d’entrée à l’intérieur de la maison. Le salon est la pièce la plus importante du parcours car il représente la fin du couloir et car il donne sur l’extérieur. Ce dernier fait donc partie intégrante de la maison car il est lié physiquement à la pièce à vivre. Le couloir permet de faire une véritable transition entre le domaine public et celui plus familial, intime, de la famille, que représente le salon.

RUE / HALL / COULOIR / EXTÉRIEUR Maisons du Grand Union Canal, Londres L’idée du salon qui se projette vers le jardin est ici inversée. D’une certaine manière, comme la maison est peu profonde et que le hall et le couloir ne sont ici que pour des usages brefs, cela fait rentrer l’espace extérieur dans la maison, il s’en rapproche.

Cet exemple est particulier car l’espace extérieur est partagé avec les autres maisons, il est étroit et pavé, ce n’est donc pas un jardin. Le parcours est aussi très bref car l’architecte fait le choix d’une façade quasi aveugle sur la rue, il n’y a donc pas de risque de menacer l’intimité des habitants.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

RUE / ENTRÉE / CUISINE / EXTÉRIEUR Maison Borneo 12, Amsterdam Dans cette situation, un demi-niveau de différence entre la rue et le canal sur lesquels donnent la maison fait que l’entrée est réellement séparée de la cuisine qui s’ouvre sur la terrasse. Le système est intéressant car l’espace extérieur n’est pas relié à un espace « servi » comme le salon.

Il peut y avoir deux raisons : la première consiste à dire que le salon a plus sa place au premier étage (plus lumineux, plus spacieux) dans une maison aussi étroite et la cuisine a la sienne en dessous. Ensuite, vue l’époque où a été construite cette maison, on voit que la cuisine n’a plus un usage purement et simplement de préparation du repas, mais aussi un lieu de partage, de discussion, en phase avec la terrasse donc. Enfin, même si la terrasse est petite, elle a le mérite de donner sur de l’eau, ce qui peut être très agréable en pleine ville.

3.6.2. TROIS ESPACES À TRAVERSER RUE / HALL / CUISINE / SALON / EXTÉRIEUR Maisons de Copenhague Dans ce parcours, la cuisine joue le rôle de pièce au passage obligatoire pour aller dans le jardin. C’est donc une rotule entre l’espace de transition vers la rue, le hall, et l’espace de transition vers l’extérieur, le salon.

Sa position centrale dans ce parcours lui confère un rôle autrement plus important que seulement le lieu où l’on prépare le repas. C’est un lieu pour toute la famille, qui se veut convivial, dans la continuité du salon, même s’ils sont séparés par un demi-niveau. De nouveau, le salon est côté jardin ce qui permet de donner de l’intimité à cette pièce vis à vis de l’espace public.

RUE / COULOIR / CUISINE / BUANDERIE / EXTÉRIEUR Maisons ouvrière Londoniennes Le fait d’avoir trois espaces différents signifie un degré d’intimité en plus d’une certaine manière. Au regard de ce parcours pour aller dans le jardin, on se rend compte de beaucoup de choses quant au mode de vie des ouvriers de l’époque.

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VERS UN COMPROMIS ?

Cas de maisons où il faut traverser deux espaces distincts afin de rejoindre l’espace extérieur arrière depuis la rue. Maisons de Porto (fig. 97), de Bath (fig.9), de Londres (Grimshaw (fig.105)), de Berlin, (fig.57), de Bordeaux (fig.25), et d’Amsterdam (fig.113).

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Tout d’abord le fait de traverser un couloir qui dessert la cuisine ainsi que le salon et la présence d’escaliers montre que le parcours pour aller au jardin n’est pas évident. Très clairement il n’est pas destiné à un rôle d’embellissement et pas non plus d’accueil d’invités par exemple. D’ailleurs, le salon, donnant sur la rue, n’a pas d’accès vers ce jardin.

Il est donc destiné uniquement à la famille (rôle de potager et non d’agrément). Cette idée de jardin alimentaire est renforcée par le fait qu’il faille passer par la cuisine et la buanderie pour y aller.

RUE / SALON / COULOIR / CHAMBRE / EXTÉRIEUR Maisons de Rome La vision est totalement différente dans cette configuration car l’espace extérieur est petit (balcon), et son usage par la famille est donc extrêmement réduit. Le choix de l’architecte dans le parcours est intéressant et original au regard de ceci. Dès lors, on se rend bien compte que la volonté n’est pas de mener à l’espace extérieur comme dans la majorité des maisons étudiées.

En effet, le balcon n’a pas une importance fondamentale dans la maison et ses usages. Tout de même, on notera qu’il faut entrer directement par le salon dans la maison, qui laisse des doutes sur les usages de cet espace.

D’autre part, le couloir central permet de desservir toutes les pièces de la maison facilement, dont la chambre qui mène au balcon.

3.6.3. TROIS ESPACES À TRAVERSER ET DEUX PARCOURS DIFFÉRENTS RUE / COULOIR / ESCALIERS / CUISINE OU SALLE À MANGER / EXTÉRIEUR Maison de Victor Horta Dans cette maison, on compte deux parcours différents à cause de la topographie et de l’organisation de la maison en fonction de ses étages.

L’entrée par un couloir est plutôt classique, mais si l’on veut aller à l’extérieur on doit passer par les escaliers, qui sont dans cette maison un véritable espace à part entière.

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VERS UN COMPROMIS ?

Cas de maisons où il faut traverser trois espaces distincts afin de rejoindre l’espace extérieur arrière depuis la rue. Maisons de Londres (fig.41), de de Rome (fig.81), de Pietarsaari (fig.73), et de Copenhague (fig.89).

Cas de maisons où il faut traverser trois espaces distincts afin de rejoindre l’espace extérieur arrière depuis la rue et où il y a deux parcours possibles. Maisons de Bruxelles (fig.49) et de Rotterdam (fig.65)

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Le parcours va dépendre de qui l’emprunte. Ainsi, les domestiques descendront l’escalier afin d’accéder à la cuisine. De là, ils pourront accéder au jardin s’ils en ont besoin (on peut penser à la présence d’un potager).

Pour cela, il faut tout de même monter l’équivalent d’un étage pour arriver au jardin. L’effort nécessaire pour aller dans le jardin montre que ce n’est pas Horta et sa famille qui utilisent ce parcours.

Pour ces derniers, les escaliers de l’entrée mènent, en montant, à la salle à manger située juste au dessus de la cuisine. Cette pièce donne directement sur le jardin qui est au même niveau et qui est donc également d’agrément. La salle à manger s’y projette d’une certaine manière.

Il faut noter que le rapport à la rue dans cette configuration semble presque nié. En effet, aucune pièce d’importance ne donne sur cette dernière (seulement le couloir et le vestibule).

RUE / COULOIR / SALON / CUISINE OU CHAMBRE / EXTÉRIEUR Maisons de Rotterdam Dans ce système , il est intéressant de voir que l’on peut accéder au jardin par la cuisine ou la chambre même si le parcours est le même. Le couloir joue le rôle d’entrée, de seuil entre la rue et le salon, grande pièce qui dessert toutes les autres. La cuisine et la chambre qui donnent sur l’espace extérieur sont contiguës.

L’importance ici est donc de donner un espace extérieur à la famille, et pas forcément dans un rôle d’agrément car le salon, lui, n’y a pas d’accès direct. Cela signifie en outre que le jardin n’est pas non plus pensé pour accueillir des personnes extérieures à la famille, la cuisine et la chambre n’étant des pièces à priori prévues à cet effet.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

3.7. DISTRIBUTION Cette catégorie d’analyse montre comment les escaliers et/ou les couloirs desservent les différentes pièces de la maison, et quel est leur impact sur l’organisation spatiale. Par ailleurs, il est évident qu’il y a la possibilité d’avoir plusieurs systèmes de distribution dans une même maison en fonction des étages par exemple.

3.7.1. LATÉRALE Avec cette configuration, un couloir menant aux escaliers (s’il y en a) dessert les pièces de la maison une par une. Cela crée donc un système en enfilade. Le couloir se termine avec une pièce qui fait le lien avec l’extérieur comme à Bordeaux avec le salon par exemple et cela met en emphase cette pièce.

Ainsi, cela permet de desservir les pièces de la maison sans en traverser une seule. C’est d’ailleurs un gage du fonctionnement du plan avec plusieurs pièces en enfilade et la mise en valeur de la pièce au bout du parcours est intéressante.

Cependant, il est possible de se demander s’il y a une économie d’espace car le couloir est obligatoire pour desservir les pièces. De plus, il est cohérent de se poser la question de la monotonie dans l’organisation spatiale.

3.7.2. CENTRALE ET SES VARIATIONS ESCALIER & COULOIR SUR TOUTE LA LARGEUR DE LA MAISON Maisons de Bath La distribution est ici une bande perpendiculaire aux murs mitoyens au centre la maison. Cela organise et hiérarchise la maison de manière claire et pourrait permettre éventuellement de séparer des usages différents. De plus, cette disposition crée un espace de transition entre les différentes pièces et cela économise de l’espace.

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VERS UN COMPROMIS ?

Cas de maisons où d’étages de maisons avec une distribution la térale. Maisons de Bordeaux (fig.26), de Porto (fig.98), d’Amsterdam (fig.114) et de Berlin (fig.58).

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Cependant, il n’y a pas de lumière naturelle possible ni de connexion directe possible entre les pièces distribuées, et pas de modification du plan général envisageable. Enfin, il faut noter que cette organisation ne permet de desservir que deux espaces.

NOYAU CENTRAL Maisons de Bruxelles, Rotterdam, Rome et Pietarsaari.

Avec cette disposition, le couloir est inexistant, comme chez Victor Horta ou très petit, comme dans les maisons de Mario Ridolfi. L’avantage est que cela apporte une économie d’espace maximale, adaptée aux problèmes contemporains. De plus, cela permet une distribution de quatre espaces à partir du noyau distributif.

Néanmoins, il reste le problème de la lumière naturelle. En effet, hormis Victor Horta avec la lumière zénithale provenant du puits de lumière, le noyau est sombre. En outre, les espaces latéraux peuvent être étroits si la maison a des proportions allongées.

NOYAU DE DISTRIBUTION DÉCENTRÉ Maisons de Londres (Grimshaw), Paris et Lille.

Le dispositif est le même que précédemment mais le noyau est situé contre un mur mitoyen. Cela octroie donc une économie d’espace et une disposition permettant plus de liberté dans l’organisation spatiale.

De plus cette solution semble adaptée à une maison en longueur, même si, comme avec le cas de distribution précédente, il reste un problème de lumière.

3.7.3. DES MAISONS OU DES IMMEUBLES ?

La thématique de la distribution fait ressortir un problème inhérent au type même de la maison en rangée, la possibilité d’avoir des maisons superposées. En effet, Oud et Ridolfi ont produit des logements qui s’apparentent en tous points à des maisons en rangée. Cependant, ces logements s’empilent pour former un édifice à un étage pour Oud et deux étages pour Ridolfi. Pour cette raison, on peut douter que ces édifices soient des maisons.

Néanmoins, c’est grâce à la distribution que l’on peut tout de même af184

VERS UN COMPROMIS ?

Cas de maisons où d’étages de maisons avec une distribution la centrale. Maisons de Bruxelles (fig.50), de Bath (fig.10), de Pietarsaari (fig.74) de Rotterdam (fig.66), et de Rome (fig.82).

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

firmer cela. En effet, à la différence de l’image que l’on a d’un immeuble, avec une distribution et un accès commun pour les logements, les architectes précités ont contourné cela. Ainsi, Oud donne une entrée directement sur rue y compris pour les maisons situées au premier étage avec un escalier situé derrière la porte d’entrée.

Mario Ridolfi quant à lui emploie un autre système qui lui permet d’effacer presque totalement le fait d’avoir trois étages au total. Le rez-dechaussée, sur rue, offre à la maison un patio qui est surplombé par une « seconde rue » courant le long du premier étage et qui dessert donc les maisons à ce niveau. Enfin, les maisons du deuxième étage sont desservies à ce même niveau avec une porte d’entrée donnant sur des escaliers.

Ces deux niveaux de rue permettent d’avoir une entrée sur rue pour tous les logements.

On remarquera néanmoins la différence dans la relation avec l’extérieur pour ces logements -ci. En effet les maisons des étages supérieurs n’ont que des balcons, et logiquement pas d’accès à un jardin. Mais, hormis ce point, partagé aussi avec la petite terrasse du projet de MVRDV, ces logements correspondent en tous points aux maisons en rangée : une rangée, la mitoyenneté, une entrée sur rue pour une seule famille, et des logements similaires. On se rend d’ailleurs compte que l’on ne pourrait pas avoir un accès sur rue pour un édifice de plus de deux étages, déjà que Ridolfi est une exception car il a créé une nouvelle rue.

186

VERS UN COMPROMIS ?

Cas de maisons où d’étages de maisons avec une distribution décentrée.

Maisons de Londres (Grimshaw) (fig.), de Paris (fig.), et de Lille (fig.).

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

3.8. DE NOMBREUSES PISTES POUR AUJOURD’HUI 3.8.1. DES CATÉGORIES INEXPLOITÉES DANS LA TYPOLOGIE En reprenant chacune des catégories d’analyse, des cas inexistants peuvent être trouvés, pouvant faire l’objet d’un traitement dans un nouveau projet de maison en rangée. En cela, il y a encore énormément de variations possibles dans cette typologie. Bien entendu, il ne s’agit pas ici de dire que les quatorze exemples du corpus correspondent à l’intégralité des variations déjà existantes.

Il est possible d’imaginer par exemple une variante de distribution dans laquelle les escaliers pourraient être en façade. Cela semble incongru, mais c’est une piste non exploitée dans le corpus. D’une manière plus cohérente à priori, il est possible d’imaginer une séparation verticale des usages qui serait une situation dans laquelle les usages collectifs se superposent verticalement, comme ceux individuels.

Pour la lumière par exemple, mis à part dans les cas de Victor Horta et de Nicholas Grimshaw, la lumière zénithale, le puits de lumière, n’est pas utilisé. Hors, dans la situation actuelle du logement, où l’économie d’espace est primordial et ou la lumière naturelle est très importante, cela peut être une solution viable à priori.

L’étude effectuée a permis d’identifier quels sont les avantages et les inconvénients de chaque variante mise en œuvre autour d’un élément d’analyse. Il faut donc ouvrir le champ de vision et voir quelles variantes n’ont pas été mises en place afin d’avoir une vision globale des possibilités qui s’offrent à l’architecte en concevant une maison en rangée.

Ceci va bien sûr au-delà de la maison, car cela traite aussi du parcellaire et finalement de la forme urbaine. C’est l’illustration de comment une petite partie d’un projet peut influencer jusqu’à la forme de la ville. Cela crée par conséquent une infinité de variantes possibles, rien qu’à partir des critères basiques de l’analyse d’un type architectural.

188

VERS UN COMPROMIS ?

3.8.2. DES CRITÈRES HORS « ESSENCE » À EXPLORER Ces analyses fournissent de nombreux renseignements quant à la maison en rangée et les questions posées au départ, qui peuvent être la source de réflexions par rapport à ce type et aux problématiques contemporaines.

Tout d’abord, afin d’analyser le type de la maison en rangée, il a été nécessaire d’extraire les éléments qui peuvent faire type, qui permettent un classement « raisonné » des types existant. Seulement, à l’intérieur du type de la maison en rangée, il y a encore beaucoup d’autres éléments qui peuvent être analysés et qui pourraient orienter l’analyse vers d’autres pistes de réflexion.

Un de ces critères d’analyse pourrait être le seuil entre la rue et la maison : comment se fait-il ? Par une simple porte ? Par quelques marches ?

Par un espace de « représentation » à l’avant de la maison ? Par tous ces éléments en même temps ? Autant de questions qui mériteraient une analyse approfondie, impossible à réaliser dans un simple travail de mémoire.

Ces critères peuvent être très nombreux et plus ou moins importants pour la typologie de logement : la position de la cuisine par rapport au séjour, le nombre de fenêtres, la position de la salle de bain etc. .

S’ils ne font pas partie de « l’essence » du type, c’est bien parce qu’il n’y a pas forcément de « particularisme » de chacun des types pour eux. Au cours de l’analyse du corpus, le type a été étudié sur les critères qui font que la maison en rangée a un particularisme, selon des écrivains d’il y a plusieurs décennies au moins.

Néanmoins, il serait possible de penser aujourd’hui à d’autres critères plus important peut être par rapport à la situation actuelle du logement.

Par exemple, la question de l’économie d’énergie (la mitoyenneté et ses avantages?), la densité, l’économie d’espace, qui sont des enjeux actuels pour la société contemporaine et qui peuvent avoir de l’importance pour la typologie.

189

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

Cela montre qu’il faut une réflexion plus contemporaine sur la typologie afin de l’adapter.

La fiche typologique telle qu’utilisée lors de cette étude est très utile et montre bien l’éventail existant et les diverses solutions architecturales apportées aux problèmes de la typologie, cependant, il faut souligner le fait qu’il faudrait avoir un système peut être moins rigide et adapté en fonction de l’époque et des préoccupations.

3.8.3. VERS UNE TYPOLOGIE ELARGIE Cette analyse fait ressortir plusieurs éléments qui permettent de voir comment la maison en rangée a évolué en fonction des époques et des pays et comment elle peut différer en fonction des projets. Il y a des visions typo-morphologiques diverses selon les projets.

UNE TYPOLOGIE DE LOGEMENT INTERMÉDIAIRE ?

En effet, avec le projet de Oud et celui de Ridolfi, la question de « l’empilement » des maisons est posée, comme expliqué précédemment. Quand on regarde ces projets de l’extérieur, il ne semble pas qu’il y ait plusieurs logements à la différence des immeubles qui avec de nombreux étages montrent par leur forme qu’ils en contiennent beaucoup. Cela est dû tout d’abord au nombre d’étages .

Effectivement, jusqu’à quatre étages l’édifice peut garder son unité de « maison », comme à Bath ou à Bruxelles par exemple. En réalité, il semble que le nombre de logements importe peu tant que l’on ait « l’impression » d’être face à une maison.

C’est ainsi que l’on pourrait tendre vers une évolution de la typologie de la maison en rangée, non pas en la transformant en immeuble, mais en acceptant la possibilité d’en avoir deux ou trois les unes sur les autres.

Mais sous quelles conditions ?

Une des plus importantes pourrait être le fait d’avoir l’entrée individuelle 190

VERS UN COMPROMIS ?

directement sur la rue qui symboliquement renvoie à la maison, comme l’ont fait Ridolfi et Oud. Par rapport à cela, il faut admettre que plus de deux maisons empilées semble difficile ou en tout cas peu commode pour les habitants.

Morphologiquement, il faudrait aussi conserver une façade et un volume qui donne l’image d’une maison. Cela peut être contestable puisque d’une certaine manière il faudrait faire croire qu’il n’y a qu’un logement alors qu’il y en a plusieurs. Mais cela peut être utile. En effet, dans le contexte de ces architectes, il faut se rendre compte qu’ils tentent de créer une typologie d’habitat de la maison en rangée modifiée car ils se doivent de loger le plus de personnes possible dans une situation d’exode rural d’un côté et de relogement d’un autre. Avec ces exemples, il est cohérent de dire que la maison en rangée peut tendre vers une typologie de logement intermédiaire, c’est à dire à mi-chemin entre un logement individuel et un logement collectif.

LA QUESTION DE L’ESPACE EXTÉRIEUR En partant du principe que c’est indispensable, encore faut-il savoir quelle est sa surface et quelle en est sa nature. On a vu qu’il peut s’agir d’un balcon, d’une terrasse, ou plus traditionnellement d’un jardin. La question est de savoir s’il est encore possible de parler de maison en rangée (et même de maison tout court s’il n’y a pas d’espace extérieur ou un espace très réduit. Cela rejoint par ailleurs directement l’idée du nombre d’étages.

Les maisons en rangée les plus anciennes qui ont été analysées possèdent un jardin, notamment pour des raisons d’agrément, mais surtout pour des raisons alimentaires, le jardin étant utilisé comme potager à cette époque.

Dans les maisons plus récentes comme celle de MVRDV ou de Grimshaw, le jardin disparaît au profit de balcons et terrasses. À partir de là, il faut tout de même admettre que même si cet espace est réduit, il n’en reste pas moins indispensable pour cette typologie mais pas forcément sous forme de jardin. Donc les balcons de Mario Ridolfi, quoique 191

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

petits, peuvent tout de même faire partie de la maison. Cela montre que la maison en rangée a su s’adapter en fonction des époques et que la typologie peut se modifier sans se dénaturer.

UNE TYPOLOGIE ADAPTÉE À TOUS ?

Dans les exemples étudiés, la rangée comporte des maisons identiques au point de vue programmatique : pour une famille de six personnes chez Oud, de trois ou quatre personnes à Bordeaux etc. . En effet, symboliquement, la maison renvoie à l’idée de famille.

Mais pourquoi ne pas voir plus large et dire que la maison pourrait être pour une personne, un couple ou une grande famille multigénérationnelle ? L’idée serait d’adapter la maison en rangée aux enjeux contemporains où la famille est beaucoup moins stable, avec des schémas familiaux très différents. Ainsi, tout le monde pourrait trouver sa maison, adaptée à sa situation familiale.

En cela, la typologie serait modifiée car les maisons de la rangée ne seraient plus identiques. Mais l’idée de rangée devrait toujours être gardée et ainsi maintenir l’idée principale de la typologie et de la définition que l’on a donnée auparavant et rappelée ici : Maisons en rangée : Ensemble de logements unifamiliaux mitoyens organisés suivant un axe.

Maison en rangée : Logement unifamilial, élément constitutif de la rangée.

Les exemples étudiés sont donc chacun des archétypes dans l’idée qu’ils sont représentatifs en tous points de la définition, même s’ils peuvent comporter plusieurs logements empilés et s’ils n’ont pas un jardin potager. En outre, rien ne les empêcherait d’être destinés à une, deux ou dix personnes pourvu que l’unité de la rangée soit conservée.

192

VERS UN COMPROMIS ?

3.9. L’IDEE DE COMPROMIS À l’issue de cette démonstration, il y a besoin de voir en quoi cela répond à la problématique, de savoir si cela peut aussi régler nos problèmes contemporains de logement en zone périurbaine notamment.

3.9.1. COMPROMIS ENTRE COLLECTIF ET INDIVIDUEL CE QU’IL Y A D’INDIVIDUEL De la vie en individuel, il reste la maison et sa symbolique. Elle continue à jouer son rôle de « cocon » pour la famille. Cette symbolique est conservée de par les limites notamment. En effet,, la limite entre la rue et la maison est franche et matérialisée par une porte qui mène directement dans le logement. De la même manière qu’un pavillon, il n’y a pas d’espace de transition entre l’espace public, la rue, et le privé, la maison. À l’inverse, dans du logement collectif, il y a cette nature d’espace avec les halls d’entrée communs et financés par les propriétaires. L’avantage de l’individuel, et de la maison en rangée ici est qu’il n’y a pas ce type d’espace coûteux pour les gens et qu’ils ne peuvent pas s’approprier.

Une autre limite est extrêmement importante aujourd’hui, celle de la propriété. Effectivement, les français veulent être propriétaires (note) et en cela une maison en rangée peut être une solution, même si la parcelle a une forme particulière, allongée.

Enfin, du pavillon, il reste toujours le jardin. Le jardin est le lien à la terre, au sol, ce qui différencie énormément de la grande majorité des habitats collectifs où les appartements ont, au mieux, un rez-de-jardin, sinon un balcon, voir aucun espace extérieur car ils sont « séparés » de ce sol.

Mais cela pose problème car ça ne concerne pas toutes les maisons, comme celles qui sont les unes sur les autres notamment. Si on les exclut, on pourrait considérer que la maison en rangée remplit toutes les caractéristique « primaires » de la vie en individuel.

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

CE QU’IL Y A DE COLLECTIF Le premier élément, le plus « visible » serait la mitoyenneté, même si en soi la mitoyenneté n’est pas du tout incompatible avec la vie en individuel, car la propriété est conservée. Avoir un mur, voir un plancher en commun est tout de même bien le signe que l’on n’est pas seul (quand bien même le mur soit très bien isolé).

Puisque la mitoyenneté s’effectue principalement par des murs, parler d’un collectif « horizontal » plus que vertical semble plus adéquat puisque le nombre d’étages reste limité. L’idée serait d’appartenir à la même forme urbaine, au même projet, à la même rangée. Une fois de plus on retrouve l’idée d’un ensemble auquel on appartient, même si chacun a sa propre entrée sur rue.

Ces quelques éléments, regroupés principalement autour de la mitoyenneté, montrent que la maison en rangée est finalement assez peu liée à celle du logement collectif.

UNE TYPOLOGIE HYBRIDE ?

Le peu d’éléments qui relient la maison en rangée à la vie en collectivité montre que malgré la densité forcément plus élevée que dans de l’individuel et la mitoyenneté, la maison en rangée reste fondamentalement un habitat individuel. Toutefois, ce propos peut être nuancé dans le cas où la « maison » compte deux logements l’un sur l’autre. En effet, dans ce cas là, on pourrait éventuellement parler de véritable typologie hybride.

Pour résumer, en tant que maison, une cellule unifamiliale, on est bien dans du logement individuel. Mais à la différence des maisons individuelles comme les pavillons, la mitoyenneté implique l’idée d’ensemble, de forme urbaine créée par un seul élément répété. En cela, on est aussi dans le logement collectif.

C’est donc une typologie hybride mais qui tend tout de même vers l’individuel.

194

VERS UN COMPROMIS ?

3.9.2. COMPROMIS ENTRE VIE À LA CAMPAGNE ET EN VILLE CE QU’IL Y A DE LA VIE À LA CAMPAGNE Clairement, la relation à la terre, au jardin (ou dans le cas contraire une terrasse au moins) renvoient à l’imaginaire de la campagne et en cela la maison en rangée se rapproche de la vie rurale. Un autre point, et en lien direct avec la partie précédente, est l’idée du mode de vie individuel. En effet, comme expliqué en préambule de cette étude, on associe traditionnellement la ville et le mode de vie collectif et la campagne au mode de vie individuel.

CE QU’IL Y A DE LA VIE EN VILLE Bien évidemment, et pour les mêmes raisons évoquées précédemment, la mitoyenneté peut être considérée comme étant un élément de la vie en ville comme lieu de proximité physique entre les habitants. Une fois de plus, est ressentie cette idée que le collectif est lié à la ville et la campagne à l’individuel. La maison en rangée est aussi liée à l’idée de création d’ « unité urbaine », de formes entières denses (en tout cas plus qu’en milieu rural).

UNE TYPOLOGIE HYBRIDE ?

Cette typologie semble paradoxale car la forme de la maison, son lien avec l’extérieur etc., donnent l’idée de vie à la campagne. Mais en même temps la proximité et la mitoyenneté donnent l’idée de la vie en ville. L’ économie de foncier est aussi un élément qui rapproche cette typologie des problématiques urbaines. Elle est donc proche de la ville à l’échelle de la forme urbaine et de la densité, mais rurale au niveau de l’organisation spatiale et de la relation à l’extérieur.

Par conséquent, est obtenue une typologie parfaitement hybride entre ces deux environnements. Par lien logique, l’environnement hybride entre la campagne et la ville serait la zone périurbaine, et cela répondrait au questionnement initial sur la place de la maison en rangée par rapport aux autres typologies de logement (cf. fig.2).

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LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

3.9.3. LA PLACE DE LA MAISON EN RANGÉE AUJOURD’HUI DES FACTEURS PROPICES ?

Comme cela a été vu avec les différents exemples, la maison en rangée a été utilisée dans des situations d’urgence, afin de loger rapidement des ouvriers en règle générale. Mais des exemples comme la maison de Victo Horta ou le projet du Grand Union Canal, des interventions plus ponctuelles et pour des catégories sociales plus élevées montrent que la situation n’est pas forcément figée.

Lier la maison en rangée avec les ouvriers, s’explique parce qu’elles ont été construites en masse à l’époque pour eux. Néanmoins, en regardant les plans analysés, il est possible de dire qu’aujourd’hui de tels plans de logements pourraient convenir à tout type de population. S’il n’y a pas d’urgence, la société se rend de plus en plus compte du « fléau pavillonnaire 2» et il est nécessaire de trouver des solutions adaptées dont la maison en rangée, même en tant que typologie intermédiaire, c’est à dire avec des maisons superposées.

GÉOGRAPHIQUEMENT La partie précédente a mis en lumière le paradoxe qui réside dans la typologie de la maison en rangée entre environnement rural et urbain.

De ce point de vue là, la maison en rangée est une typologie hybride, qui serait donc elle aussi adaptée à une zone hybride, que serait la zone périurbaine. Effectivement, si la maison en rangée crée plus de densité qu’une maison rurale elle est moins dense que l’hypercentre d’une ville qui l’est à la fois verticalement et horizontalement.

Il serait erroné de dire que la maison en rangée pourrait aujourd’hui se placer en centre-ville comme il y a un siècle et demi. Sa place serait donc de nos jours, afin de répondre aux problématiques contemporaines, plutôt en zone périurbaine voire rurale pour économiser de l’espace, du foncier. En zone périurbaine, cela permettrait de mieux répartir les constructions vis à vis des champs agricoles restants ou des espaces verts. Cela permettrait donc de protéger la nature en limitant 2. DEBRY Jean-Luc, 2012 196

VERS UN COMPROMIS ?

l’étalement urbain et le « fléau pavillonnaire ».

D’un point de vue plus architectural, cela permettrait une meilleure maîtrise et organisation des parcelles. En effet le pavillon se place au centre d’une parcelle ramassée. Le problème est qu’il crée des espaces extérieurs sans usages bénéfiques possibles. Les parties latérales de la parcelle sont inutiles. En revanche, la maison en rangée, grâce à la mitoyenneté, propose de mettre cet espace inutilisable à l’arrière pour pouvoir profiter pleinement du jardin et ainsi augmenter le confort et la qualité de vie.

Cependant, la maison en rangée semble pâtir d’une volonté d’isolation et d’une individualisation croissante des gens comme expliqué en introduction.

UNE SOLUTION POSSIBLE POUR RÉGLER NOS PROBLÈMES DE LOGEMENT ET DE DENSITÉ ?

Les avantages de la maison en rangée sont nombreux : une économie de foncier, une protection du paysage, en limitant l’étalement urbain et son mitage, et un confort de vie augmenté notamment. Mais cela donne aussi la possibilité d’avoir une typologie faisant un vrai lien entre l’urbain et le rural.

Il reste cependant encore des inconvénients : une typologie qui crée des formes urbaines avec une absence de services, de commerces, et qui par conséquent ne peut pas répondre seul à la question soulevée au départ sur plus d’interactions sociales en zone périurbaine. Le risque est aussi la répétition d’un même modèle qui peut être rigide et qui peut nuire à la qualité architecturale et urbaine d’une ville, tout comme le pavillonnaire dans une moindre mesure.

197

CONCLUSION

CONCLUSION Afin de clore ce travail, il y a besoin de revenir sur la conclusion du rapport d’étude effectué en 2014 à propos des maisons de ville1. Elle portait sur la difficulté de définir cette typologie, même si elle avait été identifiée comme tel.

C’est donc tout naturellement que la première partie de ce travail se devait d’approfondir cette notion de typologie architecturale.

De ce point de vue là, ce mémoire répond à la question de la définition en apportant certaines nuances.

Tout d’abord, il faut prendre en considération l’importance des différentes définitions données par les théoriciens de l’architecture à ce propos : Quatremère de Quincy, Aldo Rossi, Carlo Aymonino entre autres qui apportent chacun un éclairage différent à ce sujet.

1. TEOLI Alexandre, 2014 : La maison de ville. Portrait d’un type architectural, réalisé sous la direction de Philippe Dufieux.

199

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

La recherche a été fondamentale dans ce travail car elle a permis d’élaborer à terme une définition contemporaine de cette typologie architecturale. Il a donc fallu s’appuyer sur des ouvrages de références afin de pouvoir trouver en quoi la maison en rangée est ce qu’elle est, quelle est son « essence », ce qui la fait se démarquer des autres logements.

Au terme de cette étude, et au regard de ce qu’elle apporte comme éclairage sur cette typologie de logement, on parle bien de «maison en rangée» et non de «maison de ville» qui est un terme purement français.

En effet, il est erroné, car la ville n’est pas forcément le lieu d’implantation de cette typologie, elle n’ est pas liée intimement à un lieu géographique, comme en attestent plusieurs des projets étudiés. Il a pu être démontrer que le terme de maison en rangée est plus adapté pour cette typologie architecturale.

Cela a été aussi rendu possible par un travail de terminologie dans différentes langues. En effet, bien qu’il existe toujours des nuances à prendre en compte, les termes anglais, italien, allemand, néerlandais, danois et finlandais emploient déjà le mot « rangée ».

Ce problème de vocabulaire, de définition de la typologie architecturale, peut être mis en parallèle avec le peu d’ouvrages consacrés à cette dernière, et le flou qui l’entourait avant le début de cette étude.

En cela, le travail de classification et de positionnement de la maison en rangée par rapport aux autres typologies de logement a permis de lever une partie de cette imprécision.

A la fin de ce travail, et grâce aux études de cas des exemples du corpus, on peut affirmer que sa position est celle entre le logement urbain et rural.

Grâce à la recherche sur la typologie architecturale, il a pu être possible de créer une fiche d’analyse « typo-morphologique » permettant de pas200

CONCLUSION

ser au travers de ses critères d’analyse toutes les maisons en rangée qui existent. Les différentes maisons du corpus ont ainsi pu être analysées sur des critères certes subjectifs, mais qui essayent de tendre vers l’objectivité.

Analyser des exemples architecturaux existants était la suite naturelle à un travail de recherche théorique. Effectivement, dans le domaine de l’architecture, il semble plus cohérent d’avoir à la fois une partie d’étude théorique qui pose les bases du questionnement et permet de commencer à répondre à des questions, puis une partie plus en lien avec le projet architectural, des études de cas en ce qui concerne ce mémoire.

Par ailleurs, au regard de cette fiche et de la recherche effectuée précédemment, il a été essentiel de travailler à plusieurs échelles, allant du territoire jusqu’aux différentes pièces de la maison. En effet, cette typologie possède cette caractéristique très intéressante qu’elle touche à la fois l’échelle urbaine et celle du « détail ».

Sans rentrer de nouveau dans l’analyse de chaque maison, on peut affirmer que pour les modes de traitement de la lumière, de la répartition des usages, de la distribution, et du parcours entre la rue et l’espace extérieur, les enseignements de ces analyses sont nombreux.

Pour la lumière, il est fondamental de garder en mémoire qu’au delà de la traditionnelle double-orientation, il existe d’autres solutions architecturales comme la lumière zénithale ou même une triple orientation suivant la morphologie de la maison.

En ce qui concerne la répartition des usages, il faudra retenir que bien que le schéma classique de répartition différenciée par étage soit le plus répandu, on peut trouver des systèmes hybrides, voire penser à des répartitions non présentes dans le corpus. À propos du parcours entre la rue et le jardin, il a été très intéressant de voir qu’il existe une multitude de manière de le traiter en fonction des usages de la famille y habitant, et surtout en fonction de la valeur qui 201

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

est donné à l’espace extérieur. En effet, plus il est intime pour la famille, plus il y aura d’espaces à traverser entre lui et la rue. Cette gradation de l’intimité est extrêmement intéressante au regard des problématiques contemporaines.

Enfin, pour la distribution, il faut retenir l’idée que le noyau central, s’il semble le plus économe en espace, pose le problème de la lumière et donc du «sacrifice» d’une pièce qui sera sombre en permanence.

Tout est une question de choix et c’est grâce à ces analyses qu’il est possible d’entrevoir tous ceux qui sont faisables. Il y a toujours des grands invariants, et des exceptions qui permettent de pouvoir encore interroger cette typologie.

D’autre part, les contextes historiques de chacun de ces projets ont permis de faire ressortir pourquoi ces maisons ont été réalisées, et comment elles peuvent être encore aujourd’hui utilisées, y compris en ville.

Il est notamment très intéressant de noter qu’au XIXème siècle, la maison en rangée était pour les ouvriers alors que les projets plus récents sont plutôt destinés pour des clients fortunés.

Ces analyses avaient pour but de pouvoir dire quelle serait la place de la maison en rangée aujourd’hui.

S’il ne peut être question de placer des maisons en rangée en centre-ville aujourd’hui, force est de constater que cette typologie peut encore avoir un avenir dans l’urbanisme.

Mais il ne s’agit pas de prendre l’exemple du New Urbanism qui réalise en réalité plus des pastiches de l’architecture historique et vernaculaire, plutôt que de réfléchir sur la maison en rangée, sur ses potentialités pour l’urbanisme contemporain.

Or, grâce à l’analyse effectuée des différents exemples du corpus, il est clair que de nombreux architectes au cours des derniers siècles ont réfléchi à ce propos.

202

CONCLUSION

Cette analyse a permis aussi de montrer que la typologie de la maison de ville est hybride : des éléments viennent la considérer comme typologie rurale et individuelle, mais d’autres montrent au contraire qu’elle pourrait aussi bien être considérée comme une typologie urbaine et collective.

Certains exemples montrent d’ailleurs qu’au delà de l’idée de maison, où l’habitant possède l’édifice des fondations à la toiture, cette typologie peut devenir « intermédiaire », c’est à dire que l’on peut avoir deux voire trois logements les uns sur les autres mais toujours avec une entrée indépendante sur rue.

C’est sûrement ici que se joue l’avenir de la maison en rangée.

Une typologie intermédiaire permettrait de créer des formes urbaines intéressantes pour les zones périurbaines, augmenter la densité dans ces zones et ainsi permettre de vraiment lier la ville et la campagne. En effet, les zones périurbaines, avec leurs pavillons sur de grandes parcelles, isolés, ne permettent pas cela aujourd’hui. Cela permettrait de faire des économies et garder une certaine densité, pour laquelle la maison en rangée est mieux adaptée, comparée au pavillon.

Cette étude nous pousse donc à ne plus être dans une opposition systématique entre ville et campagne et individuel et collectif. La maison en rangée serait la typologie hybride qui viendrait, en se transformant en logement intermédiaire, mettre à mal cette idée et ainsi être un réel compromis.

203

ANNEXES

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

House in Alfred Street, W. Ison, Bath

1750

1800

1850

First Class House, Londres

1900

La Maison & l’Atelier Horta, Victor Horta, Bruxelles

Cour de

Maison du Troisième Type, Paul Fouquiau, Paris

Echoppe, Bordeaux

Fig. 126 : Chronologie des projets analysés

206

ANNEXES

Rowhouse, Alvar Aalto, Pietarsaari Galgebakken, Storgaard, J. P. , J. Ørum-Nielsen, Hanne Markussen, Hanne Ørun-Nielsen, Copenhague Hufeisensiedlung, Bruno Taut, Berlin Borneo 12 & Borneo 18, MVRDV, Amsterdam

Quartier Hoek Van Holland J.J.P. Oud, Rotterdam

First Class House, Londres

1900

1950

Grand Union Canal, N. Grimshaw, Londres

2000

La Maison & l’Atelier Horta, Victor Horta, Bruxelles

Cour de Pologne, Lille

n du Troisième Type, Paul Fouquiau, Paris

Echoppe, Bordeaux INA Casa, M. Ridolfi, Roma

Sào Victor, Alvaro Siza, Porto

207

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

XVIII ème siècle XIX ème siècle XX ème siècle

208

ANNEXES

Fig. 127 : Répartition géographique des projets analysés

209

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

CRÉDITS DES ILLUSTRATIONS & SCHÉMAS L’intégralité des schémas ont été réalisés avec le logiciel Adobe Illustrator. Les plans et coupes de base ont été réalisés avec le logiciel AutoCAD, à partir des documents référencés.

Fig. 1-2 ; 4-5 ; 12-13 ; 20-21 ; 28-29 ; 36-37 ; 44-45 ; 52-53 ; 60-61 ; 68-69 ; 76-77 ; 84-85 ; 92-93 ; 100-101 ; 108-109 ; 115-127 : © TEOLI Alexandre. / Fig. 6-10 : © TEOLI Alexandre à partir de MUTHESIUS Stefan, 1982 : The English Terraced House, Over Wallop, Yale University, 278 p. / Fig. 14-18 : © TEOLI Alexandre à partir de BABOULET Luc, 2004 : Le Paris des Maisons : Objets Trouvés, Paris, Pavillon de l’Arsenal / Fig. 22-26 : © TEOLI Alexandre à partir de TRIBALAT Jacques, PETUAUD-LETANG Michel, LE LANN Dominique, 2003 : L’échoppe, un art de vivre, A édition / Fig. 30-34 : © TEOLI Alexandre à partir du site GODDARD Simon, 2013 : «Lille and the Post-urban Economy» , AAPC.http://projectivecities.aaschool.ac.uk/portfolio/lille-and-the-post-urban-economy/ / Fig. 38-42 : © TEOLI Alexandre à partir de MUTHESIUS Stefan, 1982 : The English Terraced House, Over Wallop, Yale University, 278 p. / Fig. 46-50 : © TEOLI Alexandre à partir de PORTOGHESI Paolo, 1976 : Global Architecture : Victor Horta, Tokyo / Fig. 54-58 : © TEOLI Alexandre à partir de / Fig. 62-66 : © TEOLI Alexandre à partir de OUD J.J.P., 1925 : Von Baukunst Technik und en: Innendekoration, Stuttgart, Jg. 36, p. 292 / Fig. 70-74 : © TEOLI Alexandre à partir du site officiel de l’architecte ALVAR AALTO FOUNDATION, 2005 : «ROW HOUSE», Alvar Aalto’s Architecture. Disponible sur http://file.alvaraalto.fi/search.php?id=569 (consulté le 14/11/2015)/ Fig. 78-82 : © TEOLI Alexandre à partir de DI BIAGI Paola, 2001 : La grande ricostruzione. Il piano INACasa e l’Italia degli anni‘50, Roma / Fig. 86-90 : © TEOLI Alexandre à partir SHERWOOD Roger, 2002 : «Galgebakken», Housing Prototypes. Disponible sur : http://www.housingprototypes.org/project?File_No=DEN001 (consulté le 14/11/2015) / 210

ANNEXES

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223

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION 11 SITUATION DU LOGEMENT EN FRANCE AUJOURD’HUI 11 APPROCHE HISTORIQUE DE LA MAISON DE VILLE 14 LE CHOIX DE LA MAISON DE VILLE 17 PROBLÉMATIQUE & OBJECTIFS 19 DÉVELOPPEMENT & MÉTHODOLOGIE 20 1. UN TYPE ARCHITECTURAL 25 1.1. LA TYPOLOGIE EN ARCHITECTURE 26 1.1.1. SELON ANTOINE CHRYSOSTOME QUATREMÈRE DE QUINCY (1755-1849) 26 1.1.2. SELON FRANCESCO MILIZIA (1725-1798) 28 1.1.3 SELON GIULIO CARLO ARGAN (1909-1992) 30 1.1.4. SELON ALDO ROSSI (1931-1997) 31 1.1.5. DÉFINITION D’UN TYPE PAR LES 224

TABLE DES MATIERES

CARACTÉRISTIQUES QUI PEUVENT « FAIRE ESSENCE » 1.1.6. DÉFINITIONS DE TERMES ANNEXES

35 37

1.2. LA MAISON DE VILLE DANS DIFFERENTES LANGUES 38 1.2.1. LE TERME DE «MAISON» 38 1.2.2. LE TERME DE «MAISON DE VILLE» 40 1.2.3. SYNTHÈSE 43 1.3. LA MAISON DE VILLE & LES AUTRES TYPOLOGIES DE LOGEMENT 46 1.3.1. LA « GÉNÉALOGIE » DE LA MAISON DE VILLE 46 1.3.2. CLASSIFICATION TYPOLOGIQUE 48 1.4. DÉFINITION ACTUALISEE DU TYPE DE LA MAISON DE VILLE 52 1.4.1. ELEMENTS DE LA DEFINITION 52 1.4.2. TERMINOLOGIE 54 1.4.3. DÉFINITION OBTENUE 55 2. ANALYSES & ETUDES DE CAS 57 2.1. ANALYSER UNE MAISON EN RANGEE 2.1.1. FICHE «TYPO-MORPHOLOGIQUE»

58 58

2.2. ETUDES DE CAS & ANALYSES 59 2.2.1. HOUSE IN ALFRED STREET 60 2.2.2. MAISON DU TROISIÈME TYPE 66 2.2.3. ECHOPPE 72 2.2.4. MAISON DE COURÉE 78 2.2.5. SPLIT-LEVEL SOLUTION 84 2.2.6. LA MAISON & L’ATELIER HORTA 90 2.2.7. PAVILLONS, HUFEISENSIEDLUNG 96 2.2.8. QUARTIER HOEK VAN HOLLAND 102 2.2.9. ROWHOUSES, ALVAR AALTO 108 2.2.10. CASE A SCHIERA, 114 2.2.11.GALGEBAKKEN 120 225

LA MAISON DE VILLE EN EUROPE

2.2.12. SÀO VITOR 126 2.2.13. GRAND UNION CANAL 132 2.2.14. BORNEO 12 138 3. VERS UN COMPROMIS ? 145 3.1. POSITION DANS LA VILLE, CONTEXTE 3.1.1. LES MAISONS CONSTRUITES EN ZONE URBAINE 3.1.2. LES MAISONS CONSTRUITES EN PÉRIPHÉRIE 3.1.3. LES MAISONS CONSTRUITES EN ZONE RURALE

146 146 148 150

3.2. L’ÎLOT 152 3.2.1. L’ÎLOT A COUR 152 3.2.2. L’ÎLOT EN BANDES 154 3.2.3. AUTRES FORMES 154 3.3. LE PARCELLAIRE & LA MAISON 157 3.3.1. LA PARCELLE EN LANIÈRE 157 3.3.2. LA PARCELLE RAMASSÉE 158 3.3.3. AUTRES 160 3.4. LA LUMIERE 162 3.4.1. MONO-ORIENTATION 162 3.4.2. DOUBLE ORIENTATION 162 3.4.3. TRIPLE ORIENTATION 164 3.5. RÉPARTITION DES USAGES 3.5.1. USAGES SÉPARÉS PAR ÉTAGES 3.5.2. USAGES MIXTES / MÉLANGÉS 3.5.3. QUAND LA MAISON EST DE PLAIN-PIED

168 168 170 170

3.6. PARCOURS ENTRE RUE ET JARDIN 175 3.6.1. DEUX ESPACES À TRAVERSER 175 3.6.2. TROIS ESPACES À TRAVERSER 176 3.6.3. TROIS ESPACES À TRAVERSER ET DEUX PARCOURS DIFFÉRENTS 178 226

TABLE DES MATIERES

3.7. DISTRIBUTION 182 3.7.1. LATÉRALE 182 3.7.2. CENTRALE ET SES VARIATIONS 182 3.7.3. DES MAISONS OU DES IMMEUBLES ?

184 3.8. DE NOMBREUSES PISTES POUR AUJOURD’HUI 188 3.8.1. DES CATÉGORIES INEXPLOITÉES DANS LA TYPOLOGIE 188 3.8.2. DES CRITÈRES HORS « ESSENCE » À EXPLORER 189 3.8.3. VERS UNE TYPOLOGIE ELARGIE 190 3.9. L’IDEE DE COMPROMIS 193 3.9.1. COMPROMIS ENTRE COLLECTIF ET INDIVIDUEL 193 3.9.2. COMPROMIS ENTRE VIE À LA CAMPAGNE ET EN VILLE 195 CONCLUSION 199 ANNEXES 205 CRÉDITS DES ILLUSTRATIONS & SCHÉMAS 210 CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES 211 BIBLIOGRAPHIE 215 HISTOIRE DE L’ ARCHITECTURE 215 URBANISME 216 LOGEMENT 218 MAISONS DE VILLE 219 TABLE DES MATIERES 224

227

UN COMPROMIS ARCHITECTURAL La Maison de Ville en Europe depuis 1750 AN ARCHITECTURAL COMPROMISE European row houses, since 1750

Mots-clés : Maison de Ville / Typologie / Morphologie / Histoire du Logement / Urbanisme

Ce travail a pour but de démontrer pourquoi la typologie de la maison de ville peut être considérée comme un compromis entre la vie rurale et la vie urbaine, et donc répondre aux enjeux actuels sur le logement, notamment en zone périurbaine. Il s’agit en premier lieu d’une analyse des théories de grands auteurs sur le type architectural, d’un travail de terminologie dans plusieurs langues et d’une réflexion poussée sur la nature de la maison de ville. Puis, une plongée dans quatorze études de cas de maisons européennes réalisées entre 1750 et nos jours permet de comprendre comment dans des contextes très variés, on a pu voir l’émergence de ce type. Enfin, une synthèse de ces études enclenche une série de réflexions sur l’avenir de la maison de ville, d’un point de vue aussi bien urbain qu’architectural.

Keywords : Row house / Typology / Morphology / Housing History / Urbanism

The aim of this work is to demonstrate why the row house typology can be treated as a compromise between a rural and urban way of life.

Moreover, it’s interesting to see how this type can answer to the current stakes about housing, mostly in outlying suburbs. A theoretical analysis (based on great authors texts) on this type will introduce the thesis, associated with a terminological work in many languages and a deep thought on row house nature. Therefore, fourteen European houses case studies (built since 1750 until nowadays) will shed the light on how this type stood out in various contexts. Finally, a synthesis will engage several reflexions on urban and architectural row house future.