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EXPOSÉ DU PROTOCOLE DE FORMATION

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CONCLUSION

CONCLUSION

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

PARCOURS

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Les Arts Appliqués, l’Art total, et la synthèse architecturale

Mon parcours jusqu’à ce mémoire d’Habilitation prend source dès mes années de lycée. J’ai fait le choix assez jeune d’étudier dans la filière des Arts Appliqués (Baccalauréat Sciences et Techniques de l’Ingénieur - Arts Appliqués (STI-AA), l’équivalent du mot anglais Design). J’ai découvert, par le biais de ces trois ans le monde des arts, leur pratique (croquis, perspectives, dessin technique etc.) et leur histoire.

J’ai pu expérimenter et découvrir toutes les formes d’arts visuels (peinture, design, sculpture, etc .) avant de choisir de me spécialiser en architecture pour mes études supérieures. Je considérais cette discipline comme transversale à toutes les autres formes d’art que j’avais pu appréhender auparavant. Une synthèse en somme.

Cette idée de synthèse m’est venue lors de l’étude des architectes du début du XXème siècle qui prônaient un « Art Total », c’est-à-dire que la pensée de l’artiste puisse se décliner dans toutes les disciplines artistiques dans un même espace. C’était le cas pour des architectes comme Theo Von Duisbourg, Gerit Rietveld, Walter Gropius, mais également Victor Horta, dont la visite de sa maison à Bruxelles m’a conforté dans l’idée que l’espace architectural était bien la synthèse et le potentiel support de tous les arts.

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Maison et Atelier de Victor Horta à Bruxelles (source : https://visit.brussels/ fr/place/Musee-Horta)

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

Les études, vers une approche urbaine et humble de l’architecture

Au cours de mes premières années à l’École Nationale Supérieure d’Architecture Lyon (ENSAL), j’ai pu mettre en pratique cette synthèse en m’essayant sur des projets à différentes échelles : mobilier, scénographie, micro-architecture, logements individuels et collectifs, équipements et finalement l’urbanisme.

Dès la troisième année de Licence, avec mon premier projet urbain, j’ai acquis un intérêt pour cette discipline que j’ai considérée très rapidement comme complémentaire, puis indissociable de l’architecture. C’est peutêtre, une fois de plus, cette idée de synthèse qui m’a interpellé : le territoire (urbain, rural, etc.) est ce qui intègre l’Architecture, ce qui la contient, la met en valeur.

Lors de mon séjour en Erasmus à Gênes, j’ai pu approfondir ce lien entre architecture et territoire en choisissant des projets variés qui m’ont permis de découvrir de nouvelles pratiques et de nouvelles façons de penser la ville, à Gênes bien sûr, mais également dans la banlieue de Rome, ou sur le territoire barcelonnais. Mon stage dans une petite agence d’architecture dont la responsable était également professeure dans un collège m’a aussi ouvert sur la question d’une pratique ouverte.

C’est ainsi que j’ai choisi le domaine d’étude Architecture, Ville et Périphérie pour mon Projet de Fin d’Études (PFE, Mention Recherche, 2016). Par ce biais-là, j’ai pu travailler et découvrir l’articulation d’échelles totalement différentes et pourtant complémentaires sur un temps long.

L’urbanisme, couplé à l’architecture et vice versa m’est définitivement paru comme une évidence depuis lors. Ma mention recherche concernait d’ailleurs la question de l’intégration d’une forme urbaine archétypale (les maisons de ville) dans un territoire singulier (le quartier de SaintJean à Villeurbanne), et donc plus largement la question de l’influence du contexte (spatial, social, historique) dans la production d’une forme urbaine et architecturale. Ceci est pour moi le fondement d’une pratique éthique et responsable.

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Extraits de mon Projet de Fin d’Etudes, de la stratégie territoriale du quartier Saint-Jean à Villeurbanne, jusqu’à la définition du projet architectural, 2016, ENSAL, sous la direction de Joan Casanelles

A LA RECHERCHE DE L’ARCHITECTE-URBANISTE

Stage et premier emploi chez INterland : le Nouveau Monde

Après le PFE, j’ai effectué un stage (Mention Recherche) puis travaillé durant trois ans à l’agence d’architecture et d’urbanisme INterland (fondée par un architecte, et cultivant cette «double culture», à Villeurbanne). Cela m’a permis d’aller plus loin encore dans ce jeu d’échelles, en touchant des thématiques, et des territoires très diversifiés (dans toute la France), de la stratégie territoriale à de petites faisabilités urbaines pour des centresbourgs, en passant par des projets de renouvellement urbain, ou des études pré-opérationnelles de Zone d’Aménagement Concerté (ZAC). J’ai pu également pratiquer la concertation, comprendre les enjeux politiques de tel ou tel choix et le jeu des (nombreux) acteurs privés ou publics qui gravitent autour d’un projet urbain.

Paradoxalement, alors que le projet urbain se fait sur un temps très long et qu’il est à une plus grande échelle que le projet architectural, ces temps d’échanges, et surtout la concertation, m’ont donné la sensation d’être proche des usagers des différents quartiers, de leurs problèmes et de leur quotidien.

Conférences Lilloises, et nouveau départ

En parallèle, et durant deux ans, j’ai été invité à donner des conférences sur la pratique du projet urbain à des étudiants de licence et de master à l’École Nationale Supérieure d’Architecture et du Paysage de Lille (ENSAPL) afin de les sensibiliser à ce domaine. Cela a été pour moi l’occasion de rationaliser et de réfléchir à ce que je faisais chez INterland et de montrer aux étudiants qu’ils avaient d’autres débouchés professionnels que « seulement » le travail en agence d’architecture.

Ces expériences enrichissantes m’ont néanmoins éloigné du projet architectural, de sa pratique et de sa mise en œuvre, ce qu’a parfois tendance à occulter un urbaniste dans sa pratique. La réalité, la faisabilité et la temporalité m’ont également fait prendre conscience que l’architecture reste la seule voie concrète pour la matérialisation du projet

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Groupement

état Région Département Intercommunalité Ville

Extraits d’une présentation sur la gouvernance du projet urbain à l’ENSAPL, 2019. En bas, le quartier de la Paillade, à Montpellier. Source : http://histoiregeo34.canalblog.com/archives/2013/03/28/26757212.html+

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urbain. En effet, ce qui reste d’un projet urbain est l’architecture qui aura pu s’y développer et ses espaces publics. Dès lors, et pour aller au bout du processus, il faut pouvoir travailler aussi bien à l’échelle du quartier que du détail architectural.

C’est pourquoi j’ai choisi de quitter INterland afin de trouver une agence pratiquant à la fois l’architecture et l’urbanisme. Après de nombreuses rencontres et d’entretiens dans toute la France, j’ai rejoint l’Atelier de Ville en Ville en septembre 2019 (dont je détaillerai la composition et l’activité un peu plus loin). Cela m’a permis de me recentrer et développer mes compétences en architecture avec le suivi d’un projet de résidence étudiante de 350 chambres à Lyon (depuis l’esquisse, jusqu’au chantier), tout en capitalisant sur mon expérience passée au travers de projets urbains sur lesquels travaille l’agence (une Zone d’Aménagement Concerté (ZAC) dont nous sommes architecte-urbaniste en chef dans la Métropole de Lyon).

L’Habilitation : Devenir un être complet

C’est dans ce contexte et après une mûre réflexion, que l’Habilitation à la Maîtrise d’Oeuvre en son Nom Propre (HMONP) m’a semblé prendre son sens, afin, notamment, de défendre ma position singulière forte de ces différentes expériences. D’autre part, cette Habilitation et le travail qui en découle a été pour moi l’occasion de me poser les questions de mon avenir, de mon positionnement quant au rôle de l’architecte dans les territoires d’aujourd’hui et de demain et à la production à laquelle j’ai envie de participer, avec quelles valeurs, et pour quelle société. Cette année de formation vient parachever ma volonté de pouvoir appréhender tout le processus de l’aménagement du territoire.

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Synthèse de mon parcours universitaire et professionnel

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PROFESSION DE FOI

Ci-après, extrait de ma profession de foi lors de mon inscription à l’Habilitation en octobre 2020 :

« Si j’ai aujourd’hui quelques compétences et connaissances sur la gestion d’un projet, la partie administrative, les acteurs, les documents officiels et réglementaires, notamment grâce à mon expérience passée, j’ai envie de pouvoir approfondir cela afin de pouvoir réellement me saisir et m’approprier tout ce qui touche à la maîtrise d’œuvre. Cela me sera grandement utile dans mon emploi actuel, mais aussi car j’envisage à moyen-long terme de pouvoir être en capacité de gérer une entreprise et un projet de bout en bout. C’est une des raisons pour lesquelles cette formation me semble indispensable.

Comme je le disais précédemment, je considère l’architecture comme transverse, et l’architecte comme un véritable pivot dans l’aménagement du territoire, de tout ce qui nous entoure. Il est une pièce maîtresse dans tout un processus politique, social, économique. Il est enfin partie prenante d’une société dans laquelle nous évoluons, et le témoin de ce qu’elle a été. Pour toutes ces raisons je veux être architecte, je veux participer à tout cela.

Cependant, il me semble essentiel de remettre en permanence l’architecture, comme élément d’un tout, dans son contexte. C’est pour cela que j’ai trouvé toute ma place dans l’agence où je travaille aujourd’hui, entre des projets architecturaux et des projets de maîtrise d’œuvre urbaine. Cette complémentarité me permet de trouver l’équilibre qu’il me manquait précédemment.

J’attends de cette année de formation qu’elle puisse être une source de réponses à de nombreuses questions que je me pose (ou que je ne me pose pas encore d’ailleurs) sur la pratique de l’architecture en France et sur ma pratique quotidienne. Cela concerne bien entendu la manière dont se gère une agence, et donc une entreprise. Plus largement, je souhaite qu’elle me permette d’éclairer mon avenir professionnel. En effet, si je considère comme probable le fait d’être indépendant un jour, je n’ai aucune idée des possibilités que j’ai, de comment je pourrais faire etc.

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J’espère également que la formation pourra m’aider dans ma réflexion d’une double pratique d’architecte et d’urbaniste à terme. Je n’attends pas une formation en urbanisme mais bien de voir et réfléchir à comment avoir une pratique connexe à celle d’architecte.

L’objectif est donc double selon moi : m’aider et me faire progresser dans la maîtrise d’œuvre au quotidien, et en parallèle me guider vers ma future (double ?) pratique, ma future (?) gestion d’entreprise. Ces deux objectifs, indissociables seront, je l’espère, mes fils conducteurs pour la partie cours et pour la rédaction de mon mémoire. »

Au regard de ce que j’ai écrit il y a maintenant plusieurs mois et après avoir suivi la formation théorique de l’HMONP, je suis content de voir qu’elle m’a bien apporté les réponses que je voulais obtenir. Elle me permet de me projeter petit à petit vers une pratique indépendante et ouverte, avec comme point d’ancrage l’architecture et la maîtrise d’œuvre et de l’autre l’urbanisme comme boussole.

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