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Berry BPI: «On ne peut pas continuer comme ça»
from Syndicaliste n°967
by ACVCSC
Le permanent de Metea, Carl De Clercq, avec les délégués CSC de Berry BPI: Kris Rogiers, Samer El Ouahabi, Mustafa Palit et Koen Van Ingelgem.
Lors des dernières élections sociales, l’équipe CSC s’est largement renouvelée, avec toujours la même volonté d’être là pour défendre les collègues. Le principal défi est de lutter contre la charge de travail élevée, nous expliquent les militants Koen Van Ingelgem, Kris Rogiers, Mustafa Palit, Samer El Ouahabi, Mayerling Schaele et Mario Wuytack.
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Nous couvrons l’ensemble des départements et, en plus, les équipes de jour, de nuit et de week-end sont toutes représentées au sein de notre équipe. C’est un gros atout. Nous détectons ainsi très rapidement les signaux émanant de nos différents groupes de travailleurs. C’est un critère auquel nous avons été très attentifs dans notre recherche de candidats pour les élections sociales. Nous avons cherché des candidats à des endroits où nous n’étions pas représentés jusque-là. La qualité des candidats est évidemment importante également. Nous préférons éviter les tire-au-flanc qui ne veulent figurer sur la liste que pour être protégés. Le résultat des élections sociales a été étonnant. De nombreux nouveaux élus nous ont rejoints. C’est une nouvelle équipe relativement inexpérimentée qui s’est retrouvée à la table de la concertation. Dans l’intervalle, la collaboration s’est nettement améliorée. Nous formons aujourd’hui une vraie équipe. Nous avons d’ailleurs planifié un teambuiding.
Quelles ont été les principales difficultés rencontrées par la jeune équipe?
Suite à un concours de circonstances (beaucoup de nouveaux membres du personnel, une nouvelle direction, de nouveaux délégués), nous avons rencontré pas mal de difficultés au début pour communiquer entre nous, avec les collègues et l’employeur. Notre équipe voulait évidemment concrétiser au plus vite les points de notre programme électoral, mais nous avons vite compris que la nouvelle direction avait du mal à trancher elle-même et devait aller chercher un mandat à un échelon supérieur pour prendre certaines décisions Cette situation a naturellement compliqué les négociations. Certains sujets ont été mis au frigo à plusieurs reprises. La culture de la concertation ouverte et la confiance mutuelle qui régnaient dans le passé ont ainsi été largement mises en cause.
Quelles sont vos principales réalisations depuis les élections sociales?
Nous avons déjà réalisé de belles avancées en termes de pouvoir d’achat (pour tout le monde). Ainsi, nous avons obtenu une prime Covid, mais aussi des écochèques, une prime d’expérience, etc. Nous avons également élaboré un plan visant à combler progressivement l’écart entre les ouvriers et les employés. L’objectif est d’offrir un plan de pension aux ouvriers et des chèques repas aux employés. Lors des négociations précédentes, nous avions convenu que les mesures entreraient en vigueur le 1er janvier 2023. Le temps presse!
Quels sont vos principaux défis pour les deux prochaines années?
Lutter contre la charge de travail trop élevée, sans aucun doute. D’une part, nous sommes confrontés à un manque de personnel. Nous avons peu de réserves. Si quelqu’un est absent ou tombe malade, il ne peut pas être remplacé. Dans les équipes qui sont confrontées à un manque chronique d’effectifs, les absences pour maladie sont beaucoup plus élevées. D’autre part, de nombreux travailleurs expérimentés nous ont quittés. Par conséquent, les collègues expérimentés qui sont restés sont soumis à davantage de pression. Ils doivent assurer la formation des nouveaux collaborateurs, mais aussi le bon fonctionnement de leur ligne de production. Ces deux dernières années, et il en ira de même pour les deux années suivantes, nous avons concentré nos efforts sur la limitation de la charge de travail, le recrutement de nouveaux travailleurs et l’organisation de formations de qualité. La sécurité du travail est une préoccupation majeure dans notre entreprise. C’est une bonne chose, mais il faut aussi que nous disposions d’un nombre suffisant de travailleurs pour que les machines continuent à tourner.

Quelles mesures spécifiques prévoyezvous?
Au vu de la situation, la frustration augmente dans l’entreprise. Nous canalisons «Ces deux dernières années, nous avons concentré nos efforts sur la limitation de la charge de travail, le recrutement de nouveaux travailleurs et l’organisation de formations de qualité.»
cette frustration au niveau des organes de concertation et nous demandons des solutions. Les employeurs continuent toutefois à prétendre qu’il n’y a pas réellement de problèmes, malgré les nombreux décrochages, y compris de travailleurs en service depuis peu de temps. Pour conscientiser la direction aux difficultés ressenties sur le terrain, nous prévoyons une enquête. Nous serons ainsi renforcés pour les discussions dans les organes de concertation. Il est trop fréquent aujourd’hui que l’on refuse les demandes de congés de travailleurs parce qu’on ne peut pas se passer d’eux. On peut évidemment inverser le raisonnement: comme nous sommes indispensables, l’employeur doit nous écouter. On ne peut pas continuer comme ça. | Fien Vandamme |
Berry BPI
Berry BPI à Zele, une ancienne entreprise de sacs de jute, est aujourd’hui spécialisée dans la fabrication et l’impression d’emballages en plastique. Des machines impressionnantes participent au processus de production. Le bon fonctionnement de ces machines nécessite beaucoup de personnel, principalement organisé en équipes. Ces dernières décennies, l’automatisation s’est fortement développée. L’ancienne direction a introduit des robots et des manipulateurs, là où le travail était physiquement trop lourd. Cette évolution a porté ses fruits, avec une diminution claire des problèmes de dos pour le personnel.
James Arthur ©