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Malades de longue durée: s’attaquer
from Syndicaliste n°967
by ACVCSC
La CSC manifeste son incompréhension totale face au gouvernement qui s’obstine à vouloir imposer des sanctions aux malades de longue durée. De telles mesures de harcèlement ne sont pas efficaces et plongent les malades encore plus dans l’embarras. Elles font aussi l’impasse sur la cause principale d’un demi-million de malades de longue durée: le refus de s’attaquer au travail qui rend malade.
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Le ministre Vandenbroucke a annoncé le 13 mai que, dans le cadre de la politique de l’emploi, il maintient son intention de sanctionner financièrement les malades de longue durée, contre l’avis des experts, des associations de patients et celui, unanime, des interlocuteurs sociaux. Pour la CSC, c’est une mesure symbolique de harcèlement, ni plus ni moins. En effet, des études et des expériences menées à l’étranger révèlent que des sanctions en matière d’allocations ne fonctionnent tout simplement pas (que du contraire) pour que les malades de longue durée retrouvent un emploi. De plus, brandir la menace d’une perte de revenu mine la nécessaire confiance à l’égard du processus d’accompagnement, et risque de rejeter encore davantage dans la misère des personnes qui se trouvent déjà dans une situation très précaire. En effet, la moitié des ménages dont un membre est malade de longue durée éprouve déjà actuellement des difficultés à nouer les deux bouts et 40% d’entre eux doivent reporter des soins médicaux.
Agir sur les causes
«Je ne comprends pas qu’un ministre de la Santé publique pense qu’imposer une sanction financière à un groupe qui peine à financer les médicaments nécessaires puisse être une bonne mesure, explique Maarten Hermans, expert CSC des questions liées au bien-être au travail. Les sanctions annoncées ne contribueront pas à remettre au travail un plus grand nombre de malades de longue durée. Par contre, elles sont très efficaces pour détourner le débat des causes réelles de l’augmentation du nombre de malades de longue durée». Ces causes sont en premier lieu la forte proportion d’emplois qui rendent malade, ainsi que le vieillissement de la population. «Il y a plus ou moins cinq ans, les mandataires politiques se contentaient encore de souscrire au moins du bout des lèvres, aux mesures préventives liées au travail faisable, ajoute Maarten Hermans. Aujourd’hui, c’est surtout l’individu qui est au centre des préoccupations. L’essentiel est que le travailleur malade puisse reprendre le travail – avec ou sans sanctions. Naturellement, ce n’est qu’un emplâtre sur une jambe de bois».
Arrêt de la «machine à licencier»
Dans l’avis divisé qu’ils ont rendu le mois dernier à propos de la réintégration au travail des malades de longue durée, les interlocuteurs sociaux ne se contentent pas de désapprouver la démarche de sanction. Ils constatent également que les réformes positives proposées ne sont pas suffisantes pour faire face au défi énorme de l’entrée dans la maladie de longue durée. Les interlocuteurs sociaux invitent donc le gouvernement à s’associer à eux et à miser davantage sur des mesures de prévention supplémentaires. Parmi les réformes positives en discussion, citons par exemple l’arrêt de «la machine à licencier», qui consiste à user et abuser de la procédure de réintégration pour licencier des travailleurs malades. La CSC a insisté sur ce point dès que la mesure a été introduite en 2016. Nous sommes heureux de constater que cet abus disparaîtra, après des pressions suffisantes et après que la Cour des comptes ait partagé notre analyse. Tout comme elle a combattu cette «machine à licencier», la CSC continuera de s’opposer aux sanctions à l’encontre des malades de longue durée. Une question cynique reste en suspens: pendant combien de temps le monde politique s’obstinera-t-il, cette fois-ci, dans sa politique problématique, avant de renoncer également à cette mesure?
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