ZOOM DOSSIER RENCONTRE
Un savoir-faire inégalé
Patron de Tsuburaya Productions, ÔOKA Shinichi revient sur sa carrière et l’incroyable longévité du super héros.
S
i la plupart des fans de cinéma ne s’intéressent qu’à ceux qui apparaissent devant la caméra, il n’en reste pas moins vrai que la réalisation d’un film dépend de l’équipe qui travaille dans l'ombre et dont le rôle est essentiel pour son succès. Pendant de nombreuses années, ÔokA Shinichi a opéré derrière la caméra pour donner à Ultraman son apparence si particulière sur le petit et le grand écran. Après 2004, il a participé à la production de nombreuses séries télévisées avant de devenir, quatre ans plus tard, président de Tsuburaya Productions. Nous l'avons rencontré au siège situé dans le quartier de Shibuya pour parler du passé, du présent et de l'avenir de la saga.
qu’assistant du directeur de la photographie ? Comment travaillait-on chez Tsuburaya Productions à cette époque ? O. S. : Je souhaitais travailler pour la Tôhô qui était un studio beaucoup plus important, mais comme il n’embauchait personne à ce momentlà, j’ai donc atterri chez Tsuburaya Productions qui était une sorte de filiale. Elle avait déjà à son actif Ultra Q, Ultraman et Ultra Seven. Chacune de ces séries avait rencontré un beau succès auprès des téléspectateurs, mais en même temps, elles avaient contribué à peser sur les ressources de l'entreprise. C’est pourquoi quand j’ai été em-
bauché, elle ne travaillait sur aucun projet. Quoi qu'il en soit, même si je pensais avoir un don pour la photographie, je n'avais aucune formation préalable. J’ai donc dû tout apprendre sur le tas, c’est-à-dire partir du bas de l’échelle. Pas question alors de toucher à une caméra. Au début, je devais me contenter de gérer les trépieds (rires). Personne ne voulait m’enseigner les rudiments du travail de la caméra. Tout ce que je pouvais faire, c’était de regarder et d’apprendre en les observant. Au Japon, voilà comment un apprenti commence à se familiariser avec le métier de son choix, quelle que soit la branche choisie.
Il semble que vous vous destiniez à une carrière d’avocat. ÔOKA Shinichi : Il est vrai que je me suis inscrit à la faculté de droit de l'Université keio. Malheureusement, c’était à l’époque où le monde était agité par des manifestations étudiantes. Au Japon, en particulier, les gens étaient opposés au Traité de sécurité nippo-américain. Les campus ont été occupés et pendant un an, les cours purement et simplement suspendus. De plus, je n'étais pas un foudre de guerre au niveau des études, et je passais la plupart de mon temps à faire des petits boulots à temps partiel. Aussi, ai-je décidé, en 1969, d’arrêter mes études. J’étais intéressé par ce qui touchait au cinéma et j’ai réussi à me faire embaucher chez Tsuburaya. Comment votre famille a-t-elle réagi à votre décision ? O. S. : Mal sur le coup. Mais au bout du compte, ils ont compris mes motivations et m’ont laissé suivre mon chemin.
Pouvez-vous nous parler de vos débuts en tant
Tsuburaya Pro
Vous aviez une expérience de la caméra ? O. S. : Je possédais une caméra 8mm et j’avais l'habitude de réaliser de petits films. Mais jusqu'à ce que je quitte l'université, je n’avais jamais imaginé que ce hobby puisse devenir ma profession. Jusqu’au jour où, un soir que je regardais un film à la télévision intitulé Arashi [La Tempête], j’ai été frappé par une scène en particulier. Je ne peux pas vraiment expliquer ce qui s’est passé dans ma tête, mais je me suis dit que je voulais parvenir à faire la même chose. on pourrait assimiler ça à une sorte de révélation. Ultraman, version 1966. mai 2016 numéro 60 ZOOM JAPON 9