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MENSUEL CULTUREL & CITOYEN DU SUD-EST DU 10.09.2016 AU 08.10.2016

JOURNALZIBELINE.FR

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FESTIVALS Programme complet des Journées du Patrimoine LITTÉRATURE Correspondances de Manosque / ActOral 2€ expositions Art brut à Sète et à Montpellier / Villa Datris


bibliothèque

Maison Jean Vilar

La bibliothèque de la Maison Jean Vilar est gérée par l’antenne avignonaise du département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France. Spécialisée en arts du spectacle, elle est en particulier consacrée au Festival d’Avignon dont elle collecte, conserve et met à la disposition du public, la mémoire. accès gratuit, ouvert à tous publics, consultation sur place

• 17 000 livres sur tous les arts du spectacle • 17 000 textes du théâtre classique et contemporain • 250 revues sur le théâtre, la danse, le cinéma et les arts de rue • 2 000 vidéos en théâtre et danse • 10 000 photographies • 14 000 affiches • Mémoire du Festival d’Avignon depuis 1947 • Mémoire du Off depuis 1967 • Mémoire des Hivernales depuis 1979 • Documentation variée sur le spectacle vivant à Avignon et dans la région • Ressources numériques de la Bibliothèque nationale de France • Fonds Jean Vilar et Jean Rouvet, propriété de l’Association Jean Vilar en dépôt à la BnF • Renseignement et recherche bibliographique sur place et à distance • Visites et accueils de groupes sur rendez-vous

du mardi au vendredi de 13h30 à 17h le samedi de 10h à 17h (possibilité de prendre rendez-vous hors horaires d’ouverture)

8 rue de Mons - 84000 Avignon 33 |0|4 90 27 22 84 ou 59 64 maison-jean-vilar@bnf.fr

13 HA BITAT AC T E U R D E S JOURNÉES EUROPÉENNES D U PAT R I M O I N E GRANDE COLLE C TE D’I MAG E S PHOTOGRAPHIQ U E S AU PRÈ S DES LOCATAIR E S > INSCR IPTION G RAT UI T E

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Avec vous à bord Christine MENDELSOHN

Educatrice spécialisée et militante syndicale, Christine Mendelsohn (67 ans) a été la représentante du PCF au PGE (Parti de la Gauche Européenne). Militante altermondialiste, elle est particulièrement active dans la conduite d’action de solidarité avec les citoyens grecs, à Marseille et en Grèce.

31/08/201


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RETROUVEZ ZIBELINE SUR JOURNALZIBELINE.FR CULTURE ET SOCIÉTÉ Mensuel payant paraissant un samedi par mois Édité à 18 000 exemplaires, imprimés sur papier recyclé Édité par Zibeline BP 90007 13201 marseille Cedex 1 Dépôt légal : janvier 2008 ISSN 2491-0732

Nous n’avons pas le choix. Les incendies, criminels

Imprimé par Riccobono Imprim’vert - papier recyclé Crédit couverture : © Alouette sans tête Conception maquette Tiphaine Dubois

Directrice de publication & rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@gmail.com 06 09 08 30 34 Rédactrice en chef adjointe Dominique Marçon journal.zibeline@gmail.com 06 23 00 65 42 Secrétaire de rédaction Gaëlle Cloarec ga.cloarec@gmail.com 06 72 95 39 64

ou fortuits, vont ravager chaque année nos étés caniculaires, et à l’automne nos côtes bétonnées seront envahies par les eaux. Le changement climatique est là. Il nous faut replanter les arbres, aménager des jardins où le déluge peut s’écouler, et reverdir les paysages consumés. Qui brûleront à nouveau, mais que faire ? Le paysage politique n’est pas moins calciné, et semble parfois désirer la catastrophe, fasciné par

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LIVRES Fred Robert fred.robert.zibeline@gmail.com MUSIQUE ET DISQUES Jacques Freschel jacques.freschel@gmail.com

ses propres démons et renonçant chaque jour au progrès social. Aujourd’hui, il nous faut refonder

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notre rapport citoyen à l’État que nous formons. Qui se délitera sans doute, mais que faire ? Nous n’avons d’autre choix que de

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Élise Padovani elise.padovani@orange.fr

rassembler pour les feux d’artifice, les

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festivals, et conjurer la peur. Continuer à

Polyvolants Chris Bourgue chris.bourgue@wanadoo.fr Maryvonne Colombani mycolombani@gmail.com

reprendre espoir. Continuer à nous

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discuter, à lire, les romans formidables d’une rentrée littéraire exceptionnelle. Aller rencontrer les

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auteurs à Manosque, parler avec Alain Mabanckou

Marie Godfrin-Guidicelli m-g-g@wanadoo.fr 06 64 97 51 56

de cette identité rhizome chère à Edouard Glissant,

Jan Cyril Salemi jcsalemi@gmail.com

de cette « interpénétration des cultures qui s’oppose à l’identité racine ».

Franck Marteyn abonnement@journalzibeline.fr evenements@journalzibeline.fr

Devenir un archipel, riche de différences en réseau

Anna Zisman annazisman@free.fr

qui se régénèrent infiniment. Planter des arbres, panser les plaies, tisser des toiles, s’abreuver à

Maquettiste Philippe Perotti philippe.zibeline@gmail.com

toutes les sources égales. Nous n’avons d’autre 06 19 62 03 61

WRZ-Web Radio Zibeline Marc Voiry marcvoiry@hotmail.com Directrice Commerciale Véronique Linais vlinais@yahoo.fr 06 63 70 64 18 La régie Jean-Michel Florant laregie@gmx.fr 06 22 17 07 56 Collaborateurs réguliers : Régis Vlachos, Dan Warzy, Frédéric Isoletta, Yves Bergé, Émilien Moreau, Christophe Floquet, Pierre-Alain Hoyet, Aude Fanlo, Thomas Dalicante, Marion Cordier, Marie Michaud, André Gilles Administration admin@journalzibeline.fr Houda Moutaouakil contact@journalzibeline.fr

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choix que d’abandonner les priorités et hiérarchies, les systèmes centralisés, la physique nucléaire. Pour entrer dans l’ère des quanta, ces particules incontrôlées et lumineuses. AGNÈS FRESCHEL

ÉDITO

ARTS VISUELS Claude Lorin claudelorin@wanadoo.fr

CINÉMA Annie Gava annie.gava@laposte.net

Replanter


MOI ET FRANÇOIS MITTERRAND HERVÉ LE TELLIER, BENJAMIN GUILLARD, OLIVIER BROCHE Bernardines, Marseille | 16–24.09.2016

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BALLET PRELJOCAJ Grand Théâtre, Aix-en-Provence | 20–24.09.2016

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sommaire 99

Politique culturelle

Les financements de la science (P.8)

SociÉtÉ

Après les incendies, la reconstruction, Fondation Abbé Pierre (P.10) Après le feu du 10 août 2016 © BMPM/SM Hilt

événements

Les Journées du Patrimoine (P.12-13) Le mois des Parcs, festival Constellations (P.14) Inauguration de la médiathèque de Vitrolles, festival Jours et Nuits de cirque (P.16) Créations au Gymnase, au Jeu de Paume, au GTP et aux Bernardines (P.18-19) Festival ActOral (P.20) Les Correspondances de Manosque (P.22) Question de danse à Klap, Cirques à Arles, Festival Film Femmes Méditerranée (P.24-25) La rentrée au MuCEM (P.26) La Fresque, création de Angelin Preljocaj au GTP © JC Carbonne

au programme Spectacles (P.28-38) Musiques (P.40-43)

Projeté lors du festival Courts-Bouillon à Rousset, Réplique, d’Antoine Giorgini © Wrong Men

Chaïbia © ADABS - L’Atelier Musée, nouveau Musée d’Art brut de Montpellier

cinéma [P.44-46] Arts visuels [P.50-56]

Marseille, Montpellier, Sète, l’Isle-sur-la-Sorgue

livres [P.57-61] programme des Journées européennes du Patrimoine en Provence-Alpes côte d’azur


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Politique Culturelle

Science et mécènes QUI FINANCE LA SCIENCE ? LES FONDS PUBLICS, MAIS ÉGALEMENT DE PLUS EN PLUS D’ACTEURS PRIVÉS

L

’Institut Océanographique Paul Ricard a fêté ses 50 ans cet été. Fondé par le chef d’entreprise en 1966, suite au scandale des boues rouges déversées en Méditerranée (lire notre article consacré aux suites contemporaines de ce dossier sur journalzibeline.fr), il s’est donné pour mission de connaître, faire connaître, et protéger la mer. Le 9 juillet dernier, sur l’île des Embiez où se situe le siège de ce centre de recherche scientifique à vocation internationale, était organisée une journée dédiée aux « solutions et innovations » pour l’environnement maritime. On pouvait y croiser le capitaine Paul Watson, « berger des mers », et un panel prestigieux de chercheurs. Notamment Françoise Gaill, Directeur émérite de recherche au CNRS, coordonnatrice de la plateforme Océan & Climat1, ravie de pouvoir évoquer Take OFF - Take Ocean For Future, projet de mécénat scientifique porté par l’Institut Océanographique et le groupe Pernod-Ricard. Soutien aux études océanographiques, assorti de résidences sur l’île des Embiez, Take OFF est « destiné tout particulièrement aux jeunes chercheurs » travaillant sur la biodiversité, les pollutions, ou l’impact du réchauffement climatique sur les écosystèmes marins. Selon Françoise Gaill, le monde de

l’entreprise et celui de la science procèdent de la même dynamique : « Allons de l’avant, nous trouverons des solutions ». Patricia Ricard, petite-fille du marchand de spiritueux, préside l’Institut Océanographique, financé à 75% par l’entreprise familiale. Elle en est convaincue, « Il faut que l’environnement entre dans la culture. Et il faut que le monde scientifique repousse ses frontières, s’ouvre à la philosophie, aux sciences humaines, à l’éducation : c’est dommage que la peur soit à l’origine des prises de conscience, comme si l’on éduquait un enfant en commençant par les coups ! » Elle précise que pour elle, les scientifiques sont comme des artistes, qui ont besoin de temps long pour leur travail... Et donc de mécénat.

Financer et orienter la recherche Certains s’alarment de ces relations de plus en plus étroites entre scientifiques et acteurs privés, pente savonneuse pouvant conduire à privilégier la recherche appliquée au détriment de la recherche fondamentale, le gain à l’intérêt général. Mais manifestement nous n’en sommes plus vraiment à faire une distinction nette public/privé. Les ponts entre la recherche publique

et le monde économique se sont multipliés au fil des ans, à tel point qu’un organisme tel que l’IRD2 a pu être mis en cause pour biopiraterie, en déposant des demandes de brevets pour des plantes médicinales traditionnelles. Il s’agit d’être vigilants sur tous les fronts, et de réfléchir à l’avenir que nous souhaitons pour nos enfants. La population mondiale avoisinera bientôt 10 milliards d’êtres humains sur Terre, et toutes les bonnes volontés seront utiles, si l’on entend conserver un espace vivable. Cependant rien ne nous empêche de veiller à ce que mercenaires de la science, technocrates, politiques et entrepreneurs ne choisissent pas à notre place un projet de société. Car il est peu probable que leur vision de l’avenir -même bien intentionnée-, reflet d’un système où ils trouvent leur compte, soit compatible avec l’ambition de remettre radicalement en cause ce même système. À ce sujet, on pourra lire avec profit (sans mauvais jeu de mot) un vieil article publié sur le site du Monde Diplomatique : rédigé en 1974 par André Gorz, il s’intitule Leur écologie et la nôtre. Le philosophe y prévoyait l’intégration par le capitalisme des contraintes environnementales. GAËLLE CLOAREC

1 Alliance internationale entre plusieurs ONG et instituts de recherche, née en 2014 avec l’appui de l’UNESCO : ocean-climate.org

Institut de recherche pour le développement

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Embiez, Institut Océanographique Paul Ricard © Michel Tréhet


La Criée 16/17 Théâtre national de Marseille

MolièreTrissotin

ou Les Femmes Savantes Mise en scène, costumes, décor

Macha Makeïeff

Reprise 29 sept > 7 oct 2016 Entre Purcell et pop, Macha Makeïeff lit chez Molière la dénonciation joyeuse du sectarisme et invente avec sa troupe électrisée un spectacle jubilatoire. « Un pur régal qui se savoure d’un bout à l’autre de la pièce, où se joue tambour battant l’antique bras de fer entre nature et culture, la guerre des sexes et la lutte acharnée des femmes » Les Inrocks

Information, Réservation 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com


10 Société

© BMPM/SM Hilt

Cendres et désolation

L

es 10 et 11 août derniers, un incendie d’une ampleur exceptionnelle ravageait 2500 hectares entre Vitrolles, Rognac, les Pennes-Mirabeau et le nord de Marseille. Dans le même temps, 800 hectares partaient en fumée à Fos-sur-Mer. Le 5 septembre encore, 390 hectares de garrigue se consumaient entre Luminy et Cassis. Les habitants des Bouchesdu-Rhône ont vécu un été de flammes, et si les vies humaines ont été relativement épargnées (une trentaine de blessés, la plupart légèrement), il n’est en rien pour la faune, la flore, et pour les biens matériels engloutis par le feu. Les centres urbains ont été atteints, des quartiers entiers ont été évacués, des maisons et des bâtiments (un lycée aux Pennes, notamment) ont été réduits en cendres. Quelque 2000 pompiers et plusieurs Canadairs sont intervenus sur les zones sinistrées. A Fos, on a frôlé le pire, les flammes ont parcouru le complexe industriel, © BMPM/SM Hilt

DURANT L’ÉTÉ, DE VIOLENTS INCENDIES ONT DÉVASTÉ COLLINES ET MAISONS AUTOUR DE MARSEILLE. LES DÉGÂTS, NATURELS ET MATÉRIELS, SONT IMMENSES. LES FLAMMES ONT CESSÉ, S’OUVRE UN NOUVEAU DÉFI : RECONSTRUIRE

zigzaguant près des installations pétrolières et des camions-citernes. Dans les massifs brûlés, le désastre écologique est immense. La terre a laissé place à un paysage lunaire. Au milieu des arbres calcinés, des dizaines d’espèces, animales ou végétales -orchidées, lézards, papillons- ont été dévastées.

Réseau de générosité

Pourtant, cet épisode n’est pas reconnu par l’Etat comme une catastrophe naturelle. Les incendies de ce type n’entrent pas dans cette catégorie. Compte tenu des conditions climatiques exceptionnelles (sécheresse vive et vent très violent), la préfecture a demandé que ce soit le cas. Mais, du moins à Rognac, l’origine humaine du feu semble avérée. C’est donc d’abord vers les assurances que doivent se tourner les victimes pour espérer une indemnisation. Il leur a été également recommandé de porter plainte contre X et de conserver des traces des dommages subis. Difficile pour ceux qui ont tout perdu de s’atteler à ces démarches administratives. D’autant plus difficile pour

les moins fortunés, sans assurance, ou dont les contrats couvraient un minimum de risques. Les collectivités locales ont annoncé qu’elles mettraient la main à la poche. Le Département a débloqué 1 million d’euros, la Métropole Aix-Marseille-Provence doit déployer un fonds de solidarité. Mais, en matière de solidarité, les initiatives citoyennes, ou émanant d’organismes, comme la Fondation Abbé Pierre (voir encadré) ont été les plus rapides à voir le jour. Dès les premières heures suivant le sinistre, des collectes de dons ont afflué. Des commerçants de Manosque ont recueilli du linge ou de la vaisselle. Sur internet, le montant d’une cagnotte, destinée au centre équestre Les Collets Rouges, à Vitrolles, entièrement détruit, avoisinait début septembre les 20 000€. Tout un réseau de générosité, pour apporter vivres, biens matériels, soutien financier, aide morale ou concrète, pour dégager les déchets, déblayer les voies d’accès, s’est mis en place dans les communes touchées. Une mince éclaircie au cœur de la désolation. JAN-CYRIL SALEMI

Un toit pour tous Fathi Bouaroua, directeur de la Fondation Abbé Pierre PACA La FAP a lancé une opération de soutien aux victimes les plus précaires. « Notre mission est d’apporter une aide, financière ou matérielle, aux personnes en situation économique difficile. Nous le faisons tout au long de l’année, ce sont les « appels de détresse ». Dans le cas de ces incendies exceptionnels, nous avons augmenté les sommes prévues, autour de 1000 € par ménage, à ajuster selon les besoins. Nous ne versons pas les aides aux particuliers, nous réglons les factures des achats ou auprès de ceux qui réalisent des travaux. Nous sommes en lien avec les associations et les CCAS, qui nous transmettent les demandes. Des personnes peuvent être propriétaires et pourtant démunies. Leur maison est leur seul bien. Parfois, elles n’ont pas les moyens de s’assurer, ou alors a minima, et nous devons les soutenir pour qu’elles ne restent pas isolées. Les fonds déployés par les collectivités concerneront aussi les équipements, les routes à refaire, pas seulement les victimes. Notre objectif est que personne ne soit oublié et que chacun ait un toit sain. » PROPOS RECUEILLIS PAR J.C.S


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12 événements

Aux Journées, citoyens !

Malgré le thème propice cette année aux élans franchouillards, les Journées du Patrimoine résistent au repli, et le programme dans le Sud-Est regorge de trouvailles, autour des grands rendez vous habituels... éditorial la ministre de la Culture Audrey Azoulay, de rappeler que « le patrimoine est à la fois un symbole de la citoyenneté française, et un lieu où elle peut trouver à s’exercer et à se renforcer. » Au-delà de cette ambition fédératrice, reste le plaisir de découvrir des lieux habituellement fermés, ou d’autres, bien connus, mais sous un angle différent. Le nombre de visites proposées par des bénévoles, des amicales, des entreprises fières d’ouvrir leurs portes, des tribunaux, des mairies et des écoles conscients de leur rôle social, est impressionnant. Ainsi que le nombre de chercheurs, archéologues et conservateurs, prêts à partager leurs connaissances, et le nombre de communes qui mettent toute leur énergie à valoriser leurs équipements, même si la notion de citoyenneté s’accompagne ça et là de discours patriotiques qui oublient que la citoyenneté française a eu aussi ses revers, esclavagistes, colonialistes, pétainiste ou excluant. Le Matrimoine, par exemple.

Construire l’avenir

© Creative Commons - Le Grand Condé

L

es Journées Européennes du Patrimoine rassemblent chaque année des foules de visiteurs curieux. C’est la manifestation culturelle préférée, et de loin la plus suivie, des Français. Fête des Imbéciles heureux qui sont nés quelque part, comme chantait Brassens, devenu lui aussi patrimonial ? Ou témoignage de l’attachement à notre histoire, à nos paysages et à la culture qui s’y inscrit ?

Le thème de cette année, Patrimoine et citoyenneté, incite à réfléchir aux raisons de ce besoin, très contemporain, de (ré)appropriation d’une histoire et d’un bien commun. Aurait-il été confisqué ? Les murs anciens, les techniques, les paysages, les lieux de pouvoirs passés et actuels, tout ce qui fait que parfois nous avons le sentiment de toucher du doigt ce qui rassemble et traverse les parcours individuels : il s’agit bien là, comme l’annonce dans son

Mais après les traumatismes que notre pays a connu durant les derniers mois, l’heure n’est pas à l’examen des défaillances citoyennes, et l’accent n’est pas mis sur le Camp des Milles ou ceux des réfugiés contemporains, pas plus que sur les lieux où la citoyenneté se perd, ou s’emprisonne. Le temps, frileux, est à la communion, à la fierté sans état d’âme d’appartenir à la Nation. Elle a ses raisons d’être : à regarder le programme, on mesure combien dans notre région les lieux regorgent de mémoire, de monuments classés ou non, de paysages et de jardins, de musées capables d’accueillir des lectures, des spectacles, des concerts, de bâtiments religieux qui cachent des trésors artistiques qui firent l’identité des sujets français, avant qu’ils deviennent citoyens. Et, surtout, d’hommes et de femmes attachés à ces lieux-là. Zibeline édite le programme de ces journées en Provence Alpes Côte d’Azur, tel que les acteurs culturels l’ont rendu public en août. Vous trouverez dans ces pages les détails de promenades en bateau, en calèche ou à


pied destinées à vous faire découvrir le patrimoine naturel, et à apprendre à le protéger. Les musées et les archives, mais aussi des entreprises artisanales, vous invitent, avec ou sans vos enfants, à participer à des ateliers ludiques, numériques ou manuels, artistiques ou scientifiques... Des conférences vous attendent pour mieux comprendre l’histoire des lieux que vous traversez, et pour mieux construire l’avenir de l’Etang de Berre, ou de l’agriculture de montagne. Quelles que soient vos passions, vous pourrez trouver de quoi les nourrir, ou en découvrir de nouvelles.

Quelques pistes supplémentaires Comme chaque année la Ville de Marseille met à l’honneur ses musées et son Alcazar. Toutes les portes sont ouvertes, et le patrimoine y rime avec la création. Au-delà des nombreuses promenades et visites proposées dans le programme régional, vous trouverez un programme spécifiquement édité par la Ville, qui fait coïncider le lancement de son exposition Le Rêve (Musée Cantini) avec les Journées Européennes (marseille-tourisme.com). Le Gard et l’Hérault aussi revisitent la citoyenneté, depuis la préhistoire et l’Antiquité. Il sera possible de visiter la canalisation romaine située au 3e niveau du Pont du Gard (30), et, à 48 m de hauteur, de surplomber le Gardon et découvrir l’aqueduc antique de l’intérieur en empruntant le trajet de l’eau qui alimentait Nîmes (pontdugard.fr). Au musée d’Art sacré de Pont-Saint-Esprit (30), où tout au long de l’année est proposée une approche laïque et culturelle de l’art religieux, c’est aux sources du savoir-faire qu’on nous emmènera, avec des démonstrations de taille de silex et de fabrication du feu. L’archéologie expérimentale permet de mieux comprendre comment, à partir d’un simple bloc de silex, les hommes de la Préhistoire obtenaient des outils tranchants (gard-provencal.com). À noter aussi, la première participation du Salon des livres et des arts, au quartier Figuerolles, à Montpellier. Rencontre avec des auteurs, des artistes et des acteurs locaux sur le thème de la citoyenneté, du lien social. Conférences et lectures sur la Place Salengro et dans les commerces de ce quartier emblématique de Montpellier. Convivialité oblige : buvette et restauration toute la journée (thierryarcaix.com). Un peu austère peut-être, mais répondant parfaitement au cru des Journées 2016, les Archives départementales de l’Hérault, abritées depuis peu dans le vaisseau PierresVives dessiné par Zaha Hadid, proposent l’exposition Patrimoine écrit et citoyenneté : une découverte originale des monuments qui ont fait ou qui représentent encore la citoyenneté dans l’Hérault (pierresvives. herault.fr). Finissons ce voyage citoyen par une dégustation qui rassemblera toutes les passions : au domaine viticole de Rieussec, appartenant à la même famille depuis 5 siècles, nous sommes invités à venir découvrir les jardins paysagés (jardin à la française, jardin anglais, allée de buis, orangerie), dans un parcours commenté sur l’histoire de la viticulture. Et, oui : dégustation de vins dans la cave du XVIe siècle (domaine-de-rieussec.com) ! AGNÈS FRESCHEL ET ANNA ZISMAN

Les Journées du Patrimoine 17 & 18 septembre journeesdupatrimoine.culturecommunication.gouv.fr


14 événements

Tous aux parcs ! D

eux nouveaux Parcs naturels régionaux devraient bientôt rejoindre les sept que compte déjà la Région PACA (Alpilles, Baronnies provençales, Camargue, Luberon, Préalpes d’Azur, Queyras et Verdon). En attendant le Mont Ventoux et la Sainte Baume, on va pouvoir célébrer ces perles de notre patrimoine un mois durant, et même un peu plus : l’ancienne Fête des Parcs naturel régionaux devient Région PACA © Bouvier Yann Le mois des Parcs, qui se tiendra de la mi-septembre à la mi-octobre. Dotée d’un par la balade à dos d’âne, la recherche de label « Bons plans dans les Parcs » pour une fossiles, l’observation des étoiles (en nocturne, meilleure visibilité, la programmation, très cela va sans dire), du cinéma en plein air, une riche, devrait vous permettre de trouver votre initiation à la cosmétique, aux origamis, à la bonheur sportif ou culturel. Absolument gratuite calligraphie... On pourra aussi écouter des et ouverte à tous, la manifestation propose conférences, assister à des concerts ou des d’innombrables activités, de la randonnée spectacles, voir des expositions et se restaurer. découverte à l’atelier jardinage, du parcours De plus, tour à tour, chaque site organise une d’escalade au Festival de la Pierre (aux Baux de journée de fête : c’est le Parc des Préalpes Provence, les 24 et 25 septembre), en passant d’Azur qui ouvrira les festivités à Valderoure

(06) le 10 septembre, suivi du Parc du Queyras à Château-Queyras (05) le 17 septembre. Le 25 septembre, ce sera au tour du Parc du Verdon à Trigance (83), le 8 octobre celui du Parc des Baronnies provençales (05) ainsi que du Parc du Luberon (04 et 84). Le lendemain, direction le Parc des Alpilles à Saint-Rémy-de-Provence (13), ou bien à Gémenos pour « Faire le Parc naturel régional de la Sainte-Baume » (13). Final en beauté le 16 octobre au Parc de Camargue à Saliers (13). Le programme complet est à retrouver sur le site de la Région PACA, avec un dispositif très efficace vous permettant une sélection par date, par Parc ou par thématique. Attention, certaines activités se font sur réservation. GAËLLE CLOAREC

Le mois des Parcs du 10 septembre au 17 octobre Parcs naturels régionaux PACA regionpaca.fr

Constellations, le marathon de Toulon ! L

es 16, 17 et 18 septembre, Toulon se met au diapason de Constellations, 6e édition du festival de danse, de théâtre, de musique et de performances initié par Kubilai Khan Investigations. Avec, cette année, encore plus d’artistes, plus de propositions protéiformes, plus de publics curieux « d’une création multiple, joyeuse et exigeante avec pour seule boussole : le sens de l’exploration ». Et pour guide le chorégraphe Frank Micheletti, directeur artistique du festival et chasseur de talents sur tous les continents. Le festival explorera poétiquement le territoire en posant ses valises dans des espaces dédiés, ou non, aux spectacles et transformés en terrains de jeux collectifs : centre ancien de la ville, place du Globe et Tour royale pour les déambulations en plein air, Musée d’art, Théâtre Liberté et Hôtel des arts pour les sessions balisées. Chaque halte sera comme une nouvelle déflagration produite tour à tour par une cohorte d’artistes : la compagnie junior BNMNext, Antoine Le Ménestrel, le duo de batteries Deux boules de vanille, Corinne Pontana, Taoufiq Izeddiou, Ex Nihilo, Yuko Oshima, Les Voix animées, Melva Olivas Durazo, Sébastien Ly, Vânia

Vânia Vaneau © Gilles Aguilar

Vaneau, Christian Ubl, Pierre Mifsud, Charles Robinson, Ivan Mathis, Guy Régis, le collectif Zavtra, Sheik Anorak… rien de moins ! D’édition en édition, le public est de plus en plus sollicité, soit parce qu’il est placé au plus près des « happenings », comme dans le hall monumental du musée d’art, soit parce qu’il est invité à des projets participatifs innovants. Ce sera le cas du collectif Le Grand cerf bleu qui lui proposera d’intégrer un parcours et de créer des micro-situations dans l’ambiance du

réveillon de Noël (Ça sent le sapin) et de KKI qui rassemblera un « orchestre de paroles » autour des commentaires sportifs (Le tir sacré). Bref, Constellations n’a pas fini de faire parler de lui. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Constellations 6# 16, 17 & 18 septembre Toulon kubilai-khan-constellations.com


Dark Circus STEREOPTIK Tesseract N a c h o F l o r e s Les Limbes Etienne Saglio Nebula R a fa e l d e P a u l a Intumus Stimulus Jani Nuutinen


16 événements

Vitrolles se (re)construit

Suspend’s, Cie 9.81 © Dominique Ricard

L

a Ville de Vitrolles est polytraumatisée. Souffrant d’un urbanisme très mal pensé pendant des décennies, des traces de la gestion Front national, de la proximité de l’autoroute et de l’aéroport, de centres commerciaux dévastateurs pour la qualité de vie locale, elle a en plus subi cet été un incendie qui a achevé de transformer ses abords en désolation. Que reste-t-il de la culture de ce joli village provençal ?

La municipalité y croit cependant, et veut retisser du lien dans un habitat sans âme. Elle lance une saison culturelle à la fois ambitieuse et destinée à tous, fondée sur des partenariats contemporains : Actoral et Dansem dans un premier temps, Karwan tout au long de l’année, la Criée, le Forum de Berre, Charlie Free bien sûr, la Gare Franche, le Merlan… Cette saison commence le 24 septembre par un événement : l’inauguration de La

Médiathèque La Passerelle, nouvel équipement qui fait toute sa place au numérique et à l’interactif. La journée permettra de le découvrir en des visites guidées ludiques et festives, accompagnées par les Commandos Poétiques des Souffleurs, qui murmurent des textes à l’oreille. L’occasion aussi de découvrir les balades sonores du GMEM, des projections de portraits d’habitants, de contes, des mini concerts, et des performances détournant le football ou la corde à sauter en extérieur. À partir de 18h30, la saison culturelle sera lancée Place de la Liberté avec un spectacle de danse de façade, Suspend’s, par la Cie 9.81, suivi d’un apéritif, puis d’une mise en lumière de la Médiathèque par le Groupe F, suivi d’un concert, gratuit, de Zé Boiadé. Une programmation proposée en partenariat avec Karwan, qui conviera à nouveau à la fête en décembre, et au printemps. A.F.

Fête d’inauguration 24 septembre de 14h30 à 23h Médiathèque La Passerelle, Vitrolles vitrolles13.fr

Double fête du cirque ! L

e désormais traditionnel rendez-vous de rentrée du CIAM (Centre International des Arts en Mouvement), le festival Jours [et nuits] de cirque(s), offre aux amateurs de tous âges deux temps forts : le premier, Prélude conçu dans l’esprit des Journées du Patrimoine (voir notre cahier spécial et p 12 et 13), arpente le territoire de la Métropole Aix Marseille Provence, et propose quatre spectacles d’exception dans sept lieux patrimoniaux. Avec une élégante fluidité, la spécialiste de tissu aérien Amélie Kourim se livrera à de vertigineuses prouesses au clocher Sainte-Marie de Puyloubier et au Moulin Cézanne du Tholonet. Les incroyables équilibres sur bastaings (Braquemard) du duo de la Cie La Mondiale Générale hanteront la fondation Vasarely à Aix-en-Provence et le Fort Saint-Nicolas à Marseille. Le mythe d’Ariane nourrit Evohé de la Cie des Colporteurs à la Savonnerie Marius Fabre (Salon-de-Provence), ivresse d’une danse fragile sur un fil. Enfin, le doux balancement de

Cie Les Objets Volants © Isabelle Bruyère

Landscape(s) (Cie La Migration, sélectionnée par le projet CircusNext de la Commission européenne), habillera de poésie l’Abbaye de Silvacane. Puis, le festival ouvrira les portes du CIAM (du 23 au 25 septembre), avec sa multiplication de bonheurs : Nuit du cirque, ateliers, projections, rencontres, gags et bouts de ficelle de A rovescio (Cie Circo Ripopolo) ; soirée et après-midi mémorables avec Cabaret et Mini-Cabaret (Welcome home, circus !) ;

jonglages virtuoses, que ce soit la danse jonglée mâtinée de hip hop de Bruit de Couloir (Cie Clément Dazin) ou Liaison carbone de la Cie des Objets Volants ; ballet circassien entre mâts chinois et trampoline, À corps perdus (Cie Bivouac) ; désordre des genres sur une musique d’Iva Bittová de la Cie du Poivre Rose ; Instinct du déséquilibre de la Cie Iéto ; mime et tragi-comédie de la Cie Chaliwaté (Jetlag)… Incontournables émerveillements ! MARYVONNE COLOMBANI

du 17 au 25 septembre CIAM, Aix-en-Provence 09 83 60 34 51 joursetnuitsdecirque.fr


OUVERTURE

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LANCÉ DE SAISON 2016 /// 2017

LA N CÉ D E S A I S O N !

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photo : Noos © Slimane Brahimi

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GR A T U I T s u r ré s e rvat ion

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S O I R ÉE D ’ O U V ER T U R E

Une présentation de saison sous forme de duos surprises, un pas de deux pour jeune homme seul, un spectacle de cirque à fleur de peau, le tout avant de trinquer en musique autour d'une exposition !

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VENDREDI 23 SEPTEMBRE 2016 > 19H S AISON 2016/2017

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SAISON 16/17

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18 événements reçues en retour, dont la réception connaît toutes les interprétations possibles. Olivier Broche, dans une mise en scène de Benjamin Guillard, dit cet échange épistolaire dont le titre ne suit pas les règles de la politesse, (« Moi et ») et suggère ainsi l’acidité de ce que l’on doit entendre, sous l’apparente complicité des envois. S’interroger sur les relations entre le pouvoir et le citoyen, se demander si une démocratie plus participative et directe ne serait pas judicieuse, sous-tendent le propos du sociétaire des Papous dans la tête…

Le paradoxe du comédien

Un début de saison en créations

La Fresque © JC Carbonne

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uel beau symbole que d’ouvrir la saison nouvelle par des créations ! Les Théâtres proposent un Temps fort comprenant quatre créations en un week-end, chacune rêvée dans l’écrin des différentes salles, théâtres à l’italienne, Gymnase bleu, Jeu de Paume rouge, large espace du GTP, scène intimiste des Bernardines. Depuis début août, metteurs en scène, techniciens, acteurs, équipes des théâtres préparent cette fête. Dans son programme, Dominique Bluzet, directeur des quatre structures, insiste sur « un des enjeux de notre aventure, [qui est de] donner une lisibilité démultipliée à la capacité inventive de notre territoire ».

Oulipo aux Bernardines Le texte jubilatoire d’Hervé Le Tellier (dont on a déjà salué, dans la mise en scène de L’autre Compagnie, La chapelle Sextine

(journalzibeline.fr), Moi et François Mitterrand, rapporte la correspondance entre un citoyen lambda selon la formule consacrée et le Président de la République. Correspondance secrète enfin révélée d’Hervé Le Tellier avec François Mitterrand et les présidents qui ont suivi, depuis la première carte postale envoyée un 10 septembre 1983 par l’auteur au Président de la République : « Cher François Mitterrand. je voulais vous féliciter -fût-ce avec un léger retard-de votre élection voici deux ans déjà. Je suis à Arcachon où je passe de bonnes vacances. (…) Encore bravo. Hervé Le Tellier. » Une réponse rapide (trois mois plus tard) parvient à notre épistolier, rédigée de manière « très personnelle » par les services de l’Élysée. Mais le successeur de madame de Sévigné la considère comme intime et une correspondance s’engage, délicieusement drôle, tant par la franche naïveté de l’un et la répétition sempiternelle des lettres-type

Huis clos d’une cellule de prison pour rassembler trois personnages, un acteur condamné pour meurtre (Robert), un tueur muet et insomniaque (Horace), un petit expert-comptable minable (Gepetto). Ce dernier (Kad Merad), ébloui par les paillettes du « star-système », rêve d’être comédien, sans en avoir les capacités. Robert (Niels Arestrup) prend le pari d’en faire un grand acteur et entreprend de le faire travailler sur le monologue d’Hamlet. Entre les noms des protagonistes, marqués du sceau de la littérature (Robert le Diable, papa de Pinocchio ou vainqueur des Curiaces), et le fil conducteur de la pièce, Acting, mise en scène par son auteur, Xavier Durringer, se tissent des analogies, des échos, des mises en abîme. Le théâtre se définit en se faisant, explore les limites, le fameux paradoxe du comédien évoqué par Diderot. Entre l’art, l’artiste et le réel, les frontières s’amenuisent. Et le témoin muet de cet apprentissage (Horace, interprété par Patrick Bosso) est à la fois public et chœur antique. « Le monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes, n’en sont que les acteurs ». Belle illustration des mots de Shakespeare (Comme il vous plaira).

De nouveaux messies ? Poursuivant son travail de réinventer un monde viable et humain, Mélanie Laurent, après le superbe documentaire Demain, aborde pour la première fois la mise en scène de théâtre avec l’adaptation du livre de James Frey, Le Dernier testament de Ben Zion Avrohom. La lecture de l’ouvrage « a surgi comme un miroir au cœur de mes propres inquiétudes, celles du devenir du monde, de la planète », explique la cinéaste. Ben Zion n’a rien du héros pourtant : vigile de jour, alcoolique la nuit, il survit inexplicablement à un terrible accident de chantier. De miraculé à faiseur de miracles il n’y a qu’un pas, et ce nouveau Jésus égaré dans un New York interlope voit


sa vie transformée, rapportée par les uns et les autres sur le mode de la paraphrase du Nouveau Testament. SDF élu gourou, en proie à des crises d’épilepsie qui deviennent mystiques, il bouscule les principes du libéralisme en aimant les gens tout simplement : « Il panse leurs blessures, leur redonne confiance et dignité. » (M. Laurent). Ce « contre-pouvoir » dérange. Révolutionnaire, irrévérencieux, jubilatoire en diable (sic), cet « ange de perversion » fait son entrée au théâtre du Gymnase, sans doute pour longtemps. Blasphématoire et vivifiant !

Chinoiseries rêveuses Enfin, la scène du GTP offre son ampleur aux évolutions de neuf danseurs pour La Fresque [L’extraordinaire aventure] d’Angelin Preljocaj. Inspirée d’un conte chinois, dessinée à l’encre des pinceaux, stylisations élégantes, précision subtile sur le rouleau de l’histoire, papier ou soie légère, la chorégraphie raconte l’histoire de deux voyageurs qui, épuisés par la route, trouvent abri dans un temple. Ils y rencontrent un vieil ermite qui les guide vers une fresque cachée. De très belles femmes y sont représentées, et semblent esquisser des mouvements de danse… À l’instar du peintre de la nouvelle de Marguerite Yourcenar, Comment Wang-Fô fut sauvé, l’un des voyageurs va entrer dans le tableau, non pour fuir la colère d’un empereur, mais pour y retrouver et épouser la jeune femme aux cheveux défaits, dont la mélancolie l’a bouleversé. Entre le songe et la réalité, le temps suspendu et celui inexorable des clepsydres, la conscience hésite. La vraie vie serait-elle celle du rêve ? La danse transcrit avec poésie l’hésitation du temps, sur des compositions de Nicolas Godin, l’un des musiciens du groupe Air. Métaphore de l’art et du désir, cette histoire nous fait entrer dans l’univers fantastique des Gérard de Nerval et Théophile Gautier… Le souvenir ou la rêverie du bonheur, enserrés dans l’écrin de l’œuvre sont encore plus réels que le bonheur même… MARYVONNE COLOMBANI

Acting 16 au 24 septembre Le Jeu de Paume, Aix-en-Provence

SAISON 2016-17

UN PAS DE CÔTÉ RÉSERVEZ EN LIGNE

Moi et François Mitterrand 16 au 24 septembre Les Bernardines, Marseille

Fresque (L’extraordinaire aventure) 20 au 24 septembre Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence

Le Dernier testament 20 au 24 septembre Le Gymnase, Marseille

08 2013 2013 lestheatres.net

SCÈNE CONVENTIONNÉE POUR LES ÉCRITURES D’ICI ET D’AILLEURS PÔLE RÉGIONAL DE DÉVELOPPEMENT CULTUREL

theatre-du-brianconnais.eu • 04 92 25 52 42


20 événements

La Grande

Parade

Notre « Festival d’Automne » marseillais permet chaque année de découvrir le travail d’une soixantaine d’artistes autour des écritures contemporaines ; spectacles, performances, lectures, expositions se déclineront de nouveau en 67 projets, 90 rendez-vous et 18 soirées avec un Temps Fort dédié à la création belge, flamande et francophone (se) jouer (de) avec la vigilance du spectateur ; on y aura découvert aussi activement Las Ideas de l’argentin Federico Leon, partie de pingpong verbal et mental dessinant en temps réel la genèse d’une création en train d’advenir.

Drugs kept me alive de Jan Fabre © Wonge Bergmann

Sans frontière ni barrière

De la liberté avant toute chose… Le parrain de cette 16e édition, l’éclectique Théo Mercier qui promet une « grande partouze » et des « accouplements monstrueux », frappera les trois coups le 27 septembre au [Mac] avec The Thrill is gone et autres performances hybrides ; sa corrida spectrale accompagnée au clavecin (Radio Vinci Park) fera la fermeture (15 octobre) sur un parking de La Friche… surréalisme pas mort ! Associations libres en tout cas et libre circulation comme réponses au désordre planétaire ? Le théâtre du Gymnase présente par exemple, en coréalisation, le monologue de Jan Fabre Drugs kept me alive qui met à l’épreuve de la chimie et de la mort le corps d’Anthony Pizzi au bord du gouffre ; puis le duo touche à tout et bricabracologue de Benjamin Verdonck et Pieter Ampe se mesurera au tempo vivaldien des 4 Saisons ; ce We don’t speak to be understood (vaste programme !) promet d’être haletant et réjouissant. Les

Bernardines ne seront pas en reste avec All Ears de Kate Mc Intosh, laboratoire turbulent où se percutent les contraires, machine à tambour à faire tourner les genres ; ou Alexander Vantournhout qui va nous montrer dans sa drôle de danse comment une consonne peut transformer un homme au prénom conquérant en objet au long cou (Aneckxander) ; en trois soirées, la chorégraphe Ayelen Parolin guidera ses interprètes à travers leur chaos personnel ou jusqu’aux limites de leur corps dans un rituel obsédant avec piano. Ennio Morricone, un père mort, un Salvatore Calcagno bien vivant et aussi un danseur, une chanteuse et une actrice, et c’est Io Sono Rocco ; d’autres combinaisons peu sérieuses seront permises entre textiles connectés de Federico Rodriguez Llul (Flasques) et squelettes généreux mis en espace par Simon Siegman (Y’a beaucoup d’os dans le corps). On attend aussi avec impatience à La Criée les Fruits of Labour (dernier volet de la trilogie) de la performeuse-plasticienne Miet Warlop qui jongle avec les matériaux et sait

Vertigineux… comme le sera sans doute aussi le formidable (la rumeur !) Welcome to Caveland de Philippe Quesne, invitation à devenir taupe parmi les taupes, à rechercher la lumière dans les souterrains ou Platon au fond de la caverne du théâtre du Merlan. De retour pour Actoral, cette fois-ci à La Minoterie, l’inventif japonais Toshiki Okada, artiste sensible et décalé, révélera sans doute par son dispositif chorégraphique ou langagier minutieux d’autres fissures intimes et néanmoins collectives ; dans Time’s Journey Through a Room, c’est la douleur de l’après Fukushima qui sera traitée… D’autres propositions, à La Friche en particulier attirent dangereusement l’attention : le canadien Felix-Antoine Boutin nous propose une expérience inédite dans Petit Guide pour disparaître doucement et les deux sorcières Antonja Livingstone et Nadia Lauro poursuivront leurs Etudes Hérétiques puisque décidément « l’hérésie est nécessaire à la santé » dans un banquet sans doute plus queer que platonicien. À noter aussi, pour la 1re fois à Vitrolles, la création de Nicht Schlafen du passionnant chorégraphe flamand Alain Platel,où se croiseront Mahler et les Polyphonies du Congo dans une scénographie sûrement dérangeante de la plasticienne Berlinde de Bruyckere. Et tout le reste à découvrir de cette édition affolante et festive qui veut s’acharner « à piétiner les limites ». Chiche ! MARIE JO DHO

ActOral du 27 septembre au 15 octobre Marseille 04 91 94 53 49 actoral.org


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22 événements

À l’écoute du monde

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es Correspondances de Manosque offrent depuis 18 ans cinq journées d’exception, par le choix pertinent des auteurs invités et une mise en perspective de la littérature, grâce aux tables rondes, aux rencontres, aux lectures, aux ateliers, aux expositions, aux spectacles… Et si le portrait de la planète est celui « d’un monde violent et inquiétant », il devient « grâce à la littérature une vaste fresque traversée d’une énergie vitale, d’une humanité, d’une inventivité et parfois même d’une drôlerie incroyable », explique Olivier Chaudenson, directeur de cet extraordinaire festival.

Un florilège d’auteurs invités Coïncidant avec la rentrée littéraire, les Correspondances permettent aux lecteurs de s’orienter dans la jungle des nouveautés : découvrir le fulgurant roman Cannibales (au Seuil) de Régis Jauffret, qui revisite le roman épistolaire avec une époustouflante vivacité, le subtil Songe à la douceur de Clémentine Beauvais, écrit en vers libres, la Légende d’un bar-boite de nuit situé dans la plaine de la Crau, âpre et fort comme un western au cœur des années 80, par Sylvain Prudhomme, l’ode à la campagne provençale de René Frégni, Je me souviens de tous vos rêves (à lire sur journalzibeline.fr), le superbe roman de piraterie Et que celui qui a soif, vienne de Sylvain Pattieu, l’exploration aventurière du monde et de soi avec Le grand marin (l’Olivier) de Catherine Poulain (elle a été l’invitée du CITL à Arles en février 2015, à lire sur journalzibeline. fr), l’iconoclaste Moi et François Mitterrand d’Hervé Le Tellier, en création théâtrale aux Bernardines (voir p18), l’autoportrait littéraire de Serge Joncour dans sa Revue Décapage ou son dernier ouvrage, Repose-toi sur moi, le polar qui interroge autant les codes sociaux que ceux qui corsettent la langue (voir p59), Molécules de François Bégaudeau, le sensible flash-back Désorientale de Négar Djavadi (voir p57), la caustique et gouailleuse interrogation de Ma part de Gaulois de Magyd Cherfi (à lire sur journalzibeline.fr), la nécessité de Continuer quand on pense avoir tout raté, de Laurent Mauvignier, L’absente de Lionel Duroy (voir p57)… Comment les citer tous ! Céline Minard (voir p59), Camille de Toledo, Caryl Férey, Eric Villard, Frédéric Boyer, Charles Robinson, Luc Lang, Nathacha Appanah, Ali Zamir, Jérôme Chantreau,

Ecritoire Place Saint Sauveur © François-Xavier Emery

Anne Percin (voir p58), Christine Montalbetti, Dominique Nédellec, Viviane Hamy, Gonçalo M. Tavares, Alain Mabanckou, Elitza Guerguieva, Florence Seyvos… Les écrivains se rencontrent entre eux, mais aussi avec leurs traducteurs, ainsi l’auteur slovène Drago Jančar (Six mois dans la vie de Ciril), prix du meilleur livre étranger, et sa traductrice, Andrée Lück Gaye.

Des mots à la scène Autre manière d’entendre les auteurs et leurs voix singulières, lectures musicales, apéros littéraires, siestes, mises en espace, conjuguent leurs formes originales. Citons à titre d’exemple le saxophoniste Leandro Guffanti qui accompagne la lecture des Yeux Noirs de Frédéric Boyer, ou la correspondance de Dashiell Hammett, lue par André Wilms. Le slameur Kacem Wapalek mêle ses chansons et les textes engagés d’auteurs qui le suivent dans son écriture. On retrouvera les « deux frères » Arnaud Cathrin et Florent Marchet avec Frère animal-Second tour, ou encore Maissiat et Les Chansons de Bilitis de Pierre Louÿs entre autres pépites de son concert Grand Amour… Véronique Ovaldé invitera à une lecture musicale chantée et dessinée, Soyez imprudents les enfants, tandis que Shaun Usher collectionne des lettres (lues par Marianne Denicourt et Cédric Kahn) d’une étonnante intensité…

Résidence Particularité des Rencontres, elles accueillent en résidence chaque année un auteur, qui,

outre son travail personnel d’écriture, anime le territoire. Ainsi, en 2015-2016, Pierre Ducrozet a généreusement multiplié les rencontres dans les médiathèques et librairies, s’est prêté au jeu des conversations littéraires, des ateliers d’écriture avec le comité de lecture, des actions menées avec les élèves de l’École internationale de Manosque et de l’École de Mane, des balades littéraires et lectures (au café du Cours à Reillanne). C’est Julien Delmaire, poète, slameur et romancier, qui lui succède en 2016-2017.

Le Off ! À l’instar de tout festival qui se respecte, jouons le jeu du in et du off ! Off donc, pour désigner les ateliers d’écriture et ceux graphiques et plastiques (Ornicarinks), les expositions, la calligraphie sur papier de soie (Henri Mérou), les promenades, la visite du Paraïs, la maison de Jean Giono, projections, correspondances gravées, modelées, dessinées… On éclaire les mots on boîte aux lettres, boîte aux livres... Sans oublier l’écritoire à Vertiges de Lise Couzinier et Olivier Lübeck, les lettres parfumées et les lettres qui n’attendent qu’à être écrites… MARYVONNE COLOMBANI

Les Correspondances de Manosque du 21 au 25 septembre Manosque 04 92 75 67 83 correspondancesmanosque.org



24 événements

La danse d’ici

Le programme du Klap maison pour la danse commence en Questions !

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a saison sera riche, et ceci dès septembre, avec le désormais traditionnel Question de danse qui ne cesse de prendre du corps, et de l’ampleur. Et commence les 24 et 25 septembre par un We can dance d’ateliers gratuits, et de lancement des projets participatifs de Kaori Ito (avec des seniors), de Valérie Costa (tous âges !) et d’Ex Nihilo (adolescents et jeunes adultes). De quoi entrer dans la danse, tous, par le bout désiré... Question de danse débute avec octobre, jusqu’au 21, et présente comme chaque année (c’est la 5e édition à KLAP) des spectacles, des avant-premières, des projets en cours, qui se donnent à voir dans leur état, et qui s’exposent aux questions du public. Une façon toujours appréciée de mettre au clair les intentions, et de tester leur lisibilité. Et de voir comment certaines entrevues les années précédentes ont abouti en création. Ce sera le cas de Time Break, de Josette Baïz, de la Compagnie Coline qui fête ses 20 ans emmenée par George Appaix,

Alter d’Alexandre Lesouëf c AlexandreLesouef

d’Alexandre Lesouëf pour un quatuor masculin, de Balkis Moutashar parvenue au terme de son processus de l’Intersection qu’elle explore. Ex Nihilo aussi proposera une

création, en espace intérieur cette fois, et au Merlan, avec lequel KLAP associe franchement ses forces, et ses artistes. Nous retrouverons en spectacle Shake it out, de Christian Ubl,

Des indisciplinés ouvrent la saison arlésienne

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es cirques indisciplinés… Voilà qui résume bien les multiples propositions circassiennes des artistes programmés en ce début de saison du Théâtre d’Arles, qui ne s’adressent pas seulement aux enfants ! C’est le duo virtuose d’artistes plasticiens et musiciens de la Cie Stereoptik, Romain Bermond et Jean-Baptiste Maillet, qui ouvre les réjouissances avec Dark Circus, sur une idée originale et un scénario de l’auteur-illustrateur de littérature jeunesse Pef. Dans un monde en noir et blanc et sans paroles, la déambulation d’un cirque pas tout à fait ordinaire en tournée se crée au présent, projetée sur grand écran, avec des feutres, des fusains, de l’encre, du sable… Dans cet objet artisanal passionnant d’ingéniosité, le dessin se combine merveilleusement à la

musique pour multiplier les points de vue et servir de façon magistrale les personnages et les paysages animés. Acrobate, jongleur, dompteur, lion et autres lanceurs de couteaux n’en sont que plus éblouissants ! C’est un tout autre univers que propose Nacho Flores avec Tesseract : après dix ans de travail au fil de fer, il a élaboré une technique d’équilibre inédite sur des cubes de bois, des centaines de cubes ordinaires qui vont devenir sous ses pas et dans ses mains des agrès extraordinaires ; ces architectures éphémères lui permettent d’évoluer dans un monde où la plus ordinaire des actions se transforme en un véritable défi ! Puis avec Etienne Saglio, place à une magie subtile qui emporte le spectateur dans un entre-deux-mondes déroutant… Entre pénombres et lumières, le magicien donne vie

Dark Circus © JM Besenval

Du 7 au 16 octobre le Théâtre d’Arles ouvre la saison avec une programmation tout en « cirques indisciplinés », et cinq spectacles très réjouissants !

à des créatures magiques avec trois fois rien, danse et joue avec des fantômes virevoltants, des ectoplasmes frémissants qui surgissent et disparaissent, ensorcelantes créations qui questionnent notre perception du réel. De retour à Arles pour sa 2e création, Nebula (il avait présenté Vigilia, en octobre 2015), Rafael de Paula forme un duo fusionnel avec Ania Buraczynska dans lequel le mât


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Scarlett, d’Arthur Perole, une performance à étage d’Antoine le Menestrel… Car le KLAP soutient, accueille, produit lorsqu’il le peut les artistes de la région : Sébastien Ly, la Zouze de Christophe Haleb, la Cie Humaine d’Eric Oberdorff présenteront des travaux en cours (les spectacles sont à 5 €). Avec 12 soirées de danse déclinant chacune deux propositions, soit une vingtaine de représentations en trois semaines, Question de danse est un véritable festival des « créations d’ici », une pépinière où les arbres poussent bien...

Du 6 au 23 octobre, à Marseille, Hyères, Cucuron, Martigues, Port-de-Bouc et La Ciotat, Films Femmes Méditerranée offre une trentaine de longs métrages, des créations web et les courts de 13 en Courts présentés le 8 octobre aux Variétés

Céline, Julie et… toutes les autres Erotica exotica d’Evangelia Kranioti © Aurora Films

AGNÈS FRESCHEL

Question de danse du 1er au 21 octobre Klap maison pour la danse, Merlan, Marseille 04 96 11 11 20 kelemenis.fr

V

chinois, son agrès de prédilection, devient le miroir physique de leur relation. Immergés dans un dispositif scénique conçu comme un organisme vivant indépendant, ils vont questionner le rapport à l’autre, et plus généralement la difficulté à communiquer que peuvent éprouver deux êtres. Enfin, pour clore ce temps fort, le magicien malicieux qu’est Jani Nuutinen nous convie à une exploration extrasensorielle inédite qui mêle à la magie et au mentalisme des dégustations culinaires, autant d’expériences qui mettent les sens à l’épreuve. Dans Intumus Stimulus les numéros s’enchaînent et révèlent les limites, les défauts et les atouts de nos sens, mais aussi l’incroyable et indispensable présence de l’imagination, créatrice de mystères… DOMINIQUE MARÇON

Des cirques indisciplinés du 8 au 16 octobre Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 theatre-arles.com

enus d’une quinzaine de pays méditerranéens, souvent inédits, accompagnés par une vingtaine d’invité(e)s, ces films, nous font découvrir le travail des réalisaTRICES et parcourir cette Méditerranée marquée par les guerres, traversée par les migrations, tentée par le repli et l’oubli mais tenaillée par la mémoire. À la Villa Méditerranée, avec Marianna Economou, réalisatrice de The longest run, et Geneviève Jacques, présidente de la Cimade, on s’interrogera sur les frontières visibles ou invisibles et sur le sort des jeunes migrants emprisonnés en Grèce. Das fraulein d’Andrea Staka et Les femmes de Visegrad de Jasmila Zbanic, supports d’une master class animée par les deux cinéastes, reviendront sur les plaies encore vives du conflit serbo-croate. En partenariat avec Aflam, deux films reconstruiront un portrait de Beyrouth passé et présent. Mémoire familiale et liens entre les générations, The wolf’s Lair de Catarina Mourao et L’Olivier d’Iciar Bollain honorent les grands-pères : l’opposant à Salazar ou l’exploitant agricole mutilé de son arbre centenaire. La sélection 2016 fait ainsi la part belle à l’amour, à l’amitié et à l’énergie qu’ils insufflent. On aura, entre autres, un Bagdad café albanais avec Bota de Iris Elezi et Thomas Logoreci, des marins brise-cœurs dans le sublime Erotica exotica d’Evangelia Kranioti, la tendresse de Judith Abitbol dans Vivere, la fureur

de vivre des ados de Corniche Kennedy de Dominique Cabrera ou des Divines de Houda Benyamina. Et bien sûr, toujours, la passion du cinéma : hommage à Chantal Ackerman au Gyptis, prélude au Festival, le 2 octobre, prolongé par des rendez-vous réguliers au cours de l’année. Hommage aussi, les 9 et 16 octobre au MuCEM, à l’actrice et réalisatrice Juliet Berto dont on reverra avec bonheur, parmi les 6 films projetés, le cultissime Céline et Julie vont en bateau ! L’ouverture sera catalane, le 6 octobre sur la Canebière, entre Inde et Espagne avec le bollywoodien Trace de Santal, mélo assumé de Maria Ripoll -deux orphelines, une séparation, un happy end- et la clôture italienne le 13 octobre au Prado : précédé du court-métrage de Marta Anatra sur 5 immigrées apprenant le français et d’un concert en duo des Nouvelles Antigones, le Latin lover de Cristina Comencini au somptueux casting : Marisa Paredes, Virna Lisi, Valeria Bruni Tedeschi réunies autour de feu leur amant, grand acteur de cinéma dont elles découvriront le secret… avec nous ! ELISE PADOVANI

Films Femmes Méditerranée du 6 au 23 octobre films-femmes-med.org


26 événements

Une rentrée au MuCEM

colloque aura lieu pour explorer Les marges urbaines, un analyseur des inégalités socio-spatiales. Une mise en perspective internationale, organisée en partenariat avec l’Université François Rabelais de Tours. Les deux événements sont en accès libre dans la limite des places disponibles, sur inscription : i2mp@mucem.org. Le 29 septembre, événement : on fêtera le 350e anniversaire de l’Académie des Sciences, sur le thème Les savoirs en action pour un co-développement en Méditerranée, en présence du directeur de la Bibliothèque d’Alexandrie (Ismaël Serageldin) et du secrétaire d’État chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (Thierry Mandon), entre autres personnalités. Inscription : 350-academie-sciences@ird.fr. Le 1er octobre, nouvelle journée d’études, qui portera sur Le patrimoine : marchandise, friandise ou responsabilité partagée ?, avec un accent particulier mis sur les contributions de la société civile (inscription : agccpfpaca@free. fr). Les 6 et 7, c’est l’éthologue et psychiatre Boris Cyrulnik qui sera mis à l’honneur, lors de quatre tables rondes : accompagné de nombreux spécialistes du comportement, anthropologues, philosophes, historiens, vétérinaires ou psychothérapeutes, il interrogera le développement de la personne humaine, en regard du monde animal.

Cinéma

Colloque Les marges urbaines un analyseur des inégalités socio-spatiales. Mise en perspective internationale © Florence Troin

À voir ou à entendre La 4e édition de Marseille Résonance accompagne la rentrée en douceur, jusqu’au 12 septembre, avec l’installation multimédia inspirée à Elio Martusciello par l’archipel du Frioul, et un parcours sonore permettant de redécouvrir les œuvres des trois années précédentes (Erdem Helvacioglu, Younes Baba-Ali, Nikolos Gansterer). Jusqu’au 24 octobre, l’exposition Parade se poursuit, avec sa centaine de bateaux en modèle réduit, mis en scène par l’artiste Stephan Muntaner (lire notre critique sur journalzibeline.fr). L’installation Cinq Temps de Miguel Palma est quant à elle en place jusqu’au 2 novembre, dans la Chapelle du Fort Saint Jean. Le 24 septembre s’ouvrira Albanie, 1207 km Est, nouvelle étape du parcours consacré à la création contemporaine en Méditerranée par le MuCEM,

après le Maroc, la Grèce et la Tunisie. Mise en dialogue de questions de société, depuis le réalisme socialiste jusqu’à la coloration des murs de Tirana par un Premier ministre esthète, l’exposition explore la scène artistique bouillonnante de ce pays des Balkans. Enfin, le 1er octobre, le musée accueillera Des Rives, nouvelle manifestation centrée sur la photographie contemporaine, lors d’une rencontre avec Martin Kollar, photographe slovaque couronné de prix, qui travaille sur la tension entre image fixe et image en mouvement.

L’auditorium Germaine Tillon accueille le 22 septembre un ciné-concert : De l’aube à minuit, de Karlheinz Martin (1920), un film surréaliste proposé par le festival du cinéma allemand Kino Visions (voir p 48). Il sera accompagné en jazz et rock ‘n roll par le groupe ARK4. Le 25, on ne ratera pas la projection-débat du film d’Alain Bergala Le temps d’un détour – Marseille au XIXe siècle. Le réalisateur sera présent aux côtés de René Borruey, historien de l’architecture et des territoires. Le mois d’octobre verra le retour du festival Films Femmes Méditerranée sur les écrans du MuCEM (voir p 25), avec, le 9, un hommage à Juliet Berto, la « fille aux talons d’argile », actrice et cinéaste d’exception. Seront projetés Guns, de Robert Kramer, Céline et Julie vont en bateau, de Jacques Rivette, et son propre Neige, co-réalisé avec Jean-Henri Roger. GAËLLE CLOAREC

Rentrée scientifique Le 10 septembre, l’I2MP organise une journée d’études consacrée à la notion de fête en Europe, depuis le XIXe siècle jusqu’aux pratiques contemporaines. Les 14 et 15 septembre, un

MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 mucem.org


Photographies : 123RF/A.Ferulli. I.Tischenko - Graphisme : O. Brault

ÉCRIVAINS EN LECTURES, PERFORMANCES ET CAFÉS LITTÉRAIRES

Nathacha Appanah, Philippe Artières, Clémentine Beauvais, François Bégaudeau, Guy Boley, Marc Boutavant, Frédéric Boyer (& Leandro Guffanti), Arnaud Cathrine, Jérôme Chantreau, Magyd Cherfi, Jean-Baptiste Del Amo, Négar Djavadi, Pierre Ducrozet, Lionel Duroy, Gaël Faye (& Samuel Kamanzi), Caryl Férey, Jérémie Fischer, René Frégni, Thierry Froger, Elitza Gueorguieva, Emmanuel Guibert, Loo Hui Phang, Drago Jančar (& Andrée Lück Gaye), Régis Jauffret, Serge Joncour, Luc Lang, Hervé Le Tellier, Alain Mabanckou, Laurent Mauvignier, Vincent Message, Denis Michelis, Céline Minard, Christine Montalbetti, Véronique Ovaldé (& Charles Berbérian), Sylvain Pattieu (& Orso Jesenska), Anne Percin, Catherine Poulain, Sylvain Prudhomme, Charles Robinson, Florence Seyvos, Elisa Shua Dusapin, Camille de Toledo, Gonçalo M. Tavares, Philippe Vasset (& Le Colisée), Emmanuel Venet, Thierry Vila, Éric Vuillard, Ali Zamir.

LECTURES SPECTACLES

La Vie devant soi d’Émile Ajar par Camélia Jordana Cannibales de Régis Jauffret par Françoise Fabian & Marie-Sophie Ferdane Un type bien, correspondance de Dashiell Hammett par André Wilms Au bonheur des lettres II par Marianne Denicourt & Cédric Kahn

CONCERTS LITTÉRAIRES

L’Or d’Éros de Arthur H & Nicolas Repac Carte blanche à Kacem Wapalek Frère Animal – Second tour de Florent Marchet & Arnaud Cathrine Carte blanche à Maissiat Condor live de Caryl Férey, Bertrand Cantat, ManuSound & Marc Sens Les siestes acoustiques de Bastien Lallemant avec Babx, JP Nataf, Maëva Le Berre & Camélia Jordana. AVANT-PREMIÈRE du film Fuocoammare – Par-delà Lampedusa de Gianfranco Rosi.


28 au programme spectacles marseille

Mise à feu !

Mon Traître On peut avoir un traître comme on a un chagrin d’amour, occasionnant une blessure colossale qui met longtemps à se refermer, et reste douloureuse. Sorj Chalandon en a connu un lorsque, grand reporter en Irlande, il a suivi pendant des années le destin des membres de l’IRA. Notamment celui de Denis Donaldson, devenu un ami, qui s’est avéré être un informateur des services secrets britanniques. Emmanuel Meirieu adapte son récit de façon poignante, des deux côtés de la trahison : du point de vue de celui qui la commet, et de celui qui la subit.

La Princesse aux huîtres Le festival du cinéma en langue allemande Kino Visions propose un ciné-concert savoureux. En guise d’apéritif, la version courte de Carmen (9 minutes), réalisée en 1933 par Lotte Reiniger, pionnière des films d’animation. Et en plat de résistance, un délice concocté par le tout jeune Ernst Lubitsch à l’orée de la 1re guerre mondiale, La Princesse aux huîtres. Comme souvent chez le cinéaste, intrigue matrimoniale et goût de la satire y font des étincelles. Au saxophone, Raphaël Imbert. Tout public à partir de 8 ans.

04 91 54 70 54

Lancé de saison ! + Noos

29 septembre au 7 octobre La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-la-criee.com

Dans le pli d’une jupe La Criée poursuit son partenariat avec La Baleine qui dit « Vagues », Centre ressource du conte en région PACA. Pour démarrer la saison en douceur, les enfants dès 6 ans répondront à l’invitation au voyage de Cécile Bergame, conteuse et auteure de livres jeunesse. Une artiste amoureuse des mots, dont l’objectif premier est de toucher chez son public « des régions secrètes, qui n’ont rien à voir avec une compréhension intellectuelle ». En voilà un joli programme !

25 septembre La Criée, Marseille theatre-la-criee.com

© L. Papoutchian

04 91 54 70 54

24 septembre La Criée, Marseille theatre-la-criee.com

7 & 8 octobre Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr

© Slimane Brahimi

La traditionnelle mise à feu de la nouvelle saison de La Criée aura lieu le 24 septembre, avec un accès exceptionnel aux coulisses du théâtre, y compris la salle des machines. Après la visite, on pourra participer à des ateliers, découvrir l’exposition consacrée par Alain Boggero aux ouvriers en lutte des chantiers navals de la Seyne-sur-Mer, et danser ! Le quintet Feu ! Chatterton, brûlant d’inspiration littéraire et cinématographique, promet un concert étonnant. Une veillée est prévue pour les enfants, le temps du spectacle.

Mise en scène, décors et costumes... La version toute « Macha Makkeïeffienne » des Femmes savantes revient chez elle, avant de poursuivre une tournée triomphale. Ruses, rages, folies et faiblesses se (dés)accordent au féminin comme au masculin dans « une vision sceptique du monde que seul le rire peut déjouer ». Le 2 octobre, des ateliers-philo sont prévus pour les enfants pendant que les parents assistent à la représentation, et le 5 Macha Makkeïeff interviendra en « bord de scène » avec le psychanalyste Hervé Castanet, après le spectacle.

© Brigitte Enguerand

© Fanny Latour Lambert

Trissotin

04 91 54 70 54

1er octobre La Criée, Marseille theatre-la-criee.com

Le Merlan s’élance pour une nouvelle saison rebondissante. Avec pour point de départ cette soirée de duos surprises : « un pas de deux pour jeune homme seul, un spectacle de cirque à fleur de peau, le tout avant de trinquer en musique, autour d’une exposition ». Un indice cependant, le spectacle « à fleur de peau » s’intitule Noos, il est proposé par deux artistes issus du CNAC, Justine Berthillot et Frédéri Vernier. Voltigeuse et porteur y questionnent les limites de la relation à l’autre, avec tout le sérieux d’un enjeu circassien : si je te lâche, tu tombes ! 23 septembre Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org



30 au programme spectacles marseille bouches-du-rhône

Au fond du bois dormant

Sirène et midi net S’il est des traditions dont on ne peut que se réjouir, sans passer pour un rétrograde impénitent, c’est bien celle du rendez-vous mensuel organisé sur le parvis de l’Opéra de Marseille alors que retentissent les rituelles sirènes des pompiers, histoire de nous donner l’heure juste une fois par mois. Le 5 octobre prochain, une création nous est offerte, cérémonie funèbre en l’honneur du plastique, célébrée par le Détachement International du Muerto Coco et son Label Cousins Crétins. Les interprètes-compositeurs de ce court spectacle, amoureux des mots, arrangeurs hors pair de rencontres linguistiques déjantées et jubilatoires, sonneront le glas du plastique en toute poésie !

© Arthur Babel

La vraie vie d’Honorine

La Cie Un château en Espagne mène un travail approfondi sur le conte, sans éluder la cruauté des thèmes archaïques. Céline Schnepf, associée depuis 2015 à la démarche artistique du Merlan, revient au premier volet de son « diptyque des forêts », après l’adaptation de Blanche Neige l’an dernier. Elle réveille ici l’histoire du Petit Poucet : enfant perdu dans la forêt, il va devoir trouver des ressources inattendues pour affronter sa peur, incarnée par l’ogre, guider les siens, et survivre.

Honorine est poissonnière, Marseillaise, qui plus est, avec ce que cette étiquette implique d’outrance et de préjugés. De celles qui apparaissent régulièrement au moment des infos sur TF1, lorsque la chaîne, en reportage au Vieux-Port, a besoin d’une couleur locale moins alarmante que les kalachnikovs. Edmonde Franchi, « mascotte » du Toursky, va s’appliquer à rendre chair et épaisseur humaine à ce cliché des clichés. Sous l’accent prononcé et la couche de fard, bat un cœur de femme, et -peut-être ?- celui de la Méditerranée.

5 octobre Parvis de l’Opéra de Marseille 04 91 03 81 28 lieuxpublics.com

4 & 5 octobre Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

Gilles et Bérénice

© Max Minniti

Jessica and me

© Virginie Khan

4 au 8 octobre Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.fr

Au secours, les mots m’ont mangé

Cristiana Morganti s’invente un dialogue avec une amie imaginaire, et parle de sa vie au service de la danse. Plus particulièrement auprès de Pina Bausch, chorégraphe phare et personnalité hors norme, dont elle fut l’interprète pendant plus de vingt ans au sein du Tanztheater Wupperthal. L’autoportrait, sans complaisance mais non dénué d’humour, mené tambour battant et irradiant de vitalité, d’une artiste enflammée... au sens propre.

Certains sont destinés aux vers, d’autres comme Bernard Pivot sont rongés par les mots. En une conférence-performance gourmande, l’homme de lettres incarne un écrivain à succès, de sa naissance à sa mort, dévoilant sa passion pour les dictionnaires, et ses entrées de prédilection : « L’ennui avec les mots, c’est qu’ils sont très nombreux. Il faut choisir les bons et ce n’est pas facile ». Mots d’amour ou gros mots, tous prennent une saveur incomparable, lorsqu’ils sont prononcés par quelqu’un qui les aime tant ! Le texte est paru aux Éditions Allary.

6 & 7 octobre Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

7 octobre Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.fr

Qu’est-ce que ce prénom, Gilles, accolé à celui, éponyme d’une pièce de Racine ? Il s’agit du prénom de l’acteur-metteur en scène-scénographe-dramaturge (ouf !) Gilles Cailleau (Cie Attention Fragile) qui nous rappelle que les personnages de la tragédie classique sont la plupart du temps jeunes, que le paradoxe essentiel réside dans « le mariage improbable entre (…) la perfection du langage et le bredouillage des sentiments », que le courage de la pièce est de ne pas faire mourir les protagonistes, mais leur apprendre à vivre avec leur douleur… Dans ce bonheur théâtral l’acteur joue tous les personnages de Bérénice, incarne quatre hommes, deux femmes, marche sur un fil et mange des coquelicots… Racine est toujours actuel ! 30 septembre au 16 octobre Gare Franche, Marseille 04 91 65 17 77 lagarefranche.org


Jean, solo pour un monument aux morts Scène urbaine qui succède au passage piéton ou au réverbère, le monument aux morts devient celle qui sert de cadre et de sujet au chorégraphe Patrice de Bénédetti. L’artiste rend un hommage bouleversant à Jean qui est à la fois Jaurès, partisan de la paix, assassiné à la veille de la première guerre mondiale, un soldat mort au front durant cette même guerre à l’atroce bilan, et son père, syndicaliste convaincu. La petite et la grande histoire se rejoignent dans un spectacle dense et fort.

Concerts de Musique de Chambre

21 septembre Parvis de l’Hôtel de Ville, Vitrolles 04 42 77 90 40 vitrolles13.fr

Les filles aux mains jaunes

TARIF UNIQUE : 5 € Consultez les dates et la programmation sur : opera.marseille.fr

opera.marseille.fr odeon.marseille.fr

OPÉRA

04 91 55 11 10 / 04 91 55 20 43

ODÉON

04 96 12 52 70

24/06/16

LOCATION

ADOBESTOCK ©KAPRIZKA

17h au Foyer Ernest Reyer © Bruno Mullenaerts

Elles se surnommaient elles-mêmes les « canaris » ou « les mains jaunes », ces ouvrières qui durant la Grande Guerre étaient employées à la fabrication des armes, manipulant, au mépris de toute règle de sécurité, du TNT qui colorait leurs mains et leurs cheveux. La pièce de Michel Bellier, jouée par les formidables comédiennes de la Cie Dynamo théâtre, met en scène quatre de ces femmes. Aux mutineries des tranchées répond la révolte qui secoue les ateliers… Une pièce forte et sensible mise en scène par Joëlle Cattino.

SAISON 16•17

Charlie et Jake, (Éric Metayer et Elrik Thomas), deux malheureux sans le sou, ont réussi à se faire embaucher comme figurants dans une superproduction hollywoodienne en Irlande, La Vallée Tranquille, avec inévitable histoire d’amour entre la fille du châtelain et le fils du métayer sur fond de grande fresque romantique… C’est par leur regard que se vivront les péripéties de ce tournage, les destinées des héros, sur un mode cocasse qui démonte avec justesse les ressorts éculés de l’intrigue mais pose aussi les bases d’une réflexion sur un certain mode de colonisation culturelle. C’est enlevé, drôle, dans la mise en scène de Stephan Meldegg. 24 septembre Théâtre Comœdia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr 4 novembre Le Toursky, Marseille 04 91 02 54 54 toursky.fr

© Alizee Chiappini

Des cailloux plein les poches

operadetoulon.fr

Lyrique

CAVALLERIA RUSTICANA PAGLIACCI SWEENEY TODD LES NOCES DE FIGARO UN BAL MASQUÉ LA FILLE DU RÉGIMENT L’ENLÈVEMENT AU SÉRAIL ROMÉO ET JULIETTE

Ballet

LE LAC DES CYGNES PIETRAGALLA BALLET DE MADRID

04 94 92 70 78

CONCERTS SYMPHONIQUES orchestre symphonique de l’opéra de toulon Sibelius – Rautavaara – Korngold – Bernstein – Ravel – Dvorˇák – Satie – Piazzolla – Morricone – Rachmaninov – Falla – Rosza – Prokofiev…

ciné-CONCERT, Jazz, théâtre...

EPCC Opéra de Toulon, Bld de Strasbourg, 83000 Toulon • N° Siret 451 807 358 00028 • Code APE 9001Z - N° de licences 1-127103/2-127104/3-127105 | Design graphique : Atelier Marge Design

29 septembre Théâtre de Fontblanche, Vitrolles 04 42 75 25 00 vitrolles13.fr


32 au programme bouches-du-rhône

Mon père, Pagnol et moi

Les Frontières de l’invisible

Pas un one-man-show, mais un-seul-en-scène, pour Marco Paolo, passionné depuis l’enfance par l’œuvre de l’auteur de La gloire de mon père, lue, relue, vue en DVD… Et c’est là que le père de Marco Paolo rejoint celui de Pagnol ou Pagnol lui-même, fondateur d’un genre où le rire et l’émotion se lient. Verve, accent, mélancolie, effervescence de la vie, bonheur de la découverte… on goûte avec délectation ce spectacle jubilatoire, conçu comme un « dictionnaire amoureux » de Pagnol. La vie de Marco Paolo se mêle aux extraits des textes de Pagnol, des parallèles se dessinent entre la vie du premier et celle de son idole… immortelle comme de bien entendu !

Deux nouveaux épisodes, Ils ne sont pour rien dans nos larmes et Les oiseaux reviennent, s’ajoutent au travail délicieux que mènent Antoine et Sophie (Sophie Cattani et Antoine Oppenheim) avec la complicité de l’auteure Olivia Rosenthal en convoquant les chefs-d’œuvre du 7e art. Les parapluies de Cherbourg (Jacques Demy) et Les Oiseaux (Hitchcock) inspirent la soirée. Confusion entre cinéma et la vraie vie ? Mode privilégié pour explorer nos propres mécanismes ? Est-ce que notre culture filmique rend notre existence plus intense ? Le collectif ildi ! eldi appréhende le cinéma et notre quotidien avec une verve incisive emplie d’humour. Les oiseau reviennent © Julien Oppenheim © David Richard

La Maison

Deuxième volet après Pont suspendus, d’une trilogie sur la symbolique de l’espace, La Maison de Gustavo Giacosa et sa Cie SIC.12, permet de poursuivre la découverte de l’univers onirique du metteur en scène argentin. Endroit que visitent des amoureux qui s’y projettent, mais aussi lieu d’utopie qui accueille, rassemble les souvenirs les plus hétéroclites, joue entre réalité, fiction, désirs, projection de soi, de l’autre… Le spectacle mêle « de façon organique » danse, musique, théâtre, pour une expérience au cours de laquelle le spectateur est invité à oublier les codes rationnels, la perte étant l’essence même des retrouvailles.

20 septembre Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 aixenprovence.fr/Bois-de-l-Aune

La danseuse et chorégraphe tunisienne Syhem Belkhodja, « militante des arts » auprès de la jeunesse de son pays, revient au Pavillon Noir avec une nouvelle création. L’actualité nourrit, inspire cette nouvelle œuvre, exils, barbarie… Six danseurs, hommes et femmes, réfugiés, ayant perdu racines et identité, cherchent un asile. Rêves inaccessibles, frontières visibles et invisibles… Câbles tendus esquissant dans l’espace des lignes obliques, portée musicale déconstruite sur laquelle les corps des danseurs jouent une partition étrange entre l’évitement et l’appropriation. La danse raconte, tourments des âmes et de l’histoire, qu’il est nécessaire de dire. du 6 au 8 octobre Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org

Roméo et Juliette

Quand le diable s’en mêle

29 et 30 septembre Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 aixenprovence.fr/Bois-de-l-Aune

Un bébé qui arrive en avance, un mari qui arrive en retard, des embarras intestinaux qui font capoter une affaire commerciale, voilà rassemblés en un seul spectacle les sujets farcesques de trois courtes pièces de Feydeau, Léonie est en avance, Feu, la mère de madame et On purge bébé. En fil conducteur, le diable (Philippe Bérodot) ajoute sa folie, exacerbe les situations, use de la mécanique parfaitement huilée des fourberies du langage, pour un spectacle jubilatoire, grinçant, drolatique à souhait. Une peinture caustique du couple, dans une adaptation et mise en scène énergique de Didier Bezace.

4 octobre Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

du 4 au 8 octobre Le Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

© Valinas

4 octobre Théâtre Comœdia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr

© Jean Barak

Antoine et Sophie font leur cinéma

La pièce de Shakespeare n’en finit pas d’inspirer musiciens, cinéastes, chorégraphes. Jean-Philippe Dury et Arantxa Carmona en offrent leur lecture dans cette nouvelle création. Les deux familles ennemies sont incarnées par deux formes de danse, flamenco, par les danseurs du Ballet National d’Espagne pour les Capulet, et néo-classique, par les solistes de la Cie Elephant in the Black Box, pour les Montaigu. Passion altière, fougue, puissance des sentiments, mécanique tragique du destin, tout est là pour un spectacle virtuose sur des musiques composées spécialement par Javier Laio.

04 42 87 75 00

1er octobre Espace Nova, Velaux espacenova-velaux.com


bouches-du-rhône spectacles au programme 33

Ça ira mieux demain

Nischenprojekt

Le ministère de l’Éducation Nationale est en émoi. Le ministre, Louis, lunatique en diable, est doté d’une épouse épuisante, Michelle, d’une mère, Cécile, aux instincts débridés, une fille, Sara, qui cherche à secouer le carcan familial… La chef de cabinet du ministère, Gabrielle, n’est guère aidée ! Arrive dans cet univers déjà fragile un jeune homme de ménage, Éric. Le grain de sable qui bouleverse le tout. La pièce de Jean Franco et Guillaume Mélanie est menée tambour battant par la troupe amateure de la Compagnie des Quatre Tours, dans une mise en scène de Jean-François Pomerole.

Les deux artistes virtuoses de la Cie suisse E1nz, Esther et Jonas Slanzi, revisitent les numéros traditionnels du cirque : acrobaties aériennes, corde volante, jonglage, équilibre sur des bouteilles de verre… jusqu’à ce que le rythme s’accélère, dans un jeu de diabolo étourdissant qui s’achève dans un tourbillon de lumière et d’émotion.

© Xavier Cantat

Panique au ministère

© Anina Lehmann

Et ça c’est Christophe/Don Quichotte Alévêque qui le clame, le chante même ! Avec lui point de sinistrose, mais de la dérision et de l’humour dans une liberté de ton qui donne envie de se laisser secouer. Entre doute et optimisme, il convoque les forces de l’esprit pour passer en revue tous les sujets d’actualité, sans exception ! 30 septembre Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 theatre-semaphore-portdebouc.com 1 octobre Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.fr er

04 42 11 01 99

Le Manager, les 2 crapauds et l’air du temps

© Bertrand Bigo

Faust

Après Psychiatrie/Déconniatrie et Tchatchades Folies, Christian Mazzuchini poursuit son exploration poétique de la folie. Dans Dingo Dingue il fait se confondre les mots de maîtres du discours psychanalytiques (Jacques Lacan, Jean Oury, Lucien Bonnafé et François Tosquelles) avec ceux d’auteurs contemporains (Charles Pennequin, Christophe Tarkos et Serge Valletti), pour nous rappeler, avec tendresse, notre condition commune, infiniment humaine… du 6 au 8 octobre Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net

Être inscrit à Pôle Emploi est en soi une épreuve, mais quand la langue fait barrage rien ne va plus ! Deux chômeurs, l’un ne parlant qu’en argot, l’autre uniquement en alexandrins, vont devoir apprendre à parler normalement pour s’en sortir… La Cie Acta Fabula monte une pièce satirique, profondément originale et réjouissante !

Après la superbe adaptation de La Religieuse de Diderot joué cet été au Off d’Avignon, le Collectif 8 nous plonge dans les profondeurs de l’âme humaine avec Faust. Gaël Boghossian adapte et met en scène l’œuvre de Goethe, focalisant le propos « sur la somptueuse d’amour entre Faust et Marguerite [et] sur la quête éternelle d’un Faust à travers son Méphisto », prétexte à « raconter le monde dans son obscurité la plus effrayante à travers une lumineuse écriture […], une finesse d’analyse de ses rouages obstinément humains ». 7 octobre Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 theatre-semaphore-portdebouc.com

© Bilgou

Dingo Dingue

© Meghann Stanley

04 42 87 75 00

7 octobre Espace NoVa, Velaux espacenova-velaux.com

1er octobre Théâtre de Fos scenesetcines.fr

04 42 11 01 99

4 octobre Théâtre de Fos scenesetcines.fr


34 au programme spectacles bouches-du-rhône vaucluse

Pédagogies de l’échec

Entre fil d’équilibre et fil d’Ariane, tout en subtilité et fragile poésie, la Cie Les Colporteurs revisite le mythe d’Ariane. Elle semble perdue sur cette île, dont elle a même oublié le nom. Quand il la rencontre, elle lui tend ce fil, vestige de son histoire passé, et l’invite à la suivre. Elle l’entraîne dans sa danse, il lui transmet sa joie de vivre. Ce spectacle sera à découvrir, en entrée libre, pour sept dates nomades dans les villes et villages du Vaucluse.

27 septembre Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr 28 & 29 septembre Châteauvallon – Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

En Nomade(s), à Cavaillon et aux alentours du 7 au 16 septembre La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com

Anna Karénine

7 octobre Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr

04 90 85 52 57

29 & 30 septembre Les Halles, Avignon theatredeshalles.com

L’héritage

© Jacques Olivier Badia

Looking for Lulu Adaptée de La Boîte de Pandore, œuvre mythique de Frank Wedekind, Looking for Lulu est mise en scène par Natascha Rudolf, Cie Véhicule. « Une Lulu plus contemporaine et plus dépouillée », mais qui conserve l’incroyable dualité de ce personnage hors norme. Entre vice et candeur, perversion et innocence, Lulu (magnifique Sabrina Bus) demeure « figure du désir et de la liberté », et « nous met face à notre part d’humanité et de possible monstruosité ».

© Severin Albert

© Diego Governatori

Ce chef-d’œuvre de la littérature russe, signé Léon Tolstoï, connaît là sa première adaptation théâtrale française. Gaëtan Vassart, jeune metteur en scène, s’est attelé à cette tâche d’écriture et de mise en scène. Accompagné d’une dizaine de comédiens, il livre une version remarquable de cette fascinante histoire d’amour. Avec, dans le rôle-titre, l’actrice iranienne Golshifteh Farahani -à l’affiche de Paterson, le dernier film de Jim Jarmusch- qui incarne avec intensité cette femme libre et rebelle.

L’immeuble dans lequel ils travaillent s’est effondré mais peu importe, la marche des affaires faisant loi il faut continuer… Alain Timár met en scène une pièce inédite de Pierre Notte, avec Olivia Côte et Salim Kechiouche dans les rôles titres. Entre comédie et absurde, vaudeville et cynisme, la pathétique dégringolade a lieu, révélant « la vanité de l’action et des rôles imposés ».

© JP Estournet

Cela pourrait être une chanson de Brassens. Hyacinthe était communiste, Rose était catholique. Capables de se disputer sur le moindre sujet, un seul les mettait d’accord : les fleurs. Hyacinthe et Rose, aux prénoms prédestinés, étaient les grands-parents de François Morel. Accompagné en scène par Antoine Sahler, il nous livre ses souvenirs d’enfance. Un récit empreint d’émotion, de poésie, de tendresse, et, bien sûr, rempli d’humour.

Evohé © iFoupolemedia

© Manuelle Toussaint - Starface

Hyacinthe et Rose

04 90 85 52 57

22 & 23 septembre Les Halles, Avignon theatredeshalles.com

Une manière forte de débuter la saison nouvelle au théâtre Durance, avec L’héritage, par la Cie Le Pas de l’Oiseau. Une histoire qui pourrait servir de parabole fondatrice : Joseph Barbayer, agriculteur de son état, lègue aux habitants du Villard ses terres. Une condition : y instaurer le communisme. Laurent Eyraud-Chaume interprète son texte avec humour, brosse une galerie de portraits saisissants de vérité, du maire à l’épicier, allie les talents du mime à ceux du conteur, pour cette fable utopique sans doute, mais vivifiante au plus haut point ! 25 septembre Théâtre Durance, Château-Arnoux/ Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr


var alpes spectacles au programme

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Le dernier testament

Comédien de théâtre et de cinéma, chroniqueur radio, et même chanteur, François Morel est un artiste multicartes. C’est le musicien qui se donne en spectacle dans cette comédie chantée, sa troisième du genre. Avec un titre intrigant, laissant place à une certaine improvisation. Mis en scène par sa complice Juliette, l’ex-Deschiens est accompagné de quatre musiciens, Antoine Sahler, Muriel Gastebois, Lisa Cat-Berro et Amos Mah.

© Christophe Raynaud De Lage

7 & 8 octobre Théâtre Durance, Château-Arnoux/ Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr

Sur ton dos Ne restons pas enfermés dans une salle et profitons des derniers beaux jours, invite le théâtre La Passerelle à Gap. Il nous convie à une promenade poétique sur les sentiers de la petite Céüse, en partenariat avec les Curieux de Nature. Le spectacle musarde dans l’écrin des paysages des Hautes-Alpes, semble être une émanation naturelle des lieux. Le geste artistique ne se confine pas à un cadre ! Le duo des circassiens Justine Berthillot et Frédéri Vernier apporte à cette balade bucolique la délicatesse de ses acrobaties, une esthétique de la surprise, un fil poétique qui mène le spectateur-marcheur au sommet où une vue à 360° l’attend. N’oubliez pas vos jumelles nous précise-t-on !

29 & 30 septembre Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

© Clement Cebe

8 & 9 octobre Théâtre de la Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 theatre-la-passerelle.eu

Mélanie Laurent, qui dans le film Demain nourrit l’espoir d’un monde meilleur, s’attache au livre de James Frey, Le Dernier testament de Ben Zion Avrohom, pour une première mise en scène au théâtre. Ben Zion survit inexplicablement à un terrible accident et se met à accomplir des miracles… Une belle manière d’interroger les croyances, ce qui les a fondées, et ce, dans un New York du XXIe où racisme, violence, inégalité, misère sont le lot quotidien… Une loi d’amour qui par sa simple formulation défie les pouvoirs en place ? mais redonne espoir et dignité… Une critique sociale et politique en creux, étonnamment forte, portée par des acteurs lumineux. (Ce spectacle est une création soutenue par Les Théâtres, voir aussi p14).

© Christophe Manquillet

La vie / Titre provisoire

Ici, l’art du cirque rejoint la poésie, dans cette création de Mathurin Bolze, premier volet du diptyque inspiré d’Italo Calvino (le second étant Barons perchés). Pourquoi se contenter d’un monde régi par les lois de l’attraction terrestre ? Réfutant les théories de Newton, Bachir, le héros du spectacle, magistralement interprété par le prodigieux acrobate Karim Messaoudi, habite sa cabane du sol au plafond, boit un verre d’eau en apesanteur, marche sur les murs, le tout avec une grâce et une légèreté confondantes. Un pur bonheur !

© Eric Guillemain

Fenêtres

30 septembre & 1er octobre Châteauvallon – Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

Barbarians

Clay (argile)

Cette œuvre de Hofesh Shechter, ancien de la Batsheva Dance Company, s’orchestre en trois mouvements d’une indomptable énergie. Sextet, quintet et duo se lovent dans les volutes de la musique baroque avant de s’emporter dans des rythmes techno, et tour à tour posent la question du désordre amoureux, de notre relation à notre corps et au corps de l’autre. « Chaos, insurrection, devenir », les trois injonctions qui dominent l’esthétique du chorégraphe se retrouvent avec force dans The barbarians in love, tHE bAD, Two completely different angles of the same fucking thing. Les danseurs de la Hofesh Shechter Company apportent à cette danse leur inépuisable verve.

Asha Thomas et Yinka Esi Graves dansent ensemble en puisant dans leurs souvenirs et leurs propres trajectoires pour créer un langage unique entre elles. La première est danseuse américaine contemporaine, la seconde danseuse de flamenco britannique de descendance jamaïcaine et ghanéenne. Sur la musique de Guillermo Guillén, elles créent un jeu de soli en binômes, des pas de deux explosifs, des rythmes en décalés ou à l’unisson…

8 & 9 octobre Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

11 & 12 octobre Châteauvallon – Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com


36 au programme spectacles var gard hérault

Comment moi je ?

José Montalvo, le chorégraphe du Théâtre National de Chaillot, crée son Sacre du Printemps, mais en agrémentant sa version d’épices hip hop, flamenco, voire de... claquettes. L’œuvre du compositeur Igor Stravinski se voit rajeunie également, par l’apport de pop anglaise et chants traditionnels du monde entier. José Montalvo a puisé dans ses souvenirs pour mettre en scène son « Musée chorégraphique imaginaire », décor baroque pour 16 danseurs virtuoses.

Bric à Brac est une petite fille qui vient de naître, seule au monde. C’est en cherchant son chemin dans l’existence qu’elle apprendra qui elle est et trouvera sa voie. La compagnie Tourneboulé questionne le monde qui nous entoure en creusant le sillon de la philosophie, pour construire sa pensée et aider à grandir. Marie Levavasseur signe le texte et la mise en scène de ce spectacle, où se mêlent jeux d’acteurs, marionnettes et musique. 5 octobre Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com

© Patrick Berger

Y Olé

Attention, spectacle déroutant en perspective ! Pour sa soirée d’ouverture, l’Ecole Fragile vient griffer les cœurs et âmes. Dans un monde toujours plus rapide, indifférent au sort des victimes qui s’entassent sur nos écrans, le cirque chorégraphié de la Cie Allégorie invite à une pause. Les équilibres et contorsions de Katell Le Brenn, mises en scène par Gilles Cailleau, s’arrêtent sur ce qui nous atteint toujours tous : la mort de nos proches. « Que le deuil commence. » Sous chapiteau, à l’Ecole Fragile, Terrain Allio.

© Fabien Debrabandere

Dispersion

04 66 36 65 10

4 & 5 octobre Théâtre de Nîmes theatredenimes.com

17 septembre Théâtre Marelios, La Valette-du-Var 04 94 23 62 06 lavalette83.fr

Smoking Chopin Les deux musiciens sont en place, le grand récital classique peut commencer. À moins que quelques grains de sable ne viennent perturber cette douce harmonie. Que se passet-il si, tout à coup, l’un des exécutants ne résiste pas à l’envie de se griller une bonne cigarette ? Ou si le tabouret du pianiste refuse de se mettre à la bonne hauteur ? Dignes des Marx Brothers, Thomas Usteri et Lorenzo Manetti, du Teatro del Chiodo, enchaînent les situations cocasses et loufoques, tout en interprétant Chopin ou Schubert.

Valérie Lemercier Ça vous plaît ? C’est elle qui l’a fait ! Valérie Lemercier, célèbre pour ses répliques entendues dans des pubs, des films ou des spectacles, revient avec une nouvelle création. Sept ans après son dernier seule-en-scène, l’humoriste n’a rien perdu des ses réparties aiguisées ni de son style BCBG tout en décalage. Son dernier opus prend la forme d’une grande réunion familiale. Les peintures de personnages y sont acerbes et drôles, touchantes et émouvantes. La voix est haute, le ton est juste, et le verbe toujours incisif.

Le « Moi » placé en tête dans le titre en dit suffisamment long sur le personnage. Ce texte d’Hervé Le Tellier conte l’histoire d’un homme, commun parmi les communs qui, des années durant, s’imagine être le confident épistolaire de François Mitterrand. À la suite d’une rupture amoureuse, il écrit au Président. Le secrétariat de l’Élysée lui répond une lettre-type. Qu’importe, une amitié fantasmée vient de naître. La pièce est portée par un ex-Deschiens, Olivier Broche, mis en scène par Benjamin Guillard.

24 septembre Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com

© Aglaé Bory.

© Cie Allégorie.

Moi et François Mitterrand

1er octobre Théâtre Marelios, La Valette-du-Var 04 94 23 62 06 lavalette83.fr 04 66 36 65 10

6 & 7 octobre Théâtre de Nîmes theatredenimes.com


En apparence, il s’agit d’une conférence, donnée par une philosophe éthologue. Tout autour de la conférencière, d’innombrables peluches de singes, de moutons ou de loups, évoquant plus le stand de fête foraine que © Fabien Perez le discours scientifique. Une musique électrique déjantée vient ajouter à l’étrange ambiance. Thierry Bédard et la Cie Notoire créent ce spectacle à partir du texte de Vincianne Despret, auteure de nombreux ouvrages questionnant, en la bousculant, notre relation aux animaux.

ZEFACTORY - Licence n°2-102-7568 / n°1-103-5155

Vive les animaux !

SAMEDI 24 SEPTEMBRE • 20H30 Cité de la Musique, Auditorium

16 au 24 septembre Le Cratère – Scène Nationale, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr

1ère partie : LE QUATUOR DE GUITARE DE MARSEILLE Agnès CONDAMIN, Frédéric FERRARO, Catherine FINIDORI, Marianne FORMENTI

Par-delà les marronniers

28 septembre Le Cratère – Scène Nationale, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr 8 au 12 novembre Le Gymnase, Marseille

Nelly DECAMP [Guitare, composition], Javier ESTRELLA [Percussions] Tarifs : 12€ / 10€ Billetterie en ligne Production : Cité de la Musique de Marseille

Cité de la Musique, Auditorium 4, rue Bernard du Bois 13001 Marseille 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com

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Musicatreize SAISON 2016-2017

La belle équipe - 2016 - c.planche

Arthur Cravan, Jacques Rigaut, Jacques Vaché, trois poètes du début du XXe siècle, tous morts à la trentaine. Au début des années 70, Jean-Michel Ribes découvre leurs œuvres, subversives et explosives. Il les adapte sous une forme de cabaret des années 20, où les mots de ces rebelles à leur temps et à la société, © Giovanni Cittadini Cesi prennent toute leur ampleur. La liberté, le chant, la danse, la résistance à l’ordre établi et la fête à tout prix résonnent sur le plateau, comme en avant-goût de ce qui deviendra le surréalisme.

2ème partie : NELLY DECAMP - CANCION

Moooooooonstres Ce sont ceux de Laurent Fraunié qui sont tapis sous un lit de taille inversement proportionnelle à celle d’un enfant : très grand. Avec de gros coussins, et des traversins prêts à toutes les transformations, toutes les batailles homériques, nuages de plumes compris. Souvent des bruits suspects résonnent, comme si sous le lit se creusaient les profondeurs de la nuit, mais l’on finit toujours par se rassurer : les monstres sont parfois de très bonne compagnie. À partir de 3 ans. 4 & 5 octobre Le Cratère – Scène Nationale, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr

Salle Musicatreize, 53 rue Grignan 13006 Marseille • 04 91 00 91 31 • reservations@musicatreize.org


38 au programme spectacles hérault

Dakh Daughters Band

Quel est le point de jonction, ou de séparation, entre arts numériques et arts de la scène ? Toutes les propositions du Mèq Festival –issues du Mèq, laboratoire de créationnumérique au sein du CDN de Montpelliers’inscrivent dans cette problématique. Au programme, très fourni, on trouve notamment les scénographies digitales du collectif 1024 architecture, la vidéo 3D de Kris Verdonck, ou les performances de Myriam Bleau. Recession, 1024 architecture © Emmanuel Gabily

Cette version du grand classique de John Steinbeck fait le tour des théâtres depuis une douzaine d’années, avec un succès public jamais démenti. Jean-Philippe Evariste et Philippe Ivancic, tous deux à la mise en scène, embarquent une dizaine de comédiens dans l’aventure. L’histoire de George et Lennie, leur amitié intense et tragique, prennent corps sur la scène. Toutes les dimensions de ce chef-d’œuvre, chômage, pauvreté, exclusion, sombre rêve américain, éclatent dans une lumière crue.

Mèq Festival (art numérique performatif)

7 & 8 octobre Le Cratère – Scène Nationale, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr 14 au 17 septembre CDN Humain trop humain, Montpellier 04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr

Le vent se lève

Les travers de notre monde sont en question dans cette œuvre collective de la Cie La Nuit Remue. Avec David Ayala à la mise en scène, une quinzaine d’artistes ont créé ce spectacle à partir d’écrits de Pasolini, Guy Debord ou Sade. Les artistes questionnent la dictature de la consommation ou la toute-puissance des médias et s’efforcent d’y échapper au moyen d’une Chambre des Désirs, qui respecte les aspirations de chaque être. Attention ! Création tonique et ébouriffante, conseillée à partir de 15 ans. 28 et 29 septembre Domaine d’O, Montpellier 0800 200 165 domaine-do-34.eu

C’est un artiste hors-norme que nous invite à découvrir le CDN de Montpellier. Markus Öhrn, performeur suédois, travaille sur des projets « en série » où il enchaîne les interventions théâtrales selon un calendrier qui détermine son œuvre. Sa dernière en date se basait ainsi sur les 24 jours de l’Avent. Il présentera ici, accompagné de comédiens du CDN, le premier chapitre d’une création définie comme « un voyage de 70 jours à travers l’Ancien Testament ».

© Marcus Öhrn

© Granjean Henri

To walk the infernal fields

5 au 7 octobre CDN Humain trop humain, Montpellier 04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr

© Olga Zakrevska

© Emmanuel Lemire

Des souris et des hommes

Elles sont six jeunes femmes, ukrainiennes, et proposent un concert comme vous n’en avez jamais ni vu, ni entendu. Dopées à l’énergie, à la liberté et au culot, les chanteuses, mises en scène par Vlad Troitskyi, offrent un récital-cabaret sans aucune limite. Leurs polyphonies mêlent des textes de Bukowski ou Shakespeare à des chants traditionnels du fin fond des Carpates, le tout dans une ambiance frénétique. La fièvre communicative s’empare alors du public. Tous les verrous, sur scène comme dans la salle, volent en éclats. 7 octobre Scène nationale, Sète 04 67 74 66 97 theatredesete.com


VILL VILL VI LLE D LLE DE E LA VALE VA V ALE LETT LETT TT TEE DU EDU-V DU-V VAR AR

Les échappées

Les échappées

L’héRiTage

L’héRiTage

ThéaTRe-RéciT

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Le pas de L’Oiseau

du 26 au 30 sepT SAISON 2016/2017 à FORcaLquieR, MézeL, Les Mées, sainT-MaRTin-Les-eaux ThOaRd

PRÉSENTATION DE SAISON VENDREDI 16 SEPTEMBRE 2ciRque 016 À 19H CHAPITEAU ATTENTION FRAGILE TE T ERR R A AIIN AL ALLI ALLI LIO O

Le pas de L’Oiseau

du 26 au 30 sepT 19:00 à FORcaLquieR, MézeL, Les Mées, sainT-MaRTin-Les-eaux, ThOaRd

à FO sa

ciRque

FenêTRes

FenêTRes

MpTa — MaThuRin BOLze

MpTa — MaThuRin BOLze

ven 07 + saM 08 OcT 21:00

ven 07 + saM 08 OcT 21:00

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JE M'ABONNE ! LecTuRe MusicaLe

LecTuRe MusicaLe

L’OR d’eROs

L’OR d’eROs

ven 14 OcT 21:00

ven 14 OcT 21:00

aRThuR h & nicOLas Repac

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MATINÉES & SOIRÉES

MUSICALES D’ARLES 2016-2017

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40 au programme musiques marseille

Marsatac, pour hurler de plaisir

le croisement Chinese Man feat Tumi & Youthstar encore jamais vu sur scène tout comme le projet de Ghostface Killah & Raekwon. Ovni dans l’univers du rap français, Odezenne joue sur des nappes synthétiques, au gré d’une électro stroboscopique, entre rimes abruptes et syncopes rythmiques. La place marseillaise n’est pas en reste, avec Dj Djel qui s’invite en live avec une partie de la mythique Fonky Family et French 79, émanation de Nasser, qui promet un set classieux

Nelly Decamp

Nova Troba

24 septembre Cité de la Musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com

T.D.

Marsatac 23 & 24 septembre Marseille 04 95 04 95 95 marsatac.com

Festival Namaste

Maitryee Mahatma © Chris Boyer

L’art des troubadours se propage dans l’espace et le temps. Depuis l’Occitanie à l’Espagne, au Portugal, au Brésil, son esprit voyage et se love avec bonheur dans les compositions de Gil Aniorte Paz en langues occitane et portugaise, se fait écho de la poésie contemporaine de Robert Lafont, se décline dans les écrits réunis par Annie Maltini lors d’un voyage au Brésil (2014). Entre inspiration populaire et savante, abolissant les frontières, la création Nova Troba réunit deux grands artistes, Rodrigo Samico et sa guitare à sept cordes du Pernambuco brésilien et Miquèu Montanaro de Correns (composition, flûtes) accompagnés aussi par la contrebasse de Juan Jaime Ruiz Leite, les percussions de Nicola Marinoni, l’accordéon et clavier de François Escojido.

© Florence Cassorla

© X-D.R

C’est avec une délicatesse aérienne que la guitare de Nelly Decamp, accompagnée par les percussions de Javier Estrella, nous conduit dans les rues et les jardins de la Catalogne ou de l’Amérique du Sud, que ce soit par l’élégance subtile de ses propres compositions (extraites de ses albums 24 Août et Cancion) ou de pièces issues du répertoire savant (Ravel, Debussy), de la musique populaire ou encore du jazz. En 1re partie, le Quatuor de guitare de Marseille tissera de ses 24 cordes un programme tout en finesse avec des œuvres de Paulo Bellinati, Roland Dyens, Maximo Diego Pujol…

d’électro-disco-pop. Avec Flatbush Zombie, le rap new-yorkais a trouvé sa relève. Flows nets et précis, délires psychédéliques, et spiritualité new age pour sans doute l’un des moments les plus intenses du festival. Parmi les grosses écuries techno, notons Chris Liebing, Marcel Dettmann et Richie Hawtin. Le duo canadien MSTRKRFT signe son le retour et Agoria b2b Louisahhh vient donner une petite leçon d’efficacité dancefloor spécialement pour Marsatac. Gnucci © Esteban Wautier

Après plusieurs éditions en quête de réinvention, Marsatac renoue avec son identité originelle, celle d’un festival à la double culture électro et hip-hop. Deux soirées thématiques qui, cette année encore, investissent la Friche Belle de Mai dans une ambiance que les organisateurs ont voulu « mi-chien, mi-loup ». Raretés et inédits à la clef. Ambassadeur d’un genre musical futuriste au concept visuel coloré, Alo Wala fusionne les continents entre rap et tropical bass ; grosses sub-bass, lyrics tranchants inspirés du grime et pointe d’humour sont la recette du succès de Lady Leshurr, la reine de la nouvelle école du rap. Depuis qu’elle a commencé à rapper à 9 ans, Little Simz n’a jamais cessé d’affûter son débit : ses mots sont incisifs, les infrabasses puissantes et la sonorité dark. Suédoise d’origine serbe, Gnucci a été nommée « meilleure performance hip hop de l’année » en 2013, dans son pays. À la fois performeuse, chanteuse, rappeuse et parolière, elle se situe quelque part entre dance music, rap et tropical bass. Il faudra compter avec

29 septembre Cité de la Musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com

Trois concerts à la Cité de la Musique dans le cadre du Festival Namaste France organisé par l’ambassade de l’Inde dans toute la France. On écoutera le sarod de Saugata Roy Chowdhury, le tabla de Nabankur Bhattacharya, et le chant Khayal et Thumri de Rageshri Das, puis ce sont les huit visages de la femme amoureuse que transcrira la danse de Maitryee Mahatma, avant le tabla envoûtant du Pandit Anindo Chatterjee qu’accompagne l’harmonium de Nabankur Bhattacharya. Enfin ces immenses artistes vous initieront à leur art et un spectacle réunira ces savoirs qui suivent la belle voie de la transmission. du 6 au 8 octobre Cité de la Musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com


bouches-du-rhône marseille musique au programme

Mickey3D

7 octobre Théâtre La Garance, cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com 6 octobre Théâtre La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 theatre-la-passerelle.eu

En ouverture de saison, l’auditorium du Thor offre le pop rock électro mélancolique du nouvel album du groupe Michey3D qui revient après sept ans d’absence avec un nouvel album, Sebolavy. Michaël Furnon mêle une poésie douce-amère à sa vision sensible du monde. Une Rose blanche rend hommage aux jeunes résistants allemands, il y a Aurélia, Mylène que le poète attend, les rêves que l’on rallonge, la pluie… et malgré tout une célébration de la vie. En 1re partie, la jeune auteure-compositrice-interprète québécoise Marcie apportera son univers singulier, teinté de britpop.

04 90 33 96 80

27 & 29 septembre et 2 & 4 octobre Opéra de Marseille, Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr

Nicholas Angelich

© Caroline Doutre

La musique de chambre se pare de vidéo à l’opéra de Marseille. Le trio à cordes composé des superbes musiciens Da-Min Kim au violon, Magali Demesse à l’alto et Xavier Chatillon au violoncelle, jouera accompagné des vidéos de Samuel Bester, dans l’écrin du foyer de l’opéra. Au programme, deux géants, Ludwig van Beethoven et Wolfgang Amadeus Mozart, dont on retrouvera la patte respectivement dans le Trio op. 3, allegro con brio, et le Divertimento, K. 563. Virtuosité, légèreté… et à un tarif très doux (5€).

© X-D.R.

L’adaptation (1868) à l’opéra de la pièce de Shakespeare par les librettistes Jules Barbier et Michel Carré s’éloigne de l’original et porte Hamlet sur le trône du Danemark. Cependant l’œuvre garde le lyrisme passionné de l’original, sur la musique d’Ambroise Thomas. Qualifié de dernier grand opéra français, il offre au baryton Jean-François Lapointe (Hamlet) une partition virtuose, et tout en finesse à la soprano Patrizia Ciofi (Ophélie)… L’ensemble des représentations sera dédié au baryton Bernard Imbert, dont on avait apprécié la verve à Velaux (à lire sur journalzibeline.fr), disparu le 2 juillet dernier. Il devait endosser le rôle d’Horatio dans cette production dirigée par Lawrence Foster avec le chœur et l’orchestre de l’Opéra de Marseille.

18 septembre Opéra de Marseille, Marseille 04 91 55 11 10 04 91 55 20 43 opera.marseille.fr

Qui a dit que le chant traditionnel occitan était forcément rural et sclérosé dans sa gangue de coutumes ancestrales ? Certainement pas ceux qui ont entendu Lo Còr de La Plana. L’Occitanie se fait urbaine progressiste, jongle avec la polyphonie, se métisse de toutes les influences qui constituent Marseille. Bref, rock et ragamuffin se mêlent à l’inspiration occitane. Les cinq musiciens de ce groupe inventif né dans le quartier de la Plaine, Manu Théron, Denis Sampieri, Benjamin Novarino-Giana, Rodin Kaufmann, Sébastien Spessa, vous emportent dans le flux dynamique de leur musique, les pieds ont du mal à rester en place. Vivifiant !

7 octobre Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu

22 septembre Auditorium, Le Thor auditoriumjeanmoulin.com

Concert augmenté

© Christian Dresse 2010

Hamlet

Lo Còr de La Plana

© Santi Oliveri

@ Fanny Latour Lambert

Une alliance de rock et de littérature, de romantisme et de guitares électriques, le groupe Feu ! Chatterton, en clin d’œil au poète Thomas Chatterton dont le destin tragique inspira tant d’auteurs (de Vigny à Bashung), apporte sa verve, son onirisme, sa fougue, sa poésie. Ils interprèteront leur tout nouvel album, Ici le jour (a tout enseveli). En 1re partie, Le soleil de Bacchus offre la poésie pressée de l’homo sapiens moderne concoctée par Teorem.

© Yann Orhan

Feu ! Chatterton

41

Sans doute l’un des plus extraordinaires pianistes de sa génération, Nicholas Angelich interprètera trois pièces qui sont chacune un défi tant par leurs difficultés techniques que par la finesse demandée par leur exécution, contrastes emportés, subtiles variations… lumineuse Ballade n°2 de Chopin, folie des huit pièces de Kreisleriana de Schumann, ampleur de la diabolique Sonate en si mineur de Liszt… Toutes les nuances humaines, de la rêverie aux élans les plus exacerbés de l’âme se retrouvent dans ce concert incontournable ! 28 septembre GTP, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net


42 au programme

musiques

marseille bouches-du-rhône hérault alpes-maritimes vaucluse var

Concerto a tempo d’umore

Le foyer de l’opéra de Marseille accueille une formule de musique de chambre pour ce clin d’œil aux petits rats de l’opéra, avec une formation réduite, comprenant hautbois (Armel Descotte), flûte (Jean-Marc Boissière), clarinette (Alain Geng), basson (Stéphane Coutable) et, curieusement égaré dans les bois (sic !), un cor (Julien Desplanque). Ces jeunes et talentueux artistes interprèteront des extraits de Bizet, Berio, Ibert, Arnold, Debussy, Prinz. De quoi forger un beau début de culture musicale pour 5€ seulement.

Qui a dit que la musique classique n’était pas capable d’humour ? L’Orquestra de Cambra de l’Empordà livre avec talent la démonstration du contraire ! Les onze musiciens de l’ensemble, dirigés par la baguette facétieuse de Carles Coll Costa sur le scénario de l’auteur et metteur en scène Jordi Purtí, s’en donnent à cœur joie pour le plus grand bonheur des spectateurs, mélomanes avertis ou pas. Vivaldi, Bach, Mozart, Chopin (…) se retrouvent dans les situations les plus invraisemblables… Attention, crampe des zygomatiques garantie ! Quel beau cadeau d’anniversaire pour le théâtre de la Colonne qui fête ses trente ans !

8 octobre Opéra de Marseille, Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr

Les voix somptueuses de l’Ensemble Musicatreize se mêleront aux sonorités de l’orgue dans l’écrin de la salle Musicatreize pour un concert éclectique qui rassemblera des œuvres qui nous feront voyager de la république Tchèque à l’Angleterre et au Portugal. La Messe en mi bémol inachevée de Leos Janacek fut découverte par l’un de ses élèves 15 ans après la mort du compositeur, elle répond aux mots du maître « écrivez en latin mais pensez en tchèque ! ». Suivent le sublime Lo, the full final sacrifice de Gérald Finzi, et A Wilde Mass d’un des maîtres de la musique contemporaine Antonio Chagas Rosa. Le tout servi par les subtiles inflexions des chanteurs de Musicatreize…

© Jean-Baptiste Millot

Café Zimmermann

C’est avec bonheur que l’on retrouve pour son premier concert de la saison, Café Zimmermann, compagnon de route des théâtres et leurs directeurs artistiques, la claveciniste Céline Frisch et le violoniste Pablo Valetti. Sera brossé un portrait de Telemann, à travers des pièces choisies parmi ses 1500 œuvres. Précurseur et héritier, il tisse des liens entre le baroque et le classique, alliant variété des compositions et éclat. On entendra le Concerto en mi bémol majeur pour deux cors, cordes et basse continue, deux Ouvertures, l’une en fa majeur, l’autre en la mineur, et le Concerto pour violon en sol majeur. La jeune soprano néerlandaise Lenneke Ruiten se joindra à l’ensemble pour Ino, cantate pour orchestre et soprano. 5 octobre GTP, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

7 octobre Salle Musicatreize, Marseille 04 91 55 02 77 musicatreize.org

Festival d’orgue de Roquevaire Depuis 1997, les mois de septembre et octobre nous donnent rendez-vous à Roquevaire pour le Festival international d’orgue, sous l’égide de l’association des amis de l’orgue de Roquevaire, présidée par Jean Robert Cain qui invite chaque interprète à présenter les œuvres jouées. La proximité entre artistes et auditeurs est exceptionnelle, grâce à la situation inattendue de la console au milieu du public. Si bien que, rareté, l’on voit l’organiste se livrer au périlleux et acrobatique exercice qu’est celui de jouer des claviers, pédalier, tirettes du « roi des instruments ». Christopher Herrick, Jacques Garnier, Chantal de Zeeuw, Loïc Mallie, Pascal Marsault joueront seuls ou accompagnés par la Chorale Saint-Vincent ou le Chœur de l’opéra de Toulon, le Quintette de cuivres Giocoso, la clarinette de Philippe Carrara… du 18 septembre au 16 octobre Église Saint-Vincent, Roquevaire orgue-roquevaire.fr

8 octobre La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr

04 93 40 53 00

7 octobre Théâtre de Grasse theatredegrasse.com

Sol y Sombra Entre le soleil et l’ombre, l’exceptionnelle mezzo-soprano Béatrice Uria-Monzon, accompagnée de trois musiciens de l’Opéra National de Paris, Christophe Guiot (violon), Jean Ferry (violoncelle), Jean-Marc Bouget (piano), offre un programme espagnol d’une rare intensité, allant de Turina, Granados, Obradors, Chueca et Serrano, Bizet, Albeniz à De Falla. Musiques populaire et savante se mêlent, jouant sur l’infinie palette des émotions, tragique, légère, dense, emportée, élégante, raffinée, poétique… Un concert ensorcelant comme la cantatrice dans cette création… Beatrice Uria-Monzon © Philippe Gromelle

Ensemble Musicatreize © Guy Vivien

Concert voix et orgue

© Iconna Comunicacio Audiovisual

Les petits bois de l’opéra

8 octobre Opéra du Grand Avignon, Avignon 04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr


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Cavalleria rusticana/ Pagliacci

28e édition pour ce Festival qui anime avec toute sa verve les neuf communes du Pays de Fayence. Son directeur artistique, le violoncelliste Frédéric Audibert, a le talent de rassembler des musiciens virtuoses et généreux pour onze concerts ! Le Quatuor Cambini apportera la poésie de ses instruments anciens, celui de Van Kuijik la souplesse expressive des quatuors de Ravel et Debussy, entre autres partitions délicates. Les Quatuor Bélà et Voce s’uniront pour interpréter en première mondiale l’œuvre de la jeune compositrice Raphaèle Biston… On aura aussi le privilège d’entendre le violoncelliste Gary Hoffman et la flûte de Gionata Sgambaro… Master classes, partitions diaboliques… À voir et entendre sans modération !

Esprit Second Empire

Marc-André Hamelin © Fran Kaufman

Quatuor Voce © Sophie Pawlak

Quatuor à cordes en Pays de Fayence

Ces deux pièces véristes sont la plupart du temps données ensemble si bien que certains hésitent toujours dans l’attribution de leur paternité. Le melodramma en un acte de Pietro Mascagni, Cavalleria Rusticana, évoque l’amour malheureux de Santuzza (Deniz Yetim) et le duel tragique qui lui ravit son amant volage, Turridu (Lorenzo Decaro). Le dramma en deux actes de Leoncavallo, Pagliacci, voit l’acteur Canio (Badri Maysuradze), confondre à tel point réalité et fiction qu’il tue sa femme (Anna Kasyan) et son amant Silvio (Charles Rice)… Le tout sous la direction musicale de Giuliano Carella dans une mise en scène de Paul-Emile Fourny. Et c’est bouleversant !

En hommage aux muses que furent respectivement, pour Berlioz et Brahms, l’actrice anglaise Harriet Smithson et la pianiste virtuose Clara Schumann, le concert Esprit Second Empire offre deux œuvres majeures du XIXe, la Symphonie fantastique qui en cinq mouvements nous dit tout de la passion, et le Concerto pour piano et orchestre n° 1 en ré mineur opus 15 où le piano est à l’égal de l’orchestre. Au service de ces pièces magistrales, l’Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon dirigé par Michael Schønwandt et le piano de Marc-André Hamelin. Une conférence de Jean-Claude Yon décryptera les arcanes de ces monuments (diffusion le 7 octobre sur Radio Classique).

du 4 au 9 octobre Opéra de Toulon 04 94 93 03 76 operadetoulon.fr

Le Chalet

Julie Devos © X-D.R.

du 23 au 25 septembre Pays de Forcalquier 4 94 76 02 03 quatuors-fayence.com

Entre Pierres et mer #5 L’Ensemble des Voix animées, sous la houlette de Luc Coadou, poursuit son exploration du répertoire du XVIe siècle dans ce 5e volet du cycle Entre Pierres et mer, avec des musiques pour les chapelles princières de l’Europe au XIVe. Cette belle formation a capella nous entraîne dans un voyage qui nous mène de Paris à Munich en passant par Rome, Venise et Madrid, avec le Stabat Mater de Palestrina, des Motets de Josquin des Près, Jena Mouton, Jacobus Vaet, Clemens Non Papa, Roland de Lassus, Tomas Luis de Victoria. À ce programme s’ajoute une touche contemporaine avec l’interprétation d’une création de Léo Collin. Incontournable !

Créé en 1834 à l’opéra-comique, cette œuvre d’Adolphe Adam remporta un triomphe (plus de 1500 représentations). On aura le plaisir de l’entendre dans sa version concert, interprétée par l’orchestre symphonique de l’Opéra de Toulon sous la houlette de Guillaume Tourniaire. La charmante Bettly (Jodie Devos) est courtisée par Daniel (Sébastien Droy) qui voit un rival en Max (Ugo Rabec), officier hâbleur, (frère de la belle, mais Daniel l’ignore). Ce dernier pousse les jeunes gens dans leurs derniers retranchements (vocabulaire martial oblige) pour qu’ils accèdent enfin au bonheur. Légèreté, fraîcheur, entrain, sont les maîtres mots de cette délicieuse fantaisie.

11 septembre Abbaye du Thoronet, Le Thoronet 06 51 63 51 65 lesvoixanimees.com

16 septembre Opéra de Toulon 04 94 93 03 76 operadetoulon.fr

30 septembre & 1er octobre Opéra Berlioz, Montpellier 04 67 60 19 99 opera-orchestre-montpellier.fr

Week-end David Kadouch Révélation Jeune Talent des Victoires de la musique 2010, Young Artist of the Year au Classical Music Awards 2011, David Kadouch est sans aucun doute l’un des pianistes les plus brillants de sa génération. Deux concerts d’une virtuosité folle, le temps d’un week-end, dans l’écrin de la Salle Pasteur (Corum), permettront de retrouver cet interprète aux doigts d’or, dans des programmes qui unissent Chopin, Rachmaninov, Medtner, Ravel, Liszt, Debussy, Bartók, Schumann… Valses, sonnets, concert sans orchestre, soirées, Gaspard de la nuit… notes rêveuses et puissantes… Laissons-nous aller à la magie de l’enchanteur ! 8 & 9 octobre Le Corum, Montpellier 04 67 60 19 99 operaorchestre-montpellier.fr


44 au programme cinéma marseille bouches-du-rhône

Le cinéaste et le géographe

Burlesque au féminin Beatbox

L’heure exquise de René Allio © Shellac.

Le cinéma Les Variétés, Image de Ville, le Musée d’Histoire de Marseille, la MAV PACA et les éditions Parenthèses organisent deux séances spéciales autour de l’œuvre de René Allio à l’occasion de la sortie de l’ouvrage de Marcel Roncayolo : Le Géographe dans sa ville. Cette ville, c’est Marseille. Natale et matricielle, et pour le géographe Roncayolo qui en a fait son laboratoire d’analyses, et pour le cinéaste Allio dont on reverra avec bonheur deux films mettant en scène la cité phocéenne. Chaque projection sera suivie d’une rencontre avec une historienne du cinéma : Marguerite Vappereau, le 11 septembre à 18h, présentera La Vieille Dame indigne (1965), Katharina Bellan le 18, L’Heure exquise (1981), une promenade intime dans l’enfance du réalisateur et dans les quartiers populaires du Vieux Port, du Panier, de la Belle-de-Mai, des années 20 aux années 50. Cinéma Les Variétés, Marseille 08 92 68 05 97 cinemetroart.com

Changer, c’est difficile

La Vie adulte de Jean-Baptiste Mees © Primaluce

Le 15 septembre à 19h30, projection de La Vie adulte de Jean-Baptiste Mees, en présence du réalisateur. Ce moyen métrage soutenu par la Région ALPC, en partenariat avec le CNC, met en scène Antho, dit Pietzak, qui habite une ville portuaire au bord de la Méditerranée. On demande à ce jeune garçon de 18 ans, sur le point de passer un CAP de réparation navale, de devenir adulte en cessant de chahuter et de se battre. Changer, c’est difficile, répond-il à ses profs ; pourtant, cet été-là, il a découvert que sous l’eau, il était différent. Cinéma Les Variétés, Marseille 08 92 68 05 97 cinemetroart.com

Le 20 septembre à 20h30, dans le cadre de Marsatac, rencontre au cinéma Les Variétés avec Pascal Tessaud après la projection de son film Beatbox, boom bap autour du monde. Le beatbox, « boîte à rythme vocale », issu d’ancestrales pratiques indiennes et chinoises, lié d’abord aux ghettos du Bronx et au hip hop, s’est étendu dans l’underground planétaire. Le réalisateur nous entraîne dans un voyage inédit aux côtés de Rahzel et Kenny Muhammad à New York, de Flashbox, Alem et BMG en France et jusqu’aux championnats du monde de Berlin.

Beatbox © ARTE France Distribution

Cinéma Les Variétés, Marseille 08 92 68 05 97 cinemetroart.com

Roméo et Kristina Lui, c’est Roméo. Elle, ce n’est pas Juliette mais Kristina. Tous deux sont jeunes, tsiganes, et s’aiment. Trimballés d’une Roumanie, où il leur est impossible de vivre, au pont de la gare St Charles sous lequel ils s’abritent avant d’en être chassés, ils inventent au jour le jour leurs moyens de survie. Nicolas Hans Martin, familier de la langue romani, a filmé leur quotidien précaire, avec émotion, sans misérabilisme, pendant plus d’un an. Roméo et Kristina sera projeté au Gyptis le 9 septembre à 20h, en présence du réalisateur et des deux protagonistes de ce documentaire qui nous parle d’un amour fragile et universel.

Roméo et Kristina de Nicolas Hans Martin © 4 à 4 productions

Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 la friche.org/content/le-gyptis

Jacky Goldberg © X-D.R

Le 18 septembre à 17h au Gyptis, on s’intéressera aux comédiennes qui font rire, de plus en plus nombreuses dans le cinéma comique contemporain. Jacky Goldberg, bien connu des lecteurs des Inrocks et réalisateur d’un documentaire sur Jude Apatow, donnera une leçon de cinéma sur cette tendance du cinéma. En partant des modèles américains passés comme Julie Andrews, Katharine et Audrey Hepburn, il se penchera sur quelques figures burlesques féminines présentes par ailleurs dans la programmation du Gyptis. Entre autres, Kristen Wiig et Melissa McCarthy dans SOS fantômes de Paul Feig, Sandra Hüller dans Toni Erdmann de Maren Ede, ou encore Virginie Efira dans Victoria de Justine Triet. Une leçon de rentrée des classes, à ne pas manquer ! Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 la friche.org/content/le-gyptis

Vers l’autre rive Pour sa rentrée, Art et Essai Lumière propose le 25 septembre à 18h30 à L’Eden de La Ciotat, Vers l’autre rive du Japonais Kiyoshi Kurosawa, adapté du roman de Kazumi Yumoto ; Prix de la mise en scène de la section Un certain regard 2015, une fable sur le deuil, le voyage réconciliateur d’une femme et du fantôme de son époux, disparu en mer trois ans plus tôt La séance sera animée par Guy Astic, enseignant en cinéma et directeur des éditions Rouge Pro-fond. Art et Essai Lumière, La Ciotat 06 64 85 96 40 artetessailumiere.fr


L’Odyssée Le 22 septembre à 20h30 au cinéma Le Prado, en avant première, L’Odyssée de Jérôme Salle, biopic sur le commandant Cousteau, interprété par Lambert Wilson. Une Odyssée qui retrace la vie, les expéditions, l’ascension et la carrière de l’aventurier des fonds marins mais aussi les relations tendues que l’explorateur entretenait avec sa famille, en particulier avec son fils Philippe (Pierre Niney). Audrey Tautou est sa femme, Simone. En présence du réalisateur et du comédien Lambert Wilson. Cinéma le Prado, Marseille 04 91 37 66 83 cinema-leprado.fr

Andrea Ferréol

Despair de Fassbinder © Carlotta Films

À l’occasion de la sortie de son autobiographie La passion dans les yeux (éd. de l’Archipel) le 24 septembre, Andrea Ferréol sera à l’Eden de La Ciotat et présentera deux films parmi la soixantaine qu’elle a tournés. À 18h, Despair de Fassbinder où elle joue aux côtés de Dirk Bogarde, adapté d’un roman de Nabokov. À 21h, La Nuit de Varennes d’Ettore Scola, où elle est accompagnée de Marcello Mastroianni, Jean-Louis Barrault, Hanna Schygulla et Harvey Keitel.

04 96 18 52 49

Eden Théâtre, La Ciotat edencinemalaciotat.com

Résistances Du 30 septembre au 4 octobre, en partenariat avec l’association Esprit en liberté, Les Lumières de l’Eden propose 5 films qui montrent comment des femmes et des hommes protestent et résistent avec leurs convictions, leurs idéaux pour la construction d’une société meilleure : Desert dancer de Richard Raymond, La Terre et l’ombre du Colombien César Acevedo, À peine j’ouvre les yeux de Leyla Bouzid, Jimmy’s hall de Ken Loach et Demain de Cyril Dion et Mélanie Laurent. 04 96 18 52 49

Eden Théâtre, La Ciotat edencinemalaciotat.com

Journées de l’Exploration Scientifique Du 16 au 18 septembre à l’Eden Théâtre de La Ciotat, la Société des Explorateurs Français propose les premières Journées de l’Exploration Scientifique. L’occasion de découvrir de grands films d’exploration scientifique, d’assister à des conférences, de participer à des débats, de rencontrer des écrivains, réalisateurs et explorateurs. En clôture le 18 à 20h30, Le Sacre de l’Homme de Jacques Malaterre, en présence du réalisateur.

04 96 18 52 49

Eden Théâtre, La Ciotat edencinemalaciotat.com lumexplore.com

LOUISE ATTAQUE • HUBERT-FÉLIX THIÉFAINE CASSIUS • DELUXE • DUB INC. • JEANNE ADDED NAÏVE NEW BEATERS • BROKEN BACK PUPPETMASTAZ • SKIP&DIE VS LINDIGO THE DIZZY BRAINS • MOUSSU T E LEI JOVENTS SMOKEY JOE & THE KID • LA YEGROS PINKNOCOLOR • DJ OIL • WHAT THE S***D LOU SERIOL • SWAN INK • CABARET CATALAN BLOCO « UNIÃO DU SUD » BANDA DU DOCK • FIESTA DES MINOTS...


46 au programme cinéma marseille bouches-du-rhône hérault gard vaucluse

Ciné concert

Dures réalités Sonita

A Musica Segundo Tom Jobim © Nelson Pereira Dos Santos

Le 20 septembre à 20h, en partenariat avec Le Cri du Port, l’Alhambra Ciné Marseille propose un ciné-concert : le pianiste compositeur Philippe Baden Powell revisite le jazz en y apportant les couleurs de la musique brésilienne. Projection du film de Nelson Pereira Dos Santos, A Música Segundo Tom Jobim, un documentaire sur le musicien brésilien Antonio Carlos Jobim, dit Tom Jobim, cofondateur du style « bossa nova ».

Le 5 octobre, l’Utopia de Montpellier accueillera Rokhsareh Ghaem Maghami, cinéaste iranienne, pour la projection, en avant-première, de son film Sonita. Cette œuvre, hybride entre documentaire et création, nous plonge dans le quotidien d’une adolescente, réfugiée afghane en Iran. Passionnée de rap, elle enregistre ses titres clandestinement, quand elle ne travaille pas au foyer pour enfants qui l’accueille. Et doit faire face à sa famille, qui souhaite la ramener au pays pour la marier contre une dot bien garnie.

Cinéma l’Alhambra, Marseille 04 91 03 84 66 alhambracine.com

Le Ciel attendra de Marie-Castille Mention-Schaar © UGC Distribution

Le 15 septembre, à l’Utopia d’Avignon, avant-première de Le Ciel attendra, en présence de Marie-Castille Mention-Schaar, la réalisatrice. Au cœur de l’actualité, ce film, avec notamment Sandrine Bonnaire, dépeint l’embrigadement par DAESH de deux jeune filles, sans que leur entourage n’en soupçonne rien. Le 30 septembre, autre sujet sensible, avec Fuocoammare, par delà Lampedusa, de Gianfranco Rosi, Ours d’Or de la Berlinale 2016. Des membres de SOS Méditerranée, qui œuvrent à secourir des migrants en mer, seront présents pour une discussion. Cinéma Utopia, Avignon 04 90 82 65 36 cinemas-utopia.org

Sonita de Rokhsareh Ghaem Maghami © Septième Factory

Lampedusa

Cinéma Utopia, Montpellier 04 67 52 32 00 cinemas-utopia.org

Exotica, erotica etc. Doc et débat

Fuocoammare de Gianfranco Rosi et Viviana Andriani© Météore Films

En partenariat avec SOS Méditerranée et Amnesty International, à partir du 28 septembre, à l’Alhambra Cinémarseille, le film de Gianfranco Rosi et Viviana Andriani, Fuocoammare, par-delà Lampedusa, Ours d’Or Berlin 2016 :« Lampedusa est la frontière d’une Europe qui refuse aujourd’hui ceux qui fuient la guerre et la faim en acceptant le risque de se noyer en mer, profond tombeau » déclarait Gianfranco Rosi qui a vécu plus d’un an sur Lampedusa, observant la vie des pêcheurs de l’île, accompagnant les équipes chargées de porter les premiers secours…

Le 17 septembre, en lien avec les Journées du Patrimoine (voir notre cahier spécial et p 10 et 11), le cinéma Sémaphore de Nîmes accueillera Dominique Guerrero et Clotilde Verriès, réalisatrices de Bleu de pastel. Denise Lambert, maître pastellière, à qui le film est consacré, les accompagnera, pour évoquer la fabrication de ce pigment végétal ancestral. Le 20 septembre, Le scaphandre et le papillon de Julian Schnabel sera à l’affiche, suivi d’un débat autour du Locked-in syndrome, avec Frédéric Pellas, docteur au CHU de Nîmes.

Cinéma l’Alhambra, Marseille 04 91 03 84 66 alhambracine.com Bleu de pastel de Dominique Guerrero et Clotilde Verriès © Argane Productions

Cinéma Sémaphore, Nîmes 04 66 67 83 11 cinema-semaphore.fr

Exotica, erotica etc. d’Evangelia Kranioti © A3 Distribution

Soirée dédiée à la Grèce ainsi qu’aux ports du monde entier, le 23 septembre au Méliès de Port-de-Bouc. En partenariat avec le festival Zones Portuaires, rendez-vous exceptionnel avec la réalisatrice grecque Evangelia Kranioti, qui présentera son film, Exotica, erotica etc. Dans cette œuvre, la cinéaste croise deux destins distincts, éloignés, et pourtant en résonance commune : celui de Sandy, la prostituée chilienne, et de Yorgos, le capitaine grec. Au-delà du temps et de l’espace, tous deux entament le dialogue de leurs mémoires. Cinéma Le Méliès, Port-de-Bouc 04 42 06 29 77 cinemelies.fr



48 au programme cinéma bouches-du-rhône vaucluse

ardèche

10 ans de réflexion Du 29 septembre au 1er octobre 2016, à la Cité du livre, à l’Institut de l’Image et au cinéma Le Mazarin, Image de Ville pour la 11e édition des Journées du film sur l’environnement, invite à parler écologie. Retour sur 10 ans de réflexion, héritage précieux des précédentes éditions à partager sans modération ! Les témoignages de réalisatrices-teurs, de philosophes, d’écrivains, de scientifiques, d’élus, d’acteurs de terrain, se croisant, se complétant, s’éclairant mutuellement. Comme toujours des cinéastes invités accompagneront leurs films. Entre autres, Claire Simon avec Le Bois dont les rêves sont faits, Elisabeth Leuvrey avec At(H) ome, Marie-Monique Robin avec le tout nouveau Qu’est-ce qu’on attend ? On pourra revoir un « classique » du 7e art : La Forêt interdite de Nicolas Ray et la Palme d’or cannoise 2010 : Oncle Boonmee d’Apichatpong Weerasethakul. On pourra partir au Japon avec The Land of hope de Sion Sono, entendre ceux de Tchernobyl dans La Supplication de Pol Cruchten. Visiter

Kino Visions : 2ème round

Oncle Boonmee, d’Apichatpong Weerasethakul © Pyramide Distribution

Croq’Jardin à La Roque d’Anthéron, les Jardins partagés de Lou Grillet à Encagnane ou le Parc agro-écologique de Gardanne. Joliment intitulées Le Réveil vert, ces journées, à l’heure du réchauffement climatique et de la transition énergétique, feront sortir du sommeil ou de la somnolence tous les publics pour imaginer un avenir commun au-delà de noires interrogations anxiogènes. ÉLISE PADOVANI

Journées du film sur l’environnement du 29 septembre au 1er octobre Aix-en-Provence 04.42.63.45.09 imagedeville.org/

Une journée de courts

Réplique, d’Antoine Giorgini © Wrong Men copie

Le 8 octobre à partir de 14h, à Rousset, Les Films du Delta proposent le 11e épisode de Courts-Bouillon ; un jour, des courts, le meilleur : 37 courts métrages, venus d’une dizaine de pays, en trois séances « Coups de cœur », ainsi qu’une séance spéciale de 13 courts d’animation en partenariat avec l’école MOPA d’Arles. Si vous aimez sourire, ne ratez pas Réplique d’Antoine Giorgini où Tony qui doit passer une audition est lâché par l’ami censé lui donner la réplique, ni Madam Black d’Ivan

Barge où un photographe qui a écrasé le chat d’une fillette fait appel à son imagination pour expliquer la disparition de l’animal. Ni Paniek ! de Joost Lieuwma et Daan Velsink où l’on voit Marja, au volant de sa voiture, imaginer toutes sortes de catastrophes ! Vous serez sans doute touchés par Maman(s) de Maïmouna Doucouré, qui évoque le problème de la polygamie, ou par Il Silenzio de Farnoosh Samadi et Ali Asgari, l’histoire de Fatma, réfugiée kurde en Italie, qui lors d’une consultation médicale doit traduire ce que le médecin dit à sa mère… À l’issue de la séance de clôture, pour accompagner ce délicieux moment, sera offert le « Vin et Velouté Courts-Bouillon » Pour le programme complet : www.filmsdelta.com

Courts-Bouillon 8 octobre Les Films du Delta, Rousset 04 42 53 36 39 filmsdelta.com

Deuxième édition pour Kino Visions, le festival en langue allemande qui se déroulera à Marseille du 21 au 25 septembre, parrainé par Rüdiger Vogler. Cet acteur, dont la filmographie traverse l’histoire du cinéma européen, présidera, le 21 septembre à 20h, au cinéma Les Variétés, la soirée d’ouverture. Il y présentera le premier volet de la trilogie de Wim Wenders récemment remasterisé, dédiée à l’errance : Alice dans les villes (1974). Simultanément au MuCEM, se déroulera un ciné-concert autour du film de Karl-Heinz Martin, De l’aube à minuit (1920), drame expressionniste accompagné ici par les impros et le groove hypnotique de ARK4. Ce seront encore des œuvres de répertoire que Kino Visions proposera pour sa clôture le 25 au Théâtre de La Criée avec un cinéconcert de Raphaël Imbert qui jazzera de tout son saxo sur les silhouettes de la Carmen de Lotte Reiniger (1933), suivi par un délice endiablé de Ernst Lubitsch : La Princesse aux huîtres (1921). À côté de ces grands films de référence, à l’exception de Stephen Wagner pour Die Akte general qui retrace le combat du procureur Fritz Bauer contre la dissimulation des crimes nazis et de Who I am du réalisateur suisse Baran Bo Odar, le cinéma allemand et autrichien contemporain, sera essentiellement représenté par des femmes. Maria Schrader viendra au Gyptis le 23 pour la projection de son biopic crépusculaire : Stefan Zweig, adieu l’Europe. Ruth Beckermann sera aux Variétés le 24 avec son très beau Die geträumten dans lequel elle restitue, par la voix de deux jeunes gens enregistrée en studio, la correspondance et la relation amoureuse initiée en 1948 entre les poètes Ingeborg Bachman et Paul Celan. On pourra voir également deux films de la surdouée Maren Ade : Alle Anderen, étude subtile non dénuée d’humour d’un couple de trentenaires, Ours d’argent à la Berlinade 2009 et Toni Erdmann, nominé aux Oscars 2016. ÉLISE PADOVANI

http://kinovisions.blogspot.fr/

Toni Erdmann de Maren Ade © Haut et Court


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Documentaires d’auteurs

L’équipe de Tenk © Laurette Iragne

Aux États Généraux du documentaire de Lussas 2015 avait été décidée la création de Tënk, première plateforme de vidéo à la demande sur abonnement pour défendre le documentaire d’auteur. Tënk en wolof signifie « énoncer une pensée de façon claire et concise », en référence aux relations franco-sénégalaises mises en place depuis Lussas, et notamment aux rencontres

Africadoc. Un an après, depuis le 15 juillet 2016, Tënk est disponible : pour 6 euros par mois, vous avez accès à plus de 60 films documentaires, films qu’on voit en festivals, films rares, grands classiques ou créations contemporaines, des œuvres qui manquaient jusque là de visibilité. Chaque film reste en ligne durant deux mois et, chaque vendredi, une dizaine de films nouveaux sont proposés.

Répartis en dix plages thématiques, telles que « Histoire et politique », « Brouillon d’un rêve » avec la SCAM et « Écoute » avec la SACEM…, ils sont sélectionnés par une vingtaine de professionnels du documentaire d’auteur. Le site étant participatif, chaque abonné peut commenter les films, poser des questions aux auteurs…. Par exemple, vous pouvez voir actuellement dans la plage « Brouillon d’un rêve », le superbe film de Régis Sauder, Être là, ou celui de la réalisatrice disparue récemment, Solveig Anspach, Faux tableaux dans vrais paysages irlandais, ou dans la plage « Docmonde » découvrir Kelly, en suspens, entre trois continents, trois langues et trois mondes dans le documentaire de Stéphanie Régnier. Des films venus des quatre coins du monde, on aurait tort de ne pas en profiter ! ANNIE GAVA

tenk.fr/

Du cinéma par tous et pour tous Du 22 au 25 septembre, l’association Ciné Plein Soleil propose la 13e édition des Rencontres Cinématographiques de Cavaillon : 4 jours de projections de courts et longs métrages, ainsi que des rencontres entre les professionnels et le public animées par le critique Xavier Leherpeur. Parmi les 20 films projetés, 6 avant-premières dont, en ouverture, le 22 septembre à 20h30, Le Client d’Asghar Farhadi, l’histoire d’un jeune couple iranien qui tente de retrouver une vie normale. On pourra voir aussi le premier long de Marine Place, Souffler plus fort que la mer, et rencontrer la réalisatrice, accompagnée d’un de ses acteurs, Aurélien Recoing. Autre invitée, Dominique Cabrera avec Corniche Kennedy (voir Zib 98) et L’autre côté de la mer. Coups de projecteur aussi sur Christine Carrière avec Darling et Une Mère, deux portraits de femmes fortes incarnées par Marina Foïs et Mathilde Seigner, ainsi que sur l’acteur belge flamand Wim Willaert qu’on pourra apprécier dans Quand la mer monte de Yolande Moreau et Offline de Peter Monsaert. Peut-être ne connaissez-vous pas l’actrice russe Dinara Droukarova ? Vous pourrez la découvrir

dans Marussia d’Eva Pervolovici, dans Depuis qu’Otar est parti de Julie Bertuccelli et La Supplication, le documentaire de Pol Cruchten qui parle du monde de Tchernobyl. Jérôme Bonnell sera présent pour présenter J’attends quelqu’un et son 5e film, Le Temps de l’aventure. Et pour clôturer cette 13e édition, en avant-première, le premier long métrage de Nadège Loiseau, Le Locataire, avec Karine Viard, Philippe Rebbot et Hélène Vincent. Des films pour toutes et tous, des invité-e-s

venu-e-s de Belgique, d’Iran, de Suisse, de Russie, de France, du Luxembourg, accueilli-e-s aux cinémas Le Fémina et La Cigale. A.G.

Rencontres Cinématographiques de Cavaillon du 22 au 25 septembre rencontrescine-cavaillon.fr

Le Client d’Asghar Farhadi © Memento Films Distribution © Habib Majidi, SMPSP


50 critiques arts visuels

Depuis 10 ans la rentrée culturelle à Marseille se fait sous le signe de l’art contemporain. Une tendance qui se confirme, jusqu’au Manifesta !

Rentrez en art

A

rtorama, les expos de la Friche, Paréidolie... Durant le même week-end galeries privées internationales, tissu associatif local, éditions, écoles d’art, tous les étages de la Tour Panorama de la Friche font leur rentrée et rassemblent les habitants du territoire fraîchement rentrés de villégiature, et les collectionneurs nationaux et internationaux avant qu’ils ne quittent la leur. Un public composite qui donne le ton d’Artorama : 21 galeries font salon, l’accueil est bilingue, avec preview et journées VIP... mais le financement est essentiellement public, et les oeuvres les plus intéressantes sont celles qui sont produites ici, et se donnent à voir dans les showrooms. Les 21 galeries proposent des œuvres à vendre, et l’hétérogénéité comme le manque d’intérêt de certaines est flagrant : celles signalées comme « à l’avant garde de la scène internationale » témoignent pour la plupart d’un retour à une figuration sans

Glen Baxter-Untitled 2008 Encre et Crayon sur papier 53x79 cm © Courtesy Galerie Isabelle Gounod

technique, ou d’un art conceptuel qui manque de concepts. Ce qui n’empêche pas d’y trouver quelques très bonnes idées : la section des éditeurs d’art, toute nouvelle, est passionnante, parce qu’il y est aussi question d’artisanat, et de production multiple, donc accessible. Et puis quelques rencontres artistiques de qualité : dans un showroom Jean Louis Faurat fait voir une bande son, divise les voix en deux et les transforme en couleurs, durées et formes. Juste à l’entrée un bureau sombre éclaté en tous sens, fracasse aussi l’espace d’exposition jusqu’au plus haut de la Cartonnerie : Mahatsanga Ledantec, lauréat du prix de l’Esadmm 2016, a tout de l’esprit frappeur ! Plutôt militante que révoltée, Cinéma travail d’Özlem Sulak, vidéo d’animation présentée par Mécènes du Sud, redessine le détail et l’ampleur de cette salle mythique d’Istanbul, symbole d’une Turquie libre et internationale, aujourd’hui détruite.

Tour Panorama La Friche inaugure ses expos de rentrée dans l’élan d’Artorama qu’elle abrite, avec des propositions d’artistes et de structures résidentes. Dans le petit théâtre un film étonnant, partie du projet Dreamers, de Véronique Rizzo,

où l’artiste, à partir d’images documentaires, fabrique un puzzle plastique : bande son, cadre, image et texte composent une forme inversée de mosaïque, où l’assemblage de parties figuratives forme un visage abstrait... Labor Zero Labor réalise l’utopie d’une webtélé d’artiste, et la Friche lui a construit pour un temps un studio où la question du regard se pose mille fois : le spectateur est-il celui qui est là, celui qui regarde par l’oeilleton, celui qui suit sur le web en direct l’émission transmise, celui qui la podcaste ? Reste encore à qualifier ce qui y est produit, pour l’instant peu convaincant... de même que les Incertitudes du Goethe Institut, exposition d’une sélection d’artistes d’Hambourg. Plus drôle, et pas seulement, le canular Raoul Reynolds. En inventant un artiste (1905/1969) qui a traversé le siècle du Bauhaus au Land art en passant par symbolisme et surréalisme, Tank Art Space propose un voyage dans l’histoire de l’art, une réflexion sur la monographie rétrospective et la célébration posthume. Ainsi que l’occasion pour des artistes, choisis en fonction de leur esthétique personnelle, de produire des œuvres, pour la plupart intéressantes, « à la manière de » l’air du temps et de ses modes passées. Une véritable double lecture pour le visiteur ! L’interprétation à l’oeuvre, en haut de la Tour,


51 permet quant à elle d’interpréter dans tous les sens du terme, en jouant, en dansant, et en questionnant le sens (voir ci-contre).

Dessiner Interprétation ? Il en est question depuis l’origine, et le nom du Salon. La « paréidolie » est un phénomène optique, celui qui fait que notre œil interprète, et voit une figure humaine dans un assemblage, fortuit ou pensé, de formes. Le salon du dessin contemporain de Marseille organisé par le Château de Servières cherche dans cet à côté, ce « para eidôlon » de l’image figurative. Sa troisième édition témoigne d’une attention portée à la diversité esthétique des galeries internationales invitées, mais aussi à la pertinence du comité de sélection, et au souci d’accueil du public. La galerie boulevard Boisson a été agrandie tout en gardant sa chaleur et la qualité intime des espaces d’exposition . La foule s’y presse sans se presser. Et achète : parce que les œuvres sont abordables, et qu’elles peuvent être exposées chez soi. Parce qu’elles témoignent aussi de la grande maîtrise technique des artistes, de leur poésie souvent, de leur rapport aux mots parfois, au décalage toujours. Seul bémol à ce salon formidable : il dure trop peu ! Car, de l’ironie de Glen Baxter (ses cow-boys se référent à Fragonard ou Houellebecq) à la poésie des nuages de Caroline Corbasson (travail minutieux au charbon sur des pages d’Atlas) le monde du dessin explore toutes les pistes, les matériaux, les techniques. Quelques jours de plus seraient souhaitables pour que le public ait le temps de découvrir ce vaste champ... Heureusement Paréidolie prolonge le salon en proposant une Saison du dessin, qui signale les expositions en cours, à retrouver sur son site.

La Ville de Marseille profitait de la visite de presse de rentrée pour confirmer que Marseille accueillera la 13e édition de Manifesta en 2020. Ce sera sans nul doute un événement. La biennale est une manifestation d’importance, qui sait placer l’art contemporain dans des problématiques pertinentes et subversives. Ainsi à Zurich, au cœur des banques, il était question de « ce que les gens font pour de l’argent ». À Palerme en 2018, à Marseille en 2020, il s’agira de se demander ce que des villes européennes atypiques, frontières sinon confins de l’Europe, peuvent lui apporter. Le budget de Manifesta Marseille est d’ores et déjà bouclé semble-t-il : la région et le département abondent, la ville a voté un budget spécial, qui n’ampute pas le budget culture. Les montants, la part de Manifesta et des mécènes, restent à définir. Tout comme les infrastructures : Marseille peine déjà à exposer ses propres collections, remarquables, d’art contemporain et moderne. La question du financement sera donc essentielle ! AGNÈS FRESCHEL

Paréidolie a eu lieu les 27 et 28 août à la Galerie du Château de Servière, Marseille La saison du dessin se poursuit en automne dans différentes galeries du réseau Marseille expos 04 91 85 42 78 pareidolie.net

Interprétations à l’œuvre Vidéos, installations, documentations, sculptures de 14 artistes des scènes artistiques françaises et canadiennes abordent la question du langage gestuel dans un dispositif scénique inédit, entre exposition et scène. Cette proposition originale d’Astérides s’enrichit de deux performances : Que dire ? par Éric Duyckaerts le 8 octobre, et Yesterday is also Tomorrow and Today is like Here par Ulla Von Brandenburg les 26 et 27 novembre. M.G-G. jusqu’au 27 novembre Friche La Belle de Mai, Marseille 04 95 04 95 01 astérides.org

consTellaTions#6

En 2020

Artorama jusqu’au 11 sept Raoul Reynolds, une rétrospective jusqu’au 30 octobre Incertitudes jusqu’au 25 sept 04 95 04 95 95 lafriche.org

Karen Kraven, 37 Fouettés, 2015. Photo © Yuula Benivolski

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Toulon

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2016

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Musée d’arT, hôTel des arTs, ThéâTre liberTé…

fesTival danse theatre musique performances une proposition de Kubilai Khan invesTigaTions


52 critiques arts visuels

Jean Joseph Sanfourche © ADABS

errière l’élégante porte vitrée, ils sont tous là. Les originaux, les obsessionnels, les visionnaires, les illuminés, les déficients, les habités. Avec du bois, des os, du ciment, des stylos-billes, des feutres, de la laine, des coquillages, de la peinture, des mots, ils habitent le tout nouveau Musée d’Art brut de Montpellier. Avec ses 750 œuvres, le lieu permet d’offrir un parcours foisonnant dans le monde de cet art hors frontières, tellement mouvant qu’il faudrait régulièrement lui inventer de nouvelles appellations. Toujours controversées, heureusement jamais respectées. « Horsnormes », « singulier », « Création franche », « naïf », « art des fous »… Critiques, historiens d’art et collectionneurs naviguent au gré des courants et des époques, toujours à la recherche d’un terme qui pourrait définir au plus près cette création que Jean Dubuffet a été le premier à célébrer, dès 1945, celle qui émane « de personnes indemnes de culture artistique, (…) de sorte que leurs auteurs y tirent tout de leur propre fond et non pas des poncifs de l’art classique ou de l’art à la mode ».

Envoûtement

Antoine Rigal © ADABS

Absolue nécessité L’invention, la pulsion, l’absolue nécessité, sont les moteurs de ces créateurs, qui bâtissent des œuvres pour eux-mêmes, dans l’antre de leur vie domestique, ou carcérale, ou recluse, ou dans un asile psychiatrique... Ils érigent un mur créatif entre eux et le monde qui les rejette ou les effraie. Une seconde peau, en quelque sorte : une protection sur mesure. Un art qui s’ignore. Un art qui n’est pas à vendre. Un langage crypté, tourné vers l’intérieur, regardant son seul créateur. C’est tout un art alors, aussi, que de collecter ces œuvres prothèses. Patrick Michel, avec son frère Denys, fondateurs du musée montpelliérain, a réussi à rassembler un ensemble impressionnant de créations. Fils de Fernand Michel, artisan d’art qui a muté vers une création aux frontières de l’art brut (la frontière, toujours cette frontière qui enserre et exclut à la fois…), ils ont voulu partager et développer l’activité de leur père. Ils rénovent la maison

Chaïbia © ADABS

L’art brut apprivoisé D

Après sept années de travaux, rénovation, recherches d’œuvres, le Musée d’Art Brut de Montpellier a ouvert ses portes. Visite guidée.

familiale, conservant l’atelier paternel, avec ses trésors de zinc, de boulons, de vis, ses presses à relier, ses outils, tout ce qui lui permettait d’élaborer son œuvre « d’artiste-zingueur », comme il s’appelait lui-même. Il avait rencontré nombre d’artistes et de collectionneurs, tous dans la mouvance Art brut, et commencé de réunir un fonds. Après son décès en 1999, ses fils créent une association (ADABS, Association pour le Développement de l’Art Brut et Singulier), et investissent un bâtiment neuf attenant à la maison d’origine.

Pendant sept ans, Patrick Michel a réuni l’ensemble des œuvres présentées dans le musée. Et c’est une sacrée aventure. À travers toute l’Europe, il a fallu retrouver les familles de ces artistes, pour la plupart décédés, rencontrer des galeristes, des collectionneurs… Il est allé aussi recueillir les œuvres auprès de leurs créateurs : dans des antres surchargés de matériaux, s’accommodant de leurs humeurs, de leur réticence à se défaire de leur seconde peau, partageant surtout des moments uniques, qu’on aimerait d’ailleurs voir consignés dans un ouvrage. Patrick Michel est comme envoûté par les œuvres qu’il a rapportées (pour la plupart données par les créateurs ou leur famille, ou acquises grâce à des mécènes ou des entreprises). Il évoque avec émotion la somme de travail que certains travaux représentent, la minutie qu’ils requièrent, la vie bousculée de leurs créateurs. Il baisse la voix pour préciser qu’untel est médium, qu’un autre un assassin aujourd’hui en prison, continue toujours de dessiner des trains, mais qu’on ne peut plus avoir accès à ses productions, peut-être bloquées par le directeur de la prison, à l’instar des médecins « sournois », qui avaient compris la valeur des productions de leur patients aliénés dans les asiles et captaient les œuvres avant les collectionneurs… Il touche les objets, il les


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Foisonnement d’émotions Et c’est maintenant près de 250 créateurs qui occupent le musée. Les grands noms sont représentés : Aloïs Corbaz, Adolf Wölfli, Gaston Chaissac, Joseph Crépin, André Robillard, Scottie Wilson… Le musée montpelliérain s’est directement hissé à la seconde place des lieux nationaux les plus

Les shadoks font preuve de modestie au miam

E

st-ce un avatar de l’art brut, son prolongement, une déclinaison, une réinterprétation, une déviance ? L’Art Modeste, revendiqué, porté et développé par Bernard Belluc et Hervé Di Rosa au Musée des Arts Modestes (MIAM) de Sète offre une autre facette à cet art qui se cherche un nom. Inauguré en 2000, proposant des expositions temporaires variées et inspirées (Coquillages et crustacés, Sur le fil (expression textile inattendue), Fan Club, l’Art modeste sous les bombes (dédiée au street art…), le musée

importants de l’Art brut, juste après le LaM, Musée d’art moderne et contemporain lillois. Une salle est réservée aux expositions temporaires, qui se succéderont au rythme de trois par an. La première est toute naturellement consacrée à l’œuvre de Fernand Michel. La muséographie est dense, presque un peu trop, les deux frères pêchant par un louable excès de générosité. Chaque artiste -ceux qui sont qualifiés de brut, pas les singuliers, présents eux aussi dans le musée- est introduit par un petit carton biographique, replaçant l’œuvre dans une perspective individuelle et particulière, reliant ainsi la création à un parcours de vie. La traditionnelle « boutique du musée » est ici transformée en « Dépôt-vente » : outre des

présente cet été et jusqu’au 6 novembre une rétrospective consacrée aux Shadocks. Plongée dans l’univers de leur créateur, Jacques Rouxel (1931-2004) : son bureau, ses croquis, ses influences (Miro, Klee). Plusieurs thèmes se succèdent, inspirés de la philosophie décalée des étranges oiseaux cathodiques : « un espace (pas très) espacé », « le cerveau Shadok ou l’esprit d’escalier », « guerre et paix »… Des œuvres contemporaines sont convoquées pour répondre aux aphorismes surréalistes de la série télévisuelle. Les Shadoks n’avaient pas encore inventé l’échelle aller-retour, permettant de monter et de descendre sur la même construction ? On présente ainsi une magnifique installation de David Nash. Des échelles sculptées, découpées plutôt, dans des banches d’arbre scindées dans la longueur, et posées à l’envers : corps graciles cherchant à s’élever, déséquilibre dynamique. Norbert Duffort et Thierry Dejean parviennent à créer des ponts entre l’univers loufoque de

David Nash © Pierre Schwartz

caresse, même. Il les touche, il les caresse, même. Il les aime, il entretient une relation intime avec elles. La plupart ont été données ou cédées pour des sommes modiques, d’autres acquises grâce à des collectionneurs ou des mécènes, certaines sont prêtées.

livres spécialisés, le lieu propose des œuvres originales de certains des artistes présents dans la collection du musée, au seul profit de leurs créateurs. Repartir, pour une somme abordable, avec un morceau du musée : voilà quelque chose d’enthousiasmant, tant pour le néophyte que pour le collectionneur. ANNA ZISMAN

L’atelier Musée, Montpellier 04 67 79 62 22 atelier-musee.com

Rouxel et nombre d’artistes exposés aux côtés des Shadoks, le tout dans une atmosphère bricolée, qui rappelle bien les décors des émissions télévisées des années 60-70. Au dernier niveau, l’exposition permanente de l’œuvre de Bernard Belluc se fait le porte-parole de cet art modeste qu’il a inventé. Depuis toujours les objets sont ses amis, sa thérapie. Grand bègue et dyslexique, le jeune Belluc (né en 49) ne se sent bien que parmi ses petits soldats, ses cadeaux Bonux, à qui il déclame des heures entières ses histoires, sans encombre de parole. Il deviendra sculpteur de figurines et collectionneur compulsif. Son paradis, il le trouve aux Puces de Montpellier, sur les trottoirs, dans les poubelles, d’où il rapporte près de 300 000 objets qu’il entrepose chez lui. La rencontre avec Di Rosa est déterminante. Lui qui s’était fait renvoyer des Beaux Arts, le voilà qui commence à élaborer des vitrines, mises en scène saturées et délirantes, où la nostalgie côtoie la défiance des règles, les couleurs explosent, les boites de chocolat en poudre épinglées les unes au-dessus des autres laissent entrevoir la fuite du temps, les animaux de la savane ouvrent la porte de l’école, laissant sortir des nuées de moutons, Star Wars succède aux guerres napoléoniennes… C’est vertigineux, inventif, inquiétant. C’est trop ? Non, c’est juste un peu de notre mémoire collective qui s’organise sous nos yeux. A.Z.

Shadoks ! jusqu’au 6 novembre Musée International des Arts Modestes, Sète 04 99 04 76 44 miam.org


54 critiques arts visuels

L’ADN de la Villa Datris inq ans après son ouverture à l’Isle-surla-Sorgue, la Villa Datris puise dans ses expositions passées1 le socle de Sculpture en partage. À travers un melting-pot d’artistes fondateurs ou influents, renommés ou émergents qui composent sa collection, elle ébauche un tableau de ses choix et de ses engagements. Les pièces les plus anciennes côtoient les acquisitions les plus récentes et le résultat frappe les esprits par son caractère homogène. Analyse renforcée par la structuration thématique du parcours autour d’une centaine d’œuvres, tel un kaléidoscope de la sculpture contemporaine internationale. Les coups de cœur de Danièle KapelMarcovici, Présidente de la Fondation Villa Datris, sont de toute évidence dédiés à la sculpture abstraite sous toutes ses formes, avec une inclinaison manifeste pour l’art optique et cinétique. Celui-ci sous-tend l’une des sections les plus importantes de l’exposition avec Vasarely, Yaacov Agam, François Morellet et Carlos Cruz-Diez. « Cap sur l’art américain : le minimalisme » offre un rapide flashback sur Archi-Sculpture qui mettait en évidence le bien commun des architectes et des sculpteurs : questions sur la circulation, l’interpénétration des espaces, l’élévation,

Au premier plan Ania Borzobohaty au second plan Laurent Perbos Villa Datris in situ © MGG / Zibeline

C

etc. La section « Nouveaux réalismes » avec Laurent Perbos, Vasconcelos et La Fratrie privilégie des formes plus libres et plus baroques quand Sol Lewitt introduit avec pertinence la thématique « Variations autour du vide » illustrée par Susumu Shingu ou Nicolas Sanhès. Le sous-sol de l’hôtel particulier abrite idéalement les œuvres de Tieri Lancereau-Monthubert, Béatrice

Arthus-Bertrand et Chicharu Shiota réunies dans « États du monde ». En quête de sens, « La psyché » est un terreau fertile pour les découvertes comme l’alignement des scarabées sacrés de Nadia Kaabi-Linke et les sculptures immatérielles gravées dans la lumière de Caroline Tapernoux. Quelques pièces monumentales trouvent asile dans les jardins en bordure de Sorgue, jouant avec le vent, la réverbération et les variations du temps. Ceux qui ont suivi pas à pas les expositions de la Villa Datris retrouvent leurs petits, mêlant la joie des retrouvailles à celle du « je ne m’en souviens plus », tandis que les novices embrassent un vaste panorama d’expressions et de concepts élaborés par une famille d’artistes trop rarement exposée : les sculpteurs. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Sculptures plurielles, Mouvement et lumière, Sculptrices, Sculpture du sud et Archi-sculpture.

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Sculpture en partage jusqu’au 1er novembre Fondation Villa Datris, L’Isle-sur-la-Sorgue 04 90 95 23 70 villadatris.com

Rhapsodie blanche R

ené Guiffrey apporte sa pierre à l’édifice des rhapsodistes. Pas en qualité de compositeur, mais en artiste qui, à partir des années 1970, « quitta la peinture pour épouser le blanc » et tirer des matériaux industriels et de leurs relations à la lumière, une manière de ne pas peindre et de traiter leur a-coloration. Sa rhapsodie blanche -à l’opposé de celle de Soulages, quoique…- est une suite de poèmes taillés dans le verre, polis dans la porcelaine, griffés sur papier, fruits d’une démarche sérielle semblable à celle de Steve René Guiffrey, Colonne Joyce, 2008 Verre-Miroir 250 x 9 x 9 cm © Campredon centre d’art in situ

Reich ou John Cage qui consiste à dire la même chose autrement. Dès le premier contact avec ses toiles et sculptures déclinées autour de la forme carrée, sa figure de prédilection, la répétition lancinante d’un même thème fait entendre une musique feutrée tant la note est épurée. Celle-ci chante à qui sait porter son regard dans l’infini de la matière luminescente. L’artiste vauclusien, né en 1938 à Carpentras, est passé maître dans l’art des variations, des tempos, des interstices par le silence qu’il impose ; l’absence de verbiage le conduit à dire l’essence de la vie. Quitte à déranger ceux que l’art indispose comme la municipalité FN toulonnaise qui, un an après son élection en 1995, détruisit sa sculpture-fontaine marine « positionnée au point exact où se situait le port antique de la ville ». Ignorance et inculture produisent les effets que l’on sait… C’est l’unique mésaventure d’un parcours auréolé de commandes publiques (de la pochette d’album à des colonnes monumentales),

d’expositions nationales et internationales, de collaborations éditoriales (quelques tirages uniques sont exposés) et de scénographies pour le théâtre et la danse dont on aurait aimé avoir quelques traces également. Au Centre d’art Campredon, le parcours souligne la douceur tranchante des pliages et des pastels sur papier Vélin gaufré, des acryliques sur verre et porcelaine de Limoges, et préserve parfaitement le mystère du Cube Lola : lourd et évanescent, opaque et translucide, mat et brillant. Sans doute l’effet de l’impalpable légèreté du blanc. M.G.-G.

Rencontre avec l’artiste vendredi 23 septembre à 20 heures jusqu’au 9 octobre Campredon centre d’art, Isle sur la Sorgue 04 90 38 17 41 À lire René Guiffrey, L’œuvre à blanc (un parcours), Fage éditions, 2016, 24 €


arts visuels

au programme

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Songes Hallucinations, fantasmes, cauchemars : visions oniriques de Goya à Berdaguer/Péjus, via Hugo, Redon, Spilliaert, Man Ray, Ernst, Germaine Richier, Hains, Ramette ou Sandy Skoglund... un parcours de rêves en 130 œuvres scandé par les différents moments de la nuit, jusqu’à l’énigmatique Jeu de tarot de Marseille. Exposition réalisée avec la Réunion des musées nationaux – Grand Palais. Vernissage le 16 septembre à 18h30. C.L. Le Rêve 17 septembre au 22 janvier Musée Cantini, Marseille 04 91 54 77 75 lereve.marseille.fr

Victor BRAUNER, Le ver luisant 1933, huile sur toile, 50 x 61 cm Paris, Centre Pompidou – MNAM/CCI . Photo © Centre Pompidou, MNAMCCI, Dist. RMNGrand Palais / Jean-François Tomasian © Adagp, Paris 2016

Harry Gruyaert Pleins feux sur le photographe belge Harry Gruyaert à l’occasion de son exposition Variations sous influence : hommage à Antonioni, de la projection du film L’image d’après : le cinéma dans l’imaginaire de la photographie réalisé pour les 60 ans de Magnum dont il est membre, et de sa conversation avec Brice Mathieussent le 10 septembre. Le tout à la galerie de la librairie Maupetit où l’on pourra découvrir sa première monographie parue chez Textuel (voir p. 59). M.G-G. Hommage à Antonioni – Variations sous influence 8 septembre au 15 octobre Librairie Maupetit, Marseille 04 91 36 50 75 maupetitlibrairie.fr Malmö, Suède, 1982 © Harry Gruyaert

Ici et maintenant ! Le Frac Paca investit pas moins de 14 lieux disséminés dans le village de Mougins, transformé en musée d’art contemporain. Au fil des œuvres des 28 artistes sélectionnés, la collection du Frac déroule son histoire commencée il y a plus de trente ans et invite le public à s’interroger sur la manière de regarder une sculpture, une vidéo, des installations… À chacun de faire son propre cheminement dans ce parcours aux multiples combinaisons. M.G-G. 15 septembre au 31 décembre Mougins mougins.fr fracpaca.org

© Philippe Mayaux

Lionel Sabatté Invité à Paréidolie 2016, Lionel Sabatté joue les prolongations au Mac-Arteum en inscrivant son exposition, Charbons fertiles, dans la Saison du dessin (voir p.51). Troublé par les incendies qui ont ravagé la région aixoise, l’artiste s’approprie les bois brûlés pour réaliser une série de dessins grand format de sous-bois mystérieux et d’animaux surnaturels. Paradoxe d’une matière morte qui redonne vie à la nature disparue. M.G-G. Charbons fertiles 17 septembre au 26 novembre Musée d’art contemporain, Châteauneuf-le-Rouge 04 42 58 61 53 mac-arteum.com Charbons fertiles, Lionel Sabatté, MAC-Arteum in situ © JC Lett


56 au programme arts visuels

L’Espace du dessin… … Le dessin dans l’espace, nouvelle exposition du Musée Estrine qui participe à la Saison du dessin (voir p.51). Sélection de 7 artistes aux pratiques et aux écritures différentes qui mettent en regard leurs productions, et dessinent un nouveau cheminement dans cette pratique aux mille et une ramifications actuelles. Tel un rhizome, le dessin se propage dans l’espace, l’architecture, le plein, le vide… M.G-G. L’Espace du dessin 25 septembre au 27 novembre Musée Estrine, Saint Rémy de Provence 04 90 92 34 72 musée-estrine.fr

Sans titre gouache et encre sur papier 2016 © Nelly Maurel

Lucio Fanti Lucio Fanti est peintre et décorateur de théâtre. C’est dire s’il connaît les différents registres avec lesquels un artiste sait se jouer de la réalité et donc des images. Il présente à Arles une série d’encres et aquarelles mettant en scène des animaux avec un humour omniprésent et jubilatoire. C.L. Jeux jusqu’au 26 novembre Flair Galerie, Arles 09 80 59 01 06 flairgalerie.com

Territoires

Abeille, 2016 Aquarelle et huile sur papier Arches 57 X 38 cm © Lucio Fanti

Cette 22e édition du Parcours de l’Art propose d’explorer la notion de Territoires, non sans quelques résonances avec l’actualité. Avec les œuvres de 36 artistes contemporains dans 19 lieux avignonais dont le nouvel espace conçu particulièrement pour les enfants à l’Hôtel de Forbin la Barben. Accès libres et gratuits pour la plupart des lieux.Vernissage samedi 1er octobre à 11h30 au Cloître Saint Louis. C.L. Parcours de l’Art, Festival d’Art contemporain 1er au 23 octobre divers lieux, Avignon 04 90 89 89 88 parcoursdelart.com Seamus Farrell, Spiral of Fez, 2008 ©Adagp Paris

Ouverture Un nouveau lieu pour l’art à Vaison. A l’origine atelier d’artiste d’Agathe Diehl-Wagner, A+C est également un espace de création et d’exposition, avec ateliers publics, édition, conseil aux particuliers et entreprises par Charles Diehl. Prochaine expo consacrée à la bande dessinée avec des originaux de Tardi, Morris, Druillet, Tim Burton, Kurumada (Les chevaliers du Zodiaque), Studio Toei (Dragon Ball Z)...Vernissage le 22 septembre en présence de ROL (Roland Boschi). C.L. A+C Atelier Galerie, Vaison La Romaine 06 22 57 28 67 ac-ateliergalerie.com

Amazing Spiderman, 2008 (Planche originale, Marvel, «Amazing Spiderman», Issue 581 Page 3, Ref ASM58103, encre de chine.) Marvel © Charles DIEHL


critiques livres

Les fils d’une histoire

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ue faire lorsqu’on attend à l’hôpital Cochin (au Centre de Procréation Médicalement Assistée), un tube en carton sur les genoux, après onze mois d’un protocole marathon, seule (quand tous les autres sont venus à deux) ? Se souvenir. Pour tromper une attente qui risque d’être longue, Kimiâ laisse venir à elle son histoire. Ou plutôt toutes les histoires dont elle est faite. Celle de sa grand-mère paternelle, Nour, trentième enfant du redouté Montazemolmolk, née par une nuit de tempête dans une province reculée d’une Perse encore très féodale. Celle d’Emma, sa grand-mère maternelle, dont la famille arménienne a fui la Turquie avant le génocide de 1915. Celle de ses oncles, si nombreux qu’on a coutume de les numéroter. Celle de ses parents surtout, Darius et Sara Sadr, farouches opposants au Shah puis à Khomeiny, les Sakharov iraniens comme les a appelés un journaliste. Toutes ces « vies rythmées par des exils et des morts », qui l’ont menée là où elle est, Kimiâ a longtemps tenté de les tenir à distance, en se « désorientalisant ». Mais puisqu’on n’échappe pas à cette « somme incongrue de circonstances, de fatalité, d’héritages,

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auquel la narratrice s’adresse fréquemment. Ainsi, au fil de cette broderie vive et émouvante, se tisse la trame d’une identité particulière, « désorientale » peut-être, mais forte d’un héritage que le récit lui a permis de s’approprier. FRED ROBERT

Négar Djavadi sera présente aux Correspondances de Manosque du 22 au 25 septembre

de malchance et de drames », autant les raconter. Désorientale, le premier roman de Négar Djavadi, sans doute assez largement autobiographique, se présente donc comme un patchwork d’histoires. Récit forcément non linéaire, apparemment désordonné, en réalité très habilement monté (rien d’étonnant, l’auteure est scénariste) ; à la manière des contes persans, quoique dans un style très contemporain, il joue de l’attente du lecteur,

Désorientale Négar Djavadi Liana Levi, 22 €

Le livre de sa mère

P

as question pour Augustin Revel de partager l’adulation de Romain Gary ou d’Albert Cohen pour leurs mamans chéries. Le livre de ma mère, il l’a même déchiqueté et jeté dans les toilettes, c’est dire. N’empêche, au moment où sa vie bascule, où il a perdu sa maison, où ses biens les plus précieux sont entassés dans sa vieille voiture, où il n’arrive plus à écrire, tout juste à rouler d’une région à l’autre, à

pédaler aussi parfois (il transporte deux vélos de collection sur son toit), voici que la figure détestée de « la mère » resurgit, nimbée d’une lumière nouvelle par le truchement d’une étrange photo retrouvée dans son fatras. Une fois encore, à travers un avatar romanesque qui lui ressemble comme un frère, Lionel Duroy invite le lecteur à le suivre dans le réseau complexe des histoires de famille. L’absente relate le chemin parcouru (au propre comme au figuré) pour retrouver la trace de cette Suzanne inconnue et essayer de saisir comment elle a pu devenir la harpie suicidaire que ses frères aînés et lui méprisaient. Sans doute aura-t-il fallu que lui-même se trouve au bord du gouffre pour parvenir non à compatir mais à comprendre. C’est donc à une sorte de procès en révision que se livre Augustin, au hasard des routes, des hôtels et des rencontres. Dans son errance il retrouvera sa mère. L’inspiration aussi. Ce road novel, à la fois désespéré et plein d’élan (parfois même de cocasserie), élucide une partie du mystère maternel. Il est surtout un formidable hommage à l’écriture. Vitale. Salvatrice. « Si

tu arrives à transformer ta détresse en une œuvre, tu seras sauvée » écrit Augustin-Duroy à sa mère. Trop tard pour elle, mais pas pour lui. Et c’est tant mieux pour nous, lecteurs. FRED ROBERT

Lionel Duroy sera présent aux Correspondances de Manosque, du 22 au 25 septembre

L’absente Lionel Duroy Julliard, 20 €


58 critiques livres

Après la fin du monde L

e 21 septembre prochain, sera projeté en sortie nationale le superbe film documentaire de Pol Crutchen, La Supplication. Une belle occasion de découvrir ou redécouvrir le livre éponyme de Svetlana Alexievitch -prix Nobel de littérature 2015- paru en français en 1998. Le cinéaste a travaillé en étroite collaboration avec l’auteure, qui, en voyant le film, a déclaré qu’elle aurait choisi les mêmes extraits. La qualité des plans, des

Bertrand et son chauffeur

I

maginez-vous dans une confortable Mercedes qui sent bon le cuir. Observez l’indispensable chauffeur Eddy qui vous conduit au château où vous vivez seul depuis votre divorce. Vous

silences, des voix off, forme une transcription esthétique qui n’édulcore pas le caractère terrifiant des témoignages. Car l’ouvrage de Svetlana Alexievitch, sous-titré Tchernobyl, chronique après l’apocalypse, et intitulé document, rapporte les mots de personnes suppliciées, survivantes, détruites, qu’elle a rencontrées durant trois années. La patte de l’écrivain, dans cette retranscription, est là, puissante et humble, travail en épure digne de la tragédie grecque antique, avec le spectre de la mort, invisible poison qui contamine tout. Luxuriance de la nature perdant ses parfums, ses oiseaux, villes mortelles où vivent encore des gens, ceux qui ont refusé de fuir, mais aussi population tchéchène, réfugiée des horreurs de la guerre qui y trouve un asile. Deux monologues d’amour et de mort enserrent l’œuvre. Intensité folle de chaque récit, voix bouleversantes au-delà de tout pathos. Et par-dessus l’ensemble, les mensonges d’état, la volonté d’effacement et l’héroïsme de ceux que l’on sacrifie, envoyés sans protection, si ce n’est dérisoire, pour décontaminer, de manière inefficace et absurde… Ce n’est pas

une dystopie romanesque, la catastrophe a eu lieu en 1986, il y a juste trente ans, et l’introduction historique fait froid dans le dos. L’indicible est enfin dit. Un chef d’œuvre glaçant !

êtes Bertrand Berger-Lafitte, directeur général de la société familiale qui distille les cognacs du même nom. En ce mois de mars 2011, un tsunami a dévasté le Japon, entraînant une catastrophe économique sans précédent : le marché du cognac au Japon est menacé et vous êtes naturellement inquiet… Ainsi commence le dernier roman d’Anne Percin que l’on retrouve avec son imagination débordante, son humour, sa légèreté rafraîchissante, aussi à l’aise dans les récits pour adultes que pour les ados. Ses deux personnages se complètent, le chauffeur protégeant discrètement le patron, prenant parfois les choses en main, alors que Bertrand perd peu à peu les pédales, tout en devenant plus humain. Ses associés le trahissent, son ex-femme couche avec un actionnaire, sa fille avec un prolo. Une consolation : un jeune chevreuil blessé qu’il recueille et soigne. On s’amuse beaucoup à la lecture de ce livre qui sous ses aspects parfois anodins souligne avec talent quelques singularités de notre société. Cela va de la consommation de cannabis aux sites de rencontres, en passant par les

luttes syndicales et le choix de la maternité. Plus profond qu’il n’y paraît donc. Avec des interrogations sur les aspirations de chacun, les « espoirs montés les uns sur les autres en piles hasardeuses, comme des pièces montées, qui un beau jour s’écroulaient parce que le caramel avait fondu ». Eclats de rire assurés !

MARYVONNE COLOMBANI

La supplication Svetlana Alexievitch Éditions Lattès, 18,50 € Éditions poche J’ai lu, 5,80 €

CHRIS BOURGUE

Anne Percin sera présente aux prochaines Correspondances de Manosque le 24 septembre

Sous la vague Anne Percin Coll. La brune au Rouergue, 18,80 €


59

Entreprise de détachement volontaire

Q

ue fait-elle là, à cette altitude, dans cette solitude rocheuse ? La narratrice de Céline Minard se le demande parfois. Et le lecteur ne saura jamais vraiment ce qui l’a conduite à cet isolement ; tout juste pourra-t-il le deviner entre les lignes. En tout cas, c’était une question de survie, et cette retraite est volontaire : « Je ne me suis pas détachée par erreur, ni par lassitude, ni par aveuglement », note-t-elle ; et aussi : « Ce monde d’isolement, de vide, de grands froids, de grosses chaleurs, de silence et de cris d’animaux, laisse peu de choix. C’est un guide précis. La situation dans laquelle je suis est pensée, calculée pour établir un entraînement maximal. » S’entraîner donc, à arpenter un espace souvent hostile, à vivre en totale autarcie. Une expérience radicale, non dénuée d’un certain stoïcisme. Diogène avait son tonneau ; la narratrice habite un cylindre high tech, qui a été héliporté et solidement fixé à la roche ; tout y a été parfaitement réfléchi… Sauf que même dans ces solitudes, l’autre peut faire irruption et venir déranger toute

onirique quand le corps lâche prise et se met à l’unisson des éléments, des bêtes, de l’univers. Empli d’une foule d’interrogations aussi, qui accompagnent le texte jusqu’à la toute fin. Car Le grand jeu est l’histoire d’une quête toujours inachevée. Ontologique, métaphysique, essentielle. FRED ROBERT

Céline Minard sera présente aux prochaines Correspondances de Manosque du 22 au 25 septembre

cette belle organisation. Et quel autre ! Une autre, en fait. Inattendue, bizarre, elle incitera la narratrice à rentrer dans Le grand jeu, à renouer avec la relation, à accueillir le monde à nouveau. C’est un récit étrange (et fascinant) que celui-ci. Tendu, tranchant même, plein de termes techniques lorsqu’il s’agit de tenir la chronique d’une installation et d’une prise en main du territoire. Vibrant d’un souffle

De tourterelles et de corbeaux

riche d’espoir. Joncour élabore un récit à deux voix débordant d’humanité. On se laisse aller à sa prose sensuelle et sensible, qui emporte au loin les corbeaux et laisse roucouler les tourterelles. Et tant pis pour la vraisemblance.

N

on, Serge Joncour ne s’est pas reconverti à l’ornithologie. D’oiseaux, il est pourtant question dans son nouveau roman Repose-toi sur moi. Plus exactement de corbeaux qui ont élu domicile dans une cour, faisant fuir le couple de tourterelles qui y nichait et usant les nerfs de certains occupants de l’immeuble. Des corbeaux, des tourterelles, quelques arbres et des fourrés où se cacher. En plein Paris… étrange, cet espace de nature préservée où tout peut arriver. Joncour aime les rencontres improbables -rappelons-nous son superbe L’amour sans le faire-, le choc d’univers antagonistes. De ces grains de sable dans des existences trop réglées, il trouve matière à intrigue. Aurore et Ludovic n’auraient jamais dû se rencontrer. Elle habite escalier A un bel appartement spacieux. Il loge escalier C, en fond de cour, dans un deux pièces désuet. Elle est fine, élégante. Il est immense et costaud,

Le grand jeu Céline Minard Editions Rivages, 18 €

FRED ROBERT

Serge Joncour sera présent aux prochaines Correspondances de Manosque du 21 au 25 septembre

pas très au fait de la tendance. Elle est mariée, a des enfants. Il vit seul. Elle est styliste. Il a quitté la ferme familiale pour s’occuper de recouvrements de dettes. Oui, mais lui saura la débarrasser des corbeaux qui lui gâchent sa cour. Il deviendra vite le seul sur lequel elle peut se reposer. Et lui aussi, en dépit de sa force apparente, pourra se reposer sur elle. C’est une histoire de rencontre inattendue, pleine de désordre et de contradictions, mais

Repose-toi sur moi Flammarion, 21 €

Serge Joncour


60 critiques livres

Havana Blues Q

u’est-ce qu’une révolution ? un tour complet ; 33 révolutions c’est la vitesse-minute d’un aimable vinyle et c’est aussi le titre de ce court roman (80 pages) qui laisse au fond de la gorge un arrière-goût de rhum frelaté et d’eau saumâtre ; quand un disque est rayé les 33 tours ne mènent nulle part et dès le chapitre 1 -il y en aura 33- le narrateur constate amèrement que « tout le pays est un disque rayé (tout se répète : chaque jour est la répétition du précédent… le son se dégrade jusqu’à n’être plus qu’une vague évocation de l’enregistrement original  ...» Voilà comment un neurasthénique trentenaire qui occupe un emploi surtout « propice à la lecture » -figure littéraire efficace- évoque le Cuba de la fin des années 90, bien loin des rythmes charmeurs du Buena Vista Social Club ! Le récit s’ouvre et se referme sur un cyclone, pas d’issue même pour les rêves des balseros1 à la dérive vers Miami. Enlisement dans la routine moite et le mensonge inhérent à la propagande castriste, pénuries à tous les étages, et l’amour ne se vit que furtivement même s’il s’entrevoit… Photographe

Guevara, dont l’ouvrage livre en complément un entretien intéressant sur l’acratie (approche non institutionnelle des questions politiques) réalisé pour le Monde Libertaire, a été élevé à l’étranger ; on aimerait devoir attendre son prochain roman pour en savoir plus ; il est mort à Mexico en janvier 2015. MARIE-JO DHO

Cubains qui tentent d’atteindre les rives des États Unis dans des embarcations de fortune NDLR

1

et « nègre » en butte au racisme ordinaire, le narrateur anonyme -« il »- en de courtes séquences atones, quasiment sans dialogues, saisit l’ordinaire de sa vie ; écriture fascinante de la morosité, de la solitude, de l’apathie ; malaise lié à une lucidité impuissante, spleen d’une « jeunesse tropicale post-moderne » selon les termes mêmes de l’auteur qui n’est autre que le petit-fils du Che. Canek Sanchez

33 révolutions Canek Sanchez Guevara traduit de l’espagnol par René Solis Métailié, 9 €

Situer l’intellect C

urieuse dichotomie que celle de la main et de la pensée établie par le titre du numéro 9 de la revue GPS (Gazette Poétique et Sociale) éditée par les éditions Plaine Page, Penser avec les mains. Coupure affirmée entre monde intellectuel et manuel, dotée d’une volonté de réconciliation ? On n’est pas sans évoquer l’Eloge de la main d’Henri Focillon (1934) ou Penser avec les mains (sic) de Denis de Rougemont (1935). La main est « éducatrice de l’homme, le multiplie dans l’espace et dans le temps » selon H. Focillon, symbole de la pensée en actes pour D. de Rougemont. Le poète et philosophe Pierre Parlant, rassemble les éléments évoqués lors du séminaire Penser avec les mains programmé au Théâtre de la Grenouille (Saint-Maximin) en partenariat avec l’ESADTPM. Trois artistes, le compositeur Jean-Michel Bossini, le poète Olivier Domerg, le photographe et plasticien Denis Bernard ont répondu à la question de la relation entre main et pensée à propos de la création artistique. « Comment une œuvre, quelle qu’elle soit, peut-elle se réaliser ? ». Ils exposent leur « creativ method », selon la

variations et de la « sculpture de silence »… Un angle d’attaque amorce ces passionnantes réflexions : la citation de la Divine Comédie de Dante « l’artista / ch’a l’abito de l’arte ha man che trema » (l’artiste qui a l’usage de l’art, a la main qui tremble - chant XIII du Paradis, trad. J. Risset). MARYVONNE COLOMBANI

formule de Francis Ponge. L’un rappelle la matérialité de la photo, du dispositif de la camera obscura aux poussières de l’argentique. L’autre décrit les étapes de la rédaction d’un texte depuis le manuscrit, ses ratures, ses revirements, ses « sauts d’écriture », jusqu’au tapuscrit, puis au livre, le dernier, en plusieurs pages sans ponctuation, mais avec des expressions qui émergent du flot verbal, jouent des

GPS n°9 Éditions Plaine Page, 15 €


61

La couleur comme leitmotiv

L

es photographies de Harry Gruyaert se passent (presque) de commentaires. À tel point que la première monographie qui lui est consacrée par Textuel donne la priorité aux reproductions qui chantent la couleur sur tous les tons. Le road-movie démarre par un plongeon dans la série pop de 1972, TV Shots, fabriquée à partir du dérèglement d’un poste de télévision. Puis coup de frein

brutal avec la préface de François Hébel, et redémarrage à deux cents à l’heure aux côtés du photographe coopté par Magnum Photos, qui, après avoir laissé tomber la photo de mode et la photo en studio, s’est lancé sur les routes ! Libre de ses mouvements dans l’agence qu’il trouve tantôt « merveilleuse et stimulante », tantôt qui lui donne « envie de fuir en courant », il vagabonde en Belgique, le pays de sa jeunesse, aux États-Unis, au Maroc, en Russie, en France, en Angleterre, en Inde ou au Japon, pour saisir la banalité comme l’étrangeté de la vie quotidienne. La mise en page de l’ouvrage accentue cette impression de farandole colorée de scènes dans lesquelles on s’immisce en témoin complice : on se glisse sur le banc d’un parc à Moscou en 1989, on s’assoit à la table d’un banquet champêtre à Extramadura, en Espagne, en 1998 (une photo comme un tableau de Manet sous ecstasy), on attend la felouque à Assouan, en Egypte en 1992, dans un décor en technicolor… On ressort de cette épopée avec le tournis, essoré mais séduit par sa « patte »: la tessiture veloutée des tirages, la découpe savante de la

lumière, le dialogue des couleurs, la révélation d’instants échappés de la monotonie. Et par son empathie pour ses sujets, qu’il s’agisse d’un jeune malien allongé au bord du Niger à Mopti ou d’un bric-à-brac d’objets jonchant la route du Haut Atlas marocain. Un sentiment complexe sur lequel Richard Nonas, dans sa postface, pose les mots justes : « Sur ces photographies, les choses ont le poids et le mouvement des êtres, tandis que les êtres ont la permanence obtuse et le côté prévisible des choses ». La librairie-galerie Maupetit dévoile à Marseille une autre facette de son travail, jusqu’au 15 octobre, sous le titre : Hommage à Antonioni – Variations sous influence (voir p.55). MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Harry Gruyaert Préface de François Hébel, postface de Richard Nonas Éditions Textuel, 55 €

L’homme qui plantait des arbres Q

uand la mélodie s’élève, lyrique, luxuriante, au saxophone de Joël Versavaud, explorant enfin le registre « naturel » de l’instrument, du grave à l’aigu, on comprend le sens de la musique que le compositeur Georges Bœuf a imaginée sur le texte de Jean Giono L’homme qui plantait des arbres. C’est Regain qu’il chante, son espoir de bonheur reconquis dans les vallées alpines, après la désertification, la saignée guerrière, son Grand troupeau macabre ! Quelle prose pouvait mieux convenir au Festival de Chaillol qui, sous la houlette de Michaël Dian, « pollinise » la vallée du Champsaur de spores en forme de notes accrochées aux reliefs du Gapençais ? C’est là que l’opus a été créé en 2013, puis enregistré... après une quarantaine de représentations dans des lieux soigneusement choisis pour leur rapport harmonieux avec l’intimité du récit. Car la musique de Georges Bœuf, minimale et essentielle, parle à l’oreille, et le disque se prête merveilleusement à la langue de Giono susurrée par la récitante Bénédicte Debilly. Au début, à l’image du berger Elzéard Bouffier,

à la mesure d’une diction posée qu’on suit au fil des chapitres et des années de labeur récurrent... La partition, jouée en interludes ou superpositions, figure le fracas percussif de la guerre de 1914-18, le vent dispersant les graines, l’eau résurgente, comme lorsqu’une espèce d’harmonica de verre rustique fusionne avec les harmoniques du saxophone... et le pays ressuscité, enfin, dans la gloire d’Elzéard, simple paysan anonyme et sans culture, transmuté par à la plume de Giono en modèle d’âme généreuse, créateur s’élevant, à l’instar de ses arbres, au dessus des mortels. JACQUES FRESCHEL

solitaire et taiseux semant obstinément ses graines, les percussions de Claudio Bettinelli, minéraux résonants ou blocs de bois méticuleusement sélectionnés dans cette nature qu’exaltait Giono, se font pointillistes, embryonnaires d’une vaste forêt que le pâtre seul est capable d’imaginer. Le narrateur, traversant le « désert », d’abord extérieur, puis complice du semeur, prend vie, peu à peu,

CD Semaisons © 2016 SEM002 – Collection festival de Chaillol festivaldechaillol.com


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PARCS LE MOIS DES NATURELS RÉGIONAUX DU 10 SEPTEMBRE AU 17 OCTOBRE 2016

VIVE LE MOIS DES PARCS !

Du 10 septembre au 17 octobre, la Région organise le Mois des Parcs naturels régionaux de ProvenceAlpes-Côte d’Azur ! De nombreuses randonnées, visites et animations, gratuites et ouvertes à tous, vous sont proposées dans les Alpilles, les Baronnies provençales, le Luberon, les Préalpes d’Azur, le Queyras, le Verdon, la Sainte-Baume et en Camargue.

« Nous sommes l’une des premières Régions de France en nombre de Parcs naturels régionaux : ils sont une véritable chance pour l’attractivité et le rayonnement de notre territoire. Avec le Mois des Parcs, je vous invite à découvrir ou à redécouvrir autrement ces territoires d’exception, tous leurs atouts et leurs savoir-faire. »

Christian ESTROSI Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur

TEMPS FORTS : LES PARCS EN FÊTE Samedi 10 septembre à Valderoure (06) : Parc des Préalpes d’Azur Samedi 17 septembre à Château-Queyras (05) : Parc du Queyras Dimanche 25 septembre à Trigance (83) : Parc du Verdon Samedi 8 octobre à Rosans : Parc des Baronnies provençales (05) et en Luberon : Parc du Luberon (04 et 84) Dimanche 9 octobre à Saint-Rémy de Provence (13) : Parc des Alpilles, et à Gémenos (13) : « Faites le Parc naturel régional de la Sainte-Baume » Dimanche 16 octobre à Saliers (13) : Parc de Camargue

Inscriptions et tout le programme sur moisdesparcs.regionpaca.fr

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