Zibel93

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93 DU 27.02 AU 26.03.2016

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journalzibeline.fr

2€ Société

politique culturelle

festivals

Remaniement ministériel Métropole, épisode 2 Les boues rouges : toxique !

La Busserine en lutte contre le FN Le Contrat lecture de Marseille Les Variétés en danger

Mars en Baroque + de danse Babel Med Région en scène Les Écritures du réel Avec le Temps Les Élancées Fest’hiver


Giorgio Griffa

TRÈS TRAITS

EUGÈNE LEROY — CHRISTOPHER WOOL ANDREAS GURSKY — SILVIA BÄCHLI ADRIAN GHENIE — ISABELLE CORNARO ROY LICHTENSTEIN

SASKIA ERS OLDE WOLB VINCENT VAN GOGH

13 février - 24 avril 2016 FONDATION-VINCENTVANGOGH-ARLES.ORG 35TER RUE DU DOCTEUR FANTON – 13200 ARLES


FÉVRIER MARS 2016

RETROUVEZ ZIBELINE SUR JOURNALZIBELINE.FR CULTURE ET SOCIÉTÉ Mensuel payant paraissant un samedi par mois Édité à 18 000 exemplaires, imprimés sur papier recyclé Édité par Zibeline BP 90007 13201 marseille Cedex 1 Dépôt légal : janvier 2008 Imprimé par Riccobono Imprim’vert - papier recyclé Crédit couverture : Alouette sans tête © Yann Marquis Conception maquette Tiphaine Dubois

Directrice de publication & rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@gmail.com 06 09 08 30 34 Rédactrice en chef adjointe Dominique Marçon journal.zibeline@gmail.com 06 23 00 65 42 Secrétaire de rédaction Delphine Michelangeli d.michelangeli@free.fr 06 65 79 81 10

Vers des lendemains qui chantent

L’

actualité culturelle du début d’année conjugue toutes les musiques, populaires et écrites, anciennes et d’aujourd’hui, à paroles et abstraites... Un signe sans doute, mais de quoi ? Du désir de chanter ?

Les pratiques culturelles témoigneraient-elles de nos inconscientes voies d’évasion ? Ici, nos dernières illusions s’envolent au vu de la réforme du code du travail qui s’annonce. On sait désormais que la trahison a eu lieu, que le gouver-

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LIVRES Fred Robert fred.robert.zibeline@gmail.com MUSIQUE ET DISQUES Jacques Freschel jacques.freschel@gmail.com CINÉMA Annie Gava annie.gava@laposte.net

nement socialiste veut à coup de 49.3 imposer ce que le MEDEF avait imaginé de pire pour asservir les travailleurs en 2012 ; que l’État

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06 20 42 40 57

d’urgence est prolongé, les réformes territoriales imposées, la déchéance de nationalité adoptée contre les valeurs fondamentales de notre démocratie. Le paysage poli-

06 86 94 70 44

Élise Padovani elise.padovani@orange.fr

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tique est si dévasté qu’on ne peut plus attendre de gagner par les urnes : si la Droite avait osé faire cela le

André Gilles a-gilles@wanadoo.fr

ÉDITO

ARTS VISUELS Claude Lorin claudelorin@wanadoo.fr

peuple serait dans la rue. Car la France est un pays riche ! La sixième puissance économique

Polyvolants Chris Bourgue chris.bourgue@wanadoo.fr

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Gaëlle Cloarec ga.cloarec@gmail.com Maryvonne Colombani mycolombani@gmail.com

mondiale, un PIB en croissance, un revenu par habitant de l’ordre de 3000 € mensuels.... Comment nous a-t-on convaincus qu’il fallait sacrifier nos retraites, l’avenir de nos enfants, notre système de santé, notre droit du

06 62 10 15 75

Marie-Jo Dhô dho.ramon@wanadoo.fr Marie Godfrin-Guidicelli m-g-g@wanadoo.fr 06 64 97 51 56 Jan Cyril Salemi jcsalemi@gmail.com

travail ? Comment nous sommes-nous habitués à nos 5 millions de chômeurs qui dissimulent 6,5 millions de demandeurs d’emploi ? Comment avons-nous accepté un Pacte de responsabilité qui ne sert que les grandes entreprises, et des dictats européens qui attaquent profondément nos vies ? Nous nous acheminons, de reculades en décisions arbitraires, vers le désastre

Maquettiste Philippe Perotti philippe.zibeline@gmail.com

économique, dans un champ de ruine démocratique. Car la désaffection des 06 19 62 03 61

WRZ-Web Radio Zibeline Marc Voiry marcvoiry@hotmail.com Directrice Commerciale Véronique Linais vlinais@yahoo.fr 06 63 70 64 18 La régie Jean-Michel Florant laregie@gmx.fr 06 22 17 07 56 Collaborateurs réguliers : Régis Vlachos, Dan Warzy, Frédéric Isoletta, Yves Bergé, Émilien Moreau, Christophe Floquet, Pierre-Alain Hoyet, Aude Fanlo, Thomas Dalicante, Marion Cordier, Franck Marteyn Administration Axelle Monge admin@journalzibeline.fr Houda Moutaouakil contact@journalzibeline.fr

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Français pour les urnes n’est pas le signe d’un désintérêt, mais le résultat d’une méfiance justifiée envers ceux qui nous gouvernent à contresens de leurs engagements, et restent obstinément sourds à ceux qui les ont élus. On peut s’habituer à la souffrance et en mourir. Mais les Français ont su aussi, lorsque la coupe était pleine, faire chanter les lendemains. Se débarrasser des oppresseurs cyniques ou aveugles, et prendre en main leur destin. AGNÈS FRESCHEL


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Phia Ménard : le vent, la glace, la femme Lénio Kakléa, Sandra Iché, Argyro Chioti, et Pierre-Louis Gallo dans « Questions Parallèles » Les Grands Entretiens de WRZ avec Marie-Josée Mondzain, Patrick Boucheron, Sudhir Hazareesingh Comme Au MuCEM #13,...


sommaire 93

SociÉtÉ Remaniement ministériel (P.6) Métropole Aix-Marseille, épisode 2 (P.7) Les boues rouges (P.8-9)

Politique culturelle

Cinémas César/Variétés (P.10-11) Entretien avec Sophie Joissains (P.12-13) Espace culturel Busserine (P.13) Réforme de l’orthographe (P.14) Résidences d’écriture (P.15) Contrat lecture de la Ville de Marseille (P.16) Entretien avec Fabienne Pavia (P.17) Les boues rouges © Gaëlle Cloarec

Évènements MuCEM (P.18) Biennale des écritures du réel (P.19) + de danse à Klap (P.20) Mars en Baroque (P.21) Festival d’Aix, XXIe Semaine sainte (P.22) Babel Med (P.23) Région en Scène, Avec le temps (P.24) Mon élue noire, Germaine Acogny © François Stemmer

critiques

Spectacles (P.25-28) Festivals (P.30-31) Musique (P.32-33)

Quand j’étais Charles © Tristan Jeanne-Valès

au programme

Musique (P.34-40) Spectacles (P.42-67)

La Véritable histoire des Super-héros © Dulce Pinzón KEP

cinéma [P.68 À 74] Arts visuels [P.76 À 81] livres [P.82-85] patrimoine [P.86]


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Société

Changements de têtes, à droite toute ! Après la déroute du PS aux élections régionales, on espérait un véritable changement de politique. Il n’aura pas lieu

D

e la photo du gouvernement de 2012, il ne reste plus grand monde. De remaniement en remaniement, de démission en démission, les forces de Gauche s’en vont, laissant le pouvoir exécutif aux mains de l’aile droite d’un PS qui n’a plus rien de socialiste. François Hollande refuse de se déclarer de Gauche, reniant par trois fois, comme Judas, le peuple qui l’a élu. Manuel Valls et Emmanuel Macron restent, Jean-Marc Ayrault est de retour, Jean-Michel Baylet revient. Les Écologistes Jean-Vincent Placé et Barbara Pompili, qui ont quitté EELV parce qu’ils refusaient l’alliance avec le Front de Gauche, oublient la mort de Rémi Fraisse et l’aéroport de Nantes, et rejoignent le Gouvernement, avec Emmanuelle Cosse, contre l’avis de son parti. On se souvient des déclarations de Cécile Duflot après son refus d’entrer au gouvernement Valls : «  Avoir un ministère de l’Écologie sans changement de cap (du Gouvernement), c’est comme avoir un couteau sans lame. Il ne faut pas tenter une synthèse au trébuchet entre le productivisme de Bercy et l’écologie ». Quant à Christiane Taubira elle a écrit de très beaux Murmures à la Jeunesse qui s’insurgent contre la déchéance de la nationalité et pointent les défaillances de la République envers certains de ses enfants. Et les leurs envers elle. Pendant ce temps, Aurélie Filippetti tweete : « Comment annoncer, avant même le début d’un débat démocratique, que l’on passera en force sur un sujet qui touche des millions de salariés ? » Car non contents de maintenir un état d’urgence qui plombe nos libertés démocratiques, les Socialistes, au parlement comme au Gouvernement, s’apprêtent à modifier considérablement le droit du travail le 9 mars : le projet de loi de Myriam El Khomri, la nouvelle ministre du Travail verrouille les indemnités de licenciement, interdit aux salariés de refuser un ajustement du temps de travail, met fin aux maxima de temps de travail y compris pour les mineurs,

amenuise le pouvoir des syndicats dans les accords d’entreprise... et permet le licenciement économique dès lors qu’un baisse passagère d’activité ou de trésorerie, même dans une entreprise en large bénéfice, est constatée.

Appât de gauche ?

Côté culture, encore un changement de tête, mais plutôt vers la gauche. Si l’on a regretté Aurélie Filippetti, il n’en sera sans doute pas de même pour Fleur Pellerin : même si elle a su régler de nombreux dossiers et obtenir enfin que le Budget 2016 de la Culture ne soit pas en baisse, elle avait bien du mal à communiquer avec les acteurs culturels... Que pourra faire Audrey Azoulay ? Enarque de 44 ans, dont le père était conseiller du Roi du Maroc, elle se définit comme une femme de Gauche. Son passage à la tête du Centre National du Cinéma a été salué par la profession, parce qu’il a permis de consolider des dispositifs indispensables à la création et à la diffusion des œuvres dans un monde globalisé, et de garantir la rémunération des artistes. Mais le budget dont elle hérite n’est pas le sien, la loi sur la Création est en cours d’examen, la nouvelle attaque du régime des intermittents promet encore un été houleux, la décentralisation des crédits n’a pas réussi

et Paris reste scandaleusement consommateur des deux tiers du budget de l’État... Et, surtout, les baisses des dotations d’État et la réforme territoriale (exit aussi Marylise Lebranchu, qui défendait les fonctionnaires...) amènent toutes les collectivités à tailler allègrement dans les budgets de la Culture... Bref, Audrey Azoulay hérite d’un champ de mines, de ruines par endroits, dont elle ne pourra rien faire d’ici la présidentielle. Sinon ramener le milieu culturel vers les urnes, ce qui est sans doute le but de cette nomination surprise ? Un gage en tous les cas pour la Gauche. Qui pourra avoir quelques effets sur quatre ou cinq nominations à venir, au Théâtre National de la Colline, au Domaine de Versailles... En « province », on continuera de compter les structures qui ferment, qui vivotent, de constater que les propositions de spectacles se réduisent, que les cinémas indépendants ferment, que les expositions se font rares, que le patrimoine bâti court le risque de se dégrader, et que rien de neuf ne parvient à sortir. Que notre avidité de paroles, de débats, trouve encore sa place, parce que cela coûte moins cher que l’art. Mais que ces quelques initiatives ne tiennent que par l’abnégation de quelques obstinés, qui n’ont plus d’argent pour produire... AGNÈS FRESCHEL

© Présidence de la République-M. Etchegoyen


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© Jan-Cyril Salemi

Métropole :

Marseille marque un point

L

a décision était attendue avec impatience de part et d’autre. Opposants et partisans à la métropole Aix-Marseille-Provence (AMP) savaient qu’un round décisif se jouerait dans la salle de délibération du Conseil Constitutionnel. L’instance examinait la validité de « l’amendement Gaudin ». Ainsi nommé car c’est le sénateur Jean-Claude Gaudin, maire de Marseille, qui le fit voter, ce qui accroît le nombre de conseillers marseillais dans l’assemblée de la métropole (108 sur 240). Contestant cette répartition trop favorable à Marseille selon eux, Robert Dagorne et Roger Pellenc, maires d’Eguilles et Pertuis, avaient déposé un recours. Tous deux membres de la Communauté du Pays d’Aix (CPA), ils étaient soutenus par Maryse Joissains, maire d’Aix-en-Provence, présidente de la CPA, et opposante résolue à la métropole (voir Zib’ 92).

Écarts et proportions

Le 19 février, les Sages ont tranché et estimé que la disposition n’était pas contraire à la constitution, qu’elle n’entravait pas au principe d’égalité et, au contraire, qu’elle permettait une plus juste répartition des conseillers entre les communes. Le Conseil Constitutionnel a argumenté en assurant que la mesure préservait l’intérêt des petites communes en réduisant « les écarts de représentation entre les communes les plus peuplées et les autres. » Résultant « des écarts démographiques particulièrement prononcés entre les communes membres », cette répartition proportionnelle permet que « la représentation des communes les plus peuplées de la métropole se

rapproche de la représentation moyenne de l’ensemble des communes. » Autrement dit, si la mesure avantage Marseille, qui à elle seule représente plus de 40% des 1,8 millions d’habitants d’AMP, elle favorise également, en proportion, les petites communes. Très difficile à entendre dans les communes moyennes comme Martigues ou Aix qui vont entrer dans une métropole gérée par une ville aux écoles délabrées, aux transports publics déficients, à la saleté légendaire, aux écarts territoriaux record. Légalement, le débat est clos. Sur le terrain, c’est une autre histoire. Certains opposants historiques se sont résolus à accepter la décision. La « monstropole », comme ils l’appellent, est sur les rails, il faut composer avec et tenter de peser de l’intérieur. Sur cette ligne, Georges Cristiani, maire de Mimet et président de l’Union des Maires des Bouches-du-Rhône, indique que « les maires doivent désormais faire en sorte que l’intérêt communal soit entendu dans ce nouvel étage administratif français ».

« Guerre totale »

Pour d’autres, la nouvelle ne passe pas et ils sont déterminés à maintenir le blocage. Ainsi, le maire de Pertuis envisage de porter l’affaire devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Dès la délibération des Sages annoncée, Maryse Joissains a, quant à elle, promis « une guerre totale ». Particulièrement remontée, elle s’est indignée contre « des décisions autoritaires et arbitraires », refusant de « donner les clefs du coffre-fort ». Car, surtout pour le

prospère Pays d’Aix, l’enjeu majeur est là : ne pas laisser s’échapper ce que son territoire a su construire au profit de Marseille. Et ne pas perdre la souveraineté sur des choix stratégiques de développement. La maire d’Aix demande à son conseil municipal de « refuser d’entrer dans la métropole » et appele le Gouvernement à « organiser un référendum », façon Notre-Dame des Landes. Une requête qui a peu de chances d’aboutir : au sommet de l’État, où est né le projet AMP, on s’est félicité de la décision du Conseil.

« Au travail »

À Marseille également, on savoure la victoire, à droite comme à gauche. AMP a ceci de singulier : elle explose les clivages politiques, chez les opposants comme chez les partisans. « Assez perdu de temps, mettons-nous au travail » déclaraient en substance les ténors socialistes et ceux de la majorité municipale. Reste encore à régler la situation de la présidence d’AMP. L’élection de Jean-Claude Gaudin a été annulée, mais il a fait appel et reste en poste. Gaby Charroux, maire de Martigues, souhaite sa démission pour procéder à une nouvelle élection. En attendant, AMP est censée se réunir d’ici fin avril pour voter son premier budget. Ambiance garantie... JAN-CYRIL SALEMI

À noter Nous poursuivrons notre enquête dans les prochains numéros de Zibeline


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Société

L’amer rouge Très politique, le dossier des « boues rouges » toxiques tapissant les fonds marins des calanques muselle les uns et atterre les autres

I

l faut imaginer une surface énorme tapissée de rouge, sur les fonds marins entre Toulon et le Golfe de Fos. Les résidus industriels de l’usine d’alumine de Gardanne, rejetés en mer Méditerranée via une longue canalisation, aboutissant dans le canyon de Cassidaigne, en plein Parc National des Calanques. Sur terre, ce serait impensable : les Écrins ou le Mercantour, ainsi utilisés comme déversoir ? Sous l’eau, c’est beaucoup plus discret, tant que les flots à la surface gardent leur horizon bleu. Pendant 50 ans, les fameuses « boues rouges » ont colonisé un écosystème précieux, soulevant la colère des riverains, pêcheurs et amoureux de la nature. L’industriel Altéo devait cesser tout rejet au 31 décembre 2015, cependant il a demandé, et obtenu du Préfet des Bouches-du-Rhône, l’autorisation de continuer à déverser en mer ce qui n’est plus désormais une boue, mais un liquide.

Réticences

Désirant connaître l’impact sur l’environnement de ces rejets, nous avons contacté divers scientifiques, écologues, biologistes ou toxicologues, en nous heurtant à d’étonnantes difficultés. Certains n’ont simplement pas répondu à nos sollicitations, le MIO (Institut Méditerranéen d’Océanologie) a d’abord accepté de s’exprimer avant de se rétracter,

et Denise Bellan-Santini, présidente du Conseil scientifique du Parc National des Calanques, a refusé tout commentaire sur les rapports mis à disposition du public, invoquant le droit de réserve. Jean-Claude Dauvin, blessé de n’avoir pas été remercié suite à sa participation au Comité scientifique de suivi, a cessé de s’intéresser à la question, et nous a renvoyé à ses conclusions de 2010 : « pas de perturbation majeure de l’écosystème, hormis d’ordre mécanique ». Nous avons donc étudié la documentation publiée par la société Altéo, les expertises demandées par la ministre de l’Écologie, et appelé les collectifs de défense de l’environnement, pour savoir si oui ou non il est dangereux de se baigner, ou si l’on peut consommer du poisson pêché dans cette zone...

État des lieux

La Méditerranée est une mer globalement très polluée, surtout aux abords des grandes villes comme Marseille. Dans le Golfe du Lion se cumulent déversements d’égouts colossaux, et effluence du Rhône charriant toutes les scories accumulées sur son long parcours. À cela s’ajoute donc le dépôt visqueux des boues rouges, épais de plus de 30 mètres à certains endroits, soit 30 à 40 millions de tonnes... Gérard Carrodano, pêcheur de La Ciotat, explique que dans les années 87-90, il n’atteignait le fond souillé avec ses engins qu’à plus de 300 m de profondeur ; aujourd’hui, « à 122 m on est dans la boue ». « On avait la chance d’avoir cet entonnoir, bourré de vie, d’éléments planctoniques, d’oligo-éléments, on pêchait des langoustes, des lottes, des congres... Il n’y a plus rien, la zone est brûlée ». Selon lui, les seuls poissons que l’on trouve dans cet écosystème anéanti sont des espèces pélagiques comme les

sardines ou les anchois, qui y passent lors de leurs migrations. Un rapport de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire), rendu public fin 2015, a confirmé que les poissons, mollusques et oursins sont bel et bien contaminés par les rejets d’Altéo, et la liste des polluants est longue : arsenic, cadmium, cobalt, chrome, mercure, manganèse, nickel, plomb, aluminium, titane, vanadium...

Quelles conséquences ?

Avec les courants marins, cette nappe de boue continue de se répandre, même si l’industriel a cessé de déverser des solides, en les filtrant, pour ne plus rejeter que des liquides décolorés. Pour Gérard Rivoire, océanographe à la retraite, « cela risque d’être pire, car l’eau douce remonte à la surface, et se propage encore plus loin ». Le thorium et l’uranium contenus dans les résidus d’extraction de l’alumine sont des éléments radioactifs : radioactivité que l’organisme (humain, entre autres) stocke sans pouvoir l’évacuer... Les perturbateurs endocriniens sont également mis en cause. Selon Gilles Nalbone de l’Inserm, outre les métaux lourds, bien d’autres toxiques sont présents dans les eaux des calanques : PCB, phtalates, composés benzéniques et autres joyeusetés... Il ne croit pas que tous les polluants aient pu être éliminés des rejets liquides par l’industriel, « car la plupart sont des molécules solubles ». Les conséquences d’une exposition aux perturbateurs endocriniens sont glaçantes : cancers hormono-dépendants (sein, prostate, thyroïde, utérus), diabète, obésité, maladies neuro-dégénératives (Alzheimer ou Parkinson), toutes pathologies qui explosent... et cela ne fait que commencer. On est loin de la toxicologie classique remontant à Paracelse, où la dose fait le poison : ces molécules ont un impact biologique à très faible dose, l’effet cocktail est redoutable.

Que faire pour se protéger ?

On peut se baigner sans crainte dans les calanques, à condition de ne pas trop boire la tasse. On peut aussi consommer les produits de la mer, en sachant que les poissons gras et ceux qui sont en haut de la chaîne alimentaire présentent les plus forts taux de concentration de polluants (notamment de mercure, neurotoxique). Quant aux enfants, il vaut mieux d’une manière générale limiter © Gaëlle Cloarec


© Gaëlle Cloarec

leur exposition aux perturbateurs endocriniens, qui peuvent affecter le fonctionnement des gènes. Toujours d’après Gilles Nalbone, de la vie intra-utérine à l’adolescence, le système immunitaire en construction et le développement de l’appareil reproductif peuvent être lourdement affectés, avec des modifications qui n’apparaissent pas forcément tout de suite : « ce sont des bombes à retardement »... Prudence donc pour les femmes enceintes.

Et l’industriel ?

On ne peut pas dire qu’Altéo n’ait rien fait. Joint par téléphone, Fabrice Orsini, chef de projet gestion des résidus de bauxite, évoque les « gros moyens » alloués à la recherche par l’entreprise, qui ne peut plus déverser ses boues en mer et entend donc les rentabiliser. De la terre importée de Guinée depuis les années 90 (à l’origine, elle provenait des Baux-de-Provence), on extrait l’alumine sur le site de Gardanne. Ce qui reste après extraction, commercialisé sous le nom de Bauxaline, a servi de revêtement de route, ou d’étanchéisation (ainsi sur la décharge d’Entressen). Mais les débouchés restent limités, et la concurrence rude : les travaux tunneliers intensifs en région marseillaise produisent beaucoup d’argile. L’industriel vise donc à présent le bâtiment (tuiles, briques, bétons phoniques) et… les marchés de dépollution. Fabrice Orsini s’en amuse (« avec notre image, c’est plutôt paradoxal »). Mais la Bauxaline a « des propriétés fixatrices de pollutions métalliques », et mélangée à des sols industriels contaminés permet de les revégétaliser... Quant à savoir si ces métaux passent alors dans les plantes,

« on a besoin de temps pour le vérifier ». Altéo travaille aussi sur les affluents liquides « qui ne seront jamais supprimés mais peuvent être améliorés » (pour le moment ils sont impropres à l’irrigation). Notons en passant que la consommation d’eau de l’usine est énorme : 270 m3/ heure émergent de la canalisation, jour et nuit, toute l’année.

Politiques

Les associations de défense de l’environnement se réjouissent du maintien de Ségolène Royal au ministère de l’Écologie, et sont très remontées contre le passage en force de Manuel Valls : c’est le pouvoir central qui a tranché en faveur d’une prolongation des rejets, que la ministre désapprouvait. Les opposants cherchent les réelles motivations de cette politique, derrière l’argument classique de préservation des emplois. L’usine, depuis 2012, appartient au fonds d’investissement américain HIG, et certains s’en étouffent : « ils travaillent avec

Pour aller plus loin Expertise Ifremer 26/01/15 : http://archimer.ifremer.fr/ doc/00260/37099/35615.pdf Rapport de l’Anses 21/12/15 : https://www.anses.fr/fr/system/files/ ERCA2015sa0107.pdf Documentaire de Valérie Simonet : http://www.vodeo.tv/documentaire/ calanques-une-histoire-empoisonnee#

toutes les dictatures africaines, et 80% de leurs bénéfices se font dans des succursales en Asie ! ». Quant au silence des chercheurs, le professeur Henry Augier, président d’Union Calanques Littoral et ancien directeur du laboratoire de biologie marine à la Faculté des sciences de Luminy se dit « atterré » par ses collègues qui ont appuyé l’autorisation de rejets. « Si j’avais été membre du Conseil scientifique, j’aurais démissionné sur l’heure ! » Selon lui, les études les plus fiables sont celles publiées par l’Anses et l’Ifremer, « dont personne n’a tenu compte » : « ce sont des organismes sérieux qui ne prêtent pas le flanc à la critique, mais ils ont manqué du temps et de l’argent nécessaire ». À l’heure où nous bouclons, la mobilisation citoyenne s’intensifie. Après la manifestation du 30 janvier devant la Préfecture des Bouchesdu-Rhône, c’est sur le terrain juridique qu’elle se porte. Le 23 février, le premier recours est présenté en référé au Tribunal Administratif de Marseille. Altéo a réuni des ténors du barreau, face à Me Benoît Candon qui représentera les opposants, lesquels « n’attaquent pas l’industriel, mais l’État, via le Préfet ». En dernière instance, les collectifs solliciteront l’Europe, considérant que la France est « hors la loi des rejets en mer, de la loi littorale, du code de l’environnement, de la loi sur les Parcs nationaux, la convention de Barcelone et le protocole d’Athènes ». GAËLLE CLOAREC


10 Politique Culturelle

37, Rue Vincent Scotto Le Mépris

Le 13 janvier, les personnels des cinémas César/ Variétés se sont mis en grève. La plupart n’avaient perçu ni leur salaire de décembre, ni le treizième mois conventionnel. Ces derniers mois, les retards de paiement, récurrents depuis de nombreuses années, étaient devenus systématiques et intolérables. Les courriers adressés à leur patron, Galeshka Moravioff, restent sans réponse. « Cela ne nous étonne pas, nous a déclaré le délégué du personnel, c’est son mode de gestion habituel. Cynisme et irrespect. On ne sait rien. Les rumeurs courent, laissant les personnels dans le stress. M. Moravioff se moque du code du travail et de la relation sociale avec les personnes. Pas de formation continue, et des complémentaires retraite pour lesquelles nous sommes très inquiets ». Cette inquiétude est d’autant plus vive que les huissiers passent régulièrement au César, qu’une procédure avec la Mairie est en cours pour défaut de paiement des loyers des locaux dont elle est propriétaire, et qu’après les fermetures des salles du groupe Moravioff à Lyon en 2009, Rouen en 2014, le cinéma St Lazare Pasquier à Paris a fait l’objet tout récemment d’une procédure d’expulsion. Cette fois, à la suite de leur grève, les salariés des Variétés ont déposé 10 dossiers aux prud’hommes pour l’obtention du 13e mois.

À bout de souffle

Contacté par téléphone, Galeshka Moravioff impute ses difficultés au CNC qui ne lui aurait pas accordé les subventions accompagnant le passage au numérique auxquelles il prétendait, et à qui il a intenté un procès pour les récupérer. En attendant cette hypothétique manne, il serait en pourparlers avec un autre groupe susceptible de le remettre à flot, mais dont il n’a pas souhaité révéler le nom. Il s’engage à régler les salaires de janvier et envisagerait même de venir voir ses salariés à Marseille, ce qu’il n’a pas fait depuis bientôt 3 ans ! Peut-être pourrait-il rencontrer à cette occasion JeanClaude Gaudin, un rendez-vous qu’il appelle de ses vœux nous a-t-il dit, tout en déplorant l’absence d’une vraie politique nationale de gauche et la fermeture de salles indépendantes en France, y compris quand elles sont rentables, à l’instar de celle du Star de Cannes.

© Annie Gava

Il était une fois Artplexe

Face à ce discours, Mme d’Estienne d’Orves, en charge de la Culture à la Mairie de Marseille, a réagi. Selon elle, M. Moravioff a déjà été reçu plusieurs fois à la Mairie qui a déployé tous les efforts possibles pour trouver des solutions et lui a proposé des échéanciers. Le montant actuel des arriérés dus par la SARL atteignant 300 000 euros, elle ne voit pas comment, malgré le « travail formidable » de l’équipe, négocier avec M. Moravioff.

Anne-Marie d’Estienne d’Orves, qui parle déjà du cinéma Les Variétés à l’imparfait, se montre enthousiaste sur le projet Artplexe, ce « complexe culturel à dominante cinématographique sur la partie haute de la Canebière » approuvé par le Conseil municipal du 13 avril 2015 et le trouve « plus réaliste, plus raisonnable » que feu le projet MK2 de Karmitz défendu en son temps par M. Mennucci : 7 salles, un parking, un resto, une librairie, une galerie et... un fleuriste (?) en lieu et place de la mairie de secteur 1/7 avec l’ambition confiante d’obtenir


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le label art et essai. Nous aurions aimé demander à Jean Jacques Léonard et Gérard Vaugeois, porteurs de ce projet ce qu’ils entendaient par «art et essai», leurs déclarations dans la presse, parlant de Woody Allen et de Spielberg, qui, s’ils relèvent bien de l’art, n’en sont vraiment plus à l’essai ! Leur demander aussi s’ils ont prévu de programmer les films du cinéma indépendant qui ne sont pas en DCP ou des œuvres sans distributeur. Galeshka Moravioff doute du montage financier de l’opération Artplexe et de sa faisabilité. Et, semble-t-il, il n’est pas le seul. De plus, de l’accord de principe d’une mairie au permis de construire soumis à la décision des Bâtiments de France et au recours des tiers, la route est parfois longue. Malgré notre demande, nous n’avons pu obtenir de réponse de la mairie de secteur.

À MARSEILLE ET ALENTOUR

02 26 MARS

Match point

Pour les salariés du César/Variétés, la situation semble inextricable. Outre les problèmes financiers qui génèrent des conflits avec certains distributeurs que M. Moravioff ne paie pas et qui lui refusent les films, seules 4 salles sur 5 fonctionnent aux Variétés (problèmes de chauffage, de vétusté des équipements). Le lifting des deux cinémas demanderait des fonds conséquents. L’équipe en place fait des prouesses. Malgré la perte du label Art et Essai en 2011 et de la subvention afférente, elle multiplie les événements, les avant-premières (quand c’est possible !), invite des réalisateurs défendant un cinéma fragile qui ne trouve plus guère d’écran à Marseille. Le dernier cinéma encore présent sur La Canebière (dont les élus ne cessent de prôner la « redynamisation »), accueille de nombreux festivals comme le FID, Cinepage, FFM, ZeFestival… Il est devenu un lieu que le public et toutes ces associations partenaires ont fait leur. Qu’adviendra-t-il de ces manifestations si « leur » cinéma disparaît ? Mme d’Estienne d’Orves s’engage à recevoir les partenaires pour trouver des solutions. Et il semblerait que certains salariés pensent déjà à la possibilité de reprendre, en cas de liquidation, leur outil de travail.

L’Enjeu

Il y a là, manifestement, des enjeux de politique culturelle majeurs. Face au déficit de places ciné à Marseille (9,6 fauteuils pour 1000 habitants alors que Lyon en compte 36), les projets ont fleuri : celui quatre étoiles de Luc Besson à La Joliette qui a obtenu son permis ou Bleu Capelette, un cinéma de 12 salles, exploité par Pathé et le groupe Tarizzo. Des multiplexes aux démarches essentiellement commerciales. Il ne reste plus à Marseille qu’un seul cinéma Art et Essai, l’Alhambra dans le 16e arrondissement. La Buzine, subventionnée par la Ville n’a pas tenu ses promesses. Et à côté du beau travail du Gyptis à la Belle de Mai, serait-ce si « irréaliste » de maintenir en centre-ville une structure qui saurait imposer son modèle en s’appuyant sur la compétence des équipes et la curiosité bien réelle des cinéphiles marseillais ?

THÉÂTRE / DANSE LITTÉRATURE / CINÉMA EXPOSITIONS / CONFÉRENCES La Biennale des écriture du réel #3 est une initiative du Théâtre la cité partagée avec deRENCONTRES nombreux partenaires. www.theatrelacite.com

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MARSEILLE

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15 mars > 2 avril 2016

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12 Politique Culturelle

Les promesses de Sophie Joissains Il se murmure que l’attribution de la délégation culture à la vice-présidente régionale est ce qui pouvait arriver de mieux… L’élue UDI a en effet mené à la Ville d’Aix une politique attentive aux publics et tournée vers la création Sophie Joissains © Marc Voiry

E

lle vient de prendre ses fonctions, et tient des propos rassurants, au moment où toute une profession s’interroge sur son avenir. Et où la nomination, comme conseillère culture de Christian Estrosi, de Mandy Graillon, une Reine d’Arles de 23 ans qui défend un provençalisme identitaire1, sidère le milieu culturel. Zibeline : Que pensez-vous de la politique culturelle régionale de vos prédécesseurs, et comment voulez la poursuivre, ou l’infléchir ? Sophie Joissains : J’en pense beaucoup de bien ! Mais ce que je voudrais accentuer, c’est sa continuité. Que la culture ne soit pas essentiellement de l’évènementiel, qu’elle se travaille avec les acteurs concernés, avec la population. Qu’il y ait de véritables dispositifs d’appropriation en direction de la jeunesse par exemple, comme avec Trop Puissant... La Région est en responsabilité des Lycées. Ces dispositifs, vous les destinez surtout aux lycéens ? Bien sûr que non, la culture concerne toutes les générations, tous les territoires aussi, ruraux ou urbains, les centres-villes, les quartiers excentrés ou prioritaires... À la Ville d’Aix vous avez mis au point la politique du Bois de l’Aune, assez remarquable, à entrée gratuite. Vous avez aussi créé le Centre international des arts du mouvement, bientôt une grande scène de musiques actuelles... Est-ce que c’est dans la ligne de ce que vous voulez construire à la Région ? Oui, sincèrement oui. Je crois que c’est une

politique dont personne n’a à se plaindre. Le Bois de l’Aune rassemble au Jas de Bouffan, dans un quartier prioritaire, des gens de tous horizons, qui viennent du quartier, de la ville, des communes alentour... Cela avec une programmation de grande qualité. C’est ce que je veux pour la Région. Qu’on ait la même exigence de qualité et de mixité des publics dans une manifestation de cultures urbaines comme le CIACU, ou au Festival d’Art Lyrique. Que voulez-vous mettre en place pour soutenir les festivals ? Le Président de la Région a l’idée d’un Pass Festival qui pourrait à terme concerner tous les festivals et en faciliter l’accès à l’ensemble de la population régionale. Je trouve l’idée formidable... La Région est actuellement, en volume, le premier financeur des compagnies régionales. Voulez-vous poursuivre cette politique, vitale pour les acteurs culturels ? Dans la mesure où c’est possible sur le plan budgétaire, évidemment. La création et l’égalité d’accès sont mes priorités. La formation professionnelle est aussi dans le programme du Président, il s’y est engagé, comme de soutenir la création. Par rapport aux agences financées par la Région, c’est à dire l’ARCADE, l’Agence régionale du Livre et la Régie Culturelle, voulez-vous poursuivre leur financement, les faire évoluer, changer leur destination ? Elles font bien leur travail. Néanmoins une

évolution est toujours souhaitable. Sur l’Arcade je veux travailler davantage la formation professionnelle, qui est utile à l’ensemble des professionnels du spectacle vivant. Avec l’ARL il faut tout faire pour que les gens aient plus envie de lire, la jeunesse et les autres. Quant à la Régie culturelle, elle fait des choses magnifiques sur l’ensemble de la Région. Elle est peut-être un petit peu trop, à mon goût, sur l’événementiel, et je voudrais qu’elle inscrive ses propositions dans un suivi plus grand. Ces dispositifs de suivi existent déjà d’ailleurs, je voudrais les soutenir davantage. Pensez-vous que le Fonds Régional d’Art Contemporain fonctionne bien ? Lui aussi dépend principalement de la Région. Il faut que ses expositions sortent et tournent. Il va actuellement dans les Lycées, mais il faut accroitre le nombre de lieux de façon stratégique, pour que le plus de population possible soit amené à voir ces expositions. Et qu’il y ait une véritable communication sur ce qui se passe dans ce bâtiment, avec des outils pédagogiques. Tout le monde n’aborde pas naturellement l’Art contemporain, il faut tendre la perche de façon à ce qu’on ait envie de venir à ces expositions. La Reine d’Arles vient d’être choisie par Christian Estrosi comme son conseiller culture. Est-ce que vous pensez qu’une jeune femme de 23 ans, provençaliste, est susceptible de le conseiller correctement sur les dossiers difficiles, et de siéger dans les Conseils d’Administration des grandes institutions ?


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L’Espace Busserine est en danger Il faut faire confiance à la jeunesse. C’est quelqu’un qui a une compétence et qui a une grande soif d’apprendre. Vous pensez que c’est le bon poste pour apprendre ? Elle n’est jamais collée sur les questions qu’on lui pose... Elle étudie les dossiers... Christian Estrosi a parlé entre les deux tours du fait qu’il voulait travailler avec toutes les forces démocratiques... Vous êtes à l’UDI, donc centriste. Est-ce que votre habitude de travail vous pousse à donner une dimension républicaine et ouverte à votre politique culturelle ? C’est un axe majeur. À Aix-en-Provence j’avais deux délégations, la culture et la politique de la Ville, je les ai toujours menées ensemble, cherchant à les joindre dès que c’était possible. Pour le meilleur, toujours. L’accès à tous, l’égalité des chances est évidemment une valeur républicaine que je défends. Le territoire est très vaste et varié. Certaines zones sont éloignées, mais il y a des initiatives formidables dans les territoires alpins, au fond du Pays d’Aix... Êtes-vous attachée à ces territoires excentrés, hors métropole ? Bien sûr. La culture ce sont des imaginaires mis en commun, ceux des territoires isolés comme ceux des quartiers, des centresvilles, des villages, des jeunes et des autres... Au niveau des Pôles régionaux, allez-vous leur donner un cahier des charges particulier, leur assigner des missions de développement territorial ? Je pense qu’ils ont déjà une grande attention à ce développement, et à leur public. Evidemment il y a toujours des aspects perfectibles. Mais je ne peux pas vous répondre précisément, je n’ai pas encore eu les évaluations concernant ces diverses scènes.

D

epuis début janvier, l’Espace Culturel Busserine (ECB), dans le 14e arr. de Marseille, est fermé au public. Ce lieu, chargé de 30 ans d’histoires au cœur des quartiers nord, a dû cesser ses activités (accueil de spectacles tout public et scolaires, résidences d’artistes, ateliers de danse, théâtre, informatique) sur décision de la mairie Front national des 13-14. Gestionnaire de l’ECB, le maire de secteur, Stéphane Ravier, entend clairement remettre la main sur le site. En plus des coupes budgétaires déjà opérées, il a également profité d’une situation particulière pour « instaurer un nouveau partenariat, avec un choix appuyé de la mairie de secteur », selon ses propres mots. En résumé, des travaux, prévus de longue date par l’Agence Nationale de Rénovation Urbaine, devaient avoir lieu à l’ECB début 2016. Ils ont été repoussés et ne commenceront probablement pas avant 2017. Malgré ce report, les salariés de l’ECB, qui sont tous fonctionnaires municipaux, ont été affectés en poste à la mairie de secteur en février, contraints de laisser vacant et éteint leur lieu de travail. Ce que Stéphane Ravier avait certainement sous-estimé, c’est la mobilisation qui a surgi en faveur de l’ECB. Très rapidement, une pétition de soutien a rassemblé près de 3000 signatures, et des artistes tels Imothep, Philippe Carrese, Geneviève Sorin, tous liés à la Busserine par leurs parcours, se sont engagés contre cette fermeture. Et si l’ECB est en danger, à la mairie des 13-14, on a réalisé aussi que l’ECB est un danger. Non seulement car il a ouvert un accès à la culture à des milliers de jeunes des quartiers nord, en distillant « la poudre d’intelligence », comme le notait joliment la réalisatrice Bania Medjbar, mais aussi parce que la population, et tous ceux qui tiennent à ce lieu, ne resteront pas sans réagir. Revenant sur ses premières positions, le maire a indiqué le 22 février qu’une partie des spectacles scolaires prévus seraient accueillis d’ici juin à la Busserine. Il faudra alors bien que le personnel reprenne les lieux. Mais le flou demeure sur ce point, tout comme sur l’accueil du reste de la programmation scolaire. Quant au site lui-même, des habitants, associatifs et artistes envisagent d’y tenir une présence régulière, déterminés à montrer que l’ECB reste un lieu d’ouverture.

Et avez-vous un grand projet que vous voulez mettre en place ? Oui, j’en ai même plusieurs, sauf que je ne peux pas encore vous en parler... parce qu’il faut d’abord que j’en parle au Président ! ENTRETIEN RÉALISÉ EN JANVIER 2016 PAR AGNÈS FRESCHEL

Lors de son élection comme Reine d’Arles elle a défendu le Provençal et qualifié l’Occitan de « langue fabriquée de toutes pièces ». Elle a également repris le slogan du Collectif Provence : « siam una regien, una lenga, una identitat ». (nous sommes une région, une langue, une identité). 1

Vous pouvez écouter l’intégralité de l’entretien en ligne sur WZR journalzibeline.fr/les-promesses-de-sophie-joissains

JAN-CYRIL SALEMI

© KP


14 Politique Culturelle

LES DEUX AILES D’IMBÉCILLITÉ La dite réforme de l’orthographe, élaborée en 1990 par des lexicologues et des grammairiens soucieux de corriger des difficultés inutiles, soulève aujourd’hui des passions identitaires...

Q

vient pas du grec mais de l’arabe, et veulent que les solos et les lieds ne soient plus des termes allemand ou italien, mais des mots français prenant des « s » au pluriel... La levée de boucliers n’a pourtant rien d’étonnant. Elle relève d’un réflexe de protection, celui-là qui rend difficile de renoncer à un bien durement acquis : certains ont trimé des années pour mettre un tréma sur la bonne lettre d’ambiguë (qui devient enfin ambigüe!), ou pour distinguer ceux qui se sont laissé faire de ceux qui se sont laissés tomber. Aujourd’hui Le Cardi nal d e

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Gardons nos erreurs ?

Aujourd’hui le Gouvernement français a décidé d’appliquer enfin, dans l’enseignement du français à l’école, des simplifications de bon sens, qui corrigent des erreurs anciennes, harmonisent des séries où l’exception à l’exception rendait les règles absurdes. Il rend ainsi aux locuteurs de la langue française la possibilité de ne pas se débattre pendant des dizaines d’années pour maîtriser l’usage absurde du tiret dans l’écriture des nombres (pourquoi garderait-on « cinq cent quatre-vingt-douze » ?), du pluriel dans les mots composés, du doublement aléatoire des consonnes dans les verbes en « oter »... Rien de révolutionnaire, à peine une réformette, écrite et approuvée il y a 25 ans par des grammairiens qui savent que nénufar ne

de prendre un accent ; le fait que gageüre sera prononcé correctement par ceux qui savent lire. Mais si la mise en application des ajustements de 1990 n’est qu’un premier pas vers l’acceptation du fait que notre langue doit évoluer, nous aurons gagné beaucoup ! La francophonie, peut-être, y retrouvera du sens, parce que les locuteurs québécois ou belges, ivoiriens ou arabes, et de toutes les langues régionales et les créoles français, auront l’impression que leurs inventions verbales entreront un jour dans nos bons usages, comme le chocolat, les assassins, l’abricot, l’alchimie y sont entrés avant le filtrage de l’Académie. À quand bezef, bled, kif-kif, boloss dans le dictionnaire de l’Académie ? Pas comme des termes d’argot, mais comme des mots français ? Un élargissement lexical est nécessaire : cela fait trop longtemps que notre langue se contente d’intégrer des mots anglais parce qu’elle est incapable de nommer les parkings et les weekends. Les seuls mots étrangers acceptés par l’Académie au XXe siècle sont anglais, en dehors des nems et goulaschs comestibles. Pour qu’une langue soit vivante, il faut qu’elle évolue, et que sa graphie reflète son usage parlé. Les Allemands, les Américains, les Hispanophones adaptent leur grammaire et leur lexique pour qu’ils soient en accord avec l’usage que les peuples en font. Sans brutalité, parce qu’une langue se doit d’être plastique. La place du Français dans le monde et l’appropriation de la langue française par les jeunes ont tout à gagner à ce que notre bon usage sorte enfin de ses réflexes aristocratiques, de ses ors académiques, et de la nostalgie. Pour regarder ensemble quel peuple nous sommes, rien de mieux que l’élaboration d’une langue commune.

pe lip hi ,P 2)

uel est, pour les Français, le plus évident des marqueurs de classe ? Certainement la maîtrise parfaite de l’orthographe française, et de ses subtilités parfois imbéciles (avec un seul l). Son fantasme d’intégrer dans ses graphies une étymologie imaginaire, et un lexique strict fixé par une Académie inventée sous le règne de Louis XIII, par Richelieu. Depuis quatre siècles la langue d’un peuple tout entier a été centralisée, épurée de ses particularismes régionaux et populaires, latinisée pour réaffirmer une origine antique et impériale, fixée dans le marbre froid et dur qui était le symbole du bon goût aristocrate, avant de devenir celui des bourgeois enrichis. Et cette langue qui jusque là était mouvante, inventive, plurielle, que Villon et Rabelais empoignaient pour la trafiquer et la faire vivre, est devenue un moyen de distinction sociale, incroyablement complexe, jamais phonétique alors que l’ancien français s’écrivait comme il se parlait. Par là même le Français est devenu impossible à maîtriser ailleurs que dans les Cours d’Europe, qui s’en sont emparé pour se distinguer des moujiks, et des indigènes.

ces distinctions-là n’ont plus cours. Qu’y perd-on ? Rien. Ceux-là pourront continuer d’écrire comme ils l’ont appris, s’ils y parviennent. Mais ne pourront plus considérer comme fautive une imbécilité enfin alignée sur l’imbécile qui la crée.

Faire vivre la langue

Qu’y gagne-t-on ? À cette réformette, pas grand-chose. Le temps que nos enfants ne perdront plus à apprendre des listes de verbes en « eter » et « eler » qui doublent le l au lieu

AGNÈS FRESCHEL


Ventre «L affamé n’a pas de plume

e temps, c’est un luxe ! », déclare Claire Castan, chargée de mission Vie littéraire à l’ARL. Permettre à un auteur, sur une période de quelques mois, de se consacrer à son travail en étant dégagé des contraintes matérielles, tout en animant des ateliers, des rencontres, complémentaires à son travail d’écriture, facilite souvent la finalisation des projets d’édition. Les écrivains vivent-ils de leur plume ? Accueillis auprès de riches patriciens aux temps antiques, à la Villa Médicis au XVIe siècle (les écrivains de Cour touchaient des pensions !)... mais dès la fin des temps aristocrates, les écrivains sortis de l’assujettissement ont souvent dû publier leurs romans en feuilletons, et vivre d’autres métiers. La plupart aujourd’hui sont enseignants, bibliothécaires, journalistes, mais encore barmen, livreurs, éducateurs... C’est pour offrir un temps libre de travail qu’ont émergé les résidences d’auteurs. Au nombre de 20 en PACA, ces structures peuvent être des associations ; certaines sont des lieux permanents, d’autres n’offrent qu’une seule résidence par an ; d’autres encore sont des fondations privées. D’après le Centre National du Livre c’est en 1981 qu’a été accordée la première bourse d’écrivain-résident. Depuis la demande est forte tant du côté des auteurs que des territoires qui favorisent ainsi l’égalité d’accès au livre et à la lecture.

Bibliothèque Armand Gatti, La Seyne © X-D.R

Début décembre, l’Agence Régionale du Livre réunissait à La Friche les structures qui, en PACA, accueillent des auteurs en résidence. Un dispositif qui accorde aux auteurs des conditions de création convenables, à savoir le gîte et le couvert, fréquemment assortis de Des conditions bourses d’écriture très variables

Chaque lieu d’accueil a son fonctionnement propre, mais l’auteur qui sollicite une résidence doit présenter son projet d’écriture et, dans la plupart des cas, avoir déjà été publié. Il lui est demandé de consacrer 30% de son temps à des ateliers, des lectures, des échanges avec les publics. Ainsi le contrat remédie à l’isolement de l’écrivain et des zones rurales. Les frais de transports ne sont pas toujours pris en compte, ni les repas ; cependant le Monastère de Saorge demandait jusqu’à présent une participation et étudie une nouvelle formule. Prises en charge par les mairies ou les bibliothèques, elles-mêmes subventionnées par la Région, la DRAC, les départements, les rémunérations sous forme de droits d’auteurs varient entre 800€ et 2 000€ par mois. Mais plusieurs n’offrent que gîte et couvert, ou que gîte... Les résidences ont aussi des finalités et des visages multiples. L’association ATLAS d’Arles propose des résidences de traduction ; en 2015, 123 résidents de 50 pays différents ont occupé les 10 chambres. La Fondation

15 des Treilles, dans le Parc du Verdon, et la Fondation Camargo à Cassis fonctionnent exclusivement avec des financements privés, et chercheurs, artistes et auteurs s’y croisent, dans un esprit d’émulation et des décors de rêve. Dans les Alpes-de-Haute-Provence, Croq’livres et Éclats de lire hébergent de jeunes auteurs et illustrateurs jeunesse. Les résidences qui leur sont dédiées ont doublé depuis 2012, sans doute parce que la médiation avec le public y est plus naturelle. À Marseille, Peuple et Culture, réseau d’éducation populaire, s’intéresse aux relations textes/image documentaire ; la Marelle, qui ne veut pas formater ses propositions, vient de lancer un nouvel échange avec l’Argentine ; le CIPM accueille les poètes méditerranéens et édite la collection Le refuge. À La Tour d’Aigues, Les Nouvelles hybrides confrontent la littérature et la musique dans les bibliothèques du sud Lubéron. À la Seyne, Orphéon privilégie l’écriture de textes dramatiques et leur création tandis que Plaine Page à Barjols confie à chaque résident la réalisation éditoriale de la revue GPS...

Peut mieux faire !

En constante augmentation, ces structures associatives ou privées permettent l’épanouissement de réseaux qui protègent les auteurs et favorisent la transmission. Mais au regard des financements publics, les écrivains (et les plasticiens) restent les parents pauvres du monde de la culture. Jamais salariés (sauf en Suède, d’où la belle santé de la littérature suédoise), touchant de faibles droits sur leurs ventes... En région PACA, pas de dispositifs de résidence d’écriture centralisés comme en Île-de-France ou en région Centre, pas de centre national de résidences d’auteur, comme la Chartreuse de Villeneuve (région Languedoc)... Les structures accueillantes sont souvent amenées à ne pas rémunérer les auteurs, voire à ne leur offrir que l’hébergement. Faute à la très faible dotation au livre de la DRAC PACA, et à l’absence de dispositif régional d’envergure ! CHRIS BOURGUE

Lire également l’entretien avec Sophie Joissains p. 10 et l’article sur le Plan lecture de la Ville de Marseille p. 14 www.livre-paca.org


16 Politique Culturelle

Lire à Marseille, enfin LE CONTRAT LECTURE DE LA VILLE DE MARSEILLE VEUT COMBLER LE DÉFICIT D’ÉQUIPEMENT ACCUMULÉ DURANT DES ANNÉES

À

Marseille, la lecture publique est très en retard. La Ville de Marseille en a conscience, et a commandé en 2014 un rapport à une agence qui pointait clairement les déficiences : les bibliothèques sont très en deçà de la moyenne nationale1, les librairies sont très rares et concentrées en centre-ville, et Marseille n’a pas de festival du livre d’envergure. Un constat sans appel, qui méritait des réponses conséquentes. Cette fois la Ville n’a pas reculé, et a mis en place un plan lecture susceptible de commencer à rattraper le retard. Dans le détail, l’étude pointait que L’Alcazar avait concentré les moyens, au détriment des autres équipements : ainsi 50% des prêts s’y effectuent, le reste relevant essentiellement de Bonneveine et du Merlan ; l’Alcazar représente

Bientôt les beaux jours Zibeline : Vous êtes éditrice. Comment en êtes-vous venue à organiser, avec une libraire, une manifestation littéraire ? Fabienne Pavia : C’est bien de fabriquer des livres. Mais c’est bien aussi de se demander pourquoi les gens lisent, ou ne lisent pas. Nous voulons partir des thèmes qui intéressent les Marseillais, et voir comment ils peuvent

Ce que devraient être les bibliothèques dans 10 ans © Agence abcd pour la Ville de Marseille

à lui seul 70% de la surface des 8 bibliothèques marseillaises, dans une ville très étendue, aux transports publics déficients ; les actions culturelles y sont également concentrées.

Un véritable réseau

Le plan adopté par la Ville de Marseille repose tout d’abord sur la création de la médiathèque de Saint Antoine, équipement majeur qui rééquilibre le territoire et devrait être suivi par un équipement du même ordre dans les

quartiers Est. Il s’agit aussi de rénover les bibliothèques qui en ont besoin (Le Merlan puis la Grognarde), de transférer Bonneveine, Saint André et les 5 avenues, de créer des « médiamétros » sur le type de celui de Castellane, puis, sur un terme plus long, de prévoir des équipements de proximité aux Catalans, à Saint Loup, à La Rose, à Cadenat. Un plan ambitieux2 : près de 40 millions d’investissement en 10 ans, qui doivent s’accompagner de recrutements importants, pour que l’accueil y soit plus chaleureux et que les

irriguer la littérature. On a mené une enquête, pour savoir quelle était l’attente thématique générale. On nous a parlé de mondialisation, de cuisine, de la conquête de l’espace, de la mélancolie... On a décidé de partir vraiment de ces réponses, et de mêler les écrivains avec des astrophysiciens, des cuisiniers, des penseurs hors de leur champ. Pas de rencontre littéraire classique donc, avec un modérateur et des écrivains qui présentent leur dernier livre ? Si, il y en aura, mais on veut proposer aux auteurs des images d’archives, ou d’actualité, pour croiser les paroles. Et qu’ils réagissent aussi à de petites formes que l’on aura préparées avec des jeunes lors d’ateliers autour de

leur œuvre. On travaille sur des e-ku (haïku numérique ndlr) que les jeunes partagent très vite... Si l’on veut intéresser les Marseillais à un festival littéraire, il faut travailler en amont, et inventer ! Nous avons déjà commencé les ateliers, et dès septembre il y aura des auteurs en résidence, des rencontres, pour préparer le festival durant 9 mois. Le festival aura lieu quand ? En mai 2017. Cela s’appellera Oh les beaux jours !, parce que nous voulions de la gaité ! Mais dans l’immédiat nous aurons des rendus d’ateliers à la Criée et au MuCEM. Pourquoi cette difficulté selon vous à rassembler sur un événement littéraire ? C’est une constante, à Marseille. On y parvient


17 horaires d’ouverture s’élargissent. Il s’agit donc, au delà de l’investissement, d’augmenter aussi de façon conséquente le budget de fonctionnement, ce qui ne pourra se réaliser qu’avec l’aide du ministère de la Culture, qui vient abonder à l’ensemble des dépenses de façon conséquente. Un Contrat Territoire Lecture a été signé entre la Ville et l’État, l’une s’engageant à planifier et rendre compte des investissements, l’autre à les financer « à parité ». Il reste donc à espérer que le tout arrive à terme, dans une ville où les retards sont fréquents, et les reculades légion. Peut-on rêver pour demain de bibliothèques marseillaises ouvertes régulièrement, voire le matin et certains dimanches, où l’on puisse se rendre durant les vacances, et où le prêt puisse s’effectuer depuis chaque lieu ? Des bibliothèques vivantes, avec des ateliers d’écritures, de lecture, des expositions, des conférences, des concerts décentralisés ? Il semble que c’est l’ambition de la Ville ! Qui, d’ores et déjà, a confié les rênes d’une grande manifestation littéraire à Fabienne Pavia (éditrice, le Bec en l’air) et Nadia Champesme (libraire, Histoire de l’oeil)... AGNÈS FRESCHEL

En 2014, le nombre de m2 de bibliothèque par habitant était deux fois inférieur à la moyenne nationale, et le budget d’acquisition des documents était presque 3 fois inférieur. Les horaires d’ouverture, un peu inférieurs à la moyenne nationale, ont fortement baissé depuis. Le nombre d’inscrits dans les bibliothèques est très faible (7,7% des Marseillais, contre 17% de moyenne nationale), et en chute constante (1000 inscrits de moins par an depuis 20 ans). Le taux de prêt est également très bas.

1

Pour comparaison, le nouveau stade Vélodrome a coûté 220 millions d’euros, dont 134 millions d’argent public. 2

moins bien qu’à Manosque, à Aix. Les Littorales avaient une programmation irréprochable, intéressante... mais pas les moyens d’installer en amont leur festival ; qui rassemblait du monde, mais essentiellement des lecteurs avertis. Nous voulons élargir le public, et en particulier faire venir la jeunesse au plaisir du livre. Votre association reprend aussi l’organisation des Rencontres d’Averroès... Oui, Thierry Fabre et France Culture organisent bien sûr les Tables rondes, mais nous allons reprendre l’organisation d’Averroès Junior, et de la programmation artistique. Cela fait beaucoup de travail pour Des livres comme des idées, votre association naissante ! Oui !

Taux d’inscrits dans le réseau de lecture publique municipale © Agence abcd pour la Ville de Marseille

Vous avez un budget arrêté pour tout cela ? Pas encore... Mais pour 2016, c’est-à-dire la préfiguration de Oh les beaux jours !, nous avons 80 000€, pour Averroès autour de 200 000€ sans doute. En 2017 pour le festival nous espérons avoir 700 000€. De la Ville de Marseille ? Entre autres, et principalement. Mais nous devons trouver d’autres financements, de l’État, du Centre National du Livre, des collectivités, et puis du mécénat. Nous sommes en pleine recherche encore. Et où se déroulera le festival ? Autour du Vieux Port, en itinérance : à la Criée, à l’Opéra, à la Chambre de Commerce, au MuCEM, avec un thème pour chaque lieu,

des formes participatives et ludiques dans les halls, des débats dans les salles. Et aussi des concerts littéraires, des lectures... Avec des gens d’ici ? Oui, c’est un de nos engagements : faire travailler les acteurs du territoire. Bien sûr nous ferons venir les écrivains de l’actualité du livre. Mais en mai on est loin de la rentrée littéraire, et les enjeux seront différents.... ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL


18 événements

Fleurir au MuCEM Nouveautés, visites et spectacles

U

n nouveau cycle démarre au MuCEM, qui invite de grands artistes à travailler sur ses collections. Objets déplacés débute les 4 et 5 mars avec Angelica Liddell. L’auteure et metteuse en scène espagnole présentera El Orgullo de la Nada (L’Orgueil du rien), spectacle en espagnol surtitré en français. Elle a choisi trois objets reflétant « l’absurdité même de l’idée de conservation », délicieux paradoxe qui hante tout musée. D’autres artistes auront précédemment investi les lieux : le 2 mars, les vidéastes Zineb Sedira et Katia Kameli proposent une visite guidée et filmée de l’exposition Made in Algeria. Le lendemain, c’est une critique d’art qui nous convie à la suivre sur ce parcours : Nadira Aggoune-Laklouche enseigne

Le mois de février à peine achevé, c’est un printemps avant le printemps au Musée des Civilisations et de la Méditerranée aux Beaux-arts d’Alger, et son propos promet d’être passionnant. Les deux événements, sur entrée libre mais dans la limite de 25 places, seront diffusés ultérieurement sur le site et les réseaux sociaux du MuCEM. Le 12 mars, Paris-Alger-Tombouctou... et retour, un carnet de voyage à danser de Saïda Naït-Bouda, sera suivi d’un atelier participatif.

Cours, rencontres et conférences Le 10 mars, l’Institut Méditerranéen des Métiers du Patrimoine organise une journée de séminaire consacrée à La fabrique des images dans les mondes arabe et musulman contemporain : les choses bougent, de nouvelles pratiques et de nouveaux modes de diffusion se font jour, les sciences sociales permettent de mieux les cerner (sur inscription :

Angelica Liddell © Angelica Liddell

Une traversée réelle du monde P

lus qu’un festival, la 3e Biennale des écritures du réel s’annonce comme « une incitation à faire ensemble une traversée généreuse et curieuse des autres et du monde ». Pour ce faire, l’équipe du Théâtre La Cité, initiatrice de la manifestation, poursuit et amplifie la nécessité « d’aller à la rencontre de nouveaux publics » en inventant de nouvelles formes d’expérimentation et de rencontres « entre artistes, amateurs, chercheurs et acteurs du monde de l’éducation et du social », dans les théâtres mais aussi dans la ville. La Biennale, cette année encore, dira comment s’écrit, s’écoute et se montre le réel. Par le

biais des artistes invités tout d’abord, et de leurs propositions, parmi lesquelles, entre autres, celles de la metteure en scène Serbe Sanja Mitrovic, Do you Still Love Me ?, de David Lescot qui propose Ceux qui restent et La Commission Centrale de l’enfance, de Philippe Boronad qui s’appuie sur le texte magnifique de Catherine Verlaguet, Braises, de Laurent de Richemond et son Curiosity… Par le biais, aussi, de spectacles produits par le Théâtre La Cité, écrits et inventés avec des habitants de la ville, enfants, adolescents et adultes, et notamment celui de Jérôme Bel et Cédric Andrieux, Faisons l’histoire, l’installation orchestrée par la cinéaste Narimane Mari avec la complicité du musicien Cosmic Neman qui entraîne dans le tourbillon de La Vie courante, ou encore le dialogue qu’instaure l’auteur-metteur en scène Julien Mabiala Bissila avec une couturière des quartiers nord dans Jazz, dentelle et taffetas. Par Curiosity © Sigrun Sauerzapfe

le biais encore du mouvement le Continent jeunesse, soit une semaine de spectacles, de films, de débats autour et avec la jeunesse (avec les cinéastes Anne Alix pour Ce Tigre qui sommeil en moi qui rend compte de la création Frontières, et Dominique Cabrera qui réalise actuellement Corniche Kennedy d’après le roman éponyme de Maylis de Kerangal), et qui interrogent aussi les relations entre art et éducation. Par le biais enfin de la l’École éphémère, initiée lors de dernière Biennale par Bernard Stiegler, qui propose conférences et rencontres avec des philosophes, chercheurs et acteurs de la société civile. Pour compléter ces propositions, le cinéma Les Variétés programme un cycle de films intitulé Le Cinéma des ailleurs, qui offre un « Voyage sur les routes d’exils volontaires ou contraints ». DO.M.

Biennale des écritures du réel du 2 au 26 mars Divers lieux, Marseille Théâtre La Cité, Marseille 04 91 53 95 61 theatrelacite.com


19 i2mp@mucem.org). Le soir, dans le cadre du temps fort Algérie, entre la carte et le territoire, on pourra rester au MuCEM pour entendre le poète Habib Tengour évoquer l’œuvre du

Saïda Naït-Bouda © Philippe Ferrant

Théâtre

©Julien Piffaut

Et le diable vint dans mon coeur

grand écrivain et journaliste Mohamed Bib. Le lendemain et le surlendemain, d’autres rencontres-débats poursuivent ce temps fort. Notamment avec les historiennes Hélène Blais et Florence Deprest, et les géographes Sid-Ahmed Souiah, Nadir Bouzama, Bouziane Semmoud et Marc Côte : ils étudieront la « violence géographique » de l’impérialisme, l’utilisation de la cartographie au temps des colonies, et l’urbanisme qui en est issu. La deuxième conférence du cycle Pensées du monde se tiendra le 14 mars avec l’historien américain Rashid Khalidi, qui traitera du Moyen-Orient et ses frontières « recomposées-décomposées ». Pour prolonger le cycle consacré à l’économie des déchets par l’i2mp, on ne manquera pas le 15 mars le séminaire consacré au renouvellement des approches entre écologie et sciences sociales. Ces travaux préparent une future exposition prévue en 2017 au MuCEM. Enfin, clou de la période, le Forum de la Méditerranée aura lieu du 17 au 19 mars. Introduit par un professeur d’Oxford, Laurence Whitehead, il brossera le panorama des études

MAR 8 MARS À 20H30 & MER 9 MARS À 19H30 Mise en scène et dramaturgie : Alexis Moati www.theatre-arles.com / 04 90 52 51 51

méditerranéennes en sciences humaines et sociales et sciences de l’environnement. Trois jours de tables rondes, présentations de projets de recherches et projections, avec une centaine d’intervenants traitant de sujets captivants : savoirs, langages, religions, appartenances, droits et gouvernances. GAËLLE CLOAREC

Retrouvez comme chaque mois sur notre Webradio Comme au MuCEM, une émission sous forme de traversée, consacrée aux temps forts, découvertes et coulisses du Musée des Civilisations d’Europe et de Méditerranée. MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 mucem.org


20 événements

Ecouter les voix de la danse Michel Kelemenis veut + de danse à Marseille. Et programme un autre temps fort, qui s’annonce formidable...

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a quatrième édition de ce festival sera riche, et affirmera plus encore sa musicalité. Olivier Dubois en sera l’invité d’honneur, avec trois pièces... Mais ce ne sera pas le seul bonheur de ce temps fort. Cela commence le 1er mars avec Stimmlos, d’Arthur Perole, une pièce subtile qui retravaille les élans romantiques de Wagner par des jeux de lumières et d’apparition, et des mimiques expressionnistes. Puis le 5 mars il y aura un duo de danseurs de chez Preljocaj, baroque et étrange, comme aime les rêver (cauchemarder ?) Baptiste Coissieu. De chez Preljocaj aussi Liam Warren, que l’on avait remarqué dans Post Human, et qui revient avec deux pièces : un duo musical et un solo qui met ses pas dans La dignité de penser de Roland Gori. Le 10 mars un programme réunira des danseurs sublimes de l’Opéra de Paris et de la compagnie Kelemenis, pour 5 pièces (deux de Kelemenis, deux de Bruno Bouché, une d’Yvon Demoi) qui Dansent Bach, Schubert, Ravel, Debussy. On retrouvera Kelemenis avec Christian Sébille (directeur du GMEM et électroacousticien), deux danseurs et un vibraphoniste le 14 mars, pour un « échange à vocation laborantine » écrit, sans doute très serré, à partir d’improvisations enregistrées... Une mise en oreilles dansantes avant une semaine de résidence pour 2 chorégraphes (Arthur Perole et Wendy Cornu), une trentaine de danseurs, 4 musiciens, 12 étudiants en Métiers techniques du spectacle. Résultat de la session : Bouge ! le 21 au KLAP ! Il y aura aussi le 26 mars Edmond Russo et Schlomi Tuizer qui font danser une très belle promotion de Coline (Formation professionnelle basée à Istres), puis Post disaster Dance people, une proposition de Mathieu Hocquemiller pour danser ensemble, comme on aime le faire à KLAP... La dernière soirée (le 31 mars) proposera un projet porté par deux femmes (enfin!) : la danseuse indienne de Bharata Natyam Jessie Veera et la chanteuse Ophélie Bayol qui

Prêt à baiser © Boris Munger

Mon élue noire, Germaine Acogny © François Stemmer

croisent leurs deux univers artistiques ; pour finir par un projet en cours de Dodescaden, autour du travail déshumanisant. Entre-temps, trois pièces d’un artiste majeur, Olivier Dubois (Ballet du Nord), qui puise dans Stravinsky et Debussy, mais surtout dans la mémoire tourmentée de la danse. Prêt à Baiser, un premier duo autour du Sacre, des lèvres, du désir, du don de soi (le 4 mars). À nos Faune, un autre duo masculin autour de la passation de la pièce historique (et si surprenante aujourd’hui encore !) de Nijinski, puis Mon élue noire, à nouveau autour de Sacre, avec Germaine Acogny, sublime danseuse et chorégraphe africaine de 70 ans (le 23 mars). Une fois encore Kelemenis sait conjuguer les énergies d’ici et d’ailleurs, croiser les compagnies et les lieux, les découvertes, les performances et les spectacles. À vos agendas ! AGNÈS FRESCHEL

Des gestes et des sons du 25 février au 1er mars Les Bernardines, Marseille Klap, maison pour la danse, Marseille 04 96 11 11 20 kelemenis.fr

Passacaille, Bruno Bouché © Agathe Poupeney


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Baroque sur la ville Films, débats, conférences, rencontres, ateliers, cuisine, spectacles, chants, concerts, opéra, et un seul dénominateur commun : le baroque !

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endant tout le mois de mars, et pour la 14e année, Marseille se métamorphose en carrefour des expressions de ce mot fourre-tout. Le baroque, qui naît au XVIe siècle en Italie, évoque aujourd’hui à la fois le classique et la fantaisie, l’exubérance et le rituel, l’extravagance et le solennel. Mars en Baroque joue à merveille de l’ambiguïté de ce terme. La programmation proposée sera vaste et éclectique sur tous les registres. Dans les espaces variés où se tiendra le Festival, tout comme dans la diversité des propositions qui le composent. Du 3 au 27 mars, la manifestation, portée par l’association Concerto Soave, aura pour thème « Le Peuple, le Roi : de l’Église à l’Opéra ». Les églises Saint-Cannat et Saint-Michel, le Temple Grignan, La Criée, La Friche, l’Alcazar, les Variétés, le Musée Borély ou la Villa Méditerranée compteront parmi les lieux d’accueil. Après la soirée de lancement le 3 mars à l’U.Percut, entre musique, vidéo et tapas, le Festival s’ouvrira véritablement avec deux concerts à la Villa Méditerranée. Le 5, un projet original croisera deux expressions musicales a priori éloignées : la tradition populaire des polyphonies corses, avec l’ensemble Tavagna, et le chant de cathédrale, codifié par le clergé, porté par l’Ensemble Gilles Binchois. Cette fusion singulière se fera autour du répertoire religieux, Requiem, Vêpres de la Vierge et Salut du Saint-Sacrement. Le lendemain, Dominique Vellard, l’un des membres de l’Ensemble Gilles Binchois, ainsi qu’Alessandra Rossi Lürig, musicienne et directrice de la Fondation Arcadia, et Noureddine Tahiri, musicien de l’ensemble du même nom, tiendront une conférence sur la place de la musique dans les religions chrétienne, musulmane et juive. Un peu plus tard, l’Ensemble Noureddine Tahiri donnera un concert, interprétant les chants soufis

Profeti della Quinta © X-D.R

des répertoires du Samaa et de la tradition arabo-andalouse de Fès. Le programme à la Villa Méditerranée se conclura le 8 mars, avec une conférence menée de nouveau par Alessandra Rossi Lürig, sur le statut du musicien juif dans l’Italie du Seicento, suivie, sur le même thème, d’un concert des Profeti della quinta sur les œuvres pour synagogue composées à cette époque par Salomone Rossi.

Créer, chanter, cuisiner Le temps fort du Festival aura lieu les 11 et 13 mars, à La Criée, avec la recréation mondiale de L’Oristeo de Francesco Cavalli. Cet opéra comique vénitien n’a quasiment jamais été repris depuis sa création au XVIIe siècle. Ce sera la première production baroque entièrement réalisée à Marseille, notamment grâce aux musiciens du Concerto Soave, sous la direction musicale de Jean-Marc Aymes et sur une mise en scène d’Olivier Lexa, Parallèlement, le 12 aura lieu au MuCEM une journée consacrée à Cavalli et à l’opéra à Venise. Et le 13, un acte final imaginaire de L’Oristeo prendra la forme d’un repas de noces mêlant protagonistes de l’œuvre et spectateurs aux Grandes Tables de La Criée. Autre programme gourmand, le 19 mars, Un dîner chez la Baronne, à la Bastide de la Magalone. En plus d’un mix des cuisines d’hier et d’aujourd’hui, la soirée mêlera la musique du clavecin aux scratchs de la DJ Pé Pé, accompagnées par les comédiens du collectif La Conspiration et l’artiste culinaire Emmanuel Perrodin. Le même jour et le lendemain, rendez-vous pour Une

vie de château au Musée Borély avec un concert et un parcours musical au milieu d’œuvres d’art contemporain. À noter encore, le 22, Le Fantôme de l’Opéra, en projection aux Variétés, les Lamentations pour la Semaine Sainte, le 24 en l’église Saint-Cannat, Le Chant des Révolutions, le 26 au Mémorial de la Marseillaise. Et enfin, Friche en Baroque, et son thème « Improvisez, maintenant !», le 27 dans divers espaces de La Friche Belle-de-Mai. Avec ateliers culinaires, conférences, improvisations musicales autour de Bach, et pour clore le Festival, Bach en balles, alliance d’un jongleur et d’un joueur de luth. JAN-CYRIL SALEMI

Mars en Baroque 3 au 27 mars Marseille 04 91 90 93 75 marsenbaroque.com


22 événements

« Donner un imaginaire commun » À

ses côtés, Sophie Joissans, vice-présidente à la Région, en charge de la culture et du patrimoine culturel, insiste « il s’agit de donner un imaginaire commun ». Cette « expérience d’une humanité partagée » (B. Foccroulle) vécue grâce à l’opéra et aux œuvres d’art, est rendue possible par la multiplication des soutiens, des bénévoles, du mécénat, des partenariats, dont le remarquable investissement de la © Vincent Pontet DRAC représentée par son directeur Marc Ceccaldi. Le 20 janvier, lors de la présentation du festival, était signée une convention cadre triennale entre le Festival d’Aix et Aix-Marseille Université (représentée par son directeur Yvon Berland). Transmission, partage… un travail de démocratisation qui s’attache aussi aux tarifs, accessible aux plus grands nombres. Symbole fort, l’ouverture d’Aix en Juin, le prélude au Festival d’Aix, devenu un classique depuis 2013, aura lieu au Jas de Bouffan, avant PARADE(S) sur le cours Mirabeau avec African Angels, le chœur de l’Opéra de Cape Town. Enfin, juillet et ses concerts, ses récitals, et le bonheur des opéras : Cosi fan tutte, mis

Le Festival d’Aix-enProvence dévoile sa programmation, se plaçant sous le triple signe des réalités des illusions et des utopies, selon les termes de son directeur général, Bernard Foccroulle

Musiques de l’âme X

XXIe Semaine sainte en Arles, et l’association du Méjan, fidèle à ses ambitions, propose dans l’écrin de la Chapelle du Méjan, une programmation prestigieuse et éclectique avec trois concerts répartis entre le 18 et le 22 mars. D’abord, l’Ensemble Musicatreize, dirigé par Roland Hayrabédian et le quatuor Gustave interpréteront Les Litanies pour Ronchamp de Gilbert Amy (disque paru en 2013 chez Soupir Éditions). Entre architecture et musique se tissent des échos, une démarche esthétique voisine. La composition de Gilbert Amy est conçue en hommage à la chapelle de Ronchamp, construite par Le Corbusier et en emprunte les techniques. Matériaux divers pour le bâtiment, écritures multiples pour la musique, polyphonie médiévale, chant lyrique, percussions, quatuor à cordes, textes latin puis français… un vibrant pèlerinage sonore. C’est l’orchestre tout nouvellement reconstitué par

Julien Chauvin (violon et direction) en 2015, Le Concert de la Loge Olympique (fondé en 1795 par le Chevalier de Saint-George) qui, après la Symphonie en si bémol G.497 de Boccherini et les Lamentations du Jeudi Saint de Francesco Corselli, se glissera, avec la soprano Eduarda Melo, dans les volutes délicates du Stabat Mater de Luigi Boccherini, sur un texte du XIIIe siècle attribué à Jacopone da Todi, méditation sur la souffrance de Marie lors de la crucifixion, passage quasi obligé lors d’une semaine sainte. L’Ensemble La Rêveuse, composé de solistes, s’attachera

en scène par Christophe Honoré ; séduit par la sensualité, les faits simples auxquels la musique de Mozart accorde une délicate profondeur, il situe l’action en Érythrée, à l’époque mussolinienne ; Katie Mitchell amplifie la dimension onirique du Pelléas et Mélisande de Maeterlinck et Debussy ; la Beauté et le Plaisir affronteront le Temps dans le Trionfo del Tempo e del Disinganno de Haendel ; avant Mozart, Rameau s’inspire des idéaux maçonniques pour son Zoroastre ; la Symphonie de Psaumes de Stravinski répondra à son Œdipus Rex sur un livret de Cocteau, adapté par Peter Sellars ; on applaudira la création mondiale de Seven Stones d’Ondrej Adámek, véritable parcours initiatique ; puis, autre création mondiale, Kalîla wa Dimna de Moneim Adwan, opéra chanté en arabe, dit en français, sur un texte du VIIIe siècle écrit par Ibn Al-Muqaffa d’après un recueil de fables et contes animaliers venus de l’Inde. MARYVONNE COLOMBANI

Prélude au festival d’Aix 4 au 26 juin Festival d’Aix 30 juin au 20 juillet 08 20 922 923 festival-aix.com

enfin à un programme de cantates et sonates dans la tradition des Abendmusiken, concerts spirituels, nés à Lübeck au XVIIe sous l’impulsion de Franz Thunder et dont Dietrich Buxtehude fit un évènement annuel, sur les cinq dimanches précédant la période de l’Avent. Lors de cet Abendmusik, la viole de gambe de Florence Bolton, le théorbe de Benjamin Perrot, les violons de Stéphan Dudermel et Stéphanie Paulet, la voix de la soprano Hasnaa Bennani, apporteront leur sensible poésie aux œuvres de Johann Adam Reiken et Buxtehude. M.C.

XXXIe Semaine sainte 18 au 22 mars Chapelle du Méjan, Arles 04 90 49 56 78 lemejan.com

Loge Olympique © Franck Juery


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L’incontournable Forum des Musiques du monde revient au Dock des Suds du 17 au 19 mars

Le phare marseillais des musiques planétaires

Alif Naaba au festival des vendanges de Suresnes © Tiphaine Lanvin

femmes dans l’histoire de la musique qui sera analysée pour aboutir, on l’espère, à des pistes d’actions à mettre en œuvre pour réduire les inégalités ; les « Coups de cœur musiques du monde » de l’Académie Charles Cros seront également décernés ce jour-là.

Scènes musicales la nuit

Maria Simoglou © X-D.R

E

n trois petits jours et nuits, la 12e édition de Babel Med Music accueillera artistes et professionnels venus des quatre coins du monde pour développer et échanger autour du panorama actuel de la world music. C’est au cœur de la Méditerranée et de l’Europe, dans la ville-monde par excellence, que s’installe ce marché unique, éthique, artistique, et festif bien sûr avec ses 30 concerts, dont la direction artistique est assurée par Bernard Aubert et Sami Sadak. « Nous sommes tous du monde ! assurent-ils dans l’édito, en 2016, les Musiques, les corps et les économies, donc les cultures, se mélangent. Le monde n’est plus comme avant et nous ne sommes plus seulement dans notre niche notre clan, notre frontière : si nous voulons survivre, il faut nous adapter ». Toute la famille des musiques du monde sera représentée et rassemblée au Dock des Suds, auquel se greffera pour la 2e édition un Babel Minots dédié au jeune public (16 au 19 mars).

Marché professionnel le jour Conférences et rencontres auront lieu en journée pour débattre du marché économique avec toutes les filières musicales internationales, d’Europe, d’Afrique, du Moyen-Orient jusqu’en Océanie, rassemblant plus de 2000 professionnels, une douzaine de tables rondes, 750 structures de l’industrie musicale et du secteur culturel, 150 stands et 2 sessions de speed-meetings. À noter le 17 mars, une réflexion sur le rapprochement des fédérations régionales et du soutien des collectivités avec le PAM (pôle de coopération des acteurs de la filière musicale en Région PACA). Le 18 mars, Jean-Michel Lucas livrera son interprétation de la nouvelle loi NOTRe sur les droits culturels ; le Festival d’Aix proposera une rencontre autour d’un nouveau genre dans l’opéra, entre forme occidentale et musique orientale ; une table ronde mettra en réseau les structures et festivals travaillant à l’intégration des minorités et des réfugiés. Le 19 mars, ce sera la place des

Chaque soir, les spectateurs pourront assister à plus d’une dizaine de concerts découvertes… avant que les artistes soient repérés et diffusés par les professionnels en présence (c’est aussi le but !). Un tour du monde qui débutera le 17 mars par la folk de la Québecoise Alejandra Ribera, le métissage heureux à la sauce algéroise de Djmawi Africa ou encore La nuit d’Antigone, une odyssée méditerranéenne des femmes résistantes qui relie Marseille, Berlin, Le Caire, Paris Tunis et Istanbul. Le lendemain, direction le Burkina Faso avec Alif Naaba, la Jordanie avec Autostrad, l’Ecosse avec Breabach et Marseille avec Temenik Electric. Pour finir le 19 mars, Imhotep, Korea percussion, Maria Simoglou, Paille, Turbo sans visa, entre autres, feront à leur tour résonner le monde. DELPHINE MICHELANGELI

Babel Med Music 17 au 19 mars Docks des Suds, Marseille Dock-des-suds.orgs/babelmedmusic2016


24 événements

Marseille en temps et en musique D

La vitrine des Scènes Paca et Corse L

e festival itinérant Région en Scène 2016 du Cercle de Midi, qui regroupe 24 structures de diffusion dans la fédération Paca & Corse, c’est déjà une affaire de chiffres : 2 départements (Bouches-du-Rhône et Vaucluse), 3 jours (23 au 25 mars), 9 spectacles sélectionnés dans 2 régions (Paca et Corse) dont 2 invités, 7 lieux. C’est aussi un vivier de repérages de compagnies, accompagnées par les fédérations

Raphaële Lannadère © Yann Rabanier

de l’œil recevra pour sa part, sur le thème « Les chansons de Bataille », Sylvain Vanot avec ses compositions et son livre Johnny Cash I walk the line (éditions Le Mot et le reste, mars 2016 / 13€). À l’avant-garde du festival (spectacle jeune public), Vincent Malone, chanteur malicieux et déjanté, père de

régionales, pour une meilleure circulation des œuvres sur les territoires régionaux, et plus si affinités ! À Marseille, le Théâtre de la Joliette accueillera, le 23 mars, Les filles aux mains jaunes1 du Dynamo Théâtre, qui connaît un beau succès, amplement mérité, depuis sa création. Joëlle Cattino met en scène le texte de Michel Bellier sur les prémices d’une émancipation féminine pendant la Grande Guerre. Le lendemain, l’Alpilium de St-Rémy-de-Provence ouvrira avec Ah ! Anabelle de la Cie Eclats de Scènes tiré d’un texte jeunesse de Catherine Anne, suivi d’une rencontre professionnelle. Le théâtre mouvementé de la Cie Corps de passage déplacera le festival jusqu’à Avignon, au Théâtre des Carmes, avec King du Ring 2, le monologue intérieur imaginaire de Mohammed Ali écrit par Rémi Checchetto, joué par la dynamique Adeline Walter. La Cie Le Chat du Désert (issue du Maillon, fédération Rhône-Alpes) jouera en fin de soirée Pourvu qu’il nous arrive quelque chose, une création autour de Les Filles aux mains jaunes © Bruno Mullenaerts

u 1er au 6 mars, le Festival Avec le temps se décline en musique et en chiffres, avec l’accueil en sept jours de dix-neuf artistes en douze lieux différents de Marseille. Un parcours chansons vous conduira notamment sur les lieux qui ont marqué l’histoire de la chanson à Marseille avec des artistes surprise : on croisera sur le Parvis de la bibliothèque de l’Alcazar l’homme accordéon BatpointG ; des as de la « chanson bricolée » à la Maison Empereur (sic !), Gildas Etevenard, Guillaume Rannou et David Poudlard ; au Waaw, la chanson de la plaine avec Massy Inc. et Armelle Ita, tandis que le métro Vieux Port se mettra au « Hip Hop de Mars » sous l’impulsion d’Iraka, Joos, Undercontrol et Marc Nammour et que la chanson fera son cinéma aux Variétés grâce à Ottilie et Zoufris Maracas. La librairie Histoire

l’anti-héros Merdocu, se produira au Cabaret aléatoire le 24 février. Les rythmes africains, créoles, latinos, manouches de Zoufris Maracas empliront le Dock des Suds ainsi que le folk mélancolique d’Igit et sa guitare (2 mars) ; l’Espace Julien verra deux concerts et pléthore d’artistes, douceur envoûtante d’Izia et de Raphaële Lannadère, alias L (3 mars), puis, dans un art du décalage épris de rythmes et de mots, Odezenne, Zone Libre Polyurbaine et Grand Blanc (4 mars). Le goût des textes se retrouve encore à La Meson avec Massy Inc. et Cléa Vincent (4 mars), Hildebrandt et Fishbach (5 mars), ou au Cabaret aléatoire où déferlent L’Impératrice, Bagarre et Juniore (5 mars). Enfin, Montevideo conclura la fête (6 mars) avec Gravitations qui réunit le batteur compositeur interprète Gildas Etevenard, le musicien pop Gérald Kurdian et le musicien poète Silvain Vanot. MARYVONNE COLOMBANI

Festival Avec le Temps 24 février & du 1er au 6 mars Marseille 04 96 17 57 26 festival-avecletemps.com

la figure du comédien adaptée du Petit lexique amoureux du théâtre de Philippe Torreton. Le 25 mars, la journée sera bien remplie avec, dès 10h15 au Théâtre Golovine, le Cartoun Sardines Théâtre dans une formidable version musicale et théâtrale du film de F.W. Murnau, Le Dernier des hommes3 ; au Théâtre des Doms, invités hors sélection, les belges du Collectif Mensuel adaptent la censure et la révolte décrite par Sam Mills dans 2014. Retour dans les Bouches-du-Rhône avec le merveilleux vagabondage poétique pour jeune public La grenouille au fond du puits croit que le ciel est rond4 du Vélo théâtre, au Théâtre Fontblanche de Vitrolles. C’est au Forum de Berre que se clôturera l’édition avec un plateau musical partagé par Joulik, Les Têtes de Linettes et Armelle Ita. DELPHINE MICHELANGELI

à , les chroniques des spectacles à retrouver sur journalzibeline.fr

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Région en Scène est inscrit dans le projet du réseau national Chaînon/ FNTAV (Fédération des Nouveaux Territoires des Arts Vivants) qui organise chaque année, en début de saison, son festival national Le Chaînon Manquant Région en Scène 23 au 25 mars cercledemidi.com


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Poésie ensachée U

ne artiste en bure noire, grande prêtresse d’un culte mystérieux, découpe avec de grands ciseaux les coins d’un banal sachet plastique, de ceux qui ne sont plus distribués depuis le 1er janvier. Elle le retaille et le scotche, jusqu’à former un petit personnage anthropomorphe, puis laisse un cercle de ventilateurs lui prêter vie par leur puissante et silencieuse respiration. Le bonhomme semble sortir d’une chrysalide et, à peine éclos, danse. Entre un second personnage : la musique se colore de rose, et ils valsent ! Trois, puis quatre... c’est une ronde, ils s’envolent quand le vent forcit, les spectateurs retiennent leur souffle, happés par cette magie de poète, enthousiasmante. Fleur, chrysanthème, tête de méduse, esprits d’air et de plastique... Ils sautent comme un seul homme dans un

parapluie retourné, mais on dirait plutôt des enfants, qui courent parfois se réfugier dans les amples jupes de leur mère. Surgit une tour dorée, un dragon des airs, serpent ondulant de fête chinoise : objet inatteignable du désir pour un si petit être contrarié par le vent ; ses bras n’ont pas de force pour l’attraper. C’est donc cela, la vie ? On n’en finit avec la frustration que lorsqu’on retombe inanimé ? Oui, cela, et plus encore : il arrive que l’air se gonfle de sacs noirs, nuages agressifs, alors la couleur semble disparaître avec toute joie. Pas celle du public, réuni autour de la piste ronde, presque à la toucher : lorsque le spectacle jeunesse de Phia Ménard s’achève, le plus poseur des collégiens ne retient pas son cri époustouflé. GAËLLE CLOAREC

L’après-midi d’un Foehn a été joué à La Criée, Marseille du 28 au 30 janvier, dans le cadre de la programmation « Invasion ! » L’Après-midi d’un foehn, Cie Non Nova © Jean-Luc Beaujault

Ils sont beaux nos ados ! M ickaël Phelippeau fait partie de la Bande, celle que Francesca Poloniato a constituée en arrivant à la direction du Merlan. Des artistes, trentenaires, qui travaillent autrement l’écriture. Pour Ethan et Avec Anastasia sont deux portraits d’adolescents saisis sur le vif. Comme tout portrait ils mettent en scène le réel, choisissent l’angle, la lumière, la matière qu’ils veulent exposer. Mickaël Phelippeau a rencontré Ethan, il y a dix ans. Un jeune garçon qui chantait en breton, dansait, jouait au basket. Il est devenu à présent un adolescent de 16 ans, au corps précis, mais un peu

maladroit comme tous ces garçons dont les déplacements montrent que leur enveloppe trop grande reste encore inconnue. Lui, seul en scène, dessine l’espace d’un terrain de jeu, dribble, s’entraîne, et les passes peu à peu deviennent des danses, et lorsqu’il se met à chanter aigu comme l’enfant qu’il était, puis avec sa voix muée d’adulte, on saisit, comme dans un portrait peint, quelque chose de son être. C’est émouvant, surtout quand Mickaël Phelippeau vient danser près de lui fugacement, et qu’on perçoit ce qui les rapproche et les sépare : un corps jeune en pleine vitesse et

amplitude, un corps plus mature qui plus doucement courbe ses nuances... Quoi de mieux pour faire voir la jeunesse ? Celle d’Anastasia est plus bavarde, extravertie, drôle. Franco-Guinéenne, elle raconte son arrivée en France, suggère la violence de la guerre à laquelle elle a échappée, campe un concours de jeunes Miss, hilarant, danse le coupé-décalé, joue avec son mobile, fait sentir tout le poids d’une grand-mère africaine qui vénère son fils et offre une casserole à sa petite fille... Anastasia est une sacrée comédienne ! Et son portrait, moins nuancé que celui d’Ethan, finit par une apothéose annoncée, la danse de ses cheveux, immenses nattes blondes tressées qu’elle porte, dit-elle, comme un voile, mais qui loin de la cacher révèlent aux jeunes filles hilares du quartier que la liberté peut se saisir à bras le corps ! AGNÈS FRESCHEL

Pour Ethan et Avec Anastasia ont été joués au Merlan, Marseille, les 23 et 24 janvier ; Pour Ethan sera donné au Théâtre d’Arles le 27 février

Avec Anastasia © Mickaël Phelippeau


26 critiques

spectacles

Le chagrin, Caroline Guiela Nguyen © Jean-Louis Fernandez

Capter l’ D

ans l’édito de la 6e édition du Festival Parallèle, Lou Colombani, grande ordonnatrice de l’événement, évoquait l’improbable figure du fantôme pour donner une forme aux lignes mouvantes qui devaient dessiner la programmation, suscitant ainsi une attention particulière à sa matière subtile ! Belle intuition confirmée par certains des projets teintés parfois d’un ailleurs en visite. Une semaine à la teneur en spectre garantie qui aura (re)vitalisé bien des affinités mystérieuses.

Inquiétudes et figures en creux En ouverture comme avertissement, préparation du regard, le Margin Release de Lenio Kaklea avec son titre invitant à porter attention à la mise en forme, suscitait quelques interrogations : que voit-on au-delà des mouvements ondoyants de ces deux femmes qui se cherchent, s’imbriquent, se façonnent ou explorent sur leur corps la place de cette pièce en plâtre (sexe-masque-origine d’un monde

en tout cas et peut-être pas si lointain pour la chorégraphe athénienne) ? qu’entend-on sous les murmures, souffles et grincements ? De l’énigmatique c’est sûr mais le grand Mystère n’y était pas. Venu de Grèce aussi, et plus lisible, Sangs (Emata) mis en scène par Argyro Chioti : inépuisable, le sang s’écoule de la plaie à la gorge de Dimitris, comme il le raconte dans ses lettres à son ami Yorgos. Par cette métaphore de l’histoire contemporaine de son pays, l’auteur, Efthymis Filippou, signe une pièce qui joue avec les codes de l’absurde, de la tragédie antique, de la culture populaire des chansons, en une série de tableautins qui revisitent le théâtre avec humour et cruauté. Tout est mis à distance, par la pauvreté des échanges, l’excès des réactions, les commentaires du « coryphée », les chants du chœur, les clins d’œil à la mythologie, le rythme rapide des mots, la mise en scène sobre et efficace. Dépassant la prison des conventions, d’un ordre qui n’apporte plus de réponses, Sangs dénonce l’absurdité des temps modernes. Les comédiens de la Cie

Vasistas interprètent cette œuvre quasi surréaliste avec un incomparable brio. Et Stravinsky alors ? qui l’attendait du côté de ces éternelles petites filles que sont les pom-pom girls ? L’astucieuse chorégraphe Maud Blandel associe le tragique du génial et grinçant Sacre du Printemps aux gestes répétitifs jusqu’au vertige de cinq vaillantes cheerleaders ; la pulvérisation de l’ingénuité des corps par l’épuisement (séquence douce de la reprise du souffle à la cinquantième minute juste avant de replonger) rend attentif à la dissolution de l’individu(e) dans la vacuité du codage des gestes. Une dramatisation liée à la fatigue « légitime » et surtout l’absence de dérision qui rendent ce projet bien troublant.

Des voix en transit Faire entendre la sienne devant le rideau tiré sur la scène du Gymnase, Pierre Mifsud s’y applique dans l’une de ces Conférences de choses au fil des mots qu’il concocte avec François Grémaud depuis quelque temps ; convoquer le monde en zig-zag, c’est drôle


C’est l’imprimerie... mais ça ne va pas très loin ; déambuler pour de vrai dans le quartier des Bernardines avec Pierre-Louis Gallo qui éveille tout un monde sous chaque pas et dans les interstices de la raison, c’est risqué car ce sont parfois nos monstres ensommeillés qui répondent présents ; parfois seulement des réminiscences du Dictionnaire des Mots Tordus… Étape de travail. Fin (provisoire ?) de chantier pour le finement azimuté Arnaud Saury qui entre extase et délire propose avec ses petits camarades une incursion jubilatoire chez les mystiques et les psychotiques ; les voix du dedans se confondent aussi avec l’appel des coulisses et sous la transe se devine doucement un autre discours capté en dépit de la distance qui nous sépare ! Chez Adrien Béal la parole de Michel Vinaver, mêlée à la liberté de l’improvisation, circule dans les corps des acteurs qui courent (souvent littéralement) pour prendre tour à tour place dans le vertigineux questionnement sur le refus du jeune Bême -jamais incarné- de jouer le jeu ; l’insaisissable, l’abstention du sujet sont autant de mises en mouvement sur plateau nu d’une sidérante fluidité. Dans Speak ! la performeuse Sanja Mitrovic et son compère hantés par de grands discours politiques en enchaînent des extraits en 8 rounds vibrants ; le spectateur désigne à l’aveugle un vainqueur : terrible piège lorsqu’il s’avère que l’enthousiasme d’Hitler peut l’emporter sur l’humaniste modération de Vaclav Havel… mauvais joueurs, nous pensons l’avoir toujours su !

Le revenant ou comment « le »dire Deux expériences encore, les plus fortes en émotion, l’une fouillant l’intime et raclant le fond de ce sentiment universel qu’est Le Chagrin -la mort du père et tous les mots pour la taire-, l’autre brodant, cousant bord à bord ou superposant des lambeaux de mémoire dans un dispositif hétéroclite (vidéo, aspirine effervescente, poussière) dont Samir Kassir, journaliste libanais assassiné, est le centre troué. La pudeur du spectacle de Caroline Guiela Nguyen tient au détour débridé par l’enfance et ses signes les plus régressifs : un décor bleu étouffant de poupées ligotées, de fleurs artificielles, de matières qui souillent et une forte odeur de terre ; une famille humble dont le deuil se faufile à travers le labyrinthe des gestes forcés et le foisonnement des mots creux ; les acteurs formidables sur le fil ténu de la sous-conversation font remonter l’essentiel. Les Wagons Libres de Sandra Iché apportent aussi un bel espoir de résurrection dans ce futur antérieur rétrospectif d’un Beyrouth 2030 où disparitions et manques, erreurs historiques et violences politiques sont reprises de volée par une jeune femme rayonnante et bien là qui bricole à vue une autre façon d’ouvrir des perspectives. Alors oui c’est un bien bel esprit qui s’est infiltré dans Parallèle 6e et nous assure de sa tacite reconduction ! MARIE JO DHO

Le Festival Parallèle s’est déroulé dans divers lieux et théâtres à Marseille, Arles et Cavaillon du 14 janvier au 5 février

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28 critiques

spectacles

Sensations d’Oktobre E

st-il nécessaire de tout comprendre à un spectacle pour l’apprécier ? Non. En matière d’art, d’autres champs de lecture existent. Sensations, sentiments, émotions, interprétations, une œuvre conduit vers tous ces possibles. Oktobre est de cette veine. Entre absurde et banalité, cruauté et douceur, le spectateur oscille. Des tableaux décousus mêlent cirque, magie, danse, théâtre, dans une ambiance délirante et angoissante. Trois personnages vêtus de noir se confrontent, s’attirent, se menacent. Quelques balles rouges, comme des nez de clowns éparpillés, cassent ce noir austère. On est peut-être dans une auberge. Un voyageur est accueilli par deux étranges individus. La maîtresse de maison, stricte, semble sortie d’une pièce de Lorca, comme une fille de Bernarda Alba. Son serviteur est un acrobate déjanté. Le voyageur (Yann Frisch) tente de briser la glace. Magicien d’exception, il revisite l’art de l’illusion avec des techniques de jonglage. Les balles rouges disparaissent, rebondissent, se multiplient à la vitesse de l’éclair. L’héroïne de Lorca (Eva Ordonez-Benedetto) n’y est guère sensible. La comédienne, capable de ruptures brutales, est aussi une trapéziste au registre extrême. Equilibres sur nuque, mollets, talons, séries de figures toujours à la

© Daniel Michelon

limite. L’acrobatie de Jonathan Frau, proche de la danse, est faite de torsions, alternant contraintes et libérations. Des éclats de poudre rouge simulent la mort. Rires nerveux, peur, colère, joie, érotisme, attirance, hostilité, la palette des attitudes humaines est exposée. Elle se traduit bien plus par des ressentis que par les mots. Jusqu’au final explosif, où surgit une quatrième interprète, Pauline Dau, en danseuse hallucinante et hallucinée. Le spectacle, vu l’an passé à Marseille, lors de

la Biennale des Arts du Cirque, péchait par trop d’individualisme. Les artistes jouaient leur partition un peu en solo. Ils ont gagné en cohésion, en fluidité et en rythme, pour une prestation parfaitement maîtrisée. JAN-CYRIL SALEMI

Oktobre a été joué les 5 et 6 février au Théâtre Durance de Château-Arnoux/Saint-Auban

Doudous monstrueux P

lace de l’Opéra pour le traditionnel spectacle du premier mercredi du mois organisé par Lieux Publics. Premier spectacle de l’année 2016. Une estrade est occupée par un amoncellement de volumes informels aux couleurs beige et rose. Au moment où la sirène publique démarre, cette masse se met à trembloter

puis les sons violents d’une batterie invisible éclatent. Que se passe-t-il ? Les amoncellements bougent de plus en plus, trépignent, des formes s’élèvent peu à peu tandis que la batterie de François Rossi est dévoilée à l’arrière et qu’une bande-son faite de cris, de grognements, de halètements dérangeants s’y

mêle. Peu à peu trois corps se soulèvent qui brandissent ces sortes de coussins/sculptures de tissu créés par Elisabeth Saint-Jalmes, plasticienne, qui les appelle « mitsis ». Une sorte de frénésie anime les trois corps qui se trémoussent. La chorégraphie de Mathilde Montfreux se fait proche de la transe. La tension monte, la batterie s’affole, le public frissonne. Un corps se développe et domine peu à peu les autres, sorte de King Kong contemporain. Les deux créatrices ont-elles voulu dire que notre société s’infantilise ou qu’elle accouche de monstres ? La question reste en suspens. CHRIS BOURGUE

Next s’est donné le 3 février à midi pile sur le parvis de l’Opéra de Marseille Prochaine Sirène le 2 mars avec la Cie Malaxe

© Adrien Bargin


ÉVÉNEMENT

JAZZ

HUGH COLTMAN

SAISON 15/16

11 / 03 / 16

11/03/16

©DR

2016

2016

CONCERT

t arif s : 15 / 1 0 / 5 / 3 € duré e ± 1h20

VENDREDI 11 MARS 2016 > 20H30

HUGH COLTMAN SHADOWS - SONGS OF NAT KING COLE

Avec cet album unanimement encensé par la presse française et étrangère, le crooner à la voix suave et rocailleuse livre un hommage subtil et puissant aux chansons de Nat King Cole. Loin de la nostalgie, Hugh Coltman défriche les standards du chanteur noir américain des années 40 - révélant la part d’ombres d’une société gangrenée par le racisme et la ségrégation - et creuse ainsi le sillon d’un jazz sous tension, plein de nuances, et magnifiquement désenchanté…

SAISON 15/16

« Hugh Coltman met Nat King Cole en apesanteur » Le Monde « Il est de ceux, bien rares, qui peuvent encore activer le phénomène de chair de poule. » Jazz Mag


30 critiques

spectacles

Sur la lancée de Scènes et Cinés Durant 10 jours, la 18e édition des Élancées a offert une programmation riche et variée sur les 6 communes du territoire de Ouest Provence

1

8 ans que ce Festival des arts du geste met à l’honneur le cirque et la danse, et plus largement le corps et le mouvement, en faisant se croiser les disciplines, les rencontres avec des artistes qui viennent de tous les pays et en offrant des découvertes toujours très riches ! Fidèle au Festival, la Cie espagnole Aracaladanza a présenté à l’Olivier (Istres) en avant-première en France sa dernière création Vuelos, inspirée des œuvres de Léonard de Vinci. Naviguant entre les incrustations vidéos de dessins, sculptures, peintures, plans et machines de tous ordres, les danseurs sont tour à tour pantins de bois, chevaux ingénieux, oiseaux magnifiques… Les tableaux se succèdent, visuellement impressionnants,

Clockwork © Einar Kling Odencrants

et se fondent en une foisonnante créativité qui rend compte d’un rêve somme toute universel : voler ! Toujours à l’Oliver, c’est la drôle de Cie suédoise Sisters qui a envahi le plateau. Suédoise, mais composée d’un Français, d’un Danois et d’un Espagnol, mélange propice à toutes les extravagances, qui transforme le mouvement

en une danse complexe qui les allie les uns aux autres, et fait d’un simple contact une exploration corporelle. Les acrobaties les plus folles (autour d’un mât chinois, leur agrès de prédilection) se succèdent avec un semblant de maladresses extrêmement maîtrisées qui font tout le sel de Clockwork, ce spectacle hors normes. L’histoire racontée

Le festival qui réchauffe l’hiver Le Fest’hiver a ensoleillé les théâtres d’Avignon : un avant-goût de déambulation spectaculaire avant le bouillonnant été ! Les aventures de Pinocchio © Geoffrey Fages

C

inq spectacles de compagnies régionales ont parcouru les Scènes d’Avignon soudées autour de ce projet commun cohérent et vivifiant. Manquait à l’appel de ce réjouissant rassemblement la danse, grande absente de cette 8e édition. Au Théâtre des Halles, c’est l’histoire initiatique d’un « pantin qui voulait être autre chose », admirablement revisitée, qui a ouvert la semaine théâtrale. Dans Les Aventures de Pinocchio, on suit dans son épopée pourtant familière cette attachante marionnette, et son double de chair animé bondissant, qui nous déplace dans l’artisanat d’une BD vivante. Des personnages adroitement incarnés, des images numériques précises qui servent sans affectation l’imaginaire, un plaisir du jeu communicatif, pour une pièce graphique réglée avec soin : Frédéric Garbe et L’autre Compagnie ont renouvelé les couleurs de la fable ! Au Chêne Noir, la compagnie corse 1er Acte a présenté Les monologues du brocciu, un seul-en-scène existentiel de Daniel Delorme. Son personnage bipolaire et hypocondriaque,


Scène conventionnée pour la création jeune public tout public

n’est rien d’autre que celle de la rencontre de trois corps qui fusionnent pour donner le vertige, physiquement ressenti par chacun et qui bouscule durablement les perceptions connues de tous… Sous chapiteau, à Miramas, la Cie Le P’tit Cirk s’annonce aux sons d’un bandonéon et d’un saxophone, musiciens perchés et petite piste de rigueur. Ce qui s’apparente à un spectacle circassien « classique » va rapidement prendre un tournant surprenant, entre anneaux chinois, trapèze et arceaux. Quatre circassiens -deux générations différentes-, entament un dialogue qui se passe de mots et fait de leurs acrobaties le plus merveilleux des langages ! En breton Hirisinn désigne les poils qui se hérissent. C’est le cas, mais ce n’est pas forcément dû à la performance, pourtant très réelle : ces quatre-là racontent une histoire sous-jacente de filiation, de respect et de confiance qui dit simplement la joie et l’envie d’être ensemble, et l’indestructible certitude que sans l’autre on n’est rien. À l’Espace Robert Hossein, à Grans, il fallait pouvoir revenir à l’âge des cours de récré pour saisir tout le sel du spectacle de la Cie De

Stilte, Flying Cow. Car il était bien question des rapports que filles et garçons entretiennent entre eux lorsqu’on est trois (deux filles un garçon) et qu’on doit s’accorder sur un jeu, une lutte, une amitié ! La danse des trois artistes met en mouvement les taquineries, jeux de partage, les enfants rient à gorge déployée, jusqu’au hoquet, et l’on suit joyeusement le cours de l’histoire, jusqu’à voir s’envoler une vache, figurée par une barrière coloriée de blanc et noir et un gant gonflé qui n’attend que la traite… Le pouvoir de l’imagination n’a pas d’âge, quelle joie ! On attend impatiemment la 19e édition, déjà en préparation. Mais quelle sera sa configuration ? Suite à la mise en place de la Métropole et à la fin des intercommunalités, Les Élancées pourraient voir leur territoire élargi, bien au-delà de Ouest Provence.

amateur de littérature, prend la parole dans un groupe (de 200 spectateurs !) en thérapie, pour raconter ses passions inassouvies. Derrière les montagnes russes de la confession aux jeux de mots et calembours parfois réchauffés, percent les rêves d’acteur d’un stand-uper qu’on aimerait voir jouer, sans rire, les mots de Molière ou Rostand auxquels il fait impétueusement référence. Beau tour de chant que ce Gainsbourg Confidentiel par Les Musiciens Associés, réunis au Chien qui Fume autour du récit de Jean-François Brieu sur les années jazz, et de dèche, de l’homme à la (future) tête de chou. Accompagné par un duo musical solide, Stéphane Roux s’est fondu avec élégance dans le rôle-titre et ses chansons casse-gueules. Un fauteuil en skaï, un lampadaire vintage, un nuage de fumée, et nous voilà à la fin des années 50 dans les mélodies nouvelle vague entêtantes et l’angoisse des lendemains qui déchantent du « joli cœur de la chanson française », avant la légende Gainsbarre. Mêlée également au récit en toute délicatesse, de la chanson avec Christina Rosmini au

Balcon dans El nino Lorca : un bel hommage sur les « poussières d’étoiles déposées sur l’enfance » du poète assassiné Garcia Lorca (lire chronique sur journalzibeline.fr). Pour finir, Bidoch’ Market par la Cie Eclats de Scènes, sur un texte de Michel Bellier monté par Joëlle Cattino, a énergisé le Théâtre des Carmes. En bonimenteur exalté, Christian Mazzuchini, sur une musique puissante de guyrOOts, a mené tonitruant cette farce tragique autour du travail et d’une société nourrie à la compétition. Si le message de « combat social » pouvait se flouter dans la caricature clownesque, la scénographie circassienne, l’engagement des comédiens, la volonté d’en découdre avec le politique et de réfléchir à la dignité des travailleurs, ont amené à une réflexion salutaire. Une pièce un brin brouillonne, sauvée par son humour et sa punkitude rafraîchissante… autour d’un sujet très sérieux !

DOMINIQUE MARÇON

Les Elancées se sont déroulées du 29 janvier au 7 février dans les communes de Ouest Provence

2016

11 MARS Théâtre + 8 ans

MON FRÈRE, MA PRINCESSE LES VEILLEURS - CATHERINE ZAMBON

16 > 18 MARS Théâtre d’objet et d’ombre + 5 ans

ICI ET AILLEURS ODRADEK / CIE PUPELLA-NOGUÈS

29 > 31 MARS Théâtre + 15 ans

SOUDAIN LA NUIT DU ZIEU - NATHALIE GARRAUD D’OLIVIER SACCOMANO EN PARTENARIAT AVEC LE THÉÂTRE DU GYMNASE - BERNARDINES

Friche la Belle de Mai 41 rue jobin / 12 rue François Simon 13003 Marseille 04 95 04 95 75 { Billetterie } www.theatremassalia.com

DELPHINE MICHELANGELI

Le Fest’hiver a eu lieu à Avignon du 27 janvier au 3 février


32 critiques

musiques

Musique vivante La programmation de musique contemporaine était riche en ce mois de février, et a tout fait pour attirer le public, au rendez vous ! Les petites oreilles pour Télémaque, un public rajeuni au GMEM, les amateurs d’art choral pour Musicatreize...

De vives voix

e Temple Grignan fait le plein le 5 février pour un concert donné par l’ensemble Musicatreize autour d’œuvres de Zad Moultaka et de jeunes compositeurs promus par « Tenso » (The European network for professional chambers choir). Zad Moultaka, Français né au Liban, est un compositeur privilégié parmi les nombreux créateurs attachés au groupe vocal de musique contemporaine dirigé par Roland Hayrabedian. Sa musique explore et chemine, au gré d’un langage moderne, à la croisée des cultures occidentale et orientale. Ce sont Maadann, Ikhtifa et Cadavres exquis qui sont chantés : trois opus qui seront enregistrées, dans la foulée, pour une sortie en CD à l’automne 2016 ! Les voix s’y élèvent, solitaires, se fondent dans les résonances métalliques d’un piano, d’un cymbalum, avant de s’agréger dans un alchimique tutti. Elles scandent, plus loin, haletantes, l’arabe du poète Abdul-ala-al-Maari,

de développement de l’art vocal qui participe à l’exploration du répertoire patrimonial, favorise la circulation des œuvres vocales à travers l’Europe et soutient la création d’un nouveau répertoire ». À ce jeu-là c’est le roumain Sebastian Androne qui l’emporte après l’écoute de Lucent Relics, une œuvre qui recèle d’étonnantes réminiscences de musiques anciennes. On a cependant découvert, sous la direction de James Wood, deux autres musiciens : Sofia Borges (Portugal) avec un assez conventionnel Schrei et Léo Collin (France) pour son surprenant et quasi-dadaïste « que c’est beau toutes ces fusées.. » où le ténor (Xavier de Lignerolles) a, comme souvent, endossé le « beau » rôle ! © Léo Samama

L

sur une pulsation asymétrique, obstinée, avant de s’étirer, suspendues, comme soulagées après une peur primitive... Elles s’unissent enfin au Chœur contemporain, disséminé dans l’espace à l’image des multiples chœurs des frères Gabrielli à San Marco, à Venise au XVIe siècle, pour empiler ses feuillets chorals en re-recording (l’opus est joué d’ordinaire avec une bande magnétique préenregistrée) et mettre en « je » la mémoire du sonore. On choisit aussi parmi trois jeunes compositeurs, celui auprès duquel sera passée une commande du réseau Tenso, un « programme

JACQUES FRESCHEL

Romantique pour tous Le 2 février à la cité de la Musique, l’ouverture de la première édition du Festival jeune public de Télémaque, intitulé Grandes musiques pour petites oreilles, s’adressait à des lycéens et plus…

A

vec Les Errants de l’univers, Raoul Lay proposait un cycle de mélodies conçu sur des poèmes de Shelley, et dont la structure, l’atmosphère générale font penser à un « Voyage d’hiver » moderne. La forme est pensée à trois voix de femmes dont les registres et les styles de déclamations, divers, s’imbriquent

miraculeusement, dès les premiers échos parlés, susurrés, en canons serrés... Agnès Audiffren, comédienne au timbre profond, distille de beaux graves granuleux, Marion Rampal, toute en suavité jazzy, colore au naturel la polyphonie contemporaine, tandis que la soprano Brigitte Peyré ajoute au tableau sonore un lyrisme vibrant. On passe de l’anglais au français, ce qui permet au public de percevoir le sens des poèmes, chantés ou scandés, le tout rythmé par les percussions ondulatoires et colorées de Christian Bini, mâtiné des platines du DJ Philippe Petit, enrobé d’effets électroacoustiques par Solange Baron et dans lesquels on reconnaît des bribes d’œuvres anciennes de Raoul Lay. Ce « voyage » recèle de brillantes montées en puissance hypnotiques, des suspensions haletantes, et du déferlement sonore à l’épure… Le 5 février : les gradins de l’auditorium départemental Gaston Defferre sont garnis d’une jeunesse impatiente de découvrir Le Chevalier

déconcertant, spectacle musical inspiré des aventures du Baron de Münchhausen, héros historique de la littérature allemande (R.E. Raspe) ayant donné lieu à de nombreuses adaptations cinématographiques, de Méliès à Terry Gilliam... Le légendaire affabulateur qui aurait voyagé dans la Lune sur un boulet de canon ou dansé avec Vénus, a inspiré le tandem Charles-Eric Petit et Raoul Lay (livret et musique) pour une transposition contemporaine du récit dans un univers de collégiens. Sept représentations étaient à l’affiche du 4 au 11 février sur différents sites de Marseille. Dès l’entrée (en courant !) du sextuor de musiciens, dirigé du piano par Raoul Lay, puis celle énergique et farfelue de la comédienne Agnès Audiffren (en frac et bottes XVIIIe, perruque de Cruella), le ton est donné, haletant, palpitant, fourmillant d’idées, de jeux de mots et de notes ! Dès l’entrée le jeune public est captivé par un récit dans lequel


33

Paysages sonores électro-plastiques

L

e festival Reevox 2016, organisé par le Gmem-Centre National de Création Musicale de Marseille, s’est déroulé du 2 au 6 février. La manifestation a connu un beau succès public (comme au Cabaret aléatoire en clôture), attirant des jeunes en particulier, pour des prestations variées et riches en expériences acoustiques et visuelles !

il peut se reconnaître. Car Rudolph est une tête de turc, de ces rêveurs forcément boucs émissaires à l’école ! Lui, épris de plume et de littérature, grâce à l’art du verbe (voire du rap), à son imaginaire et une solidarité humaniste, résiste au harcèlement de la plus

© Pierre Gondard

théoricien du « Paysage sonore » à la fin des années 1970... Extravagant bric à brac que celui de Lionel Marchetti, manipulant à Montévidéo des boucles acoustiques sur un antique magnéto « Reevox », en partie détourné de sa fonction originelle ! Les sons amplifiés et gravés sur le vif sont récupérés, retouchés, réemployés par Xavier Garcia au clavier assisté d’un ordinateur. Un travail à quatre mains empreint de lyrisme et animé d’un souffle vital bienvenu ! Clou de la soirée sur le grand plateau de la Friche, le spectaculaire Ruines subjugue autant par la qualité des créations vidéos (Kurt d’Haeseleer & Félicie d’Estienne

d’Orves), des animations visuelles (Cyrille Henry), projections, spots et lumières mouvantes (Perrine Cadot) dessinant dans l’espace des figures géométriques, ombres et fumées, la chorégraphie (performers Yuta Ishikawa & Azusa Takeuchi), que par la conception musicale de Frank Vigroux, électronique jouant d’espaces persistants ou alternatifs, matinée de textes poétiques en anglais (Ben Miller) évoquant des mondes écroulés, vides, déchets, fantômes ou fossiles contemporains… Fascinant !

belle des manières : la culture, si souvent décriée, méprisée ou attaquée, triomphe ici de la bestialité ! La parabole, profonde, mise en forme (et en scène par Olivier Pauls) est cependant présentée sur un mode léger, qui n’infantilise pas pour autant. Bourré de références, le texte excite les neurones et peutêtre appréhendé par chacun, enfant (dès 8/9 ans) ou adulte, selon son propre degré de « lecture ». La musique, foisonnante, décrit, figure, rebondit, chuinte et bruite, chante et enchante, pulse et explose... s’adapte à chaque situation

et personnage, à l’image des célèbres contes musicaux de l’histoire de la musique. Le langage est moderne et accessible... et si la trompette (Gérard Occello), la clarinette (Linda Amrani), la flûte (Charlotte Campana), l’accordéon (Solange Baron), les percussions (Christian Bini) et le piano (Raoul Lay) déconcertent fugacement, c’est pour mieux rendre compte du conte, de sa fantaisie onirique ! De fait, les jeunes arborent un smiley au sortir du spectacle. Certains participeront à la reprise de ce Chevalier déconcertant, le 19 mai à L’Alhambra pour une représentation en « ciné-concert » avec des chœurs d’enfants et une projection du film de Méliès...

Les Errants de l’Univers © Stéphanie Têtu

Les soirées des 3 et 4 février ont débuté par des performances artistiques en solo, Felicia Atkinson (au Grim à Montévidéo) ou Franck Paskine (à La Friche) se revendiquant autant de l’art plastique, visuel, que de celui des sons. Le regard plongé dans leur écran d’ordinateur, ils transforment, au gré de leur langage singulier, développent ou superposent en live des propositions acoustiques, en manipulant avec dextérité les potentiomètres d’une table de mixage : il en résulte des trames sonores évoluant lentement, en continuité, par phases successives, bariolées parfois d’impacts et turbulences, d’objets acoustiques étonnants organisés en plans phoniques... Tout un univers que n’auraient pas renié R. Murray Schafer, le

J.F.

J.F.


34 au programme musiques bouches-du-rhône var

Madame Butterfly

Fort du succès de l’édition fondatrice 2015, le festival international de piano à Grans récidive avec trois concerts gratuits d’une exceptionnelle qualité et des pianistes aux carrières internationales. Marie-Josèphe Jude, remarquée par Cziffra, pianiste d’élection d’Ohana, interprète avec la précision et la fougue de sa double formation, piano harpe, des pièces de Beethoven, Chopin et Ravel (17 mars). Célimène Daudet apporte sa finesse lyrique à Bach, Liszt et Franck (20 mars), tandis que Marta Zabaleta offre un concert commémoratif des cent ans de la disparition de Granados avec, subtile palette, un chef-d’œuvre du compositeur, la suite pour piano Goyescas, inspirée de tableaux de Goya (24 mars).

Présences féminines La puissance créatrice, marque phallique par excellence, a longtemps été déniée aux femmes. Le Festival fondé en 2011 par l’association Présences féminines et sa directrice artistique Claire Bodin, renvoie les idées reçues au placard, conjuguant concerts, créations, rencontres, conférences et humour, essaimés sur la région toulonnaise. Témoignage de la pratique des femmes aux claviers avec le premier concert D’hier à aujourd’hui, détour par les Contes fantastiques, incursion dans les mers du nord avec la soprano Karen Vourc’h, escapade contemporaine en Corée avec Un chemin de sable blanc de la compositrice Marie-Hélène Bernard, l’humour caustique de la soprano Anne Baquet, les partitions d’orchestre avec des contemporains et contemporaines… en parité parfaite, n’est-ce pas un idéal ?

Romain Dayez © Sacha Deuquet

L’Orsiteo

Évènement ! Donné en recréation mondiale (depuis 1651), l’Oristeo, premier opus de la « tétralogie du Sant’Aponal », première salle lyrique de l’histoire fondée par un compositeur et son librettiste, Cavalli et Faustini, annonce à la fois l’opéra buffa et le dramma giocoso du XVIIe. La princesse Diomeda a fait vœu de chasteté, alors que le roi Oristeo devait l’épouser. Il se déguise en jardinier… on devine la suite. Dans le cadre de Mars en Baroque, le Concerto Soave jouera cet ouvrage inédit à la Criée en partenariat avec l’opéra de Marseille (voir aussi p21). 11 & 13 mars Théâtre de la Criée, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com 08 92 68 36 22 marsenbaroque.com

Du délicat duo entre la fragile Madame Butterfly et l’officier américain Pinkerton « Viene la sera » au bouleversant Un bel dì, vedremo ou au cri de désespoir du Con onor muore final, l’opéra de Puccini n’a cessé de nous émouvoir. Il revient à Marseille sous la direction musicale de Nader Abbassi, Svetla Vassileva interprètera CioCio San, Cornelia Onciou Suzuki, et Teodor Ilincăi Pinkerton. Une coproduction entre l’Opéra de Marseille et l’Opéra national de Bordeaux. Karen Vourc’h © Caroline Doutre

17, 20 & 24 mars Grans 04 90 59 13 75 unpianoagrans.musiquealaferme.com

Madame Butterfly © Christian Dresse

Célimène Daudet © Hadrien Daudet

Un piano à Grans

15 au 20 mars Toulon, Saint-Mandrier, La Valette du Var, Le Pradet 6 13 06 06 82 presencefeminine.org

Madame Chrysanthème Inspiré comme Madame Butterfly du roman éponyme de Pierre Loti, Madame Chrysanthème connaît une fin moins douloureuse. Loti s’était « marié » sur un contrat d’un mois renouvelable (coutume réelle au Japon encore à l’orée du XXe), qui n’empêchait pas sa femme, après son départ de se trouver un vrai mari. L’opéra de Messager, qui rappelle aux européens un monde qui leur est inaccessible, est plus souvent considéré comme une comédie lyrique. Elle sera présentée dans sa version concertante sous la direction de Victorien Vanoosten. 23 mars Opéra de Marseille, Marseille 04 91 55 10 ou 04 91 55 20 43 opera.marseille.fr

16 au 24 mars Opéra de Marseille, Marseille 04 91 55 10 ou 04 91 55 20 43 opera.marseille.fr

Pâques en Méditerranée Le répertoire méditerranéen qu’il soit sacré ou populaire regorge de chants et de musiques composés autour de Pâques. Extraits de la liturgie orthodoxe grecque et arabe, des chansons populaires de Pâques, des berceuses, des lamentations baroques ou encore des cantigas d’Espagne, tout un riche programme est concocté par l’ensemble Baroques-Graffiti, avec la voix de soie d’Eleni Bratsou, le oud virtuose et le chant de Fouad Didi, l’orgue et le clavecin inventifs de Jean-Paul Serra. 11 mars Cité de la Musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com


SCène Conventionnée PôLe régionaL de déveLoPPement CuLtureL PôLe tranSfrontaLier

ven 04 mars 21:00

jazz

mer 09 mars 16:00

muSiQue

PANORAMA LiCenCeS 1-1083117 2-1083118 3-1083119

avishai Cohen Quartet dark nightS minifoCus 1 montreur d’ourS jeu 17 mars 21:00

Fos-sur-Mer - Grans - Istres - Miramas - Port-Saint-Louis-du-Rhône

muSiQue

mar 22 mars 19:00

théâtre

ven 25 mars 21:00

CirQue/danSe

Création © breSt breSt breSt

aroSemary QueenStandLey of heart – juLiette deSChamPS Bonjour, on est un tsunami Cie renardS Bienheureux sont Ceux Qui rêvent deBout sans marCher sur leurs vies Cie LeS ChoSeS de rien infos résa 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

04160 Château–arnoux Saint–auban

5 13

du au mars 2016 #

TOUTE LA PROGRAMMATION SUR WWW.SCENESETCINES.FR


36 au programme musiques bouches-du-rhône

Caroline Sageman

Trios à cordes

Délicieuse folie que celle qui a rendez-vous au PIC, avec le groupe Maluca Beleza, qui navigue entre jazz et Brésil. Improvisations, musiciens virtuoses et complices, vous entraînent dans une aventure colorée de rythmes et de mélodies. La chanteuse Caroline Tolla est accompagnée dans ce beau voyage par Roman Gigoi (clarinette), Wim Welker (guitare), Pierre Fenichel (contrebasse) et Julien Heurtel (batterie).

La chapelle du Couvent de Pourrières accueille l’Ensemble des Équilibres avec Agnès Pyka (violon), Blandine Leydier (alto), Dimitri Maslennikov (violoncelle) pour un concert de trios à cordes : trio D 581 en si majeur, œuvre de jeunesse de Franz Schubert, puis un trio expressif, nourri d’influences voyageuses de Jean Cras (celui-là même qui outre une carrière de compositeur bien remplie inventa, officier de marine expérimenté, la règle qui porte son nom), enfin un trio de l’organiste et compositeur Ermend Bonnal.

Lauréate à dix-sept ans du concours Chopin de Varsovie, disciple de Claudio Arrau, la pianiste Caroline Sageman a conçu des spectacles où les textes de Musset se mêlaient aux pièces de Chopin dont elle est spécialiste (entre autres). Ce sont ses Mazurkas ainsi que ses vingt-quatre préludes qu’elle interprètera à la Criée, lors d’un enregistrement live. Intelligence de la partition, refus de la langueur et des boursouflures, elle livre un Chopin en épure, saisissant.

13 mars 17h 30 PIC, L’Estaque ensemble-telemaque.com

Flowers Le concert Matins sonnants n°2 esquisse des échos entre les œuvres de John Cage et de Jean-Christophe Feldhandler. En regard des « expériences vivantes de la vibration » de But what about the noise of Crumpling paper..., A Flower, A child of tree de Cage, on entendra trois compositions de J.-C. Feldhandler, Chant, L’alphabet des augures et La Nuit, c’est…, commande du GMEM-CNCM-Marseille. Histoire de vérifier que « l’on questionne le son comme on questionne le monde ».

04 91 54 70 54

22 mars La Criée, Marseille theatre-lacriee.com

Solistes de Zagreb © Romano Grozic.

Musiques au GTP

© Eric Sneed

6 mars 11h Opéra de Marseille 04 96 20 60 10 gmem.org

Agnès Pyka © X-D.R

04 91 39 29 13

© Frédérique Le Calvez

Maluca Beleza

Les formations prestigieuses et les grands noms se succèdent au Grand Théâtre de Provence. L’ensemble de chambre des Solistes de Zagreb accompagnera ainsi le violoncelle virtuose de Marc Coppey (à la direction) sur un programme Mozart, Haydn, Barber (1er mars). C’est Beethoven que Laurence Equilbey a choisi pour le piano de Nicolas Angelich et l’orchestre Insula Orchestra (5 mars), tandis que le Concert d’Astrée dirigé par Emmanuelle Haïm se consacrera aux œuvres de Haendel et Purcell avec la mezzo-soprano Anne Sofie von Otter et le baryton-basse Laurent Naouri (12 mars). GTP, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

20 mars, 17h Chapelle du Couvent de Pourrières, Pourrières 06 73 30 23 62 desequilibres.fr

Don Giovanni L’Opéra Nomade revient à Miramas avec Don Giovanni de Mozart. Mais un sous-titre est ajouté, par le metteur en scène Pierre Thirion-Vallet : « ou l’éloge de la fuite ». Comme dans un polar, nous nous retrouvons sur une scène de crime et le coupable ne cesse de fuir en un mouvement éperdu que rien ne semble pouvoir ralentir avant la chute dernière. La fuite, comme une tentative de vivre ? Le chœur et les musiciens de l’Opéra Nomade jouent de tous les registres sous la houlette d’Amaury du Closel. (surtitrage en français) 17 mars Théâtre La Colonne, Miramas 4 90 50 66 21 scenesetcines.fr


var vaucluse musiques au programme 37

La vie parisienne

Sur les pas du Roy René

Sabine Devieilhe © Marc Ribes

Rivaux en amour, mais également trahis, Gontran Raoul de Gardefeu et Bobinet décident d’un commun accord d’aller à la conquête des « femmes du monde ». Entre subterfuges, cocufiages, quiproquos, il y a des bulles de champagne et les pas du Cancan. Cet hymne à la légèreté et à la joie de vivre d’Offenbach est mis en scène par Nadine Duffaut, avec l’Orchestre régional Avignon-Provence, les chœurs et le ballet de l’Opéra du Grand Avignon sous la baguette de Dominique Trottein.

Les amours tragiques de la douce Lakmé, fille de Nilakantha, brahmane, et de l’officier britannique Gérald, inspirées d’une nouvelle de Pierre Loti, Raharu ou le Mariage de Loti, sont devenues l’objet du sublime opéra de Léo Delibes, Lakmé. Délicatesse de L’air des clochettes ou du Duo des fleurs ! Laurent Campellone dirige l’Orchestre Régional Avignon-Provence dans une mise en scène de Lilo Baur qui met en avant le décalage des cultures qui rend impossible cette grande histoire d’amour.

Roy René © X-D.R

Clémence Tilquin © Marie sophie Leturcq

Lakmé

20 & 22 mars Opéra d’Avignon, Avignon 04 90 14 26 42 operagrandavignon.fr

27 & 28 février Opéra d’Avignon, Avignon 04 90 14 26 42 operagrandavignon.fr

Mal aimé parmi les instruments à cordes, l’alto fut cependant le préféré de Mozart qui avouait l’aimer par-dessus tout. Agnès Pyka, directrice artistique de l’Ensemble Des Équilibres, au violon, et Blandine Leydier à l’alto proposent un ensemble de duos où la tessiture des cordes de l’un apporte puissance et élan à l’autre. Moments interrompus de Graciane Finzi (2012) qui évoquent Debussy et Schubert, Passacaille de Haendel Halvorsen, Duo n°1 K423 en sol mineur de Mozart, Madrigaux (1947) de Martinu…

4 mars Opéra d’Avignon, Avignon 04 90 14 26 42 operagrandavignon.fr

Pour la première fois sur la scène toulonnaise le chef-d’œuvre de Kurt Weil, interprété par l’orchestre et les chœurs de l’opéra de Toulon, est dirigé par Nicolas Krüger. Choral luthérien, musique d’opéra, chanson populaire, cabaret, jazz se mêlent… dans cette histoire de gangsters et de putains, de trahisons et d’amours, de coups de théâtre (dont le final qui ennoblit le condamné à mort et le sauve). Sur la question centrale « qui est le plus grand criminel : celui qui vole une banque ou celui qui en fonde une ? ».

5 mars Temple Protestant, Toulon 06 73 30 23 62 desequilibres.fr

© BM Palazon 2010

Rémi Geniet © Marc Roger

En mode apéritif pour ce grand concert, l’Orchestre Régional Avignon-Provence interprète les onze minutes ou plus de la Petite suite pour orchestre op. 39 d’Albert Roussel, palette colorée, inventivité des rythmes… puis offre le lyrisme du concerto pour piano et orchestre opus 54 de Schumann avec le jeune et virtuose Rémi Geniet au clavier. Enfin, la Pastorale, symphonie n°6 de Beethoven, donnera à entendre, passés au filtre de l’âme, les divers mouvements de la nature, du calme champêtre aux orages.

1er, 4 & 6 mars Opéra de Toulon, Toulon 04 94 93 03 76 operadetoulon.fr

1er mars à 12h Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

En compagnie de l’alto

L’opéra de quat’sous Concert Symphonique

Plus que convivial le concert Sur les pas du Roy René, concocté avec talent et intelligence par les Voix animées ! Ayant lieu à 12h au théâtre Liberté, le repas est prévu dans l’histoire. Le Bon Roy René aimait les arts et fut un des plus grands mécènes de la fin du Moyen-âge, participant à l’éclosion de l’esprit de la Renaissance. Six chanteurs a capella, de l’Ensemble Les Voix Animées, nous feront partager cette effervescence avec des musiques de Josquin, Dufay, Mouton, Nola, Willaert…


38 au programme musiques bouches-du-rhône

Vincent Peirani & Guests

Diwan Trio

© Sylvain Gripoix

Hugh Coltman

© X-D.R.

Le nouvel album du crooner anglais (qui vit à Paris) Hugh Coltman, Shadows – Songs of Nat King Cole, est un hommage subtil et puissant aux chansons de Nat King Cole. C’est la part d’ombre de ce légendaire musicien noir ayant percé pendant la ségrégation aux Etats-Unis qu’il met en lumière et en valeur, et dont on a célébré en 2015 les 50 ans de la disparition. Il creuse ainsi le sillon d’un jazz sous tension, plein de nuances et magnifiquement désenchanté…

Le Diwan Trio, composé de Jean-Baptiste Boussougou, Serge Pesce et Jean-Luc Danna, donne rendez-vous dans leurs compositions à un groove afro contemporain, dont les influences multiples relient New York à Bénarès, en passant par l’Afrique. En naviguant d’un continent à l’autre, cette géographie métissée donne vie à une création musicale du présent, à l’image du nom de ce groupe qui signifie germer en breton, mais aussi un lieu où l’in discute de musique, de poésie, de littérature et de sagesse en persan !

C’est une création jazz explosive que programme la Criée, avec un plateau de rêve réunit autour du brillant accordéoniste Vincent Peirani ! Pour l’accompagner dans ce véritable tour du monde des musiques qui met l’accordéon à l’honneur, les accordéonistes Marc Berthoumieux et Daniel Mille, Pierre Perchaud à la guitare, Jérôme Regard à la contrebasse, André Ceccarelli à la batterie, Emile Parisien au saxo et François Salque au violoncelle, sur des compositions personnelles et des reprises, allant de Piazzolla à Grappelli en passant par Sydney Bechet.

Julia Palombe + Ottilie (B)

15 mars La Criée, Marseille theatre-lacriee.com

© Colas Declercq

© X-D.R

Safara 11 mars Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

Ottilie (B) © X-D.R.

04 91 54 70 54

11 mars Cité de la Musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com

Tintamarres #4

Avec Safara, le musicien Patrick Cascino nous convie à un voyage musical au cours duquel le Cascino trio (complété par Charlie Tomas à la contrebasse et Luca Scalambrino à la batterie et aux percussions) explore un jazz métissé de résonnances méditerranéennes, latines et africaines où la transe et la mélodie se côtoient. Au centre de ce ballet sonore, les mots, les images et la danse afro contemporaine d’Amédé Nwatchok et les danses flamenca et contemporaine d’Hélène Balalas donnent corps à l’imaginaire.

Pour la 4e édition des Tintamarres, Maxime Barthélemy, professeur de composition électroacoustique à la Cité de la musique, invite Pierre Boeswillwald, pionnier dans la composition de ce genre musical pour une carte blanche où compositeurs professionnels et « en devenir » dévoilent leurs œuvres à travers un dispositif de haut-parleurs. Par ailleurs le rendez-vous trimestriel Electrochocs permettra d’entendre les réalisations des étudiants de la classe de composition électroacoustique dirigée par Maxime Barthélemy le 9 mars.

Plateau 100% féminin à l’Escale, avec deux artistes qui placent le corps dans un axe plaisir-amour irrésistible ! Julia Palombe offre dans ses créations un rock brut associé à des textes poétiques et charnels. Dans son nouvel album, Docteur Love, elle chante en toute décomplexion les corps non aseptisés et l’amour sans carcans, multipliant les identités, les genres, et les désirs. Ottilie (B) quant à elle vibre toujours au son de l’amour et du désir aussi, et le transmet dans des chansons qui ne peuvent laisser indifférent !

4 mars Cité de la Musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com

7 mars Cité de la Musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com

4 mars MJC l’Escale, Aubagne 04 42 18 17 17 mjcaubagne.fr


Auditorium Jean Moulin - Le Thor . Mars > mai 2016 CIE YTUQUEPINTAS Rêves de sable

AGENCE DE FABRICATION PERPÉTUELLE

Dès

6 ans

(Arts de sable, marionnettes et musique)

Ven 4 mars • 18h30

(Conte musical)

Sam 26 mars • 16h

Dès

6 ans

(RASTEAU • Centre départemental)

GROUPE ÉMILE DUBOIS CIE JEAN-CLAUDE GALLOTTA L’Enfance de Mammame (Danse contemporaine)

Une semaine du petit elfe Ferme-l’Oeil

Dès

Ven 11 mars • 20h30

5 ans

NOCHE DE ARTE FLAMENCO Association andalouse Alhambra

Sam 19 mars • 20h30

CATHERINE LARA & ses musiciens

Sur la corde

Ven 29 avril • 20h30

SPECTACUL’ART Grain2phonie chante la nouvelle scène francophone (Chorale)

Samedi 28 mai • 20h30

www.ar tsvivants84.fr

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40 au programme musiques bouches-du-rhône vaucluse

Sanseverino

Énergies rythmes et rap

L’âme des pianos

En deux soirées, la Maison du Peuple de Gardanne développe son thème « énergies rythmes et rap » : le 11 mars, quatre groupes de musiques actuelles sélectionnés dans le cadre du tremplin courteÉchelle se relaieront sur scène pour une grande soirée de concert gratuits, avec un vote du public à la clé pour attribuer le Prix Public. Le lendemain, le talentueux rappeur Némir déversera ses rimes et son flow, le tout agrémenté d’un rythme soul plutôt singulier dans le paysage actuel du hip hop français, pour un concert à petit prix (5 €).

Pluie d’artistes pour cette comédie musicale de Luc Brian autour des états d’âme des pianos : Gérard Vantaggioli à la mise en scène, Aïni Iften à la direction d’acteurs, Mélody Debono aux arrangements piano, avec les musiciens Laure Donnat, Armelle Ita et Grégoire Richard. Dans l’arrière-boutique d’un magasin de pianos, ils se retrouvent pour se raconter des histoires de pianos… et celles des humains qui les accompagnent.

© Daniel Gleyzolle

© Philippe Delacroix

Némir © Toma Abuzz

11 & 12 mars Maison du peuple, Gardanne 04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr

Caravane Spectacle musical créé par le Voyage des 10 autour des collections du Museon Arlanten (Arles), et dirigé par la chanteuse compositrice Guylaine Renaud avec ses deux complices, le guitariste Guillaume Franceschi et la contrebassiste Christiane Ildebert. Cette Caravane, inspirée par les anciennes embarcations de marchandises (et d’idées) qui naviguaient le long des côtes méditerranéennes, est elle aussi itinérante pendant la rénovation du musée départemental d’ethnographie. Après une semaine de résidence, les artistes dévoileront leur vision artistique de cet univers, avec la participation des élèves du Conservatoire de Martigues. En entrée libre. 11 mars Site Pablo Picasso Conservatoire Musique et Danse, Martigues 04 42 07 32 41 ville-martigues.fr museonarlaten.fr

On connaissait le pétillant musicien à la mèche rebelle, qualifié régulièrement de « nouveau fou chantant », en émule et admirateur de Django Reinhardt. On le retrouve, toujours avec sa vieille guitare, sur la scène de la Salle Guy Obino pour un concert festif et enthousiaste. Après avoir frayé du côté du bluegrass dans son album Honky Tonk, Sanseverino poursuit dans les sonorités folk et country avec l’adaptation de l’histoire d’Henri Charrière, un caïd montmartrois surnommé « Papillon ». Entre les deux, notre cœur balancera pour l’auteur-compositeur, électron libre de la chanson française. 5 mars Salle Guy Obino, Vitrolles 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr

11 au 13 mars Le Chien qui Fume, Avignon 04 90 85 25 87 chienquifume.com

Javier Paxariño Trio Dans le cadre du 15e Festival Andalou organisé dans le Vaucluse par l’association Alhambra (10 au 20 mars), le Balcon accueille Javier Paxariño, l’un des meilleurs saxophonistes et flûtistes d’Espagne, pour un projet autour des musiques du creuset méditerranéen. Il est accompagné par le guitariste Josete Ordoñez et le percussionniste Manuel de Lucena. Un trio dont la musicalité nous transporte dans les sons de la Mare Nostrum et des trois cultures monothéistes issues de la musique ibérique…

Si Moh Dans le cadre d’une soirée « Cinémusique Peuple Berbère », l’artiste compositeur poète Si Moh, une étoile de la chanson kabyle contemporaine, offrira un concert à 21h30 au Forum de Berre. Avec la douceur de sa voix chargée d’émotions, ses textes qui parlent d’amour, d’amitié, de racines, qui dénoncent les inégalités, la beauté de son répertoire à fleur de peau emportera le public dans un voyage au son berbère. En amont, à 18h30 au Ciné 89, projection du film algérien inédit Si Mohand U M’hand l’insoumis de Lyazid Khodja et Rachid Benallal. 10 mars Forum des Jeunes, Berre-l’Étang 04 42 10 23 60 forumdeberre.com

© Diane Zillmer

04 90 85 00 80

18 mars Le Balcon, Avignon theatredubalcon.org


© Carlos Thomas - Licence n°2-102-7568 / n°1-102-2068

Du 18 au 22 mars 2016 Chapelle du Méjan

XXXIe

Semaine sainte

LE GRAND BALÈTI Dimanche 28 Février 16H00 - LA MAGALONE

JAZZ’N CITÉ

en Arles

Les lundis 29 Février & 14 Mars 21H00 - LA CAVE

Association du Méjan – Tél. : 04 90 49 56 78 – www.lemejan.com

CASCINO TRIO - SAFARA Vendredi 4 Mars 20H30 - AUDITORIUM

emaineSainte.indd 1

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TINTAMARRES #4

7 MARS : Pierre Boeswillwarld 18H15 / 20H30 > AUDITORIUM

9 MARS : Électrochocs 19H00 - AUDITORIUM

DIWAN TRIO - DIETSOU Vendredi 11 Mars 20H30 - AUDITORIUM du 3 au 27 mars 2016

PÂQUES EN MEDITERRANÉE Vendredi 11 Mars 20H30 - LA MAGALONE

LE TEMPS DES SECRETS…

Une production Concerto Soave

www.marsenbaroque.com •

Musique en prose Vendredi 18 Mars permeable.org

Le Peuple, le Roi De l’Église à l’Opéra

20H30 - LA MAGALONE

CITÉ DE LA MUSIQUE Auditorium / La Cave (Marseille 1er) - La Magalone (Marseille 9e)

04 91 39 28 28

Billetterie en ligne : www.citemusique-marseille.com


42 au programme Spectacles MArseille

Light Bird © Virginie Pontisso

Animal ! Animal !

Le théâtre national de Marseille s’ouvre au monde animal ? C’est ce que promet l’un des temps forts de la saison... Tout commencera par un repas, l’appétit étant (presque) le dernier bastion de l’instinct chez un être humain « civilisé ». Le troisième épisode des Exquis-mots de Marie-Jo, ces « dîners littéraires et gourmands » aura lieu au restaurant les Grandes Tables, dans le hall de La Criée. Œufs,

poules, voire petits insectes sont inscrits au menu, encore très mystérieux. Clou de l’événement, la venue du chorégraphe Luc Petton et ses grues de Mandchourie, évoluant parmi des danseurs familiarisés, par une longue phase de préparation, au rythme des élégants échassiers. Light bird est le 3e volet de son triptyque animal, après La confidence des oiseaux et Swan. Précisons

Africa

si besoin était, qu’il ne s’agit pas d’un spectacle-exhibition, mais d’un compagnonnage empreint de respect... La danseuse et sociologue argentine Marilén Iglesias-Breuker a travaillé en collaboration avec Luc Petton, co-signant la chorégraphie. Pour conclure ce cycle en laissant ample matière à réflexion au public, le chef du service Idées-Débats du journal Le Monde, Nicolas Truong, invite diverses personnalités à sonder la question animale durant toute une Journée des bêtes. On y entendra la voix profonde et radiophonique de Jean-Claude Ameisen (la fameuse émission de France Inter Sur les épaules de Darwin, c’est lui), Boris Cyrulnik, psychiatre et éthologue, ou encore la philosophe Elisabeth de Fontenay. Les Exquis-mots de Marie-Jo #3 29 février Light bird 3 au 6 mars La journée des Bêtes 6 mars 04 91 54 70 54

La Criée, Marseille theatre-lacriee.com

Le Misanthrope

Bien des occidentaux sont tombés amoureux de l’Afrique, une passion parfois dévorante, souvent destructrice. Oscar Van Rompay, nu jusqu’à l’os, interprète ici un texte de Peter Verhelst. Ce monologue écrit pour lui plonge l’artiste -et le spectateur avec luidans un fantasme de continent : brûlant, exotique, empreint de sexe et de violence. Un voyage au cœur du désir dont on ne revient pas indemne.

04 91 54 70 54

11 & 12 mars La Criée, Marseille theatre-lacriee.com

Dans un pays dévasté par une catastrophe nucléaire, un paralytique se lève, et plus rien ne sera jamais pareil... Magda Lena Gorska et Bruno de La Salle adaptent Antoine Volodine avec la force que requiert ce « chant épique pour notre époque ». L’histoire d’Ilia Mouromietz s’inspire du patrimoine oral russe, remontant à l’époque médiévale, mais les préoccupations humaines résonnent d’âge en âge !

04 91 54 70 54

9 mars La Criée, Marseille theatre-lacriee.com

© Matthieu Wassik

© Kurt Van der Elst

Le chant du rossignol brigand

Atrabilaire, misanthrope... mais jeune et amoureux. L’Alceste d’Alexis Moati et Pierre Laneyrie est comme chacun de nous : pris dans une pièce qu’il se joue à lui même, où il excelle parfois, et parfois moins ! Après Le malade imaginaire et L’Avare, la Cie Vol plané revient avec une distribution rajeunie, joue en alexandrins, et gomme plus encore la distance entre le spectateur et les interprètes. 27 février au 5 mars La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com


La porte à côté

© Emmanuel Murat

«Je croyais que la première qualité d’une psy, c’était la tolérance...» s’exclame Edouard Baer. «C’est bien une opinion de vendeur de yaourt, ça !» réplique Léa Drucker. Voisins de paliers, célibataires en quête d’âme sœur, ils s’écharpent au quotidien mais finiront, c’est une évidence, par tomber dans les bras l’un de l’autre. Puisque le suspens est éventé, tout le plaisir réside dans le crescendo de leur joute verbale : le charme de bien des gens se cache sous leurs défauts !

1er au 5 mars Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net

T H É Â T R E J O L I E T T E M i n o T E R i E

SCÈNE CONVENTIONNÉE POUR LES EXPRESSIONS CONTEMPORAINES

2 place Henri Verneuil 13002 Marseille

saison III 2015-2016

Métro 2 Joliette Tram T2 et T3 Euroméditerranée Bus 35, 55, 82

King size Christoph Marthaler orchestre une œuvre théâtrale presque entièrement chantée par un quatuor de comédiens multi-talents. Tous travaillent joyeusement sur fond de mélancolie, tandis que sur scène trône… un lit king size. Symbole bourgeois de la routine conjugale, il abrite encore des surprises, de l’espoir, un entêtement à ne renoncer ni à la vie, ni à l’amour. Quitte à en faire la démonstration par l’absurde.

LE CAbARET dE LA dERNIÈRE CHANCE JACqUES REbOTIER / CIE VOqUE

© Simon Hallström

Dans le cadre du temps fort consacré à Jacques Rebotier du 16 au 26 mars

15 au 18 mars Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net

« S’ouvrir à l’univers de Jacques Rebotier, c’est être suspendu dans le vide sans avoir peur, c’est boire un Gevrey Chambertin dans un gobelet en plastique, c’est admettre que le non sens en a un et que tout peut voler en éclat dans une bonne rigolade très sérieuse... » Le Petit bulletin

VENdREdI 18 MARS 20h SAMEdI 19 MARS 19h au THéâTRE JoliETTE-MinoTERiE

www.theatrejoliette.fr

04 91 90 74 28 / resa@theatrejoliette.fr photo © voQue


44 au programme Spectacles MArseille

Les armoires normandes

Comment épouser un milliardaire

© Christophe Raynaud de Lage

Les Chiens de Navarre «  préfèrent ne pas se mettre à dos un auteur, surtout s’il est vivant ». Chacune de leurs créations est donc collective, cent fois remise sur le métier, nourrie d’improvisation, et susceptible d’évolution jusque sur le plateau. Jean-Christophe Meurisse assure la mise en scène de ce spectacle inclassable et féroce : dix chiens lâchés dans un théâtre, ça fait du bruit, même s’ils sont là pour parler d’amour.

Un « théâtre-document, sans réécriture ni artifice, au plus près du témoignage » : Marie Desgranges et Antoine Mathieu restituent la parole de Paul Felenbok et Wlodka Blit-Robertson, recueillie par David Lescot. Récit de vie de deux enfants grandissant en temps de guerre, qui survivent et en connaîtront l’après, Ceux qui restent est présenté dans le cadre de la Biennale des ecritures du réel. Une rencontre avec Paul Felenbok, David Lescot et l’équipe artistique est prévue à l’issue de la représentation.

© X-D.R

© Philippe Lebruman

Ceux qui restent

22 au 26 mars Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net

Quand j’étais Charles

04 91 91 52 22

5 mars Le Lenche, Marseille theatredelenche.info

« Il y en a seulement 1226 dans le monde ; s’ils étaient des animaux, ce serait une espèce protégée .» Audrey Vernon, didactique, livre son expérience de chasseuse de milliardaire. Au passage elle souligne avec humour les mécanismes confondants du capitalisme : les ultrariches, comme une pointe d’iceberg, n’émergent que si la masse énorme des « petits sous » le leur permet. Ce spectacle a lieu dans le cadre des Voyages en solitaire.

04 91 91 52 22

15 & 16 mars Le Lenche, Marseille theatredelenche.info

Ulysse Bataille

Fabrice Melquiot met en scène son propre texte, avec un acteur exceptionnel, Vincent Garanger, dans le rôle-titre. Un homme de la France profonde, représentant en matériel agricole, apprend que la femme de sa vie vient de le quitter. Adepte du karaoké le week-end, il chante son chagrin, son amour, ses espoirs, reprenant les airs connus de Charles Aznavour. On dit que la musique peut sauver des vies, et c’est valable aussi bien pour Mozart que pour la variété...

La CCE, c’est une structure créée par des juifs communistes après-guerre, pour emmener les enfants de disparus en colonie de vacances. Sous forme de « revue parlée-chantée » -on chante beaucoup en colo-, David Lescot revient sur cette expérience formatrice : vivre en collectivité, se confronter à l’idéologie, s’ouvrir aux autres... Ce spectacle a reçu le Molière de la révélation théâtrale en 2009.

© X-D.R.

8 au 12 mars Les Bernardines, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net

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6 mars Le Lenche, Marseille theatredelenche.info

© Nilo Pardo Garcia

© Tristan Jeanne-Valès

La Commission Centrale de l’Enfance

Un clown qui tombe amoureux, ça arrive souvent, ils ont le cœur tendre. Mais là, l’heureuse élue est spéciale, « drapeau à la main et poitrine nue, debout sur une barricade ». Alors forcément, pour l’impressionner, il faut mettre le paquet : perles de pluie, bonbons, bikinis, et une bague. Tout ça coûte des sous, il faut donc travailler, demander une augmentation... Une vraie bataille livrée par Les Matapeste. Ce solo de clown, interprété par Francis Lebarbier, a lieu dans le cadre des Voyages en solitaire.

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18 & 19 mars Le Lenche, Marseille theatredelenche.info


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Ecrivons ensemble l’histoire populaire de Marseille Sous l’égide de Robert Guédiguian, La Marseillaise, l’association Promémo et les Editions de l’Atelier préparent un livre s’appuyant sur les photos d’archives familiales pour raconter l’histoire du peuple de Marseille et de sa ville. Nous avons besoin de vos photos et témoignages, qui seront recueillis par des historiennes et des historiens. Les photos vous seront immédiatement restituées après avoir été scannées. Des permanences sont assurées dans les locaux de La Marseillaise et annoncées dans le journal. Vous pouvez contacter l’historien Gérard Leidet, au 06 27 75 17 44 et sur gerard.leidet@neuf.fr


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La ronde de nuit

© Laurence Fragnol

Occident

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@Christophe Le Dévéhat

Jean-François Matignon met en scène le livre éponyme de Patrick Modiano, recentrant l’intrigue sur le personnage principal, un membre de la Gestapo qui infiltre un réseau de la Résistance. Thomas Rousselot est ce double traître, trop faible pour réussir même sa sortie. Une plongée éprouvante dans la conscience d’un homme somme toute banal : l’ambivalence est la chose au monde la mieux partagée. Dans un tel contexte, elle a des conséquences démesurées. Ce spectacle a lieu dans le cadre des Voyages en solitaire.

On dit que la haine est l’autre face de l’amour, parfois ce qui maintient le plus longtemps un lien entre deux êtres. Stéphanie Marc et Christian Mazzuchini attaquent à fleurets non mouchetés, tant la frustration les a aigris : il est alcoolique, misogyne et raciste, elle ne se laisse pas faire mais ne s’en sort pas mieux. Dag Jeanneret dirige un duel au sommet sordide, fouillant la conjugalité dans ce qu’elle a de pire. Vous voilà prévenus !

10 au 12 mars Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 07 94 theatrejoliette.fr

22 & 23 mars Le Lenche, Marseille theatredelenche.info

Concerts gratuits Le Cabaret de la dernière chance

Marie-Laure Favry se voit multiple en son miroir. Appuyée sur les œuvres de Dario Fo et d’autres auteurs contemporains sensibles à la condition féminine, elle incarne tour à tour leurs personnages : mère de famille nombreuse, femme vieillissante, violée, trompée ou meurtrière, séductrice ou stérile... À toutes elle prête son corps et sa voix, puisqu’on est là pour l’entendre, elle. Ce spectacle a lieu dans le cadre des Voyages en solitaire.

04 91 91 52 22

25 & 26 mars Le Lenche, Marseille theatredelenche.info

Jacques Rebotier aime travailler l’humour, le verbe, la politique, et en musique s’il vous plaît. Son Cabaret, bardé de tous ces ingrédients, répond au cahier des charges d’un poète et compositeur malicieux. En l’amicale compagnie d’artistes, musiciens et invités surprises, il pioche dans ses précédentes œuvres, l’encyclopédique Description de l’omme (oui, sans « h »), et 2 x 66 brèves pour 126 instrumentistes-parlants.

2ème édition du 17 au 24 mars 2016

Marie-Josèphe Jude Célimène Daudet Marta Zabaleta © Cie Voque

© X-D.R.

Miroir d’elles

Entrée libre sans réservations et dans la limite des places disponibles

Direction artistique :

Jérémie Honnoré

18 & 19 mars Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 07 94 theatrejoliette.fr

renseignements : 04

90 59 13 75 www.unpianoagrans.fr


50 au programme spectacles

marseille

Les filles aux mains jaunes

La Maison

Cette œuvre du Dynamo Théâtre, mise en scène par Joëlle Cattino sur un texte de Michel Bellier, éclaire un angle particulier de la Grande Guerre : les prémices d’une émancipation féminine qui se structure par le biais des luttes des ouvrières -du droit de vote à l’égalité des salaires- qui manipulaient la poudre de TNT dans les usines de fabrication d’obus. Une merveille de théâtre ! (lire notre critique sur journalzibeline.fr)

Chez certains enfants, l’adolescence arrive comme un boulet de canon, chez d’autres, progressivement, elle s’installe. Elle est toujours cruciale, un moment où l’on rebat les cartes avant d’entrer dans le grand jeu de la vie. Pauline Bureau de la compagnie La part des anges a écrit son texte en collaboration avec les acteurs du spectacle : deux pré-ados s’y rencontrent en rêve, et tout devient possible. À partir de 8 ans.

© Pierre Grosbois

19 mars Théâtre de Grasse theatredegrasse.com 16 au 18 mars Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

29 avril Espace Gérard Philippe, Port Saint-Louis du Rhône 04 42 48 52 31 scenesetcines.fr

23 mars Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net

« J’ai envie de faire une expérience, comme si j’étais scientifique, avec un protocole en place, et des épreuves par thématique » lance le maître de cérémonie. Rituel classique de la danse hip hop, qui voit s’affronter deux équipes alternativement sur scène, le battle se frotte ici de théâtre, avec une réelle interprétation. Sans perdre de son énergie, ni s’éloigner de l’improvisation ! Rencontre à l’issue de la représentation avec les artistes de la Cie Un autre angle de rue. 4 mars Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

Parmi vous / Fragment d’entr(EUX)

©Malaxe

30 & 31 mars Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 theatredeshalles.com

L’expérience battle

Après les ponts, Gustavo Giacosa s’intéresse à la maison. Il s’est entouré de cinq partenaires pour cette recherche en symbolisation de l’espace : avoir une demeure, un logis, l’habiter, qu’est-ce que cela signifie ? La compagnie SIC.12 a enquêté en maison d’arrêt et foyer de sans-abri pour confronter le vécu intime du lieu de vie, partagé par la majorité des humains, à l’expérience empêchée qu’en ont certains d’entre nous. 25 mars Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

23 au 26 mars Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 07 94 theatrejoliette.fr

04 93 40 53 00

© David Richard

© Bruno Mullenaerts

Dormir 100 ans

Et le diable vint dans mon cœur Dernier volet d’une trilogie consacrée par Alexis Moati à la fin de l’enfance, après le refus de grandir de Peter Pan et le dangereux marché conclu par la Petite sirène, ce spectacle fait appel à sept comédiens -adultes- pour composer « une fable endiablée sur la transformation ». Tout à tour enfants, adolescents ou figures d’autorité, ils font dialoguer les générations, en ne recourant ni à la sociologie, ni à la psychologie. Plutôt en considérant l’adolescence... comme une période de création. 22 & 23 mars Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

04 90 52 51 51

8 & 9 mars Théâtre d’Arles theatre-arles.com

Pour son rituel urbain des Sirènes et midi net, le premier mercredi du mois de mars, Lieux Publics a fait appel à la compagnie Malaxe («  matière à pétrir et à inventer »). Danseuse et diplômée des Beaux-Arts, Emeline Guillaud, sa fondatrice, travaille ici sur une installation de vêtements, considérant le linge étendu aux fenêtres comme un trait d’union entre les gens. D’une fenêtre à l’autre, d’un intérieur à la rue qu’il surplombe, c’est de l’intime que l’on veut bien donner à voir ! 2 mars Parvis de l’Opéra Lieux Publics, Marseille 04 91 03 81 28 lieuxpublics.com


51

Festival Russe

Ici et ailleurs

Rares sont les spectacles qui reviennent d’une année sur l’autre, mais la délicate interprétation, la force du texte adapté d’une nouvelle de Suzanne Tamaro, la réaction unanime d’un public bouleversé, permettent à ceux qui désirent revoir ou découvrir Martine Amanieu dans un récit de vie où renaît l’histoire de survivants de l’holocauste. Souvenirs, silences, monologue pluriel de voix qui se sont tues, dans l’écrin de l’espace Léo Ferré.

Dans le cadre de la Biennale des écritures du réel #3 (voir p. 19), la compagnie Pupella-Noguès crée un spectacle accessible dès 5 ans, Ici et ailleurs. Les maisons recèlent des objets qui ne sont pas forcément utilitaires, mais qui, par leur simple présence, racontent l’histoire familiale, des voyages, des rêves, des souvenirs. Avec une délicieuse fantaisie se construit un musée imaginaire dont la force d’évocation nous convie à un parcours où il est question de transmission, de construction de soi à travers ces bibelots si merveilleusement singuliers.

© Xavier Cantat

© X-D.R.

Pour voix seule

1 au 5 février Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.fr

S’il est un classique au Toursky, c’est bien le Festival Russe, avec ses cabarets, son cinéma, son théâtre, ses concerts. Le 21e anniversaire ne déroge pas à la coutume, outre les huit films, on aura l’occasion d’applaudir le Théâtre Académique dramatique d’Etat Russe de Kazan dans la comédie L’Éléphant d’or, le Théâtre Ainsi de Suite dans Orekhov, d’après Un dissident du KGB de Nicolas Jallot, le Théâtre Dramatique National de Samara et les artistes de l’Académie d’art dramatique de Saint-Pétersbourg dans le théâtre musical Notre Cuisine d’Alla Korovkina. Enfin, le duo Darius Milhaud (Anaït et Arminé Sogomonyan) offrira sa légèreté et son élégance dans un riche programme de Schubert à Liszt.

16 au 18 mars Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 theatremassalia.com

Barocco Le théâtre Nono va bientôt faire une pause, en raison de travaux. En guise d’horizon d’attente, une étape de travail de sa nouvelle création, Barocco, sur un texte de Marion Coutris dans une mise en scène de Serge Noyelle est proposée en mars. 17 artistes, français, espagnols, grecs, allemands vous feront plonger dans l’univers protéiforme du baroque, jonglant entre danse, musique et théâtre. Mouvement et immobilité, silence et fureur, dans l’esprit d’un baroque contemporain, qui est bien tout sauf une convention !

11 au 26 mars Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.fr

Festi’femmes Deux spectacles de la 21e édition de Festi’femmes, festival d’humour au féminin fondé par Éliane Zayan en 1996, se joueront au théâtre Toursky. Anne Cangelosi sera Mémé Casse-Bonbons, personnage vert acide. Le duo d’Emma Gattuso et Thibaud Choplin passe à la moulinette d’un humour déjanté les célébrités comme les anonymes, dans un festival de sketchs jubilatoires. En mignardises, chaque spectacle est précédé d’une scène ouverte aux nouveaux talents… mais aussi à un avant-goût de La Vraie vie d’Honorine d’Edmonde Franchi.

© X-D.R.

4 & 5 mars Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.fr

Alyan a cinq ans, il voudrait être un jour une maman, une princesse, même si sa sœur, Nina, lui certifie que « c’est nul les princesses ». Porter des robes de fée quand on est un petit garçon suscite la cruauté des autres… part féminine ou masculine en chacun de nous, comment la définir en toute liberté ? Le poids social est là, avec les limites de sa capacité à accepter l’autre, qui par essence est différent. Émilie Le Roux met en scène et dirige les acteurs avec subtilité dans cette adaptation de Mon frère, ma princesse de Catherine Zambon (pour les plus de 8 ans). 10 & 11 mars Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 theatremassalia.com

© Cordula Treml et Ben Colibri

© Adrien Patry

Mon frère, ma princesse

12 mars Théâtre Nono, Marseille 04 91 75 64 59 theatre-nono.com


52 au programme spectacles

bouches-du-rhône

La grenouille au fond du puits… Precious ridiculous

« Ah ! Non ! C’est un peu court, jeune homme ! » Qui ne murmure ou ne déclame à la suite la célébrissime tirade des nez ! Le Badaboum Théâtre reprend la pièce culte d’Edmond Rostand au Théâtre de Fontblanche. On retrouvera la belle Roxane qui croit aimer Christian, car il est beau, alors que ce sont les mots de Cyrano écrits ou prononcés dans l’ombre qui la subjuguent… Une pièce qui fait aimer le théâtre à partir de 8 ans. Un grand moment de verve et de panache !

La pièce de Molière, Les précieuses ridicules, revisitée par Jeanne Béziers et sa compagnie (Ma compagnie), prend un coup de fraîcheur et de jeunesse jubilatoire. Ces féministes avant l’heure, mettent l’accent sur la liberté des femmes, et, par leurs exigences, certes saugrenues, soulignent l’indigence de leur condition qui les fait passer de la tutelle d’un père à celle d’un époux. La musique de chambre jouée sur scène devient «  rock libérateur et libertaire ». C’est drôle, vivifiant, sur un sujet plus sensible qu’il n’en a l’air.

8 mars Théâtre Fontblanche, Vitrolles 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr

La grenouille au fond du puits croit que le ciel est rond, voici le titre complet de ce spectacle composé avec une imagination poétique délicieuse par le Vélo Théâtre. Monsieur Brin d’Avoine a collectionné toute sa vie durant des maisons, plus de quatre cents ; ce qu’il ignore, c’est qu’il a toujours recherché sa première maison, au bord de la mer, étrangement sans toit, sans murs, sans fenêtres ses deux serviteurs découvrent cette curieuse collection La visite commence ! Ouvrons les portes du rêve (à partir de 6 ans).

© Lau Hebrard

© Laurence Jannar

© X-D.R.

Cyrano

23 au 25 mars Théâtre Fontblanche, Vitrolles 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr

5 mars Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr

Rêves de sable Le roman d’Henri Frédéric Blanc (publié chez Actes Sud), mis en scène et adapté au théâtre par Ludovic Laroche, brosse une satire pétillante de verve acide et drôle de la société. Les personnages se retrouvent en tête à tête dans un grand restaurant parisien. Victor Pontier, éditeur aux dents longues et sans scrupules, y a invité la séduisante romancière Léa Belmont. Un feu d’artifice où cynisme et idéalisme s’affrontent en un duel jubilatoire, mettant à bas les faux-semblants.

© Arthur Oudar

Prenez une plaque de verre rétroéclairée, du sable, un écran qui projette les images, et le tour est joué… Simple direz-vous ? La délicatesse, la précision poétique des images éphémères dessinées avec le sable qui coule entre les doigts du marionnettiste, circassien et plasticien, Borja González, émerveillent. Le rêve visuel s’accorde aux musiques du pianiste Roc Sala Coll, sur scène. De la magie pure avec la compagnie Ytuquepintas. À partir de 5 ans.

18 & 19 mars Théâtre Fontblanche, Vitrolles 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr

2 mars Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr

22 mars Théâtre Durance, Château-Arnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr

1 mars L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 mairie-saintremydeprovence.fr 4 mars Auditorium Jean Moulin, Le Thor 04 90 33 96 80 artsvivants84.fr

© L’instant d’un regard

Nuit gravement au salut

Ils se nomment Cerveau, Chacal, Guarana, La Graille, ils ont dix-huit ans, des rêves, une vieille 2CV rouillée… L’un d’entre eux, seul sur scène (Baptiste Toulemonde), raconte avec une nostalgique tendresse et beaucoup d’humour ce voyage initiatique, véritable road-trip déjanté… le départ, les soirées d’été, les rencontres, la soif de vie et d’aventures de cette bande de copains…. Souvenirs, souvenirs ! Une création de la Compagnie Renards. (Attention ! à partir de 13 ans).

© Marta G. Cardellac

Bonjour on est un tsunami

10 mars Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr


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La douceur perméable de la rosée

La belle Vera EK, serveuse au café du coin était courtisée par tous, mais s’est éprise d’un footballeur… Elle vieillit, et se retrouve seule. Cette histoire inspire au metteur en scène Mladen Materic et à la danseuse et chorégraphe Azusa Takeuchi, un portrait de femme superbe dans ses élans et ses déceptions. Par cette danse intime qui sait évoquer avec force images et états d’âme, subsiste encore la beauté de Vera EK.

Le Bois de l’Aune laisse carte blanche au metteur en scène et auteur, Lazare, et sa compagnie Vita Nova. Amour des mots, verve cinglante et tendre, avec ses mots « tordus », se déclineront au travers de textes, de chansons, d’extraits de pièces… sans doute. Le mystère de la représentation reste entier. L’aventure est là. Entrons dans l’univers de ce poète qui sait rendre possible l’impossible par la vertu du verbe. © Pierre Ricci

Parlez-nous de la nature, de la douceur, de l’harmonie. Face à la violence qui s’empare du monde, la bouffée d’air pur apportée par le spectacle de la compagnie Paco Dècina, La douceur perméable de la rosée, est bienvenue et revigorante. Le chorégraphe s’interroge, après une résidence aux îles Crozet, sur notre capacité à revenir à une plénitude qui se voudrait originelle. La danse devient le lieu salvateur, où nous retrouvons nos propres vibrations.

Pour Vera EK © J-.L. Fernandez

© Laurent Schneegans et Laurent Philippe

Carte blanche à Lazare

23 mars Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr 8 & 9 mars Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 aixenprovence.fr/Bois-de-l-Aune

Coloriage

22 mars Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 aixenprovence.fr/Bois-de-l-Aune

Noces de sang

Lune, Colorin et Larmélie sont les trois protagonistes de ce livre d’images, dont on tourne les pages avec délices. Créativité, légèreté primesautière… tout est là, dans une danse contemporaine où fantaisie et liberté espiègle composent une série de saynètes drôles et poétiques. Un spectacle de la compagnie La Locomotive sur des chorégraphies et scénographie de Yan Giraldou, accompagné d’Amélie Port et Yui Mitsuhashi, accessible dès 4 ans. 25 mars Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr

© Juliette Parisot

Dans l’univers du vaudeville, le placard sert communément à dissimuler un amant au moment opportun. Le titre détourné du «  Ciel mon mari ! », dessine tout un programme ! Ce sont portes qui claquent, quiproquos, rythme endiablé qui sont convoqués dans la pièce délirante de Nicole Genovese qui se joue du théâtre du boulevard, avec un anticonformisme jubilatoire. Décapant, cocasse, ludique dans une mise en scène de Claude Vanessa.

© Contre Mireille

© JC Carbonne

Ciel mon placard

18 au 20 mars Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 aixenprovence.fr/Bois-de-l-Aune

Noces de sang, Yerma, La maison de Bernarda Alba composent la trilogie rurale de Federico Garcia Lorca. Daniel San Pedro, après le succès de son adaptation de Yerma en 2013, s’attache au premier volet de la trilogie, Noces de sang. Le jour de ses noces, la fiancée part avec celui qu’elle aime, abandonnant son promis. Il y a la danse, la joie de la fête, la mort, et par-dessus tout la poésie de Lorca, magnifiée par la troupe talentueuse menée par Nada Strancar, Clément Hervieux-Léger et Stanley Weber. 3 au 5 mars Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net


54 au programme Spectacles bouches-du-rhône

Larmes blanches / Spectre de la rose

Au nom du père et du fils

© Francesca Torracchi

Entre tradition et modernité, le beau programme des 11 et 12 mars au Pavillon Noir permettra aux jeunes danseurs de la Cellule de professionnalisation (le Ballet Preljocaj s’inscrit avec force dans la transmission et la formation) d’interpréter deux pièces d’Angelin Preljocaj : Larmes blanches (1995) et son chassé-croisé amoureux sur des musiques de Bach, Balbastre et Purcell, qui détourne avec humour la grammaire classique, puis hommage aux Ballets russes de Serge Diaghilev, une « revisitation » de l’envoûtant Spectre de la rose. La danse, une rencontre amoureuse.

C’est le matin de son mariage. Leila et sa sœur Neïma évoquent avec leur mère, leur passé, leur vie, les secrets, les espoirs, l’éveil du sentiment amoureux incompatible avec le respect des règles ancestrales… Clivage entre les générations, la modernité et la tradition. Le texte de Catherine Verlaguet, mis en scène par Philippe Boronad sait avec finesse échapper à tout manichéisme, à tout cliché dans l’évocation de la difficulté des adolescentes françaises musulmanes à vivre la liberté amoureuse et sexuelle des autres filles de leur âge.

11 & 12 mars Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org 8 mars Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 theatre-vitez.com

Le carnaval de Saëns

© Frédéric Iovino

1er mars Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com

La suite musicale pour orchestre, Le carnaval des animaux de Saint-Saëns, met en scène un bestiaire fantasque où une zoologie fantaisiste est mise en scène, du lion au kangourou, en passant par hérons, hémiones, éléphant, poissons et j’en passe. Gilles Verièpe s’en inspire sur une nouvelle composition de Vlad RodaGil qui offre une version « électro-glitchée ». Douze cubes colorés, une danseuse classique sur pointes, une danseuse contemporaine, un acrobate… une version magique et virtuose. 19 au 25 mars Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org

Lectures contemporaines L’auteure Sonia Chiambretto encadre un atelier d’écriture à l’AMU, depuis plusieurs années. La soirée Lectures contemporaines est construite comme une carte blanche où se retrouvent des textes des étudiants (Grands espaces, dans la lignée du genre fondé par Thoreau, le Nature writing), de l’artiste (fragments d’Etat civil), d’Arnaud Maïsetti (Saint-Just, pour en finir avec la terreur), d’Alexandra Badea (Breaking the news), sur des mises en espace de Louis Dieuzayde et d’Agnès Regolo. 16 mars Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 theatre-vitez.com

© Baudouin Mouanda

© Jean-Claude Carbonne

Braises

Ultime rempart contre la barbarie, la culture de la SAPE (Société des Ambianceurs et Personnes Élégantes)… Les deux frères, Criss et Cross, cherchent dans les décombres de leur pays ravagé par la guerre une paire de J.M. Weston, emblème de leur passé. Cette quête leur fait remonter le temps, véritable dédale où surgissent par le biais d’un verbe virtuose, l’histoire coloniale, la dictature, les atrocités de la guerre civile. Un texte flamboyant de Julien Mabiala Bissila joué à Aix et Villeneuve-lez-Avignon, sous l’égide des ATP. 7 & 8 mars Théâtre des Ateliers, Aix-en-Provence 04 42 38 10 45 theatre-des-ateliers.com ATP, Aix-en-Provence 04 42 63 46 22 atp-aix.net 12 mars La Chartreuse, Villeneuve-lez-Avignon 04 90 15 24 24 chartreuse.org ATP, Avignon 04 86 81 61 97

Gertrud Godard écrivait dans les Cahiers du Cinéma « Gertrud est égale, en folie et en beauté, aux dernières œuvres de Beethoven ». Ce portrait de femme, cantatrice exigeante, qui revendique tout autant la liberté musicale que la liberté amoureuse, critique avec brio la société bourgeoise de la fin du XIXe. Entre son mari, son amant actuel, son amant passé, Gertrud (Cécile Coustillac) campe un personnage fougueux et désespéré. La pièce est mise en scène par Jean-Pierre Baro. 15 mars Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net ATP, Aix-en-Provence 04 42 63 46 22 atp-aix.net


55

Contact

Angelo, tyran de Padoue

Le trio déjanté du Cirque Inextremiste a donné une suite au spectacle Extrêmités : dans Extension, Rémi Lecocq troque son fauteuil roulant contre une mini pelle dont il prend les commandes ! Véritable exosquelette, elle devient le prolongement de lui-même et lui permet de devenir le porteur superpuissant de ses deux compères, dans une aventure toujours aussi hautement acrobatique…

Cette pièce est à voir « comme une pièce féministe. » Faire prendre conscience de son urgente nécessité, c’est ce à quoi s’est attelé Julien Kosellek, avec la Cie Estarre, en se laissant guider par son amour pour les femmes, sa haine du fait social et sa passion pour la musique populaire. Chaque séquence est ainsi rythmée par la musique, « affirmation des émotions des acteurs, ou contrepoint », et met en lumière la force de deux femmes face au pouvoir masculin.

© Laurent Philippe

Extension

© Romain Kosellek

Seize danseurs, acteurs, chanteurs et musiciens explosent les codes des métiers du spectacle dans la comédie musicale de Philippe Decouflé qui évoque aussi bien les grandes heures des comédies Hollywoodiennes qu’un hommage au Kontakthof de Pina Bausch. De part et d’autre de la scène, Nosfell et Pierre Le Bourgeois interprètent en direct leur musique originale.

© X-D.R

10 au 12 mars Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net

2 mars Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net

18 mars Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 39 theatre-semaphore-portdebouc.com

Je serai Macbeth

Ballet jazz de Montréal © Philippe Houssin

Guillaume Vincent a tiré le texte de cette pièce, qu’il met aussi en scène, de ses conversations avec une femme trentenaire, malade, maniacodépressive. Emilie Incerti Formentini restitue sur scène cette parole avec force et sincérité, un portrait sans concession et d’une étonnante lucidité qui émeut et fait aussi sourire.

© E. Carecchio

Avec son théâtre d’objets, Christian Carrignon prouve que « Le petit théâtre a les mêmes droits que le grand théâtre », dans une mise en scène qui entremêle l’œuvre de Shakespeare avec des réflexions sur sa vie d’artiste. Aidé de Paolo Cafiero, qui transforme les jouets/chevaux-soldats-forêt-château en ombres chinoises, il mêle le texte à ses propres émotions, dans une fascinante déclaration d’amour au théâtre ! À noter qu’un « musée des objets ordinaires », résultant de rencontres avec des habitants de la ville, sera exposé au Théâtre ce jour-là.

2 au 4 mars Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net

4 mars Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 39 theatre-semaphore-portdebouc.com

La célèbre troupe revient à La Colonne avec deux œuvres inédites : Mono Lisa, duo chorégraphié par Itzik Galili qui actualise avec brio le pas de deux classique avec des mouvements acrobatiques époustouflants ; Kosmos, pièce de groupe pour laquelle le chorégraphe Andonis Foniadakis s’est inspiré de la frénésie que les gens éprouvent au quotidien dans une ville. Il en résulte une danse énergique, festive, qui célèbre la beauté et la force créative de l’être humain.

© Bob Garcia

Rendez-vous gare de l’Est

4 mars La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr


56 au programme spectacles

bouches-du-rhône

Infinita

Suites curieuses

L’héroïne romantique de Victor Hugo oscille entre la raison du cœur et la raison d’État, entre son mariage de raison avec le Roi d’Espagne Charles Quint et son amour passionnel pour le bel italien Fabiano, dont elle va découvrir qu’il lui est infidèle… Dans une mise en scène épurée, Philippe Calvario met l’accent sur cette femme (Cristiana Reali) qui tente de rester debout et lutte pour avoir le droit d’aimer.

La Cie québécoise Cas Public s’inspire librement du Petit Chaperon rouge dans cette pièce qui signe leur 25 ans d’existence ! Trois loups espiègles et malicieux partent à la rencontre du petit chaperon, dans un jeu d’ombres et de lumières surprenant, et sur une chorégraphie d’Hélène Blackburn.

11 mars La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr 5 mars Palais des Festivals, Cannes 04 92 98 62 77 palaisdesfestivals.com

04 42 11 01 99

Bagatelle

22 mars Le Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr

Les Ballets Trockadero de Monte Carlo

12 mars Théâtre de Fos scenesetcines.fr

Les danseurs de cette compagnie exclusivement masculine présentent un spectacle ludique, décalé et ironique du ballet classique. Avec une technique irréprochable, ils dansent les sylphides, les cygnes ou les princesses effarouchées en équilibre sur des pointes. Irrésistible !

En inversant les rapports parents/enfants, la Cie La Cordonnerie interroge les rapports que nous avons avec les personnes âgées et plus généralement avec la vieillesse. Magiciens à la retraite, Hansel et Gretel vivent avec leur fils Jacob et sa femme, eux-mêmes au chômage… Ainsi germe l’idée de les abandonner dans la forêt, où vit une sorcière qui dévore les vieux ! En mêlant théâtre, cinéma, et musiques, les comédiens brodent une version moderne et poétique du conte de Grimm.

04 42 56 48 48

1er mars L’Olivier, Istres scenesetcines.fr

© Zoran Jelenic

© X-D.R. © Ines Heinen

04 42 11 01 99

2 mars Espace 22, Istres 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr

Hansel et Gretel

Cornelius n’a plus de maison, il dort dans un endroit différent chaque nuit. Ancien fermier, il raconte ses endroits de passage, ses rencontres avec les gens qu’il croise, du bonheur qu’il a et de ce qu’il faut pour être heureux. Kurt Pothen met en scène cet être sans maison qu’incarne Roland Schumacher, ruiné et endetté et qui a tout perdu. Sans pathos ni moralisme, mais avec beaucoup de sensibilité, l’Agora Theater interroge sur ce qui fait de chacun un être humain heureux.

9 mars Théâtre de Fos scenesetcines.fr

Quatre comédiens du collectif berlinois Familie Flöz évoquent dans cette pièce les grandes étapes de la vie, entre jeunesse et grand âge, de la garderie à la maison de retraite. Par un geste, une mimique, masqués et sans parler, ils passent du réalisme à l’onirisme, avec douceur et légèreté, privilégiant et sollicitant l’imagination du spectateur. Un pur bonheur !

© X-D.R.

© Florian Fromentin.

© Simona Fossi

Marie Tudor

04 42 56 48 48

16 mars L’Olivier, Istres scenesetcines.fr

20 mars Palais des Festivals, Cannes 04 92 98 62 77 palaisdesfestivals.com

08 201302013

17 & 18 mars GTP, Aix lestheatres.net


57

Caroline Vigneaux quitte la robe

Des Gens bien

Les Petits doigts qui touchent

04 42 56 48 48

22 mars L’Olivier, Istres scenesetcines.fr

Le Joueur d’échecs Francis Huster campe brillamment ce seulen-scène dans lequel il interprète les trois protagonistes issus du roman de Stefan Zweig qu’a adapté Eric-Emmanuel Schmitt. Il est à la fois un champion du monde d’échecs qui n’a jamais perdu une partie, face à son partenaire de jeu, le mystérieux Monsieur B. qui vient d’échapper à la gestapo. Il incarne aussi l’auteur lui-même, passager du navire où se déroule la partie, qui suit cette confrontation comme une allégorie de son opposition au régime barbare.

11 mars Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 scenesetcines.fr

Louis XVI, ils me prennent la tête !

Le Tour du monde des danses urbaines en dix villes

Seul en scène Laurent Bariohay interprète un Roi qui ne voulait pas l’être, maladroit et indécis mais soucieux du bien-être de son peuple, et à l’écoute des nouvelles technologies ! ; il interprète aussi une pléiade de personnages -la Cour, les ministres, la Reine…-, d’une inflexion de voix ou d’une contorsion. Le texte fourmille de références historiques, de mots et d’expressions rappelant la terrible fin du Roi, maniés avec un humour savoureux qui fait mouche !

3 mars Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 scenesetcines.fr 19 mars Espace Pièle, Cornillon-Confoux 04 90 55 71 53 scenesetcines.fr

Elle était avocate au Barreau de Paris, elle est devenue humoriste ! Dans un seul-enscène truculent et réjouissant, la pétillante Caroline Vigneaux revient sur ce choix de vie atypique en évoquant moult péripéties et personnages qui ont façonné sa courte carrière d’avocate en droit des affaires. Avec une nature comique indéniable ! 10 mars Espace Gérard Philippe, Port-Saint-Louis 04 42 48 52 31 scenesetcines.fr

Conçue par les chorégraphes Cecilia Bengolea et François Chaignaud et la danseuse Ana Pi, qui interprète, commente et incarne une sélection de danses urbaines, cette conférence dansée autour des danses urbaines tisse des liens entre le plateau et la rue. Du krump à Los Angeles au dancehall en Jamaïque, de la tektonik à Paris au voguing à New York, le public est invité à un voyage dans 10 villes cosmopolites du monde entier où ces danses ont été inventées, avec des vidéos et des photographies à l’appui. © Jean-Louis Alessandra

Dans les quartiers pauvres de Boston, Margie (Miou-Miou), mère célibataire d’une adulte handicapée, se bat pour s’occuper de sa fille et trouver du travail. Sur les conseils d’amies, elle retrouve la trace de Mike, amour d’antan devenu médecin chez qui elle s’invite en pensant qu’il peut l’aider… Anne Bourgeois met en scène la pièce de David Lindsay-Abaire qui interroge sur les critères qu’il faut réunir pour être quelqu’un de bien, et porte une réflexion acide sur la condition humaine.

© Doume

© Lot

© Sylvain Gripoix

L’accordéoniste Gérard Baraton se raconte en alternant les anecdotes, les souvenirs d’enfance et les moments musicaux. De son rêve de petit garçon qui voulait à tout prix jouer de cet instrument à son accomplissement la quête fut longue, semée d’embûches, de contraintes et de frustrations qui, il le comprendra plus tard, l’aideront à grandir.

04 90 52 51 51

15 mars Théâtre d’Arles theatre-arles.com

22 au 24 mars CNCDC Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com


58 au programme spectacles

bouches-du-rhône

gard

B&B

Les Ombres blanches

Pour leur nouvelle création adressée au jeune public, les deux danseurs et chorégraphes de la Cie La Zampa font danser La Belle et la Bête dans une adaptation onirique qui conte le véritable amour avec magie et miracles. Accompagnés d’une narratrice complice ou ambigüe, qui souligne de ses chants ou de ses paroles des situations à la fois absurdes et comiques, ils vont se rencontrer, se découvrir, et finalement s’apprivoiser, au cours d’une danse très articulée et déterminée. 22 mars Théâtre d’Arles theatre-arles.com

© Sylvie Veyrunes

04 90 52 51 51

Inspiré, captivant, à vif, Mitia Fedotenko livre un solo électrisant à partir du personnage de Shakespeare, Hamlet, revu par Heiner Müller. Créée lors d’un Sujet à vif au Festival d’Avignon (2012) après une collaboration avec François Tanguy, la pièce traverse le royaume corrompu du Danemark, la chute du mur de Berlin et la Russie de Poutine. Visage masqué, corps cabré, contorsionné, tables renversées, guitare live saturée… le danseur chorégraphe russe livre une fresque dansée poignante qui laisse jaillir les mots pour raconter la machine infernale du pouvoir.

Opium

04 66 36 65 10

8 & 9 mars Théâtre de Nîmes theatredenimes.com

La chorégraphe Nathalie Pernette poursuit son travail sur les créatures fantastiques et les ambiances mystérieuses en mettant à l’honneur le monde fascinant des fantômes. Avec la complicité du magicien Thierry Collet, elle (re)donne un corps dansant au monde invisible, parsème sa chorégraphie d’évènements inexpliqués pour nous transporter dans un voyage entre deux mondes, hanté par un duo de danseurs qui dresse une galerie de figures spectrales. Un ballet hypnotique et burlesque, visible dès 6 ans.

04 66 36 65 10

15 mars Théâtre de Nîmes theatredenimes.com

23 mars Théâtre de Nîmes theatredenimes.com

Cuisine & Confessions

30/40 Livingstone

Véritable gourmandise acrobatique offerte par la compagnie de cirque québécoise Les 7 doigts de la main qui s’adresse à tous nos sens dans ce spectacle où la cuisine est au cœur de la rencontre des cultures. Une dose de toucher, un brin d’odorat et beaucoup de goût pour raconter des instants de vie enivrants et inoubliables. Et pour appliquer la recette, les danseurs acrobates, contorsionnistes et voltigeurs, puisent dans la mémoire inconsciente où sont enfouis les souvenirs d’enfance. Une expérience sensitive exquise qui met les sens en éveil !

Dans un univers absurde et drolatique (écrit, mis en scène et interprété par l’acteur césarisé Sergi López et le danseur Jorge Picó), deux monstres sacrés du théâtre inventent un duo d’équilibristes autour de la quête désespérée d’un animal légendaire… Une fable jubilatoire dans laquelle un explorateur en pleine ébullition existentielle souhaite s’émanciper ; il rencontrera dans une suite de scènes plus déjantées les unes que les autres un tennisman, un danseur… et un cerf. Une poésie loufoque aux accents humanistes pour un plaisir communicatif porté joyeusement par les deux acteurs catalans. 5 mars L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 mairie-saintremydeprovence.fr © Alexandre Galliez

© Anya Tikhomirova

04 66 36 65 10

Associés au Théâtre de Nîmes, les artistes de La Zampa, Magali Milian et Romuald Luydlin, renouent pour cette nouvelle création avec la forme populaire du cabaret, «  lieu d’articulation politique, de transgression et de divertissement », pour interroger le fonctionnement de la société et de la nature humaine. En scène, 8 danseurs et 3 musiciens mêlent les genres, convoquent Nina Simone et Hannah Arendt pour observer « les va-et-vient qui dessinent les mondes », à l’image de l’opium, enivrant, puis sédatif et analgésique jusqu’à la chute. Un fonctionnement proche de nos sociétés contemporaines…

© Philippe Laurençon

© Anya Tikhomirova

Sonata Hamlet

04 66 36 65 10

16 au 18 mars Théâtre de Nîmes theatredenimes.com

11 mars Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 t theatre-liberte.fr 15 au 19 mars Les Bernardines, Marseille 08 2013 2013 l lestheatres.net


vaucluse spectacles

au programme 59

L’étranger

L’enfance de Mammame

Expérience humaine profondément enivrante avec ce nouvel opus concocté par le conteur Sébastien Barrier, qui embarque le public pour un voyage inédit sur la route des vins naturels du Val-de-Loire et des vignerons et vigneronnes amoureux qui les fabriquent. Qui buvons-nous ? Après une dégustation des nectars issus de ces productions locales (et une durée variant entre 4 et 7 heures), nous voilà sous le charme des mots d’un artiste qui nous grise de sa vision du monde. Étourdissant !

La pièce fétiche du chorégraphe JeanClaude Gallotta, Mammame, après avoir parcouru le monde depuis 1985, avait déjà été enrichie en 2002 d’éléments narratifs pour être accessible au jeune public. Voici la tribu hétéroclite, toute de shorts vêtue, de retour sur scène pour des tribulations pittoresques et joyeuses, emmenée par un frétillant lutin conteur. Une variation pour jeune public et un accès ludique à la danse contemporaine qui sonnent comme un hymne à la différence et à la fraternité.

© Pierre Vandewaeter

Savoir enfin qui nous buvons

Accueillie en partenariat avec la scène jazz et musique improvisée L’Ajmi, la pièce adaptée de l’œuvre d’Albert Camus par Olivier Malrieu, est portée par le comédien metteur en scène Pierre-Jean Peters, qui voue une véritable passion à l’auteur iconique. Pour ce 2e opus, sous-titré Réminiscences #2, l’univers sonore, jazz, rock, lyrique, poétique… dirigé par Guillaume Séguron se mêlera à la dramaturgie et au théâtre pour emmener « la réflexion sur le son et la relation intime que nous entretenons avec la lecture ».

11 mars Auditorium Jean Moulin, Le Thor 04 90 33 96 80 artsvivants84.fr

Festival Festo Pitcho

25 mars La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com

Déjà la 10e édition du festival de spectacles vivants pour publics jeunes, le temps fort printanier du Vaucluse, organisé par un collectif de structures culturelles (ou éducatives) et des collectivités territoriales. Plus de 20 propositions, de 6 mois à l’adolescence, se dérouleront sur 15 jours dans le département. Parmi eux, notons Gramme d’âme (Théâtre Golovine), Là sans sol de la Cie Point C (Théâtre du Balcon), une spectaculaire adaptation de 20 000 lieues sous les mers (Théâtre du Chien qui Fume), le thriller d’anticipation 2043 (Théâtre des Doms) ou encore Andersen revisité poétiquement par l’Agence de Fabrication Perpétuelle (Claep de Rasteau).

© Angelique Lyleire

Souvenirs d’un gratteur de têtes

© Sandrine Chapuis

4 & 5 mars La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com

Noun

12 mars La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com

Intarissable dès qu’il s’agit d’évoquer la langue française, Bernard Pivot livre dans cette lecture-spectacle ses souvenirs littéraires. Humour et esprit sont évidemment convoqués par ce passionné de lettres, président de l’Académie Goncourt, critique littéraire, journaliste culturel qui tweete ses bons mots quotidiennement et traque les fautes d’orthographe dans des dictées mémorables (aux accents circonflexes ?), et ajoute ainsi à son palmarès hors norme la qualité de conteur hors pair. 28 février Auditorium Jean Moulin, Le Thor 04 90 33 96 80 artsvivants84.fr

© François Darasse

Le percussionniste Philippe Foch revient à la Scène nationale de Cavaillon pour un nouveau spectacle destiné aux tout-petits, dès 18 mois, mêlant voix, corps et percussions. Un conte musical et dansé, inspiré du mythe de la légende de Nout, la déesse égyptienne du ciel et des étoiles, mère du soleil, qui revient délicatement sur l’histoire universelle et intemporelle des origines. Fondateur et sensitif.

19 mars au 2 avril Divers lieux, Vaucluse festopitcho.com


60 au programme spectacles

vaucluse

L’homme aux petites pierres encerclé par les gros canons La vraie vie de Gennaro Costagliola

4 & 5 mars Chêne Noir, Avignon 04 90 86 74 87 chenenoir.fr

Francis Huster se glisse dans la peau d’Albert Camus « Plaidoyer vibrant pour un humanisme contemporain contre la barbarie » : en se glissant dans la peau d’Albert Camus, le comédien Francis Huster fait revivre l’auteur insoumis au destin tragique, à qui il a consacré l’ouvrage Un combat pour la gloire. Il revient aussi sur les années sanglantes des deux Guerres et la déchirure de la Guerre d’Algérie. Une performance engagée qui laisse entendre la voix d’un homme, Nobel de littérature, intègre et révolté.

19 & 20 mars Théâtre des Carmes, Avignon 04 90 82 20 47 theatredescarmes.com

Week-end Francophonirique

© Christine Renaudie

17 mars Chêne Noir, Avignon 04 90 86 74 87 chenenoir.fr

Commandée par le directeur du Théâtre des Carmes, cette nouvelle création du Bleu d’Armand s’empare du texte emblématique d’André Benedetto qui questionne les rapports d’oppression au cœur des conflits de territoires et, implicitement, le conflit israélo-palestinien. Un sujet terriblement actuel que traitera collectivement, comme à son habitude, la compagnie formée au Conservatoire d’Avignon, après avoir effectué un voyage d’étude en Israël et Palestine. Les jeunes comédiens avaient déjà impressionné par leur maturité dans Chienne de vie, la surprise n’en est que plus attendue…

Deux rendez-vous concoctés par la nouvelle direction du Théâtre des Doms, pour mettre en lumière le lien qui unit la présence de la Fédération Wallonie-Bruxelles dans la cité des Papes, avec un week-end dédié à la francophonie. Le 19 mars, la tragédie poétique Sank évoquera le président assassiné Thomas Sankara. Le 20, ce sont les élèves de classe à horaire aménagé théâtre du collège Viala qui liront leurs propres « rêveries littéraires autour d’une Belgique onirique ». En entrée libre.

Sur une idée originale et une mise en scène de Kristian Frédric, la compagnie Lézards qui bougent monte le texte de François Douan créé à partir du Scapin de Molière et nous propose un voyage dans le temps en compagnie de ce personnage célèbre (incarné par Gianmarco Toto), dont on célébrait autrefois la ruse et les fourberies et qui ne veut plus répondre à ce sobriquet. Un être aux multiples vies qui voudrait vaincre Scapin et faire revivre Gennaro. Arrivera-t-il à se débarrasser du mythe… ?

© JP Guimbretiere

© Thierry Mondet

© Meyer/Tendance Floue

Le directeur du Théâtre du Balcon, Serge Barbuscia, invité à jouer avec sa compagnie sur la scène du Chêne Noir par son directeur, Gérard Gelas ! Voilà le signe d’une belle fraternité au sein des Scènes d’Avignon. Créés à partir des textes et chansons de Bertolt Brecht, ces Chants d’exil mettent en lien la vie intime de l’auteur allemand exilé avec ses poèmes et chansons, en s’adressant à tous les citoyens du monde. Une leçon d’humanité qui commence par une invitation entre humains de qualité !

29 février & 1 mars Le Chien qui Fume, Avignon 04 90 85 25 87 chienquifume.com

Acte e(s)t parole Deux soirées organisées autour de l’écriture théâtrale, en collaboration avec l’Association Beaumarchais SACD, à travers un déroulé précis : un texte à découvrir, un thème à débattre, une histoire à écouter et des impromptus surprenants qui se concluent autour d’un buffet dinatoire. Pour la première soirée, Serge Barbuscia mettra en voix les textes féministes (le 8 mars étant la Journée des droits des femmes) de Marine Bachelot Nguyen dont Ecchymoses et 3430. Le 19, Christophe Ferré (La plage Miramar) et Matei Visniec (Lettres d’amour à une princesse chinoise et autres pièces courtes) seront les auteurs mis à l’honneur.

Matei Visniec © Andra Badulescu

Chants d’exil

19 & 20 mars Théâtre des Doms, Avignon 04 90 14 07 99 lesdoms.be 04 90 85 00 80

8 & 19 mars Le Balcon, Avignon theatredubalcon.org


vaucluse alpes spectacles au programme 61

Un petit pas de deux sur ses pas

The word’s room

8 mars Théâtre Golovine, Avignon 04 90 86 01 27 theatre-golovine.com

Bienheureux sont ceux qui rêvent debout... Ils tanguent, glissent, s’accrochent et se relèvent… Boris Gibé et Florent Hamon, faiseurs d’illusion surdoués pour la compagnie Les Choses de Rien, sont des funambules du présent qui donnent corps à la fragilité de l’humanité, interrogeant depuis 2009 dans leur projet Mouvinsitu le croisement entre danse, cirque et cinéma. Une pièce inventive et virtuose dans laquelle se trame la fabrication «  in situ » de la mise en abîme d’un rêve, une machinerie d’une grandiose poésie. Quand le merveilleux se construit à vue et laisse le talent sauter aux yeux ! Bienheureux sont ceux qui rêvent debout sans marcher sur leurs vies 25 mars Théâtre Durance, Château-Arnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr

© Claire Marie Leroux © Geraldine Aresteanu

Miroirs des obsessions d’une jeune femme, du papier et des mots calligraphiés envahissent la pièce dans laquelle elle se trouve enfermée, prisonnière de sa mémoire. Assaillie par les souvenirs, elle cherche à retracer le cours des événements. Un solo dansé de Ioulia Plotnikova, auquel s’ajoutent les traces vidéo de Johann Fournier. En amont de la représentation, la chorégraphe donnera un atelier de théâtre physique (le 7 mars).

Soumis à la force centrifuge et au balancement d’un espace de jeu suspendu, six circassiens réagissent et résistent aux contraintes d’une imprévisible mécanique vivante. Un jeu de vertige conçu par Yoann Bourgeois qui poursuit sa recherche sur le point de suspension. Ici, une structure de bois accrochée par des filins s’incline à l’envi ou s’arrête brutalement : aux interprètes de trouver, ensemble, le juste équilibre. Instabilité, risque et qui-vive s’entrecroisent : un ballet hypnotique et somptueux sur la solidarité humaine. Immanquable !

04 92 52 52 52

4 & 5 mars La Passerelle, Gap theatre-la-passerelle.eu

La Belle Avec cette pièce chorégraphique sur le rêve, destinée au jeune public (dès 7 ans), la compagnie La Vouivre navigue entre les mondes. À partir du long sommeil (100 ans !) de la Belle imaginée par les frères Grimm, un trio de danseurs donne corps au monde intérieur de la jeune dormeuse… qui sera bientôt propulsée dans un nouvel âge de la vie par la magie d’un baiser. Mais avant cela, il lui faudra combiner avec la complexité du sentiment amoureux et du désir de ses deux princes charmants. Un vrai conte de fées…

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9 mars La Passerelle, Gap theatre-la-passerelle.eu

En tournée itinérante dans les villes des Excentrés, la pièce du chorégraphe Aurélien Kairo (dès 8 ans) ressuscite Bourvil par la magie des nouvelles technologies : un pas de deux plein d’humour et de tendresse dans les traces de l’artiste à la gouaille rieuse. En pleine audition, un couple de fous dansants donne corps au spectacle que l’interprète du Petit bal perdu aurait pu avoir dans la tête, et alternent valse, java, tango, claquettes, hip hop… Ils savent tout faire ! Burlesque, léger et poétique !

04 92 52 52 52

18 au 26 mars La Passerelle, Gap theatre-la-passerelle.eu

Les Veufs

© Marine Drouard

© Johann Fournier

Celui qui tombe

Quand les chemins d’un Veuf et d’une Veuve se croisent au coin de la tombe de leurs chers disparus, qu’est-ce que les deux protagonistes peuvent bien se raconter ? À demi-mot au départ, puis sans complexes, un dialogue drôle et salvateur se noue pour faire éclater toutes les récriminations possibles. Sur le texte de Louis Calaferte, dont le sens comique éclate à chaque réplique, un accordéoniste accompagne les deux solitaires vers leur nouvelle vie. Par le collectif L’Isba et Alliage Théâtre, mis en scène par José Renault. 1er au 4 mars Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu


62 au programme spectacles

alpes

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Trissotin ou les femmes savantes

Sakalapeuch

Entre électro technoïde, BO vintage et funk du Bénin, la bande son hétéroclite sur laquelle rebondit la compagnie Undercover donne le ton. Quatre jeunes danseurs hip hop, à l’énergie débordante, débarquent de leur pays imaginaire : le Bogoland. En quête du graal mystérieux, qu’ils intitulent tout aussi mystérieusement le sakalapeuch, les prouesses collectives vont primer sur le talent individuel. À Bogoland, l’union fait la force ! Dès 6 ans.

Elena Sergueievna, une professeure, a la surprise de voir débarquer quatre de ses élèves chez elle pour lui souhaiter son anniversaire. Elle les convie à partager un gâteau, mais très vite l’atmosphère s’alourdit. Les lycéens ne sont pas là seulement pour faire la fête. Myriam Boyer, actrice au registre fascinant, incarne la professeure aux côtés de jeunes comédiens. Ils donnent corps à ce texte de Ludmilla Razoumovskaïa qui, en 1983, décrivait avec pessimisme la société soviétique, et y fut alors censurée.

En l’adaptant de façon décalée et déjantée, Macha Makeieff actualise et renouvelle la comédie de Molière. Dans la version créée par la directrice de La Criée, la condition des femmes en ce XXIe siècle est au cœur du propos. Dans une société patriarcale affirmée et assumée, comment l’émancipation féminine peut-elle trouver sa place ? Et quel est le degré de terreur qu’elle inspire aux hommes ? Le tout joué dans une sorte de folie burlesque et frénétique.

© Pascal Gely

11 mars Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu

© LoLL Willems

© Grégory Brandel.

Chère Elena

27 février Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

Niama Niama

2 & 3 mars Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

Un obus dans le cœur

15 & 19 mars Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu

© iFou

La troupe itinérante La Fabrique des Petites Utopies mêle théâtre, danse et musique pour raconter les origines de la Terre et de l’Homme. Une fable inventive, généreuse, éminemment poétique, inspirée d’un recueil de contes issus du Burkina-Faso, du Mali, de la Mer des Caraïbes, du Pérou... 1001 histoires où le secret de la vie se révèle sous l’arbre à palabres, au son de la kora et du balafon, sur un texte de Bruno Thircuir, qui signe également la mise en scène, et une création musicale de Moussa Sanou. Pour les petites oreilles et grands cœurs dès 6 ans.

Avec son propre texte, qu’il met en scène et interprète, David Geselson évoque la vie de son grand-père comme un récit historique. Le destin de Yehouda, parti de Lituanie dans les années 30 pour émigrer en Palestine, est une véritable traversée du XXe siècle. Avec toutes les fractures qui l’ont jalonné, et les impacts qu’ils causent sur les hommes. Documentaire mêlé d’autofiction, le spectacle s’interroge sur la liberté de choisir sa vie malgré le poids de la grande Histoire.

© Charlotte Corman

© Clément Vesco

En route-Kaddish

2 & 3 mars Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

L’écriture de l’auteur libanais Wajdi Mouawad est à la fois écorchée, remplie de poésie et de réalisme. Dans ce texte, il nous conte le voyage intérieur d’un homme qui se rend à l’hôpital en pleine nuit pour veiller sa mère agonisante. Dans sa mémoire revient la blessure intime et profonde causée par un attentat meurtrier alors il n’avait que 7 ans. Sur une mise en scène de Catherine Cohen, l’interprétation subtile de Grégory Baquet a été récompensée par le Molière de la révélation masculine en 2014. 9 & 10 mars Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr


var

spectacles

au programme

63

En avant marche !

La visite de la vieille dame

José Montalvo, le chorégraphe du Théâtre National de Chaillot, crée son Sacre du Printemps, mais en agrémentant sa version d’épices hip hop, flamenco, voire de… claquettes. L’œuvre du compositeur Igor Stravinski se voit rajeunie également, par l’apport de pop anglaise et chants traditionnels du monde entier. José Montalvo a puisé dans ses souvenirs pour mettre en scène son « Musée chorégraphique imaginaire », décor baroque pour 16 danseurs virtuoses.

La pièce de Friedrich Dürrenmatt est devenue un classique pour le Teatro Malandro, la troupe d’Omar Porras. Pour célébrer les 25 ans de la compagnie, le metteur en scène-acteur et ses comédiens reprennent cette farce teintée de cynisme. Omar Porras interprète avec jubilation une vieille dame loufoque qui ne compte plus le nombre de ses maris. Entre extravagance, grotesque et gravité, le spectacle pointe tous les travers d’une société minée par l’argent.

© Phile Deprez

Y olé

© Marc Vanappelghem

Non, il ne s’agit pas d’une injonction militaire ! Cet ordre donné incite bien à marcher ensemble, mais au rythme d’une musique qui n’a rien de guerrière. Alain Platel, chorégraphe flamand, et Frank Van Laecke, auteur et metteur en scène, tous deux Belges, cultivent une tradition vive dans leur pays, celle de la fanfare locale. Ils embarquent dans l’aventure La Lyre Provençale, ensemble musical d’Ollioules. Steven Prengels signe les compositions, et acteurs et musiciens nous mènent sur les pas de leur harmonie. 26 & 27 février Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

10 au 12 mars Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

Semianyki express

Le dernier jour du jeûne Deuxième volet d’un cycle commencé par Pénélope ô Pénélope écrit et mis en scène par Simon Abkarian, la pièce se situe 30 ans auparavant, même lieu, même famille. Six femmes dressent une fresque familière, rythmée par les coups de gueule des hommes, les révoltes, et tissée sur la trame des tragédies antiques. Cette véritable tragi-comédie de quartier est portée avec passion par une dizaine de comédiens, dont l’auteur, Ariane Ascaride ou Judith Magre. 23 au 25 mars Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

© giovanni cittadini.

19 mars Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

Les clowns déjantés de Saint-Petersbourg sont de retour ! Dans une gare, dans un train, sur un quai, les Semianyki jouent des personnages loufoques, qui ne se connaissent pas, et dont les rencontres provoquent les rires en cascade. Sans recours à la parole, les artistes russes enchaînent les gags et les situations désopilantes. Le tout imprégné de touches de poésie. Dérapages incontrôlés et énergie délirante garantis ! 2 au 5 mars Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com 6 mars Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com

La danse traditionnelle palestinienne, nommée « dabke » est à la source de ce spectacle qui porte une profonde dimension politique. À l’origine, il y a donc la dabke -dont deux lettres sont volontairement inversées dans le titre- une danse expressive, enjouée et populaire. Un collectif de danseurs, belges et palestiniens, décuple l’énergie de cette riche tradition. S’ajoute à leur interprétation toute la dure et violente réalité de l’occupation.

© Danny Willems

© Patrick Berger

Badke

15 mars Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com


64 au programme var

Bit

Gilles & Bérénice

© Zachary Belamy

La dernière création de la compagnie de Maguy Marin réunit six interprètes autour d’une sorte de farandole folle où se mêlent sirtaki, flamenco ou danse macabre. Les danseurs forment à la fois une solide chaîne humaine et des individus toujours plus seuls au monde. De cette fusion du groupe et de l’isolement naît une pièce qui parle du fragile équilibre des choses et des gens. Sur des planches inclinées ou au sol, les danseurs avancent, se rencontrent ou se heurtent, mais ne séparent pas.

La Valette magique est de retour ! Pendant trois jours, la ville va s’animer de mystères, de disparitions, de lectures de pensées et autres lévitations ! Au programme, la magie théâtrale de Laurent Piron dans 13, rue du Hasard (Prix du public Avignon Off 2014), les expériences mentalistes de Fabien Olicard, et le concert d’illusions de Guillaume Vallée. Et pour les plus jeunes, un spectacle d’éveil à la magie dès 3 ans, et des ateliers gratuits d’initiation à la prestidigitation, à partir de 10 ans.

© Sébastien Armengol

© Didier Grappe

Festival magie Mystère & Boul2gom

18 mars Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

18 au 20 mars Terrain Allio Théâtre Marelios, La Valette-du-Var 04 94 23 62 06 lavalette83.fr

4 au 6 mars Théâtre Marelios, La Valette-du-Var 04 94 23 62 06 lavalette83.fr

L’autre chemin des dames

15 mars Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr

La vie matérielle

© JC Fraicher

Prix 2015 du Festival Momix, ce spectacle est comme un OVNI dans l’air du temps. Son auteur, Julien Candy, tient à respecter un rythme oublié à l’heure de l’instantanéité des nouvelles technologies, et pratique un « cirque du dénuement ». Il jongle avec des avions en papier ou lance des fourchettes, tandis que ses compères pratiquent le chant lyrique et la haute voltige.

© Vincent d’Eaubonne

© Sarah Oday

Le cirque poussière

Quand les hommes partent à la mort, les femmes restent à la vie. Créé à partir du texte de Marcelle Capy Des hommes passèrent, et agrémenté de documents historiques, chansons et lettres de poilus, ce spectacle fait revivre un village en pleine guerre de 14. La compagnie Ecart Théâtre s’attache à révéler avec justesse ce que fut la réalité de la Der des Ders pour ceux et celles qui n’étaient pas au front. Et le rôle décisif, et pourtant enfoui par l’histoire, que jouèrent alors les femmes.

Déjà, il y a le plaisir d’être assis dans l’herbe, et sous un chapiteau en plus ! Et puis il y a celui d’entendre flotter la poésie. Gilles Cailleau a appris par cœur la pièce de Racine à l’âge de 20 ans. Et parfois, Bérénice et sa « poésie crépusculaire » lui ont permis de ne pas couler. Seul en piste, sur le terrain de sa compagnie Attention Fragile -et désormais aussi son Ecole Fragile- le comédien se régale et nous régale de mots et de sens.

8, 12 & 13 mars Théâtre Marelios, La Valette-du-Var 04 94 23 62 06 lavalette83.fr 16 & 19 mars dans le cadre de Festo Pitcho (voir p. 59) La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 theatredecavaillon.com

Pour créer ce spectacle, Irina Brook a mêlé les textes de deux illustres femmes de lettres. La Vie matérielle de Marguerite Duras, et Une Chambre à soi de Virginia Woolf. L’œuvre de Duras est un recueil de pensées sur la vie des femmes au foyer, celle de Woolf est un essai, féministe bien avant l’heure, autour des embûches rencontrées par les femmes qui voudraient devenir romancières. Cinq comédiennes épluchant des légumes dans une cuisine matérialisent ces écrits. 8 mars Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com


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Ouasmok ?

Ne vous fiez pas au titre ! Cette Tête de linotte n’a rien d’une cervelle d’oiseau ! C’est celle de Pénélope, une ado un peu paumée. Sa mémoire lui joue des tours, son père s’en préoccupe. Et veut savoir justement ce qui se passe dans le cerveau de sa fille. Avec cette pièce, Laurent Contamin présente au jeune public la mécanique cérébrale. La mise en scène, conçue par Patrick Simon, avec recours à la vidéo, révèle les capacités infinies et inexplorées qui se cachent sous notre boîte crânienne.

© Arnaud Troalic

Tête de linotte

Cinq spectacles à l’affiche des Vents du Levant, le Festival de danse en Dracénie qui offre une large palette de la création dansée actuelle et combine la puissance et la grâce du classique et l’énergie du contemporain, en confrontant les danses traditionnelles du monde entier. En ouverture, le dernier opus du Corps du Ballet National de Marseille, conçu par Emio Greco et Pieter Scholten. Puis Welcome, par Josette Baïz pour la compagnie Grenade, qui sera joué uniquement en séances scolaires. Suivront la fusion généreuse de Bien sûr, les choses tournent mal (Kubilai Khan Investigations), la poésie Para-ll-èles du duo étoilé Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta (sur une composition musicale originale de Matthieu Chedid), et enfin Kaash, danse des origines, par Akram Khan Company, avec une nouvelle distribution de cinq danseurs. Pendant plus de 10 jours, prouesse et ivresse battront la cadence !

Derrière cet étrange titre se cache une phrase d’arabe, qui signifie tout simplement « comment tu t’appelles ? » La pièce de Sylvain Levey raconte la rencontre de deux ados, qui vont tomber amoureux, puis faire leur vie ensemble, se marier, fonder une famille, puis... Puis, comme en général les histoires d’amour finissent mal, eux aussi vont se séparer. Dans une scénographie très proche du cinéma, les tableaux s’enchaînent, sur la mise en scène d’Anne-Sophie Pauchet.

© X-D.R.

14 mars Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com 15 mars Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com

Enquête de notre enfance

Tartuffe ou l’imposteur

© X-D.R.

18 au 30 mars Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com

Deux hommes tout nus Un vaudeville très XXIe siècle, né sous la plume de Sébastien Thiery. L’auteur de la pièce -qui en est également l’interprète, avec François Berléand dans l’autre rôle-titrerenouvelle le traditionnel triangle amoureux avec beaucoup de fantaisie et une pointe d’absurde. Comment cet avocat, fidèle à son épouse, se retrouve-t-il ce matin-là nu dans son lit, aux côtés d’un homme dans le même appareil ? Et quand madame débarque, comment sauver les apparences ? 28 février Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com

Mélange entre installation, danse, musique, théâtre, ce spectacle interroge toutes nos perceptions, en particulier celle que les enfants ont du monde. Après avoir retiré ses chaussures, le public entre dans le décor, conçu à partir des livres-objets inventés par le designer japonais Katsumi Komagata. Comme dans une galerie d’art en guise d’espace scénique, élaboré par Aurélie Leroux, enfants et adultes se laissent emporter vers le territoire des sensations. 7 au 9 mars Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com

La pièce de Molière, revue par la mise en scène de Benoît Lambert, révèle des aspects de l’œuvre rarement mis en avant. Le Tartuffe est bien cet abuseur, hypocrite, dévot par intérêt et fanatique par calcul. Mais le parti pris du metteur en scène est aussi de montrer le charme et l’intelligence du personnage, pas seulement sa part malsaine. Pour mieux exposer le comportement d’Orgon, qui, dans sa folie, mène toute sa famille vers le chaos.

© Vincent Arbelet

Kaash © Jean Louis Fernandez

Les Vents du Levant

18 & 19 mars Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com


66 au programme var alpes-maritimes

Un caillou dans la botte

Dialogue with Rothko

Un grand classique de Feydeau, à découvrir, ou à redécouvrir, dans la version concoctée par La Comédie d’un Autre Temps. Christophe Gorlier, directeur artistique de la compagnie marseillaise signe l’adaptation du texte, et sa complice Katia Barcelo est à la mise en scène. Au menu, du théâtre de boulevard dans la plus grande tradition, porté par un rythme tonique et des comédiens qui s’en donnent à cœur joie pour faire éclater les rires du public.

Avec tout le charisme et l’immense talent qu’on lui connait, la chorégraphe Carolyn Carlson présente son solo épuré, intense et formidablement poétique autour de la peinture de Rothko. Sur une toile du peintre de 1964 (Black, Red over Black on Red), précise et inspirée, elle invite dans le même mouvement que l’artiste américain à un « jaillissement d’une mystique intuitive et pure et non à la lecture logique de l’œuvre ». En communion avec la musique de Jean-Paul Dessy, c’est à une réelle méditation au croisement des arts que la danseuse nous engage. Au plus près de l’émotion.

© Traversant

La dame de chez Maxim’s

Tout le monde connaît l’histoire du Petit Poucet. La compagnie Traversant 3 en propose une lecture originale et change de point de vue. Dans ce spectacle, tout en marionnettes et théâtre d’ombre, le conte est vécu par celui qui en est la victime : l’ogre. Il se souvient, et nous raconte comment, il y a bien longtemps, il fut abusé, et même littéralement humilié, par un petit garçon à la malice diabolique.

28 février La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 st-maximin.fr

1er mars La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 st-maximin.fr

La Stravaganza & Spectral evidence Deux pièces d’Angelin Preljocaj, créées pour le New York City Ballet à seize ans d’intervalle, se succèdent dans ce spectacle. Spectral evidence, la plus récente (2013), réunit quatre hommes et quatre femmes. Les danseurs stricts et austères, les danseuses expressives et sensuelles. Jusqu’à la rencontre de deux d’entre eux. La Stravaganza (1997), sur fond de Vivaldi mêlé à des musiques américaines, évoque l’immigration et mixe époques, peuples et cultures dans une intense extravagance.

© Laurent Paillier

4 mars Espace des Arts, Le Pradet 04 94 01 77 34 le-pradet.fr

1 heure 23’ 14’’ et 7 centièmes

04 93 40 53 00

12 & 13 mars Théâtre de Grasse theatredegrasse.com

© Jean-Claude Carbonne

© Pascal Gely

L’Unijambiste

8 mars La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 st-maximin.fr

Le duo de Tout est normal, mon cœur scintille récidive avec ce spectacle aussi sportif que poétique. Jacques Gamblin et Bastien Lefèvre (danseur issu de la promotion de la formation professionnelle istréenne Coline 2008) s’affronte dans un face-à-face construit autour du défi physique et du dépassement de soi : le premier est un coach irascible qui harangue et repousse les limites du second qui joue sa partition gestuelle avec légèreté dans un bel élan vital.

04 93 40 53 00

3 & 4 mars Théâtre de Grasse theatredegrasse.com

8 mars Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr

La Cie L’Unijambiste présente deux spectacles à Cannes, que met en scène David Gauchard : Ekatérina Ivanovna, de Léonid Andréïev, entraîne son héroïne dans un monde en perdition et voit s’effondrer un couple au milieu d’une société aveugle et cruelle. Tout en restant dans l’univers du théâtre russe, L’Abécédaire est un spectacle rythmé par un QCM qui s’adresse à tous, mené par la comédienne Bérengère Lebâcle. Ekatérina Ivanovna 4 mars Théâtre de la Licorne, Cannes 04 97 06 44 90 cannes.com L’Abécédaire illustré du théâtre russe 5 mars Théâtre Alexandre III, Cannes 04 97 06 44 90 cannes.com


Pulvérisés

© X-D.R.

Le T de N-1

Frédéric Fisbach met en scène, avec l’auteure du texte Alexandra Badea, les récits de quatre salariés travaillant à l’étranger pour les sous-traitants d’une entreprise multinationale française, en proie à des souffrances et ambitions contrariées. La pièce dresse le portrait lucide et inquiétant du monde de l’entreprise contemporaine.

Tout chez Clémence Gandillot est sujet à la mise en équation. À la manière d’un jeu d’enfant, entourée de deux manipulateurs, d’un tableau, d’un piano, d’un poisson rouge et d’une théière, elle tente de mettre à jour l’obscur mystère qui relie l’homme, les choses et les mathématiques, et répondra, entre autres à cette question fondamentale : comment l’homme a-t’-il pu inventer les maths ?

© Philippe Martins

11 mars Espace Miramar, Cannes 04 97 06 44 90 cannes.com

19 mars Théâtre Alexandre III, Cannes 04 97 06 44 90 cannes.com

Kakine, la lumière

Le Porteur d’histoire

© Cie Didascalie

La pièce de la Cie Mises en capsules, ENCART ZIBELINE-RENCONTRES CINE SALON 01-16.indd mise en scène par Alexis Michalik, nous invite à relire l’Histoire, la nôtre, au travers d’un feuilleton à la Dumas, un périple à travers le temps qui mêle personnages célèbres et illustres inconnus. Cinq comédiens, sur un plateau nu, nous entraînent dans une quête vertigineuse à travers l’histoire et les continents par le biais des écrits d’un carnet mystérieux…

18 mars Espace Miramar, Cannes 04 97 06 44 90 cannes.com

© X-D.R

Kakine était sur le surnom de la grand-mère de la chorégraphe Marion Lévy, qu’elle adorait. Avec le créateur de lumières Olivier Modol et le compositeur-musicien Piers Faccini, elle explore un monde fait de tendresse, de transmission, de liberté et s’appuie sur la notion de trace et de mémoire. De quoi illuminer les yeux et les oreilles des tout-petits auxquels s’adresse cette chorégraphie. 19 mars Théâtre Croisette, Cannes 04 97 06 44 90 cannes.com

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68 au programme cinéma marseille

Fenêtre sur l’Algérie contemporaine

Ça va saigner !

Polars pour rire

Les huit salopards de Quentin Tarentino © The Weinstein Company

Du 24 février au 22 mars, avec Variations sur le même thème, Le Gyptis explore les films de genre qui jouent sur les codes ou s’en jouent, suivent ou détournent la partition imposée, la répètent parfois en remake, procurant au spectateur cinéphile un plaisir complice. Le 12 mars dès 17h15, soirée « Western » avec les deux derniers films de Quentin Tarentino : Les huit salopards, un western-cluedo à ciel ouvert puis en huis clos, avec arguties et carnage garantis ! Et le virtuose, le ravageur, le percutant Django Unchained, un western spaghetti où se règlent les comptes et s’accomplissent les vengeances à coups de poings et coups de feu dans un Sud esclavagiste.

Une journée de projections gratuites le 6 mars au cinéma Le Gyptis, avec au menu 5 comédies policières à savourer en famille de 11h à 19h45, en gros ou en détail ! Une Vie de chat, le bondissant et félin polar animé d’Alain Gagnol et J-L. Felicioli, Qui veut la peau de Roger Rabbit ? de Robert Zemeckis où toons et acteurs réels dialoguent à l’écran dans un parfait naturel, suivi par La Cité de la peur d’Alain Berbérian et Alain Chabat dont on retrouvera le sens de la dérision. Puis, avec un titre presque semblable, un film de J-P. Mocky toujours aussi atypique et désopilant : La Cité de l’indicible peur. Enfin, en dessert, La Panthère rose de Blake Edwards, où pointe la cultissime moustache de l’inspecteur Clouseau.

Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 lafriche.org/content/le-gyptis

Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 lafriche.org/content/le-gyptis

Beau travail

Cinéma l’Alhambra, Marseille 04 91 03 84 66 alhambracine.com

jection le 12 mars à 11h, au MuCEM, de

Perdus entre deux rives, les chibanis oubliés de Rachid Oujdi. Portraits de chibanis, venus d’Algérie pour travailler en France, qui connaitront exil, déracinement, puis solitude. À 21h, Contre-pouvoirs de Malek Bensmaïl nous plonge dans la rédaction du quotidien El Watan. Le 13 mars à 14h30, Combien je vous aime dresse un portrait ironique de la colonisation. Ce montage d’archives d’Azzedine Meddour sera suivi à 17h de la projection d’un programme de courts métrages, Ahmed Zir, un cinéaste en liberté. Ahmed Zir, « Le » cinéaste algérien à (re)découvrir.

Tournez jeunesse ! Qui veut la peau de Roger Rabbit ? de Robert Zemeckis © Warner Bros

Grand prix de la compétition française au FID 2015, le film du réalisateur algérien Hassen Ferhani, Dans ma tête un rond-point, est projeté au cinéma L’Alhambra en sortie nationale à partir du 24 février. Deux séances spéciales, le 26 février à 20h, en partenariat avec le FID en présence du réalisateur, et le 15 mars à 20h en partenariat avec le MuCEM, en lien avec l’exposition Made in Algeria, pour un ciné-repas hors les murs. Dans le plus grand abattoir d’Alger, des hommes vivent et travaillent au rythme lancinant de leurs tâches et de leurs rêves. Pas de rond-point, mais des mélodies de Chaabi et de Raï qui cadencent leur vie.

En prolongement de Made in Algeria, pro-

MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 mucem.org

Rond-point

Dans ma tête un rond-point de Hassen Ferhani © Allers Retours Films

Perdus entre deux rives, les chibanis oubliés de Rachid Oujdi © Comic Strip Production

Un film de femme sur la Légion étrangère, l’entraînement à la guerre, les corvées quotidiennes, les chambrées de soldats : Claire Denis prend à revers les clichés sur un cinéma féminin de dentelles psychologique et sociale. Dans Beau Travail projeté le 11 mars à 19h30 au Gyptis, en partenariat avec Alphabetville, la cinéaste, qui a travaillé avec le chorégraphe Bernado Montet, saisit les corps des hommes, les paysages africains, la chaleur, dans un ballet fascinant. La projection sera suivie d’une rencontre avec Jean-Pol Fargeau, scénariste de Claire Denis qui travaille actuellement sur le nouveau projet de la réalisatrice. Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 lafriche.org/content/le-gyptis

Samedi 19 mars à 20h30 au Gyptis, place à deux réalisatrices qui ont tourné à Marseille sur et avec de jeunes gens ! Dominique Cabrera, accompagnée des ados qu’elle a dirigés l’automne dernier, racontera l’aventure du tournage de Corniche Kennedy. Un film en cours d’achèvement, adapté du roman de Maylis de Kerandal, où une bande de teenagers défient la gravité de Newton et celle des forces de l’ordre. Anne Alix présentera quant à elle Ce tigre qui sommeille en moi, un documentaire qui suit pendant un an l’expérience théâtrale menée au sein de la troupe du Théâtre de la Cité par Karine Fourcy avec de jeunes Marseillais.

Dominique Cabrera © Annie Gava

Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 lafriche.org/content/le-gyptis


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cinéma

au programme 69

Le 8 mars, un procès

Fatima n’a pas dit son dernier mot

De Charlot aux pharaons Nouveau rendez-vous avec la cinémathèque de Bologne le 25 mars au MuCEM. À 19h, Charlot joue Carmen, une œuvre de 1915, libre adaptation de Mérimée et de Bizet, comédie burlesque où Chaplin tient le rôle de Don José. À 21h, autre exotisme et tonalité avec un film égyptien rarissime, le seul du réalisateur Shadi Abdel Salam, La Momie. Depuis sa sortie en 1969, le film est considéré comme un des films égyptiens les plus importants. À travers l’histoire d’une tribu qui vit du pillage des tombes pharaoniques, se pose la question de savoir à qui appartient la culture.

Le Procès de Viviane Amsalem de Ronit et Shlomi Elkabetz © Les Films du Losange

Pour le 8 mars, Journée Internationale des Droits des Femmes, Art et Essai Lumière propose à 20h30, à l’Eden-Théâtre, Le Procès de Viviane Amsalem, le dernier volet de la trilogie de Ronit et Shlomi Elkabetz, un huis clos sous haute tension. Viviane Amsalem demande le divorce depuis trois ans, et son mari, Elisha, le lui refuse. Or en Israël, seuls les Rabbins peuvent prononcer un mariage et sa dissolution, qui n’est elle-même possible qu’avec le plein consentement du mari… La projection sera suivie d’un échange animé par Xavier Nataf, spécialiste du cinéma israélien.

Dans le cadre du Thema Ève n’a pas dit son dernier mot, le 15 mars au Théâtre Liberté à Toulon, projection du dernier film de Philippe Faucon, Fatima, le portrait d’une femme d’origine marocaine qui vit seule avec ses deux filles et se bat pour leur offrir un avenir meilleur. À l’issue de la projection, rencontre avec le réalisateur, accompagné de Khadra et Nesrine Boumezaar, deux Toulonnaises qui ont inspiré les personnages du film.

Fatima de Philippe Faucon © Pyramide Films

Art et Essai Lumière, La Ciotat 06 64 85 96 40 artetessailumiere.fr

Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

La Momie de Shadi Abdel Salam © Abdel Aziz Fahmy

MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 mucem.org

Ève n’a pas dit son dernier mot

Femmes solidaires Le 4 mars à 20h30, à l’Eden-Théâtre, l’association Femmes solidaires propose À peine j’ouvre les yeux, le premier longmétrage de Leyla Bouzid. La cinéaste « saisit l’atmosphère délétère des derniers mois du régime de Ben Ali à travers l’initiation à la réalité de la tonique, radieuse, sensuelle, belle et rebelle Farah, inconsciente du danger qu’elle court » (lire critique d’octobre 2015 sur journalzibeline.fr). La séance sera présentée par Asma Kouki, ancienne militante de l’UGTT de Tunis, membre fondateur de l’association des Tunisiens en France/Bouches-du-Rhône.

Thema Ève n’a pas dit son dernier mot © Théâtre Liberté

Dans le cadre du Thema Ève n’a pas dit son dernier mot, le 7 mars au Théâtre Liberté à Toulon, des artistes de différents pays et disciplines confronteront leurs visions sur la parole et la place de la femme dans l’art et la société : Dorothée Munyaneza une jeune chanteuse danseuse, originaire du Rwanda ;

04 96 18 52 49

Eden Théâtre, La Ciotat edencinemalaciotat.com

Du 5 au 13 mars, les cinémas de Scènes et Cinés accueillent un Panorama du cinéma latino-américain, pour un voyage culturel et humain ouvert aux connaisseurs et néophytes. Un cinéma engagé, énergique, qui aborde tous les sujets, après avoir subi la censure. Près 30 films projetés, des avant-premières, des documentaires, des hommages mais aussi des rencontres, une carte blanche à l’Aspas, un ciné-gouter. Notons à l’Odyssée de Fos la soirée d’ouverture, le 5 mars, avec Argentina de Carlos Saura (2015), et un concert de Trosman Maguna. Le 7 mars, au Coluche d’Istres, une soirée présentée par Ariane Allard sera dédiée aux portraits de femmes.

Macha Makeïeff, directrice de La Criée ; Zabou Breitman, comédienne, Pascale Boeglin-Rodier, codirectrice du Théâtre Liberté avec Charles Berling. La table ronde sera modérée par Éric Garandeau qui dirige actuellement au Festival de Cannes le programme Women In Motion sur la place des femmes au cinéma.

À peine j’ouvre les yeux de Leyla Bouzid © Shellac

Cinémas d’Amérique Latine

Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

Alias Maria de José Luis Rugeles © Urban Distribution

Fos, Grans, Istres, Miramas, Port-Saint-Louis scenesetcines.fr


70 au programme cinéma bouches-du-rhône

Aubagne, capitale de la musique de film

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u 14 au 19 mars, se tiendra au cinéma Le Pagnol et au Théâtre Comoedia la 17e édition du Festival International du Film d’Aubagne (FIFA), qui met en valeur la création cinématographique et à la création musicale pour l’image. C’est donc tout à fait logique qu’on y croise des compositeurs comme Gilles Alonzo, Amine Bouhafa, Bruno Coulais, Marc Marder, Philippe Rombi ou Stephen Warbeck, mais aussi des cinéastes venus de toute l’Europe. Comme chaque année, une Carte Blanche est donnée à trois festivals européens, d’Allemagne, de Slovaquie et de Hongrie. On pourra aussi découvrir le travail de quatre écoles européennes de cinéma de Pologne, des Pays- Bas, de Bulgarie et de France. Quatre séances « Coups de cœur » permettront de (re)voir Timbuktu d’Abderahmane Sissako, Mustang de Deniz Gamze Ergüven (lire chronique sur journalzibeline.fr), Brooklin de Pascal Tessaud et Keeper de Guillaume Senez (lire chronique sur journalzibeline.fr). Quant à La Nuit du Court, elle nous réjouira avec les 10 ans des courts qui rendent heureux. Et bien sûr on attend tous avec impatience de découvrir les 10 longs métrages en compétition parmi les 233 reçus. Dans Banat l’Italien, Adriano Valerio évoque la crise de l’emploi et ses conséquences, exil et mal du pays. Dans Flocking, la Suédoise Beata Gårdeler, le viol. Dans Life is a Trumpet, Antonio Nuić dépeint le Zagreb d’aujourd’hui à travers une famille de la classe moyenne ; et Clément Cogitore s’attache au quotidien des soldats français en Afghanistan attendant le retrait des troupes, dans Ni le ciel, ni la terre. Un ancien champion de boxe est-allemand, réduit à travailler comme videur et collecteur de dettes, est obligé de réfléchir sur sa vie lorsqu’il apprend qu’il gravement malade, dans A heavy heart de Thomas Stuber, et dans Paradise Trips de Raf Reyntjes, Mario, un chauffeur du bus, est confronté, lors d’un voyage, à son fils avec lequel il a rompu les liens depuis longtemps. Le Tournoi d’Élodie Namer est une plongée dans le monde de jeunes joueurs d’échecs… Côté courts, 71 dont 38 premiers films sont en compétition sur les 1 183 reçus. Aubagne, c’est aussi un hommage à la musique de film, avec le ciné-concert la Tête dans les nuages, une création de la 10e Master class

Banat l’Italien d’Adriano Valerio © Movimento Film

dirigée par Bruno Coulais et Gilles Alonzo lors de la soirée de clôture, le 19 mars. Sans oublier la Carte Blanche au label Chinese Man Records pour les soirées, les leçons de musique, les ateliers, les projections pour les scolaires et les rencontres professionnelles. Bref, de quoi contenter mélomanes, cinéphiles et tout public, de 7 à 77 ans !

FIFA 14 au 19 mars Cinéma Le Pagnol, Théâtre Comoedia, Aubagne 04 42 18 92 10 aubagne-filmfest.fr/fifa2016/fr

ANNIE GAVA

Le monde en partage

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u 7 au 13 mars, le monde s’affiche sur grand écran à Rousset et en Pays d’Aix, grâce au Festival nouv.o.monde. Longs, courts, doc ou fictions, la plupart inédits ou proposés en avant-première, accompagnés par leurs réalisateurs, les films de cette édition franchiront les frontières sans autre passeport que l’amour du cinéma. Belle soirée d’ouverture le 10 mars à 20h30 avec le premier long métrage de Farid Bentoumi, Good Luck Algéria. Le cinéaste et ses principaux acteurs présenteront cette comédie dramatique où Sami, un binational franco-algérien parfaitement « intégré » est amené à retrouver ses racines, et pour sauver la petite entreprise de skis haut de gamme qu’il gère avec Stéphane, son ami de toujours, à défendre les couleurs de l’Algérie aux J.O. d’hiver. Une success story drôle, émouvante, auquel Cinemed 2015 a octroyé le Prix du Public et qui sort en salles le 30 mars. Même mélange d’humour et d’émotion, le 13 mars, avec Umrika de Prashant Nair, Prix du Public lui-aussi, à Sundance. Une fable sur le

rêve américain qui suit, de Jivatpur à Bombay, le périple d’un jeune Indien recherchant un frère parti conquérir le fantasmatique pays de l’Oncle Sam, dans les années 80. Entre les deux, notons le 11 mars, en primeur, le Baden Baden de Rachel Lang, un retour au pays pour Ana, qui, par un été caniculaire, se retrouve à Strasbourg avec sa grand-mère, une baignoire à changer et d’anciennes amours. Ou encore, le doc participatif En quête de sens de Nathanaël Coste et Marc de la Ménardière, rapprochant « les messages d’un biologiste cellulaire, d’un jardinier urbain, d’un chamane itinérant et d’une cantatrice présidente d’ONG pour interroger nos visions du monde ». Sans oublier, à côté d’actions pédagogiques, les trois séances « spéciales » en pays aixois qui nous transporteront sur les terrasses d’Alger (Les Terrasses de Merzak Allouache, le 7 mars à Sciences-Po Aix), au Brésil (Une seconde mère d’Anna Muylaert, le 8 mars à Trets) et en Afghanistan (Ni le ciel ni la terre de Clément Cogitore, le 10 mars à


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Que les lumières soient !

« C

laros/Clareiras/Clairières », c’est le thème lumineux et fédérateur que se sont choisies les 18e Rencontres du Cinéma Sud-Américain, proposées par l’ASPAS. Accueillies du 18 au 26 mars à la Friche de la Belle de Mai, elles se poursuivront dans 15 villes en PACA durant tout le mois d’avril. Parmi la trentaine de films programmés (dont le calendrier sera en ligne dès le 1er mars), cinq rendent hommage à ce cinéma sud-américain qui fait comprendre, espérer et agir. Brecha de Silencio de Luis et Andrès Rodriguez, éclairé par Ana qui décide de sauver ses frères de la perversité de leur beau-père. Vengo viviendo de Gabriel Paez, animé par les légendes que découvre l’équatorien Ismaël dans son périple pour gagner l’argent de l’exil aux USA. Relampago en la Oscuridad de German Fernandez et Pablo Montlau, portant les projecteurs sur la vie et l’œuvre d’Alberto Zamarbide, chanteur argentin de Heavy Metal. Dibujando Memorias de Marianne Eyde entretenant la flamme vacillante et brûlante des souvenirs des communautés paysannes de Huancavelica, sur le sanglant conflit péruvien entre armée et guérilla des années 80-2000. Et enfin Milagro en Jujuy de Miguel Pereira, projeté en solidarité avec Milagro Sala,

actuellement incarcérée, fondatrice d’une organisation sociale où les plus pauvres ont pu s’organiser pour bâtir leurs maisons et leur vie. Comme chaque année, les Rencontres se veulent lieu d’échanges (table ronde le 24 mars, leçon de cinéma le 26 mars par le réalisateur uruguayen Pablo Martinez Pessi) ainsi qu’un carrefour Vengo volviendo de Gabriel Paez © Filmarte des arts : le 23 mars, théâtre pour la jeunesse La cérémonie de clôture et la remise des prix avec la compagnie Les Anachroniques, sera couplée avec la projection en avant-prelittérature avec La Marelle qui honorera mière du long métrage brésilien Tudo que Eduardo Galeano récemment disparu par la aprendemos Juntos de Sérgio Machado. lecture de textes choisis ; et la projection de Et suivies de la traditionnelle Peña. Mujeres de la mina de Malena Bystrowicz Avant l’extinction des feux, que les écrans et Loreley Unamuno, un doc où le grand s’éclairent et nous éclairent ! ELISE PADOVANI écrivain uruguayen raconte l’histoire des travailleuses des mines. C’est au cinéma Le Gyptis que s’ouvrira Rencontres du Cinéma Sud-Américain la manifestation le 18 mars à 19h30 par un 18 au 26 mars Friche de la Belle de Mai, Marseille film péruvien : Magallanes de Salvador del Solidarité Provence-Amérique du Sud Solar, entre les horreurs des conflits passés 04 91 48 78 51 aspas-provence.org et une rédemption espérée. L’histoire souvent douloureuse de l’Amérique latine comme un inépuisable réservoir de fictions !

Good Luck Algéria de Farid Bentoumi © Ad Vitam

l’Université Aix-Marseille). À ne pas rater, samedi 12, la sélection de courts métrages concoctée par Courts-Bouillon, où on pourra voir Les Bosquets, œuvre-vidéo de JR qui rend hommage aux banlieues françaises, dix ans après les émeutes de 2005. Associée à cette programmation

transfrontalière, une exposition photo en partenariat avec Arc Image sur la représentation de cette ligne réelle ou imaginaire, géopolitique ou socioculturelle que le cinéma a toujours explorée et parfois fait bouger. ÉLISE PADOVANI

Festival nouv.o.monde 7 au 13 mars Rousset et Pays d’Aix 04 42 53 49 69 filmsdelta.com festivalnouvomonde.com


72 au programme cinéma bouches-du-rhône

Regard de femmes à Martigues

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u 2 au 5 mars, le Cinéma Jean Renoir et la Cinémathèque Prosper Gnidzaz à Martigues proposent leur 9e Festival Regard de femmes. Une riche sélection qui dresse des portraits de femmes de toutes générations, de tous horizons, de toutes cultures et de toutes conditions. Onze films avec un débat à l’issue de chaque séance, ponctuée de surprises sur scène. Les plus jeunes pourront découvrir Arrietty, le petit monde des Chapardeurs de Hiromasa Yonebayashi. Les autres (re) verront les récents et magnifiques portraits de femmes avec l’émouvant Fatima de Philippe Faucon, le stimulant Mustang de Deniz Gamze Ergüven et le tonique À peine j’ouvre les yeux de Leyla Bouzid. Les courts métrages seront au rendez-vous avec Maman(s) de Maïmouna Doucouré, Maman de Victoria Musiedlak, Nue de

Fatima de Philippe Faucon © Pyramide films.

Catherine Bernstein, Wasp d’Andrea Arnold, La Chair de ma chère de Calvin Antoine Blandin. On passera par le documentaire avec De Guerre Lasses de Laurent Bécue-Renard. On pourra choisir de voir deux adaptations, La Tête en friche de Jean Becker et Wild de Jean-Marc Vallée. Ce festival conçu comme un espace d’échanges et de réflexion, un temps pour apprendre à regarder les choses et le monde autrement,

a la particularité d’être (co) construit avec les bénévoles et adhérents des Maisons de Quartiers de Martigues, pour une société humaine, intelligente et solidaire où les femmes peuvent exister et s’exprimer sans contrainte. À noter dans un prolongement logique, hors programmation pour la Journée internationale des droits de la femme, le 8 mars à 15h, Allez Yallah de Jean-Pierre Thorn à la Cinémathèque Prosper Gnidzaz et, à 20h30, le combatif No land’s song de l’Iranien Ayat Najafi, en avant-première au Cinéma Jean Renoir ANDRÉ GILLES

Festival Regard de femmes 2 au 5 mars Cinéma Le Renoir, Martigues 09 63 00 37 60 cinemajeanrenoir.blogspot.fr

Le monde à Salon fidèle à ses convictions. On pourra voir aussi des films de pays dont on connait moins la cinématographie, comme l’Estonie représentée par Kertu d’Ilmar Raag, une histoire d’amour hors du commun au sein d’une petite communauté qui cultive les secrets et les préjugés. Ou venu de Nouvelle Zélande, un inédit, The Dark Horse de James Napier Robertson, l’histoire d’un ex-champion d’échecs néo-zélandais atteint de troubles bipolaires qui va devenir l’entraîneur d’un club d’échecs pour jeunes défavorisés du quartier. Un focus sera porté cette année sur le cinéma asiatique, avec des films récents comme Au-delà des montagnes du Chinois Jia Zhang-Ke ou Un jour avec, un jour sans, Nu Guo de Francesca Rosati Freeman et Pio d’Emilia © Dharma Productions

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u 8 au 15 mars, se tiendront les 26e Rencontres Cinématographiques de Salon : 47 films, venus du monde entier, dont certains ont déjà un beau parcours comme Mustang de Deniz Gamze Ergüven (lire critique sur journalzibeline.fr), Pride de Matthew Warchus ou Much Loved de Nabil Ayouch (lire également sur journalzibeline.fr). Mais seront aussi présentés des films en avant première, comme Dégradé de Tarzan et Arab Nasser, une sorte de Vénus Beauté (Institut)… palestinien, ou le Grand Prix de la semaine de la critique 2015 : Paulina du Colombien Santiago Mitre, l’histoire d’une jeune enseignante dans une région rurale d’Argentine qui, malgré les embûches, reste

le 17e long métrage du Coréen Hong SanSoo. Des films qu’on savourera avec plaisir en compagnie de Bastian Meiresonne, spécialiste du cinéma d’Asie, comme Les délices de Tokyo de la Japonaise Naomi Kawase ou Salé sucré du Taïwanais Ang Lee. Un coup de cœur pour un jeune réalisateur belge Bernard Bellefroid qui présentera ses deux films, La Régate et Melody ainsi qu’une Carte Blanche donnée à Films Femmes Méditerranée qui présentera trois films accompagnés d’invitées : Vierge sous Serment de Laura Bispuri avec la comédienne Flonja Kodheli, No land’s song d’Ayat Najafi avec la productrice Anne Grange, et À peine j’ouvre les yeux de Leyla Bouzid avec la co-scénariste Marie-Sophie Chambon, soutenus par le Portail Coucou. Les Rencontres, ce sont aussi des ateliers, une soirée de courts métrages, des animations musicales, des séances pour les plus jeunes et des échanges avec les réalisateurs et les spécialistes invités. Le monde entier à découvrir au cinéma Les Arcades ! ANNIE GAVA

Rencontres Cinématographiques 8 au 15 mars Cinéma Les Arcades, Salon-de-Provence 04 90 17 44 97 rencontres-cinesalon.org


cinéma critiques 73

Tous les chemins du monde Les Rencontres Cinéma de Manosque sont chaque année un lieu de découvertes et de moments de partage avec des réalisateurs, venus des 4 coins du monde Kaili blues de Bi Gan © Capricci Films

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a 29 édition n’a pas dérogé à la ligne que s’est donnée le réalisateur Pascal Privet, qui programme les Rencontres Cinéma de Manosque au sein d’Œil Zélé. e

Quêtes, venues d’Asie … de Corée Jeon Soo-il est un habitué des Rencontres de Manosque. Son dernier long métrage, Un Homme coréen, suit l’errance onirique, hébétée, d’un jeune marié coréen dont l’épouse a disparu pendant leur voyage de noces à Paris et qui, devenu SDF, vit sous les ponts, cherche sa femme parmi les prostituées de Pigalle, du Bois de Vincennes puis de Marseille. Dès la première séquence, le plan pausé, posé, composé, s’affirme comme principe : un intérieur, une cloison divise le cadre. À gauche, une pièce vide où un miroir fragmente, duplique, crée d’autres lignes de fuite. À droite, le protagoniste Chang-Soo assis de profil, mutique et la voix d’une femme hors champ qui s’adresse à lui, ouvrant un troisième lieu invisible. On retrouve avec bonheur, la rigueur formelle et la virtuosité de ce réalisateur venu de Busan qui ne cesse de décliner dans son œuvre quelque chose qui pourrait se définir comme un road-movie existentiel. … de Chine C’est d’une quête encore dont il est question dans le film chinois de Bi Gan, Kaili blues. Là, un médecin part à la recherche de son neveu abandonné par un père défaillant. Tous les ingrédients du drame réaliste voire du mélo sont là : un enfant livré à lui-même, une mère décédée, une autre disparue, un héritage

contesté, un passé de bagnard, un ex chef de clan, une main coupée et d’anciennes amours dont une vieille doctoresse se souvient ; la Chine en chantier collectif et en bricolage individuel, les taudis, la nature en majesté, les joueurs de guzheng et les légendes des montagnes. Tous ces éléments ne construisent pas une histoire linéaire. Ils coexistent, passés et présents, liés par la poésie, le rêve, les objets transitionnels, l’extraordinaire liberté de la caméra. Les plans-séquences vertigineux (dont un de près de 40’ !) lient acteur, réalisateur et spectateur dans le même espace-temps, le même danger, la même fragilité. Époustouflant

Conversations ... dans le bois « On est passé du trottoir au sentier et voilà le bois. » C’est par ces mots murmurés à notre oreille que Claire Simon nous emmène pour un tour au bois de Vincennes, au fil des saisons, attentive à la nature et surtout aux « fidèles de ce temple ». Employés qui l’entretiennent, urbanistes que le redessinent, promeneurs, sportifs qui s’entrainent, amateurs du sexe à la sauvette, prostituées, communautés qui font la fête et même solitaires qui ont choisi d’y habiter. La cinéaste a réussi à entamer avec eux une conversation qu’elle nous fait partager. Deux pêcheurs qui relâchent leurs prises, un dragueur qui rêve de rencontrer un mec sympa, un peintre qui continue son tableau à la nuit tombée, un amoureux des pigeons, Stéphanie, une prostituée qui paie cher son indépendance, une ancienne couturière cambodgienne, rescapée des Khmers rouges

étonnée qu’une Française s’intéresse à elle… Et tous les autres, rêveurs, qui retrouvent dans ces lieux une part d’enfance ou pansent leurs blessures. Et, sur les lieux oubliés de l’Université de Vincennes, le fantôme de Gilles Deleuze, une des plus belles scènes de ce film, Le bois dont les rêves sont faits. … en haute mer Pour d’autres, le lieu où l’on se retrouve, où l’on a le temps de réfléchir, c’est la mer. David Kremer nous immerge dans le quotidien de l’équipage de la Grande Hermine, le dernier hauturier français, qui quitte son port d’attache Saint-Malo pour des pêches au cabillaud de trois mois, au large des côtes de Norvège. Dans Seuls, ensemble, son premier long métrage, il filme les rouages de ce chalutier-usine, les gestes du travail, les filets pleins à craquer, le réveil des ouvriers pêcheurs à qui il donne la parole, une parole d’autant plus forte qu’elle est rare. Devant les images du bateau, des cordages, des mouettes, des vagues, des marins en ciré coloré, telles des marines en mouvement, nous revient en mémoire le vers du poète : « Homme libre, toujours tu chériras la mer ! » ÉLISE PADOVANI ET ANNIE GAVA

Les Rencontres Cinéma de Manosque se sont déroulées du 2 au 7 février au théâtre Jean Le Bleu et au cinéma Le Lido


74 critiques cinéma

Nous les avons tant aimés ! Réalisme critique et fable politique aux Rencontres du Cinéma Européen Un maledetto imbroglio de Pietro Germi © Carlotta Films

I

l a fallu refuser du monde le 22 janvier à l’Alcazar où Jeanne Baumberger accueillait Michel Ciment, directeur de la revue Positif, lors de l’ouverture des 7es Rencontres du Cinéma Européen organisées par Cinépage, dédiées cette année au cinéma italien « civile e di denuncia ». Et cette affluence ne devait jamais faiblir durant toute la semaine. Ce jour-là était projeté Main basse sur la ville de Francesco Rosi dont le réalisme critique fait toujours mouche. Réalisme né de la vision des rues miséreuses de Naples et de l’emploi de comédiens non-professionnels associés ici à l’acteur américain Rod Steiger, étonnant en entrepreneur immobilier napolitain. Critique dans la façon dont la narration met à jour les mécanismes par lesquels les politiques se vendent au marché, le discours de l’onctueux démocrate-chrétien De Angelis, si bien nommé, pour qui l’indignation morale ne sert à rien en politique, éveillant bien des échos ! Le cinéma Les Variétés projetait ensuite Viva la libertà de Roberto Andò. Qu’il ait été l’assistant de Rosi ne suffit pas pour assurer la confrontation des deux films. Viva la libertà de 2013 parle d’un pays qui vit au bord de l’abîme et dont la plupart des politiques ont perdu tout sens moral. Il faut retrouver une certaine candeur ou admettre les conventions du genre pour entrer dans cette fable où un leader de l’opposition s’évanouit dans la nature pour être remplacé par son jumeau,

un philosophe excentrique qui sort d’un internement psychiatrique mais parle vrai. Porté par l’impeccable Toni Servillo, ce film, telle une bulle d’optimisme, s’inquiète des dérives et montre le cap. Les images d’un Federico Fellini vitupérant contre les coups portés à l’expression culturelle, rappelle que Roberto Andò fut son assistant sur E la nave va.

Polars et comédies : entre amertume et rire Après un passage par le Vidéodrome, Cinépage avait invité, le 29 janvier, Jean Gili, critique à Positif, créateur du Festival d’Annecy. Sa petite conférence à bâtons rompus, historisante et volontiers digressive, a développé l’assertion du directeur de la Cinémathèque de Bologne, Gianlucca Farinelli : « L’Italie a comme une vocation à produire du cinéma citoyen. Cette vocation est apparue après guerre, a connu son zénith dans les années 60-70 et n’a pas dit son dernier mot. » Les dysfonctionnements de la société italienne ont nourri les scenarii de cet âge d’or, de 1960 à 1980, pour produire une quantité de films de qualité, dont quelques chefs-d’œuvre qui ont raflé de 71 à 78 les palmes cannoises, servis par des comédiens exceptionnels, auxquels se sont ajoutés de grands acteurs américains ou français, que les tournages sans prise de son directe permettaient d’engager. Le

Commissaire de Luigi Comencini sorti en 1962, sans faire partie de ces chefs-d’œuvre, a illustré les propos de Gili sur un cinéma utilisant toutes les ressources de la dramaturgie y compris le burlesque, pour montrer le monde tel qu’il va (mal), mettant en scène un génialissime Sordi et procurant au public conquis de l’Institut Culturel Italien, le plaisir d’une satire acidulée et d’une réflexion morale. Autres comédies policières, toujours à l’Institut Italien, Un maledetto imbroglio de Pietro Germi, adaptation du roman de Gadda, et In nome del popolo italiano où Dino Risi oppose de manière complexe Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi. Le succès de cette manifestation confirme que le cinéma italien est une valeur sûre. Mais ce constat amène aussi à regretter que l’indignation portée par ces films-là résonne encore si fort et si juste avec notre actualité. ANDRÉ GILLES ET ÉLISE PADOVANI

Les 7es Rencontres du Cinéma Européen se sont déroulées à Marseille du 22 au 30 janvier


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76 critiques arts visuels

Cent portraits A

près Oser la photographie couvrant cinquante années de photographie du musée Réattu, Imago opère un focus foisonnant sur le thème du portrait, avec en bonus une sélection des tirages de Jean-François Bauret. Faut-il rappeler que grâce à Lucien Clergue et un petit groupe d’amis, le musée Réattu fut la première expérience d’une véritable collection photographique dans un musée français, qui contribua par ailleurs à la reconnaissance artistique du médium, adossée aux fameuses rencontres ? L’exposition précédente et son excellent catalogue Oser la photographie en témoignent (lire page 82), comme celle qui vient de s’ouvrir autour du portrait. Plus d’une centaine de clichés abordent les différents genres : officiel, familial, intime, social, documentaire, de mode ou plasticien... pour la majorité tirages d’origine, en noir et blanc hormis le plus ancien, un autoportrait d’Hippolyte Bayard, calotype de 1843-45, et le portrait du peintre Bonnard par Gisèle Freund. En évitant chronologie et pédagogisme rebutants, la sobriété de l’accrochage favorise la lisibilité d’un parcours rhizomatique par des mises en résonance et jeux de miroirs : photographes photographiés, artistes célèbres (Churchill ou Gainsbourg sans leur appendice fumant, récurrence de Picasso) ou moins connus comme ces petites gens vues par Tomas Montserrat ou le Lituanien Romualdas Pozerskis. Documentaire, social, ethnologique le portrait se veut aussi plasticien pour Cecil Beaton, Marianne Adelmann. Certains clichés sont extraits de séries ou portfolios, une des richesses du fonds arlésien rarement montrés, comme ce travail auprès de Martin

Vue partielle de l’exposition Jean-François Bauret, musée Réattu, 2016 © C. Lorin/Zibeline

Luther King par Ben Fernandez, ou Denise Coulomb. L’exposition laisse place au dernier étage à une sélection centrée sur l’œuvre de Jean-François Bauret, notamment une série d’hommes nus des années soixante-dix et plusieurs tirages de la série Isabelle, réalisés en 1986 dont un grand format, donation de son épouse, qui s’apprête à rejoindre un fonds riche de cinq mille œuvres. Dans les autres salles, en redescendant, un

Complicités A

ussi surprenante que son titre, Super Goütte, la nouvelle exposition de l’Artothèque propose à première vue des œuvres très diverses. Puis la déambulation et le déplacement du regard laissent deviner entre elles certaines affinités. Les cinq peintres se sont rencontrés dans leurs ateliers autour de leurs travaux sur toile et papier lors des ouvertures des ateliers d’artistes en automne 2015. Le partage d’un verre (l’une des explications du titre humoristique de l’expo), une certaine connivence, l’intérêt bienveillant des responsables de l’Artothèque ont permis le projet d’une expo commune. Le doyen d’entre eux, Charles Gouvernet, présente de grands formats aux tons feutrés, aux mauves doux animés de traces larges et molles dessinant d’improbables paysages, parfois traversés par un objet usuel comme ce fauteuil de jardin planté en regardeur attentif. À gauche Gouvernet & Brun-à droite de haut en bas, de gauche à droite Gouvernet, Desplats, Montchamp, Boursault © MC Garcin

regard attentif saura croiser d’autres figurations et médiums sur la figure humaine avec Javier Perez, Jan Svenungsson, Nancy Wilson-Pajic, les séries de Picasso ou Christian Lacroix. CLAUDE LORIN

Imago jusqu’au 5 juin Musée Réattu, Arles 04 90 49 37 58 museereattu.arles.fr


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Bouger les lignes L’exposition de rentrée de la Fondation Vincent Van Gogh se plaît à faire bouger les lignes. Tirer un trait, pas si simple !

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u fil des expositions conçues par la directrice artistique de la fondation, Bice Curiger, on pourrait croire que la commissaire prend un plaisir certain (et subtil) à faire entrer le visiteur de plain pied dans son sujet jusqu’à à lui suggérer une expérience des limites.

Ceci n’est pas un trait L’exposition actuelle joue manifestement de cet étirement du concept, ici du trait et de sa trace, et peut laisser quelque peu perplexe le visiteur face à certaines propositions. Ainsi, la vidéo de Saskia Olde Wolbers, étrange récit mêlant documentaire et fiction qui fait de la maison où Vincent Van Gogh vécut à Londres le personnage principal, semble hors thématique du moment. En introduction au parcours, une photographie monumentale d’Andreas Gursky nous plonge au plus près de la touche de Van Gogh, vision à la fois macroscopique, paysagère, abstraite et très matériologique de La Moisson. À côté, par contraste, Le Semeur revu par Roy Lichtenstein (collection Yolande Clergue) aplanit le geste d’empâtement. Le geste et son ancrage dans la matière picturale s’épuise aux confins de la figuration pour Adrian Ghenie, très « baconien » ou Christopher Wool en noir et blanc, par excès d’empâtement chez Eugène Leroy ou bien, a contrario, devient vision évanescente avec les projections murales à l’aérographe d’Isabelle Cornaro. On revient à la ligne, moins convaincu par les

graphismes minimalistes de Silvia Bächli mais davantage avec l’exposition monographique et un catalogue consacrés à Giorgio Griffa. Proche un temps de l’Arte povera et de Supports/Surfaces, l’artiste italien poursuit depuis les années soixante une œuvre dépouillée construite à partir de signes et d’inscriptions aquarellées sur toile libre, pliée, non apprêtée et épinglée au mur. Pour Arles, il présente notamment un hommage à La Nuit étoilée, très rythmique, évocation de la pulsion que peut contenir l’écriture picturale. Une rencontre/discussion avec Claude Viallat est programmée le 19 avril à 19h.

Très traits jusqu’au 24 avril Fondation Vincent Van Gogh, Arles 04 90 93 08 08 fondation-vincentvangogh-arles.org

CLAUDE LORIN

Bice Curiger et Giorgio Griffa devant les œuvres de l’artiste © C. Lorin/Zibeline

On remarque une parenté troublante avec les teintes pâles et les matières diluées de Nicolas Desplats et sa série de montagnes, de pans de murs aux larges à-plats traversés de lignes sombres ou les neuf petites toiles (55x38 cm), Contrairement à toutes réponses, qui jouent sur l’apparition et la disparition. Mathieu Montchamp aime mélanger huile et acrylique très fluides dans ses séries (Oiseaux exotiques et Jardins) et son grand format (200x160 cm), Paysage avec montagne et chevaux de frise, construction éblouissante de blancheur. Christophe Boursault offre une série de grotesques aux visages déformés, aux lignes faussement malhabiles, aux touches légères qui laissent beaucoup de place à la toile brute, point avec les trois artistes précédents ainsi qu’un goût marqué pour la nouvelle peinture expressionniste allemande. Denis Brun se distingue par

l’utilisation d’objets du commerce comme cette bouée noire en forme de requin, accrochée au plafond, couverte d’écritures colorées et par des pièces en terre cuite émaillée, deux lièvres étonnants. Une exposition qui joue des singularités comme des complicités entre les personnes et les œuvres dont rendent compte la publication du Cahier d’exposition N° 63 et une vidéo de Denis Brun en ligne prochainement. CHRIS BOURGUE

Super Goütte jusqu’au 10 mars Artothèque du Lycée Antonin Artaud, Marseille artothequeantoninartaud.fr


78 critiques

arts visuels

Toulon démasquée En 2000 la photographe Jacqueline Salmon avait percé l’armure de l’Arsenal à Toulon à l’occasion d’une commande de l’Hôtel des Arts. Récidiviste consentante, elle porte cette fois son regard sur les mutations de la ville, des chantiers à ciel ouvert aux façades ripolinées, et sur ses habitants. Durant deux ans de résidence nomade, elle a arpenté les 42,84 km2 de la cité pour lui tirer un portrait vérité

U

ne ville, une architecture, un peuple : une trilogie restituée par fragments dans des photos aux formats multiples qui, mises bout à bout, constituent un fidèle miroir. Toute l’histoire toulonnaise est là : les vents et le climat qui structurent sa topographie ; les habitants qui en sont l’âme ; les bâtiments réhabilités ou abandonnés et les bars à marins en voie de disparition qui la définissent. « La ville en pleine transformation a été un cadeau» pour Jacqueline Salmon qui s’intéresse aux «éléments architecturaux qui ne sont pas toujours remarquables. » Du coup, cette nouvelle identité se dessine par petites touches sensibles, repérables pour qui connaît bien la basse ville, les artères modernes plus commerciales, les places enchevêtrées, les vitrines au bric-à-brac indescriptible, les terrains de la Défense nationale le long du port… La scénographie de l’exposition rend tangible cette lame de fond, empruntant au reportage vidéo le mouvement continu. Plan après plan, on entre dans les appartements à la rencontre des Carte des vents port Saint Louis, 80 x 100 cm © Jacqueline Salmon habitants, on se faufile dans une procession, on se mêle aux fêtes traditionnelles « qui raniment des rites sacrés doigté : « Ce sont des petits récits qui ont dont les maisons ou les rues sont le théâtre », autant d’importance que les photographies, on effleure du regard l’élégance intérieure de qui racontent autant de l’héritage de la ville. » la résidence du Cap Brun, rare témoin de la haute bourgeoisie locale. On remonte l’horloge du temps à la découverte des fonds anciens Des visages vivants, de la bibliothèque ; on relit l’histoire récente balayés eux aussi par les relatée par Var-Matin (réélection d’Hubert vents, tatouent la ville de Falco, premier citoyen de la ville, manifestation leur présence «Je suis Charlie», la liesse populaire quand Notoirement connue pour ses travaux sur le RCT entre dans l’histoire). Chaque pho- les espaces publics, on oublie parfois que tographie s’accompagne d’un commentaire Jacqueline Salmon a obtenu en 1993 le Prix de de Jacqueline Salmon qui nous guide avec la Villa Médicis hors les murs pour une série

alliant portraits et lieux. Ici, quelque 120 portraits déroulent presque bord à bord les Âges de la vie, ponctués de respirations symboliques -des pins méditerranéens secoués par le mistral-, mêlant inconnus croisés dans les ruelles ou personnalités locales de tous bords. À ce trombinoscope très classique, on préfère la série des Cartes des vents offerte telle une parenthèse poétique dans le parcours. Des « photographies comme des cahiers d’écriture » à l’instar des cartes de navigation où figurent les flux et les courants des marées. Après la lecture d’ouvrages spécialisés, la découverte des codes et l’apprentissage du dessin des vents, Jacqueline Salmon a réalisé une édition limitée qui allie calligraphie et photographie. Une recomposition illusoire des ciels, immenses, abandonnés aux graphes météorologiques. Des données savantes mais lisibles, des paysages réels mais transfigurés. Une ville, une architecture, un peuple, des vents : cette constellation d’images personnelles dit l’identité et la particularité de Toulon, avec ou sans les clichés qu’elle véhicule. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

42,84 km2 sous le ciel 30 janvier au 24 avril Hôtel des Arts, Toulon 04 83 95 18 40 hdatoulon.fr À lire 42,84 km2 sous le ciel, textes de Jean-Christophe Bailly éd. Loco, 35 € À voir Jacqueline Salmon, ou l’art d’avancer masquée film de Teri Wehn-Damisch (54 mn)


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Le parti pris de la fragilité des choses L

es murmures de Francis Ponge, Pascal Quignard mais également de Franz Schubert, ne sont pas restés lettre morte à l’oreille de Frédérique Nalbandian. Ils se sont écoulés lentement, poétiquement et musicalement jusqu’à surgir d’entre ses doigts sous la forme d’une installation plastique et sonore métaphoriquement nommée L’oreille qui tombe. Malentendante parce que la membrane de son tympan est percée, et pourtant bruyante, bruissant des filets d’eau tombés du ciel, de leur disparition dans le bassin de rétention muni de micro-émetteurs, des musiques et des voix enregistrées lors de la performance de Pascal Quignard. L’oreille qui tombe est plus encore un ensemble polymorphe composé d’une sculpture au sol, donc, de travaux sur papier « maculés d’empreintes de mousse et de bulles de savon » et de sculptures-totems érigées tels des pions dans un jeu d’échecs. Monolithes fragiles à la tête éclatée, fissurée, ajourée dont l’élévation ressemble à un tour

Plus Durr est la réalité ! D

epuis sa sélection à Mediterranea 16 à Ancône1, le travail plastique et photographique de Léna Durr ne quitte pas notre objectif. On l’a suivie en Italie (Zib’64), croisée au Festival VRRR pour un marathon de dessin (Zib’91) et, aujourd’hui, on la retrouve à la Maison de la Photographie à Toulon. Diplômée de l’École Supérieure d’Art et de Design de TPM, la jeune artiste révèle un travail cohérent sur les thèmes du retournement et du détournement. Précisément nommée Zone de retournement, l’exposition s’articule autour d’une caravane des années 60/70 dressée au centre de l’espace, pivot de l’accrochage elliptique de ses mises en scène photographiques. Car contrairement à l’identité du lieu, Léna Durr n’est pas photographe : « Je suis plasticienne, je ne dis pas photographe car je ne photographie pas le réel. » Non, elle préfère le travestir dans des tirages numériques où des anonymes acceptent d’offrir une autre

le papier évoque le geste artisanal : on imagine ses mains et ses bras recouverts de résidus blancs et pâteux, ses doigts glissants entre les bulles mouillées, entaillés par des coupures, tâchés par des mines HB imprudentes… Autant d’indices parcellaires sur un univers sans limites, aux confins de la matière et de l’immatériel, de la littérature et de la spiritualité. Déjà en 2015 à l’église Sainte-Marie à Puyloubier, invitée par Voyons Voir, comme en 2009 au Domaine d’AviExposition L’oreille qui tombe, Frédérique Nalbandian, Le Moulin, La Valette-du-Var, 2016 © MGG/Zibeline gnon pour Château en de force ! En écho, des silhouettes d’oreilles chantier, l’œuvre de l’artiste niçoise avait ailées pareilles à des anges sans corps ni imprimé notre rétine. M.G.-G. têtes, suspendues au mur par l’opération du Saint-Esprit… Au mur encore un bas-relief emprisonne des éclats de verre : un poisson L’oreille qui tombe phosphorescent apparaît d’entre la masse com- jusqu’au 23 avril pacte, sorte d’animal fantastique aux allures Espace d’art Le Moulin, La Valette-du-Var 04 94 23 36 49 lavalette83.fr de bijou précieux. La manière dont Frédérique Nalbandian manie le plâtre, le savon, le verre et

image d’eux-mêmes et d’endosser, le temps de la pose, une nouvelle identité (Travesti et Divine). De même qu’elle demande à des Teen-Agers de déplacer leur univers dans un environnement inconnu, le plus souvent dans la rue ou dans des aires en chantier, avec un cortège d’objets insignifiants et populaires récupérés aux puces. Ainsi détournée et retournée, la réalité dénonce l’artifice et le factice de la société de consommation, mettant en tension la culture de masse et la culture populaire. Léna Durr fouille ainsi les zones de l’entre-deux -identitaire, sociétal, humain- jusque dans la réinterprétation

de la peinture classique, Otto Dix et Ingres notamment. Sa propre représentation du Bain turc intitulée Femmes au bain, cadrée dans une salle de bains débordante de chair et de produits, est l’un des clous de la « pièce ». Un tableau photographique conçu comme une installation recontextualisée qui joue des codes de la peinture, de la photographie et du nu. Par ailleurs Léna Durr s’aventure dans le champ de l’édition à tirage limité avec deux ouvrages compulsant l’ensemble de sa collection « d’objets à usage unique » et son calendrier perpétuel Pin-Up Grrrls au casting pré-pubère et à l’imagerie populaire. Une manière irrévérencieuse de revendiquer l’émancipation des corps et de leurs images. À rebrousse-poil. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Biennale des Jeunes créateurs d’Europe et de la Méditerranée organisée en 2013 par l’Espace culture_Marseille (6 juin-7 juillet)

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Léna Durr Zone de retournement 28 janvier au 2 avril Maison de la Photographie, Toulon 04 94 93 07 59 Léna Durr, exposition Zone de détournement, Maison de la Photographie Toulon 2016 © Léopold Trouillas


80 au programme

arts visuels marseille

bouches-du-rhône

Ostkreuz Fondée en 1990 et basée à Berlin, l’agence Ostkreuz représente un des collectifs de photographes les plus importants et renommés d’Allemagne. Conçue avec le Goethe-Institut de Marseille, l’exposition constitue un parcours rétrospectif en 250 photographies représentatif de l’éclectisme des membres de l’agence, dont la moitié sont des femmes ! C.L. 25 ans Ostkreuz jusqu’au 10 avril Friche de la Belle de Mai, Marseille 04 95 04 96 35 lafriche.org

Manhattan_Sans titre, 2012 © Stephanie Steinkopf_Ostkreuz

Sophie Menuet En 2013 au Pavillon de Vendôme à Aix, Sophie Menuet tissait des liens avec des artistes au féminin ; en 2015 elle nous ouvrait les portes de la nuit au CAC d’Istres. À présent, l’artiste nous murmure à l’oreille une nouvelle histoire où s’entremêlent sculpture en soie blanche ou en satin noir, masques et visages plissés et piqués, autoportraits photographiques composant « une sorte de vanité moderne, dressée dans un décor d’une délicate et transgressive poétique ». M.G.-G. Murmure jusqu’au 11 mars Galerie Passage de l’art, Marseille 7e 04 91 31 04 08 lepassagedelart.fr Vue de l’exposition Murmure, Sophie Menuet, Le Passage de l’art 2016 © X-D.R

Sylvain Héraud C’est un livre d’Italo Calvino, Le città invisibili, qui a nourri ce travail de six années de Sylvain Héraud. De constructions abandonnées de par le monde, le photographe révèle des « lieux marqués par l’influence culturelle, industrielle ou politique propre à chaque région ». Vernissage le 2 mars avec lectures de portfolios par Roxane Dumas et Mickaël Serfati. Parution de l’ouvrage éponyme en auto-édition en mars. C.L. Les Demeures invisibles 1 au 31 mars La Fontaine Obscure, Aix-en-Provence 04 42 27 82 41 fontaine-obscure.com Les Demeures Invisibles, Maurillia © Sylvain Héraud

Et si les super-héros… … vivaient parmi nous, déplaçant leurs récits fantastiques dans notre réalité ? Et s’ils avaient des ancêtres ? Et si nous mêmes étions des super-héros ? Depuis l’apparition de Superman en 1938, on ne cesse d’inventer des figures quasi-mythiques à la puissance XXL. Face à cette nouvelle « mythologie », 6 photographes et 10 dessinateurs se réapproprient avec beaucoup d’humour et d’imagination tous ces personnages pour les placer dans des situations communes, drôles, parfois anachroniques. M.G.-G. 19 mars au 4 juin Bibliothèque départementale, Marseille 3e 04 13 31 82 00 culture-13.fr

La Véritable histoire des Super-héros © Dulce Pinzón KEP


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Matière De l’art antique à la création contemporaine, la matière devient sculpture, en relief ou souple, installation, investie d’expérimentations les plus diverses. L’exposition entrecroise des œuvres de collections publiques et privées -Musée Départemental de l’Arles Antique, Sébastien Peyret, Bernar Venet- ainsi que des productions conçues in situ, complétée d’un workshop non stop et des Vitrines de l’art en centre ville. C.L. Quand la matière devient forme 7 mars au 1 juillet Centre d’art contemporain intercommunal, Istres 04 42 55 17 10 ouestprovence.fr

Olga Balema, collection Sébastien Peyret © X-D.R

Julien Blaine Long temps fort pour Julien Blaine qui a conçu un espace expérimental évolutif pour le Musée Muséum. L’exposition présente un panorama de sa production, manifestes, affiches publicitaires de cirque maculées, masques d’animaux écrasés, édition, vidéos et un hommage à Giordano Bruno... Le poète-performeur interviendra auprès du public lors de résidences-ateliers. Prochain rendez-vous le 5 mars. C.L. jusqu’au 30 septembre Musée Muséum départemental, Gap 04 92 51 01 58 museum.hautes-alpes.fr Julien Blaine, autoportrait en CHAM’âNE © J.C. Lett

Maia Flore & Guillaume Martial Être lauréats du Prix HSBC pour la Photographie est un gage de qualité et la promesse d’un bel avenir comme en témoigne la sélection 2015. Maia Flore se met en scène dans des paysages dépouillés, les survole suspendue à des objets improbables tel un rêve éveillé ; Guillaume Martial s’immisce dans l’espace urbain affublé de drôles d’indices perturbateurs avec, on l’imagine, le sourire aux lèvres. Une exposition à prolonger dans deux ouvrages. M.G.-G. jusqu’au 16 avril Galerie du Théâtre, Gap 04 92 52 50 20 théâtre-la-passerelle.eu Situations © Maia Flore_Agence VU’

Sophie Calle Première apparition de Sophie Calle à Toulon et qui plus est au Théâtre Liberté ! L’occasion de se familiariser avec des fragments de la série Histoires vraies dont le propos est aussi intime que son impact est partagé par tous. Et une invitation qui tombe à pic à l’heure où « Ève n’a pas dit son dernier mot », temps fort féminin qui donne la parole aux artistes par le verbe, l’image, la musique, le corps… M.G.-G. jusqu’au 31 mars Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 théâtre-liberte.fr

Girafe en H © Sophie Calle


82 critiques livres

NOTRE CŒUR INDIQUE LE SUD N

ils Gascuel cite cette phrase de Sigmund Freud, lorsqu’à la fin de son ouvrage il se demande pourquoi, au fond, il a choisi d’écrire Dans le midi de Lacan. Une « géo-histoire » de la psychanalyse à distance de Paris, quand la capitale n’était pas encore à trois heures de train, entre 1940 et 1990. L’intérêt est là, dans cet échelon local qui n’échappa pas aux enthousiasmes ni aux luttes intestines du mouvement psychanalytique, cette « pratique sulfureuse et ultraminoritaire » avant-guerre, devenue avec Jacques Lacan un aimant intellectuel puissant. L’auteur a interrogé des centaines de praticiens, même s’il le dit lui-même, l’histoire de la psychanalyse appartient aux analysants, et tous ne passent pas de l’autre côté du divan. Il dessine avec la tentation de l’exhaustivité un tableau de famille foisonnant : le sud de la France a vu naître ou hébergé bien des personnalités, liées entre elles par un jeu subtil de transferts peu ou prou liquidés. Débats théoriques, « ravages des interprétations entre confrères », points d’accroche avec le surréalisme, la phénoménologie, la psychiatrie, le féminisme, le marxisme ou le monde académique cohabitent dans ce livre avec une foule d’anecdotes, parfois drôles, parfois émouvantes, souvent tragiques. Au centre, le personnage flamboyant de Jacques Lacan, dont Nils Gascuel écrit que « les perroquets ne pouvaient que le suivre, et ses élèves non par mépris ou par rejet mais par nécessité, que le trahir ». GAËLLE CLOAREC

Dans le midi de Lacan Éditions Erès, 28 €

Nils Gascuel

PRÉCURSEURS L

’exposition vient de se clore en janvier dernier* mais les oublieux se rattraperont grâce à l’imposant catalogue comme un prolongement indispensable à l’événement. Oser la photographie, sous-titrée 50 ans d’une collection d’avant-garde à Arles, faisait le point sur la construction singulière et les enjeux du premier département de photographie initié dans un musée français dès les années soixante, riche aujourd’hui de plus de cinq mille œuvres d’ampleur internationale. Sous l’impulsion du conservateur Jean-Maurice Rouquette et du photographe débutant Lucien Clergue, la Section d’Art Photographique du musée Réattu est inaugurée le 28 mai 1965, et en été 1970 lors des fêtes d’Arles s’ouvre une première exposition qui préfigure les futures rencontres de la photographie. Sous la responsabilité de Pascale Picard, directrice

actuelle du musée, et par le truchement de plusieurs signatures, l’ouvrage ne se contente pas de retracer l’historique singulier du projet et de ses prolongements contemporains. Il interroge nécessairement la place de la photographie dans un établissement muséal, dans le champ de la création artistique et de sa reconnaissance comme un art à part entière et,

CONNAISSEZ-VOUS JEREMIAH REYNOLDS ? I l y a bien peu de chances de répondre à cette question par l’affirmative sans avoir lu le dernier roman de Christian Garcin ! Car c’est sous sa plume vagabonde et fort inspirée que cet aventurier méconnu resurgit du passé pour le plus grand plaisir des mordus de romans d’aventure : Jeremiah Reynolds (1799-1858), orphelin de père, fut « rouleur de troncs » en Ohio, journaliste, conférencier à travers les Etats-Unis et probablement le premier homme à avoir marché sur le continent antarctique. Colonel au Chili, il fit ensuite un demi-tour du monde, devint avocat, fut proche d’Edgar Allan Poe, écrivit un récit de chasse au cachalot blanc intitulé Mocha Dick. On entre dans le livre par un personnage secondaire, John Cleves Symmes Jr, ce qui de prime abord laisse impatient, mais finalement ménage le suspens... Les chapitres sont courts et ramassés, les phrases et les événements s’enchaînent avec vélocité. L’écriture, par son aisance, ses circonvolutions et sa fuite en avant, accompagne les destins singuliers et aléatoires de Jeremiah et de ses acolytes. Deux Interludes digressent sur la Théorie de la Terre Creuse, tirant un fil, le reste venant

avec (car ici tout est lié), convoquant Edmond Halley, Jules Verne, Willis George Emerson, Umberto Eco et les autres pour un détour dans l’imaginaire… L’auteur insère : « Le lecteur se lasse peut-être. Il a raison : un tel recensement devient vite fastidieux. » Non ! Le lecteur ne se lasse pas, il jubile et se prend à rêver. MARION CORDIER

Les vies multiples de Jeremiah Reynolds Christian Garcin Éditions Stock, 17 €


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À CHACUN SON YÉTI en filigrane, s’esquisse la question rémanente d’une politique culturelle à l’échelle d’une ville et au-delà. On constate quel chemin a été parcouru depuis cette déclaration d’un ancien maire de la ville rappelant au jeune Lucien Clergue « qu’un conservateur était là pour conserver et non pour montrer des expositions de photographies ». L’ouvrage s’appuie sur de nombreux documents, notices et annexes ad hoc et on appréciera la qualité de reproduction des œuvres imposée par un tel projet. CLAUDE LORIN

*L’exposition Oser la photographie s’est déroulée du 4 juillet au 3 janvier Oser la photographie, 50 ans d’une collection d’avant-garde à Arles Silvana Editoriale/Musée Réattu, 39 €

DERRIÈRE LA PORTE

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n soir de Noël, place de la République, Édouard cède aux avances de Reda. Dans le petit appartement parisien du narrateur, les

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idier Tronchet est un touche-à-tout sympathique. Ancien journaliste, écrivain, réalisateur, créateurs de nombreuses BD... L’an dernier il a publié un roman graphique qui aborde un domaine à la fois plus sensible et plus sérieux, et s’inspire d’assez près de sa propre vie. En effet comme son personnage, Didier Tronchet a perdu son père alors qu’il n’avait que 3 ans. Pour le protéger sa mère ne lui a pas expliqué la situation et l’a tenu à l’écart. Du coup un pan entier de sa vie, de ses origines lui a manqué ; il n’a pas eu de modèle paternel et, adulte, s’est senti doublement

deux hommes se confient, rient, font l’amour. À l’aube, tout bascule. La complicité amoureuse s’évanouit. C’est l’irruption de la violence. Reda l’insulte, l’étrangle, le viole. Histoire de la violence, le second roman d’Édouard Louis, raconte cette agression et les bouleversements qu’elle provoque dans la vie de l’auteur d’En finir avec Eddy Bellegueule. La puissance et la beauté de ce livre tiennent beaucoup à l’entre-deux familial que l’auteur instaure pour tenter de saisir la vérité de cette nuit-là. Un an a passé depuis l’agression. Le narrateur n’est plus sous l’emprise de cette « folie de la parole » qui s’est emparée de lui dès le départ de Reda. « Ma volonté de tout dire s’est transformée peu à peu en un essoufflement constant, une fatigue indifférente […] c’est cet état qui m’a décidé à monter dans le train et à faire route jusque chez Clara. » Caché derrière la porte, Édouard écoute. Clara relate à son mari l’histoire que son frère qu’elle n’a

orphelin. Aussi à partir de cette expérience douloureuse, de ce manque, a-t’il écrit un roman en 2011 et une BD en 2014. Avec un dessin simple en noir, gris et blanc, proche de la caricature. Tout commence par un incendie qui se déclare dans l’immeuble du narrateur qui réalise qu’il n’a rien à sauver, et c’est « le vide de (son) existence qui lui saute au visage ». Finalement il se saisit d’un gros sac dans lequel se trouvent des albums photos qu’il n’a pas ouverts depuis longtemps. C’est le point de départ d’une plongée dans son passé qui se poursuit avec l’enterrement de sa grand-mère où il revoit sa mère et sa sœur, mais aussi la maison de son enfance. Une escapade avec son jeune neveu lui permet de s’accepter en tant qu’adulte et d’envisager son avenir avec apaisement. Cet album placé sous le signe de Tintin au Tibet émeut tout en restant plein d’humour ; il peut se lire comme un récit initiatique qui parle de la difficulté de devenir adulte et de l’importance de dire la vérité aux enfants. CHRIS BOURGUE

Le fils du yéti Didier Tronchet Casterman, 16 €

Cette BD fait partie de la sélection pour le Prix littéraire des lycéens et des apprentis de la Région PACA

pas vu depuis deux ans lui a confiée. C’est autour de ce monologue et des digressions de Clara sur le comportement du narrateur, sur sa jeunesse dans le village picard qu’il a fui mais où elle est restée, que s’enroule le propre récit d’Édouard. Comme s’il lui avait fallu en repasser par le lien avec cette sœur « qui te force à voir ce que tu ne peux pas voir de toi », par « cette voix toujours mêlée de fureur, de ressentiment, d’ironie aussi », pour faire émerger l’un des mystères qui hantent le récit : « La volonté réelle de fuir, qui aurait dû se manifester dès les prémices de la colère de Reda, fut ma réaction la plus tardive. » MARIE MICHAUD

Histoire de la violence Seuil, 18 €

Edouard Louis


84 critiques livres

NOUS SOMMES S TOUS KHALED SAÏD La maison d’édition marseillaise Le bec en l’air publie Génération Tahrir : des photos, des dessins et des textes pour ne pas oublier

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ur la couverture noire, le titre claque en lettres jaune vif : Génération Tahrir, en français au recto, en arabe au verso. Jaune soleil sur le noir de la répression. Le livre a l’allure d’un carnet moleskine. Carnet des voyages et des nombreux séjours que la jeune photographe belge Pauline Beugnies a faits en Égypte dès 2008. Bien que contrainte de rentrer en Europe en 2013, elle y est fréquemment retournée et n’a eu de cesse de concrétiser son projet, qu’elle explique dans le prologue : « proposer une vision personnelle de ce temps de l’histoire égyptienne », dans un livre qui soit « la trace d’une histoire inachevée ». Car « la jeunesse, étincelle de la révolution égyptienne, star ou anonyme, a disparu des écrans, mais pas seulement. La rue lui a été confisquée. Sa parole réduite au silence, muselée, bâillonnée, étouffée. » Le livre entend donc rendre vie et parole à ces jeunes qui ont occupé la place Tahrir en janvier 2011. Certains, comme Khaled Saïd, y sont morts. D’autres cherchent aujourd’hui à inventer une nouvelle Égypte, malgré les violences policières, en dépit du chaos. À tous ces jeunes au « courage insensé » Pauline Beugnies rend un hommage émouvant dans un album qui couvre les années 2010-2015. Ses photographies et ses textes, colorés, vibrants, montrent que le débat se poursuit vaille que vaille, que de nouvelles

DE L’AUTRE CÔTÉ DE LA LUMIÈRE

ne aventure déroutante et un sujet sérieux auraient pu déstabiliser ou repousser des adolescents. Il n’en est rien : le livre d’Antonio Moresco a intrigué les jeunes lecteurs du Prix littéraire des lycéens et des apprentis de la Région PACA. Qu’en est-il ? « Venu ici pour disparaître », un homme adulte, peutêtre déjà vieux, s’installe loin des hommes dans un village perdu, pour contempler la nature et dialoguer avec les hirondelles et les lucioles. Cependant il remarque chaque nuit une « petite lumière qui s’allume soudain ». Or nulle habitation n’est mentionnée dans cette partie de la forêt montagneuse. D’où vient cette lumière ? Quelqu’un l’allume-t-il ? Le narrateur décide de partir à sa recherche et fait une étrange rencontre, celle d’un enfant

formes artistiques émergent, que des voix contestataires parviennent à se faire entendre, qu’on peut encore espérer et aimer en Égypte aujourd’hui. Les dessins éloquents d’Ammar Abo Bakr accompagnent les images, les envahissent parfois, comme il continue (envers et contre tout) d’envahir les murs de la ville de ses fresques satiriques. Et c’est à l’écrivain blogueur Ahmed Nagy que la photographe a laissé le dernier mot : « Disons adieu aux peines et aux fantômes. Cherchons, de l’intérieur, une révolution, une trajectoire nouvelle. Le pire danger serait de s’abandonner à la nostalgie. […] Le pire de tout, ce serait de sacraliser une image donnée », écrit-il dans son féroce et lucide Adieu jeunesse. Preuve que cette génération Tahrir est bien là, qu’elle résiste, qu’elle avance et qu’elle brille… comme une petite lumière dans la nuit. FRED ROBERT

Génération Tahrir (bilingue français arabe) Pauline Beugnies (textes, photographies) Ammar Abo Bakr (illustrations) Ahmed Nagy (textes) Éditions Le bec en l’air, 30 € Le livre a été présenté à La Friche Belle de Mai le 29 janvier. Exposition des photographies en grand format, vidéos, fresque murale et concert ont accompagné l’événement

surprises, nous obligeant à lâcher prise et à frôler le fantastique. Le narrateur est-il en dialogue avec l’enfant qu’il a été, comme s’il revoyait défiler sa vie, essaie-t-il de dialoguer avec des âmes perdues, comme si c’était normal, cherche-t-il un sens aux forces de vie qui habitent les hommes et la nature ? Certainement très proche de son personnage, l’auteur a déclaré avoir écrit ce texte après une période assez obscure pour lui. Un film est en train de se tourner dans lequel il joue le rôle du narrateur, comme s’il voulait un peu plus encore nous dérouter... Qui êtes-vous vraiment Antonio Moresco ? en culottes courtes qui vit seul dans une maison de pierres. S’ensuivent de nouvelles visites qui laissent le narrateur et le lecteur perplexes, naviguant entre réel et imaginaire sans que les frontières soient clairement définies. C’est ce qui fait le charme de ce livre, charme multiplié par la langue riche et poétique de cet auteur venu assez tard à la littérature. Il nous introduit peu à peu dans un monde mystérieux, ménageant des

CHRIS BOURGUE

La petite lumière Antonio Moresco traduit de l’italien par Laurent Lombard Verdier, 14 € Ce roman est sélectionné pour le Prix littéraire des lycéens et des apprentis de la Région PACA


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PIRATES ET UTOPIE C’est un roman flamboyant que nous offre Sylvain Pattieu avec Et que celui qui a soif, vienne : roman de la flibuste avec tous les ingrédients du genre, capitaines au long cours impitoyables, mutineries, abordages, batailles, assaut de forteresse pour délivrer des compagnons promis à la corde, escales, tripots, esclaves, ivrognes, enfants des rues, repris de justice, hommes enrôlés de force, femmes envoyées au nouveau monde, mystiques illuminés… sans compter crochet, jambe de bois et l’indispensable perroquet. Une foule de personnages dont on entend les voix, tour de force stylistique, sans aucun dialogue. Mais il serait injuste de limiter ces belles pages à un simple récit de pirates, même génialement raconté. Avec l’Enterprise, bateau négrier, le Batavia, marchand hollandais, le Florissant et son équipage enrôlé de force, se tissent, trois trajectoires parallèles, unies

VIVRE, MAIS VIEILLIR… Soixante-dix ans, et veuve depuis un an, Judith, ancienne actrice, est une Française

lectures (ainsi Manon Lescaut), anachronismes, échos bouleversants de la vie de l’auteur, et en contrepoint esquisse la destinée de l’anguille, les implacables batailles entre crabes et fourmis. Le temps de la nature et celui des hommes suivent des rythmes différents, tout aussi cruels et sauvages. On rejoint alors la parabole, dessinée par le titre, tandis qu’un souffle homérique traverse l’ensemble. MARYVONNE COLOMBANI

dans la piraterie dans la deuxième partie. Un panorama de l’histoire de la « première mondialisation » est ainsi brossé, évocation des premières compagnies maritimes, ancêtres des multinationales, enjeux liés à la maîtrise des mers. Grain de sable dans ces rouages, la piraterie crée ses propres règles. Les pirates de Sylvain Pattieu instaurent, sur une île déserte, une démocratie dotée de sa constitution votée par tous, « cité idéale », vouée à la destruction. Roman aux multiples entrées, Et que celui qui a soif, vienne mêle personnages imaginaires, historiques, réminiscences de

expatriée aux États-Unis, fuyant une famille qui a détruit son premier amour. Pas le temps de s’apitoyer, sa voisine Janet, une pétulante octogénaire l’invite à un voyage organisé… une sorte de bref « séjour sous-vide », spécial troisième âge ! Un cauchemar ! À travers ces deux portraits, sourd une analyse sociologique du regard porté sur les corps vieillissants, acide et amusée. Si les formes s’affaissent les pensées non, et ce sont elles que la société tend à déconstruire, mise en adéquation à l’usure physique ? Janet se bat, vole dans les supermarchés, « pour se sentir vivre », va sur les sites de rencontre, le sexe n’est pas qu’une affaire de jeunesse ! Judith qui s’engourdissait dans son deuil, fuyait les miroirs, réagit alors, retrouvant une photo de son frère glissée entre les pages du Voyage au Bout de la nuit de Céline, décide de retourner en France, de parler enfin avec lui. Régler ses comptes avant qu’il ne soit trop tard. Les fantômes de la mémoire surgissent, les passions, les choix, les colères, les révoltes, secrets de famille, amours, préjugés, histoires qui échappent

Et que celui qui a soif, vienne Sylvain Pattieu Éditions du Rouergue, collection La brune, 21,80 €

au tragique par leur banalité même. Judith recherche dans les lieux les traces d’un passé révolu, sur les visages marqués par le temps, les traits anciens de leur jeunesse. La plume de Céline Curiol rapide, légère, a le sens du détail signifiant, brosse caractères et situations avec une intelligence aigüe, aborde le sujet de la vieillesse, le passant au crible de l’humour, dénonçant une société qui, englobant cet âge au consumérisme général, lui a enlevé l’apanage de la sagesse. En quête d’une réelle fraternité humaine. M.C .

Les vieux ne pleurent jamais Actes Sud, 21 €

Céline Curiol


86 critiques patrimoine

Découvrir, mais

comment ? Comme en écho à la belle exposition 2015 Néo ! Marins-bergers de Provence il y a 8 000 ans, le Musée de la Préhistoire de Quinson présente On s’installe ? Moments de Préhistoire entre Jabron, Artuby et Verdon, une formule légère du fait de sa volonté d’itinérance

C

ette exposition est le fruit d’une collaboration étroite entre le Musée de Quinson et le laboratoire CEPAM (CNRS, Université Nice Sophia Antipolis), réunissant quatre commissaires d’exposition, Sophie Marchegay (directrice du Musée de Quinson), Guillaume Porraz (UMIFRE 25, CNRS Institut français d’Afrique du Sud), Louise Purdue et Antonin Tomasso (tous deux membres du CEPAM, CNRS, Université Nice Sophia Antipolis). Ce projet d’exposition régionale PACA, réunit des œuvres prêtées par le Service Régional d’Archéologie de PACA, le Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco, le Musée de Quinson qui présente des objets de ses réserves, et le Laboratoire CEPAM. Présentation en épure, des panneaux explicatifs, agrémentés de dessins (Carole Cheval) mettent en scène l’homme du paléolithique, s’ajoutent des vitrines et des bornes munies d’écrans interactifs. L’originalité du propos est de nous mêler au cœur même de la recherche. Ce pourrait être indigeste et ardu, mais tout est rendu avec un esprit ludique. Laissons-nous guider par le personnage d’enfant qui désigne Le Lieu où tout sera découvert quelques millénaires plus tard. Ombre fraîche, rivière poissonneuse, troupeaux, chevaux que l’on mange plutôt que de les entraîner au saut d’obstacles, on fait un feu, on monte un abri, on taille des silex, on se spécialise dans le racloir (vive la modernité du paléolithique supérieur !), on ne range pas trop avant de repartir, la gestion des déchets se régule par l’effet de la crue, qui enveloppe tous les restes, charbons, mandibules, rebuts,

Crâne de Capridé Musée de Monaco © Maryvonne Colombani

dans sa gangue de terre, une aubaine pour nos archéologues contemporains !

De la contextualisation à la prospection L’exposition commence par la contextualisation, détermine les conditions de vie, l’environnement géographique et climatique lors du dernier maximum glaciaire des glaciers jusqu’à Sisteron et un niveau de la mer qui vous laisse le Vieux-Port de Marseille à sec. Cro-Magnon s’installe sur le littoral provençal, ayant bien conscience que ce serait une région privilégiée plus tard. Il se déplace, cueille, chasse aurochs, bouquetins, rennes bisons Dont des restes, trouvés sur le site de la grotte des Enfants à Vintimille, sont exposés, ainsi que les outillages issus de sites du Verdon : Baume Bonne, grotte Sainte-Maxime (Quinson, 04) et abri Breuil (Montmeyan, 83), dont on apprend à reconnaître les différences selon leur appartenance au paléolithique moyen ou au paléolithique supérieur. Une carte semée d’éclats de pierres indique les points de découverte et l’infinie variété des silex et de leurs usages : le silex de Ciotti ou de Périnado, l’orthoquartzite, le rhyolithe de l’Estérel, la maiolica, le calcare con selce, les radiolarites, assortis de +++ selon leur aptitude à la taille. Une question taraude alors l’archéologue : pourquoi aucun site n’est connu dans cette région qui a pourtant été fréquentée très régulièrement par des groupes humains depuis au moins 100 000 ans ?

Nous voilà initiés à la prospection, à ses difficultés, à la découverte avec celle exceptionnelle du site des Prés de Laure, à Comps-sur-Artuby, en 2012, ses centaines de silex, mais aussi les traces de l’occupation humaine…il y a plus de 20 000 ans. La fouille ne va bientôt plus avoir de secrets pour le visiteur, pas plus que la quantité incroyable de métiers qu’elle génère, bénévoles qui suivent les campagnes, grattant avec précautions (truelles spatules, balayettes), passant au tamis, respectant la maxime d’André Leroi Gourhan « une fouille idéale serait celle qui 20 ans après, on pourrait remettre à leur place le moindre objet la moindre esquille d’os et le plus petit grain de sable », géomorphologues, géoarchéologues, archéobotanistes, anthracologues, palynologues, archéozoologues et j’en passe. Tout cela pour un puzzle géant et enthousiasmant ! MARYVONNE COLOMBANI

On s’installe ? Moments de Préhistoire entre Jabron, Artuby et Verdon jusqu’au 16 mai Musée de Préhistoire des gorges du Verdon, Quinson 04 92 74 09 59 museeprehistoire.com


Kellylee Evans. Photographie : Arnaud Compagne

AIX-EN-PROVENCE 96.2 MARSEILLE 92.8 jazzradio.fr


QUEL AVENIR POUR NOS FRONTIÈRES ? CYCLE DE GRANDES CONFÉRENCES PENSÉES DU MONDE 2016

MUCEM.ORG

© Mona Hatoum, photo Agostino Osio/Courtesy the artist and Fondazione Querini Stampalia, Venice

MICHEL FOUCHER - 25 février à 19 h RASHID KHALIDI - 14 mars à 19 h ACHILLE MBEMBE - 28 avril à 19 h MILAD DOUEIHI - 19 mai à 19 h BARBARA CASSIN - 2 juin à 19 h


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