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ZIBELINE JOURNALZIBELINE.FR du

23.01 au

26.02.2016

2€ Société

festivals

Critiques

Métropole Aix-Marseille Théâtre à la Maison centrale Mais où va la France ?

Les Élancées Fest’hiver Télémaque Les Hivernales Reevox Festival Parallèle

Mustafa Benfodil Cartographie algérienne au MuCEM Nos livres du mois


T H É Â T R E J O L I E T T E M i n o T E R i E

SCÈNE CONVENTIONNÉE POUR LES EXPRESSIONS CONTEMPORAINES

2 place Henri Verneuil 13002 Marseille

saison III 2015-2016

Métro 2 Joliette Tram T2 et T3 Euroméditerranée Bus 35, 55, 82

HANOkH LEVIN / dAVId STROSbERg kVs / BRUXELLEs

« Ce qui est merveilleux dans ce théâtre, c’est que les personnages ont beau être des affreux, ils sont en même temps profondément sympathiques. Leur dimension caricaturale y est bien sûr pour quelque chose. La précision et l’humour phénoménal des interprètes jouent un rôle essentiel dans la réussite de cette satire aussi méchante que désopilante. » Hugues Le Tanneur - Libération JEUdI 25 fÉVRIER 20h V E N dR E dI 2 6 fÉVRIER 20h SAMEdI 27 fÉVRIER 19h

aU THéâTRE JoLiETTE-MinoTERiE

www.theatrejoliette.fr

04 91 90 74 28 / resa@theatrejoliette.fr

photo © Danny Willems


JANVIER FÉVRIER 2016

RETROUVEZ ZIBELINE ET VOS INVITATIONS SUR NOTRE SITE JOURNALZIBELINE.FR

Mensuel payant paraissant un samedi par mois Édité à 16 000 exemplaires, imprimés sur papier recyclé Édité par Zibeline BP 90007 13201 marseille Cedex 1 Dépôt légal : janvier 2008

SORTIR

de l’hébétude

S

e taire, face à la récupération en cours de l’extrême droite ? Se taire, face au soupçon de racisme, au repli identitaire, aux sourires goguenards du type

je vous l’avais bien dit ?

Imprimé par Riccobono

2015 entamée et conclue par les traumatismes des attentats islamistes, ouvre

Crédit couverture : Alouette sans tête © Yann Marquis

sur des vœux 2016 bien difficiles à prononcer. Ankara, Paris, Ouagadougou et

Conception maquette Tiphaine Dubois / Alouette sans tête

le réveillon de Cologne nous ont acheminé vers une année nouvelle, et l’ère de l’hébétude.

Directrice de publication & rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@gmail.com 06 09 08 30 34 Rédactrice en chef adjointe Dominique Marçon journal.zibeline@gmail.com 06 23 00 65 42 Secrétaire de rédaction Delphine Michelangeli d.michelangeli@free.fr 06 65 79 81 10

Aujourd’hui la presse compte les morts. Aujourd’hui la presse dénombre les agressions sexuelles, les plaintes, les pourcentages de réfugiés parmi les suspects. Les européens progressistes savent qu’ils ont perdu le combat, et les réfugiés venus chercher la paix en Europe rasent les murs. La presse compte, et ne sait plus comment commenter. Après Cologne elle s’est tue. Scandaleusement. 776 plaintes, dont

ARTS VISUELS Claude Lorin claudelorin@wanadoo.fr

l’essentiel pour délits sexuels. Ces femmes ont vécu un enfer que

LIVRES Fred Robert fred.robert.zibeline@gmail.com MUSIQUE ET DISQUES Jacques Freschel jacques.freschel@gmail.com CINÉMA Annie Gava annie.gava@laposte.net

06 82 84 88 94

chacun minimise, comme si leurs tenues, leur désinvolture, la proximité de leurs corps (un bras de distance !) les rendaient quelque part coupables. Le sempiternel soupçon

06 20 42 40 57

06 86 94 70 44

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face au viol et aux attouchements. On les écoute avec gêne. La police allemande a camouflé

Élise Padovani elise.padovani@orange.fr

les faits, brouille aujourd’hui les pistes en ne distinguant pas

André Gilles a-gilles@wanadoo.fr

les plaintes pour viol, pour agression sexuelle, pour agression

ÉDITO

06 25 54 42 22

simple, pour vol. Elle compte, comme la presse, sans penser, hébétée. De fausses photos de victimes circulent sur Internet. La désinformation Polyvolants Chris Bourgue chris.bourgue@wanadoo.fr Maryvonne Colombani mycolombani@gmail.com

06 03 58 65 96 06 62 10 15 75

Gaëlle Cloarec ga.cloarec@gmail.com

est totale, et on ne sait si ces agressions qui ont eu lieu simultanément dans plusieurs villes ont été téléguidées, ou spontanées. Où va-t-on, vers quel chaos, vers quels dénis ? Les agresseurs de Cologne ne sont pas des réfugiés, ce sont des criminels, a déclaré la Chancelière qui ferme

Marie-Jo Dhô dho.ramon@wanadoo.fr Marie Godfrin-Guidicelli m-g-g@wanadoo.fr 06 64 97 51 56 Jan Cyril Salemi jcsalemi@gmail.com

les frontières. Les terroristes ne méritent pas d’être Français, déclare Manuel Valls qui établit des degrés de citoyenneté en décrétant qui peut la perdre. Le Front national et Pegida se frottent les mains, et osent de monstrueux amalgames entre réfugiés, musulmans, et sexisme criminel.

Maquettiste Philippe Perotti philippe.zibeline@gmail.com

Mais pourquoi taire que certains Musulmans ont un rapport aux femmes pro06 19 62 03 61

Directrice Commerciale Véronique Linais vlinais@yahoo.fr 06 63 70 64 18 La régie Jean-Michel Florant laregie@gmx.fr 06 22 17 07 56 Collaborateurs réguliers : Régis Vlachos, Dan Warzy, Frédéric Isoletta, Yves Bergé, Émilien Moreau, Christophe Floquet, Pierre-Alain Hoyet, Aude Fanlo, Thomas Dalicante, Marion Cordier, Franck Marteyn Administration Axelle Monge admin@journalzibeline.fr Houda Moutaouakil contact@journalzibeline.fr

06 33 78 94 09 04 91 57 75 11

blématique ? Certes l’Islam n’en est pas responsable, certes ils ne sont pas les seuls, mais nier Cologne est une infamie. Et revient à renoncer à vivre vraiment ensemble, tous, en progressant vers l’autre. À laisser la place à ceux qui attisent la haine et instrumentalisent ces violences, contre lesquelles plusieurs centaines d’habitantes de Cologne ont officiellement porté plainte. AGNÈS FRESCHEL


sommaire 92

SociÉtÉ

Métropole Aix-Marseille, épisode 1 [P.6-7] Théâtre à la Maison centrale d’Arles [P.8-9] Vœux à la presse de Christian Estrosi [P.10] Vœux à la presse de Jean-Claude Gaudin [P.11]

Politique culturelle

Dispositif régional « Trop puissant » [P.12] Fermeture annoncée de l’École de Paysage [P.13] Entretien avec Raymond Yana, président AF&C [P.14] Expo du MuCEM [P.15] Théâtres Liberté et Châteauvallon labellisés [P.16] Port des créateurs Toulon [P.17] © Creative Commons

Évènements

MuCEM [P.18-19] Festival Reevox [P.20] Festival Télémaque [P.21] Festival Parallèle [P.22] Opera Mundi, Villa Méditerranée [P.23] Festival Les Élancées [P.24] Festival Greli Grelo [P.25] Fest’hiver, Festival Hivernales [P.26-27] Flying Cow, Cie De Stilte © Hans Gerritsen

critiques

Théâtre, rencontres [P.28-30] Musique [P.32]

Smashed © Ludovic des cognets

au programme

Musiques [P.34 À 38] Spectacles [P.43 À 61]

Ainsi soit-il, exposition Andres Serrano, Collection Lambert, déc 2015 © Delphine Michelangeli

Arts visuels [P.68 À 71] livres [P.72-76] patrimoine [P.78]



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société

MÉTROPOLE OU MONOPOLE ? SERPENT DE MER, FANTASME, FANTÔME, DEPUIS DES ANNÉES, UNE MÉTROPOLE QUI REGROUPERAIT LES TERRITOIRES D’AIX, MARSEILLE ET LES ALENTOURS RESTE DU DOMAINE VIRTUEL...

V

ieil idéal nourri par de nombreux acteurs économiques et politiques, sa réalisation s’est toujours heurtée à des freins et de vives polémiques qui n’ont jamais permis la moindre avancée. Depuis 2014, tout semblait pourtant réglé. Le gouvernement, par sa réforme territoriale, actait le principe définitif de l’aire métropolitaine Aix-Marseille-Provence. La nouvelle entité verrait le jour le 1er janvier 2016, c’était certain. Sauf que... Ici, c’est pas pareil !

Loin d’être nourricière pour ses « enfants » alentour, Marseille jouerait plutôt les ogresses Dans le premier volet de ce dossier -qui en comptera deux autres, à paraître dans les prochains numéros de Zibeline- nous allons tenter de cerner cette métropole, ses enjeux, et les barrages qui la laissent au point mort. Un peu d’étymologie éclaire parfois sur une situation. À la racine du mot « métropole », les termes grecs « mêtêr », mère, et « polis », ville. Autrement dit, une métropole serait une vaste « ville-mère », enveloppante et nourricière. Dans l’idéal. Dans les faits, ici, la réalité est moins idyllique. Sur le territoire provençal, pour imager le propos, il y aurait une ville-mère, Marseille. Et loin d’être nourricière pour ses « enfants » alentour, Marseille jouerait plutôt les ogresses. Ses enfants, refusant de se laisser faire, lui résistent farouchement. D’autant plus qu’il y a bien longtemps qu’ils se sont émancipés de cette vieille mère, coincée entre collines et mer. Pendant que Marseille stagnait dans l’immobilité, eux ont grandi, se sont développés, enrichis, et il n’est pas question aujourd’hui qu’ils se laissent avaler par la marâtre. L’idée d’une métropole, ils n’y sont pas forcément hostiles. Ce qu’ils refusent,

c’est qu’elle se transforme en monopole, qui servirait en priorité les intérêts de Marseille.

Ceinture rouge

Ailleurs en France, la notion de métropole s’est développée bien des années avant que la forme devienne une entité administrative officielle. Dans des villes comme Lyon, Toulouse, Rennes ou Lille, le déséquilibre entre la ville phare et ses satellites est bien moins marqué qu’ici. Les passerelles entre les territoires ont été de longue date facilitées, encouragées, et les métropoles y ont vu le jour à la date prévue, en janvier 2015. La situation en Provence est en fait un héritage des gestions politiques successives de Marseille, qui, au lieu de collaborer avec ses voisines, a fait le choix initial de s’en couper. À l’origine de ce choix, il y a la volonté de Gaston Defferre, qui régna sur la ville entre 1953 et 1986, et qui, par tactique politique, refusa l’ouverture vers ce qui était alors une « ceinture rouge ». Quand, dans les années 60, une communauté urbaine du Grand Marseille fut envisagée, le maire s’y opposa, par crainte de donner trop de poids aux villes communistes des environs. Martigues, Port-de-Bouc à l’ouest, Berre, Septèmes au nord, Aubagne à l’est. Marseille resta donc repliée sur ellemême, sans pour autant se développer. L’autre « ceinture rouge » d’alors était un caillou déjà bien assez encombrant dans la chaussure de Defferre. Elle regroupait les quartiers nord de la ville, du 13e au 16e arrondissements, et le vote de leurs habitants, populaires, ouvriers,

issus de l’immigration, penchait très à gauche. Inutile de risquer d’accroître l’influence communiste en s’ouvrant au-delà des collines. Tandis que les autres villes de France amorçaient des regroupements avec leurs voisines, Marseille se figea sur elle-même et prit 30 ans de retard. En son sein même, l’inertie dominait, et les quartiers rouges furent laissés pour compte et enclavés, tels qu’ils le sont encore aujourd’hui. En 2016, pour traverser la ville du nord au sud, aller de Saint-Antoine à Luminy, en transports en commun ou en voiture, il faut à peu près autant de temps que pour se rendre de Marseille à Nîmes. Le rassemblement tardif, en 1992, de 18 communes autour de Marseille-Provence-Métropole ne suffit pas à combler le fossé déjà creusé. Quant à la gestion de Jean-Claude Gaudin, maire depuis 1995, elle a aggravé les fractures du territoire marseillais, tandis qu’autour les communes se regroupaient et accéléraient leur développement, laissant Marseille à la traîne.

Désaccords majeurs

Aujourd’hui, la métropole, censée fonctionner depuis le 1er janvier, concerne 1,8 millions d’habitants et 92 communes, réparties sur six entités : Marseille-Provence-Métropole, Pays d’Aubagne et de l’Étoile, Pays d’Aix, Pays de Martigues, Ouest Provence et Salon-Etang de Berre-Durance. Ces entités, devenues des conseils de territoire, sans personnalité morale, ont fusionné sous la bannière Aix-Marseille-Provence. En théorie.

À SUIVRE

Dans les prochains numéros de Zibeline, vous trouverez la suite de notre dossier. En février, nous évoquerons plus en détail les objectifs de la métropole, en recueillant les avis de ceux qui y sont favorables. Quelle est son importance pour l'unité du territoire, quel rôle peut-elle tenir pour amorcer des réalisations en matière de transports ou d'urbanisme. Enfin, en mars, nous donnerons la parole aux opposants. Quelles sont leurs raisons, pourquoi élus de droite et de gauche se rejoignent dans ce combat et quelles sont leurs propositions.


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1 - MARSEILLE-PROVENCE 1 045 823 hab. 131 conseillers métropolitains

4 - PAYS D’AUBAGNE ET DE L’ÉTOILE 103 497 hab. 16 conseillers métropolitains

2 - PAYS D’AIX 382 690 hab. 55 conseillers métropolitains

5 - OUEST PROVENCE 98 113 hab. 10 conseillers métropolitains

3 - SALON - ÉTANG DE BERRE - DURANCE 140 879 hab. 21 conseillers métropolitains

6 - PAYS DE MARTIGUES 70 457 hab. 7 conseillers métropolitains

En réalité, la métropole est bloquée, et c’est parti pour durer. Les précédentes entités avaient des compétences qui variaient selon chacune. La métropole sera un bloc et dictera la ligne des transferts de compétences issus des communes, des départements, de la région ou de l’État. Au lieu de réduire le fameux mille-feuille territorial, elle ajoutera sa couche. Difficile d’en connaître les détails, d’autant qu’une période transitoire est prévue jusqu’en 2018, mais la métropole aura des compétences obligatoires qui seront de fait retirées aux communes. Dans des domaines aussi vastes que le développement économique, social et culturel, l’habitat ou l’environnement. Bon nombre de communes craignent d’être absorbées et livrées à tel ou tel intérêt stratégique, sans prise pour résister. Largement majoritaires parmi les 92 maires concernés, les opposants à la création de la métropole, et surtout à la prédominance de Marseille sur son fonctionnement, ont usé de tous les rouages pour la mettre à l’arrêt. En tête de la fronde, Maryse Joissains, maire

d’Aix, et présidente du riche Pays d’Aix. Elément majeur de discorde, le nombre démesuré de conseillers communautaires attribués à Marseille, grâce à un amendement initié par le sénateur Gaudin : 108 sur 240, quand Aix n’en comptera que 17, Aubagne, Martigues ou Salon, à peine 5, et toutes les villes de moins de 20 000 habitants, un seul. Le maire de Marseille, convaincu de son affaire, pensait pourtant prendre les rênes de la métropole au 1er janvier, et voir venir. Dans des circonstances rocambolesques, il en avait été finalement élu président en novembre. Mais en décembre le Conseil d’État prononce la suspension de la métropole, en raison notamment de cette répartition déséquilibrée des conseillers. D’ici fin février, le Conseil constitutionnel doit statuer définitivement sur cette question. Coup de grâce pour Gaudin, le 7 janvier, le Tribunal administratif de Marseille annule son élection, toujours au motif de cette répartition, véritable faille ouverte pour les opposants. La décision est contestée en appel auprès du Conseil d’État,

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qui mettra des mois avant de livrer son verdict. L’appel étant suspensif, le président annulé considère qu’il dirige toujours une institution dont la mise en œuvre a été suspendue ! Avec, pour conclure cet imbroglio, la question de qui payera les 7500 fonctionnaires territoriaux. La métropole, qui n’existe pas, assure Gaudin. Les six communautés de communes, qui n’existent plus, certifie Joissains. Non, vraiment, ici, c’est pas pareil... JAN-CYRIL SALEMI


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société

À LA FIN D’UNE ANNÉE OÙ LA CONFIANCE EN LA NATURE HUMAINE A ÉTÉ MISE À RUDE ÉPREUVE, LA PLUS DURE DES PRISONS A DÉLIVRÉ UN MESSAGE D’ESPOIR.

THÉÂTRE L SOUS ÉCROU : CROIRE EN LA PERFECTIBILITÉ HUMAINE

a Maison Centrale d’Arles est un établissement pénitentiaire particulier. Une des neuf prisons françaises qui hébergent les condamnés aux peines les plus longues. 135 détenus y vivent chaque jour l’enfermement, 230 personnes y travaillent, et si la préoccupation essentielle est la sécurité, la surveillance, il s’agit également d’y préparer une lointaine sortie, et d’éviter la récidive. C’est-à-dire, profondément, de faire évoluer les détenus, pour la plupart coupables d’homicides ou d’assassinats : 57% y purgent des peines de plus de 20 ans, dont 13% à perpétuité, et les condamnés à des peines plus courtes sont en Maison Cen-

ojic tS cen © Vin

trale pour juguler la violence manifestée en centre de détention, ou lors de tentatives d’évasions. Il est donc question, puisqu’ils sont enfermés sans perspective tangible de sortie, même provisoire, que leur séjour entre ces très hauts murs soit vivable, et que leur violence y soit apprivoisée. À la Maison Centrale d’Arles, le théâtre a déjà accompli ce petit miracle. À la fois modeste et immense, parce qu’il dit, mieux que tout, ce que le rapport à la culture et à l’art peut changer. Deux représentations ont eu lieu, les 29 et 30 décembre, d’une pièce écrite par un condamné, Jean Ruimi, et jouée par lui et six de ses codétenus. Il a commencé à l’écrire aux Baumettes, où il purgeait ses premières années de peine avant d’être transféré en Centrale. Là, en arrivant, il l’a fait lire à la directrice, Christine Charbonnier, et lui a demandé s’il pouvait la monter avec des codétenus, sans présence extérieure. Elle l’a lue, et a accepté de les laisser travailler sans surveillance, seuls. Après plusieurs mois en autonomie, en panne d’un savoir faire qu’ils ne soupçonnaient pas, ils ont demandé si des professionnels pouvaient les aider. Et JeanMichel Gremillet, ancien directeur de la scène nationale de Cavaillon qui mène de nombreux projets culturels dans les prisons, a demandé à Joël Pommerat de venir. Ce que l’un de nos plus grands metteurs en scène a accepté, accompagné de Caroline Guiela Nguyen. Il est venu les faire travailler plusieurs fois par mois, et elle plus souvent encore ; eux se sont réunis trois après-midis par semaine, pendant 15 mois, puis tous les jours les derniers temps. Les théâtres d’Arles, de Cavaillon, de Valence, ont pourvu aux lumières, au son, et conçu un décor, modeste. Et le 29 décembre, les lourdes et nombreuses grilles de la prison se sont ouvertes, successivement, longuement, pour que quelques familles, quelques journalistes, quelques professionnels de théâtre, entrent dans cet univers hallucinant qu’est une prison hyper sécurisée, et s’assoient aux côtés de détenus dont certains visages nous sont familiers, pour regarder d’autres détenus nous parler, à travers une fiction à peine décollée de leur réel, de ce qu’ils vivent en prison.


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Sortir dedans

Car Désordres d’un futur passé met en scène des prisonniers lourdement condamnés, et qui ne cessent de s’évader. Pas en hélicoptère ou en prenant des otages, non, en laissant leur esprit s’envoler au cours d’un rêve éveillé, en imaginant qu’ils gagnent au loto et peuvent enfin manger d’énormes steaks ou être généreux avec leurs proches, en construisant une machine à voyager dans le temps pour se projeter vers la fin de leur peine... Parlant sans cesse, à toute vitesse, les comédiens s’affrontent, se coupent la parole, exigent de l’autre un respect qu’ils ont du mal à s’accorder, une écoute dont ils sont à peine capables. Mais ils communiquent, jouent, bougent, rient, sont totalement investis, eux qui, aux dires de Jean Ruimi, avaient auparavant du mal à prononcer ne serait ce qu’un mot en public. Les dialogues et leurs relations sonnent juste, d’une vérité qui n’est pas celle du théâtre, mais celle de non-dits douloureux. Car ce dehors qu’ils imaginent et désirent est menaçant : projetés par erreur dans un camp de concentration nazi, ils échouent à sortir de l’enfer carcéral et la fin de la pièce, où le personnage principal dit adieu à ses camarades parce qu’il est finalement libérable, raconte aussi combien il est difficile de revenir au réel, sans avoir gagné au loto, et en laissant les autres derrière, dedans. Dehors, dedans. D’un mur à l’autre, comme des humains en cage, ces comédiens de deux jours arpentent le court plateau d’un atelier de confection transformé pour l’occasion en étroite scène de spectacle. Après le spectacle ils disent que le théâtre leur a permis

Les dialogues et leurs relations sonnent juste, d’une vérité qui n’est pas celle du théâtre, mais celle de non-dits douloureux

de « tout laisser dehors », les coups durs de la vie carcérale, les mauvaises nouvelles, pour se ménager un espace à eux. Ils parlent aussi de cet autre lieu à eux, l’Unité de Vie Familiale où ils ont le droit parfois, durant 48 heures, de retrouver leur famille, sans surveillance. L’un parle de ce fils qu’il ne connait que grâce à cette UVF parce qu’il avait 6 ans lorsqu’il a été arrêté : il vient de passer son bac, et son père en est fier, parce que « l’éducation, l’instruction, est la chose la plus précieuse à donner ». Lisaient-ils, faisaient-ils du théâtre, avaient-ils une pratique artistique avant la prison ? Aucun, ni l’auteur ni les autres, mais chacun y trouve une liberté qu’il veut continuer à goûter, parce qu’elle a canalisé ses émotions, fabriqué du lien entre eux, ouvert une porte vers le monde.

Généraliser l’expérience

« Jamais je n’avais eu autant le trac que quand j’ai vu que les gradins étaient pleins », avouent plusieurs d’entre eux. Ni à leur procès, ni durant leur vie criminelle, ces hommes n’ont éprouvé d’émotion aussi forte que lors de ces représentations. Des membres de l’administration pénitentiaire et du cabinet de Christiane Taubira étaient là, pour partager cette expérience. Est-elle reproductible ? La culture et l’art ne sont pas absents des prisons, de nombreux ateliers, d’écriture, multimédia, photographiques, existent.... mais il s’agit là d’une initiative personnelle, porté par un désir singulier, qui parle de l’enfermement et de l’évasion. Peut-on imaginer de généraliser un dispositif aussi exceptionnel ? Jean Ruimi et ses compagnons sont persuadés qu’il faut le faire, et disent qu’ils sont capables d’aller plus loin, de jouer autre chose, de travailler à mettre en place des théâtres dans toutes les maisons centrales, et dans tous les centres de détention qui hébergent de plus courtes peines. Au vu de l’efficacité humaine tangible de l’expérience, on ne peut que le souhaiter à nos établissements pénitentiaires qui s’en trouveraient pacifiés, et à notre société qui aurait moins à craindre de la violence des 77 000 personnes qui vivent actuellement sous écrou, et sont destinées à recouvrer leur liberté un jour. Quant au théâtre, qu’y gagne-t-il ? La dé-

« Jamais je n’avais eu autant le trac que quand j’ai vu que les gradins étaient pleins », avouent plusieurs d’entre eux monstration éclatante de son utilité sociale et humaine, de ses vertus réformatrices, mais pas seulement. Formellement l’enfermement, les murs, la lumière et ses noirs coupants, la parole qui libère vraiment l’émotion et permet d’imaginer une histoire, l’espace du jeu qui figure un ailleurs qu’on ne peut atteindre ou connaître, tout cela est son enjeu même. Il est commun à tous, et il est urgent de recommencer à partager cette essence dramatique, en libérant les pratiques. En prison, partout où les hommes et les femmes travaillent, rient et souffrent. Pour retrouver ce que le jeu met en jeu, que Joël Pommerat cherche si finement dans son théâtre professionnel, et que ces amateurs si particuliers ont su, malgré leur fébrilité souvent maladroite, faire surgir avec force dans l’atelier de confection d’une des prisons les plus sécurisées de France. AGNÈS FRESCHEL


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société

LES 100 JOURS DE CHRISTIAN ESTROSI

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apoléon s’était donné 100 jours pour arracher la France à la monarchie restaurée, et le premier Président Socialiste avait, en 1981, augmenté le SMIC de 10%, abaissé la retraite à 60 ans, octroyé une 5e semaine de congés payés, et fait passer les lois Auroux sur le travail... Parler de Cent Jours n’est donc pas neutre ! et Christian Estrosi affirme ainsi ses ambitions politiques de changement. Républicain, dit-il, confirmant ainsi le programme élaboré avant le premier tour, et le désir rassembleur qu’il avait affirmé après : il veut améliorer la situation économique par l’investissement vers les entreprises, et renforcer la sécurité dans les gares et les lycées, mesures plutôt de droite ; il veut soutenir l’économie sociale et solidaire, et renforcer le budget de la culture, mesures qui relèvent traditionnellement d’une politique de gauche. Mais où sont nos repères dans un hémicycle où l’opposition est désormais le Front

national ? Affirmant qu’il ne passera aucun compromis « avec quiconque a été élu sur ces listes », Christian Estrosi veut organiser dès le 29 janvier une « conférence territoriale » avec l’opposition de gauche, composée « des acteurs politiques, économiques, culturels, et des intellectuels ». Il affirme également, devant un parterre de journalistes, vouloir soutenir la presse, en particulier la presse écrite : conscient de la crise qu’elle traverse, il se dit aussi confiant dans son avenir. Autant de marques de son attention à rassembler.

dans une région désindustrialisée où l’offre d’emploi s’amenuise... Plus inquiets, aussi, quand il déclare vouloir faire 25% d’économie sur le budget de fonctionnement de la Région. Vente de la Maison de la Région ? Certes, mais ce n’est pas en retirant leur téléphone portable ou leur voiture de fonction au personnel qu’on réduit son coût d’un quart... Une grande part des dépenses est consacrée aux salariés des lycées, personnels administratifs ou techniques, et il est impossible de réduire leurs salaires, indexés sur une échelle fixe très basse, ou leur nombre, déjà insuffisant. D’autant que Christian Estrosi y veut renforcer la sécurité. L’annonce est donc peu réaliste : les dotations d’État sont en baisse et la Région n’a pas de recettes fiscales. Même si Christian Estrosi veut renégocier le Contrat de Plan État Région, on ne voit pas où il peut dégager des marges... « Relancer l’économie par l’investissement et non par la consommation » ? Espérons qu’il pourra trouver un équilibre budgétaire lui permettant de financer les mesures nouvelles en matière de sécurité, de développement du réseau routier, de soutien aux entreprises, sans amputer les budgets de l’ESS et les mesures sociales que la région a mises en place, dans les transports, les lycées, les centres d’apprentissage.

Les moyens d’une politique

On est plus dubitatifs lorsqu’il déclare vouloir faire passer le chômage de 12% à moins de 10% : il suit en cela le Medef qui affirme que 25 000 emplois ne sont pas pourvus dans la région, comme si les chômeurs ne voulaient pas travailler, et qu’il suffisait d’adapter la formation professionnelle,

« Je veux faire de l’économie et des économies, parce que ma priorité c’est l’emploi »

Et la culture ?

En matière de politique culturelle, une vision fondée sur les retombées économiques directes peut amener à privilégier certains événements rentables : la commission qui s’occupait auparavant de « la culture et du patrimoine », s’appelle désormais « Commission du rayonnement culturel, du patrimoine et des traditions  ». Un changement notable de dénomination, dont on espère qu’il n’augure pas d’un désengagement envers la culture qui ne rapporte qu’aux esprits, et au corps social.. AGNÈS FRESCHEL

© Claude Almodovar

PRÉSENTANT SES VŒUX À LA PRESSE, LE NOUVEAU PRÉSIDENT DE LA RÉGION PACA A DÉTAILLÉ LES 12 TRAVAUX QU’IL SE PROPOSE D’ACCOMPLIR EN CENT-JOURS. HERCULÉEN, NAPOLÉONIEN OU MITTERRANDISTE ?


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Des vœux sportifs !

© X-D.R.

C’

est au Stade Vélodrome que JeanClaude Gaudin a accueilli la presse pour sa cérémonie des vœux, qui pourtant s’attacha surtout à expliquer sa position sur les imbroglios de la métropole. Il fut clair : l’appel est suspensif, la Métropole existe bien depuis le 1er janvier, son élection à sa tête reste effective, et les EPCI qui géraient les groupement de communes n’ont plus

d’existence. Quant aux raisons de la fronde, il explique qu’il ne la comprend pas, et que la répartition des sièges n’est pas à l’avantage de Marseille (voir p 6 et 7). Sinon pour l’essentiel, il fut question de sport et des victoires de Marseille en matière de tourisme, de French Tech, de développement économique dans une période difficile où « le gouvernement nous a enlevé plus de 20 millions ». De culture il fut peu question : la fermeture de l’Espaceculture fut expliquée « parce que le lieu coutait trop cher et ne nous satisfaisait pas » : le bâtiment serait sans doute transformé en bureau municipal de proximité. Le Maire évoqua ensuite la place importante de la Culture dans le budget de la Ville. Mais

SCène Conventionnée PôLe régionaL de déveLoPPement CuLtureL PôLe tranSfrontaLier

16:00

Chouz

Le Chagrin

danSe

Jazz

hadouk Quartet ven 05 fev sam 06 fev oktobre 21:00

19:00

Cirque

cie oktobre

ven 26 fev

21:00

MARDI 2 FÉVRIER À 20H30 MERCREDI 3 FÉVRIER À 19H30

Création © breSt breSt breSt

21:00

Nous reviendrons dans Zibeline 93 sur le Plan Lecture, ambitieux et historique, que le Conseil Municipal a adopté suite au rapport que la Ville avait demandé sur les pratiques de lecture des Marseillais

Théâtre

cie Nathalie corNille

ven 29 jan

A.F.

LiCenCeS 1-1083117 2-1083118 3-1083119

mer 27 jan

il fut davantage question d’un Apple store, du Hard rock Café, du fait que la ville est la plus filmée de France après Paris, que du plan lecture ambitieux que le Conseil Municipal a pourtant adopté, et de la médiathèque de Saint Antoine qui va enfin voir le jour. On espère que la Mairie aura a cœur de souligner publiquement l’importance de ce plan à destination des citoyens et non des touristes, attentif à la vie des différents quartiers et des besoins réels en matière de lecture publique : Marseille a du retard a rattraper, et veut s’en donner les moyens. Mais la culture ne semble plus être un enjeu aussi important à la Mairie : la ville veut avant tout être Capitale, du sport, du foot, de l’art contemporain, du high tech, des soaps à la française. Il s’agit d’attirer les investissements. Peu importe avec quoi ?

théâtre

Mise en scène Caroline Guiela Nguyen

maCbeth / fatum

Cie Les Hommes Approximatifs

théâtre des crescite

infos résa 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

©JeanLouis Fernandez

Mise en place d’une navette à partir de Marseille en collaboration avec le Festival Parallèle le mardi 2 février 2016. 04160 Château–arnoux Saint–auban

www.theatre-arles.com / 04 90 52 51 51


POLITIQUE CULTURELLE

À s’en faire péter les oreilles ! de l’audition, et en montrant UNE CATASTROPHE SANITAIRE ? laparphysiologie un historique des musiques amplifiées 1 JEUNE SUR 4 EST ATTEINT DE pourquoi le volume a tant augmenté... TROUBLES AUDITIFS DUS À UNE LES PRATIQUES DES JEUNES Car le seuil de danger pour l’oreille se situe à SUREXPOSITION SONORE !

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elle-ci provoque une baisse nette de l’audition, des acouphènes, une hyperacousie, extrêmement gênants et douloureux. En cause ? Le bruit trop élevé dans certains milieux professionnels, mais surtout leur écoute des musiques amplifiées, sur baladeurs et en concert, l’usage constant du casque ou des oreillettes, avec des volumes sonores trop puissants, devant les ordinateurs, ou même la nuit « pour s’endormir ». Le dispositif Trop puissant mis en place par la Région PACA vise à informer les premières victimes, en s’adressant directement à eux. Lycéens en Lycées généraux, Techniques et Professionnels, apprentis en CFA, 4100 élèves de 82 établissements sont concernés pour cette 14e édition. On leur explique grâce à un matériel pédagogique clair les dangers auxquels ils s’exposent (vidéos en ligne, livret pédagogique, application smartphone téléchargeable qui mesure les décibels en temps réel, à l’écoute...), et surtout on les convie à une séance concert où des musiciens, cette année les groupes PinkNoColor et Namaste!, les enjoignent à écouter autrement. En expliquant les techniques du son,

85 décibels, et le seuil de douleur à 120 : nous ne savons pas quand notre oreille souffre. Les lecteurs MP3 ont un volume maximum à 100 db, ce qui au-delà d’une écoute de 5 mn porte atteinte à l’audition. De façon pernicieuse : on ne s’habitue pas aux volumes trop élevés, l’oreille ne s’endurcit pas, elle souffre... Or on sait que la plupart des jeunes écoutent

On ne s’habitue pas aux volumes trop élevés : l’oreille ne s’endurcit pas, elle souffre leur MP3 au maximum, pendant des heures, qu’ils ne le quittent que pour se mettre devant leur ordinateur, casque vissé sur les oreilles : les formats compressés actuels égalisent les diverses sources et brouillent l’écoute, en particulier de la voix, et les jeunes montent le son pour comprendre. Quant aux volumes sonores des concerts,

© X-D.R

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contrairement aux idées reçues, une seule surexposition à 120 db peut suffire à détruire un tympan. Or le son d’une batterie monte à 100 db, un public qui crie peut aller à 105, et pour couvrir tout cela ou l’accompagner les musiciens amplifiés montent le son... La seule solution serait-elle les bouchons d’oreille ? Un technicien de la Cité de la Musique de Marseille, où 5 concerts avaient lieu, expliquait que dans son métier on avait généralement pris conscience du danger, et que les musiciens étaient de plus en plus nombreux à chercher des solutions pour baisser le son. En s’inspirant de la Scandinavie où le volume sonore des salles est limité à 95db, en utilisant des batteries moins sonores, des oreillettes, en soignant l’acoustique des salles pour qu’on y entende bien sans monter le son... Eric Michel, directeur de la Cité de la Musique, confia que le secteur des musiques actuelles n’était pas la seule victime de cette habitude d’écouter fort, et que les amateurs de musique classique « qui écoutent Beethoven à fond » étaient parfois déçus par le volume réel d’une voix d’opéra non amplifiée, d’un groupe vocal, d’un quatuor à cordes... Quant à Sophie Joissains, vice-présidente de la Région tout fraîchement nommée Déléguée à la Culture et au Patrimoine, elle rappela qu’elle tenait à soutenir ce dispositif : la nouvelle élue veut « pérenniser une politique qui a fait ses preuves » et qui « responsabilise sans donner de leçons ». Car toute la difficulté, quand on s’adresse aux Lycéens, est « d’avoir le ton juste » : il s’agit de faire renoncer les jeunes à un plaisir privé, souvent rebelle. Les 29 concerts/conférences qui leur sont offerts dans de véritables salles de spectacle par des musiciens qu’ils apprécient, sont sans doute le plus efficace moyen de leur faire entendre, à un âge souvent hédoniste où le plaisir immédiat passe avant tout, que leurs oreilles doivent durer. AGNÈS FRESCHEL

Trop puissant se déroule jusqu’au 3 mars Appli Dose le son téléchargeable sur laregie-paca.com


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DES paysagistes en Méditerranée

© Creative Commons

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ar un courrier daté du 24 novembre dernier, le ministère de l’Agriculture envisage la fermeture progressive du site marseillais de l’École Nationale Supérieure de Paysage (ENSP), pour recentrer la formation des paysagistes sur Versailles. Cette décision, probablement plus administrative que politique, selon nos sources, serait même un non-événement, vu de la capitale. Dans la cité phocéenne, on ne comprend pas ce qui la motive : l’ENSP Marseille est l’un des seuls établissements en Europe à étudier le bassin méditerranéen, ses spécificités environnementales, sociales et géopolitiques. Enseignants et élèves se mobilisent pour que vive leur école, centrée sur les enjeux les plus brûlants de notre siècle : car un paysagiste se nourrit d’histoire, de sociologie, s’imprègne d’un territoire et de la vie de ses habitants pour pouvoir mieux les défendre. Le ministère de l’Agriculture n’a, au jour où nous publions ces lignes, pas répondu à nos sollicitations, ni répondu officiellement à ceux, nombreux, qui s’inquiètent du devenir du site marseillais. Le Maire de la ville, Jean-Claude Gaudin, a adressé un courrier à Manuel Valls pour l’interpeller sur la question, l’Union Française des Etudiants du Paysage a écrit aux différents ministères concernés, celui de l’Agriculture, donc, mais aussi ceux de l’Éducation nationale, la Culture, l’Écologie et de la Décentralisation. Une pétition circule sur la plateforme Avaaz, particuliers et structures telles que le Réseau des Grands Sites de France ont manifesté leur soutien à l’école, et la presse locale relaie la situation comme il se doit. La journée porte ouverte du site, le samedi 6 février, permettra de faire circuler plus encore l’information auprès du grand public. Cette mobilisation sera-t-elle suffisante pour éviter la fermeture ? En tout état de cause, le nombre de places disponibles pour la prochaine promotion de l’ENSP est stable, selon l’arrêté qui les

détermine chaque année, et ne précise pas leur répartition entre Versailles et Marseille : 55 places en 1re année au concours externe, 5 au concours externe. Seule nouveauté, la possibilité de recruter directement en 2e année. Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 8 février à minuit, et les candidatures ne devraient pas manquer, si l’on en juge par l’enthousiasme manifesté par les étudiants quant à l’enseignement qu’ils reçoivent dans l’établissement. Cependant, même si sa tutelle administrative devait faire machine arrière et renoncer à sa suppression, l’école marseillaise reste circonspecte : une « simple » réduction de voilure visant à appliquer des principes d’austérité serait tout aussi problématique. Pour exister, elle doit développer des partenariats de qualité, et pour cela, une « masse critique » minimale est nécessaire. GAËLLE CLOAREC

À NOTER

PAGE FACEBOOK DE LA MOBILISATION https://www.facebook.com/contrelafermeturedelENSP/ PÉTITION EN LIGNE https://secure.avaaz.org/fr/petition/Stephane_Le_Foll_Ministre_de_lAgriculture_Sauvons_lENSP_Marseille/


POLITIQUE CULTURELLE

Off d’Avignon : réguler et dialoguer LE NOUVEAU PRÉSIDENT D’AF&C, ÉLU LE 13 JANVIER, NE PROMET AUCUN « CHANGEMENT SPECTACULAIRE » MAIS « UNE GOUVERNANCE PLUS COLLÉGIALE » R ay m o n d Ya n a , metteur en scène et comédien (directeur pendant le Off de l’Espace Alya et du Chapeau d’Ebène Théâtre), succède à Greg Germain à la tête d’AF&C, l’association coordinatrice du festival Off d’Avignon. L’occasion d’un premier entretien. Raymond Yana © Dominique Sierra

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Zibeline : Seul à candidater au poste, vous avez donc été élu, de fait, à l’unanimité ? Raymond Yana : Il n’y a pas eu d’autre candidature mais on a quand même procédé à un vrai vote à bulletin secret, le résultat était

très confortable. Après l’annonce du départ de Greg Germain mi-novembre, compte tenu de mon expérience, il nous a naturellement semblé que je pouvais porter cette candidature. Quelles sont vos orientations face aux problématiques du Off ? J’ai surtout proposé une méthode pour régler ces problématiques repérées : la professionnalisation des lieux et des compagnies, le développement des publics, l’accompagnement à la création, le problème de l’affichage et la marchandisation. On ne peut pas rester sans rien faire, sinon c’est le marché qui décide et il n’y a rien de pire ! Les plus petits disparaitront, alors que l’ADN du Off c’est de faire connaître les émergents.

Vos solutions pour réguler ce marché exponentiel dans une ville saturée ? Je ne suis pas l’homme providentiel, mais étant au CA depuis 2006, je connais le sujet. On va mettre en place des commissions thématiques pour s’emparer de ces questions, dès le prochain CA, le 1er février, puis une fois par mois jusqu’au festival. Jusqu’alors ces commissions ont donné peu de résultats… Elles existaient sur le papier mais ne se réunissaient pas. Notre intention est de les organiser, de réunir les adhérents, d’animer un comité de réflexion. Le développement du Off a ses limites, mais si c’est à AF&C de réguler et d’alerter, les tutelles doivent aussi s’impliquer, sur les transports, l’hébergement...

L’Algérie de loin de près La nouvelle focale du MuCEM sur l’Algérie influence notre perception d’un territoire abandonné par les naturalistes qui cartographiaient le monde au XVIIIe siècle. Excepté l’Algérie, justement, restée longtemps sans tracés. C’est à partir de cette « absence » que le MuCEM a eu envie de penser comment ce territoire avait été délimité, du XVIIIe siècle à l’indépendance en 1962. Le résultat de ses recherches prend la forme d’une exposition dont le titre, Made in Algeria, généalogie d’un territoire, fait polémique : pourquoi choisir la langue de Shakespeare pour évoquer l’Algérie ? Zahia Rahmani, co-commissaire de l’exposition avec Jean-Yves Sarazin s’en défend, rappelant que phonétiquement on peut entendre « médina »… L’exposition, dédiée à la cartographie et à son développement, offre une grille de lecture unique sur l’histoire de l’Algérie selon qu’on examine le pays (et sa représentation) à différentes époques. Elle opère des points de vue de plus en plus rapprochés au fil de quatre sections nourries de cartes, de plans, de tracés, de tableaux et de gravures anciennes, de cartes postales et d’affiches publicitaires, de photographies et de vidéos. Avec, en contre-champ, des œuvres d’artistes contemporains qui viennent suggérer une présence humaine, les cartes ne représentant

jamais l’homme. Vue du large, avant 1830, l’Algérie est représentée sous l’angle guerrier compte tenu des relations conflictuelles entre l’Europe et l’Afrique du Nord. Après le débarquement de l’armée française à Sidi-Ferruch en juin 1830, son image se concentre exclusivement sur les fortifications d’Alger entourées de vastes étendues désertiques et donc supposées inhabitées. Outil de « communication » avant l’heure, les cartes revêtent une puissance subjective qui témoigne de l’idéologie de la conquête. Avec l’arrivée massive des colons à partir de 1842, puis son annexion à la France en 1848, le territoire se retrouve divisé en trois départements : Oran, Alger, Constantine. Mais ses

frontières les plus au sud ne sont toujours pas délimitées… Pourtant la pratique de la cartographie scientifique et patrimoniale bat son plein, chargée de corriger les erreurs précédentes et de recenser les trésors enfouis sous terre. À partir de 1962, sur la voie de la réforme, l’Algérie est source d’inspiration pour les artistes qui ont recours aux enquêtes archivistes, aux relevés photographiques et autres quadrillages topographiques pour réinventer leur territoire. Cette lecture savante de l’évolution de l’Algérie nécessite d’être commentée et accompagnée. C’est chose faite avec les nombreux rendez-vous satellites organisés par le MuCEM qui donne la parole aux scientifiques, aux écrivains, aux cinéastes et aux artistes. Dans le même esprit, le catalogue s’avère précieux pour appréhender en profondeur la problématique du tracé, de la délimitation d’un territoire et de son recouvrement. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI Made in Algeria, généalogie d’un territoire 20 janvier au 2 mai MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 mucem.org Horace Vernet, Prise de Bône, 27 mars 1832, 1835, huile sur toile, 260x227 cm. Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon © RMN-Grand Palais - Chateau de VersaillesGerard Blot


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Votre principal objectif ? Faire respecter en concertation la liberté de création sans qu’elle devienne anarchique, de façon harmonieuse, en n’écartant personne. Un rapprochement avec le In, et les Scènes permanentes ? Nous souhaitons rencontrer les Scènes, elles ont un rôle majeur mais il faut participer aux commissions. Quant au In, réduit à 19 jours en 2016 pour des raisons économiques (ndlr : 6 au 24 juillet), nous continuerons une semaine de plus (7 au 30) : elle sera difficile, mais ça a fait l’objet d’un vote et ceux qui veulent arrêter avant le peuvent. In et Off ne peuvent plus s’ignorer, ce n’est pas qu’une question de dates, il faut renouer le dialogue.

À SAVOIR

Réaction des Scènes d’Avignon Pour Gérard Gélas (co-fondateur du Off avec André Benedetto) : « On a inventé le Off sans faire exprès. Quand on voit ce qu’il est devenu, on ne peut pas en être le président ! On ne s’y reconnaît plus. Il faut réfléchir à une sortie de crise de cette marchandisation en remettant les artistes sur le devant. Dans une ville qui parle démocratie participative, dialoguons et réfléchissons ensemble à l’avenir de ce festival. Avignon est une belle endormie que les Scènes essayent de réveiller toute l’année ! » Serge Barbuscia, face à la proposition de Greg Germain d’ouvrir à des résidences l’année sa Chapelle du Verbe Incarné, mise à disposition par la ville et ouverte jusqu’alors uniquement l’été : « Rien ne l’a jamais empêché de le faire ! Les Scènes, ce sont des artistes qui suent pour ouvrir leur lieu toute l’année au public. On défend un théâtre professionnel permanent pour donner à cette ville la dimension qu’elle mérite. » DE.M.

Propos recueillis par DELPHINE MICHELANGELI

LIEU D’ARTS CONTEMPORAINS | CENTRE D’ART RÉSIDENCES D’ARTISTES | AIX EN PROVENCE JANVIER À JUILLET 2016 ART-TEMPS RÉEL / LIONEL KASPARIAN & EMMANUEL VIGIER CAHIN-CAHA / GULKO COLLECTIF ÉTAT D’URGENCE CAMILLE LLOBET CUBE / CHRISTIAN UBL CIE ÉMILE SAAR / MARIE LELARDOUX FABRICE PICHAT FRANCESCA FOSCARINI GETHAN&MYLES JEANNE MOYNOT & ANNE-SOPHIE TURION / CIE LE PARC À THÈMES MARIANNE HOUSPIE & PIERRE LANEYRIE / CIE VOL PLANÉ PIANOANDCO / NATHALIE NÉGRO PROTOCOLES MÉTA / JEAN-PAUL THIBEAU

WWW.3BISF.COM Situé dans le Centre Hospitalier psychiatrique Montperrin, le 3 bis f développe depuis 1983, un lieu de créations contemporaines tant dans le domaine des arts vivants que dans celui des arts visuels. Plusieurs moments de rencontres avec les résidences en cours sont proposés et ouverts à tous les publics : pratiques collectives, training, rencontres avec les artistes, expositions, sorties de résidences, répétitions ouvertes…


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POLITIQUE CULTURELLE

Scène nationale Châteauvallon–Toulon : liberté, égalité, fraternité

DEPUIS LE 22 DÉCEMBRE 2015, UNE SCÈNE NATIONALE BICÉPHALE, PREMIÈRE EN FRANCE, RÉUNIT LE CNCDC CHÂTEAUVALLON À OLLIOULES ET LE THÉÂTRE LIBERTÉ À TOULON.

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e vide varois est ainsi comblé au regard des scènes nationales existantes en Paca : La Passerelle à Gap, le Théâtre des Salins à Martigues, le Théâtre du Merlan à Marseille et La Garance à Cavaillon. Imaginée par Frédéric Mitterrand alors ministre de la Culture et de la Communication, et souhaitée par Hubert Falco, maire de Toulon et président de Toulon-Provence-Méditerranée, la scène nationale varoise est née au forceps ! Alors que le Théâtre Liberté était encore en chantier, la polémique faisait rage et il avait fallu le déplacement du ministre, le 31 juillet 2011, pour apaiser les esprits. Car tous s’interrogeaient déjà sur la coexistence de deux équipements culturels d’envergure dans l’agglomération toulonnaise, et a fortiori, sur un «label à deux têtes»… Quatre saisons plus tard, en avril 2015, la ministre de la Culture Fleur Pellerin signait un Pacte culturel avec la communauté d’agglomération TPM, avant d’officialiser en décembre l’attribution du label. Il aura donc fallu « toute l’opiniâtreté et l’obstination d’Hubert Falco » saluées par Christian Tamet, directeur de Châteauvallon et « la promesse droit dans les yeux de Fleur Pellerin » selon Pascale Boeglin-Rodier, co-directrice du Théâtre

Le site de Châteauvallon © X.D-R

Liberté, pour faire accoucher cette idée que l’on croyait remisée aux oubliettes.

THÉÂTRE DES CHAMPS, THÉÂTRE DE VILLE

L’eau a coulé sous les ponts et les deux structures, l’une accrochée à la colline d’Ollioules

l’autre au cœur de la ville, n’ont pas attendu le décret pour travailler ensemble. Aujourd’hui, elles se félicitent de cette labellisation. Chacun à sa manière. « C’est bien, commente Christian Tamet, car Châteauvallon correspond depuis longtemps aux missions d’une scène nationale. C’est une vraie reconnaissance de 50 ans de travail. Ce n’est pas le succès de chacun

DATES

Châteauvallon

Théâtre liberté

1965 : découverte du site par Gérard Paquet et Henri Komatis 1965-1977 : les années théâtre 1970-1973 : les années jazz 1977-1987 : un « pôle de création sur la côte méditerranéenne » 1987 : création du Théâtre National de la Danse et de l’Image et développement des résidences de création 1980-1995 : les années danse et sciences décembre 1998 : nomination de Christian Tamet à la direction du CNCDC

21 février 2003 : la ville de Toulon fait l’acquisition de l’ancien cinéma Gaumont Pathé pour en faire un théâtre municipal 28 juin 2008 : l’agglomération et le conseil communautaire décident d’en faire un équipement qui rayonne sur tout le territoire de Toulon Provence Méditerranée avril 2010 : nomination de Charles et Philippe Berling qui lui donnent une nouvelle destination, celui d’un théâtre de création et de diffusion pouvant bénéficier du label de scène nationale juillet 2011 : livraison du chantier 17 septembre 2011 : inauguration


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Toulon n’est pas en rade DEPUIS FIN NOVEMBRE, L’ESPACE DE CO-WORKING BY TVT INNOVATION À TOULON ABRITE L’ASSOCIATION LE PORT DES CRÉATEURS, NOUVEAU PONTON D’AMARRAGE POUR LES PROJETS EN DEVENIR

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Façade du Théâtre Liberté © Art Com Art 8

mais celui du territoire. Et c’est une récompense pour Hubert Falco qui a porté le projet envers et contre tout ». De son côté Pascale Boeglin-Rodier se réjouit de l’abandon de la tentation de fusionner les deux établissements (« chacun a 90% de remplissage, il est donc nécessaire de garder les deux »), de la pérennisation des projets distincts et de l’autonomie des équipes dans ce nouveau cadre. L’association Union Châteauvallon-Liberté créée le 22 décembre, présidée par l’élu à la culture de la Ville de Toulon l’Amiral Tainguy, n’a pas d’activités propres ni de salariés ni de budget. Son rôle ? « Favoriser un vrai rapprochement même si, rappelle Pascale Boeglin-Rodier, on a déjà fait des gestes réciproques : l’harmonisation des tarifs, l’invitation réciproque aux lancements de saison et la répartition de nos actions sur le territoire ». Il va donc falloir être imaginatif à l’avenir pour que le label fasse sens ! Mais sans un centime supplémentaire, car à eux deux les théâtres sont au-dessus du plancher du ministère (500 000 €). Chaque structure caresse néanmoins l’espoir de financements supplémentaires. Avec 2,100 M€ de dotation de TPM et 223 000 € de l’État, le Théâtre Liberté espère décrocher des crédits du ministère arguant de son activité de création : « On aimerait avoir les moyens de faire une création d’envergure par an. On ne lâche rien, on est gentil et doux mais tenace ». Inversement, avec 569 000 € de dotation de TPM et 1,169 M€ de l’État, Châteauvallon rêve d’une augmentation de l’agglomération… Hormis ce sujet épineux, les cumulus accumulés à l’origine au-dessus d’Ollioules et de Toulon semblent s’être évacués. Confiante, la directrice adjointe de Châteauvallon, Nathalie Anton, souligne « l’intérêt d’amplifier le travail déjà réalisé en complémentarité et en affinités avec des familles d’artistes différentes autour de la création contemporaine et de la musique ». Et rappelle que les publics, là encore différents au départ, forment désormais un socle commun qui n’hésite pas à quitter le centre ville pour la campagne, et inversement. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

onstatant depuis quatre ans le frémissement d’initiatives artistiques (Festival VRRRR, Constellations) et l’émergence de structures culturelles (Théâtre Liberté, Metaxu, galerie l’Axolotl), une poignée d’acteurs toulonnais ont décidé de tenir la barre ensemble. Autour de son président Patrick Valverde, directeur de TVT Innovation, et de sa secrétaire Hélène Bensoussan, l’association réunit trois opérateurs : Julien Carbone, Yann Lasserre et Marion Fougerat. Leur cap ? Accompagner les projets artistiques et les collectifs d’artistes dans leur émergence, leur développement ou leur pérennisation, sur l’aire toulonnaise et au-delà dans le Var. Tout en redynamisant le cœur de ville qui opère un profond lifting urbanistique. Aussi, pour croiser les compétences et favoriser l’interdisciplinarité, aucun frein esthétique, tous types de projets sont bienvenus : arts vivants, musiques, arts visuels. Et, à peine l’appel à projets arts visuels lancé sur les réseaux et les plateformes spécialisés, Le Port des créateurs a déjà reçu quarante dossiers venus du département, de France, mais aussi de Suisse et de Chine ! Ils sont actuellement en phase d’étude par le comité de sélection* chargé de sélectionner le ou les lauréats qui bénéficieront d’une résidence au titre explicite, Booster, dans des locaux prêtés par la Ville. Démarrage en trombe prévu début mars pour un programme de deux mois d’accompagnement à la création et/ou à la diffusion, l’idée étant de concevoir une résidence en fonction de la nature du projet, de son identité, des besoins et des envies de l’artiste. L’équipe est à l’œuvre et tisse des liens avec les acteurs culturels toulonnais -Théâtre Liberté, Hôtel des arts notamment- pour permettre la restitution publique du projet et lui donner une vraie visibilité. Deux mois ça peut paraître court, mais c’est un premier pas, explique Julien Carbone, car « Booster est un coup de pied à l’artiste pour développer son réseau, sa pratique, acquérir une méthodologie dans l’appréhension de son environnement ». On ne peut que se réjouir de la création d’ateliers d’artistes à Toulon qui viendront combler un vide patent. Mais une fois le premier « boosté » accueilli au Port, il s’agira pour l’association de structurer et pérenniser ses actions. D’abord en consolidant ses financements existants (Conseil départemental et Ville), puis en recherchant de nouveaux apports du côté des mécènes et des financements privés. Un nouveau cap… M.G.-G. * Comité composé de Patrick Valverde, Hélène Bensoussan, Catherine Fekrane (prospectiviste), Isabelle Bourgeois (directrice du Moulin, La Valette) et un plasticien (en cours). Le Port des créateurs Toulon 07 83 30 73 75 leportdescreateurs.net


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événements

OÙ VA-T-ON ? AU MuCEM LA SAISON HIVERNALE DU MUSÉE DES CIVILISATIONS ET DE LA MÉDITERRANÉE BAT SON PLEIN, STIMULE LES NEURONES... ET SE DEMANDE OÙ VA LA FRANCE

Spectacles

Le 30 janvier, Tiphaine Raffier présentera son texte Dans le nom, à l’occasion d’une lecture mise en espace, dans le cadre du 6e Festival Parallèle (voir aussi p. 22). Pour les enfants, les vacances d’hiver seront l’occasion de se gorger de contes, spectacles de clowns, et théâtre : les 17 et 18 février avec la compagnie Voix Off, le 19 avec Les muettes bavardes, pour une adaptation du fameux Loulou de Grégoire Solotareff (marionnettes et ombres chinoises). Et le lendemain, ciné-concert ! Le Trio Double Cadence enchantera les petits en direct, devant les images de 120 ans de cinéma... La même formation reprendra le 21 tout un Bri-Ka-Brak de machines à faire de la musique. Pour inaugurer une nouvelle exposition, rien ne vaut une bonne fête ! C’est ce que propose, autour de Made in Algeria (lire p 14), la Nuit Vernie du 12 février. Avec Borderline, l’ESADMM et les étudiants d’Aix-Marseille Université, on pourra déambuler en musique, participer à un plateau expérimental, se restaurer, voire guincher jusqu’à 1h du matin...

Cours, rencontres et conférences L’École du Louvre prodigue des cours d’histoire de l’art au MuCEM, pour la seconde année. Accessibles dans le cadre de la formation continue, mais également à tout curieux, sur inscription (cours.regions@ ecoledulouvre.fr), ils ont lieu les lundis de 17h30 à 19h. Le 25 janvier, Antonella Fenech-Kroke abordera La Renaissance à Florence au Quattrocento, et le 22 février La Renaissance accomplie : Léonard, Michel-Ange, Raphaël. Le 28 janvier, l’Institut Méditerranéen des Métiers du Patrimoine propose une journée d’étude sur la cartographie, ses enjeux, ses pratiques, aux frontières de la géographie, l’histoire, et l’art. Du 11 au 13 février, un colloque aura lieu à son invitation autour de l’exposition J’aime les panoramas. Commissaires, scénographes, artistes et chercheurs Patrick Boucheron © Ulf Andersen


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« pourraient renouveler la définition et la notion de panorama au regard d’expériences et de recherches récentes ». Alléchant, d’autant que l’accès à ces rencontres scientifiques est libre ! (sur inscription : i2mp@mucem.org). Le cycle Le temps des archives se poursuit : Emmanuel Laurentin recevra le 1er février une historienne, Sarah Fila Bakabadio, et un poète-romancier, Daniel Maximin, lors d’une rencontre-débat portant sur Le discours sur le colonialisme d’Aimé Césaire. Un texte coup de poing de 1950, qui mérite d’être lu et relu, et sera là contextualisé en image et son via les trésors de l’INA. Février, c’est aussi la reprise du cycle de grandes conférences Pensées du monde. Après Tzvetan Todorov et Fethi Benslama, c’est un géographe, Michel Foucher, qui reprend le flambeau. Le 25, il inaugurera le thème de cette année, L’avenir des frontières, en se penchant sur L’Europe et le monde qui commence à ses portes.

Mais où va la France ?

Fabienne Verstraeten, chargée des rencontres et débats au MuCEM, poursuit le très pertinent dispositif qui avait conduit l’an passé des étudiants de l’Institut de Sciences

Politiques d’Aix en Provence à interroger Gilles Clément ou Pierre Rabhi sur Le bonheur, lors de conférences publiques fort suivies. Le cycle de cette année s’intitule Mais où va la France ? Une interrogation bien franchouillarde qui prend une tout autre dimension en cette période post-attentats, et invite la jeunesse et l’âge mûr à se rencontrer pour livrer une réflexion profonde, comprendre et moins subir l’évolution de notre société. Les intervenants de cette session répondront en public aux étudiants de Sciences Po, qui leur soumettront en plus des leurs une série de questions préparées par des lycéens (tous auront été mis en condition pour ces entretiens par Agnès Freschel, rédactrice en chef de Zibeline). Nilüfer Göle, le 27 janvier, traitera du vécu des musulmans en France ; la sociologue sera accompagnée de Mehdi Meklat et Badroudine Saïd, journalistes au Bondy Blog, ce média citoyen créé lors des émeutes de 2005 en région parisienne. Le lendemain, Marie-José Mondzain, philosophe, et auteur de Une image peut-elle tuer ?, interrogera le traitement médiatique de la violence en présence du politologue espagnol Josep Ramoneda. Le 29 janvier, prévoyez de venir à l’avance : l’auditorium Germaine

Tillion risque de déborder, car il accueillera l’historien Patrick Boucheron, qui vient de donner une magistrale leçon inaugurale au Collège de France... Sa thématique Déconstruire l’histoire, repenser la France risque d’en réveiller plus d’un. Une juriste spécialisée en libertés fondamentales, Farah Hached, sera à ses côtés. Le cycle se conclura le 4 février, avec un historien anglais cette fois, Sudhir Hazareesingh. Vue d’ailleurs, que donne la crise de la pensée à la française ? GAËLLE CLOAREC

Retrouvez comme chaque mois sur notre Webradio Comme au MuCEM, une émission sous forme de traversée, consacrée aux temps forts, découvertes et coulisses du Musée des Civilisations d’Europe et de Méditerranée.

MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13

mucem.org


ÉVÈNEMENTS

Reevoxons ensemble ! Shapes of Collapses, Max Paskine © Cecilia Poggio

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écidément, Christian Sébille, le directeur du GMEM, aime à travailler avec d’autres et à ouvrir le champ de la musique contemporaine. Électroacousticien, il a conçu dès son arrivée à la tête du Centre National de Création Musicale un festival des musiques et arts électroniques. Comprenant de l’électroacoustique bien sûr, musique dite savante, mais aussi des musiques électroniques, qui font partie des « actuelles » et sont plus destinées au dance-floor qu’au concert. Il ouvre également Reevox aux arts numériques visuels, convaincu que les plasticiens font preuve d’une invention sonore différente, et que l’image et le son se rencontrent différemment dans leurs univers. En collaborant avec le Cabaret Aléatoire (Scènes de Musiques actuelles, La Friche), avec Seconde Nature (Arts numériques, Aix), en fusionnant avec le GRIM (Musiques Improvisées, dirigé par Jean-Marc Montera), mais aussi en programmant de nombreuses actions pédagogiques, en donnant à entendre les compositions des classes d’électroacoustique du

Conservatoire et de la Cité de La Musique, c’est une véritable agora de musiques en création que Christian Sébille veut construire, pour l’ouvrir à un public plus nombreux, plus jeune, moins spécialiste. Cette démarche est en voie de réussir, non seulement pendant le Festival Les Musiques, qui reste le temps fort de l’année en avril, mais aussi durant une série d’événements ponctuels, et les 5 soirées hivernales de Reevox. Qui réservent de belles surprises ! Beaucoup plus de femmes que dans les précédentes éditions, des soirées en deux ou trois temps pour écouter d’abord de petites formes surprenantes et s’attarder ensuite à des propositions plus spectaculaires, des écoutes en journée pour 11 classes de Marseille... et la nuit électro live du samedi au Cabaret Aléatoire (Saycet, François 1er, Pantha du Prince, Acid Arab). À part cela, à ne pas rater, des performances de la plasticienne Félicia Atkinson, de Max Paskine qui recycle des bibliothèques sonores, d’Hervé Boghossian qui travaille

sur le son continu ; le spectacle Ruines, voyage sensoriel qui maille images et sons, corps et textes, pour parler d’écroulements contemporains (Franck Vigroux, Félicie d’Estienne d’Orves) ; et Kasper T. Toeplitz qui fait danser Myriam Gourfnik au KLAP. Car Reevox c’est aussi un voyage dans des lieux au caractère marqué : Montévidéo, où le GRIM est encore pour un an ; la maison pour la danse de Kelemenis ; l’École Supérieure d’Art aixoise ; et la Friche bien sûr, au Studio, au Panorama, au Cabaret Aléatoire : dans un an le GMEM et le GRIM y installent ensemble un lieu mirifique... on vous en parlera ! AGNÈS FRESCHEL

REEVOX 2 au 6 février Marseille et Aix 04 96 20 60 16

gmem.org

Shapes of Collapses, Max Paskine c Cecilia Poggio.jpg

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MUSIQUES DE CHOIX POUR JEUNE PUBLIC

R

aoul Lay, le directeur de l’Ensemble Télémaque, présente avec enthousiasme son nouveau projet, un festival de Grandes musiques pour petites oreilles. Un projet qui a des racines profondes : dès 2006, il s’est intéressé au jeune public, constatant que si au théâtre des programmes pointus lui sont réservés, la musique et l’enfance sont souvent reliées par un esprit «  marketing  » à tendance bêtifiante. Son intention est donc d’initier un temps fort qui réunirait plaisir et exigence de qualité, et ce d’autant plus que «  vu le contexte politique et social, il est urgent de travailler pour la jeunesse ; c’est passionnant  ». La manifestation aura lieu en deux étapes : les Quartiers d’hiver lors de la première quinzaine de février, puis dans un deuxième temps avec le Festival d’automne. Du 1er au 12 février, deux des œuvres de Raoul Lay seront accueillies tour à tour dans six arrondissements de Marseille, par des partenaires historiques de l’Ensemble tels que la Cité de la Musique ou la Bibliothèque Départementale Gaston Defferre, et de nouveaux comme le Château de la Buzine ou L’Affranchi. La première composition a été créée l’an dernier au Festival Détours de Babel ; Les errants de l’univers s’appuie sur l’œuvre poétique de Percy Bysshe Shelley, membre de cette «  intelligentsia rock du XIXe siècle, menant une vie de bâton de chaise  », et si féconde. Trois voix de femmes jouant de l’anglais et du français, un percussionniste-batteur et un performer son (travaillant entre autres sur des enregistrements cosmiques de la NASA) : un dispositif accrocheur pour ce cycle électro-vocal à partir de 15 ans. La seconde est une création, un prequel en quelque sorte, petite forme qui prélude à l’opéra-bouffe en gestation chez Télémaque. Consacré au Baron de Münchhausen, le Cyrano de Bergerac du XVIIIe siècle allemand, on le prévoit «  dans une ou deux saisons  ». Le chevalier déconcertant est son enfance fantasmée, selon le librettiste sollicité par l’Ensemble, Charles Eric Petit. Tête de turc à l’école, le petit Rudolf décide de s’inventer une épopée, jusqu’à devenir, de bobard en bobard, Münchhausen le magnifique... Mis en scène par Olivier Pauls, ce spectacle est tout public, à partir de 8 ans. Avec Grandes musiques pour petites oreilles, l’Ensemble Télémaque entend lancer une dynamique sur le territoire marseillais, et les prochaines éditions amèneront sans doute d’autres formations, d’autres compositeurs, à rejoindre l’aventure. La musique contemporaine a son festival jeunesse ! GAËLLE CLOAREC

Errants de l’univers @ auremar

# QUARTIERS D’HIVER 1er au 12 février Divers lieux, Marseille 04 91 39 29 13 ensembletelemaque.com


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ÉVÈNEMENTS

Le 6e parallèle Ni tout à fait Nord ni franchement Sud mais tout aussi bien Est et Ouest, ce Parallèle-ci est tout simplement un festival annuel et hivernal tracé sur toute la ligne par l’équipe de KOMM’N’ACT, plateforme pour la jeune création internationale ; dynamique et encore jeune, jeune et plein de promesses, d’abord simplement identifiable comme Rencontres le Festival Parallèle a acquis en quelques années une visibilité indéniable grâce à la qualité de sa programmation et l’engagement des scènes partenaires. On retrouvera à partir de la mi-janvier des artistes reconnus qui ont marqué les premières éditions : le collectif Mathieu Ma Fille Foundation et son père fondateur Arnaud Saury livreront dans En dépit de la distance qui nous sépare leurs dernières extases mystiques enfin (peut-être) fixées ; la grecque et justement rigoureuse Argyro Chioti dirigera un oratorio féroce pour 7 voix à gorge coupée dont couleront sûrement des Sangs (Emata) bien régénérants ; la grecque et justement chorégraphe Lenio Kaklea réinvestit le cadre du regard et jouera en duo du trouble lié au port du masque mortuaire à l’antique ; c’est ce que suggère son Margin release ; on connaît aussi la 2b company et les subtils délires suisses de la Conférence de Choses dont Pierre Mifsud ouvrira un nouveau volet. Des inconnu(e)s aussi avec l’Association Wagons Libres de la franco-libanaise Sandra Iché qui risque -quelle chance- de nous tirer vers des territoires où l’histoire et la géographie rivalisent d’imagination pour brouiller les cartes, ou la performeuse serbe Sanja Mitrovic qui

invite à une impitoyable partie de ping-pong verbal dont certaines balles seront sans doute sournoisement truquées ; la Stand-up Comedy de Bettina Atala détachée du collectif Grand Magasin se lancera dans la déconstruction hilarante du rire formaté, tandis que la danseuse suisse Maud Blandel et ses six interprètes confondront sacre et sacrifice à travers le corps déchaîné de la tragique figure de la pom-pom girl ; autres danseurs à l’esprit et à la pratique affûtés, Madeleine Fournier et Jonas Chéreau donneront à lire en musique un Sous-Titre qui devrait nous faire remonter sans frémir jusqu’à l’origine du geste… Les deux propositions de « théâtre » à première vue divergent, mais l’une et l’autre semblent bâties sur une profonde exigence : Adrien Béal à partir de l’Objecteur de Michel Vinaver mettra en scène le questionnement sans fin face à l’énigme de celui qui refuse brusquement de jouer le jeu social ; Caroline Guiela Nguyen, accueillie avec ses Hommes Approximatifs et son Chagrin au théâtre d’Arles, engagera ses acteurs et ses spectateurs sur le chemin périlleux du deuil à dire. Et sur d’autres routes du dedans nous pourrons aussi nous laisser guider au FRAC, les yeux fermés, par les mains expertes du duo suédois Lundahl & Seitl ou les yeux ouverts, dans le quartier des Bernardines par l’arpenteur-poète Pierre-Louis Gallo, histoire de faire se lever quelques songes sous nos pas. Voilà un programme qui dessine indéniablement une belle perspective cavalière !

Speak !, Sanja Mitrovic © beaborgers

MARIE-JO DHO

LE FESTIVAL PARALLÈLE 27 janvier au 5 février Gymnase-Bernardines, Minoterie-Joliette et Merlan, Marseille Théâtre d’Arles La Garance-scène Nationale de Cavaillon 04 91 11 19 33

festivalparallele.com

Margin Release, Lenio Kaklea © Hervé Véronèse


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UN NOUVEAU CYCLE

À LA VILLA EN HIVER

On appréciait tant le cycle Echange et diffusions des savoirs, qui se tenait régulièrement à l’Hôtel du Département 13, que pour citer Brassens, l’arrêt de ses conférences faisait « comme un trou dans l’eau » difficile à refermer. Heureusement, la relève est là ! Avec la même curiosité, le goût du partage et la volonté de soumettre le savoir à l’examen public, c’est désormais Opera Mundi qui organise à Marseille des rencontres fécondes avec la pensée contemporaine la plus fine. De janvier à mai 2016, la structure mettra Le climat en questions, avec sept intervenants : philosophes, politologues, scientifiques ou historiens. À commencer le 23 janvier, par une conférence intitulée Le défi climatique et sa gouvernance. Quelles leçons en tirer ? L’historienne des sciences Amy Dahan reviendra au FRAC sur la récente COP21, non sans avoir retracé les deux décennies de géopolitique qui ont abouti à ce compromis «contraignant». Le 23 février, un climatologue membre du GIEC1, Hervé le Treut, traitera à la BMVR Alcazar des Changements climatiques : de nouveaux enjeux scientifiques après la COP21 ? Pour lui, face à l’urgence, la science doit impérativement « passer de l’alerte à l’action » : il nous dira comment il envisage la sortie d’une « neutralité » pourtant traditionnellement revendiquée par ses pairs. En mars, c’est un écologue, Jean-Pierre Féral (de l’Institut Méditerranéen de Biodiversité et d’Ecologie marine et continentale) qui interviendra sur La mer et le changement de climat : admettre l’inéluctable pour s’adapter. Lui succéderont au printemps Emilie Hache, sur les apports et controverses de l’écoféminisme, et la très attendue philosophe des sciences Isabelle Stengers, de l’Université belge de Bruxelles. Sous le titre mystérieux de son allocution (Et nous avons désespérément besoin d’autres histoires), se dessine une critique radicale des rapports entre savoir et politique. En mai, Frédéric Neyrat brossera une Théorie des hommes sans mondes, et le politologue François Gémenne conclura ce cycle.

Actualité encore assez réduite en cette période à la Villa Méditerranée. Deux rendez-vous toutefois à retenir : le 31 janvier, la projection (qui aura lieu au MuCEM) de Homeland : Irak Année Zéro. Réalisé par le cinéaste irakien Abbas Fahdel, ce film relate en deux parties le quotidien de sa propre famille, d’abord à l’approche de la chute de Saddam Hussein, puis après l’invasion américaine du pays. Le 23 février, les Mardis de la Villa auront pour thème la dimension méditerranéenne de la sécurité algérienne. Organisée en partenariat avec l’association Euromed IHEDN, la soirée accueillera une conférence d’Abdennour Benantar. Docteur en sciences politiques, et spécialiste des relations inter-maghrébines et euro-méditerranéennes, il évoquera les enjeux brûlants liés à cette question, tels que le terrorisme et les migrations. A noter également que le 28 janvier, dans le cadre du programme Ambassadeur in School, Bernard Valero, ambassadeur et directeur de la Villa Méditerranée, ira à la rencontre d’élèves de Terminales du Lycée Antonin Artaud dans le 13e arr. à Marseille. J.C.S Villa Méditerranée, Marseille 04 95 09 42 52 villa-mediterranee.org

annNoNoZibPS140x66.qxp_Mise en page 1 15/01/1 THÉÂTRE

GAËLLE CLOAREC 1

Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat

PUB 30JANVIER 2016 20:30

Isabelle Stengers © X-D.R.

Opera Mundi, Marseille facebook.fr/operamundi

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PRÉSENTATION DE SAISON 16/17


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ÉVÈNEMENTS

parade

La du cirque et de la danse Flying Cow, Cie De Stilte © Hans Gerritsen

LE FESTIVAL DES ARTS DU GESTE LES ÉLANCÉES, TEMPS FORT INCONTOURNABLE DE LA SAISON CULTURELLE DE SCÈNES ET CINÉS, S’INSTALLE SUR LE TERRITOIRE DE OUEST PROVENCE POUR SA 18E ÉDITION

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ien et bien social, la culture est plus que jamais nécessaire pour lutter contre la barbarie et l’obscurantisme ; de fait, le Festival Les Élancées est une manifestation utile ! Ces mots sont ceux de Jean-Paul Ori, directeur de Scènes et Cinés, et Anne Renault, directrice artistique du Festival et des théâtres qui a concocté cette belle programmation, équilibrée cette année entre les propositions dansées et circassiennes, et toujours tournée vers le vivre ensemble en permettant la circulation des œuvres et des publics sur les six villes du territoire (Istres, Miramas, Fos, Port-SaintLouis, Grans et Cornillon). La fidélité et le compagnonnage aussi sont au rendez-vous,

avec des compagnies qui reviennent au fil des années comme Aracaladanza qui donnera la première en France de Vuelos inspiré des œuvres de Léonard de Vinci ; la Cie du Sillage emmenée par Jacques Fargearel qui viendra fêter ses 25 ans avec À elle(s) seule(s), une chorégraphie qui interroge la relation d’une mère et ses deux enfants ; la Cie Max et Maurice pour une fantaisie lyrique et culinaire (de haute voltige !) qui s’attellera à servir les convives conviés à dîner aux Grands Fourneaux ; la Baro d’Evel Cirk Cie et leur nouvelle création, Bestias, savant mélange de danse, d’acrobaties, de chant et de dressage de chevaux, entre autres animaux ; sans oublier le trio de Cirque Exalté, présent l’année

dernière avec Furieuse Tendresse, qui dû arrêter net ses représentations pour cause de blessure de l’un d’entre eux, et revient donc pour offrir son hommage survolté à Patti Smith et son album Horses (lire ici : http://www. journalzibeline.fr/critique/ode-a-la-liberte/). Le cirque vous emportera dans des univers variés et toujours très inventifs, comme celui du duo burlesque, hilarant et ingénieux de la Cie Sacékripa, époustouflant et poétique de la Cie Kadavresky, déjanté et acrobatique de la Cie Piglet Circus, aérien et dansé de la Cie Rouge Eléa (par ailleurs en résidence sur le territoire), percutant, au sens propre du terme, des Frères Colle, agile et minuté de la Cie Sisters… La danse vous invitera


marseille

Un Vélo bien festif

L

e Festival Greli Grelo revient pour sa 9e édition. Un classique international de la route des spectacles jeunesse auquel les adeptes du vélocipède théâtral nous invitent. Certes, le lieu de départ est la ville d’Apt, avec le Vélo Théâtre qui organise l’évènement, le Local Festival Ciné d’Afrique et Les Carmes, mais la fête essaime à la Maison du Livre de Bonnieux, à la Salle des fêtes de Saint Saturnin Les Apt, celle de Cazeneuve, de Cereste, de Gargas et au théâtre de Cavaillon, La Garance. D’après les affiches, un nouvel habitat se prépare activement, jaune, rouge, orange, bleu… La Compagnie anglaise Subject to change présente un projet participatif (réalisation fin avril 2016), Home sweet Home : sera proposée une reproduction en miniature de la ville d’Apt ; les spectateurs achètent une maison en carton qu’ils aménagent… Participatif encore, Greli Grelo est un temps fort de La Belle Saison, qui fait de l’art un espace de découverte et d’éducation (1000 élèves et 2000 spectateurs en séances tout public, chaque année). On déclinera le Mouvement de lumières avec l’exposition de tableaux-sculptures-machines de Flop (Philippe Lefebvre), Va-et-Vient. On retrouvera cet esprit décalé avec Dal Vivo (de Flop), La grenouille au fond du puits croit que le ciel est rond (Vélo Théâtre), Hans Christian you must be an angel (Gruppe 38) et Na(t)if (Lili DeSaStreS). On rendra visite au fantôme du théâtre antique d’Apt, on « ciné-goûtera » en s’immergeant

au voyage avec la Cie Nathalie Cornille, à croiser et confronter les chorégraphies de Merce Cunningham et Robert Swinston avec le Centre National de danse contemporaine d’Angers, à la magie dégagée par la Cie De Stilte, à l’univers fantastique de la l’ACT2 compagnie… Et on en oublie, tant l’offre est riche ! Car ce festival hors normes, en salles ou sous chapiteaux (5 cette année), propose 29 spectacles, avec 62 représentations, dont 25 en direction des scolaires uniquement. C’est l’une des particularités des Élancées que de proposer des ateliers artistiques dans les écoles (150 classes participantes en 2016) avec des interventions pédagogiques de la

AU PROGRAMME

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Scène conventionnée pour la création jeune public tout public

3 > 5 FÉVRIER ANNABELLE PLAYE UBRIS STUDIO

COUAK ! Théâtre musical et vocal + 4 ans Dal Vivo © Jef Rabillon

dans l’univers de Chopin et Beethoven, au volant d’un piano magique, on verra une marionnette indépendante se finir toute seule (théâtre TOF), on sera un peu inquiets avec le loup qui rôde autour de Conversation avec un jeune homme (Cie Gare Centrale), on appréhendera ce qui est vraiment important dans la vie avec De passage (Johanny Bert et Stéphane Jaubertie), ou l’on remontera le temps avec Épique Époque (Cie C’était mieux maintenant). Les tout-petits seront conviés à l’escapade poétique de Et Si ! (théâtre du Champ exquis) et de Blanc (Cie Tatem). Et toujours pour le prix tricycle de trois euros ! MARYVONNE COLOMBANI

FESTIVAL GRELI GRELO 19 au 28 février Apt 04 90 04 85 25 velotheatre.com

part de certains artistes pour permettre aux enfants d’affirmer leur originalité et d’épanouir leur personnalité et leur sociabilité à travers le plaisir de l’expérimentation. Ils deviennent d’ailleurs par la suite de véritables ambassadeurs du spectacle vivant au sein de leur famille et viennent et reviennent dans les théâtres ! Un pari sur l’avenir qu’il convient de souligner… aussi. DOMINIQUE MARÇON 18e FESTIVAL LES ELANCÉES 29 janvier au 7 février Istres, Miramas, Fos, Port-Saint Louis, Grans, Cornillon scenesetcines.fr

19 > 21 FÉVRIER CIE LA FAUX POPULAIRE LE MORT AUX DENTS

LE CIRQUE POUSSIÈRE Cirque contemporain + 7 ans Friche la Belle de Mai 41 rue jobin / 12 rue François Simon 13003 Marseille 04 95 04 95 75 { Billetterie } www.theatremassalia.com


ÉVÈNEMENTS

Le fest’hiver assure la permanence ACCUEILLIE PAR LES SCÈNES « HISTORIQUES » ET PERMANENTES D’AVIGNON, LA 8e ÉDITION DU FEST’HIVER FERA (RE)VIVRE LE CŒUR D’AVIGNON DU 27 JANVIER AU 3 FÉVRIER « Dans ces moments difficiles, le théâtre trouve sa nécessité. S’il n’y a pas les grands textes et les poètes, où va notre société ?», c’est ainsi que Serge Barbuscia, président de l’association des scènes permanentes d’Avignon organisatrices du Fest’hiver, situe la raison d’être de ce festival de théâtre avignonnais d’hiver -moins impressionnant que son concurrent d’été, mais tout aussi pertinent et incontournable pour la ville. Rappelant aussi la volonté de chaque directeur d’inscrire, malgré des coupes budgétaires récentes, une offre culturelle de qualité dans la permanence de la ville : « Le théâtre est ici, toute l’année ! »

5 compagnies régionales sans lieux fixes Les directeurs mêleront leur voix pour ouvrir cette 8e édition au Palais des Papes avec la lecture Les combats de Célestin Freinet de Jean-Claude Idée, en partenariat avec les Universités Populaires du Théâtre (27

janvier à 18h). Puis dès le 28, chaque jour, deux représentations des compagnies régionales sans lieux fixes invitées seront données dans deux des cinq scènes. Le Théâtre des Halles accueillera Les aventures de Pinocchio, montées par L’autre Compagnie sur un ton burlesque proche de la BD, dès 8 ans. Gérard Gelas, au Chêne Noir, a « un peu dérogé à la règle en élargissant la région paca à la Corse » avec la Compagnie 1er acte et Les monologues du Brocciu, avec Daniel Delorme, mis en scène par l’avignonnaise Lucile Delanne. Au Chien qui Fume, Gérard Vantaggioli ouvre son théâtre de la Rue des Teinturiers à la création Gainsbourg confidentiel, autour de ses années jazz plus méconnues, montée par David Fabre et Les Musiciens Associés. Musique encore avec El nino Lorca au Balcon, un hommage tendre et émouvant au poète Federico Garcia Lorca par Christina Rosmini. Last but not least, au Théâtre des Carmes, c’est la Cie Éclats de Scènes, 17 ans de travail en ruralité au

Bidoch’Market © Eclats de Scènes © Gérard Coste

compteur, qui présentera sur le thème de la disparition du travail Bidoch’Market de Michel Bellier, mis en scène par Joëlle Cattino avec, entre autres, Christian Mazzuchini. Rajoutons que le CDC des Hivernales, inscrit depuis 2015 au sein des scènes d’Avignon (« par le biais d’Emmanuel Serafini »,

Hivernales de la relève ? LE 38e FESTIVAL DE DANSE AVIGNONNAIS DONNERA, EN TROIS TEMPS FORTS, UNE ÉDITION TOURNÉE VERS LA PERFORMANCE. POUR IMPULSER LA RELÈVE ? Gymnopedies, Marie Chouinard © Nicolas Ruel

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Présentée sur un rutilant canapé rouge le 11 janvier par l’équipe féminine des Hivernales qui tentait d’afficher un sourire de contenance, la programmation établie par Emmanuel Serafini (licencié de la direction sans préavis début décembre) autour de « la relève » dans un édito d’anticipation, conserve une couleur passionnante. Malgré un silence pesant, et gênant, gardé sur la situation délicate du CDC, le public venu nombreux pour découvrir cette 38e édition et recueillir quelques explications restées vaines (l’équipe est tenue à un « devoir de réserve » par les tutelles et le Conseil d’Administration qui communiquera le 29 janvier, a-t-on appris), aura l’embarras du choix lors de cette quinzaine, grâce à une 38e édition foisonnante axée sur la performance. Et l’avenir.

La jeunesse pour ouvrir le bal

Pensés en partenariat avec Arts Vivants en Vaucluse, les HiverÔmomes -2e édition du festival jeune public- offriront aux scolaires la possibilité de découvrir les 3 et 4 février la malicieuse Cie Métatarses (prix de la recherche 2015 des HiverÔclites, programmation parallèle, et en entrée libre, qui invite cette année son lot d’artistes repérés) et le non moins fantaisiste Univers light oblique de Georges Appaix (Vers un protocole de conversation sera également joué). On saute aux 11 et 12 février pour un nouveau programme autour de la performance : Polder une extension des Hivernales, initié avec l’École supérieure d’art d’Avignon, avec un colloque sur le


rappelaient les autres directeurs), s’est retiré de la programmation pour des causes économiques. Côté pratique, un pass à 50 € est mis en vente pour l’ensemble des spectacles ; dès le 2e spectacle, un tarif réduit sera appliqué. Les inscriptions se font dans chaque théâtre. DELPHINE MICHELANGELI FEST’HIVER Divers lieux, Avignon 27 janvier au 3 février scenesdavignon.com Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 theatredeshalles.com Chêne Noir, Avignon 04 90 86 74 87 chenenoir.fr Le Chien qui Fume, Avignon 04 90 85 25 87 chienquifume.com Le Balcon, Avignon 04 90 85 00 80 theatredubalcon.org Théâtre des Carmes, Avignon 04 90 82 20 47 theatredescarmes.com

sujet durant lequel Julie Nioche, Yendi Nammour & Etienne Fanteguzzi présenteront leurs recherches. Enfin, la « semaine historique », qui combine 34 représentations, 23 compagnies (7 régionales), 3 expositions et des stages, se tiendra du 13 au 20 février, avec de jeunes compagnies et chorégraphes trentenaires à suivre : Arthur Perole, Thô Anothaï, Simon Tanguy, Shang-Chi Sun, Nans Martin, les Cies Dodescaden, Adequate, l’Eolienne et leurs recherches performatives sur le travail et la contrainte…

Les fidèles pour confirmer

Côté « valeurs sûres », outre deux solos de Patricia Guannel et Patrick Servius, on admirera les Nuits barbares d’Hervé Koubi, les Spectres de Josette Baïz, les Gymnopedies et Mouvements à partir de Michaux de Marie Chouinard. On écoutera le deuil traverser le corps de Peter Savel sur les Variations Goldberg, on découvrira les 12 solos des Garçons Sauvages de Camille Ollagnier ; on se souviendra du solo Utt transmis par Carlotta Ikeda. Pour finir, on suivra la carte blanche donnée à William Petit, et la pièce de clôture d’Anton Lachky « un brin irrévérencieuse » : Sens interdit. Aux Hivernales, tout est permis, même le silence ! DE.M. FESTIVAL LES HIVERNALES 3 au 20 février Divers lieux, Avignon 04 90 82 33 12 hivernales-avignon.com


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CRITIQUEs

rencontres

spectacles

7 jours chrono En décembre Mustapha Benfodil, journaliste et écrivain algérien, était en résidence à Peuple et Culture Marseille, dans une ville à laquelle il est très attaché. Comme à l’accoutumée, il donne sans compter et captive les élèves des lycées Mistral et Thiers avec Les six derniers jours de Baghdad-Journal d’un voyage de guerre, texte personnel rédigé pendant la guerre en Irak (2003-2004) et Le point de vue de La Mort, pièce de théâtre tragique et crue sur les Algériens qui s’immolent par le feu. À la Minoterie, le Cabinet des Lecteurs propose à un large public une très belle lecture d’extraits, notamment, de Clandestinopolis, ou l’Archéologie du Chaos (amoureux), roman déstructuré et subversif sur l’Algérie contemporaine et le politique réinventé par un mouvement artistique anarchiste, Les Anartistes. La rencontre se poursuit par un échange autour du carrefour linguistique : Mustapha Benfodil jongle avec le français à l’écrit, l’arabe à l’oral, et le kabyle, sa langue maternelle ;

avec

Mustapha Benfodil

pour lui, l’écriture d’un nouveau roman suppose toujours un langage à redécouvrir. À la librairie Histoire de l’œil, les auteurs Nunzia Benedetti, Mustapha Benfodil, Sarah Kéryna, Vincent Laugier et Nicolas Tardy donnent à entendre leurs «  écrits en chantier », dans un collectif soucieux d’échanges artistiques et sensibles. Et c’est AlChérie, Journal Intense, un roman inédit et plus que jamais brûlant, que livre l’auteur au plus fort de son écriture-manifeste, un texte pétri des « saillies, sagesses, fulgurances, patois populaires d’où suinte le cambouis de la machine sociale ». Le documentaire Contre-pouvoirs de Malek Bensmaïl, en avant-première au Gyptis, met en exergue le travail des journalistes du quotidien algérien El Watan au moment de l’imminente réélection du chef d’État Abdelaziz Bouteflika. Membre du journal, investissant le champ social, Mustapha Benfodil enquête sur les bidonvilles, photographie les graffitis, donne la parole à ceux qu’on oublie. Engagé politiquement dans

le mouvement « Barakat » (« ça suffit »), il pousse un grand coup de gueule contre le 4e mandat présidentiel. La projection est suivie d’un débat sur la presse indépendante et de son financement. L’État algérien ne soutenant que les journaux pro-Bouteflika, El Watan, qui essuie les frais de procès chroniques, ne peut compter que sur son million de lecteurs francophones et la publicité. Malek Bensmaïl évoque aussi les difficultés de diffusion de ses documentaires en Algérie : aucun financement, pas de diffuseurs et des salles de cinéma réduites à peau de chagrin ! Alors pour exister, pour résister, pour toucher le plus grand nombre, le film devra emprunter le chemin d’un marché parallèle... MARION CORDIER

Mustapha Benfodil était invité par Peuple et Culture, Marseille du 7 au 13 décembre

LA PATATE !!! Si l’expression sortie toute chaude de la bouche d’une adolescente ravie de sa soirée au Merlan paraît un peu triviale, elle jette sans ambiguïté un cri de joie et d’admiration face à un travail époustouflant ! Elles sont neuf sur la scène, neuf chaises en ligne qui attendent leur cavalier dans la perpendiculaire chacune de six pommes rouges bien sages pour le moment ! Comment ne pas penser immédiatement en effet à la chorégraphe Pina Bausch dont l’esthétique au sens large du terme imprègne tout le spectacle ? L’entrée en scène des protagonistes tirés à quatre épingles se dandinant en rythme -«  Ein zwei drei one two three »- des pieds à la tête, de l’œil et du sourcil, sourire figé et mains virevoltantes autour du fruit de la tentation confirme le premier contact visuel… mais ces danseurs de music-hall sont des jongleurs et pas des moindres ! La compagnie so british créée par Sean Gandini et Kati Ylä-Hokkala (aussi acteurs à part entière) « tourne » avec Smashed depuis cinq années sans altération aucune de la fraîcheur du produit : perfection du geste dans la tradition du jonglage et hors cadre ; rigueur des chorégraphies -les scènes en-

Smashed © Ludovic des cognets

chaînent de petites histoires où chacun à son tour se trouve confronté aux autres et il y a un méchant-, construction dramatique impeccable -quand la tea-party a volé en éclats de porcelaine et que les fruits sont tout écrasés, le show repart de plus belle sur la scène jonchée-, musiques euphorisantes qui propulsent les petites boules rouges encore plus haut… tout est parfait ! Et parfois comme un défi aux lois de la gravitation universelle (Mister Newton

pardonne tout aux jongleurs qui lui doivent tant), les pommes restent suspendues dans l’horizontalité miraculeuse produite par les jets à l’unisson. C’est bien beau !! MARIE-JO DHO

Smashed a été présenté au théâtre du Merlan, Marseille, les 12 et 13 janvier


Le choc vibre à côté

© Isabelle Meister

Le théâtre de la Joliette programmait une proposition de Jean Louis Hourdin autour de deux textes très différents : L’Île des Esclaves de Marivaux, et La Stratégie du Choc de Naomi Klein. Une comédie prônant l’abolition des privilèges au temps des Lumières, et un essai américain s’insurgeant avec force et conviction contre le néolibéralisme et ses dévastations. Deux textes de natures, d’époques et de pays très différents, mais un propos qui peut s’apparenter, dans la défense des faibles contre les forts, et la dénonciation de l’iniquité de systèmes d’oppression qui font pourtant consensus. Pourtant l’ensemble passe difficilement la rampe : les acteurs ne jouent pas entre eux, ils s’adressent directement au public sans quatrième mur, chantent des songs dans une esthétique résolument brechtienne, cherchant à convaincre. Hélas ils chantent faux, jouent avec trop ou trop peu de conviction dans la harangue, et peinent à convaincre alors que L’Île des Esclaves est un texte étonnant de modernité puisqu’il combat radicalement la situation de servitude et de domination sociale ; et que l’essai de Naomi Klein est éclairant, révoltant, sidérant, lorsqu’il décrit comment quelques économistes hallucinés ont mis à bas le Chili, la Pologne, la Russie, en expérimentant leurs théories d’un capitalisme forcené. Ou en portant la guerre en Irak, en profitant des dégâts de Katrina ou du Tsunami. On connait les dégâts que les théories de Milton Friedman ont causés, et les réentendre ainsi sur scène est salutaire. Soigner davantage la forme aurait rendu le propos plus efficace... AGNÈS FRESCHEL Vous reprendrez bien un peu de liberté ou comment ne pas pleurer ? a été joué au théâtre de la Minoterie-Joliette, à Marseille, du 14 au 16 janvier

pub zibeline janv-fev_Mise en page 1 15/01/16 16:11 Page1

Théâtre La passerelle, Gap Janvier-février 2016 RÉCIT ENIVRANT

Savoir enfin qui nous buvons

Du 21 au 23 janvier à 19:00

HIP-HOP & MAGIE NUMÉRIQUE

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Vendredi 29 et samedi 30 janvier à 20:30

FANTAISIE CIRCASSIENNE

Oktobre

Mercredi 3 février à 20:30

THÉÂTRE D’OBJETS DÈS 5 ANS

Comment moi je ?

Mardi 23 et mercredi 24 février à 18:00

EXPOSITION PHOTO

Maia Flore

& Guillaume Martial

Lauréat 2015 du Prix HSBC pour la Photographie

Exposition du 19 janvier au 16 avril

www.theatre-la-passerelle.eu

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CRITIQUEs

rencontres

spectacles

Pour une métaphysique de la lumière poésie c’est « l’art de nous rapprocher de ce qui nous dépasse ». Angélique Ionatos, flamme tragique et bouleversante, dit puis chante le poète -quelle meilleure introduction que le contact avec non seulement les mots, mais les sonorités originales, la musicalité de la langue grecque ! L’œuvre du chantre de la lumière est ensuite évoquée, à travers ses textes (beaux duos entre Thierry Fabre et A. Ionatos), sa vie. Le caracAngelique Ionatos © Angelique Ionatos tère visionnaire est souligné avec Dans le cadre du cycle de rencontres force : « La Grèce est en train de se vendre et débats du MuCEM Le grand livre des […] », insiste A. Ionatos qui raconte l’histoire passages-Littératures, l’essayiste Thierry de la petite Anna que sa maman ne viendra Fabre recevait à propos d’Odysséas Ely- pas chercher à l’école car elle n’a plus les tis (mort en 1996), la grande chanteuse moyens matériels pour l’élever*. Les poètes grecque Angélique Ionatos qui vient de sont des prophètes, ce qu’Elytis écrit dans publier un volume bilingue, Le soleil sait / les années 50 est vrai aujourd’hui. Il parlait Une anthologie vagabonde. On y retrouve sa déjà des ennemis déguisés en amis qui sont traduction d’un florilège de textes de celui venus... et rappelle dans Laconique que la qui affirmait dans son discours de réception vie « déclare à nouveau légitime l’Inespéré ». au Prix Nobel en 1979 (et dont on entendra Applaudissements de la salle. Le lyrisme, la quelques extraits lors de la conférence), la sensualité, la profondeur de ce chantre de

OÙ SE NICHE L’HUMANITÉ ? Le week-end marionnettes programmé par le Théâtre d’Arles fut une belle proposition faite de découvertes multiples, et de délicatesses qui disent le monde autrement. Avec Limen, Uta Gebert s’adresse avant tout à notre sensibilité, provoque des émotions qui ne se basent pas sur la compréhension d’un texte, voire d’une situation, mais qui nous laissent nous installer durablement dans la poésie d’images sensibles, dans une lenteur qui nous permet de prendre le temps du récit. Deux personnages, face à face, s’affrontent dans un combat qui prend sa source dans une porte dont on ne sait ce qu’elle peut receler… La musique enivrante d’Ulrich Kodjo Wendt et de Mark Badur nous emporte vers un ailleurs qui ouvre tous les possibles pour celui qui, enfin, en a franchi le seuil… À peine décelable derrière ses marionnettes, Uta Gebert mène l’histoire, précise dans ses mouvements et dans une

temporalité inusuelle, onirique en diable, qui provoque avec ce silence « musical » et avec cette lenteur une impressionnante opportunité de contemplation. Avec Le Petit théâtre du bout du monde, Ézequiel Garcia-Romeu invite les spectateurs-acteurs à prendre place au sein de son « installation habitée » (magnifique scénographie !), dedans, autour, debout, assis… Chacun peut choisir son angle de vue, la vie qui s’offre au spectateur est incessante, fourmillante, une lecture à plusieurs niveaux que l’on s’approprie au fil du spectacle. Mille détails et « petites choses » accrochent le regard, dans une boîte faite de verre et de bois à deux étages dans et sur laquelle des marionnettes s’animent, de drôles de personnages auxquels Ézequiel Garcia-Romeu donne vie. La vie du dessous nous offre la vision d’un étrange laboratoire dans lequel chacun s’active à de petites occupations tandis qu’une voix off nous informe de l’état environnemental lamentable du monde par le biais de trois articles du journal Le Monde ; au-dessus, un homme, une vieille femme et une plus jeune, statiques, semblent attendre qu’on les anime. Est-ce la vie du dessous qui

la lumière sont mis en exergue : ce n’est pas un hasard si la philosophie est née en Grèce, la lumière y est métaphysique. C’est pourquoi Elytis disait aussi que le mystère n’est pas situé dans l’ombre, mais dans la lumière. La poésie est un art premier, on ne peut pas vivre sans elle, notre vie sans poésie serait insignifiante, déclare A. Ionatos citant Yannis Ritsos : « La poésie a inventé le monde mais le monde l’a oublié ». Se refusant à la mièvre tristesse, elle insiste sur la grandeur tragique qui sait faire de l’humour, mais exige aussi de l’humanité sa force de résistance. « Non, le Paradis n’était pas une nostalgie. Encore moins une récompense. C’était un droit. » (Le Petit Navigateur). MARYVONNE COLOMBANI * journalzibeline.fr/critique/une-poetique-de-laction/

Le soleil sait, Une anthologie vagabonde, Odysseas Elytis, éditions Cheyne, collection D’une voix l’autre, 23€ La rencontre a eu lieu le 14 janvier au MuCEM, à Marseille

Le Petit théâtre du bout du monde© Nathalie Sternalski

rend vivable celle du dessus ? L’interaction entre les deux mondes se fait par le biais d’un petit personnage très actif, le seul qui semble savoir ce qu’il fait là et se promène entre tous pour impulser son humanité. Serat-il seulement assez puissant pour éviter que le monde ne se précipite dans ce néant que suggère subtilement Garcia-Romeu ? Car ne nous trompons pas, ces personnages nous ressemblent de façon troublante, d’où qu’on se trouve. DOMINIQUE MARÇON Le week-end marionnettes s’est déroulé au Théâtre d’Arles les 8 et 9 janvier


Le Ballet National de Marseille, Centre Chorégraphique National présente

School of Moon

Eric Minh Cuong Castaing Compagnie Shonen

________

While We Strive Arno Schuitemaker Compagnie SHARP

27 > 31 janvier 2016

© Marc Da Cunha Lopes

au Ballet National de Marseille

Le Cercle du Ballet National de Marseille

Club Entreprises du Ballet National de Marseille

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MARSEILLE

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Texte : Matéi Visniec Mise en scène : Gilbert Barba Avec : Jacques Germain, Serge Pauthe, Roland Peyron

4, PLACE DE LENCHE MARSEILLE 2°

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www.theatredelenche.info


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CRITIQUEs

musiques

Noël en concorde... Ils sont « gratuits », les concerts de Noël proposés par le Conseil Départemental dans les églises des Bouches-du-Rhône… et font « recette » ! Imaginez qu’on a fait la queue dès midi, le 19 décembre, à la porte des Réformés (qui est loin d’être l’église la plus petite de Marseille !) pour un concert prévu à… 15h ! Hélas, beaucoup sont restés sur le parvis… et c’est comme ça partout ! Les chanteuses Françoise Atlan et Lucille Pessey, accompagnées par de jeunes mandolinistes issus de la classe de Vincent Beer-Demander au CNRR de Marseille, solistes de l’Académie de Mandoline de Marseille (Jean el Arafi-Recours, Nina Grimaud, Carmen Confalonieri, Bérangère Vallier), de prestigieux musiciens rompus aux traditions musicales du bassin méditerranéen, affichaient un beau Noël d’Orient. Les voix, sereines et radieuses, se sont élevées dans l’enceinte pleine à craquer, chantant la tradition maronite et syriaque du Liban, un Kyrie en arabe, des pièces en araméen (la langue de Jésus, à l’origine de l’hébreu et l’arabe), une partition napolitaine évoquant la Nativité, un conte séfarade, une sérénade ou une tarentelle pour mandolines, luth ou guitare (Jean-Michel Robert), un opus pour le qanun (Nidhal Jaoua)... tout un chapelet d’antiques musiques rehaussé de percussions (Mathias Autexier), auquel

Cinq Berlinois dans le vent !

© X-D.R

se sont agrégées sept pièces en création, commandées au compositeur Alexandros Markeas, et inspirées, arrangées à partir des répertoires d’Asie mineure, byzantin, de Thrace, Chypre... Et c’est un monde de paix qui a résonné, chantant l’harmonie entre les civilisations, les traditions et religions, issu de la bouche vermeille de deux brillantes artistes de notre région (elles ont donné, avec leurs compères de tournée, une dizaine de concerts en trois semaines dans tout le département !).

Cinq Berlinois se posent dans un rond de lumière dessiné sur le parquet du magnifique auditorium du Conservatoire Darius Milhaud à Aix. Le 12 janvier, le Quintette à vent du « Philharmoniker » vient clore, en apothéose, la Biennale qu’organise, depuis 20 ans, l’Institut Français des Instruments à Vents : un événement unique au monde (comme le Concours Tomasi) qui participe au rayonnement de Marseille et sa Région ! Ce qu’on entend est la « Rolls » des quintettes (flûte, hautbois, clarinette, cor, basson), aussi bien dans l’Adagio mozartien, joué en prélude avec une harmonie supérieure, que dans l’élégance lumineuse d’une partition de Paul Taffanel. Chaque musicien y trouve son espace de Quintette à vent de la Philharmonie de Berlin © Peter Adamik

L’auditoire est sorti ravi. Et l’on n’imagine guère meilleur hymne à la (ré)conciliation, la concorde entre les peuples, au sortir d’une période troublée, balayée cet après-midi-là par un instant de grâce… et une fête universelle ! JACQUES FRESCHEL

Le concert a été donné le 19 décembre dans l’église des Réformés, à Marseille

jeu ; chacun se met au service de l’autre ! Les artistes nous font découvrir une pièce contemporaine qui leur est dédiée, mettent en valeur l’écriture subtile du Finnois Kalevi Aho dans son vaste 2e Quintette, avant de donner la plus belle version sans doute jamais jouée des Cinq danses profanes et sacrées d’Henri Tomasi. Les pages virtuoses, colorées, où prime la mélodie, s’emballent au rythme d’un gospel fantasmé, d’un mouvement d’horlogerie, de dynamiques hallucinantes… Un moment rare ! J.F.

Le Quintette à vent du Philharmoniker s’est produit le 12 janvier au Conservatoire Darius Milhaud, à Aix Lire aussi : www.journalzibeline.fr/critique/ quintettes-rares


FÉVRIER - MARS 2016 MARSEILLE PERTUIS TA R A S C O N FORCALQUIER SALON-DE-PROVENCE ARLES

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Sandrine Collette Jérémy Fel L e C a p i t a i n e P a u l Wa t s o n www.librairie-paca.com

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AU PROGRAMME

musiques

marseille

L’aiglon

Pas sur la bouche La comédie musicale de Maurice Yvain a même inspiré le cinéma d’Alain Resnais, tant l’intrigue comporte de rebondissements et de quiproquos farfelus. La légèreté du propos, qui sait éviter tous les pièges du vulgaire, est de mise, les airs et les danses s’enchaînent en un rythme virevoltant de belle facture. Une présentation en sera donnée à l’Alcazar le 20 février à 17h. Le charme de l’opérette est de ne pas tout prendre au sérieux. Une bouffée de rire bienvenue !

Musicatreize

Il ne voulait pas être un « front qui se colle à des vitres » ; le fils de Napoléon 1er et MarieLouise d’Autriche, prisonnier des Habsbourg, vit dans la nostalgie de l’épopée paternelle. La pièce d’Edmond Rostand qui met en scène destin tragique du Roi de Rome, adaptée par Henri Caïn, devient grâce à Jacques Ibert et Arthur Honegger un drame musical de haute volée, porté par des interprètes hors pair cette saison à l’Opéra de Marseille : la mezzo Stéphanie d’Oustrac dans le rôle-titre, le baryton Marc Barrard incarnera Flambeau et le baryton-basse Franco Pomponi le machiavélique Metternich. 13 au 21 février Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr

Le concert donné par l’ensemble de Roland Hayrabédian sera consacré à un compositeur contemporain Zad Moultaka : Maadann, une sorte de « liturgie du métal » matière sensible aux sources de l’imaginaire alchimique ; Ikhtifa, (effacement, disparition en arabe), qui s’articule autour de deux tableau, d’Ubac et de Nicolas de Staël ; et le cycle complet de Cadavres exquis, où se conjuguent mémoire, reflets, ombres, échos… 5 février Temple Grignan, Marseille 04 91 00 91 31 musicatreize.org

Le concert sans retour Chaillol L’espace culturel de Chaillol, infatigable, propose en hiver de petites formes pour de grands interprètes, lors de Week-Ends Musicaux qui présentent les formations quatre fois dans quatre vallées. Ainsi, l’ensemble Tchayok, contrebasse, balalaïka et chant séduit avec des musiques slaves et tziganes (28 au 31 janvier à Bénévent, Chorges, Orcières et Chabestan), puis le ténor David Lefort et le pianiste Simon Zaoui offriront un temps poétique avec le cycle La Bonne Chanson de Verlaine, mis en musique par Gabriel Fauré (25 au 28 février à Manteyer, La Bâtie Neuve, Gap et Laye).

20 février Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr

Tchayok © Pascale Cholette

Cyrano La Parenthèse Sur une idée originale et la chorégraphie de Christophe Garcia, le spectateur est invité à découvrir les personnages de Cyrano de Bergerac à travers une promenade à l’intérieur de l’opéra, croisant danseurs et musiciens sur une création musicale de Laurier Rajotte. Architecture et spectacle se marient dans une démarche déconcertante et envoûtante.

04 96 12 52 70

27 & 28 février L’Odéon, Marseille culture.marseille.fr

© Charlotte Spillemaecker

© Marc Vanappelghem

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festivaldechaillol.com

Cinq de cœur est le pendant vocal du Quatuor qui sait si bien écorner le sérieux compassé que certains pensent encore comme l’apanage de la musique classique. Les cinq chanteurs, deux sopranos, une contralto, un ténor et un baryton-basse, offre un programme romantique allemand, Brahms, Schubert, Bach, qui s’autorise des escapades du côté de Scorpions de Léo Ferré ou du chant breton… exercice jubilatoire de haute volée ! 26 février Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.fr


Bouches-du-rhône

vaucluse

var

musiques

AU PROGRAMME

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Nathalie Dessay et Laurent Naouri © Sandrine Expilly.

Musique de Chambre

Sous l’égide de l’association des amis du théâtre lyrique, sera donné dans sa version concertante le drame lyrique en deux actes de Donizetti sur un livret de Guiseppe Bardari, d’après l’œuvre de Schiller, Maria Stuarda. L’art du bel canto sert avec finesse l’affrontement tragique entre la reine d’Écosse (Patrizia Ciofi) et la reine d’Angleterre, Élisabeth 1ère (Karine Deshayes) sous la baguette de Luciano Acocella.

Dans la programmation des Grands Concerts de l’Opéra de Toulon, une soirée est consacrée à la musique outre-Atlantique, avec deux pièces d’Aaron Copland, Appalachian Spring et Billy the Kid, Rhapsody in Blue de George Gershwin, et Duet de Steve Reich. On passera ainsi du premier western transposé en langage musical et au ballet à la composition jazz et à la musique minimaliste. Un beau panorama de la musique américaine de la première moitié du XXe sous la direction musicale de Dietrich Paredes avec le piano de Frank Braley !

Frank Braley © Nicolas Tavernier

Un plateau de rêve se profile à l’Opéra d’Avignon avec deux stars unies sur scène comme dans la vie, la soprano Nathalie Dessay et le baryton-basse Laurent Naouri, accompagnés par le pianiste Maciej Pikulski. Un programme de chant français tout de délicatesse, invite Fauré, Duparc, Poulenc, Delibes et Widor (le 26 janvier). À ces envolées lyriques succèdera le 5 février le Concerto n°1 pour violoncelle (Pavel Gomziakov), le Tombeau de Couperin de Ravel et la Symphonie n°2 de Weill.

Rhapsody in Blue

Patrizia Ciofi © Borghese.

Opéra du Grand Avignon 04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr

5 février Opéra de Toulon 04 94 93 03 76 operadetoulon.fr

Pelléas et Mélisande

© Opéra de Nice

24 & 27 janvier Opéra du Grand Avignon 04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr

GTP

The Fairy Queen La pièce de Shakespeare, Le Songe d’une nuit d’été, inspira à Purcell un semi-opéra en cinq actes. Magie sylvestre, ivresses poétiques, fées et comédiens, amours dirigées par les caprices fantasques de la lune… Une œuvre fantaisiste et baroque sous la baguette de Sébastien d’Hérin avec l’Orchestre Les Nouveaux Caractères, en co-réalisation avec Musique Baroque en Avignon pour sa création à l’Opéra d’Avignon.

Un livret du poète Maurice Maeterlinck (prix Nobel de littérature 1911), la composition de Claude Debussy, et voici l’œuvre phare de l’opéra français du XXe. Les amours tragiques de Pelléas et Mélisande se fondent dans la poésie sensible d’une orchestration qui emporte les mots et les scènes du drame lyrique dans une labile fluidité. Le légendaire Serge Baudo est à la baguette. Une production de l’opéra de Nice incontournable !

20 février Opéra du Grand Avignon 04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr

26, 29 & 31 janvier Opéra de Toulon 04 94 93 03 76 operadetoulon.fr

La Chambre Philharmonique que l’on avait déjà applaudie en décembre sur un programme Brahms, marque un deuxième temps fort de sa résidence au GTP avec Grieg, Bartók et Tchaïkovski, sous la houlette précise et bienveillante d’Emmanuel Krivine (le 2 février). Le GTP aura le bonheur de recevoir l’immense pianiste, lauréat du Concours Tchaïkovski, Nikolaï Lugansky qui interprètera avec une sensible intelligence des œuvres de Schubert, Beethoven, Albéniz et Rachmaninov (le 13 février). Nikolai Lugansky © Marco Borggrev

Maria Stuarda

Grand Théâtre de Provence, Aix 08 2013 2013 lestheatres.net


AU PROGRAMME

musiques

marseille

Pour Kateb Yacine

Ladies in blues

Paroles de Méditerranée

Le grand écrivain Kateb Yacine est au centre de la première journée du temps fort Algérie, entre la carte et le territoire (qui se déroulera en 2 parties, du 26 au 28 février, et du 10 au 13 mars). Pour l’occasion, Brigitte Fontaine crée un spectacle qui rend hommage à l’écrivain et au poète militant qu’il fut, en tissant des lectures puisées dans son œuvre théâtrale et dans son roman Nedjma avec des morceaux de son propre répertoire. Elle est accompagnée sur scène par Areski Belkacem, Yann Péchin et Patrick Baudin. 26 février MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 mucem.org

Aksak

Deux voix féminines exceptionnelles se succèdent sur la scène de La Méson lors de deux soirées remarquable : le 29 janvier Marion Rampal, accompagnée de son complice Pierre-François Blanchard et de la Cie Nine Spirit, explorera un répertoire qui mêlera blues, lied et chansons originales. Le lendemain, Madam Waits, Alexandra Satger, pose sa voix sur les chansons de Tom Waits, avec Romain Morello au trombone et Renaud Matchoulian à la guitare et au banjo.

26 février Cité de la musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com

29 & 30 janvier La Méson, Marseille 04 91 50 11 61 lameson.com

Ange Le groupe mythique de rock progressif formé au début des années 70 sort un nouveau digipack, Emile Jacotey resurrection live, et repart en tournée, toujours emmené par Christian Décamps, fondateur du groupe, et seul membre d’origine de la formation actuelle et entouré de jeunes musiciens talentueux, parmi lesquels son fils Tristan. Retour aux racines, et renaissance pour Emile Jacotey, vieux maréchal-ferrant et conteur hors pair, avec un réenregistrement de l’album de 1974 comprenant de nouveaux arrangements et des créations. Un événement !

Les cinq musiciens de ce groupe de « musiques créatives des Balkans » -Isabelle Courroy (flûte kaval), Philippe Franceschi (clarinette), Patrice Gabet (violon), Christiane Ildevert (contrebasse) et Lionel Romieu (guitare, oud, mandole)- fêtent leurs 25 ans de vie musicale commune ! Leur spectacle Les Artisans du temps rend compte des musiques collectées auprès des habitants lors de leurs voyages dans les Balkans, qui ont contribué à créer les compositions originales qui le composent pour le plus grand bonheur de tous.

Duo Machado / Ithursarry

Jean-Marie Machado, pianiste et compositeur, et Didier Ithursarry, accordéoniste, conjuguent leurs univers musicaux pour un voyage emprunt d’émotion, de poésie et de partage. Les deux complices échangent autour de Bach, Chopin ou du fado, transformant la musique en un dialogue tout en nuances et surprises. Ange © Yannick Perrin

23 janvier Cité de la musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com

Madam Waits © X-D.R.

Anne Derivière-Gastine (au piano) et Fouad Didi (à l’oud et au violon) mettent en musique les textes de poètes Syriens, Grecs, Palestiniens, Israéliens, Italiens, Algérien… choisis et dits ou chantés par Philippe Gastine. Quatorze poèmes qui offrent quatre états d’une odyssée humaine ordinaire : « Naître et Partir : l’arrachement », « Dans la chaleur de la nuit : la sensualité », « Les ténèbres du silence : la souffrance» et «Retour aux sources de la lumière : la sérénité ».

Machado-Ithursarry © Cecil Mathieu

Brigitte Fontaine © Robin

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6 février Espace Julien, Marseille 04 91 24 34 10 espace-julien.com

25 février L’U.percut, Marseille 06 60 96 78 88 u-percut.fr


SAISON 15/16

marseille

JANVIER FÉVRIER

2016

2016

2015/16

2016

23/01 > 26/02 JANVIER

23 > 24

27 > 28

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Mickaël Phelippeau théâtre L A R E VA N C H E

Antonella Amirante théâtre / danse / performance FESTIVAL PARALLÈLE #6 LE PAS DE BÊME Cie Théâtre Déplié TOUCH DOWN Maud Blandel

03 > 04

danse PHORM

26

théâtre CARNAGES

FÉVRIER

SAISON 15/16

danse POUR ETHAN + AVEC ANASTASIA

David colas & Santiago Codon Gras ASPHALTE Pierre Rigal

François Cervantes

AU PROGRAMME

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musiques

bouches-du-rhône

vaucluse

var

alpes

Revivre des Suds

Cinq garçons dans un vent de folie. Ces semeurs de rythmes et de sons font de la « chanson spectaculaire ». Une douzaine d’instruments qui s’expriment, un peu de poésie, de la danse, quelques masques, des costumes déjantés, une bonne dose de rire, de délire et de « franche déconnade ». Voilà pour les ingrédients de La Belle vie, la bien nommée, le méga-show de ces doux dingues. Entrez dans le feu de joie !

Kareyce Fotso + Martin Harley Avec son timbre à la fois grave et chaleureux, Kareyce Fotso chante ses mélodies d’Afrique et de métissage, accompagnée de sa guitare et des percussions de François Kokelaere. Dans un autre registre, le son blues et rauque de Martin Harley dévoile un univers poétique et envoûtant.

Airelle Besson © Lucille Reyboz.

Les Fouteurs de joie @ Marylene Eytier.

Les fouteurs de joie

Martin Harley © X-D.R.

27 février Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr

Avishai Cohen

28 janvier Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr

Trompettiste de grand talent, Avishaï Cohen est capable de compositions envoûtantes comme de reprises très personnelles des plus grands standards. Influencé par Miles Davis, il est parfois comparé au maître du jazz pour sa façon de donner une voix à son instrument. Un batteur et un contrebassiste l’accompagnent dans ce trio.

Deux jours de musique au programme pour le traditionnel rendez-vous hivernal du Revivre des Suds à Arles. En ouverture, le 12 février, la projection d’un documentaire sur Paco de Lucia, suivi d’un retour sur l’édition des Suds 2015. Puis dans la soirée, ambiance hip-hop et dance-floor. Le 13, duo de cordes et de cuivres. La jeune trompettiste Airelle Besson sera associée au violoncelliste Vincent Segal pour une création acoustique spéciale à la Chapelle du Méjan. 12 & 13 février Divers lieux, Arles 04 90 96 06 27 suds-arles.com

Barbarie Boxon

29 janvier Forum des Jeunes, Berre-l’Étang 04 42 10 23 60 forumdeberre.com

Barbarie Boxon © Fabrice Crénel.

AU PROGRAMME

Avishai Cohen © Jim Goldberg

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Martin Harley 26 février Forum des Jeunes, Berre-l’Étang 04 42 10 23 60 forumdeberre.com

Les agités du dance-floor

26 février Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 theatre-semaphore-portdebouc.com

Bienvenue au grand mix ! Avec Les agités du dance-floor, les sensations sont garanties. Entre ambiance cabaret, sons à l’ancienne, groove, électro ou funky, performances d’artistes plasticiens, vidéos et même une touche de cirque, tous les ingrédients sont réunis pour une fête grandeur nature. Dans un Alpilium métamorphosé, le public aura même le loisir de composer la playlist de la soirée.

4 mars Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 theatredurance.fr

30 janvier L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 mairie-saintremydeprovence.fr

À l’issue de leur résidence au Théâtre des Doms, du 5 au 12 février, les Barbarie Boxon se présentent au public pour une soirée en entrée libre. Comme son nom le laisse présager, le groupe a une certaine facilité à créer des univers déjantés. Quatre garçons et une fille signent des musiques entre rock, pop et électro et des textes déroutants, dans la forme comme dans le contenu. À découvrir ! 12 février Théâtre des Doms, Avignon 04 90 14 07 99 lesdoms.be





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marseille

spectacles

AU PROGRAMME

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Invasion ! des Exquis-mots de Marie-Jo (« dîners littéraires d’exception » à découvrir au fil de la saison de La Criée) se retrouveront au restaurant les Grandes Tables dans le hall du théâtre pour mettre un point d’orgue gourmand à cette Invasion. Phia Ménard

cuisine des nuages « à glace et à vapeur », ce qui présage de belles surprises. Enfin hors-les-murs, on ne manquera pas son Point de vue sur le MuCEM, une visite privée des collections du musée, en entrée libre sur réservation. P.P.P Phia Ménard 26 & 27 janvier L’après-midi d’un Foehn 28 au 30 janvier Vortex 29 au 31 janvier Les Exquis-mots de Marie-Jo 2 février

Vortex © Jean-Luc-Beaujault

Elle avait hypnotisé La Criée avec son Vortex en 2013, c’est à une véritable invasion du théâtre qu’elle se livre cette fois. Cinq spectacles s’y succéderont, pas moins, pour que Phia Ménard, jongleuse, performeuse, chorégraphe hors norme puisse déployer amplement son univers. Vortex, donc, avis de grand vent sur une dramaturgie de Jean-Luc Beaujault, où elle lutte âprement contre une tornade imaginaire. Mais aussi P.P.P., qui voit l’artiste évoluer en solo dans un monde de glace ; fine observatrice de la transformation de la matière, elle en nourrit régulièrement sa pratique. Dans Belle d’Hier, « ballet pour danseuses et silhouettes gelées », elle laminera le mythe du prince charmant par une belle métaphore : la prise de conscience qui transforme cinq femmes figées dans une attente standardisée en « rageuses » assumant leur désir, correspond au dégel progressif du plateau... Les enfants ne sont pas oubliés : une « forme chorégraphique pour sacs plastiques » leur est réservée, avec L’après-midi d’un Foehn (ce phénomène météorologique soufflant de l’air sec et chaud au versant des montagnes). Magique ! Cerise sur le gâteau, les amoureux

Le Dibbouk ou Entre deux mondes

Belle d’Hier 3 au 5 février Point de vue sur le MuCEM 6 février

04 91 54 70 54

La Criée, Marseille theatre-lacriee.com

Le Misanthrope

La culture juive a son récit culte d’un destin amoureux tragique, comme la Bretagne a Tristan et Iseut, et Vérone Roméo et Juliette. Benjamin Lazar met en scène une pièce de Salomon An-Ski (1915), où l’on voit un amant désespéré par le mariage de sa promise avec un autre mourir d’amour... et revenir sous la forme d’un dibbouk. Ce fantôme investit le corps de la belle, refusant d’en sortir en dépit des exorcismes. Du théâtre avec danseurs et orchestre, joué en français, yiddish, hébreu et russe.

04 91 54 70 54

24 au 26 février La Criée, Marseille theatre-lacriee.com

Comment se prépare-t-on à un marathon du merveilleux ? Pas besoin de culture physique intensive ou de réviser ses classiques plusieurs nuits d’affilée : il suffit de se laisser emporter par le souffle narratif de notre patrimoine conté. Durant toute une journée, La Baleine qui dit « Vagues » tiendra le public de La Criée en haleine avec un salon du livre de conte, des ateliers, expositions, conférences et spectacles.

04 91 54 70 54

24 janvier La Criée, Marseille theatre-lacriee.com

© Mathilde Dromard

© P. Gely

Le marathon du merveilleux

Atrabilaire, misanthrope... mais jeune et amoureux. L’Alceste d’Alexis Moati et Pierre Laneyrie est comme chacun de nous : pris dans une pièce qu’il se joue à luimême, où il excelle parfois, et parfois moins ! Après Le malade imaginaire et L’Avare, la compagnie Vol plané revient avec une distribution rajeunie, joue en alexandrins, et gomme plus encore la distance entre le spectateur et les interprètes.

27 février au 5 mars La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com


AU PROGRAMME

spectacles

marseille

Anywhere

Richard II

© Vincent Schmitz

Antigone of Shatila

© Dalia Khamissy

4 au 6 février Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net

29 & 30 janvier La Friche, Marseille 04 95 04 95 95 lafriche.org

22 au 24 janvier La Friche, Marseille 04 95 04 95 95 lafriche.org

Meursaults

23 au 27 février Les Bernardines, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net

© X-D.R

En 2013, le romancier algérien Kamel Daoud, revisite L’Étranger, œuvre la plus connue d’Albert Camus. Meursault, contre-enquête donne existence à la victime, jamais nommée dans le roman original. Le meurtre, commis par Meursault sur cet « arabe » anonyme, a remué des colères, ouvert des plaies, toujours vives. Haroun, le frère de l’homme assassiné, porte ces douleurs, aux côtés de sa mère. Philippe Berling signe l’adaptation et la mise en scène, avec Ahmed Benaïssa et Anna Andreotti pour interprètes.

2 au 6 février Les Bernardines, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net

Elle aime à travailler les matériaux éphémères comme la glace, et la met ici au cœur de sa dramaturgie, pour évoquer les transformations d’Oedipe, marionnette gelée qui fond au rythme de ses pérégrinations, puis s’évapore... Elise Vigneron adapte le texte phare d’Henry Bauchau, Œdipe sur la route. Retrouvez l’artiste présentant son travail sur notre webradio au micro d’Agnès Freschel, lors d’un plateau radiophonique au Théâtre des Doms cet été.

Petit boulot pour vieux clown

© Clément Minair

Le 6e jour

Entre Catherine Germain, son clown Arletti et François Cervantes, c’est une histoire qui dure. La Cie L’Entreprise remet en chantier ce spectacle créé il y a 20 ans, qui voit Arletti dépoussiérer la Genèse à sa façon, inénarrable. Un véritable travail de re-création mené par le metteur en scène et sa comédienne sera présenté à La Friche en guise d’avant-première, puis le Théâtre des Bernardines accueillera Le 6e jour nouvelle version au printemps prochain.

© Alessia Contu

Voilà une occasion unique de rencontrer par le théâtre la réalité la plus crue, la plus tragique et la plus humaine du drame syrien. 17 femmes réfugiées au Liban ont travaillé avec le metteur en scène Omar Abusaada l’Antigone de Sophocle. Une renaissance pour beaucoup d’entre elles, vivifiant le mythe le plus rebelle de l’Antiquité. Magnifique conclusion des 10e Rencontres à l’Échelle à La Friche.

William Shakespeare s’est inspiré de la vie (et la mort) de Richard II d’Angleterre, souverain controversé, destitué par son cousin deux siècles auparavant, pour en faire un drame historique plein de bruit et de fureur. Clément Camar-Mercier a adapté la pièce, et Guillaume Séverac-Schmitz l’a conçue plutôt comme « une ode à la jeunesse et à l’humanité », vibrant hommage au théâtre.

© Christophe Raynaud de Lage

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« On demande vieux clown ». C’est pour répondre à cette annonce que trois artistes usés se retrouvent en compétition pour un seul poste. Commence un huis clos mordant, une comédie bien trempée dans la tragédie contemporaine qui consiste à laisser les plus faibles sur le carreau, et à faire du clown un loup pour le clown. Une rencontre avec l’auteur (Matei Visniec) et l’équipe artistique est prévue le 4 février à l’issue de la représentation. 2 au 14 février Le Lenche, Marseille 05 91 91 52 22 theatredelenche.info


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Schitz

Asphalte

L’histoire, malheureusement, résonne principalement du discours martial de ceux qui ont commandité les guerres. Du trouffion inconnu, nul ne sait quel a été le destin, et encore moins celui de sa femme ! C’est, pour une fois, à celles qui demeuraient «à l’arrière» pendant le conflit de 14-18 que la parole est donnée. Tout un vivier de correspondances réelles constitue la trame de ce spectacle, de et avec Laetitia Langlet, Catherine Swartenbroekx, et Muriel Tschaen.

Le hip hop court derrière la danse contemporaine (ou est-ce l’inverse ?) dans ce road-movie post-nucléaire, conçu par le chorégraphe toulousain Pierre Rigal. Peuplé de silhouettes robotisées ou de zombies mi-hommes mi-machines, le plateau du Merlan prend forme urbaine, et les danseurs tentent de conserver dans ce décor quelques traces d’humanité : un corps, voire une identité, individuelle, et collective. Spectacle précédé de Phorm, duo hip hop de David Colas et Santiago Codon Gras.

© Danny Willems

Bien à vous

David Strosberg met en scène les écrits féroces de l’auteur israëlien Hanokh Levin, disséquant jusqu’à la moelle une famille où les sentiments n’ont pas leur place, ses membres étant tous plus cupides et voraces les uns que les autres. On rit pourtant à les voir s’écharper, tandis que les artistes doivent le faire sous cape, en nous tendant le miroir à peine déformant de notre société de consommation.

25 au 27 février Le Lenche, Marseille 05 91 91 52 22 theatredelenche.info

© Pierre Grosbois

© X-D.R

25 au 27 février Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 07 94 theatrejoliette.fr

3 & 4 février Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

La Revanche

Carnages

© X-D.R

La Cie montpelliéraine Tire pas la nappe a travaillé avec des enfants scolarisés en primaire, leur posant une série de questions, dont les réponses ont servi de matériau à ce spectacle. Cette « classe d’imaginaire » a été conçue par Marion Aubert en réponse à une demande de son fils, qui voulait qu’elle lui écrive une pièce : elle traite « de choses extérieures, et de choses intérieures », bref de tout ce qui intéresse les enfants d’aujourd’hui. Tout public à partir de 7 ans.

© Jean-Louis Fernandez

Antonella Amirante a toujours un pied en Italie. Ses amours transalpines l’ont cette fois conduite à mettre en scène un texte de Michele Santeramo : la lutte face aux coups durs de Vincenzo, agriculteur frappé de stérilité par les pesticides, et menacé d’expropriation. « Comédie amère où des gens ordinaires sont victimes d’une tornade créée par le souffle d’un monstre trop grand pour qu’on puisse en voir le visage», La Revanche est un cri politique, et poétique.

3 au 5 février Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 07 94 theatrejoliette.fr

Les clowns les plus célèbres du XXe siècle ouvrent à nouveau les portes du théâtre grâce à la Cie L’Entreprise et François Cervantes. Pipo et Rhum, Dario et Bario ou encore les frères Fratellini invitent le public à vivre une grande fête collective. Ces personnages considérés comme marginaux démontrent qu’ils ont, aujourd’hui encore, beaucoup de choses à partager mais aussi plus de traits communs avec les spectateurs qu’on ne le pense… Dès 11 ans.

© Christophe Raynaud de Lage

La classe vive

27 & 28 janvier Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org 26 février Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org


AU PROGRAMME

spectacles

marseille

Scapin

Le cirque poussière

L’écran de fumée, ou le Cabaret du mensonge heureux. Tout un programme en un titre-manifeste, tout un spectacle pour ceux qui souhaitent découvrir la vérité sur les bobards, boniments, fables, escroqueries, mirages et jésuitismes divers et variés... La Cie du Maquis oppose son art du déni à toutes les réalités désagréables, sur l’air de « Tout va très bien madame la marquise » : 1 pauvre + 1 pauvre = 1 pauvre, c’est toujours mieux pour les statistiques !

Prix 2015 du Festival Momix, ce spectacle arrive à Marseille précédé d’une réputation d’excellence. Son auteur, Julien Candy, tient à respecter un rythme oublié à l’heure de l’instantanéité des nouvelles technologies, et pratique un «cirque du dénuement». Il jongle avec des avions en papier ou lance des fourchettes, tandis que ses compères pratiquent le chant lyrique (Hervé Vaysse) et la haute voltige (Juliette Christmann, Rachel Schiffer). Un carrousel de bonheur, pour petits et grands à partir de 7 ans.

© Sophie Darricau

L’écran de fumée

30 janvier Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.org

© Vincent d’Eaubonne

© Mélanie Derain

Le titre complet de cette oeuvre est «  Scapin, ou la vraie vie de Gennaro Costagliola ». Kristian Fredric a passé commande à l’auteur François Drouan pour creuser le personnage finalement méconnu des Fourberies. L’histoire se déroule en 1775, dix ans après la parution de la pièce de Molière : le vieux filou répare des filets sur le port de Naples, lorsqu’on le sollicite à nouveau pour une affaire louche... 23 au 27 février Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.org

19 au 21 février Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 theatremassalia.com

Couak !

De passage

© Clément Minair

Dans cette nouvelle création du Théâtre du Corps, Yannaël Quenel accompagne au piano la rencontre amoureuse entre deux danseurs d’exception, Marie-Claude Pietragalla et Julien Derouault. Leur relation naît, s’intensifie, s’installe, se love sous la couette ou se joue autour de la table de cuisine... Ces-deux-là, compagnons à la ville bien avant la conception de ce duo, savent de quoi ils parlent : ils sont tombés amoureux en dansant.

2 février Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.org

Annabelle Playe est une exploratrice dans l’âme, du son principalement, mais aussi de la vidéo ou de l’écriture. La soprano et compositrice livre ici une initiation toute en douceur à la musique vocale contemporaine, pour les jeunes oreilles de ses spectateurs (à partir de 4 ans). Elle s’appuie en cela sur le travail de ses prédécesseurs, Luciano Berio, Cathy Berberian, John Cage et bien d’autres encore. À noter : le dernier album de l’artiste, Vaisseaux, est dans les bacs depuis novembre 2015. 3 au 5 février Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 theatremassalia.com

Johanny Bert met en scène un texte de Stéphane Jaubertie (publié aux Éditions Théâtrales en 2013). L’histoire d’un garçon d’une dizaine d’années, qui se découvre enfant adopté et cherche à percer le secret de sa famille, entre ombre et lumière, mystère et anticipation. À découvrir à partir de 9 ans, l’âge où l’on découvre son identité, et construit les fondations de sa future autonomie.

© Jean-Louis Fernandez

Je t’ai rencontré par hasard

© Yves Burdet

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26 au 28 février Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 theatremassalia.com


marseille

bouches-du-rhône

spectacles

AU PROGRAMME

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Empreintes

Next

© Jochem Jurgens

Jolie Sirène de février, à midi net le premier mercredi du mois, sur le parvis de l’Opéra de Marseille : une performance chorégraphique et plastique de la Cie des Corps Parlants. Mathilde Monfreux a travaillé avec la plasticienne Elisabeth Saint Jalmes un type inédit de «sculptures en tissu à activer avec le corps humain», dans le cadre du projet Mitsi. Ce projet se décline ici avec sept danseurs, voués à la transmission d’énergie.

Le chorégraphe Arno Schuitemaker joue des neurosciences et de la philosophie contemporaine pour redéfinir la/les sensations d’espace. While we strive met en scène trois danseurs qui mêlent en un mouvement ininterrompu les matières visuelle et sonore. La dramaturgie de Guy Cools se glisse dans le flux de la composition sonore et musicale de Massimo Cervini, nous emportant dans un voyage qui remodèle notre présent.

© Yann Marquis

© X-D.R

While we strive

3 février Lieux Publics, Marseille / Parvis de l’Opéra 04 91 03 81 28 lieuxpublics.com 30 janvier Ballet National de Marseille 04 91 32 72 72 ballet-de-marseille.com

School of Moon Eric Minh Cuong Castaing à l’école de la lune... Ou la métaphore d’une post-humanité faite de chair et de métal. Cette création fait suite à une résidence de finalisation à la Maison pour la Danse dirigée par Michel Kelemenis, et la chorégraphie comprend dix enfants, accompagnés de deux danseurs et... six robots humanoïdes de compagnie.

30 janvier Le Comœdia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr

© Shonen

Festival Polar en Lumières

Timide

© Luc Dagassart

Septième édition du Festival Polar en Lumières au cinéma Les Lumières de Vitrolles et toujours le même enthousiasme et la même exigence de qualité pour une programmation éclectique. Les séances de cinéma se doublent de rencontres avec les réalisateurs et le théâtre se joint à la fête, avec Le couloir de la mort ou Love me tender 3 de Manuel Pratt, Mangez-le si vous voulez de Jean Teulé, porté à la scène par la Cie Théâtre Actuel. Le jeune public n’est pas oublié, la réflexion non plus, une journée conférence sera consacrée au thème Polar et Cinéma…

27 au 29 janvier Ballet National de Marseille 04 91 32 72 72 ballet-de-marseille.com

© Théâtre Actuel

2 au 4 février Klap Maison pour la Danse, Marseille 04 96 11 11 20 kelemenis.fr

20 au 28 février Cinéma Les Lumières, Vitrolles 04 42 77 90 77 cinemaleslumieres.fr

La compagnie En Phase se meut dans les mots du poète et essayiste martiniquais Édouard Glissant, pour la pièce Empreintes dont une étape de création avait été donnée en 2011 au théâtre Comoedia. Miguel Nosibor, chorégraphe et interprète hip hop, revient à Aubagne pour danser la version achevée (dont la première s’est jouée en novembre 2015 au théâtre Golovine d’Avignon), rencontrant le verbe de l’écrivain-diseur malgache Raharimanana. Croisement enlevé de mémoires et de cultures où se déchiffrent les traces.

Si l’on définit les contes par leur capacité à nous apprendre à grandir, Timide de Catherine Verlaguet en est indéniablement un. Lucas a quatre ans et sa timidité le paralyse. Quelle malédiction pour celui qui deviendra «accrocheur d’étoiles» ! Bénédicte Guichardon interprète ce conte initiatique manipulant objets et marionnettes. Un beau spectacle de la compagnie Le bel après-minuit (quel joli nom !) pour commencer l’année, accessible dès 3 ans. 5 février Le Comœdia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr


AU PROGRAMME

spectacles

BOUCHES-DU-RHÔNE

Hêtre

Un dîner d’adieu

Une branche d’arbre, tourmentée, baignée de lumière ocre émerge de la pénombre, une jeune femme s’approche… commence un numéro poétique, accompagnée par la musique d’un bandonéon. La chorégraphie de cette étrange voltige vous entraîne hors du temps, portée par la grâce de Kamma Rosenbeck dans une mise en scène de l’auteure Fanny Soriano, et les airs de Maguna Thomas Barrière. Une œuvre atypique et envoûtante de la compagnie Libertivore.

S’il est des expériences théâtrales essentielles, Randonnée en terres beckettiennes par Danielle Bré, sa compagnie In pulverem reverteris et Mathieu Cipriani, en est un troublant exemple. Le spectacle invite le spectateur à user de l’ouïe plus que de la vue, à déchiffrer l’énigme des silences et des mots, dans la lecture d’un triptyque qui convoque cinéma, théâtre, piano (Simon Sieger). Non, la culture n’est pas le reflet d’une quelconque loi du marché, mais nous parle et nous renvoie à nous-mêmes, nous offrant de nouveaux miroirs, de nouveaux chemins.

© Emmanuel Murat

© Corine Letellier

Randonnée en terres beckettiennes

17 février Le Comœdia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr

© Patrice Claire

Barons perchés

© Christophe Raynaud De Lage

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Pour ceux qui pensaient avec Italo Calvino qu’il n’y avait qu’un Baron perché, Mathurin Bolze (désormais familier de la salle du Bois de l’Aune) apporte le pluriel, et un défi permanent à la gravitation universelle. On oublie l’artifice du trampoline, pour s’immerger dans la poésie de Barons perchés ; le plancher n’est plus le seul lieu d’appui de la marche ou de la danse ; les murs, l’air même, deviennent solides pour une performance onirique époustouflante. 23 & 24 janvier Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 agglo-paysdaix.fr

4 & 5 février Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 agglo-paysdaix.fr

Si l’on se souvient de la comédie à succès portée à l’écran, Le Prénom, on a une idée de la qualité de la deuxième pièce de Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière, Un dîner d’adieu, en plus caustique, plus féroce. Ce vaudeville met en scène un couple « aisé-blasé » qui a décidé de se débarrasser de ses «amis-boulets», au cours d’un dîner d’adieu. Pitreries et gags s’enchaînent, dans la lignée de Dîner de cons. Un bel exercice pour les zygomatiques ! 2 au 6 février Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

Tanto amore Andreas Le chemin de Damas est une pièce en trois parties d’August Strindberg. Jonathan Châtel en propose une traduction et une adaptation, avec la mise en scène du premier mouvement de cette œuvre monumentale, accordant un nom à l’inconnu de Strindberg : Andréas. Comme Saül qui devient Saint-Paul sur le chemin de Damas, Andréas, écrivain en proie au désespoir, fait une rencontre qui bouleverse sa vie. Il s’agit ici d’une femme, auprès de laquelle il recherchera l’absolu. La pièce est portée par des acteurs d’exception de la Cie ELK, nimbés de lumière. 26 & 27 février Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 agglo-paysdaix.fr

Elles meurent toutes, nourrissant notre mémoire d’airs sublimes, ces tragiques héroïnes de Puccini, Madame Butterfly, Mimi, Tosca, Turandot… La comédienne Simonne Moesen dénonce, lors d’une conférence chantée, l’acharnement des compositeurs à sacrifier leurs personnages sous prétexte de nous régaler d’arias où passion et souffrance jouent du contre-ut jusqu’au vertige… Avec sa complice, la compositrice Kaat De Windt qui interprète au piano ses propres variations sur les thèmes pucciniens, elle nous conduit avec talent et humour dans le cruel univers de l’opéra.

19 & 20 février Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net


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Contact Le jeu de l’amour et du hasard

24 au 27 février Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

© Gadi Dagon

Il faut bien au moins la scène du GTP pour accueillir la magie, l’imagination poétique, la verve, l’élan de Philippe Decouflé et les seize danseurs, acteurs, chanteurs, musiciens de sa compagnie DCA. Hommage à la comédie musicale made in Hollywood, clin d’œil à Pina Bausch, concert, cirque, cabaret, les genres se mêlent, les styles, les personnalités, les corpulences, pour un spectacle hybride, chatoyant et jubilatoire.

Créée en 1987, par Liat Dror et Nir Ben Gal, la pièce Two room apartment avait déjà remporté le prix de la chorégraphie au Concours de Bagnolet avant d’être élue vingt-cinq ans plus tard « meilleure performance de l’année » par le Cercle des critiques de la danse israélienne. Le thème des frontières, physiques ou non, est mené avec brio par les deux danseurs, qui franchiront la ligne interdite, pour créer enfin un espace de liberté. Actualité brûlante !

25 au 28 février Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

L’imaginarium

2 au 6 février Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org

Les Ballets russes

© Anton Zavjyanov

4 & 5 février Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

Kamuyot

© Yan Giraldou

Indissociables de Diaghilev, leur fondateur et mécène, les Ballets Russes sont à l’honneur au GTP, avec le Ballet de l’Opéra de Perm qui interprète des chorégraphies emblématiques : Les Sylphides, Les Danses polovtsiennes, Shéhérazade, Le Spectre de la rose, chorégraphies de Fokine et la Sérénade de Balanchine. Le tout sur des musiques de Chopin, Weber, Borodine, Tchaïkovski. Une belle plongée dans une page d’histoire virtuose de la danse.

De son titre complet, L’imaginarium, conte à interpréter pour rêveur désordonné, le nouveau spectacle de Yan Giraldou nous entraîne dans un rêve partagé où curiosité et imagination se conjuguent en poésie. La réalité devient ici le vecteur du conte, et de l’extraordinaire. L’histoire naît d’images, d’évocations, qui laissent aux spectateurs grands et petits (à partir de 5 ans) une immense liberté. Une belle définition de la démarche artistique.

26 au 30 janvier Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org

Quatorze danseurs du Batsheva-Jeune ensemble apportent leur débordante énergie à la pièce de Ohad Naharin Kamuyot ; le quatrième mur s’efface, les spectateurs deviennent les complices de la folie qui envahit le plateau, soutenue par une bande son qui se nourrit de pop japonaise, de reggae, de musiques de séries cultes. La tornade connaît des accalmies, moments immobiles de pure émotion avant de nouveaux élans d’un rythme jubilatoire car partagé.

© Gadi Dagon

© Victor Tonelli

Théâtre dans le théâtre, jeu du moi et du mensonge, de l’être et des apparences, la pièce de Marivaux décline avec une subtile efficacité des affres des sentiments et des conventions. Lorsque le metteur en scène Laurent Laffargue s’en mêle, l’élégance de la mise en scène rencontre celle de la langue de Marivaux. Bien sûr l’amour triomphe et les conventions sont sauves. L’amour est-il donc le fruit d’un « hasard » qui nous conforte dans la hiérarchie de l’échelle sociale ?…

© Laurent Philippe

Two room apartment

26 au 28 février Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org


AU PROGRAMME

spectacles

BOUCHES-DU-RHÔNE

Bottom La compagnie marseillaise Cahin-Caha en résidence de création au 3bisF, présente une étape de travail de son nouveau spectacle Bottom, écrit et joué par Gulko dans une mise en scène d’Adèll Nodé-Langlois, aussi à la co-écriture. Il semble qu’il sera question d’amour… et de masques (un atelier Jeux de masques/jeux de moi, sera donné du 15 au 19 février par la compagnie).

La mégère apprivoisée

© X-D.R

© X-D.R

Jackie

© Philippe Nou

Au bout de sa vie, Jackie Kennedy nous parle avec les mots d’Elfriede Jelinek, auteur polygraphe, prix Nobel de Littérature 2004. Sont ainsi énoncés les évènements, les confidences, soulignant la distance infrangible entre le papier glacé des magazines et la réalité humaine de cette femme qui, faisant partie des « grands de ce monde » s’exclame : « Nous n’existons même pas ! ». Valérie Hernandez de la Cie La Variante porte avec passion ce personnage complexe dans une mise en scène de Michel Ducros.

Pinocchio La compagnie Têtes de Bois (quel nom prémonitoire pour interpréter une telle pièce !), reprend l’œuvre de Collodi, sans édulcorer la cruauté du conte. Masques, musiques napolitaines, jeu enlevé des acteurs, dans une mise en scène de Mehdi Benabdelouhab et Valeria Emanuele qui mêle commedia dell’arte et théâtre contemporain, allègent les moments difficiles d’abandon, de trahison, de deuil, et conduisent notre marionnette fantastique et fantasque à sa transformation en vrai petit garçon. À partir de 6 ans.

Pièce misogyne ? Pas forcément souligne la Cie Les Têtes de Bois, inscrivant l’œuvre shakespearienne dans la fresque de la Divine Tragédie, initiée avec Volpone de Ben Jonson. Il s’agit bien davantage d’une dénonciation des masques, d’un jeu des contraires, des paradoxes… La troupe joue des masques et met en évidence la rouerie des apparences. La mégère apprivoisée, après des passes d’arme dignes d’une vaillante corrida trouve un être à sa mesure. Le vrai triomphe… 6 février Maison du peuple, Gardanne 04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr

Love letters

© Gaël Rebel

26 & 27 février Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 theatre-vitez.com

26 février 3bisF, Aix-en-Provence 04 42 16 17 75 3bisf.com

Andromaque Tout le monde aime, mais jamais la bonne personne ; Oreste aime Hermione qui ne l’aime pas, qui aime Pyrrhus qui ne l’aime pas, qui aime Andromaque qui ne l’aime pas, qui aime Hector qui est mort. Amour passion, raison d’état, folie, Racine est là, sa métrique, la fluidité des alexandrins, la grandeur tragique des personnages. On le retrouve dans une mise en scène de Frédéric Poinceau dans le cadre des créations universitaires du cursus de formation Arts du spectacle de l’Université de Provence. 23 au 27 février Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 theatre-vitez.com

© X-D.R.

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4 & 5 février Maison du peuple, Gardanne 04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr

La pièce d’Albert Ramsdell Gurney, écrite en 1989 a joui d’un énorme succès, avec ses deux personnages qui lisent côte à côte à un bureau leurs lettres. Melissa (Cristiana Reali) et Andrew (Francis Huster) se sont écrit pendant cinquante ans depuis l’âge de huit ans. Depuis les mots d’écoliers aux lettres d’amour adolescentes, aux missives d’adultes, face à un quotidien parfois délicat… ces deux êtres relisent cette correspondance, drôle, anecdotique, émouvante, profonde. Un grand moment !

04 42 87 75 00

5 février Espace NoVa, Velaux espacenova-velaux.com


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Le conte d’hiver

Marie Chouinard

La compagnie Philippe Car s’empare de la pièce de Shakespeare avec une merveilleuse inventivité. Renouant avec la tradition du théâtre élisabéthain, les acteurs sont clowns, circassiens, musiciens, marionnettistes… pour un spectacle enlevé, baigné de magie et de poésie, accessible dès 8 ans. Un moment de bonheur à partager (sans compter le cabaret Shakespeare avec tables rondes à l’issue de la représentation) !

La chorégraphe montréalaise revisite et se réapproprie deux classiques de la danse, Prélude à l’après-midi d’un faune de Debussy et Le Sacre du printemps de Stravinsky, avec une gestuelle qui lui est propre. Le travail de Marie Chouinard, entamé il y a près de quarante ans, ne cesse d’affirmer un intérêt indéfectible pour le corps humain. © Pierre Planchenault

Bliss

04 42 87 75 00

23 février Espace NoVa, Velaux espacenova-velaux.com

© X-D.R.

26 février Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net

5 février Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net

Libertés MoTTes

Le Woop

© John Wax.

© X-D.R.

Derrière la dénomination anglo-saxonne, des stars de la chaîne Youtube : le Woopgang. Sept comparses adeptes du gag, du rire à haute dose qui a déjà un public enthousiaste et adolescent sur la toile. Aussi à l’aise sur scène que sur le web, ils survoltent les salles qui les accueillent.

04 42 87 75 00

27 février Espace Nova, Velaux espacenova-velaux.com

L’atelier qui occupe la scène est pour le moins singulier : trois mottes de terre, trois planches et deux caisses… C’est dans ce décor que les comédiens François Salon et Sébastien Dehaye, de la Cie Le pOissOn sOluble, vont façonner leur théâtre d’argile en direct, faisant naître et s’animer des paysages et des personnages éphémères très poétiques. Sans mots, mais avec un langage corporel très parlant, ils explorent en musique notre rapport à la terre. 24 & 27 février Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net

La Cie Grat Théâtre/Jean-Louis Hourdin explore notre besoin insatiable de liberté avec une soirée théâtrale en deux parties, étonnamment complémentaires, qui fait se côtoyer Marivaux et Naomi Klein ! Avec L’Île des esclaves, Marivaux décrit le joyeux affrontement d’une lutte des classes douloureuse, dramatique et primitive. S’ensuit La Stratégie du choc, la montée d’un capitalisme du désastre, que la compagnie monte en chansons, poèmes, pensées, musiques et sketches dans la tradition de l’agitation poétique.

© X-D.R

© Elian Bachini

Antony Egéa clame son amour pour la danse avec cette chorégraphie qui revisite l’univers extravagant des boîtes de nuit. Sur fond d’une musique électro qui lie les mouvements et les sensations, les danses se nourrissent des techniques du hip hop pour développer une gestuelle hybride et actuelle. En 2e partie de soirée, la Cie Rêvolution convie le public à poursuivre la soirée en dansant, avec un after électro impulsé par un DJ et les danseurs de la compagnie.

5 février Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 39 theatre-semaphore-portdebouc.com


AU PROGRAMME

spectacles

BOUCHES-DU-RHÔNE

Comment moi je ?

Je clique donc je suis

© Raphaël Arnaud

Bric à Brac est une petite fille qui vient de naître, seule au monde. C’est en cherchant son chemin dans l’existence qu’elle apprendra qui elle est et le trouvera. La Cie Tourneboulé questionne le monde qui nous entoure en creusant le sillon de la philosophie, pour construire sa pensée et aider à grandir. 19 février Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 39 theatre-semaphore-portdebouc.com

04 92 52 52 52

Agnès Régolo met en scène la pièce de Beaumarchais avec une belle intelligence du texte, de la scène et des acteurs. Elle en a gardé la drôlerie mais surtout la force révolutionnaire, la revendication d’égalité, de liberté, l’impertinence de cette raison qui s’impose et va quelque mois après l’écriture renverser le système monarchique, conservant à la pièce une incroyable actualité.

© Ana Uzik.

© Colorbox

Le Mariage de Figaro

5 février Forum des Jeunes, Berre L’Étang 04 42 10 23 60 forumdeberre.com

23 & 24 février La Passerelle, Gap theatre-la-passerelle.eu

27 février Salle Guy Obino, Vitrolles 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr

Montagne

25 & 26 janvier Forum des Jeunes, Berre L’Etang 04 42 10 23 60 forumdeberre.com

Primitifs

Quand un ours de la forêt et une biche de la ville se rencontrent, l’histoire qui se raconte est celle d’un voyage initiatique et poétique au cœur de la nature. L’ours grand et puissant va protéger la biche gracieuse et intrépide qui, en équilibre sur sa main ou cachée dans le creux de son genou, lui racontera la solidarité et le vivre ensemble. La rencontre est chorégraphiée par Florence Bernad et écrite par Aurélie Namur, du Groupe Noces.

À en croire les géologues et les historiens contemporains, la Terre a désormais quitté l’ère géologique de l’Holocène, datant d’il y a près de 10 000 ans, pour entrer dans l’Anthropocène, une nouvelle époque au cours de laquelle l’action de l’Homme est devenue la principale force de transformation de l’écosystème terrestre. Pour ce nouveau projet, Michel Schweizer a mobilisé des forces créatives, danseurs et architectes, afin de réfléchir à la création d’un monument pérenne destiné à informer les générations futures de ce legs emblématique d’un irréparable.

© Maïa Jannel

En 1942, en France durant l’occupation nazie, un bébé juif échappe miraculeusement à la rafle dont est victime toute sa famille ; elle sera prise en charge par une dizaine de « Justes » au cours de son enfance, qui sont autant de chapitres qui rythment le spectacle mis en scène par la Cie La Naïve, sur un texte de Vincent Cuvellier. 24 février Forum des Jeunes, Berre L’Etang 04 42 10 23 60 forumdeberre.com

Magicien et mentaliste, Thierry Collet inscrit son spectacle interactif dans la réalité très contemporaine des nouvelles technologies et et techniques de captation et d’utilisation des données personnelles. La mentaliste et actrice Claire Chastel fera la démonstration de quelques prototypes d’applications et de logiciels aux propriétés supposées miraculeuses destinées à nos téléphones portables et à nos ordinateurs, par ailleurs supports des effets magiques du spectacle, en prenant à partie le public et en créant des situations ludiques, burlesques, bluffantes ! 23 février à Boulbon 24 février à Tarascon 25 fév à Saint-Rémy-de-Provence Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 theatre-arles.com

L’Histoire de Clara

© Laurence Hebrard

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29 janvier Théâtre d’Arles theatre-arles.com


BOUCHES-DU-RHÔNE

gard

vaucluse

spectacles

AU PROGRAMME

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© Loran Chourrau - le petit cowboy

Richard toi ! Pour Ethan

04 90 52 51 51

À partir de la relecture d’Angelica Liddell de la pièce Richard III de Shakespeare, le GroupeSansdiscontinu composé de «vrais» techniciens joue la pièce qu’une compagnie était censée interpréter mais qui n’arrivera jamais. Des artisans à l’œuvre qui sortent des coulisses avec fumigènes, projecteurs, câbles et poulies, pour célébrer le théâtre et déployer en direct « leur savoirfaire dans un parcours hallucinatoire sur la figure du monstre ». À partir de 12 ans.

04 66 36 65 10

27 février Théâtre d’Arles theatre-arles.com

Ancien malade des hôpitaux de Paris Une nuit aux urgences pour un remède assuré contre la morosité, en compagnie de l’ex-Deschiens Olivier Saladin qui livre une véritable performance sur la nouvelle de Daniel Pennac. Une satire du monde médical que met en scène avec fougue Benjamin Guillard, dans laquelle on croise un interne volontaire, un patient aux symptômes des plus étranges, des spécialistes à la pelle, des courses de brancard et des couloirs labyrinthiques. Tout cela pour un seul acteur, et quel acteur ! Hilarant et féroce à la fois.

© Emmanuel Noblet

© M. Phelippeau

Le chorégraphe-plasticien Mickaël Phelippeau, qui développe depuis 2008 de passionnants bi-portraits photographiques et dansés, questionne là l’interprétation et l’altérité. Il invite sur scène Ethan, un adolescent d’aujourd’hui qui pratique le handball, joue du piano, et chante de sa voix encore cristalline d’enfant. Pudique et puissant, il danse aussi, et se dévoile dans des rebondissements maîtrisés et magiques.

9 & 10 février Théâtre de Nîmes theatredenimes.com

D’après une histoire vraie

04 66 36 65 10

16 au 18 février Théâtre de Nîmes theatredenimes.com

Adapté du grand roman russe de l’oisiveté écrit par Ivan Gontcharov en 1859, Dorian Rossel (artiste associé à La Garance) et la O’Brother Company mettent à l’honneur l’anti-héros par excellence, Oblomov (qui donna son nom à l’oblomovisme, ou l’art de la paresse absolue). Un jeune aristocrate, nonchalant et rêveur, incapable de prendre une décision, qui refuse tout et préfère s’enfermer dans sa chambre. Derrière l’apathie se cache un cœur pur, un refus obstiné des conventions, et un goût absolu de la liberté. Une balade philosophique sur l’isolement qui sortira sans douter le public de sa léthargie hivernale !

20 & 21 février Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com

11 & 12 février Théâtre de Nîmes theatredenimes.com

© Christian Ganet

2 au 4 février Théâtre de Nîmes theatredenimes.com

Entre danse et transe, cette histoire composée par le chorégraphe Christian Rizzo à partir d’un souvenir marquant -une danse folklorique exclusivement masculine découverte en 2004 à Istanbul-, explore l’humanité et la fraternité. Harmonieux, fluides, soudés, les corps de ces huit danseurs se frôlent, se touchent, tombent, tiennent en une communauté recréée à l’infini sur des pratiques folkloriques, accompagnés par les percussions de Didier Ambact et King Q4. Un absolu chorégraphique tendu vers l’universel.

04 66 36 65 10

04 66 36 65 10

© Erika Irmler

Oblomov

Adaptée du roman d’Alessandro Baricco et interprétée par André Dussollier, voici l’histoire d’un nourrisson né en 1900 et abandonné par ses parents sur le piano d’un paquebot qui devient la mascotte de l’équipage. Prénommé Novecento, devenu pianiste surdoué, il grandit entre l’Europe et l’Amérique… sans jamais mettre pied à terre. L’acteur, accompagné par un quartet de jazz, nous transporte au milieu de l’Océan pour une croisière surprenante !

© Marc Domage

Novecento

26 janvier La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com


AU PROGRAMME

spectacles

vaucluse

Les bêtes

© Ifou pour le Pôle média

27 janvier au 2 février La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com

Catherine Graindorge, comédienne, violoniste et compositrice, en résidence au théâtre des Doms, mène un travail d’écriture à partir du deuil de son père, un homme célèbre et marquant pour la Belgique. Autour du récit « de l’échange entre celui qui s’en va et celle qui reste » et pour évoquer sa mémoire, elle s’entoure de la collaboration artistique du plasticien Bernard Van Eeghem et du comédien Mohamed El Khatib, qui a livré sur le thème la magnifique pièce Finir en beauté. De belles promesses. Entrée libre sur réservation. 27 janvier Théâtre des Doms, Avignon 04 90 14 07 99 lesdoms.be

Après un début de saison consacré à se refaire une beauté, le théâtre du Balcon rouvre ses portes avec cette pièce de Wajdi Mouawad et Benoît Vermeulen montée par la compagnie vauclusienne Le Bruit de la rouille. Boon, un anthropologue judiciaire, reconnaît le cadavre d’un ancien camarade de classe qui avait mystérieusement disparu pendant son adolescence. Tout lui remonte, son parcours, ses espoirs, son univers poétique qu’il retrouve peu à peu… L’occasion de s’interroger sur ce que sont nos rêves devenus…

04 90 85 00 80

22 & 23 janvier Le Balcon, Avignon theatredubalcon.org

Jongle

© Catherine Graindorge

Julien Gosselin est le prochain invité des rencontres mensuelles du Festival d’Avignon pour évoquer la pièce 2666 qu’il créera pour la 70e édition cet été. Le jeune metteur en scène avait marqué l’édition 2013 avec Les Particules élémentaires adaptées de Houellebecq. Avec sa Cie Si vous pouviez lécher mon cœur, il revient pour un nouveau défi littéraire en adaptant le roman massif posthume de Roberto Bolaño et une galerie de personnages hétéroclites réunis sur plusieurs époques : une nouvelle promesse d’épopée à venir…

04 90 27 66 50

11 au 14 février Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 theatredeshalles.com

Avant la fin

Rencontre mensuelle

26 janvier Festival d’Avignon à La FabricA festival-avignon.com

Avancée d’un mois -c’est aussi cela le spectacle « vivant »-, la nouvelle création d’Alain Timár d’après l’auteur franco-libanais Charif Ghattas, est l’histoire d’un couple moderne qui invite un sans-abri à partager son point de vue sur la société, ses codes et ses masques. Une satire de la condition humaine, où il est question de cynisme et de barbarie, à laquelle le metteur en scène invite à prendre part Maria de Medeiros, Manuel Blanc et Thomas Durand. Ce trio ambigu évoluera dans un espace labyrinthique composé par Alain Timár, en scénographe toujours inspiré, sur une musique de Chantal Laxenaire. Vertige annoncé !

Assoiffés

© Roland Plenecassagne.

© Dominique Vérité.

Première partie d’un diptyque sur le thème de la peur, présenté par l’artiste compagnonne de La Garance Laurance Henry et sa compagnie AK Entrepôt. En tournée Nomades sur le territoire vauclusien, À l’ombre de nos peurs met en scène deux personnages qui livreront, dans des espaces séparés, des instants de vie sur le sujet. La pièce sera suivie d’une visite d’un petit cabinet de curiosités réalisé grâce à la collecte de « boîtes à trouilles » que le public aura alimenté depuis le début de saison.

La scène conventionnée pour le jeune public reçoit le Théâtre Bascule à la Maison pour Tous Monclar pour un spectacle qui aborde, dès 2 ans, le sujet de l’autre et de la construction de soi à travers la découverte du monde. Ici deux personnages, l’un qui manipule des objets cubiques et l’autre des objets sphériques. Comment déjouer, ensemble et en mêlant danse et jonglage, les lois de l’apesanteur avec ces objets qui roulent ou qui tombent, pour que s’invente un monde en expansion. Et une forte envie d’aller voir ailleurs.

© Patrick Bard

À l’ombre de nos peurs

Julien Gosselin © Simon Gosselin

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11 & 12 février Éveil artistique, Avignon à la Maison pour Tous Monclar 04 90 85 59 55 eveilartistique.com


vaucluse

Ode à la neige

alpes

spectacles

AU PROGRAMME

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Pixel

Oktobre

Chouz Quand la chaussure devient partenaire privilégiée d’une chorégraphe aux pieds nus ! Pour cette création jeune public, à partir de 2 ans, Nathalie Cornille décline un univers noir et blanc à partir de situations toutes simples dont la chaussure est l’héroïne, et qui font mouche à tous les coups. Mêlant à son imaginaire inspiré des airs de comédie musicale et d’opéra, convoquant le mime et le film d’animation, tout le monde ressort de cette petite forme à l’aise dans ses baskets !

27 janvier Théâtre Durance, Château-Arnoux/ Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr

04 92 52 52 52

Le chorégraphe Mourad Merzouki mêle la danse aux arts numériques dans un spectacle convoquant technologie, poésie et virtuosité. Sur une musique envoûtante d’Armand Amar, onze artistes, danseurs et circassiens, évoluent dans le décor bluffant imaginé par Claire Bardainne et Adrien Mondot. Hip hop et arts du cirque s’entrelacent à merveille, et font voler en éclat les frontières du réel et du virtuel. Une invitation à la rêverie pour une fête des corps éblouissante !

04 92 52 52 52

3 février La Passerelle, Gap theatre-la-passerelle.eu

29 & 30 janvier La Passerelle, Gap theatre-la-passerelle.eu

C’est la vie

Macbeth Fatum Le Théâtre des Crescite s’empare sans faillir de la pièce de Shakespeare que luimême soupçonnait d’être vouée au malheur. Autour de l’histoire de ce couple mythique prêt à tout pour monter sur le trône d’Ecosse, il s’approprie et modernise la langue du grand Will. Pour le jeune collectifs d’acteurs, peu d’artifices, voire le strict nécessaire au plateau, pour se poser la question principale de la pièce : pourquoi tant d’inhumanité et de cruauté chez les Macbeth.

© Sandra Bariller

10 février Théâtre Golovine, Avignon 04 90 86 01 27 theatre-golovine.com

5 & 6 février Théâtre Durance, Château-Arnoux/ Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr

© Marc Toulin

Pour ce premier Mercredi des Bambini de l’année au Théâtre Golovine, la compagnie Mazette de Fanny Jeannin débarque avec son «charluge» le temps d’un spectacle tout simple et magique. Un chariot-luge traîné par un petit lutin solitaire qui s’installe dans le froid de l’hiver et tente, à force d’équilibres et d’acrobaties, de retrouver un peu de chaleur. Un monde candide et décalé, poétique et loufoque, qui régalera les jeunes spectateurs dès 3 ans. Avec la librairie L’Eau vive, les enfants pourront à l’issue du spectacle poursuivre l’aventure avec force nez rouges, chapeaux pointus et boites à meuh.

© Daniel Michelon

© X-D.R

© Agathe Poupeney

Une trapéziste de haut vol, un acrobate à la souplesse folle et un champion de l’illusion : les talentueux artistes qui composent ce trio développent un univers hors du commun. Un spectacle envoutant, et juste ce qu’il faut d’étrange et d’inquiétant, où la magie nouvelle côtoie la danse-théâtre de Pina Bausch et le cinéma de David Lynch. Un monde fantastique où la logique ne fait plus la loi et où les relations humaines brûlent les planches…

26 février Théâtre Durance, Château-Arnoux/ Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr

Jean-Quentin Chatelain, dans une interprétation magistrale, donne vie à cette histoire écrite comme un oratorio par l’Autrichien Peter Turrini pour le metteur en scène Claude Brozzoni. Entre témoignage et confession, entouré par les musiciens Claude Gomez et Grégory Dargent, traversant les années 1944 à 2014, le comédien déroule la petite musique intime des souvenirs et des périodes de dépression et d’espérance. 29 janvier Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu


AU PROGRAMME

spectacles

alpes

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Bestiaire allumé

Le cantique des cantiques

La dernière création du chorégraphe Abou Lagraa s’ancre dans ce poème biblique qui parle des peurs et réjouissances liées au sentiment amoureux pour le confronter à des « problématiques actuelles, face aux intolérances, aux contradictions, à toutes les formes d’hypocrisies de nos sociétés quand il s’agit d’amour ». Chaque duo met ainsi en mouvement plusieurs enjeux et situations pour tenter de saisir ce qui constitue l’intimité d’un couple. © Tiziana Tomasulo

Trois fables de La Fontaine au programme de cette création cousue main d’Arketal. Spécialisée dans l’art de la marionnette, la compagnie a choisi les textes selon les notions qu’ils évoquent : la propriété, dans Le chat, la belette et le petit lapin, le dilemme entre confort et liberté dans Le loup et le chien, et le rapport à l’autre dans Le lion et le moucheron. Sylvie Osman, Mathieu Bonfils et Marion Duquenne signent la mise en scène et manipulent les marionnettes conçues par Wozniak et créées par Greta Bruggeman.

Pour l’auteur et metteur en scène italien Fausto Paravidino, la création théâtrale se conjugue avec les problématiques contemporaines. Avec ce spectacle, il rejoint la troupe du Teatro Valle Occupato, qui, depuis 2011, occupe et autogère un théâtre historique de Rome. Il offre à ces acteurs, débordants d’énergie et d’engagement, un texte à leur mesure. Le système capitaliste et la spéculation, broyeurs d’idéaux et fossoyeurs des classes populaires, y sont attaqués de front.

© Eric Boudet

© Wozniak

La boucherie de Job

2 février Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu 26 janvier Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

2 février Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com 4 février Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

Do you be

À l’approche du point B Aucun homme n’est une île

Composée de 14 tableaux, la pièce de Marie Clavaguera-Pratx qu’elle met également en scène pour la Cie La Lanterne, donne à voir le dernier voyage d’un vieil homme, interprété par un jeune danseur (Vincent Clavaguerra) pour nous entrainer plus encore dans un vertige théâtral total, vers le point B de sa vie. Retrouvailles familiales, fous-rires et soupirs, non-dits et pleurs accompagnent le condamné sur son chemin de croix… 26 février Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu

© X-D.R.

Jacques et Oscar. Deux ados, deux amis, qui jouent, s’amusent, se disputent. Rien de plus banal, en somme. Sauf que l’un d’eux est une créature virtuelle, qui ne vit que dans un ordinateur. Sur un texte de Fabrice Melquiot, Roland Auzet met en scène un nouveau genre : le cyber théâtre. Au milieu d’effets visuels époustouflants, Julien Romelard crée une relation déroutante avec cet avatar sur écran. Conseillé à partir de 8 ans, ce spectacle est programmé dans le cadre de Regards sur les arts numériques.

© Emmanuelle Murbach

© Alexandre Jeanson

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29 janvier Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

Cette création de Nawal Lagraa se joue en diptyque. D’abord un solo de la danseuse et chorégraphe franco-marocaine, suivi du travail qu’elle a accompli avec sept interprètes féminines. Lors d’une résidence-création à Lyon cet automne, elle a mené, avec ces jeunes autodidactes, une recherche autour du concept de «femme sauvage», développé par l’auteure Clarissa Pinkola Estés. Délaissant la technique, leur danse de l’instinct est un engagement social, humain et féminin. 5 février Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr


Elena Sergueievna, une professeure, a la surprise de voir débarquer quatre de ses élèves chez elle pour lui souhaiter son anniversaire. Elle les convie à partager un gâteau, mais très vite, l’atmosphère s’alourdit. Les lycéens ne sont pas là seulement pour faire la fête. Myriam Boyer, actrice au registre fascinant, incarne la professeure aux côtés de jeunes comédiens. Ils donnent corps à ce texte de Ludmilla Razoumovskaïa, qui, en 1983, décrivait avec pessimisme la société soviétique, et y fut alors censurée.

© Pascal Gely

Chère Elena

27 février Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

Les Arts Florissants, sous la houlette de William Christie (aussi au clavecin), reprennent dans une mise en scène de Clément Hervieu-Léger cet opéra naissant, plus encore que «comédie-ballet» de Molière et Lully. Transposé pour cette version dans le Paris des années 50, un certain Monsieur de Pourceaugnac débarque à la capitale pour contracter un mariage arrangé avec la belle Julie. L’amant d’icelle ourdit une machination infernale pour renvoyer dans sa lointaine province le lourdaud prétendant.

© Brigitte Enguerand

Monsieur de Pourceaugnac

27 au 30 janvier Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

Après une visite à la prison du Pontet, en janvier 2012, François Cervantès entretient une correspondance nourrie avec des détenus. De cet échange épistolaire, l’homme de théâtre retrouve des sensations d’écriture enfouies depuis son enfance. Ces caractères tracés à la main et cette effervescence du courrier postal. Entre lui et les prisonniers naît un lien précieux d’homme libre à homme enfermé, coupé du monde. Il en tire un texte sobre, digne, où chacun, en liberté, comme en prison, porte sa part d’humanité. 2 février Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

© Melania Avanzato

Prison possession


AU PROGRAMME

spectacles

var

En avant marche !

Monsieur Agop

2 février Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr

26 & 27 février Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

26 janvier Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr

Quand Azad était enfant, il fut sauvé de la guerre par un homme. Devenu adulte, il débarque d’Arménie pour retrouver son protecteur. Il ne connaît que son nom, Monsieur Agop, et un lieu, Marseille. Dans cette ville, il rencontre des jumeaux farfelus et une étonnante femme de ménage, qui l’accompagnent dans sa quête. Création de la compagnie La Naïve, sur un texte et une mise en scène de Jean-Charles Raymond, ce spectacle, qui touche au cœur, est inspiré d’une histoire vraie. 29 janvier Théâtre Marelios, La Valette du Var 04 94 23 62 06 lavalette83.fr

L’Odyssée de la moustache

Sacco et Vanzetti

© Johann Hierholzer P.-Houssin

En 1927, Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti, deux anarchistes d’origine italienne, immigrés aux USA, passent à la chaise électrique. À l’époque, et jusqu’à aujourd’hui, la controverse autour de leur exécution n’a jamais cessé. Alain Guyard signe un texte où les deux hommes, dans l’antichambre de la mort, se parlent à distance, se souviennent, et rêvent encore. Dans ce contre-emploi, les humoristes Jacques Dau et Jean-Marc Catella, mis en scène par François Bourcier, trouvent un rôle à la mesure de leur talent.

© Jogood

Le trait d’union

Un adolescent, gros, obèse, qui mange et mange encore. Pourquoi ? Il y a bien une explication à cette volonté irrépressible d’engloutir toujours plus de nourriture. À 15 ans, on n’est pas très sérieux, mais les choses sérieuses du monde alentour peuvent atteindre en profondeur. Comme le divorce des parents. Mêlant théâtre et vidéo, la compagnie belge Trou de Ver ASBL propose un spectacle subtil et sensible. Guillaume Kerbusch signe le texte, qu’il interprète avec Denys Desmecht, sur une mise en scène de Valentin Demarcin.

Le célèbre Roman de Renart, perle de la littérature du Moyen-Âge, est adapté de manière singulière par Les Compagnons de Pierre Ménard. Avec la réécriture du texte qu’en fit Samivel en 1936, la troupe bordelaise signe une version adressée à tous publics dès 6 ans, où se mêlent un conteur, Nicolas Fagart, deux comédiennes, Isabelle Florido et Sabrina Dalleau, et un violoncelliste Maxime Dupuis. Dimension supplémentaire, les deux actrices s’expriment en mime et en langue des signes.

© Sylvain Caro

Non, il ne s’agit pas d’une injonction militaire ! Cet ordre donné incite bien à marcher ensemble, mais au rythme d’une musique qui n’a rien de guerrière. Alain Platel, chorégraphe flamand, et Frank Van Laecke, auteur et metteur en scène, tous deux Belges, cultivent une tradition vive dans leur pays, celle de la fanfare locale. Ils embarquent dans l’aventure La Lyre Provençale, ensemble musical d’Ollioules. Steven Prengels signe les compositions, et acteurs et musiciens nous mènent sur les pas de leur harmonie.

© Llaurence Hebrard

© Phile Deprez

Goupil

© X-D.R

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10 février Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr

Comédien marseillais rompu aux matches d’impro et autres exercices théâtraux, Ali Bougheraba se livre seul en scène avec humour et finesse. En père attentif, il conte, chaque soir, une histoire à sa fille. La petite, pour profiter encore un peu avant de s’endormir, lui pose toutes sortes de questions. Alors le papa prend le temps de partager ses souvenirs d’enfance, ses rêves, ses origines, parfois aussi ses malaises ou ses craintes. 4 février Théâtre Marelios, La Valette du Var 04 94 23 62 06 lavalette83.fr


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alpes maritimes

spectacles

AU PROGRAMME

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La neige

Blackbird

Les bons contes du bon vieux temps

© Koen Broos. © X-D.R

Il était une fois, une jeune fille faite toute de neige. Son langage était sans parole, seuls le chant et la danse étaient son expression. Isolée, au milieu de la nature et du froid glacial, elle vivait sereine. La soprano Natasha Young incarne cette créature, inspirée du conte russe Snégoerotsjka. Sa voix subtile est accompagnée des notes du guitariste Toon Callier. La conception et la mise en scène de ce spectacle tout en légèreté sont signées Inne Goris.

26 février Théâtre Marelios, La Valette du Var 04 94 23 62 06 lavalette83.fr

Quand l’amour ignore les codes sociaux et même la loi, a-t-il une place pour s’exprimer ? Le texte de David Harrower aborde de front le thème de la pédophilie. Et en propose une approche déroutante. Una avait 12 ans quand elle a vécu son histoire avec Ray, qui en avait 40. Il a purgé sa peine de prison, a changé de vie et veut oublier. Elle a connu les psychiatres et le jugement quotidien des autres. Elle va faire 700 km pour le retrouver. Créé par le Collectif Impakt, ce spectacle est déconseillé aux moins de 16 ans.

25 au 27 janvier Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com

L’homme d’habitude

© Celine Chariot

Quatre petits contes composent ce spectacle de la compagnie pUnChiSnOtdeAd. Spécialiste des marionnettes, la troupe tente sans cesse d’en développer et d’en renouveler l’expression. En l’associant, comme ici, au théâtre d’ombre, à la vidéo et à la musique. Ces bons contes du bon vieux temps sont en fait tous contemporains, mais ils nous plongent avec délicatesse et poésie dans le passé. Ils sont mis en scène par Cyril Bourgois, également à l’interprétation, aux côtés de Charlotte Bonnet et Sylvain Freyermuth.

25 février Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 polejeunepublic.fr

Rupture à domicile L’écrivain et metteur en scène Tristan Petitgirard renouvelle avec beaucoup de fantaisie et de modernité le genre du vaudeville. L’ingrédient du trio amoureux est toujours dans la recette, mais c’est la forme et le style qui prennent une nouvelle saveur. Dans l’univers imaginé par l’auteur, il est possible d’engager un tiers pour annoncer à son aimée qu’on la quitte. Sauf que l’employé se retrouve avec surprise face à son ex-petite amie, et qu’entre-temps, l’employeur a changé d’avis...

31 janvier Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com

Aviez-vous déjà imaginé un concert de danse ? Les danseurs de Vilcanota et les musiciens des Blérots de R.A.V.E.L. ont fait mieux : ils l’ont réalisé ! Avec une telle idée, vous vous attendez à tout ? Attendez-vous encore à autre chose ! Les onze interprètes de ce spectacle déroutant débordent d’énergie et vous feront passer par toutes les sensations. La musique et la danse fusionnent leurs champs, prennent corps ensemble et deviennent l’instrument commun d’une même expression. 30 janvier Théâtre Le Forum, Fréjus 04 94 95 55 55 aggloscenes.com

Être beau ne suffit pas, il faut sans cesse se sublimer pour arpenter « la grande scène du jeu social, avec ses codes, ses critères sélectifs et normés, ses enjeux ». Thomas Guerry et Camille Rocailleux, de la Cie Arcosm, mettent en scène une pièce musicale et chorégraphique qui bouscule les clichés et renverse les tendances pour s’amuser de nos différences et de nos subjectivités.

© Rouge Italique

© Fabienne Rappeneau

© Adrien Ropers

Sublime

04 93 40 53 00

29 janvier Théâtre de Grasse theatredegrasse.com


AU PROGRAMME

spectacles

alpes maritimes

(En)quête de notre enfance Le Dîner de cons

À la demande du Théâtre de Grasse, Matthieu Loos, globe-trotteur de l’improvisation, est parti en Espagne, en Italie, au Maroc, en Israël et en France pour recueillir la parole des autochtones. Son spectacle drôlissime est un étonnant compte-rendu de ces voyages, improvisé par quatre comédiens, où il est question de rencontres, de non-sens et d’altérité.

Qui ne connaît pas la pièce culte de Francis Veber et les fameuses répliques du tandem Pignon/Brochant ? Agnès Boury met en scène l’irrésistible dîner en restant très fidèle à l’originale, avec Patrick Haudecoeur et Philippe Uchan dans les rôles-titres.

© X-D.R

Déplacés

04 93 40 53 00

04 93 40 53 00

© X-D.R

24 février Théâtre de Grasse theatredegrasse.com

28 janvier Palais des Festivals, Cannes 04 92 98 62 77 palaisdesfestivals.com

2 février Théâtre de Grasse theatredegrasse.com

Scarlett

L’Errant

Cinématique © Nina Flore Hernandez

Voilà un spectacle qui bouscule les certitudes rationnelles ! Adrien Mondot a conçu une pièce où les matières virtuelles composent de nouveaux paysages numériques. Deux danseurs-jongleurs, comme rescapés à bord d’un radeau à l’assaut d’une mer déchaînée, tissent d’une incroyable poésie visuelle d’infinis espaces qui ouvrent sur de nouveaux possibles. Une pièce qui questionne la soif de liberté et le désir d’infini.

4 février Théâtre de Grasse à La Roquette/Siagne-ECSVS 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com

Le jeune chorégraphe Arthur Perole nous entraîne dans ses questionnements autour de la figure de la muse et de son rapport avec son créateur. Moderne ou emblématique, femme ou homme… pour l’incarner quatre danseurs et un musicien captivent notre regard, se reflètent dans des miroirs troubles, cohabitent dans un espace-temps poétique et vibrant. Également programmé au Festival Les Hivernales (voir p. 26) le 20 février au Théâtre Girasole d’Avignon.

04 93 40 53 00

26 février Théâtre de Grasse theatredegrasse.com

En partant du tableau de Marc Chagall Le Juif en vert, Charlotte Gosselin a construit une marionnette, Mordekhaï, qui lui a donné envie de parler de « l’errance de l’être humain sur Terre depuis la nuit des temps », de son origine et de l’incapacité qu’a l’Homme de trouver sa place et d’être en paix. L’univers de Marc Chagall accompagne le jeu de la comédienne, ouvrant une porte sur le féérique jusqu’aux origines de l’existence.

© X-D.R

© Djoul Marigliano

Le collectif I am a bird et la Cie d’À côté invitent les enfants dès 6 mois à une promenade sensorielle en deux temps (opus 1/Blancs, opus 2/Chroma). Une installation qui réveille les cinq sens et interroge sur le développement du regard, en s’inspirant des livres d’art pour enfants du designer japonais Katsumi Komagata. Entre danse, théâtre et musique, cette partition pour corps seul est une parfaite manière de découvrir l’art.

© Magali Bazi

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29 janvier Théâtre Alexandre III, Cannes 04 97 06 44 90 cannes.com


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Le nouveau ciné-club

Boys don’t cry

Les origines du mal L’excellent Manuel Pratt, qui mieux que quiconque sait nous fait rire de nos angoisses et nous montrer tel que l’on est, est invité dans le cadre de Performance d’Acteur avec ces irrévérencieuses Origines du mal (Love me tender 2). Le voilà serial killer qui décrypte les raisons de son job et nous raconte dans les moindres détails ses meurtres et fantasmes les plus fous. Il nous fait hurler de rire et trembler de peur, et surtout, à travers la caricature, grandement réfléchir sur nous-mêmes. 5 février Théâtre Alexandre III, Cannes 04 97 06 44 90 cannes.com

20 & 21 février Palais des Festivals, Cannes 04 92 98 62 77 palaisdesfestivals.com

© Loran Chourrau

La compagnie Divergences interroge la construction identitaire et sexuelle, alors que le débat sur les représentations du genre est aujourd’hui un enjeu politique. Dans Boys dont cry, le chorégraphe Sylvain Huc renouvèle le regard sur la masculinité en décortiquant les performances et les figures du viril d’aujourd’hui. Sur scène, deux corps (masculins !) et un batteur, pour éprouver le paradoxe de la danse, entre puissance et fragilité. 27 février Théâtre de La Licorne, Cannes 04 97 06 44 90 cannes.com

Singing in the train

Le joueur d’échecs Francis Huster campe brillamment ce seul en scène dans lequel il interprète les trois protagonistes issus du roman de Stefan Zweig qu’a adapté Eric-Emmanuel Schmitt. Il est à la fois un champion du monde d’échecs qui n’a jamais perdu une partie, face à son partenaire de jeu, le mystérieux Monsieur B. qui vient d’échapper à la gestapo. Il incarne aussi l’auteur lui-même, passager du navire où se déroule la partie, qui suit cette confrontation comme une allégorie de son opposition au régime barbare.

26 février Théâtre Croisette, Cannes 04 97 06 44 90 cannes.com

© E. Checco.

30 janvier Espace Miramar, Cannes 04 97 06 44 90 cannes.com

© Alexandre Galliez

Que reste-t-il d’un film vu dans nos mémoires ? Le collectif ildi! eldi s’appuie sur la relation qui s’instaure entre un film et son spectateur pour imaginer trois spectacles autour des films cultes que sont Les Parapluies de Cherbourg, Alien et Les Oiseaux. En complicité avec l’écrivaine Olivia Rosenthal, Sophie Cattani et Antoine Oppenheim, ils interrogent les perturbations que provoquent en nous chacun de ces extraits -les pleurs, la conception de l’enfant et sa perte, la peur-, en croisant théâtre et cinéma. Un exercice de style entre analyse filmique, confession intime et résumé halluciné.

La compagnie de cirque québécoise Les 7 doigts de la main élargit sa palette et s’adresse à tous nos sens avec un spectacle qui place la cuisine au cœur de la rencontre des cultures. Une dose de toucher, un brin d’odorat et beaucoup de goût : voici la recette de Cuisine et confessions, dans laquelle la vue et l’ouïe seront rassasiées par ces danseurs acrobates venus nous conter des instants de vie quotidienne. Shana Carroll et Sébastien Soldevila, en chefs de brigade, puisent dans la mémoire inconsciente où sont enfouis les souvenirs des saveurs et des odeurs. Une expérience sensitive exquise !

© Christine Renaudie.

© J. Oppenheim

Cuisine & confessions

Comédie musicale, dont Christian Eymery signe le livret et la mise en scène et Didier Grojsman la direction musicale, jouée par 60 jeunes interprètes du Centre de création vocale et scénique d’Aulnay-sous-Bois. Accompagnés par des enseignants et des élèves de la Principauté et de l’académie de Nice, les jeunes artistes chantent, dansent et jouent pour un voyage enjoué aux pays de la comédie musicale, de Billy Elliot à Mary Poppins. 25 & 26 février Grimaldi Forum, Monaco +377 98 06 28 55 balletsdemontecarlo.com


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AU PROGRAMME

cinéma

marseille

Les Mangeurs de poussière

Double cadence de retour

La grâce de Thérèse

Les Mangeurs de poussière de Nathalie Démaretz © Nathalie Démaretz

Jusqu’au 29 janvier, l’espace expo du cinéma Les Variétés accueille l’installation de la vidéaste plasticienne Nathalie Démaretz : Les Mangeurs de poussière. Une œuvre dédiée « aux êtres humains qui meurent en chemin, en mer, en route, à la recherche d’une respiration, dans leur quête d’un territoire de paix et de liberté ». Vidéo, masques, personnages, univers sonore évoquent la marche universelle et intemporelle des migrants chassés par la guerre, la faim, la nécessité, et le désir sans frontière de vivre.

En partenariat avec le Festival Parallèle organisé par Komm’n’Act du 14 janvier au 5 février, le cinéma Le Gyptis accueille le 3 février à 19h30, le chorégraphe et danseur Arnaud Saury pour présenter le chefd’œuvre d’Alain Cavalier : Thérèse. Prix du Jury à Cannes en 1986, le film compose avec une maîtrise et une humanité exceptionnelles, en 452 plans liés par des fondus au noir, le portrait sensible de Thérèse Martin de Lisieux, adolescente devenue carmélite et Sainte, interprétée par Catherine Mouchet. Ni biopic, ni film de catéchisme, ni mystique, ni anticlérical, Thérèse se définit par sa pureté, sa liberté de ton et de forme et une grâce qui ne peut que toucher le spectateur.

Cinéma Les Variétés, Marseille 0982 68 05 97 cinemetroart.com

Double Cadence © Claire Lenormand

Le groupe Double Cadence, trio qui propose des spectacles où la création musicale se conjugue à des œuvres cinématographiques, est de retour au MuCEM. Le 20 février à 17h, le spectacle sera autour de 120 ans de cinéma. Des premiers courts métrages des frères Lumière à une œuvre du premier metteur en scène centenaire du cinéma, le portugais Manoel de Oliveira, en passant par des films amateurs de familles brésiliennes à travers le siècle dernier, Double cadence fait dialoguer ces œuvres en créant une bande son qui les illustre ou les détourne, offrant un regard original sur ce siècle de cinéma. MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 mucem.org

Homeland Irak année zéro

Une jolie vallée Thérèse d’Alain Cavalier © AFC, Films A2

Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 lafriche.org/content/le-gyptis

Homeland Irak année zéro d’Abbas Fahdel © Nour Films

Remarqué aux États généraux du film documentaire de Lussas et aux Visions du réel de Nyon, le film Homeland Irak année zéro d’Abbas Fahdel bénéficie d’une avant-projection le 31 janvier à partir de 10h30 au MuCEM, en présence de son réalisateur, avant une éventuelle sortie en salle. Cette fresque couvre deux années dans le quotidien de la famille du metteur en scène avant la chute de Saddam Hussein et après l’invasion américaine. Articulée en deux parties : avant la chute et après la bataille, l’œuvre nous donne à voir le quotidien d’une famille plongée dans une situation exceptionnelle. Ce film fleuve, primé dans de nombreux festivals, a été salué par la critique et apprécié par des documentaristes majeurs. Une occasion rare de voir ce film à Marseille. MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 mucem.org

Que reste-t-il de Sankara ? Il y a 28 ans Thomas Sankara président depuis 5 ans de la Haute Volta, rebaptisée Burkina Faso ou Terre des hommes intègres, était assassiné. Il avait 38 ans. Le réalisateur suisse Christophe Cupelin lui rend hommage dans son documentaire Capitaine Thomas Sankara. Il y fait revivre, grâce à d’étonnantes archives, le flamboyant dirigeant burkinabé anticolonialiste, révolutionnaire, qui défendit devant l’Onu l’annulation de la dette africaine et œuvra pour l’éducation et le droit des femmes. On retrouvera Christophe Cupelin et ce personnage historique hors du commun au cinéma Le Gyptis, le 17 février à 19h30. Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 lafriche.org/content/le-gyptis

Une jolie vallée de Gaël Lépingle © La Musique de Léonie

Le 23 février à 20h, soirée Vidéo FID : projection d’Une jolie vallée de Gaël Lépingle (compétition, première mondiale, FID 2015), en présence du réalisateur. Une comédie musicale sur un livret inspiré des Trois mousquetaires d’Alexandre Dumas. Dans un village du Tarn, l’été, les habitants se réunissent pour raconter une histoire ensemble, et pour la chanter. Les chansons contaminent la vie quotidienne, s’installent dans le paysage. 04 95 04 44 90

FID, Marseille fidmarseille.org


bouches-du-rhône

vaucluse

cinéma

AU PROGRAMME

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Paco de Lucia

Merci François !

Frank Cassenti à l’Eden

Avant sa sortie en salle le 24 février, le film de François Ruffin Merci Patron ! fait sa tournée d’avant-premières en France. Rendez-vous le 4 février au cinéma Les Variétés à 19h30 avec le réalisateur pour découvrir ce thriller documentaire cocasse, émouvant, tonique, mettant en scène des David ch’tis contre le Goliath du luxe, le groupe LVMH de Bernard Arnault. Une bande de frondeurs picards constituée par François Ruffin lui-même, fondateur du journal Fakir, un inspecteur des impôts belge, une bonne sœur rouge, une déléguée CGT et d’ex-vendeurs de La Samaritaine qui, sur fond de capitalisme sauvage, communiquent aux spectateurs la joie salutaire de la Fronde. Soirée organisée en collaboration avec Attac fait son cinéma.

Les Lumières de l’Eden offrent une Carte Blanche à Frank Cassenti les 19 et 20 février à l’Eden Théâtre de La Ciotat. L’occasion de (re)voir deux de ses œuvres en sa présence : le fameux film L’Affiche Rouge (Prix Jean Vigo, 1976) ainsi que La Chanson de Roland avec Pierre Clémenti, Klaus Kinski et Dominique Sanda. Ce réalisateur qui est aussi musicien de jazz a choisi, lui, de montrer The Rose (1980) de Mark Rydell avec Bette Midler, l’évocation de la vie tourmentée d’une chanteuse de rock à la fin des années soixante.

Cinéma Les Variétés, Marseille 0982 68 05 97 cinemetroart.com

Anachronique, fantasque et joyeux ! Vive le jeune cinéma d’auteur français quand il est porté par des réalisateurs comme Hubert Viel qui assume l’héritage de la Nouvelle Vague, revendique le mélange des genres, le «bric-à-brac onirique et décalé», l’anachronisme et une légèreté qui n’exclut en rien la gravité ! Le cinéma Le Gyptis le reçoit le 25 février. Il présentera ses deux longs métrages. À 19h45 : Artemis, cœur d’artichaut où on retrouve la déesse grecque de la chasse sous les traits d’une étudiante de Caen. Et à 20h45, en exclusivité à Marseille, Les Filles du Moyen-Âge, comédie en noir et blanc, dans laquelle des enfants d’aujourd’hui, transportés par le récit d’un grand-père érudit, se retrouvent au temps des chevaliers et de l’amour courtois, à jouer l’histoire de l’émancipation des femmes. Une leçon d’Histoire très particulière !

Paco de Lucia, légende du flamenco de Curro Sanchez Varela © Bodega Films

Le 27 février à 20h30 à l’Eden Théâtre, Art et Essai Lumière propose le documentaire que Curro Sanchez Varela a réalisé sur son père, Francisco Sanchez Gomez, dit Paco de Lucia : Paco de Lucia, légende du flamenco (2015). Le guitariste andalou, disparu en 2014, a croisé sur son chemin les plus grands : on verra les témoignages exceptionnels de Chick Corea, John McLaughin, Jorge Pardo ou encore Rubén Blades. Invité à cette soirée, Juan Carmona qui viendra parler du flamenco, de Paco de Lucia et qui, peut-être, jouera 2 ou 3 morceaux ! Art et Essai Lumière, La Ciotat 06 64 85 96 40 artetessailumiere.fr

L’amour, toujours l’amour

Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 lafriche.org/content/le-gyptis

Eden Théâtre, La Ciotat
 edencinemalaciotat.com

Ciné-concert à Bonnieux Le 30 janvier à 19h30, à la Maison du Livre et de la Culture de Bonnieux (84), Camera Lucida propose le cinéconcert Jasmine-musiques à modeler, un projet d’Isabelle Courroy autour du film d’animation Jasmine d’Alain Ughetto. Dans le Téhéran de Khomeiny, mystérieux et oppressant, l’histoire en pâte à modeler d’Alain et Jasmine, une Iranienne qui change le cours de sa vie. Avec les musiciens Isabelle Courroy (flûtes kaval), Mireille Collignon (viole de gambe) et Philippe Franceschi (chant, clarinette).

Changement d’adresse d’Emmanuel Mouret © Shellac.

Le 6 février, Les Lumières de l’Eden proposent à l’Eden Théâtre de La Ciotat de passer la soirée avec Emmanuel Mouret et présente deux de ses longs métrages. À 18h30, Caprice où il interprète un instituteur comblé jusqu’au jour où… en compagnie de Virginie Efira et d’Anaïs Demoustier. À 21h, Changement d’adresse où l’on suivra les efforts de David, un musicien, timide et maladroit, pour séduire sa jeune élève dont il est tombé fou amoureux. 04 96 18 52 49

Les Filles du Moyen-Âge d’Hubert Viel © Potemkine films

04 96 18 52 49

Eden Théâtre, La Ciotat
 edencinemalaciotat.com

Jasmine d’Alain Ughetto © Shellac

Maison du Livre et de la Culture, Bonnieux 09 83 07 40 72 cameralucida84.com


AU PROGRAMME

cinéma

COMME À CHAQUE FOIS, LA PREMIÈRE FOIS !

horizons pour défendre comme à chaque fois, haut et fort, des regards singuliers sur le réel. Misant sur la diversité et l’originalité La 7e édition du festival de premiers films des propositions, sur les rencontres entre documentaires organisé par Les Films cinéastes et spectateurs, sur l’accompagnedu Gabian se tiendra du 23 au 27 ment de projets dans le cadre de l’Atelier février à Marseille, Aix-en-Provence et « Premier jet » où deux jeunes réalisateurs Saint-Cannat. viennent présenter leurs rushes à des proAu programme, une quinzaine de courts, fessionnels confirmés, le festival La Premoyens et longs métrages venus de tous mière Fois se veut convivial, ouvert à tous les cinéphiles curieux de découvrir de nouveaux talents. P’tits déj’ de 10h à midi pour les after et les before, et caravane de Yes We Camp transformée en vidéothèque près du Vidéodrome 2 pendant deux après-midi consécutifs. Invité d’honneur, l’espiègle Luc Moullet © Les Films du Paradoxe - Luc Moullet in Terre de la folie que Godard définissait

VOYAGES AU BOUT DE L’ÉCRAN L’hiver tarde à venir en ce mois de janvier et s’approchent les Rencontres cinéma de Manosque, pour la 29e fois. Nul doute, une fois de plus, que Pascal Privet va nous emmener aux quatre coins de la terre pour nous faire découvrir la vie et les rêves des gens. Inédits, avant premières, fictions, documentaires, 23 films que vous pourrez voir au théâtre Jean le Bleu et au cinéma Le Lido.

Des hommes au travail Sur la Mer de Barents, dans le film d’ouverture, le 2 février à 18h, Seuls ensemble de David Kremer. Dans le plus grand abattoir d’Alger avec le film de Hassen Ferhani, Dans ma tête un rond point. Des hommes et des femmes qui travaillent à la chaine et deviennent musiciens avec le compositeur Nicolas Frize : Luc Joulé et Sébastien Jousse se demandant : C’est quoi ce travail ? Pour la jeune Nastasjia, héroïne dans le documentaire de son père, Frédéric Sojcher, c’est clair : « Je veux être actrice ». Quant au jeune Portugais, Daniel, ce sont les travaux des champs qui rythment sa vie même s’il rêve d’amour dans Volta à terra de João Pedro Plácido.

Découvertes Les Rencontres sont aussi l’occasion de découvrir. Le Chant de Sanaa, la tradition musicale la plus classique du Yemen dans L’Heure de Salomon, un inédit de Pascal Privet. Ou le quotidien d’une famille en Irak

comme un « Courteline revu par Brecht », ouvrira la manifestation le 23 février à l’Institut de l’Image en présentant plusieurs de ses films. Il tiendra, le lendemain, une master class publique, à l’École d’Art d’Aix-enProvence où il évoquera son long parcours, ses collaborations avec Marguerite Duras et Jean Eustache, ses propres « premières fois » avec la bande des Cahiers du Cinéma et ses derniers opus : Terre de la folie et Assemblée Générale. ÉLISE PADOVANI

La Première Fois 23 au 27 février Marseille, Aix-en-Provence et Saint-Cannat festival-lapremierefois.org

avant et après la chute de Saddam Hussein dans Homeland Irak année zéro d’Abbas Fahdel. Ou encore la vie de Farraj, un paysan égyptien qui suit les bouleversements secouant son pays à la télévision dans Je suis le peuple d’Anna Roussillon. On pourra faire la connaissance du Colombien Nicolás Rincón Gille qui présente sa trilogie Campo Hablado, un projet documentaire sur la tradition orale des paysans de la campagne colombienne, mêlant réel et imaginaire. Ou de jeunes cinéastes, venues du master Métiers du film documentaire d’Aix-Marseille : Clara Teper, Sophie Charlotte Laatsch et Nina Khada qui montreront leur premier film.

Un Homme Coréen dont certaines scènes ont été tournées dans la région, en particulier à Mane. Claire Simon, qui soutient depuis longtemps les Rencontres, et montrera son nouveau travail, Le Bois dont les rêves sont faits, un songe de nature à portée de main, tourné au Bois de Vincennes.

Et encore…

Retrouvailles On reverra avec plaisir les « habitués » de Manosque : Markku Lehmuskallio et la Nénètse Anastasia Lapsuy avec leur dernier opus, Tsamo, qui traite de la la problématique de l’intégration et de l’identité. Le Coréen Jeon Soo-il avec son dixième film, Seuls ensemble de David Kremer © Survivance

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Impossible de vous parler de toute la programmation mais comment ne pas vous dire que vous pourrez découvrir, en avant première, Jodorowsky’s Dune de Frank Pavich, retraçant l’extraordinaire épopée d’un film fantôme qui devait être le plus grand film de l’histoire du cinéma, l’adaptation de Dune de Frank Herbert par Alejandro Jodorowsky. Et en cette période où l’on se souvient de la tragédie de Charlie Hebdo, on (re)verra avec émotion Bernard Maris dans le documentaire de Richard Brouillette : Oncle Bernard, L’anti-leçon d’économie. Alors rendez-vous à Manosque du 2 au 7 février ! ANNIE GAVA Rencontres Cinéma de Manosque 2 au 7 février 04 92 70 35 05 oeilzele.net


cinéma

La 7e édition du festival Polar en Lumières se tiendra du 20 au 28 février au cinéma Les Lumières de Vitrolles : un festival qui conjugue musique, théâtre, expositions et cinéma. L’association nantaise Fondu au noir propose une exposition musique et cinéma policier, tout au long de cette manifestation dont la soirée d’ouverture, le 20 février à partir de 19h, se partage entre le spectacle théâtral de Manuel Pratt, Couloir de la mort, et le film Les Anarchistes qui, dans une reconstitution du Paris des années 1899, réunit le couple Tahar Rahim et Adèle Exarchopoulos. Le film sera projeté en présence de son réalisateur Elie Wajeman. Le 21 février à 20h30, le réalisateur Gilles Bannier sera présent pour la projection du très récent Arrêtez-moi là, avec Reda Kateb en chauffeur de taxi accusé, à tort, du rapt d’une enfant. Soirée Jean-Pierre Melville le 22 février dès 19h avec Sous le nom de Melville, documentaire d’Olivier Bohler et un film au choix, L’Armée des ombres, Le Samouraï, Le Doulos. Toute la semaine une rétrospective est consacrée au réalisateur d’Un Flic et Le Cercle rouge, l’occasion d’apprécier le sens tragique de ce metteur en scène. Le théâtre

INDIGNATION(S) À L’ITALIENNE Nous les avons tant aimés ces Vittorio Gassman, Gian Maria Volontè, Alberto Sordi, Ugo Tognazzi dirigés par les Francesco Rosi, Dino Risi, Luigi Comencini et ce cinéma italien des années 60-70, citoyen, dénonciateur, incisif, satirique, corrosif, grinçant, glaçant, émouvant, drôle ! Du 22 au 30 janvier, les 7e Rencontres du Cinéma Européen conçues et produites par Cinépage en partenariat avec l’Institut

de Fontblanche accueillera le 23 février à 20h30, la pièce Mangez-le si vous voulez de Jean Teulé, par le Fouic Théâtre, compagnie Théâtre Actuel. Le journaliste Denis Robert sera présent le 24 février avec, à 17h, le film de Vincent Garenq, L’Enquête, avec Gilles Lellouche et Charles Berling, inspiré par l’enquête sur l’affaire Clearstream, puis à 19h, Cavanna, jusqu’à l’ultime seconde j’écrirai, ainsi qu’à 21h30, un spectacle lecture et chant, Les Ritals, d’après l’œuvre autobiographique du fondateur de Hara-Kiri. Plongée dans les aléas de l’histoire le 25 février avec deux projections-débats : à 18h30 avec la réalisatrice Ana Dumitrescu pour le documentaire Même pas peur, qui commence le 12 janvier 2015 après les attentats ; et à 21h30 avec le réalisateur Robert Guédiguian pour Une Histoire de fou, qui travaille la mémoire du génocide arménien sur près d’un siècle. Le 26 février à 20h45, le réalisateur Rabah Ameur Zaimeche participera à une projection-débat de son film Histoire de Judas, où le réalisateur revient

sur la mémoire collective attachée au plus controversé des apôtres. Le lendemain, de 9h à 17h, l’association Fondu au noir anime une conférence-stage sur le film noir. Soirée de clôture le 28 février, avec du théâtre : Love me tender 3 de et avec Manuel Pratt et projection-conférence les Serial Killers par Stéphane Bourgoin. Sans oublier les buffets prévus pour égayer les soirées de cette semaine variée.

Culturel Italien, l’Alcazar-BMVR, le Vidéodrome 2 et les Variétés, donnent l’occasion de les retrouver ou de les découvrir pour les plus jeunes ! En ouverture, le 22 janvier dès 16h, à l’Alcazar, hommage au Maestro Rosi, avec la projection d’un de ses chefs-d’œuvre, référence du cinéma politique : Main basse sur la ville, Lion d’or à Venise en 63. Projection suivie d’un entretien avec le critique Michel Ciment. Puis, après un concert-sérénade

de mandolines et un buffet pasta-chianti, au regard de cette Italie des sixties, Viva la libertà réalisée en 2013 par Roberto Andò. À côté de films engagés comme Sacco et Vanzetti de Giulano Montalno, de polars désabusés comme Meurtre à l’italienne de Pietro Germi (1952), on retrouvera pour dénoncer les dysfonctionnements de la société, ces comédies dites à l’italienne. Ainsi Mafioso de Alberto Lattuada (1962), auquel répond La mafia tue seulement l’été de Pierfrancesco Diliberto (2013) inédit en France. Ou encore, Le commissaire de Luigi Comencini (1962) prolongé par une rencontre avec Jean Gili, grand connaisseur du cinéma italien ! La manifestation s’achèvera à l’Institut culturel italien le 30 janvier par un Dino Risi : Au nom du peuple italien qui oppose un petit juge légaliste à un industriel véreux, puis par un concert de Maura Guerrera, en entrée libre.

ANDRÉ GILLES Festival Polar en Lumières 20 au 28 février Cinéma les Lumières, Vitrolles 04 42 77 90 77 cinemaleslumieres.fr

Jean-Pierre Melville © StudioCanal/Fono Roma

Meurtre à l’italienne de Pietro Germi © X-D.R.

LES LUMIÈRES EN PLEIN POLAR

AU PROGRAMME

ÉLISE PADOVANI Les Rencontres du Cinéma Européen 22 au 30 janvier Divers lieux, Marseille cinepage.com

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CRITIQUEs

cinéma

réaliser ce Porno Policier Politique (initiales de Pier Paolo Pasolini), co-écrit avec Noël Simsolo. Christophe Bier, acteur, réalisateur, historien du cinéma porno en France, qui a tout vu des Baiseuses, Tripoteuses, Jouisseuses aux Gorges profondes, d’à Bout de sexe à Zob zob zob, était là pour compléter ces informations épistolaires et ouvrir une réflexion sur le genre et la censure dont il est frappé, s’amusant que ce cinéma vilipendé resurgisse aujourd’hui dans la catégorie patrimoine. Le X Change pas de main © Shellac qui barre, biffe, raye, stigmatise selon les critères fluctuants des censeurs, naît avec le classement établi par la loi du 30 Change pas de main, un porno déc 1975 (toujours en vigueur) mettant un vintage présenté au Gyptis dans terme à la vague du cinéma porno et érotique des années Pompidou-Poher, l’étranle cadre du Cycle Interdit(s) glant fiscalement, le ghettoïsant dans des ans le cycle thématique consacré aux salles de moins en moins nombreuses et Interdits, le cinéma Le Gyptis avait pro- de plus en plus miteuses, le conduisant à grammé ce 8 janvier, Change pas de main des tournages hâtifs souvent éprouvants de Paul Vecchiali. N’ayant pu assister à pour acteurs et actrices surexploités -la la projection, le cinéaste a laissé le soin à rentabilité primant sur la créativité-. CanJuliette Grimont de lire une lettre adres- tonné aujourd’hui aux vidéos Internet et sée aux spectateurs où il évoque la genèse au crypté de Canal plus, très formaté, il ne de ce film commandé par Jean-François se projette plus que dans la salle-vestige Davy après le succès de Femmes Femmes, de Saint-Denis, le Beverley. Change pas la liberté octroyée par le producteur pour de main marque cette histoire de la Cen-

HARD ET ESSAI

D

QUE LA JOIE DEMEURE !

U

n médecin juif de la Croix Rouge française, appelé à l’aide par sa jeune consœur pour accoucher clandestinement des Bénédictines polonaises violées par les libérateurs soviétiques, dans un couvent de Silésie pendant l’hiver 1945 ! Même lui n’y croit pas ! C’est pourtant une des situations tragiques que les guerres savent si bien générer et le sujet bouleversant choisi par Anne Fontaine pour son 14e film : Les Innocentes. Inspiré par le journal de Madeleine Pauliac, médecin-chef de l’hôpital français de Varsovie en ruines, et chargée de la mission de rapatriement, ce film sobre et singulier, tourné en Pologne avec des actrices de Varsovie dont la plupart ne parlaient pas français, renoue avec la veine « noire » de la réalisatrice qui ne s’est jamais laissée enfermer ni dans un genre, ni dans un style. On y retrouve ses thèmes de prédilection : les contradictions portées au cœur des personnages les poussant à des transgressions douloureuses, fatidiques ou libératrices, le

sure, rattrapé une semaine après sa sortie par la nouvelle législation, jugé pornographique par la commission de contrôle avec circonstances aggravantes du fait de sa « désinvolture ». Il n’échappe à l’interdiction totale qu’en raison de son « invraisemblance » et de la qualité artistique de sa photo. Des griefs qui sont les parti-pris de cet objet filmique déconcertant jouant sur la parodie d’un polar et sur toute sa panoplie, thématique (chantage sur une future ministre, enquête d’une inspectrice dans le Paris partouzard et nocturne, vengeance et manipulation sur fond de barbouzades de l’OAS) et fétichitiste (grand imper de la détective, chapeau à la Marlowe, whiskies et révolver). Mais où les femmes, si elles sont fatalement fatales gardent la main (dans tous les sens de l’expression). Jeu de rôles théâtral, anti-naturaliste, qui se perd dans les représentations de lui-même -photos, vidéos, miroirs, scènes de voyeurisme- et qui malgré des dialogues plutôt drôles par leur décalage, et une grande liberté dans la représentation du sexe en actes à deux, trois, ou douze, reste très « propre » et suscite davantage la rêverie que le désir. ELISE PADOVANI

Change pas de main a été projeté le 8 janvier au cinéma Le Gyptis, à Marseille

rapport à l’impossible et la vanité de tout jugement moral. S’y ajoute ici l’opposition entre le laïque et le spirituel. Ces femmes recluses sont déchirées entre leur vœu de chasteté, leur fidélité à Jésus et cette maternité imposée, qui leur causerait si elle était connue, opprobre et rejet, soumises à une Les Innocentes d’Anne Fontaine © 2015 Mandarin Cinéma-Aéroplan Film - Anna Wloch ironie terrible les métamorphosant en Vierges du Quattrocento cette jeune volontaire issue d’une famille tout en bousculant leur foi. Une foi définie communiste qui a pris l’initiative périlcomme « 24h de doute pour 1 minute d’es- leuse d’aider ces femmes en détresse, par pérance ». La caméra de Caroline Cham- le blanc chirurgical. Les corps dissimulés petier, avec qui Anne Fontaine avait déjà sous les lourdes robes sombres laissant à travaillé pour Nettoyage à sec, éclaire su- peine entrevoir la rotondité des ventres, perbement les salles de prières, les pay- gardent leur secret. Seuls ces visages-mésages enneigés, ou encore les visages. Ces daillons qui semble diffuser la lumière du derniers s’imposent en plans rapprochés, plus profond de l’âme, osent la nudité de cadrés par la guimpe blanche et le voile la Grâce. noir, ou pour le personnage de Mathilde, Aux personnages principaux : Mathilde


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Beaulieu (Lou de Laâge), Sœur Maria (l’extraordinaire Agata Buzek), la terrible mère Abbesse (Agata Kulesca), la novice Teresa (Eliza Rycembel), se joint Samuel (Vincent Macaigne), chirurgien à l’humour triste et décalé, seul rescapé de sa famille déportée dans les camps. Casting impeccable pour un scénario qui n’oublie personne. Avec ce film très bien documenté -Anne Fontaine a elle-même effectué deux re-

traites chez les Bénédictines-, nous découvrons par le regard de Mathilde, la vie communautaire d’un couvent au rythme des chants grégoriens et des prières, « cette façon d’être ensemble, de prier et de chanter sept fois par jour, comme dans un monde suspendu où l’on a à la fois le sentiment de flotter dans une sorte d’euphorie et celui d’être tenue dans une discipline très forte ». Cette vie qui pourrait paraître hors du temps, si ce dernier ne faisait pas irrup-

tion durant toutes les guerres, sous toutes les latitudes par le viol et le massacre. Un film réussi qui sort en salles le 10 février. ANNIE GAVA

ELISE PADOVANI

Le film Les Innocentes a été présenté en avant-première le 5 janvier au Renoir à Aix-en-Provence

LES CINÉMATHÈQUES ONT RENDEZ-VOUS AU MUCEM

P

remière rencontre fixée par le MuCEM, le 15 janvier, dans cette nouvelle série de « Rendez-vous des cinémathèques ». La cineteca di Bologna (cinémathèque de Bologne), Méditerranée oblige, est la première invitée, avec son directeur Gianluca Farinelli. Ce « citoyen du cinéma » explique comment en 1962, le maire de cette Bologne la rouge est le premier à créer un assessore alla cultura quand il renouvelle et rajeunit son conseil municipal. Cette fonction sera à l’origine de la création d’une cinémathèque autour de jeunes critiques, intellectuels, spécialistes du 7e art. Ainsi à l’abri des turbulences politiques -situation inestimable pour une institution culturelle-, la cinémathèque s’attachera à programmer, publier, montrer et restaurer. La continuité dans la direction, le soutien financier continu et sans diminution de la municipalité ont permis à cette institution de mener une politique cohérente de longue haleine sans traverser aucune crise. À une politique « passive » de gestion des fonds existants et des dépôts effectués par toutes sortes de partenaires, s’ajoute une politique « active » de faire ce que les autres ne font pas, retrouver les incunables du cinéma italien, compléter les collections des grands maîtres et s’intéresser aux œuvres de pays qui n’ont pas de politique patrimoniale. Au fil du temps, grâce à son laboratoire l’immagine ritrovata, qui fait travailler plus de 80 personnes, la cineteca est devenue une référence mondiale dans la restauration des films. Le mélodrame Assunta Spina de Gustavo Serena et Francesca Bertini (1915), qui

Assunta Spina de Gustavo Serena et Francesca Bertini © X-D.R

a suivi cette conférence a pu faire quelquefois sourire, mais a été porté par l’accompagnement musical magistral de Guido Solo et François Laurent, entre tradition napolitaine et sonorité contemporaine, à l’image de cette cinémathèque dont on at-

tend les prochaines livraisons alléchantes. ANDRÉ GILLES Ce premier Rendez-vous des cinémathèques a eu lieu au MuCEM le 15 janvier


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CRITIQUEs

ARTS VISUELS

La Villa Tamaris RELIT SON HISTOIRE

Personnage 6, diptyque et texte, technique sur papier, 2004 © Jean Le Gac

En guise de réponses, Pour / Suivre présente une poignée d’œuvres parmi les 650 de la collection et pose un faisceau de nouvelles questions : être de son temps signifie-t-il faire partie de la même génération ? Appartenir aux mêmes mouvements  ? S’exprimer avec les mêmes médiums ? Ici exclusivement la peinture, le dessin et la photographie. Exit des acquisitions de la Villa Tamaris la vidéo, les arts numériques et les installations, soit un pan entier de la création contemporaine effacé du tableau. L’exposition met en lumière malgré elle la force et la faiblesse de la collection

Pour / Suivre s’inscrit dans le prolongement éditorial de la Villa Tamaris, après Une Génération en 2013 et Une relecture en 2014. Cette fois l’exposition s’attache à mettre la collection en perspective sous une forme interrogative : « Que signifie être de son temps ? »

constituée de talents régionaux -la scène artistique régionale a toujours trouvé un écho favorable aux oreilles du directeur du centre d’art Robert Bonaccorsi- et d’artistes internationaux de renom. Un sentiment confus renforcé par l’accrochage qui entremêle sans distinction chronologique ou stylistique les peintures de Georges Autard, Laurent Dessupoiu, Jean-Pierre Giacobazzi, les acryliques de Didier L’Honorey, le Grand livre de Philippe Favier sagement ouvert dans sa mallette en bois, les décors opératiques de Gilles Ghez, le dessin monumental au crayon de Gérard Eppelé et ses corps endormis pour l’éternité, une série de dessins en dialogue de Nico Rubinstein, Véronique Bigo et Muriel Poli… Et les incontournables hérauts de la Figuration narrative, de la Jeune peinture et de la Nouvelle figuration choyés par la Villa Tamaris. Une collection riche, mais peu encline à fouiller dans les marges et à scruter l’avenir. Est-ce à dire « qu’être de son temps » c’est être un veilleur plutôt qu’un visionnaire ?

Serrano, de la poésie à l’enfer Jusqu’au 12 juin, plus de 150 œuvres d’Andres Serrano sont exposées à la Collection Lambert  : un intense panorama du photographe américain Alternant séries cultes et politiques avec des travaux récents et des commandes passées par le collectionneur Yvon Lambert, l’exposition Ainsi soit-il est la plus grande rétrospective européenne consacrée à Andres Serrano. Cette exposition conçue par Eric Mezil initie aussi un cycle de location d’expositions dévolues à l’art sacré que la Collection organise au musée Ainsi soit-il, exposition Andres Serrano, Collection Lambert, déc. 2015 © Delphine Michelangeli

Comme en miroir Fait remarquable, la collection s’est agrandie selon le principe des vases communicants : à chaque exposition, une acquisition et une publication. Des expositions dont s’empare Claudie Mesnier à travers la photographie et la création numérique dans Mimétisme, travail de mémoire du lieu, de l’exposition, des œuvres et du public mêlés. L’artiste se réapproprie les situations pour créer de nouvelles images issues du réel dans un jeu de dédoublement, d’osmose, de duplication. Tableau dans le tableau qui distille quelques indices à la manière d’un jeu de piste. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Pour / Suivre Collection de la Villa tamaris : une mise en perspective jusqu’au 13 mars Mimétisme Claudie Mesnier jusqu’au 31 janvier Villa Tamaris centre d’art, La Seyne-sur-Mer 04 94 06 84 00 villatamaris.fr


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de Vence, ville natale d’Yvon Lambert. Après le scandale du Piss Christ en immersion saccagé en 2011 par des intégristes catholiques, dont « la décision de justice est toujours au point mort  », le musée avignonnais qui possède un fonds exceptionnel des œuvres de Serrano, un artiste majeur nourri d’histoire de l’art à laquelle il fait constamment référence, ouvre les portes de son univers singulier et sans concession, des années 80 à aujourd’hui.

Ainsi soit Serrano !

éclatantes et réalisés hors studio, en attestent encore : la série sur Cuba (2012) sur les traces de sa mère cubaine met en contraste intérieurs crasseux et univers bourgeois après 60 ans de communisme ; ou avec la chapelle du Rosaire de Matisse (2015), à Vence, photographiée pour la première fois, on retrouve son intérêt pour la religion. Après la poésie de ces représentations du réel, dans des cadrages toujours inventifs et recherchés, au sous-sol : l’enfer ! Interdites aux moins de 18 ans « pour éviter toutes provocations », trois salles réunissent ses travaux moins « abordables » : la série Shit empile des déjections animales (en gros plan !), History of sex rassemble des sex-addict blasés et sans plaisir, et la série The morgue expose des images de cadavres, dont certaines prises clandestinement, froides et tragiques. Un miroir du monde actuel parfois difficilement supportable mais qui n’est, là encore, jamais nié.

Des rivières de sang (menstruel) microscopiques aux clochards «photographiés comme des princes», des portraits des sociétaires de la Comédie-Française à un magistral triptyque sur les trois religions, de la série du KKK à celles des Américains faite au lendemain du 11 septembre, des personnalités religieuses dans The Church ou ses portraits d’armes… l’inspiration de cet artiste toujours concerné par les marges et les signes de son temps, ne fait jamais dans le politiquement correct. Ser- Un nouveau regard rano apparaît comme un « mémorialiste de sur la collection son époque » qui sait anticiper l’actualité. Avec ses tirages Cibachrome saturés et ZibelineSes HDA Salmon_Mise en page aux 1 18/01/16 Page1 travaux plus récents, couleurs09:14 sur-brillants, l’intensité de l’exposition est

compensée par le nouveau regard porté sur les œuvres du fond permanent, visible dans le premier musée par lequel on accède à la Collection. On redécouvre les œuvres des trublions historiques du BMPT (Buren, Mosset, Parmentier et Toroni), des monochromes de Robert Ryman, des photos de Louis Jammes sur l’immigration, un hommage de Giulio Paolini à Cézanne, un Tricolore symbolique de Baptiste Croze, des pastels de Cy Twombly, et encore des œuvres d’Adel Abdessemed, Anselm Kiefer, Louise Lawler… et un étonnant manuscrit de Roland Barthes. Le calme avant la tempête Serrano ! DELPHINE MICHELANGELI

Ainsi soit-il Un nouveau regard sur la Collection Lambert jusqu’au 12 juin Collection Lambert, Avignon 04 90 16 56 20 collectionlambert.fr

JACQUELINE SALMON 42,84 km 2 sous le ciel

L’oreille qui tombe Frédérique Nalbandian Vendredi 12 février 2016

À 18 h 30, vernissage de l'exposition À 19 h 00 précises, performance de Ténèbres de Pascal Quignard L’oreille qui tombe, textes de et dits par Pascal Quignard avec la collaboration et la participation de Frédérique Nalbandian

du 13 février au 23 avril 2016

HÔTEL DES ARTS 30 JANV. > 24 AVRIL 2016 ENTRÉE LIBRE

CENTRE D’ART DU DÉPARTEMENT DU VAR TOULON - 236 bd Maréchal Leclerc - Ouvert du mardi au dimanche de 10 h à 18 h - Tél.04 83 95 18 40 - www.hdatoulon.fr

Espace d’art Le Moulin

8, avenue Aristide Briand - 83160 La Valette-du-Var Du mardi au vendredi de 15 h à 18 h Samedi de 14 h 30 à 18 h 30 et le matin sur rendez-vous - Entrée libre

04 94 23 36 49 lemoulin@lavalette83.fr - www.lavalette83.fr

Conception graphique • www.studio-mcb.com

EXPOSITION


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AU PROGRAMME

arts visuels

marseille

Printnoiz Laboratoire d’expérimentations graphiques, Le Dernier cri investit la Tour Panorama à l’occasion d’un salon des auteurs et collectifs de la scène imprimée. De la gravure à la sérigraphie, des années 70 à nos jours, c’est toute l’aventure du graphzine qui nous est contée, soit 40 ans d’édition indépendante et undergraphique disponible sous nos yeux ! M.G-G. jusqu’au 27 février Tour panorama, Friche la Belle de Mai, Marseille 3e 04 95 04 96 49 lederniercri.org

ITO, Graphzine, Illustrations de Yann Taillefer, 60 pages, Sérigraphie, Livret offset de 32 pages, 40 x 30 cm, Editions Le Dernier Cri, 2008 © Le Dernier Cri

Manuel Ruiz Vida Il fait partie de ces artistes qui travaillent obstinément par séries. Pour cette exposition conçue avec l’association Grains de Sable, Manuel Ruiz Vida présente un de ses dernières ensembles intitulé sobrement récipients. Des objets d’apparence banale dont la fonction reste indéfinie mais que le peintre distingue par une couleur particulière. C.L. jusqu’au 26 février Le Silo, Marseille 04 91 90 00 00 silo-marseille.fr

Manuel Ruiz Vida, récipient rouge orangé 2015, huile et laque sur toile, 97x146cm © François Moura

Valentine Vermeil Invitée par les Rencontres à l’échelle, la photographe Valentine Vermeil présente une série réalisée en Israël et en Palestine, «un territoire riche et complexe» dont elle tire un portrait éloigné des clichés médiatiques. À l’image de toute sa pratique documentaire, Bab-El rend compte de la vie contemporaine (scènes de rue, paysages, fêtes, femmes au quotidien) à travers ce qui lie les êtres. M.G.-G. Bab-El jusqu’au 28 février Galerie de la Salle des machines, Friche la Belle de Mai, Marseille 3e 04 91 64 60 00 lesrencontresalechelle.com

© Valentine Vermeil

Rachel Levine Pour sa première exposition en France, Rachel Levine présentera ses tout derniers travaux dont une série de pièces en verre moulé réalisées lors de sa résidence marseillaise. L’artiste écossaise a bénéficié d’un programme d’échanges entre Triangle France et Glasgow Sculpture Studio, et d’un premier partenariat avec Rond-Point Projects. C.L. Calquing jusqu’au 20 février Rond-Point Projects, Marseille 06 15 07 06 13 rondpointprojects.org Rachel Levine, Fold, acier doux, 2014 © Rachel Levine.


bouches-du-rhône

var

arts visuels

AU PROGRAMME

Camille Llobet Camille Llobet explore les champs investis par le langage. Voir ce qui est dit, développé avec Noha El Sadawy, performeuse sourde et un chef d’orchestre, interroge le réel et sa perception, langue des signes et gestique. La restitution prend forme d’une mise en espace immersive. Le 26 janvier, une conférence à l’École supérieure d’art d’Aix-en-Provence précédera le vernissage du 3bisF, le 27 de 16h à 21h. C.L. Voir ce qui est dit 28 janvier au 1 avril 3bisF, Hôpital Montperrin, Aix-en-Provence 04 42 16 17 75 3bisf.com Photogramme du film Voir ce qui est dit, 2015-2016 © Camille Llobet

Granet, dix ans d’acquisitions De Cézanne à Masson et de Corot à Plossu, le musée Granet n’a cessé d’enrichir ses collections permanentes depuis sa réouverture en 2006 (fonds ancien, art moderne, contemporain, artistes régionaux). Aujourd’hui, il met en lumière ses acquisitions dans une exposition qui croise histoires d’œuvres, d’objets et de personnes et fait acte de pédagogie en expliquant les modes et processus de legs, dons et donations. M.G.-G. 30 janvier au 24 avril Musée Granet, Aix-en-Provence 04 42 52 88 32 museegranet-aixenprovence.fr

Philippe Favier, Sciophiligranes © X-D.R, ADAGP, Paris 2016

Eros et Nature Pour sa troisième année, le projet porté par Clémentine Feuillet poursuit sa réflexion sur les questions liées aux féminismes. Une vingtaine d’artistes d’expressions variées et photographes autour de la double thématique d’Eros/Nature. Vernissage le 13 février à 18h30 avec une performance de Douce Hollebecq. C.L.

04 90 99 53 31

13 février au 13 mars Chapelle Sainte Anne, Arles erosnaturefeminismes.blogspot.com

© Veronika Marquez

Jacqueline Salmon La photographe Jacqueline Salmon est de retour à Toulon où, en 2000 déjà, elle avait pénétré l’antre de l’Arsenal. La nouvelle commande de l’Hôtel des Arts porte sur la traversée de la ville, balayée par les vents et bouleversée par un vaste chantier de rénovation urbaine. Son interprétation poétique donne naissance à des «cartes de vents», des constellations et des portraits uniques en leur genre. M.G-G. 42,84 km2 sous le ciel 30 janvier au 24 avril Hôtel des Arts, Toulon 04 83 95 18 40 hdatoulon.fr

Femme à sa fenêtre - 37,5 x 54 cm © jacqueline Salmon

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CRITIQUEs

LIVRES

Quatre essais sur le présent Les ouvrages récents de la sociologue Nilüfer Göle, de la philosophe Marie José Mondzain, des historiens Patrick Boucheron et Sudhir Hazareesingh placent notre pays et son actualité au coeur de leur réflexion

L’

an dernier, le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée recevait Edgar Morin, Gilles Clément, Pierre Rabhi, Roland Gori et Pierre Giannetti sur un thème choisi : Le bonheur, quel bonheur ? Cette année, le cycle Mais où va la France ? interroge la société française à travers une série d’entretiens avec de grands intellectuels, questionnés par les étudiants de l’Institut de Sciences Politiques d’Aix-enProvence (voir p 18). Edités avant ou après les attentats de janvier, et en tout état de cause avant ceux du 13 novembre, les quatre ouvrages parlent des questions qui agitent aujourd’hui, après le traumatisme qu’elle a vécu, la société française.

Les intellectuels français Avec Ce pays qui aime les idées, histoire d’une passion française, Sudhir Hazareesingh apparaît un peu comme le Huron de Voltaire : professeur à Oxford, auteur d’un livre sur Napoléon et d’un autre sur De Gaulle, il aime la France comme un pays un peu bizarre et étranger. Un pays qui ne sait pas voir sa propre singularité, et souffre d’un complexe global de mésestime de soi. Son essai se lit comme un roman, ou plutôt comme un de ces livres d’histoire à l’anglo-saxonne, relatant des faits, les colorant d’anecdotes et de points de vue qui ne s’embarrassent pas d’une pseudo objectivité. En cela aussi, vraiment, Sudhir Hazareesingh n’est pas français ! On se réjouit de le voir combattre au fil des pages le déclinisme de nos intellectuels médiatiques, et de voir sur la couverture le grand col blanc et la clope de notre BHL aux sourcils froncés. Ceux-ci ne croient plus en la pensée française, ne produisent plus de concepts, ne savent que constater des échecs et la fin de « valeurs »... Or cet Anglais-là aime Napoléon (il n’en est pas à un paradoxe près), défend la croyance en l’universalisme qui permis l’énoncé des droits de l’homme, admire les intellectuels comme Zola qui ont lutté contre l’antisémitisme d’État, et tous

ces Français qui ont inventé le cartésianisme, le socialisme, le structuralisme... Mais cette admiration même marque les limites de la démarche : si la réputation des intellectuels français, avec leur universalisme, est sur le déclin, c’est aussi parce qu’ils payent le prix de leurs silences, et de leurs erreurs non dans le domaine des idées, mais dans celui du réel. Si Zola avait fait libérer Dreyfus, qu’en est-il de Sartre, de tous les Maoïstes ? Maurras et Céline n’étaient-ils pas aussi des intellectuels français ? Il n’est pas anodin que Simone de Beauvoir ne soit jamais citée que comme compagne de Sartre, jamais comme théoricienne du féminisme. Ou qu’Edouard Glissant et sa magnifique théorie du Tout-Monde ne soit même pas évoqués. Pourtant les admirations francophones de cet Anglais né à l’Île Maurice commencent par Senghor et Yourcenar ! Mais si l’on veut écrire l’histoire de la pensée française universaliste, on écrit forcément celle des hommes, blancs, bourgeois et hétérosexuels. Celle qui a colonisé et esclavagé, et qui aujourd’hui encore est à la traîne en matière de représentation des femmes. Doit-on aimer les idées sans voir les faits ?

L’impossible catharsis des images Dans ce petit livre écrit en 2008, le plus frappant est la récente préface. Écrite après janvier 2015, et qui souligne après coup des échos sidérants qui surgissent entre les événements, et ce que la philosophe disait des images. Les attentats de Charlie Hebdo s’attaquaient à des producteurs d’images, prenaient pour prétexte une offense, un sacrilège. Oui, l’interrogation du titre prenait un sens inattendu : L’image peut-elle tuer ? Indirectement, la preuve était faite. La réflexion de Marie José Mondzain sur les images ne se résume pourtant pas à cela. Il ne s’agit pas de s’en tenir aux images choquantes, aux images violentes, mais de s’interroger sur la nature même des images

d’aujourd’hui, en plongeant aussi dans leur histoire. Elle cherche à comprendre ce que l’image nous fait, et en particulier si la catharsis opère. C’est-à-dire si les images tragiques ou violentes apaisent notre peine ou nos pulsions, ou si elles les exacerbent. Sa réponse est classifiée, et elle distingue les images qui permettent l’identification, l’incarnation ou l’incorporation, et explique pourquoi voir une décapitation sur YouTube nous tue symboliquement, comment les écrans font ou non écran, comment l’homo spectator doit sortir de la passivité. Les civilisations chrétiennes ont offert à nos yeux des images édifiantes pour nous faire désirer l’extase ou craindre l’enfer, les Musulmans se méfient des représentations, le monde capitaliste globalisé sature nos champs visuels d’images mouvantes, sonores, avec lesquelles on peut interagir dans les jeux vidéos, première industrie culturelle du monde, et particulièrement violente. Il serait temps, vraiment, de nous demander ce que l’image nous fait.

Les Musulmans visibles L’étude sociologique de Nilüfer Göle part d’un principe clair : la recherche de visibilité dans l’espace public des Musulmans d’Europe, que ce soit par le port du voile, par la revendication de mosquées et de minarets, et par la possibilité de prier, est un signe de citoyenneté. Les « Musulmans ordinaires » veulent faire partie des sociétés européennes auxquels ils appartiennent, et que cette visibilité est une marque d’intégration à l’espace commun, puisqu’ils veulent être reconnus et vus. Et c’est parce que les Européens ne veulent pas leur accorder une entière citoyenneté que ces signes visibles, dits parfois « ostentatoires », posent problème. Musulmans au quotidien, une enquête sur les controverses autour de l’islam, adopte un point de vue peu courant dans l’espace médiatique. Fondé sur des faits et des témoignages. Très convaincants lorsqu’ils montrent comment les minarets


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sont devenus un objet de controverse, et leur refus un symbole de l’extrême droite. Moins quand ils s’attachent au port du voile, et que la sociologue ne se demande pas, ou ne demande pas, pourquoi ce bout de tissu obligatoire ailleurs, et objet d’oppression dans nombre de pays, est devenu la revendication d’une singularité. Moins aussi quand elle n’interroge pas le rapport entre hommes et femmes, séparées des hommes, à l’abri de leur regard supposé concupiscent, placées derrière dans les mosquées. Mais l’essentiel n’est pas là : il existe en France et en Europe une population importante, musulmane, moderne, croyante ou non, et nos républiques laïques ou non ont du mal avec cela. Le constat est clair, la volonté de concilier leur foi avec les lois des pays où ils vivent et dont ils font partie l’est aussi. Quels que soient les problèmes que cela pose, ce n’est pas en distinguant nationaux et bi-nationaux, en établissant une hiérarchie dans la citoyenneté comme au temps des colonies, ou de l’occupation, que les tensions s’apaiseront...

La montée des périls Le petit livre de Patrick Boucheron et Mathieu Riboulet est beau, et glaçant. Écrit comme un journal à deux voix du 6 au 14 janvier 2015, il nous replonge dans le déroulement de ce qui fut pour la France un traumatisme majeur, et nous invite à Prendre dates. Quelque chose s’est passé, au sens fort du terme, qui ne passera pas. Un moment historique, dans le sens où il a bouleversé notre avenir. Pourtant, Patrick Boucheron le répète, il y a eu un avant. Khaled Kelkal en 1995, Mohamed Merah en 2012. Il y a eu aussi la mort d’un militant écologiste, Rémi Fraisse, tué par la police. Patrick Boucheron, dans Conjurer la peur, montre bien comment le surgissement d’un ennemi extérieur peut amener à prendre des mesures liberticides, et tyranniques. Et l’historien reconnaît bien ce que dans les manuels d’histoire on appelait « la montée des périls ». C’est-àdire la période précédant la seconde guerre mondiale. Effectivement tout y est : les signes avant coureurs, la « crise » économique (si durable

que le terme crise ne semble plus adéquat), la crispation autour de valeurs identitaires, le terrorisme, et depuis l’état d’urgence. L’historien et l’écrivain racontent le choc. Les morts. Celles des journalistes frondeurs qui défendaient une liberté d’expression à laquelle toute la nation a semblé, un temps, attachée. Celle des apostats aux yeux des islamistes, qui portaient des uniformes de policiers alors qu’ils étaient musulmans. Celle des juifs de l’hyper casher. Celle des terroristes aussi, jeunes Français. 17 morts plus 3. Boucheron et Riboulet prennent date aussi de l’unité nationale un temps recréée, puis délitée, mais qui quand même là avait existé. Prennent date de cette couverture de Charlie Hebdo, du prophète qui pleure les morts. Il est certain qu’ils auraient pris date autrement le 13 novembre et qu’autre chose encore s’est passé. Qu’il faudrait qu’ils éclairent. Même si nous restons stupéfaits par cette phrase de la préface : « Il y a beau temps que je me demandais ce que cela pouvait bien faire (…) de vivre une période ou d’une année à l’autre tous les signaux passent au rouge : est ce qu’on s’en aperçoit, est-ce qu’on en prend la mesure (...) est ce qu’on pense à partir, et quand ? » AGNÈS FRESCHEL

Ce pays qui aime les idées Sudhir Hazareesingh Flammarion L’image peut-elle tuer ? Marie José Mondzain Bayard Musulmans au quotidien Nilufer Göle La découverte Prendre dates Patrick Boucheron et Mathieu Riboulet Verdier


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CRITIQUEs

LIVRES

SUR LES ROUTES DU TEMPS

Avec Temps mort, l’effacement des données, le plasticien et galeriste arlésien Thibault Franc livre un roman subtil et atypique ; à la croisée des genres ; aux carrefours du temps… et de la vie. S’agit-il d’un roman ? Bien que le mot soit imprimé en toutes lettres juste au-dessous du titre, les premières pages de Temps mort sèment le doute. Un prologue à visée générale

amorce la réflexion à partir d’une expérience que chacun peut avoir vécue. Qui n’a eu l’impression, lors d’un trajet en voiture, que la route du retour est plus courte que celle de l’aller ? Le voyageur aurait-il subrepticement glissé dans « une faille temporelle » ? Serait-il possible de remonter le courant du temps, comme on revient d’une journée à la plage ? Ne court-on pas alors le risque de sombrer dans le « retour du même » ? À ce stade, le lecteur se croit à l’orée d’un essai sur le temps. Ce que tendent à confirmer les petits cadrans qui rythment les chapitres, ainsi que les nombreuses références et notes en bas de pages. Pourtant, Thibault Franc a choisi de classer son texte dans la catégorie « roman ». Et à y regarder de plus près, on comprend. Le « on » initial cède vite la place à un « je », celui d’un narrateur (qu’on serait tenté de confondre avec l’auteur, si la note de la page 40 n’établissait clairement la différence) dont on suit l’évolution (plutôt que les aventures). Une évolution que les cadrans indiquent, puisque le temps y recule d’heure en heure durant toute la première partie, avant de reprendre son avancée jusqu’à la fin. Il ne faut pas chercher de véritable intrigue dans Temps mort,

À LA GRÂCE DE DIEU Plongée dans un best-seller coréen tout récemment traduit qui, s’il ne fait pas grimper aux rideaux, propose un instructif voyage au Pays du Matin Calme… Conçu à l’origine pour la parution en feuilleton illustré et donc formaté pour offrir une lecture confortable au long cours, ce roman de 350 pages en 3 parties aux titres évocateurs (« l’amour dans une plaine vide » par exemple) ouvre de généreux points de vue sur une société qui cherche encore son équilibre en dessous du 38e parallèle. L’auteure Gong Ji-Young a acquis une légitime notoriété au travers de ses engagements en faveur de la démocratie, des droits des femmes et contre toute forme d’exclusion ; catholique de cœur et de plume, elle pose dans L’Échelle de Jacob de manière assez formelle et en tout cas plutôt inoffensive quelques questions à la vie et donc aux hommes perdus parfois dans les méandres de leurs contradictions. Le narrateur, frère Jean (ô combien éloigné de son truculent homonyme rabelaisien) jeune moine bénédictin va être confronté aux affres de la passion amoureuse et à la mort violente de ses deux compagnons les plus proches dans un accident absurde. Rassurons-nous sa vocation ne sera pas compromise, nous le

savons d’entrée, le roman ne se nourrissant que de ses réflexions et émotions somme toute bien mesurées « j’ai l’impression que poussent des champignons blancs et froids dans mon cœur qui bat la chamade » ; frôlement des âmes, sons de cloche et frémissements de monastère, le récit se trame en fait comme un mince filet à attraper le sens de la vie qui explose en éclats fracassants dans les mots de deux personnages plus intéressants bien qu’à peine ébauchés, simples témoins porte-parole d’une réalité historique qui dépasse la fiction : au seuil de la mort, frère Thomas, religieux allemand pris dans la tourmente de l’avancée des communistes et martyr de la Corée du Nord évoque

quoique les événements n’y manquent pas. Plutôt une méditation existentielle, érudite et poétique à la fois, un flux de digressions dans lequel on se plaît à plonger… sur les conseils de l’auteur : « Au moins le lecteur devrait-il pouvoir faire le choix de glisser rapidement vers le bas de la page, d’une vasque à une autre, ou de revenir en arrière, circulant dans le texte aussi librement que dans le lit d’un cours d’eau, tel la Loue peinte par Courbet, paysages de touches où l’œil peut tourner sans ordre bien défini ». FRED ROBERT

Temps mort, l’effacement des données Thibault Franc Collectif E3 éditions, 15 € Pour en savoir plus sur le collectif E3 et Thibault Franc, on peut lire sur journalzibeline.fr l’article de Claude Lorin intitulé Elégies d’hiver

sans haine les sévices partagés, tandis que dans la 3e partie enfin la grand-mère du narrateur raconte le saisissant épisode du sauvetage miraculeux à la veille de Noël -le titre s’éclaire- de 14 000 réfugiés fuyant en 1950 l’invasion communiste chinoise par le capitaine du cargo américain Meredith Victory devenu à la fin de la guerre… frère Marinus le bien nommé ! Si l’on sait que cinq bébés sont nés pendant ce périple béni, il est facile de pardonner à Gong Ji-Young sa fascination face à cette source d’inspiration ! Pris comme la plupart des lecteurs dans la fluidité lumineuse de la narration il ne restera plus qu’à accorder à Thérèse d’Avila que « si la vie est une nuit à passer dans une mauvaise auberge » alors oui la lecture de ce consolant roman peut aider à l’affronter ! MARIE-JO DHO L’Échelle de Jacob Gong Ji-young Traduit du coréen par Lim Yeong-hee et Mélanie Basnel Éditions Philippe Picquier, 19,50 € La Corée du Sud sera le pays invité d’honneur du Salon du Livre de Paris en mars 2016


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CRÊMATION Pour réveiller un peu nos sens engourdis par les agapes de fin d’année, rien ne vaut un petit livre, vif voire piquant. Exactement ce que propose le roman de KIM Hoon récemment paru aux Éditions Philippe Picquier : En beauté. Livrons d’emblée, pour expliquer l’accent circonflexe ci-dessus, une subtilité soulignée par les traducteurs de l’ouvrage, Han Yumi et Hervé Péjaudier : en coréen ce titre, Hwajang, implique deux significations : la crémation, et la cosmétique. Deux champs qui se recoupent au fil d’une intrigue resserrée sur la période de deuil d’un directeur commercial, chargé de vendre les produits de beauté de sa grosse entreprise. On aurait tort de se laisser décourager par un pitch aussi plat. Cet homme ne remet à aucun moment en question le modèle économique délirant de sa société, mais la façon dont l’auteur restitue sur un même plan l’agonie de sa femme atteinte d’une tumeur au cerveau, et les entourloupes

douteuses d’un marketing renonçant de justesse à répandre sur le marché un gel de toilette intime déclencheur d’infections, est splendidement subversive. La raison qui prévaut n’est pas d’ordre éthique, bien évidemment, il s’agit plutôt d’une question de dépassement de budget... Les femmes ont un degré d’acidité vaginale variant d’un individu à l’autre, et « C’est pas parce qu’elles sont pas fichues pareil qu’on va se mettre à leur bricoler chacune leur truc. Immense est le marché, mais bien tordues les voies de sa pénétration... », se murmure à lui-même le patron. Patron qui n’hésite pas à solliciter son directeur commercial pour qu’il orchestre une campagne depuis l’hôpital où son épouse vient de mourir, tandis que l’endeuillé lui-même, loin de chercher le réconfort des ses proches ou de sa progéniture, se remémore une attraction jamais assouvie pour l’une de ses employées. Frustration accumulée, règne de l’argent, relations humaines frelatées... Oui, ce court roman (76 pages) fouille efficacement les tréfonds de notre monde moderne impitoyable.

DE LA TROMPETTE AU FUSIL Deux voix se croisent dans le nouveau roman de Fabrice Loi, Pirates. Celle de Max Opale, ancien militaire, reconverti en expert en balistique, et celle de Tony Palacio, trompettiste de jazz, qui a quitté sa famille de forains pour aller à Marseille. Entre les deux, se dresse le personnage de la cantatrice Awa, une Ève qui fait basculer leur histoire dans un trio amoureux digne de Jules et Jim. Les portraits émergent dessinés par la vie qui les rabote, les sculpte, dans un style parfois un peu trop bavard, mais qui sait remarquablement créer des atmosphères, saisir au plus près les lieux et les êtres et s’autorise de belles pages sur la musique. Marseille (celle des bas-fonds, comme celle des beaux

quartiers) et la Somalie (des pirates et des populations décimées), sont peintes avec une incisive justesse. Le roman dépasse ici le cadre du simple polar, et livre au lecteur une description sans concession de la société ainsi qu’une vision politique à l’échelle

Il est servi par un humour pince-sans-rire et une dignité impeccable : en livrant détails scatologiques -gargouillis compris- et affres d’une prostate abîmée, il ne perd jamais de vue l’être humain qui se dissimule sous un costard-cravate. GAËLLE CLOAREC

En beauté KIM Hoon Éditions Philippe Picquier, 12 €

internationale. À l’instar du procureur Henri Volney incarné par Yves Montand dans I comme Icare de Verneuil, les personnages ne peuvent survivre lorsqu’ils accèdent à la connaissance. Celle-ci terrifiante dénonce, preuves à l’appui le déversement criminel de déchets radioactifs dans les eaux de la Somalie, par différents états, France, Allemagne, Italie, USA, avec la complicité des réseaux mafieux. Qui sont alors les vrais pirates ? On aimerait que le sujet ne soit pas confiné à la deuxième partie de l’ouvrage, digne par ce qu’elle met en lumière de tenir une œuvre entière. MARYVONNE COLOMBANI

Pirates Fabrice Loi Gallimard, 17,90 €

Auteure durable Catherine Monin, comédienne (entre autres) pour La Cie du Jour au Lendemain ou la toute récente Cie vauclusienne Nage Libre (bienvenue !) ne perd décidément pas le nord ! Après la publication en 2005, chez L’Harmattan déjà, d’un délicieux recueil de poèmes sur nos petits moments d’égarement, adroitement intitulé Le Nord perdu, qui avait donné lieu à une création théâtrale touchante et ultra poétique, elle récidive avec un deuxième ouvrage théâtral tout aussi réussi : À titre provisoire.

Une pièce a d‘ailleurs déjà été créée au théâtre des Halles d’Avignon pour le OFF 2014 puis reprise à Marseille, à la Minoterie, il y a un an tout juste. La 3e écriture est déjà dans les cartons : Sans Bêtes (création automne 2017). Une auteure de théâtre est née ! DE.M. À titre provisoire Catherine Monin L’Harmattan, 11 €


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CRITIQUEs

LIVRES

TROIS JEUNES SUR UN BATEAU

Ils en ont « emprunté » des voitures, et volé des vêtements, de la nourriture, de l’argent, durant les plus de mille kilomètres qu’a duré leur cavale. Eux, ce sont Lucky et le Petit, des presque frères, unis par un passé traumatisant qu’ils ont laissé loin derrière eux, dans le Sud. Les voilà à Saint-Malo, devant la Manche, à quelques encablures de l’Angleterre. Les voilà avec la Fille, la dernière conquête de

VILNIUS BLUES Le roman de Ricardas Gavelis, Vilnius Poker (1989), a été traduit en français en 2014 par Margarita Le Borgne. L’on suit Vytautas Vargalys, survivant des camps de concentration nazis et du goulag stalinien, devenu archiviste dans la bibliothèque de Vilnius. Il parcourt la ville à la recherche d’un sens, d’une réalité, à travers peut-être l’histoire de sa fondation et du loup de fer qui la symbolise. Les récits, les époques se superposent, se contaminent, dans une trame hallucinée où tout est remis en cause ; les apparences mentent, dans une paranoïa généralisée ; les « ils, elles, eux » (en italique dans le texte) épient, espionnent, harcèlent, condamnent, torturent, s’emparent des corps et des esprits. Ensuite, « les êtres kanuk’és se chargeront eux-mêmes de leur autodestruction ». Remontant l’histoire de la pensée, Vytautas démonte le mécanisme des dictatures, relisant Platon, Machiavel ou Staline, pères des « kanuk’ai » qui décérèbrent les populations. Dans cette insoutenable ère du soupçon, il y a peut-être l’amour pour la belle Lolita qui raccrocherait à un semblant de vérité, mais là encore, le doute instille son poison, Lolita/Lilith meurt. Atrocement. Trois autres récits, plus courts, évoquent le personnage, auteur présumé du crime, chacun apportant sa version, chacune contredisant

Lucky, qui rêve de fuir son ennuyeuse cité malouine pleine « de vieux et de touristes ». Et bientôt les voilà qui mettent les voiles à bord du Slangevar. Cap au nord nord ouest. « On part en balade mercredi et jeudi soir on se tape une Guinness en Angleterre », a déclaré Lucky. Sauf qu’évidemment, rien ne se passera comme prévu. Surtout qu’à part les quelques notions de la Fille, ils ne savent pas manœuvrer un voilier (d’ailleurs pas équipé pour naviguer loin des côtes), que le Petit n’a pas trouvé de cartes marines -ils devront se contenter de l’Almanach du marin breton, bien utile au demeurant, mais pas pour tracer une route précise-, et que leur stock de provisions ne fera pas long feu. Chance des débutants ? Détermination de la jeunesse ? Le trio ne s’en sort pas si mal. Mais la « balade » tourne vite à l’odyssée catastrophe… Sylvain Coher connaît bien la mer, la Manche et la navigation à voile. De nombreux termes techniques jalonnent, sans l’alourdir, son équipée narrative. Et il excelle aussi à rendre les mouvements de Slangevar (un véritable personnage, ce vieux quillard), les

ce qui précède, ajoutant au kaléidoscope des faits, de nouvelles énigmes. La narration flamboyante s’emporte dans une logique sidérante et tragique où les mots mêmes sont mis en doute dans ce voyage au bout de la nuit, poétique, politique, philosophique, qui broie tout sur son passage. Entre homo sovieticus et homo lithuanicus, la ville, personnage central, joue son invraisemblable musique, Vilnius Poker. MARYVONNE COLOMBANI Vilnius Poker Ricardas Gavelis Éditions Monsieur Toussaint Louverture, 24 €

moments de la vie à bord et sur l’eau : l’impression d’infini, les longues heures d’ennui, les manœuvres précipitées, le dernier quart de nuit (le plus rude), le froid… Sa phrase se fait flottante comme la brume sur la mer, heurtée quand les vagues chahutent le bateau et les apprentis matelots. Si son flot ne s’illumine pas de radiances rimbaldiennes, il prend toutes les nuances de gris et porte avec lui l’âpre poésie du large. Alors on se laisse aller à la houle des mots… au risque d’attraper le mal de mer ! FRED ROBERT

Nord nord ouest Sylvain Coher Actes Sud, 20 €

Sylvain Coher était à Marseille en décembre pour la création, au théâtre de la Criée, du premier volet des Petites cantates policières, opéra contemporain (dirigé par Roland Eyrabédian) dont il a écrit le livret. C’est à cette occasion qu’il est venu parler aussi de ce roman à la librairie Maupetit


Kellylee Evans. Photographie : Arnaud Compagne

AIX-EN-PROVENCE 96.2 MARSEILLE 92.8 jazzradio.fr


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CRITIQUEs

patrimoine

Quand il la prend dans ses bras…

L

e fleuve des caprices s’est bien assagi, endigué, dragué, canalisé par l’activité humaine. Il n’en a pas toujours été ainsi, comme le montre avec éloquence la carte interactive qui ouvre au musée de l’Arles antique, l’exposition Camargue Archéologie et territoire, Enquêtes sur un Rhône disparu. Depuis 4 000 ans av. J.-C., la côte s’est transformée et a fait reculer la mer, grâce à l’apport des alluvions charriées par les bras du delta du Rhône. Leur nombre et leur situation géographique n’a cessé d’évoluer. «Un delta est quelque chose de vivant» souligne Claude Vella, géomorphologue au Cerege*, l’un des commissaires scientifiques de l’exposition aux côtés de Corinne Landuré, conservateur au service régional de l’Archéologie et de Marion Charlet, archéologue médiéviste. Les travaux présentés sont d’une remarquable originalité, croisant archéologie et géomorphologie (science qui unit géographie et géologie). La relation entre l’activité humaine et les variations physiques de l’environnement est exposée ici de manière exemplaire, nous poussant d’abord à renoncer à l’imagerie naïve d’une Camargue exclusivement dédiée aux manades et aux flamants roses. Installations agricoles, pêcheries, ports, lieu de culte, canal, plus de cent sites offrent des objets d’étude et de découvertes aux

La Camargue s’alanguit entre les bras du Rhône. L’eau dort-elle ? Pas si sûr. L’archéologie dévoile des facettes inattendues et surprenantes sur l’histoire de cette terre d’entre les eaux…

chercheurs, dans le cadre d’une vivifiante pluridisciplinarité, de l’archéologie à la géographie en passant par les géologues, les spécialistes des sciences de la nature, les paléoécologues, les anthracologues, les palynologues, les malacologues, les ostracologues… (ouf !). Ce sont plus de vingt ans de fouilles et d’observations qui se retrouvent sur les deux rives de l’exposition qui serpente dans la salle, à l’instar du fleuve, s’offrant même le luxe d’un observatoire perché d’où l’on peut admirer en plongée le pavement délicatement réticulé de la Tour du Valat, du 1er siècle av. J.-C. Le fleuve présenté appartient à notre imaginaire autant qu’aux recherches, le Rhône d’Ulmet a aujourd’hui disparu. Les eaux voyagent. Les murs de l’exposition se tendent de miroirs, jeu de reflets où les silhouettes des visiteurs, éphémères, se mêlent aux vestiges, mouvements aquatiques où résonnent les voix des archéologues dont on peut regarder les travaux in situ sur des écrans incrustés le long des rives blanches du parcours. Quatre sites sont présentés, évoquant chacun un lieu significatif, le village de la Capelière, installé depuis le Ve siècle avant notre ère, et ses différentes phases d’occupation (la plus longue connue en Camargue), rythmées par la mobilité des chenaux et les inondations ; le grand parc, petit établissement agricole du

1er siècle de notre ère, consacré à l’élevage ovin et aux salaisons ; le port d’Ulmet (V et VIe siècle ap. J.-C.) essentiel au trafic entre la mer et Arles ; l’abbaye cistercienne d’Ulmet, (fin du XIIe), dotée d’un farot (système en chaîne, destiné à lancer l’alarme, par un feu la nuit et une fumée le jour). Peu d’objets, mais l’émouvante présence de jarres réparées, d’un dé oublié, d’une assiette peinte, de quelques blocs de pierre (il en reste peu sur place, tout est réutilisé !), évoquent et questionnent le temps et les strates enfouies. La mémoire des lieux se double de celle des pionniers de la recherche archéologique en Camargue, des méthodes qui permettent de dater, de restituer… Il est bon de s’attarder, de lire, d’observer, d’user des moyens interactifs mis à disposition du public, puis de se plonger dans le catalogue de l’exposition, modèle de vulgarisation scientifique. MARYVONNE COLOMBANI * Cerege : Centre européen de Recherche et d’Enseignement des géosciences de l’environnement

Camargue Archéologie et territoire, Enquêtes sur un Rhône disparu jusqu’au 5 juin Musée départemental Arles Antique 04 13 31 51 03 arles-antique.cg13.fr Catalogue La Camargue, Au détour d’un méandre sous la direction de Corinne Landuré, Claude Vella, Marion Charlet édité par Département des Bouches du Rhône et le Musée départemental Arles Antique, 33 €

© Fou du Rhône (Anaglyphe) n°1, Philippe Rigaud © Mireille Loup, 2015


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Concert avec la Casa de Velázquez Auditorium Marcel Landowski •

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Paris • 30 avril

Aix-en-Provence • 12 mai Ciné concert King Kong (séance scolaire) Salle du Bois de l’Aune •

Aix-en-Provence • 13 mai Ciné concert King Kong Salle du Bois de l’Aune •

Marseille • 19 mai

Cinéma l’Alhambra Le Chevalier Déconcertant avec choristes

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