Zibel90

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un gratuit qui se lit

N°90 du 18/11/15 au 16/12/15

État d'urgence



Attentats du 13 novembre 2015......................................................4 Les Rencontres d’Averroès.............................................................5 Les Régionales.............................................................................6, 7 Migrants à Vintimille, reportage....................................................8, 9 Les cantines scolaires................................................................ 10, 11

Politique culturelle

Les mutations de Zibeline..............................................................12 Entretien avec Emmanuel Serafini. ................................................14 Entretien avec Pierre Rabhi............................................................15 Fermeture de l’Espaceculture........................................................16 Les assises générales de la culture................................................17

Événements

Dansem, Grains de sel...................................................................18 Festival de danse de Cannes, Festival du Polar de Port-Saint-Louis..............................................19 MuCEM, Villa Méditerranée...........................................................20

Critiques

Criée, GTP.....................................................................................22 Gymnase, Merlan,. ........................................................................24 Joliette-Minoterie...........................................................................25 MuCEM, NoNo..............................................................................26 Toursky, Bois de l’Aune..................................................................27 Pavillon Noir, Berre........................................................................28 Opéra de Marseille, Cité de la Musique. ........................................30 Fiesta des Suds.............................................................................31

Au programme

Musique................................................................................ 32 à 37 Théâtre, danse, jeune public, cirque. ......................................38 à 61

Cinéma

Au programme. ..................................................................... 62 à 64 Festival d’automne de Gardanne....................................................65 Cinéhorizontes..............................................................................66

Arts visuels

BJCEM...........................................................................................66 MuCEM, Musée Cantini...........................................................68, 69 Musée Ziem, La Photographie Marseille, Château de Servières. ............................................................. 70, 71 CAC d’Istres, Fondation Van Gogh, Hôtel des arts de Toulon..........................................................72, 73 Au programme. ....................................................................... 74, 75

Littérature

Prix de la rentrée littéraire.......................................................76, 77 Automne en librairies, Assises de la traduction littéraire...................................................78 Mensuel gratuit paraissant le deuxième mercredi du mois Édité à 32 000 exemplaires imprimés sur papier recyclé

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Secrétaire de rédaction Delphine Michelangeli d.michelangeli@free.fr 06 65 79 81 10

Cinéma Annie Gava annie.gava@laposte.net 06 86 94 70 44

Directrice de publication Rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@gmail.com 06 09 08 30 34

Arts Visuels Claude Lorin claudelorin@wanadoo.fr 06 25 54 42 22

Élise Padovani elise.padovani@orange.fr

Rédactrice en chef adjointe Dominique Marçon journal.zibeline@gmail.com 06 23 00 65 42

Écrire au lendemain d’un acte si sauvage a quelque chose d’un peu vain. Tant de paroles circulent, d’informations, d’avis sidérants et sidérés. Nous sommes en guerre nous dit-on. Certainement. Il nous appartiendra de juger, quand la lumière sera faite et le danger, si possible, écarté, de l’efficacité du Renseignement français, de l’opportunité des frappes en Syrie, de notre politique étrangère dans ce que Daesh appelle le Califat. Aujourd’hui notre société est la cible d’attaques infâmes, d’une violence froide inimaginable. Jamais aucun acte terroriste n’avait pris pour cible ainsi, en France, ce qui fait notre mode de vie ; nos soirées en terrasse, notre sens de la fête, le spectacle sportif. Les cibles des terroristes ne sont pas hasardeuses : elles attaquent la qualité festive de nos mœurs, nos joies, notre jeunesse, notre peuple. Non celui qui court les joailleries et les grands magasins, mais celui qui sort le soir, mange dans les fast-foods d’une banlieue pauvre et bigarrée, s’attable dans un restaurant asiatique, s’assemble dans un concert populaire. Ces attaques visent à terroriser non pas ceux qui nous gouvernent, mais des citoyens démunis. Pour détruire non pas des symboles de puissance, mais la qualité même de nos vies communes. Au-delà du danger physique que nous courons, c’est une destruction plus insidieuse qui nous guette, celle de la terreur. Quand pourrons-nous à nouveau aller boire un verre sans avoir peur ? Allons-nous frissonner au spectacle, dans les rassemblements publics, allons-nous demander à nos enfants de rester chez eux ? La plupart des Français n’ont jamais connu la guerre, les attentats, la peur. Comment nos générations vontelles réagir alors que notre sécurité, qui est notre plus grand luxe, n’est plus assurée ? Il y a peu d’endroits sur la planète où l’on puisse flâner aussi tranquillement que dans nos rues. Le pire des reculs serait de céder à la terreur, et de nous confiner à l’intérieur de grilles qui entourent déjà bien des résidences bourgeoises. L’état d’urgence décrété est, pour eux, une victoire. Résister à la terreur implique de s’accrocher à ce que nous sommes. Ne pas céder bien sûr aux amalgames écœurants de l’extrême droite, retrouver le sens de l’action citoyenne, et du vote, pour que le FN ne prenne pas le pouvoir dans nos régions, est essentiel. Sortir, agir, militer, préserver notre vivre ensemble, et continuer à flâner sans peur. Puis, il faudra bien nous interroger sur ces monstres que nous avons fabriqués, et qui aujourd’hui nous attaquent. Qu’ils soient Français ou étrangers, les terroristes dans notre

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Édité par Zibeline SARL 76 avenue de la Panouse n°11 13009 Marseille Dépôt légal : janvier 2008

Imprimé par Rotimpress 17181 Aiguaviva (Esp.)

Refuser la terreur

Sommaire

Société

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Collaborateurs réguliers : Régis Vlachos, Dan Warzy, Frédéric Isoletta, Yves Bergé, Émilien Moreau, Christophe Floquet, Pierre-Alain Hoyet, Aude Fanlo, Thomas Dalicante, Marion Cordier, Franck Marteyn, Hervé Lucien

La régie Jean-Michel Florant laregie@gmx.fr 06 22 17 07 56

Administration Axelle Monge admin@journalzibeline.fr 04 91 57 75 11


4 monde globalisé ne sont pas une génération spontanée. Ils sont les enfants de la violence, sociale, économique, médiatique, d’une société de plus en plus inégalitaire, et barricadée. La politique menée au Qatar, en Arabie Saoudite, en Irak ou au Yémen, voire en Turquie aujourd’hui, vise à préserver nos fournisseurs d’énergie pétrolière, et notre confort à court terme. Daesh terrorise le monde, et avant tout les musulmans, en jouant sur nos dépendances économiques. Revendiquer un monde plus écologique et plus égalitaire est le meilleur moyen de renverser les équilibres dans lesquels nous sommes enfermés. Accueillir convenablement les migrants victimes de Daesh, qui ont vécu jour après jour l’horreur que nous vivons aujourd’hui, reste une nécessité, même au risque d’une infiltration terroriste. Parce que nous prémunir de tels actes en fermant totalement nos frontières est impossible, et parce que la condition de notre humanité, inscrite dans nos lois internationales, réside dans le fait de secourir ceux dont la vie est en danger. Enfin, il est sans doute temps de nous interroger sur nos représentations de la violence. Tirer sur des dizaines de corps à terre n’est pas un acte humain normal. Arroser une terrasse avec une kalachnikov depuis une voiture n’est héroïque que dans les jeux vidéo. Il faut avoir déverrouillé des tabous fondamentaux pour être capables de telles ignominies. Avoir reçu un entraînement militaire ne suffit pas, encore faut-il l’avoir désiré. Comme avant le 11 septembre, nos représentations fictionnelles de la violence ont devancé leur mise en acte. Les tours qui s’écroulent, les détournements d’avion ont été inventés par le cinéma. Devenir un héros qui atteint le ciel en tirant en masse sur des foules de flâneurs, c’est le propre des jeux violents auxquels la plupart de nos adolescents s’adonnent. La frontière entre le virtuel et le réel est certes étanche pour la très large majorité d’entre eux. Il n’empêche que les actes terroristes de Paris ressemblent à s’y méprendre à une partie de GTA V. Il fut un temps, hippie, où l’on voyait d’un mauvais œil que nos enfants jouent à la guerre. Croire que les séries policières, le cinéma ultraviolent et les jeux qui glorifient l’assassinat massif n’ont pas d’incidence sur les comportements, reviendrait à penser que nos fictions, nos créations, n’ont pas de conséquences. C’est-à-dire à nier, justement, l’influence de la culture. AGNÈS FRESCHEL

État d’urgence

L’état d’urgence a été décrété le 13 novembre par le président de la République sur l’ensemble du territoire. La loi du 3 avril 1955, consolidée au 14 novembre 2015, proclame que «l’état d’urgence peut être déclaré sur tout ou partie du territoire métropolitain ou des départements d’outre-mer, soit en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public, soit en cas d’événements présentant, par leur nature et leur gravité, le caractère de calamité publique». Cette mesure rarissime confère aux autorités civiles des pouvoirs de polices exceptionnels portant sur la règlementation de la circulation des personnes, l’interdiction de séjour dans tout ou partie du département à toute personne cherchant à entraver l’action des pouvoirs publics, et d’instituer des zones de protection ou de sécurité où le séjour des personnes est réglementé. Des mesures renforcées ont été adoptées dans l’ensemble des communes d’Île de France pour permettre l’assignation à résidence de toute personne dont l’activité est dangereuse, la fermeture provisoire des salles de spectacles et des lieux de réunion, la remise des armes et la possibilité de procéder à des perquisitions administratives. Le président à en outre pris la décision de rétablir immédiatement des contrôles aux frontières, les services des douanes étant également mobilisés à cet effet. Déclaré par décret en conseil des ministres, il ne peut être prolongé au-delà de 12 jours que par la loi. Le vote du Parlement est alors requis. Do.M.

«Surmont «Nous voulons continuer la discussion, puisque le principe même des Rencontres, c’est le débat ; on va essayer d’une façon ou d’une autre que cet esprit des Rencontres perdure, au delà de la violence» Emmanuel Laurentin

«Les Rencontres d’Averroès ont été créées pour relier les cultures entre elles, surmonter les failles» Thierry Fabre

L

es tables rondes des 22e Rencontres d’Averroès devaient se tenir jusqu’au 15 novembre au TNM La Criée. En raison des attentats survenus à Paris le 13 novembre, elles ont été annulées, comme toute manifestation publique sur le territoire français. Emmanuel Laurentin, responsable des Rencontres, et Thierry Fabre, leur fondateur, se trouvaient devant le théâtre le lendemain matin, pour répondre aux personnes rassemblées là, sous le choc (écoutez leur réaction au micro de Webradio Zibeline sur notre site). Les deux hommes, eux-mêmes très émus, insistaient sur le message de paix qui doit être porté fermement, au moment où les discours extrémistes surenchérissent fébrilement.

Live Magazine

Zibeline devait couvrir ces Rencontres. Nous avons assisté, le 12 novembre, au Live Magazine qui les introduisait, un journal «vivant, sans papier ni écran» inventé par Florence Martin-Kessler, Thomas Baumgartner et Sébastien Deurdilly. Une formule éphémère, sans captation, qui nous avait réconciliés avec le journalisme, dans sa façon de traiter l’information comme elle devrait toujours l’être : avec recul, dignité, pertinence. Les intervenants, professionnels des médias, blogueurs, artistes, présentaient chacun une actualité récente ou un événement éclairant le passé. Séverine Pardini, rubrique Justice, évoquait un prévenu «à mi-chemin entre la misogynie et la bêtise», maltraitant sa compagne jusqu’à


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er les failles»

© Gaëlle Cloarec

la mort, comme beaucoup trop, trop souvent. Les magnifiques photos d’Ed Ou illustraient le propos de Pierre Soufi, dont l’appartement donne sur la place Tahrir, et qui côtoyait la jeunesse égyptienne au moment où elle croyait encore à l’avenir de sa révolution. Les dessins de Jacques Ferrandez racontaient son voyage fraternel en Syrie, avant l’horreur. C’était drôle, aussi, d’entendre parler du football à l’italienne dans les années 20, déjà vérolé de politique. Ou notre Prix Albert Londres marseillais, Philippe Pujol, chanter l’affaire Guérini sur un air d’Ennio Morricone, puis attribuer une musique à chaque élu d’ici : fifre et tambourin pour Jean-Claude Gaudin, ACDC pour Maryse Joissains, des trompettes pour Patrick Mennucci... Mais c’était surtout poignant, tel ce récit de Claire Billet et Olivier Jobard, qui ont suivi le parcours d’un jeune ex-taliban aspirant à l’exil en Europe, convaincu que la France, pays du parfum, l’accueillerait en paix. Au lendemain des attentats, son espoir résonne encore, tragique, d’autant plus qu’il est aujourd’hui emprisonné pour avoir voulu fuir la guerre.

Première (et seule) table ronde

La table ronde du 13 novembre apparaît elle aussi, rétrospectivement, presque comme une ironie du destin. Deux heures avant les attentats qui frapperaient à 800 km de là, quatre historiens contemporains se penchaient aux côté d’Emmanuel Laurentin sur ce thème : Des frontières héritées au retour du Califat. Ils évoquaient les références au puissant et gigantesque Empire Ottoman, démantelé par l’Occident après la Première Guerre Mondiale, qui se multiplient dans le monde arabe. Vincent Lemire, spécialiste

de Jérusalem, a vu des graffitis sur les murs de Bethléem clamant Ottomans will come back ! Pour Julien Loiseau, un fantasme court du Proche au Moyen Orient, visant à rétablir la seule forme légitime d’exercice du pouvoir selon la foi islamique, le Califat. Daesh, d’une efficacité redoutable, joue de l’histoire longue, avec d’après Pierre-Jean Luizard «un localisme très effectif lui permettant d’entrer en contact avec les tribus, et un discours universaliste opérant». Dans ces régions du monde, on peut mesurer à quel point l’héritage du colonialisme est explosif, sans que les années d’indépendance ne soient parvenues à un quelconque apaisement. Forcément : les grandes puissances n’ont jamais cessé leurs luttes d’influences sur ces territoires. L’historien «imagine bien qu’elles n’ont pas que la démocratie en tête en intervenant, comme la Russie le fait en Syrie». «J’ai toujours dit qu’avoir du pétrole était une malédiction, il concentre le pouvoir, consolide les régimes autoritaires.» Malika Rahal, brillante spécialiste de l’Algérie, fortement applaudie par le public des Rencontres, renchérissait : «Les états pétroliers sont fragilisés dans leur structure, privilégient les investissements à court terme et non la médecine, la scolarité etc.» L’État Islamique tire ses immenses revenus des hydrocarbures, comme l’Arabie Saoudite, et Julien Loiseau enfonçait le clou : «Le pétrole a financé toutes vannes ouvertes le wahhabisme, rouleau compresseur de ce que doit être la croyance, selon ce qui à la base n’était qu’une bizarrerie hétérodoxe de l’Islam». Au vu de l’impact terrifiant des énergies fossiles sur la géopolitique, on n’en attend qu’avec plus d’impatience la transition qui ferait du renouvelable le modèle énergétique à l’échelle du globe... À priori

ce qui appartient à tous et ne s’épuise pas -le soleil, le vent ou la marée- ne devrait pas pouvoir être utilisé aussi facilement comme levier d’influence. Après le Live Magazine, le 12 novembre, les gens quittaient la grande salle de La Criée avec enthousiasme, faisant sourire l’ouvreur en lui disant «à demain». Jolie fidélité d’un public qui espérait également pouvoir dire «à l’année prochaine», étant dans l’incertitude du devenir des Rencontres d’Averroès (lire p14 notre article sur la fermeture d’Espaceculture, leur producteur). Le 13 au soir, un homme s’emparait du micro lors des échanges avec la salle, à la fin de la table ronde, révélant avoir «un peu de mal à prendre Daesh au sérieux». Après une seconde de stupéfaction, Emmanuel Laurentin lui avait répondu : «Monsieur, vous devez être le seul, ici». On imagine ce que ce spectateur doit ressentir, à présent. GAËLLE CLOAREC


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Des élections régionales sous À trois semaines des élections régionales, les attaques meurtrières qui ont frappé Paris le 13 novembre ont bouleversé la France. L’état d’urgence est déclaré sur tout le territoire. Pour l’heure, la campagne a été suspendue

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es 6 et 13 décembre 2015 se tiendront les élections régionales en Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), et dans les douze autres régions que compte désormais la France. Habituellement programmé au printemps, ce scrutin a été décalé en fin d’année en raison de la réforme territoriale, décidée début 2015. Depuis cette date, le pays ne compte plus vingt-deux régions administratives, mais seulement treize. Certaines ont fusionné et seules six, dont PACA, conservent leur contours à l’identique. Les élections étaient censées se tenir en mars prochain, mais la nouvelle répartition des territoires devenant officielle le 1er janvier 2016, l’organisation du scrutin a été fixée en décembre. En 2010, la gauche s’était imposée à la présidence de tous les Conseils Régionaux de France métropolitaine, à l’exception de l’Alsace. Avec le nouveau découpage et certaines alternances probables à venir, le paysage politique des régions sera forcément différent au soir du 13 décembre. Mais à un mois de cette échéance, un terrible événement est venu bouleverser la France. Les attentats meurtriers commis à Paris dans la soirée du 13 novembre ont provoqué un immense choc dans le pays. Déjà ébranlée par les jours sanglants de janvier 2015, la société française s’est réveillée abasourdie au lendemain de ces attaques d’une ampleur sans précédent. Le mode opératoire des terroristes, qui ont fusillé à l’aveugle des dizaines de personnes avant d’actionner leurs ceintures d’explosifs, est complètement inédit en France.

État d’urgence

La menace qui planait est venue s’abattre brutalement. Pour nombre de populations au monde, ce type d’actions meurtrières est le lot quotidien. La France, désormais atteinte au plus profond, prend cruellement conscience de sa vulnérabilité totale face à des individus déterminés à organiser un massacre de masse. La guerre à distance menée contre DAESH, à coups de raids aériens sur la Syrie ou l’Irak, s’est répandue en quelques heures sur le sol français, en plein cœur de Paris. Comme un effet boomerang à la fois prévisible et tellement saisissant. «Nous allons mener le combat, il sera impitoyable», déclarait le soir même le président de la République François Hollande. «Nous répondrons au même niveau que cette attaque», enchaînait le lendemain le Premier ministre Manuel Valls. Impossible de savoir jusqu’où mènera cet engrenage. Conséquence directe, l’état d’urgence a été déclaré sur tout le territoire. Ce régime d’exception permet notamment d’interdire la circulation des personnes sur certains lieux ou à certains horaires (voir p4). Dans cette situation, la tenue des élections régionales est-elle envisageable ? Spontanément, la campagne

Parvis de l'Hôtel de Région - Marseille 2015 © JCS

a été suspendue par l’ensemble des candidats. Mais au lendemain des attentats, le Premier ministre a assuré que les élections auraient lieu aux dates prévues. Il ajoutait par ailleurs que l’état d’urgence serait «sans doute» prolongé par une loi. Le pays, sous choc émotionnel, secoué par des images et un bilan effroyables, et donc probablement toujours en état d’urgence, sera-t-il en capacité d’organiser le scrutin ? Et surtout, quelles peuvent être les conséquences d’un tel événement sur le choix des électeurs ?

Forces en présence

Depuis des semaines, le Front national est annoncé en situation de s’imposer dans certaines régions. C’est le cas notamment dans deux nouvelles grandes entités Nord-Pas-de-Calais-Picardie, où Marine Le Pen est candidate, et Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, où Florian Philippot est la tête de liste du FN. En PACA, Marion Maréchal-Le Pen est donnée favorite selon plusieurs sondages. Le nouveau contexte né des attentats pourrait être un terreau fertile pour le parti d’extrême-droite. La focalisation sur ses thèmes de prédilection, sécurité, danger de l’immigration, rejet de l’islam, risque d’être d’autant plus amplifiée quand la campagne aura repris son cours.


tension Depuis 1998, la région PACA est dirigée par le socialiste Michel Vauzelle, à la tête d’une coalition de gauche comptant communistes et écologistes. Le président sortant ne se représentant pas, Christophe Castaner, maire de Forcalquier, mène campagne pour le PS. Le Front de Gauche et Europe Ecologie-Les Verts sont rassemblés au sein de la Région Coopérative, avec Sophie Camard et Jean-Marc Coppola pour têtes de liste. Enfin, Christian Estrosi, maire de Nice, est candidat pour Les Républicains. Une liste doit réaliser plus de 10% pour se maintenir au second tour et pourra fusionner avec une autre si elle dépasse les 5%. «Au premier tour, on choisit», lance Jean-Marc Coppola, irrité par ceux qui «font l’élection avant l’heure». Une allusion aux propos du Premier ministre, qui envisage une fusion entre gauche et droite là où le FN serait en passe de l’emporter. «Cela entraîne une tétanisation, un renoncement. Votez pour vos convictions, c’est le principal combat. On assume la part d’avancées réalisées avec la région, mais il existe des marges de manœuvre pour aller plus loin, et nous voulons aller les chercher.» Côté PS, Christophe Madrolle, tête de liste dans les Bouchesdu-Rhône, regrette que la majorité sortante ne parte pas unie, mais ne doute pas «du rassemblement large de la gauche» au soir du premier tour. La question de la fusion avec la droite ne se pose pas selon lui. «S’il y a un front républicain, il se porte autour de Christophe Castaner. Avant tout, notre enjeu, c’est de réveiller les abstentionnistes de gauche, et de considérer le vote du 6 décembre comme un référendum. Voulons-nous poursuivre le travail accompli ou bien voulons-nous de la région «business et paillettes» de M. Estrosi ?» Le candidat LR se pose en représentant d’une droite affirmée, flirtant parfois avec les discours du FN sur les questions de sécurité ou d’immigration. Sophie Joissains, sénatrice d’Aix-en-Provence, en deuxième position sur la liste des Bouches-du-Rhône, reconnaît ce positionnement à droite, tout en excluant un rapprochement avec Mme Maréchal-Le Pen. «Pour nous, la liberté artistique est sanctuarisée. C’est une différence majeure avec le FN.» Interrogée le 13 novembre en fin d’après-midi, elle évoque ensuite les raisons du vote FN, et livre des propos qui résonnent tout particulièrement. «Des gens ont peur. Le FN est un exutoire à leur colère, il repose sur l’inquiétude et la crainte. Si un attentat, un drame national survenait, cela pèserait sur l’élection.» Plus que jamais, le FN se pose en meneur de jeu. «Le paysage politique a changé, nous sommes passés au tripartisme», explique Arnaud Stéphan, directeur de la communication de Mme Maréchal-Le Pen. La seule réponse de nos adversaires, c’est la grande coalition. Pas pour gagner, mais pour ne pas perdre.» Une chose est sûre : en cas de triangulaire, rassembler à peine plus d’un tiers des votants suffira pour conquérir la région. JAN-CYRIL SALEMI


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Frontière de l’absurde

Centre d'hébergement de la Croix Rouge - Vintimille octobre 2015 © Malika Moine

Entre l’Italie et la France, de nombreux migrants vivent une situation de blocage depuis des semaines. Des contrôles ciblés ont été rétablis à la frontière dès cet été. Reportage sur place

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intimille. Son grand marché, ses petites boutiques bien garnies, son flot de passants français venus faire le plein de pastis ou de sacs en cuir. À une poignée de kilomètres de la frontière, cette porte de l’Italie vit au rythme du commerce et du tourisme de passage. Comme un couloir que l’on ne fait que traverser, pour consommer. Vintimille, c’est un peu l’envers de la Côte d’Azur. À cinq minutes de Menton, la coquette française, le paysage change radicalement. Les bâtiments colorés de la vieille ville sont décrépis, le bord de mer a parfois des allures de terrain vague, les serres agricoles s’empilent sur les collines. La sensation d’avoir changé de pays saute aux yeux

et la notion de frontière prend tout son sens. Même si, en théorie, les frontières sont ouvertes depuis des années. En théorie seulement. La France y applique en effet une exception aux accords de Schengen et a rétabli les contrôles aux postes routiers et ferroviaires. Une mesure adoptée dès cet été, bien avant la décision d'instaurer les contrôles sur l'ensemble des frontières nationales, prise d'abord en raison de la COP21, puis renforcée suite aux attaques meurtrières du 13 novembre à Paris. Ces contrôles entre Italie et France sont ciblés et n’ont qu’un but : empêcher des migrants d’entrer sur le territoire français. Car depuis le mois de juin, une autre population de passage fréquente assidûment Vintimille. Migrants, exilés, demandeurs d’asile, réfugiés, ils sont arrivés par centaines au début de l’été dans la ville-couloir. La France a d’emblée fait savoir qu’elle ne les accueillerait pas sur son sol.

L’Italie s’adapte

Côté italien, la réalité est tout autre. Le pays est, avec la Grèce, la principale porte d’entrée en Europe pour les migrants. Elle n’a d’autre choix que d’organiser tant bien que mal l’accueil de ces populations. «Nous affronterons le problème seuls», déclarait en juin Matteo Renzi, le chef du gouvernement, quand la France et l’Europe refusaient toute mesure de solidarité. Depuis,

la photo du petit Aylan, noyé sur une plage, a provoqué une secousse d’émotion et une éphémère prise de conscience. La France s’est alors engagée à accueillir 24 000 personnes en deux ans, chiffre dérisoire au regard de l’urgence. Mais à la frontière italienne, la consigne de fermeture n’a pas changé. À Vintimille, les autorités tentent avant tout de stabiliser la situation. Dans un souci d’humanité, mais aussi avec la préoccupation de ne plus être débordées par le nombre, comme cet été. Entretemps, les portes de sortie par l’Autriche et l’Allemagne ont réduit la présence de migrants sur place. Ceux qui restent sont hébergés par le centre d’urgence de la Croix Rouge, installé à côté de la gare. Pendant plusieurs semaines, le collectif No Borders avait monté un campement sur les rochers tout près de Menton. Migrants et militants y sont restés jusqu’à fin septembre avant un démantèlement sans ménagement par la police. Ceci pour décourager toute initiative du genre et signifier que seule la prise en charge par la Croix Rouge était envisageable. Des bâtiments désaffectés de la gare ont été transformés en dortoirs. Une trentaine de lits de camps collés les uns aux autres y sont rassemblés. Le centre accueille entre 100 et 200 migrants. Le nombre varie car chaque jour ont lieu des départs et des arrivées. «Il y a deux règles ici, explique Daniele, l’un des responsables de la Croix Rouge. Passer une visite médicale et respecter les horaires d’ouverture.» Entre 8h et 22h30, les personnes sont libres de leurs mouvements. La grande majorité ne souhaite pas rester en Italie. Les quelques-uns qui y ont déposé une demande d’asile passent leur journée entre attente et errance. Les autres cherchent une issue.

Une colline de Sisyphe

Devant le centre, une voiture de police est postée 24h/24, mais elle n’effectue aucun contrôle. La


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plupart des migrants arrivent après avoir été refoulés à la frontière française. À leur première venue, on ne leur demande ni passeport, ni identité. Un petit ticket leur est remis, qu’ils doivent présenter aux membres de la Croix Rouge à chaque entrée sur le site. Une formalité superflue quand les visages sont devenus familiers. Certains sont là depuis quelques jours, d’autres depuis des semaines. Chaque jour, beaucoup tentent de passer en France. Le résultat est presque toujours le même. La police française les arrête, les remet à la police italienne puis un fourgon de la Croix Rouge vient les chercher pour les conduire au centre. Ce fourgon effectue dix ou quinze rotations par jour. La France est comme un mur face à eux. Une colline de Sisyphe. Ils la gravissent, et une fois au sommet retombent invariablement. Un chemin de l’absurde que tous espèrent vaincre un jour. Rares sont ceux qui veulent déposer une demande d’asile en France, beaucoup ne pensent qu’à passer pour gagner l’Angleterre ou l’Europe du Nord. Une étape de plus dans leur parcours semé d’embûches et de dangers. «Celui qui a traversé le Sahara et la mer, il est déjà mort», lance Diallo, un Guinéen qui erre en Europe depuis mai 2011. «On pensait qu’ici c’était le paradis. Maintenant on est dans la gueule du loup. Ni on avance, ni on recule.» Il expliquera avoir été maltraité par la police française. Une responsable de la Croix Rouge

assure que certains ont dû recevoir des soins après avoir été gazés ou frappés lors de leur arrestation en France. Le règlement «Dublin II» stipule qu’une personne arrivée illégalement eu Europe doit faire sa demande d’asile dans le pays d’entrée. Une fois la prise d’empreintes effectuée, ce pays a la responsabilité de la demande et du demandeur, qui ne pourra déposer de dossier ailleurs. L’Italie ne prélève pas les empreintes de tous ceux qui entrent sur son sol. Ceux qui sont arrêtés côté français ne sont généralement pas enregistrés en Italie, mais la France ne s’en charge pas non plus. Elle constate qu’ils n’ont pas de titre de séjour valable, et après quelques heures de détention parfois musclées les renvoie en Italie.

Entre routine et espoir

En ce mois d’octobre, beaucoup de nationalités se côtoient à Vintimille. Malgré la promiscuité et la difficulté du quotidien, la cohabitation semble plutôt harmonieuse. Les dortoirs sont répartis plus ou moins par nationalités. Soudanais, Pakistanais et Bangladais sont les plus nombreux. D’autres viennent de Côte d’Ivoire ou du Nigeria, après de longs périples à travers l’Afrique. Ils transitent par la Libye où certains racontent avoir été torturés. Puis c’est la traversée

aveugle jusqu’en Sicile où tant d’autres ont laissé leur vie. Au centre d’urgence, un espace est réservé aux femmes, assez peu nombreuses. Les familles ne sont pas séparées, épouse, mari et enfants sont ensemble dans un dortoir d’hommes. Une seule famille est présente alors. Elle vient du Soudan. Mahmoud et Mariam ont fui avec leurs quatre enfants de 4 à 15 ans. Ils sont passés par l’Egypte pour traverser la Méditerranée. Quinze jours en mer, terribles, avant d’arriver en Sicile puis Vintimille. Ils veulent rejoindre des proches en Suède, espèrent franchir une nouvelle frontière, tentent d’organiser la suite du voyage. Le collectif No Borders affirme que des passeurs proposent leurs services sous le regard complice de la police et de la Croix Rouge. Ce qui est sûr c’est que des transactions se nouent à Vintimille. Des individus embarquent quelques migrants dans leur véhicule contre de l’argent. D’autres le font aussi par pure solidarité. Peut-être est-ce pour cela que nous avons été particulièrement encadrés lors de nos venues au centre. Après une demande en préfecture d’Imperia, à 50 km, nous avons obtenu le droit d’entrer sur le site accompagnés en permanence par la police. Mais cette contrainte ne nous a pas assimilés à l’autorité et n’a pas empêché les nombreux échanges. La présence de la dessinatrice Malika Moine a également facilité la relation. Des attroupements se formaient rapidement autour d’elle, certains demandaient à être dessinées et posaient avec plaisir. La routine -dormir, manger, fuir- se brisait pour quelques moments éphémères. Les routes et les motivations qui les ont menés en Europe sont toutes singulières. Leur espoir est identique : se bâtir une nouvelle vie ici. JAN-CYRIL SALEMI

Mahmoud, Mariam et trois de leurs enfants - Vintimille octobre 2015 © Malika Moine


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Les cantines se Scandale alimentaire après scandale environnemental, les collectivités commencent à réagir. Certaines communes parviennent à nourrir leurs enfants de produits frais et de qualité, sans surcoût, en privilégiant les circuits courts et l’agriculture biologique

traçabilité des viandes, poissons, et autres aliments impliquant un risque sanitaire... Des labels existent, comme celui du Marine Stewardship Council, œuvrant pour la préservation des ressources maritimes : il ne tient qu’aux collectivités de modifier leur cahier des charges pour les intégrer dans leurs menus. Le changement de mentalités s’accélère, parce que les parents d’élèves s’informent des possibilités et demandent des comptes à leurs élus. Le 4 novembre, le Club des Territoires Un Plus Bio a lancé à Paris son manifeste Quand les cantines se rebellent, aux éditions In8. La Région PACA était présente pour le soutenir, ainsi que les villes de Salon-de-Provence et Miramas. En 2016 seront décernées les «Victoires des cantines rebelles», récompensant ceux qui se mobilisent sur les territoires. Même du côté du ministère de l’Agriculture, les choses évoluent : Stéphane Le Foll a envoyé à toutes les collectivités un guide incitatif pour promouvoir l’approvisionnement local et de qualité dans la restauration collective.

Régie ou DSP ? Gilles Perole, élu de Mouans-Sartoux, défend avec

Régie municipale agricole © Ville de Mouans-Sartoux

Prise de conscience

L

a présence de pesticides et autres perturbateurs endocriniens dans les cheveux de nos enfants est avérée, le pourcentage de personnes obèses augmente chaque année, et l’on s’inquiète de plus en plus des conséquences de l’agriculture intensive en matière de santé publique et d’environnement. La question alimentaire est cruciale à bien des égards. Certaines municipalités, de gauche ou de droite, de petite ou grande taille, en ont pris conscience et ont décidé de proposer des menus de qualité dans leurs restaurants scolaires, avec un approvisionnement local. En pratiquant le simple bon sens, qui conduit à ne consommer que des produits de saison, en luttant contre le gaspillage alimentaire, les cantines font de vraies économies, qui peuvent être réinvesties sur la qualité : au final, les repas confectionnés à partir d’ingrédients biologiques et issus de filières courtes ne coûtent pas plus cher que les autres. Cette approche permet en sus une bien meilleure

enthousiasme sa Régie municipale. Dans un département comme les Alpes-Maritimes, «un peu sinistré, car le ratio production / nombre d’habitant y est très loin de l’indépendance alimentaire», la commune a réagi dès 1999 à l’épisode de la vache folle, proposant du bœuf biologique dans ses menus. Depuis, ingrédient par ingrédient, elle est passée au 100% bio, et surtout elle a relocalisé son approvisionnement. Préservant ses terres agricoles, elle aide à l’installation de nouveaux professionnels, a préempté en 2010 un terrain pour sa Régie, et embauché un agriculteur municipal. 1000 repas par jour sont servis dans ses cantines, la ville est autonome à 80% sur les légumes, et 97% des usagers sont satisfaits. 66% des familles ont même déclaré avoir fait évoluer leurs pratiques alimentaires, recourant moins aux plats préparés, trop gras, trop salés... La Ville de Cannes, elle aussi en lutte contre la malbouffe, passe par une Délégation de Service Public pour fournir ses restaurants scolaires en produits frais et «faits maison» (620 000 repas par an). Le Maire, David Lisnard, «n’en fait pas un acte idéologique» : «Il y a de bonnes Régies et de mauvaises DSP, et inversement. Il ne faut pas hésiter à rester ferme et dénoncer des contrats si nécessaire, mais je crois que ce type d’exigence on peut l’avoir partout.» Même dans une très grande ville, comme Marseille ? Certainement, si la volonté politique va dans ce sens, et si le délégataire se rallie à ces valeurs. Signalons en passant que la Sodexo, qui fournit les repas des petits marseillais, et à qui nous voulions poser quelques questions, n’a pas répondu à nos sollicitations. Il est évident que, même si


rebellent Récolte © Ville de Mouans-Sartoux

cette multinationale se plie à certains efforts en recourant ponctuellement à des produits locaux ou biologiques pour parer aux critiques, elle vise l’enrichissement de ses actionnaires sans s’encombrer d’éthique. A Aix-en-Provence, un nouvel accord cadre va être adopté fin novembre. Localizz, qui approvisionne déjà Venelles et BoucBel-Air en produits locaux, est sur les rangs pour la fourniture des fruits et légumes à la cuisine centrale de la ville.

Structurer face à la demande D’après Jean-Christophe Robert de Filière Paysanne (écouter

son interview sur notre webradio), la production locale n’est pas assez importante pour répondre à la demande croissante (lire sur notre site l’article consacré aux difficultés d’accès au foncier agricole). «La filière doit se structurer, nous sommes en train d’y travailler avec l’Observatoire Régional des circuits courts et de proximité.» Grégory Galtier de la Chambre d’Agriculture des Bouches-duRhône est l’un des responsables du groupe Restauration Hors Domicile de cet Observatoire, outil mis en place par la Région Paca en 2011. Ce groupe travaille avec les 6 plateformes paysannes existant sur le territoire, pour en repérer les complémentarités et partager leur expérience. Selon lui, «un échange de gamme et tarifs a été possible, mais la difficulté se situe au niveau de la logistique, point noir des différentes organisations» : l’acheminement des produits représente près de 50% de leur coût, et la voie de l’amélioration de la filière passera par celle des flux d’approvisionnement. Notons que la municipalité de Mouans-Sartoux ne s’interdit pas de traiter avec le Piémont, plus près géographiquement que le Vaucluse ; Gilles Perole précise bien avoir «un objectif de développement durable, et pas de nationalisme mal placé». L’élu, pour qui il est primordial de faire avancer de front la restauration collective et la production, peste car «on présente souvent Mouans-Sartoux comme le bon élève, un objectif inatteignable ; je voudrais qu’on s’enlève ça de la tête !» Le secret de la réussite c’est de se lancer, puis de procéder pas à pas : le bien-être de nos enfants, des paysans heureux et un environnement préservé sont au rendez-vous. GAËLLE CLOAREC


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Les mutations de Zibeline Depuis septembre, Zibeline change... et de nombreuses questions nous sont posées face à nos transformations. Un petit point pour nos lecteurs, et nos partenaires !

le temps de le lire sur plusieurs jours. L’esprit «gratuit» perdure : nous voulons que chacun ait les moyens de lire Zibeline...

Où nous trouverez-vous ?

auditeurs, annonceurs, structures culturelles, artistes. Et nous l’avons rencontré. Nous vous demandons aujourd’hui un changement d’habitude important : Zibeline papier va devenir une publication payante, et nous espérons que nos lecteurs nous suivront dans l’aventure.

En kiosques et maisons de la presse le deuxième samedi du mois, avec La Marseillaise. Dans les départements 06 et 05, où La Marseillaise n’est pas distribuée, Zibeline sera distribuée seule, et disponible pour 2 euros. Certaines librairies aussi nous distribueront, et nous publierons sur notre site les divers points de vente. Nous serons également disponibles à la vente lors des événements culturels importants. Quant aux lieux qui ont l’habitude de nous distribuer à leur public, il leur suffira de s’abonner pour pouvoir continuer à recevoir un nombre d’exemplaires que nous déterminerons ensemble... Libre à eux, ensuite, de l’offrir à leur public, ou de le mettre gratuitement à disposition.

La Marseillaise

S’abonner moins cher !

Les changements éditoriaux

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ne nouvelle rubrique a vu le jour, intitulée Société, et prenant en compte l’évolution constatée de nos sujets : Zibeline, journal culturel, est intéressé par des sujets politiques, environnementaux, sociaux, que nous traitons dans un esprit magazine, en prenant de la distance avec l’actualité immédiate, et en cherchant à produire de la réflexion autour de l’info. Notre ligne éditoriale est restée la même, militante et résistante, et notre rubrique Politique Culturelle s’est épaissie. Le nombre d’articles que nous publions a doublé en 2 ans, et notre site, actualisé chaque jour, comporte aujourd’hui une bonne moitié d’articles exclusifs. Ces articles exclusifs, souvent des critiques, nous permettent de réagir à l’actualité cinématographique, muséale, éditoriale ou du Spectacle, que nous ne pouvons traiter dans un mensuel.

Les changements du site

Nous avons constaté, en 2015, que notre site recevait de plus en plus de visites, et que les internautes, dont plus d’un tiers n’est pas de la région, y passent du temps : suffisamment pour lire intégralement nos articles, ou écouter jusqu’au bout nos émissions radio. Avec plus de 1400 visites par jour, notre site atteint désormais une visibilité égale à celle de Zibeline papier, tiré à 30000 exemplaires mensuels. À ce titre notre site conçu en 2012, avant le lancement de notre webradio, nous a semblé trop chargé et peu lisible : depuis octobre un autre est en ligne, plus ergonomique et plus beau... Il dispose d’une rubrique «petites annonces», et d’espaces publicitaires susceptibles de mieux promouvoir les événements culturels. Car nous devons retrouver un équilibre économique...

Nos difficultés

Nous avons traversé en 2014 des difficultés économiques, dues à la fragilisation du secteur culturel et de celui, conjoint, de la presse. Les investissements en personnel pour faire face à la Capitale Culturelle, la création de notre site et de notre radio en 2012 et 2013, nous ont amenés au bord de la fermeture : il était urgent de revoir notre modèle. Nous avons fait appel à votre soutien, lecteurs,

Depuis juillet nous avons mis en place un partenariat fructueux avec La Marseillaise. Le quotidien régional, à la ligne éditoriale proche de la nôtre, nous accueille dans ses locaux et nous distribue à ses frais à ses abonnés, et depuis ce numéro aux nôtres... Il publie aussi quelquefois des articles de Zibeline dans sa rubrique culture. A partir de janvier, une fois par mois le samedi, vous trouverez Zibeline dans tous les points presse des quatre départements de notre zone de distribution commune (04, 13, 83, 84). Cette publication associée permettra à Zibeline d’assurer un nombre de lecteurs minimal, celui de La Marseillaise... augmenté de celui de nos lecteurs...

Le peu cher qui se lit

Nous allons changer de slogan, mais non d’esprit... Chez les distributeurs de presse vous trouverez, le jour J, Zibeline avec La Marseillaise et son supplément télé, pour un prix qui restera en-dessous du prix de Zibeline seul. Pour ceux qui rateront la date, Zibeline sera disponible pour 2 euros. Un prix nettement en-dessous de son prix de fabrication, et du coût moyen d’un magazine de 80 pages. Car nous refaisons aussi la maquette, nous changeons de papier, pour que vous aimiez avoir dans les mains votre journal, le conserver, prendre

Evidemment, le moyen le plus pratique de nous recevoir tous les mois est de vous abonner. Et la bonne nouvelle est que le prix de l’abonnement à Zibeline va baisser !! Il s’établira désormais à 30 euros par an, et comprendra l’envoi de La Marseillaise du jour, et de son supplément télévisuel de la semaine. Les adhérents actuels de Zibeline gratuit, qui avaient choisi d’adhérer sans recevoir le journal parce qu’ils le trouvaient près de chez eux, le recevront à partir de janvier, et jusqu’au terme de leur adhésion. Ceux qui le recevaient déjà verront la durée de leur abonnement prolongée de 6 mois. Les nouvelles modalités d’abonnement seront mises en place en décembre, et l’abonnement sera possible à partir de notre site, et payable en ligne. Et pour toute question n’hésitez pas à nous contacter ! LA RÉDACTION



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Directeur et candidat Zibeline : Vous êtes directeur des Hivernales, Centre de développement chorégraphique à Avignon. Et tête de liste FdG EELV dans le Vaucluse. Comment en êtes-vous venu à vous engager ainsi politiquement ? mmanuel Serafini : Je dirais que l’un n’a rien à voir avec l’autre, ce n’est pas le Directeur qui s’engage mais la personne privée. En tant que citoyen je ne me voyais pas assis dans mon fauteuil, assister à la victoire annoncée du FN dans notre Région… impossible… Certains s’engagent dans des associations de lutte contre le racisme, certains se mobilisent sous d’autres formes, moi depuis les Municipales j’ai rencontré beaucoup de gens avec lesquels j’ai réfléchi… Au moment des Régionales, pour constituer les listes, ces gens se sont souvenus de moi et m’ont ouvert la porte. Je n’ai pas dit non, et c’est Sophie Camard qui a proposé que je sois tête de liste car je réunissais pour elle deux critères au moins pour y figurer : être de la société civile et exercer dans la culture…

E

Vous avez lutté l’été dernier pour que les collectivités achètent le théâtre dans lequel vous programmez vos spectacles de danse. Pourquoi cette lutte, et comment s’est-elle conclue ? Là aussi c’est l’instinct de survie qui a commandé l’action. La mobilisation a été sans précédent, plus de 4000 signatures sur une pétition pour sauver le CDC… cette action a eu pour effet de faire réfléchir notre propriétaire sur la nature de notre successeur… Notre chance c’est que les murs de notre théâtre appartiennent à l’association cultuelle Israelite d’Avignon… ce qui fait qu’ils sont impliqués dans la vie de la cité papale, depuis longtemps, et ils ont statué de ne pas vendre à cet acquéreur… Néanmoins le problème reste entier car le lieu est toujours à vendre, et nous devons toujours louer sur nos fonds propres, sans aucune aide, ces locaux pourtant indispensables au CDC, mais surtout aux artistes… Il est peu courant qu’un acteur culturel soit placé en tête de liste dans une élection régionale. En particulier quand il n’est, comme vous, affilié à aucun parti. Quelles sont, à votre avis, les raisons de ce choix de la part des Écologistes et du Front de Gauche ? C’est vrai, et c’est la preuve qu’ils ont envie de faire de la politique autrement. Je connais peu de partis politiques qui sont prêts à jouer cette carte là… vous imaginez… le risque, les attentes… du coup

Emmanuel Serafini © X-D.R.

je me sens à la fois fier et une grande responsabilité… Bon, j’ai l’habitude de côtoyer le monde politique, ayant été Secrétaire National du SYNDEAC, le syndicat des employeurs du spectacle vivant subventionné, puis en charge de la Culture, de l’Éducation, de la Jeunesse et des Sports à l’Assemblée des Départements de France (ADF)… Quelles sont les grandes lignes de la politique culturelle que votre liste veut mettre en place si elle se trouve à la tête de la Région en 2016 ? Notre message est clair, net, précis : AUCUNE AUSTÉRITÉ DANS LA CULTURE si nous dirigeons la Région au soir du 13 décembre. Comme je vous l’ai dit, avant d’être nommé à Avignon, j’habitais Paris. Lorsque je dirigeais le SYNDEAC, nous regardions avec attention et envie toutes les propositions de la Région PACA pour la culture. Nous avions tous remarqué que cette politique était à l’écoute des besoins du territoire comme des professionnels. Elle possédait

par exemple des axes forts sur l’aide à l’emploi, l’aide à la structuration des équipes artistiques… Au moment où les dotations baissent, il va falloir avoir des idées neuves, et co-construire… d’où la nécessité d’un large tour de table dans la Région pour évaluer les attentes et mettre en face les politiques qui s’imposent. Lors de la prochaine mandature qui nous mènera en 2022, il faudra faire preuve d’une capacité d’anticipation sans précédent pour ne pas subir toutes les mutations qui se préparent mais les anticiper collectivement. Et faire de cette Région le leader dans la mise en œuvre d’une politique culturelle adaptée et en avance sur son temps. L’obscurantisme s’attaque en premier lieu aux œuvres d’art, il faut donc tout faire pour les préserver. C’est pourquoi nous nous engageons à ce que les moyens de la Région pour la culture soient amplifiés. On privilégiera la transversalité dans toutes nos politiques, en incluant systématiquement la culture comme un des éléments du développement de la Région, dans le contrat de plan État-Région 2015-2020 par exemple. Nous voulons intensifier le désenclavement des territoires ruraux en accentuant les projets culturels itinérants : lecture publique, cinéma, spectacle vivant, musées au pied de chez vous… Nous voulons favoriser les structures culturelles de proximité, sobres en argent public et bien plus en adéquation avec les attentes des populations, en lien direct avec les citoyens. Si l’éducation culturelle et les enseignements artistiques sont fondamentaux pour les jeunes, ne pas ignorer que la pratique permet de reprendre confiance en soi… Il faut accueillir des artistes et les faire dialoguer avec les lycéens. Pour faciliter l’accès de toutes et tous aux événements culturels en combinant déplacement en transport collectif et réduction sur tous les spectacles, il faut étendre la carte ZOU avec ces nouvelles options… Vous croyez donc dans l’action politique ? Oui ! Je pense que la gauche ce n’est pas pareil que la droite. Et que collectivement, avec les outils de notre démocratie, nous pouvons faire bouger les choses… Propos recueillis par DOMINIQUE MARÇON


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L’itinéraire de Pierre Rabhi nourrit la fable opératique La Confession d’un Colibri, créée au Thor le 5 décembre. L’occasion de recueillir la parole d’un homme «au service de la Terre-Mère» qui invite à prendre conscience de notre inconscience… Zibeline : Agriculteur, philosophe, penseur, poète, homme politique, écrivain, essayiste, et encore sage, prophète, humaniste, altermondialiste et «homme de la décroissance et de la sobriété heureuse». Qui êtes-vous Pierre Rabhi ? ierre Rabhi : On peut admettre tout ce que vous avez cité, sauf homme politique ! Je ne le suis absolument pas. Certes je pratique la politique, à ma manière, celle qui prend en compte l’être humain et la nature, et non le produit national brut. Je ne suis pas du tout satisfait de l’organisation humaine sur cette planète, j’essaye de participer à ce que l’orientation de l’histoire soit différente. Comment vivez-vous le fait que certains s’approprient votre pensée comme un absolu ? L’humanité est folle, elle est en train de s’éradiquer elle-même. Toutes les 7 secondes un enfant meurt de faim, c’est totalement injuste. Les prodiges technologiques ne nous ont pas aidés à vivre ensemble. Soit on devient intelligent pour aboutir à quelque chose de plus honorable que l’organisation du monde actuel, en respectant la vie, la nature, en supprimant la primauté de l’argent. Soit nous continuons à polluer, à épuiser les ressources, à nous entretuer, et nous disparaitrons. Mais je ne suis pas dieu, le monde fera ce qu’il voudra ! La vie est un voyage initiatique : on avance, on jubile, on souffre, on est heureux, on apprend, tout est mélangé. Il

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«La société changera si l’humain change»

Pierre Rabhi © Franck Bessière

s’agit de faire de cette aventure terrestre quelque chose qui nous amène à nous élever, à nous comprendre et nous libérer de la pesanteur du monde. Je ne dis pas que c’est l’absolu, voilà où j’en suis moi. Vous êtes pour beaucoup un maître à penser. Moi-même j’ai été nourri par d’autres. Mais je ne suis en aucun cas un gourou ou un maître spirituel, je le refuse totalement. Je ne pense pas que ce soit bon, sauf quand il y a des enseignements qui vous amènent à prendre entièrement votre responsabilité et à vous libérer de la pensée d’un autre. C’est à cause de postures spirituelles que l’humanité n’est pas apaisée, que les guerres de religion et les idéologies sont encore là et font de la planète une matrice dans laquelle la violence se développe, en montant l’homme contre l’homme, contre la nature, contre la femme toujours dominée par un masculin injuste. En 2002, vos engagements pour la femme et l’éducation étaient au cœur de votre programme. Quels seraient-ils aujourd’hui… et éventuellement pour 2017 ? Il y a des gens qui ont imaginé que je puisse me représenter en 2017. J’ai dit non parce que le contexte n’est plus le même. En 2002, notre campagne s’était transformée en forum civique. Il faudrait reproduire ça, célébrer les actions positives, réunir cette multitude de colibris pour dire Mettons l’humain et la nature au cœur de notre projet politique, pas la croissance économique. On peut modifier les choses en renonçant à certains paramètres de la société de l’argent : on ne peut pas se plaindre des multinationales quand on les nourrit tous les jours ! Quand je vois ces brigades de pousseurs de

caddie qui vont dans les supermarchés, ce monde d’insatiabilité, d’hyperconsommation… Que va-t-on transmettre aux enfants ? Un monde totalement invivable. Réveillons-nous ! Quel modèle de société proposez-vous ? Il faut revenir à des organisations sociales, sensibles et conviviales, à une solidarité locale pour offrir à tous un rôle positif, constructif. Les gens en ont ras-le-bol de cette société de la surabondance où pour apaiser son drame intérieur, on avale des anxiolytiques. Commençons déjà par éduquer les enfants à la coopération, et non à être des rivaux. L’école idéale devrait comporter un jardin, un atelier manuel, et apprendre à avoir une fonction dans le système social. Il faut aussi remettre en équilibre le féminin et le masculin. Moi je suis très fier de ma féminité, je la chéris beaucoup ! C’est une question de complémentarité. Il y a une réforme de la pensée qui doit participer à humaniser notre existence. La séparation mentale entre la nature et nous est visible, si nous comprenions déjà que la nature c’est nous… d’où la nécessité de se connaître soi-même. Quelle est votre position sur la COP 21* ? Peut-être que quand on arrivera à la 50e conférence, on prendra des décisions radicales ! On n’arrête pas de se réunir, de se re-disperser, et le bateau coule toujours. Je ne me fais pas de souci pour la planète, c’est la survie humaine qui est menacée. L’écologie politique ne fonctionne pas car elle s’en tient uniquement à des éléments factuels. Il faut ajouter aux arguments celui de la beauté. C’est ce qui nourrit l’âme, on ne peut pas nourrir que son corps. D’où la place essentielle de l’art et de la culture… Dans les communautés premières, l’art était inclus dans la vie. Puis il s’est industrialisé, artificialisé, c’est devenu un grand business, et aujourd’hui on fournit à un être humain aliéné de l’art fabriqué alors qu’il devrait être omniprésent dans sa vie. Les sociétés modernes se sont dés-esthétisées. Propos recueillis par DELPHINE MICHELANGELI

* la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques aura lieu du 30 novembre au 11 décembre, à Paris

La Confession d’un Colibri sera créée le 5 déc à l’Auditorium Jean Moulin, au Thor, puis jouée au Pôle Camille Claudel de Sorgues le 12 déc et au Claep de Rasteau le 19 déc (voir p41). La représentation du 5 sera précédée d’une causerie avec Pierre Rabhi (sur réservation)


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© Gaëlle Cloarec

La fin de l’Espaceculture E

n plein centre de la Canebière, il est un lieu qui depuis 39 ans est une ressource culturelle pour les Marseillais, et les passants. L’info que chacun veut y apporter y est disponible, et jusqu’en avril dernier on y trouvait encore le petit guide «In Situ», agenda des sorties renseigné et complet. Mais depuis le 9 octobre, après des réductions budgétaires, l’association dépendante économiquement de la Ville de Marseille -mais autonome statutairement- va cesser ses activités, résolution qui a été votée à l’unanimité du Conseil d’Administration. En cause ? Le retrait de la Ville de Marseille, qui veut récupérer les missions de l’Espaceculture, et le bâtiment qu’elle mettait à sa disposition. Impossible de savoir ce qu’elle veut en faire, et on espère qu’il restera au service des Marseillais, et de la Culture, mais rien n’est moins sûr... Sa position centrale et sa belle surface sur trois étages permet d’imaginer bien des scénarios, du plus clinquant -ce qui serait déjà affligeant- au plus -hélas !- lucratif. On s’inquiète bien sûr pour le personnel, à qui un reclassement est proposé par la Ville, mais qui ne semble pas prêt à accepter de transformer ses CDI en CDD, et risque de se trouver à la rue, avec de bien faibles indemnités de départ, leur convention collective, associative, n’étant pas très protectrice... On s’inquiète pour leurs missions, qui ne sauraient

être reprises par l’Office de Tourisme, dont ce n’est pas le cœur d’activités. Car au-delà de l’information culturelle, on trouvait à l’Espaceculture des expositions ouvertes à tous, un lieu d’expression pour les structures artistiques, qui y donnaient volontiers leurs conférences de presse et y proposaient des débats. Et surtout, l’Espaceculture organisait et produisait deux événements majeurs : les Rencontres d’Averroès (voir p 20) et la Biennale des Jeunes Créateurs (voir p 66). Qui va se charger de l’organisation de ces événements si importants dans le paysage culturel régional ? Qui va les produire ? Les Rencontres d’Averroès sont aujourd’hui coproduites par France Culture, mais de là à ce que la radio puisse (ou veuille) les assumer seule... La Ville de Marseille va-t-elle poursuivre son financement, et qui va prendre en charge l’organisation des Tables rondes, mais aussi de la multitude d’événements artistiques programmés en amont (Sous le signe d’Averroès) ou destinés au jeune public (Averroès Junior) ? Ni le président, ni le directeur de l’Espaceculture n’ont souhaité s’exprimer à ce sujet... Pas plus que sur l’avenir de la sélection française de la Biennale des Jeunes Créateurs. L’événement, qui regroupe une vingtaine de pays méditerranéens et européens, a permis depuis des années de repérer, soutenir, programmer de jeunes artistes. Qui va

désormais s’occuper de la sélection marseillaise et régionale ? L’Espaceculture, membre du comité directeur de la Biennale, sera-t-il remplacé par une structure de la Ville de Marseille, et en ce cas les autres villes françaises qui sélectionnent des candidats (Toulon, Aix et la Région) seront-elles d’accord pour être représentées par la Ville ? Autant de questions, inquiétantes, et pour l’heure sans réponse... GAËLLE CLOAREC


Parlez votre langue ! L

es Assises Générales de la Culture organisées par le tout nouveau conseil départemental 13 ont été le témoin de l’état dégradé d’une profession, qui est bien plus qu’un secteur d’activité... Non pas à cause des organisateurs de la rencontre : Sabine Bernasconi, conseillère départementale déléguée à la Culture, entourée des deux directrices de la Culture et du Cadre de vie, étaient parfaitement dans leur rôle, donnant la parole, traduisant leurs attentes, écoutant, soulignant l’importance de la culture à leurs yeux, assurant de leur volonté d’y consacrer un budget et de la défendre, et ce auprès de la majorité départementale. Non, le désastre était dans la salle. Dans l’attitude de servilité des artistes et des acteurs culturels, désormais si dépendants des financements publics qu’ils ne peuvent se permettre d’en perdre une miette, fut-ce au prix d’une soumission qu’on ne leur demande pas. Bref, les artistes se taisaient, ou parlaient pour faire connaître leur projet et leur structure à la nouvelle déléguée à la culture. Personne ne s’insurgea contre la diminution des moyens pourtant à l’œuvre, le retard des subventions, la difficulté de faire œuvre quand on passe son temps à chercher des financements... Quelques acteurs culturels, directeurs de structures, tinrent un discours tendant à justifier leur existence. Par leur utilité économique, et le fait que la culture est rentable, que la capitale culturelle a changé le visage du département, fait venir durablement des touristes, relancé l’économie. Beaucoup exprimèrent le regret que cet élan n’ait pas été poursuivi... Mais si la culture n’a qu’une justification de rentabilité économique, il est aisé de la remplacer par un événementiel sportif, ou de divertissement ! Ou des balades purement touristiques. Ce n’est pas ainsi que les acteurs de la culture devraient défendre leur place, autrement plus essentielle à notre société, et à la vie de nos esprits... D’autres parlèrent même de «rentabilité sociale» : la culture pour apaiser les quartiers, les établissements scolaires ? Pour occuper les chômeurs et faire du travail social ? Peut être, sans doute, mais là encore la vie artistique ne doit pas justifier de la nécessité de son financement public par une «rentabilité sociale» immédiate... Ce sont des œuvres qui doivent être créées, ni des pansements, ni des béquilles, ni des boosters économiques... Puis un professionnel du tourisme réclama des «projets forts» susceptibles de dynamiser le territoire. Les artistes, atterrés, commencèrent à gronder : ils n’ont pas l’impression de produire, depuis des années, des projets faibles... Danielle Bré, metteur en scène et directrice du théâtre Vitez, se leva enfin, se tourna vers la salle : «Mes amis, dit-elle, arrêtez de parler une langue étrangère, notre langue maternelle n’est pas celle-là»... La langue des artistes est subversive et inventive, elle ne plie pas, elle doit se dresser, fière d’adresser à tous des mots inattendus et rebelles, ceux qui font avancer les esprits... Mozart et Flaubert étaient-ils rentables et dynamisants ? Certes non, mais leurs œuvres ont fondé ce que nous sommes. AGNÈS FRESCHEL


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Entrer dans la danse D

ansem, le festival de danse contemporaine en Méditerranée revient à Marseille, Aix et Arles, «fidèle à son intention d’offrir un regard critique sur les tendances en cours». Malgré des restrictions budgétaires, mais avec l’appui solide des théâtres et lieux partenaires de la manifestation, cette 18e édition programme 13 spectacles pointus, étonnants, variés, peuplés d’artistes internationaux. La fête d’ouverture aura lieu le 20 nov, au Cabaret Aléatoire, avec une série de DJ sets assurés par Tama Sumo (Berlin), Adi Shabat (Tel Aviv) et Abstraxion (Marseille). Retenir certains spectacles plutôt que d’autres n’est pas chose aisée ! Mais l’on ne manquera pas Alma Söderberg, «performeuse redoutable» selon Cristinao Carpanini (directeur de l’Officina, structure porteuse de Dansem), ou encore Arkadi Zaides, qui questionne dans ses chorégraphies les tensions politiques et sociales entre Israël et la Palestine. De même que Radouan Mriziga, travaillant sur l’attente du spectateur, l’iconoclaste capverdienne Marlene Monteiro Freitas et ses corps-status, et surtout la création 2015 du festival, Distant de Marc Vincent (en partenariat avec la Friche la Belle de Mai). D’autres disciplines seront conviées à dialoguer avec

Arkadi Zaides, Archive © Jean Couturier

la danse contemporaine. En liaison avec le cycle du MuCEM Objets déplacés, et le think tank de philosophie politique Aleppo, Dansem propose une réflexion sur le rôle du corps dans son rapport au temps, comme archive des gestes : trois rencontres sont prévues du 27 au 29 nov sur Arles et Marseille. Sachez enfin que le graphisme remarquable de cette 18e édition porte encore la signature d’Olivier Bersin, compagnon historique du festival disparu cet été. Une exposition typographique lui sera consacrée par la Galerie La Poissonnerie, du 30 nov au 5 déc. La même galerie, domiciliée désormais dans les locaux de l’Officina, présentera Beau comme un jardin, l’œuvre photographique de Sébastien

Normand, fruit d’une expérimentation artistique du chorégraphe Christophe Haleb avec les patients adolescents de l’Hôpital Salvator (du 23 au 27 nov). GAËLLE CLOAREC

Dansem du 20 nov au 16 déc Marseille, Aix-enProvence, Arles 04 91 55 68 06 www.dansem.org

Des livres en chair et en os ! oint d’orgue de l’action menée tout au long de l’année par le service Ville Lecture de la ville d’Aubagne qui a pour ambition d’aider les enfants à devenir lecteurs, Grains de sel, le festival du livre et de la parole d’enfant continue à donner toute sa place au livre, à ceux qui le créent et à ceux qui le portent. Lors de cette 5e édition il se transforme et s’enrichit, devenant le salon du livre et des auteurs de littérature jeunesse, grâce au travail conjoint du service Ville Lecture et des librairies du Lycée d’Aubagne et L’Alinéa de Martigues. Une visibilité plus grande est ainsi donnée aux auteurs et à leurs livres, mais aussi au travail des éditeurs : le Salon Shéhérazade, à l’Espace Grimaud, devient une immense

librairie thématique, et l’Espace des Libertés, sur le parvis Guy Môquet propose en prolongement une librairie thématique (bébé, philosophie et sciences) où ont lieu des animations et des ateliers (éveil ludique à la pratique de la langue anglaise, cuisine de mots gourmands, découverte de la philo, espace jeux…). Plus d’une vingtaine d’auteurs et d’illustrateurs seront présents, et pas des moindres, parmi lesquels : Susie Morgenstern, Alan Mets, Brigitte Smadja, Daniel Picouly, Raphaële Frier, Hubert Ben Kemoun, Béatrice Fontanel, Antonin Louchard, Murielle Szac, Julien Neel, Elisabeth Brami… À l’Escale Rencontres, au sein du Salon Shéhérazade, Maya Michalon accueillera certains d’entre eux

lalunelanuit © X-D.R

P

pour approfondir de façon plus spécifique leur travail et leurs univers. Le Théâtre Comoedia accueille quant à lui des spectacles, Les Aventures de Pinocchio par L’Autre

compagnie, Lalunelanuit et La Folle traversée par la Cie L’A(i) r de dire, ou encore Motmot par la Cie Éclats de scène pour ne citer qu’eux. Notons enfin que le festival est le moment fort de l’«année Marcel Pagnol», avec une rencontre entre Nicolas Pagnol, Serge Scotto (co-scénariste) et Morgan Tanco (dessinateur) autour de la BD La Gloire de mon père, l’exposition de planches de La Gloire de mon père et de Merlusse (éditions Bamboo), un concours de nouvelles… Do.M. Salon du livre et des auteurs de littérature jeunesse du 19 au 22 nov Aubagne grainsdesel.aubagne.fr


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Ça danse à Cannes

G

de madame Leprince de Beaumont, et en inverse le titre : La Bête et la Belle… Le Groupe Grenade de Josette Baïz apporte sa fougueuse et talentueuse jeunesse à l’interprétation d’extraits (Bagouet, Trisha Brown…), Guest II. Quintessence slave, avec un contemporain qui joue avec le classique pour Tatyana de la Cie Déborah Colker, tandis que la Cie Hiatus de Daniel Linehan propose une étonnante réflexion sur la marche avec le titre énigmatique dbddbb. Le Ballet opéra de Lyon de Yorgos Loukos consacre son programme au génial chorégraphe contemporain Jiři Kylián. La Compagnie Nationale de danse d’Espagne, dirigée par José Carlos Martinez, offre une Carmen passionnée… Celle d’Hervé Koubi, qui vous aura déjà entraîné dans un Bal Flash dominical, nous fait remonter le temps avec Les nuits barbares ou les premiers matins du monde. Belle illustration d’une des plus grandes écoles de danse au monde, l’École de danse de l’Opéra de Paris, qui se livrera à une démonstration sur Aunis de Jacques Garnier et Soir de Fête de Léo Staats. À cela ajoutez des master-class, des colloques dans lesquels la parole est donnée aux danseurs et aux chorégraphes, et une innovation, une Plate-forme Studiotrade, confiée à Eric Oberdorff, membre fondateur de ce réseau, qui soutient la diversité de la scène européenne indépendante. L’humain reste l’objet essentiel. La danse dote les corps d’une dimension qui les transcende…

Toni Hill © Jaume Recorder

rand parmi les grands, le Festival de Danse de Cannes, fondé en 1984, scelle la relation entre la ville du cinéma et l’art de la danse, magnifiée par le Centre de danse International Rosella Hightower ouvert en 1961. Les créations fleurissent, les nouveaux talents se découvrent là, apportant leur sève à la danse contemporaine. L’histoire même du Festival rend compte de l’évolution de l’art noble. Au rythme d’une biennale depuis 1993, les grandes compagnies internationales viennent au rendez-vous. Succédant à Frédéric Flamand, Brigitte Lefèvre, danseuse, chorégraphe, directrice de la danse de l’Opéra National de Paris jusqu’en 2014, reprend le flambeau de la direction artistique pour les éditions 2015 et 2017, proposant au public un voyage poétique et esthétique «sur les territoires nuancés de la danse d’aujourd’hui, dans toute sa vivacité». Évènement phare de l’année de la Corée en France, la Compagnie Nationale de Danse de Corée présente Vortex du chorégraphe finlandais Tero Saarinen, parcours envoutant vers «le mystère ou de lointaines origines du monde». Deux voix de femmes soulignent, par la présence du souvenir, l’inscription du temps dans les corps avec Palimpseste de la Cie Michèle Noiret sur le Solo de Stockhausen et Dentro de la Cie Catherine Diverrès. Soulèvements, fluidité portés par la musique de Peter von Poehl habitent Waves par Via Danse (CCN Franche-Comté à Belfort) de Héla Fattoumi et Éric Lamoureux. C’est un hommage à l’obscurité que dessinent sur les Nocturnes de Chopin les deux solistes Julie Guibert et Kerem Gelebek (I.C.I. du CNN Montpellier Languedoc-Roussillon de Christian Rizzo) avec la création ad noctum. Le Ballet du Capitole de Kader Belarbi revisite le conte

Attirant Delta !

Q

MARYVONNE COLOMBANI

Festival de Danse de Cannes du 20 au 29 nov Cannes 04 92 98 62 67 www.festivaldedanse-cannes.com Tatyana de la Cie Deborah Colker © X-D.R.

uelle belle idée que celle de vouloir créer un festival du polar et du roman noir dans la ville «du bout du monde» qu’est PortSaint-Louis ! C’est l’association Ecoute Voir qui est à l’origine de ce projet réjouissant, avec le souhait de défendre le roman noir des rivages de la Méditerranée «comme un genre à part entière». Cette première édition met la Catalogne à l’honneur, placée sous le parrainage de deux auteurs catalans, Toni Hill (de Barcelone) et Gildas Girodeau (de Collioure) et sous la direction artistique de l’auteur marseillais Gilles Del Pappas. Ils seront accompagnés des auteurs «locaux» Laurence Biberfeld, Marie Neuser, René Fregni et Maurice Gouiran. Le festival fait par ailleurs la part belle aux signatures et dédicaces, aux rencontres avec le public et aux tables rondes, animées par Gilles Del Papas, en présence de tous les auteurs, qui s’annoncent savoureuses : Le polar catalan, initiateur du genre, quelle réalité aujourd’hui ? (le 21 nov de 10h30 à midi) et Le polar méditerranéen, des girelles (poissons multicolores ou jolies filles ?), des petits plats cuisinés entre deux meurtres, des hommes politiques pas blanc bleu, et quoi d’autre ? (le 22 de 15h à 18h). La clôture se fera avec la remise du 1er prix du festival Le Delta Noir à Gildas Girodeau, suivie de la projection du film d’Alberto Rodriguez, La Isla Minima. Do.M. les 21 et 22 nov Salle Marcel Pagnol, Port-Saint-Louis 06 15 39 36 60 www.ecoute-voir.fr


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Au MuCEM Le Musée des Civilisations et de la Méditerranée quitte l’automne en douceur pour une saison hivernale qui s’annonce substantielle

l’Agence Touriste, le 20 novembre, et des activités ludiques lors de la journée de fête Panora’mixtes le lendemain. Le 21, on assistera aussi à la 3e et dernière Leçon de regard, délivrée par l’artiste Philippe Ramette, connu pour ses installations défiant les lois de la gravité. Le 4 décembre, attention ! Les Nocturnes deviennent Nuits Vernies : de 19h à 1h du matin, les étudiants de l’ESADMM ont carte blanche pour une installation éphémère dans le grand hall du J4 ; 20 d’entre eux proposent une visite spéciale de J’aime les panoramas, et la soirée s’achèvera en musique à l’Auditorium, avec Tournedisque (DJ set) et Hypnolove (live acoustique).

Nouveautés

L

e MuCEM inaugure un nouveau cycle, Objets déplacés. Quatre artistes réaliseront tour à tour une œuvre inédite autour de ses collections, à commencer les 27 et 28 novembre par une pièce de théâtre de Kornel Mundruczo, inspirée par Franz Kafka : La colonie pénitentiaire. Notons que le lendemain, le festival Dansem (lire p.10) propose une rencontre interrogeant le rôle du corps dans son rapport avec le temps. Le metteur en scène y participera, en compagnie de Frie Leysen, Selma Ouissi, et Arkadi Zaides. Au registre des nouveautés également, une application «ludo-éducative», à l’attention des enfants qui peuvent désormais se lancer dans une chasse aux trésors cachés du MuCEM. Kidouki est disponible sur App Store et Androïd, elle s’accompagne de cartes de jeux avec rébus, devinettes et butins spéciaux. Enfin à partir du 30 novembre, le Centre de Conservation et de Ressources du musée s’apprête à accueillir à la Belle de Mai le 1er volet d’une exposition consacrée au clou, objet simple et universel. «Associant l’art, les religions, l’histoire des métiers ou encore

Rencontres et conférences Black Cube - Zoé, Place des Pistoles, Marseille 2013 © V Horwitz

l’archéologie», ce projet intitulé sobrement Le clou s’est monté en partenariat avec le Frac Paca, qui présentera le second volet en mars, et la plateforme de diffusion artistique Rond Point Projects.

Autour des expositions

Si le MuCEM aime les paroramas, il le fait également savoir aux marges de la grande exposition à eux consacrée (lire p52). Jusqu’au 29 février, Valérie Horwits invite les visiteurs du musée à entrer dans son Black Cube, une camera obscura à taille humaine. Le temps fort Qu’est-ce que voir ? se poursuit avec une «lecturade Méditerranéenne» -ou dérive orale et sonore en bord de mer- par

On célébrera le 11 décembre la présence d’un immense photographe, Jean Gaumy : double lauréat du prix Nadar, membre des agences Gamma et Magnum, il donnera une master class à l’invitation de l’Institut Méditerranéen des Métiers du Patrimoine (entrée libre sur inscription : i2mp@mucem.org). Nous avons gardé comme il se doit le meilleur pour la fin : l’immortel historien Fernand Braudel recevra l’hommage de Gérard Paquet et Gilbert Buti, le 14 décembre. À ne pas manquer, si l’on espère comprendre ce qui se joue aujourd’hui en Méditerranée. GAËLLE CLOAREC

MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org

La Villa Méditerranée en automne La Villa Méditerranée résonne des enjeux les plus cruciaux du moment, entre géopolitique, crispations économiques et environnement

L’

ampleur sans précédent des crises humanitaires ces dernières années est au cœur du rassemblement du Secours Populaire Français (SPF), prévu le 19 novembre. Dans le cadre de son 35e

Congrès, le SPF tentera de trouver des réponses appropriées à la situation des migrants et réfugiés, en mobilisant son réseau pour parer à l’urgence. Le lendemain, le festival Image de ville investit les lieux, pour une série de projections et une table ronde, en quête des marges urbaines. La soirée du 24 novembre sera consacrée à la Lybie, entre tentations extrêmes et interventionnisme international (avec deux analystes chevronnés, Omeyya Seddik et Patrick Haimzadeh). Le 25, l’Observatoire Régional des Transports s’interrogera sur Les défis et opportunités de l’activité croisières en Région PACA et Méditerranée (accès réservé aux

professionnels, sur inscription). Les 27 et 28 novembre, la Villa accueille le projet Wine Mosaic, pour partager les expériences de vinodiversité dans nos vignobles et anticiper l’impact du changement climatique. Du 1er au 2 décembre, se tiendront en parallèle le salon À la rencontre des cétacés de Méditerranée et un Workshop organisé par le GIS3M pour la sauvegarde du grand dauphin, de plus en plus menacé. Au soir du 1er déc, dans le cadre des Mardis de la Villa, Loulouwa Al-Rashîd et Peter Harling évoqueront l’Irak, aux sources du nouveau djihadisme mondial. Du 8 au 12 décembre, place au Prix

international du documentaire et du reportage méditerranéen. La 19e édition du PriMed reçoit cette année 348 films en compétition ! Enfin le 15 décembre, deux événements coup sur coup : à 18h le 2e Apéro-sciences de la Méditerranée sera consacré aux changements climatiques, tandis qu’à 19h le spécialiste du MoyenOrient Christian Chesnot évoquera le Qatar et son rôle dans la région méditerranéenne. GAËLLE CLOAREC

Villa Méditerranée, Marseille 04 95 09 42 52 www.villa-mediterranee.org



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Trouble sur le genre Q

uelle idée de monter Les Femmes Savantes, pièce violemment phallocrate de Molière, dont on ne saurait entendre certains passages sans haut-le-cœur ? Cette volonté que les femmes restent «à leur place», c’est-à-dire à la gestion du foyer sans approcher le savoir, est aujourd’hui, et au XVIIe siècle qui n’était pas si misogyne, insoutenable. Et, bien entendu, ce n’est pas ce que soutient Macha Makeïeff avec son Trissotin. Depuis longtemps des travestis traversent son univers, interrogeant la bipolarité de nos représentations mais aussi, puisqu’il s’agit toujours d’hommes qui se féminisent, la volonté de devenir, ou de ressembler, à une femme. La difficulté d’être un homme estelle à l’origine de la phallocratie de Molière ? La question de la transgression, indispensable au désir et donc à l’ordre social, se pose dès l’entrée : transgression de classe quand Ariste sort en boîte avec Martine la servante, transgression de la nature quand la jeune Armande et sa tante trans refusent d’avoir un corps, transgression sexuelle quand Trissotin, superbe hermaphrodite à barbe et en talons, déclenche orgasmes et pamoisons par la puissance de son ambiguïté et de ses circonvolutions langagières. Certes la morale du dénouement ne change pas, et le couple Henriette-Clitandre triomphe, défendant Louis XIV contre la Ville et prônant

© LoLL-WILLEMS

un pouvoir, politique et domestique, strictement masculin ; mais Macha Makeïeff montre le désarroi de tous, fait chanter Clitandre en sopraniste, envoie le couple faire l’amour dans la chambre, explique l’hystérie de Philaminte par l’évidente impuissance de son mari, obligé pour se faire respecter de s’en remettre à la «sagesse» imbécile de sa servante. Faire porter le chapeau du ridicule ou de la perversité aux transgenres dénote-t-il une transphobie ? C’est le désordre de nos représentations genrées qui s’affiche, ouvrant ainsi la voie au plaisir, et aux questions. Comme toujours avec Macha Makeïeff l’attention aux costumes, au décor, aux accessoires, est extrême. Aux musiques aussi, diffusées ou chantées. L’habillage est superbe et pourtant minutieux (tiens un alexandrin), et les comédiens, drôles, gouailleurs, savent imposer

le rythme de la comédie, avec ses accélérations, ses pauses, ses superpositions, ses discours en vers et combats stichomythiques. Une totale réussite formelle, qui laisse en suspens le sens, qui chemine... AGNÈS FRESCHEL

Trissotin ou Les Femmes savantes est joué jusqu’au 29 novembre au Théâtre Gérard Philippe, Saint Denis (93)

  À venir du 16 déc au 17 janv La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Comme à la maison © CordulaTreml

C’

était un spectacle en appartement. Face à la demande de ceux qui ne pouvaient accueillir le spectacle chez eux, les Nono ont organisé des soirées en leur théâtre, transformé en cabaret, où chacun est accueilli à table. La formule récrée, dans les conditions d’un spectacle, l’intimité d’une sphère

amicale. En clowns tricolores (blancs et noirs, avec une touche de rouge...), 5 artistes nous accueillent, trois comédiens, deux musiciens, que les parleurs accompagnent souvent. Un dispositif qui rappelle l’esprit du cirque, mais où l’exploit consisterait en la maîtrise des mots. Les textes de Marion Coutris sont précieux, raffinés, émaillés de bijoux lexicaux. Ils racontent comment l’amour se perd, et l’histoire de Claire, de son immeuble, et de gouttes de sang mystérieuses... Serge Noyelle fait un numéro de clown autant hilarant que chaleureux, prend une contrebasse ou un trombone, un bandonéon. On boit un verre, on rit, on écoute. Et on se dit que ce ne serait pas si sot d’inviter ce spectacle à la maison, autour de ses amis ! A.F.

La Maison de Claire a été jouée les 13 et 14 novembre au Théâtre NoNo, Marseille

  À venir les 20 et 21 nov Théâtre NoNo, Marseille 04 91 75 64 59 www.theatre-nono.com



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L’action politique

T

iens, se dit-on, qu’est-il arrivé à Catherine Marnas ? Auraitelle plongé dans l’air du temps théâtral, avec micro à l’avant-scène jardin, rideau transparent, rock à fond, projections scintillantes de confettis, hommes torses nus à perruque blondasse ? On comprend vite, une fois le rythme installé (ce Lorenzaccio se joue en 2h30, à 8, sans les scènes de foule, resserrant l’action), que cet air du temps est justement au cœur du discours politique : la société post-révolutionnaire de Musset, la tyrannie des Médicis, notre régime prétendument socialiste ont en commun de générer de la désillusion, et du dégoût politique. Alexandre est un tyran aux actes monstrueux mais à l’allure ordinaire (brillante légèreté de Julien Duval), Lorenzo un fantoche écœurant qui fabrique la fin du monde en la prédisant, et en plongeant dans la débauche, c’est-à-dire l’intimidation des opposants et la dépravation forcée des femmes...

© Agnès Mellon

Simple description de notre époque où l’idéaliste finit par aimer le crime ? Le propos n’est pas là, et apparaît lors de la grande scène avec Philippe Strozzi : il est question de résistance politique. Les deux comédiens offrent un moment prodigieux : Vincent Dissez métamorphose sa frêle silhouette serpentine en

siège de convictions violentes, et brisées ; Franck Manzoni, Républicain confiant dans le progrès historique, est bouleversé par l’impatience et la lucidité de Lorenzo. Qui veut agir, mais parie que cela sera inutile. A-t-il raison ? Il pourrait gagner, le successeur d’Alexandre pourrait être moins tyrannique, les Républicains

(nos socialistes) ne pas rester au chaud dans leurs foyers bourgeois, et défendre le peuple... Mais non, le peuple tuera Lorenzo, Philippe sera remplacé par son double, et au passage les femmes, toutes résolues et intègres, (George Sand n’était pas loin du scénario, et Catherine Marnas est à la barre) seront anéanties, premières victimes d’une société en crise. Faut-il pour autant abandonner l’action politique ? Tout le spectacle crie que non. Que Tebaldeo le poète a tort de vivre dans un idéalisme aveugle, que le peuple se lèvera pour tuer Alexandre, et que les progressistes refuseront la tyrannie... Un jour ! AGNÈS FRESCHEL

Lorenzaccio a été joué au théâtre du Gymnase, Marseille, du 3 au 7 novembre

Andromaque entre rires et larmes © Damien Richard

L

es 6 et 7 novembre, Le Merlan présentait à la Gare Franche Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector qui est mort... Une adaptation libre d’Andromaque de Racine créée par le Collectif La Palmera en 2012. Soucieux de rendre accessible au plus grand nombre la tragédie classique, ce collectif a pris le parti de débuter le spectacle de manière ludique et interactive. Le public est accueilli dans un dispositif de gradins quadri-frontal qui assure une grande proximité avec les comédiens. La scène centrale est jonchée de ballons gonflables colorés, deux comédiens vont d’entrée de jeu présenter le contexte de la guerre de Troie et questionner le public sur l’intrigue de la pièce, et plus particulièrement sur la chaîne amoureuse à sens unique qui constitue le cœur de celle-ci. Très vite, les ballons qui symbolisent les habitants de Troie vont être crevés par les comédiens et remplacés par cinq ballons représentants les cinq personnages principaux. On peut saluer la volonté pédagogique pleine d’humour incarné par deux comédiens qui endossent tous les rôles de la pièce. Force est de constater que cette approche fonctionne à en juger par les rires et la participation du public, composé

de nombreux collégiens et lycéens. Toutefois, en usant du second degré, de chansons décalées ou de parallèles entre la pièce de Racine et les soap opéras par exemple, on craint un instant d’avoir perdu Andromaque dans ce qui vire à une farce bouffonne... Sentiment renforcé par le choix volontairement limité des scènes représentées et le jeu à l’émotion un peu trop fabriquée du comédien Nelson-Rafaell Madel. Heureusement dans la seconde partie du spectacle la langue de Racine se fait clairement entendre et l’accent est mis sur les conflits intérieurs qui rongent les personnages et leurs funestes destins. En particulier grâce à l’interprétation sobre et tout en intériorité de Paul Nguyen, notamment lorsqu’il incarne Hermione. Au final, le passage du rire à la tragédie, de la légèreté au drame renforce ce dernier par un contraste efficace. Les comédiens amuseurs font place aux tragédiens. L’efficacité du parti pris de cette adaptation libre fait mouche et la pari est remporté. FRANCK MARTEYN

Oreste aime Hermione… a été joué à la Gare Franche, Marseille, les 6 et 7 novembre


Nouvelle Do(nn)e

© Agnès Mellon

A

près la découverte du livre du philosophe et sociologue Maxime Coulombe Petite philosophie du zombie ou comment penser par l’horreur (PUF, 2013), et interpellé par la place occupée par les zombies dans les jeux vidéo et les BD, Renaud-Marie Leblanc a passé une commande d’écriture à Marc-Antoine Cyr : l’un d’eux sera le personnage central, et l’élément perturbateur, dans une société structurée. Au début on est dans une scène caricaturale : un service d’urgence comme on en trouve souvent dans certaines sitcoms. Un grand écran affiche le texte même qui est dit. Brutalement on découvre que les trois personnages sont en fait des comédiens qui essaient de gagner leur vie en tournant des fictions minables. Nell (Roxane Borgna) est très loin de son rêve de rejouer les grands rôles du répertoire d’autant que les directeurs de la production décident d’introduire un nouveau personnage, un vrai zombi. Soudain il est là, présence immobile, inquiétante. Il va falloir faire avec, sous son regard. Appartient-il à l’espèce humaine cet être (Nicolas Guimbard) qui ne sait que proférer toujours une sorte de rugissement effrayant ? Hippolyte (Christophe Grégoire) s’adresse à lui comme à un animal qu’il voudrait dresser et l’appelle Chose, tandis que Colin (Charles-Éric Petit) tente le dialogue et que Nell, contre toute attente, va lui trouver un certain charme. Obstiné et imperturbable, comme le personnage de Théorème de Pasolini, qui observe et sert de miroir. Celui par qui tout arrive, dont la présence déstabilise les autres. Chose devient étrangement le personnage le plus attachant des quatre. Dérangeant aussi par son authenticité brute, il nous met face à nos peurs de l’autre, à nos doutes. Sans sombrer dans le pathos. On rit de situations ou d’expressions cocasses, on s’amuse des effets musicaux qui mélangent les genres et on apprécie les belles images projetées de Thomas Fourneau. Un spectacle qui ne laisse pas indifférent, ancré à la fois dans la tradition de la fable et dans la réalité la plus triviale. CHRIS BOURGUE

Doe (Cette chose-là) s’est joué au Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille, du 3 au 10 novembre


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Les fantômes du désir M

ichel Kelemenis aime la danse qui danse, entière, les corps qui expriment par le mouvement chorégraphié, des thèmes, des sentiments, une histoire. Il aime les couleurs saturées, les fumées et les lumières, les symboles qui font signe, l’absence de mots. Cela n’est pas très à la mode dans le milieu de la danse contemporaine, mais le chorégraphe est revenu de l’envie de plaire : il sait que son œuvre est là, et y travaille. Et sait accueillir aussi, dans son KLAP, tous ceux qui ne pensent pas la danse comme lui... Sa Barbe bleue est une femme, poursuivie par des fantômes, ceux de ses amants assassinés. Sa relation avec son nouvel amour semble toute entière dictée par l’omniprésence de ces corps rêvés, qui la manipulent, l’empêchent de l’atteindre ou la projettent vers lui, qui est aussi la proie de ces souvenirs, et dont la nature du désir reste inconnue. L’histoire, pleine de renversements inattendus, est «narrée» par les corps de façon limpide, et les musiques de Philippe Hersant et de Christian Zanési s’entremêlent magistralement, ménageant des moments tendres, graves, instables ou hérissés. Quelques objets viennent interrompre aussi l’abstraction du mouvement, un trousseau de clefs qui glisse sur les corps comme une autorisation à pénétrer l’intime, deux corps de chiffon que l’homme enlace, ou que la femme démembre.

© Agnès Mellon

Les danseurs, en particulier Claire Indaburu, incarnent l’histoire avec émotion, et une technique impeccable. Les élans du désir restent mystérieux, comme il se doit... AGNÈS FRESCHEL

La Barbe bleue a été créée au Grand Théâtre de Provence, Aix, les 13 et 14 novembre

Avant la gentrification P

asolini en 1975 parlait de génocide. Celui du peuple, du sous-prolétariat comme il le nomme, qu’il filma en 1961 pour Accatone dans la banlieue romaine. Eliminé ou simplement gentrifié, abruti par la télé naissante, le petit peuple de chômeurs, souteneurs, journaliers des chantiers, a perdu dès 1975 sa force de révolte et sa saveur : hâbleur, frimeur, inconséquent et festif, aimant l’alcool, le partage et le rire, toute cette humanité populaire vivant dans des bâtisses décrépites et marchant souvent pieds nus sur des chaussées sans asphalte, apparaît encore dans Accatone, document aujourd’hui précieux d’une société disparue... La projection spectacle proposée au MuCEM le 9 novembre était passionnante : Thomas Gonzales lisait simplement le scénario, très précis, en suivant des séquences projetées du film, entrecoupées par des extraits du journal ou d’interviews de Pasolini, chaleureusement

française double : le livre-film Accatone (il était d’usage en Italie de publier des livres avant la sortie du film, qui s’arrachaient, tant le cinéma était populaire...) comportant le scénario et un montage de photogrammes, et un second volume, illustré par de magnifiques photos de tournage, et composé d’écrits de Pasolini sur Accatone, jusqu’à son assassinat, puis de commentateurs contemporains ou actuels. Un ensemble passionnant, qui donne de la profondeur historique, et dialogique, au premier film du cinéaste, déjà poète, et toujours communiste. Pier Paolo Pasolini © Angelo Pennoni

incarné par un Stanislas Nordey très inspiré. Seul un petit comité était venu assister à cet événement, qui posait pourtant des questions essentielles, sur l’affaiblissement politique des classes populaires, sur leur absence de représentation dans le cinéma. Sur Marseille aussi : la Borgata romaine ressemble

beaucoup à ce qu’étaient nos noyaux villageois, et ces jeunes banlieusards qui sautent dans le fleuve depuis le Pont Saint Ange font penser à ceux de notre Corniche... qui veulent sauter au risque de mourir, plutôt que de s’abrutir au sous-travail ! Une rencontre suivait la performance, autour d’une édition

AGNÈS FRESCHEL

La performance rencontre autour d’Accatone de Pasolini a eu lieu au MuCEM le 9 novembre Accattone de Pier Paolo Pasolini. Scénario et dossier, 2 volumes, éditions Macula, 44 euros


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Plongée dans un trou de mémoire

C

ertes, avec le Zigmund du titre, Zigmund Follies, la référence freudienne est évidente, mais réductrice. Le spectacle de Philippe Genty doit aussi au père de Philémon, Fred ou encore aux œuvres de ce dernier concoctées avec un autre grand de la BD, Alexis, comme Time is money. Le public du Toursky ne se trompe pas, en poussant, grâce au nombre des réservations, le spectacle prévu initialement dans l’espace Léo Ferré, dans la grande salle, adaptée pour l’occasion à la scénographie qui réclame une proximité du public, en raison de la taille des marionnettes. Reprenant le succès des années 83, la Cie Philippe Genty met de nouveau en scène les aventures surréalistes de ce conteur dont les pieds et les mains s’octroient une indépendance étrange, moins meurtrière que celle de La main de Maupassant, mais dérangeante tout de même : la main de notre protagoniste fouille poches et portefeuille, tiroirs et lettres avec une indiscrétion pesante jusqu’au jour fatidique où, ayant par inadvertance manipulé une fermeture éclair, elle envoie son propriétaire qui la poursuit, à «l’Intérieur». Le monde alors se miniaturise, se réduit aux marionnettes qui tiennent sur un doigt ou gantent une main (sic)… Un périple onirique et délicieusement loufoque conduit notre personnage, après l’avoir fait voguer sur la mer des souvenirs, affronter ses

Zigmund Follies © Claire Leroux

tempêtes, connaître l’ivresse d’envols impromptus, rencontrer un certain Félix Nial de la police secrète et même la main droite du ministre de l’Intérieur, jusqu’à l’île de la poste restante dont les lettres se chamaillent à qui mieux mieux… Une horloge bleue digne de Lewis Carroll se joue du temps, prise dans une course contre deux montres. Les mots virent, se prennent au pied de la lettre, se réinventent, vibrent de tous leurs sens, le e muet ne peut parler, et les lignes de fuite portent bien leur nom ! Sans avoir recours à de grands moyens, l’ensemble est manipulé avec une époustouflante inventivité, dans un mouvement fluide, rapide par Éric de Sarria et Rodolphe Serres ou Philippe Richard, selon les représentations. À la

fin du spectacle, ils convient les spectateurs à voir les dessous, organisation des objets, secrets de fabrication… Sans rien enlever à la magie poétique et jubilatoire de ce Zigmund Follies ! MARYVONNE COLOMBANI

Zigmund Follies a été joué du 3 au 6 novembre au Théâtre Toursky, à Marseille

Faire entendre Tchekhov L

a Cerisaie donné (en français) par le collectif flamand tg STAN était marqué du sceau des premières fois : seul spectacle hors les murs de la saison pour le Jeu de Paume, il inaugurait aussi la collaboration tissée entre ce théâtre et la salle du Bois de l’Aune. Mais surtout, la troupe tg STAN faisait entendre la voix de Tchekhov, lui rendait son allant, sa vivacité, ses nuances, ses provocations, son rythme. Le public ne s’y est pas trompé, avec une salle comble jusqu’à la dernière représentation ! pas de «costumes d’époque», pas de décor vraiment fixe, tout est apporté sur scène par les comédiens, de grands panneaux, hautes portes vitrées dessinent les contours des lieux, esquissent un dedans et un dehors lors de la dernière fête, puis, révélant leur

le même acteur interprète plusieurs personnages ; intègrent l’arrivée de spectateurs retardataires, comme de véritables éléments de scénographie, ou offrent un verre à une personne du public. Déterminés par une approche impressionniste, jouant sur les détails du quotidien, les protagonistes prennent chair, gagnent en épaisseur complexe, en humanité, échappant ainsi, même si elles transparaissent aussi, à la simple satire sociale ou à la description nostalgique d’un monde passé. Une interprétation d’une rare et jubilatoire justesse !

La Cerisaie © Koen Broos

mécanisme, deviennent, encombrés de bagages hétéroclites, témoins du départ, et de la dislocation du vieux monde. Fidèle à ses principes, le collectif gomme le quatrième

M.C.

mur, ajoute à la partition ciselée de Tchekhov des remarques sur l’évolution de la pièce, «bon, c’est la fin de la première scène» ; indiquent leur prise de rôle lorsque

La Cerisaie a été donnée au Bois de l’Aune, à Aix, du 6 au 8 novembre


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Le spectacle est total D

e l’écran à la scène de jeu -juste devant, en contrebas-, et vice-versa, les yeux ajustent un va-et-vient essentiel à la compréhension totale de ce qui se déploie dans sa dimension la plus complète : on regarde un film muet, on entend le moindre des sons qui l’habille. Le Cartoun Sardines donne en spectacle le film de F. W. Murnau (1924), Le Dernier des hommes, dans une version sonore, musicale et théâtrale toute personnelle, et particulièrement jouissive ! La mise en scène intègre aussi une histoire parallèle : sur le plateau, Murnau et un journaliste (Patrick Ponce joue les deux personnages, de même qu’il réinterprète tous les rôles du film) venu couvrir le tournage, s’entretiennent notamment à propos des procédés techniques révolutionnaires pour l’époque qu’utilise le réalisateur, une caméra mobile qui permet de suivre l’évolution dramatique du récit, ou la reconstitution d’une ville en studio, entre autres prouesses. Patrick Ponce est accompagné de Stéphane Gambin, qui fait des bruitages, des voix secondaires, et de la musique, et Pierre Marcon pour l’habillage musical ininterrompu. L’histoire est celle du portier de nuit d’un grand hôtel (magistralement interprété par Emil Jannings), relégué au nettoyage des toilettes en raison de son âge, qui va un jour hériter de toute la fortune d’un riche client qui décède dans ces lieux d’aisance. Une ascension sociale fulgurante pour cet homme qui viendra désormais profiter de sa richesse en devenant client de l’hôtel… Patrick Ponce colle sa voix et ses gestes à ce personnage perdu puis vainqueur, multiplie les dialogues avec Stéphane Gambin, et tout se joue en simultané de façon étourdissante sans omettre une bonne dose d’humour au détour de certaines scènes (et notamment une fête de mariage agrémentée d’une

Le Dernier des hommes de F. W. Murnau

musique techno parfaitement intégrée !). L’éclairage sonore du Cartoun Sardines rend un hommage vibrant au muet, à qui il redonne du sens et des couleurs. Au final, voilà bien ce qu’il provoque : une envie impérieuse de redécouvrir Murnau, mais aussi de nombreux films muets que nos yeux, maintenant avertis, (re)verraient avec bonheur. Sans pouvoir toutefois se régaler de la version sonore et théâtralisée qui nous est devenue indispensable ! DOMINIQUE MARÇON

Le Dernier des hommes a été projeté et joué le 16 octobre au ciné 89 à Berre L’Étang

À venir du 8 au 16 déc Le Toursky, Marseille 0820 300 033 www.toursky.fr

Danse lumineuse L

e Pavillon Noir présentait un court florilège de chorégraphies d’Angelin Preljocaj, interprétées par le Ballet qu’il a fondé. Un focus sur les pas de deux déclinait la palette sensible et inventive du chorégraphe dans une exposition en quatre tableaux de mythes et de contes fondateurs. S’extrayant de leur gangue de matière, les Centaures retrouvent l’innocence primitive du jeu, sarclent le sol de leurs sabots, courent, s’affrontent, se cherchent, les encolures sont-elles encore humaines, les têtes encensent, nous renvoyant aux origines, loin sur le mont Pélion, où le plus jeune de ces êtres hybrides apprend d’un nouveau Chiron. Entre l’Est et sa culture ancestrale et Broadway, La Stravaganza offre en miniature le parcours du chorégraphe : le «Je me souviens» initial, avec la danse masculine de personnages en costumes, cède le pas à l’intrusion féminine, comme un écho de Cyd Charisse ; elle enseigne la grâce, invente, redessine avec une lumineuse évidence ce qui est. L’Orient dans sa splendeur rêvée, nimbée d’ocre et d’or reprend une

tableaux en clair-obscur, évoque le désir de l’enfant, du corps, dans une genèse qui est aussi celle de l’art, d’une autre perception de soi, par l’entremise de l’archange qui bouscule les conventions, apporte un souffle qui révèle Marie à ellemême. L’humour est présent aussi, apportant une distanciation nécessaire. Angelin Preljocaj est ici un sculpteur de lumière. MARYVONNE COLOMBANI

La Stravaganza © JC Carbonne

dimension onirique et érotique, les corps rêvent Les Nuits, dans la magie fantasmée des récits d’une Shéhérazade, la grammaire classique ici s’emporte dans les volutes du songe. L’Annonciation enfin, jalonnée de

Spectacle donné les 12 et 13 novembre au Pavillon Noir, Aix-en-Provence



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Rossini au top S

emiramide est un opéra fleuve de Rossini d’une longueur peu commune (4h) pour l’époque (1823). C’est un aboutissement de l’opéra seria, repris régulièrement sur les scènes mondiales, tant l’exercice du bel canto, virtuose, y est un modèle du genre. Lorsque le plateau est à la hauteur de l’ouvrage, les artistes récoltent des vivats à la fin des airs de bravoure qui jalonnent l’opus. Le livret est abracadabrant, tiré de Métastase sur un sujet antique. Un jeune homme amoureux d’une jeune fille (qu’il ignore être sa sœur) est sommé par la reine Semiramide (qu’il ignore être sa mère) de l’épouser… et de venger la mort de son père en exécutant la susdite reine qui l’a assassiné. Bref si vous ne suivez pas, rassurez-vous : l’action se déroule si lentement qu’on a le temps de saisir les nœuds de l’intrigue… même si, dans la version de concert présentée à l’Opéra de Marseille, la jeune mezzo Varduhi Abrahamyan joue en robe le rôle du jeune homme amoureux, et que la basse Patrick Bolleire interprète deux personnages, dont le rôle du spectre du père. Car la distribution marseillaise était magnifique ! Les airs virtuoses s’enchaînaient, les voix tricotaient, du grave à l’aigu, des vocalises pyrotechniques en ribambelles, les timbres étaient d’airain, le souffle impressionnant, les top-notes superbes… Jessica Pratt fut une reine de grande classe, tragédienne, perverse à souhait, au soprano rayonnant. La beauté du mezzo de Varduhi Abrahamyan est incontestable, pleine, large, alerte... Mirco Palazzi, dans le

© Christian Dresse

rôle du félon Assur est une basse puissante et agile, et si le ténor David Alegret possède un timbre plus resserré, haut placé, c’est pour mieux lancer ses contre-ut en rafales dans une moisson de vocalises ! Le ténor Samy Camps et la soprano Jennifer Michel complètent un plateau remarquable, emmené par Giuliano Carelli dans son jardin italien, moulant son geste dans le souffle des chanteurs, tout en entraînant, au moindre mouvement de bras, le valeureux

Orchestre planté sur le plateau et le Chœur, puissant et omniprésent, commentant l’action à l’envi. JACQUES FRESCHEL

Semiramide a été donné du 18 au 27 octobre à l’Opéra de Marseille

Kreasi di Massilia D

u 4 au 6 novembre, la Cité de la Musique de Marseille proposait de partir à la découverte d’un instrument fascinant, assez peu connu des occidentaux : le gamelan. Cet ensemble de percussions (gongs, claviers métalliques, tambours...), originaire d’Indonésie, est ancré dans la culture locale, son environnement naturel, ses dimensions sociale, sacrée... Instrument collectif, il produit, dans sa pratique traditionnelle, une musique transmise par tradition orale, ordonnée, cyclique, complexe, envoûtante... Le 5 novembre, le Gamelan Bintang Tiga (24 percussionnistes dirigés par Gaston Sylvestre) jouait sur le gamelan Gong Kebyar de Bali et proposait un programme original d’œuvres d’aujourd’hui (dont deux «créations mondiales»). Bhur Gong de Philippe Boivin est l’opus qui s’inscrivait sans doute le plus dans l’esthétique traditionnelle. Toutefois,

habilement le matériau coutumier du gamelan. Avec Cymbalum Mundi, enfin, Henry Fourès donnait à entendre l’instrument dans un dispositif chambriste. En sextuor, les musiciens ont énoncé un vocabulaire s’inscrivant dans le geste répétitif des percussions balinaises, tout en explorant de nouveaux territoires harmoniques (superpositions, bloc verticaux…). On a apprécié le magnifique travail réalisé, spécialement pour ce concert, par des musiciens en grande majorité amateurs. Chapeau ! Eryck Abecassis, Henry Fouriès et Philippe Boivin © BriJPh Seguin

dans la résonance modale des claviers, s’est immiscée une polyphonie troublante, parfois dissonante, serpentant de voix en voix, de Kaoli Isshiki à Claire Gouton (solistes de l’ensemble Musicatreize)... Eryck Abecassis affichait quant à

lui une œuvre mixte, alliant un instrumentarium «électro» (le compositeur à la console) au gong traditionnel. Son espèce de «concerto» intitulé Spin, généra de beaux instants, effets de souffles, passages étales, accords suspendus... détournant

J.F.

Le concert Kreasi di Massilia a été donné le 5 novembre dans le cadre du Festival du Gamelan à la Cité de la Musique de Marseille


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Fraîchement fiesta L’affiche de la 24e édition de la Fiesta des Suds invitait à s’enlacer. La température aussi. D’où sans doute une légère baisse dans la fréquentation du Dock avec 32 000 spectateurs, mais toujours autant d’engouement populaire Les Amazones © Agnès Mellon

D

epuis que la Fiesta est sortie en version poche, pas question d’en sauter une page. Même si, sur le papier comme sur le thermomètre, on est un peu refroidis. Pourquoi diable Simone essaie tant de ressembler à Catherine ? Porter les patronymes Chichin et Ringer n’est-il déjà pas assez difficile à faire oublier pour que leurs héritiers, sous le nom de scène Minuit, croient utile d’en ajouter une couche. Mêmes intonations vocales chez la fille, même élégante impassibilité du jeu chez le fils. De la pop, du rock, un peu de funk, la recette fonctionne, surtout la nostalgie. Mais la promesse des Amazones d’Afrique, et le souvenir du précédent événement consacré au continent noir dans ces mêmes lieux -Africa Express en 2013, sous la baguette de Damon Albarn- nous tient en haleine. Oumou Sangaré, Mamani Keïta et Mariam Doumbia n’auront pas déçu, offrant, près de deux heures et demie durant, un concert-manifeste sur l’émancipation de la femme, la dignité de l’Afrique et la solidarité entre les peuples. Des sujets qui collent particulièrement bien aux

thématiques de leurs principaux invités, Mouss et Hakim de Zebda, toujours friands de nouvelles collaborations. Entourées de musiciennes exclusivement, les trois amazones citoyennes du monde ont créé une ambiance de communion rebelle et effrontée. Des instruments traditionnels et des voix libres pour un message assurément d’avenir. La même générosité, la spiritualité en plus, se dégage de Cheikh Lo. L’ancien protégé de Youssou N’Dour décloisonne les styles au service d’une musique métissée qui fait se rencontrer M’Balax et rythmes afro-latins qu’ils viennent de Cuba ou du Brésil, son terrain de jeu n’est pas vraiment celui des musiques du monde, encore que, l’ovni Kadebostany s’illustre aussi par le mélange des genres. Des cuivres pour relever l’électro et du flow pour secouer la pop. Le tout dans une scénographie jouant sur les stéréotypes des régimes militaires. Dans le derby reggae de la soirée d’ouverture, c’est incontestablement la Jamaïque qui a remporté le match face à la Côte-d’Ivoire. Par l’authenticité d’un son roots et la chaleur de la voix du chanteur Droop Lion, la nouvelle génération des mythiques Gladiators a mis KO une autre légende, Alpha Blondy dont l’œcuménisme et l’aseptisation ont fini par lasser. L’afro-jazz-rock de C Mon Tigre s’avère être une très bonne surprise, et surtout un mélange étonnant. Aux passages expérimentaux où guitare et batterie se jaugent viennent se greffer des mélopées lancinantes de saxo et une voix pleine d’effets qui donnent un côté sombre à ce rock progressif jazz tourné vers l’Afrique. Le dernier soir, notre festival d’automne prend un tournant résolument pop-rock à l’accent électro. Un

contraste saisissant palpable jusque dans la typologie du public. Puis, Aaron installe sa pop lounge dans son (nouvel) univers un brin sombre, hésitant entre un revival eigthies et un virage électro, c’est à Aufgang que revient la palme de l’électrochoc de la soirée. Un live détonnant et explosif, où Aymeric Westrich à la batterie et au piano Rami Khalifé (le fils du grand Marcel du même nom) ont déchaîné une foule bondissante. Dans la salle des sucres, le «classique» se marie fort judicieusement aux beats d’une électro chauffée à blanc par notre pianiste multifonctions, lâchant un instant les mains d’un clavier devenu incandescent sous son jeu tantôt minimaliste par ses mélodies répétitives, tantôt orientalisant, tantôt impétueux et débridé. Juste après retour sur la grande scène extérieure où le groupe franco-finlandais The Do était fort attendu. Fort cette année d’une victoire de la musique pour son album électro-rock Shake Shook Shaken, et avant d’électriser un parterre bien garni, l’ambiance était plus indie pop lors des premiers titres de leur set, ce qui a mis un peu de temps à chauffer la foule encore sonnée par le déluge Aufgang, mais qui a eu le mérite d’installer un cadre enchanteur, aidé par le décor fantasmagorique qu’un Tim Burton n’aurait pas renié… THOMAS DALICANTE et FRÉDÉRIC ISOLETTA

La 24e édition de la Fiesta des Suds s’est déroulée du 15 au 17 octobre, au Dock des Suds, à Marseille


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Chants de Noël Noël Soul © Serge Ben-Lisa

Bientôt décembre, on renoue avec le rite gourmand du calendrier de l’Avent, et en guise de friandise avec celui des Chants de Noël, offerts depuis vingt ans par le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône. 58 concerts sont ainsi donnés à Marseille du 1er au 23 décembre et dans tout le département. Les six spectacles concoctés pour l’occasion vous feront voyager de par le monde, depuis la Provence aux lointaines contrées d’Orient, au soleil de Cuba, aux frimas slaves… On entendra ainsi Shining Souls, neuf superbes voix issues de la chorale Lwanga de Marseille, dans leur réinterprétation de chants sacrés et profanes inspirés des grands airs du gospel et des traditionnels africains. Autre tradition populaire, celle de «la» Noël, comme un paradis retrouvé où les animaux jouent un rôle bien particulier, et dont les histoires sont évoquées dans les Noëls de Provence et des Pays d’Oc, par l’entremise inventive et déjantée de Lo Cor de la Plana, avec les polyphonies de Aimé

Brees et Henri Marquet sous la direction de Manu Théron. Sous la houlette de Samuel Coquard, le Chœur de la Maîtrise des Bouches du Rhône s’attache aux œuvres du poète avignonnais Nicolas Saboly que tambourin et galoubet accompagnent. Les musiciens cubains (et marseillais d’adoption) Ruben Paz et Quirino Guevara déclinent les chants de la Noche Navidad, et mêlent dans leur concert, aux côtés de leurs musiciens, les chants traditionnels et les chants liturgiques des Villancicos. On s’évade

Cité de la Musique

dans les terres de l’Est avec les noëls, russe, ukrainien et cosaque, grâce à l’ensemble vocal et instrumental Kouban. Le paganisme et le religieux ici se conjuguent. Enfin, les voix de Françoise Atlan et Lucile Pessey donneront vie à une création d’Alexandros Markeas et reprendront de grandes œuvres du répertoire oriental et méditerranéen. Mandolines, kanoun et percussions orientales inviteront au partage musical. Valeurs de paix et de fraternité que porte l’esprit de Noël et que le monde ne devrait pas oublier... Attention ! Les concerts sont tous gratuits et il n’est pas possible de réserver, si bien que les salles combles se voient souvent obligées de refuser du monde… MARYVONNE COLOMBANI

du 1er au 23 décembre Département des Bouches-du-Rhône Entrée libre, sans réservation www.culture-13.fr

Concerts Brunch © x-D.R.

La programmation de la Cité de la Musique, malgré les travaux qui font le siège des lieux, reste d’une incomparable richesse. Sans exhaustivité, on pourra y découvrir avec Tambor y canto (26, 27, 28 nov) proposé par l’Assos’Picante les musiques traditionnelles de l’Uruguay, comme le genre musical du candombe, mais aussi la murga, ou la milonga. C’est à la Magalone que le Quintette à vent de Marseille fêtera l’anniversaire des 20 ans de la Biennale Internationale de Quintette à vent, et ce aux côtés de la formation québécoise l’Ensemble Pentaèdre (27 nov). N’oubliant pas sa facette pédagogique, le lieu offre sa scène aux élèves du département Jazz pour deux soirées Jazz’n Cité, les 7 et 14 déc. Le tour du monde se poursuit avec l’Immobile Voyage Trio qui nous emportera de l’Europe Orientale à l’Asie Centrale (4 déc), tandis que le groupe de Françoise Atlan, Entre la Rose et le Jasmin, décline la poésie des chants arabo-andalous… (11 déc).

La Digitale

Vénéneuse création que celle commandée par l’Opéra de Marseille à l’ensemble Musicatreize et le compositeur Juan Pablo Carreño. La Digitale, création 2015 sur un livret de Sylvain Coher, constitue le premier volet d’un cycle de trois opéras de chambre qui évoque trois femmes d’une même famille qui sont condamnées à la folie et à la mort. La première cantate évoque la ténébreuse Flore Withering. Poussée par le médiocre et jaloux Martin, véritable Iago, elle a empoisonné avec une infusion de digitale le brillant acteur Karl pour venger sa mère, internée autrefois par le père de ce dernier. Juan Pablo Carreño décrit son opéra lui-même comme «une œuvre toxique» par ses arrangements musicaux… Le tout sous la houlette bienveillante de Roland Hayrabedian. Les 11, 12, 13 déc La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Cité de la Musique, Marseille 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com Trio Immobile voyage © M. Despiau

L’Ensemble Pythéas, en résidence au PIC, propose une innovation conviviale : les Concerts Brunch. Ils ont lieu le dimanche à 11h, et sont suivis d’une collation au cours de laquelle public et artistes -Nicolas Mazmanian (piano), Yann Le Roux (violon), Guillaume Rabier (violoncelle) et le ténor Laurent Blanchard)- se retrouvent en toute convivialité. Trois dates sont à retenir : le 29 nov avec deux œuvres pour de Mendelssohn, le Trio n°1 opus 49 et le Trio n°2 opus 66 ; puis les années 30 d’un Paris bohème (13 déc) donneront à écouter des partitions de Milhaud, Debussy, Satie, Gershwin, Trénet, Weil, Kosma et Louguy ; enfin, un programme Schubert, Schumann, Franck, Bloch posera la malicieuse question «Vous avez dit romantique ?» (10 janv). Le PIC, Marseille 04 91 39 29 13 www.ensemble-telemaque.com


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Musiques interdites

Opéra de Marseille

Un de la Canebière Nemanja Radulovic © Bayram Tarakci

Dans le cadre du Festival Musiques interdites, le théâtre de la Criée accueille en re-création, un opéra monodrame de Grigori Frid, composé à partir de vingt extraits du Journal d’Anne Frank, et créé en version russe à Moscou en 1972. Les confidences de la jeune Anne Frank participent à la fois de l’intime et de l’universel face à la barbarie. L’ensemble instrumental de l’Orchestre Philharmonique de Marseille aux côtés d’Émilie Pictet, soprano, et de Macha Makeïeff, récitante, servira cette œuvre intemporelle sous la direction musicale de Marc Albrecht.

Le temple de l’opérette joue la plus connue sans doute des opérettes marseillaise, Un de la Canebière, d’après un livret d’Alibert, René Sarvil et Raymond Vincy, sur la musique de Vincent Scotto. Même si on n’a pas retenu l’intrigue, histoire des peines de cœur de Toinet, Girelle et Pénible doublée d’une usine de sardines, on connaît tous les airs incontournables que sont J’aime la mer comme une femme, Les Pescadous... ouh ! ouh !, Cane... Cane... Canebière, Le Plus Beau Tango du monde, Vous avez l’éclat de la rose et Un petit cabanon… les 21 et 22 nov Théâtre de l’Odéon, Marseille 04 96 12 52 70 http://culture.marseille.fr

les 7 et 8 déc La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

La programmation de l’Opéra de Marseille essaime sur plusieurs salles, du Foyer Ernest Reyer pour la musique de chambre (le 5 déc) avec un Voyage au cœur de la Musique de film, ou dans grande salle de l’Opéra où la danse trouve sa place, avec le Phaëton de et par la Cie Karine Saporta (le 26 nov). On s’évade au Silo (le 28 nov) pour la star actuelle du violon, Nemanja Radulovic et ses Trilles du diable, accompagné par l’Orchestre Philharmonique de Marseille, sous la direction Adrian Prabava (il sera aussi aux Salins, à Martigues, le 5 déc) ; puis à l’auditorium du Pharo avec au piano Elena Bashkirova et Jean-Claude Casadesus à la direction musicale (le 4 déc).

Quintette à vent

Flûte, hautbois, clarinette, cor, basson, et voilà un quintette à vent. Prestigieux, inventifs, surprenants, une dizaine de Quintettes à vent, venus de la région et du monde entier participent en ProvenceAlpes Côte d’Azur jusqu’au 12 janv à un évènement unique au monde, la Biennale Internationale de Quintette à Vent qu’organise l’Institut Français des Instruments à Vent. Avec, entre autres, le Quintette Aquilon, le Quintette à vent de Marseille, le Quintette à Vent de la Philharmonie de Berlin ou encore le Quintette à vent de l’Ensemble Musica Nigella qui jouera avec l’Orchestre Cappriccio de Port-de-Bouc et l’Orchestre d’Harmonie de La Ciotat (le 8 nov à Port-de-Bouc et le 9 à Istres).

Opéra, Silo, Pharo, Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.les-salins.net

11e Biennale de Quintette à vent jusqu’au 12 janv Aix, Carry, Istres, La Ciotat, Marseille, Perpignan, Port-de-Bouc 04 91 39 29 02 www.ifiv-marseille.com

Opéra d’Avignon

Riche programmation à l’Opéra du Grand Avignon : L’Homme de la Mancha, comédie musicale américaine inspirée de l’œuvre de Cervantès, et adaptée par Dale Wasserman, pétille avec la musique de Mitch Leigh dirigée par Didier Benetti dans une mise en scène de Jean-Louis Grinda (le 29 nov et le 1er déc). L’Orchestre Régional Avignon-Provence aiguisera ses cordes pour un concert symphonique aux côtés de la violoniste Fanny Clamagirand (le 4 déc), avant de céder la place au piano remarqué de Romain Descharmes (le 8 déc). Opéra du Grand Avignon 04 90 14 26 00 www.operagrandavignon.fr

Quintette Aquilon © Francois Sechet


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La folle Criée russe

Opéra de Toulon Cosi fan Tutte © F. Berthon

Jeu de Paume

Le vaudeville de Feydeau, Les Fiancés de Loche, met en scène trois provinciaux qui, montés à Paris, confondent agence matrimoniale et agence de placement pour des domestiques… La fantaisie caustique est au rendez-vous. Mais l’originalité de l’œuvre est son traitement musical. La pièce est transformée en comédie musicale, avec l’écriture d’un vrai livret (Jacques Mougenot) et une musique signée Hervé Devolver qui met en scène ce petit bijou réglé au millimètre pour neuf comédiens et trois musiciens (du 16 au 19 déc). Auparavant (le 10 déc), le Quatuor Ludwig, atypique et talentueux, aura offert des œuvres de Haydn, Beethoven et Dvorak. Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 www.lestheatres.net

Opéra de Toulon 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr

Grand Théâtre

Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence 08 2013 2013 www.lestheatres.net

Omar Sosa

Globe-trotteur infatigable, Omar Sosa ou plutôt le Quarteto AfroCubano, s’arrête le temps d’une soirée au Théâtre du Gymnase. Le piano envoûtant (avez-vous jamais vu un musicien bénir son instrument et installer un rituel pour chasser les mauvais esprits ?), au jeu aérien qui peut rappeler celui de Keith Jarret, se fond avec les saxophones et flûtes de Leandro Saint-Hill, la batterie d’Ernesto Simpson, la basse et le chant de Childo Tomas. Mêlant jazz, musiques urbaine, rythmes afro-caribéens, c’est une même âme qui parle, audacieuse, multiple, magique, incontournable. le 8 déc Le Gymnase, Aix-en-Provence 08 2013 2013 www.lestheatres.net

Méjan

Un concert-lecture d’une poignante intensité au Méjan porté par le violoncelle de Sonia Wieder-Atherton et la lecture (et traduction) d’André Markowicz, permettra d’entendre le bouleversant Requiem de la grande poétesse russe Anna Akhmatova, sur la Troisième suite pour violoncelle seul opus 87 de Benjamin Britten (le 24 nov). Le 6 déc, lors des Matinées musicales d’Arles, ce sont des Lieder à deux voix et piano de Brahms, Mendelssohn, Schumann qui enchanteront la chapelle du Méjan interprétés par Nora Gubisch, mezzo, Chantal Perraud, soprano, Alain Altinoglu, piano. Le Méjan, Arles 04 90 49 56 78 www.lemejan.com Sonia Wieder-Atherton © Marthes Lemelle

La Chambre Philharmonique, en résidence au Grand Théâtre de Provence, offre une soirée Brahms, sous la houlette d’Emmanuel Krivine. Au programme, la célébrissime Symphonie n° 3 (Ah ! le 3e mouvement ! un condensé du romantisme !) et le Concerto pour violon en ré majeur avec la violoniste virtuose, mais pas que, Patricia Kopatchinskaja (le 8 déc). Puis encore Brahms et un autre jeune prodige, le pianiste Jean-Frédéric Neuburger, sur le Concerto pour piano et orchestre n°2, aux côtés de l’Orchestre Français des Jeunes qui interprètera aussi des œuvres de Berlioz et de Rachmaninov (le 17 déc).

les 27 et 28 nov (et surprise le 29 nov) La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Les Fiancés de Loche © Emilie Brouchon

Marivaudages, dupes et dupés, travestissements, légèreté et fragilité nourrissent Cosi fan tutte, ossia La scuola degli amanti, si l’on reprend le titre complet, qui suit les Noces de Figaro, sur un livret de Lorenzo da Ponte. L’orchestre et les chœurs de l’Opéra de Toulon sous la direction musicale de Darrell Ang servent avec allant ce joyeux opéra buffa de Mozart (les 22, 24, 27 nov). Le violon d’Alina Ibragimova et la soprano Micaela Haslam seront aux côtés de l’Orchestre Symphonique de l’Opéra de Toulon pour un programme Beethoven, Torke, Prokofiev, dirigé par Jurjen Hempel (le 4 déc).

L’infatigable fondateur de festivals de musique, René Martin, transpose et adapte au théâtre de la Criée le modèle de la Folle Journée de Nantes, avec deux journées consacrées à la musique russe. Une belle occasion de se plonger dans les trésors de la musique russe, de Borodine, Chostakovitch, Rachmaninov, Tchaïkovski, Prokofiev, Moussorgski, Scriabine, Glazounov ou Balakirev. Les concerts de 45 minutes essaiment dans tous les lieux du théâtre, portés par des interprètes inspirés, le Quatuor Danel, Dmitri Makhtin, Alexander Kniazev, Plamena Mangova, Yury Favorin, Philippe Giusiano… N’oubliez pas la surprise du 3e jour !


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Teresa, poésie flamenca GMEM

le 19 nov Cité de la Musique, Marseille 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com le 21 nov Bourse du Travail, Arles www.guylaine-renaud.eu

GMEM, Marseille 04 96 20 60 10 www.gmem.org

Gai Offenbach

Du dessin aux notes L'homme qui déclarait son amour au vent © Pascal Colrat

La Galerie La Grange à Gap accueille Six mois de rêveries et de dessins, 100 œuvres sur papier de Pascal Colrat, exposition programmée conjointement par l’Espace Culture de Chaillol et la ville de Gap. Univers délicat où tout prend sens dans un graphisme sobre et inventif ; poésie subtile de l’homme qui «déclarait son amour au vent»… Est-ce en regard de cet homme dont le cœur est habité de notes de musique, que l’exposition accueille en concert le saxophoniste Joël Versavaud (le 12 déc à 17h), avec un programme Bach, Georges Bœuf, Frédéric Pattar ? Fusion accomplie en fin de spectacle scellée par une rencontre avec Pascal Colrat. Exposition du 12 au 31 déc Vernissage le 12 déc Galerie La Grange, Gap www.festivaldechaillol.com

En préparation des représentations du 29 déc au 7 janv de La vie Parisienne d’Offenbach, une conférence sera donnée à la BMVR l’Alcazar, en collaboration avec l’Opéra de Marseille, le 19 déc à 17h. Jacques Offenbach, roi du second Empire, permettra d’évoquer l’influence du Petit Mozart des Champs des Élysées, initiateur en France de l’opéra-bouffe, par sa lecture de la société de son temps. Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr

Musiques à Briançon

Deux concerts en décembre au théâtre du Briançonnais : l’un nous renvoie au XIXe siècle, conjuguant la musique et la peinture en une même vibration grâce à l’interprétation, entre autres, par trois virtuoses, Alain Daboncourt flûte traversière, Federica Mancini harpe, Maurizio Redegoso Kharitian alto, de la Sonate pour flûte, harpe et alto de Debussy… le 4 déc. Puis, le 15 déc, l’enivrant Birds Requiem tisse entre jazz, tradition soufie, lyrisme arabe, une musique incantatoire et généreuse, soutenue par le oud et le chant de Dhafer Youssef, le piano de Kristjan Randalu, la contrebasse de Phil Donkin et la batterie de Ferenc Nemeth. Un apprentissage de la liberté. Théâtre du Briançonnais 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu

À écouter au Thor © Stephan Caso

Renouant avec le cabinet de curiosités, le GMEM propose, au sein de l’auditorium des ABD Gaston-Deferre, un spectacle destiné à tous les publics à partir de 6 ans, Mostrarium, imaginé par Loïse Bulot, plasticienne et dessinatrice en direct, et Nicolo Terrasi, compositeur et musicien en direct. 4 tableaux visuels et sonores jouent d’un univers onirique peuplé d’espèces étranges et mouvantes dans une scénographie d’images et de sons manipulés et projetés (le 4 déc). Moins interactif, au Foyer de l’Opéra de Marseille, un premier concert de la série Early songs, dans le cadre des Matins sonnants, qui s’attachent à la création et au répertoire lyrique. La mezzosoprano Isabel Soccoja et le pianiste Ludovic Frochot présenteront des œuvres de Messiaen, Crumb, Feldman, Levinas, Giner, Dusapin, Gaussin, Berio et Strasnoy (le 13 déc)…

Teresa est un spectacle musical où chant, musique et corps en mouvement entrent en résonance. Une rencontre entre de la poésie de Thérèse d’Avilá et le flamenco. Mais aussi celle entre Guylaine Renaud (Arles), Beñat Achiary (Bayonne), artistes des répertoires populaires d’Occitanie et du Pays basque, Niño de Elche et Raúl Cantizano, expérimentateurs de la scène sévillane actuelle. À l’image de la sainte espagnole, il y sera question d’un flamenco rebelle et inventif qui s’aventure hors des codes.

L’Ensemble de cordes de l’Orchestre Régional Avignon-Provence, son premier violon, Julien Chauvin, en tête, propose au rythme de ses archets baroques un répertoire Grand siècle, dans lequel Vivaldi côtoie quatre représentants de la famille Bach, Jean-Marie Leclair, Antoine Dauvergne… (le 24 nov à 14h30). Le Kami Quintet «Extension» offre un autre univers, tout aussi virtuose, au carrefour de la nouvelle scène jazz moderne et du rock progressif, le 29 nov. Enfin, éprises de poésie, les deux chanteuses et auteurs Clarika et Daphné présentent un choix de textes et de poèmes déclinant les Ivresses… de quoi vous faire tourner la tête ! (le 11déc) Auditorium Jean Moulin, Le Thor 04 90 33 96 80 www.artsvivants84.fr


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Autour de Lucie

Silk and Salt Quartet

le 27 nov Espace Julien, Marseille 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com

Temenik Electric

Husbands © Cauboyz.

Autour de Lucie © Edouard Plongeon

Entre «classicisme pop et expérimentation sonore», le groupe à géométrie variable emblématique de la pop française des années 90, après une mise en veille de près d’une décennie, sera sur la scène de l’Espace Julien pour défendre son 5e album Ta lumière particulière. Emmené aujourd’hui par Valérie Leulliot (membre originel du groupe) et le multi-instrumentiste Sébastien Lafargue, le collectif musical fera briller ses nouvelles chansons, fidèles à sa ligne pop rock et nourries d’influences électro.

Husbands

Accueillis en partenariat avec l’association Charlie Free, le musicien jazz improvisateur Louis Sclavis et les membres de l’Atlas Trio (Gilles Coronado à la guitare et Benjamin Moussay aux claviers) invitent le percussionniste classique iranien Keyvan Chemirani. Un quatuor réuni pour apporter une dimension supplémentaire au désir du clarinettiste «d’emprunter une route renvoyant à tout un imaginaire nomade propre à l’Asie centrale».

Un trio né à Marseille, composé par trois artistes qui explorent avec brio un nouveau terrain de jeu musical, loin de leurs projets respectifs : Mathieu Hocine (Kid Francescoli), Mathieu Poulain (Oh ! Tiger Mountain) et Simon Henner (Nasser). Un résultat euphorisant et prometteur, qui tend à l’électro pop avec une pointe de psychédélique, et rend par la même occasion un hommage au chefd’œuvre de Cassavetes : Husbands.

le 21 nov Théâtre Fontblanche, Vitrolles 04 42 02 46 50 www.vitrolles13.fr

Gabby Young

Avec ses other animals, la chanteuse-auteurecompositeure anglaise Gabby Young, icône et chef de file du «Circus swing», savant croisement entre cabaret et musical hall, livre ses chansons comme un hymne à la vie. Un univers flamboyant et joyeux, où se mêle à la folk et au swing, la musique balkanique, le big band jazz et la pop anglaise. Le Forum accueillera quelques jours plus tard le jazz ethnique du Michelangelo 4tet (le 11 déc), également programmé au Rocher de La Garde (le 10 déc).

le 20 nov Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

Birds on wire

Un concert doux, baroque et fantasque, d’une irrésistible légèreté, composé par la chanteuse de Moriarty, Rosemary Standley, et la violoncelliste-chanteuse brésilienne Dom La Nena. Un délicat duo qui offre un étonnant voyage dans un répertoire allant de Monteverdi à Leonard Cohen, de Purcell à Tom Waits, où les voix croisent l’arabe et l’espagnol, le créole et l’italien, dans un raffinement total.

le 21 nov Forum des Jeunes, Berre-l’Étang 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com le 20 nov Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 www.ville-lagarde.fr

le 20 nov Dock des Suds, Marseille www.temenikelectric.com

Gabby Younk (c) Gem Hall

Deux ans après leur premier album Ouesh Dada ?, le groupe marseillais Temenik Electric revient avec un nouvel opus de dix titres -toujours placé sous les auspices du Nomad CaféInch’allah Baby, qui «sonne comme une évidence» tant il est le «croisement naturel entre deux cultures, deux mondes, deux influences», «entre le fatalisme mystique des peuples du Maghreb et l’hédonisme classieux et arrogant du rock anglosaxon». Le lancement se fêtera au Dock des Suds le 20 novembre dès 20h, avec quelques surprises à découvrir sur place !

le 24 nov Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu le 25 nov Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com le 27 nov Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr le 28 nov CNCDC Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com


Jardin de amores © maxminniti

Place à l’improvisation

L’improvisation est au cœur du festival Les Inovendables, organisé par Léda Atomica Musique (LAM) depuis sa première édition en 2009. Cette année encore, l’équipe de Phil Spectrum programme une série d’artistes épris de liberté, et le signifie de belle manière par un hommage à Nina Simone en avant-première de la manifestation, les 28 et 29 novembre. Écrite et interprétée par Emma Battesti, La nuit où Nina a chanté est une pièce centrée sur les combats de femme noire de l’artiste dans un monde régi par les hommes blancs. L’ouverture des Inovendables se fera les 1er et 3 décembre, en hors-les-murs : deux journées destinées au public des quartiers nord de Marseille, en collaboration avec l’Espace Busserine. Jeunes et moins jeunes pourront découvrir un ciné-concert de Léda Atomica et Sauvages Organismes Sonores, portant sur Les pionniers français du cinéma de 1896 à 1918. Rebelote le 4, dans les locaux de LAM cette fois, lors d’une soirée qui verra également Alex Grillo livrer une performance de «poésie instrumentale et vocale», Le balafon du blanc. Le 5, Je vous présente ma flamme, solo de la chanteuse et compositrice Marianne Suner, et le lendemain la traditionnelle session d’improvisation avec la Ligue des Improsteurs. Reprise, le 11 décembre, sur une rencontre entre Nadine Esteve à l’alto et Magali Rubio à la clarinette basse, suivie du Jardin de amores de Nicolas Mazmanian et Alain Aubin, hommage au compositeur argentin Carlos Guastavino. Les 12 et 18 décembre, on entendra deux formations aux antipodes l’une de l’autre : le trio post-rock Hoax Hoax, puis Nino Rota en chansons, récital d’Anne Derivière-Gastine au piano, accompagnée de la mezzo-soprano Murielle Tomao. Pour finir, le Trio Open Bach, considérant l’œuvre du compositeur sous son angle innovant. Magali Rubio, Ludovic Selmi et Pascal Delvallée s’ouvrent au jazz et aux musiques actuelles pour titiller le maître avec humour (le 19 décembre). GAËLLE CLOAREC

Les Inovendables du 1er déc au 19 déc avant-première les 28 et 29 nov Léda Atomica Musique, Marseille 04 96 12 09 80 ledatomica.mus.free.fr


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Le Roi Lear

Event © Yi-Chun Wu

© Christophe Raynaud de Lage - Festival d'Avignon

Genet Splendid’s

En 1948, Jean Genet déchire le manuscrit de cette pièce aux accents autobiographiques sur l’univers des gangsters, à travers laquelle il renonçait à sa vie de voyou. Ce texte, exhumé en 1993, après sa disparition, est un huis clos à l’issue fatale. Arthur Nauzyciel propose une version aux éclats bruts, il fait résonner les mots de «l’irrécupérable» poète qui mettait «le vol, la trahison et l’homosexualité» au centre de son œuvre. Les héros de cette «danse de mort sensuelle» sont les gangsters fantasmés, archétypes des compagnons de prison de l’auteur, entre réel et illusion.

Event obéit aux règles forgées par le chorégraphe Merce Cunningham : utiliser des extraits de pièces, les assembler et les faire exécuter dans un ordre et une distribution aléatoires en continu. Ce ballet est composé d’extraits et d’adaptation de son œuvre : Variations V, Scramble, Changing Steps , Un Jour ou Deux, Rebus, Squaregame, Fractions, Numbers, Deli Commedia, Points in Space et Four Lifts. Le spectacle est co-accueilli avec Le Merlan.

du 3 au 5 déc La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Redondaine

Les enfants du village au bord de la rivière Vilaine causent bien du souci : ils refusent de se coucher le soir. La rivière se désespère. Par bonheur, elle a une fille, nommée Redondaine, qui a un sac dans lequel se trouve un tas de CRIC et de CRAC. Gigi Bigot vient à Marseille conter des petites histoires afin de partager la féerie nichée dans le quotidien, ainsi que la force de la parole et combler le besoin d’imaginaire indissociable de l’humain ! le 12 déc La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

le 1er déc Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 www.lestheatres.net

Christophe Alévêque © Xavier Cantat

du 19 au 21 nov La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

© Frédéric Nauczyciel

Créé à la Cour d’Honneur du Festival d’Avignon en juillet 2015 par Olivier Py, Le Roi Lear est un projet ambitieux. Le vieux Roi, ses filles, son fou et tout l’équipage renaissent pour faire entendre cette tragédie, éternellement moderne, mettant en scène la fin du monde. Olivier Py mêle sa langue à celle du poète anglais pour montrer la fin d’un XXe siècle cruel et meurtrier, mais aussi pour trouver «les pierres de touche de la reconstruction», un mystère auquel nous sommes tous conviés.

Bigre

«Un pour tous, tous pour un, mais chacun chez soi. On bricole, on chante, on danse, et quand on est dans la merde... on se démerde comme on peut.» Bigre raconte la solitude des grandes villes et montre l’humanité de toute vie en mettant en scène trois personnages dans leur minuscule chambre qui ne disent pas un mot mais s’exclament, crient, soupirent et chantent leur quotidien. La mécanique comique du spectacle de Pierre Guillois, Agathe L’Huillier et Olivier Martin-Salvan est implacable, du grand burlesque ! du 24 au 28 nov Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 www.lestheatres.net

«Je n’aurais jamais imaginé que ce métier puisse être dangereux au point de mourir de rire.» Christophe Alévêque, provocateur caustique, dissèque le monde tel qu’il ne va pas. Après s’être attaqué à la bêtise des hommes, il nous confronte à leur folie. Avec un piano, et son talent, il va se servir de son arme préférée : l’humour. Dans une époque en crise où l’avenir est devenu un concept, il parle de rêve, sans évacuer les cauchemars, de violence et d’absurdité. Et comme l’humour c’est la liberté, alors… debout ! les 11 et 12 déc Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 www.lestheatres.net





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Tutu

Karl Marx, le retour © Christiane Robin

© Michel Cavalca

Tendre et cruel

Chaque année les élèves comédiens de l’ERAC réalisent un projet personnel. En 2015 ils ont choisi de travailler une adaptation de Sophocle, par le dramaturge britannique Martin Crimp. «Huis clos dans lequel des personnages extrêmes et déterminés, à l’image des demi-dieux, sont reclus», écho contemporain de la tragédie Les Trachiniennes consacrée à la mort d’Héraclès, la pièce creuse l’impuissance humaine face à la guerre.

On l’avait vu et apprécié en 2013 sur la scène du théâtre de Lenche (lire sur www. journalzibeline.fr), et une fois encore, Karl Marx est de retour ! Sous les traits d’un Ivan Romeuf inspiré comme jamais par son illustre personnage, il revient sur terre pour défendre ses idées, loin d’être désuètes... Précisons que ce one man show bénéficie de l’humour et des profondeurs de vue de l’historien américain Howard Zinn, auteur du texte.

du 10 au 12 déc La Friche, Marseille 04 95 04 95 95 www.lafriche.org

du 15 au 19 déc Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 www.lestheatres.net

Le prochain Made in Friche se place sous le signe de la machine, «pour les enfants, les familles, les initiés et les curieux», lors d’un week-end consacré à l’art et la culture numériques. Au fil d’un programme concocté par Zinc, avec une volonté d’appropriation sociale de la créativité numérique, on ira de performances en installations (notamment celles d’Etienne Rey, Sacha Ratcliffe, Diego Ortiz et Goh Uozumi), avant de mettre la main à la pâte dans un fablab ou un hackerspace. du 20 au 22 nov La Friche, Marseille 04 95 04 95 95 www.lafriche.org

Moi, Dian Fossey

Stéphanie Lanier incarne la primatologue américaine Dian Fossey, dans la mise en scène de Gérard Vantagiolli qui retrace sa légendaire expérience avec les gorilles du Rwanda. Devenue une référence pour les défenseurs de la cause animale, la chercheuse assassinée à coups de machette revient ici d’entre les morts pour raconter les liens tissés avec les grands primates durant plusieurs années exceptionnelles, sa lutte pour les préserver, et sa fascination pour l’Afrique.

Murmures des murs

le 20 nov Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org ©Bernard Gilhodes

Machines

du 1er au 5 déc Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org

© Richard Haughton

Danseur formé à l’Académie Solange Golovine, interprète chez Russillo, Peter Goss ou Rudolf Noureev, Philippe Lafeuille connaît la danse, ses codes, ses tics mais aussi ses errements. Ce qui sert de matière pour construire la caricature de cette comédie chorégraphique pour six danseurs-pitres, jamais irrévérencieuse, qui revisite avec humour le ballet classique, la danse contemporaine, de salon, sportive et rythmique, académique ou acrobatique.

Les murs, dit-on, ont des oreilles. Ils ont aussi un écho, et la petite fille de Charlie Chaplin, Aurélia Thierrée, tisse leurs murmures comme une matière onirique. Sans omettre leur part d’ombre -la jeune femme est une errante expulsée de chez elle-, le spectacle écrit par sa mère, Victoria ThierréeChaplin, transporte les spectateurs dans un univers d’une intense poésie, délicieusement décalé. Une spécialité familiale. du 10 au 12 déc Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org


Diptyque

© Claire-Marie Leroux

Friedrich Nietzsche était un corps en souffrance la majeure partie de sa vie, mais cela n’a pas empêché son esprit brûlant de se montrer d’une fécondité hors normes. Aurélien Kairo rend hommage au philosophe qui partait du chaos pour «enfanter une étoile dansante», dans un solo façon hip hop portant sobrement l’initiale N. La deuxième chorégraphie de ce diptyque est un trio intitulé Corpus, et elle explore les différents concepts nietzschéens, entre éternel retour et surhumanité. le 15 déc Le Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org

Ce spectacle très court est une reprise du premier projet d’un collectif italien prestigieux, mk, créé en 1999. Son chorégraphe, Michele Di Stephano, a reçu le Lion d’argent en 2014 à la Biennale de danse de Venise ; il livre avec ce duo une réflexion sur les pratiques antiques de consultation des oracles. e-ink est suivi d’une performance de Alma Söderberg, Travail : la jeune femme y découpe l’information au sens propre, avant de la reconfigurer, entre chorégraphie et langage.

© Sanne Peper

e-ink

les 20 et 21 nov Le Lenche, Marseille 05 91 91 52 22 www.theatredelenche.info

Dans le cadre des Pupitres de la Cie Didascalie & Co (textes contemporains, nombre limité de comédiens, échanges fournis avec le public...), Renaud Marie Leblanc met en espace un texte d’Alexandra Badéa. Pulvérisés décrit la pression que le monde du travail impose à travers la planète aux salariés des entreprises. Faire du chiffre au détriment de son estime personnelle, de sa santé et de sa vie de famille, tel est le credo de la mondialisation ! les 26 et 27 nov Le Lenche, Marseille 05 91 91 52 22 www.theatredelenche.info

© X-D.R

Pulvérisés


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Vuelo

Krump’n’Break Release © David Brandstaetter

© X-D.R

An old monk

Le «moine» en question était l’un des pianistes de jazz américains les plus célèbres, auteur d’innombrables standards. Thelonious Monk avait pour habitude lors de ses concerts de quitter par moments son piano pour esquisser quelques pas de danse. C’est en hommage à sa force vitale, malgré les années, que Josse De Pauw & le Kris Defoort Trio se retrouvent sur scène aujourd’hui. Un spectacle en parfait équilibre entre la musique et le théâtre.

La compagnie Piccola Veloccità poursuit son triptyque de théâtre dansé initié en 2013 avec Flûtt ! Ce second volet convoque le geste, la parole et le chant, pour entraîner les plus de 7 ans dans un «voyage initiatique au pays des émotions». Sur un texte de France Cayet, Hélène Dattler est à la scénographie ; Vittorino Russo aux percussions corporelles et Karine Bonnafous au travail vocal accompagnent la danseuse-comédienne Louisa Amouche, dans ce spectacle dont le titre signifie «envol» en espagnol...

du 26 au 28 nov Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 07 94 www.theatrejoliette.fr © Kurt Van der Elst

du 2 au 5 déc Le Lenche, Marseille 05 91 91 52 22 www.theatredelenche.info

Peau d’Âne

Le Krump, ou l’art de canaliser dans la danse toute l’agressivité accumulée dans les ghettos américains ! Ce style dérivé du hip hop, né dans les années 1990, surprend par la brusquerie de sa gestuelle, en contraste fort avec sa philosophie empreinte de non-violence. Malgven Gerbes et David Brandstätter proposent ici une chorégraphie agrémentée d’autres courants (Break, Release... et danse contact), pour quatre danseurs et une danseuse véritablement explosifs. le 15 déc Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 07 94 www.theatrejoliette.fr

Sirènes © Pierre Grosbois

Après Barbe Bleue adapté en 2010, JeanMichel Rabeux retrouve les contes de Charles Perrault. Il propose là un «spectacle pour adultes à partir de 6 ans», revisitant avec jubilation cette histoire traitant d’inceste évité de justesse, au grand bonheur de tous les protagonistes. Sans lésiner sur les paillettes, mais avec un piquant esprit rock‘n roll, relevé par l’excellent travail de Pierre-André Weitz aux décors, costumes et maquillage.

Liaisons ternaires

du 19 au 21 nov Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 07 94 www.theatrejoliette.fr © Ronan Thenadey

Geneviève Sorin et Léa Canu Ginoux s’associent dans une création jeunesse, ou plus précisément destinée au tout public à partir de 6 ans. Trois éléments constituent cette pièce musicale et dansée : Totem travaille sur un rire prolongé de manière inhabituelle, Troublée reprend à l’accordéon un air composé par Raymond Boni à la fin des années 80, tandis que Bach et aujourd’hui aussi confronte une improvisation du geste au piano classique de Valérie De Maria. du 10 au 12 déc Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 07 94 www.theatrejoliette.fr

La compagnie normande La part des anges aime à faire entendre les sirènes du passé, travaille le retour du refoulé ou les transgressions que l’on s’autorise en rêve. Pauline Bureau met en scène «quatre histoires, sur trois époques et deux continents», gorgées de non-dits prêts à déborder. Une œuvre qui questionne la transmission familiale, la tendance des êtres humains à s’approprier les fantômes d’autrui, ou au contraire leur capacité à s’en défaire, pour ne pas finir pendu aux branches d’un arbre généalogique... les 4 et 5 déc Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 www.merlan.org


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Blanche

Scarlett © Nina-Flore Hernandez

La Cie Un château en Espagne mène un travail approfondi sur le conte, sans éluder la cruauté des thèmes archaïques. Céline Schnepf, artiste associée depuis ce printemps à la démarche artistique du Merlan, propose le second volet de son «diptyque des forêts», après l’adaptation en 2012 du Petit Poucet. Elle réveille ici l’histoire de Blanche-Neige, racontée par le personnage du chasseur, interprété par Max Bouvard, seul en scène.

Mijaurées

De ce spectacle vu lors du dernier festival Minots, Marmaille & Cie (lire sur www. journalzibeline.fr), on disait grand bien. Il est vrai que cette réinterprétation du Petit Poucet par la compagnie Anima Théâtre réunit de nombreux talents : Claire Latarget à la mise en scène, Mathieu L’Haridon à la scénographie, sur les textes de sept auteurs, dont Claudine Galéa et Christian Carrignon. De quoi magnifier ce récit centré sur la femme de l’Ogre, pour changer !

les 16, 19 et 20 déc Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 www.merlan.org © Julien Schmitt

Les «Avant-Premières» concluent les résidences de chorégraphes à Klap : pour sa nouvelle création, Arthur Perole a travaillé la figure de la Muse, avec quatre danseurs (trois femmes, un homme) et un musicien (Giani Caserotto). Il s’est fait accompagner d’un plasticien, Samuel Aden, dont la recherche sur les miroirs résonne parfaitement avec la quête d’inspiration propre aux artistes.

du 3 au 5 déc Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 www.theatremassalia.com

B&B

les 1er et 2 déc Klap, Marseille 04 96 11 11 20 www.kelemenis.fr

On reconnaîtra les initiales de La Belle et la Bête, dans une libre interprétation chorégraphiée par Magali Milian et Romuald Luydlin. La Zampa adapte l’un des contes les plus fameux du patrimoine européen, recourant au chant et à une narratrice pour camper ce récit d’une rencontre improbable. Cette création 2015 est destinée aux enfants à partir de 7 ans.

Opéra noyade

les 8 et 9 déc Théâtre Massalia hors-les-murs, à Klap, Marseille 04 96 11 11 20 www.kelemenis.fr

Cockpit cuisine, ou Les voyages domestiques de Marcel Blondeau... L’époque du do it yourself, du recyclage et du bidouillage en tout genre ne peut que se réjouir d’un personnage aussi inventif. Marcel est mort, mais il a légué sa maison à Marc, lequel découvre avec stupéfaction un intérieur truffé de trouvailles techniques ébouriffantes. «Trucages anciens et moyens ultramodernes» s’allient, la magie du cinéma fait le reste : un bricolage de haut vol accompli par La Bande passante. du 22 au 23 nov Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 www.theatremassalia.com

© Sandy Korzekwa

Cockpit cuisine

Quand Balle Perdue, un jeune collectif d’artistes pluridisciplinaires s’attaque à la question des migrations, il prend la peine de prévenir : ses membres n’ont aucune solution à proposer. Dans le cadre de Sirènes et midi net, leur Opéra noyade fait appel à une chimère évoquant celles de l’Antiquité, mi-femme mi-oiseau, «qui semble vouloir calmer le monde, ou le secouer», dans une performance recourant au texte, à l’image et au son. le 2 déc Parvis de l’Opéra de Marseille 04 91 03 81 28 www.lieuxpublics.com


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Les habits neufs…

Le démon du jeu…

L’imaginaire de Yan Raballand a été saisi par ce conte d’Andersen, qui ne contient pas d’éléments surnaturels, mais dénote une ironie certaine sur le pouvoir. Un roi coquet s’y trouve berné par deux escrocs, qui lui vendent un habit tissé d’air... Seul un enfant ose exprimer tout haut son étonnement à voir le monarque évoluer nu, et c’est précisément la question du doute confronté au regard de l’autre qui a inspiré le travail du chorégraphe.

La petite fabrique… © Patrice Elegoet

Les habits neufs du roi les 15 et 16 déc Klap, Marseille 04 96 11 11 20 www.kelemenis.fr

Passione

Reprenant la Passion de Saint-Matthieu, déjà abordée dans la pièce Passione in due, Emio Greco et Pieter C. Scholten (les deux directeurs du BNM) poursuivent leur interrogation à propos de la relation entre danse et musique. Sept danseurs du Ballet National de Marseille mêlent leurs gestes, souffrance, sensualité, sacrifice, aux sonorités du piano et de l’accordéon de Franck Krawczyk qui adapte La Passion selon Saint-Matthieu de Jean-Sébastien Bach. Un travail où épure et force se conjuguent en extase visionnaire. Le spectacle est créé à l’opéra de Marseille.

Le démon du jeu/ Mon grand appartement le 2 déc Théâtre Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr

Les Misérables © Philippe Hanula

Le Festival Travelling propose une création de ciné-concert Toy music de l’artiste pluriel Chapi Chapo. Guitare, piano, xylophone, mélodica, mais aussi tableau d’éveil, petit taxi parlant, boîte à musique, permettent la composition d’un univers sonore qui apporte un relief supplémentaire aux images animées. Bertrand Pennetier, Patrice Elegoet, Christophe Campion, Pascal Moreau, Tangi Simon et Christophe Galès, accompagnent une série de courts métrages polonais avec humour et poésie. Le spectacle accessible dès 18 mois séduira aussi les plus grands…

Deux pièces pour une soirée comme en carte blanche à l’acteur-réalisateur-scénariste Patrick Chesnais ! On ne se plaindra pas de l’abondance. En 1re partie sera jouée (par P. Chesnais et Beata Nilska), dans l’adaptation de Virgil Tanase, la correspondance d’un Dostoïevski tourmenté et touchant, alors qu’il est en proie au démon du jeu et se voit contraint de demander de l’argent à ses proches pour assouvir cette passion. Puis, c’est l’univers magique de Christian Oster et Mon grand appartement (prix Médicis 1999) que nous offrira Patrick Chesnais en «funambule cocasse et tendre».

La petite fabrique de jouets le 15 déc Théâtre de Fontblanche, Vitrolles 04 42 75 25 00 www.vitrolles13.fr

les 28 et 29 nov Opéra de Marseille 04 91 327 327 www.opera.marseille.fr © De Vroeg

Éclats de danse

La Cie Julien Lestel présente pour ces Éclats de danse un programme en trois temps. D’abord, correspondant à l’esthétique de l’éclat, la pièce Fragments, interprétée par quatre danseurs sur des musiques de Max Richter, puis, avec le même compositeur, Les âmes frères (il faut bien changer des sœurs), pour une histoire d’amitié fraternelle, enfin le Sacre du Printemps, version Julien Lestel, inspirée de la culture traditionnelle mélanésienne ; laissant Stravinsky de côté, ce sont des œuvres du groupe Art Zoyd et de Philip Glass qui accompagnent ce Sacre. le 27 nov Théâtre Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr

La Cie Le Kronope reprend et condense le temps d’une représentation Les Misérables de Victor Hugo. Véritable gageure, doublée de la difficulté du choix de ce qui est gardé, et ce qui restera dans l’ombre. L’esthétique des masques de la commedia dell’arte, les bouffonneries, le gros rire, mais aussi la tendresse sont au rendez-vous, dans l’adaptation de Christine Craviatto et la mise en scène de Guy Simon. le 12 déc Théâtre Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr


Reste(s)

© Matthieu Bonfils

Les jeunes comédiens tout juste sortis de l’ERAC abordent dans une mise en scène de Laureline Le Bris-Cep la pièce de Lars Norén, Guerre, entremêlée d’improvisation, et de leurs propres textes. Que restet-il à l’humain après la folie des armes, qu’en est-il de l’harmonie, de la beauté ? Avec sensibilité et humour, cette jeune troupe interroge les clichés et le principe de la guerre qui abolit toute civilisation. les 26 et 27 nov Salle du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 www.aixenprovence.fr

le 16 déc Salle Miramar, Cannes 08 99 02 69 59 www.cannes.com

le 19 nov Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

le 17 nov La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 www.lagarance.com

Curieux intitulé pour un spectacle : Ballet pour une femme de ménage et une danseuse… Elle a cinquante ans, s’appelle Corinne Dadat, ou plutôt, du nom de son métier, femme de ménage. Le réel et la fiction se recomposent par la grâce du théâtre et de la danse, par le Collectif Zirlib de Mohamed el Khatib. Humour, tendresse, le quotidien devient autre dans ce ballet des balais. les 3 et 4 déc Salle du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 www.aixenprovence.fr

By Heart

Reprenant le thème des hommes-livres du roman de Ray Bradbury, Fahrenheit 451, le jeune metteur en scène portugais Tiago Rodrigues nous raconte l’histoire de sa grand-mère qui, frappée de cécité, lui demande un livre à apprendre par cœur, By heart. Mais que signifie apprendre «par cœur» ? Afin d’éprouver et partager la question, chaque soir, dix spectateurs sont conviés à vivre l’expérience de retenir et de dire un texte. Lutte poétique contre l’oubli. les 12 et 13 déc Salle du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 www.aixenprovence.fr

© Marion Poussier

Moi, Corinne Dadat


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La révolte

Iris © Louis Malecek

© Pascal Victor-Artcomart

Texte de poète, exalté, exigeant, empli des aspirations de l’âme, face à un monde matérialiste, La révolte de Villiers de l’IsleAdam donne la parole à une femme qui après avoir «payé sa dette sociale», mariage, enfants, cherche dans la fuite sa propre voie. Anouk Grinberg aux côtés d’Hervé Briaux campe une Élisabeth bouleversante, dans une mise en scène de Marc Paquien.

L’importance…

Rarement jouée en France, Lehrstück vom Einverständnis (L’importance d’être d’accord) de Brecht est une pièce de théâtre musical, créée au festival de BadenBaden en 1929. L’ensemble Ad Fontes Canticorum, dirigé par Jan Heiting, joue et chante cet unique exemplaire de collaboration entre Brecht et Hindemith qui, chef de file de la «Neue Musik» se méfiait du «beau son». André Lévêque met en scène ce spectacle total et iconoclaste. L’importance d’être d’accord le 10 déc Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 www.theatre-vitez.com © Bertrand Périsson

du 26 au 28 nov Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 www.lestheatres.net le 4 déc Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr

Le collectif du TOC, Théâtre Obsessionnel Compulsif, s’empare du roman inachevé de Jean-Patrick Manchette, Iris, pour mener une enquête sur les mobiles de ce roman qui connaît une dizaine de versions… Variations sur le même thème : un acteur est embauché pour servir de doublure à un milliardaire et réchappe de peu à l’attentat mené, contre le milliardaire ? Contre luimême ? Roman paranoïaque qui nous entraîne dans un cinéma démultiplié. Un hommage à l’écriture et à l’image… le 1er déc Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence (avec les ATP d’Aix) 04 13 55 35 76 www.theatre-vitez.com

En dépit de la distance… © Julian Blight

Roméo et Juliette © JC Carbonne

du 1 au 4 déc Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence 08 2013 2013 www.lestheatres.net

Elles finissent mal en général, celle narrée par le roman de Régis Jauffret est atroce depuis le début. Exploration des espaces troubles de l’autorité, de la violence, de la torture mentale, du sadisme… un cocktail vénéneux porté par la compagnie de Zagal, Teatrocinema, qui joue des techniques du théâtre, du cinéma, de la bande dessinée, de l’animation, de la photographie et de la musique. Une belle exploration du/des langage(s), des limites et de la solitude.

La troupe de Mathieu ma fille Foundation réunit sur scène un champion d’échecs, un hiphopeur, un ancien danseur, un glaneur de sons, un collaborateur «transgenre» pour mener un dialogue éloigné au plus haut point de la société consumériste, puisqu’il interroge et confronte des «spécialistes» de l’extase mystique, Sainte Thérèse de Lisieux, Louise du Néant, Daniel Paul Schreber, Ibn’Arabî, Marie de l’Incarnation, sans compter l’Incarnation elle-même… Un remarquable travail d’auteurs et performeurs d’ Arnaud Saury, Manuel Coursin, Youness Aboulakoul…

le 24 nov Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence (avec les ATP d’Aix) 04 13 55 35 76 www.theatre-vitez.com © Montserrat Q.A

Le chorégraphe Angelin Preljocaj transpose l’histoire des amants de Vérone dans un pays totalitaire. La famille de Juliette domine une population misérable, dont fait partie Roméo. Une milice musclée établit son emprise sur les libertés, dont celle d’aimer… Les danseurs du Ballet Preljocaj reprennent sa chorégraphie avec une talentueuse intelligence dans les décors d’Enki Bilal, sur la partition de Prokofiev interprétée par le Boston Symphony Orchestra, et la création sonore de Goran Vejvoda.

Histoire d’amour

En dépit de la distance qui nous sépare le 27 nov 3bisF, Aix-en-Provence 04 42 16 17 75 www.3bisf.com


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BoleroEffect

Sérénade en mer © Max Minniti

© Ilaria Scarpa

Un boléro sans Ravel, mais qui en conserve l’essence, que ce soit dans l’inlassable répétition de la même ritournelle sonore ou celle des gestes. La chorégraphe italienne Cristina Rizzo aborde le Boléro comme une île, accompagnée par Annamaria Ajmone et Simone Bertuzzi pour un duel d’endurance entre deux danseuses, sur une musique pensée comme «un itinéraire archéologique». La réalité se transcende dans ce mouvement obsessionnel, en une poésie hallucinée.

Vers un protocole…

Georges Appaix poursuit son exploration des liens entre les langages, entre les mots et les gestes, les notes et les corps. Vers un protocole de conversation met en scène deux personnages, l’une, Mélanie Venino, danse, l’autre, Alessandro Bernardeschi, parle… Georges Appaix, dans l’ombre, glisse un chant… délices du mystère, des rythmes qui s’affrontent, se croisent, se fondent, élans inachevés, mots suspendus… Le sens éclot en poésie. Vers un protocole de conversation les 15 et 16 déc Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 www.preljocaj.org © Pascale Hugonet

le 26 nov Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 www.preljocaj.org

Elle se nomme Antoinette, mais son nom de scène est Gilda, plus glamour, et se produit sur le bateau de croisière Music Lover Boat, accompagnée par Roberto, son pianiste. En écho au répertoire qui passe de Joséphine Baker à Dalida ou Bourvil, il y a la vie de Gilda, ses amours qui l’ont conduite de Florence à Bamako. Ajoutez à ce cocktail l’humour et la verve d’Edmonde Franchi, le piano de Diego Bordonaro, et vous voilà embarqués pour une soirée digne du feuilleton cher à Edmonde Franchi, Dans le tourbillon de l’amour. le 2 déc Maison du Peuple, Gardanne 04 42 65 77 00 www.ville-gardanne.fr

Indiamore

Avec le spectacle Indiamore, il nous est donné d’approcher une démarche esthétique tout à fait singulière, «l’ultrascore». C’est ainsi que Chassol a baptisé ce qu’il nomme aussi «l’harmonisation du réel». Les images tournées entre Calcutta et Bénarès rencontrent créations sonores, danses et musiques traditionnelles. Aventure multiple où vie et création se conjuguent. Un spectacle de celui que l’on a baptisé «ovni musical» à ne pas manquer !

Driiing !!! Barouf

le 10 déc Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 www.preljocaj.org © Fabien-Keffer Hebert

La nouvelle création de Jean-Charles Gil est une pièce chorégraphique et musicale pour deux danseurs, Jorge Calderon et Simon Kuban. La succession de tableaux aborde le thème des séismes, petits ou grands, que l’Homme subit ou provoque, tels que l’exil, des ruptures de vie, un tremblement de terre… Pour accompagner ce Barouf, le compositeur Spiky The Machinist crée directement la musique sur scène chaque soir, en utilisant des instruments électroniques très pittoresques. du 18 au 20 nov Le Transformateur, Allauch 04 96 13 01 12 www.balletdeurope.org

Elle avait déjà entraîné petits et grands sur le Bateau de Nino en 2012, Hélène Bohy revient avec Miro la Mascotte et le spectacle Driiing !!!. Miro est transformé en un curieux professeur qui donne des ordres invraisemblables aux élèves qui sous sa direction vont épeler l’alphabet. Cheminement poétique où fantaisie et humour font bon ménage. Un spectacle accessible dès 3 ans, pour un moment de tendresse rieuse et de musique. le 27 nov Espace NoVa, Velaux 04 42 87 75 00 www.espacenova-velaux.com


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Hansel et Gretel

…Radeau de la Méduse © X-D.R

© Florian Cléret

Coup de cœur de l’association Culture’Mania (tous ces bénévoles qui soutiennent l’Espace NoVa, de l’accueil des artistes à une implication passionnée dans la programmation), la comédie musicale Jeune Public Hansel et Gretel ouvre le mois de Noël. Le conte des frères Grimm adapté par David Rozen, Guillaume Beaujolais et Fred Colas, conduit un frère et sa sœur au cœur d’une forêt où se dresse la maison en pain d’épices de la sorcière… Décors féériques, costumes somptueux, pour un univers musical à la Tim Burton.

Bounce

En croisant danse, théâtre et musique, la Cie Arcosm interroge la notion d’échec pour le réhabiliter. Que faire lorsqu’un grain de sable vient enrayer le système et rend le but à atteindre inaccessible, qu’oser faire pour rebondir (c’est ce que signifie Bounce) ? Comment braver l’imprévu ? En lâchant prise ou à force de volonté ? Leur réponse est étonnante de positivité ! le 27 nov Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.les-salins.net © Gaelic.fr

En juillet 1816, un bateau sombra au large des côtes mauritaniennes ; seuls quinze marins furent rescapés, ce qui scandalisa la France de l’époque. Le Groupe Maritime s’appuie sur le tableau de Géricault en s’installant dans l’atelier du peintre et donne vie à ce terrible naufrage. En écho à cette histoire, et à la nôtre toujours d’actualité, un homme racontera sa traversée dans une embarcation clandestine vers l’Europe.

le 11 déc Espace NoVa, Velaux 04 42 87 75 00 www.espacenova-velaux.com

Les Armoires normandes © Philippe Lebruman

le 20 nov Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.les-salins.net

Les Glaciers grondants S’inspirant du dérèglement climatique, l’auteur, metteur en scène et musicien David Lescot crée une fiction sur ce sujet en y mêlant de la musique jouée en live, du cirque, de la danse et des expériences scientifiques. Jouée à quelques jours de l’ouverture de la Conférence Paris Climat 2015, la pièce est d’une actualité brûlante !

Le Conte d’hiver

le 1er déc Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.les-salins.net © Alain Jocard - AFP

Les Chiens de Navarre sont de retour aux Salins pour nous parler d’amour, et plus particulièrement de toutes nos joies et misères affectives… à leur façon, sans tabous mais avec une tendre grivoiserie. Jean-Christophe Meurisse met en scène des sketches plus délirants les uns que les autres, dont l’humour salutaire est sans concessions.

L’Histoire du radeau de la Méduse le 4 déc Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.les-salins.net

Le roi de Sicile, Léonte, reçoit Polixène, roi de Bohême. Amitié fraternelle entre ces deux hommes, élevés ensemble, mais… la jalousie folle et injustifiée de Léonte, qui croit que sa femme Hermione aime Polixène, provoque la perte de tous. La Cie Philippe Car apporte la force de sa fantaisie délirante pour cette tragi-comédie librement inspirée de Shakespeare en alliant au théâtre le cirque, le cabaret et le mime. le 27 nov Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com


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Les Rois vagabonds

Imágenes

Julia Moa Caprez et Igor Sellem sont clowns et jouent Vivaldi, Strauss, Bach… Entre équilibre et acrobaties, les deux compères racontent leurs histoires instruments en main, aidés de deux caisses qui deviennent tour à tour podium, navire au long cours, prison d’une Belle au Bois dormant, chrysalide…

Asa Nisi Masa © Patrick Berger

le 4 déc Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com

Créé pour le 20e anniversaire du Ballet flamenco de Andalucia, ce spectacle est un hommage rendu à tous ceux qui ont marqué de leur empreinte l’histoire de cette compagnie par sa directrice artistique Rafaela Carrasco. Loin des clichés, elle confirme là que le flamenco est l’emblème de la culture andalouse, et qu’elle est l’une des figures les plus enthousiasmantes de la nouvelle vague que connaît le genre. le 11 déc La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 www.scenesetcines.fr

© J.F. Berne

© Antonio Acedo

le 11 déc Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com

En s’adressant à la part d’enfance que chacun porte en nous, José Montalvo crée une belle fantaisie en vingt contes chorégraphiques. Pour faire «chanter, danser parfois, rire souvent» le chorégraphe a puisé dans les contes qui mettent en scène des animaux et des humains. Avec comme point de départ ce titre emprunté à une formule magique qu’invoquait le héros de Huit et demi, film de Fellini, qui lui permettait de replonger dans son enfance…

La Chapelle Sextine

Jeanne Béziers s’empare avec délectation, avec son comparse Pierre-Yves Bernard, du petit ouvrage de nouvelles érotiques de l’oulipien Hervé Le Tellier, La Chapelle Sextine. Trois questions fondamentales portent le spectacle -qu’est-ce que le sexe, qu’est-ce que l’amour, qu’est-ce que la vie- sans toutefois apporter de réponses… Le brio jubilatoire de Jeanne Béziers, qui a aussi composé les chansons, fait mouche une fois de plus ! À noter qu’il est joué en appartement.

le 24 nov La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 www.scenesetcines.fr

Venavi… Shake

du 9 au 11 déc Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com © Lau Hebrard

Viola aime Orsino qui aime Olivia qui est tombée amoureuse de Viola qui s’est travestie en garçon… Dan Jemmett adapte La Nuit des rois de Shakespeare dans un esprit tout britannique, façon Monty Python, traquant le double voire le triple sens et les sous-entendus de toutes les situations. La finesse des anachronismes rend justice au texte, et au jeu débridé des comédiens du Théâtre de Carouge. le 1 déc La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 www.scenesetcines.fr er

Olivier Letellier, directeur artistique de la Cie Le Théâtre du Phare (metteur en scène notamment du très remarquable Oh Boy !), s’empare du récit initiatique écrit par Rodrigue Norman. Akouélé avait un frère jumeau, Akouété, dont on lui cache la mort. Elle n’aura alors de cesse de l’attendre, passant même pour folle parfois… Porteur d’espoir, il reviendra, âme errante, pour délivrer la voix truculente, pleine d’humour et de tendresse, des fantômes. Venavi ou pourquoi ma sœur ne va pas bien le 25 nov Le Théâtre, Fos-sur-Mer 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr


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…Famille Coleman

Suivez… © X-D.R

© X-D.R

Alice

Le Collectif 8 immerge les spectateurs dans l’univers littéraire de Lewis Carroll par le biais de son héroïne emblématique, loin des adaptations les plus connues de tous, celle de Walt Disney ou Tim Burton pour ne citer qu’elles. L’adaptation théâtrale de Gaële Boghossian (qui joue une Alice lumineuse !), se nourrit des superbes créations vidéos de Paulo Correia et de l’univers sonore troublant -et des chants- de Clément Althaus pour mieux découper et recréer les fragiles frontières qui peuplent son esprit. À voir absolument !

Les personnages de la pièce de Claudio Tolcachir forment une famille pour le moins marginale en Argentine. Tous vivent les uns sur les autres dans un petit appartement délabré et chacun semble au bord de l’implosion. La situation va se dégrader lorsque la grand-mère, le pilier de la famille, meurt. Johanna Boyé met en scène cette saga drôle et percutante.

le 8 déc L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr

Le Cas de la famille Coleman le 21 nov L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr

le 2 déc Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 www.ville-lagarde.fr © Philip Ducap

Carmen

La Sud-Africaine Dada Masilo, l’une des plus prometteuses chorégraphes et danseuses de la scène internationale, signe l’adaptation très personnelle et l’interprétation du grand classique de Bizet. Accompagnée de treize autres danseurs, elle donne corps à une Carmen érotique, puissante et fragile, mêlant les rythmes du flamenco et ceux de la danse africaine.

Le titre dit bien ce dont il s’agit pour les cinq danseurs qui sont à l’écoute de ces instructions façon «Jacques a dit» données en voix off : de manière différente, mais parfaitement synchronisée, deux duos et un solo se forment et dansent, construisent les histoires parallèles chorégraphiées par Denis Plassard, pour former un délicieux labyrinthe gestuel et dramatique. Suivez les instructions le 11 déc Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 www.scenesetcines.fr

Platonov

le 29 nov L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr

© John Hogg

Pour leurs 10 ans, les membres du Collectif Les Possédés se retrouvent autour de leur auteur fétiche, Tchekhov, et invitent l’actrice Emmanuelle Devos à les rejoindre. Personnages emblématiques d’une intelligentsia russe à la dérive, les invités quotidiens d’Anna Petrovna, jeune veuve accablée de dettes sont coincés entre mal de vivre et désirs dévorants, ce qui laisse toute sa place au jeu explosif des interprètes. le 12 déc L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr

La Fille du diable

C’est l’histoire d’un garçon, d’une promesse à tenir et de l’amour qui l’entraîne à travers des épreuves impossibles. Ce conte millénaire aux origines multiples et très anciennes fut d’abord colporté par les marchands dès la perse antique. Il est ici porté par l’un des spécialistes de la vielle à roue, Pierre Laurent Bertolino, et Julien La Bouche au récit et au chant. le 4 déc Mas des Aires, Cornillon-Confoux 04 90 55 71 53 www.scenesetcines.fr


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K etc.

Il ne faut jurer de rien

Aux textes Dino Buzzati et Marcel Aymé ; à la mise en scène (collective) et au jeu la Cie Rêvages, qui mêle habilement la lumière et la musique pour restituer l’univers propice à l’imaginaire et aux rêves de ces deux grands auteurs dont les mots sont incisifs, cyniques et drôles.

Joseph_Kids © X-D.R

le 4 déc Salle Gérard Philippe, Port-Saint-Louis 04 42 48 52 31 le 8 déc Le Comoedia, Miramas 04 90 50 66 21 www.scenesetcines.fr

les 20 et 21 nov Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com © Guy Delahaye

© Maxime Ducloyer

Après Joseph, le metteur en scène et chorégraphe italien Alessandro Sciarroni poursuit sa réflexion sur la création scénique et le potentiel créatif de l’image numérique, dans une version qui s’adresse aux enfants. Face à la webcam de son ordinateur, il explore tous les mouvements possibles avec humour et subtilité, jouant de cette image projetée qui se déforme, se dédouble ou se décompose grâce à quelques simples effets de vidéo. À la fois grotesque et extravagant, le corps du danseur dessine par écran interposé des petits tableaux envoûtants.

Après Claudel la saison dernière, Yves Beaunesne met en scène les rapports de pouvoir dans les relations amoureuses, à partir de la pièce de Musset. Délicatement, avec une élégance et une subtilité qui ne cachent pas pour autant un cynisme mordant, il adapte brillamment ce chassé-croisé amoureux qui laisse les sentiments et les conventions sociales voler en éclat. Le plateau se transforme en champ de bataille dans un guet-apens mené haut la main par les femmes.

le 8 déc Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com

Le Misanthrope

Alceste rejette la société dans laquelle il vit, les mensonges, compromissions et faux-semblants, tout en étant jalousement amoureux de Célimène, jeune veuve et reine des salons, qui adore médire de ses semblables… Avec les jeunes comédiens de la compagnie Kobal’t, Thibault Perrenoud adapte la comédie de Molière dans un XXIe siècle qui n’a rien à envier aux mœurs de la Cour du XVIIe siècle !

Finir en beauté

Seul sur scène, un carnet de notes à la main, Mohamed El Khatib porte la parole fragile, confidence intime et universelle, du deuil de sa mère, base du récit autofictionnel qu’il délivre à partir d’enregistrements -dont celui avec sa mère durant les douze mois qui précédèrent sa mort-, de courriels de condoléances, de SMS, de documents administratifs et d’autres sources tout aussi réelles. Le Théâtre d’Arles accueille aussi, en parallèle (du 9 au 16 déc), l’installation R12, immersion cinématographique et sonore qui retrace le road-movie vécu par l’artiste d’Orléans à Tanger pour aller chercher son héritage à la demande de son oncle.

les 19 et 20 nov Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com les 1er et 2 déc La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu © X-D.R

les 15 et 16 déc Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com les 2 et 4 déc Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 www.mairie-aixenprovence.fr

Le bruit court…

Le Collectif l’Avantage du doute, formé après une aventure avec le tg STAN dont il reprend les fondements créatifs, s’inspire du film Network de Sydney Lumet pour s’emparer de la question des médias et du marketing à travers les paradoxes de notre rapport à l’image. Comment agissent-elles et de quelle façon conditionnent-elles les esprits ? Un théâtre intime et politique, sur un sujet on ne peut plus actuel, qui met en jeu cinq journalistes voulant créer une chaîne d’infos indépendante baptisée Ethique TV… Le bruit court que nous ne sommes plus en direct du 24 au 26 nov Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com le 5 déc La Chartreuse, Villeneuve-lezAvignon (avec les ATP d’Avignon) 04 90 15 24 24 www.chartreuse.org


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Torobaka

Bienheureux sont ceux… © Gérald Lucas

© Jean-Louis Fernandez

Deux monstres sacrés réinventent leur art sur le plateau du Théâtre Bernadette Lafont ! Dans Torobaka, taureau et vache en référence à leurs racines respectives, les danseurs Israel Galván et Akram Khan conjuguent flamenco et kathak dans un geste créatif qui signe une ode au respect des cultures. Ayant en commun les frappes au sol et les mouvements circulaires des bras, les deux virtuoses Sévillan et AngloBangladais s’appuient sur les musiciens pour inventer leur langage commun. Une performance libre et vibratoire.

Franito

Après une petite forme présentée au 25e Festival Flamenco, l’artiste associé du théâtre de Nîmes Patrice Thibaud et le danseur Fran Espinosa livrent la création aboutie mêlant danse, musique et théâtre. Ils racontent l’histoire d’une mère étouffante et son fils, qui se réfugie dans sa passion pour le flamenco. Un duo inventif, drôle et extravagant, visible à partir de 6 ans. du 12 au 18 déc Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com © Jean-Louis Duzert-TDN

Bienheureux sont ceux qui rêvent debout sans marcher sur leurs vies le 24 nov La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 www.lagarance.com

les 1er et 2 déc Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

Ballet de Lorraine

Empty moves In the upper room © Mathieu Rousseau

…Maître Pathelin

Angelin Preljocaj a repris les deux premières parties de sa pièce la plus innovante, et rajoute une troisième aventure, toujours inspirée par la performance sonore Empty words de John Cage. En scène, un quatuor mixte invente un nombre de combinaisons de corps, vide les gestes de tout signifié, pour inventer sa propre syntaxe chorégraphique. Une danse envoûtante, dépouillée de tout artifice, brillante !

Oyez oyez, le chef-d’œuvre fondateur du théâtre médiéval passé entre les mains de la compagnie La Naïve sera sur la scène du Claep de Rasteau, que coordonne désormais Arts Vivants en Vaucluse/ Auditorium du Thor. Une pièce mise en scène par Jean-Charles Raymond, qui garde toute son acuité sociale, où la farce, la ruse et les rapports de force emmenés par ce filou de Pathelin trouvent toute leur résonnance dans le monde contemporain.

Empty moves (parts I, II & III) le 26 nov L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 www.mairie-saintremydeprovence.fr

© Jean-Claude Carbonne

Le Théâtre de Nîmes décline un programme américain des années 80 en invitant le Ballet de Lorraine pour la reprise de pièces de deux chorégraphes-phares de la modernité. Il enchaînera avec grâce l’exigence technique demandée par Steptext puis par Duo de William Forsythe ; en troisième partie, In the Upper room chorégraphiée par Twyla Tharp, mettra à l’honneur treize danseurs à l’énergie inépuisable et communicative. les 8 et 9 déc Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

Imprégnés de l’ambiance singulière des lieux abandonnés, Boris Gibé et Florent Hamon récréent sur scène un no man’s land pour en saisir toutes leurs beautés. Dans des costumes en papier, ils interrogent le croisement entre danse, cirque et cinéma dans cette pièce inventive, virtuose, où se trame la fabrication de la mise en abîme d’un rêve. Entre fiction et imaginaire, ces deux artistes surdoués bouleversent de leur poésie unique.

La Farce de Maître Pathelin le 5 déc Auditorium Jean Moulin, Le Thor (au Claep de Rasteau) 04 90 33 96 80 www.artsvivants84.fr


La Confession…

…Artaud Momo

Damien Rémy, comédien révélé par le Théâtre du Chêne Noir, reprend la célèbre conférence du Vieux-Colombier d’Antonin Artaud, dans une pièce créée à l’origine en 2000 à l’occasion d’Avignon Capitale européenne de la Culture, sous la houlette avertie de Gérard Gelas. Une Histoire vécue livrée dans une performance étonnante où le poète visionnaire, génie de la littérature surréaliste «suicidé par la société», semble se réincarner dans tout son désarroi et ses fulgurances poétiques.

Fable opératique du compositeur Dominique Lièvre autour du témoignage autobiographique de Pierre Rabhi, Du Sahara aux Cévennes (lire entretien p. 15). Mis en espace par Ada Bonora, trois chanteuses solistes et l’ensemble instrumental Les Repères Enigmatiques (que dirige Roland Conil) entourent un chœur d’enfants qui racontent l’itinéraire du pionnier de la révolution écologique tranquille. Le 5 déc, la représentation sera précédée à 18h d’une Causerie avec Pierre Rabhi.

Histoire vécue d’Artaud Momo du 19 au 21 nov Chêne Noir, Avignon 04 90 86 74 87 www.chenenoir.fr

La Confession d’un Colibri le 5 déc à l’Auditorium du Thor le 19 déc au Claep de Rasteau Auditorium Jean Moulin, Le Thor 04 90 33 96 80 www.artsvivants84.fr

L’Histoire de Clara

le 12 déc Pôle culturel Camille Claudel, Sorgues 04 86 19 90 90 www.sorgues.fr © Delphine Michelangeli

Adaptée de l’album jeunesse de Vincent Cuvellier, cette nouvelle création de la compagnie La Naïve, mise en scène par Hervé Pezière, évoque le destin d’une petite fille juive qui, passant de main en main dans son couffin, échappa à la déportation, grâce à l’intervention des Justes. Un «message positif d’humanité et d’espoir» dans une période inhumaine où apparaît en contrepoint toute l’horreur de cette époque. Tout public à partir de 9 ans. le 29 nov Chêne Noir, Avignon 04 90 86 74 87 www.chenenoir.fr

Cirque Bleu…

25 artistes du Cirque Bleu de Hô-ChiMinh (ex Saïgon) rivalisent d’inventivité et de virtuosité avec des numéros époustouflants au cœur du folklore coloré de l’Asie. Contorsionnistes, jongleurs, équilibristes, voltigeurs et clowns enchaînent les acrobaties et émerveillent petits et grands. Du cirque au sommet de son art !

Les travailleurs…

Cirque Bleu du Vietnam le 13 déc Auditorium Jean Moulin, Le Thor 04 90 33 96 80 www.artsvivants84.fr © X-D.R

Tout le lyrisme de Victor Hugo, adapté, mis en scène et joué par Paul Fructus, accompagné par Patrick Fournier à l’accordéon et Jean-Louis Morell au piano. Une fresque autobiographique, épique et romanesque, où Gilliatt, marin de Guernesey seul contre tous, mène une bataille contre les éléments… et bien sûr contre lui-même. La lutte d’un «misérable» qui jamais ne baisse les bras et nous entraîne avec vaillance dans son intense révolte. Les travailleurs de la mer les 3 et 4 déc Chêne Noir, Avignon 04 90 86 74 87 www.chenenoir.fr


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Voile blanche…

L’homme qui plantait… © Arketal

© Melissa Lalauze

Le collectif Ip&Co, dont on se souvient de la précédente pièce étonnante, Quoi dire de plus du coq, un théâtre-concert autour des textes de Durringer, revient avec une création d’Isabelle Provendier. La comédienne y jouera aux côtés de Simone Molina, sur un texte de l’auteurepsychanalyste, une «mouvance du poème et deux voix pour l’intime, la quête de l’autre, le voyage, le flux et le reflux».

Fabrice Luchini…

Un seul-en-scène épatant et original écrit et joué par Olivier Sauton, qui entrelace récits et scènes de pratique théâtrale dans lesquels l’apprenti comédien obtient la faveur de trois cours particuliers donnés par son mentor, Fabrice Luchini. Une rencontre improbable et forcément drôle, jamais caricaturale, pour un véritable hommage au théâtre ! Fabrice Luchini et moi le 15 déc Théâtre Benoit XII ATP d’Avignon 04 86 81 61 97 06 60 85 04 96 © Gaelic

Voile blanche sur fond d’écran les 3 et 4 déc Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 www.theatredeshalles.com

La nouvelle de Jean Giono mise en scène par la Cie Arketal et ses marionnettes. L’histoire d’Elzéard Bouffier, un «Monsieur tout le monde» berger et solitaire, qui décide de reboiser un lieu désertifié, et prend soin de ses arbres pendant 40 ans… Un don totalement altruiste qui créera, sans qu’il le sache, de formidables réactions écologiques et sauvera des milliers de personnes. Un message exemplaire ! Dès 7 ans. L’homme qui plantait des arbres les 29 nov et 2 déc (à la Chapelle des Pénitents Blancs) Eveil artistique, Avignon 04 90 85 59 55 www.eveilartistique.com

La trilogie

Le comédien Charles Gonzalès, seul en scène, se glisse avec génie dans le destin dramatique de trois femmes artistes. Chaque itinéraire sera retracé en une soirée (Camille Claudel le 15 déc), Thérèse d’Avila (le 16 déc) et Sarah Kane (le 17 déc), puis réunis dans une intégrale (le 18 déc) à couper le souffle. Théâtres de l’émotion, de la spiritualité et de la cruauté entourent cette bouleversante performance d’acteur dans un spectacle unique et intense.

Papa est en bas © Thierry Laporte

Ô voyageur…

du 15 au 18 déc Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 www.theatredeshalles.com © Pascal Victor

Une création menée (et accompagnée musicalement) par Sébastien Benedetto qui réagit au drame des réfugiés en utilisant la poésie foncièrement remplie d’espoir de son père, André Benedetto, pour «remettre en lumière les bouleversements vécus par les migrants». Trois comédiens (Charlotte Adrien, Kristof Lorion et Claude Djian) feront entendre ces textes très actuels, dont les magnifiques Une médaille et une couronne pour celui qui vient d’arriver ou Un clandestin arrive avec tous les cadeaux, extraits de Partout dedans dehors les barbelés fleurissent. Ô voyageur venu de loin le 2 déc Théâtre des Carmes, Avignon 04 90 82 20 47 www.theatredescarmes.com

Mmmmmm, du théâtre d’objets chocolatés pour les petits (et grands) gourmands. Alors que maman est sans doute en haut pour faire du gâteau, papa est donc en bas et fait… du chocolat, sauf qu’il s’endort et que l’histoire, celle concoctée par la compagnie La Clinquaille autour de la paternité, peut alors commencer. De sa casserole de chocolat chaud, s’animent une poule, un coq et… l’amour ? les 9 et 12 déc Eveil artistique, Avignon 04 90 85 59 55 www.eveilartistique.com


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Le Bourgeois…

Face au mur © Hervé Bellamy

© L'Autre Scène

Le bruit des os…

Adaptée du magnifique texte de Suzanne Lebeau par la Cie Tourneboulé, la pièce au titre cinglant traite du sujet sensible autant qu’insupportable des enfants-soldats. Ces enfants qui font la guerre alors qu’ils ont l’âge d’y jouer. Autour d’Elikia, kidnappée et asservie, gravitent le petit Joseph et l’infirmière Angélina qui les recueillent. Un théâtre fort et épuré pour toucher la barbarie des adultes et assumer sa fonction première : raconter. À partir de 14 ans.

Nouvelle création annuelle entièrement portée par L’Autre Scène, ce Bourgeois gentilhomme mêle danse, théâtre, chant lyrique, musique, slam, cirque, hip hop… Une joyeuse extravagance artistique, mise en scène par Fanny Gioria et chorégraphiée par Jean-Pierre Aviotte, convoquée autour de Monsieur Jourdain, où costumes baroques et décors contemporains promettent également leur lot d’émerveillement… et de répliques dignes de Molière.

Dans un espace neutre rempli de ballons et une mise en scène élégante et mordante, Hubert Colas déploie la pièce centrale de la trilogie de Martin Crimp. Quatre personnages, remarquablement interprétés, déroulent en une seule pensée ce qui semble être un drame à venir… ils attendent calmement le début de la fête mais le malaise rôde… Quand la démission sociale mène à l’horreur absolue. Un uppercut théâtral qui nous met face au mur !

Le bruit des os qui craquent le 4 déc Théâtre Durance, ChâteauArnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr © Fabien Debrabandere

Le Bourgeois gentilhomme le 21 nov L’Autre Scène, Vedène 04 90 31 07 75 www.lautrescene.com

le 24 nov La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

T.I.N.A.

Foot sur talons hauts

Le Vélo Théâtre accueille la première française de Foot sur talons hauts de la compagnie belge Kopergietery. Les deux comédiens d’origine flamande offrent un pas de deux décapant, et surréaliste, autour des questions d’identité et de genre : «Un plaidoyer saisissant et mémorable pour quiconque assume sa véritable nature». Une pièce qui bouscule avec brio les clichés et provoque la discussion.

Les ombres blanches

du 1 au 3 déc Vélo Théâtre, Apt 04 90 04 85 25 www.velotheatre.com

le 18 nov La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

du 12 au 17 déc La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu © AurelienSerre

© Phile Deprez

La chorégraphe Nathalie Pernette poursuit son travail sur le bizarre et le fantastique en mettant à l’honneur le monde fascinant des fantômes. Avec la complicité du magicien Thierry Collet, elle (re)donne un corps dansant au monde invisible, un voyage entre deux mondes hanté par deux danseurs qui dressent une galerie de figures spectrales et composent un ballet hypnotique et burlesque. Dès 8 ans.

Comédie documentée de Simon Grangeat sur l’univers glaçant de la crise économique : une excellente façon d’aborder le sujet par le biais du théâtre. Sébastien Valignat, accompagné de deux comédiens, réussit en effet le pari théâtral de mettre en scène cette brève histoire de la crise, et d’en faire une farce épique, sinon comique ! There is no alternative (T.I.N.A.) ? La Cie Cassandre y répond dans un spectacle lumineux.


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Les pompes funestes

Bien sûr les choses… © Jean-Michel Blasco

© Clément Martin

Un spectacle caustique et jouissif, dans lequel Greg Truchet, Fabrice Bez et Nicolas Turon allient leurs talents clownesques et musicaux pour se jouer de l’absurdité de la vie et de la mort ! Trois personnages du Balthazar théâtre, grande famille foraine, plongés dans le deuil et le désarroi, suite au décès de leur partenaire vedette, vont user d’humour noir pour libérer les tabous… et poursuivre la représentation. Dès 8 ans.

La nuit de Domino

Comment vivre au milieu du vide ? Comment résister à la douleur de l’absence de l’être aimé ? Se laisser aller à l’attraction de la mort ou choisir de répondre à l’appel de la vie ? La peur, l’angoisse, sont constantes dans les oscillations mentales de celui qui est resté seul. Stephan Pastor livre dans cette pièce une profonde part d’intime. Son texte, qu’il met en scène et interprète en solo, porte en lui une force fragile. Celle qui permet de lentement transformer le désespoir en un nouveau moteur de vie. du 26 au 28 nov Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr © Denis Caviglia

le 29 nov Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu

Toujours en phase avec la course folle du monde, le Kubilai Khan Investigations présente ici la première partie d’un diptyque intitulé Something is wrong. Dans ce volet, la chorégraphie de Franck Micheletti évoque les transformations qui conditionnent nos vies, notamment le dérèglement climatique. Il rassemble sur scène danseurs, musiciens, et même un musicien-plasticien, pour un spectacle qui ouvre vers tous les imaginaires. Entre force brute du mouvement et prise de conscience brutale de tout ce qui ne tourne plus très rond. Bien sûr les choses tournent mal le 4 déc Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

The Last supper

Souterrain blues © Gala Collette

De la révolte née sur la place Tahrir en 2011 à la reprise en main autoritaire du pays aujourd’hui, l’Égypte traverse une longue crise. La bourgeoisie aisée, autrefois dominante, est à bout de souffle. Déconnectée de la réalité du peuple, figée dans un confort illusoire et décadent, cette élite en déchéance est réunie le temps d’un repas familial. Comme l’œuvre de Tchekhov en son temps, la pièce d’Ahmed El Attar est un instantané saisissant de la société égyptienne de l’après Moubarak. Spectacle présentée en arabe surtitré en français.

Macbeth (The notes)

le 21 nov Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr © Mostafa Abdel Aty

C’est en quelque sorte un «Shakespeare one man show», que présente ici David Ayala. En quelque sorte, seulement, car l’acteur ne joue pas tout à fait la pièce du dramaturge anglais. Il s’interroge plutôt sur la façon dont on doit la jouer. Reprend les notes de mise en scène, revoit et corrige chaque scène, ajuste chaque rôle. Dirigé par le metteur en scène britannique Dan Jemmett, le spectacle tient à la fois de l’interprétation magistrale et du commentaire savant sur ce grand classique. du 2 au 5 déc Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

L’histoire se passe dans le métro. Univers urbain devenu banal et pourtant tellement étrange. À quelques dizaines de mètres sous la terre, cet homme réalise peutêtre soudain toute l’incongruité de ce mode de vie. Il se met à vociférer contre tout le genre humain, accusé de tous les maux. Personne n’est épargné, mais qui s’en soucie vraiment ? Ses compagnons de voyage souterrain l’écoutent sans l’entendre, ou inversement. Mis en scène par Xavier Bazin, Yann Collette interprète ce monologue écorché de Peter Handke. du 10 au 12 déc Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr


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Rouge

Les méfaits du tabac De l’inspiration à la création, de la muse à l’artiste, du modèle à l’œuvre. Le spectacle de Michel Kelemenis évoque subtilement toutes les étapes qui mènent à la réalisation d’une toile. Matisse peint, Henriette pose, ils dansent, et autour d’eux, le pinceau du trait et celui de la couleur dansent aussi. Tous quatre dessinent un mouvement, une histoire, un tableau. Conçue pour s’adresser au jeune public dès 8 ans, cette chorégraphie sur l’art de créer séduira également ceux qui ont dépassé cet âge depuis longtemps. le 24 nov Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com © Agnes Mellon

le 15 déc Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com

le 21 nov Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com

Répétition Les Mamelles de Tirésias Farce tragique ou tragédie grotesque, c’est au choix. L’œuvre de Guillaume Apollinaire est ici adaptée par Ellen Hammer et Jean-Baptiste Sastre, qui y adjoignent quelques textes du poète contemporain américain Charles Simic. Déguisements et situations loufoques rythment la pièce. L’histoire est celle d’une femme qui se refuse à son mari et ne veut pas lui donner de progéniture. Puis elle se transforme en homme, travestit son mari en femme, et, en un jour à peine, celui-ci va accoucher de quelque 40 000 bébés... le 27 nov Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com

Deux actrices, leur metteur en scène et l’auteur de la pièce sont en pleine séance de répétition. Les mots s’échangent, fusent, fusionnent. Ceux du texte, ceux aussi que ces quatre-là ont à partager, dans l’intimité de leur travail, que le spectateur observe en sorte de voyeur invité. Le flot de paroles enfin déversé, une danseuse s’immisce subtilement au milieu des acteurs. Emmanuelle Béart, Audrey Bonnet, Stanislas Nordey, Denis Podalydès et Claire Zeller sont mis en scène par Pascal Rambert, qui signe également le texte. du 9 au 12 déc Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com © Marc Domage

Rock et hip hop se mêlent dans cette chorégraphie de Michaël Le Mer. Deux mondes souvent opposés, mais la compagnie S’Poart parvient à retendre les liens qui les unissent. Les clips vidéos originaux de rockers servent de support aux danseurs pour créer la mixité entre les styles. Les musiques d’Elvis Presley, Chuck Berry ou Jimi Hendrix sont ainsi revisitées par ces B-Boys des années 2000. Façon de dresser une passerelle entre les générations et de mettre en avant l’esprit contestataire, à la source de ces deux cultures.

Concert de théâtre, proposé par Denis Podalydès, qui met en scène ce court monologue d’Anton Tchekhov. Au départ, une conférence sur les méfaits du tabac. À l’arrivée, on s’interroge... Le conférencier s’égare, digresse. C’est sa femme qui lui a demandé de se livrer à l’exercice, dans un but de bienfaisance. Mais bon, vous savez, sa femme... Le comédien Gilles Privat est accompagné par un trio de musiciennes, Floriane Bonanni (violon), Muriel Ferraro (soprano) et Emmanuelle Swiercz (piano), qui interprètent Bach ou Tchaïkovski. le 4 déc Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com

le 20 nov Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com

Rock it Daddy

© Pascal Victor-ArtComArt

© Le Poulpe

Une couleur, Rouge, pour ce spectacle de danse hip hop créé par la compagnie S’Poart (prononcer Espoir). Le rouge est visuellement absent de l’espace scénique, mais c’est bien ce ton-là qui guide les sept danseurs et Michaël Le Mer, le chorégraphe. Avec les ambiguïtés et les correspondances qu’offre cette couleur. Rouge de l’amour et de la colère, rouge de l’ardeur et de la sexualité, rouge du danger et de l’interdiction. Les artistes s’en emparent et ajoutent une dimension : rouge de spectacle.

Henriette & Matisse


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Ce que j’appelle oubli

Louis, l’enfant de la nuit Soirée cabaret sous le signe du clown, proposée par la compagnie Attention Fragile. Au programme, de petites formes de spectacles ainsi que l’inauguration de l’École Fragile. Le chapiteau, où aura lieu la soirée, sera désormais une école de cirque et de théâtre, ouverte à tous les niveaux de pratique. Comportant également un aspect scolaire, ce lieu à part accueillera notamment ceux qui ont décroché du système traditionnel. Les publics pour qui le chemin vers la culture n’est pas facilité y auront aussi toute leur place.

Meursaults

En 2013, le romancier algérien Kamel Daoud, revisite L’Étranger, œuvre la plus connue d’Albert Camus. Meursault, contreenquête donne existence à la victime, jamais nommée dans le roman original. Le meurtre, commis par Meursault sur cet «arabe» anonyme, a remué des colères, ouvert des plaies, toujours à vif. Haroun, le frère de l’homme assassiné, porte ces douleurs, aux côtés de sa mère. Philippe Berling signe l’adaptation et la mise en scène, avec Ahmed Benaïssa et Anna Andreotti pour interprètes. le 19 nov Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com le 21 nov La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 www.st-maximin.fr

Le 6e jour

Arletti est une clown qui cherche le contact des humains. Elle s’approche d’eux, s’immisce discrètement dans leur univers, s’en imprègne. Un jour qu’elle rode près d’une université, elle dérobe la sacoche d’un conférencier endormi. Puis se présente à sa place dans la salle. La voilà en pleine lumière. Il va bien falloir exister face à tous ces humains. Et leur tenir une conférence sur la Genèse, et ce 6e jour où l’homme apparut. François Cervantès et Catherine Germain (compagnie l’Entreprise) créent ce spectacle rempli de poésie. le 11 déc Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 www.polejeunepublic.fr © Christophe Raynaud de Lage

le 26 nov Théâtre Marelios, La Valette du Var 04 94 23 62 06 www.lavalette83.fr

le 20 nov Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 www.polejeunepublic.fr © Clement Minair

Cette adaptation de la pièce de Molière par la compagnie Le Souffle ne compte que trois interprètes : deux hommes, Kévin Laval et Sylvain Mouly, et une femme, Pascale Ripert, se partagent les rôles. Le texte n’est pas joué intégralement, parfois la musique remplace les mots. Le parti pris est de créer une complicité entre public et comédiens, de le faire entrer dans les coulisses de cette troupe de théâtre de tréteaux, tout en restant fidèle à l’esprit de l’œuvre. La mise en scène est signée Bruno Deleu.

Cet enfant de la nuit se nomme Louis Braille. Né au XIXe siècle, il devient aveugle à l’âge de trois ans et apprend à sentir le monde autrement, par les sons et le toucher. Condamné à ne jamais pouvoir lire, il est fasciné par les livres et son rêve de lecture ne le quitte pas. À quinze ans, il parvient à mettre au point son alphabet en relief, toujours utilisé de nos jours. Depuis 1994, les personnages de papier de la Cie Ambulo Train Théâtre recréent cette histoire sur scène et lui font parcourir le monde.

le 4 déc Théâtre Marelios, La Valette du Var 04 94 23 62 06 www.lavalette83.fr

le 12 déc Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com

Le Malade imaginaire

© Alain Baczynsky

© Christophe Raynaud de Lage

«et ce que le procureur a dit, c’est qu’un homme ne doit pas mourir pour si peu.» Ainsi commence le texte de Laurent Mauvignier. Sans majuscule. Comme si nous entrions dans un récit déjà en cours. Si peu, c’est une canette de bière consommée dans un supermarché. Puis les vigiles arrêtent l’homme, l’assomment de coups jusqu’à la mort. L’histoire est un fait divers, tristement banal, tragiquement réel. La phrase initiale s’adresse au frère de la victime. Et à nous tous. Denis Podalydès signe la mise en scène et l’interprétation.

Clowns not dead


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Dios Proveera

La Vénus à la fourrure Dios Proveera © Sophie Colleu

La Colombie s’invite à Sainte-Maxime ! David Bobée met en scène onze prodigieux acrobates issus de la Gata Cirko de Bogota. Tous ces jeunes artistes viennent de la rue. Leur pratique du cirque leur a permis de quitter un quotidien de violence et de misère. Leur corps résistant, devenu instrument de travail, est au cœur du spectacle. L’univers urbain agressif n’est pas absent. Les barrières servent de trapèze, le jonglage se fait avec des cocktails Molotov, au rythme de la musique de l’ensemble Les Nouveaux Caractères.

Toujours tournés vers les origines méditerranéennes de notre monde, Hervé Koubi et sa compagnie explorent encore un peu plus loin dans le temps. Ce nouveau spectacle évoque les Peuples de la Mer, ces tribus que les Grecs nommèrent barbares et qui, à la fin de l’âge de Bronze, envahirent tout le Moyen-Orient. Avec une douzaine de danseurs, Algériens ou Burkinabés, le chorégraphe navigue entre les rives de la Méditerranée, entre Orient et Occident, avec le métissage pour moteur.

les 27 et 28 nov Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com

Les nuits Barbares ©Guillaume Gabriel

Infinita Infinita © Evy Schubert.

le 5 déc Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com

Les Nuits barbares

Les Nuits barbares ou les premiers matins du monde le 12 déc Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com

les 21 et 22 nov Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com

Du mime, du cirque, des acrobaties, du clown, du théâtre, des masques, les membres du collectif berlinois Familie Flöz sont des artistes complets. Depuis vingt ans, leurs créations originales et déroutantes font le tour du monde. Sans prononcer aucune parole, couverts de masques aussi étranges que réalistes, les acteurs diffusent avec finesse et justesse un théâtre visuel rempli d’émotion. Dans ce spectacle, enfants et vieillards se côtoient, se répondent dans un jeu de miroirs et nous font passer en un instant des rires aux larmes.

Lors d’une séance de casting, un metteur en scène tombe sous le charme d’une comédienne. Peu à peu, l’actrice va poser son emprise totale sur celui qui est censé mener le jeu. David Ives adapte un texte écrit au XIXe par Leopold von SacherMasoch, le «père» du masochisme. Au cœur de cette pièce, le rapport entre hommes et femmes, et l’amour, qui parfois les rapproche, mais «où l’une des parties fait le marteau et l’autre l’enclume». Marie Gillain incarne l’actrice fatale, Nicolas Briançon est celui qui succombe à son piège.

Les Inattendus

Pour fêter les trente ans de la Compagnie des Ballets de Monte-Carlo, une surprise de choix est réservée au public. Les Inattendus, c’est précisément tout ce que l’on n’imagine pas, ce qu’habituellement le spectateur ne voit jamais. JeanChristophe Maillot nous mène au plus proche de la création, dans les ultimes instants, les derniers réglages, les dernières recommandations, juste avant que le rideau se soulève. Un moment unique et privilégié, à savourer dans l’écrin de la Salle Garnier. du 11 au 13 déc Opéra de Monte Carlo, Monaco +377 98 06 28 00 www.balletsdemontecarlo.com


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Festi’Life Festival

Peinture et cinéma

Art et Essai Lumière propose dans le cadre du Mois du Documentaire, à l’Eden Théâtre le 27 novembre à 20h30, Shirley, visions of reality de Gustav Deutsch, un hommage à la peinture d’Edward Hopper en treize tableaux. Le film sera suivi d’un débat avec Laurence DebecqueMichel, critique et historienne de l’art, spécialiste de ce peintre du hors champ.

The Globe Collector de Summer DeRoche © Andrea Distefano

Appréhender le handicap à travers des courts métrages sélectionnés pour leur qualité cinématographique, regarder les personnes pour ce qu’elles sont sans tabou dans leurs talents et leurs besoins, c’est ce que propose le Festi’Life Festival (Festival international du Court-Métrage sur le Handicap), du 19 au 21 novembre à La Criée. Conçu en collaboration avec le Look and Roll Festival de Bâle, organisé par la Ville de Marseille, pour sa 2e édition, ce festival propose six programmes d’une heure et demie chacun pour le grand public ou les scolaires. Drôles cinglants, poétiques, dramatiques, 28 films de tous genres, sous-titrés en français et transcrits en audio description. Remise des Prix le 21 nov à 20h et clôture par un spectacle conçu à partir du roman de Maylis de Kerangal : Réparer les vivants, tout un programme ! La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Hommage à Gaumont Les Lumières de l’Eden rendent un hommage aux 120 ans de Gaumont ; du 20 au 22 novembre, en programmant à l’Eden Théâtre de La Ciotat deux films restaurés cette année. Le 20 à 20h30, Le Beau Serge de Claude Chabrol avec Gérard Blain, Jean-Claude Brialy, Bernadette Lafont et le 21 à 20h30, Pattes blanches de Jean Grémillon avec Suzy Delair, Michel Bouquet, Fernand Ledoux, film présenté par Manuela Padoan, directrice des Archives PathéGaumont. Le 22 à 17h, ce sera Carmen de Bizet, mis en scène par Francesco Rosi avec Julia Migenes, Placido Domingo et Ruggero Raimondi.

Eden Théâtre, La Ciotat 04 96 18 52 49 www.edencinemalaciotat.com

Shirley, visions of reality de Gustav Deutsch © Eastwest Filmdistribution

Image de Ville aux Variétés

Dans le cadre du Festival Image de Ville dédié cette année aux marges urbaines, le cinéma Les Variétés accueille le 20 novembre à 20h, avec le sociologue Didier Lapeyronnie, les réalisateurs François Farellacci et Thomas Jenkoe pour la projection de leurs films respectifs : Lupino et Souvenirs de la Géhenne. Le premier met en scène des jeunes des cités de la périphérie de Bastia, bien loin de la Corse de carte postale. Le second revient, dix ans après le meurtre d’un Maghrébin de 17 ans à Grande-Synthe, sur la folle odyssée de son assassin, J.D, parti un soir d’octobre 2002, muni de sa carabine pour abattre des immigrés. Cinéma Les Variétés, Marseille 0892 68 05 97 www.cinemetroart.com

Réfléchir Hors Cadre

Troisième soirée du Collectif Hors Cadre au cinéma Les Variétés le 19 novembre dès 19h30, en deux temps. Le temps de la projection de 8 courts métrages, dont Carmen Tienor de Marseille d’Adam Saïd et Sondage, un poème vidéo de Florence Pazzottu. Le temps de la réflexion et du débat sur les pratiques des réalisateurs du Sud-Est. Avec les invités du Collectif, Martine Derain, Justine Simon, Rudolf di Stéfano, Julien Gourbeix, il sera question des moyens de la diffusion hors cadre, des structures porteuses de cette création régionale indépendante. L’AARSE (Association des Auteurs et Réalisateurs du Sud-Est) qui se donne pour mission de défendre la création cinématographique en PACA, présentera ses premières assises qui auront lieu du 20 au 22 novembre à Marseille. Un événement qui concerne les professionnels, les cinéphiles et tous ceux qui s’intéressent à la production artistique dans notre région. Cinéma Les Variétés, Marseille 0892 68 05 97 www.cinemetroart.com

Festival Jean Rouch

La Lampe au beurre de yack de Hu Wei © Ama Productions

Pour la seconde année, le MuCEM donne Carte Blanche au Festival international du Film Ethnographique Jean Rouch, dont la 34e édition s’est déroulée à Paris du 7 au 15 nov, à travers une sélection de films primés en 2014 et 2015. Du 11 au 13 décembre, 10 films nous conduiront de la France à la Chine, d’Israël à la Suisse ou l’Inde. La programmation est enrichie d’une master-class avec Jean Gaumy, une des figures majeures de la photo française, le 11 décembre. Un film surprise, primé à Paris cette année, fera la clôture de ce festival qui est une manière de «voir autrement le réel». MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org

Eden Théâtre, La Ciotat 04 96 18 52 49 www.edencinemalaciotat.com Souvenirs de la Géhenne de Thomas Jenkoe © Films de Force Majeure


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Après Charlie

Même pas peur ! C’est le titre du 2e cycle thématique de la 9e programmation du cinéma Le Gyptis, initié le 4 novembre et qui se poursuit jusqu’au 1er décembre. C’est aussi celui du film d’Ana Dumitrescu, projeté le 26 novembre à 19h30, en sa présence. Ce doc commence le 12 janvier 2015, le jour d’après les attentats contre Charlie Hebdo. La réalisatrice réunit tout un panel d’intervenants pour analyser les peurs sociétales de la France de 2015, peurs largement orchestrées par certains médias. Une réflexion pertinente née dans l’urgence et qui demeure d’une cruelle actualité ! Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 www.lafriche.org/content/le-gyptis

Boys

Boys de Mischa Kamp © KMBO

Le 1er décembre à 19h30, au cinéma Le Gyptis, projection de Boys de la réalisatrice néerlandaise Mischa Kamp, film initiatique où Sieger, un jeune sportif de 17 ans, découvre son amour pour un de ses camarades et doit assumer son homosexualité dans un milieu encore très homophobe. Cette projection sera suivie d’une rencontre avec Christophe Chaussé de l’association Le Refuge qui offre depuis sa création en 2003, un accompagnement social et psychologique à de jeunes majeurs homosexuels victimes d’exclusion familiale ou sociale. Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 www.lafriche.org/content/le-gyptis

Cycle John Ford

À Berre, le Ciné 89, en collaboration avec Cinémas du Sud, propose six films de John Ford, figure majeure du classicisme américain. Six chefs-d’œuvre pour reconsidérer la complexité de cet auteur. Commencé le 4 nov avec La Chevauchée fantastique, ce cycle se poursuit avec Les Raisins de la colère du 11 au 17 novembre, Le Soleil brille pour tout le monde du 18 au 24, La Prisonnière du désert du 25 novembre au 1 décembre, La Taverne de l’Irlandais du 2 au 8 décembre. Un débat animé par Mathieu Macheret, critique et historien du cinéma sera consacré à L’Homme tranquille le 10 déc à 18h30. Ciné 89, Berre l’Étang 0 892 68 69 26 www.cine89.fr

Vous avez dit «Courts» ? Q

uand l’hiver s’approche, on est au chaud dans les salles de cinéma et c’est le moment d’aller voir des courts métrages. À Aix du 20 novembre au 4 décembre, on n’aura que l’embarras du choix avec le Festival Tous Courts. Pour ceux qui préfèrent le froid, on vous offre un visa pour l’Islande : 12 films de la dernière décennie, accompagnés par des réalisateurs et professionnels dont Vera Sölvadóttir, réalisatrice et productrice de Reykjavik, membre du Jury. Il sera aussi possible de faire un flash back en se replongeant dans les films d’anciens élèves de la FEMIS qui fêtera en 2016 ses 30 ans : Il n’y a pas de mal d’Emmanuel Mouret (membre du jury), Sauf le silence de Léa Fehner, Par amour de Solveig Anspach ou Bir Damla Su (Une goutte d’eau) de Deniz Gamze Ergüven… On pourra aussi participer à une master-class que la FEMIS organise durant le festival. Comme chaque année, le vendredi, on peut passer la nuit au Mazarin : le 3 décembre on sera sous le signe de la Rock’n’roll attitude pour la Nuit du Court. Le Festival Motion + mettra à l’honneur la réalité augmentée avec des projections et un hommage au réalisateur américain Chris Milk. Le Jury de la compétition internationale devra choisir entre 51 courts métrages, dont 3/4 de fictions, venus de plus d’une vingtaine de pays. Pour la 1re fois, s’ajoute une compétition de 27 courts expérimentaux. Autre première fois : le Forum des festivals de cinéma en région PACA, le 1er décembre à 15h à la Cité du Livre, un moment d’échanges et de rencontres, suivi à 20h30 d’un programme de films présentés par 9 festivals de la Région. Sans oublier l’Atelier Jeunes Auteurs qui permettra à douze finalistes de pouvoir peaufiner leur scénario, en attendant de réaliser leur projet. En amont de cette manifestation, du 23 au 29 novembre, à Lambesc, Trets, La Roque d’Anthéron, Pertuis, Eguilles, Venelles et Le-PuySte Réparade, on aura pu voir un programme «Coup de cœur», 6 courts dont Pitchoune de Reda Kateb et Perrault La Fontaine, mon cul ! de Hugo P. Thomas, Zoran Boukherma et Ludovic Boukherma. Rien ne sert de courir, il faut partir à Aix ! ANNIE GAVA

Festival Tous Courts Rencontres Cinématographiques d’Aix-en-Provence du 20 novembre au 4 décembre 04 42 27 08 64 http://festivaltouscourts.com Cité du Livre, Aix-en-Provence 04 42 93 54 19 hwww.citedulivre-aix.com www.lescinemasaixois.com

Hjónabandssæla de Jorundur Ragnarsson © Premium film


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Quand Court rime avec Amour (mais pas toujours)

«Entrez libres»

Zouzou de Blandine Lenoir © Happiness Distribution

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u 18 au 22 novembre à Cabrières d’Avignon, Cinambule fait feu de tous courts et met le village en ébullition : installations artistiques, balèti, apéro-fanfare, rencontres avec les cinéastes, petit-déj dominical en mode BlaBla. Pour la 22e édition de Court c’est court !, l’association vauclusienne qui organise tout au long de l’année des actions d’éducation à l’image, nous parle d’amour et nous dit des choses plus ou moins tendres. Invitées d’honneur, Blandine Lenoir et Florence Miailhe auxquelles deux Cartes Blanches sont données, croiseront leurs regards sur le désir amoureux. La première par la comédie, la deuxième par la vibration de ses peintures animées. Un programme foisonnant organisé en séances thématiques : focus sur l’Italie, la Méditerranée, le documentaire, l’animation, les prima opera, le fantastique. Ouverture de ce festival de courts, doté d’un Prix du Public et d’un Prix 14-18 (ans), par Zouzou, le premier long de Blandine Lenoir, en sa présence. Un film familial, pétillant, espiègle, sensible, sur la sexualité à tous les âges.

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ELISE PADOVANI

ANDRÉ GILLES

Festival Court c’est court ! du 18 au 22 novembre Cabrières d’Avignon 04 90 74 08 84 http://cinambule.org

L’Ampleur de l’émotion de Juhn Jai-hong © Next Entertainment World.tif

ette année, la Semaine Asymétrique aura lieu du 22 au 29 novembre au Polygone étoilé. En exergue, «Du chien dans le ventre, entre les doigts la dentelle» donne le ton de cette manifestation qui n’est pas un festival de cinéma ordinaire. C’est une rencontre de cinéastes qui viennent là pour partager des interrogations et des expériences. Dans une profusion de propositions, notons que cette année Film Flamme et la Semaine Asymétrique accueillent le cinéaste coréen Juhn Jai-hong et plusieurs de ses films. Une Carte Blanche est offerte à L’Abominable, laboratoire cinématographique partagé. Pleinement associées à la Semaine Asymétrique, les premières Assises nationales de la création cinématographique, réunissant une dizaine d’associations d’auteurs et réalisateurs, seront organisées par l’AARSE (Association des Auteurs Réalisateurs du Sud-est) en bonne partie au Polygone étoilé du 20 au 22 novembre. «Entrez libres» est l’invitation de ce festival international. Semaine Asymétrique du 22 au 29 novembre Polygone étoilé, Marseille 09 67 50 58 23 www.polygone-etoile.com

Blouses blanches en salles obscures

Man on the chair de Dahee Jeong © Sacrebleu Productions

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i les 9e Rencontres Internationales Sciences & Cinéma vont durer en 2015 deux jours de moins que l’an passé, elles ne présentent heureusement pas un programme moins riche. La soirée d’ouverture, le 21 novembre, aura lieu au cinéma Les Variétés, avec le vernissage de l’exposition

Arts/Sciences (ESADMM), et la projection de deux films : Fugue géographique d’Erik Bullot, et Eden’s edge de Gerhard Trem et Léo Calice. Le festival s’achèvera le 28 au même endroit, sur la remise de prix et une séance spéciale consacrée aux origines du cinéma scientifique (fans d’Etienne-Jules Marey, préparez-vous !). Entre ces deux dates, on fera son choix parmi les pépites proposées par l’association Polly Maggoo : des courts-métrages pour petits et grands, le 22, ou la soirée Carte Blanche offerte au festival new-yorkais Imagine Science Films ? Une masterclass avec Dominik Barbier, artiste-vidéaste, le lendemain, ou une discussion autour des écritures filmiques en sciences sociales à la Bibliothèque Départementale ? Peut-être aussi visionner un documentaire anthropologique sur les rêves nocturnes des habitants des quartiers nord, un conte de Jean Giono dit par Philippe

Noiret, L’homme qui plantait des arbres, voire pourquoi pas un film d’animation sur un homme qui doute de sa propre existence (Man on the chair de Dahee Jeong) ? Sachez que ces propositions se font en présence des réalisateurs et/ou de scientifiques, et que tout est en accès libre. GAËLLE CLOAREC

Rencontres Internationales Sciences & Cinéma du 21 au 28 novembre Marseille 04 91 91 45 49 www.pollymaggoo.org


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Un périple en images D

u 5 au 12 décembre, se déroule le PriMed (Prix international du documentaire et du reportage méditerranéen) à la Villa Méditerranée, au MuCEM et à la BMVR Alcazar. Ce rendez-vous désormais bien ancré à Marseille, organisé par le CMCA (Centre Méditerranéen de la Communication Audiovisuelle), propose une sélection de documentaires et reportages relatif à la Méditerranée, répartis dans différentes sections (Enjeux méditerranéens, Mémoire de la Méditerranée, Art, patrimoine et cultures de la Méditerranée, Première œuvre, Court méditerranéen, Prix multimédia de la Méditerranée) en lice pour les différents prix à décerner. Du Maroc (Pirates of Salé) à la Grèce (Agora), du Liban (Le Peuple de Nejmeh) à l’Espagne (The last embrace), ce périple cinématographique s’intéresse aux femmes (The Dream of Shahrazad, La Révolution des femmes, un siècle de féminisme arabe, Palestiniennes, mères patrie), à la folie (L’Accademia della follia), à la vie quotidienne (The Grocer), à l’exil (Evénements de Phocée 1914, Evaporating Borders) à l’identité (L’Héritage du silence), aux guerres et leurs conséquences (In The Shadow Of War, Rebelle de Raqqa, Syrie, Journaux Intimes de la Révolution). La Méditerranée comme fil rouge de propositions originales et personnelles sous des formes variées, courts et longs métrages, web documentaires. Outre les films à voir, le public pourra aussi rencontrer, pendant la 19e édition de cette manifestation, la marraine du festival, la comédienne algérienne Biyouna. ANDRÉ GILLES

Festival PriMed du 5 au 12 décembre Divers lieux, Marseille 04 91 42 03 02 http://primed.tv www.cmca-med.org

Agora de Yorgos Avgeropoulos © A Small Planet Production

Les gourmandises de Gardanne

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oixante-deux films présentés, dont une quasi trentaine en avant-première, le 27e Festival d’automne de Gardanne ne dément pas sa réputation : richesse, éclectisme, nouveautés, perles rares, ouverture sur le monde, avec des engagements courageux, des thématiques fortes. On pouvait remarquer la qualité des œuvres en compétition, abordant des univers variés, tenant toujours un propos intéressant ou original et une vision d’auteur. Le Prix du Public, précédent de quelques points le très apprécié film guatémaltèque Ixcanul de Jayro Bustamante, a été décerné au film de Naomi Kawase, An. «An», c’est le nom du confit de haricots rouges qui garnit les gâteaux traditionnels japonais nommés «dorayakis». Un film gourmand, comme les présentations de Cerise Jouinot, qui jubile par avance des bonheurs du public pour chaque œuvre présentée… Mais derrière la recette, il y a le sujet de l’exclusion : la pâtissière si talentueuse que Sentaro a engagée, Tokue, a été ostracisée dans sa jeunesse car atteinte de la lèpre. Les clients séduits par l’exceptionnelle douceur de leurs pâtisseries vont fuir l’échoppe lorsqu’ils sauront… Sentaro lui-même, trouvera cependant, grâce à cette femme courageuse, la force de trouver sa propre voie. On ne regarde plus les cerisiers en fleur de la même façon après ce film d’une humanité sensible et revigorante. Vincent Dieutre, qui avait le redoutable privilège de la clôture avec ses œuvres qui «ne seront jamais données dans des cinémas» (ce sont ses mots), mais qui plongent avec grâce dans ce qui a constitué le cinéaste, évoquait le premier volet de ses quatre pages «d’exercice d’admiration» (Le Voyage en post-histoire projeté cette année en est le quatrième) composé justement avec Naomi Kawase… Dans la riche programmation de cette 27e édition, le documentaire norvégien de la réalisatrice Gunhild Westhagen, Les Optimistes, a fait figure d’exception : la Norvège est rare sur nos écrans, mais surtout ce film se distingue par la bonne humeur qu’il procure. Le titre, qui donne le ton, est le nom que se donne un groupe de Norvégiennes, s’adonnant à une forme de volley-ball qu’elles pratiquent à leur sauce. En 30 ans d’entraînement, elles n’ont jamais participé à une compétition ! Jusqu’à ce que leur entraineuse décide de leur faire jouer un véritable match. Et on va suivre Goro, Lillemor, Birgit, Eldbjørg, Gerd ou Turid, qui ont entre 66 et 98 ans et se préparent à affronter une équipe masculine, à peine plus jeune, de Suédois. On aurait pu

Les optimistes de Gunhild Westhagen © Pickup / Jour2fête

craindre le pire, le pittoresque «gnangnan», la bonne conscience condescendante, l’émotion douteuse. Au contraire, la réalisatrice, fille d’une des compétitrices, assume son intention de raconter une belle histoire et ses comédiennes jouent le jeu sans feindre d’ignorer la caméra. Si la mise en scène est classique et sans surprise, l’âge devient presque un élément secondaire et on s’attache surtout aux difficultés du groupe, comme de réapprendre et respecter les règles du jeu. Quelques allusions personnelles, livrées dans l’intimité, une tumeur qui se réveille, une photo qu’on caresse, une attelle qui surgit sans explication, disent la sobriété de ce film délibérément positif. Autre type de documentaire, The other side de Roberto Minervini porte à l’écran une partie de la société américaine totalement délaissée, junkies, vétérans oubliés du système qui boivent puisque l’enfer a été leur lot et que plus rien ne leur importe, milices tenues par d’anciens soldats, censées protéger une Amérique figée dans une iconographie de western. Plongée réaliste, violence inouïe qui laisse le spectateur effaré. Dans son édito, Cerise Jouinot espérait «faire honneur à Régine Juin à travers sa programmation». C’est chose faite ! N’oublions pas que ce cinéma vit aussi hors festival et que les œuvres projetées savent marier cinéma d’art et d’essai, films grand public et films jeune public. Un festival destiné à ce dernier est dans l’air… ANDRE GILLES et MARYVONNE COLOMBANI

Le 27e Festival d’Automne de Gardanne a eu lieu du 16 au 27 octobre au Cinéma 3 Casino www.cinema-gardanne.com


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Cure de jouvence ou coup de mou ? La Biennale des Jeunes Créateurs d’Europe et de la Méditerranée s’est déroulée du 22 au 25 octobre à Milan. Pour les 30 ans de la manifestation, la délégation française (Aix, Marseille, Toulon, Nice) y était conséquemment représentée, devant un public quasi-absent

E

ntre un cimetière, une nouvelle ligne de métro et la porte Garibaldi, la Fabbrica del Vapore s’est trouvée une vocation culturelle dans le nord de la ville. Depuis sept ans, cette friche rénovée bénéficie de la volonté politique forte d’une municipalité de gauche qui dispose des moyens financiers. Si Milan est la capitale économique de l’Italie, elle ne se contente plus de l’héritage prestigieux de sa Scala ou du Piccolo Teatro de Giorgio Strehler. L’ancien atelier de réparation ferroviaire qui accueille les concerts, expos et performances de la BJCEM était censée parler aux jeunes esthètes ? Hélas, on a vainement attendu ce public lors des quatre jours de la Mediterranea 17, bouffée par le poids médiatique de l’Exposition Universelle. Une première selon l’équipe de l’Espace Culture marseillais chargée de convoyer les artistes régionaux, qui est généralement habituée à des biennales pleines d’effervescences. Dommage puisque la Biennale se positionnait idéalement face au blockbuster de

Elsa Mingot, MéMé à Milan © ML Thomas

l’Expo 2015, opposant au thème «nourrir la planète» un malicieux slogan «No Food’s Land» définissant les artistes dans leur rôle anti-consumériste.

Équilibres précaires

C’est ainsi esseulés sur une scène immense, que se produisent les Niçois C is For Noir. Privés de proximité avec le public, les rythmes lancinants du duo machines/voix rencontrent le vide, leur dark wave/ trip hop/dubstep, très actuel, aurait mérité mieux. La chanteuse Chloé Deperne et l’homme-machines Hugo Maillet se consoleront le lendemain soir, invités à jouer dans une salle du centre ville. Plus expérimenté, Alaplaj tirera mieux partie de cette délicate situation, étant déjà fortement préparé aux équilibres précaires. La musique de Christophe, David et Juliano multiplie les faux-départs et les fausses pistes et alterne électrique et électronique, notamment dans les rythmes. Une véritable alchimie de pop en apesanteur, à comparer avec celle d’un Radiohead : à découvrir sur leur album Wet1, paru au printemps.

Trouble jeu

Tête brûlée des arts de la scène, la Marseillaise Elsa Mingot livre avec sa compagnie La Conflagration sa performance Mémorial des Mémoires. Scénographie sobre, dimension participative, sous un dais de rubans elle orchestre un rite funéraire, étrange et jubilatoire, mais dégagé de toute croyance

religieuse. Le geste est à la limite du loufoque et, malgré la forme et la musique cérémonieuses, ne tranche jamais entre la gravité ou l’humour. Mais la deuxième option s’impose à l’évidence, et nous emballe dans ce trouble jeu. Côté arts plastiques, la sélection est pléthorique et on peut constater le grand dynamisme des illustrateurs et les artistes conceptuels, notamment. Dans ce registre Sati Mougard choisit de revitaliser la matière en injectant du caramel dans une souche en équilibre. Métaphore sensuelle dans la lignée d’un Joseph Beuys, qui dénote la fragilité, voire la fébrilité, de notre rapport à l’écologie. L’Aixoise Fanny Jullian circonscrit un coin de galerie avec des bandes de tissus, mais son art cinétique aurait mieux convenu à un espace moins restreint. L’imposante machine du Toulonnais Samuel Payet trace, elle, le temps, de manière imperceptible, sur un immense rouleau de papier qui se déroule et envahit progressivement l’espace : étonnant vertige d’une chronographie sans repères. Mais ces jeunes artistes ont encore du temps devant eux pour achever de nous convaincre. HERVE LUCIEN 1 en téléchargement libre sur http://alaplaj.bandcamp.com

La Biennale des Jeunes Créateurs d’Europe et de la Méditerranée a eu lieu du 22 au 25 octobre à Milan

L’argent ne fait pas le bonheur L

es aficionados de CinéHorizontes emplissaient la grande salle du Prado ce 6 novembre pour l’ouverture de la 14e édition de ce festival soutenu par la Ville, la Région, le Département et l’Espagne, et présidé avec passion par Jocelyne Faessel. Un festival qui tous les ans autour de thématiques fortes propose en PACA un panorama et une mise en perspective du cinéma espagnol. Discours inauguraux, hommage à l’invitée d’honneur Isabel Coixet. Puis, devant le grand écran dominé par un séduisant chevalier dénudé, gantelé, tatoué de rose et de cœur, mis en affiche par Cyril Carret, Juan Carmona, tout petit sur le plateau, a fait résonner le chant de sa guitare flamenca.

Le film de la soirée, Felices 140 de Gracia Querejeta, réunit un casting de rêve : Maribel Verdú, Antonio della Torre, Marian Alvarez, Eduard Fernández, Nora Navas, Alex O’Dogherty, Gines Garcia Millán... dans une villa de rêve pour un week-end de rêve qui tourne au cauchemar. Car les amis qu’Elia invite à son anniversaire sont tous en crise, contrecarrés dans leurs projets par le manque de finances, quadras traînant derrière eux déjà, échecs et blessures. Quand Élia leur annonce qu’elle a gagné 140 millions au loto, les masques tombent. Que vaut l’amitié face à la puissance de l’argent ? Et que peut l’argent pour gagner une véritable amitié ? Saisis individuellement sous forme d’interviews ou en groupes

complotistes, les personnages demeurent un peu caricaturaux dans cette fable désenchantée à laquelle -ne serait-ce que pour se préserver un peu d’espoir- on a du mal à croire. ELISE PADOVANI

La 14e édition du festival CinéHorizontes a eu lieu à Marseille du 6 au 15 novembre http://horizontesdelsur.fr



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La Tunisie droit dans les yeux D

écomposé en deux fragments1, le portrait kaléidoscopique de la Tunisie contemporaine reconstitué par le MuCEM croise les regards de vidéastes, photographes et plasticiens. Des images plurielles d’une Tunisie plurielle dominée par la question de la disparition. Dans sa série Les Temps modernes, Faten Gaddes dénonce «l’effacement de notre histoire par les pouvoirs politiques successifs», donne une vision d’un territoire en chantier et d’une industrie moribonde. Témoin du démembrement de la centrale de la Société tunisienne d’électricité et de gaz, elle exprime un double sentiment «magnifique et déchirant car c’était comme une bête déchiquetée». Hors des clichés exotiques, sa photographie aux plans resserrés lance un cri d’alarme. Un travail sur les traces et les strates du temps que partage Wassim Ghozlani dans Fragments d’une révolution réalisé en janvier et février 2011 dans les lieux même du pouvoir et de la résistance au pouvoir. Au-delà du témoignage qui est l’attribut du photojournalisme, ses photos sont pour lui «un moyen de questionner et de comprendre les événements, de mettre en lumière le combat des femmes». Ses images sans concessions se passent de tout commentaire, comme figées dans les replis de la mémoire collective. Mémoire encore, mais familiale, avec Perles de famille de Houda Ghorbel et Wadi Mhiri, une vidéo finement ouvragée, à la musicalité silencieuse suspendue au mouvement d’une main de femme.

Masson sans contexte L’

exposition André Masson, De Marseille à l’exil américain au musée Cantini est tellement mal ficelée que la question se pose. Certes le propos est circonscrit à une courte période de la sa vie : entre 1940, année de son installation à Montredon, et son retour en France en 1945 après ses années d’exil aux États-Unis. Certes l’exposition répond au souhait de ses enfants d’honorer la mémoire de Varian Fry qui l’accueillit à l’Emergency Rescue Committee à Marseille (centre de secours pour artistes et intellectuels). Alors,

Fragments d'une révolution © Wassim Ghozlani

Une main qui caresse de petites perles de semoule et dévoile furtivement des photos de famille en noir et blanc. Entremêlant le rituel immuable de la préparation de la mhammsa et leurs souvenirs intimes, ils racontent avec pudeur de minuscules histoires universelles. Mieux vaut avoir vu Fragments I pour apprécier le second car certaines «images» se font écho. Telle la vidéo d’Ismaïl Bahri, Film, empreinte

d’une part d’ombre et de mystère importante, et la série photographique d’Augustin Le Gall, Le dernier Arifa. Petite histoire du monde invisible. Elles sont liées par un sens caché à détricoter : dans Film, la vague mouvante d’images tirées d’extraits de journaux est une succession de «plis et de dé-plis» à dérouler patiemment ; les portraits sophistiqués d’un des derniers gardiens du dernier sanctuaire

Antille, 1943, huile, sable et tempera sur toile, 128 x 84 cm, musée Cantini, Marseille © Claude Almodovar et Michel Vialle © ADAGP, Paris 2015

comment expliquer l’absence de tous documents, manuscrits, correspondances ou archives venant éclairer et contextualiser les œuvres ? Pourquoi ne pas opter pour un accrochage chronologique puisque cette période fut marquée par des épisodes cruciaux et des thèmes récurrents : la guerre qu’il connut dans sa chair sur le Chemin des Dames et marquera ses recherches sur les thèmes de l’enfouissement et de la germination ; les Antilles où il séjourna trois semaines et qui habiteront longtemps ses œuvres ; sa fascination pour la nature, particulièrement les grands espaces américains. Pourquoi ne pas évoquer clairement son influence sur les peintres américains, notamment Pollock, lui qui dès 1925 réalisa nombre de «tableaux de sable» aléatoires ? Pourquoi prévoir deux accrochages successifs (renouvellement d’une partie des dessins le 15 mars 2016) alors même


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Embrasser l’espace dédié au culte stambali appellent un commentaire. Sculptés dans un fond noir, ils mettent en scène le dernier Arifa paré des habits des esprits qui le sollicitent. Troublant travail sur un rituel en voie de disparition par un artiste marseillais installé en Tunisie qui a décidé de rentrer prochainement. La boucle est bouclée. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI 1 Zied Ben Romdhane, Ismaïl Bahri, Fakhri El Ghezal, Héla Ammar et Souad Mani, du 13 mai au 28 septembre (voir Zib’85)

Traces… fragments d’une Tunisie contemporaine jusqu’au 29 février Bâtiment Georges Henri Rivière, MuCEM 04 84 35 13 13 www.mucem.org

Dalila Mahdjoub et Martine Derain, Une vie simple, installation, 2000-2002 © C. Lorin/Zibeline

Au MuCEM, une exposition tente de faire le tour de la notion de panorama. Et multiplie les points de vue documentaire et artistique

U que l’on reste sur notre faim dans des salles surdimensionnées ?… On sent, bien sûr, l’inquiétude, le tourment et la souffrance qui l’ont habité continuellement. Las, on ne mesure jamais l’intensité de cette expérience évoquée par ses mots : «C’est en Amérique que pour moi les choses ses sont concentrées, là où je suis allé le plus loin, où j’ai mûri.» M.G.-G.

jusqu’au 24 juillet Musée Cantini, Marseille 6e 04 91 14 65 25 www.marseille.fr

n des atouts, complémentaire à la photogénie du MuCEM, consiste en son panorama ouvert sur l’horizon maritime. Un dépliant propose en prolongement de la visite du musée un parcours en cinq points de vue. L’argument était donc tout naturel et l’exposition conçue avec les musées de Genève est une opportunité d’approfondir en six chapitres cette notion, en proposant une importante sélection d’œuvres, d’objets, maquettes, plans et documents couvrant la période du XVIIIe siècle à aujourd’hui. On comprend que les concepteurs aient pris comme repère le moment où le mot apparaît pour la première fois, en 1787, en Angleterre, pendant que se conçoivent les premiers dispositifs visuels circulaires de divertissement. Pourquoi avoir limité le sujet à l’ère occidentale essentiellement, lorsqu’on sait l’importance accordée par d’autres cultures (Chine et Japon), en d’autres époques, au regard tourné vers le paysage ? Le propos n’en est pas moins riche -presque embarrassé par une forme de trop plein comme le regrette une visiteuse genevoise habituée aux horizons helvètes dégagés-. Militaire, scientifique, géopolitique,

esthétique, touristique, décoratif, le panorama autorise les approches multiples et reflète bien des manières de voir et de considérer l’espace auxquelles les œuvres anciennes et contemporaines répondent et se répondent. Le Grand canyon vu par H.W. Holmes ou David Hockney, la peinture (Courbet) vs la photo (E. Broterus), les dispositifs de Nicolas Cilins, d’Olafur Eliasson (hallucinant), les propositions critiques de Philippe Ramette, Bertrand Lavier, plus humaniste de Suzanne Hetzel questionnant lointain et proche/global et intime, perte de la profondeur avec Nina Childress, Gerhard Richter jusqu’au minimalisme radical chez E. Kelly et F. Morellet. À l’heure de la mondialisation numérique, la pratique populaire de l’image panoramique peut recouvrir des modalités surprenantes tel le nutscraping ou photo panoramique avec testicules en premier plan ! S’il était nécessaire d’élargir davantage le regard, la programmation associée propose de nombreux événements jusqu’en janvier. CLAUDE LORIN

J’aime les panoramas jusqu’au 29 janvier MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org


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Marine, 2014 © Eric Bourret

Vibrations Le musée Ziem célèbre dix ans de marche et de photographie autour du monde d’Eric Bourret. De bonnes vibrations jusqu’au grand bleu

La cinquième édition du festival La Photographie Marseille s’installe largement dans la cité phocéenne et n’entend pas en rester là pour s’imposer en événement de premier plan pour la photographie actuelle

eux qui n’ont pas pu voir ses expositions à l’abbaye de Montmajour ou à la Biennale de Venise, pourront se rattraper avec la belle rétrospective proposée par le musée Ziem à Martigues. Nous retrouvons dix ans de séries issues des sommets parcourus de la Sainte-Victoire à l’Himalaya comme celles inspirées par le littoral marin plus récentes. Ciels, Venise, Timescape, Perpetuum mobile, Etna... «Je cherche à provoquer un langage pictural par le traitement d’une succession d’images arrêtées. Et en

fait nous sommes un corps en mouvement» insiste Eric Bourret. Ses grands formats résultent d’un protocole bien établi. Le photographe superpose six à neuf prises de vues séparées de quelques pas retravaillées ensuite en studio. L’expérience de la marche est ainsi rendue visible par une stratification vibratoire de l’intérieur de l’image pour en restituer l’énergie intime. Le sous-titre en est des plus explicites. Impression moins ressentie dans Océan, marines d’un bleu à la limite de l’artificiel, un

© Marie Hudelot/héritage

Grand angle

C

R

appelons que le festival déploie une généreuse programmation jusqu’en janvier, mettant à l’honneur Franck Pourcel, Denis Brihat, Klavdij Sluban ou Frédéric Laban, Rebekka Deubner, Magali Lambert... via une douzaine de lieux partenaires. Rencontres, signatures, résidences, confortent le calendrier inauguré à la mairie du 9/10 avec l’exposition des cinq lauréats, et pour la première fois, une projection de cinq autres auteurs. «Nous avons reçu cette année un grand nombre de très bons dossiers sur une centaine. On ne pouvait pas passer à côté et en priver les visiteurs» précise Christophe Asso, initiateur du projet lancé en 2011. Le festival -qui prend désormais nom La Photographie Marseille- met en avant des photographes renommés et des talents émergents. Les lauréats se voient offrir les tirages sélectionnés et une exposition, et pour l’un d’eux, l’attribution du prix Maison Blanche adossé à une publication avec les éditions Le bec en l’air, attribué cette année à Adrien Selbert pour sa série Srebrenica (nuit à nuit). Ce travail de prospection s’avère pertinent. Parmi les auteurs découverts, certains ont recueilli par la suite une reconnaissance méritée : une œuvre de Sylvain


71 travail récent en rupture des camaïeux de gris précédents. Dans ces allover panoramiques monochromes, la bipartition horizontale contredit l’homogénéité chromatique. La partie supérieure comme en aplat contraste avec les ondulations du premier plan, et l’étendue semble singulièrement se rapprocher. «Nous avons le sentiment d’exposer non pas de la photo mais un peintre.../... je voulais montrer comment un photographe s’empare du paysage» souligne Lucienne Del’Furia, conservatrice du musée dont le fonds permanent est constitué principalement de peintures de paysage avec Ziem, Dufy, Derain... et le photographe marseillais Frank Pourcel. Deux ouvrages paraissent chez l’éditeur Arnaud Bizalion, le catalogue de l’exposition et Dans la gueule de l’espace (à lire sur notre site). Le 3 décembre rencontre avec le photographe et présentation à la librairie L’alinéa, à deux pas du musée.

La Force du dessin

CLAUDE LORIN

Eric Bourret, Photographies, 2005-2015 «Et l’espace fera de moi un être humain...» jusqu’au 28 février Musée Ziem, Martigues 04 42 41 39 60 www.ville-martigues.fr

Couzinet-Jacques a pu intégrer le Fonds Communal d’Art Contemporain. Promotion et aide à la publication se concrétisent aussi pour Berangère Fromont. Cosmos, conte visuel nocturne accompagnant un duo d’ados amoureux, sortira chez André Frère en édition limitée. Le projet d’une collection itinérante verra aussi le jour en 2016 avec le concours de Marseille Provence Métropole, constitué des tirages des lauréats mis à l’honneur depuis l’origine du festival et à destination des médiathèques ou des entreprises, pour rapprocher davantage la photographie contemporaine d’un plus large public. C.L. La Photographie Marseille #5 jusqu’au 9 janvier Divers lieux, Marseille 04 91 14 63 50 www.laphotographie-marseille.com

Mon amour (Palmyre), installation, 2015 © Pascal Navarro

À

l’heure du dessin, 3e temps a des airs d’opéra avec chœur et orchestre : six plasticiens interprètent une partition en binôme composée par Paréidolie dans son programme «Une saison du dessin». Pour ce troisième mouvement qui interroge les relations espace/architecture «autour de notions du temps et du déplacement communes à tous», trois artistes d’ici convient trois artistes d’ailleurs. Ce phénomène de rebond crée un dialogue fécond et révèle trois façons de travailler en duo. De manière autonome mais sur des questions similaires, Pascal Navarro et Nicolas Daubanes composent des œuvres en écho aux turpitudes du monde. Les dessins néguentropiques de Pascal Navarro réalisés à partir de deux teintes -l’une résiste au temps, l’autre non- révèlent à la lumière de lampes UV les contours d’un temple de Palmyre, à présent détruit. L’encre et le feutre pour évoquer la barbarie à travers l’effacement d’une architecture symbolique. Au cœur du geste de Nicolas Daubanes la même détermination : projetée au mur, la limaille de fer découpée au cutter, sa poussière jonchant le sol, laisse entrevoir la façade de la prison Saint-Joseph de Lyon où Klaus Barbie est mort. Face à ce lugubre bâtiment, ses mots terribles «Nicht zu sagen»1 en réserve blanche dans la limaille couleur de cendres… Laurence Lagier et Katarina Schmidt présentent un processus de création éphémère et évolutif composé à quatre mains in situ : une installation à l’échelle de l’espace qui crée des va-etvient entre les formes (bandes verticales

et tondo), les matériaux (scotch, bombes aérosol, cartons) et démultiplie les points de vue. Le dernier pas de deux procède par ricochets, à l’intérieur même des œuvres de Rémy Jacquier jusqu’aux sculptures de Nicolas Pilard. Le mur d’études de Rémy Jacquier déploie une série de dessins à la facture classique et de maquettes créés autour du mouvement, de la danse et de la musicalité des corps. La gravure ancienne d’une Sarabande est un habile prétexte au jeu de dominos plastique. Nicolas Pilard, dont on connaît le travail pictural, expérimente le geste du dessin en volume dans l’espace avec une fluidité contagieuse. Fragiles, instables, éphémères, toutes ces œuvres ont en commun de questionner l’impermanence des choses et des hommes. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

«Rien à dire», prononcé lors de son procès à Lyon en 1987 1

À l’heure du dessin, 3e temps jusqu’au 5 décembre Galerie du Château de Servières, Marseille 4e 04 91 85 42 78 www.chateaudeservieres.org


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Art au menu A

u CAC d’Istres, Antony Duchêne cuisine art contemporain, objets communs et patrimoniaux à la sauce saugrenue dans le cadre de French Collection, la nouvelle saison de la POPARTs. L’art a de tous temps eu à voir avec la nourriture. À travers des représentations aussi diverses que sont la nature morte, les scènes de chasse ou de banquets, les objets usuels et rituels, l’art pariétal ou le Eat Art. Pour sa part, Anthony Duchêne s’ingénie à fabriquer des objets étranges dont les ingrédients combinent les univers des arts de la bouche et les pratiques ancestrales, tradition de la chasse, en regard d’ustensiles glanés dans des collections publiques et privées. On saura gré à l’artiste de ne s’être pas satisfait de recettes à la mode surréaliste pour nourrir sa démarche des dimensions sociales et symboliques liées à la nourriture. Ses mises en scène réactivent la théâtralisation de l’objet des banquets et festins, en associant de la vaisselle authentique à ses sculptures improbables. Quand est pointée une part anthropologique (cartographie des gastronomies de l’extrême), l’artiste invite surtout l’animalité (papillon, homard...), le plus souvent des morceaux choisis (pattes de volatiles, vessies, crottes...), mais morte (naturalisée), qui se confond avec des objets usuels surprenants

Anthony Duchêne, la Salle des ustensiles, CAC Istres, 2015 © C. Lorin/ Zibeline

Raphael Hefti, Various threaded poles of determinate length potentially altering their determinacy, Arles, 2015 © C. Lorin/Zibeline

comme un seau à glace fait d’un pied éléphanteau avec couvercle en métal argenté (prêt du Musée de la chasse et de la nature). D’autres pièces réactivent

les univers du conte ou du mythe qui ne revêtent pas nécessairement un aspect réjouissant, tel

Art nouveau À la Fondation Van Gogh, David Hockney et Raphael Hefti partagent leur intérêt pour le potentiel créatif qu’offrent les technologies. Avec des aboutissements bien différents

D

ès son ouverture, la Fondation Van Gogh a habitué le visiteur au grand écart esthétique. On le vérifie encore ici avec les œuvres de David Hockney et Raphael Hefti accompagnées de leurs catalogues respectifs et instructifs. Numériques David Hockney souhaitait en 1988 «renverser les perspectives» de l’art. En hommage à la chaise peinte par Van Gogh, il reprenait le sujet en perspective furieusement inversée et rudoyait les couleurs. Dans les années quatre-vingt, il expérimentait la photocopieuse et le Polaroid. Plus récemment il a empoigné les possibilités du numérique pour peindre sur le motif. Quand le trait normalisé d’une application Ipad ne peut lutter avec les nuances d’un pinceau, quand le tirage numérique reste invariablement

lisse et les couleurs acidulées, les douze dessins de paysages en grand format dégagent pourtant une impression étonnamment picturale. Deux ans plus tard, il exécute avec le classique fusain vingt-cinq dessins en noir et blanc exposés judicieusement en contre-point. Mon truc en tubes Raphael Hefti s’attache aux processus industriels, à leur détournement hasardeux et aux effets produits. Lycopodium résulte des brûlures provoquées par des spores de champignon sur un long papier photosensible. Partie majeure de l’exposition, la série de tubes métalliques chauffés en usine décline comment chaque élément standardisé devient unique, paré des effets de matière et de moirages colorés. La couleur était déjà en jeu dans


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Eduardo Arroyo, l’inquiétant Chancre en forme d’arbre décharné. Anthony Duchêne sait aussi titiller nos sens comme notre conception du goût, de l’agréable (Verres à nez) au scatologique (Coprophages) avec une extravagance emprunte de gravité. Ses repas nous laissent interdits mais on reprendrait volontiers un peu de rab. CLAUDE LORIN

Les repas des interdits jusqu’au 29 janvier Centre d’art contemporain intercommunal, Istres 04 42 55 17 10 www.ouestprovence.fr

les prismes en verre dichroïque de l’installation permanente située au-dessus de la verrière, conçue pour l’inauguration de la fondation. Raphael Hefti s’était rappelé aux aspirations de Vincent Van Gogh à propos de la lumière arlésienne, qui était armé de ses seuls pinceaux. C. L.

David Hockney, L’arrivée du printemps Raphael Hefti, On Core / Encore jusqu’au 10 janvier Fondation Vincent Van Gogh, Arles 04 90 93 08 08 www.fondationvincentvangogh-arles.org

peintre jusqu’au bout Après Télémaque au musée Cantini à Marseille (voir Zib’87), l’un des artistes les plus saillants de la Figuration narrative et de la Nouvelle figuration investit l’Hôtel des arts à Toulon : l’espagnol Eduardo Arroyo

C

e qui surprend dans cette exposition conduite par Olivia Maria Rubia, c’est la multiplicité des formes et des mediums créés par Eduardo Arroyo autour du portrait, thème récurrent dans son œuvre depuis les années 60. Ses peintures -dont le fameux Nu descendant l’escalier tête renversée et pieds au ciel rebaptisé Habillé descendant l’escalier, clin d’œil à Duchamp- ont fait le tour du monde. Ses collages photographiques et ses sculptures beaucoup moins, ce qui fait le sel de cette déambulation éclectique. Ce qui frappe également les esprits, c’est sa production sérielle : Arroyo décline les portraits comme on abat un jeu des sept familles, une carte entraînant l’autre et ainsi de suite. Il voile ses sujets de mille pastilles colorées, fait cohabiter perpétuellement la forme et la couleur, les personnifie par des attributs et des titres écrits à la faveur de jeux de mots : Flo-Ber, Stendhal y cuatro aspirinas… Il détourne le genre classique du portrait et de l’autoportrait en représentant de «vrais» sujets avec de «faux» visages, préférant les «masques» qui révèlent l’intériorité des personnages aux représentations psychologiques ou historiques. Le plus souvent mis en scène et en situation, souvent métaphoriques. Dans son panthéon personnel, une foule de personnages historiques (Cléopâtre ou la reine d’Angleterre), d’hommes politiques (Winston Churchill représenté assis de dos dont on reconnaît l’imposante stature, Gorbachov vêtu d’une chemise à pois rouges, les yeux presque révulsés), de philosophes et même des boxeurs ! Mais les écrivains ont sa préférence car il apprécie leur compagnie, réelle ou fictive. D’ailleurs, ne se destinait-il pas à une carrière de journaliste, espérant se consacrer à l’écriture ? Et si çà et là pointe un soupçon de malice, c’est pour mieux rendre hommage aux écrivains dont il est amoureux («Mes tableaux sont remplis de littérature et d’idées») et aux peintres qu’il admire. Parfois, son esprit facétieux se glisse dans des duos improbables en pierre et plomb, des visages doubles comme Dante-Cyrano de Bergerac et

Habillé descendant escalier, 1976 © Eduardo Arroyo

Tolstoï-Bécassine ! Dans ces portraits sculptés nés du mariage de la forme avec la matière, force dramatique et force comique combattent à armes égales. Ainsi Truman Capote évoqué à travers un verre de vin rouge et une tasse de café au bar de l’hôtel Algonquin à New York, James Joyce reconnaissable à sa paire de lunettes cerclées, Nabokov à l’heure de sa mort l’esprit flottant au gré d’un vol de papillon, Fernand Léger l’air dubitatif, Van Gogh dans son Los ultimos dias avec sa hotte remplie de pinceaux… Artiste prolixe aujourd’hui encore à l’âge de 78 ans, Eduardo Arroyo a toujours envie d’écrire en images. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

La force du destin jusqu’au 10 janvier Hôtel des arts, Toulon 04 83 95 18 40 www.hdatoulon.fr


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Pablo Guidali

L’exposition Solo met ses pas dans ceux du photographe marcheur uruguayen Pablo Guidali qui vit et travaille actuellement à Marseille. À ses côtés, on frôle les rencontres du hasard, les hommes de la rue, un enfant pressé, on déambule. Il saisit notre attention avec la même virtuosité qu’il capte la densité d’un instant, d’une émotion. La nuit l’attire… M.G.-G. Solo jusqu’au 12 déc Galerie Detaille, Marseille 8e 04 91 53 43 46 www.galeriedetaille.com

© Pablo Guidali

Isabelle Banco

Quai de la Joliette, les clichés en noir & blanc d’Isabelle Banco inaugurent un nouveau lieu consacré à la photographie et le projet Surfaces proposé par Hervé Matras. Œuvres sur bâche et tirages argentiques (par Carlos Barrantes) se partagent entre cours intérieures, façades et cimaises de la galerie. C.L. Galerie LAME, Marseille depuis le 8 oct 06 63 03 36 41 www.galerie-lame.com

W.W.A.V.P.J.

La Passante, tirage sur bâche © Isabelle Banco

Littéralement «We were a very poor jetset», cinquième de la série et septième rendez-vous collectif de la galerie Où Paradis qui réunit Charles Gouvernet, Loïc Le Pivert, Agnès Martel, Olivier Paoli, Agnès Roux et Thomas Zoritchak. Une gageure dans cet espace intime de 5,5 m2 dédié à la découverte d’œuvres «qui n’auraient peut-être jamais été vues dans d’autres circonstances», doublé d’une envie de modestie et d’harmonie. M.G.-G. jusqu’au 20 déc Où galerie Paradis, Marseille 6e 06 98 89 03 26 www.marseilleexpos.com/blog/2014 /12/28/ou-galerie-paradis-7 J'aurais voulu être une citation, vidéo couleur, 2mn59, 2009 © Olivier Paoli

Dans les coulisses de l’art

Le service du Patrimoine de la ville d’Aix-en-Provence révèle au public les coulisses de la conservation-restauration des collections de l’église de la Madeleine héritées de la Révolution. Exceptionnellement mises en lumière, les œuvres forcent l’admiration du travail d’orfèvre des restaurateurs en peinture de chevalet, en ébénisterie, dorure, sculpture et métaux. M.G.-G. Vie intime des œuvres d’art jusqu’au 31 janv Musée du Palais de l’Archevêché, Aix-en-Provence 04 42 21 43 57

Notre Dame de Lorette © Centre Interdisciplinaire de Conservation et Restauration du Patrimoine


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Bruits du monde

À travers photographies, vidéos et installations, Edouard Beau, Laurence Bonvin, Pablo Ernesto Piovano, Titus Simoens restituent les remous contemporains d’Irak à la Chine, d’Argentine à Captown, tandis que les sculptures de Simo Aagadi, réalisées pour l’exposition, révèlent la détresse humaine sous couvert de couvertures de survie. Vernissage le 20 novembre à 19h. C.L. Là d’où vient le bruit jusqu’au 20 janv Fondation Manuel Rivera-Ortiz, Arles 04 90 54 15 63 www.mrofoundation.org

Mount Song © Titus Simoens

Marc Nucera

L’arbre fournit le bois au sculpteur qui le met en forme pour le rendre ensuite au monde naturel qui l’a produit. Couramment de proportions monumentales, les sculptures de Marc Nucéra relèvent de l’esprit du Land Art, qui s’inscrivent dans le paysage comme un juste retour. C.L. À l’écoute des arbres jusqu’au 27 déc Chapelle du Méjan/Actes Sud, Arles 04 90 49 56 78 www.lemejan.com Marc Nucéra, Banc vrillé, 2015 © M. Nucéra

Vanitas vanitatum

Dans ce dynamique antre varois de l’art modeste, une sélection des œuvres de Magali Savary, William Bruet et HaroldMak réinvente le genre historique de la Vanité. Dessins, peintures, sculptures et objets de design illustrent ce thème hautement symbolique qui s’incarne aujourd’hui jusque dans la peau. C.L. Vanités & Tatouages jusqu’au 9 janv Le Bazar du Lézard, Brignoles 04 94 86 01 63 www.lebazardulezard.com Magali Savary, Algol delta aurigides, le plongeur, acrylique sur toile, 2014 © photo de l'artiste

Les Gens

Un couple d’amoureux, un arbre généalogique, une partie de pêche… autant de portraits loufoques Des Gens et des tranches de vie réinventées par Les chats pelés, duo malicieux composé de Christian Olivier et Lionel Le Néouanic. Tour à tour minuscules ou monumentales, ludiques ou poétiques, leurs œuvres s’installent à Gap où elles bousculent l’espace. M.G.-G. du 28 nov au 24 déc Galerie du Théâtre La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu du 28 nov au 15 mars Musée muséum départemental, Gap 04 92 51 01 58 http://museum.hautes-alpes.fr

© Les Chats Pelés (Christian Olivier et Lionel Le Néouanic)


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La rentrée littéraire a été faste pour l’édition régionale : le Goncourt à Actes Sud, le Prix Nadar de la photographie au Bec en l’air1 ! Retour sur quelques vainqueurs de ce combat de rentrée... les autres sont sur notre site !

«Occidentorientalisme» F

ranz Ritter vient de recevoir par la poste un tiré à part de Sarah. Le courrier vient de Sarawak, situé non loin de Bornéo. C’est le point de départ d’un roman érudit sans lourdeur, revisitant l’histoire de la musique, de la peinture ou de la littérature, discernant les frontières labiles entre les fantasmes de l’Orient et sa réalité. Les souvenirs entremêlés de songes reviennent sur le parcours du musicologue épris d’Orient, ses voyages, ses enthousiasmes, les personnages qu’il a croisés, fréquentés, et sur Sarah, l’anthropologue mais aussi l’aimée inaccessible et lointaine, et ses textes, tous réunis dans l’appartement viennois de notre professeur d’université. Ne cherchez pas un récit linéaire. La structure travaillée, comme la dentelle des moucharabiehs, entraîne le lecteur dans la complexité de récits enchâssés. Construction où la table des matières se perd, les chapitres indiqués répondent à des titres insérés dans le fil de la narration, suggérant l’architecture d’un livre que Franz pourrait écrire

L. et elle

C’

est l’histoire d’une emprise, celle qu’exerce progressivement et pendant des mois L. sur la narratrice. Elles se sont rencontrées à une soirée où celle-ci s’était rendue par hasard. Tout de suite l’entente, l’impression de se connaître déjà, l’envie de se revoir. Illumination amicale dans un moment de creux : panne d’inspiration, départ des enfants, amoureux retenu loin pour son travail. Bref, L. emplit très vite le vide existentiel de Delphine. Jusqu’à prendre ses affaires en main, jusqu’à venir s’installer chez elle… pour le meilleur d’abord, pour bien pire ensuite. Mais chut, ne dévoilons pas l’intrigue du dernier roman de Delphine de Vigan. Ce serait vraiment pervers (quoiqu’assez dans l’esprit du texte). C’est l’histoire d’une emprise, celle de ce livre sur le lecteur. Titillé, intrigué, déstabilisé… il est finalement totalement pris par ce récit manipulateur, qui s’affiche «roman», mais s’intitule D’après une histoire vraie et met en scène une Delphine qui ressemble comme une sœur à l’auteure. Comme elle, elle a écrit sur sa famille et en subit les conséquences ; comme elle, elle

et qui s’intitulerait Différentes fformes de ffolie en Orient, orchestré en cinq parties. Les têtes de chapitre qui rythment l’ouvrage sont de simples notations d’heures, 23h10, 2h20, 3h45, scandant la nuit… Le temps de l’écriture est celui de cette nuit d’insomnie, le narrateur compose à partir de cette double architecture enfiévrée un hymne à l’altérité. Il évoque ainsi la révolution dans la musique au XIXe et au XXe siècle qui doit tout à l’Orient. On retrouve les récits de voyage, de Chateaubriand, de Nerval, de Flaubert... Nom de villes qui ont marqué notre imaginaire, Alep, Damas, Istanbul, Palmyre, Téhéran, itinéraire des Mille et une nuits, et son inventaire passionné d’histoires, de personnages aux vies de roman, de couples d’amoureux, symboles de cette passion, Majnoun et Leyla, Vis et Ramin, Tristan et Iseult… Le texte foisonnant est une mine d’anecdotes, d’analyses fines, d’éclaircissements pertinents sur l’histoire, les histoires, l’ensemble est porté par un style précis, rapide, incisif, sensible, habité…

Cet ouvrage se lit d’une traite, puis on se plaît à le relire, laissant décider le hasard, et retrouvant au fil des pages la même fascination.

a du mal à se lancer dans un nouveau projet, etc. etc. Les ressemblances sont nombreuses, et troublantes. La fin du livre laisse dubitatif. Cette rencontre a-t-elle eu lieu ? Cette histoire est-elle autobiographique ? Le roman, qui se dévore comme un thriller (qu’il est à bien des égards), se joue habilement des codes de la fiction. Et tend des leurres sans doute (et si L. c’était elle ?). Plus sérieusement, il interroge sur le rapport que l’œuvre d’art entretient avec le Vrai. L’écriture doit-elle être, comme le soutient L., «une recherche de la vérité sinon elle n’est rien» ? Est-ce cela que les lecteurs veulent, du vrai, du témoignage, du réel ? Delphine ne le pense pas : pour elle, «dès lors qu’on ellipse, qu’on étire, qu’on resserre, qu’on comble les trous, on est dans la fiction», même si l’on écrit «je» et qu’on parle se soi. Alors, réalité ? Fiction ? Qu’importe. À une époque où nombreux sont ceux qui pensent que films et livres se vendent mieux s’ils sont fondés sur des «histoires vraies», il est plaisant de rester dans l’incertitude. D’ailleurs, le maître mot n’est-il pas plutôt la

justesse ? Justesse du ton, des situations, des émotions, des personnages. C’est cela qu’atteint Delphine de Vigan. Alors, que l’histoire qu’elle raconte soit vraie ou pas….

MARYVONNE COLOMBANI

Boussole Mathias Énard Actes Sud, 21,80 euros Prix Goncourt 2015

FRED ROBERT

D’après une histoire vraie Delphine de Vigan JC Lattès, 20 euros Prix Renaudot 2015


La Princesse de Châteauroux

U

n roman français ou plutôt à la française : clair, rigoureux, incisif ; le portrait d’une femme amoureuse, d’une mère attentive et pourtant aveugle, d’un homme et d’un père subjuguant, d’une fille subjuguée, abusée, révoltée. Si les détracteurs de Christine Angot qui disent connaître la chanson préfèrent fermer les oreilles au tapage médiatique autour de la personne, ils n’ont pas tort au fond et désignent justement Un amour impossible pour ce qu’il est : un livre de comptes réglés ouvert sur la liberté retrouvée de ne plus parler de soi tout en suivant les sentiers déjà frayés de l’autobiographie intégrale. Avant Angot il y avait Schwartz du nom de la mère, Rachel, donné à cette enfant «désirée» mais pas reconnue par un père tout puissant qui combine mépris de classe (le bourgeois lettré parisien face à l’employée de la Sécurité Sociale de Châteauroux) et posture à panache de l’homme libre dans la France provinciale des années soixante ; une passion simple, une histoire d’amour intense et déséquilibrée que la narratrice revit de l’intérieur de la voix ou de la mémoire de sa mère dans un drôle de discours indirect libre ; à travers des dialogues réinventés et minutieux (le maniement de la langue est peut-être le vrai sujet…) se dessine la figure de Pierre Angot raisonneur policé qui enserre Rachel, puis plus tard Christine dans les anneaux implacables et subtils de sa parole («tu le sais bien»). Rachel, tête haute, modérément, élève seule sa fille et le «je» autobiographique n’exclut pas le point de vue déployé de la mère à travers les prismes et filtres changeants de la fille. De subtils changements de rythme et de distance face aux «personnages» accompagnent les divers états de l’esprit et du cœur : fusion avec la mère puis rejet violent au travers de la reconnaissance prédatrice -sèchement évoquée ici- du père. La réconciliation, forme d’amour possible, offre généreusement la possibilité d’un beau roman ; triomphe de l’intelligence et paix durable de l’écriture… l’air de rien un sommet dans l’œuvre prolifique de Christine Angot. MARIE-JO DHO

Un amour impossible Christine Angot Editions Flammarion, 18 euros Prix Décembre 2015

Algérie, clos comme on ferme un livre, de Bruno Boudjelal Prix Nadar 2015 Rencontre le 20 nov à l9h à la Librairie Histoire de l’oeil, Marseille

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Bel automne… malgré tout M

arseille, samedi 14 novembre. Ce devait être le temps fort d’Automnes en librairies, la manifestation littéraire préparée par les libraires indépendants de Marseille et de la région. C’était aussi le jour d’après. Alors il y a eu des absents, la romancière Maylis de Kerangal, l’illustrateur Victor Hussenot ; des annulations aussi. Mais la plupart des rencontres ont eu lieu, dans un climat de résistance à l’horreur. Avec la volonté d’élever les mots, les livres et l’art comme autant des barrages contre la barbarie. Christian Bobin l’a affirmé, il ne faut pas avoir peur et ne céder sur rien, avant de lire des extraits de Baltiques de Tomas Tranströmer (NRF Poésie/Gallimard) en écho aux tragiques événements de la veille. Un public d’inconditionnels était venu en foule rencontrer cet écrivain qui a choisi de vivre «dans l’éloignement du monde» et tisse une œuvre singulière, poétique, réfractaire à l’économique et au machinal. Invité pour présenter

Valentine Goby © Fred Robert

Noireclaire (récemment paru aux éditions Gallimard) ainsi que La prière silencieuse (un livre de photographies de Frédéric Dupont dont on lui a confié le texte), l’écrivain a évoqué les thèmes qui lui sont chers, l’amour, la mort, l’écriture, le silence… De nombreux extraits de ses œuvres ont émaillé cette rencontre forte avec un homme qui cherche par la poésie, «la fleur de

sel du langage», à «maintenir la tension du secret dans la parole». C’est un tout autre univers qu’explore Didier Da Silva dans Louange et épuisement d’Un jour sans fin (éditions Hélium, coll. Constellation), variation comique et répétitive sur un film dont le principe même est la répétition. Lecture d’extraits, visionnage des séquences filmées correspondantes, l’écrivain a proposé une

sorte de conférence décalée plutôt amusante. Enfin, les auteurs, Marie Neuser, Didier Castino, Fabrice Loi… étaient invités à rejoindre La Réserve à Bulles où les attendait un pianocktail littéraire, inspiré de celui de Boris Vian et rendu possible par les ressources technologiques et logicielles d’aujourd’hui. Raphaël France-Kullmann et Valentine Goby lisaient, Anne Guidi jouait (Bach, Gershwin, Ravel…) ; à la fin, un cocktail se déversait, qu’on pouvait déguster dans des pipettes de verre. Un final festif réussi, dans une ambiance littéraire et musicale de grande qualité. FRED ROBERT

Automnes en librairies, organisé par Libraires à Marseille et Libraires du Sud, associations des libraires indépendants de Marseille et de la région PACA, a eu lieu du 12 au 14 novembre

Traduire l'enfance avec une grande finesse la table ronde Gavroches d’ailleurs, qui réunissait trois traducteurs de récits fondateurs, Nathalie Castagné pour Pinocchio de Collodi, Bernard Hœpffner pour Les Aventures de Huckleberry Assise Finn de Mark Twain et Aline Schulman pour La vie du s de la t rad uc truand Don Pablos de Ségovie, vagabond exemplaire et tio nl itt modèle des filous (El Buscón) de Quevedo. Les trois traducteurs livraient une approche pertinente sur la composition, la réception, l’influence des œuvres présentées. Comment transcrire la voix de l’enfance lorsque l’on traduit ? «Trop d’analyse tue la traduction, il s’agit d’un savant mélange d’intuition et d’analyse et il faut garder cette dernière à postériori… Il n’y a pas de technique particulière pour traduire une voix d’enfant, c’est l’auteur qui la transcrit…On essaie d’entendre au mieux ce que l’on traduit.» Les lectures soulignaient par elles-mêmes l’excellence du propos. eA air ér

s d'ailleurs © Gavroche Rom nde a in e ro Bou abl tilli s, t er, rle

MARYVONNE COLOMBANI

AT LA

es trente deuxièmes Assises de la traduction littéraire, organisées par ATLAS1 se sont tenues à Arles du 6 au 8 novembre. Le thème directeur, Les Voix de l’enfance, était présenté lors de la conférence inaugurale, dialogue entre Maya Michalon et Sylvie Germain qui élargit le sujet aux autres arts, musique, peinture… montre le caractère universel et éminemment particulier de l’enfance, souligne les multiples façons d’en parler, «la voix de l’enfance peut s’exprimer autrement que dans les dialogues, par les regards, les gestes, le ressenti…». Aux questions du public, à propos de Magnus, elle sourit : «C’est mon propre ours qui m’a inspirée… l’ours en peluche, le compagnon de l’enfance, le joint par excellence… Ce joint peut être un morceau de tissu ou n’importe quoi sur lequel peut se cristalliser une mémoire.» Elle se refuse au «bidouillage factice». «Pour refaire la voix de l’enfant (…) la manière de parler de l’enfance tient de la poésie dans son tâtonnement, dans sa représentation poétique du monde, car il n’a pas tout compris, prend les mots au pied de la lettre (…) je préfère le discours indirect pour le transcrire, car mimer sa manière de parler, pour moi, ce serait faux.» Et quand on lui demande s’il y a une écriture féminine, elle rétorque : «Pour moi, auteur, écrivain, sont des mots neutres. Par son imaginaire, l’écrivain dépasse la loi du genre et des âges.» Maya Michalon animait ensuite

S

L

ATLAS : Association pour la promotion de la traduction littéraire. 1

La conférence a eu lieu le 6 novembre au Capitole, à Arles, lors des Assises de la traduction littéraire




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