Zibel89

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un gratuit qui se lit

N°89 du 14/10/15 au 18/11/15

La

culture est à

nous



Agriculture et urbanisation. ..........................................4 Culture et tourisme.......................................................6

Politique culturelle

Droit des auteurs..........................................................7 Maison Jean Vilar, ATP Avignon.....................................8

Événements

Festival En ribambelle...................................................9 Les Rencontres d’Averroès, Les Rencontres à l’échelle.....................................10, 11 MuCEM, Villa Méditerranée.........................................12

Critiques

Festival Actoral............................................................14 Questions de danse.....................................................15 Théâtre..................................................................16, 17

Au programme

Musique..............................................................18 à 23 Théâtre, danse, jeune public, cirque..................................................................24 à 45 Cinéma. ..............................................................46 à 50 Arts visuels..........................................................52 à 58

Littérature

Toutes vos violences

Sommaire

Société

Les Correspondances de Manosque........................... 60 Les Ecritures Croisées................................................ 62

Notre Méditerranée si belle dévore ses enfants. Les côtes trop bétonnées renvoient en vagues meurtrières les trombes d’eau venues d’un ciel déréglé par l’activité industrielle. Les migrants chassés par la misère, ou par des adeptes d’un groupuscule qui se dit un état et se dit islamique, regardent ses flots comme une barrière insurmontable, ou s’y noient. La Turquie, qui l’appelle la Mer Blanche, pleure aujourd’hui ses morts, assassinés parce qu’ils réclamaient la paix, et la protection. Face à tant de violences resterons-nous impuissants ? Les Rencontres d’Averroès, cette année, affichent ce Rêve brisé d’une mer commune, espace d’échange et de pluralité. Où les corps se libèrent au lieu de se couvrir, se mutiler, se violenter. Pourtant des raisons d’espérer existent. Pour la première fois le taux d’êtres humains vivant dans une extrême pauvreté (avec moins de 1$25 par personne et par jour) est passé en dessous de 10%. Il a été divisé par trois en 20 ans. En France l’écart de revenus entre les pauvres et les riches, qui avait sensiblement augmenté entre 2007 et 2012, est en train de doucement se réduire. Mais l’impression générale d’une violence économique exercée sur les salariés, les précaires, les chômeurs, persiste, et celle d’une impuissance des États. D’une globalisation qui prive le citoyen de toute possibilité d’influer sur son propre destin. Si bien que les pseudo-lyncheurs d’Air France soulèvent une paradoxale sympathie dans la presse, et jusque sous la plume d’Eric Emmanuel Schmitt. Qu’en sera-t-il des employés du conseil départemental des Alpes-Maritimes, qui viennent de se voir supprimer 14 jours de congés par Eric Ciotti ? Les salariés annoncent des jours d’action, mais aujourd’hui face à la violence économique comment être efficace ? Comment empêcher que Michel Combes parte d’Alcatel vers SFR avec 14 millions d’euros ? Les patrons du CAC 40 ont vu leurs revenus augmenter de 300 000 € en un an, passant de 3,9 millions d’€ à 4,2 millions d’€ en moyenne. Oui oui, chacun, soit 350 000 € par mois, soit encore 320 SMIC. Soit, pour un seul d’entre eux, largement de quoi payer les RTT des Alpes-Maritimes... On peut rêver d’un monde où les patrons travailleraient à réduire le chômage et à augmenter leurs salariés. Où ils s’essayeraient à vivre avec 1100 € par mois, sans patrimoine transmis, et en travaillant 35 heures. Et si ce rêve-là se brise aussi, on peut aussi s’emparer de nos destins : face à la violence, le sentiment de l’impuissance est courant. Mais il est généralement suivi par la révolte. AGNÈS FRESCHEL

Mensuel gratuit paraissant le deuxième mercredi du mois Édité à 32 000 exemplaires imprimés sur papier recyclé Édité par Zibeline SARL 76 avenue de la Panouse n°11 13009 Marseille Dépôt légal : janvier 2008 Couverture : La danseuse chorégraphe Kaori Ito, pendant Question de danse à Klap, le 1e octobre © Agnès Mellon Directrice de publication Rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@gmail.com 06 09 08 30 34 Imprimé par Rotimpress 17181 Aiguaviva (Esp.)

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Musique et disques Jacques Freschel jacques.freschel@gmail.com 06 20 42 40 57 Cinéma Annie Gava annie.gava@laposte.net 06 86 94 70 44

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L’urbanisation progresse partout, avec comme conséquence directe les inondations dues à l’artificialisation des terres. En Provence, où le foncier est convoité par les promoteurs, protéger les terres agricoles et favoriser les circuits courts est essentiel, pour vivre un présent sans risque, et préparer un avenir viable

L

e 29 septembre, à la veille des inondations mortelles sur la Côte d'Azur, la Communauté du Pays d’Aix (CPA) organisait une Tablée ronde, à la Chambre d’agriculture d’Aix-en-Provence, intitulée Quel avenir pour l’agriculture péri-urbaine en Provence ? Le constat de départ est sévère, comme le soulignait Christian Burle, délégué à l’Agriculture de la CPA : «Le prix de la terre a augmenté fortement, et n’est pas du tout en adéquation avec l’économie paysanne : or, il faut pouvoir vivre de son activité !» Les chefs d’exploitations vieillissent et peinent à trouver des repreneurs, il n’y pas assez de production locale pour fournir les marchés, et de nombreuses communes acceptent ou favorisent la réduction des surfaces cultivées. Sur le territoire de la CPA entre 2000 et 2010, l’agriculture communautaire a perdu un quart de ses emplois...

Outils mal adaptés

Pourtant, des outils existent : les Zones Agricoles Protégées, créées en 1999, les SCOT (Schémas de Cohérence Territoriale), les PAEN (Périmètres de protection et de mise en valeur des espaces agricoles et naturels périurbains), avec possibilité de préemption des terres par les collectivités ; mais cette forêt

Précieuses terres de Provence

La Sainte Victoire © Gaëlle Cloarec

de sigles dissimule souvent des procédures lourdes et mal adaptées. Les Maires, accusés de vouloir garder la main sur leur PLU (Plan Local d’Urbanisme) s’en plaignent, même si certains réussissent à mener une politique volontariste, comme Monique Salomon à Bouc-Bel-Air : «Chez nous aussi on a des logements sociaux à construire, des paysans qui veulent rendre leur parcelle habitable... mais on a tenu bon, et on cherche des agriculteurs, donc je lance un appel !»

Initiatives à encourager

La CPA a reçu l’aide de l’Europe pour le développement d’une politique alimentaire locale. Elle tente de relancer la culture de l’amandier ou la valorisation par le tourisme, via les sentiers vignerons notamment. Le développement d’un marché en circuit court passe par la restauration du lien entre urbains et environnement : six fermes pédagogiques existent sur la CPA. On ne compte plus le nombre d’AMAP (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne), tandis que celui des épiceries paysannes de quartier ne cesse d’augmenter. La consommation de produits locaux bio n’est pas réservée à un public aisé, contrairement à ce que semble encore croire Jean-Marc Bertrand de la Chambre d’Agriculture des Bouches-du-Rhône. De plus en plus de gens font ce choix, même des étudiants à très petit budget.

Installation ou reprise d’activités agricoles

Certains vont plus loin, avec la foncière Terres de lien, par exemple, qui propose aux citoyens de lutter concrètement contre l’effritement agricole en devenant actionnaire solidaire, pour permettre à de

jeunes paysans de s’installer. En PACA, sept entreprises ont à ce jour été soutenues : arboriculture, maraîchage, élevage, apiculture... Se développent des couveuses, pour se lancer progressivement, en conditions réelles, et tout un réseau de formation allant de la permaculture aux techniques de greffe, en passant par les vertus des plantes médicinales. Alaric Stephan, coordinateur de l’espace-test Terreau Paysan en témoigne : il reçoit beaucoup de projets néo-ruraux, avec un retour du collectif, une forte dimension pédagogique, mais constate la carence des dispositifs classiques d’accompagnement... Il faudrait bien évidemment que toutes ces innovations soient soutenues. En tous cas, si l’on en juge par le public présent -beaucoup de jeunes et de femmes-, la relève est là ! Comme on l’a entendu à Aix, considérant que l’artificialisation des terres est définitive, avec le réchauffement climatique, il va falloir à la nouvelle Métropole des gens convaincus que l’agriculture est essentielle, et qui soient insensibles aux pressions... Dans la société civile, il y a une réelle prise de conscience des enjeux, et une attente forte que les institutions passent à la vitesse supérieure. GAËLLE CLOAREC

La 4e édition des Tablées rondes de l’agriculture s’est tenue le 29 septembre à la Chambre d’agriculture à Aix-en-Provence www.terredeliens.org http://developpement-durable.univamu.fr/vie-pratique/amap



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Tourisme et culture,

un mariage risqué Les touristes affluent à Marseille, et on va y privatiser des plages. Quelles conséquences pour les habitants, et la culture ?

L

e bilan de la saison touristique estivale est, à Marseille comme en PACA en général, particulièrement positif. La hausse du nombre de touristes, étrangers et français, est énorme, en particulier dans la ville capitale : les transporteurs et croisiéristes internationaux ouvrent des destinations Marseille, les restaurants, les hôtels de toutes les catégories, les activités nautiques, mais aussi les musées et les festivals à Marseille, ont connu une hausse sans précédent de leur fréquentation, en juillet un peu, en août nettement, et en septembre pour la première fois. Les raisons évoquées par les professionnels ? Certes la région a connu, comme la Grèce ou l’Espagne, un report des touristes friands de Méditerranée et renonçant à partir en Tunisie, en Egypte, en Syrie ou en Turquie. Mais Arles, grâce à sa vie culturelle estivale intense, et Marseille, grâce au MUCEM, premier pôle d’attraction de la ville, et à l’impact de Marseille Provence 2013, ont mieux réussi à attirer ces nouveaux touristes qu’Avignon ou Aix. Alors qu’auparavant les Européens passaient à Marseille et séjournaient ailleurs, ils osent aujourd’hui les hôtels Marseillais, les nouveaux, de luxe, les autres, plus modestes voire économiques. Quant aux Chinois, Coréens, Américains et Canadiens, Marseille fait désormais partie de leurs étapes de voyage en Europe. Et ils repartent satisfaits, convaincus qu’ils reviendront un jour... même s’ils trouvent la ville sale, et les transports peu commodes.

Habitants de PACA

En tant qu’habitants de ces territoires, doit-on se réjouir de ce nouvel état de fait ? Le tourisme représente 11% du PIB de la Région, et ceci sans les secteurs annexes. Et au-delà de cet apport essentiel à la vie économique, les investissements opérés pour les touristes profitent aussi, en terme de qualité de vie, aux autochtones : on vit mieux dans une région au patrimoine exceptionnel lorsqu’il est entretenu, que des expositions et des festivals agrémentent nos étés, de Cannes jusqu’à Actoral. D’autant que 14% du tourisme en PACA est intérieur (mesuré en

© Agnès Freschel

nuitées vendues dans les hôtels). Mais qu’en est-il, exactement, du bénéfice que nous en tirons ? Le tourisme fait gagner de l’argent au territoire, autrement dit aux acteurs économiques, il crée de l’emploi, et rapporte aux villes de modestes taxes de séjour, encadrées par l’État, mais particulières à Marseille : c’est-à-dire presque au plafond dans les hébergements économiques, et s’approchant du plancher pour les hôtels de luxe. Lors de la conférence de presse organisée par la Ville de Marseille, seuls 5 directeurs des hôtels 4 ou 5 étoiles étaient présents, et ont demandé à Dominique Vlasto, adjointe au tourisme de la Ville, de ne surtout pas augmenter la taxe de séjour, de peur de décourager la clientèle. Elle les a rassurés. On leur a demandé s’ils pouvaient, forts de leur succès et d’une manière quelconque, aider le monde culturel puisqu’ils le disent essentiel à la vitalité de leur secteur, et qu’il va mal : ils ont aussi haussé les épaules et c’est Anne-Marie d’Estienne d’Orves, adjointe à la culture de la Ville, qui a rappelé que les musées aussi, et les festivals, avait profité d’une affluence record, et que les budgets de la culture souffraient en fait essentiellement des baisses de dotation de l’État.

La Culture est à nous

Reste que la culture, envisagée comme un facteur dynamisant de l’économie, peine à voir augmenter ses financements, et à changer de place. À la capitale culturelle 2013 succèdera, sans aucun questionnement du sens, la coupe d’Europe de foot, la capitale du sport, les JO. Or la culture n’est pas un simple vecteur d’attractivité : elle est ce qui nous constitue, et ne peut être pensée pour attirer le chaland. Ou

alors elle devient une caricature d’identité, comme ce vendeur de savon habillé en santon sur sa barcasse du Vieux Port. Ou comme le Panier tout entier, devenu en quelques années le miroir paradoxal de Plus Belle la Vie. Ces atteintes à notre culture, c’està-dire à ce que nous sommes, raidissent les identités, envoient les pauvres aux marges de la ville, incitent les riches à se replier dans leurs résidences. Car pas loin de l’ombrière du Vieux Port les éclairages publics jettent toujours des feux sporadiques sur des rats goguenards. Entre caricature, délaissement et dépossession, notre art de vivre se délite... Va-t-il être chassé des plages, des calanques ? Et les budgets de la culture, au lieu de servir à la création et aux citoyens, affectés aux seuls festivals et musées qui font marcher le commerce ? Le risque existe, tant que le mot culture ne sera pas l’objet d’une réflexion politique... AGNÈS FRESCHEL


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Droit des auteurs ou droit des usagers ? À

l’ère du numérique, la production intellectuelle et artistique, doit, comme d’autres secteurs, s’adapter à des mutations qui bouleversent les systèmes établis. Au cœur de ces nouveaux enjeux, le droit d’auteur. Le 2 octobre, Julia Reda, députée européenne allemande, rédactrice d’un rapport sur l’harmonisation du droit d’auteur dans les pays de l’Union (voir encadré) était invitée à la bibliothèque de l’Alcazar à Marseille pour en débattre aux côtés d’autres acteurs concernés. Plusieurs aspects et conséquences de la réforme proposée ont été abordés, soulevant de vifs échanges. Avant tout, le rapport Reda met en lumière un constat : les codes de la propriété intellectuelle actuels ne répondent plus aux nouveaux modes d’utilisation. Vidéos, images, textes, sons… la multiplicité -et la fusion- des médias qu’offre Internet, et l’usage, par quiconque, d’objets protégés par le droit d’auteur, a ouvert un vaste champ. Ceci implique une réforme de règles, édictées bien avant qu’apparaissent ces nouveaux fonctionnements. Le tout étant de s’accorder sur les termes de la réforme. Selon la députée, il ne s’agit pas «d’abolir le droit d’auteur, mais de le faire évoluer.»

Ligne de faille

Mais une ligne de faille apparaît très clairement. Pour résumer, d’un côté les usagers et les bibliothèques, favorables aux conclusions du rapport Reda, et de l’autre les auteurs, éditeurs et diffuseurs qui y sont hostiles. Bien que Julia Reda revendique d’avoir le soutien de nombre de créateurs. Parmi les intervenants du débat, dont la majorité était des femmes (tout comme l’assistance, à 90% féminine), Cécile Déniard, vice-présidente du Conseil Européen des Associations de Traducteurs Littéraires, s’étonnait de l’approbation par les bibliothèques «de propositions qui mettent en péril la création littéraire». Philippe Picquier, éditeur, y voit une volonté de «casser le

adapter le droit. «Nous devons nous demander ce qui se passera si on ne fait rien. Et comment les générations futures feront, elles, pour créer», conclura Julia Reda. JAN-CYRIL SALEMI

La rencontre avec Julia Reda a eu lieu le 2 octobre à la bibliothèque de l’Alcazar à Marseille

Qu’est-ce que le Rapport Reda ? Julia Reda © Martin Fischer-Fotodesign - Creative Commons via Wikimedia

couple auteurs-éditeurs» et constate que «le centre de gravité se déporte vers l’usager». «Partager des contenus gratuitement, très bien, mais que faire si un jour il n’y a plus rien à partager» renchérit MarieAube Nimsgern, présidente de Libraires du Sud.

La loi et l’usage

«Les bibliothèques ne sont pas les fossoyeurs du droit d’auteur !, se défend Monique Joly, directrice d’un service de documentation. Nous sommes confrontés à l’usage, qui nous pousse à prendre ces décisions. Nous ne sommes qu’au début du processus pour poursuivre notre mission d’intérêt général en préservant la rémunération des ayants-droit.» La crainte de Cécile Déniard étant d’aboutir à l’autorisation de pratiques répandues mais qui doivent demeurer illégales. «Ce n’est plus le législatif qui détermine, c’est la base qui fait réagir le législatif», rétorquera Franck Benalloul, un avocat présent dans la salle. Selon lui, nous avons déjà quitté la problématique de la propriété pour celle de l’usage, et c’est en ce sens qu’il faut

Julia Reda est une jeune députée européenne allemande (29 ans), seule élue du Parti Pirate au Parlement. À sa prise de fonctions en 2014, elle rédige un rapport sur l’harmonisation du droit d’auteur en Europe. Après de nombreux amendements, la version finale du rapport est adoptée le 9 juillet 2015 à une très large majorité par le Parlement. Il vise à favoriser les usages transfrontaliers. La mise en place de normes communes (durée d’application, droit à la parodie, liberté de panorama, prêt ou diffusion de livres numériques, fouille de données à des fins de recherche, etc.) est envisagée. Le texte doit être examiné par la Commission d’ici la fin de l’année. J.C.S

https://juliareda.eu/fr/


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«Rendons la Maison Jean Vilar au Festival d’Avignon» C

réée en 1977, la Maison Jean Vilar est un lieu de mémoire dédié à l’œuvre du créateur du Festival d’Avignon, un centre de ressources qui accueille l’antenne de la Bibliothèque nationale de France (BNF), des expos, des rencontres, des pièces. Son directeur, Jacques Téphany, quittera ses fonctions après l’été 2016. Rencontre avec un homme au calme olympien, dans son «oasis de réflexion»… au-dessus de la houle avignonnaise. Zibeline : Après la récente démission de l’adjointe à la culture Catherine Bugeon, ou la baisse des subventions aux associations culturelles de 10% qui inquiète les scènes conventionnées, ne sentez-vous pas souffler au loin un besoin de renouveau à Avignon ? Jacques Téphany : Cette ville est même devant un grand mouvement de transformation ! Il y a un rebond, mais il ne faut pas que ça tombe à plat. Il faut y faire face en réfléchissant et en mutualisant les moyens. Avec quelques acteurs culturels, nous avons atteint nos 7 décennies, il faut penser au relais. Quant à Catherine Bugeon, elle n’était sans doute pas la femme de la situation. À ce poste, il faut quelqu’un à la sensibilité politique, qui ait le goût de ça, de l’adversité, de la contradiction. Elle a beaucoup promis, par enthousiasme, mais derrière elle n’a pas été suivie. L’inquiétude des Scènes est compréhensible, elles ont eu peu d’explications. On sait la situation financière difficile de la ville, mais il y a un vrai déficit de communication et de pédagogie. Qui imaginez-vous pour la remplacer ? Je n’en vois qu’une ! C’est Madame le Maire ellemême (Cécile Helle, ndlr). La culture est un domaine régalien qui doit revenir au maire, en articulant le dialogue entre social et culture. Et pour vous même ? En 2016, cela fera 14 festivals que je suis gardien de cette Maison. Il faut savoir lâcher prise, je ne m’avancerai par sur ma succession. Elle a besoin d’un projet rénové, son principal financeur est le ministère de la Culture, c’est à la direction générale de la création artistique de piloter la recherche. Un bilan personnel ? J’ai respecté et aimé cette filiation avec Jean Vilar dont j’ai été le gendre. J’ai été très heureux même si j’ai été très seul. Je retiendrai la création des Cahiers Jean Vilar et l’ouverture aux débats l’été. Et aussi, même si c’est une maison de théâtre sans théâtre, l’accueil de petites formes, avec parfois un grand succès. À ce propos, votre si beau jardin qui accueillait les lectures de Radio France entre autres a été fermé cet été ? Oui, un conseiller municipal a brutalement fait fermer l’accès public au jardin, qui ne profite plus qu’au service

Jacques Téphany, Maison Jean Vilar, Avignon © Delphine Michelangeli

des fêtes, sous prétexte sécuritaire, alors qu’après analyse on aurait pu rendre la chose possible... On a perdu 10 000 euros de recettes et 4000 visiteurs ! Vos désirs pour l’avenir ? Rendons la Maison Jean Vilar au Festival d’Avignon, comme elle est née ! C’est une évidence qu’elle puisse rebondir, avec son petit budget (ndlr, 350 000 euros), en étant sous l’égide du Festival qui doit revenir s’installer ici. Qu’en pense Olivier Py, actuel directeur du In ? Il en serait enchanté, lui qui se revendique de Vilar. La question de la gouvernance entre la BNF et l’association serait résolue et la vie de cette Maison serait maintenue toute l’année. Ne pensez-vous pas d’ailleurs qu’Avignon manque, à

l’année, d’un grand lieu culturel ? On manque d’une scène nationale tout simplement, ça aussi c’est une évidence. Tout est hybride à Avignon ; on a par exemple cette formidable FabricA qui serait le lieu idéal, mais elle n’est pas conçue pour ça, elle est ceinturée. Il faut l’ouvrir au public. DELPHINE MICHELANGELI

Maison Jean Vilar, Avignon 04 90 86 59 64 www.maisonjeanvilar.org

ATP : la culture partagée

Créée à partir de l’œuvre de Jean Vilar, la notion de théâtre populaire continue d’être portée par les associations des Amis du Théâtre Populaire. Après un passage à vide, les ATP d’Avignon reprennent vigueur, soutenus par la Région, et désormais présidés par Bernadette Rey Flaud Alphandéry, suite au décès du fondateur Jean Autrand qui mena sa mission durant 60 ans. À l’instar des ATP d’Aix qui continuent de nouer des partenariats et un formidable travail (www. atp-aix.net), la 61e saison d’Avignon est emballante avec 10 spectacles accessibles. On y retrouvera notamment, à Benoit XII, 3 pièces à succès du Off 2015 : Fabrice

Luchini et moi, Réparer les vivants d’après De Kerangal et Les deux frères et les lions (lire sur www.journalzibeline.fr). À la Chartreuse de Villeneuve : une création du collectif L’Avantage du doute, et celle de Julien Mabiala Bissila, Au nom du père et du fils et de J.M. Weston, programmée par toutes les ATP. Et en juin, un rendez-vous surprise à la FabricA qui découlera sur une collaboration pour la 70e édition du Festival In. DE.M.

ATP, Avignon 04 86 81 61 97


En vacances et au-delà L

e vœu de pérennisation formulé par les directrices du Théâtre National de La Criée et du Théâtre Massalia s’est concrétisé : le festival En ribambelle ! que leurs structures portent conjointement revient cet automne. Il se déroulera sur les deux lieux, à cheval sur les vacances de la Toussaint et la rentrée scolaire, et s’ouvrira le 24 octobre à La Friche avec un spectacle proposé aux tout-petits, à partir de 1 an : Ombul, création du Théâtre Désaccordé, joliment inspiré des mobiles colorés de Calder et Miró. C’est que Macha Makeïeff et Emilie Robert ont à cœur d’offrir à leur public, dès cet âge tendre -«et jusqu’à pas d’âge»- des œuvres marquantes, propices à éveiller le goût du théâtre, souvent via la marionnette et l’objet... MoTTes, par exemple, est du théâtre d’argile, façonné pour les plus de 5 ans par François Salon et Sébastien Dehaye, tandis que dans Lento, deux jongleurs interagissent avec des ballons dotés d’une vraie personnalité (même tranche d’âge). Bouh ! (à partir de 8 ans), rapproche deux enfants de leur voisin autiste, une pièce tout en finesse pour marionnettistes inspirés. Le «fossile de dessin animé» de la compagnie italienne I Sacchi di Sabbia éveillera un livre Pop up (très approprié pour les 3/6 ans). Quant aux plus grands, ils apprécieront un spectacle primé lors des Molières 2010 et menacé de boycott au moment de la Manif pour tous : mis en scène par Olivier Letellier, Oh boy ! raconte l’histoire d’un jeune homosexuel qui se retrouve chargé de famille... et s’en sort très bien. Enfin, délices entre les délices, deux événements à ne pas manquer lors de ce festival : la Petite conférence manipulée se partagera entre La Friche et La Criée les quatre derniers jours d’octobre, avec Lucile Beaune qui présentera l’histoire de la marionnette, et le fameux bal de clôture aura lieu à La Criée cette année, en entrée libre à partir de 19h, le 7 novembre. GAËLLE CLOAREC

En ribambelle ! du 24 oct au 7 nov La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 www.theatremassalia.com

Oh boy ! © Thibaut Briere


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Méditerranée un rêve brisé ? L

a 22e édition des Rencontres d’Averroès se place sous le signe de l’inquiétude. Si les premières Rencontres connaissaient l’élan des alliances, que ce soit le «processus de Barcelone», les accords d’Oslo ou ceux de Dayton, le constat actuel est sombre, l’espérance suscitée par les révolutions arabes s’est enlisée, les réfugiés se pressent aux frontières, Daesh cherche à reconstituer un immense califat… Plus que jamais essentielle apparaît cette manifestation qui rend possible le fait de se parler, de rechercher les «termes de la concorde là où règne la discorde», selon les termes d’Emmanuel Laurentin qui présidera aux quatre tables rondes de cette année, au théâtre de La Criée. Les chercheurs, les écrivains, les philosophes, les artistes invités s’attacheront à penser cette Méditerranée, autour de quatre grands thèmes, Des frontières héritées au retour du califat ? (le 13 novembre à 18h) -qui s’interrogera sur la fragilité des états issus de la colonisation-, La Méditerranée, mondialisation ou rêve mondial ? (le 14 à 10h) -la Méditerranée est-elle encore un enjeu et pour qui ?-, L’Europe s’intéresse-t-elle encore à la Méditerranée ? (le 14 à 14h) -l’Europe a-t-elle abandonné le projet de son rééquilibrage au Sud ?-, La Méditerranée, nouveau cimetière marin ? (le 14 à 17h). Pierre-Jean Luizard, Julien Loiseau, Vincent Lemire, Malika Rahal, Andreï Gratchev, Christian

These shoes are made for walking © Mohamed Charara

Grataloup, Iris Polyzos, Houda Ben Hamouda, Caroline Douki, Medhi Alioua, Maylis de Kerangal apporteront leurs analyses, leurs témoignages, leur sensibilité à ces rencontres, et peut-être au-delà de la constatation des faits sauront esquisser de nouvelles voies. Parallèlement à ces pôles de réflexion, qui seront repris dans la presse, retransmis par France

Culture et réunis sous forme de publication aux éditions Parenthèses, un «Live Magazine», ou «Averroès Live» qui reprend le concept inauguré à San Francisco sous le nom de Pop Up magazine (2009), avec quatre intervenants

À l’échelle

Zibeline : Comment sont nées les Rencontres à l’échelle, il y a 10 ans ? ulie Kretzschmar : Cela me paraît une telle évidence, aujourd’hui ! Un processus assez simple, lié à l’observation de la ville dans laquelle je m’étais installée. J’ai le sentiment que

J

la première inscription d’un projet culturel est son territoire. Je voyage beaucoup ; c’est ce que je vois immédiatement quand j’aborde un endroit : les communautés qui Julie Kretzschmar © Benoît Paqueteau

Les Rencontres à l’échelle fêtent leurs 10 ans cette année. Entretien avec Julie Kretzschmar, qui pilote ce festival pluridisciplinaire travaillé par les questions migratoires depuis son origine

dessinent un espace de manière presque métaphorique, les strates de population, les déplacements. À Marseille il fallait que je comprenne le lien avec l’Algérie, les Comores... L’amusant dans cette ville, c’est de jouer de son identité très forte, une construction, presque un outil de marketing, qui contraste avec l’infinité de ses rattachements identitaires. Lors de mes premiers séjours à Alger, je ne rencontrais que des gens qui connaissaient mieux Marseille que moi. D’ailleurs le mot «Marseille» éveille toujours une réaction dans les pays arabes, en Afrique : il «ouvre» le visage des gens du sud. Avez-vous senti une évolution, sur cette décennie ? Je ne suis pas quelqu’un de très optimiste, j’essaie de ne pas être rabat-joie. Des efforts ont été faits au niveau de l’urbanisme,

des transports, mais cela reste localisé dans certains quartiers. Et la pauvreté est partout à Marseille, quel que soit l’arrondissement. Au niveau des inégalités, des marges, des endroits d’exclusion, je ne vois pas de manifestations d’apaisement, bien au contraire. L’appartenance est la grande question contemporaine, or on est très -ou trop- prudent sur la façon d’aborder ces choses-là, le voile, la représentation du monde arabe... L’artistique peut-il aider ? Traiter de ces questions via les écritures artistiques propose d’autres représentations, elles aussi contextuellement marquées, connotées, mais ce sont de petites ouvertures qui trouent le paysage médiatique uniforme, lorsqu’on parle de l’ailleurs, et de l’ailleurs ici. La plupart de nos propositions évoquent, soit de manière frontale soit en creux, la question de l’accueil. Comment


qui se succèderont pour raconter chacun une histoire en relation avec les tables rondes. Les Rencontres d’Averroès se conjuguent aussi sur le mode junior avec des propositions différentes selon les niveaux scolaires. L’an dernier 4000 élèves ont ainsi participé. Des spectacles nourrissent aussi ces rencontres, des films courts présentés par Tilt, le spectacle de danse These shoes are made for walking de la chorégraphe libanaise Nancy Naous (représentations ouvertes aux juniors), de nombreuses projections cinématographiques (dont Fatima de Philippe Faucon), des débats, des enregistrements d’émissions radio, un temps fort sur l’Arménie, des escapades à Martigues, Port-de-Bouc, Miramas, La Ciotat ou Apt... On applaudira le piano de Rita Marcotulli et l’accordéon de Luciano Biondini, et en clôture la pièce 81 avenue Victor Hugo mise en scène par Olivier Coulon-Jablonka (dans le cadre des Rencontres à l’échelle des Bancs Publics) qui nous interroge sur la question du droit absolu à l’accueil… MARYVONNE COLOMBANI

22e Rencontres d’Averroès Méditerranée, un rêve brisé ? Marseille et en région du 20 oct au 15 nov 04 96 11 04 61 www.rencontresaverroes.net www.espaceculture.net

on accueille quelqu’un qui a fait 4000 km d’un parcours épique à travers la moitié du continent africain ? Comment on accueille la pratique de la prière chez notre voisine ? Je me méfie des termes «théâtre politique», ou «engagé», mais les esthétiques peuvent déplacer des montagnes, parce qu’elles travaillent nos représentations, notre seule voie d’appréhension du réel. Votre travail résonne fortement avec l’actualité... Nous échangeons beaucoup avec de jeunes artistes, traversés par ce qu’ils vivent, alors forcément... Finalement les thématiques qui nous intéressent depuis des années s’entrechoquent avec l’actualité, mais je n’attends pas forcément une hausse de la fréquentation. Simplement cela peut éveiller un petit sursaut de conscience en cette période électorale, chez ceux qui se sont éloignés de ces réflexions. Beaucoup de gens ignorent que le vigile de Monoprix avec son chien est sans papiers depuis 10 ans... La grande question des réfugiés, c’est comment, indépendamment des discours politiques, la société civile va s’emparer de ça, en dehors de deux mois d’émotivité. Propos recueillis par GAËLLE CLOAREC

Les Rencontres à l’échelle du 4 au 26 nov, puis en janv/fév 2016 Divers lieux, Marseille 04 91 64 60 00 www.lesrencontresalechelle.com


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Panoramas du MuCEM Exposition J'aime les panoramas. Jeff Wall Restoration Kunstmuseum Lucerne © Jeff Wall et Museum of Art Lucerne

L

e MuCEM accueille une nouvelle exposition temporaire, J’aime les panoramas, qui commence le 4 nov. Si son titre est inspiré d’une citation de… Jean Dujardin dans une fameuse parodie de films d’espionnage, elle étudie fort sérieusement «le sentiment de dominer une situation» lié au phénomène panoramique. Et découle d’une étroite collaboration entre ses deux commissaires : Laurence Madeline, responsable du pôle Beaux-arts des Musées d’Art et d’Histoire de Genève, et Jean-Roch Bouiller, responsable du secteur art contemporain au MuCEM. Autour de l’exposition, plusieurs propositions composent le temps fort «Qu’est ce que voir ?», notamment des «leçons de regard» avec Sam Stourdzé (directeur des Rencontres d’Arles) dans le champ de la photographie le 5

nov, et le critique Jean-Michel Frodon dans celui du cinéma, le 6. Le 4 nov débute aussi le second volet de Traces... Fragments d’une Tunisie contemporaine, exposant le travail des artistes Augustin Le Gall, Wadi Mhiri, Houda Ghorbel, Faten Gaddes et Wassim Ghozlani.

Famille et Mémoires

Les vacances scolaires permettront aux enfants d’approfondir l’exposition Migrations divines, qui se poursuit quant à elle jusqu’au 16 nov. Du 24 au 26 oct la troupe Lilliput suivra Ulysse dans son Odyssée en théâtre d’ombres, et le partenariat du MuCEM avec La Baleine qui dit Vagues est renouvelé : les 28, 29 et 30 oct trois spectacles de contes se succéderont, centrés sur les mythologies grecques et égyptiennes. Hors-les-murs, à la Belle de Mai, le Centre de conservation et de ressources du MuCEM, l’INA, et les Archives municipales s’unissent pour une manifestation commune : Mémoires de la Belle. On déambulera avec La Folie Kilomètre, apprendra à grimper aux branches d’un arbre généalogique, dansera la farandole, parmi bien d’autres explorations de la richesse de ce quartier... (du 16 au 18 oct).

Rencontres et conférences

La 7e séance du cycle L’économie des restes et du recyclage en Méditerranée, organisé par l’I2MP, promet d’être passionnante : intitulée Faire avec le reste : makers et artisans, elle aura lieu le 23 oct. Le 6 nov, l’institut accueillera un séminaire consacré à la collecte ethnographique dans les musées de sociétés. Le 12, c’est un nouveau cycle de rencontres littéraires qui s’ouvrira au MuCEM, Le grand livre des passages. Littératures, avec la confrontation de deux œuvres, l’une contemporaine, celle d’Olivier Rolin, l’autre classique, celle de Blaise Cendrars. Auparavant, le 29 oct, les amateurs de danse auront pu assister à la conférence donnée par Yvonne Rainer, qui entend Revisiter une approche minimaliste de la performance. GAËLLE CLOAREC

MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org

Méditerranée, médias et climat L

es enjeux majeurs de notre temps seront prochainement au programme de la Villa Méditerranée. À l’approche de la COP 21, et après avoir accueilli la MEDCOP (son volet méditerranéen en juin, voir Zib 85 et 86), la question du changement climatique occupera les lieux entre le 27 oct et le 1er nov. Avec l’association Les Petits Débrouillards, déjà partenaire au début du mois lors du Village des Sciences, ces six jours seront consacrés à des ateliers thématiques interactifs. Ouvertes à tous, et en accès libre sur inscription, les activités, à la fois ludiques et

pédagogiques, porteront sur la transition écologique. Eau, énergie, conflits qui y sont liés, dérèglement climatique ou aménagement du territoire seront abordés avec un intervenant spécialiste du sujet. L’accent sera mis également sur ces problématiques reliées à l’environnement méditerranéen. Autre temps fort, celui dédié à la presse et à l’information en Méditerranée. Les 23 et 24 oct, Médi Médias réunira journalistes ou spécialistes venus des deux rives pour évoquer ces questions. Regards croisés, différences de pratiques et d’approches, les intervenants

échangeront sur quatre grands thèmes. Les nouveaux médias et la crise grecque le 23, avec notamment Laurent Mauduit, co-fondateur de Mediapart, Amel Bejaoui, journaliste tunisienne, ou Yannis Youlountas, documentariste grec ; le drame des réfugiés et le conflit syrien, le 24, avec Jean-Arnaud Dérens, rédacteur en chef du Courrier des Balkans, Souad El Tayeb, directrice de Monte Carlo Doualya, ou Alaa Tbbab, journaliste syrien réfugié à Manosque. Sujet plus local, le 17 oct, avec la projection du webdoc Et le Panier dans tout ça, réalisé par Tabasco

Vidéo en collaboration avec les habitants du quartier du Panier. Elle sera suivie d’un débat animé par le journaliste Philippe Pujol. Enfin, en novembre, du 4 au 7, se tiendra la 9e Semaine Economique de la Méditerranée, qui aura pour thème «Villes et territoires, levier de développement économique en Méditerranée». JAN-CYRIL SALEMI

Villa Méditerranée, Marseille 04 95 09 42 52 www.villa-mediterranee.org



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Actoral 2015 :

une maison hantée ? Convocation, évocation, obsession, persistance de la mémoire et retour du/au passé : la 15e édition du festival aura offert à travers certains de ses spectacles une leçon de porosité des esprits et des corps qui est peut-être une belle manière de résistance à la morosité !

T

he show goes on… L’ouverture tout en paillettes a bousculé un peu la scène du Gymnase légèrement étriquée pour l’occasion (le spectacle «déborde» gentiment vers le premier rang) ; il faut dire qu’il y a du monde à la manœuvre pour faire appareiller un bâtiment qui devrait évoquer selon son concepteur le Titanic s’abîmant en fanfare dans les eaux glacées du calcul égoïste, des catastrophes climatiques et autres réjouissances de saison. Le projet («un pari» dit Yan Duyvendak conscient sans doute de la fragilité des engagements les plus fermes) est frontal : un «divertissement qui fait réfléchir» et le genre de la comédie musicale, poussé sur les décombres du krach de 1929, semble à même d’honorer le cahier des charges. Intentions claires, sans doute trop, et mise en œuvre limpide : le surtitrage délivre des informations terrifiantes «pas de médocs pour les pauvres» ou «les ouvriers à Fukushima ont les yeux rouges» -on reconnaît bien le swing factuel et distant de Christophe Fiat- pendant que les artistes souriants recréent un Broadway impeccablement remasterisé par le chorégraphe Olivier Dubois ; sans faillir les corps chantent bien, dansent bien et une rengaine hypnotique «All right... Good night» accompagne les tableaux décalés qui font voler en éclats la «mélodie du bonheur» qu’évoque le titre Sound of Music. Entre l’or qui pare peu à peu les costumes, tombant en avalanche des cintres et le plomb du discours (lequel au fait ?), l’alchimiste se fait moraliste et tend au public l’éternel miroir de la contradiction ; mieux que rien sans doute… Des voix : Aux antipodes, sur le plateau nu de La Minoterie et avec quatre comédiennes qui entrent et sortent par la porte, l’iranien Amir Reza Koohestani réussit à troubler le spectateur dans ses fondamentaux -«croire» ce qu’il voit et entend- par des jeux d’ellipses, de répétitions, d’infimes variations autour de la spirale de la délation : dans un internat déserté, y compris par la responsable qui est donc la

Sound of music © Agnès Mellon

première figure questionnante-absente (on la découvre soudain dans le public), une jeune fille a entendu la voix d’un homme dans la chambre de son amie ; l’ambiguïté du titre Hearing -audience et audition- renvoie exactement aux subjectivités blessées de ces figures qui, on le découvre peu à peu, construisent un récit de souvenirs fragmentés qui tourne autour du suicide de l’une et de la culpabilité de l’autre ; bouleversante démonstration que le théâtre sait explorer l’invisible... Angelica Liddell, elle, construit ses images avec toujours les mêmes spectres de forme jusqu’à frôler un certain maniérisme qui n’en délivre pas moins une belle dose d’émotion : autour de violoncelles couchés comme autant de corps à résonance, elle erre en Jacqueline Du Pré, musicienne de légende, morte à 42 ans dans des souffrances que l’artiste catalane magnifie de sa mystique scénographiée : scarifications (légères... juste un peu de sang sur les linges blancs du martyre... pas sûr que la grande salle de la Criée permette à chacun d’apprécier) et petits pains à message, langage du corps hanté et de la possession fétichiste (ah.. la chevelure de Jackie) et la mort toujours recommencée dans le concerto d’Elgar qui vide la scène mais emplit l’âme ; le paintball warholien et le pop-corn, des photos de la guerre du Vietnam teintent l’iconographie d’une pointe de vanité cruelle ; le rituel accompli, l’artiste s’éclipse sans saluer ; on se sent bien seul. Que dire alors de (ce) qui est peut-être la découverte de cette édition : Thom Luz et son théâtre qui existe si fort d’être transaction avec la mort ? Le titre When I die-a ghost story with music suffit à camper la rigueur

et la précision helvétiques qui président à ce travail singulier ; intérieur anglais des 60’, veuve anglaise au piano anglais et peu à peu arrivée entre deux, trois ou quatre portes translucides ou miroirs, à travers l’écran d’un téléviseur majestueux, de «musiciens» qui mettront la durée du spectacle pour occuper la scène ; Schubert, Brahms, Debussy viennent visiter Rosemary et créent pour elle un chœur des anges que permet l’extraordinaire virtuosité des interprètes bien vivants ; c’est captivant ; on peut fermer les yeux mais on prend le risque de voir la même chose. D’autres propositions encore pour faire résonner l’absence comme celle de Laetitia Dosch dans un Album / hommage à Zouc ont permis de s’assurer fermement que, oui, la vie est un songe !!! MARIE JO DHO

La 15e édition d’Actoral s’est déroulée du 24 septembre au 10 octobre à Marseille


D’autres danses Au KLAP de Kelemenis, les questions de danse d’octobre permettent de penser la danse. Toutes les danses, souvent venues d’autres mondes que le contemporain...

L

a soirée d’ouverture du 1er octobre était une avant-première. Celle de Kaori Ito (en couverture), danseuse remarquable de plusieurs compagnies européennes internationales, et qui questionnait vraiment sa double identité de danseuse contemporaine, et de japonaise. Son centre de gravité rehaussé, éduqué à l’élévation classique, son rapport à son père, sculpteur japonais présent sur scène, à qui elle demandait d’incarner Pina Bausch comme Mickaël Jackson... L’ensemble, fondé sur des moments mal reliés, manquait de cohérence et de force émotionnelle en dépit de la singularité du propos, et de quelques instants de danse désarticulés époustouflants de douleur disant toute la tension d’une culture chorégraphique abandonnée, et comme trahie... Question de danse est aussi l’occasion de rendre compte au public des temps de création d’un chorégraphe. Une soirée a réuni trois projets qui prennent racine dans le hip hop et interrogent la figure de l’autre. À travers le temps et l’âge dans De(s) générations d’Amala Dianor, chorégraphe-danseur-performeur vivement remarqué au festival Constellations 2014 à Toulon (Zib’78) qui se produira en novembre aux Rencontres de danse de Châteauvallon ; à travers les genres dans SEPTeM d’Amine Boussa, danseur autodidacte qui a monté sa compagnie

Chriki’z et collabore avec Kader Attou et Andrés Marin ; à travers l’autre comme miroir de soi dans Alt(er) d’Alexandre Lesouëf accueilli en mai dernier en résidence au CDC Les Hivernales à Avignon. Trois étapes de travail qui montrent la diversité du langage hip hop et ses porosités plus ou moins ténues avec la danse contemporaine. 100% hip hop, 100% féminin, 100% énergique, le septuor d’Amine Boussa laisse perplexe : le parti pris d’une construction en tableaux successifs, du principe de la répétition sur des tempos différents, électriques ou lénifiants, sont de fausses bonnes idées. À vouloir tout dire, tout faire et tout montrer dans une sorte de boulimie compulsive, son propos s’étiole et le spectacle flirte avec la démonstration de force. À contrario, les cinq électrons libres mis en espace par Amala Dianor résonnent parfaitement tout au long de l’extrait, passant de l’état de fusion à celui de la circulation éclatée, de la performance et du challenge propres au hip hop aux figures abstraites. De(s) générations se concentre sur ce qui relie et ce qui unit les êtres par le jeu des regards, les frôlements, les placements. Dans Alt(er), le vocabulaire contemporain a quasiment absorbé le hip hop, lui préférant la narration et la théâtralité. Le quatuor masculin aux visages recouverts de cellophane tombe les masques dans une espèce d’urgence et leur «corps-objet» s’offre à toutes les combinaisons possibles : porté, jeté à terre, soutenu, balancé… En vingt minutes seulement, Alexandre Lesouëf fait montre de maîtrise technique, d’expressivité et de présence. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI et AGNÈS FRESCHEL

Question de danse a lieu jusqu’au 23 octobre au Klap Maison pour la danse, Marseille De(s)generation © Agnès Mellon


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Les mémés n’ont plus de dentier crit par l’auteure plasticienne Fabienne Yvert lorsqu’elle était étudiante il y a 30 ans, Papa part maman ment mémé meurt est un texte qui doit surmonter deux difficultés pour passer la rampe spectaculaire : graphique, plastique, sa parole n’est pas théâtrale ; contemporain dans son écriture, il s’ancre dans une époque très connotée où on chantait Papa Tango Charlie, où les grands-mères des petits garçons étaient de vieilles dames, et où on ne parlait pas sexualité et divorce aux enfants. Si Pierrette Monticelli parvient à merveille à théâtraliser la langue plastique de l’auteure, sa mise en scène ressemble plutôt à un clin d’œil à nos enfances d’adultes, qu’à un spectacle pour enfants. Car le verbe abondant parle sans gravité de situations de crises. Du départ d’un père, sans que jamais la culpabilité éprouvée par les enfants soit évoquée, de la dépression de la mère, qui provoque leur agacement sans les désemparer, de la disparition d’une grand-mère, sans qu’aucune des questions enfantines sur la mort ne survienne. Pas de terreur, pas de colère, ni de détresse... Mais l’intérêt du texte n’est pas dans l’émotion soulevée par ces questions graves : il est dans la distance que le langage parvient à instaurer avec l’émotion, que Pierrette Monticelli traduit par une distanciation post-brechtienne : dirigeant ses comédiens en bi-frontal et sans accessoires, c’est la parole, lue au pupitre, dite au micro, chantée, scandée, qui est le personnage essentiel du spectacle. Les comédiens incarnent les enfants, ou les parents, avec distance, enfilant un tutu, jouant avec le régisseur, s’amusant

© FredB Art

É

des références dans une très jolie complicité... mais cherchant parfois à trouver une émotion, qui a du mal à venir dans ce dispositif. De fait le spectacle est drôle et modestement funambule, mais pas sûr qu’il parle aux enfants d’aujourd’hui. Ou peut-être : les mémés n’ont plus de dentier, mais les enfants aiment encore les mères-grands des contes !

Papa part Maman Ment Mémé meurt a été crée le 6 octobre au Théâtre Joliette Minoterie, Marseille, et s’y joue jusqu’au 16 octobre

AGNÈS FRESCHEL

Pietro ou l’énergie du désespoir auteure et réalisatrice Emma Dante s’attache au monde de l’illusion à mi-chemin entre réalité sociale et imaginaire. Sous une forme légère empruntée au cabaret et ses artifices -fourreaux pailletés, boas à plumes, stilettos, striptease et déhanchements lascifs, jeux de lumières étouffées-, elle égratigne la famille sicilienne, ses contradictions et ses impasses. Comment vivre au grand jour son homosexualité dans une société matriarcale et machiste à la fois ? Comment assouvir ses désirs librement quand on s’appelle Pietro, que l’on est né «fille» aux pieds du Vésuve ? Emma Dante a écrit Operetta burlesca parce que, dit-elle, «j’ai connu tant de Pietro mais je ne les ai jamais vu danser»… Alors, sur scène, elle effeuille les corps et l’âme des amants pour leur offrir un électrisant pas de deux, sans

© Fabio Melotti

L’

bouche de Pietro qui raconte sa vie comme un bonimenteur dans une foire ! Mais ce sont toutes ses désillusions de quadragénaire frustré qui sont en jeu dans cette affaire de clan où chaque personnage est double et interchangeable. Par une habile mise en scène, Pietro est fils et femme, la mère est le père, l’amant un père de famille, la danseuse et stripteaseuse la petite fille qu’il ne sera jamais. Dans la Sicile d’aujourd’hui, la vie n’est pas un conte de fées, tout juste une operetta burlesca. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

aucun doute l’un des moments les plus éblouissants de son «spectacle de variété», comme elle le nomme. Une opérette donc, pour déguiser un discours engagé sur lequel flotte l’ombre de Pasolini. Sa dénonciation

des interdits, de la censure, de la répression, du déni, de l’exclusion. Tout est là, chanté et dansé d’un coup d’éventail sensuel, le temps d’un tango et d’un flamenco bien dosés. Le verbe est fleuri dans la

Operetta burlesca a été présenté le 2 octobre au Théâtre Liberté, Toulon


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Laboratoire psycho-poétique

Paradis perdu A

MARYVONNE COLOMBANI

DOMINIQUE MARÇON

Dingo ding © Richard Patatut

l y a toujours quelque chose de troublant dans les esquisses des grands peintres. On y perçoit déjà l’organisation d’ensemble, le frémissement de ce que sera l’œuvre achevée. Ainsi, les étapes de travail selon l’avancement de la réflexion des artistes laissent entrevoir ce qui sera. Délice de cet entre-deux, où la forme est encore malléable, disponible aux variations nouvelles. L’étape de travail de Dingo Dingue était de cet ordre-là, proposée par Christian Mazzuchini et sa compagnie Zou Maï Prod, dans la lignée de Psychiatrie Déconniatrie, inspiré par les textes de François Tosquelles pour qui, «sans la reconnaissance de la valeur humaine de la folie, c’est l’homme même qui disparaît». Christian Mazzuchini endosse tour à tour les intonations de François Tosquelles et sa moustache, de Jacques Lacan et ses ronds de fumée, Jean Oury et ses tics respiratoires, Lucien Bonnafé et son charisme. On est toujours surpris par la fantaisie, l’humour, la simplicité clairvoyante et la poésie des textes de ces savants. Le comédien ne néglige pas son propre personnage, enfant ? malade ? en tout cas (on l’imagine pour l’instant) avec des plumes d’indien et une mère (Maryline Le Minoux) qui ne cesse de rajeunir (interprétée par la jeune Lucie) pour accéder enfin au monde de son rejeton. Le spectateur luimême est inclus dans ce tourbillon délirant et jubilatoire… Tout est théâtre, mise en scène de soi. Reste à attendre octobre 2016 pour applaudir la pièce achevée…

près une première étape de travail en octobre 2014, Angela Laurier revient au Théâtre d’Arles les 15 et 16 octobre pour y créer Artpiste. Elle poursuit là le travail et la réflexion sur le thème de la transmission et du rapport maître/élève entamé sur sa pièce précédente, L’Angela bête. À la différence près qu’elle n’est plus le sujet central de la pièce, mais qu’elle met en scène et en lumière deux itinéraires opposés d’artistes qui ont dès l’enfance fait le choix de leurs disciplines artistiques et d’en faire leur métier. Sophie Béguier, harpiste virtuose, et Thomas Bodinier, acrobate, fildefériste et danseur croisent leurs histoires et leurs parcours, au son de la harpe qui s’avère être l’instrument déclencheur de cette aventure artistique. Durant 10 ans, Sophie Béguier l’a pratiquée comme un sacerdoce, sous les insultes et les humiliations de sa professeure, jusqu’au dégoût, et jusqu’à sa rencontre déterminante avec un maître d’aïkido et la pratique des arts martiaux qui l’aida à vaincre cet état de soumission. Sur le plateau, entre ombre et lumière, la harpe laisse deviner ses formes, fascinante et imposante, que la musicienne vient provoquer dans un corps à corps saisissant ; à côté, en retrait, Thomas Bodinier danse, écoute, puis se pose sur son fil (équipé de capteurs sonores) et, ses mouvements le faisant vibrer, crée des sons qui s’harmonisent avec les notes ténues de la harpe. De par sa présence il sera le contrepoint libre de la souffrance de S. Béguier, l’accompagnant dans le lent et délicat cheminement de la délivrance. L’instrument-torture deviendra instrument-plaisir, transformant de façon sidérante la musicienne en marionnette… libérée. En partant de l’histoire intime de chacun, la création d’Angela Laurier prend une dimension infiniment humaine pour nous faire écouter les soubresauts de leur être.

I

L’ étape de travail a été présentée le 29 septembre au 3bisf, Aix-en-Provence

Artpiste est créé les 15 et 16 octobre au Théâtre d’Arles


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Antique Babylone… L’

Jessica Pratt © Luis Condro

Opéra de Marseille ouvre sa saison avec de sombres histoires de vengeance. Les machinations de la cour de Babylone opposent la grande reine Sémiramis (Jessica Pratt) et le jeune roi Arsace (Varduhi Abrahamyan) dans l’opéra de Rossini Sémiramide (du 18 au 27 octobre) d’après la pièce de Voltaire. Sera donnée la version concertante, avec l’orchestre et le chœur de l’Opéra de Marseille, sous la direction musicale de Giuliano Carella. On goûtera les acrobaties vocales de l’air d’Arsace Eccomi Alfine in Babilonia ou celui de Sémiramide, Bel raggio Lusinghier. Mirco Palazzi, David Alegret, Patrick Bolleire et Samy Camps interprèteront respectivement Assur, Idreno, le fantôme de Nino/Oroe, et Mitrane. Encore en version concertante, nous entraînant à Venise, I due Foscari (les 15 et 18 novembre) de Verdi sur un livret de Francesco Maria Piave d’après la pièce de Lord Byron. On y voit la machiavélique conspiration qui permettra à Jacopo Loredano d’écrire dans son livre de comptes «Maintenant, je suis payé !», la mort de Jacopo Foscari et de Francesco Foscari venant «rembourser» celles de Pietro et Marco Loredano. L’orchestre et le chœur de l’opéra de Marseille accompagneront Virgina Tola, Sandrine Eyglier, Leo Nucci, Giuseppe Gipali, Wojtek Smilek et Marc Larcher, sous la

houlette de Paolo Arrivabeni. Une conférence, I due Foscari, Une rareté verdienne, prépare à la représentation. Enfin, en incontournable star du piano, Lang Lang (le 16 novembre) accordera sa sensible virtuosité au Concerto italien de Bach, à la pittoresque délicatesse des Saisons de Tchaïkovski et clôturera ce programme titanesque par les quatre Scherzos de Chopin, son compositeur de prédilection. MARYVONNE COLOMBANI

Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr

GTP/Jeu de Paume

D

ans le cadre du Temps fort Jeune Public, deux concerts d’une belle tenue attendent les spectateurs. Une version jazz du Carnaval des animaux (dès 6 ans) avec David Enhco et ses complices de The Amazing Keystone Big Band ; la partition de Camille SaintSaëns connaît une réécriture jazz qui accorde lion et trombone, cygne et saxophone, éléphant et tuba, donnant aux poissons de l’Aquarium les sonorités de la trompette (les 16 et 17 octobre) ! Puis, l’Orchestre Régional Avignon Provence, sous la direction d’Alexandre Piquion, s’attache à un ciné-concert tendre et jubilatoire, sur deux films de Charlie Chaplin : Charlot soldat et Une vie de chien, avec la musique composée par l’inoubliable poète cinéaste (les 23 et 24 octobre). Pour les plus grands, l’Orchestre Philharmonique de Saint-Pétersbourg, tout simplement l’un des meilleurs du monde, dirigé par Yuri Temirkanov, livrera toutes les facettes de son talent avec l’interprétation de trois œuvres du

Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg © X-D.R

répertoire : La Légende de la ville invisible de Kitège de Rimski-Korsakov, Francesca da Rimini de Tchaïkovski, inspirée d’un passage de la Divine Comédie de Dante, et la très lyrique Symphonie n°4 en sol majeur de Malher (le 26 octobre).On aura le

bonheur d’entendre le piano sensible et virtuose de Nelson Freire sur des partitions de Bach, Beethoven, Prokoviev, Chopin, rêve suspendu (le 29 octobre). Plébiscité au Festival de Pâques, le Quatuor Ehnes revient, apportant passion et tragédie avec

La Jeune Fille et la Mort de Schubert, ou le Quatuor n°11 en fa majeur de Beethoven, son Quartetto serioso, mais aussi le lyrisme murmurant et subtil de Sibelius et son Quatuor en ré mineur, Voces intimae (le 3 novembre). L’Orchestre Français des Jeunes baroque, quant à lui, conviera à une plongée à la cour du roi Soleil, en proposant une série d’extraits, depuis La finta pazza de Francesco Sacrati, au Carnaval et la Folie d’André Cardinal Destouches, en passant par L’Orfeo de Rossi le Xerse de Cavalli et Le Bourgeois Gentilhomme de Lully (le 6 novembre). Autre monstre sacré du piano, Boris Berezovsky déclinera des œuvres de Grieg, Tchaïkovski et Stravinsky, diaprant la fulgurance de son brio d’une intelligence sensible (le 17 novembre). M.C. GTP, Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 www.lestheatres.net


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Le pays du sourire

Alexandre Tharaud Alexandre Tharaud © Marco Borggreve

Le Prince chinois Sou-Chong a épousé à Vienne la jeune comtesse Lisa. Mais le retour à la cour chinoise, la polygamie, même simple formalité («dixit» le jeune époux !) transforment l’amour de la belle Lisa en haine. Elle repart pour son pays. Malgré son chagrin, le prince doit toujours sourire… Toujours sourire, le Thé à deux ou Je t’ai donné mon cœur, sont autant de «tubes» inoubliables…Jack Gervais met en scène l’opérette romantique de Franz Léhar sous la direction musicale de Bruno Membrey. les 24 et 25 oct L’Odéon, Marseille 04 96 10 52 70 www.marseille.fr

L’opéra d’Avignon aura le privilège d’accueillir le pianiste Menahem Pressler, moult fois récompensé (concours Debussy, nominations aux Grammy Awards, diapason d’or de Télérama, ou le Classique d’or RTL)… Il présentera un programme d’une rare richesse : le Rondo en la mineur, KV 511 de Mozart, la Sonate n° 48 en sol majeur, D 894 de Schubert, Estampes de Debussy, des Mazurkas de Chopin, ainsi que sa Ballade n°3 en la bémol majeur, opus 47. le 24 oct Opéra d’Avignon 04 90 14 26 00 www.operagrandavignon.fr

Adam Laloum Photo Carole-Bellaiche © Mirare

Menahem Pressler © X-D.R

Adam Laloum

On ne présente plus le pianiste Alexandre Tharaud, et son parcours atypique qui le mène des plus grandes scènes internationales au théâtre ou au cinéma. On aura le bonheur de le retrouver pour trois concerts sur la région, aux côtés de l’Orchestre d’Avignon, sous la direction de Samuel Jean pour le concerto n°9 de Mozart en mi bémol majeur, dit «Jeune Homme». Les cadences des deux premiers mouvements, et le superbe solo qui ouvre le troisième, constituent autant de morceaux de bravoure pianistique. L’orchestre seul ensuite offrira la Symphonie n° 8 de Dvorak (la «Tchékoslovaque») où se conjuguent danses, inspiration populaire et romantisme. Enfin, on entendra la poétique création du compositeur français Pascal Zavaro, La Bataille de San Romano.

Menahem Pressler

le 16 oct Opéra d’Avignon 04 90 14 26 00 www.operagrandavignon.fr le 17 oct La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

L’Orchestre Symphonique de l’Opéra de Toulon, sous la houlette de Dmitri Liss, accueille le pianiste virtuose Adam Laloum. Une œuvre contemporaine au programme, Quinglong-Azure Dragon d’Olga Viktorova qui, malgré sa brièveté, mêle langages, atmosphères et rythmes avec brio. On entendra aussi le dernier concerto pour piano de Mozart, le n°27 en si bémol majeur, (K. 595), et l’une des symphonies les moins jouées de Sibelius, la n°6 en ré mineur Opus 104, au lyrisme émouvant. Une belle palette pour le jeu subtil et puissant d’Adam Laloum. le 30 oct Opéra de Toulon 04 94 93 03 76 www.operadetoulon.fr

le 18 oct La Colonne, Miramas 04 90 50 05 26 www.scenesetcines.fr

America !

C’est le cri que poussaient les migrants lorsqu’ils discernaient la silhouette de la statue de la Liberté, du moins d’après ce que raconte Baricco dans Novecento. L’Orchestre Régional Avignon-Provence, avec Samuel Jean qui assurera la direction d’orchestre et la partie piano, propose un concert baptisé America !, qui donnera à entendre les musiciens indissociables du rêve américain fantasmé par l’Europe : On the town de Bernstein, Catfich suite de Porgy and Bess de Gershwin et Music for the theater de Copland. le 13 nov Opéra d’Avignon 04 90 14 26 00 www.operagrandavignon.fr

Massilia Sound Gospel Le MSG (Massilia Sound Gospel) vous offre quatre siècles de musique, du célèbre Amazing Grace (1771) à Prayed Up (composé en 2011). Le spectacle revisite les standards, de la musique sacrée à Michaël Jackson, et nous emporte dans un voyage musical où les esthétiques se mêlent, par la grâce de l’enthousiasme éclairé des trente choristes, sous la houlette de Greg Richard (ancien membre de Hot Gammes entre autres). Soirée d’autant plus immanquable quand vous saurez que des artistes comme Jonathan Soucasse au piano, Franck Lamiot à l’orgue Hammond et au piano wurlitzer, Emmanuel Soulignac à la basse et Arthur Billès à la batterie, accompagnent le chœur. le 30 oct Salle Guy Obino, Vitrolles 04 42 02 46 50 www.vitrolles13.fr


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Gabriela Ungureanu

Kreasi Di Massilia

Gabriela Ungureanu © Jean-Baptiste Millot

La jeune pianiste Gabriela Ungureanu a déjà séduit la critique par l’intelligence de son jeu, l’émotion qu’elle sait transmettre. Le théâtre de La Criée aura le bonheur de la recevoir sur un programme qui, du baroque Rameau avec sa Suite en la et trois pièces de concert aux noms énigmatiques (La Coulicam, La Livri, Le Vésinet), passe à des extraits de la Suite espagnole d’Albéniz, Granada, Sevilla, Cadiz, Asturias, Aragon et Castilla. Un spectacle de bonheurs musicaux partagés.

le 3 nov PIC, Marseille 04 91 39 29 13 www.ensemble-telemaque.com

Thibault Cauvin Thibault Cauvin © X-D.R

Vol de nuit

Il s’agit d’un recordman du monde ! Thibault Cauvin est le guitariste qui a remporté le plus grand nombre de premiers prix à moins de vingt ans (13, en porte-bonheur !). Les six cordes de sa guitare classique le mènent à travers le monde (plus de 1000 concerts). C’est donc un privilège rare de pouvoir l’applaudir ! Il offrira (concert gratuit) une présentation de son nouveau double CD qui explore les capacités de la guitare, et avec un tel artiste elles semblent infinies, des œuvres classiques à de superbes découvertes ! le 16 oct Chapelle du Méjan, Arles 04 90 49 56 78 lemejan.com

Journée Quatuors

Une journée et deux quatuors d’exception à la chapelle du Méjan, l’un féminin, l’autre masculin, pour l’équilibre… Le Quatuor Akilone (à 11h), composé aux violons d’Elise De-Bendelac et d’Emeline Concé, à l’alto de Louis Desjardins et au violoncelle de Lucie Mercat. Elles interprèteront des œuvres de Maurice Ravel, Franz Schubert et Bela Bartok. L’après-midi, ce sera le Quatuor Modigliani (à 15h) avec Philippe Bernhard et Loic Rio au violon, Laurent Marfaing à l’alto et François Kieffer au violoncelle, pour des œuvres de Chostakovitch, Mozart, Beethoven… Quel beau dimanche ! le 15 nov Chapelle du Méjan, Arles 04 90 49 56 78 lemejan.com

Quatuor Akilone © X-D.R

le 23 oct Auditorium de la médiathèque, Hyères 04 96 20 60 10 www.gmem.org

La complicité qui s’est établie entre l’ensemble Télémaque et la Casa de Velasquez a conduit à de fructueux échanges. L’ensemble convié à l’Institut madrilène pour un vidéo-concert, invite à son tour de jeunes artistes en résidence à la Fondation Camargo qui s’est prise au jeu. Les talentueux musiciens de Télémaque, Charlotte Campana à la flûte, Linda Amrani à la clarinette, Christian Bini aux percussions, Guillaume Rabier au violoncelle, Solange Baron à l’accordéon et Raoul Lay à la direction d’orchestre interpréteront au PIC deux créations des résidents de la Casa Velasquez et deux créations de la classe de composition, Tetsuya Yamamoto (Japon), élève de Régis Campo et Mathis Porracchia (France), élève de Pierre Adrien Charpy du C.N.R.R. de Marseille.

du 4 au 6 nov Cité de la Musique, Marseille 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com

le 9 nov La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Quatre semaines sont consacrées à la découverte des musiques électroniques dans le cadre de Tempo Electro. À cette occasion, un concert/rencontre animé par le directeur du gmem-CNCM-Marseille, Christian Sebille, invitera à l’écoute de la musique électro-acoustique : Vol de nuit. Comment simule-t-on un vol de son ? décrypter le mystère des vibrations sonores qui s’échappent d’un haut-parleur… Un panorama de la création musicale pour haut-parleur sera ainsi brossé avec l’écoute et la découverte de Pierre Schaeffer, Luc Ferrari, Sébastien Roux et Hervé Birolini.

Casa de Velasquez

Dans le cadre du Festival Gamelan, cet énorme instrument collectif venu de Bali et qui a tant influencé Debussy, on aura le privilège d’entendre au cours du concert Kreasi Di Massilia une composition (commande de Roland Hayrabédian) de Philippe Boivin, rituel contemporain pour gamelan et solistes de Musicatreize, Bhur Gong - Tri Bhuwana. Cet instrument semble se plaire à la création contemporaine puisque sera aussi joué Spin d’Eric Abecassis, pour gamelan et électronique, et enfin Cymbalum Mundi d’Henry Fourès pour six musiciens et un set du gamelan. Loin des musiques balinaises, ces œuvres explorent avec brio les infinies possibilités de cet instrument magique.



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L’amour au Dock Les Amazones d'Afrique © X-D.R

L’incontournable rendez-vous musical et festif marseillais automnal est annoncé : la Fiesta des Suds place sa 24e édition, du 14 au 17 octobre, sous le signe de l’amour ! Comme à son habitude, la fête fait se côtoyer des têtes d’affiche comme des formations plus confidentielles, les genres musicaux et les générations de festivaliers –la Fiesta des minots est d’ailleurs programmée le 14 de 14h à 18h. Cette année, du côté des pointures, on croisera le légendaire Alpha Blondy, qui signe son grand retour accompagné du groupe The Solar System, le griot sénégalais Cheikh Lô, l’infatigable membre historique du Massilia Sound System

Papet J, le maestro flamenco Diego El Cigala qui rend hommage à Paco de Lucia, ou encore le groupe jamaïcain iconique The Gladiators et son nouveau chanteur Droop Lion… Du côté des étoiles montantes, on suivra Minuit,

le groupe de Simone Ringer et Raoul Chichin, Elida Almeida, chanteuse capverdienne qui prend la relève de Cesaria Evora, Bigflo & Oli, jeune garde du hip op français, ou encore la pop de The Do et d’Aaron… À noter aussi une création originale, le

Collectif Freesson

vendredi soir, que l’on doit aux Amazones d’Afrique -un super orchestre féminin qui rassemble les trois divas maliennes Oumou Sangaré, Mamani Keita et Mariam Doumbia, mais aussi des instrumentistes d’exception comme la joueuse de kora Madina N’Diaye ou la bassiste Delphine Diabate- qui invitent Tiken Jah Fakoly, Jean-Louis Aubert et Mouss & Hakim à les rejoindre sur scène pour un concert-événement ! Do.M.

Fiesta des Suds du 14 au 17 oct Dock des Suds, Marseille 04 91 99 00 00 www.dock-des-suds.org

Elliott Murphy Elliott Murphy © X-D.R

Le Collectif vauclusien spécialisé dans les arts numériques et musiques électroniques présente au Thor le Balèti électro des Minots : un bal rétro-futuriste (pour enfants), créatif et participatif, animé par trois musiciens du Bal Pop Tronic, adeptes de l’expérimentation musicale. Aux sons de Game Boy modifiées et magnétophones K7 détournés, ils feront découvrir aux minots danses et musiques traditionnelles. Pour les plus grands, ça sera au tour du Théâtre de l’Oulle, nouvelle scène permanente du centre-ville d’Avignon à la programmation alléchante et sûre, d’accueillir le Collectif Freesson pour une folle soirée mêlant poésie, bricolage électronique et set explosif, avec l’événement inventif consacré à la création artistique : Do it yourself party. le 21 oct Auditorium Jean Moulin, Le Thor 04 90 33 96 80 www.artsvivants84.fr le 23 oct Théâtre de l’Oulle, Avignon 09 74 74 64 90 www.theatredeloulle.com Bal Pop Tronic © L. Moulin

Le songwriter et écrivain Elliott Murphy inaugurera en concert solo acoustique, le 23 octobre, le Kollectiv’Mode, un nouveau lieu associatif sur le Cours Julien, Kollectiv’Mode, tenu par un trio d’artistes réunis autours d’évènements réguliers. À l’Auditorium Jean Moulin, le 14 novembre, le compositeur-guitariste-interprète sera accompagné par le guitariste virtuose Olivier Durand et le groupe Normandy’s All Stars. le 23 oct Kollectiv’Mode, Marseille 06 72 96 22 26 www.kollectivmode.com le 14 nov Auditorium Jean Moulin, Le Thor 04 90 33 96 80 www.artsvivants84.fr


Chango Spasiuk Chango Spasiuk © X-D.R

L’accordéoniste Chango Spasiuk est un fervent défenseur de la diversité qu’apportent les musiques associées au folklore argentin. La venue à Berre de ce maître (incontesté) du chamamé, une musique traditionnelle et rurale du nord-est de son pays natal qui exprime les sentiments de l’homme de la terre, est un évènement. En introduisant des influences européennes et africaines, il universalise le style populaire en une musique hybride et libre. L’artiste sera accompagné de Marcos Villalba (guitare et percussions), Pablo Farhat (violon) et Diego Arolfo (guitare et voix) le 12 nov Forum des Jeunes, Berre 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com

Youssoupha

Le rappeur Youssoupha, Français d’origine congolaise, diplômé de la Sorbonne, se sert de sa musique pour donner son point de vue… loin des clichés et des frustrations. Indépendant et libre, il offre un message universel qui touche à la réalité d’une majorité de Français. Il présente à Martigues son dernier album NGRTD (négritude) et, brandissant le drapeau d’un rap apaisé et tendre avec ses textes impressionnistes et sociaux, offre une musique passionnée, décomplexée et positive. le 23 oct Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr


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Pop Philosophie

Lorenzaccio

Depuis sa création en 2009 par Jacques Serrano, le festival de la Pop Philosophie n’a cessé d’innover. Philosopher ou faire l’amour sera la phrase clé de la soirée inaugurale du festival. Pensée et culture pop s’entremêlent à travers l’éloge de l’amour et le rejet de l’individualisme moderne. Il s’agira également de créer des liens avec les autres et revaloriser les mouvements désintéressés de l’âme à travers les pensées de philosophes. Soyons curieux !

Les Géants… © Elisabeth Carecchio

le 26 oct Théâtre de la Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

… Germaine Tillion

Il était une fois Germaine Tillion du 17 au 19 nov Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 www.lestheatres.net

du 3 au 7 nov Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 www.lestheatres.net

Zigmund Follies © Claire Leroux

© Hervé Kielwasser

Xavier Marchand et Sharmila Naudou ont créé un spectacle à partir de l’œuvre de Germaine Tillion qui, depuis mai 2015, repose au Panthéon. Ethnologue, résistante et engagée dans la lutte pour l’émancipation du peuple algérien, elle fut déportée à Ravensbrück. Germaine Tillion a laissé des écrits témoignant de son engagement durant sa vie sombre et violente. Cette femme, qui a écrit un opéra à Ravensbrück pour «égayer» le sort de ses compagnes, confesse : «Si j’ai survécu, je le dois d’abord et à coup sûr au hasard, ensuite à la colère, à la volonté de dévoiler ces crimes et enfin à une coalition de l’amitié car j’avais perdu le désir viscéral de vivre.»

Une troupe de théâtre en quête d’un lieu où représenter sa pièce arrive dans une étrange maison délabrée peuplée de personnages bizarres. Ces derniers sont gouvernés par un magicien qui a créé un monde où «rien n’est vrai mais tout peut être vrai.» Les Géants de la montagne ancrent l’Imagination dans le Réel. Stéphane Braunschweig entremêle le théâtre dans le théâtre à la poésie violente de Luigi Pirandello. Cette œuvre inachevée laisse place à l’interprétation du spectateur au sujet de l’art et de sa place dans la réalité.

Catherine Marnas met en scène Lorenzaccio, un monument du théâtre romantique en cinq actes, quatre-vingt personnages, et nécessitant de nombreux décors. Le protagoniste, Lorenzo de Médicis, un schizophrène célèbre, est tiraillé entre l’idéaliste Lorenzino et le pervers Lorenzaccio. Dandy ricanant, cynique au visage blême comme la lune, il est le compagnon décadent du duc despotique Alexandre de Médicis. Mais il est aussi celui qui veut l’assassiner pour mettre fin à son pouvoir arbitraire… Tous les ingrédients sont là pour entrer dans une tragédie qui se terminera dans le sang et les larmes.

Les Géants de la montagne du 10 au 14 nov Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 www.lestheatres.net

La Belle au bois dormant

Une Princesse, une forêt, un fuseau, un sommeil de cent ans, des fées gentilles et méchantes, un Prince... Tout cela vous semble familier ? Il s’agit bien de La Belle au bois dormant. Mais dans cette adaptation délirante de Jean-Michel Rabeux, les contes et les époques se croisent et le langage n’est pas celui auquel on s’attend. Un Prince utilise un skate en guise de cheval, Barbe-Bleue ou encore Peau d’âne s’invitent à l’histoire... On se rappelle que la malédiction du fuseau n’est que le début du conte. La très méchante ogresse et sa marmite remplie de serpents sont les véritables monstres de l’intrigue. le 24 oct Le Gymnase, Marseille 04 91 24 35 24 www.lestheatres.net les 5 et 6 nov Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com

Dans ce spectacle de marionnettes de Philippe Genty, un conteur découvre avec effroi que sa main gauche ne lui obéit plus mais surtout qu’elle a une volonté propre. Elle fouille ses poches, son portefeuille, ouvre ses lettres, ses tiroirs… Il la surprend même en train de tourner sa veste jusqu’à ce qu’elle l’entraîne, par accident, à «l’Intérieur » après avoir traversé une fermeture éclair. Poursuites, rencontres incongrues et bien plus encore, cet univers intérieur va se révéler bien étrange… du 3 au 7 nov Le Toursky, Marseille 04 91 02 58 35 www.toursky.fr



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… Mr Weissmann

Schnell, Schneller Franck Dimech © X-D.R

© Laurencine Lot

Sirènes et midi net

La Cie l’Individu s’approprie l’espace public avec Citizen K - les Orateurs en faisant entendre de grands textes politiques où l’engagement se lit dans les corps incarnant le souffle des idées. Des orateurs seront auteurs /interprètes de leur propres discours mais également des textes de Charles-Éric Petit. le 4 nov à midi sur le parvis de l’Opéra de Marseille 04 91 03 81 28 www.lieuxpublics.com

Ordres et désordres…

Ordres et désordres amoureux le 18 nov Le Toursky, Marseille 04 91 02 58 35 www.toursky.fr

Histoire populaire… Parlons danse(s)

Pour cette deuxième Rencontre avec Geneviève Vincent, l’écrivaine et historienne de la danse répondra à la question «qu’est-ce que la danse contemporaine» ? En entrée libre sur réservation obligatoire à c.mely@ ballet-de-marseille.com, à 18h30. le 2 nov BNM, Marseille 04 91 32 73 27 www.ballet-de-marseille.com © BNM

L’amour est au centre de la première conférence de l’Université Populaire accueillie par le Toursky. Richard Martin sera entouré d’Annie-Claude Jeandot, enseignante en Lettres-Histoire, de Roland Gori, psychanalyste et professeur émérites des Universités, et Hervé Castanet, psychanalyste, professeur des Universités, membre de l’École de la Cause Freudienne.

du 3 au 7 nov Le Lenche, Marseille 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info

© X-D.R

Le mariage de Mr Weissmann le 17 nov Le Toursky, Marseille 04 91 02 58 35 www.toursky.fr

© Abdoul Aziz Soumaïla

Alors qu’il est sur le point de se marier, Saül Weissmann, soixante-dix ans, rescapé des camps, apprend de la bouche d’un rabbin qu’il n’est pas juif selon la loi de Moïse, donc qu’il ne pourra pas épouser une femme juive. Afin de résoudre ce dilemme identitaire, et ses conséquences matérielles et affectives, il se rend chez un psychiatre… Être juif ou ne pas l’être, Salomé Lelouch traite la question avec humour en montrant que l’on peut encore et toujours rire de tout.

Au théâtre, il est interdit de mettre en scène les écrits de Charlotte Delbo, résistante communiste déportée à Auschwitz en 1943. C’est pourquoi Franck Dimech, avec le Théâtre de Ajmer, a décidé d’inventer une parole qui donnera à entendre les voix de ceux qui sont revenus du pire, pour témoigner de l’inexplicable.

Jérémy Beschon se penche vers les mécanismes de la société moderne et l’invention de symboles -comme le drapeau, l’intérêt national ou encore la sécurité nationale- analysés par l’historien et politologue américain Howard Zinn. La comédienne Virginie Aimone se fait l’écho de personnages tels que Christophe Colomb ou Black Hawk… Histoire populaire des Etats-Unis le 13 nov Le Lenche, Marseille 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info


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DOE (Cette chose-là)

Andromaque

Renaud Marie Leblanc et sa Cie Didascalies and Co se penchent sur la question de la place de «l’intrus» dans la société avec cette mise en scène d’une pièce de Marc-Antoine Cyr. Afin de faire grimper l’audimat de la célèbre série télé Dose de toi, la production a décidé d’employer les grands moyens : introduire un nouveau personnage. Mais lorsque le zombie Chose fait irruption dans le plateau de tournage, il bouscule les codes de la microsociété incarnée par les acteurs phares de la série…

Bienheureux sont ceux… © Jérome Vila

Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector qui est mort les 4 et 6 nov à La Gare Franche Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 www.merlan.org

© Didascalies and co

Boris Gibé et Florent Hamon sont des faiseurs d’illusion surdoués, des funambules du présent, interrogeant depuis 2009 dans leur projet Mouvinsitu le croisement entre danse, cirque et cinéma. Créée en 2014 à Gap (lire Zib’79), cette pièce inventive et virtuose est issue du dispositif partenarial Tridanse : s’y trame la fabrication «in situ» de la mise en abîme d’un rêve, une machinerie d’une grandiose poésie. Bienheureux sont ceux qui rêvent debout sans marcher sur leurs vies les 15 et 16 oct Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 www.merlan.org

La metteure en scène Danielle Bré propose une exploration de l’univers de Samuel Beckett. Au programme de ces soirées : la pièce télévisuelle Quad, une représentation théâtrale du dramaticule Cette fois, et la projection, accompagnée au piano, de Film interprété par Buster Keaton. Sans oublier un brunch, des discussions, une conférence ainsi que des ateliers de pratique pour explorer la langue de l’auteur irlandais. Randonnée en terres beckettiennes les 14 et 15 nov Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 74 28 www.theatrejoliette.fr

le 24 nov La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 www.lagarance.com

Dehors

En 5000 secondes et 20 séquences menées chaque soir dans un ordre aléatoire, six acteurs vont tenter de faire le tour de «la question des SDF». Une bataille contre le temps, pour interroger le scandale quotidien de la vie dans la rue, par le collectif belge De Facto, dont Les Langues paternelles ou plus récemment Le Réserviste, jouées à guichet fermé au théâtre des Doms à Avignon, entre autres, signaient déjà une singulière façon d’empoigner le réel. les 13 et 14 nov Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 www.merlan.org

© Nery Catineau

du 3 au 11 nov Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 74 28 www.theatrejoliette.fr

… terres beckettiennes

L’intrigue d’Andromaque (quasiment) résumée en un titre ? Avec cette parfaite adaptation des vers de Racine, dans une version ludique et audacieuse portée par deux comédiens formidables, le Collectif La Palmera réussit en tous cas à passionner son auditoire autour de cette chaîne amoureuse inoubliable…


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Alice sur le fil

Les mamelles de Tirésias © Alberto Berrizbeitia

© Cédric Azan

Le Ballet des Zigues s’empare de l’univers de Lewis Carroll pour un spectacle inventif où danse, textes, musique se croisent. Les objets du quotidien sont détournés, déformés, la table penche, les feuilles de papier volent, enveloppent, servent de support aux dessins, les ombres jouent avec les personnages ou l’inverse… le fantastique s’immisce dans le quotidien, l’absurde guette derrière le miroir. Une Alice sur le fil dessinée par deux danseuses et deux musiciens, à partir de six ans.

Jofroi

Il doit vendre son verger, bougonne, ronchonne, menace de se suicider si on coupe ses arbres. Le personnage de la nouvelle de Giono, Jofroi de la Maussan, est devenu le héros du film de Pagnol élu meilleur film étranger en 1939 par le New York Critic’s Circle Awards. Entre Jofroi et Fonse, son ami et néanmoins acheteur, il y a la verve des dialogues de Pagnol. La truculence de Galabru sert cette fable provençale dans une mise en scène de Jean-Claude Baudracco. les 23 et 24 oct Théâtre Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr © Bertrand de Camaret

le 16 oct Théâtre de Fontblanche, Vitrolles 04 42 02 46 50 www.vitrolles13.fr

Le drame surréaliste de Guillaume Apollinaire est bien éloigné de la légende du devin aveugle de Thèbes. Ici, il s’agit de Thérèse qui, lassée de la paresse de son mari qui ne sait qu’exiger «du lard», se travestit en homme pour conquérir le pouvoir. Le mari, lui, se concentre sur sa part féminine et va donner naissance à 49 051 enfants (reléguant Starbuck à l’amateurisme !). Antimilitariste, féministe, oscillant entre farce et drame, cette pièce délirante et poétique est interprétée par Hiam Abbas, Jean-Baptiste Sastre et Catherine Germain (avec son clown Arletti) dans une mise en scène d’Ellen Hammer. les 15 et 16 oct Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 www.aixenprovence.fr

L’Odyssée

Trois épisodes de l’Odyssée, les vents funestes, l’antre du cyclope et le chant des sirènes nourrissent la proposition de l’Auguste théâtre. Le retour d’Ulysse se joue autour d’un bac à sable. Une tente Quetchua démesurée face aux personnages représentés par des Playmobil permet un jeu qui se moque des échelles et de la perspective, emporté par la verve des comédiens. Un régal !

le 27 nov Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 74 00 www.chateauvallon.com

La faute d’orthographe…

le 18 nov Théâtre de Fontblanche, Vitrolles 04 42 02 46 50 www.vitrolles13.fr © Fabrice Quittet

Titre complet : La faute d’orthographe est ma langue maternelle. Des débuts de cancre pour un écrivain… Daniel Picouly raconte avec drôlerie et tendresse ses années d’enfance où les fautes pleuvaient sur ses dictées, la détestation de l’école, de ces règles qui semblaient devoir le condamner à l’échec… Comment devient-on un auteur à succès avec de tels talents «aurthograffiques» ? Une pièce qui vous rappelle que rien n’est définitif et qu’il ne faut jamais désespérer ! La faute d’orthographe est ma langue maternelle le 14 nov Théâtre Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr

Não Não

La Cie Le Vent des Forges offre un délicieux spectacle destiné aux tout-petits (à partir de deux ans), mais visible par les plus grands sans le prétexte d’avoir un enfant à accompagner. Odile L’Hermitte et Marie Tuffin modèlent l’argile, font naître des personnages, un décor, dans lequel évolue et grandit le jeune Não Não, jusqu’à savoir dire non, éprouvant les frontières de sa liberté. les 17 et 18 oct Dans le cadre du Mômaix Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 www.aixenprovence.fr


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+J’avance…

Le Voyager Record La Cerisaie © Koen Broos

+J’avance et + le chemin s’étire les 27 et 28 oct dans le cadre du Mômaix Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 www.aixenprovence.fr © Nicolas Joubard

La Cie tg STAN revient au Bois de l’Aune avec un monument, La Cerisaie de Tchekhov. Personnages ambigus, interprétations multiples… Lopakhine est-il seulement un paysan arriviste ou une force de progrès, Lioubov délicieuse étourdie ou symbole d’un monde qui meurt ?... La compagnie néerlandaise s’empare du texte avec sa verve, son approche décalée, sa mise en perspective toujours profonde et novatrice. Un spectacle en collaboration avec le Jeu de Paume. du 6 au 8 nov Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 www.aixenprovence.fr

Par les villages

Toute une journée de la tournée Par les Villages offre aux jeunes spectateurs (à partir de 6 ans) une série de spectacles courts, répartis dans la salle, le hall, la galerie, par cinq compagnies de la région, Senna’ga Compagnie, L’Auguste Théâtre, Cie Marie Hélène Desmaris, La Variante, Brigitte Quittet. Parcours initiatiques, princes, danseuses, clowns philosophes, et savant océanographe… Autant d’occasions de questionnements, d’étonnements, de rires, de rêves… le 30 oct Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 www.aixenprovence.fr

© Franck Frappa

Le nouveau spectacle du Théâtre de L’Arpenteur «s’inscrit dans l’expérimentation d’une écriture dramaturgique du son pour une forme de «théâtre sonore», mené par la compagnie depuis 2001». Il s’agit ici, de raconter ce qui se passe derrière les yeux fermés d’une petite fille aveugle, Noémie. Construction intérieure du monde, regard autre, qui nous pousse à imaginer ce qui nous entoure si on ne voyait pas. Tendresse et poésie dans une mise en scène d’Hervé Lelardoux et la réalisation sonore de David Segalen. Tout public à partir de 7 ans.

du 3 au 5 nov Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

Une autre danse

On se souvient d’Une autre danse (voir www.journalzibeline.fr), proposée par le chorégraphe Taoufiq Izzediou à la suite de son travail avec des danseuses amateures du quartier de Jas de Bouffan. L’aventure continue, s’ouvre à d’autres, approfondit les liens tissés, reprend et ajoute aux textes et chansons du premier spectacle, pour une nouvelle représentation à laquelle on souhaite le même succès que la précédente.

le 16 oct dans le cadre du Mômaix Le Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 www.lestheatres.net

Des rêves dans le sable La Cie Sable d’avril propose une performance totalement magique et inédite avec ses dessins dans le sable. Le dispositif est simple, la jeune artiste, Lorène Bihorel avec un peu de sable sur une table lumineuse projetée sur grand écran, crée des images d’une incroyable finesse qui permettent de raconter des histoires à l’inspiration japonisante et orientale. Le résultat est tout simplement enchanteur. Une expérience poétique envoûtante à partir de six ans. le 22 oct dans le cadre du Mômaix Le Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 www.lestheatres.net © Laurence Lhuillier

le 14 nov Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 www.aixenprovence.fr

En 1977, la NASA envoie dans l’espace la Sonde Voyager, qui contient entre autres merveilles technologiques un disque retraçant l’histoire de l’humanité. Autre «bouteille à la mer interstellaire», le Voyager Record, composé par le Collectif I am a bird now, est imaginé en direct par deux astrophysiciennes, musée poétique et sentimental… qui nous interroge : qu’est-ce qui nous est essentiel, qu’est-ce qui nous résume, que sont les objets lorsqu’ils ne sont plus considérés sous l’angle de l’utilitaire. Qu’est-ce qui nous constitue ? Qu’est-ce qui nous permettrait de tout recommencer ? Un spectacle empli d’humour et de finesse à partir de 7 ans.


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Le conte d’hiver

L’enfant sauvage © Chedly Zouiten

© Elian Bachini

Notre jeunesse

Jouée à la suite de la présentation de saison, Notre jeunesse d’Olivier Saccomano évoque le thème de la rencontre. Comment la définir ? En quoi contribue-t-elle à notre construction ? Une série de personnages se croisent, s’interrogent… dialectique de l’autre qui pousse à progresser. Reprise du Festival de 3 jours et plus, la pièce, mise en scène par Margaux Boudret et Léa Casagrande, ouvre une année d’interrogations fécondes. les 14 et 15 oct Le Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 www.theatre-vitez.com © X-D.R

Le roi de Sicile, Léonte, reçoit Polixène, roi de Bohême. Amitié fraternelle entre ces deux hommes, élevés ensemble, mais… la jalousie folle et injustifiée de Léonte, qui croit que sa femme Hermione aime Polixène, provoque la perte de tous. Après un premier volet tragique, le second marie les enfants des deux rois, scènes de reconnaissance, magie, merveilleux et happy end. La Cie Philippe Car apporte la force de sa fantaisie délirante pour cette tragicomédie librement inspirée de Shakespeare.

le 24 oct dans le cadre du Mômaix Le Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 www.theatre-vitez.com

du 17 au 21 nov dans le cadre du Mômaix Le Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 www.lestheatres.net

La Barbe bleue

La nouvelle création de Michel Kelemenis s’inspire du conte de Perrault, La Barbe bleue. Mais le chorégraphe inverse les rôles : il ne s’agit plus d’un homme jaloux au point de tuer toutes ses épouses. La Barbe bleue est une femme, ogresse séductrice et assassine accompagnée des fantômes de ses époux. Trahison, vengeance monstrueuse sur les compositions originales de Philippe Hersant et Christian Zanési… Quelle porte interdite sera ouverte ? les 13 et 14 nov GTP, Aix-en-Provence 08 2013 2013 www.lestheatres.net

Les bons contes… © Charlotte Bonnet

le 27 nov Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com

La compagnie marseillaise 7e ciel s’empare du texte de Bruno Castan (publié aux éditions Théâtrales Jeunesse) qui reprend l’histoire, portée de façon inoubliable au cinéma par Truffaut, de cet enfant sauvage capturé par des chasseurs et confié au docteur Villeneuve. Une belle manière de s’interroger sur ce qu’est la normalité et ce qui fait l’humain en nous, dans une mise en scène de Marie Provence.

Le Petit Chaperon Rouge… Le spectacle explore le conte, passant par les interprétations de Gilbert Lascault, qui voit des Chaperons Rouges partout (être professeur d’université ne sauve pas des obsessions), d’Alphonse Daudet ou de Bruno Bettelheim… Le théâtre des Halles à Avignon fait vivre l’aventure à des comédiens issus du pôle théâtre du Conservatoire d’Avignon et les jeunes élèves d’une des "Classes à Horaires Aménagés Théâtre" du collège Viala. Le Petit Chaperon Rouge n’avait jamais eu de chance avec ses chèvres le 17 oct dans le cadre du Mômaix Le Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 www.theatre-vitez.com

N’ayant pas peur des redondances, la Cie pUnChiSnOtdeAd de Dieppe propose quatre petites formes musicales d’ombres et de lumières d’après des textes de Louise Michel, Géraldine Alibeu, Charlotte Bonnet, Catherine Louis et Marie Sellier, dans une mise en scène de Cyril Bourgois. Deux marionnettistes et un musicien vous font vivre tour à tour auprès de la vieille Chéchette, à l’ombre d’un loup, des morceaux d’amour, et des contes pour l’océan… Magique poésie. Les bons contes du bon vieux temps le 4 nov dans le cadre du Mômaix Le Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 www.theatre-vitez.com


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Une année…

… Maître Pathelin L’étonnant Mr Ducci

Duo d’humoristes et d’improvisateurs aguerris, Les Bonimenteurs passent de l’autre côté de la scène pour ce spectacle. Le tandem Didier Landucci et Jean-Marc Michelangeli, assistés pour l’occasion d’Hervé Cristianini, signent la mise en scène et les textes interprétés par Marc Pistolesi. L’étonnant Mr Ducci est un personnage à la fois tendre, lunaire, fantasque et attachant. Entre absurde et surréalisme, toujours remplies d’humour, les aventures de ce balayeur poète nous mènent vers des situations inattendues et délirantes.

Une année sur l’altiplano les 12 et 13 nov Le Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 www.theatre-vitez.com

Contes d’ailleurs

Deux compagnies aixoises présentent à Gardanne leurs versions de contes venus d’ailleurs. La troupe du Théâtre des Ateliers jouera, en séance scolaire, La fille du roi des éléphants, adaptation de deux contes bouddhistes du Laos. Le lien entre humains et animaux sera au menu de cette histoire. La Cie Mine de Rien, quant à elle, a choisi Baba Yaga, légende traditionnelle de Russie. La petite Vassilia parviendra-t-elle à échapper à la célèbre et effrayante sorcière ?

Timber ! © Jane Hobson

le 16 oct présentation d’une étape de travail 3bisf, Aix-en-Provence 04 42 16 17 75 www.3bisf.com

La Farce de Maître Pathelin le 16 oct Espace Nova, Velaux 04 42 87 75 00 www.espacenova-velaux.com

Contes d’ailleurs – La fille du roi des éléphants & Baba Yaga du 17 au 20 nov Maison du Peuple, Gardanne www.ville-gardanne.fr Baba Yaga © X-D.R

On se souvient du film de Sydney Pollack On achève bien les chevaux, avec Jane Fonda et Michael Sarrazin, d’après le roman d’Horace Mc Coy. En pleine dépression économique des années 30, étaient organisés des marathons de danse avec une prime financière à la clé. Et si aujourd’hui ??? La compagnie, La seconde Tigre, reprend le principe, allégorie de sociétés où les cadences épuisantes nous font perdre le sens des choses. La chorégraphe et comédienne Pauline Laidet mêle dans cette première création, musique, textes, danse, avec des acteurs aussi bien professionnels qu’amateurs.

Voici un petit voyage dans le temps proposé par la Cie La Naïve. Direction le Moyenâge, pour redécouvrir l’une des plus anciennes -et des plus célèbres- œuvres d’expression francophone. Le fameux Pierre Pathelin, qui se prétend avocat, n’est rien d’autre qu’un filou sans le sou. Comment parviendrait-il à garnir sa garderobe d’homme de loi, quand il n’a rien pour s’offrir le moindre carré de tissu ? Patrick Henry à la mise en scène, assisté d’Hervé Pezières, et leurs comédiens, se délectent de cette farce indémodable.

le 15 oct Maison du Peuple, Gardanne 04 42 65 77 00 www.ville-gardanne.fr © Gilles Constancin

Fleisch

© Lau Hebrard

Francesco Rosi porte au cinéma en 1970, sous le titre Les Hommes contre, la chronique d’une année de guerre sur le plateau d’Asiago, Un anno sull’Altiplano d’Emilio Lussu (1938) qui raconte la résistance de la Brigade de Sassari envoyée sur les collines autour d’Asiago pour ralentir coûte que coûte l’avancée des Autrichiens en 1916. Guerre de tranchées, où la jeunesse est sacrifiée, comme dans toute guerre. Nanouk Broche met en scène cette création bouleversante de la compagnie marseillaise Ma voisine s’appelle Cassandre. Le spectacle est labellisé par la Mission du Centenaire 1914/1918.

Les forêts du Canada s’invitent à Velaux pour un spectacle de «cirque bûcheron». Au programme, jonglage avec hachettes, prouesses au-dessus des scies, équilibres sur tronc d’arbres et autres performances hors normes. La troupe québécoise Cirque Alfonse, mise en scène par Alain Francœur, nous embarque dans cet univers nord-américain. Jeux de force et de risque au son de la musique traditionnelle, ce show est simplement unique. Attention, représentation complète, contacter sce.culture@mairie-develaux.com pour s’inscrire sur liste d’attente. le 18 nov Espace Nova, Velaux 04 42 87 75 00 www.espacenova-velaux.com


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Go Down, Moses

Marche ou rêve © Turmel et Têtu

© Luca del Pia

Pour Roméo Castellucci Moïse, de par son itinéraire, son rôle et ses visions, est un «pilier de notre culture». Le metteur en scène fait se succéder des tableaux d’une grande force esthétique et théâtrale qui, loin de la reconstitution historique, fouillent le mystère de «cet homme puissant et solitaire» qui affronte les épreuves envoyées par Dieu. Du buisson ardent au veau d’or, Castellucci secoue les tabous religieux et humains.

Un Poyo rojo

Dans les vestiaires d’une salle de sport, deux hommes se préparent puis se jaugent, puis tentent d’entrer en contact… Sans un mot, avec beaucoup d’humour et d’énergie, Alfonso Barón et Luciano Rosso, deux danseurs, acrobates et performeurs argentins, livrent un combat de coqs. À moins qu’il ne s’agisse plus simplement d’expérimenter toute les façons de créer des relations humaines. le 17 nov Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.les-salins.net © Paola Evelina

les 15 et 16 oct Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.les-salins.net

Un petit garçon part en marchant à la recherche des rêves qui ont déserté le sommeil de sa mère. Avec les mots, la musique, le mouvement, la Cie Lunatic et son duo formé d’une acrobate aérienne chanteuse et d’une chanteuse un peu contorsionniste, raconte la quête initiatique de Tim, qui le mène plus loin que le bord de la terre…

… sèche-cheveux © Benoît Dochy

Opéra pour sèche-cheveux le 28 oct Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.les-salins.net

Après le phénoménal Henry VI créé à Avignon en 2014, Thomas Jolly poursuit et clôt son travail sur Shakespeare avec cette pièce qui en est le prolongement, le premier acte mettant en scène l’enterrement d’Henri VI assassiné par le futur Richard III. «Il ne s’agit pas seulement du magnétique et fascinant personnage, souligne T. Jolly, c’est davantage la peinture d’une société meurtrie et dévastée, propice à l’éclosion d’un monstre, dont il est question».

On ne badine pas…

Christophe Thiry, qui dirige L’Attrape Théâtre, met en scène la comédie d’Alfred de Musset de façon très inventive et dynamique, en mettant l’accent, dit-il, sur «la précision des images, la beauté des tableaux, la fluidité des mouvements, la puissance des émotions et du rire».

les 5 et 6 nov Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.les-salins.net © Nicolas Jouabard

Si tout le monde sait à quoi sert un sèchecheveux, peu de gens en revanche s’en servent de cette façon… Les deux clowns de Blizzard concept domptent les lois de la gravité, avec sèche-cheveux et balles blanches qui créent un étrange et très poétique ballet visuel. Antoine, le penseur, pousse son comparse Julien à tester ses inventions et à tout risquer lors de performances audacieuses !

le 28 oct Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com

Richard III

On ne badine pas avec l’amour le 6 nov Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com


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Le Dernier des hommes

… frères humains © Manuel Pascual

Depuis 10 ans, le Cartoun Sardines Théâtre donne une vie sonore, musicale et théâtrale à des films muets en transcendant leurs histoires. Leur dernière création accompagne un chef-d’œuvre de F. W. Murnau, dans lequel un portier d’hôtel déchu de son poste et relégué à l’entretien des lavabos va hériter un jour de la fortune d’un riche client…

À tort ou à raison © X-D.R

le 16 oct Forum de Berre 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com © Laurent Ferrigno

Célèbre chef d’orchestre de la Philharmonie à Berlin en 1946, Wilhelm Furtwängler se retrouve face à un commandant américain qui lui reproche d’avoir continué à la diriger, et d’avoir serré la main du Führer. Il n’a alors qu’une idée en tête, mettre au grand jour sa culpabilité. L’affrontement entre l’artiste et son accusateur mat face à face Michel Bouquet et Francis Lombrail dans une mise en scène de Georges Werler.

Thomas Lebrun

le 8 nov La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 www.scenesetcines.fr

Ô vous frères humains le 17 nov Théâtre La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 www.scenesetcines.fr

Ça cartonne © X-D.R

Le danseur-chorégraphe Thomas Lebrun travaille cette année avec les jeunes danseurs de la formation professionnelle «du danseur interprète» Coline, pour l’écriture d’une nouvelle création. Il donnera par ailleurs des extraits de La Constellation concernée, cinq courtes pièces dans lesquelles il explore différentes représentations d’étoiles et les sentiments qu’elles convoquent, fierté, abandon, gloire, espoir…

Magnifique adaptation par Danielle Paume du roman d’Albert Cohen, qu’il publia à 77 ans, sur un souvenir d’enfance qui le hanta toute sa vie : traité de «sale youpin» à son arrivée en France par un camelot marseillais, il n’oublia jamais. Trois acteurs, cosmopolites, formidables d’intensité et de justesse, mis en scène et en espace par Alain Timàr, incarnent l’auteur offensé à des âges différents et donnent corps à la solitude engendrée par l’intolérance, le rejet et la haine (lire Zib’73). Sensible, poignant, universel.

Vous voulez rire ?

Christian Nury et Jean-François Pascal sont les auteurs, interprètes, et fabricants des marionnettes qui animent leur drôle de bestiaire fait de bric et de broc ! Au milieu d’objets de récupération, chaque espèce animale va prendre la parole pour plaider sa cause, aucun n’étant satisfait de son état, de l’asticot qui se trouve trop petit à la baleine trop grosse et aux mouches trop sales…

Coline et Thomas Lebrun le 24 oct La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 www.scenesetcines.fr © Mathieu Barret Pigache

le 11 nov La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 www.scenesetcines.fr le 10 nov Espace Pièle, Cornillon 04 90 55 71 53 www.scenesetcines.fr

Au milieu de cartons empilés dans la pénombre, un monde prend vie subitement. Deux cartons voisins s’animent, l’un est plutôt «fourmi», l’autre «cigale». Pas vraiment amis, les voisins vont se faire la guerre, monter un mur… jusqu’à ce que le jeu les réunisse et leur permette de créer ensemble un monde différent fait de cartons colorés. La Cie Qui-Bout ! illustre de belle façon le vivre-ensemble. le 17 oct Le Théâtre, Fos 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr


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Le Bestiaire allumé

Inuk © David Moreau

© Wozniak

Le Sacre…

Le chorégraphe et danseur israélien Emanuel Gat, en résidence sur le territoire de Ouest Provence depuis 2007, reprend aujourd’hui sa pièce emblématique, 10 ans après sa création, avec une nouvelle distribution. Sur des pas extrêmement rapides de salsa, des couples se forment, chaloupent et se brisent pour changer de partenaire sans que jamais le mouvement ne s’arrête.

Des vers de La Fontaine, on a souvent en mémoire ceux qui sont devenus des proverbes légendaires, «Je plie mais ne romps pas», «Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage»… pour ne citer qu’eux. La Cie Arketal, reconnue pour son travail autour de la marionnette, revisite trois Fables en les confrontant à une narration moderne grâce à des marionnettes d’une esthétique contemporaine.

Le Sacre du printemps le 17 oct L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr © Gadi Dagon

le 11 nov Le Théâtre, Fos 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr

Les Misérables

Le metteur en scène David Gauchard a ramené ce spectacle d’une expédition dans le Grand Nord, sur le chemin de son grandpère pêcheur. Avec la Cie L’Unijambiste il crée Inuk, qui signifie l’homme en langue inuit, une pièce onirique qui exprime toute la beauté de leur culture, et dépeint leur vie entre passé et réalités contemporaines, entre tradition et modernité. le 7 nov L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr

La Cie Belge Karyatides monte le chef-d’œuvre de Victor Hugo, mis en scène par Agnès Limbos avec son petit théâtre d’objets. Deux comédiennes-manipulatrices jouent avec grâce tous les personnages du roman, donnant vie à des petits êtres de bois et des drapeaux de résistance pour faire exister la pensée politique et philosophique de l’auteur (lire chronique sur www.journalzibeline.fr).

L’Homme qui rit

le 14 nov dans le cadre du «temps fort marionnettes» Le Théâtre, Fos 04 42 11 01 99 www.scenesetcines.fr © Yves Gabriel

Le roman de Victor Hugo, initiatique, historique et politique est un extraordinaire plaidoyer sur la différence sociale et physique, l’exclusion, le déracinement. Entre théâtre et arts numériques, la mise en scène de Gaële Boghossian, du Collectif 8, et le jeu excellent des trois comédiens révèlent toute la richesse du texte, entraînant chacun à la suite du jeune Gwynplaine, qu’une cicatrice défigure d’un sourire éternel… le 3 nov L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr

Rouge

Mickaël Le Mer fait danser sept «b-boys» virtuoses de breakdance dans un univers où rien n’est vraiment rouge (mais, dit-il, si la danse hip hop était une couleur, elle serait rouge) mais où tout est à fond, vif, contrasté, charnel et émotionnel, comme la musique de Fabrice Tyson, multidiffusée, qui englobe les spectateurs dans son flot. le 10 nov L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr le 20 nov Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com


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Si ça se trouve…

Gramme d’âme

Une danseuse déambule dans un monde peuplé de poissons des plus loufoques. Elle évolue dans un aquarium au milieu des poissons volants et des méduses, avec une diva des mers et un poissonchat… dans un univers surréaliste créé par la Cie Ouragane où tout est possible, y compris défier les lois de la gravité ! Pour tout le monde dès 18 mois.

Le corps de mon père © X-D.R

Si ça se trouve les poissons sont très drôles le 18 nov dans le cadre du «temps fort marionnettes» L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr

C’est l’histoire de Grida, une petite fille de cinq ans, qui découvre un jour un drôle de grain sur sa joue. Comme dans un rêve éveillé, elle va prendre conscience de ce changement, de «cette ombre spéciale». Par un système ingénieux, la danseuse Mathilde Duclaux et une marionnette ne font qu’une pour offrir un spectacle original et poétique pour les tout-petits. le 13 nov dans le cadre du «temps fort marionnettes» Espace Gérard Philippe, Port-st-Louis 04 42 48 52 31 www.scenesetcines.fr © X-D.R

© X-D.R

Bernard Saint Omer s’empare du texte autobiographique de Michel Onfray pour donner corps au récit qui évoque avec pudeur et lyrisme l’enfance du philosophe passée auprès de son père, un ouvrier agricole taciturne et courageux. Tour à tour narrateur, père et fils, il convoque aussi l’odorat sur scène, avec la cuisson d’un pain qui «fait sentir» les moindres émotions de l’enfance. le 6 nov Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 www.scenesetcines.fr

…Victor Mulot

Victor Mulot est en mission sur la banquise du Grand Nord pour repérer le dernier ours polaire avant que la race ne disparaisse. Consciencieux, mais aussi sensible et naïf, il va se surpasser au fil des rencontres inattendues et surprenantes qui le mèneront à la pêche dans les glaces, à la chasse au phoque, dans une tempête de neige… bref, dans l’univers clownesque d’Eric Bouvron !

Une Folie

Alors qu’elle s’apprête à prendre sa retraite et arrêter d’exercer son métier de psychiatre, le célèbre docteur Flache voit arriver dans son cabinet Jean-Louis et Missia, chacun lui demandant d’examiner son conjoint qu’il croit devenir fou… Francis Huster met en scène la pièce de Sacha Guitry qui, avec cette pièce écrite en 1934, brisait avec humour et finesse le tabou du divorce.

La mission de Victor Mulot le 22 oct Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 www.scenesetcines.fr © Valérie Broue

le 23 oct Espace Gérard Philippe, Port-st-Louis 04 42 48 52 31 www.scenesetcines.fr

Onomatopée

Attention délire ! Délire sur le langage, délire du jeu, délire de théâtre et liberté revendiquée pour l’artiste et l’illogisme. Fruit d’une collaboration entre cinq comédiens de compagnies flamandes et néerlandaises (dont le Tg STAN) qui font théâtre de tout, la pièce mêle prises de position, attentes, cris d’animaux, détournements, affirmations… le tout devant une tasse de thé à la menthe et ses vertus thérapeutiques supposées ! du 12 au 14 nov Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com du 18 au 21 nov Le Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 www.aixenprovence.fr


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Les silences obligés

Silence © Yves Kerstius

© Anne Breduillieard

Prodige de la scène berlinoise, Kat Valastur est une chorégraphe et danseuse des plus innovatrices. Dans Ah ! Oh ! A Contemporary Ritual, elle n’est pas en scène mais guide ses six interprètes dans leur étrange rituel. Communauté sans âme, sans âge, sans but ni repère, ces hommes et femmes errent, se cherchent, se trouvent parfois, puis se séparent, se dispersent. Le cercle est au cœur de ce spectacle, nous rappelant que l’individualisme forcené de nos sociétés nous a fait perdre la notion de collectif. Ah ! Oh ! A Contemporary Ritual les 17 et 18 nov Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

© Dorothea Tuch

Avec ce spectacle, le chorégraphe Nabil Hemaïzia, accompagné sur scène par Nacim Battou, poursuit sa recherche autour de la mémoire et de l’identité. La danse hip hop se fond avec les gestes de la vie quotidienne, où les attitudes se mêlent de visible et d’invisible. Pour l’occasion, la compagnie 2 Temps 3 Mouvements s’est associée avec Da Storm et rend ce spectacle accessible aux aveugles et malvoyants. La représentation sera suivie d’une chorégraphie signée Bintou Dembelé, l’une des pionnières du hip hop féminin.

…A Contemporary Ritual

le 16 oct Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

Elise et Jean ont vécu ensemble 65 ans, et leurs silences disent tout de cette vie d’amour infini partagée jusqu’à la maison de retraite. Ensemble ils ont tout traversé, inséparables, jusqu’à ce que la mémoire d’Elise s’en aille voir ailleurs, là où la parole n’a plus lieu d’être… Les marionnettes hyperréalistes grandeur nature sont manipulées à vue par deux fabuleuses comédiennes de la Cie belge Night Shop qui donnent à voir, et à entendre, par-delà les mots, l’amour qui perdure. (Lire aussi sur www.journalzibeline.fr). le 5 nov L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 www.mairie-saintremydeprovence.fr

Mooooooooonstres Un Batman… & Sauver… Un Batman dans ta tête, interprété par Clément Bertani, plonge (littéralement) dans la vie intime d’un ado accro aux jeux vidéo. Dans Sauver la peau, Manuel Vallade incarne un éducateur pour enfants qui vient de démissionner. Ces deux pièces, signées David Léon et mises en scène par Hélène Soulié, sont conçues en continuité. Elles seront d’abord présentées séparément, puis successivement. Deux performances saisissantes.

Ils ont un petit côté Doisneau ces six (époustouflants) acrobates de la compagnie Lapsus, six mômes qui jonglent, portent, voltigent et jouent à la guerre en riant, le tout sur 300 briques et 800 coquilles d’œuf ! Les voilà qui s’inventent des terrains de jeu éphémères, construisent des tours de Pise, réinventent en zigzagant sur un monocycle audacieux des numéros de cirque et de jonglerie… sans jamais oublier la poésie (lire Zib’68). Brillant et plein d’humour. Dès 6 ans. le 29 oct L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 www.mairie-saintremydeprovence.fr

le 8 nov Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 www.mairie-saintremydeprovence.fr

© Sylvain Séchet

Un Batman dans ta tête le 5 nov Sauver la peau le 6 nov Un Batman dans ta tête & Sauver la peau le 7 nov Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

Six pieds sur terre

Les Moooooooonstres de Laurent Fraunié sont tapis sous un lit de taille inversement proportionnelle à celle d’un enfant : très grand. Avec de gros coussins, et des traversins prêts à toutes les transformations, toutes les batailles homériques, nuages de plumes compris. Souvent des bruits suspects résonnent, comme si sous le lit se creusaient les profondeurs de la nuit, mais l’on finit toujours par se rassurer : les monstres sont parfois de très bonne compagnie. À partir de 3 ans.


Les grimpeurs…

Reste(s)

Créée aux Hivernales 2015 (lire Zib’83), la pièce du danseur-escaladeur Antoine Le Menestrel qui aime rien de moins que «déconstruire le langage de la verticalité» et «imaginer une croissance sans sommet» est un bijou d’ingéniosité qui revisite la notion de risque tout autant que chaque recoin de l’architecture d’un théâtre. En utilisant l’art du déplacement et du rebondissement (le parkour), et en s’appuyant sur Beckett, Camus ou Checchetto, le thème de la création est délié du sol au plafond par ces grimpeurs (é)perdus bien ancrés dans leurs corps !

Accueilli en partenariat avec les ATP d’Avignon (voir p. 10), cette pièce inspirée de Guerre de Lars Noren mise en scène par Laureline Le Bris-Cep et jouée par les comédiens issus de l’ERAC, a été créée à la Friche en janvier. Un huis clos familial à partir duquel l’auteur suédois nous parle de la tragédie de la guerre, et ces jeunes comédiens, nourris par d’autres textes et témoignages, s’interrogent sur ses répercussions dans leur vie. Une jeunesse citoyenne qui recherche la poésie et l’espoir dans un monde en crise. le 17 nov La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 www.lagarance.com

Les grimpeurs (é)perdus le 15 oct La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 www.lagarance.com

le 19 nov Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

Sublime © François Moissette

Artistes associés à la scène nationale depuis l’an passé, le danseur Thomas Guerry et le musicien Camille Rocailleux (Compagnie Arcosm) présentent leur toute nouvelle création, coproduite par La Garance. Accessible dès 7 ans, bien que se défendant de l’étiquette Jeune Public qui leur est souvent exclusivement collée depuis leurs débuts, ce spectacle familial, entendons visible par tous, met en jeu un quatuor de danseurs musiciens (ou musiciens danseurs, la spécificité du travail étant l’utilisation d’un langage, sans mots, mêlant subtilement les disciplines) autour du concept du beau et du rapport que chacun entretien avec l’image. Une idée sublime ! le 13 nov La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 www.lagarance.com

Conte de l’ordinaire

Comment défier la routine du quotidien amoureux ? Le Cirque Troc, avec ce Conte de l’ordinaire programmé dans le cadre du temps fort vauclusien Cirques Divers (18 oct au 1er nov), y répond en conjuguant cirque traditionnel et contemporain. Mime, acrobatie, équilibre et poésie s’invitent à la table de ce couple à l’imagination débordante. Avec eux, tous les prétextes sont bons pour faire des corvées quotidiennes des histoires extraordinaires ! les 31 oct et 1er nov Auditorium Jean Moulin, Le Thor 04 90 33 96 80 www.artsvivants84.fr

Magic

Invités sur la scène de l’Auditorium du Thor, les plus incroyables magiciens de l’Équipe de France de Magie vont en mettre plein la vue ! Ils seront plus d’une vingtaine d’artistes, tous membres de la Fédération Française des Artistes Prestidigitateurs et la plupart primés sur les grandes scènes, à enchaîner les numéros à la pointe des techniques magiques actuelles. Avec ces maîtres de l’illusion et de la magie moderne, nul doute que le public sortira enchanté ! le 6 nov Auditorium Jean Moulin, Le Thor 04 90 33 96 80 www.artsvivants84.fr


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Et Hop ! Bach Hip-Hop © Gilles Aguilar

Drôle(s) d’Hip-Hop

Golovine : Mauvais rêve de bonheur (le 22 oct), dans lequel Julien Gros d’Havin’Fun, artiste associé au théâtre, présentera son solo mêlant à la gestuelle hip hop la Langue des Signes Française ; et Empreintes, un duo entre le danseur Miguel Nosibor et le poète Raharimanana (le 10 nov). La Cie 2 temps 3 mouvements, en résidence au Théâtre des Doms, présentera son travail en plein laboratoire Du chaos naissent les étoiles (le 30 oct). Pour finir, du 27 oct au 7 nov à Benoît XII, la nouvelle exposition interactive d’Artesens, Le petit peuple des murs, racontera aux enfants dès 4 ans l’art urbain. Infos et réservations dans chaque structure.

Le 10e temps fort des cultures urbaines en Vaucluse, composé aujourd’hui de 7 partenaires, plus vraiment réunis en collectif mais qui gardent l’envie, commune, de poursuivre cet événement sur le territoire, revient pour un mois de découvertes. Au programme, des concerts (Mochélan Zoku le 15 oct aux Doms, Lomepal et La Confrérime à l’Akwaba le 14 nov), de battle break et de marathon de danse (l8 et 23 oct à la MJC Monteux), d’ateliers avec la Cie Havin’Fun dès 8 ans (19 et 20 oct à l’Eveil artistique). Et de la danse, bien sûr, de qualité : dans Et Hop ! Bach Hip-Hop, à l’Auditorium Jean Moulin, la Cie Lézards Dorés offrira un duo pour violoncelliste classique (Fabrice Bihan, ex Quatuor Debussy) et danseur hip hop (David Rodrigues, Cie Käfig), pour une rencontre improbable et magique sur les Suites pour violoncelle de Bach (le 17 oct). Puis chez

du 14 oct au 14 nov Divers lieux, Avignon, Le Thor, Châteauneuf-de-Gadagne, Monteux www.dhh84.com

La grenouille au fond…

Vanité Une comédie musicale montée par l’association vauclusienne Arthaly Compagnie, à la recherche du destin de Théo : lorsqu’il apprend en 2008, à la mort de sa mère, qu’il est enfant né sous X, Théo suivra sa quête identitaire aux origines de son histoire, sur la Butte Montmartre à Paris en 1962. Les personnages s’enchaînent dans ce spectacle mêlant théâtre et chants, à découvrir à partir de 10 ans. À Montmartre cette année-là le 6 nov Chêne Noir, Avignon 04 90 86 74 87 www.chenenoir.fr © JC Gravier

La grenouille au fond du puits croit que le ciel est rond les 16 et 18 oct Eveil artistique, Avignon 04 90 85 59 55 www.eveilartistique.com

© X-D.R

© Vélo Théâtre

Pour ouvrir sa saison d’automne, la scène conventionnée pour le jeune public programme à la Maison pour Tous de Monclar le délicieux théâtre d’objets concocté par la Cie Vélo Théâtre dans une installation mêlant mots et images. Un parcours sensoriel que les jeunes spectateurs sont invités à explorer, dans l’intimité des petites mécaniques de l’artiste brico-luminologue Flop : un véritable cabinet de curiosité dans l’univers de Monsieur Brin d’Avoine, un collectionneur de maisons, à découvrir sans tarder, si ce n’est déjà fait…

À Montmartre…

Accueilli en entrée libre sur réservation dans le cadre du Parcours de l’art (21e manifestation consacrée aux arts plastiques dans divers lieux d’Avignon, jusqu’au 24 oct), ce spectacle adapté de l’Ignorant et le Fou de Thomas Bernhard et mis en scène par Sylvie Boutley, avec les élèves comédiens du Conservatoire à Rayonnement Régional du Grand Avignon, est un écho théâtral au genre pictural, qui fait se côtoyer activités humaines et omniprésence de la mort. le 23 oct Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 www.theatredeshalles.com


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20 ans et alors !

Tabula Rasa © Camille Meynard

© Alain Szczuczynski

Sur la scène du Théâtre des Halles, quatre acteurs en quête d’une vérité insaisissable viennent se livrer à l’orée de leur vie d’adultes. À partir du texte original de Don Duyns, ils échangent, témoignent, questionnent, rêvent, se rebellent mais contre quoi ? D’interrogations en angoisses, ils cherchent un sens à leur existence… Une pièce mise en scène par Bertrand Cauchois, fine et intelligente.

Alice

Sept jeunes comédiens fraîchement diplômés du Conservatoire du Grand Avignon, promotion 2015, donnent leur version d’Alice au Pays des Merveilles. Rassemblés dans la Compagnie Hesperos, mis en scène par Déborah Ward, ils ont choisi de «partir du grand phénomène de changement qui opère dans Alice pour le transposer à la mise en scène : rien n’est fixe, et tout se transforme». les 14 et 15 nov Théâtre des Carmes, Avignon 04 90 82 20 47 www.theatredescarmes.com © Axel Cuisin

les 5 et 6 nov Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 www.theatredeshalles.com

Le Collectif Table Rase, en résidence croisée avec le Théâtre La Cité où il poursuivra son travail du 18 au 24 novembre prochain, se frotte à la reconstruction du souvenir. Ainsi, dans Tabula Rasa, une famille, autour d’un repas, tente de se remémorer le souvenir perdu de la sœur cadette qui cessa de manger lorsqu’elle était enfant. Mêlant matières sonores et audiovisuelles, réalité et fiction, les comédiens créent un décalage nourri d’imaginaire et d’autodérision. En entrée libre sur réservation. le 17 nov Théâtre des Doms, Avignon 04 90 14 07 99 www.lesdoms.be

Olympe…

Salubrité publique

Ne manquez pas cette Olympe de la Cie Simples Manœuvres campée par la comédienne-clown Mylène Richard ! Visuellement impressionnante, audacieuse, sombre parfois, la pièce met en jeu «une rêverie surréaliste d’un voyage intérieur», dans laquelle un personnage invite le public à visiter son château intérieur. Parfois troublant, envoûtant et dérangeant, fantaisiste, drôle aussi, ce voyage abstrait et onirique nous conduit au cœur d’une féminité assumée dans un geste d’une précision singulière. Inclassable et fantasque.

Jetlag

Olympe, fille de Zorro les 16 et 17 oct Théâtre des Carmes, Avignon 04 90 82 20 47 www.theatredescarmes.com

le 14 oct Théâtre des Doms, Avignon 04 90 14 07 99 www.lesdoms.be

les 6 et 7 nov Le Chien qui Fume, Avignon 04 90 85 25 87 www.chienquifume.com © X-D.R

© Delphine Michelangeli

Les premières sorties de résidence de la saison s’enchaînent au Théâtre des Doms : le rendez-vous d’octobre promet «un voyage en décalé dans une histoire de solitude dramatiquement comique». La compagnie Chaliwaté convoquera danse, cirque et théâtre gestuel pour aborder le thème de la solitude dans un voyage émotionnel en compagnie d’un personnage qui rêve d’un nouveau départ… entre deux aéroports. En entrée libre sur réservation.

Accompagné par Patrick Fournier (accordéon) et Jean-Louis Morell (piano), Paul Fructus raconte en chansons l’histoire d’un sexagénaire qui revient dans sa terre d’enfance, à l’ombre du Mont Ventoux, un pays perdu brûlé par la flamme de l’extrême droite. Une création de salubrité publique, qui incite à «ne pas baisser les bras, ne pas rester seul, aller avec les autres, vers les autres pour dire, lire, murmurer, chanter, faire passer» contre la «bête immonde». La poésie opposée à la haine !


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Et mon mal…

Mon royaume… © Lauren Toulin

© Artcomart

Les cris poétiques

Pour leur 22e édition, Les cris poétiques du Vélo Théâtre convient un trio venu du Nord et entièrement dédié au verbe. Slam, poésie, chant... Les Pinces de Mélanie, collectif belge composé de Dominique Massaut, Luc Baba et Vincent Tholomé, explorent toutes les voix/voies de l’expression contemporaine. Ces cris poétiques seront présentés par Jean de Breyne et Florence Pazzottu.

Shakespeare, encore et toujours ! Si le titre est extrait de Richard III, l’histoire est celle de Roméo et Juliette, condensée et commentée par le Théâtre des Crescite (avec quelques références à Hamlet, Le Roi Lear ou encore Macbeth). Il s’agit surtout d’aborder le poète, sa langue et le théâtre londonien du XVIe siècle, pour donner les clés d’une oeuvre majeure. Ce spectacle circulera dans les communes et lycées du département des Alpes-de-Haute-Provence.

le 30 oct Vélo Théâtre, Apt 04 90 04 85 25 www.velotheatre.com

Le chant des balles © Vincent de Lavenere

Bouleversant spectacle mis en scène par Gérard Vantaggioli, et adapté du roman de Michel Quint par Laurence Werlé, dans lequel Michel Le Royer, poignant et impeccable, raconte une impossible et tragique histoire d’amour à un jeune auteur en panne d’inspiration, joué par Adrien James. Un hommage aux comédiens du TNP incarnant l’âge d’or du Festival d’Avignon. Une fable sensible et émouvante dédiée au théâtre.

Hêtre & Noos

Et mon mal est délicieux les 14 et 15 nov Le Chien qui Fume, Avignon 04 90 85 25 87 www.chienquifume.com

Le saut de l’escargot

le 16 oct Vélo Théâtre, Apt 04 90 04 85 25 www.velotheatre.com

C’est un spectacle qui a traversé la dernière décennie et n’a rien perdu de sa grâce. Un duo d’artistes qui se connaissent sur le bout des doigts, l’un jongleur (Vincent de Lavenère), l’autre luthiste et compositeur (Eric Bellocq). Un concert de balles à voir en famille à partir de 7 ans, pour une soirée absolument inoubliable. le 6 nov Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

C’est par Noos que la soirée commence : un beau duo avec ce que cette formule comporte d’abandon à l’autre, mais poussé à l’extrême par Justine Berthillot et Frederi Vernier. Hêtre aussi, en un sens, est un duo, presque un corps à corps : celui que forme la circassienne Kamma Rosenbeck avec une branche sinueuse, qu’elle charme sans jamais la soumettre. Thomas Barriere l’accompagne à l’accordéon, prêtant âme à l’objet. les 7, 9 et 10 nov Théâtre La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu Noos © Clement Cebe

Un escargot, ça saute ? Il faut croire que cela arrive, un peu comme un enfant finit par lâcher le bord de la piscine, dans une métaphore de l’apprentissage de l’autonomie. Jacques Templeraud, Dominique Vissuzaine et Susanne Schmidt de Marmite Production et Cie affrontent les grandes étapes de la vie, tourments enfantins, emballements amoureux et acceptation de l’autre. Un spectacle mêlant chant, théâtre et objets, à partir de 10 ans.

Mon royaume pour un cheval du 16 au 21 nov Théâtre Durance, Château-Arnoux 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr


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Sous l’armure

Magic Julius © Isabelle Fournier

Tadam ! Julien Maurel, The magic gentleman, monte sur scène avec la panoplie intégrale du prestidigitateur à l’ancienne, queue-de-pie, haut-de-forme et colombe compris... Mais c’est pour mieux jouer des codes de la discipline qu’il saucissonne sa charmante assistante Gabriella ou dissimule ses atouts dans ses manches.

La révolte

Marc Paquien revient au Liberté avec sa nouvelle pièce, donnant à Anouk Grinberg un rôle à la hauteur de son talent. Elle interprète aux côtés de Hervé Briaux le rôle d’une épouse manifestant des velléités d’indépendance, dans un XIXe siècle corseté. Féminisme et même anticapitalisme forment la trame de ce texte écrit par Auguste de Villiers de L’Isle-Adam, en plein tumulte insurrectionnel pré-Commune de Paris.

le 3 nov Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

les 17 et 18 nov Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

En attendant Godot

les 16 et 17 oct Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

Le Roi Lear

Au dernier Festival d’Avignon, Le Roi Lear d’Olivier Py a divisé (lire notre critique sur www.journalzibeline.fr). Le metteur en scène a cependant assuré lui-même la traduction du texte de Shakespeare, et rassemblé treize comédiens époustouflants (dont Nâzim Boudjenah de la Comédie-Française et Amira Casar) pour cette surprenante adaptation. les 4 et 5 nov Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

© Christophe Raynaud De Lage

Ce sont deux comédiens ivoiriens qui interprètent les vagabonds Vladimir et Estragon dans cette mise en scène de Jean Lambert-wild, et cela change tout. Fargass Assandé et Michel Bohiri pourraient être ces réfugiés qui hantent aujourd’hui les rivages de l’Europe, fuyant la guerre et la misère. Écrite en français par un irlandais, la pièce de Beckett prend ainsi une résonance très contemporaine. Joli plus : le Théâtre Liberté garde vos enfants pendant la représentation du vendredi.

© Camille Lorin

© Pascal Victor-ArtComArt

Adaptation par Lucile Jourdan (artiste associée du Briançonnais) d’un texte de Catherine Anne publié à L’école des Loisirs, Sous l’armure met en scène deux adolescents du Moyen-Âge qui intervertissent leurs rôles. L’un, Thibault, est «bon cavalier, mais s’ennuie à la chasse», l’autre, Christine, manie l’épée «mais ne sait pas broder». De leur bataille pour choisir leur destin on glisse facilement aux enjeux contemporains des rôles sociaux imposés par le genre... le 3 nov Théâtre du Briançonnais, Briançon 05 92 25 52 42 www.theatre-du-brianconnais.eu

Othello

Le théâtre d’aujourd’hui pioche régulièrement dans les classiques pour soulever des questions d’une brûlante actualité... C’est ainsi que la Cie du Zieu convoque Othello pour incarner la figure de l’Étranger, dans la continuité d’un cycle intitulé Spectres de l’Europe. Trois acteurs incarnant Othello, Iago et Desdémone questionnent le racisme, ordinaire ou extraordinaire, l’argent et le pouvoir. «Il n’y a pas de vérité, il n’y a que de la rhétorique», dit Iago. Très moderne, non ? Othello, variation pour trois acteurs du 3 au 5 nov Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com


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Noces de sang

La lettre © Cinzia Campana

© X-D.R

Le Cabaret Blanche

Enfin une histoire d’immigration qui finit bien ! Empruntant aux codes du cinéma muet et piochant dans le répertoire musical du début du XXe siècle, la Team Rocket Cie invente un cabaret burlesque détonnant, dans lequel Pippo, jeune homme d’origine italienne, atterrit pendant la Première guerre mondiale. Ce spectacle a été créé de manière collective par onze artistes désireux de rendre hommage aux débuts du music hall, et à ceux «qui se battaient alors pour survivre, mais pas dans les tranchées».

Daniel San Pedro met en scène la «tragédie populaire peuplée de fleurs, de couteaux, de chants et de sang» de Federico García Lorca, où frustrations sexuelles et morts violentes vont de pair. Nada Strancar incarne la mère, Clément Hervieu-Léger et Georgia Scalliet sont les fiancés qui, comme des phalènes piégées par la lumière, iront se brûler aux flammes de l’amour. Ce spectacle, créé en 2015, fait suite à Yerma, autre volet -avec La Maison de Bernard Alba- de la trilogie rurale de Lorca, écrite à la fin de sa courte vie.

le 28 oct Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 www.ville-lagarde.fr © Olivier Prevosto

les 6 et 7 nov Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com

Quand un spectacle danois qui tourne depuis 1992 est programmé, on s’attend à faire une rencontre inoubliable. Eh bien si l’on en croit le sillage d’éloges qui poursuit Paolo Nani année après année, c’est vraiment de cela qu’il s’agit ! Seul-en-scène, il raconte la même histoire en quinze versions différentes, passant du western au film muet, ou encore à l’ivresse, dans un jeu d’acteur virtuose. Attention, ovation probable. le 10 nov Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 www.ville-lagarde.fr

Clameur des arènes

Trois mousquetaires © Mathias Gautschi

Salia Sanou entend faire vivre la tradition festive et sportive de la lutte comme on la pratique en Afrique de l’Ouest, où les combats sont accompagnés par des griots et des marabouts. Le chorégraphe a rassemblé pour ce spectacle trois danseurs, cinq lutteurs sénégalais et quatre musiciens, de manière à exalter le mélange de puissance brute, de technique élaborée et de racines culturelles très sophistiquées qui nourrit cette pratique rituelle.

Et Vlan !

Pop Up Théâtre et Zumaï Production présentent deux comédies de «théâtre pour tous» : L’affaire de la rue de Lourcine, d’Eugène Labiche, et Les Boulingrin, de Georges Courteline. Désireux de prouver que loin d’être un divertissement désuet et futile, le vaudeville, à la confluence du populaire et de la bourgeoisie, est là pour «purger notre complexe d’opulence». Une mission salutaire, car en effet rire de ses propres travers est un bon point de départ dans le but de les assumer... et pourquoi pas d’y remédier ?

le 16 nov Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com © Marc Coudrais

le 3 nov Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 www.ville-lagarde.fr

On peut relire Les trois mousquetaires à tout âge et y trouver encore et encore, avec un immense plaisir, le souffle épique des cavalcades et des combats à l’épée. La Cie suisse Les Batteurs de pavés ne s’y est pas trompée, en proposant une adaptation à la hauteur de ce monument : 5h de jeu, un parcours itinérant entre Le Revest-les Eaux et La Valette-du-Var, un pique-nique et un déplacement en bus prévu pour le public... Attention, places limitées ! Les trois mousquetaires le 17 oct Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 www.polejeunepublic.fr


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Casa Nostra

Fuck America

La Cie valettoise Si tu m’apprivoises, en résidence au Théâtre Marélios, livre l’histoire d’une femme luttant contre la solitude. Sabine Tamisier est Héloïse, qui «vit seule chez elle, ou peut-être avec sa mère, ou juste son souvenir» ; elle désire son voisin, signe qu’elle n’a pas renoncé à l’appétit de vivre, et s’emploie à le conquérir avec ténacité et humour. La maison, c’est la sienne, mais «en reconstruction, comme une vie en cours».

Carmen © John Hogg

le 7 nov Théâtre Marélios, La Valette-du-Var 04 94 23 62 06 www.lavalette83.fr

le 24 oct Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com © Geoffrey Fages

le 17 oct Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com

Un art ancestral venu du Vietnam et adapté pour le public occidental : voilà ce que propose le Théâtre national des marionnettes sur eau à Hanoi. Ce spectacle met en scène trois histoires d’Andersen : L’intrépide soldat de plomb, Le vilain petit canard et La petite sirène, utilisant cette pratique traditionnelle orientale pour fertiliser le terreau du conte danois, dans une création contemporaine. Marionnettes sur eau du Vietnam le 3 nov La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 www.st-maximin.fr le 7 nov Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 www.polejeunepublic.fr

José Montalvo, le chorégraphe du Théâtre National de Chaillot, crée son Sacre du Printemps, mais en agrémentant sa version d’épices hip hop, flamenco, voire de... claquettes. L’oeuvre du compositeur Igor Stravinski se voit rajeunie également, par l’apport de pop anglaise et chants traditionnels du monde entier. José Montalvo a puisé dans ses souvenirs pour mettre en scène son «Musée chorégraphique imaginaire», décor baroque pour 16 danseurs virtuoses. le 7 nov Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com

© Patrick Berger

Y Olé ! Quant une danseuse et chorégraphe réputée pour son magnétisme rencontre la provocante cigarière de Séville, cela donne une version... explosive. Dada Masilo danse l’amour et la mort comme personne, mêlant une gestuelle classique, contemporaine ou zouloue, à l’univers du music hall. L’insolence est enfant de Bohème ! Une rencontre avec l’équipe artistique est prévue à l’issue de la représentation, de même qu’un café philo sur le thème La passion est-elle déraisonnable ?, avec Dominique Paquet.

Marionnettes sur eau…

Le cauchemar américain, décrit par Edgar Hilsenrath. Il fallait un artiste d’envergure pour restituer ce récit d’un écrivain crêve-la-faim, rescapé des ghettos hitlériens pour mieux atterrir dans les quartiers dangereux de l’Amérique d’en bas après la Seconde Guerre Mondiale. Haïm Menahem y parvient avec éclat, tenant de bout en bout un texte dense, dénué ni d’humour ni d’amertume.


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Bells are ringing

Toute petite déjà… © Nathalie Sternalski

© X-D.R.

L’école des femmes

Il aimerait avoir élevé pour son bénéfice, la «femme idéale» en la cloîtrant, mais les sentiments ne se commandent pas et la coercition n’est pas ce qui est le plus approprié pour arriver à ses fins… Certes, la situation ne semble plus guère d’actualité, mais la mise en scène de Philippe Adrien décape avec brio la pièce de Molière, secondé en cela par une troupe de talentueux comédiens. les 14 (20h45) et 15 (15h) nov La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 www.st-maximin.fr

Slow © Combats Absurdes

Avis de comédie musicale façon Broadway sur Sainte-Maxime : risque de pluie de paillettes, ouragan de joie de vivre potentiel ! L’original date des années 50, époque bénie où les téléphones n’avaient pas encore envahi l’espace public, et où il fallait en passer par une opératrice pour joindre ses correspondants. La difficulté de communiquer, elle, demeure à travers les âges, en n’en est que plus drôle à brocarder. Rencontre avec le metteur en scène Jean Lacornerie et son équipe à l’issue du spectacle. le 14 nov Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com

Les Nuits singulières

Le Carré Léon Gaumont renoue avec Les Nuits singulières qui impliquent le public d’une autre manière dans le théâtre. La nuit d’Halloween convie les jeunes rockeurs de 7 à 107 ans à un concert de rock débridé, grâce au Wackid’s World Tour, avec Wackyjaune, Wackybleu et Wackyrouge qui entraînent le public au rythme des plus grands tubes, interprétés… sur des instruments d’enfants. En vue de ce concert et de cette fête, sont bienvenus tous les travestissements, rock, punk, dark, grunge, funk, new-wave ou hardcore. Sans compter maquillages, photos à poster (ou pas) sur Instagram, bonne humeur et ambiance déjantée pour un rock around the clock !

le 16 nov Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com

Face au mur Reprenant la formule de Keith Jarett, «improviser, c’est jouer l’inévitable», la Cie Combats Absurdes propose un spectacle où l’improvisation tient la première place, soutenue par deux comédiens et un musicien, Mats Karlsson, Matthieu Loos et Marko Mayerl. Le spectacle est fidèle à la profession de foi de la troupe : «Faire du théâtre tantôt pour célébrer l’absurde, tantôt pour le combattre, créer des inepties déraisonnables, pour fendre l’illogique des contradictions, peu importe, mais qu’elles stimulent». Entre danse et théâtre, on est emportés par l’humour et la poésie qui accordent aux petits riens tout leur sens… le 16 oct Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com

Dans un espace neutre rempli de ballons et une mise en scène élégante et mordante, Hubert Colas déploie la pièce centrale de la trilogie de Martin Crimp. Quatre personnages, remarquablement interprétés, déroulent en une seule pensée ce qui semble être un drame à venir… ils attendent calmement le début de la fête mais le malaise rôde… Quand la démission sociale mène à l’horreur absolue. les 13 et 14 nov Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com © Nicolas Marie

le 31 oct à partir de 20h Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com

La compagnie Le Sixième étage nous entraîne à la suite d’une femme qui fuit dans un bois le jour de son mariage. Parcours initiatique qui lui permet de se trouver enfin. Fragilité, poésie, métamorphose, délice de l’exploration des marges, imprègnent chorégraphie et musique de Jeff Bizieau sur le texte de Pascal Renault qui met aussi en scène les deux danseuses (Audrey Vallarino, Charlène Parize) et une comédienne (Maud Narboni). Créée cette année, cette première partie de Human Show…, connaît ses débuts au théâtre de Grasse.


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P’tits Cannes à you

Jean-Christophe Maillot

Le festival jeune public P’tits Cannes à You, événement incontournable depuis 2005, revient pile pour la période des vacances de Toussaint. Au programme, il y en aura pour tous les âges et pour tous les goûts : ateliers de cirque, lectures de contes en accès libre, ou projections ciné à petits prix, avec entre autres, Shaun le mouton, Ernest et Célestine, ou le fameux Gruffalo. Opéra, théâtre, marionnettes, journées nature sont également au menu, ainsi que de nombreuses séances de pratique ou de découverte des arts plastiques.

B&B © Anya Tikhomirova

du 14 au 31 oct Divers lieux, Cannes 04 97 06 44 90 www.cannes.com www.p-tits-cannes-a-you Animale © Claude Journu

Non, il ne s’agit pas ici de Bed & Breakfast... Avec ce B&B, c’est la compagnie La Zampa qui nous présente sa version de La Belle et la Bête. Mêlant la danse, le théâtre et les masques, cette adaptation conserve toute la beauté, la cruauté mais aussi le sens, la portée et le message du conte original. Entre une Belle aux allures de nageuse gracieuse et une Bête revisitée en sorte de voyou, la rencontre aura bien lieu. Magali Milian et Romuald Luydlin signent la chorégraphie et l’interprétation, accompagnés par le chant de Corine Milian. le 7 nov Théâtre de la Licorne, Cannes 04 97 06 44 90 www.cannes.com

Chassez le naturel Pygmalion

La célèbre œuvre de George Bernard Shaw quitte son contexte original pour une adaptation qui pose l’intrigue au milieu des années 50. Ned Grujic en signe la mise en scène et confie son premier rôle au théâtre à la chanteuse pour ados Lorie Pester. Elle y incarne Eliza Doolitle, jeune fille des rues, qu’un homme a décidé de modeler comme un bloc d’argile pour en faire sa créature. Critique féroce de la bourgeoisie et des préjugés colportés dans les hautes sphères de la société, le texte de Shaw, à l’humour subtil, est toujours d’actualité. le 14 nov Palais des Festivals, Cannes 04 92 98 62 77 www.palaisdesfestivals.com

© X-D.R

Amateur de mots par excellence, Jacques Bonnafé s’aventure sur les traces de la danse pour ce spectacle. Aux côtés du chorégraphe et danseur Jonas Chéreau, ils signent, avec la compagnie Faisan, une adaptation savoureuse d’un texte de Jean-Christophe Bailly. Le tandem joue avec délice de cette sorte de poèmeconférence, initialement nommé Le parti-pris des animaux. Il y est question notamment de pensée animale et de références philosophiques à Rousseau et à ses Lumières. Le tout ponctué d’un humour qui confine souvent au burlesque. le 16 oct Théâtre de la Licorne, Cannes 04 97 06 44 90 www.cannes.com

Trois chorégraphies de Jean-Christophe Maillot pour ce spectacle de rentrée des Ballets de Monte Carlo, dont une création. À côté des grands ballets narratifs, chers au chorégraphe, Entrelacs et Vers un pays sage nous entraînent dans un univers plus abstrait : courbes et autres lignes géométriques se fondent à la musique de Yan Maresz pour la première forme, tandis que la seconde, hymne à la vie composé en hommage au père de J-.C. Maillot, témoigne d’une inextinguible passion pour le travail. Presque rien, écrit en collaboration avec son frère Bertrand Maillot pour la musique, déclinera une autre vision du ballet que l’on est impatients de découvrir ! Entrelacs, Vers un pays sage et Presque rien les 23 (18h45) et 25 (14h45) oct Salle Garnier, Opéra de Monte Carlo Grimaldi Forum de Monaco +377 99 99 30 00 Atrium du Casino de Monte Carlo +377 98 06 28 28 www.balletsdemontecarlo.com


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Néo réalisme

Paisà de Rossellini © Films sans frontières

Du 16 au 18 octobre, à l’Eden Théâtre de La Ciotat, à l’occasion de la parution de Periferia : Echos du néo-réalisme de Bernard Plossu et Alain Bergala, sont programmés, en leur présence, des films de ce courant qui a marqué l’histoire du cinéma : Ossessione de Visconti, Paisà de Rossellini, Le Cri d’Antonioni, Le Voleur de bicyclette de Vittorio De Sica ainsi que la comédie d’Ettore Scola, Affreux, sales et méchants. Les films seront présentés par Alain Bergala et Emmanuelle Ferrari.

CINEMED

Tony Gatlif, Carlos Saura, Valéria Golino et Miguel Gomes sont les invités d’honneur de la 37e édition de Cinemed qui aura lieu à Montpellier du 24 au 31 octobre. On pourra voir leurs films, les rencontrer et assister à des master class. Pour ceux qui aiment le western italien, une nuit est consacrée à Sergio Sollima dont on pourra voir Colorado et Le dernier face-à-face. En ouverture le 24, Per amor vostro de Giuseppe Gaudino en présence de Valéria Golino qui a obtenu à la Mostra de Venise le prix d’interprétation. Roschdy Zem présidera le jury de la compétition longs métrages qui attribuera l’Antigone d’or à l’un des films de fiction en compétition. Il y aura aussi des documentaires, des courts métrages. En tout, une centaine de films inédits que le public pourra découvrir au Corum-Palais des congrès, Centre Rabelais et à l’Utopia Diagonal. Festival Cinemed Montpellier 04 99 13 73 73 www.cinemed.tm.fr

Eden Théâtre, La Ciotat 04 96 18 52 49 www.edencinemalaciotat.com

Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 www.lafriche.org/content/le-gyptis

La Femme nue de Francis Lacelle © L’INIS

Pour sa 5e édition, le festival de courtsmétrages de la Côte Bleue a lieu les 15 et 16 octobre au cinéma Marcel Pagnol de Châteauneuf-lès-Martigues, et les 17 et 18 au cinéma Fernandel de Carry-leRouet. Une sélection de films de fiction et d’animation, dont les réalisateurs ont moins de 30 ans. Vous pourrez ainsi découvrir 57 courts -23 venus du monde entier, 34 français-, dont les primés des deux sections se verront remettre leur Oursin d’or par un jury, présidé par le comédien Gérard Meylan. Festival de Courts Métrages de la Côte Bleue Châteauneuf-lès-Martigues 06 52 51 70 04 www.festi-courts-cote-bleue.fr

Ça swingue au Gyptis

Les cycles se rallongent au Gyptis passant de 6 à 8 semaines. Thématique musicale jusqu’au 3 novembre en partenariat avec la Fiesta des Suds, RIAM, le Village HIP HOP de l’AMI à la Friche. Trois événements dans une riche programmation. Le 17 octobre, un film répertoire de 79 : The Rose, fiction de Mark Rydell inspirée de la vie de Janis Joplin. Le 18 oct, The Sound of Belgium de Josef Devillé, suivi d’une conférence sur la new beat. Et le 27 oct, Brooklyn de Pascal Tessaud en présence du réalisateur et d’un des compositeurs de la musique de ce film qui suit le parcours de combattante d’une jeune rappeuse suisse en Seine Saint Denis.

Courts, oursins et Côte Bleue

Per amor vostro de Giuseppe Gaudino © Officine UBU

Rendez vous d’automne Le 25 octobre à 18h30, Art et essai Lumière accueille Films Femmes Méditerranée à l’Eden Théâtre : Ligne de crédit, premier long métrage de la Géorgienne Salomé Alexi, sélectionné à la Mostra de Venise : les efforts d’une femme qui pour échapper à la crise et maintenir le niveau de vie de sa famille est entrainée dans la spirale des dispositifs de crédit. Le 5 novembre à 19h, en partenariat avec Les Rencontres d’Averroès, sur le thème «Méditerranée, un rêve brisé ?», ce sera Adios Carmen de Mohamed Amin Benamraoui (www.journalzibeline. fr), en présence du réalisateur (lire sur www.journalzibeline.fr). Art et Essai Lumière, La Ciotat 06 64 85 96 40 www.artetessailumiere.fr

Alexandre Sokourov au MuCEM

À l’occasion de la sortie de son film Francofonia, tourné au Louvre, le MuCEM revient sur le parcours du cinéaste Alexandre Sokourov et propose, le 31 octobre, la projection de trois de ses précédentes œuvres ; à 16h30 Hubert Robert, une vie heureuse et Elégie de la traversée, tourné au Musée Boijmans Van Beuningen, et à 20h30, L’arche russe, tourné au Musée de l’Ermitage. Le réalisateur, disciple de Tarkosvki, s’est signalé par ses recherches esthétiques et son goût des musées qu’il a choisis comme décor de certaines de ses œuvres. À 18h aura lieu un entretien entre Alexandre Sokourov et l’écrivaine Anne-Marie Garat, suivi d’un échange avec le public. MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org



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Ici et Ailleurs

S

uivre à l’Alcazar les errances de Don Quichotte dans quatre adaptations du roman de Cervantes. Ouvrir une fenêtre sur l’Andalousie. Se transporter au Mexique à travers les photos de Luis Buñuel exposées à la Maison de la Région. Y faire escale le 9 nov avec la diffusion de Palma Real Motel de Aaron Fernandez et de Workers de José Luis Valles. Découvrir en Panorama l’actualité du jeune cinéma espagnol. Voilà entre autres, ce que nous propose la 14e édition de CinéHorizontes du 6 au 15 nov. Cette année le festival espagnol se propose de nous transporter Ailleurs. Un Ailleurs fantasmé, désiré parce que décidément la vie ne suffit pas, ou contraint parce que la réalité de l’Ici est parfois trop dure pour rester. Ainsi dans le rohmérien Los exiliados románticos de Fernanodo Trueba, de Madrid à Annecy, on écoutera converser trois jeunes amis en quête d’idéaux amoureux. On ira à Edimbourg avec Icíar Bollaín dont le documentaire En tierra extraña donne la parole aux exilés économiques espagnols. Ou on fera l’aller-retour entre l’Espagne et la Suisse avec les deux films de Carlos Iglesias : Un franco 14 pesetas et Dos francos, 40 pesetas. On parcourra les plaines enneigées de Russie avec Españoles (2010) du même réalisateur, dédié à ceux, qui, envoyés en URSS pour être sauvés de la Guerre civile, rattrapés en 41 par la vague nazie, ne sont jamais revenus. Autour des quelque 50 films sélectionnés, inédits ou projetés en avant-premières, à travers tous les genres, se posera la question du 7e art face à une mondialisation de la culture. L’invitée d’honneur, Isabel Coixet qui a tourné la plupart de ses films

Peppermint glacé de Carlos Saura © Urban Distribution

en anglais, présentera le 7 nov quatre d’entre eux. Happy 140 de Gracia Querejeta, fable dans laquelle 140 millions ne font pas forcément le bonheur, ouvrira la manifestation le 6 nov au Prado. Notons un hommage au cinéma classique avec Peppermint glacé de Carlos Saura, où Géraldine Chaplin se décline en brune et en blonde dans un récit trouble et pervers à souhait ! Personne ne s’accrochera aux rideaux comme le 18 mai 1968 à Cannes pour en empêcher la projection... du moins on l’espère.

CinéHorizontes du 6 au 15 novembre Marseille 09 54 61 48 09 http://horizontesdelsur.fr

ELISE PADOVANI

À la marge et au cœur P

our sa 13e édition, Image de ville explore les périphéries. Étendue, distendue, fragmentée, la ville au-delà de son centre est-elle encore ville ? La banlieue est-elle son cauchemar ? Sa chance ? Son avenir ? Les 13, 14 et 15 novembre à Aix, le 17 à Martigues, le 19 à Port-de-Bouc et du 20 au 22 à Marseille, Aux marges des villes, à travers les films sélectionnés, les débats, les rencontres, multipliera les points de vue sur ces questions ouvrant des perspectives, bousculant des certitudes. Riche programmation qui propose des films de répertoire comme Accattone de Pasolini, des œuvres en chantier comme Retour à Forbach de Régis Sauder, des avant-premières comme The other Side, un doc de Roberto Minervi sur

Le 22, le Gyptis offrira tout un week-end à Jean-Charles Hue : Master Class et virée chez les Yéniches dans La BM du seigneur. Le festival s’ouvrira officiellement le 13 novembre à 21h à La Verrière par une création en images et sons du Collectif ZimmerFrei, fruit d’une exploration de 5 ans dans 6 villes européennes. E.P. Madame Courage de Merzak Allouache © Neon Productions

une communauté de marginaux en Louisiane, ou encore Madame Courage de Merzak Allouache qui nous plonge au cœur des bidonvilles de Mostaganem. Le 14 novembre, à la Cité du livre, Rabah Ameur Zaïmeche, dont on reverra Wesh Wesh (2002) et Dernier maquis (2008), imaginera

avec Nicolas Michelin, architecte et urbaniste, dans une «table ronde-projection», des scénarios de requalification de la Cité des Bosquets à Montfermeil. Le 20, à la Villa Méditerranée, on s’interrogera sur le regard porté aux marges des villes méditerranéennes par les jeunes cinéastes.

Image de ville du 13 au 22 novembre 04 42 63 45 09 http://imagedeville.org


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Ciné concerts à foison D

es projections de films muets accompagnées en direct au pied de l’écran, voici ce que propose Filmharmonia dans plusieurs villes de l’agglomération toulonnaise : c’est la 11e édition du Festival International des Musiques d’Écran (Fimé) qui se déroulera du 6 au 15 novembre. Des films d’hier avec des musiques d’aujourd’hui, contemporaine, jazz, musiques électroniques. Et pour célébrer son dixième anniversaire, le Fimé a choisi la thématique «J’ai 10 ans !», des films mettant souvent en scène des enfants qui ont à peu près cet âge ainsi qu’une Carte Blanche donnée à l’éditeur Potemkine qui fête aussi ses 10 ans. En ouverture le 6 à 21h à la Villa Noailles, Six et demi, onze de Jean Epstein (1926) accompagné par le DJ Krikor Kouchian. Les 7 et

(1922) accompagné par Nu Duo, l’Américain William Hayter et le Français Julien Moussiegt. Suivront Bucking Broadway de John Ford (1917), Pierrot Pierrette de Louis Feuillade (1924) et Les Nibelungen : la mort de Siegfried de Fritz Lang (1924). Et pour clore ce programme alléchant, Ahmad Compaoré (batterie et percussions) mettra en musique Chang, l’éléphant de M.C Cooper et E.B Schoedsack. (1927). De quoi réjouir cinéphiles et mélomanes ! ANNIE GAVA Nanouk l’Esquimau de Robert J. Flaherty © Les Frères Revillon, Pathé Exchange

8 nov, le superbe Le Kid de Charlie Chaplin (1921) accompagné par L’Orchestre Symphonique de l’Opéra de Toulon, dirigé par Hugo Gonzalez-Pioli. Le 10, ce

sera l’Ensemble Télémaque qui accompagnera King Kong de M.C Cooper et E.B Schoedsack. Autre film culte, le 11 nov, Nanouk l’Esquimau de Robert J. Flaherty

Fimé du 6 au 15 novembre Toulon et agglomération 07 81 26 26 11 www.fimefestival.fr

La bonne recette de Courts-Bouillon L

a salle Emilien Ventre de Rousset n’a pas désempli toute la journée et la soirée du 10 octobre où se déroulait la 10e édition du festival Courts-Bouillon sous l’égide des Films du Delta. Gageure de combiner en un jour quatre séances de courts métrages en commençant par une séance familiale accessible aux 9/10 ans. Pari tenu à l’écoute des réactions dans la salle de jeunes ou moins jeunes spectateurs découvrant le hors champ sonore d’un film dont le chef opérateur et le perchiste recherchent opiniâtrement des cris de mouettes qui se dérobent, dans Son seul de Nina Maïni. Autre approche appréciée de la fabrication cinématographique : le récit dynamité et mis à distance de Tarim le brave contre les mille et un effets de Guillaume Rieu, qui rejoint parfois l’esprit de Tex Avery. Adhésion assurée du public avec le seul film d’animation de la séance où un petit mouton fait meuh ! au désespoir de ses bêlants parents dans Lambs de Gottfried Mentor. Dans le registre de la comédie, Guy Moquet de Demis Herenger et Qui de nous deux de Benjamin Bouhana abordent le territoire de la séduction amoureuse, sujet qui, dans Petit bonhomme de Victor Rodenbach et Hugo Benamozig, a sûrement réuni dans un processus d’identification parents et enfants, à travers le personnage du petit Henri, 9 ans, à qui son père décide de donner des cours de séduction, au besoin en payant de sa personne pour donner un exemple. La séance 2, familiale, est la marque la plus originale

Putsch © Julie Artigny

de Courts-Bouillon avec la spéciale animation qui permet d’apprécier les films de la promotion 2015 de la MOPA, l’école du film d’animation d’Arles -ex Supinfocom. Esthétiques et techniques variées, sujets à connotation historique, fables à portée politique, cette production est réjouissante par sa fraicheur, sa qualité et son travail d’équipe. Les auteurs de 14, Anna, Billy & Bud, Conte Oriental, Delivery, Putsch et Ressac sont prometteurs, dans un domaine où la France est en pointe. Et comme une promesse d’avenir, se sont intercalés 6 films de 2 min déjà très élaborés, production de la 3e année de l’école. Les séances 3 et 4 sont passées de registres comiques souvent grinçants, comme La Fin du dragon de Marina Diaby dont les personnages, trois

frères et sœurs, se retrouvent au moment où l’assistance médicale de leur mère va être interrompue ou De Smet de W. Geudens et T. Baerten à des visions plus noires comme dans Service compris de Stéphane Castang, où un père adepte de management capitaliste décide pour faire le bonheur de sa fille de la… délocaliser ! Un autre père, divorcé, tente d’enlever sa fille vers la Malaisie dans Tout ira bien de Patrick Vollrath. Avec Pitchoune, nous découvrons un Reda Kateb réalisateur d’une comédie douce-amère. Courts-Bouillon reste un festival chaleureux qui conduit son public vers des voies inédites et n’hésite pas, par la voix de la présidente des Films du Delta, Sylvia Vaudano, à faire généreusement la promotion d’autres festivals de cinéma dont notre région est si riche. ANDRÉ GILLES

Le festival Courts-Bouillon a eu lieu le 10 octobre à Rousset


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L’automne à Gardanne A

utomne, Gardanne, festival. Trois mots qui s’associent pour la 27e fois du 16 au 27 octobre. 61 films dont 26 avant-premières en compétition pour le prix du public, 7 invités, la programmation de Cerise Jouinot, directrice du cinéma 3 Casino est dense. De l’ouverture avec Philippe Faucon qui présente Fatima à la clôture avec Vincent Dieutre et ses deux films Orlando ferito et Voyage en post-histoire, les entrées sont variées. Des journées thématiques, avec le 17, une journée arménienne qui accueillera Robert Guédiguian avec Une histoire de fou et Arnaud Khayadjanian avec Les Chemins arides ; une manifestation flamenco avec un concert et le documentaire Paco de Lucia, la légende du flamenco de Curro Sanchez ; une soirée Acid, désormais partenaire du cinéma, avec Pascal Tessaud pour son film Brooklyn ; une soirée espagnole avec La isla minima de Alberto Rodriguez et La nina del fuego de Carlos Vermut. Les «minots» ne sont pas oubliés : ciné petit-déj et ciné goûter, et des séances jeune public. Pour tous, ce sont des voyages, au Japon avec An de Naomi Kawase, en Hongrie avec Le Fils de Saül de László Nemes, aux Philippines avec Norte, the end of history de Lav Diaz, au Guatemala avec Ixcanul de Jayro Bustamante ou en Ethiopie avec Lamb de Yared Zeleke. On peut redécouvrir Mustang de Deniz Gamze Ergüven, Les mille et une nuits de Manuel Gomes, Much loved de Nabil Ayouch. On peut être attiré par un nom : Allende, dans le documentaire Allende mon grandpère de Marcia Tambutti Allende, Zulawski pour

Une Histoire de fou de Robert Guédiguian © Diaphana Distribution

son Cosmos, Carmen Maura dans La Vanité de Lionel Baier, Dominique Blanc dans Fou d’amour de Philippe Ramos. On peut partir à l’aveugle pour la traditionnelle soirée surprise le 23 octobre, qui se veut un clin d’œil à Régine Juin, initiatrice de ces soirées. Le 27e festival d’automne de Gardanne promet d’être riche de ses traditions et ses nouveautés. Et il est prudent de réserver !

Festival cinématographique d’automne de Gardanne du 16 au 27 octobre 04 42 51 44 93 www.cinema3casino.fr

ANDRÉ GILLES

AfricApt 13e D

u 6 au 13 novembre, le cinéma africain se retrouve à Apt pour la 13e édition d’un festival qui propose une vision de la production actuelle du continent -22 fictions et 10 documentaires courts et longs métrages cette annéeet permet au public de rencontrer ses cinéastes. À l’honneur, le Marocain Hicham Lasri dont sont présentés trois films participe avec Jilani Saadi, Brahim Fritah, Hassen Ferhani et Youssef Chebbi, à une table ronde animée par Olivier Barlet sur les recherches esthétiques ; il assure aussi une leçon de cinéma le 8. À travers celui qui incarne le renouveau du cinéma marocain, c’est le ton du festival qui est donné : l’audace dans une création qui rencontre tant de difficultés. Ainsi la recherche d’autonomie que manifestent le Franco-algérien Rabah

nationale propre comme celle de l’Egypte, mais c’est ce que font Ibrahim El Batout dans El Ott et Ahmad Abdalla dans Décor. Le festival s’ouvre aussi au monde créole avec une œuvre du grand Raoul Peck, Meurtre à Pacot, qui se situe après le tremblement de terre d’Haïti. Des découvertes et des rencontres en perspective pour les spectateurs du pays d’Apt et d’ailleurs. ANDRÉ GILLES C’est eux les chiens de Hicham Lasri © Nour Films

Ameur Zaimeche avec Histoire de Judas, le Tunisien Jilani Saâdi avec Bidoun 2 ou le Rwandais Kivu Ruhorahoza avec Things of the AimlessWanderer. L’audace est dans la parole des documentaires, Congo, un médecin pour sauver des femmes de la Sénégalaise Angèle

Diabang ou Contre-pouvoirs de l’Algérien Malek Bensmail. Audace de la jeune création qui est mise à l’honneur avec Leyla Bouzid et son À peine j’ouvre les yeux et Bahia Allouache et son Cinéma Chkoupi. C’est un autre travail que de trouver sa place dans une production

Festival des cinémas d’Afrique du pays d’Apt du 6 au 13 novembre 07 82 64 84 99 www.africapt-festival.fr



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Tempête à l’horizon Dans le prolongement de Paréidolie, la Saison du dessin poursuit ses mille et une déclinaisons au sein du réseau Marseille Expos. Après un focus sur Le présupposé du blanc au musée Longchamp, Wendy Vachal à la galerie HLM et Lionel Sabatté chez Porte-Avion (Zib’88), Zibeline noie son regard dans la Ligne de flottaison dessinée par Lina Jabbour à La Galerie du 5e.

C’

est un coup de maitre que l’on doit à Martine Robin, directrice de la galerie du Château de Servières et de Paréidolie. L’installation picturale, graphique et vidéo de Lina Jabbour au cinquième étage des Galeries Lafayette est d’une telle qualité qu’on pourrait l’espérer pérenne ! Des choix scénographiques en accord majeur avec l’œuvre, inventifs et rigoureux, sertissent le propos : on déambule physiquement dans un travail qui questionne «les notions de voyage et de déambulation» ; on vogue mentalement dans un espace de flottement visuel où le temps suspend son vol. D’autant qu’entre deux cimaises reconfigurées en tableaux monochromes -partie intégrante des pièces exposées-, des transats aux assises sérigraphiées par l’artiste invitent à la contemplation silencieuse. Un moment précieux d’évasion vers de nouveaux horizons… Née à Beyrouth en 1973, Lina Jabbour se partage entre Marseille, où elle vit, et Clermont-Ferrand où elle enseigne à l’École d’art. Des points d’ancrage multiples qui, on peut

Exposition Ligne de flottaison, Lina Jabbour, Galerie du 5e Marseille, 2015 © MGG/Zibeline

le supposer, influencent sa perception de l’espace qu’elle aborde comme un voyage entre ciel et mer. Dessins aux crayons de couleur sur calque polyester ou sur

papier, mines noires, impressions numériques et création vidéo : tout est affaire de nuances, de trames transpercées de lumière, de variations subtiles, de vibrations

La trilogie marseillaise Q

Collages, 196 x 82 cm, 1982 © Gérard Traquandi

uand François Vertadier ouvre Polysémie à Marseille, il passe du statut d’entrepreneur et de collectionneur à celui de galeriste qui «aime les artistes qui ont une œuvre à plusieurs lectures et plusieurs sens». D’où Polysémie ! Il se crée une ligne directrice autour de Jean-Pierre Nadau et de Philippe Azema dont il est l’agent artistique, évolue dans ses choix et découvre l’art brut qu’il défend avec ardeur à travers des expositions, des salons spécialisés et des publications. «J’ai un corpus qui se développe autour de l’art brut, au sens large «des outsiders». Je m’intéresse aussi au

© Jean-Jacques Ceccarelli

dessin, notamment à l’œuvre de Georges Bru dont j’ai acquis plus d’une cinquantaine de pièces. Certaines font deux mètres !» Mais François Vertadier refuse de se laisser enfermer dans une catégorie ou un style et souhaite rester ouvert à différents courants d’art : «Je pourrais très bien envisager de présenter de la photographie par exemple… Avant tout j’expose de l’art vivant car c’est la rencontre et le contact humain avec les artistes qui m’intéressent.» Pour l’heure pas de photographie, mais une trilogie marseillaise réputée et cotée composée de Jean-Jacques Ceccarelli, Gérard Traquandi et

© Pascal Verbena

Pascal Verbena. Trois artistes qui ont sa préférence et dialoguent avec pertinence dans sa galerie : Ceccarelli pour «ses séries de grande intelligence, son inventivité extraordinaire et sa


abstraites, de formes évanescentes. Parfois ouatées comme les Nuages (au dessus du niveau de la mer) aussi duveteux que menaçants, parfois quasi obsessionnelles comme les ondulations rythmiques des Études de tapis. Dans Castle Bravo, la couleur mange le trait ou réciproquement : par un jeu de noirs et de gris diffus, la mine graphite suggère plus qu’elle ne dessine la forme, le motif se trouble sous l’effet de la superposition ou de l’effacement. Un principe que la série Nuages rouges – Nuages verts – Nuages bleus pousse à son paroxysme quand la terre tire sa révérence et que l’horizon advient par effraction. En apesanteur au dessus du néant, les «nuages» inventent des paysages célestes imaginaires. L’œuvre de Lina Jabbour ne déstabilise pas le spectateur, contrairement aux installations d’Anne Veronica Janssens qui le désorientent : elle l’invite à perdre pied, à lâcher prise au dessus ou en dessus de la ligne de flottaison. Une expérience à vivre doublement avec la vidéo et l’impression numérique dos bleu Partition silencieuse d’une tempête, échos mouvants et hypnotiques. C’est cet instant de bascule que Lina Jabbour appréhende magnifiquement en dessinant des bribes de récits, en figeant «un phénomène impalpable d’un dessin à l’autre comme d’un mur à l’autre» recouvert à hauteur d’yeux de toutes les nuances de bleu. Du bleu turquoise à un bleu outremer foncé… MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Ligne de flottaison Lina Jabbour jusqu’au 31 octobre La Galerie du 5e, Marseille 1er 09 50 71 13 54 www.marseilleexpos.com

pure poésie», Verbena, figure incontournable de l’art brut «à la ligne directrice forte» et Traquandi «qui a su créer sa propre écriture». Si les œuvres de Ceccarelli et de Verbena fleurissent sur les cimaises dans toute leur diversité (riche palette de peintures, dessins, reliquaires de diverses périodes et sculptures rarement exposées), Traquandi apparaît bien seul avec un Collage de 1982. Un déséquilibre involontaire dû au seul fait d’une sélection opérée dans le fonds de la collection d’Anne et Henri Sotta* qui compte quelques 1 400 œuvres. «J’ai beaucoup d’affinités avec leur collection et je suis très attaché à eux. D’ailleurs je prépare déjà une exposition consacrée à Jean-Jacques Surian qu’ils ont beaucoup collectionné.» Rendez-vous est pris en 2016 pour le deuxième temps fort du cycle consacré aux maitres marseillais contemporains. M.G.-G. * Henri Sotta est décédé le 21 février 2013 Les maîtres marseillais contemporains Jean-Jacques Ceccarelli, Gérard Traquandi, Pascal Verbena jusqu’au 7 novembre Galerie Polysémie, Marseille 2e 04 91 19 80 52 www.polysemie.com


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Dans l’œil de Pierre Mabille D

e la contrainte nait la liberté. Telle pourrait être la devise de Pierre Mabille qui travaille depuis 1997 autour d’une forme oblongue, évidée ou pleine, ouverte ou fermée, horizontale ou verticale. Creusée dans un objet, dessinée par et dans la matière, transfigurée par la nature mais sans nom précis. «J’ai commencé par écrire une liste de mots, puis les gens m’ont donné des photos, j’ai alors créé un diaporama muet. Du coup j’ai inventé un antidictionnaire composé de cinq cents mots et d’un tas de formes trouées par d’autres formes». Peintes, dessinées, découpées, photographiées, collées, ses images-mots s’affirment comme une poétique visuelle déclinée à l’infini. De quoi donner le vertige ! C’est exactement ce que l’on ressent à la Villa Tamaris où Pierre Mabille se plaît à Liquider les contours. La forme devient alors un jeu sémantique et pictural au gré du vocabulaire choisi et de l’imaginaire déployé car l’antidictionnaire, faussement articulé de manière aléatoire, conjugue pêlemêle images glanées, archivées ou offertes avec de menus objets,

La forme de pierre Mabille s'immisce jusque dans la trace lumineuse, Villa Tamaris, septembre 2015 © MGG-Zibeline

des pièces sonores et des vidéos qui structurent le récit. Parfois même quelques dessins et annotations griffonnées. Pierre Mabille a toujours entretenu une relation étroite avec l’écrit même si, de 1985 à 1997, sa peinture imagée se nourrissait de signes et dissociait la forme du mot.

Avec la même jubilation, l’artiste s’est lancé en 2010 dans une nouvelle série, Les Récits, où la forme est pensée comme un personnage qui traverse des récits et raconte des histoires. Une manière autre de faire surgir des climats par des formes en négatif, en réserve, et des compositions

qui juxtaposent cases et vignettes. Pour la Villa, il a conçu une série inédite de monotypes où la forme est prétexte à expérimenter d’infinies variations de couleurs ; des exemplaires uniques autour du travail d’empreintes. Dans ses peintures récentes (2012/2015), il délaisse le motif répétitif pour la création d’assemblages, de superpositions et de lignes de forces. Nulle question de créer ici une énième forme, seulement se laisser la liberté de nouvelles tentatives formelles et chromatiques. Comme dans cet admirable patchwork de peintures, La Suite Bonnard, accroché à angle vif dans l’espace, qui distille à fleur de couleurs l’hommage du plasticien à son illustre ainé. Et crée dans un même mouvement une rythmique précise et un flottement visuel. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Liquider les contours jusqu’au 8 novembre Villa Tamaris centre d’art, La Seyne-sur-Mer 04 94 06 84 00 www.villatamaris.fr

Déménagement La Poissonnerie change de boîte tout en conservant ses habitudes. Projets et programmation saurontils bénéficier du rapprochement d’avec L’Officina et du centre ville ?

L

e bail de son local de la rue d’Endoume échu, Thierry Tannières a trouvé un accueil bienveillant auprès de Cristiano Carpanini, responsable de L’Officina et directeur artistique du festival Dansem, rue Neuve Sainte-Catherine.

Modestie

La Poissonnerie -qui garde son nom et peu ou prou son envergure d’exposition de 15 m2- s’installe désormais au dessus du Vieux Port, se rapproche du centre ville et des lieux névralgiques de l’art contemporain marseillais. On pourrait attendre de ce changement l’opportunité d’une programmation si ce n’est renouvelée au moins davantage construite sur le long terme. On reste toujours ouvert aux jeunes talents, aux arts visuels et musiques actuelles, concerts rock live, performances en particulier. Les ambitions sont encore modestes, à l’instar du budget (9 000 euros annuels). Non subventionnée,

l’association préfère ne devoir à personne et «garder sa liberté à s’autogérer». Elle constitue aussi une des exceptions, avec la Galerie du tableau, à n’avoir pas intégré le réseau Marseille art contemporain, fédérateur phocéen reconnu en ce domaine.

Projets

Le rapprochement de sympathie et de raison avec L’Officina confirme la collaboration avec le festival Dansem lors de deux expos successives lors de l’édition de novembre. Beau comme un jardin, une série de grands formats du photographe Sébastien Normand, rendra compte du travail du chorégraphe Christophe Haleb avec les ados de l’hôpital Salvator de Marseille ; tandis que Les Lettres à Olivier constituent un hommage au graphiste du festival, Olivier Bersin disparu récemment, que viendront compléter des ateliers de sérigraphie animés par le collectif Nicole Crème. Prévue pour décembre, une édition originale co-éditée avec L’Officina, actuellement en souscription, réinvente la Scopa, un jeu de cartes populaire italien. Sous la responsabilité graphique de Daveed (l’auteur du logo de La Poissonnerie), un brin décalé vers les références locales, le gabian et la murène se substituent à l’aigle traditionnel, le concombre de mer au bâton et le décor affirme la

tomette provençale. Sont annoncés aussi les photographes du collectif Hors série, habitués de La Poissonnerie. CLAUDE LORIN

La Poissonnerie, Marseille 06 13 14 68 35 http://lapoissonnerie. wix.com/galerie

Le jeu de Scopa redessiné à la Marseillaise par Daveed, 2015 © La Poissonnerie/L'Officina



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Résidences en Friche

À découvrir les travaux d’atelier de François Mazabraud, Jean de Sagazan, Lise Stoufflet et Natsuko Uchino, artistes en résidence chez Astérides (jusqu’à fin décembre) tout comme la commissaire d’exposition Véronique Leblanc venue du Québec qui propose aussi une sélection des œuvres d’Emmanuelle Léonard et Anne-Marie Ouellet. Portes ouvertes le 10 déc de 18 à 20h. C.L. Actuellement en résidence jusqu’au 1er nov La Friche Belle de Mai, Marseille 04 95 04 95 01 www.asterides.org Emmanuelle Léonard, Le beau, le laid et la photographie. Image extraite de la vidéo, 2011 © Emmanuelle Léonard

Claudia Maina

Depuis trois ans la galerie Territoires partagés a engagé un dialogue avec la galerie Gagliardi / Domke pour promouvoir à Marseille et Turin le travail de jeunes artistes français et italiens. Un aller-retour qui permet aujourd’hui d’appréhender l’œuvre, fine et exquise, de Claudia Maina, pensée pour son nouvel espace d’exposition autour de dessins sur verre et de sculptures. M.G.-G. Piume e finestre (Plumes et fenêtres) jusqu’au 31 oct Galerie Territoires partagés, Marseille 6e 06 88 16 21 11

Ados en photo

Piuma Cimice n°2, 2015, Production galerie Territoires partagés © Claudia Maina

L’entrée en adolescence vu par trois femmes photographes : Mireille Loup, Stéphanie Têtu et Claudine Doury/Agence VU’. Chacune tente d’évoquer ce glissement insondable, polymorphe, à travers leurs sensibilités respectives et des écritures bien distinctes. Rencontre/lecture avec Charles Juliet le 20 octobre à 18h30. C.L. Traversée, d’enfance en adolescence jusqu’au 23 janv Bibliothèque départementale des Bouches-du-Rhône, Marseille 04 13 31 82 00 www.biblio13.fr © Claudine Doury/Agence VU’

Eric Bourret

Importante rétrospective pour le photographe-marcheur Eric Bourret à travers une sélection d’une soixantaine de tirages, où l’on retrouve ses flous vibrants caractéristiques dans de grands formats. Quand se superposent l’expérience de la marche, du temps et de la géologie. Rencontre avec l’artiste le 5 novembre à 17h30. C.L. Eric Bourret, Photographies, 2005-2015 «Et l’espace fera de moi un être humain...» du 14 oct au 28 fév Musée Ziem, Martigues 04 42 41 39 60 www.ville-martigues.fr

Série «Excuse me, while I kiss the sky», Himalaya, 2010-2011 © Eric Bourret


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Photos à Marseille

Le festival de photographie contemporaine Maison Blanche grandit et devient La Photographie Marseille. Investissant une douzaine de lieux phocéens, cette cinquième édition met à l’honneur le lauréat 2015, Adrien Selbert, mais aussi Klavdij Sluban et Yohanne Lamoulère, une rétrospective Denis Brihat, Franck Pourcel, Rebekka Deubner... Prix Maison Blanche le 22 oct à 18h30, Mairie des 9e et 10e. C.L. La Photographie Marseille #5 du 22 oct au 09 janv 04 91 14 63 50 www.laphotographie-marseille.com

Le lauréat Prix Maison Blanche 2015 © Adrien Selbert/ Srebrenica (nuit à nuit)

Les Instants vidéos

D’emblée le 28e festival affiche son esprit rebelle avec le slogan «Tu me voulais vierge je te voulais moins con !» placardé sur les affiches de com’. De quoi donner envie de découvrir ce que cette édition baptisée (M)édito réserve dans ses expos, performances et vidéos à la Friche, ses installations à l’ADPEI, à l’ASA et dans la vitrine de l’Espace culture (Rencontres d’Averroès). M.G.-G. (M)édito Les Instants vidéos numériques et poétiques du 6 au 29 nov Marseille 04 95 04 96 24 www.instantsvideo.com

Mémorial © Cyril Laurain & Félix Doullay

Carte blanche à Mathieu Pernot

Le photographe Mathieu Pernot restitue une partie des fonds photographiques des archives départementales passés au filtre de son regard. Déconnectées de leur utilité, de leurs fonctions, de leurs usages et du temps passé, les photos s’offrent quasi «vierges» aux citoyens du XXIe siècle qui redécouvrent le port de Marseille, la ville en transformation, voire même l’horizon… M.G.-G. La ville révélée jusqu’au 23 janv Archives et Bibliothèque départementales G. Defferre, Marseille 3e 04 13 31 82 00 Pièces à conviction jusqu’au 30 janv Centre aixois des Archives départementales, Aix-en-Provence 04 13 31 57 00 www.archives13.fr © Atelier photographique, Archives départementales des Bouchesdu-Rhône /Conseil départemental 13 – Tous droits réservés

Nouveaux regards

Par vagues successives, les jeunes diplômés de l’École supérieure d’art d’Aix sont sous les feux des projecteurs dans l’illustre Atelier Cézanne. Ces Nouveaux regards se focalisent sur les travaux de Tréy Afonso et Cléo Lhéritier, Yohan Dumas, Marguerite Reinert, Maxime Traboul et Masahiro Suzuki. Une 6e édition qui s’accompagne de la publication d’un premier catalogue et d’une exposition collective au Pavillon de Vendôme (16 oct-6 déc). M.G.-G. jusqu’au 6 déc Atelier Cézanne, Aix-en-Provence 04 42 21 06 53 Pavillon de Vendôme, Aix-en-Provence 04 42 91 88 75 www.aixenprovencetourism.com

Marguerite Reinert © X.D-R


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Clémentine Carsberg

De jour en jour l’artiste marseillaise Clémentine Carsberg scrute chaque centimètre carré du 3bisF, ses us et coutumes, au point d’imaginer «des temporalités, des saisons, réelles ou sensorielles» en résonance avec l’architecture du lieu. Ainsi est née sa nouvelle proposition, Les Fors intérieurs, construite comme une «archéologie» de sa présence, avec des traces, des indices et des vestiges. M.G.-G. Les Fors intérieurs jusqu’au 18 déc 3bisF, Aix-en-Provence 04 42 16 17 75 www.3bisf.com

Paysage de saison, 2015 © Clémentine Carsberg

Tradition et modernité

Les technologies sont au cœur de la démarche de Raphael Hefti qui restituera le produit de ses recherches récentes avec deux grandes installations, dans la continuité expérimentale de son œuvre de verre coloré réalisée pour l’ouverture de la fondation en 2014. David Hockney présentera deux séries de dessins de paysage réalisés au fusain et d’autres à l’aide de ses I Phone et I Pad. C.L. David Hockney, L’arrivée du printemps Raphael Hefti, On Core / Encore jusqu’au 10 janv Fondation Van Gogh, Arles 04 90 93 08 08 www.fondation-vincentvangogh-arles.org David Hockney, L’Arrivée du printemps à Woldgate, Est du Yorkshire en 2011-31 mai, dessin sur iPad imprimé sur papier, Dibond®,coll. artiste © Richard Schmidt

Anthony Duchêne

Anthony Duchêne ouvrira la nouvelle saison de la POPARTs (Plateforme Ouest Provence des Arts visuels) qui explore la notion de collection. L’artiste soumet l’art et le goût à sa sauce piquante à travers des saynètes/recettes culinaires improbables inspirées des traditions médiévales ou des chasseurs-cueilleurs, associées à des objets de la collection du Musée de la chasse et la nature (Paris). Et un atelier jeune public avec Thibault Franc. C.L. Les repas des interdits jusqu’au 29 janv Centre d’art contemporain intercommunal, Istres 04 42 55 17 10 www.ouestprovence.fr Kopimacac, le café des singes, 2014, Pieds de Macac, graines de café non torréfiées, mousse pu, pâte époxy, huile, bois, 47x25x38 cm © Jean Christophe Lett

Eduardo Arroyo

Après l’artiste portugais Pedro Cabrita Reis, l’Hôtel des arts convie l’espagnol Eduardo Arroyo à décliner de multiples expressions autour de l’un des thèmes récurrents de son œuvre : le portrait. Huile, dessin, estampe, collage, photographie et sculpture s’entremêlent dès les années 1960, dont un Autorretrato de 2011 aux yeux tout embués… Fictionnels ou historiques, célèbres ou inconnus composent cette galerie de portraits unique en son genre. M.G.-G. La force du destin jusqu’au 10 janv Hôtel des arts, Toulon 04 83 95 18 40 www.hdatoulon.fr Autorretrato, 2011 © Eduardo Arroyo



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Entrer dans les histoires La 17e édition

des Correspondances de Manosque n’a pas failli à la règle du succès !

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ifficile, voire impossible, d’accéder à la douceur des siestes littéraires, de trouver un siège sur la place de l’Hôtel de Ville pour les grandes rencontres, d’obtenir une place au théâtre pour les lectures et les concerts du soir… L’atmosphère est sereine cependant, malgré la foule, et vous fait plonger avec volupté dans toutes les histoires.

Rencontres

Pierre Deram/Michaël Ferrier. Djibouti aujourd’hui/ Madagascar années 40. Deux auteurs, deux livres qui emmènent loin. De Djibouti, son premier roman, bref, tranchant, à la prose hallucinatoire, le jeune auteur Pierre Deram déclare : «Je voulais que ça dégouline de nuit.» De fait, la nuit d’errance du lieutenant Marcus dans un Djibouti rêvé semble suivre à la lettre la définition que Claudel donnait de l’acte d’écrire : «Poser quelque chose de très noir au bout de quelque chose de très pointu.» Face à lui, Michaël Ferrier a opté pour un romanesque pur jus, dans la tradition des Sue et Dumas. Il faut dire que son grand-père, à l’origine de ces Mémoires d’outre-mer, a vraiment tout d’un personnage de roman. Et quand le petit-fils, avec un délicieux talent de conteur, évoque le parcours inouï de son aïeul, on n’a plus qu’une envie, lire ses aventures qui mêlent l’histoire intime avec un aspect méconnu de l’Histoire (le projet nazi Madagascar en particulier). Deux écritures et deux univers très différents que le dialogue, mené avec brio par Yann Nicol, fait entrer en résonance, pour le plus grand plaisir de l’auditoire. Alexandre Friederich et Thomas B. Reverdy se livrent à un dialogue captivant autour de Détroit, autrefois capitale mondiale du taylorisme et du rationalisme fou (oxymore si signifiant) ; aujourd’hui ville exsangue, déclarée en faillite depuis 2013. Dans son reportage, Fordetroit, Alexandre Friederich se met en scène à la rencontre des habitants (d’abord sur Internet, puis sur place, circulant à vélo). Il était une ville est une fiction où un inspecteur enquête sur la disparition de centaines d’enfants peu de temps après la crise des subprimes «Lehman Brothers». Reverdy dépeint un

nouveau Far West, un territoire en guerre (économique), les WASP partis en banlieue, et les plus démunis (à 90% Afro-Américains) livrés aux trafiquants et aux dealers. Fordetroit (contraction de Ford-Détroit) est un «traité de la disparition», un livre sur les ruines d’une civilisation, presque de la science-fiction : des immeubles vidés de leurs habitants, plus de services publics, des salaires à 20$ par mois, une nature qui reprend ses droits, des jardins potagers improvisés, des incendies volontaires pour créer des îlots de sécurité... Pour l’auteur «le désastre est inscrit dans le projet de capitalisme mondial». Reverdy, plus optimiste, pour éviter la catastrophe, préfère annoncer qu’elle a déjà eu lieu... Yann Nicol reçoit Philippe Jaenada pour La petite femelle, un roman foisonnant sur Pauline Dubuisson, une jeune femme accusée du meurtre de son amant en 1953. Un crime passionnel qui déchaîne le procès acharné de son désir d’indépendance et de son passé de femme tondue à la Libération... Une justice masculine et une opinion publique aux abois engendrent partis pris et témoignages fallacieux. Pauline est un bouc émissaire, elle cristallise la peur féroce d’une émancipation féminine imminente. Philippe Jaenada se fait l’avocat de la diablesse et confronte les sources, explore les archives de ce destin brisé : une enfance à la dure, un père qui lui fait lire précocement Nietzsche et la laisse à 13 ans entre les mains des Allemands. Au fil de ce récit tragique l’auteur insère des digressions jubilatoires, comme des sas de décompression : sa lecture publique d’un extrait sur la problématique de la saucisse est truculente, généreuse, bluffante... Maya Michalon accueille Carole Martinez avec la lettre d’un lecteur qui la remercie de l’avoir réconcilié avec le Moyen-Âge. Après avoir détesté cette période depuis son enfance elle a maintenant le projet d’écrire plusieurs livres dont l’action se déroule en FrancheComté entre le Domaine des murmures et le château de Haute-Pierre sur les bords de la Loue. Dans La terre qui penche s’élève la voix de Blanche, une jeune fille morte à 13 ans, mêlée à celle de son âme qui a vieilli. L’auteure, fidèle à sa prose harmonique et épaisse, évoque la poésie et la musique de Guillaume de Machaut qui ont accompagné son immersion dans cette époque de cruauté où on empêchait les filles d’accéder à la connaissance. De musique il fut aussi question lors de la rencontre croisée entre Jeanne Bénameur et Fanny Chiarello : dans Otages intimes, Étienne se reconstruit après sa séquestration grâce au Trio de Weber ; et c’est leur passion pour la voix de la contralto Katleen Ferrier qui réunit

deux jeunes femmes prisonnières de leurs souvenirs douloureux (Dans son propre rôle). Mathias Énard parle aussi passion de la musique dans Boussole, mettant en scène Franz, musicologue et orientaliste, traversé de souvenirs, d’évocations de l’Orient et de musiques, au cours d’une nuit d’insomnie aux «Portes de l’Orient» : la rencontre fut surtout l’occasion de rappeler combien autour de la Méditerranée les idées et les arts se sont entremêlés, et combien les frontières n’ont pas de sens. C’est un étrange poème sonore que nous livra, en Islandais (traduit juste après, à la note près, par son traducteur Eric Boury) Eirikur Örn Norddhal. Son roman Illska débute comme un coup de canon, puissant et drôle, mettant en scène un trio amoureux dérangeant : un néo nazi, une juive, un narrateur velléitaire, pour une saga qui plonge sans concession dans la résurgence de la tentation fasciste. À l’opposé géographique, Alain Mabanckou poursuit avec une faconde et un humour formidables les sonorités des langues vernaculaires congolaises. Son Petit piment, élevé dans un orphelinat catholique puis dans un bordel, trouve sa langue, et sa voie, entre ces traces si paradoxales du colonialisme.

Performances

C’est l’histoire d’un écrivain (et éditeur) Yves Pagès, à qui une éditrice -Fabienne Pavia du Bec en l’air- a proposé de faire un livre de photographies. Ce livre c’est Photomanies. Que l’auteur propose de découvrir au cours d’une réjouissante exposition orale. Une sorte de making of du livre, plein d’autodérision et d’une drôlerie rare. Celui qui se déclare nul en photo se révèle photomaniaque en séries. Pendant une heure passée trop vite, il régale le public de ses


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Écritoire aux Correspondances de Manosque © Chris Bourgue

monolubies et autres fiascoramas. Tentatives réussies d’«écrire en creux avec les yeux», pour un amoureux des signes et des mots, et de leurs traces dans les villes. Chloé Delaume convie avec Alienare à une expérience inquiétante, un texte d’anticipation en boucle, plein d’échos, que l’écrivaine lit sur un rythme lancinant ; impression de transe hypnotique que les sons concoctés par Sophie Couronne et le film d’animation de Franck Dion renforcent, suscitant une sensation d’oppression, en accord avec le thème principal (le lavage des cerveaux par les psychotropes) de cette fiction numérique achetable sur Lapstore.

Lectures spectaculaires

Rachida Brakni a offert une lecture très dépouillée, toute en retenue, de L’autre fille d’Annie Ernaux. Texte dans lequel l’auteure confie comment elle a découvert l’existence d’une sœur aînée décédée en 1938 à l’âge de 6 ans. Existence tue, révélée brutalement par une conversation qu’elle n’aurait pas dû entendre. Et d’un coup la douleur et les interrogations, écrites soixante ans après cette découverte, comme d’une blessure non refermée. Jean-Quentin Châtelain a donné une lecture truculente des lettres de Jack London adressées à ses filles. Les problèmes financiers, scolaires, mêlés à l’incompréhension face à la façon dont leur mère les élève, sont énoncés avec rage et agacement. La présence et la stature du comédien permettaient d’incarner les contradictions tendres de l’auteur aventurier, perdu entre son irascibilité viscérale et son amour paternel... Plus virtuoses encore, si possible, Laurent Poitrenaux et Xavier Gallais lisent respectivement les lettres de

Barthes et celles à Barthes. À la limite juste de l’émotion retenue par la lecture, puis la laissant déferler, ils mettent au jour un jeune homme écrivant une correspondance d’une clarté et une richesse de style incroyables, et d’une sensibilité qu’il ne se permit que dans les Fragments du discours amoureux, ou La Chambre claire. Les déclarations d’admiration de Bachelard ou les lettres crues et belles d’Hervé Guibert disent en écho ce que l’écriture a à faire avec le désir... Le livre de Chantal Thomas, le lumineux documentaire de son frère Thierry Thomas, qui capte chacun des regards aigus et ironiques de l’écrivain, la publication de cet album de correspondance par Eric Marty, nous rappellent à quel point Barthes reste encore, aujourd’hui, essentiel à notre compréhension de la littérature.

Concerts littéraires

BABX revient à Manosque, auréolé d’une notoriété dorénavant acquise. Il chante des poètes, de Baudelaire à Genêt, en passant par de très jolies mises en musique de la prose rimbaldienne. Une heure sympa, avec 4 hommes sur scène, interprétant des textes d’hommes, où les femmes sont au mieux objet de désir, parfois des laiderons. L’inverse genré aurait été une soirée féministe, ici personne ne voit rien : le masculinisme est la norme... Le lendemain, carte blanche était laissée à Virginie Despentes. La romancière, plutôt que de faire entendre ses textes, a choisi de lire le Requiem des innocents de Louis Calaferte. Un texte sur la jeunesse zonarde et très pauvre des années 50, âpre, flirtant avec un racisme sexiste fait de cul de pute noire édentée, mais tendu et prenant, que la voix grave de la blonde tout en

noir a psalmodié avec une énergie contenue, très rock, comme le trio qui l’accompagnait. Ce sont le sommeil et les rêves qui ont inspiré Barbara Carlotti pour une présentation en forme de conférence scientifique, Le laboratoire onirique. Nos rêves nous révèlent-ils une personnalité insoupçonnée ? Piano, guitare et basse, chants accompagnent cette plongée dans l’aventure du sommeil. Avec la participation inattendue de Jonathan Coe qui a lu des passages de sa Maison du sommeil. Pierre Ducrozet, le nouvel auteur en résidence pour une année à Manosque, a lu des extraits d’Eroica, une fiction biographique autour de la figure du peintre Jean-Michel Basquiat. En duo avec David Gonzalez Cambray au son, il explore les facettes de Jay, «Black de vingt ans qui veut être un héros», sur fond, entre autres, de Miles Davis, et de l’immanquable Heroes de David Bowie. Une évocation longuette mais pleine de fulgurances. Et c’est à Sylvain Prudhomme qu’est revenu l’honneur de clôturer le festival, et sa résidence manosquine. La foule se pressait pour cette dernière lecture musicale, histoire d’atténuer la mélancolie des fins de fêtes. Des extraits de Les Grands et les échos de ce qu’a pu être le Super Mama Djombo, grâce à deux d’entre eux, Malam Mané (voix) et Domingos Gonçalvès (guitare), que le romancier a retrouvés. Un beau moment de dialogue entre mots et mélodies. Un final réussi… mais non sans saudade. FRED ROBERT, MARION CORDIER, AGNÈS FRESCHEL et CHRIS BOURGUE

Les Correspondances ont eu lieu du 23 au 27 septembre à Manosque Retrouvez les critiques des livres évoqués sur www.journalzibeline.fr


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«Écrivain à plein temps» C

ourageusement, Annie Terrier et l’équipe des Écritures Croisées, a maintenu la fête du livre sans son invité principal et si attendu, Henning Mankell, disparu dimanche dernier. Ils étaient venus pourtant, les proches, Dan Israël, son éditeur et ami depuis quarante ans, Anneli Hoier, son agent littéraire depuis 25 ans, Robert Jonhsson, son secrétaire particulier depuis 11 ans, Anne Freyer, son éditrice au Seuil, depuis 18 ans. Dire le temps passé à ses côtés, rappeler sa puissance créatrice, mais aussi son action, depuis sa participation à la flottille de la Liberté en 2010, sa volonté d’éliminer l’analphabétisme en Afrique (ça coûterait ce que l’Europe dépense pour ses animaux !), le projet de Memory book (I die but the Memory lives on) destiné aux enfants orphelins à cause des ravages du SIDA en Afrique, la maison d’édition Léopard fondée avec Dan Israël, destinée à publier les écrivains d’Afrique, et ceux qui n’avaient jamais été publiés en Suède -pour lui les livres ont une importance sociale, ils sont des outils pour changer les réalités-, à son théâtre Avenida, fondé à Maputo au Mozambique… Dan Israël rappelle la capacité visionnaire de l’auteur, sa perspicacité : avant que des crimes racistes soient commis en Suède, il en avait le pressentiment et c’est ainsi que naît le personnage du commissaire Kurt Wallander, pour dénoncer le crime qu’est le racisme, acte criminel qui ne peut être combattu que par une fiction policière… Autour d’Henning Mankell, trois écrivains : Katarina Mazetti, l’auteur suédoise du célèbre Le mec de la tombe d’à côté, aime à mettre en présence des cultures, des caractères opposés pour qu’ils prennent du sens, et devient intarissable à propos des Vikings (poètes autant que guerriers) ; Francesca Melandri, passionnée, souligne sa volonté de porter un éclairage oblique sur les faits, qui leur accorde un regard plus pertinent, et met au jour les «secrets de famille» des pays, comme le sort du Haut-Adige ou Tyrol du Sud, mêlant dans ses livres histoire individuelle et grande Histoire ; Qiu

© Maryvonne Colombani

Xiaolong, poète, spécialiste de T.S. Eliott, écrivain, père de l’inspecteur Chen Cao, insiste sur l’influence des romans nordiques sur son écriture, et comme Henning Mankell n’écrit pas vraiment des polars, -qui se focalise sur un acte criminel et sa solution- mais des romans, miroirs de la société. Finement guidés par Gérard Meudal ou Raphaël Bourgois, les différents intervenants ont poussé la réflexion sur les conditions de la création et le langage, autre hommage sur les thèmes choisis par Henning Mankell. Ses écrits venaient de l’intérieur, souligne son éditeur, il ne cherchait pas les sujets à traiter, ils s’imposaient et la forme utilisée en découlait. Raconter, partager, sont sans doute ce qui fait l’humain, plus que le savoir ; Mankell disait que seul l’être humain à la fin de la journée s’assoit pour la raconter, l’homme n’est pas homo sapiens, mais homo narrans. Henning Mankell écrivait tout le temps. Il y eu seulement deux mois d’interruption, lors de l’annonce de son cancer….

Sable mouvant

L’univers d’Henning Mankell fait partie de nos antres littéraires, de nos joies de lecteurs qui ont à chaque fois rendez-vous avec des confrontations de connaissances, de points de vue, qui enrichissent, tout simplement. C’est cet univers qu’il nous permet d’approcher dans Sable mouvant, fragments de ma vie, son dernier ouvrage qui vient de paraître en France (Seuil), entrepris en janvier 2014 lorsque les médecins lui ont diagnostiqué un cancer sans doute incurable. Ses fragments sont comme de petites touches de pensées, un autoportrait qui se dessine au cours des 67 chapitres qui rythment ce journal, en aucun cas «un livre crépusculaire, mais une réflexion sur ce que c’est que vivre». De fait sa réflexion,

entre introspection et essai, n’est pas nostalgique mais lumineuse, nous éclaire sur son œuvre foisonnante et sur l’homme qu’il était, d’une curiosité insatiable. Sans aucune chronologie, il déroule des instants qui nous invitent en Afrique bien sûr, à Maputo au Mozambique, avec les gamins des rues ou dans son théâtre pour la création de Lysistrata, dans la grotte de Chauvet en Ardèche devant les peintures rupestres, sur la route de Salamanque, devant le temple de Hagar Qim sur l’île de Malte, à Onkalo («un mot finnois qui signifie trou, mais qui peut aussi désigner une réalité énigmatique ou encore les cavités où vivent les trolls»), «au cœur de la roche mère finlandaise [où seront stockés] jusqu’à la fin des temps d’énormes quantités de déchets nucléaires»… Et toutes les autres rencontres, humaines, y compris tous les inconnus qui l’ont accompagné et ont fait partie de sa vie, et la joie de vivre qui lui était revenue après qu’il avait échappé au sable mouvant, «trou de sable carnivore», pour continuer à vivre «de nouveaux instants de grâce». La joie qu’il avait simplement, et que personne ne pouvait lui voler, «de créer [lui-même] ou de prendre part à ce que d’autres [avaient] créer». Quant aux lecteurs que nous sommes, nous aurons heureusement encore longtemps rendez-vous avec Henning Mankell. MARYVONNE COLOMBANI et DOMINIQUE MARÇON

La Fête du livre a eu lieu les 9, 10 et 11 octobre à La Cité du Livre, à Aix-en-Provence




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