Zibel66

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un gratuit qui se lit

N째66 - du 18/09/13 au 16/10/13



Politique culturelle

Primaires socialistes, entretiens .......................................4 à 6 Fin de la capitale culturelle et fermetures ............................. 7

Événements

Ouverture La Minoterie ...................................................... 8 Ouverture musée d’histoire ............................................... 10 Ouverture salle de l’Eden, entretien ................................... 12 Août en danse, Dansem ................................................... 14 Salon Public, ouverture CIAM ............................................ 15 Musicatreize, Marsatac, Zic Zac Festival .............................. 16 Actoral, Festival international d’Orgue ............................... 17 Arles nouvelles écritures, Villa Méditerranée, MuCEM ..............................................18, 19

Saisons

Théâtre : La Criée, Le Lenche .............................................20 Le Toursky, Le Merlan .....................................................22, 23 Gymnase, Jeu de Paume, Massalia, La Friche ........................24 Bois de l’Aune, Vitez .........................................................25 Rousset, Simiane, Velaux ..................................................26 Aubagne, Berre, Le Thor ....................................................28 Salins, Port-de-Bouc .........................................................29 Nîmes, Arles ....................................................................30 Cavaillon ........................................................................31 Gap, Briançon .................................................................32 Durance, Draguignan ........................................................33 Le Revest, Châteauvallon ..................................................34 Toulon, La Garde ..............................................................35 La Valette, Saint-Maximin, Cannes, .....................................36 Grasse, Sainte-Maxime ......................................................37

Danse : Pavillon Noir, Klap ...............................................38 Musique : GTP, Cité de la Musique, Méjan .............................39 Opéra Marseille ................................................................40 Opéras Toulon, Grand Avignon ...........................................41

Au programme

Musique .......................................................................42, 43 Danse ............................................................................ 44 Théâtre ........................................................................46, 48 Cirque, Rue ..................................................................... 50

Livres

Livres ....................................................................... 52 à 50 Littérature ....................................................................60, 61

Cinéma ................................................................... 62 à 66

Phénix à facettes

Il est des moments qui laissent présager une renaissance. La rentrée y est propice, et des signes têtus annoncent aujourd’hui une Métamorphose : Lieux Publics veut transfigurer Marseille en trois actes, la consommation frémit, la culture devient un enjeu de campagne, le MuCEM resplendit, les touristes affluent, et jamais les habitants de la région n’ont autant fréquenté les équipements culturels. Un changement de civilisation serait-il à l’œuvre ? Sans doute, mais les chrysalides sont fragiles, et les mutations souvent secouées de soubresauts tragiques. Car d’autres augures alertent, tout autant. Le Front national ancre son congrès à Marseille, l’abstention se profile aux élections prochaines, et la défiance domine envers ceux qui, au nom de la crise, prennent aujourd’hui les mesures qu’ils avaient combattues. Ici, dans l’ombre du Phénix qui s’éveille, les structures culturelles meurent, le sociétal consensuel prend le pas sur l’artistique, les femmes disparaissent des scènes, les beaux lieux érigés redoutent l’avenir… et les artistes sous leur masque obligé de nouveaux VRP cachent mal leur malaise. Où est la pensée, l’imagination ? Dans les promenades vespérales et l’espace public retrouvé ? Dans cette Invention du réel que le festival littéraire de MP2013 nous promet, comme si l’élaboration de fictions nouvelles n’était plus envisageable ? Dans cette pauvreté qui s’accroît tandis que les fortunes des plus riches se confortent, dans la violence qui s’est emparée de nos rues, et l’exaspération qui pousse un bijoutier au meurtre ? Le monde change de peau. Il sera ce que nous en ferons, en résistant aux tentations populistes, et en veillant à préserver nos conquêtes les plus fragiles. AGNÈS FRESCHEL

Arts visuels ............................................................ 68 à 76 Sciences

Exoplanètes, entretien ...................................................... 78 Mensuel gratuit paraissant le deuxième mercredi du mois Édité à 32 000 exemplaires imprimés sur papier recyclé Édité par Zibeline SARL 76 avenue de la Panouse n°11 13009 Marseille Dépôt légal : janvier 2008 Directrice de publication Rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@wanadoo.fr Imprimé par Rotimpress 17181 Aiguaviva (Esp.) photo couverture La Minoterie, théâtre de la Joliette Agnès Mellon 095 095 61 70 photographe-agnesmellon. blogspot.com

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www.journalzibeline.fr Secrétaires de rédaction Dominique Marçon journal.zibeline@gmail.com 06 23 00 65 42

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Arts Visuels Claude Lorin claudelorin@wanadoo.fr 06 25 54 42 22 Livres Fred Robert fred.robert.zibeline@free.fr 06 82 84 88 94

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Philosophie Régis Vlachos regis.vlachos@free.fr Sciences Christine Montixi christine.mo,tixi@yahoo.fr Polyvolantes Chris Bourgue chris.bourgue@wanadoo.fr 06 03 58 65 96 Maryvonne Colombani mycolombani@yahoo.fr 06 62 10 15 75 Gaëlle Cloarec ga.cloarec@gmail.com

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La culture, c’est p 4 P O L I T I Q U E C U L T U R E L L E

Nous souhaitions enquêter sur les politiques culturelles des candidats aux primaires socialistes marseillaises. Quatre ont répondu. Patrick Mennucci, qui a été viceprésident à la Culture à la Région, Marie-Arlette Carlotti, Samia Ghali et Christophe Masse ont déroulé ambitions et programme !

In the mouv’

Zibeline : Vous souhaitez une «movida marseillaise». Pourquoi faire référence à cet esprit de liberté créatif signant la fin du franquisme ? Marie Arlette Carlotti : Parce que j’ai la conviction que la culture peut être pour Marseille le vecteur d’un changement profond qui déborde la vie culturelle stricto sensu. J’ai parfaitement conscience que les difficultés que rencontre Marseille n’ont rien à voir avec le franquisme. Mais, comme en Espagne, les conditions sont réunies pour qu’un grand mouvement culturel bouleverse la politique, l’économie, l’urbanisme… La movida ne se décrète pas, elle n’est pas un simple projet politique, c’est un état d’esprit, un mouvement que je veux insuffler à Marseille. Comment jugez-vous l’état du tissu culturel marseillais, des artistes, des compagnies et des structures culturelles, après MP2013 et les mandatures de Monsieur Gaudin ? Le gisement de talents est considérable, mais le maire sortant a failli car il n’a pas donné à ces talents la chance de s’exprimer comme ils auraient dû. Je veux prolonger la dynamique de MP2013 avec un agenda «Marseille movida» porté notamment par une agence du même nom dans laquelle les acteurs culturels eux-mêmes seront présents. Je veux que la culture inonde les rues, et que Marseille devienne une grande ville de festival : je soutiendrai l’existant pour que nous soyons rapidement en mesure

Culture associative

l’éducation artistique. Le conservatoire national doit pouvoir retrouver les moyens de travailler, s’ouvrir aux quartiers, pour que chaque enfant puisse pratiquer le violon ou le piano, la danse, le théâtre… C’est essentiel, et c’est l’avenir.

X asse © -D.R

collectivités ont relevé le défi. Un succès populaire tout d’abord, et puis de grands équipements sont nés. Mais partout ce sont les Marseillais, par leur présence et leur attitude, qui ont été les vedettes de la capitale. Seul petit bémol, les artistes locaux se plaignent d’avoir été oubliés. Mais il fallait faire des choix. Comment voyez-vous l’avenir ? 2 0 1 3 ne do i t p a s s’arrêter, et il faut s o u t e n i r l e mo u vement associatif culturel pour que cela continue. Et également, veiller à

M ophe Christ

Zibeline : Quelle politique culturelle envisagez-vous pour Marseille ? Christophe Masse : Avant tout je tiens à dire que la culture n’est pas la cerise sur le gâteau, elle est la base des liens sociétaux, et ne peut être pensée que par rapport à un territoire. Marseille est une grande commune composée de villages. Il faut donc s’appuyer sur les associations culturelles des quartiers. Faire aussi venir des grands artistes internationaux… mais il faut laisser les acteurs culturels en charge, directeurs des lieux, conservateurs, présidents d’associations culturelles. Le rôle d’un maire, et des équipes municipales, n’est pas de se mêler de la programmation. Quel bilan tirez-vous de Marseille Provence 2013 ? C’est une forme de succès, toutes les

de proposer un grand festival de musiques actuelles tout le long des plages. Je souhaite également que notre ville accueille un festival du film méditerranéen. Je créerai une maison des cultures Marie-Arlette Carlotti © X-D.R urbaines avec des ateliers de chants, d’écriture, de DJing et de danse, des résidences d’artistes, des cours, des battles, des expositions de graff et de nombreux spectacles ouverts à tous. Je mettrai en place une zone «artists friendly» : les politiques foncière et fiscale y seront au service de la création, de la production et de la diffusion artistiques. J’ai tant de projets culturels pour Marseille… Venez voir mon site ! Vous reprochez dans votre programme à Monsieur Gaudin de ne consacrer que 107 euros par Marseillais à la culture, quand Lyon y consacre plus de 200 euros par habitant. Souhaitez-vous augmenter le budget que la ville consacre à la culture ? Oui. Les finances de la ville sont très mauvaises, mais encore une fois j’ai la conviction que le rebond de notre ville passe en grande partie par la culture.


pas Primaires… Contre la pauvreté

d’Éducation Prioritaire jusqu’à 19h et en confiant les animations à des associations culturelles et sportives, pas aux tatas. En ouvrant les lieux de culture comme l’opéra, le conservatoire, les musées, pour que chacun puisse y aller, y compris sur scène si il a quelque chose à montrer. Pour l’attractivité de la ville je veux mettre en place une Biennale des cultures urbaines sur le modèle de secteur 8 (concours offrant aux lauréats amateurs enregistrement et concert aux côtés de professionnels, ndlr). Je veux que la grande culture qu’on dit élitiste soit offerte à tous. Quel bilan tirez-vous de l’année capitale ? Trop de gens ont été frustrés, la culture mise en évidence est venue d’ailleurs, les équipements sont réussis mais il n’y a pas de coordination ni de vision d’avenir. Il faut mettre en place un conseil de développement culturel, travailler à la

L’artiste au cœur

un immense laboratoire artistique à ciel ouvert. La municipalité doit se réconcilier avec ses artistes, les aider et les valoriser. Le bouillonnement de Marseille frappe tous les observateurs qui ont la chance d’y être confrontés. Ce bouillonnement ne doit pas nous inquiéter, au contraire le maire doit permettre son épanouissement. Ce n’est pas le cas lors de cette année 2013 ? Les artistes sont sûrement ceux qui ont fait la capitale européenne de la culture… mais en subissant des baisses drastiques de budget afin de lui permettre d’exister ! Cette manière de faire est inacceptable et aura des conséquences terribles sur la pérennité de ces structures en 2014. Pa Nous avons aujourd’hui tri c Me une dette envers ces nnu cci artistes, nous © B. Ray na devons beauud coup à ces créateurs k

Zibeline : Quelle politique culturelle envisagez-vous pour Marseille, si vous êtes élu maire ? Patrick Mennucci : Le maire de Marseille n’a pas à se substituer aux artistes, aux metteurs en scènes ou aux programmateurs de spectacles. Ce qu’il faut, c’est leur donner les moyens de réussir, autour d’une ligne politique définie. Quelle serait votre ligne ? La culture depuis 1995 à Marseille, par l’action de la municipalité Gaudin, a une dimension essentiellement récréative. Il faudra organiser des conférences de consensus avec les présidents des différentes collectivités territoriales pour définir les besoins du territoire et coordonner nos actions. Mais ma priorité sera de remettre l’artiste au cœur de la politique municipale. Marseille est

communication pour que chacun puisse savoir ce qui se passe dans toute la ville. Voulez-vous augmenter pour cela le budget de la culture ? L’état des finances de la Ville est catastrophique… Mais on peut changer sans augmenter. D’abord en n’hésitant pas à arrêter ce qui ne marche pas. Quand il y a dix personnes, ou que des initiés, à une manifestation, il faut se poser des questions. Puis en travaillant sur la transversalité : tout le monde dans une équipe municipale doit se préoccuper de culture, de l’aménagement urbain à l’éducation. Ainsi on trouve des ressources inexploitées.

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Samia Ghali © X-D.R

Zibeline : Quelle politique culturelle voulez-vous mettre en place ? Samia Ghali : Je pense qu’il faut juger les gens par les actes. Regardez ce que nous avons fait ici, dans la mairie de secteur du 15/16, sans moyens. Hôtel du Nord, personne n’y croyait, notre travail sur la convention de Faro (convention européenne sur la valeur sociale du patrimoine dont Samia Ghali est la marraine française, ndlr), personne n’y croyait. Aujourd’hui dans mon secteur on peut devenir hôte, qu’on ait une villa à l’Estaque ou qu’on habite un HLM dans le 15e. J’étais une enfant privée de culture, et très malheureuse de l’être, de ne pouvoir jouer du piano, accéder à ce monde. Je veux qu’aucun enfant ne puisse aujourd’hui ressentir cela. Dans chaque noyau villageois, comme dans le 15/16 aujourd’hui, je veux que les enfants puissent accéder au théâtre, à la musique, à la danse, y aller, en faire. Être pauvre ne doit plus amener à être pauvre en culture. Il doit y avoir des médiathèques, des lieux de pratique dans chaque quartier. Vous voulez donc généraliser à Marseille ce que vous faites dans vos quartiers Nord ? Oui. En ouvrant les écoles en Zone

qui souffrent, et si je suis élu maire de Marseille je m’engage à sanctuariser le budget de la création culturelle marseillaise. La Ville de Marseille en a-t-elle les moyens ? Évidemment la question budgétaire revient sur la table quand on parle de culture : nos finances sont exsangues, nos marges de manœuvres sont restreintes, c’est indéniable. Mais cette question budgétaire doit être dépassée. Imposer un financement est une question de courage politique. Courage de dire que la culture relève d’une mission d’intérêt général, et n’a ni à être rentable, ni à faire marcher le tourisme, ni à être un outil de communication politique. Mais aussi, courage de dire que la municipalité n’a plus les moyens de répartir les crédits sans objectifs déterminés. Quels sont ces objectifs ? Le rôle de la Ville de Marseille est à la fois d’amener les Marseillais à profiter de la culture, et de tout faire pour permettre aux artistes de s’exprimer. La solution pour atteindre ce double objectif réside dans la suite p.6


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structuration et l’organisation des pôles culturels de la ville. Pouvez-vous nous donner des exemples concrets ? Oh je peux détailler ! Mon programme d’action est prêt ! De multiples structures existent dans Marseille mais le rôle de chacune est flou, pour le public comme pour les artistes. Ainsi les musées de la ville sont dispersés et les expositions généralement mal fréquentées durant l’année. Dans le domaine du théâtre, nous porterons une attention particulière au pôle prévu à la Friche de la Belle de Mai. D’abord il faudra assurer l’acheminement du public grâce à la belle navette de Mai, qui partira de Longchamp, et fonctionnera jusqu’à ce que le métro que je propose de créer soit en fonction. Dans un désir de clarification, le théâtre Gyptis sera transformé en pôle image. Grâce à cette opération, nous pourrons réorienter vers le pôle théâtre de la Friche une partie des subventions que la région PACA attribue aujourd’hui au Gyptis et ainsi doter le pôle théâtre de moyens financiers plus importants. Ces nouvelles subventions ajoutées à celles prévues initialement pour la compagnie de Catherine Marnas, et celles déjà versées à la Friche, permettront de doter de moyens importants ce pôle théâtre. Qui devra être destiné à un collectif de compagnies marseillaises, et devenir un lieu de production comme de diffusion. Pour que les artistes d’ici puissent créer, et que le public puisse venir… Pour les autres théâtres de la ville de Marseille je souhaite que les spécificités des lieux soient précisées. Les nouvelles générations d’artistes doivent pouvoir prendre leur place en se nourrissant de l’expérience des plus anciens. Ainsi je ferai du théâtre de l’Odéon le grand théâtre de boulevard et d’opérette marseillaise de notre ville, le projet engagé à la Minoterie sera poursuivi et nous lui donnerons les moyens de son développement, le théâtre Toursky préparera son avenir dans une continuité sereine, ainsi que les Bernardines. Nous devrons également attacher une attention particulière à la sécurité autour de plusieurs lieux de production afin de permettre au public de se rendre aux représentations : ce sera prioritairement le cas pour l’Odéon et le Gymnase. On ne va pas au théâtre quand on a peur. Je ferai également respecter les cahiers des charges fixés par l’État avec le théâtre national et la scène nationale (la Criée et le Merlan, ndlr) qui doivent produire davantage de compagnies régionales. Le maire de Marseille a de l’autorité, sur ce type de dossier il doit en user. Avez-vous chiffré ces mesures ? La Ville a-t-elle les moyens de mener une telle politique culturelle dans les théâtres, mais aussi dans les musées, les bibliothèques, l’opéra… Des erreurs financières ont été commises ces dernières années. Je pense notamment au Château de la Buzine, au mémorial de la Marseillaise… ou au Silo, par la faute d’un montage financier opaque et de multiples erreurs. La culture est une mission d’intérêt général qui coûte souvent de l’argent. Lorsqu’elle peut en gagner, comme au Silo, il n’y a pas de raison de le donner au privé. Elle peut être un facteur de développement économique fort, un moyen de renforcer l’identité et l’image de la Ville pour affronter la compétition internationale. Mais je veux une culture qui crée du commun à partir du terrain. Par ailleurs une régie municipale sera créée afin que la mairie de Marseille se dote d’un parc matériel pour son usage, mais aussi pour le mettre à disposition des structures culturelles qu’elle subventionne, ce qui permettra des économies d’échelle. J’ai également de grande ambition pour l’opéra: le chant lyrique est une tradition méditerranéenne avec laquelle je ne veux pas que notre ville rompe. L’opéra,

particulièrement à Marseille, reste un art populaire. Notre opéra, grâce aux travaux programmés, deviendra un opéra de dimension régionale, qui pourra en partie mutualiser ses productions avec ses voisins, et les diffuser hors de ses murs. La dimension populaire de la culture marseillaise est-elle votre priorité ? Dans une ville comme Marseille, la culture pour tous n’est pas une option : c’est une obligation. Je veux bâtir une culture inclusive. Par la pratique d’abord : les Marseillais ont démontré, depuis longtemps, leur créativité. J’ouvrirai dans chaque arrondissement une maison de la culture qui permettra aux Marseillais de produire, d’exposer leurs œuvres, de lancer des débats, avec un réseau de 16 pépinières créatives. Je mettrai en place pour les jeunes un pass culture qui, contre une somme annuelle modique, donnera un accès illimité à l’ensemble des ressources culturelles de la ville de Marseille. J’assurerai l’accès de tous à la lecture publique par l’extension des horaires des bibliothèques et des médiathèques le soir et le week end, et en veillant à ce que chaque marseillais se trouve à proximité d’un lieu de lecture public, de Saint Antoine à Saint Menet. Mais la culture est aussi affaire de transmission et de désinhibition pour tous ceux qui n’osent pas entrer dans les lieux de culture. Des cahiers des charges seront imposés aux institutions culturelles, en particulier aux écoles municipales, pour que des actions vers les nouveaux publics soient développées, pour les jeunes et leurs familles. Quant à la réappropriation de l’espace public, elle devra se faire par les artistes et non par des animateurs télé, avec des spectacles culturels de qualité sur les plages, les places ou dans les parcs de notre ville. En dehors de la structuration raisonnée de l’existant, avez-vous des projets nouveaux ? Le théâtre Silvain, qui sera le grand théâtre de verdure de Marseille. Ce lieu magique fera rayonner Marseille car il peut accueillir les plus grandes productions. Un festival des arts de la rue et des cultures urbaines verra le jour, en lien avec la cité des arts de la rue et la maison des cultures urbaines que je souhaite créer au J1. Enfin, Marseille est une ville de cinéma. Je ferai enfin aboutir le projet de MK2 sur la Canebière et je créerai un festival international du cinéma du bassin méditerranéen. Ces projets concernent le centre ville dont vous êtes actuellement maire de secteur. Qu’en sera-t-il dans les quartiers dits difficiles, plus au nord ? Marseille doit être fière de sa diversité, et embrasser ses différences au lieu de les stigmatiser. Cela passe par une valorisation du bouillonnement culturel de nos quartiers, dont on parle si peu par rapport à leur violence. Je mettrai en place de nouvelles structures dans les quartiers, souples, héritées des mouvements de l’éducation populaire mais modernisées et numérisées. Il faut aussi que Marseille sache garder les artistes qu’elle a vu grandir dans ses rues, en particulier ceux de ces quartiers-là ! Mais elle doit attirer au-delà, et devenir pour la Méditerranée ce que Miami est pour l’Amérique latine et Hong Kong pour la Chine : une capitale culturelle exogène. Elle doit être la ville qui incarne la liberté de création pour les start-up, pour les minorités discriminées, pour les femmes artistes privées d’expression, pour les créateurs censurés, menacés dans certains pays. En puisant dans sa richesse et sa diversité, et en accueillant les artistes, Marseille peut devenir une capitale créative bien au-delà de 2013… Entretiens réalisés par AGNÈS FRESCHEL


Gerda and Yvona, Minnebrom, Brakpan, 2009 Nouvelle exposition à voir à l’Atelier de Visu jusqu’au 5 octobre : Brakpan de Marc Shoul dans le cadre de la manifestation Saisons Afrique du Sud France 2013 & 2013

Dernier ouvrage publié en juin par le BDC, Détails, sculptures inhumaines de Mathieu Briand, artiste de la galerieofmarseille

Bérézina annoncée

La fin de la capitale culturelle a déjà commencé Pour cause de déficit le personnel quitte peu à peu, avant l’heure, la maison diamantée, et les structures culturelles, plongées dans leurs événements en cours ou à venir jusqu’en décembre, se retrouvent sans interlocuteurs… Le paysage pour 2014 s’annonce dévasté : si des équipements neufs et formidables sont nés et restent «pérennes», les compagnies indépendantes, les lieux qui existaient avant, ont tous vu leurs financements diminuer, ou revenir au mieux au niveau de 2012. Tous ont été poussés à des investissements importants durant l’année capitale, pour «en être». Certains, nombreux, ne s’en relèveront pas ; d’autres vont devoir sévèrement serrer la ceinture, d’autant que les tutelles, qui ont elles aussi beaucoup dépensé pour la culture, ne sont pas en état de compenser les pertes, et devront avant tout éponger le déficit de Marseille Provence. Et que les entreprises, qui ont beaucoup gagné à la capitale, ne se pressent pas pour devenir les mécènes des structures en difficulté. La donne semble donc définitivement changée : les nouveaux équipements, dont les artistes sont la plupart du temps absents, programment selon des thématiques et passent commande ailleurs. À l’autre bout de l’échiquier culturel les tentatives alternatives, portées par le bénévolat, le sens de la débrouille et l’amour du dérisoire, survit par habitude des vaches décharnées. Mais les structures qui avaient

réussi à se professionnaliser, à produire des créations et des festivals d’envergure, ferment boutique ou surnagent à peine, licenciant, annulant, désertant la région. Quant aux galeries et aux porteurs de projets d’arts visuels…

Coup dur pour les arts visuels

Le 31 juillet, le Bureau des compétences et désirs annonçait sa cessation d’activité ; fin novembre, l’Atelier de visu lui emboitera le pas. Leur disparition à l’heure de la capitale européenne de la culture apparaît paradoxale au regard des succès qu’ils ont aidé à bâtir, dans un domaine a priori attractif : Le Grand atelier du Midi, Ici, Ailleurs, L’atelier Van Lieshout, Le Bazar du genre, Art-O-Rama, Le Pont… La fin du BCD et de l’Atelier de Visu se ressemblent étrangement : le premier, ancré dans l’histoire marseillaise depuis 20 ans, l’autre depuis 15 ans, abandonnent faute de ressources suffisantes. Tous les œufs ont été mis dans le même panier en 2013 et la source est tarie. Pour Yannick Gonzalez, le BDC est dans l’incapacité de poursuivre ses projets, notamment avec la Fondation de France dont il était le médiateur agréé depuis 1997 : «Le programme des Nouveaux commanditaires nous a mis dans une situation particulière car il se décline sur un temps de 2 à 3 ans nécessaire. À cela s’ajoute une situation d’hyper activité

liée à 2013 qui a mobilisé toute la structure et nécessité l’augmentation de l’équipe. Cela ressemble à une bulle spéculative : nous avons dû concentrer tous les efforts de 8 personnes sans pouvoir penser à 2014. Maintenant les charges sont disproportionnées et les collectivités donneront les mêmes subventions en 2014 qu’en 2012». Même constat pour Soraya Amrane à la tête de l’Atelier de Visu : «Avec une baisse de 20% des subventions annoncée par la Région, la situation ne va pas s’améliorer. Je n’ai pas eu d’augmentation budgétaire grâce à 2013 sauf pour deux actions (les workshops de Wortex et l’exposition de Mathieu Pernot à HLM1). Rien pour le fonctionnement. J’ai donc prévenu mes tutelles que, malgré leur soutien moral et leur reconnaissance, je ne pouvais plus faire face». S’ils ont à cœur d’aller jusqu’au bout des projets engagés, de clôturer leur exercice sainement et sereinement, licencier et mettre la clef sous la porte reste une épreuve. L’analyse de Soraya Amrane est sans appel : «Les arts visuels ont toujours été les parents pauvres des arts plastiques, la photographie en particulier. Dès l’ouverture avec Antoine D’Agata, chaque année il a fallu revendiquer une place, une visibilité. C’est d’abord les photographes et les galeries parisiennes qui nous ont soutenus ! Je ne pense pas que Marseille laisse tomber la photographie mais on privilégie les grosses machines comme la Friche, le Frac, le MuCEM… Je crois que la situation est tellement dramatique que les tutelles ne peuvent rien faire». Quant à Yannick Gonzalez, il met à profit «une aventure qui s’arrête de manière positive parce qu’une nouvelle va se mettre en place sur le territoire» pour en tirer les enseignements. Et lancer une réflexion sur les nouveaux modèles : «Comment se réadapter à une nouvelle offre, plus expérimentale, après 2013 ? Le rôle d’une association est-il de faire de l’ingénierie culturelle ou de mener un projet militant ?». L’effet Capitale n’est pas fini. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI et AGNÈS FRESCHEL

Les Gorgan, jusqu’au 14 septembre, HLM, Marseille 2e et Brakpan de Marc Shoul, jusqu’au 5 octobre à l’Atelier de Visu, Marseille 6e www.atelierdevisu.fr 1

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Tout sent l’ouverture

Mais qu’il est beau ce théâtre ! et fidèle à notre Minoterie !

8 É V É N E M E N T S

Il y avait dans le bâtiment des minotiers une ambiance particulière, faite d’une convivialité véritable, d’un partage des pratiques, d’un amour ébaubi des textes. L’accueil du nouveau Théâtre de la Joliette, ouvert sur la mer et la place publique, avec ses murs tapissés de livres, son puits de lumière, restitue parfaitement ce qu’on croyait perdu. Et ouvre d’immenses voies aux possibles : la salle de 280 places est belle, confortable, fonctionnelle, modulable, équipée. L’autre, nue et violette, permet toutes les formules des petites salles. Partout des endroits pour répéter, des coursives pour circuler, des recoins. Le travail des architectes est remarquable, parce que Guillaume Beccaria et Nicolas Masson ont compris ce dont les gens de théâtre ont besoin et que l’accueil du public pourra se faire à toute heure, autour d’un verre, d’un grignotage, d’un atelier, d’une forme impromptue, d’un livre, d’une conversation. Le théâtre de la Joliette est donc une Minoterie embellie, agrandie. Les directeurs Pierrette Monticelli et Haïm Menahem sont prêts à poursuivre leur travail précieux d’accueil et de suivi des compagnies régionales, de bibliothèque dramatique sans égale (prêt et consultation d’œuvres éditées et de manuscrits), de dialogue avec le quartier, les écoles et les habitants, avec ceux qui travaillent. Pour cela les compagnies en résidence y feront des ateliers d’écriture et de jeu, des interventions surprises. Les minotiers -ce nom leur restera- se préoccupent aussi de concevoir un temps pour

© Agnès Mellon

les très jeunes compagnies, parce qu’ils ont longtemps expérimenté les bouts de ficelle, et n’en sont pas aigris. Évidemment il y aura aussi des spectacles. Ceux des compagnies régionales associées (sur deux ans : Xavier Marchand et sa cie Lanicolacheur, Alexandra Tobelaim et son Tandaim, les Cartoun Sardines, et la Cie

provisoire des deux directeurs), mais aussi d’autres fidèles de la danse ou de la musique, du Bamboo Orchestra à Geneviève Sorin. Les directeurs ont aussi prévu des spectacles «locomotives», susceptibles de faire venir un nouveau public. Mais dans la même exigence esthétique ! Peter Brook, Trisha Brown Dance Company, Guy Cassiers viendront pour la première fois à Marseille… Trop beau pour être vrai ? On espère que non. Si la construction du bâtiment a été financée (Ville de Marseille, Euromed, Conseils Général et Régional), les subventions permettant de faire fonctionner un tel lieu ne sont pas au rendez-vous. La première année est financée grâce à des coproductions de MP2013, mais 2014 sera périlleux. En effet la Ville a augmenté son financement (de 360 000 € en 2012 à 510 000 € en 2013) mais le CR reste à 55 000 depuis 10 ans, le CG à 160 000 depuis aussi longtemps. Quant à L’État, son conventionnement est passé de 80 000 € à 55 000 € en 2011, et n’a pas bougé depuis. L’ensemble des subventions, à peine supérieur à ce que la Minoterie avait, ne saurait suffire à ce nouvel équipement, à cette équipe qui a dû s’étoffer en engageant en particulier un directeur technique et une personne pour la billetterie. Il serait vraiment dommage qu’un tel équipement tourne à bas régime faute de carburant ! AGNÈS FRESCHEL

Au programme Il y a des chances pour que le Théâtre de la Joliette reste ancré dans nos cœurs sous le nom de Minoterie ! Presque 30 ans de labeur et de création, ce n’est pas rien. La première saison ouvre avec une forme intime, Une flûte enchantée mise en scène par Peter

Brook, Molière du théâtre musical en 2011. En octobre, fidèle à sa politique de collaboration et de partage, le Théâtre Joliette accueillera le festival Actoral, festival des écritures contemporaines, avec un texte de Sonia Chiambretto en chantier avec le Faits divers © A.F

Collectif Ildi ! Eldi, et cinq projets qui mêlent danse et texte, L’objet des mots. Puis les compagnies en résidence présenteront sur deux jours le résultat de leur travail sur le territoire, Faits divers pour la Cie Tandaim, film des Cartoun sur la famille idéale, et des collaborations entre Xavier Marchand et Liliane Giraudon, Pierrette Monticelli et Sabine Tamisier… En novembre, Bleu !, une création mondiale de la Cie TPO dans laquelle le spectateur peut s’immerger, un événement jeune public. De la danse encore avec la Trisha Brown Danse Company, pour son ultime tournée internationale. Quant à la compagnie maison, Cie Théâtre Provisoire, elle créera Fuck America avec Haïm Menahem, co-directeur, une adaptation musclée d’un roman de l’allemand Edgar Hilsenrath. À ne pas rater en décembre, Guy Cassiers, pour la première fois à

Marseille, avec le chef-d’œuvre de Virginia Woolf, Orlando ; puis de la danse avec la 16e édition de Dansem. En 2014, La Joliette-Minoterie mettra en lumière le travail de trois metteuses en scène, Alexandra Tobelaim, Agnès Regolo et Joëlle Cattino... CHRIS BOURGUE

À venir Une flûte enchantée du 28 sept au 5 oct État civil les 11 et 12 oct L’objet des mots du 8 au 12 oct Théâtre de la Joliette-Minoterie, Marseille 2e 04 91 90 07 94 www.theatrejoliette.fr



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L’Histoire d’une

ville

Un nouvel équipement majeur pour Marseille : le musée d’histoire dévoile enfin ses fonds inestimables

immémoriaux… si ce n’est que justement les 4000 objets exposés leur donnent une présence palpable ! Les figures marseillaises légendaires ou historiques, Prôtis et Pythéas, Belsunce, Nadar ou Berty Albrecht, sont présents grâce aux objets, vaisselle, tableau, statue ou chambre photographique, qui les font revivre aux yeux des visiteurs. Les cartels donnent les explications nécessaires, situent chaque pièce, et des films nombreux, simples et courts, viennent à point nommé souligner les raisons d’exposer ces objets inanimés. Ici un casque ottoman, là un motif sur un plat, plus loin les films de Guédiguian, Carpita, Allio, Dridi, ravissent les yeux et les esprits.

La plus vieille ville de France possède des merveilles archéologiques, grotte Cosquer du paléolithique, bateaux antiques, faïences, église funéraire paléochrétienne… qui témoignent de 30 000 ans d’histoire humaine sur le site. L’agrandissement considérable du musée d’Histoire (architecte Roland Carta) permet aujourd’hui de les montrer, dans des Aller plus loin ? conditions de visite agréables, ouvertes à tous, Quelques regrets cependant : si les séquences pédagogiques, sans lourdeur. Et dans un parti d’ouverture, antiques, sont remarquables, pris à la fois chronolola période contemgique et thématique, poraine, au troisième pensé intelligemment niveau, est vraiment par le conservateur rapide, et moins Laurent Védrine, en Jean-Claude Gaudin lors de l’inauguration soignée. L’histoire parla beaucoup du Mémorial voisin, dont il séquences chacune de l’immigration est centrée autour d’un regrette le peu de succès, et précisa le projet à peine évoquée, la objet symbolique, et politique de son musée, clairement intégrateur désindustrialisation clairement expliquée. et anti FN : «À Marseille on est habitué aux bâclée, la Révolution L’inauguration le 12 étrangers qui, strate par strate, ont constitué ce absente, Monsieur septembre et les Jour- que nous sommes aujourd’hui. Nous préférons Gaudin nous renvoyant nées du Patrimoine qui une politique de fraternité et d’ouverture que au Mémorial de la Maront suivi ont permis la haine qui stigmatise les populations. Nous seillaise. La période de rassembler les ne voulons pas de communautarisme, mais un de la France dite visiteurs, nombreux, respect de l’autre et un partage. Ce respect Libre et l’entre-deuxau cœur de ce qui part de la connaissance de l’histoire…» guerres sont évoqués est resté, depuis 26 anecdotiquement par siècles, le centre de Marseille : le site même l’opérette et les films de Pagnol. Quant aux du Port antique dont le Jardin des Vestiges périodes médiévales et modernes, elles sont très témoigne. Une scénographie réussie (Ade- nettement dominées par des objets religieux line Rispal), permet de parcourir un musée catholiques : si la basilique funéraire de lumineux, clair, tourné vers la mer, disposant Malaval est exceptionnelle, l’intérêt d’évoquer d’espaces considérables, et offrant une plongée la Peste de 1720 par un tableau du Sacré dans les temps historiques qu’on pourrait dire Cœur, ou de rompre l’avancée chronologique

Un projet politique

© Agnès Mellon

É V É N E M E N T S

par une restitution de l’église Saint Martin qui superpose angelots des XIIe et XIXe siècles, l’est moins. De façon générale les minorités sont peu présentes, comme si l’histoire de Marseille pouvait s’évoquer linéairement en déroulant des périodes successives : le temps historique est très long, et l’on comprend la volonté de lisibilité, mais elle aboutit par endroits à des simplifications. Le pompon revient à la boutique : sardines, savons, cagoles et livres touristiques y côtoient des livres-jeux pour enfants, et les ouvrages historiques sont rares. On est loin du sérieux bibliographique de la librairie du MuCEM. Il s’agit donc ici d’un musée susceptible de plaire aux touristes et de nourrir la mémoire anecdotique des Marseillais. C’est appréciable, mais on aurait pu s’attendre à une véritable ambition historique, et à des avancées de la connaissance scientifique. Si les chercheurs travaillent en coulisses, et exploitent en particulier la découverte du site de Malaval, le musée pour l’heure n’en témoigne pas assez : il renseigne, et n’interroge pas. Les mises en perspectives existent cependant dans les séquences antiques, quand les objets Gaulois et Grecs sont confrontés, ou plus globalement par le choix qui est fait de tourner chaque salle vers la mer, affirmant l’identité commerçante de Marseille depuis ses origines. Le temps permettra sans doute, et la richesse du fonds, de généraliser cet esprit à tous les étages. AGNÈS FRESCHEL

Les chiffres

Investissement de 35 millions d’euros, pour l’essentiel de la Ville 1M de l’État, 2,4M du conseil régional, 3,1M de la société des Eaux, 8,75M du conseil général 4000 pièces exposées sur les 50 000 pièces du fonds 6500 m2 d’exposition, 9000m2 de superficie du site archéologique Auditorium de 200 places

Prolongements Le Musée d’Histoire se prolonge au dehors, avec les sites historiques de Saint Victor, des Docks romains… le Mémorial de la Marseillaise. Des parcours historiques sont balisés depuis l’entrée du musée, empruntant la Voie romaine qui traversait Massalia jusqu’à l’actuel J4, à découvrir seul, ou accompagné de la comédienne Bénédicte Sire. Des visites commentées du Port antique sont prévues le week-end. De nombreuses activités, ateliers, animations périscolaires sont prévues, à tout âge. Une exposition temporaire Des bulles et des fouilles : la BD s’invite au musée, est en place jusqu’au 15 décembre. Musée d’histoire de Marseille Tous les jours de 10h à 18h sauf le lundi 04 91 55 36 00 www.marseille.fr



L’Éden et après…

Zibeline : En quoi la salle de l’Éden théâtre sera-t-elle «exceptionnelle» comme vous l’annoncez ? Emmanuelle Ferrari : Exceptionnelle, elle l’est en soi. Parce qu’elle est la doyenne mondiale des salles de cinéma et qu’à ce titre elle est porteuse de symboles forts. Elle pourrait bien le devenir aussi par son fonctionnement. La programmation devra adopter une ligne artistique très précise, fidèle à l’esprit du lieu, selon trois pistes : des rendez-vous réguliers pour montrer les films restaurés par les organismes internationaux (et il y en a beaucoup dans le monde !), des rencontres orientées autour des origines du cinéma d’autres pays, des cartes blanches à des cinémathèques, notamment celle de Bologne qui vient de créer son Festival du cinéma retrouvé. Le projet est-il entièrement tourné vers le patrimoine ? C’est un peu gênant de dire ça. La salle offrira un volet commercial haut de gamme et un volet plus culturel géré par la ville. Poursuite du Festival Berceau du cinéma et pérennisation du nouveau venu, Cris du monde, s’adressant aux jeunes créateurs. Le cinéma, art du siècle dernier, a une histoire de plus en plus riche. La cinémathèque française a créé récemment son festival du film restauré. Ce n’est pas du passéisme.

Le plus vieux cinéma du monde

Préfacé par Frédéric Beigbeder à qui l’Éden a permis de «frôler l’âme du cinématographe, cette machine à voyager dans le temps», l’ouvrage d’Agathe Rescanières est un de ces livres qu’on feuillette tranquillement, savourant page à page les détails, les moments, les émotions qu’ont saisis sept photographes avant que ne dé-

marrent les travaux de restauration. Et c’est une très belle idée qu’a eue Agathe d’Agathe Rescanières que de les réunir. «Les photographies réunies dans cet ouvrage ont en majorité été prises dans les derniers mois précédant le début du chantier. J’ai tissé avec chacun des sept photographes qui m’ont fait l’honneur de mettre à ma disposition leurs images un lien particulier autour de notre

.R X-D

É V É N E M E N T S

Quand on voit un film ancien, on perçoit la construction d’un art ! L’Éden travaillera également avec les dispositifs de l’Éducation Nationale. Un multiplex de huit salles doit se construire à La Ciotat, condamnant les deux salles actuelles du cinéma Lumière. Dans ce contexte, l’Éden reste un joyau destiné à recueillir ce qu’il y a d’alternatif dans la culture cinématographique et dans l’éducation à l’image. Il y a autour de l’Éden Théâtre une multitude d’associations, ce tissu associatif constitue-t-il un atout ou une source de dispersion ? Les associations ont eu le mérite de garder le cinéma ciotaden en vie. Parmi elles, l’association Les Lumières de l’Éden a multiplié les actions pour entretenir sa mémoire. Cri Mémoire a constitué des archives audio-visuelles passionnantes sur les citoadens. Les amis de Michel Simon ont permis à la Municipalité de racheter la fameuse villa au-dessus de la calanque de Figuerolles où il sera aisé de monter des projets associés à la programmation de l’Éden. Art et Essai Lumière, qui diffuse dans les salles actuelles des films inédits à La Ciotat, a tissé des liens avec les autres associations de la Région. Films Femmes Méditerranée ou les Rencontres d’Averroès trouveront en l’Éden un lieu de projection prestigieux. Les expositions feront-elles partie du projet de l’Éden ? Mon désir serait de disposer d’une fédération d’outils, d’équipements culturels à La Ciotat autour du cinéma. À côté de la salle de l’Éden, je souhaiterais que la Chapelle des Pénitents Bleus ait désormais une dominante 7e Art. Du 21 septembre au 3 novembre, l’expo L’autochrome, le triomphe de la couleur rend hommage à la créativité de Louis et d’Auguste, inventeurs du procédé. On pourra proposer d’autres événements à

ri c r ra Fe

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Le 9 octobre 2013, l’Éden, la salle ciotadenne mythique inaugurée en juin 1889, rouvre ses portes après un lifting complet ! Zibeline a rencontré Emmanuelle Ferrari, chargée de mission à la Ville de La Ciotat et responsable de la future programmation artistique de cette salle

Em ma nu ell e

la Villa Michel Simon qui dans l’idéal devrait devenir une résidence de scénaristes, au Palais Lumière et son Grand Salon qu’une association, malgré les difficultés, cherche à faire restaurer. Et bien sûr, la célébrissime gare, à l’origine de tout ! Le 27 septembre, Écrans voyageurs y fera sa dernière escale. Sera projeté pour l’occasion Hugo Cabret de Martin Scorcese, parrain du projet. On sait que La Buzine à Marseille créée également sur un lieu patrimonial connaît des difficultés. Qu’est-ce qui permettrait à l’Éden de ne pas connaître les mêmes ? Le handicap majeur de La Buzine est sa position géographique et les problèmes pour s’y transporter. Gageons que l’Éden, ce petit bijou restauré par Stern, intégré dans un port magnifique, attirera un large public : parcours touristico-culturel à l’intérieur, projections de plein air l’été sur le grand parvis au pied de la Chapelle des Pénitents, et une scénographie numérique proposée à tous, trois fois par semaine, qui balaye par un montage pluridisciplinaire d’un quart d’heure, l’histoire du cinéma. L’ambition de l’Éden est internationale. Bousculer les habitudes est un défi, mais il existe un réel appétit pour une culture de qualité qui ne soit pas seulement de consommation. Propos recueillis par ÉLISE PADOVANI

attachement commun à ce lieu que nous savions amené à disparaître» Détails colorés chargés d’histoires de Kaîtza Camus, loges et cabine de projec t ion de Lucile EstoupanPastré, le rideau de scène jaune et la jeune actrice Anamaria Vartolomei de Denys Pastré; photographes dans la cour, quelques jours avant le début des travaux vus par Fred Pereira, fauteuils

vides, piano abandonné à travers le regard mélancolique en NB de Bernard Plossu, espaces et couleurs saisis par Christian Ramade, Charles Berling et Marie Denardaud captés par Olivier Reynaud, qui a repéré aussi ce que font les projectionnistes quand ils s’ennuient… Voilà les superbes traces d’un Éden révolu, laissant la place à un nouvel Éden qui ouvre ses portes le 9 octobre. ANNIE GAVA

Le plus vieux cinéma du monde Agathe Rescanières Edition Agathe Rescanières La Ciotat 29 euros www.leplusvieuxcinemadumonde.fr



Ces hommes qui font danser Août en danse a remporté un succès inattendu et mérité… prouvant combien les Marseillais sont friands de spectacles, même en août !

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Carmina Burana, Cie Acontretemps © Jean-Paul Cotte

É V É N E M E N T S

On peut donc programmer des spectacles fin août, et remplir les salles en un clin d’œil… Plus de 10 000 spectateurs ont apprécié les nombreuses propositions. Un franc succès public, et des propositions artistiques très variées, prouvant l’extrême richesse de la danse, de la plus néoclassique à ses formes théâtrales, performatives, amateures, contemporaines. Prouvant hélas que même en danse les femmes se font rares… Quelle régression du nombre de chorégraphEs par rapport aux années 90 ! Anne le Batard (Ex Nihilo), Ayse Orhin (Turquie) et Tzeni Argyriou (Grèce) ont proposé trois pièces, tandis que les hommes en chorégraphiaient une quinzaine… Ce qui n’interdit pas les très beaux moments. Intimes et de recherche, au Klap : si le solo de Samir El Yamni souffrait d’un propos autocentré naïf dans sa mise en mots, la succession de soli proposés par Arkadi Zaïdes (Israël) offrait des moments déchirants de solitude et d’enfermement, et des longueurs… Virgilio Sieni (Trois Agoras) a investi l’esplanade du MuCEM et le Palais Carli avec ses amateures, si touchantes dans leur générosité : dans Ciel mères et filles exposaient leur lumineuse tendresse, palpable, au gré d’un violoncelle léger en pizzicati… Foofwa d’imobilité faisait (très bien !) danser 11 femmes et 2 hommes, dans un décalage franchement drôle entre danse et geste quotidien, montrant, comme un Jacques Demy devenu ironique, l’incongruité d’injecter la danse dans les déplacements ordinaires (Live& Dance & Die). Même autodérision dans son solo, où il s’ingéniait à danser avec une planche de surf… tandis qu’aux Bernardines Thierry Thieu Niang dispensait comme toujours, en duo cette fois, son humanité chaleureuse faite de regards, d’attention et de justes sourires… À l’autre bout de l’échiquier esthétique la Mairie de Bagatelle proposait à son nombreux public,

gratuitement, un temps de danse néoclassique. Avec la Cie Acontretemps, d’un niveau inégal, pour un Carmina Burana convenu mais illuminé par une danseuse sublime (Amélie Appetiti) ; avec le Ballet Biarritz de Thierry Malandain, toujours aussi époustouflant de technique, portant paradoxalement l’émotion au cœur de musculatures exacerbées et froides… pour danser un Amor Brujo (Amour Sorcier)

et Tragédie l’ont confirmé. Avec Élégie il offre au Ballet national de Marseille une pièce aux mille connotations romantiques, plastiques et littéraires, déployant un propos existentiel, comme puisé au fondement de la Création, s’élevant et s’affaissant dans une semi obscurité fascinante… Sharon Fridman, avec le Ballet d’Europe, produit un autre chefd’œuvre, sublimement interprété par les six danseurs. Une pièce où les corps en contact permanent jouent à deux toutes les luttes, les étreintes, les soutiens, les violences qui traversent les couples, ou déchirent en deux les êtres. Là la danse, technique, épuisante, mouvementée, incessante, affirme encore qu’elle est un discours. Sans dire un mot, et sans théâtre, parce que les corps parlent… AGNÈS FRESCHEL

Août en danse s’est déroulé du 24 au 31 août à Marseille

peu enfiévré, mais sidérant !

Chefs d’œuvre

Olivier Dubois s’affirme comme un chorégraphe exceptionnel : on l’a vu chez Preljocaj ou Jan Fabre être un interprète visiblement inspirant, et ses premières pièces «indépendantes» affirmaient que sa danse pense, et crée, au-delà du mouvement, un discours. Son Faune(s), puis Révolution

Le premier volet de Dansem, Miniatures Officinae, réserva de belles surprises dans des parcours étonnants au cœur de La Friche sous forme d’une «exposition chorégraphique». L’itinéraire «pour le dire» fut inventif avec l’explosif Arnaud Saury qui scanda «Et pourtant, et pourtant, je vais te réchauffer mon loup !» le torse enveloppé d’un T-shirt graffé d’un impertinent I’m a Love Result. Avec Taoufiq Izzediou dont le solo Jadibia laissa un goût d’inachevé et Malek Sebai qui esquissa un portrait sensible du corps féminin vieillissant, et séducteur. Il y eut aussi les invitations à danser de Khouloud Yassine, par son regard insistant et direct, de Imen Smaoui qui se laissa fléchir dans les bras d’un spectateur et de Jean-Marc Fillet qui conjugua avec le public tous les temps de la valse. À contrario pas de surprise avec Fama, le spectacle-performance de La Zouze qui est atteint de la même maladie que ses précédents opus : la vacuité (propos, gestuelle et images : tout n’est qu’artifice), le narcissisme (la planète affolée se regarde le nombril) et le machisme (la femme reléguée à la

À venir Élégie, chorégraphie d’Olivier Dubois (voir aussi p 44) les 20 et 21 sept Pavillon Noir, Aix 04 42 93 48 14 www.preljocaj.org

fiction, talons aiguilles ou nue sur la grève). MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Miniatures Officinae s’est déroulé du 28 au 30 août à la Friche, Dansem volet 2 aura lieu du 9 nov au 14 déc à Marseille, Aix-en-Provence et Arles Fama est présenté par le Festival de Marseille les 14 et 21 septembre, Cité des arts de la rue, Marseille 15e www.festivaldemarseille.com Imen Smaoui à La Friche dans La pomme de terre, Miniatures Officinae 2013 © MGG-Zibeline


Ouverture du CIAM

Azalaï parade extraordinaire © Delphine Warin & Marco

Le CIAM, c’est-à-dire le Centre International des Arts en Mouvement a été fondé en 2012 par Philippe Delcroix et Chloé Béron. La ville d’Aix-enProvence l’installe au domaine de la Molière. Sur cet immense espace, deux constructions en dur (750 m2 en tout) et des chapiteaux montés selon les besoins des spectacles, disséminés selon un parcours précis dans un grand parc paysager. Installation «semi-pérenne» de toile et de bois, un chapiteau pédagogique se dresse, correspondant aux quatre axes de travail et de réflexion qui président à la conception de l’ensemble : Découverte, Transmission, Création et Diffusion. En effet, cet énorme complexe dédié aux arts du cirque ne veut pas se réduire à un lieu de spectacles, mais un espace où les artistes peuvent se former, échanger, créer. Pratiques professionnelles et amateures, rencontres avec le public, workshop s’articulent dans une vaste palette d’activités qui permet au public non seulement d’apprécier les temps forts des spectacles, mais aussi de s’initier intelligemment à cet art si multiple. École de pratique amateur pour les enfants et les adultes, classe étoile, similaire à un conservatoire, initiation tournée vers les scolaires l’ancrent dans le territoire. Compagnies locales et nationales ont la possibilité de s’y rencontrer, d’être accueillies. La mutualisation des coûts répartis entre Aix et le Pays d’Aix autorise cette ambition. Coup d’envoi, du 25 au 29 septembre, avec Jours [et nuits] de cirque(s) : un véritable «village de cirque» sera monté avec cinq chapiteaux dans lesquels on pourra applaudir la compagnie Akoreacro et sa dernière création, Klaxon, CIRCA, où des danseurs australiens mêlent danse contemporaine et jonglerie, les Frères Forman sous leur chapiteau Obludarium (voir p50), la magie du collectif 14:20 et une nuit du cinéma en lien avec l’univers du cirque. Sans compter la dimension pédagogique toujours essentielle à la démarche du CIAM.

Enchanter la ville

DOMINIQUE MARÇON

Salon Public du 27 au 29 sept Divers lieux, Salon-de-Provence 04 90 56 27 60 www.salondeprovence.fr www.karwan.info

MARYVONNE COLOMBANI

du 25 au 29 septembre Domaine de la Molière, Aix-en-Provence 09 83 60 34 51 www.artsenmouvement.fr

Circa © Justin Nicolas

C’est une édition exceptionnelle de son festival d’arts de la rue Salon Public que s’apprête à vivre la Ville de Salon. Coproduite par MP2013, et toujours imaginée par Karwan en étroite relation avec la ville, cette 5e édition proposera de jeter des ponts entre les deux rives de la Méditerranée, grâce à une rencontre bourguigno-maroco-salonaise unique : l’Office des Phabricants d’Univers Singuliers (O.p.U.S) et sa Quermesse de Ménetreux, et le collectif marocain Éclats de Lune avec Azalaï, parade extraordinaire (voir aussi p18), ont travaillé ensemble en amont de la manifestation autour de «l’invention de nouveaux protocoles de jumelages», entre les villes de Ménetreux, Souknine et Salon-de-Provence, transformant cette dernière en terre d’accueil d’une quarantaine d’artistes. C’est naturellement l’occasion de revisiter les traditions culturelles et les histoires de chacun : entre les «raconteurs de sornettes, machinistes à balivernes […] et astiqueurs de mémoires vives» que sont les artistes de l’O.p.U.S et les poètes transformeurs «de la pénurie en art de vie» d’Eclats de Lune qui réinventent par le biais de leur parade «les jeux d’autrefois que l’on dirait forain d’aujourd’hui», la rencontre est pittoresque et captivante. Acrobates, musiciens, et marionnettistes marocain, que l’on retrouve, accompagnés de comédiens français, pour clôturer le festival lors du traditionnel pique-nique dominical. Entre ces spectacles, d’autres, tout aussi excitants, se dérouleront sur les cours et places du centre-ville : Transports exceptionnels, le corps-à-corps hors du commun d’un danseur et d’une pelleteuse par la cie Beau geste ; les Échappées belles de la cie Adhok, diptyque qui explore avec humour la question du vieillissement ; Monstre(s) d’Humanité, une fin du monde réellement apocalyptique imaginée par la cie n°8 ; la leçon de cirque horticole donnée par l’Atelier Lefeuvre & André Entre serre et jardin ; et la fanfare Jazz Combo Box qui fera le lien entre toutes ces déambulations artistiques…

15 PÉ O V LÉ I N ET I M Q E U N ET S C U L T U R E L L E


Vingt lieux sur la mer…

É V É N E M E N T S

sept à 18h30 Salle Musicatreize). L’événement s’achève par la création de deux opus autour de textes de Sappho signés Jesper Nordin et Zad Moultaka : un projet pharaonique («Odyssée dans l’espace») pour d’importantes masses chorales amateures et professionnelles (le 26 sept à 20h Opéra de Marseille). JACQUES FRESCHEL

20 lieux sur la mer jusqu’au 26 sept 04 91 00 91 31 www.musicatreize.org

n Musicatreize © Guy Vivie

La suite…

Deux beaux concerts pour finir ! C’est d’abord un récital de Lieder de Schubert par la mezzo-soprano Mareike Schellenberger, accompagnée de Victoria Harmandjieva au piano, qu’on entend, avec également au programme Ariane à Naxos de Haydn (le 21

Marsatac voit grand, très grand

Le festival de musiques électroniques et actuelles accueille plus de 80 concerts, en 11 soirées, dans 7 lieux L’an dernier, Marsatac envahissait déjà Nîmes en s’installant dans la Smac classieuse Paloma. En 2013, en plus des trois soirées dans la cité gardoise (les 19, 20 et 21), 15e anniversaire et année capitale obligent, le festival tisse sa toile dans sa ville berceau. Des cinémas (les 22, 23 et 24), une église (le 25), un théâtre (le 29) et la dernière née des grandes salles marseillaises, le Silo (le 26). Sans oublier l’incontournable Dock des Suds (les 27 et 28). Mégalo les «Marsiens» ? Peut-être. Et alors ? Tant qu’il y a de l’audace… Jusqu’à la communication agit-prop, à coup de slogans à consonance revendicative. En tous les cas, depuis son apparition en 1999 dans l’étroit Espace Julien, l’événement -que son nomadisme a finalement consolidé- peut s’enorgueillir d’être devenu la plus y © X-D.R importante manifestation des ck musiques électroniques du sud de la France. Côté programmation, plus que jamais des poids lourds : de Tri

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Musicatreize a fixé un rendez-vous important depuis le 13 septembre et les Journées du Patrimoine. Avec le soutien de MP2013, Roland Hayrabedian pense bien ainsi pointer, enfin, l’AN UN de sa biennale Vingt lieux sur la mer… qui jusqu’alors n’a été qu’ébauchée (2007 et 2009), voire annulée (2011). Les 14 et 15 septembre, vingt lieux de la cité phocéenne (et au-delà) furent investis, non seulement par Musicatreize, mais également par deux formations réputées : le Nederlands Kamerkoor et l’Ensemble Cantori (USA). Ce furent des concerts éclairs, souvent gratuits (ou pour des prix modiques), qu’on a suivi de surprises en surprises tout au long du week-end… Une bonne façon d’entrer dans la musique d’aujourd’hui ! Le programme européen des rencontres «Tenso» a été également accueilli à Marseille du 16 au 18 septembre. Musicatreize fut entouré de trois grands ensembles vocaux d’Amsterdam, Riga et Porto qui participèrent également au «Concours Ohana» d’écriture pour chœurs.

Laurent Garnier à Carl Craig en passant par Tricky, Moderat, Vitalic et Kavinsky. Aufgang, Bonobo, Cassius, The Stepkids sont aussi de la party. Même les minots auront leur boum électro (le 22 à l’Alhambra). La scène marseillaise n’est pas en reste avec Andromakers, Anticlimax, Dissonant Nation, les retours attendus de Nevchehirlian, Nasser et en découverte prometteuse, le trio Husbands. Car Marsatac n’en oublie pas sa mission de dénicheur de talents avec Sexy Sushi, Salut C’est Cool, Fauve ou Juveniles. En guise de clôture, une soirée aux sonorités world avec la reconstitution scénique des trois albums Mixatac -sortis entre mai et septembre- qui jettent des ponts entre Marseille, d’un côté, Bamako, Essaouira et Beyrouth, de l’autre. Ambition affichée de cette 15e édition : faire de Marseille, en septembre 2013, la capitale mondiale du plaisir musical. Avec 40 000 festivaliers attendus, le défi a des chances d’être relevé. THOMAS DALICANTE

Marsatac du 19 au 29 sept Nîmes, Marseille www.marsatac.com

Zik Zac,

le festival qui déménage Encore un changement de site pour le festival aixois qui, depuis sa création à la fin des années 90, doit faire preuve de détermination pour s’imposer dans une ville où les musiques actuelles et l’esprit frondeur ne sont décidément pas bienvenus ! Mais qu’importe, Zik Zac résiste et continue de programmer des artistes qui font aussi bien danser que réfléchir. Pour une 16e édition coproduite par Marseille-Provence 2013, l’équipe de la Fonderie, fondatrice de la manifestation, a comme à son habitude, choisi de défendre le métissage, le dialogue entre les cultures et un certain aspect de la lutte. Monument de la culture kabyle et artiste à l’engagement tout en finesse, Idir ouvre le bal (le 20 sept). La même soirée suivront l’électro-pop-rock de Temenik Electric, enfants du pays dont la carrière prend enfin l’essor mérité, les hymnes festifs de HK & les Saltimbanks et Etienne de Crécy, dj pionnier de la french touch. Le 21, c’est un autre révolté qui sera en tête d’affiche en la personne de Rachid Taha, qui présente au public de Zik Zac son magnifique dernier album. The Dafunicks, Lena & the Deep soul et Naïas complètent le plateau. Le 22, le festival s’offre un troisième jour aux sonorités orientales avec la chanteuse franco-tunisienne Nawel et Cheikha Rabia, digne héritière du raï des origines qui rend hommage à la grande Rimitti. Le 4 oct, enfin, Zik Zac la Replik s’offre ce que l’on appellerait, dans certaines contrées méridionales, un revivre. Au menu, l’électro-dub de Zenzile et la chanson hip-hop soul de Rit. T.D.

Zik Zac Festival du 20 au 22 sept et le 4 oct Aix-en-Provence www.zikzac.fr

Etienne de Crecy © Marie de Crecy


actoral XXL Extralarge et supergénéreuse, l’édition 2013 ! Bouquet final ?

Avisons d’abord le programme : ils s’y sont mis à 5 pour ouvrir le ban. Ricciotti choisit le vers libre et les ailes du vent ; Chougnet recentre sagement ; les patrons Marcilhac/ Colas s’abritent élégamment derrière un mur de questions fondamentales desquelles devront répondre les artistes invités, tandis qu’Anne-James Chaton, en bon parrain, disserte finement sur la vanité des classifications et inaugure, en l’appelant de ses vœux, la nomologie, nouvelle science du bien nommer en toute liberté ! On le remercie infiniment d’avoir pensé au déchiffreur égaré dans la jungle des S(pectacle) / P(erformance) / L(ecture) / ME et autres + ! Ce qui saute aux yeux plus que jamais, c’est qu’au-delà des grands du monde théâtral (Gisèle Vienne et son Pyre au Merlan les 3/4 oct, ou Rodrigo Garcia à la Criée avec Muerte y reencarnacion en un cow-boy le 11/12 oct) le festival va accueillir une soixantaine de propositions qui pratiquent surtout le saut de frontières ! Les danseurs savent faire : Matija Ferlin, à la fraîcheur mélancolique, se relancera dans son sidérant Sad Sam Lucky, mais proposera aussi une pièce pour 5 danseurs ; François Chaignaud et Yaïr Barelli seront plutôt dans la déconstruction, antidotes vivants aux rituels de la représentation ; et ce n’est pas le minimalisme prévisible du Grand Singe de Nicolas Cantin ou Les Ponts suspendus de Gustavo Giacosa qui entraveront le passage. Avec Jacquelin et Darbelley et leur Art Tangent, aucun risque non plus de piétiner dans le rang ! actoral aime fort justement le travail d’équipe comme celui, troublant, des Chiens de Navarre : Quand je pense que nous ne vieillirons pas ensemble, présenté au Gymnase les 10 et 11

oct, se veut rien moins qu’«une tentative de réconciliation avec soi-même» ; on peut se réjouir aussi du retour de la Cie Motus dont on se souvient du percutant Alexis, une tragédie grecque ; dans Caliban Cannibal, conçu par Enrico Casagrande et Daniela Nicolo, la révolte sera plutôt latino-américaine et en langue de Babel ; la rencontre entre L’OUTIL de Dijon et l’Institutet suédois autour de Bones, sur la scène des Bernardines, promet une stimulante et déjantée réflexion sur la mort. La forme duelle aussi semble bien se porter : les invités libanais de la Villa Méditerranée (voir p 18), Lina Saneh et Rabih Mroué, savent faire flamboyer le politique et ouvrir les silences ; le théâtre Joliette (voir p 8) accueillera cinq rencontres entre un écrivain et un artiste de scène, dont un Broute Solo entre Nathalie Quintane et Sophie Pérez. L’amour et le désir vont encore circuler -dans un train de nuit-, portés en voix et en images par Aurélie Leroux et Florence Pazzottu sous l’égide du poète Mandelstam. Faut-il considérer le face à face Christophe Fiat / Marcel Pagnol au château de La Buzine comme un duo rock’n’roll ? Réponse le 28 sept. Et puis il y aura Mustafa Benfodil dont on connaît la richesse d’écriture puisée à tous les réels, Salvatore Calcagno et son premier spectacle La Vecchia Vacca ; un unique persan Amir Reza Koohestani qui ne manquera pas de piquer la curiosité avec Timeloss, commande d’écriture du festival...

Demain ?

Un actoral enthousiasmant qui multiplie par deux son «offre de sièges», passant de 7000 à 14 000, et espère perdurer avec cette ampleur les années prochaines. «Cela fait 7 ans qu’on attend cela, déclare Hubert Colas. On ne peut pas dire aux artistes voilà c’est fini. La culture est enfin devenue importante à Marseille, il ne peut pas rester que les grandes institutions.

17

Les Chiens de Navarre © Philippe Lebruman

Les petits meurent…» Un constat qu’il ne faudra pas oublier si on ne veut pas qu’actoral 13 soit un bouquet final. MARIE-JO DHÔ et AGNÈS FRESCHEL

du 24 sept au 13 oct 04 91 94 53 49 www.actoral.org

Cap au Sud

Pour la 17e édition du Festival International d’Orgue, les cinq claviers du grand orgue de Roquevaire sont associés à la Méditerranée, en coproduction avec Marseille Provence 2013. Jusqu’au 20 octobre, un programme varié tourné en partie vers le Sud est proposé aux festivaliers amateurs et spécialistes de l’orgue. Avec notamment la création de Thomas Keck intitulée Lumières, pour chœur, flûte, clarinette, guitare électrique et orgue sous la direction du Chœur Acanthe (le 5 oct à 21h). Cette programmation éclectique et originale se complète par les récitals d’orgue de Johann Vexo (le 18 oct à 21h), le duo orgue-piano Etienne Walhain / Jean-Baptiste Monnot (le 20 oct à 16h30), le duo hautbois et orgue de Marika Lombardi et Livia Mazzanti (le 13 oct à 16h30) et l’orchestre Divertimento sous la baguette de Zahia Ziouani avec l’organiste Luc Antonini (le 29 sept à 16h30). Avec de l’improvisation, une création, un répertoire allant du XVIe siècle à nos jours et des concerts dont la conception s’éloigne de l’académisme formel des salles de concerts, le festival d’orgue de Roquevaire affiche sa singularité. FRÉDÉRIC ISOLETTA

Festival International d’Orgue de Roquevaire du 13 sept au 20 oct 04 42 04 05 33 www.orgue-roquevaire.fr

PÉ O V LÉ I N ET I M Q E U N ET S C U L T U R E L L E


Le monde se réinvente

18 É V É N E M E N T S

C’est une belle ouverture de saison que propose le théâtre d’Arles avec le cycle des Nouvelles écritures scéniques, du 5 au 16 octobre. Un temps fort qui propose cinq spectacles, dont pas moins de trois créations ! Le GdRA crée Vifs, un Musée de la personne, qui interroge les notions d’identité et de territoire au travers d’une installation atypique construite autour de récits de vie filmés, projetés sur 12 écrans géants, une invitation à déambuler dans l’église des frères prêcheurs, entre portraits et performances (du 5 au 9 oct à Arles, du 17 au 27 oct à Marseille). La danseuse et chorégraphe Satchie Noro crée Nuage, en coréalisation avec le musée Réattu, une installation chorégraphique et sonore qui invoque le concept d’impermanence dans laquelle danse et musique se mêlent aux éléments naturels (les 5 et 6 oct au musée Réattu). Troisième création au théâtre, celle de Michel Schweizer. Avec Cartel, il propose à nouveau le partage d’une expérience particulière : en conviant sur scène deux anciens danseurs étoiles de l’Opéra Garnier, Cyrille Atanassoff et Jean Guizerix, un jeune danseur classique en formation, et une chanteuse lyrique, Dalila Khatir, il questionne notre rapport à l’altérité dans une entreprise d’humanisation qui réinvente ainsi une forme de théâtre politique (les 15 et 16 oct). Dans Before your very eyes, le collectif Gob Squad décline de façon joyeuse et bouleversante le temps qui passe, en mettant en scène sept ados dont la vie en accéléré se déroulera dans une pièce munie de miroirs sans tain qui laissent tout deviner de leurs interrogations… (le 5 oct). Enfin, dans Late Night, du Blitz Theatre Group, trois femmes et trois hommes, confinés dans une salle de bal à l’abandon, dansent une valse sans fin. Portés par leurs souvenirs, ils délivrent leur histoire avec une énergie qui fait rempart au chaos extérieur (le 8 oct).

Imaginer aujourd’hui La programmation d’automne de la Villa Méditerranée s’annonce intense et variée. Avec 7 cycles thématiques et 3 parcours d’expositions, l’établissement continue de faire découvrir les richesses de créations artistiques de la Méditerranée tout en explorant l’histoire et les enjeux de société d’hier, d’aujourd’hui et de demain

Les cycles thématiques • Méditerranée monde, mobilités sociales

Encadré par les États généraux des Musiques du Mondes, le premier cycle s’articule autour de deux événements musicaux. L’ensemble Musicatreize réunira de grands ensembles vocaux d’Europe à la Villa méditerranée à l’occasion des Tenso days. Le 17 sept, le chœur Casa da musica de Porto interprètera les œuvres contemporaines de compositeurs tels que Jonathan Harvey (Angleterre) et plus traditionnelles comme Pedro de Cristo (Portugal). Le 18 sept, le Chœur de la radio lettone et l’ensemble Musicatreize

s’associeront, le temps d’un concert, pour célébrer les cent ans du compositeur français Maurice Ohana. Un autre itinéraire musical sera proposé, les 12 et 13 oct, par les cinéastes musiciens de Sisygambis. Après avoir parcouru la route des épices pendant 5 Ans, ils présenteront sous forme de vidéo concert leur création De la Méditerranée vers l’Océan indien réalisé par Christine Coulange.

• Nos futurs

Pour la clôture du parcours d’exposition, 2031 en Méditerranée, nos futurs !, un second cycle, nos

Do.M.

Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com

Une programmation s

La caravane passe

Après Salon (voir p15), Brignoles, Aubagne et Marseille accueilleront la Parade extraordinaire du Collectif marocain Éclats de lune. Azalaï (caravane en langue touareg), ce sont des marionnettes géantes, des acrobaties, des percussions... et un dromadaire. Ils sont accompagnés du Porte-Folie, ce camion-expo-ambassadeur des arts de la rue conçu par Karwan, interrogeant la création dans l’espace public en Europe et plus particulièrement en Méditerranée. le 1er oct, à Brignoles le 3 oct, à Aubagne les 5 et 6 oct, à Marseille 04 96 15 76 30 www.karwan.info Azalai © X-D.R

Le MuCEM, qui vient de passer la cap du millions de visiteurs, reprend son rôle de nouveau lieu culturel dès la rentrée. Au mois de septembre, l’exploration des civilisations européennes et méditerranéenne se poursuit autour de rencontres, projections et projets initiés par le MuCEM pour le MuCEM • Fatalement féminines

Le 18 sept, carte blanche à Danièle Hibon qui invite pour l’occasion Nathalie Léger, la directrice adjointe de l’IMEC (L’Institut Mémoires pour l’Edition Contemporaine). Également commissaire des expositions Roland Barthes en 2002 et Samuel Beckett en 2007 au Centre Pompidou, elle proposera deux films autour du thème de la femme «rebelle et irréductible», La Renarde (1950) de Michael Powel et Emeric Pressburger et Wanda de Barbara Loden (1970). Le 25 sept Danièle Hibon invitera

Dominique Païni qui a dirigé la cinémathèque française. Chronique d’un amour (1950) et Journal d’une fille perdue (1929) sont les deux films choisis par la critique du cinéma pour parler d’histoires bouleversantes et fatales.

• Images et sons

Après un périple de quatre mois dans quinze pays, le réalisateur Jean-Daniel Pollet retrace son voyage à travers des images commentées par l’écrivain Philippe Sollers dans Méditerranée (1963). Quelques années plus tard, il partira pendant la première Guerre du Golfe en Grèce et réalisera un nouveau carnet de voyage, trois jours en Grèce (1990) projeté le 29 sept. JeanLuc Godard a lui aussi utilisé les paysages méditerranéens pour parler à sa manière de liberté, d’histoire et de voyage dans Film socialisme (28 sept). La soirée du 27 sept est dédiée au chanteur français d’origine syrienne Abed Azrié. Artiste novateur, il revisite la musique arabe classique en mêlant des textes anciens et modernes. Ces mélodies sont rythmées de nombreux instruments


la Méditerranée d’hier futurs, permettra au public de s’interroger sur l’avenir des villes méditerranéennes. Le 20 sept, la fausse conférence, Wagons libres, orchestrée par la comédienne Sandra Iché, présentera de manière originale la ville de Beyrouth en 2030. Pour la première fois, une soirée radio live sera organisée le 21 sept par Aurélie Charon et Caroline Gillet, les productrices de l’émission «Welcome, nouveau monde» sur France Inter. Elles dialogueront en direct avec des habitants des grandes métropoles méditerranéennes comme Zagreb ou Istanbul. Enfin, le spectacle Still Alive de la compagnie italienne 15febbraio tentera d’éclairer le public sur les questions de perception du temps en parlant avec humour du difficile rapport de l’être humain avec le présent, le passé et le futur (le 24 sept).

• Festivals méditerranéens

En collaboration avec Arte, les rencontres Films Femmes Méditerranée seront au cœur du nouveau cycle Festivals méditerranéens qui aura lieu le 28 sept. Ariane Allard, journaliste à la revue Positif organisera le débat «Résistance et création» suivi par le documentaire Voyage dans la mémoire (2006) de la réalisatrice syrienne Hala Mohammad décrivant le retour de trois prisonniers sur leur lieu de détention.

• Portraits : Rabih Mroué et Lina Saneh

Dans le cadre du festival ActOral 2013, la Villa méditerranée présentera un cycle dédié au travail des deux artistes libanais Rabih Mroué et Lina Saneh. S’interrogeant sur la complexité de la société libanaise, ils ont la particularité de se compléter l’un et l’autre en interprétant les textes de chacun. La liberté, la mort ou encore la religion au Liban, sont des thèmes que les auteurs abordent sans retenue dans les 3 pièces présentées, Qui a peur de la représentation ? (le 2 oct), Appendice (le 3 oct), et 33 tours et quelques secondes (le 5 oct). En parallèle de ces représentations, la projection du film d’Eric Baudelaire, Anabase de May et Fusako Shigenobu, Masao Adachi et 27 années sans images (2010) apportera un nouveau regard sur le Liban à travers des images d’archives et à des témoignages étonnants comme celui d’une terroriste japonaise réfugiée au Liban (le 2 oct). ANNE-LYSE RENAUT

Villa Méditerranée, Marseille 04 95 09 42 52 www.villa-méditerrannee.org

sur mesure ! traditionnels comme le ney (flûte oblique), le qanûn (famille des cithares) ou encore la darbouka (instrument de percussion).

• De riches débats !

Faire de la Méditerranée un outil de paix entre l’Orient et l’Occident ? Une utopie étudiée depuis le XIXe siècle par les saint-simoniens. Invité au MuCEM, Michel Levallois, directeur de la Société des études saint-simoniennes, exposera la philosophie de ce mouvement de pensée rêvant d’unifier le monde. Ce propos sera ensuite nuancé par la projection du film d’Ali Badrakhan, Chafika et Metwalli (1979), traitant des conséquences de la construction du canal de Suez. En collaboration avec l’INA et France Culture, Emmanuel Laurentin animera le débat 1973, la crise du pétrole. L’occasion de revenir sur l’épisode marquant, lorsque les pays arabes de l’OPEP ont imposé un embargo sur les livraisons de pétroles vers les États-Unis et l’Europe Occidentale. (23 sept). Le professeur d’histoire Philippe Jockey expliquera le contresens fait par le premier historien de l’art antique lors la conférence du 26 sept intitulée Joachim Winckelmann et la Grèce blanche : un mythe occidental. Un thème repris par l’idéologie, et retranscrit dans le film Olympia, Fest Der Völker (1936) de la cinéaste allemande Leni Riefenstahl, projeté dans l’auditorium Germaine Tillion juste après

la rencontre. Dans le cadre du cycle Au comptoir de l’ailleurs, l’auteur Wajdi Mouawad et l’historien Patrick Boucheron converseront sur le thème de l’exil, sur la relation intime qui se noue entre l’arrachement de soi au temps présent et la quête obstinée et confiante des traces de l’histoire (le 16 sept).

• Installés au forum

Le projet Résonnant Architecture va envahir pendant 10 jours le MuCEM. Il débutera le 20 sept par un concert étonnant dans lequel les matériaux et la structure du bâtiment joueront le rôle d’instruments de musique. En jouant sur l’acoustique d’un lieu, les artistes réalisent des expériences depuis 2006. Le documentaire Art of failure réunit ces différentes performances et sera diffusé dans le forum jusqu’au 30 sept. Le MuCEM accueillera le projet Marseilles : A Counter-Cartography initié par des étudiants de l’Université Goldsmiths de Londres. Ils se sont intéressés aux connexions territoriales, commerciales et culturelles de Marseille avec d’autres régions du monde. Réels ou imaginaires, ces liens seront présentés sous la forme d’une installation qui sera inaugurée le 21 sept et visible jusqu’au 30 sept. MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org


Abondant et varié

La Criée continue d’affirmer son bouillonnement, accueillant sur des périodes courtes toutes sortes de spectacles en synergie

20 S A I S O N S

de Keersmaeker sur la musique spectrale de Grisey, jouée en direct bien sûr, Vortex Temporum. Côté musique contemporaine, Télémaque viendra faire jouer son ECO (European Contemporary Orchestra) de 33 musiciens pour une Symphonie électrique du nouveau monde. Les récitals classiques et jazz se succèderont dans la Folle Criée consacrée à Beethoven, les trios de Tchaïkovski et Rachmaninov par Sageman, Galoustov et Bogdanovich, Berezovski qui viendra jouer russe, Sandrine

De la danse, ce qui est étrange pour un centre dramatique national mais le grand théâtre est le seul plateau qui puisse en accueillir à Marseille, et pléthore de musique savante, parce que Macha Makeïef sait vraiment en programmer. Mais aussi tout un tas de formes hybrides, cinéma, installations, contes, festival littéraire (voir p 60 l’Invention du réel), conférences en images, concerts d’objets, ateliers. La directrice voulait faire de la Criée un lieu de vie, et cela a marché… Même si cette saison 2013/2014 ne donnera le jour à aucune production maison (Ali Baba revient, resserré), il y aura tout de même une coproduction théâtrale, un Brecht mis en scène par Jean Bellorini ; Xavier Marchand viendra jouer son Britannicus, et Éva Doumbia une Traversée aux disparus. De grands moments de théâtre sont en perspective : Rodrigo Garcia, Thomas Quillardet, le Cyrano de Lavaudant, deux des plus beaux Joël Pommerat (Les Marchands, Au monde), trois Tchekhov mis en scène par Christian Benedetti, deux Shakespeare par la Cie Propeller (toute masculine…), un Misanthrope par Sivadier, et… le Capital de Marx théâtralisé par Sylvain Creuzevault. Le programme est de choix ! D’autant que la danse l’est aussi ! On aura le BNM pour un Sport fiction de Frédéric Flamand vraiment réussi, et… Anne Teresa

AGNÈS FRESCHEL

À venir Carmen, opéra sauvage le 28 sept à 18h God is a Gypsy Concert de Municipale Balcanica le 28 sept à 20h Mixatac Bamako/Beyrouth/Essaouira Marsatac le 29 sept à 18h Mystery Magnet actoral du 8 au 10 oct

Muerte... © Christian Berthelot

Piau chanter baroque, et un beau programme jazz en hommage à Petrucciani. Il y aura même un opéra de chambre de Janacek… et en ouverture de saison le Carmen, opéra sauvage, opéra en langue des signes par la cie de Lucie Lataste… Une soixantaine de propositions successives, qui mettent en place une dynamique nouvelle, en lien avec certaines structures du territoire (La baleine qui dit vagues, la Semaine Noire, la Roque d’Anthéron, Marseille Concerts, actoral…)

Le Lenche sur le gué de Projet ennui © Le Cabinet curiosites

C’est toujours avec autant d’enthousiasme que Maurice Vinçon et Ivan Romeuf annoncent la saison, malgré des subventions qui n’ont pas bougé depuis 10 ans... Tout démarrera par un apéro offert sur la Place accompagné de Jazz manouche. Le premier spectacle sera musical avec le groupe marseillais Tante Hortense et un programme de chanson française, avec des invités comme Claire Diterzi (17 au 21 sept). Musique encore avec Opéra Molotov et le duo explosif des aixois Cathy Heiting, soprano, et Jonathan Soucasse au piano (27 et 28

et accueille une soirée de Marsatac. Tout en faisant venir des spectacles internationaux, et en reproduisant L’expérience japonaise, temps fort contemporain que Macha Makeïef avait inventé au théâtre de Nîmes.

sept). Puis Le cabinet des curiosités de La Garde proposera Le projet ennui, texte et mise en scène de Guillaume Cantillon (15 au 19 oct). Le public retrouvera les Emporte Pièces, adaptations théâtrales d’oeuvres de sciences humaines que Virginie Aimone et Jérémy Beschon du collectif Manifeste Rien s’emploient à mettre à la portée de tous et de toutes les bourses... puisque le spectacle est gratuit ! Cette fois ils donneront l’Histoire universelle de Marseille d’Alessi Dell’umbria, paru aux éditions Agone, suivi d’un débat avec le chercheur en sociologie urbaine Jean-Pierre Garnier (29 oct). La Trilogie algérienne mettra en lumière le travail de Rachid Akbal de la Cie Le temps de vivre au plus près de la vérité algérienne et de l’immigration (4 au 10 nov). Le Lenche accueillera aussi la performance dansée d’Alessandro Sciarroni, Joseph, dans le cadre de Dansem (19 et 20 nov). Puis place à Claudel qu’Ivan Romeuf rêvait de mettre en scène depuis longtemps : il commence un cycle avec L’annonce faite à Marie, coproduit par MP2013, qui mettra l’accent sur les violences de l’amour (3 au 25 déc). Un mini-festival de Théâtre d’objet, Minots, marmaille & Cie, est

Muerte y reencarnacion en un cowboy Rodrigo Garcia les 11 et 12 oct Le long voyage d’Ulysse La baleine qui dit vagues le 12 oct à 16 h La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

consacré aux enfants pour la 5e année grâce au soutien du CG (4 au 21 déc). À cette occasion et toute l’année, des actions pédagogiques seront menées au sein de la dizaine d’écoles du quartier. Le Théâtre de Lenche soutient également les compagnies en leur offrant des espaces de travail et un accompagnement technique au cours de résidences de création. En mai, un accent sera mis sur les monologues contemporains, voyages en solitaire d’une grande richesse. Nous en reparlerons. CHRIS BOURGUE

À venir Tante Hortense & guests du 17 au 21 sept Opéra Molotov du 27 sept au 5 oct Le Projet ennui du 15 au 26 oct Théâtre de Lenche 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info



Le Merlan En cette fin d’année capitale Le Merlan continue son vagabondage hors les murs

Aladin © Josef Sodomka

22 S A I S O N S

À cheval

Entre Aix et Marseille, trois salles, trois genres et deux années, la saison du complexe GTP/Gymnase/Jeu de Paume s’annonce… complexe Dominique Bluzet n’arborait pas sa faconde habituelle pour présenter sa saison : encore dans l’année capitale, mais désireux de repartir sur une saison 2013/2014 d’abonnements, il annonçait, désolé, quelques coupes… de taille. Si 2013 multiplie les créations (trois en ouverture en septembre !), 2014 sera plus maigre ; faute d’argent, la production de Renaud Marie Leblanc n’aura pas lieu. Car si la musique, en particulier au GTP, marche très fort, ainsi que le théâtre au Jeu de Paume, le Gymnase a parfois du mal à conserver son public. Aussi le directeur a-t-il changé ses lignes : le dernier trimestre de 2013 voit se succéder les événements, mais ensuite il y aura beaucoup d’humoristes, de Sophia Aram à Demaison, du jazz et des musiques du monde, de John Mac Laughlin à Raphaël Imbert. Des propositions de qualité, mais pas de danse -le plateau ne s’y prête pas-, pas de musiques «savantes», réservées aux spectateurs aixois, et un menu théâtral réduit : un Marivaux, Muriel Mayette qui met en scène Isabella Rossellini dans un Green porno, Marie-Anne Chazel… Certes il y reste largement de quoi s’abonner, avec en ouverture la création du Dernier jour du jeûne (Simon Abkarian et Ariane Ascaride), plus tard un Caligula incarné par Bruno Putzulu, un Voyage au bout de la Nuit avec Jean-François Balmer… mais les propositions les plus intéressantes seront aixoises : au Jeu de Paume Cendrillon de Pommerat, La Locandiera (Goldoni avec Dominique Blanc et André Marcon), une thématique Camus avec la création des Justes par Mehdi Dehbi, et celle très attendue de L’Étranger par le chorégraphe Emio Greco. Ou pour ouvrir la saison la création d’Un beau matin Aladin où Charles Tordjman met en scène les marionnettes de Matej Forman… Quant à la danse elle sera toute au Grand Théâtre : Preljocaj, Decouflé, James

Thierrée, l’Opéra de Paris ou le hip hop de Trafic de styles ont besoin du grand plateau… Décevant ? pour les Aixois certes non ! d’autant que la saison musicale (voir p 39) sera elle aussi sublime, au Grand Théâtre comme au Jeu de Paume. Mais dommage pour le public marseillais qui aime la création, et pas seulement en musiques du monde : 2014 sera pauvre, comparativement à l’année 2013, exceptionnelle, et même aux années précédentes. La faute en est clairement aux investissements pour la programmation 2013, et compressions de budget successives : le théâtre du Gymnase ne tient sa bourse qu’en remplissant ses salles. Un spectacle qui ne marche pas et l’équilibre budgétaire s’effondre. Or le Gymnase était un des rares théâtres marseillais à prendre le risque de produire, au vrai sens du terme, des compagnies régionales. Souffrant d’un quartier mal sécurisé et longtemps en travaux, il doit pouvoir conserver ses ambitions artistiques, et continuer à faire des paris audacieux au cœur d’une programmation bariolée. AGNÈS FRESCHEL

À venir Azimut, Aurélien Bory du 20 au 27 sept Grand Théâtre de Provence, Aix Le dernier jour du jeûne, Simon Abkarian du 24 au 28 sept Gymnase, Marseille Un beau matin Aladin, Charles Tordjman du 18 au 26 oct Jeu de Paume, Aix 0820132013 www.lestheatres.net

Associé à la ville d’Arles, il présente au Palais Carli le projet Vifs, un Musée de la Personne, dans le cadre de MP2013 : une exposition-spectacle de portraits d’habitants, 12 histoires de vie, collectées sur chaque territoire où la vidéo et la performance restituent le théâtre d’enquête anthropologique du GdRA. Des Rencontres à Vifs avec la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme et le Laboratoire Méditerranéen de Sociologie permettront d’échanger plus encore autour du territoire et de l’identité. Artistes et habitants du 14e arrondissement seront également rassemblés dans la double exposition Les doigts dans la prise, issue du projet Tremplins mené avec les partenaires sociaux et associatifs, avec un coup de projecteur sur les anciens lauréats Nicolas Desplats, Nicolas Pincemin, Pauliina Salminen, Alice Gadrey et Gilles Oleksiuk. Deux collaborations amplifiées avec le festival actoral.13 : l’accueil de Gustavo Giacosa (co-fondateur de la Cie Pippo Delbono) qui présente avec sa cie Sic.12 la dernière étape de travail de Ponts suspendus (création au Merlan en mars 2014). L’occasion pour découvrir, en 1re partie, des textes contemporains italiens (Stefano Massini le 25 sept et Marco Martinelli le 26) mais aussi de devenir «spectateur complice» (sur inscription, informations le 19 à 19h). Puis un projet participatif que la directrice de la Scène nationale, Nathalie Marteau, souhaite développer en impliquant les spectateurs davantage dans la vie artistique, pour «que les citoyens deviennent partenaires et pas seulement consommateurs de spectacles». L’intrigante et troublante Giselle Vienne présentera The Pyre (le Bûcher) de Denis Cooper, articulant chorégraphie, espace et musique pour explorer le rapport des corps et des mots.Le 22 nov, la 2e édition de Dance Groove 13 mettra à l’honneur les compagnies de danse hip hop de la Région présélectionnées par Heart Color Music avec,


rode son trip à la clé, une résidence de création. En juin 2014, l’événement En corps urbains, continuera d’éclairer «les pratiques urbaines et populaires locales». Après avoir régénéré le Festival d’Avignon 2013, Antoine Defoort et Halory Goerger reprennent fin novembre Germinal (lire la chronique sur journalzibeline.fr), loin de Zola mais tout aussi intelligent, refaisant le monde avec un humour ravageur et une acuité jubilatoire. Une pièce qui donne un avant-goût de la programmation pour 2014. Et pour finir 2013 en toute intimité, si vous deveniez, entre le 6 et 15 déc, directeur de votre «salle de spectacle» ? Quatre petites formes au choix (magie avec Scorpène, théâtre avec Olivier Maurin ou Denis Maillefer, danse avec Artmacadam), un appartement adapté pour accueillir voisins et amis, et le home trip est joué. L’enjeu de «l’après 2013» pour Le Merlan ? «Elargir notre vision de la culture et faire du public un vrai partenaire» avec une programmation articulée autour de la diffusion et de la relation du spectateur à l’art. DELPHINE MICHELANGELI

À venir Les doigts dans la prise du 14 sept au 12 oct Château de Servières du 26 sept au 12 oct Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine Ponts suspendus (dernière étape de travail) les 25 et 26 sept The Pyre les 3 et 4 oct Vifs, un Musée de la Personne du 17 au 27 oct Palais Carli (conservatoire) Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 www.merlan.org The Pyre © Maarten Vanden Abeele


Pour l’amour du théâtre

Théâtre et liberté se conjuguent avec force au Toursky, dans un esprit qui se veut celui de Jean Vilar et de son théâtre pour tous

24 S A I S O N S

Le lieu s’est agrandi, comporte désormais une nouvelle salle, le Café Musique espace Léo Ferré, construit sur la terrasse. Il accueille le public dans un esprit de convivialité, offre ses murs aux expositions, se peuple de musique lors des cabarets russes. La programmation de la grande salle, riche et éclectique, s’inscrit cette année dans le Temps des Alliances, suivant la lignée de Stéphane Hessel auquel un bel hommage sera rendu par le spectacle d’ouverture de saison, création dont l’auteur de Indignez-vous fut le parrain, Slobodija Odysseia, mon amour ! par Bahamut Productions. Tous les Ulysse, unis par leur errance commune tissent un récit fort, accompagné par des musiciens Roms. Réalité et légende s’entremêlent. Ce projet unit les capitales de la culture 2013, Marseille et Kosice. Autre grand texte passé à la moulinette du théâtre, Marsiho d’André Suarès, adapté et mis en scène par Philippe Caubère, sur des musiques de Debussy, Wagner, Schubert. L’immense poème en prose célèbre Marseille, dans ses beautés comme dans ses laideurs, loin de tous les clichés réducteurs. Une autre création, très attendue (voir page 46) sera

celle de Jean Zay de Raymond Vinciguerra et Jean-Manuel Bertrand avec la Compagnie Tetra Art. En avance cette année, pour s’adapter au calendrier marseillais, le Festival Russe, dix-neuvième du nom, offre une programmation ébouriffante : une semaine cinéma, avec au programme cinq grands films dont une adaptation du roman de Dostoïevski, Les Nuits blanches, huit dessins animés des meilleurs réalisateurs de l’époque soviétique et une œuvre de Garri Bardine, Palme d’or du Meilleur court métrage au Festival de Cannes 1988. Bien sûr, il y aura les cabarets rituels après les spectacles, mais aussi une exposition originale de marionnettes, un concert du Trio Brahms sur des œuvres de Tchaïkovski et de Chostakovitch, avec en première partie une carte blanche au jeune pianiste qui nous avait subjugués l’an dernier, Dmitri Karpov, et, dans le cadre de La Saison Théâtrale de Saint-Pétersbourg à Marseille, un florilège des spectacles des théâtres pétersbourgeois : quatre pièces, La fièvre de l’oncle de Dostoïevski, Les rêves de l’amour ou le Mariage de Balzaminov d’Ostrovski, La salle n°6 de Tchekov, enfin Lear, d’après la tragédie Le roi Lear de Shakespeare. À peine le temps de se remettre de nos émotions slaves que Schubert et Schumann se glissent dans un concert de l’ensemble Télémaque, et que le César du Meilleur Espoir Masculin 2012, Grégory Gadebois, interprète Des Fleurs pour

Étapes juvéniles

Le temps fort jeune public de Marseille Provence l’aide de radis aux racines carrées et d’œufs 2013 commence en septembre, et le Théâtre cubiques... de sorte que réfléchir devienne Massalia y participe largement. Avec une un jeu d’enfant ! saison qui commence plus tôt que les autres Plus avant dans la saison, la Cie L’Arpenteur années, et une programmation alléchante, attendra le Petit Poucet au coin du bois, dans une faisant la part belle à l’esprit d’aventure. En pièce de Philippe Dorin (en février). Et pour finir témoignent les spectacles proposés par la Cie par une réconciliation, une pièce pour marionSkappa ! & Associés en octobre : Swift (cf nettes, vidéo, musique et acteurs, intitulée Mange Zib’60) pour revisiter Les ta main, rabibochera des personnages de Aventures de Gulliver, contes déchirés par et Qui découvre qui, un l’incompréhension parcours performance familiale. autour de Christophe Colomb. L’exploration, La rentrée de ce peut être aussi celle la Friche des frontières entre Le 1er trimestre de le repos et l’éveil, ou la Friche s’annonce entre la vie et la mort, également très riche, des thèmes traités Hotel mondo, Cie Skappa ! & Associé avec une participation s © Paolo Ca rdona finement par les trois au festival des arts et jeunes femmes de la Cie franco-taiwanaise écritures contempoFlying Group dans La disparition. raines actoral, où l’on pourra voir notamment En novembre, on pourra accomplir son «Odyssée Timeloss, un spectacle en persan signé Amir imaginaire» via des séances de cinéma d’ani- Reza Koohestani. Un cycle est consacré mation à la Bibliothèque départementale des à la dramaturgie arabe contemporaine, Bouches-du-Rhône, une proposition venue de un évènement exceptionnel qui propose des Belgique pour faire écho au spectacle Kipkappen. spectacles de jeunes auteurs, scénographes Et au mois de décembre, place aux envolées et comédiens venus d’Algérie, d’Égypte, d’Irak, mathématiques ! Les chercheurs du Groupe de Jordanie, de Palestine, de Syrie… (voir aussi n+1 poursuivront le mystère des nombres à p 29, 31, 32, 33, 35, 37). Dans le cadre de

La Salle n°6 © Vladimir V. Postnov

Algernon d’après Daniel Keyes. Pour achever le 1er trimestre Fratricide de Warluzei, pour un huis clos inquiétant… MARYVONNE COLOMBANI

À venir Slobodija Odyssea, Mon Amour ! le 4 oct Marsiho les 11 et 12 oct Jean Zay le 17 oct Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org

l’inauguration «Des plateaux», Catherine Marnas présentera sa dernière création, El Cachafaz. Côté expos, une installation multimédia sur le toit-terrasse, proposition du Groupe Dune, et une œuvre collective intitulée Du clocher on voit la mer (commissaire : Marc Geneix). Les arts visuels seront également à l’honneur lors des Instants vidéos qui célébreront le cinquantenaire des arts vidéo internationaux. GAËLLE CLOAREC

À venir Swift ! du 15 au 17 oct Colloque L’Art et le tout-petit les 18 et 19 oct Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com

actoral (voir p 17) les 9 et 10 oct El Cachafaz du 19 au 25 oct La Friche La Belle de Mai, Marseille 04 95 04 95 04 www.lafriche.org


Porte ouverte à l’imaginaire Le Bois de l’aune ne cesse de nous surprendre, nous étonner, nous émerveiller par une programmation riche et multiple, où les petites filles peuvent s’appeler Libellule et grandir Au pied du mur sans porte comme celle de la Cie Vita Nova, où des anges bizarres hantent l’Obludarium des Frères Forman qui tracent un parcours aussi déjanté qu’envoûtant dans le monde du cirque, où Les Brigands, Troublez-moi !, vous invitent à la table d’un Opéra bouffe où le figuré et le concret s’emmêlent ! Étranges espaces numériques que ceux d’Alain Béhar dont la pièce, Angelus Novissimus, est jouée par des acteurs en visio-conférence ! Les enfants

Tout mon amour © Jean-Louis Fernandez

sont choyés avec La Bataille de Débrid’arts, entre les Iq et les Ox, le monde de la Pirature fraîche (Arsène) à laquelle on ne fait jamais assez attention, avec le théâtre musical et bilingue de Benoit Bradel, Rose is a rose. Ils deviennent Rouge(s) avec Jeanne Béziers et des chansons pop-rock, pas toujours très sages…Comment ne pas citer pour les plus grands Tout mon amour sur le beau texte de Laurent Mauvignier, Minute Papillon de Denis Mariotte, Les Folles d’enfer de la Salpêtrière de Micheline Welter, ces femmes enfermées contre leur gré sous Louis XIV, ou encore la/ les Trace(s) de Sabine Tamisier par Agnès Pétreau, sans compter l’exposition de Moïse Touré Ville Monde Ville Utopique… MARYVONNE COLOMBANI

À venir Obludarium du 25 sept au 4 oct Angelus Novissimus les 11 et 12 oct La bataille les 15 et 16 oct Rose is a rose du 18 au 22 oct Salle du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 42 93 85 40 www.agglo-paysdaix.fr

Une saison qui balance Non, pas de swing pour Vitez mais un «ici... là-bas» accompagné d’un «comme si...» qui dit tout le théâtre «comme ça». Comme quoi ? Programmation précédée d’un édito un peu sombre où il est question de «pensée morte», d’appels vains et d’« élite usée», mais aussi de la puissance vive à faire «résonner le réel multiple»... Vitez ne lâche rien de sa proie, nous voilà rassurés, et que la tendre violence du monde continue à nous casser les oreilles ! Les Jeunes de David Lescot n’y manqueront pas, drôle et percutante chronique de la vie éphémère d’un groupe de rock (déjà savourée à La Criée), et peut-être aussi les Mésaventures et Décomposition... d’un groupe de comédiens à l’âge tendre vus par Jean-Patrick Manchette, ou l’émouvant Fratrie du canadien Marc-Antoine Cyr, mis en scène par Renaud-Marie Leblanc, qui confronte des enfants à la mort de leur père. Du malheur il y en aura, malgré Une Fée de Frédéric Boyer revisitée par Danièle Bré, ou Le Signal du promeneur dont la révolte ( prix Odéon-Télérama) est brandie par le sidérant et belge Raoul Collectif ; misère au quotidien, de l’homme (Au Dehors / texte et lecture d’Alain Ubaldi et Bagatelle de Jakob Mendel et Gitte Kath), de la femme (Rendez-vous Gare de L’Est conçu par Guillaume Vincent ou La Voix Humaine de Jean Cocteau que nous fera entendre le Théâtre arménien de Moscou), et même de La Vache sans Herbe pourtant sûrement bien traitée par Sabine Tamisier et Agnès

Régolo qui nous réserve aussi la surprise d’un Ubu Roi pas triste ! On se demande de quels échos vibrera la rencontre des Shadocks et de la grande Anna Seghers exhumés les uns par Franck Dimech, l’autre par Françoise Lepoix ; on connaît le beau travail de François-Michel Pesenti sur le doute et la vacillation du sens à partir du Solaris de Wilfredo Lam, mais on ne sait pas grand chose du Chef d’oeuvre de Christian Lollike sinon qu’il se nourrit du spectaculaire et fracassant 11septembre (mise en espace de Renaud-Marie Leblanc dont on espère beaucoup de doigté !). Et pour le rêve, de si jolis titres : Neiges, L’Or bleu ou le Dragon d’or... Il va vraiment falloir retourner à l’Université ! MARIE JO DHO

À venir Lancement de saison le 8 oct Reprise du Festival 3 jours et plus… le 10 oct Au-dehors le 14 oct Made in Hamburg le 18 oct Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence 04 42 59 94 37 www.theatre-vitez.com


The show must go on !

26 S A I S O N S

Malgré les difficultés actuelles, la ville de Rousset garde l’action culturelle comme une priorité et ne propose pas moins de 33 dates cette année à la salle Emilien Ventre. Dans le cadre de MP13, Le Roi Lear (page 48), des spectacles de la CPA avec l’Orchestre du Pays d’Aix, un Cendrillon dans l’esprit du Baron de Münchhausen par la Cie Guy Simon, ou le groupe Poum Tchack dont on ne se lasse pas, pour un hommage à Billie Holiday. Le théâtre décline les palettes du rire, avec Occupe-toi d’Amélie, un Feydeau riche en catastrophes et quiproquos, L’école des femmes de Molière toujours délicieux de fausse innocence, du tragique avec À toi pour toujours, ta Marie-Lou ! de Michel Tremblay, de l’histoire, comme Prosper et George qui retrace l’idylle brève mais passionnée entre Prosper Mérimée et George Sand, de la comédie musicale avec Piaf, une vie en rose et noir… La musique n’est pas oubliée, le groupe Diabloson voyage entre salsa et latin jazz, tandis que la guitare classique de Marylise Florid nous fait découvrir les compositeurs du XXe et que l’Ensemble Giocoso anime les Nuits pianistiques à l’occasion de leur 20e anniversaire avec les concertos 1 et 2 de Chopin et le concerto pour violoncelle et orchestre de Schumann sous la houlette de Jean-Philippe Dambreville.

À toi pour toujours Marie-Lou © Jules Pajot

À venir Piaf, une vie en rose et noir le 24 sept Diabloson le 26 sept Occupe-toi d’Amélie le 1er oct Marylise Florid le 3 oct À toi pour toujours, Marie-Lou ! le 10/10 Cendrillon le 16/10 À la découverte de Camus (Conférence) le 17/10 Salle Émilien Ventre, Rousset 04 42 29 82 53 www.rousset-fr.com

M.C.

Le goût de la jeunesse Cendrillon... © Olivier Durand

Dès le week-end d’ouverture de la saison culturelle de Simiane, s’affiche la volonté d’accorder une attention toute particulière au jeune public, non seulement par les spectacles proposés, mais aussi par toute une démarche de transmission : ateliers, coordination des différents services municipaux, partenariat régulier avec le tissu associatif local ainsi que les structures du Pays d’Aix, GTP, Aix’Qui ?, Festival des Nuits Pianistiques. Jeune public donc, avec la Balade contée Histoires étranges et inquiétantes, par Isabelle Lobet qui

adapte sous forme de Cluedo quatre nouvelles fantastiques et surréalistes, ou encore la réécriture drolatique de contes, par le Collectif Hangar Palace qui offre une Cendrillon, fille d’aujourd’hui déjantée. Les jeunes talents sont à l’honneur en décembre avec l’Ensemble Giocoso sur un programme Mozart Haydn. Les musiques actuelles s’invitent avec le Tour du Pays d’Aix grâce à l’association Aix’Qui ?. On est heureux de pouvoir applaudir le groupe Poum Tchack dans son spectacle hommage à Billie Holiday. Une semaine est consacrée à la danse : la Compagnie Kafoutc’h s’intéresse aux stéréotypes des genres avec Des Ils et des Elles, puis ce sont les amateurs qui s’emparent de la scène, adultes, jeunes adultes et enfants… la création n’a pas d’âge ! M.C.

À venir Histoires étranges et inquiétantes le 5 oct Cendrillon fille d’aujourd’hui le 19 oct Salle Culturelle Simiane 04 42 22 62 34 ou 04 42 22 81 51 www.culture.simiane-collongue.fr

Et de trois !

L’Espace NoVa entame sa troisième saison, fort du succès des précédentes, avec le soutien indéfectible de l’équipe municipale, des techniciens, des bénévoles de Culture’Mania, et se lance dans de nouvelles aventures, dont celle de la résidence de création ! Cette résidence (le Théâtre du Kronope monte Les Misérables d’après l’œuvre de Victor Hugo) permettra des échanges, des rencontres avec le public, qui sera invité à suivre, des coulisses, les étapes de travail. L’Espace NoVa poursuit son ancrage dans le territoire par de nombreuses actions de médiation et une collaboration régulière avec les écoles et le collège de Velaux. Le programme concocté est riche et éclectique, s’attachant à satisfaire tous les publics, des enfants aux plus grands. Théâtre, cinéma, spectacles musicaux, variété ou lyrique, sont à l’affiche, mais aussi -cette année une attention toute particulière étant apportée aux capacités numériques de la salleun certain nombre de spectacles utilisant les effets virtuels, comme Mr et Mme Rêve, par la Compagnie Pietragalla-Derouault, ou la 3D avec le film Dragons. Le jeune public sera particulièrement gâté en décembre avec l’Agence de Voyages Imaginaires qui offre une version déjantée de la pièce de Corneille, El Cid, puis avec la Cie Imaginaire Théâtre et sa vision de 20 000 Lieues sous les mers d’après Jules Vernes, et en cinéma une petite merveille de dessin animé, Ernest et Célestine. Plus grand public, le concert des BB Brunes, la famille Semianyki ou Marc Jolivet qui, avec la complicité de Christophe Barbier, récrit l’histoire dans Rêves !… Nouveauté aussi marquante de la nouvelle saison, un cycle de conférences gratuites, la première, Environnement et développement durable est prévue le 22 nov, animée par Pierre Rabhi. MARYVONNE COLOMBANI

À venir Semianyki The Family le 28 sept Concert des BB Brunes le 5 oct Rêves ! le 19 oct Espace Nova, Velaux 04 42 87 75 00 www.espacenova.com Mr et Mme Rêve © X-D.R



Une saison équilibrée

28 S A I S O N S

La 28e saison du théâtre Comoedia sera la dernière préparée par son directeur Jacques Lebeau, qui passe le relais à Jean-Luc Dimitri. Elle promet d’être tout aussi riche que les précédentes, offrant à son public un heureux panache de spectacles et concerts, servi par des artistes venus d’ici et d’ailleurs. Si les arts de la rue ouvrent le bal en septembre avec Les Pieds tanqués de l’Artscéni- Chacal, la fable de l’ex il © X-D.R (1) cum Théâtre, place au théâtre dès le mois d’octobre, avec El Cid de l’Agence de Voyages Imaginaires (version thriller de la pièce de Corneille, façon Philippe Car), et Chacal, la fable de l’exil, par le Collectif Manifeste Rien (texte écrit en collaboration avec l’anthropologue Tassadit Yacine-Titou, spécialiste des cultures berbères). Plus tard dans l’année, se succèderont entre autres L’annonce faite à Marie par la Cie l’Egregore, Le Misanthrope du Cartoun Sardines Théâtre, Sang de cerisiers par la Cie Le Bruit des Hommes, Nord et Sud dans nos histoires mis en scène par Jeanne Poitevin, L’Écran de fumée du Théâtre du Maquis… Côté musique, sont prévus des polyphonies corses au féminin (Trio Soledonna), une carte blanche à Bernard d’Ascoli, ainsi que le festival Jazz’Med (Doodlin, DuoBaudry/ Paillard, Elisabeth Kontomanou, JFB’s New Quartet, Cécile Mc Lorin Salvant). Deux temps fort de danse : l’un en janvier avec les deux premières pièces de Mathilde

Monnier et Jean-François Duroure, Pudique acide et Extasis, ainsi qu’une chorégraphie pour cinq danseuses de Sylvain Groud sobrement intitulée Elles ; l’autre en avril, notamment avec Pour tout l’or du monde d’Olivier Dubois. Pour le jeune public, rendez-vous est pris avec L’enfant sauvage (Cie 7e Ciel), et un «concert de contes» par Patrice Kalla. À l’occasion des Contes d’hiver, notons la présence de la délicieuse Agnès Dauban lors d’un cabaret ouvert à tous. Les arts de la rue clôtureront la saison début juin comme ils l’ont ouverte, avec le désormais traditionnel festival Chaud dehors. GAËLLE CLOAREC

À venir Anne (Rouge)manoff ! le 20 sept Azalaï, parade extraordinaire le 3 oct El Cid le 5 oct Trio Méditerranée le 8 oct Chacal, la fable de l’exil le 10 oct Théâtre Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 www.aubagne.fr/

Le Thor s’ouvre aux curieux Tourné vers les musiques du monde, le nouveau cirque, le jazz et la danse, l’Auditorium Jean Moulin, au Thor, entame sa 2e saison sous la houlette de Lyliane Dos Santos et Arts Vivants en Vaucluse. En privilégiant la convivialité -notamment grâce aux Escal’à’Thor, un nouveau rendez-vous les premiers mardis de chaque mois qui permet de découvrir, dans le hall d’entrée remanié, les artistes du département-, l’équipe poursuit sa volonté d’éveiller la curiosité d’un public sensible aux propositions résolument poétiques émaillant ces premiers mois. De nouvelles formes seront ainsi à découvrir, à petits prix (5) : café-théâtre avec la cie Les Planches du Salut qui présentera Le Panama ou les aventures de mes sept oncles de Cendrars, chants et musiques du Moyen Âge et de la Méditerranée avec Carmicino Musica, café-danse et bal chorégraphié avec Denis Plassard, café-slam avec Dizzylez… Nul doute non plus qu’avec des invités de marque, tels que Rabih Abou-Khalil, A Filetta, The Vegetable Orchestra, David Linx, Médéric Collignon, le Café Zimmermann, les spectateurs engageront leur curiosité. Outre les mélomanes, le jeune public (mais pas uniquement) est choyé : conférence astro-danse 13 heures et des poussières (Semaine de la Science),

conte initiatique hip hop avec Anima de la cie Alexandra N’Possee, cirque avec la cie Lapsus (Festival Clowns d’Automne, cirque divers) puis avec la Cie Inextrémiste en début d’année, théâtre d’objets et effets visuels avec 20 000 lieues sous les mers, théâtre et hip hop avec À nos morts… de la cie Mémoires vives qui présente à l’occasion de la commémoration du centenaire de la guerre 14-18 un conte moderne poignant. Et pour commencer la saison, une soirée caritative avec Dave et Manon Laëlle en faveur de Mira Europe pour le financement de chiens-guides pour les enfants aveugles. Curiosité, convivialité et générosité : les fruits à récolter cette saison ! DELPHINE MICHELANGELI

À venir Présentation de saison le 1er oct Dave et Manon Laëlle le 4 oct 13 heures et des poussières le 10 oct Auditorium Jean Moulin, le Thor 04 90 33 96 80 www.artsvivants84.fr

Pour voir le monde Premiers voyages © Virginie Meigne

Pour Patrick Veyron, directeur du lieu, cette 24e saison du Forum des jeunes et de la culture sera l’acte II d’«une ouverture sur le monde et l’imaginaire», prolongement logique de la précédente en quelque sorte, qui proposait déjà de permettre de «voir le monde d’une autre façon». Avec une programmation pluridisciplinaire, l’équipe du Forum entérine sa volonté de continuer à faire de ce lieu un espace de découvertes pluriel, ouvert à tous, au Forum, à la salle polyvalente et au ciné 89 (pour les soirées ciné-musique). Plus homogène, la programmation laisse un peu plus de place cette année au cirque et aux arts de la rue, sans oublier bien sûr les propositions musicales toujours très nombreuses et de qualité : après une fête d’ouverture qui verra se succéder les cascades débridées des Frères Grumaux et les polyphonies échevelées du groupe La Mal Coiffée (voir p. 50), la musique prendra vite le relais avec, entre autres, Ablaye Cissoko et Simon Goubert pour un concert alliant jazz occidental et musique traditionnelle sénégalaise ; Antonio Rivas, maître de la cumbia et du vallenato (genres musicaux de Colombie) pour une soirée ciné-musique ; Moussu T e lei Jovents, fameux représentants de la musique marseillaise ; Martin Harley, guitariste, auteur et compositeur d’un blues rock envoûtant (dans la veine d’un Ben Harper) en concert solo ; le brésilien Márcio Faraco, dont les compositions voyagent de la samba à la bossa, accompagné d’Hervé Morisot ; et le projet de David Rueff et Eric Leconte, Charlie et Plouto’s, un «concertférence» dont la création se fera au Forum. Du cirque et des arts de la rue donc, avec La vie tendre et cruelle des animaux sauvages de la compagnie Azeïn, qui explore en portés et voltiges la complexité des relations humaines, la haute voltige tonitruante du bien nommé collectif de la bascule dans Rien n’est moins sûr, ou la partie de boules des Pieds Tanqués qui évoque avec humour les questions d’identité. Et un coup de cœur, Premiers voyages, par Le cabaret de l’impossible, qui réunit trois conteurs (un Breton, un Réunionnais et un Québécois) qui donnent des pistes pour mieux habiter le monde quand on parle la même langue mais qu’on ne se comprend pas. DOMINIQUE MARÇON

À venir Fête d’ouverture de saison avec Les demi frères Grumaux et La Mal Coiffée le 4 oct Forum de Berre 04 42 85 03 75 www.forumdeberre.com


Dernière et première aux Salins

Après 12 ans passés à la tête de la Scène sur tous les fronts !, mis en scène par Roland nationale de Martigues, Annette Breuil Auzet ; Julien Duval met en scène une comédie a pris sa retraite, Gilles Bouckaert lui ayant folle et absurde de Rémi de Vos, Alpenstock ; le succédé depuis le 1er septembre. Mais voilà : Théâtre à cru mêle vidéo, dessin, chant et jeu le processus de nomination de ce dernier dans J’avance & j’efface ; Sylviane Fortuny, ayant pris plus de temps que prévu, Annette sur un texte de Philippe Dorin, crée une fable Breuil a dû faire, dans l’urgence, la programmation de cette nouvelle saison. Qui n’est donc pas sans défauts : pas de productions ou de coproductions, pas non plus d’artistes associés, tant l’incertitude était grande ! Un coup dur pour les artistes du territoire qui trouvaient place chez elle. Néanmoins une certaine respiration dans l’ossature de cette programmation permettra à Gilles Bouckaert d’y mettre sa patte, qu’on espère attentive aux La Grande et fabuleuse histoire du commerce © Elisabeth Carecchio compagnies régionales. Les textes contemporains seront très pré- moderne et passionnante, Sœur, je ne sais sents, aussi bien en théâtre qu’en danse et pas quoi frère ; Jean-Claude Berutti, pour dans les spectacles jeune public : Blanca son dernier spectacle comme artiste associé, Li fait l’ouverture avec Robot !, troublante crée Les Femmes de Bergman, sur un texte de chorégraphie qui décortique les routines du Nikolaï Roudkovski ; et encore le Système quotidien ; Joël Pommerat, dans La Grande Castafiore, Kubilaï Khan Investigations, & fabuleuse histoire du commerce, dissèque les Jonathan Capdevielle, José Pliya… idéologies qui sous-tendent les agissements Les classiques se montrent eux dans des versions humains aujourd’hui ; Arnaud Troalic laisse résolument contemporaines, à l’image de Roméo entendre dans sa mise en scène audacieuse & Juliette, mis en scène par David Bobée de Borges vs Goya l’écriture décapante de avec danseurs, comédiens, Dj, acrobates ; Rodrigo Garcia ; la langue puissante du poète la Cie Vol Plané revisite l’œuvre de Hans Christophe Tarkos est au cœur de Tu te tiens Christian Andersen, et se penche sur l’âge cruel

de l’adolescence avec ses Petites Sirènes ; Dominique Pitoiset transpose son Cyrano dans un hôpital psychiatrique de nos jours… La musique est toujours très présente dans la programmation : le cabaret brechtien des Tiger Lillies, la scène française bien représentée par Dominique A et Miossec, Richard Galliano dans un mélange de jazz et de classique, Emmanuel Krivine qui dirige la Chambre Philharmonique (orchestre constitué de musiciens issus des meilleures formations européennes), Gautier Capuçon et Frank Braley pour la 1re fois sur la scène des Salins… Enfin, pour clôturer la saison, Bartabas et son théâtre équestre Zingaro, donneront quinze représentations de Calacas à la Halle de Martigues ! Do.M. À venir Robot ! le 8 oct The Tiger Lillies le 11 oct Lebensraum le 15 oct Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

Irrésistible Sémaphore la langue racinienne avec la mise en scène de Britannicus par Xavier Marchand (dont la création aura lieu en novembre à La Criée) ; La Part du colibri, fable écologique d’anticipation mise en scène par Alexandra Tobelaim ; Le

Don Quichotte © Groupe Anamorphose

Pierre Grafféo, directeur du Sémaphore, a beau être inquiet quant à «l’incertitude financière et politique» due à la non sanctuarisation du budget de la Culture, ainsi qu’à la création future de la métropole «Aix Marseille Provence», approuvée par le Sénat en juin dernier (mais quid alors des financements de la Région, du Département ou de l’État ?), il n’est pas pour autant question pour lui de déchanter mais bien de préserver une intervention «plus que jamais devenue essentielle pour résister aux marchandisations de tous ordres». Preuve en est une programmation qui propose une fois encore créations artistiques et actions culturelles, soit 25 spectacles pour 45 représentations, et des ateliers de pratiques artistiques amateurs. Majoritaire dans la programmation, le théâtre se décline sous toutes ses formes : version dépoussiérée et musicale d’Un fil à la patte de Feydeau mis en scène par Jean-Claude Fall avec 12 comédiens et 3 musiciens (voir p. 48) ; mélange des genres avec le Don Quichotte du Groupe Anamorphose qui fait d’un vide-grenier le matériau du jeu ; classicisme et beauté de

métissage entre danse, théâtre et cuisine d’Eva Doumbia avec Afropéennes, qui questionne la place de la femme noire occidentale... Fin novembre, place au cycle dramaturgies contemporaines arabes (voir aussi p 31), avec 3 pièces : N’enterrez pas trop vite big brother du marocain Driss Ksikes, mise en scène de Catherine Marnas, Bye bye Gillo de l’auteur marocain Taha Adnan par la cie palestinienne Al Harah Theater, et Hello veut dire du Libanais Tarek El Bacha par la cie libanaise Shams. Sans oublier le jazz de Mariannick Saint-Ceran, du quartet de Philippe Petrucciani et de Jean-Jacques Lion... Do.M.

À venir

Songe d’une nuit d’été de Shakespeare rajeuni par le biais des arts numériques concoctés par la cie L’Unijambiste ; mise en scène inventive du Cid de Corneille par l’Agence de voyages imaginaires ; le

Ciao Amore le 27 sept Un Fil à la patte le 4 oct Théâtre Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com

29 PS O A LI SI O T N I Q S U E C U L T U R E L L E


Le théâtre affiche ses ambitions avec une programmation exigeante et excitante, plus que jamais tournée vers les écritures contemporaines. Et qu’elle est riche cette saison !

30 S A I S O N S

Le ton en est donné dès l’ouverture de saison du 5 au 16 octobre (voir p 18), avec le temps fort Nouvelles écritures scéniques qui déroule une programmation des plus prometteuses… Cinq spectacles, dont trois créations, qui donnent à entendre des voix singulières d’artistes qui tous repensent et réinventent les modes de représentations théâtrales, celles du GdRA (avec Vifs – Un musée de la personne), de Satchie Noro (avec Nuage et Retour à Ominato), de Michel Schweizer (avec Cartel), du Collectif Gob Squad (avec Before your very eyes), et du Blitz Theatre Group (avec Late Night). Une entrée en matière qui permet sans aucun doute d’en savoir un peu plus sur l’état du monde aujourd’hui, d’ouvrir grand les yeux et les oreilles pour rester réceptifs… D’autres artistes, et pas des moindres, permettent au fil de la saison de rester en «état de veille». En théâtre, entre autres propositions, Joël Pommerat met en scène un texte de Catherine Anne, Une année sans été, qui confronte cinq jeunes aux grandes questions de l’existence ; Roland Auzet, sur un texte du poète Christophe Tarkos, interroge

la notion de normalité dans une rencontre pétrie d’humanité ; Isabelle Lafon revisite La Mouette de Tchekhov, avec cinq actrices, un chœur de femmes jouant le texte comme une polyphonie ; toujours audacieux, le collectif tg STAN s’empare des Scènes de la vie conjugale de Bergman ; Arnaud Troalic met en scène Borges vs Goya de Rodrigo Garcia ; l’esprit psychédélique des sixties renaîtra avec 66 Gallery, performance imaginée par Bérangère Jannelle, avec Douglas Rand ; Leslie Kaplan poursuit son questionnement sur la place de la femme aujourd’hui, avec Déplace le ciel… et puis, relativement inclassable, l’intrigant spectacle de Fabrice Murgia et Dominique Pauwels, Ghost Road, qui réunit sur scène deux grandes dames de la scène belge et internationale, la comédienne Vivianne De Muynck, et la chanteuse lyrique Jacqueline Van Quaille, dans un voyage crépusculaire le long de la route 66… En danse aussi les rencontres sont belles : Cecilia Bengolea et François Chaignaud transforment, dans altered native’s Say Yes To Another Excess – TWERK, leur expérience des night clubs, qu’ils fréquentent depuis leur adolescence, en objet de recherche anthropologique ; Anne Nguyen explore les différents états possibles de l’«être ensemble» dans une société toujours en mouvement dans Promenade obligatoire, en imposant des contraintes géométriques à une gestuelle hip hop très codifiée ; Christian Rizzo, quant à lui, invite à l’exil intérieur avec C’est l’œil que tu protèges qui sera perforé,

Comme un livre ouvert

DOMINIQUE MARÇON

À venir Nouvelles écritures scéniques du 5 au 16 oct Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 www.theatre-arles.com

de la Cie Les Gens du Quai, Mademoiselle Lopez, un solo qui questionne le monstrueux en soi et la capacité de changement de l’être. Sans oublier, bien sûr, le festival Flamenco durant tout le mois de janvier, et la 8e édition de Musique sur cour qui clôturera la saison en juin. Do.M.

À venir Concert La Face cachée de la lune les 30 sept et 1er oct Standards le 9 oct Lambda (si quelqu’un aime le monde) les 9 et 10 oct Dans mes cordes et Zahrbat le 15 oct Lambodoara – Madagascar les 16 et 17 oct Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

v

ino

Baush qui danse le rare 1980 ; ou encore avec les acrobaties époustouflantes des circassiens québécois des 7 doigts de la main dans Séquence 8… Mais la programmation réserve aussi d’autres voyages tout aussi étonnants, surtout quand il s’agit de classiques du répertoire dont les adaptations visent à surprendre : dans Le Cid, la Cie Sandrine Anglade mêle la musique des alexandrins de Corneille à une rythmique de batterie qui donne au texte un nouveau souffle ; Marc Paquien transpose l’Antigone d’Anouilh dans une histoire politique, sociale et philosophique contemporaine ; quant à Dominique Pitoiset, il situe Cyrano de Bergerac dans un hôpital psychiatrique de nos jours… D’autres grands rendez-vous marquants : Alain Buffard qui reprend Mauvais genre avec des danseurs-chorégraphes de la région ; Dégradés, ovni théâtral du Collectif Les Habits Noirs sur un texte de deux de ses membres, Caryl Férey et Jean-Bernard Pouy, qui dézingue les agences de notation ; Drumming Livre, chef-d’œuvre d’Anne Teresa De Keersmaeker… et les créations des artistes associés : le Collectif Les Possédés avec le Voyage au bout de la nuit de Céline (en attendant la création prévue à Nîmes à l’automne 2014 du Platonov de Tchekhov), et celle d’Anne Lopez

écrit sur mesure pour le danseur turc Kerem Gelebek… Enfin, la fin de saison se vivra à l’air libre, avec la Cie de l’Ambre et deux de ses épisodes du Grand Ordinaire, et la déambulation chorégraphique de David Rolland…

Io ric rbat © Frédé Zah

À l’image de l’affiche, un planisphère partagé en deux, moitié-monde moitié-livre, le Théâtre de Nîmes lance une invitation au voyage par le biais d’une programmation riche ouverte sur le monde. Pour François Noël, son directeur, il est primordial de s’initier à d’autres cultures, pour s’enrichir en acceptant de se laisser surprendre et bousculer. Pour ce faire, un nouveau cycle de musiques du monde voit le jour, Musique et mystique, en collaboration avec Françoise Degeorges, productrice de l’émission Couleurs du monde sur France Culture et réalisatrice de documentaires : des musiques de rituels, de transe et de guérison d’Iran, du Pakistan et de Madagascar, jouées et incarnées par des musiciens et chanteurs considérés comme des maîtres. Trois concerts émaillent la saison, à commencer par les chants polyphoniques, danses et acrobaties de Madagascar, Lambodoara. Autres voyages avec le spectacle du chorégraphe japonais Saburo Teshigawara, Obsession, un duo halluciné qui s’inspire du Chien andalou de Buñuel ; avec le théâtre semi-documentaire de Daisuke Miura, enfant terrible de la scène japonaise, dans Le Tourbillon de l’amour, pièce subversive et crue qui évoque la misère sexuelle à l’heure de la mondialisation ; avec la venue, pour la 3e année, du Tanztheater Wuppertal Pina

Ghost Road © Kurt Van der Elst

Arles vous ouvre les yeux


Une 30e saison de tous les possibles Avant de transmettre début 2014 les clés de la Scène nationale à son successeur Didier le Corre, Jean-Michel Gremillet signe une dernière saison prolifique et exigeante qui invite tous les possibles sur scène et alentours, entre fidélité et découvertes. Le festival C’est pas du luxe !, pour sa 2e édition, en partenariat avec la Fondation Abbé Pierre et l’association d’insertion le Village, plongera Le Thor dans une déambulation de 21 œuvres artistiques à découvrir gratuitement (hors concerts du soir), résultant d’ateliers créatifs et culturels menés auprès de personnes en situation de précarité. Deux jours à la découverte de l’art pour tous, dont l’œuvre collective Archipel avec le photographe Christophe Loiseau et l’atelier de percussions corporelles de la cie Onstap, à l’affiche de la saison avec sa dernière pièce My God ! Dans le cadre de Drôles(s) d’Hip Hop, danse (Ma leçon de hip hop par Céline Lefèvre) et cinéma (Faire kiffer les anges de Jean-Pierre Thorn) ouvriront la biennale des arts urbains. Puis, beau programme danse avec The Roots de Kader Attou, La jeune fille et la mort de Thomas Lebrun, le solo Entre deux pluies de la cie AK Entrepôt (dès 18 mois) et la magistrale Tragédie d’Olivier Dubois. Après Yoann Bourgeois en ouverture de saison, le cirque novateur s’affiche : 90 notes sur le thème par Ivan Mosjoukine et les Acrobates de Stéphane Ricordel et Olivier Meyrou ; la chanson française également avec Thomas Fersen et Loïc Antoine. Toujours singulières, les tournées Nomade(s) mettront en lumière les marionnettes de comptoir de la cie les Rémouleurs dans Freaks inspiré de Tod Browning, le concert narratif sous casque Danbé autour du destin de la boxeuse Aya Cissoko, le récit théâtral Italie-Brésil 3 à 2 d’Alexandra Tobelaim, un croisement cirque/vidéo dans Intérieur nuit de Jean-Baptiste André, la Trilogie de Lo Còr de la Plana, Les Agricoles de Catherine Zambon et une balade sonore et immersive du Begat Theater. La programmation théâtrale, très développée, comporte de nombreuses créations : Déplace le ciel du Théâtre des Lucioles, Tête haute de Joël Jouanneau par Cyril Teste (jeune public), Bye Bye Gillo par Bashar Murkus et N’enterrez pas trop vite Big Brother par Catherine Marnas (dans le cadre du projet Dramaturgie arabe

Faire kiffer les anges, film de Jean-Pierre Thorn

contemporaine), une Histoire d’amour par le Theatrocinema et le ciné-spectacle Hansel et Gretel par La Cordonnerie. François Morel présentera La fin du monde est pour dimanche, Joël Pommerat La grande et fabuleuse histoire du commerce, Cécile Backès et Maxime Le Gall J’ai 20 ans qu’est-ce qui m’attend ? réunissant la parole de 5 auteurs (dont Aurélie Filippetti) sur la jeunesse française, et les jeunes comédiens du Théâtre National de Bretagne joueront pour Stanislas Nordey dans Living !. Dans Tu tiens sur tous les fronts Roland Auzet mettra face à face (et dans la langue de Tarkos) Pascal Duquenne et Hervé Pierre, et François Cervantes présentera Prison possession. DE.M.

À venir C’est pas du luxe ! #2 les 20 et 21 sept au Thor Moussu T e Lei Jovents + les Ogres de Barback (le 20) Les Fatals Picards (le 21) Ma leçon de hip hop Faire kiffer les anges le 15 oct Théâtre de Cavaillon 04 90 78 64 64 www.theatredecavaillon.com

31 PS O A LI SI O T N I Q S U E C U L T U R E L L E


La Passerelle est curieuse de nature S A I S O N S

Orchestre Pelléas © Florence Grandidier

contemporaine, il programme trois spectacles en arabe surtitré : N’enterrez pas trop vite Big Brother de l’auteur marocain Driss Ksikes mis en scène par Catherine Marnas, Bye Bye Gillo de Taha Adnan (Maroc) par Bashar Murkus (Palestine) et Hello veut dire bonjour de Tarek El Bacha monté par Fouad Yammine, tous deux libanais. Bref, il garde un esprit ouvert aux mouvements de la planète et une curiosité jamais démentie ! Pour la première fois, La Passerelle a passé commande à un artiste «pour imaginer un geste artistique et poétique» sur son territoire. L’heureux élu ? Le musicien et compositeur Benjamin Dupé ; le projet ? Curieux de nature, un voyage spatio-temporel décliné en deux temps (19 avril en extérieur, 30, 31 mai et 1er juin au Domaine de Charance), avec la complicité du collectif Tricyclique Dol. De quoi donner au public l’envie de le suivre dans toutes ses propositions : là pour écouter L’Histoire du rock revue et interprétée par Raphaëlle Bouchard, les dernières nouvelles

Traversées enchantées

La mise sur orbite du Théâtre du Briançonnais se déroulera dans une ambiance chaleureuse car les fameux Tontons de l’émission L’Afrique enchantée sur France Inter (Vladimir Cagnolari et Soro Solo) feront danser le public dès le 4 octobre ! Ce sera le coup d’envoi d’une saison audacieuse qui mêle l’univers décalé de Piccole Modifiche de Boris Vecchio, l’inventivité jubilatoire de Edith Amsellem reprenant à son compte l’œuvre de Choderlos de Laclos pour créer Les liaisons dangereuses sur terrain multisports, le jazz créatif de l’homme-orchestre Guillaume Perret, la danse éblouissante de François Veyrunes dans Au plus près du monde. Mais ce ne sont là que de brefs aperçus d’une programmation concoctée pour les amoureux de toutes les musiques (Duo Links, Trio Joubran, Lo’Jo, Rassegna, DPZ, Zé Luis…), du théâtre de répertoire et d’auteurs contemporains (Musset, Shakespeare, Raoul Collectif, Alexis Michalik…) et du cirque avec Inextremiste, Le Voyageur debout et Lonely circus. Pour les compagnies en résidence, le Théâtre du Briançonnais est un havre de travail : Fabrice Watelet (No Tunes international) et Lucile Jourdan (Les

du monde selon François Morel, la tragédie de Macbeth de Shakespeare traduite par Yves Bonnefoy et mise en scène par Anne-Laure liégeois. Ici pour voir «un grand soir de danse», d’images et de musiques avec Panorama de Philippe Decouflé et se laisser surprendre par l’interprétation poétique du hip hop de la Cie Bakhus dont À l’ombre de Coré fait chanter les danseurs et leurs ombres facétieuses… M.G.-G.

À venir The Tiger Lillies le 10 oct Bêtes de foire le 13 oct à Chabottes, le 15 à Tallard, le 17 à Chorges, le 19 à Veynes La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

Passeurs), tous deux artistes associés au théâtre, préparent respectivement Je vais lui en mettre du Johnny Rotten et La Dispute de Marivaux, tandis que la compagnie turinoise Casa del Teatro présentera Hansel & Gretel des frères Merendoni et la metteure en scène chilienne Sally Campusano Torres Territoire. Pour les jeunes, c’est un espace de découvertes avec Cahier d’histoires #3 de Philippe Delaigue et La Dispute présentés pendant le temps fort «Paroles d’ados». Comme toujours, le théâtre s’affranchit des frontières en participant au projet transalpin Alcotra «Terre Communi/ Terres communes» qui rassemble des artistes de Gênes, Turin et Manosque (Cie Clandestine). M.G.-G.

Piccole modifiche © Florence Bourg

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Pour Philippe Ariagno, directeur de La Passerelle, il n’y a pas «le théâtre, la danse, le cirque ou la musique, mais bien les théâtres, les danses, les cirques, les musiques». Le spectacle vivant se conjugue donc au pluriel et la diversité des esthétiques est une porte ouverte sur le monde d’aujourd’hui… Mais alors, comment va le monde ? Musicalement, il est en super forme quand les Tiger Lillies ouvrent le bal avec leurs chansons surréalistes et décalées, il est aussi fabuleux avec L’homme qui rêvait d’être une girafe de Tom Poisson, classique sous la baguette de l’Orchestre de chambre Pelléas faisant entendre Prokofiev et Beethoven, métissé sous le souffle du trompettiste Ibrahim Maalouf ou rockailleux avec le trio montpelliérain Le Skeleton Band. Parfois, le monde rêve d’absurde, de drôlerie et de magie, réservant leur place sous le soleil à une drôle d’équipe, Le Phalène, qui préfère réveiller les gens plutôt que de les endormir (Qui-Vive), à Mélissa Von Vépy prise au piège de sa marionnette, à Aurélien Bory qui a toujours un Plan B pour rebondir, à la chorégraphe Carlotta Sagna qui retombe en enfance dans Cuisses de grenouille… À Gap, le théâtre est aussi à l’écoute des rumeurs du monde. Dans le cadre du projet Dramaturgie arabe

Le bal de l’Afrique enchantée le 4 oct Piccole Modifiche les 15 et 18 oct Théâtre du Briançonnais 04 92 25 54 42 www.theatre-du-brianconnais.eu


Depuis 7 ans le Théâtre Durance poursuit son travail sur le territoire, avec une exigence artistique persistante. C’est une scène conventionnée paradoxale. Située dans une vallée peu peuplée, aux équipements culturels rares, on pourrait s’attendre à ce qu’elle offre à un public qu’elle doit aller chercher des spectacles rassembleurs. Or, les têtes d’affiche y sont rares, les artistes y trouvent un refuge accueillant pour résider et créer et les propositions sont résolument contemporaines. Il faut dire que les subventions y sont stabilisées et que toutes les tutelles, de la communauté de communes à l’Europe en passant par le conseil général des Alpes de Haute-Provence, ont compris le précieux travail accompli par l’équipe, qui parvient à un «taux de remplissage» de 85% dans un territoire difficile, et sans concession sur la qualité. Si bien qu’on s’étonne d’y voir comme ailleurs Gaspard Proust… L’artiste associée sera comme l’année précédente Sonia Chiambretto : il est si rare que les auteurs résident dans les théâtres ! Avec ses ateliers d’écriture et ses présentations publiques, elle a su

nourrir un projet de longue haleine. Elle crée cette année Polices ! avec le chorégraphe Rachid Ouramdane et une chorale d’enfants, et invite Liliane Giraudon pour lire à Haute voix ; puis Rémi de Vos, dont l’écriture, politique et drôle, tapageuse, diffère pourtant singulièrement de la sienne. C’est Julien Duval qui mettra en scène son texte Alpenstock en «Echappées» sur le territoire (tournée dans les villes et villages). À Château-Arnoux il y aura des artistes du territoire en résidence, de Raphaël Imbert (avec les musiciens du Louvre autour de la musique baroque) à Xavier Marchand qui créera son diptyque racinien : Britannicus et Bérénice. Et d’autre cies en résidence de création : la Cie Clandestine, pour du théâtre d’objet jeune public, et Anthony Egéa pour une relecture hip hop du magicien d’oz. À ne pas rater également : Knitting peace de Cirkus Cirkor, un petit bijou de tricotage acrobatique ; Tout mon amour de Laurent Mauvignier par le collectif les Possédés, beaucoup de concerts de diverses musiques actuelles, François Morel…

Éclectique,

vous avez dit

éclectique ?

Pierre Arditi, Ariane Ascaride, Isabella Rossellini, Kev Adams, Katia et Marielle Labèque ou encore Olivia Ruiz et Albin de la Simone : Théâtres en Dracénie ouvre grand ses portes aux têtes d’affiche de la musique, de l’humour, de la variété et du théâtre pour fédérer un large public. Sa nouvelle programmation joue donc à l’équilibre entre spectacles rassembleurs et découvertes, tout en conservant les deux festivals qui font de lui une scène conventionnée dès l’enfance et pour la danse. À savoir Amarelles, destiné au jeune public (5 spectacles du 10 au 22 janv) et Les Vents du levant pour les fondus de danse (du 14 mars au 2 avril). La danse, justement, magnifiquement représentée par la Batsheva Dance Company, Benjamin Millepied, Akram Khan, la compagnie Antonio Gades, Hervé Koubi, Yalda Younes, Kader Attou, Radhouane El Meddeb et DeLaVallet Bidiefono. La programmation offre l’opportunité de découvrir

Au bord de la route ©Anna Perrin Adrien Casalis

Un territoire associé

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Dès à présent

La saison commence avec la Cie la Rumeur, pour une création collective de neuf jeunes comédiens emmenés par Patrice Bigel : Au bord de la route danse, filme au plus près des visages qui racontent des fragments d’histoires, avec une énergie brute, jusqu’à l’épuisement. Un texte de Michel Tremblay nous plongera ensuite dans une histoire familiale terrible, comme l’auteur québécois aime à les dramatiser, et que Christian Bordeleau met en scène. Puis la cie Dyptik viendra

de belles créations, celles notamment de Simon Abkarian, auteur et metteur en scène de Le dernier jour du jeûne avec sa complice Ariane Ascaride ; Juan Carmona avec l’Orchestre symphonique de l’Opéra de Toulon ; Georges Lavaudant pour une nouvelle version de Cyrano de Bergerac ; Yves Beaunesne qui réunit Judith Chemla, Jean-Claude Drouot, Julie-Marie Parmentier et des musiciens dans L’annonce faite à Marie… Ouvert à toutes les expressions,

danser son déracinement hip hop en trio… La saison commence fort ! AGNÈS FRESCHEL

Au bord de la route le 4 oct À toi pour toujours, ta Marie-Lou le 11 oct En quête le 18 oct Théâtre Durance, ChâteauArnoux (04) 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

Théâtres en Dracénie participe à l’opération Dramaturgie arabe contemporaine soutenue par la Friche la Belle de Mai avec quatre projets mis en scène par Nadia Vondertheyden, Fouad Yammine, Bashar Murkus, Catherine Marnas (nov et déc). Et au Festival des musiques insolentes où il accueillera Françoise Atlan et Moneim Oudwan, Raymond Boni/Raphaël Saint-Remy et Electric Pop Art ensemble. M.G.-G.

La face cachée de la lune © Gilles Cazaux La Prod Agile

À voir La Face cache de la lune le 8 oct Kev Adams le 12 oct Le dernier jour du jeûne le 15 oct Festival des Musiques insolentes les 16 et 17 oct Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatresendracenie.com

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S A I S O N S

Embarquement immédiat avec le PJP ! Spectacles, parades, déambulations, spectacles de rue, défilés en plein air, le tout gratuit, le PôleJeunePublic embarque le public dans une ambiance festive dès les 27, 28, 29 septembre à l’occasion de la Mediterranean Tall Ships Regatta de Toulon. Un démarrage en fanfare suivi d’un long voyage sur les territoires de TPM et de la Provence verte avec des spectacles pour les tout-petits jusqu’aux adolescents, voire plus… Pour aider les parents dans leurs choix, différents parcours sont possibles, comme le Tour du monde qui invite à la découverte de compagnies espagnole, italienne, canadienne, belge, russe, turque et suédoise. Le parcours Cirque démarre

Poisson bleu et rouge, Perle Montréal, événement Des artistes à bord, 2e édition © Simon-Pierre Gingras

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le 10 octobre avec la Cie Pagnozoo et son envolée équestre Emmène-moi (jusqu’au 22) tandis que la Marionnette et la Danse font la part belle aux talents de la région : le 8 novembre, la Cie cannoise Arketal accueillie en résidence de création présentera L’homme qui plantait des arbres de Jean Giono et le 11 février, la Cie Artefact associée au Carré de Sainte-Maxime mêlera conte africain et danse dans Owa, quand le ciel s’ouvre… Plusieurs temps forts sont attendus, notamment le 4e Festival de Zik Jeune Public (24 nov-7 déc) et Arts numériques (mars-avril) consacré aux nouvelles technologies qui investissent nos vies

et nos théâtres : Babayaga par la Cie TPO, Tête haute créé par le Collectif MxM et Katastrophe des performers espagnols Agrupacion Senor Serrano. Outsider des parcours et des temps forts, Gilles Cailleau et sa Cie Attention Fragile sont de retour le 17 novembre pour nous faire revivre La Guerre des boutons revue et corrigée par une fanfare de cinq clowns… M.G.-G.

À venir Des artistes à bord #2 du 27 au 29 sept à Toulon Emmène-moi du 10 au 22 oct Sous chapiteau, La Crau Le Mécano de la Général (ciné-concert) les 2 et 3 nov Opéra, Toulon Bon anniversaire, Max ! (ciné-concert) le 5 nov PJP, Le Revest L’homme qui plantait des arbres le 8 nov PJP, Le Revest La guerre des boutons le 17 nov Sous chapiteau, La Valette-du-Var Don Juan amère mémoire de moi le 19 nov Théâtre du Rocher, La Garde PJP, Le Revest 04 94 98 12 10 www.polejeunepublic.com

Coup double à Châteauvallon Cette saison, le CNCDC Châteauvallon applique la recette qui fait son succès estival, dédoublant ses soirées au studio de répétition Le Baou dès 19h, puis au théâtre couvert à 20h30. Finis les workshops et les répétitions publiques, place aux formes «complètes» qui favorisent la proximité avec les artistes : cession spéciale KKI du 9 au 17 oct, Raphaëlle Delaunay avec son solo Debout ! et la Cie Thor de Thierry Smits pour une pièce paradoxalement formelle Clear Tears/ Trouble Waters le 22 nov… Tous lieux confondus, 55 propositions balayeront, comme de coutume, le spectacle vivant. La création circassienne en portion congrue avec deux rendez-vous, l’un en ouverture de saison (Cirque Aïtal), l’autre en clôture (Les 7 doigts de la main dans une version solo, Patinoire de Patrick Leonard et une version collective, Séquence 8). Le théâtre avec de beaux incontournables : Joël Pommerat

revient avec La réunification des Les Revenants d’Ibsen, traduit et deux Corées dans un dispositif adapté par Olivier Cadiot (13-14 bi-frontal qu’il affectionne parti- mars). Faisant le pont entre théâtre culièrement (28 et 30 nov), Michel et musique, Châteauvallon Raskine reprend la pièce propose un homde Thomage à Léo Ferré mas imaginé par Bernhard Monique Brun L e P r é(Léo 38 le 30 sident janv), une vercréée en sion explosive 19 7 5 à de Didon et l’ouverture Enée revisitée du procès de par Samuel la bande à Achache et bienne Louis Fa © rs te Wa Baader (18 Clear Tears - Trouble Jeanne Candel oct), importée des Bouffes du Nord (3-5 Jean-François Sivadier met en juin), et reprend le succès de scène Nicolas Bouchaud dans Le Gamblin jazze De Wilde Sextete Misanthrope de Molière sur la (31 janv-1er fev). La programmation musique des Clash (3-6 avril), danse oscille entre découvertes Patrick Pineau s’empare du Conte et retrouvailles avec Pantsula-The d’hiver de Shakespeare avec tru- Days of our Lives porté par le culence (15-19 janv) tandis que le collectif Real Action d’Afrique directeur de la Schaubühne Tho- du Sud (20 sept), Sadeh21 de la mas Ostermeier monte pour la Batsheva Dance Company qui première fois un texte en français, a fait un tabac au dernier Festival

de Marseille (6-7 déc), le travail sonore, chorégraphique et vidéo de Hiroaki Umeda (4 juillet), le dernier opus de Salia Sanou Doubaley (24 juin) ou Les Nuits de Preljocaj pour deux soirées sous les étoiles de l’été. M.G.-G

À venir Pantsula, The Days of our Lives le 20 sept Yerma le 4 oct Cessions KKI Coupures et Espaço contratempo du 9 au 12 oct 4 Song et The End of the Music du 15 au 17 oct Le Président le 18 oct Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com


Le théâtre Liberté à Toulon recueille depuis son ouverture un succès incontestable : salles pleines, spectacles nombreux et s’adressant à des publics variés, attention portée au tissu local… peu de fausses notes en deux ans ! et de vraies ambitions artistiques. Pourtant la troisième saison commence par l’annulation de la production prévue : Philippe Berling devait mettre en scène La Tempête, mais il n’y a pas assez d’argent dans les caisses. En effet le Théâtre Liberté a vu le jour avec des espoirs de financements complémentaires de l’État et de la région PACA. Or ceux-ci n’augmentent pas leurs subventions, et la Ville de Toulon ne reconduit pas l’exceptionnel effort budgétaire des débuts : la montée en puissance du Liberté est revue à la baisse… Mais la saison s’annonce belle tout de même ! Avec 41 spectacles dont deux productions, qui sont toutes deux des solos et des reprises anciennes : une de Philippe Berling en janvier –Le pays des Insectes d’après l’entomologiste JeanHenri Fabre ; une de Charles Berling qui ouvrira la saison : Dreck est un monologue de Robert Schneider, bouleversant car il donne à entendre la douleur d’un Irakien sans papier, invisible, vaincu, n’attendant rien, que la violence ultime qu’il sait devoir subir… C’est Alain Fromager, qui a créé Dreck en 1997, qui reprend ce texte à la langue drue et flamboyante. À noter également la coproduction d’un metteur en scène précieux dans la région : Xavier Marchand aura enfin des conditions d’accueil à la mesure de son talent, avec deux semaines de résidence et le grand plateau, pour monter Bérénice, de Racine. Du côté des artistes de la

à La Garde

Rassembler par la culture, tel est le fil conducteur de la nouvelle saison qui se profile au Théâtre du Rocher. Non pas pour tendre vers l’uniformisation, mais bien pour susciter la rencontre, le partage, le débat. Au gré d’une programmation qui fait la part belle au théâtre et à la musique, il sera question de rencontres et de découvertes, à commencer par les créations de la compagnie Le Cabinet des curiosités, en résidence au théâtre : le projet Au Bord de la nuit comporte trois rendez-vous proposés au fil de la saison, trois pièces qui rendent compte de l’intimité que l’on peut sentir avec un auteur au travers d’un montage d’extraits. La première, mise en scène par Guillaume Cantillon traversera l’œuvre de l’auteur de théâtre et traducteur Patrick Kermann, la 2e celle du poète Christophe Tarkos, mise en scène d’Alexandre Dufour, et la 3e celle de la plasticienne, photographe et écrivain Valérie Mréjen, par Marie Blondel. D’autres temps forts théâtraux émailleront la saison : l’adaptation de Dom Juan par la cie espagnole Pelmànec,

35 Tania’s paradise de Gilles Cailleau à Azimut d’Aurélien Bory (voir p 46), de l’opérette (les Brigands) et de l’humour rêveur (François Morel, Patrice Thibaud), de la danse et du cinéma, des musiques du monde (Rachid Taha). Avec, comme les années précédentes, l’accueil de festivals varois jusque-là sans abri : la musique féminine des Bijoux indiscrets, le Midi festival, Jazz à Porquerolles… et des thèmes avec ,en fin de saison, quatre jours à Istanbul.

région, les Toulonnais pourront aussi entendre et voir les Fantômes orphiques et contemporains de Benjamin Dupé, Ce que j’appelle oubli d’Angelin Preljocaj, la nouvelle création de Kubilaï Khan et dans le cycle des Dramaturgies arabes contemporaines (La Friche, MP2013) une création de Catherine Marnas. Parmi les bonheurs théâtraux un Feydeau mis en scène par Jean-Claude Fall, le passage de Pippo Delbono, Jean Bellorini qui monte Brecht, Frédéric Fisbach, Anouk Grimberg qui vient incarner Molly Bloom (les dernières phrases d’Ulysse de Joyce), Lofti Achour qui transpose les trahisons de Macbeth dans l’actualité tunisienne… et Roland Auzet qui rassemble Hervé Pierre et Pascal Duquenne pour dire la poésie de Tarkos. Il y aura aussi des stars, de Boujenah à Birkin, et jusqu’à Gaspard Proust qui décidément tapine sec sur toutes nos scènes subventionnées, Zabou Breitman… Du cirque et du meilleur, de

AGNÈS FRESCHEL

À venir Dreck du 3 au 19 oct Gaspard Proust tapine le 5 oct Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberté.fr

Dom Juan © X-D.R

Découvertes

Molly Bloom © Pascal Victor

Liberté en berne

avec un comédien et des marionnettes ; Owa quand le ciel s’ouvre, un voyage au cœur de l’Afrique par la cie Artefact ; ou encore Délivrez Proust, le spectacle écrit par Christophe Honoré d’après l’œuvre de Proust que met en scène Philippe Person. Pour la musique l’éclectisme est la règle : se succèderont, entre autres, Rhiannon Giddens et Leyla Mac Calla, chanteuses et multi-instrumentistes qui font revivre le son de la musique traditionnelle américaine, le Philharmonique de la Roquette pour un ciné-concert, le pianiste, chanteur et harmoniciste Pierre Sibille, Bjorn Berge et sa guitare à 12 cordes, Marion Rampal qui présentera son projet Main Blue... Do.M.

À venir Les Fouteurs de joie le 24 sept Au Bord de la nuit #1 du 8 au 10 oct La Passion Médée le 15 oct Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 www.ville-lagarde.fr

PS O A LI SI O T N I Q S U E C U L T U R E L L E


Rêves d’enfance à La Valette

36 S A I S O N S

Madame Bovary d’après Flaubert, revisité par la cie Karyatides par le biais du théâtre d’objet, le spectacle coup de poing Happy End sur la souffrance silencieuse des enfants battus par la cie Le Coffre d’Arlequin, et les Premiers Voyages du Cabaret de l’Impossible sur une possible entente francophone...

Théâtre, musique, arts de la rue... l’enfance est reine au théâtre Marélios, qui émaille sa programmation de spectacles promettant une promenade dans des histoires mythiques et familières entre rêves d’artistes et de spectateurs... Dans le cadre de la 9e édition du Festival international des musiques d’écran, les bruitages, mélodies et ritournelles du quatuor Les Vois Animées redonneront vie à Charlot au travers de 2 courts métrages burlesques de Chaplin, The Adventurer et Easy Street. Avec la cie Attention Fragile -en résidence à La Valette-, c’est La Guerre des boutons de Louis Pergaud, mise en scène par Louis Cailleau qui rallumera la flamme du minot qui sommeille en chacun de nous. Pépito Matéo, conteur hors pair, se lancera Sans les mains et en danseuse sur le fil d’un récit autobiographique foutraque qui ouvre grand le monde de l’imaginaire. Les textes fantaisistes et géniaux de Boby Lapointe, à l’occasion du 90e anniversaire de sa naissance, retentiront à nouveau lors d’un hommage tendre et singulier rendu par 6 artistes qui s’approprient son répertoire à leur sauce. Quant à Pierre Wayburn, jeune acteur belge lauréat de l’École d’Acteurs de Liège, il se lance dans l’évocation de ses souvenirs d’enfance, dévoilant avec humour et tendresse une histoire de la Belgique contemporaine, en quête d’identité, avec Manneke. Mais aussi un

Do.M.

Mujeres...© X-D.R

Cannes Bratsch © Eric Vernazobres

À venir Concert de Bratsch le 5 oct Manneke le 12 oct Théâtre Marélios, La Valette 04 94 23 62 06 www.lavalette83.fr

Les arts se croisent à Saint-Maximin Placée sous le signe de l’humour et de la comédie, la deuxième saison de la Croisée des ArtsPôle Culturel Provence Verte poursuit son ambition de rassembler tous les publics autour de spectacles dénichés au quatre coins de l’Europe, proposés par l’Office municipal de la culture de Saint-Maximin et le Conseil général du Var. La part belle sera donnée au cirque avec le retour de la Cie Gandini Juggling qui régalera petits et grands en jonglant entre musique classique et sons électroniques dans NightClubs !, l’humour visuel et les bulles des Espagnols de Clinc Pep Bou, le Cirque Bouffon qui offrira un spectacle total avant Noël, la magie mentale de Scorpène, les «tricoteurs» de la Cie Cirkus Cirkor, les maîtres de l’illusion de La Phalène, la magie d’ombres de Philippe Beau et un solo tout en équilibre de Patrick Léonard. Place également à la musique avec l’opéra bouffe d’Offenbach Croquefer et L’île de Tulipatan

représenté sous une forme moderne par la Cie des Brigands, mais également sous le soleil d’Italie avec Lucilla Galeazzi, et encore Sophie Hunger, Deluxe, Otis Taylor, un hommage à Jean Ferrat par Jean-Marc Desmeropian, Piers Faccini, Alonzo psy 4 de la rime et 3e œil, la chanteuse espagnole Luz Casal ou les Têtes Raides. Côté danse, du hip hop avec la cie belge No Way Back ou Kader Attou dans The Roots, un programme du Ballet National de Marseille et une invitation à un voyage numérique avec Adrien Mondot et Satchie Noro dans Cinématique. Une saison pleine d’humour, avec Titoff et Anne Roumanoff, et de comédies : Vieilles Chipies de Gérard Moulévrier, Piège @ Matignon, Ma mère me rend dingue avec Grace de Capitani mais également plus classique avec le Malade Imaginaire, ou La Maison de Bernarda Alba de Garcia Lorca mise en scène par Carole Lorang. DE.M.

Sophie Hunger © Augustin Rebetez

À venir NichtClubs ! le 5 oct Talons aiguilles et crampons le 12 oct Festa Italiana ! de Lucilla Galeazzi le 15 oct La Croisée des Arts, Saint-Maximin-La-SainteBaume 04 94 86 18 90 www.saintmaximin.fr

en son fief

Made in cannes n’usurpe pas son nom, tant la programmation fait la part belle aux artistes qui ont été formés dans les écoles supérieures d’art et de formations artistiques cannoises, parmi lesquelles l’ERAC, le Conservatoire de musique et de théâtre, l’École supérieure de danse Rosella Hightower, l’Atelier d’Arketal (cie de marionnettes), sans oublier les diplômes professionnels délivrés par les lycées de la ville. Cette année ces artistes seront présents dans chacun des spectacles proposés, en tant que metteurs en scènes, comédiens, musiciens, chorégraphes, costumiers, marionnettistes… dans toutes les disciplines. En théâtre, les propositions sont belles, beaucoup d’anciens élèves comédiens de l’ERAC faisant montre de leur talent, ce dont Zibeline a de nombreuses fois rendu compte : Alexandra Tobelaim, Cie Tandaim, reprend Italie-Brésil, 3 à 2, sur un texte de Davide Enia ; Julien Duval, de la Cie Parnas, met en scène Alpenstock, de Rémi de Vos ; la Cie L’Individu est doublement représentée, avec Le Songe d’une nuit d’été, un Shakespeare mis en scène par Charles-Eric Petit, et Le Marin de Pessoa par Guillaume Clausse et Florian Haas ; ou encore la dernière création de la Cie Arketal, L’Homme qui plantait des arbres d’après Giono… La danse aussi promet de beaux moments, avec le spectacle d’ouverture, la création de la Cie Meditango, Mujeres, le CCN de Nantes qui revient avec D’Indicibles violences sur une chorégraphie de Claude Brumachon, ou encore avec 2 pièces fondatrices du Système Castafiore, Aktualismus Oratio Mogol et 4log Volapük… Do.M.

Made in Cannes 04 97 06 44 90 www.madeincannes.com


Do you love Grasse ? Avec son programme rose fluo et sa pin-up aux yeux bleus langoureux style Roy Lichtenstein, la communication du Théâtre de Grasse s’offre un coup de jeune, d’autant qu’elle susurre «I love saison 2013/2014…» ! C’est vrai que l’affiche est alléchante avec ses événements – six projections en direct du Metropolitan Opera de New York, les Rencontres de musiques sacrées du monde-, ses inédits – le projet Dramaturgie arabe contemporaine mis en œuvre par la Friche la Belle de mai – et ses compagnonnages – «Terre Comuni», dialogue transfrontalier France/Italie, «Terre, eau, territoire», nouvelle proposition du Dynamo théâtre complice depuis 2010. Les autres rendez-vous sont le fruit d’un habile dosage entre textes d’auteur et répertoire, coups de cœur et spectacles «locomotive», jeunes pousses et têtes d’affiche. Pour que tous les publics du territoire grassois trouvent l’envie de pousser la porte du théâtre à l’heure où son directeur, Jean Florès, s’interroge : «… concernant la saison à venir 13/14 je suis pris d’un sentiment qui me gagne fortement : le doute ! Et si cette nouvelle saison n’était pas aussi «bien» que les autres ? Et si le nombre d’abonnés diminuait ?». Questionnement légitime, mais qui devrait vite s’estomper en compagnie des artistes : Simon Abkarian et Ariane Ascaride à nouveau réunis dans une tragi-comédie à l’italienne, Le dernier jour du jeûne, l’auteur Michel Azama et le metteur en scène Éric Monvoisin qui, dans Croisades, font jouer à des adolescents les rôles

37 Illumination(s) © François-Louis Athenas

d’enfants guerriers, les interprètes fougueux de Illumination(s) écrit et mis en scène par Ahmed Madani, Sharon Fridman pour son époustouflant duo chorégraphique Al menos dos carras programmé dans le cadre du Festival de danse de Cannes, Dada Masilo dans sa version jubilatoire du Lac des cygnes, Mathurin Bolze et ses complices poètes-acrobates de MPTA spécialistes des voyages imaginaires (À bas bruit), Qudus Onikeku qui fit sensation au dernier Festival d’Avignon avec Qaddish… Et aussi Yvan Attal, Fellag, Zabou Breitman, Anouk Grinberg, Hervé Koubi, François Morel, Philippe Gentil, Richard et Romane Bohringer unis pour la première fois sur les planches…

King Lear, fragments les 20 et 21 sept, Château de Mouans-Sartoux les 27 et 28 sept, La Roquette/Siagne Piccole Modifiche les 11 et 12 oct Le dernier jour du jeûne les 18 et 19 oct Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com

M.G.-G.

Un Carré très singulier

José Montalvo à Kader Attou, des Pokemon Crew à DeLaVallet Bidiefono, de la Cie R.E.A. Danza au Ballet de l’Opéra national de Bordeaux, de la Cie Onstap à Benjamin Millepied. Même ouverture d’esprit côté musique avec West Side Story par Les Percussions claviers de Lyon, la dernière tournée de Carla Bruni ou le

duo jazz Philippe Lacarrière et Guylenn Delassus… Mais l’ADN du Carré est sans nul doute les arts numériques qui osent le mariage avec la performance (Armando Menicacci), le théâtre d’ombre (Cie Skappa ! & associés), le théâtre jeune public (Cyril Teste) et la danse (Cie TPO). Autre «grain de folie» séduisant, Les Nuits singulières, dont l’affiche concoctée

par la compagnie associée Artefact investit le hall du théâtre et les deux salles toute l’année : happenings, projections, installations, bals, «cocktails et plus si affinités»… L’invitation est lancée ! M.G.-G.

À venir Don Quichotte... © Patrick Berger

5 ans n’est pas l’âge de raison mais Le Carré à Sainte-Maxime est déjà bien ancré sur son territoire et repéré comme lieu à dimension pluri-artistique. Inutile donc de changer le cap, il continue d’explorer de nouvelles expressions artistiques à travers 60 représentations et 5 disciplines, le tout agrémenté de films, d’expositions, de répétitions publiques, performances, conférences, stages, rencontres et café philo. L’ouverture sera théâtrale avec Ubu Roi mis en scène par Declan Donnellan, et se poursuivra par Un beau matin, Aladin adapté du conte des Mille et Une Nuits monté par Charles Tordjman, Les revenants par Thomas Ostermeier qui a fait d’Ibsen son auteur de prédilection, ou encore Carnages conçu par François Cervantes «comme un fête collective»… Le nouveau cirque se glisse sur la pointe des pieds avec trois compagnies : Les 7 doigts de la main, Lapsus et le Cirkus Circor quand la danse fait valser tutus, pointes et création contemporaine internationale : de

À venir

Les Nuits singulières les 21 sept, 12 oct, 15 fév Ubu roi les 21 et 22 sept Térez Montcalm le 28 sept Don Quichotte du Trocadéro le 12 oct Mona Lisa, le sexe, le parfum, la bière, Carmen et moi le 12 oct Race le 19 oct Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com

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Ici, ça danse et ça pense

Autour du monde Le Pavillon noir offre une saison tout en fidélités, et en voyage autour de la danse contemporaine du monde Depuis que le Centre National chorégraphique a vu ses murs érigés et sa salle ouverte, elle ne désemplit pas, proposant pourtant des formes exigeantes… autour de parcours d’artistes singuliers que l’on retrouve au fil des saisons. Celle-ci sera particulièrement universelle, avec de la danse venue de tous les continents, mais aussi de France et de la région… Une saison composée de 26 spectacles, équilibrée, alternant petites formes de recherche et grand ballet, du moins aussi grand que le plateau peut en recevoir -pour la reprise des Nuits, il faudra aller au Grand Théâtre voisin ! Ainsi les Aixois pourront partir en Inde avec Arushi Mudgal et ses musiciens, ou au Japon avec Keiin Yoshimura, deux danseuses qui revisitent les traditions de leurs pays, qui ne l’opposent pas à la création. Mais le Pavillon Noir continue d’affirmer la vitalité de la création africaine : avec Robyn Orlin et son sens de la provoc, Seydou Boro qui retrouve ses origines burkinabaises en adaptant un conte philosophique, Via Kathlehong qui s’abreuve à l’énergie des townships… Israël sera également très présent, avec un trio de Niv Sheinfeld et Oren Laor, et avec la Batsheva Dance Company emmenée par Ohad Naharin. Un jeune chorégraphe israélien -Roy Asaf, magnifique danseur d’Emanuel Gat- fera aussi partie du temps fort nouvelle scène contemporaine, qui aura lieu au mois de mars, et permettra de découvrir le regard critique de Gaëlle Bourges sur les représentations érotiques des femmes (par les hommes) ; du lauréat nigérian de L’Afrique danse Qudus Onikeku ; de Umeda et Brabant dans la même soirée ; de Radhouane El Meddeb qui rend hommage aux gestes des femmes tunisiennes ; et encore Christian Rizzo, Antoine Defoort et Halory Goerger… autant de chorégraphes, ou concepteurs, qui explorent des voies nouvelles ou moins

empruntées. Tout comme les Keyframes du Groupe Laps, personnages sculptés et lumineux qui vont grimper aux murs en octobre dans le cadre d’E-topie, temps fort numérique de la capitale culturelle. Le pavillon Noir ouvre également ses portes aux cies de la Région, le Ballet National de Marseille pour commencer avec un trio de Endo et une bouleversante Elégie d’Olivier Dubois ; Yann Lheureux, Montpelliérain voisin qui sera en résidence et tourné vers l’Afrique pour une chorégraphie transmise à distance ; le système Castafiore qui propose un florilège pour ses trente ans de compagnie ; Christian Ubl qui questionnera l’identité européenne. Il y aura aussi l’intrigant Baron samedi d’Alain Buffard, et un duo sur le souffle de Josef Nadj… Un petit tour en Italie avec Alessandro Sciarroni, et vers l’Allemagne avec le collectif Va Wölfl, qu’on dit radical et qui va déménager en trompettes (au sens propre). Enfin le Ballet Preljocaj reprendra les Nuits et Ce que j’appelle oubli, et le CCN de Lorraine viendra danser un programme Cunningham.

AGNÈS FRESCHEL

Question de danse du 8 au 31 oct 04 96 11 11 20 www.kelemenis.fr

AGNÈS FRESCHEL

À venir Endo/Dubois les 20 et 21 sept Les Nuits du 1er au 8 oct Keyframes du 10 oct au 10 nov Robin Orlyn du 10 au 12 oct Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 www.preljocaj.org

I’m from Austria, like Wolfi, Christian Ubl © Fabienne Gras

S A I S O N S

Beauty..., Robyn Orlin © John Hogg

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Michel Kelemenis est têtu. Persistant. Alors que les questionnements esthétiques se font rares et que les compagnies régionales sont mises à la peine ; alors que l’espace méditerranéen est questionné mais que l’Afrique disparaît des scènes marseillaises (si elle y fut jamais) ; alors que les femmes s’évanouissent de la création chorégraphique et que la fidélité à des parcours d’artistes ne se prône plus ; alors même que Marseille Provence 2013 n’a pas labellisé ses Questions de danse... Michel Keleménis a conçu une manifestation exceptionnelle. Non pas parce qu’elle rassemblera des foules, mais parce qu’elle offrira de la visibilité et un vrai soutien aux artistes qui en ont besoin, et par conséquent à tous ceux qui ont envie de voir l’art avancer ! Hors de la consommation, dans la recherche. Le principe est donc le même que les années précédentes, mais à une autre échelle. La Question de danse 2013 se décline en 10 soirées et 22 propositions, du spectacle au projet en cours. Il y aura en plus des ateliers avec les chorégraphes, la participation active des écoles, un colloque, des scènes ouvertes… Et le soir, avec deux propositions pour 5€, on pourra voir les créations de Fana Tshabalala, Ex Nihilo, Itinerrances, Caroline Bô, La Parenthèse, Michaël Cros, Patrick Servius, la Cie F, Christian Ubl, Jean-Jacques Sanchez et François Bouteau (Cie Laza), Mathilde Monfreux, Nans Martin, Montaine Chevalier, Wendy Cornu, Samir El Yamni, Sébastien Ly… tous de la région, ou y travaillant depuis plusieurs années. On sait déjà que toutes les formes ne seront pas convaincantes, ni abouties. Mais elles poseront toutes des questions, et ouvriront champ au débat. Après les questions de danse, KLAP continuera durant toute la saison à présenter des formes dans sa salle, à accueillir les élèves, les classes à option danse, les compagnies sans lieu, à proposer des stages pour danseurs amateurs et professionnels… Une Maison pour la danse, on vous disait !


Rentrée aixoise

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Zahia Ziouani © X-D.R

Trente bougies arlésiennes

qu’on retrouve, dirigé par le violoncelliste Christophe Coin, autour d’une grande capitale musicale européenne au XVIIIe siècle : Dresde (le 18 oct à 20h30 au GTP). JACQUES FRESCHEL

Grand Théâtre de Provence, Aix Jeu de Paume, Aix Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 www.lestheatres.net

Une Cité cosmopolite

Titi Robin © X-D.R

C’est déjà la rentrée pour la Cité de la Musique de Marseille. La programmation artistique de septembre à la fin de l’année 2013 se veut éclectique et pleine de surprises. Dans les divers lieux qu’elle abrite (auditorium, hall, cave, salon) ou hors les murs (comme la Magalone), la musique proposée, qu’elle soit classique, contemporaine, du monde ou jazz compose une mosaïque d’une très belle programmation, intelligente, raffinée et ajustable à tous les goûts. Comment ne pas tomber sous le charme des Orients de Titi Robin et Alezane (le 27 sept à 20h30 à l’Auditorium) ? Le jazz trouve aisément sa place avec le Gilles Alamel Trio, le Bojan Z solo ou le Maxime Bender 4tet… comme le théâtre musical d’Anne Gastine avec Les Précieux Ridicules, délicieux spectacle original et plein d’humour (le 11 oct à 20h30 et le 12 à 14h). Mais à la Cité, les frontières sont poreuses, à l’image de l’Orient Baroque, miroir de correspondances musicales proposées par les musiciens de l’occident Alain Aubin et Jean-Paul Serra (contre-ténor et clavecin) et ceux de l’autre côté de la Méditerranée Eleni Bratsou (chant) et Fouad Didi (violon et oud) à la Magalone (le 29 nov à 20h30). La Cité sait aussi tout simplement accueillir, et

inviter. Ce sera le cas avec les Noche Picante d’Argentine, du Pérou, de Cuba lors des Rencontres Tambor y Canto…. De quoi réserver ses soirées pour s’évader dans le monde de la musique, celui où les frontières n’existent plus. FRÉDÉRIC ISOLETTA

Cité de la Musique, Marseille 1er 04 91 39 28 28 www.citemusique-marseille.com

Cette saison, l’association du Méjan célèbre trente années passées au service de la musique de chambre. Son directeur artistique, le pianiste Jean-François Heisser, s’il met lui-même la main au clavier, avec également sa complice à Arles Marie-Josèphe Jude, invite une pléiade de musiciens talentueux, renommés. Ce sont les Quatuor Zemlinsky, Girard, Les Arts Florissants et William Christie, les pianistes Jean-Louis Steuerman, Alain Planes, Cyprien Katsaris, les violoncellistes Marc Coppey, Emmanuelle Bertrand et Gary Hoffman, la violoniste Hélène Schmidt, Christophe Desjardins à l’alto ou René Jacobs à la tête de l’Akademie für Alte Musik Berlin… On débute avec le Brahms Trio (piano, violon, violoncelle) qui joue l’opus 87 de Brahms, le Notturno op.148 de Schubert et le Trio op.32 d’Arensky (le 13 oct à 11h au Méjan). J.F. Le Méjan, Arles 04 90 49 56 78 www.lemejan.com

©B rahm s Trio

L’année 2013 se poursuit aux trois théâtres dirigés par Dominique Bluzet. Pour la musique, si les spectacles à «grande jauge» se concentrent au Grand Théâtre de Provence, on butine aussi, dans les petits bijoux que sont le Jeu de Paume à Aix, ou le Gymnase à Marseille. On débute avec la charmante Magali Léger, soprano aérienne, accompagnée de l’Ensemble Rosalis pour un programme baroque consacré à des partitions italiennes d’Haendel (Le 2 oct à 20h30 au Jeu de Paume). C’est Antoine Hervé qui, dans la foulée, donne sa deuxième «Leçon de jazz» sur Duke Ellington (le 4 oct à 20h30 au Jeu de Paume), avant une création de l’Ensemble Divertimento, originaire de Seine-SaintDenis, et des musiciens de l’Orchestre National d’Algérie. Sous la baguette de Zahia Ziouani les musiciens font chanter la Méditerranée de Saint-Saëns, Chausson et Falla et découvrir des créations d’aujourd’hui signées Salim Dada et Olivier Penard (le 11 oct à 20h30 au GTP). C’est une star des claviers qu’on attend ensuite sur la grande scène aixoise. Le Russe Evgeny Kissin associe Schubert et Scriabine, pont romantique au piano qui ouvre et clôt le XIXe siècle : immanquable ! (le 16 oct à 20h30 au GTP). À la veille des vacances scolaires, c’est l’Orchestre Français des Jeunes baroque

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Couleur italienne… mais pas que ! 40 S A I S O N S

Sur la place Reyer, l’Opéra municipal arbore derechef sa pierre blanche. Sa façade endimanchée n’avait plus brillé depuis la reconstruction du théâtre aux Années folles après l’incendie de 1919 : sa fière colonnade d’origine, vestige du XVIIIe siècle, et ses reliefs sculptés à l’attique, ses grilles redorées de blasons luxueux… La première phase de travaux est achevée en l’Année capitale. On attend désormais la seconde qui redonnera à la salle, les foyers et la scène, son lustre Art déco, quasi-unique au monde, et des conditions techniques de travail dignes d’un opéra d’aujourd’hui. Aux commandes, les directeurs fraichement nommés, Maurice Xiberras (Direction Générale), et Lawrence Foster (Direction Musicale), fondent un socle prometteur en matière de qualité artistique, de rayonnement pour l’Orchestre, le Chœur, en coulisse, comme dans la fine cuisine des programmes. Pour sa saison 2013-2014, ils affichent huit opéras et une dizaine de concerts symphoniques. À Marseille, on flirte depuis l’antan avec l’Italie et ses Maestros. De septembre à juin, on n’échappera pas à cette couleur-là : on aura les trois Grands ! Verdi avec des classiques populaires Aïda et La Traviata qui ouvriront et fermeront le rideau, Bellini et La Straniera pour une redécouverte depuis deux siècles et Donizetti avec son chefd’œuvre Lucia di Lammermoor. Au plafond du luxueux Grand Foyer, à condition de lever le museau, on découvre une vaste fresque sur la légende d’Orphée. Sa lyre magique, qu’on retrouve partout dans les ornements du bâtiment, est naturellement associée à la musique et la naissance de l’opéra. À deux reprises on goûtera au mythe, au retour avorté d’Eurydice du royaume des morts, dans sa version classique de Gluck, aventure à laquelle est associé le Ballet National de Marseille, et déjantée, signée Offenbach, pour les fêtes Aida © Christian Dresse de fin d’année. C’est aussi une belle idée que d’afficher Le Roi d’Ys de Lalo, si belle œuvre de l’art français qu’on joue encore trop peu. En matière de création, c’est à Jean-Claude Petit et Mérimée, revisité par Benito Pelegrin, qu’on fait appel pour faire chanter Colomba. Les grandes voix ne manquent pas à l’appel de la Bonne-Mère : Patrizia Ciofi, Karine Deshayes, Ludovic Tézier, Marie-Ange Todorovitch, Béatrice

Uria-Monzon, Inva Mula, Florian Laconi ou Anne-Catherine Gillet sont de la fête !

Concerts… et ballets !

Deux récitals «vedette» nous promettent les venues du «légendaire» baryton Leo Nucci, comme de la soprano Natalie Dessay dans un programme poétique, éclectique et latino. C’est aussi de beaux opus, accessibles à toutes les

La danse, pendant historique de l’Opéra, retrouve une belle place à Marseille avec les venues d’«étoiles» de St-Petersbourg, du Ballet d’Europe, du BNM et de la compagnie Julien Lestel. La musique de chambre ne retrouvera son horaire du samedi à 17h qu’en janvier 2014, le CNIPAL y fêtera son 30e anniversaire et une collaboration naturelle se consolide avec Musicatreize ou le Gmem.

Premières dates

Les trompettes d’Aïda attirent tant qu’une «supplémentaire» est prévue, portant à six le nombre de ses représentations ! La mise en scène agrémentée de somptueuses projections d’images, en guise de décor, est signée Charles Roubaud. Fabrizio Maria Carminati dirige Elena Pankratova, Sonia Ganasi, Zoran Todorovitch et Marco di Felice pour le quatuor de solistes (du 21 sept au 3 oct). Après les Journées du patrimoine, et dans le cadre de la biennale 20 lieux sur la mer, on retrouve l’Ensemble Musicatreize et toute une foule de choristes pour la clôture du volet «Odyssée dans l’espace». C’est Zad Moultaka et Jesper Nordin qui livrent une création musicale autour du mythe de Sappho (Sappho’s Legacy le 26 sept à 20h) Le premier concert symphonique se joue dans le cadre du cinquantenaire de la disparition de Jean Cocteau et Francis Poulenc. Mirelle Delunsch interprète La Voix Humaine, magnifique solo, monologue d’une femme, téléphonant, au bord du suicide… On entend aussi le Concerto pour deux pianos de Poulenc avec Momoyo et Mari Kodama (le 11 oct à 20h). JACQUES FRESCHEL

sensibilités, qu’on entend, comme la 5e symphonie de Mahler ou le Concerto n°21 pour piano de Mozart, l’Apprenti sorcier de Dukas, une monumentale 9e symphonie de Beethoven, le Boléro de Ravel ou le Gloria de Puccini au Festival de musique sacrée… programme auquel on associe une création de Lionel Ginoux interprétée par le violoniste Nemanja Radulovic.

Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 www.opera.marseille.fr


Valeurs sûres à Toulon

Avec Mozart, Verdi, Bellini, Offenbach, Rossini et Strauss, l’Opéra de Toulon fidélise son public autour de grands classiques

Après la saison du cent cinquantenaire de l’Opéra de Toulon, la réussite de Follies, comédie musicale qui sera diffusée sur France Télévisions pendant la période de noël, Claude Henri-Bonnet affiche une saison 2013-1014 qui ne surprendra que ceux qui hésitent à sortir des sentiers traditionnels de l’art lyrique. Ariane à Naxos de Richard Strauss, opus le plus «moderne» de la programmation, date d’il y a un siècle… Cela n’enlève rien, au demeurant, à la qualité, la richesse de cette œuvre singulière, séduisante, plus «accessible» même qu’Elektra ou Salomé du même auteur. Mozart est à l’honneur au pied du Faron avec deux opéras. Si l’on retrouve la belle production marseillaise de Don Giovanni, mise en scène par Frédéric Bélier-Garcia, on découvre par ailleurs un délicieux opéra de jeunesse, beaucoup moins représenté que l’histoire du célèbre séducteur. La Finta Giardiniera est un opéra bouffe qu’auront plaisir à goûter ceux qui n’ont pas pu se rendre au festival d’Aix à l’été 2012. Côté opérette, on en prend une… de fête, valeur toute faite, qui tourne depuis des lustres avec succès : La Vie Parisienne mise en scène par Nadine Duffaut. Reste le versant italien de l’affiche avec, pour débuter, une Norma chantée par Hiromi

Provence Méditerranée et le conseil général 83, favorisant une réelle mission de service public. Aujourd’hui, ballet, théâtre, musique de chambre ou baroque, récitals lyriques, trouvent leur place dans la maison du boulevard de Strasbourg qui accueille un public de plus en plus curieux. Les concerts symphoniques se développent et attirent des solistes prestigieux comme les violonistes David Grimal, Patricia Kopatchinskaja, les pianistes Nicholas Angelich, David Kaddouch, Lise De la Salle, le violoncelliste Gautier Capuçon, le chef John Nelson…

Premiers rendez-vous

l Melanie Diener © Susie Knol

Omura, La Cenerentola, conte de Perrault revisité par le couple de metteurs en scène Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil, avant le shakespearien Macbeth dirigé par le maestro maison Giuliano Carella.

Gestion publique

Janvier 2004 marquera les 10 ans de gestion publique l’Opéra de Toulon (Établissement Public de Coopération Culturelle) par Toulon

C’est la soprano Mélanie Diener qu’on découvre en ouverture de saison dans un programme germanophile avec Wagner (Wesendonck Lieder) et Strauss (Quatre Derniers Lieder op.150). L’Orchestre Symphonique de l’Opéra de Toulon joue également Siegried Idyll et l’Ouverture du Vaisseau fantôme (le 28 sept). La Compagnie Les Bijoux Indiscrets (dir. Claire Bodin) poursuit son exploration des répertoires baroques avec une Cantate méconnue d’une compositrice du XVIIIe siècle : Camilla de Rossi (le 4 oct à 19h). JACQUES FRESCHEL

Opéra de Toulon 04 94 92 70 78 www.operadetoulon.fr

Temps forts en Avignon une mise en scène de Caroline Mutel, en co-production avec l’Opéra de Reims. On attend Le Dernier Jour d’un Condamné (version scénique), d’après Victor Hugo, joué après

un beau succès obtenu en Hongrie (dir. Balàsz Kocsar) dans une mise en scène de Nadine Duffaut. Roberto Alagna et Adina Aaron sont de l’aventure ! Philippe Jaroussky donne un Ermonela Jaho © X-D.R.

La saison lyrique 2013-201 4 de l’Opéra Grand Avignon, concoctée par Raymond Duffaut, débute avec Madama Butterfly de Puccini, (dir. Alain Guingal), mise en scène par Mireille Larroche, avec Ermonela Jaho et Sébastien Guèze. La comédie musicale est à l’honneur pour les fêtes de fin d’année grâce à My Fair Lady (dir. Dominique Trottein), mise en scène par Paul-Emile Fourny, où l’on retrouve l’Orchestre Régional Avignon Provence, le Chœur et le Ballet de l’Opéra Grand Avignon. L’Italiana in Algeri de Rossini est donnée pour la première fois en la cité papale, dans une mise en scène de Nicola Berloffa, et l’opérette est à la fête avec deux bijoux d’Offenbach : Monsieur ChouFleuri restera chez lui et Pomme d’Api présentés à Vedène L’Autre Scène (dir. Dominique Trottein) dans

récital dans le cadre de La Musique Baroque en Provence, comme la pétillante Julie Fuchs une création : De quoi j’ai l’air, mise en scène par Vincent Vittoz. Tancrède, opéra baroque de Campra (dir. Olivier Schneebeli), mis en scène par Vincent Tavernier, s’immisce au programme. Direction vérisme et grandes voix enfin avec Cavalleria Rusticana de Mascagni et Pagliacci de Leoncavallo pour clore la saison ! Le traditionnel diptyque (dir. Alain Guingal) est mis en scène par Jean-Claude Auvray et chanté par Nathalie Manfrino, Géraldine Chauvet, Jean Pierre Furlan, Seng Youn Ko… J.F.

Opéra Grand Avignon 04 90 82 81 40 www.opera-avignon.fr

41 PS O A LI SI O T N I Q S U E C U L T U R E L L E


Impasse Invaders #8 et #9

42 A U P R O G R A M M E

Tous les mois, l’équipe de la scène musicale du Grim décide d’envahir l’impasse Montévidéo en proposant de nouvelles expériences musicales. La nuit de la folk transcontinentale y sera organisée le 21 octobre. Les grands artistes folk du moment seront réunis, notamment le guitariste et chanteur américain Ramona Cordova accompagné par le violoncelliste Gaspard Claus et l’ukrainienne Marina Voznuk, derrière le clavier de son épinette (de la famille des clavecins). Il y aura aussi le jeune surdoué Daniel Bachman, Ryler Walker et le groupe Moondawn. Le 7 novembre, la musique expérimentale sera à l’honneur pour la soirée Concerts Ambient minimaliste. De formation classique, la violoniste française Agathe Max s’est reconvertie dans la musique improvisée et présentera son dernier album Dangerous Days. Les compositions électroacoustiques (guitare, violon, dulcimer à cordes frappées, violon, contrebasse, violoncelle et harpe) de l’artiste américain Duane Pitre viendront compléter cette soirée de découverte musicale.

Vent de jeunesse

Quatuor Zaïde © Irène Zandel

ANNE-LYSE RENAUT

Placé sous le signe de la jeunesse, le programme 2013/2014 de la Société de Musique de Chambre de Marseille s’appuie sur des artistes récemment primés à Bordeaux, Vienne, Pékin, Genève, New-York comme les quatre filles du Quatuor Zaïde (qui débutent la saison en octobre) ou, Canadiennes, celles du Cecilia String Quartet pour une étape dans leur tournée européenne, les cordes mixtes du Quatuor Hermès ou la belle pianiste russe Natasha Paremsky. En duos, on retrouve Lise Berthaud (alto) et Adam Laloum, Julian Steckel (violoncelle) et Paul Rivinius (piano), Nurit Stark (violon) et Cédric Pescia (piano), en trio enfin Liana Gourdjia (violon), Marc Coppey (violoncelle) et Peter Paul (piano). Traditionnellement, la SMCM accueille la Biennale Internationale de Quintette à Vent pour une belle affiche de Dixtuors.

Impasse Invaders les 21 oct et 7 nov Grim, Marseille 04 91 04 69 59 www.grim-marseille.com

M U S I Q U E

JACQUES FRESCHEL

SMCM, Marseille Devenir adhérent : Espace Culture 04 96 11 04 60 Société de Musique de Chambre de Marseille, 21 Bd Haguenau, 6 allée Ste Colombe 13012 Marseille - smcm@laposte.net www.musiquedechambremarseille.org Alberti Impasse Invaders © graphisme Agathe

Bock

Six concerts à l’abbaye

Impros un peu barjos

Durant quatre jours, And on the other hand (AOTOH), festival de musiques improvisées, vagabonde dans les quartiers Longchamp-Réformés et La Plaine-Lodi. Ateliers, théâtre, galerie, salle de concert, au total cinq lieux (La super nouvelle, Théâtre Les Argonautes, Andiamo, La Meson, La Ferronnerie, Data) pour accueillir des musiciens reconnus internationalement comme des talents émergents de la scène improvisée. Au programme : François Rossi et Marc Hernandez pour un ciné-concert plastique ; Thomas Barrière pour une installation pour ventilateurs, musicien et ombres ; le vibraphoniste Alex Grillo ; From Scratch par Guillaume Roy ; une soirée autour du batteur Damien Ravnich ; les fragments de voyages de Thérèse Bosc ; des performances musicales et dansées avec les spectacles Jiflure de Jean-François Plomb et Dialogue solite d’Emy Chauveau.

Le 47e Festival de musique à Saint-Victor accueille six concerts de haut-vol à l’automne 2013. Pour attirer davantage, l’équipe revoit ses tarifs à la baisse et offre même, en sus, une place de concert pour tout abonnement… On entendra le tubiste Thomas Leleu en sextet, la mezzo-soprano Marie-Ange Todorovitch, Olivier Vernet à l’orgue pour un hommage à MarieClaire Alain, l’ensemble baroque Cafe Zimmermann © X-D.R Café Zimmermann et la Maîtrise des Bouches-du-Rhône qui fêtera, en clôture de la manifestation, ses vingt années d’existence. Et ça débute avec l’Orchestre Symphonique de l’Opéra de Toulon dirigé par le flûtiste Philippe Bernold dans un programme où l’on entend le Concerto pour flûte en sol K.313 et la Symphonie n°38 «Prague» de Mozart (le 26 sept à 20h).

THOMAS DALICANTE

J.F.

AOTOH du 20 au 23 sept divers lieux, Marseille 04 91 50 11 61 http://lameson.com/festivals/and-on-the-other-hand/

Festival de Saint-Victor du 26 sept au 5 déc Marseille 04 91 05 84 48 www.chez.com/saintvictor


Balades de rentrée…

J’aime pas du tout…

… comment tu chantes, par le Lulu Berlue Duo, textes et voix Lucie Prod’homme, batterie Richard Arapian, mise en jeu Anne et Philippe Gastine.

Carmen…

Henri Tomasi

On ira voir Carmen, opéra sauvage adapté par la Compagnie Danse des signes et la mezzo Lise Arbiol (premier prix Handiculture 2012) et Municipale Balcanica : les Balkans revus à une sauce italienne jazz-rock. MARSEILLE. Le 28 sept à 18h et 20h. La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Henri Tomasi © X-D.R

Hormis la fin de parcours des 20 lieux sur la mer de Musicatreize (jusqu’au 26 sept, voir p. 16) on butinera, à l’automne, encore, de concerts en récitals, de ces côtés-ci de la région

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La bibliothèque l’Alcazar accueille trois journées d’un Colloque sur le compositeur Henri Tomasi avec un cycle de concerts, conférence et film.

MARSEILLE. Le 21 sept à 17h30. École Arpeggione 04 96 11 04 61

MARSEILLE. Du 25 au 27 sept. Alcazar Salle de conférence www.bmvr.marseille.fr

«Chant d’amour…

… et d’ivresse» avec le chanteur Abed Azrié : un parcours méditerranéen. MARSEILLE. Le 27 sept à 20h30. Espace Culture MuCEM 04 96 11 04 61 www.marseilleconcerts.com

Carmen © Marie hyvernaud.

La face cachée…

… de la lune : la musique de Pink Floyd ressuscitée par Thierry Balasse et ses complices. NÎMES. Les 30 sept et 1er oct à 20h. Théâtre 04 66 36 65 00 www.theatredenimes.com

The Tiger Lillies

Espèce de «cabaret brechtien à l’humour noir, entre Klaus Nomi et Tom Waits», c’est The Tiger Lillies. MARTIGUES. Le 11 oct à 20h30. Les Salins 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

Lulu Berlue Duo © X-D.R

PaNik à l’Opéra

Les amateurs d’opérette et d’opéra en français se rendent à la nouvelle création de la jeune Troupe Lyrique Méditerranéenne : PaNik à l’Opéra. Une histoire bâtie autour d’airs célèbres et des personnages de Carmen.

Abed Azrié © JB Millot

Opéra Molotov

Dernières dates à Marseille d’Opéra Molotov, toujours aussi «explosif», par le duo Heiting Soucasse

MARSEILLE. Le 21 sept à 20h et le 22 sept à 15h. Théâtre du Lacydon 06 60 36 99 09

Performances sonores élaborées par le compositeur américain Bill Dietz (Ensemble Zwischentöne) et la Berlinoise Janina Janke (Oper Dynamo West) avec les habitants de la Cité Radieuse. MARSEILLE. Les 21, 28 sept et les 5 et 12 oct, évènement final à 15h et 22h. Le Corbusier GMEM 04 96 20 60 10 www.gmem.org

Opera molotov © A. Corset

«Dérives sonores»

MARSEILLE. Du 27 sept au 5 oct à 20h30. Théâtre de Lenche 04 91 91 52 22 www.theatredelenche.info

The Tiger Lillies © Patrick Wamsganz

Festes d’Orphée

La rentrée baroque aixoise des Festes d’Orphée c’est de Grands motets des 18e au 20e siècles. AIX. Le 16 oct à 20h30. Chapelle des Oblats 04 42 99 37 11 www.orphee.org

Stabat Mater

Et le premier concert des «Classiques» du Festival de Toulon et sa Région : Stabat Mater de Dvorak chanté par Les Solistes de Lyon (dir. Bernard Tétu) avec Jean-Claude Pennetier au piano. TOULON. Le 18 oct à 20h30. Église St-Paul Office tourisme 04 94 18 53 07 www.festivalmusiquetoulon.com

P R O G R A M M E M U S I Q U E


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3 in Passacaglia, Yasuyuki Endo © Jean-Charles Verchère

Endo et Dubois

Le danseur et chorégraphe japonais Yasuyuki Endo revisite le langage classique et néoclassique en créant 3 in Passacaglia, un élégant trio sur pointes, rythmé par la Passacaglia de Halvorsen d’après Handel. Prouesses esthétiques et techniques sont programmées pour cette soirée complétée par Élégie, la dernière création d’Olivier Dubois dans le cadre d’Août en Danse (lire retour sur la manifestation p.14) s’inspirant du recueil de poèmes Les Élégies de Duino (1923) de l’écrivain tchèque, Rainer Maria Rilke. les 20 et 21 sept Pavillon Noir, Aix 04 42 93 48 14 www.preljocaj.org

Les Nuits Angelin Preljocaj présente à nouveau sa

création Les Nuits au GTP. Inspiré des Milles et Une nuits, le chorégraphe imagine, avec une technique implacable, un rêve tout droit venu de l’Orient où la sensualité est reine. Insistant sur la dimension érotique du texte, le jeu subtil d’ombres et de lumières révèlera aux spectateurs le combat mené par Shéhérazade, aussi surprenante qu’envoûtante. du 1er au 9 oct Grand Théâtre de Provence, Aix 04 42 91 69 69 www.lestheatres.net les 12 et 13 oct Théâtre Le Forum, Fréjus 04 94 95 55 55 www.aggloscenes.com

© Jean-Claude Carbonne

Drôle(s) d’Hip Hop Robyn Orlin L’univers vivifiant et décalé de la danseuse et Le collectif Drôle(s) d’Hip Hop organise la 9

e

chorégraphe sud-africaine Robyn Orlin débarque à Aix. «Refuser de figer les choses, mettre du mouvement et donc de la contradiction», une philosophie qu’elle applique pour ce spectacle mêlant fête, création, humour et provocation. Étonnante, elle l’est aussi pour ses titres à rallonge en intitulant cette création Beauty remained for just a moment then returned gently to her starting position… du 10 au 12 oct Pavillon Noir, Aix 04 42 93 48 14 www.preljocaj.org

biennale des arts urbains dans tout le Vaucluse. D’Avignon à Cavaillon en passant par Monteux, le festival propose à tous les publics de s’initier, découvrir ou apprendre comment la culture hip hop se développe dans le département. Les arts urbains possèdent diverses formes de diffusion comme la musique ou la danse, avec par exemple Anima, un conte initiatique alliant images numériques et hip hop. Au programme : des performances de graffiti, de human beatbox (percussions vocales), des conférences ou des documentaires comme La culture hip hop en Vaucluse présenté à la MJC d’Apt. du 15 au 24 oct Divers lieux, Vaucluse 04 90 86 11 62 www.artsvivants84.fr www.dhh84.com

Beauty..., Robyn Orlin © John Hogg

Robot ! La danseuse et chorégraphe andalouse Blanca

Li rêvait «d’explorer la relation complexe de l’homme à la machine». Un rêve devenu réalité grâce à ce spectacle original pour danseurs et robots. Sur la scène et dans l’orchestre, de drôles d’automates feront leur apparition comme ces machines musicales insolites inventées par le groupe d’artistes japonais Maywa Denki. le 8 oct Théâtre des Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr Anima © Renaud-Vezinv

Standards Liberté, Égalité, Fraternité. Comment vivre Cie Itinérrances Transmettre l’art de la danse quelque soit la en communauté sans subir «les effets de l’uniformisation» ? Le chorégraphe Pierre Rigal s’interroge sur l’identité nationale. Avec les huit danseurs hip hop de la compagnie Dernière minute, il utilise de manière ludique les couleurs du drapeau français et propose de multiples associations d’idées pour montrer que chaque individu peut trouver sa place hors des standards ! le 9 oct Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 00 www.theatredenimes.com

13 heures et.... Prenez un astrophysicien, deux danseurs et

partez en voyage avec eux autour de l’univers pour découvrir l’origine du monde. En mêlant art et science, Roland Bacon et la compagnie Hallet Eghayan proposent une conférence atypique où la danse s’intègre aux questions sur les problèmes de matérialisation des longues durées ou encore dans la définition d’une échelle du temps. Dès 15 ans. le 10 oct Auditorium Jean Moulin, Le Thor 04 90 33 96 80 www.artsvivants84.fr

génération… Christine Fricker a créé À pas contés, dans la forêt…, un spectacle fantastique rythmé par un court métrage dans lequel le jeune public est invité à suivre les aventures d’une jeune fille partagée entre son imaginaire et le monde réel, entre le film et la scène. Dans le cadre de la 8e édition du festival Question de Danse, la compagnie Itinérrances présente aussi One + One, un projet intergénérationnel associant danseurs professionnels et amateurs. La chorégraphe n’hésite pas à faire dialoguer des corps de niveaux et d’âges différents pour en retirer toutes les limites et les possibilités. À pas contés, dans la forêt… le 27 sept Bibliothèque municipale d’Allauch 04 91 10 49 30 www.allauch.com One + One le 10 oct KLAP, Marseille 04 96 11 11 20 www.kelemenis.fr 04 91 64 11 58 http://cie.itinerrances.free.fr



Le dernier jour... Jean Zay Deuxième volet d’un cycle commencé par Pénélope ô Pénélope écrit et mis en scène par Simon Abkarian en 1988, Le dernier jour du jeûne se situe 30 ans auparavant, même lieu, même famille, même verve d’écriture. Pourquoi Sophia se tait-elle depuis trois mois ? Les six femmes tissent une fresque familière, rythmée par les coups de gueule des hommes, les révoltes, et tissée sur la trame des tragédies antiques. Création 2013, cette tragi-comédie de quartier est portée avec passion par l’auteur et Ariane Ascaride.

A U P R O G R A M M E T H É Â T R E

consumériste ? Que signifie y échapper ? Véronique Caye interroge, pousse les limites de la représentation, s’inscrivant dans un «nonthéâtre». Sur une scène vide de corps, des enregistrements, des vidéos, des évocations des grands textes. Un point de départ, L’Impromptu de Versailles où Molière se voit confronté à une fronde de ses comédiens. Devant le refus de jouer des comédiens, le metteur en scène de Silenzio, enfermé dans la cabine du souffleur, convoque les spectres des grandes œuvres théâtrales, cinématographiques et plastiques qui s’attachent à la question de la représentation. Silenzio, dernier mot du Mépris de Godard, est-il un commencement ?

© X-D.R

Élaborée à partir de Souvenirs et Solitude de Jean Zay ainsi que de sa correspondance, la pièce est écrite à quatre mains par le journaliste Jean-Manuel Bertrand et le metteur en scène Raymond Vinciguerra. Elle retrace en une série de flash-back le parcours politique de l’ancien ministre de l’Éducation Nationale du Front Populaire, alors qu’il est incarcéré à Riom par le régime de Vichy. L’humanisme vrai de cet esprit brillant, dont la destinée a longtemps été oubliée, est bouleversant. Entre la fiction et le documentaire, une création portée par la cie Tetra Art.

Spectacle proposé par les ATP les 7 et 17 oct Pavillon Noir, Aix-en-Provence 0 811 020 11 www.preljocaj.org www.atpaix.com

le 17 oct Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 www.toursky.org le 19 nov Théâtre de la Colonne, Miramas 04 90 58 37 86 www.scenesetcines.fr

Lebensraum

Azimut Pyramides humaines, acrobaties en cercle,

Le dernier jour du jeûne, Simon Abkarian © X-D.R

Le songe d’une nuit...

Charles-Eric Petit et ses Individus reprennent pour un soir au Gymnase leur création autour des chassés croisés amoureux de Shakespeare. Un songe empreint de notre monde contemporain et d’une réflexion sur le théâtre et le couple, porté par de jeunes acteurs très doués, et une liberté de ton respectueuse pourtant des nuances du texte. À ne pas manquer, si vous l’avez raté au Gyptis, sur le site duquel vous trouverez les infos. Le songe d’une nuit d’été le 2 oct à 19h Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 www.theatregyptis.com

tradition des troupes acrobates du Maroc, se frottent à la composition contemporaine sous l’impulsion d’Aurélien Bory qui avec le Groupe acrobatique de Tanger propose en coproduction avec MP13 une nouvelle création, Azimut. Ce mot est ici pris en symbole de la réunion des rives de la Méditerranée : d’origine arabe, «As-simt» (direction) il devient passant par l’Espagne «Acimut» (terme d’astronomie) transcrit en français «azimut». Aurélien Bory risque le passage à l’argot avec «azimuté» pour souligner la folie joyeuse des acrobates qui s’envolent vers les étoiles dans leurs folles cabrioles. Du beau spectacle en perspective ! du 20 au 27 sept Grand Théâtre de Provence, Aix 08 2013 2013 www.lestheatres.ne Azimut © Agnès Mellon

Lebensraum © Stephan Van Hesteren

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Le dernier jour du jeûne du 24 au 28 sept Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 www.lestheatres.net le 12 oct Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 www.scenesetcines.fr le 15 oct Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 www.theatreendracenie.com les 18 et 19 oct Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com

Silenzio Le théâtre doit-il s’inscrire dans un monde

Ils sont deux compères et vivent dans un espace minuscule. Aussi, les objets deviennent «multi-fonction», la bibliothèque est en même temps un frigo, le lit un piano… Jakop Ahlbom s’inspire totalement de l’esthétique du cinéma muet, dans la lignée de Buster Keaton. Les gags s’enchaînent. Le groupe rock indépendant d’Amsterdam, Alamo Race Track, intervient directement sur scène. le 15 oct Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr



Lambda si quelqu’un Yerma Comme pour la mise en place d’une équation

Ubu Roi Qu’un metteur en scène anglais reprenne la

un peu compliquée, la compagnie Moebius prend cinq personnes «lambda» avec comme seule caractéristique de base, avoir trente ans. À partir des destins de ces cinq personnages, c’est une vision de la société actuelle qui se met en place. Journaux intimes, témoignages se mêlent à l’actualité. Réalité et fiction se rejoignent, reste sans doute le rêve…

pièce iconoclaste d’Alfred Jarry est un juste retour. Ubu en réécriture de Macbeth ne pouvait que réjouir le spécialiste de Shakespeare qu’est Declan Donnellan. Il joue sur le contraste entre deux mondes, l’un très BCBG et conventionnel, l’autre complètement anarchique. La fable parodique du pouvoir garde tout son sel et paraît diablement contemporaine !

du 9 au 11 oct Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 www.theatredenimes.com

les 21 et 22 sept Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 www.carreleongaumont.com

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© X-D.R

© Pepleg Photographie

Un fil à la patte La pièce de Feydeau nous entraîne dans des

chassez-croisés invraisemblables et drôles. Les conventions sociales sont passées à la moulinette, le jeu des apparences démonté avec brio et, dans cette folie qui va crescendo, on n’est pas loin du théâtre de l’absurde. Douze comédiens et trois musiciens, sous la houlette du metteur en scène Jean-Claude Fall, se glissent avec jubilation dans ce mouvement fantasque plus profond qu’il n’en a l’air !

Yerma porte le nom d’une terre dépeuplée. La jeune paysanne, mariée à Jean depuis deux ans, est confinée à la maison, en proie à l’ennui. Le fait que le jeune couple soit stérile le mine. La pièce de théâtre de Federico Garcia Lorca a la construction d’une tragédie. Les personnages cherchent à échapper à ce qu’ils considèrent comme une fatalité, en vain. Daniel San Pedro met en scène cette bouleversante histoire. le 4 oct Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 www.chateauvallon.com © X-D.R

Dreck

© Théâtre Liberté

King Lear, fragments Après le Off d’Avignon, les facétieux Jérôme Kocaoglu et Frédéric Fialon reprennent leur adaptation performative et la horde de personnages du Roi Lear, hors les murs (les 20 et 21 sept à Château de Mouans-Sartoux, les 27 et 28 à la Roquette/Siagne). Une version à ciel ouvert adaptée à l’ingéniosité théâtre du collectif niçois Mains d’œuvre, qui surprend le cœur de la tragédie shakespearienne dans un aller-retour entre fiction et réalité. Dès 8 ans.

le 4 oct Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphore-portdebouc.com © Marc-Ginot

les 20, 21, 27 et 28 sept Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 www.theatredegrasse.com

Il s’appelle Sad et vend des roses. Il est irakien, clandestin, a traversé des continents avant d’arriver en Allemagne. Par la plume du dramaturge Robert Schneider, il se raconte, souvenirs, mensonges, reniements… personnalité insaisissable, comme égarée dans les multiples identités qu’il a fallu endosser (voir p. 35). Charles Berling met en scène ce texte fort avec l’acteur Alain Fromager dans le rôle de Sad. Le titre n’est pas anodin, Dreck signifie ordure. du 3 au 17 oct Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 www.theatre-liberte.fr

© Jean-Michel Goujon



Métamorphoses

A U P R O G R A M M E C I R Q U E R U E

du printemps ferroviaire et concret, et les propositions musicales, circassiennes, performatives contemporaines métamorphoseront la ville… Abstraction géométrique Opus 1, Olivier Grossetête (Aubagne, 2011) © Vincent Lucas

Jusqu’à l’acte 3, final : la construction par Olivier Grossetête et tous ses volontaires d’une cité de carton éphémère (voir Zib’64). La Place Bargemon sera hérissée de construction de carton de 20 m de haut, animée en continu de Dazibaos, de speakers corners, de performances musicales inspirées par Artaud, de nuées vocales, de soupes partagées. Une occupation ? Expo et forum à La Criée complèteront le programme, qui réfléchit (à) ses propres modèles. A.F.

du 20 sept au 6 oct 04 91 03 81 28 www.lieuxpublics.fr

Obludarium Semianyki The Family Bêtes de foire Le titre signifie «Monstre». Mêlant poésie et Le circassien Laurent Cabrol et la costufolie, les frères Forman revisitent l’idée des monstres de foire avec beaucoup d’humour et de fantaisie. Gnomes, haltérophiles ou encore femmes à barbe, les deux marionnettistes réinventent un monde déjanté où la monstruosité peut effrayer, émerveiller mais aussi faire rêver. Dès 8 ans. du 25 sept au 4 oct Bois de l’Aune, Aix 04 42 93 85 40 www.agglo-paysdaix.fr

© X-D.R

© X-D.R.

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Si MP 2013 a gagné ses galons dans la rue, l’art n’a pas toujours été aux rendez-vous. Le deuxième temps fort d’art de la rue de la capitale culturelle (après la Folle histoire) devrait combler les attentes ! Lieux Publics sait y faire pour travailler avec les acteurs du territoire et faire dans la rue des propositions artistiques, c’est-à-dire qui interrogent… Le programme se décline en 3 actes en commençant par le grand déambulatoire de KompleXKapharnaüM (20 et 21 sept), en réunissant 20 cies autour d’une très très longue table pour un Grand bavardage (22 sept) ; puis les escaliers de Saint-Charles seront (bien) descendus par chorégraphes et volontaires (inscrits !), Pierre Sauvageot créera un Sacre

Ces clowns sont capables de faire rire sans un mot. Issus de la première école de Mime du célèbre Théâtre Licedei de Saint-Pétersbourg, ces artistes ont une maîtrise parfaite de la gestuelle. Entre une mère enceinte, un père alcoolique et quatre enfants terribles, les comédiens russes interprètent avec beaucoup d’imagination les situations drôles, touchantes et parfois cruelles de cette famille au bord de l’explosion.

mière-comédienne Elsa De Witte imaginent un cirque à la croisée du théâtre et de la danse. Un univers lyrique et comique où les marionnettes ont aussi leur place. Les deux artistes ont le don de créer à partir de l’absurde des moments émouvants et étonnamment drôles. Cette atmosphère décalée fait naître d’amusants personnages comme ce magicien maladroit qui entame un ballet effréné de chapeaux. du 13 au 19 oct Théâtre la Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu

le 28 sept Espace NoVa, Velaux 04 42 87 75 00 www.espacenova-velaux.com

Les frères Grumaux © Lolsa

NightClubs ! La compagnie Gandini Juggling a trouvé une © Carnage

C’est dans la rue que les frères Grumaux ouvriront la saison du forum de Berre. Ces cascadeurs de l’extrême débarquent tel un tourbillon d’émotions. Avec un équipement de taille, Jérôme Jolicart et Fabrice Poulain n’hésitent à faire vibrer le public en tentant le saut de la mort en moto ou encore un lancé périlleux de tronçonneuse. Un duo bien rodé dont on apprécie l’humour… décapant ! du 13 au 19 oct Forum de Berre 04 42 10 23 60 www.forumdeberre.com

manière insolite de mélanger jonglage et haute technologie grâce à la mise en scène moderne de Kati Ylä-Hokkala et Sean Gandini qui permet de combiner l’art de la jongle avec d’importants jeux de sons et lumières. Petits et grands pourront ainsi admirer les tableaux proposés par l’animation des balles et anneaux fluorescents au rythme des musiques classiques et électroniques. le 5 oct La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 59 84 59 www.var.fr



Guerre(s) des sexes ?

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L’exposition Au Bazar du genre du MuCEM ne traite pas seulement de l’éternelle dévolution aux femmes des tâches domestiques, mais également de ce que signifie être un homme ou une femme dans les différentes sociétés en Méditerranée. Si le sexe distingue biologiquement les hommes des femmes, par opposition la notion de genre montre que cette différenciation se fait aussi par des constructions culturelles, sociales et politiques. L’exposition s’attache également aux droits des gays, lesbiennes, encore largement niés en Méditerranée, ou encore la condition féminine parfois terrible dans les pays du sud. Au fil des détours entre les objets, le visiteur est plongé dans ce qu’on peut appeler l’histoire du genre et des luttes féministes (droit au travail, à la contraception, droit de vote…) mais l’actualité montre aussi que des inégalités criantes persistent. L’exposition est émouvante mais également très drôle par endroits, notamment dans la satire de la vente de jouets sexistes, ou la persistance de certains rites religieux de virginité mariale.

Le catalogue de l’exposition s’avère un complément indispensable : on s’y penche en détail sur l’histoire des «genres», mais également sur les sociétés méditerranéennes actuelles, notamment les nombreuses manifestations des femmes égyptiennes demandant l’abolition de la polygamie, ou la difficulté d’être amoureux dans des sociétés contrôlées par l’esprit religieux. Différents mythes antiques et bibliques s’attachent à La figure de l’homme enceint, qui réalise le fantasme suprême, et venge l’homme de ne pouvoir enfanter (Eve engendrée par une côte d’Adam, Athéna sortie de la tête de Zeus, après que celui-ci a avalé Métis encore enceinte de lui…). La fiction vient aussi au secours du réel, avec la mise en scène du transgenre dans les films de Pedro Almodovar, les figures du coup de foudre au cinéma et à la télévision... Le catalogue, très renseigné et agréable, se feuillette comme on visite le Bazar, et se lit comme un roman passionnant. ALICE LAY

Au bazar du genre. Féminin/masculin en Méditerranée Sous la direction de Denis Chevallier, Michel Bozon, Michelle Perrot, Florence Rochefort Textuel, 39 euros Exposition Au bazar du genre jusqu’au 6 janvier www.mucem.org

Au nom du peuple

La notion de populisme est délicate à manier. Raphaël Liogier tente de la circonscrire, même si justement il estime que «le peuple du populiste n’a aucune caractéristique précise pour pouvoir revêtir n’importe lesquelles suivant le besoin». D’après le sociologue (Directeur de l’Observatoire du religieux à l’IEP d’Aix-en-Provence), le populisme investit principalement le registre émotionnel, et se base sur le sentiment d’être «culturellement cerné, sentiment qui peut se fixer et se détacher très rapidement de n’importe quel objet». D’où une mouvance qui n’appartiendrait ni à la gauche ni à la droite, et permettrait même de réconcilier des tendances apparemment inconciliables (il cite l’alliance récente de membres de la «Manif pour tous» avec «l’ennemi» musulman, contre le mariage homosexuel). En écho aux travaux de Zygmunt Bauman selon lequel nous sommes entrés dans une «société liquide», fluctuante, instable, il décrit un populisme contemporain prêt à «dissoudre toutes les constitutions qui protègent

les libertés fondamentales». Raphaël Liogier se dit en conséquence favorable à un «État fort, mais qui reste un État de droit», et soutient la proposition de Samia Ghali de faire appel à l’armée pour lutter contre le trafic de drogue dans certains secteurs de Marseille… On referme ce court ouvrage sans avoir été convaincu par toutes les positions de son auteur, en regrettant surtout qu’il ne remonte pas plus loin dans le temps que les années 30 et l’accession au pouvoir d’Hitler. Une approche historique élargie lui aurait sans doute donné une vision plus nuancée d’un terme que d’autres chercheurs comme Christopher Lasch font remonter au XIXe, à une époque où un mouvement issu de classes populaires américaines visait à abolir le salariat. Cet échange avec Régis Meyran reste cependant une lecture intéressante, invitant à de plus amples réflexions sur ce sujet complexe.

Ce populisme qui vient Raphaël Liogier Textuel, 15 euros

GAËLLE CLOAREC

Parcours historique En parcourant Marseille, si vous regardez le sol, il y a des inscriptions qui ne sont ni des graffitis, ni d’indéfinissables traces, mais de petits textes débutant tous par ICI-MÊME. Chacun rappelle sobrement ce qui s’est passé là de juin 40 à la libération de la Provence en août 1944. 51 lieux sont ainsi déterminés, dans le centre-ville jusqu’au Frioul. Devoir de mémoire, certes, mais précise l’historien Robert Mencherini dans l’introduction au livre indispensable à cette déambulation particulière «il ne saurait remplacer le devoir d’histoire». L’ouvrage Ici-même, Marseille 1940-1944, complétant l’exposition des Archives de Marseille, apporte l’éclairage historique nécessaire sur cette période. Plusieurs entrées sont possibles dans ce remarquable travail :

papillonner à partir des lieux précités, indiqués sur la carte de la ville, et dont les numéros renvoient à des pages qui les englobent dans une explication ; soit se lancer dans la lecture complète et passionnante qui sait se mettre à la portée de tous, avec précision, s’appuyant toujours sur des documents. Le quotidien renaît, certains passages oubliés sont précisés, la libération de Notre-Dame de la Garde par les tirailleurs algériens ou la forme d’autogestion ouvrière des lendemains de la guerre… Marseille, capitale de la Résistance, de la culture aussi, avec la foule d’intellectuels qui s’y réfugièrent, sans oublier ses zones d’ombre. À lire et à réfléchir absolument ! MARYVONNE COLOMBANI

Ici-même, Marseille 1940-1944 Robert Mencherini Jeanne Laffitte, 19 euros



Le monde merveilleux de Marie Ducaté

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Présenté en avant-première aux Baux-de-Provence à l’occasion des «Publications d’artistes», le dernier opus des éditions arlésiennes La Fabrique sensible n’en finit pas de nous émerveiller. Et pour cause, Merveilles est entièrement consacré à l’artiste marseillaise Marie Ducaté qui a plus d’une aquarelle dans sa besace ! Merveilles est un conte imagé sans paroles, ni début ni fin, sans notes, sans textes critiques ou poétiques, sans biographie ni bibliographie, seulement rempli d’aquarelles éparses et de blancs éloquents. Avec une attention toute particulière à la «narration» que l’on imagine au fil des pages. On y retrouve avec un égal bonheur et un sentiment de fugacité l’essentiel de son abécédaire formel, son sens inné de la couleur, sa manière singulière d’enchevêtrer ou

juxtaposer les formes elliptiques ou rondes, de raconter des histoires simples, d’inventer un bestiaire fabuleux. Le monde de Marie Ducaté est ainsi fait que ses héros ont l’allure d’un gentil lapin, d’une lune rousse, d’un cygne à la queue de sirène, de fleurs écloses... Mais rien n’est jamais mièvre ! Seulement l’artiste a l’art de regarder la terre et le ciel avec un pinceau trempé dans l’encre du bonheur. Enfin… c’est le parti pris du livre qui nous invite à le croire, opérant une belle entrée en matière dans une œuvre tentaculaire où les céramiques, tissus, toiles, sculptures, métal et verre déroulent les fils d’histoires sans cesse réinventées.

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Merveilles Marie Ducaté La Fabrique sensible, 35 euros

Réaffection de La Friche Vingt ans déjà que La Friche La Belle de Mai existe... Dans un petit ouvrage (15x20cm), organisé en chapitres thématiques clairs, accompagné d’un glossaire utile, d’illustrations pleine page et d’une chronologie complète, l’architecte Francesco Della Casa détaille l’évolution de cette friche industrielle devenue lieu de création culturelle mais aussi, contre toute attente, de production de la ville et de l’espace public. Après un rappel du contexte urbain et de l’histoire de Marseille, de l’évolution du territoire de la friche entre industrie du tabac (SEITA) et développement portuaire et ferroviaire de la ville, une histoire se dessine. Un nouveau quartier se construit dans ses murs, s’appuyant sur des programmations culturelles, animé par des producteurs, investi par des artistes : la friche industrielle à l’abandon se transforme en espaces de création alternatifs. Par l’occupation négociée des lieux, l’élaboration interne d’un Schéma Directeur d’Aménagement, la prise en charge de

fonctions récréatives et sociales, ce lieu culturel associatif s’est ouvert au quartier et à la ville, et l’espace de circulation des bâtiments industriels s’est transformé en espace public. C’est ici d’une «réaffection» de l’espace qu’il s’agit, non d’une simple réhabilitation. «Construire avec peu» est le leitmotiv qui irrigue l’imagination des architectes, «la nécessité étant la condition la plus sûre de l’esthétique». L’auteur raconte aussi la volonté d’un élu et poète, celle de ses successeurs, d’y développer un morceau de ville. Il rappelle le difficile montage d’une structure gestionnaire permettant de pérenniser La Friche. Une friche urbaine «réaffectée» comme une référence par son enracinement dans le quartier, son fonctionnement. Il montre ainsi qu’une nouvelle gestion municipale est possible, plus performante, mieux adaptée aux besoins locaux. Un exemple à réinterpréter ailleurs.

La Friche La Belle de Mai Projet culturelProjet urbain/ Marseille Francesco Della Casa Actes Sud, L’impensé, 19 euros

FLORENCE ROBERT

Gothique flamboyant Même la lune est rouge dans les cauchemars de Laura la rousse et la maison qui la hante est ou a été -tant le présent n’est qu’un éclat du grand miroir brisé du temps- la proie de flammes mystérieuses. La jeune femme, agent immobilier dans les beaux quartiers parisiens, flotte dans l’entre-deux verlainien du «rêve étrange et pénétrant» malgré une liaison amoureuse avec le Patron qui la fixe parfois pas trop désagréablement au parquet des appartements vides. Mais les échardes dans le dos ne sont que douces piqûres de rappel d’un réel en permanence angoissant pour l’héroïne-narratrice en proie au doute radical (cet enfant disparu, happé par la dernière chambre de l’appartement en enfilade, ces femmes aux cheveux de feu, ces reflets sanglants : hallucinations ? prémonitions ? ou plus terriblement premiers signes de la maladie héréditaire qui dévaste la famille ?). Voilà donc un roman qui ose en toute candeur mêler le

fantastique le plus (dé)codé au récit passionnant d’une double tragédie familiale qui, entre Pays de Galles et lande bretonne, se (dé)construit un peu comme chez Hitchcock à petits coups de réminiscences en lambeaux. Porté par de petits airs qu’il semble se fredonner à lui-même, le récit d’Hélène Frappat avance en zigzag d’un écho à l’autre, de Tennyson et sa Lady of Shalott à Van Morisson. Le lecteur a beau se débattre (trop pensé, trop ficelé, trop corseté, trop de passages à vide en italiques) Lady Hunt l’avale et le recrache tout lessivé par une traversée de couleurs et de sensations venues tout droit de chez les préraphaélites ! Une invitation à se laisser ensorceler par la maison de ses rêves … MARIE JO DHÔ

Hélène Frappat sera présente aux Correspondances de Manosque, du 25 au 29 sept

Lady Hunt Hélène Frappat Actes Sud, 20 euros


Néant et boule à facettes

Non, ils ne pourront pas dire que c’est ce qu’ils ont eu de meilleur ces trois-là mais demain reste à venir -à Berlin ou ailleurs. Tobias, Armand, Franz -enfance pas loin ; parcours plus ou moins chaotiques marqués par la déception, la solitude ou les vains emballements du corps et du cœur- se croisent à mi-récit pour tramer le troublant roman d’Oscar Coop-Phane dont il est convenu de souligner l’âge tendre (25 ans) et les airs de dandy ludique pas cynique. Empoigner des bites, prendre et se faire prendre, s’en mettre ras la narine et plein les veines, voilà ce qui constitue le quotidien de nos héros dans cette ville «situationniste» dont plus d’un mur est tombé et pourtant, grâce en soit rendue à l’écrivain, pas de trash pour rien dans cette éducation sentimentale que Flaubert ne renierait pas… Le Berghain-Panoramabar vaut sans doute les fêtes chez Rosanette et les illusions s’y défont tout aussi tranquillement au gré des jouissances immédiates. Dire légèrement la mélancolie, la vanité de la quête incessante de bonheur («vivre plus fort») et l’air du temps sans grincement houellebecquien suppose une réelle élégance d’écriture : l’auteur dessine à tâtons par phrases courtes et petites touches, l’air d’à peine y toucher, les rituels de la défonce «ils ne créent pas mais qu’importe ils vivent» et sa tendresse manifeste pour les personnages «Tobias voulait du charme…» est doucement contagieuse. Parfois bancal (le carnet d’Armand/Oscar devient envahissant et les chapitres numérotés saccadent un peu trop la lecture) et toujours touchant, ce roman trouve sa «manière» de chansonnette sans fin pour vies plombées. MARIE JO DHÔ

Demain Berlin Oscar Coop-Phane Finitude, 16 euros


Tombe la neige...

56 l i v r e s

Un journal intime, du 3 décembre au 20 janvier. La narratrice, Carole, est revenue dans sa montagne natale autour de la Vanoise pour y attendre son père. Celui-ci a annoncé sa visite par l’envoi traditionnel d’une boule de verre avec neige synthétique et sujet. Ainsi Carole retrouve son frère Philippe, l’aîné, et sa jeune soeur Gaby. Depuis la mort de leur mère, ils ne se sont pas revus, les liens s’étant distendus en même temps que leur vie d’adulte s’affirmait. Au Val-des-Seuls, la vie est rythmée par les apéros au bistro, les coupes de bois, les discussions sur l’opportunité d’installer une piste de ski... Carole renoue peu à peu un dialogue parfois difficile avec les gens et les lieux de son enfance. Des souvenirs enfouis surgissent comme des flashs douloureux, tel l’incendie qui a ravagé leur maison conduisant leur famille à la ruine.

L’attente se prolonge. Carole se rend utile dans le chenil de la Baronne qui recueille les animaux abandonnés, renoue avec son ami Jean, s’intéresse à La Môme, adolescente recueillie par Gaby et autour de laquelle flotte un mystère. Il se passe peu de choses au cours de ces pages ; pourtant on les lit avec avidité, le souffle court, tant on y sent vibrer l’importance des non-dits, la sensibilité du quotidien, le dénuement des gens simples. L’écriture de Claudie Gallay est ciselée et même hâchée parfois, organisée en petits paragraphes très courts qui vont à l’essentiel de la sensation. L’auteure a confié que ses personnages lui manquent quand un livre est fini ; ils vont nous manquer aussi.

Une part de ciel Claudie Gallay Actes Sud, 22 euros

CHRIS BOURGUE

Un récit de virtuose Confession, histoire d’amour, saga historique, souvenirs d’enfance... ? Le livre de Jaume Cabré est une histoire à tiroirs aux récits multiples couvrant cinq siècles d’histoire intime et sociale, mêlant personnages romanesques et réels. Le narrateur, Adrià Ardèvol, né pendant la guerre à Barcelone, vit une enfance solitaire dans l’Espagne souffrante du franquisme. Sur la fin de sa vie, menacé par la maladie d’Alzheimer, il entreprend l’écriture de sa biographie pour Sara, son épouse aimée disparue trop tôt. Cependant quelques autres narrateurs s’immiscent insidieusement dans le texte, comme son ami violoniste. Au fil d’épisodes souvent pleins d’humour, de ses apprentissages dont l’araméen et le violon, de ses rencontres, surgissent des événements marquants de l’Inquisition, du franquisme, du nazisme, et

leur sinistre cortège de traîtres et de calculateurs. Le récit court d’une époque à l’autre sans prévenir, sans chronologie, les histoires se superposent en palimpsestes subtils, et Jaume Cabré joue avec son lecteur comme Adrià avec sa mémoire, se livrant à un dédoublement... Ainsi dans une même phrase la narration passe-t-elle souvent du «il» au «je». Le fil conducteur de ce récit dense et foisonnant est fourni par trois objets qui passent de main en main : un violon de Storioni, une médaille de la Vierge et un vieux chiffon. Ces objets, chargés du Mal dont toute sa vie Adrià a cherché à écrire et enseigner l’histoire, ancrent le texte dans le quotidien. L’Histoire ne nous en saisit que davantage.

Confiteor Jaume Cabré, traduit du catalan par Edmond Raillard Actes Sud, 26 euros

C.B.

Les fantômes du passé Niçoise installée à Bruxelles, l’écrivaine et scénariste Catherine Locandro incruste dans son cinquième roman L’Enfant de Calabre de nombreux éléments issus de son propre vécu. Ou qui lui ressemblent étrangement... Une jeune romancière prénommée Frédérique enquête sur le passé troublant de son père Vittorio, ancien combattant d’Indochine, retrouve sa trace à Nice, transporte son lecteur de Diên Biên Phu à Bruxelles : premières coïncidences ! Longuement elle s’interroge sur les raisons de ses pannes d’inspiration à répétition et son incapacité à être autre chose que le «nègre» d’un écrivain à la mode… Curieux télescopages qui font que le lecteur, à son tour, se demande si l’écrivaine -la vraie- n’est pas, elle aussi, en panne d’inspiration ? Car le livre mêle les genres du policier via une vague enquête pépère, du roman introspectif sur la vérité familiale et du roman historique sans la force d’aucun des

trois. Architecturé autour de trois structures narratives qui font se croiser le Père, la Mère, l’amante et la Vérité, sans oublier la narratrice dubitative sur les raisons de son propre exil, ses échecs amoureux, ses relations conflictuelles avec son Frère et son Éditeur, le tout est platement ennuyeux. Seules les premières pages de L’Enfant de Calabre peuvent soutirer quelques larmes, à défaut d’un semblant d’intérêt, qui débute par le convoi funèbre d’une femme de 39 ans à la vie anonyme comme la fosse commune qui attend sa dépouille. Nous sommes le 7 août 1937 à Cittanova, dans la Calabre du Sud. On se dit que l’ombre de Laurent Gaudé aurait pu surgir à tout moment annonciatrice d’un merveilleux roman à venir. On se retrouve dans la violente moiteur de Diên Biên Phu sans rien avoir éprouvé d’autre qu’un long bâillement. M.G.-G.

Livre présélectionné pour le Prix des lecteurs du Var 2013 L’Enfant de Calabre Catherine Locandro Héloïse d’Ormesson, 18 euros


Une révélation : Léonor de Récondo

Présélectionné pour le Prix des lecteurs du Var de la Fête du Livre de Toulon, Rêves oubliés est une découverte. Parce que c’est le deuxième roman d’une «jeune» auteure, Léonor de Récondo, qui plus est violoniste et fondatrice de l’ensemble de musique baroque L’Yriade. Et la (bonne) surprise est à la hauteur de notre curiosité ! Rêves oubliés se situe dans un temps où la haine s’aiguise : 1936, et un pays tombé entre les mains des franquistes : l’Espagne. C’est un hymne d’amour à la patrie martelé par une phrase qui résonne comme un leitmotiv : «Être ensemble, c’est tout ce qui compte». Le roman tout entier est une réponse à la question «Pourquoi les idées sont-elles dangereuses ?» au point qu’elles conduisent à la guerre, à la séparation, à «la vie bousculée à jamais». La vie d’Ama (qui écrit la nuit en secret sur son petit carnet vierge), d’Aïta, de leurs trois enfants, grands-parents et oncles, basculera une deuxième fois en 1939, quand l’Espagne s’éloigne plus loin encore et qu’une nouvelle guerre commence. Chacun portera en lui une part de culpabilité de cet exil forcé, même les enfants obligés d’abandonner leurs rêves. Comme l’aîné, Otzan, dont les mains blanches rêvaient de piano… Ces vies supportées à défaut d’être vécues sont relatées dans un style concis et une extrême sobriété qui siéent à ce roman, et également à son dernier-né Pietra viva. Même écriture épurée mais pas sèche, même précision horlogère dans le choix du mot juste qui fait que le récit, là encore, saisit l’essentiel : de courts chapitres dessinent le portrait de Michelangelo Buanarroti lors de son séjour à Carrare, creusant sa personnalité contradictoire jusque dans ses incertitudes et ses souffrances. Fouillant sa quête qu’il croyait apaisante pour son âme, mais qui sera parsemée de renoncements, d’interrogations et de rencontres inattendues… Du grand art, lumineux, tout en finesse. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Rêves oubliés Pietra viva Léonor de Récondo Sabine Wespieser, 17 et 20 euros


Solange à Hollywood

58 l i v r e s

Où l’on retrouve l’héroïne de Clèves bien loin de son pays basque natal… loin de son adolescence rebelle et quelque peu trash. Vingt ans après, Solange vit sur les hauteurs de Bel Air. Actrice reconnue, elle fréquente George (Clooney), Steven (Soderbergh) et les autres. Le nouveau roman de Marie Darrieussecq n’a pourtant rien d’une chronique de l’univers «luxe, coke et mondanités» des artisans de l’usine à rêves. Il faut beaucoup aimer les hommes… Ce titre superbe, emprunté à Marguerite Duras, est tout un programme. Car ce roman, aussi superbe que son titre, c’est d’abord l’histoire d’un amour, racontée a posteriori selon le point de vue de Solange. Autopsie d’une passion en cinq parties comme les actes d’une tragédie annoncée, avec un début électrique, puis l’attente «comme une maladie chronique», puis insensiblement la fin. L’homme dont elle est éprise (au sens

le plus fort, et que la langue de Darrieussecq sait rendre avec une acuité remarquable), cet homme a une grande idée, bien plus forte que la tendresse d’une femme. Kouhouesso Nokwam, citoyen canadien d’origine camerounaise, a décidé d’abandonner ses seconds rôles de flic ou de dealer et de réaliser LA version cinématographique d’Au cœur des ténèbres de Conrad. En Afrique. Solange au Congo… Il y a des pages inoubliables sur la moiteur, la forêt, les aléas d’un tournage en Afrique. Ce roman, qui commence par un «Générique», se clôt sur «The end» et propose même un «Bonus», devient donc aussi l’histoire d’un film. Et l’histoire de l’impossible communion. Malgré l’amour.

Il faut beaucoup aimer les hommes Marie Darrieussecq POL, 18 euros

FRED ROBERT

Marie Darrieussecq sera présente aux Correspondances de Manosque du 25 au 29 septembre

Ce que je sais de Maria Cristina Après Vera Candida, voici Maria Cristina et une nouvelle «trajectoire fortuite» imaginée par Véronique Ovaldé. À nouveau l’histoire d’une vie de femme, écrivaine à succès cette fois, la trentaine, résidant à Santa Monica, ce que le joli titre La grâce des brigands ne laissait guère deviner (le sens n’en sera dévoilé que dans les toutes dernières lignes du roman) mais on connaît la malice d’Ovaldé et son art de piéger le lecteur. Cette existence est relatée par une voix dont on ne saura rien, si ce n’est qu’elle a rencontré la jeune femme sur le tard et qu’elle se permet un certain nombre de remarques décalées, de digressions et de distorsions de la chronologie. Le récit progresse ainsi chez Ovaldé, à coups de retours en arrière, d’arrêts sur images, d’instantanés, de bribes dont on saisit en fin de compte (de conte ?) l’intrication.

Maria Cristina donc, ou l’histoire d’une fuite et d’une libération. «Il y a toujours ce moment parfait où vous détachez les cordes qui étaient nouées à vos poignets, les cordes y laissent longtemps leurs marques et leurs brûlures et elles y laisseront longtemps leur marque et leur brûlure mais quel plaisir de pouvoir regarder vos poignets, de le faire plusieurs fois par jour et de n’y voir que la trace du cordage et pas le cordage lui-même», pense l’héroïne (commente la voix ?). Et puis il y a aussi ces personnages masculins improbables : le vieil écrivain Claramunt, son chauffeur surnommé Judy Garland (mais dont le nom véritable est Oz Mithzaverzbki !), le jeune Peeleete… Un univers à la fois contemporain et intemporel. Envoûtant. F.R

La grâce des brigands Véronique Ovaldé L’Olivier, 19,50 euros

Véronique Ovaldé sera à Manosque durant Les Correspondances.


Celle qui n’aimait pas Emma… À 12 ans et même à 15, Agnès Desarthe n’avait pas lu Proust (qui l’eût cru ?), de Flaubert ne prisait qu’Un Cœur Simple qui l’avait émue à son insu, bien malgré elle d’ailleurs et elle ne pouvait imaginer que Madame Bovary enrichirait la troupe des «Mmes B.» qui ont fait son bonheur ! C’est dire à quel point le «je n’aime pas lire» qui constitue le paradoxe fertile de ce récit à la première personne peut à première vue agacer et faire soupçonner un brin d’imposture chez l’auteure, entrée à Normale Sup quasiment vierge, affirme-t-elle, de littérature française… Mais non, mais non rassurons-nous point trop de coquetterie ici : construit comme un thriller palpitant (qui aura réussi à pénétrer par effraction l’imaginaire de cette jeune fille rétive et pourquoi ?) agrémenté d’un humour franc du collier, ce manuel de savoir lire se détourne de la leçon à donner pour caracoler gentiment sur les chemins tortueux de l’analyse de symptôme. Peu à peu, le refus d’être nourrie par les lettres françaises de cette fine «anolexique» prend le sens que l’écriture lui donne au fil des dévoilements biographiques où l’on apprend que l’exil sournois se tapit sous la langue et qu’être l’une des quatre filles de l’école de garçons constitue un traumatisme durable. N’oublions pas que Louis XI enfermait ses ennemis dans des «fillettes»… mot peut-être intraduisible en

anglais (?). La liberté sera donc offerte au-delà de la lecture et de l’écriture de fiction par l’exercice de la traduction que pratique activement Agnès Desarthe. Joli miroir tendu aux lecteurs qui s’adonnent sans réflexion à ce vice toujours impuni. Comment j’ai appris à lire rappelle que le désir peut se développer dangereusement «en cachette de soi-même» ! MARIE JO DHÔ

Comment j’ai appris à lire Agnès Desarthe Stock, 17 euros

Des lieux, des histoires Plutôt que comme un écrivain voyageur (il n’aime pas la littérature de voyage pure), Jean Rolin aime à se définir comme un «écrivain qui voyage». Et, de lieu en lieu, de récit en récit, il fait voyager ses lecteurs au cœur de fictions improbables, à la poursuite de personnages aux contours flous, mystérieux. C’est le cas de Wax, le «héros» quasi absent de son dernier opus Ormuz, dont le nom -«cire» en anglais- évoque bien le caractère incernable, modelable à l’infini. Fragile aussi. Car cet homme plus tout jeune a décidé de franchir le détroit d’Ormuz à la nage. Et il a chargé le narrateur d’effectuer les repérages nécessaires à la réalisation de cet exploit (de cette folie ?), puis de le relater. En résulte un roman palpitant (en dépit de la minceur apparente du propos), où le fantomatique Wax cède vite la place au personnage principal de l’histoire, le détroit. Ormuz. Un théâtre géostratégique extraordinaire, par lequel transite près du tiers des hydrocarbures qui alimentent le monde et que Rolin connaît bien pour l’avoir passé plusieurs fois lors de reportages. Un lieu de passage et de tensions surtout depuis la guerre Iran/Irak. Un espace étrange, propice à l’élaboration de tous les mythes. Que nulle carte n’accompagne mais que la magie de la langue suscite. Riche en incises, en parenthèses, en comparaisons inattendues (souvent cocasses), la phrase de

Rolin se développe comme à l’aventure. Et propose un voyage subtil dans les noms, de lieux, d’oiseaux, d’espèces en voie de disparition. Un état du lieu avant… ? FRED ROBERT

Jean Rolin sera présent aux Littorales en octobre. Pour parler, entre autres, de son expérience de marcheur sur le GR 2013.

Ormuz Jean Rolin POL, 16 euros


«Dans la polyphonie du réel» De multiples voix. Des expériences et des regards multiples, sur tous les territoires, au croisement de la réalité et de la fiction. C’est ce que le festival littéraire Les Littorales donnera à voir et à entendre du 18 au 20 octobre. Organisé par l’association Libraires à Marseille, le rendez-vous annuel des auteurs et des livres se retrouve cette année en plein cœur de la cité. Tout près du théâtre de La Criée puisque cette édition a été programmée en coproduction avec L’invention du réel, comme en témoigne le programme tête-bêche des deux manifestations. Retour donc des Littorales sur le cours d’Estienne d’Orves où l’on pourra suivre la plupart des rencontres littéraires et des lectures sous le chapiteau qui réunira également les douze libraires indépendants participants. Rencontres, ateliers, expositions et projections

au Magic Mirror, ainsi qu’à La Bo[a]te et à la boutique Agnès B. Parcours dans la ville aussi : la BMVR Alcazar accueillera en effet un salon de l’édition jeunesse régionale, tandis que le XVIe Salon International de l’Édition de Création et le Salon du Livre Ancien investiront le Palais de la Bourse. De quoi intéresser tous les amateurs de livres et de littérature. Quel que soit leur âge. L’édition 2013 fait d’ailleurs la part belle à la littérature jeunesse. Parmi les têtes d’affiche, Frédérique Bertrand, Olivier Douzou, Anne Herbauts et Sophie Van der Linden. Cette spécialiste de l’album, auteure d’ouvrages de référence, sur Claude Ponti notamment, répondra à la question «Pourquoi choisir ces livres-là ?» car elle est, comme beaucoup d’auteurs jeunesse, convaincue de l’importance

FRED ROBERT

Le festival Les Littorales aura lieu à Marseille du 18 au 20 octobre 04 96 12 43 42 www.librairie-paca.com

Le festival avant le festival

Quelques rencontres en amont des Littorales. Le 9 octobre après-midi au Pavillon M, un atelier d’illustration sera proposé aux enfants ; il sera suivi d’une table ronde qui réunira Jeanne Laffitte, Katia Imbernon (éditrices marseillaises), Karine Tuil et Metin Arditi (auteurs) autour de la question de l’avenir du livre. Les 9 et 10, Medin Arditi et Karine Tuil viendront en librairie parler de leurs derniers romans. Le 16, la librairie BD La réserve à bulles recevra Kris et Franck Bourgeron pour leur toute nouvelle Revue dessinée.

Tête-bêche et oxymoron

On ne sait pas trop si cette Invention du réel est le prolongement amplifié des Littorales, et ce qui relève de l’une ou l’autre programmation… Mais ce que l’on sait c’est que du 17 au 20 octobre les écrivains vont être nombreux à Marseille… et à Aix puisque la Fête du livre a lieu en même temps. Dommage ? Certainement, on ne pourra pas tous les entendre… Mais tant mieux aussi puisque le temps de la littérature arrive enfin en cette année Capitale. Au menu donc, les écrivains des romans feuilletons parus dans La Marseillaise (Zeïna Abirached, Axl Cendres, Christian Garcin, Claudine Galea, Serge Joncour, Ariel Kenig, Olivier Salon et Ian Monk, Bruno Boudjelal, Valérie Zenatti), de grands entretiens avec Laurent Gaudé, Etgar Keret, Hanif Kureishi et Alaa Al Aswany en invité d’honneur à l’heure où son Égypte se débat… Les lectures théâtralisées seront passionnantes, avec le premier homme de Camus lu par Charles Berling, le dernier roman d’Al Aswany par Caubère, et Sastre qui met en scène Pamuk, De Luca, Izzo, Sansal. Car La Criée veut donner à la littérature un air de fête et ouvrir les rencontres souvent feutrées au public plus festif des spectacles. En organisant comme dans d’autres festivals des siestes murmurées, un grand bal littéraire, des cafés et des © Zeina Abiracheb

L I T T É R A T U R E

Les Littorales, ambiance © P Box_Hop 2007

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d’une littérature de qualité pour tous, à tous les âges. Des invités prestigieux aussi dans la catégorie adulte. Eric Chevillard par exemple, qui fera coup double : il viendra à la fois parler de son premier album jeunesse (un imagier qu’il a rédigé en faisant l’inventaire des jouets de sa fille, illustré par Frédéric Rébéna) et de son blog L’autofictif. À noter aussi la présence très attendue de Jean-Christophe Bailly, Jean Rolin (lire chronique p. 59), Christian Garcin, Karine Tuil, Metin Arditi (lire chronique sur www.journalzibeline.fr), James Meek… Que du beau monde ! Et de fameux échanges en perspective.

concerts littéraires, et des moments d’écriture pour tous. La qualité des invités, et le sens de la mise en œuvre, devraient pouvoir ouvrir les livres au-delà de leurs pages intimes vers du commun, sinon inventer le réel. Car au fond la problématique littéraire posée par le titre de l’événement, et portée à son terme par les Histoires vraies de François Beaune (présent ici comme à Manosque, voir p. 61), joue dans un interstice étroit : raconter le réel passe forcément par une réinvention, ne serait que les choix opérés ; il n’en reste pas moins que l’expression reste un oxymore, et qu’on peut aussi inventer des fictions, ou écrire des essais historiques. Le réel bascule souvent au-delà des fictions les moins réalistes que les écrivains ont imaginées, et la littérature la moins réaliste influence les inflexions du monde plus sûrement sans doute que celle qui colle au tangible… AGNÈS FRESCHEL

L’invention du réel du 17 au 20 octobre La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com www.mp2013.fr


Vos histoires

Les Histoires vraies de la Méditerranée en réseau, en livre et en live

© Chris Bourgue

Quinze boug es ! C’est l’anniversaire des Correspondances de Manosque ! L’occasion de rendre hommage non seulement aux auteurs mais aussi aux lecteurs et aux organisateurs de cette grande fête des mots. La journée d’ouverture du 25 septembre est consacrée à Camus pour le centenaire de sa naissance avec un dialogue entre deux écrivains algériens et, en soirée, la lecture de Charles Berling du roman inachevé de Camus, Le premier homme. Le 26 on croisera Agnès Desarthe, Émilie Frèche, lauréate du Prix Orange 2013, Ingrid Thobois en provenance du festival Cuisines en Friche de Marseille, Hugues Barthe et son dernier roman graphique ; la soirée sera exceptionnelle : Charlotte Rampling lira des textes de Sylvia Plath, en dialogue avec les Suites pour violoncelle de Britten interprétées par Sonia Wieder-Atherton. Le 27 on retrouvera René Frégni et Véronique Ovaldé (voir p. 58), des habitués, puis l’écrivain militant libanais Elias Khoury et sa traductrice Rania Samara, Hélène Frappat (voir p. 54). En soirée Jacques Gamblin lira la correspondance de Charles Bukowsky. Le 28, dialogue entre François Beaune et Thierry Fabre du MuCEM autour du projet Histoires vraies de Méditerranée, coproduit par MP 2013 et La Friche Belle de Mai, Marie Darrieussecq (voir p. 58), et Belinda Cannone, l’écrivain haïtien Dany Laferrière (Prix Médicis 2009), et la performance de Julien Lacroix et Alban Lefranc autour de l’œuvre cinématographique de Fassbinder... La soirée mettra en lumière Yasmina Reza, accompagnée d’Édouard Baer et Josiane Stoléru, pour la lecture de son dernier roman, pour finir par un hommage au poète Christophe Tarkos, disparu en 2004. Le dimanche, trois romans de la quête, respectivement de Sophie Maurer, Thomas B. Reverdy, et Cloé Korman (Prix du livre Inter 2010), puis Noémie Llovsky et sa scénariste Florence Seyvos dans une lecture croisée, Alice Zeniter (Prix du livre Inter 2013) qui sera en résidence à Manosque en 2014, l’écrivain portugais Valter Hugo Mãe, Cécile Minard et la lecture par Marie Richeux des Polaroïds de France Culture avec les improvisations musicales de Sylvain Chauveau. Les Correspondances, ce sont aussi les écritoires de Jean Lautrey qui invitent les passants à écrire, la Poste se chargeant comme toutes les années d’envoyer mots doux ou salés ; des siestes musicales et littéraires dans l’intimité ; des apéros festifs ; des échanges en toute simplicité avec les auteurs ; des fins de soirées en musique parfois explosives... CHRIS BOURGUE

Les Correspondances du 25 au 29 septembre Manosque 04 92 75 67 83 www.correspondances-manosque.org

François Beaune collecte depuis décembre 2011, dans les 13 pays du pourtour méditerranéen, les histoires de chacun. Celles qui nous ont marqués, nous ont fondés. Son rôle d’écrivain est de susciter la parole, de donner envie de livrer, puis de la restituer en écrit. Plusieurs résultats éditoriaux viennent couronner cette démarche. Le site dédié sur MP 2013 (www.mp2013. fr/histoiresvraies) recueille, répertorie, contextualise et illustre les histoires que chacun peut mettre en ligne. Le résultat est colossal et par endroits passionnant ! Et devrait perdurer après la capitale, comme le rêve borgésien d’une bibliothèque de Babel enfin possible, dans son immensité et ses réseaux infinis. Le recueil des histoires vraies qui va paraître en octobre, sous le titre La Lune dans le puits contient le suc maitrisé de ces histoires : les plus marquantes sans doute, allégées souvent, ordonnées autrement, contextualisées en quelques mots ou en digressions par «l’auteur». François Beaune présentera son livre à Manosque avec Thierry Fabre. Le 23 août au MuCEM en une délicieuse mais trop longue conversation vespérale il en a parlé déjà avec lui, et Fabienne Pavia (éditrice du Bec en l’air). Surtout, des comédiens ont lu certaines de ces histoires, émouvantes, entrecoupées ou accompagnées par des moments musicaux faits de vocalité méditerranéenne et de phrases répétées (Bruno Allary, Sylvie Paz, Carine Lotta...). Il est étonnant de voir comment le fait de rapporter le réel oblige l’auteur à inventer des formes de récit. À créer des points d’ancrage, des retours, des répétitions. À commencer là où aucun récit d’écrivain ne débute. Mais l’idéal de la bibliothèque de Borgès parait loin. En collant au réel, quelle que soit sa fantaisie ou son tragique, on se prive d’onirisme, de métaphore, de construction, d’inattendu. Même si l’impression de vécu décuple l’émotion pour le lecteur, la démarche d’écrivain laisse un goût d’incomplétude. Ou d’œuvre ouverte ? AGNÈS FRESCHEL

La lune dans le puits François Beaune Verticales, 20 euros La rencontre autour des Histoires vraies de la Méditerranée a eu lieu au MuCEM le 23 août François Beaune et Thierry Fabre seront présents à Manosque le 26 septembre

61 P L OI LT TI ÉT RI Q A U T U E R CE U L T U R E L L E


FEMMES,

62 A U P R O G R A M M E C I N É M A

Rendez-vous incontournable de l’automne marseillais, les Rencontres Films Femmes Méditerranée, pour leur 8e édition, se dérouleront du 25 septembre au 3 octobre, s’exportant jusqu’au 13 à Aix, Toulon, Hyères et le 28 novembre à La Ciotat dans l’Eden retrouvé. La programmation 2013 met en valeur, comme toujours, le talent des Méditerranéennes au cinéma, leur engagement politique, social, leur capacité à résister, leur énergie si bien traduite par l’affiche de la manifestation : impulsion, envolée, déploiement. «Résistance et création» sera d’ailleurs le thème d’une table ronde organisée en partenariat avec Arte à la Villa Méditerranée le 28 septembre. À cette occasion on découvrira Voyage dans la mémoire, documentaire de la poétesse syrienne Hala Mohammad qui filme trois intellectuels revenus à Palmyre, confinés dans l’habitacle d’une voiture, témoins-victimes de la répression.

Géorgie et Cadix

La Méditerranée a atteint cette année le Caucase. La Géorgie, pays de Médée et de la toison, fera l’ouverture et la clôture des Rencontres. Le 25 septembre à l’Alhambra, Rusudan Chkovnia présentera Keep smilling, farce satirique sur la téléréalité «à la géorgienne». Le 3 octobre au Prado, on retrouvera le quotidien de Tbilissi et les réalisateurs Nana Ekvtimishvili et Simon Grob pour une avant-première : Eka et Natia Chronique d’une jeunesse géorgienne où deux jeunes adolescentes cherchent

Eka et Natia © Arizona Films

JE VOUS AIME !

leur voie dans un pays patriarcal, violent, meurtri. Entre les deux, un programme dense. Dans le cadre des échanges avec la Muestra cinematogràfoca del Atlàntico de Cadix, 108, Cuchillo de Pallo, le film autobiographique de Renate Costa sur un épisode mal connu de la dictature paraguayenne des années 80.

qui lutte pour trouver sa place dans une Athènes en crise, la troublante Italienne donneuse de mort dans Miele de Valeria Golino, Yema, la mère-courage Algérienne dans le métrage du même nom de Djamila Sarhraoui, Lætitia, la Française au bord de la crise de nerf dans la bataille de Solférino de Justine Triet.

Miroirs et monde et portraits

À ne pas rater encore la Carte Blanche donnée à Katell Quillévéré qui présentera, avant la sortie nationale de décembre, le 2 octobre au Prado, son dernier film, Suzanne, interprétée par Sara Forestier. Et bien sûr, aux Variétés, le 27 septembre, la longue soirée festive des courts : treize films en compétition, venus de dix pays méditerranéens, un jury de professionnelles présidé par Aïssa Maïga, des prix, des cadeaux, du plaisir partagé, du CINÉMA !

Des films miroirs des chemins du monde et de nombreuses invitées pour en parler. Ainsi à l’Institut Culturel Italien, Alessandra Celesia viendra avec un Mirage à l’italienne qui dresse le portrait de turinois en quête d’avenir, Rosella Schillaci, avec Il Limite, suit le quotidien de pêcheurs siciliens entre Europe et Afrique. Des films qui offrent aussi de beaux portraits de femmes réelles ou fictionnelles. Seher, la Turque qui affronte une naissance non désirée dans La Tour de guet de Pelin Esmer, Seyni, la Sénégalaise qui défend le foot féminin dans Ladies’turn d’Hélène Harder, Helectra, la Grecque dans A.C.A.B All cats are brilliant de Constantina Voulgaris,

Carte blanche et courts métrages

ELISE PADOVANI

Rencontres Films Femmes Méditerranée du 25 sept au 3 oct www.films-femmes-med.org

Regards croisés sur le cinéma européen Du 20 septembre au 15 décembre, Cinépage propose Regards croisés sur le cinéma européen : quatre week-end filmiques et thématiques, des films permettant de «croiser des regards, différents, en compagnie de ceux de cinéastes, appuyés et aimés par des critiques afin de questionner l’héritage, la transmission, les soubresauts et les horizons.» Pour commencer, du 20 au 22 septembre, des films autour des mythes et légendes en compagnie de Pierre Eisenreich, critique de Positif : l’occasion de voir en même temps le Faust de Murnau (1926) et le Faust d’Alexandre Sokourov (2012), de re(voir) Mephisto d’Istvan Szabo (1981), Vampyr de Carl

Th. Dreyer (1932) et Orphée de Jean Cocteau (1950). En octobre, ce sera «Amour libre» avec des films de Cacoyannis, Faust d’Alexandre Sokourov © Sophie Dulac distribution

Bertolucci, Ken Russel, Mikko Niskanen et Philippe Vallois qui sera présent ainsi que le critique Xavier Leharpeur. Les

deux week-end suivants seront autour des «Dictatures du XXe siècle» et des «Révoltes». Les projections auront lieu à Marseille aux cinémas Les Variétés et Pathé, au Polygone Etoilé, à l’Alcazar, à l’Institut Culturel Italien et à la Maison de la Région. ANNIE GAVA

Regards croisés sur le cinéma européen du 20 sept au 15 déc 04 91 08 06 53 www.cinepage.com



CourtsBouillon Piattaforma Luna de Yuri Ancarani

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La science en travelling Pour la 7e année, l’association Polly Maggoo organise le festival Rencontres Internationales Sciences et Cinémas. Cette édition en coproduction avec MP2013 promet bien des merveilles documentaires, fictionnelles ou expérimentales. En ouverture et en présence du réalisateur, un film intime sur le diabète : Doux amer de Matthieu Chatellier. Le 12 octobre, ne manquez pas à la Maison de la Région une séance spéciale La préhistoire au cinéma, avec notamment des oeuvres consacrées à la grotte Chauvet ou à Lascaux, et des chronophotographies d’Étienne-Jules Marey restaurées par la Cinémathèque Française. Le lendemain à partir de 15h, onze courts-métrages dévoileront l’histoire des changements climatiques, l’univers de Kepler ou l’archéozoologie au jeune public. La soirée de clôture aura lieu au Cinéma les Variétés, pour une dernière projection (Piattaforma Luna de Yuri Ancarani, Septième Promenade de Dorothée Smith) et une remise des prix conviviale... car Polly Maggoo y fêtera également ses 20 ans. GAËLLE CLOAREC

Rencontres Internationales Sciences et Cinémas du 10 au 19 oct divers lieux, Marseille 04 91 91 45 49 www.pollymaggoo.org

J’ai une gueule d’industrie Du 5 au 12 octobre dans la salle du Grès à Martigues, festival du film documentaire autour des thèmes qui traitent de l’industrie et du monde du travail, à l’initiative de l’association Plus belles les LUTTES qui a réalisé 107 épisodes filmés de luttes sociales dans le département et ailleurs. Portraits de salariés, films instiDe mémoires d’ouvriers de Gilles Perret

tutionnels, films d’archives. Le 10 à 14h et 20h30, projection de De mémoires d’ouvriers de Gilles Perret qui, commençant par une histoire locale, raconte la grande histoire sociale française. Cette projection sera suivie d’un débat avec Michel Étievent. Ce même jour à 18h Ma mondialisation qui, à travers le regard plutôt «atypique» d’un chef d’entreprise de la vallée de la mécanique de précision en Haute-Savoie, évoque cette phase récente du capitalisme dominé par des mécanismes financiers «globaux» et implacables. La projection sera suivie d’un débat avec le réalisateur et une délégation syndicale. Entrée libre. ANNIE GAVA

J’ai une gueule d’industrie du 5 au 12 oct Salle du Grès, Martigues www.plusbelleslesluttes.org

Avant que de tout perdre de Xavier Legrand © KG Productions

Le 8e épisode de Courts-Bouillon, organisé par Les Films Du Delta, avec 33 films courts venus du monde entier, se déroulera le 5 octobre. Trois séances «coup de cœur» avec 20 films de 10 pays et pour la 1ère fois, deux films en 3D : 5 mètres 80 de Nicolas Deveaux et Douce menace (séance Animation Spéciale Supinfocom Arles). Les projections de 14h et 16h s’adressent à un public familial. Parmi tous ces courts réalisés entre 2011 et 2013, The Voorman Problem de Mark Gill, nominé dans plusieurs festivals internationaux ; Tennis Elbow de Vital Philippot, Ours d’or au Festival des Nations d’Ebensee ; Blue Line d’Alain Sauma avec sa vache libanaise qui se désaltère dans une mare traversée par la Ligne Bleue, s’avance un peu trop et s’enlise du côté israélien. Puis, Avant que de tout perdre de Xavier Legrand, multi primé au Festival international du court-métrage de Clermont-Ferrand, Vikingar de Magali Magistry, sélectionné à la Semaine de la Critique ou Le cri du homard de Nicolas Guiot, César du meilleur court-métrage et César du cinéma français 2013. Les amateurs de courts métrages pourront passer une journée riche en découvertes, se détendre avec les interludes musicaux de Joe O’Gorman et profiter du fameux «velouté Courts-Bouillon» de Marie. Régalons-nous ! ANNIE GAVA

Courts-Bouillon le 5 oct Salle Emilien Ventre, Rousset Les Films du Delta 04 42 53 36 39 www.filmsdelta.com



Istanbul

Roman Polanski

Du 11 septembre au 1er octobre, l’Institut de l’image organise une rétrospective du cinéaste Roman Polanski. Obsédé par les sentiments de possession, de peur ou même la folie, il reçoit en 2002 la Palme d’or avec Le pianiste. Parmi les projections : Le Couteau dans la peau (1962), Chinatown (1974), Le Bal des vampires (1967), Le Locataire (1976), The ghost writer (2010).

Escale en plein air

Institut de l’Image, Aix 04 42 26 81 82 www.institut-image.org

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Hugo Cabret de Martin Scorsese

Le 27 septembre, la fête aura lieu sur le parking de la gare de La Ciotat. L’occasion de célébrer en image la clôture des Écrans Voyageurs et la réouverture du cinéma Edenthéâtre. En avant-programme, Le TGV en 50’’ de Roberto Comini, incluant le film original des Frères Lumières, L’arrivée d’un train en gare de La Ciotat. Puis à 21h, la projection du film d’aventure réalisé et produit par Martin Scorsese, Hugo Cabret. Devenu orphelin, le jeune Hugo vit dans une gare et garde précieusement l’automate mécanique restauré par son père dont il lui manque la clef. Avec l’aide d’Isabelle, ils tenteront de résoudre le mystère de cet étrange automate mais de nombreux obstacles les attendent…

De l’autre côté de Fatih Akin © Pyramide films

Les 21 et 22 septembre, le MuCEM propose de découvrir toute l’histoire et l’atmosphère de la capitale turque à travers six courts métrages réalisés en 1964 par Maurice Pialat, le long métrage émouvant De l’autre côté (2007) du réalisateur germano-turc Fatih Akin, et enfin un ciné-concert basé sur le film La vierge d’Istanbul (1920) du cinéaste américain Tod Browning.

Dernière Escale en plein air des Écrans Voyageurs Gare de La Ciotat 04 91 91 07 99 http://ecransvoyageurs.blogspot.fr/

MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 www.mucem.org

Jasmine

Réussir à raconter une belle histoire d’amour en pleine révolution iranienne à travers un film d’animation en pâte à modeler, c’est le défi que s’est lancé le réalisateur Alain Ughetto dans Jasmine. Après trois années de résidence dans le studio de l’Alhambra, l’équipe du film sera présente le 5 octobre dans ce même lieu pour l’avant-première de cette œuvre surprenante, basée sur des faits réels et historiques. Cinéma l’Alhambra, Marseille 04 91 03 84 60 www.alhambracine.com Jasmine d’Alain Ughetto © Les Films du Tambour de Soie

Courts sur la Côte Bleue The ghost writer de Roman Polanski © Pathé Distribution

L’Eden des Lumières

À l’occasion de la réouverture du cinéma l’Eden théâtre, la ville de La Ciotat programme du 21 septembre au 3 novembre l’exposition L’autochrome, la triomphe de la couleur rendant hommage à la créativité et la modernité apportées par les frères Lumières. Dans la pénombre, les spectateurs pourront découvrir comment les pères fondateurs de la photographie ont inventé le moyen de fixer la couleur sur une plaque photographique en verre. Un procédé précurseur qui va bouleverser l’avancée technique du début XXe... L’autochrome, la triomphe de la couleur Chapelle des Pénitents bleus, La Ciotat 04 42 08 10 11 www.mairie-laciotat.fr

Du 11 au 13 octobre se tiendra le 4e Festival de Courts Métrages de la Côte Bleue. L’ouverture se fera au cinéma Pagnol de Châteauneuf-les-Martigues à 18h30 et la manifestation se poursuivra à l’Espace Fernandel de Carry-le-Rouet. Plus d’une trentaine de films venus d’une soixantaine de pays, réalisés par des jeunes de moins de trente ans. L’entrée est libre. Châteauneuf-les-Martigues et Carry-le-Rouet 06 21 30 14 76 www.festi-courts-cote-bleue.fr/ Plus bas que le ciel de Marthe Sébille



Ensemble(s)

Dix huit regards de photographes se penchent sur Marseille et la question de l’être ensemble… ou comment la ville se dévoile à travers ceux qui la vivent et ceux qui l’observent. Organisé par le Café Photo Marseille (CPM), labellisé OFF Marseille-Provence 2013. Deuxième vernissage le 28 sept à 10h30. Ouvert seulement les week-end. C.L.

P R O G R A M M E A R T S V I S U E L S

© Amandine Suner

A U

Tremplins 2013

Coup de projecteur sur 15 années de Tremplins menés par le centre social St Gabriel Canet Bon Secours, Le Merlan, Château de Servières, Art-Cade et Urban Prod : l’occasion de réunir Charlotte Fuillet, Sarah Fastame et Diane Guyot de St Michel accompagnées par Nicolas Simarik, et cinq lauréats des éditions précédentes : Nicolas Pincemin, Gilles Oleksiuk, Pauliina Salminen, Alice Gadrey et Nicolas Desplats. Tous ont mis Les doigts dans la prise avec un audacieux talent ! M.G.-G. Tremplins 2013, Les doigts dans la prise jusqu’au 12 octobre Château de Servières, La Bastide, Marseille 15e 04 91 85 42 78 www.chateaudeservieres.org

Elsa Dessarps

Méli-mélo à la galerie Gourvennec Ogor avec le duo None Futbol Club spécialiste du «retournement de la culture populaire», Véronique Bigo, en écho à son exposition au Silo (14 sept-23 déc) et Elsa Dessarps, Prix ESADMM 2013 qui, après avoir bénéficié d’un focus à Art-O-Rama, présente 95° away from the nose, 75° downward, 60° toward the nose, and 60° upward suivi d’une exposition à la Fondation Vacances bleues (19 nov-20 déc). M.G.-G. jusqu’au 26 octobre Galerie Gourvennec Ogor, Marseille 2e 09 81 45 23 80 www.galeriego.com

Odalisques © Claire Béguier

© Sans titre, Elsa Dessarps, 2013, technique mixte, 120 x 30 x 30 cm, pièce unique. Courtesy Galerie Gourvennec Ogor

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© Alice Gadrey, Electricity, 2013, métal, céramique, aimant, élastique, 20 x 20 x 50 cm

du 14 septembre au 11 octobre École Axe Sud, Marseille 04 96 19 09 10 www.cafephotomarseille.org

Claire Béguier

En se réappropriant le thème du nu cher aux peintres de la Renaissance, la photographe Claire Béguier souffle le chaud et le froid et fait montre d’un vrai sens théâtral. Ici, les modèles nus sont masculins, les personnages et les décors sont tronqués, l’hommage aux grandes scènes d’inspiration est clin d’œil révérencieux ou parodique. Et le corps, toujours parfaitement mis en scène. M.G.-G. Odalisques du 20 septembre au 18 octobre Vol de nuits, Marseille 5e 04 91 47 94 58 www.voldenuits.com



C… comme Aix

Depuis les années 90, le photographe Jean-Claude Carbonne est indissociable de la vie artistique et culturelle aixoise : pas un spectacle, une exposition ou un festival n’échappent à son regard ! Dans C… comme Aix, il privilégie l’intime, le détail qui font la singularité des événements et des artistes dont il capte la lumière, les secrets… M.G.-G. du 19 septembre au 10 octobre Office de tourisme, Aix-en-Provence 04 42 16 11 61 www.aixenprovencetourism.com

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Philippe Car © Jean-Claude Carbonne

Nicole Brousse

La 3e édition d’Art dans la Ville offre une carte blanche pour la première fois à une artiste pour mettre à l’honneur doublement la femme : Nicole Brousse a placé depuis longtemps la figure et la symbolique féminines au centre de ses recherches. Sculptures et installations monumentales à découvrir librement en centre ville et sur le parcours du GR®2013. C.L. Lorsque les sculptures prennent vie jusqu’au 3 novembre Salon-de-Provence www.salon-de-provence.org

Vers l’unité à voir rue Ampère, Maison de la vie associative © Jean-Paul Villegas

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Patrick Moquet

Ceux qui auraient raté Focus à la galerie Anna Tschopp cet été peuvent filer dans le Var à la découverte des dernières peintures de Patrick Moquet qui développe simultanément son activité d’auteur et d’enseignant à l’Université de Provence. On retrouve son goût des scènes vivantes et découvre une nouvelle liberté formelle, l’image délaissant la narration photographique. L’artiste sera présent samedi 28 septembre à 14h30. M.G.-G. jusqu’au 13 octobre Maison du Cygne, Six-Fours-Les-Plages 04 94 10 49 90 © Patrick Moquet

De verre et céramique

Première édition de Septembre de la Céramique et du Verre, en trois volets : une rétrospective des céramiques d’Alice Colonieu, une installation scénographiée signée Nathalie Talec «Soleil froid» (prêt du Musée National de la Céramique de Sèvres) et le sculpteur céramiste Guy Bareff pour une résidence sur le thème des «Marcheurs». C.L. jusqu’au 15 octobre Les-Baux-de-Provence 04 90 54 34 39 www.lesbauxdeprovence.com

Nathalie Talec, N°1 The one who sees blindly II © Gérard Jonca, Sèvres



19e Parcours de l’art

L’homme de théâtre est aussi plasticien : Alain Timár exposera en invité d’honneur avec plusieurs créations pour ce 19e Parcours ouvert aux expressions artistiques multiples. Peinture, sculpture, photographie, vidéo, installation, arts numériques seront représentés par près d’une trentaine de créateurs, visites/rencontres avec les artistes, conférences, lectures, ateliers jeune public. C.L. du 5 au 27 octobre divers lieux, Avignon 04 90 89 89 88 www.leparcoursdelart.com Alain Timar, technique mixte, collage et acrylique sur toile © X-D.R

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Michel Barjol

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Michel Barjol sait prendre de la hauteur avec le genre du paysage. Les images puisées sur Internet, retravaillées avec des médiums traditionnels modifient plasticité, point de vue et modes exploratoires. Une réalité augmentée via une sélection d’une trentaine d’œuvres parmi les plus récentes. C.L.

Michel Barjol, encre de Chine sur photo numérique, 61x51cm © X-D.R

Paysages choisis jusqu’au 26 octobre Galerie L’R du Cormoran, Pernes-les-Fontaines 06 14 13 84 27 www.galerie-r-du-cormoran.com

Dérives

Il faut aller se perdre jusqu’au Domaine départemental du Château d’Avignon, en Camargue, au risque d’Égarements provoqués par une judicieuse sélection d’œuvres d’art contemporain

Incertitudes

un peu maigrelet, manque de En interrogeant «la notion d’égaforce : les rêves de Millagou et rement dans ses multiples dimenMaguet s’échouent dans la salle sions, aussi bien géographiques des machines, comme la pièce de que temporelles ou mentales» Varini sur le seuil. Désorientation, et malgré quatre thématiques artifice (Vasseux, Bock), confusion, structurantes -Chemins de scansion (Nonas), disproportion traverse, En suspens, Sens (Bourgeat, Navarro), fiction (Le Méhauté), inquiétante étrangeté dessus-dessous, Méandres intérieurs- on se retrouve quelque (Goussé, Pétrovitch, Lapie, Perez, peu interdit devant la profusion Chaudouët, Setton) risquent les de propositions choisies par déraisons que l’on veut bien se donner. Mais aucun ne semble Agnès Barruol et Véronique avoir été inspiré par le potentiel Baton, co-commissaires du projet. Fallait-il alors donner un onirique aquatique du domaine. fil conducteur au visiteur pour Ce sont aussi d’autres moyens. paradoxalement vivre au mieux cette Rainer Gross, Open ends, production domaine départemental Château d’Avignon, 2013 © C. Lorin, Zibeline Relevons cependant le bel effort, expérience déconcertante de l’égarement ? Ramette donne le ton, pointant l’absurde en plus des œuvres empruntées dans les Dans le catalogue une piste est ouverte à exhibé en vide existentiel. Guère plus loin collections publiques et privées, d’avoir l’idée de dérive, chère aux Situationnistes, un bloc sculptural composé des lettres du permis la production de plusieurs pièces comme déambulation ouverte au hasard de palindrome «erre», ni substantif, ni injonction, conçues pour l’occasion. Si à l’échelle des la découverte. À cause de ses contraintes signifiant sans signifié, de Dominique Angel, vingt et un hectares du domaine cela paraît propres (protection du monument classé, retrouve dans le château en lettres de néon une goutte d’eau, c’est bien celle-là qui fait limitation des accès aux œuvres), le principe son «r» final à la tête d’un lit : «errer» pour les grandes rivières et les grands projets. fonctionne de moindre façon dans le château rêver ? Many Dreams, le bus d’un autre âge de Louis Prat, l’ancien maître des lieux, l’avait et pour une intéressante sélection de vidéos Feipel et Bechameil fait hésiter entre arrivée, bien compris. exigeant une bonne dose d’attention patiente, départ, simple étape, carcasse abandonnée C.L. mais il prend toute son ampleur dès que le bien trop blanchie. Rainer Gross, avec Open visiteur se prend à flâner dans le parc et les ends, joue l’intégration/tension avec l’enviÉgarements bâtiments annexes ponctués d’œuvres in situ. ronnement (platanes immenses, château jusqu’au 27 octobre d’eau) par un geste monumental et un tunnel Domaine départemental du Château multipliant perspectives/perception des d’Avignon, Les Saintes-Maries-de-la-Mer Zigzags 04 13 31 94 54 Ainsi le poteau indicateur d’un blanc imma- lieux entre nature et architecture. Yokohama www.culture-13.fr culé, vierge de toute indication de Philippe mon amour, radeau/poste d’observation



Sortie de secours !

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Exposition Issue de secours, Gilles Desplanques, galerie Art-Cade, 2013 © Otto-prod, 2013

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À l’occasion de sa première exposition monographique à Marseille, Issue de secours, Gilles Desplanques revient sur son projet Pop Up House qui ne verra pas le jour et sur sa nouvelle création en lieu clos. Zibeline : Votre exposition à la galerie Art-Cade est-elle une manière offensive de répondre au projet avorté d’Atelier de l’Euroméditerranée ? Gilles Desplanques : Non, pas forcément. Art-Cade m’avait invité avant que la Pop Up House ne soit annulée, dans le cadre du programme Archist qui interroge les frontières entre l’architecture et les autres arts. Ce qui correspond à mon travail. Clairement, ça a été un moment difficile, il a fallu avaler la pilule car cela représente deux ans de travail avec des collaborateurs intéressés et intéressants. C’était donc intéressant pour moi de rebondir. Quelles sont les raisons de son annulation ? C’était un projet audacieux d’origami architectural accroché à une façade d’immeuble… Sans langue de bois, c’est un blocage de l’architecte. Il était partant au départ et s’est manifesté contre le projet au moment où tous les feux verts administratifs étaient allumés. Il s’est réveillé en demandant la co-signature de l’œuvre, ce qui signifiait avoir son nom partout. Exposition Issue de secours, Gilles Desplanques, galerie Art-Cade, 2013 © Otto-prod, 2013 M a i s l’ i m m e u b le e n question était en Comment vous y êtes-vous pris ? construction ? Quand Art-Cade m’a fait la proposition, il Non, il s’agit de l’immeuble d’Orange situé y avait un projet de rénovation, d’ailleurs sur la place de la Joliette. Tout avait été il y a un avis de travaux placardé sur la fait pour que ça marche techniquement façade. J’ai inventé une fiction, joué sur et le Club de l’Immobilier Marseille Pro- l’idée de travaux abandonnés, muré la vence avait trouvé les financements. À sa galerie et transformé le chantier en squat. décharge, il a considéré qu’à partir du Beaucoup de pièces ont été créées in moment où son œuvre était découpée par situ quand je me suis mis dans la peau la mienne, elle faisait partie intégrante du squatteur : un dressing, une salle de de la nouvelle œuvre. Cela a fait juris- sport, une chambre à coucher avec son prudence car il n’y a pas d’équivalent : lit comme ultime refuge… On retrouve c’était en effet une œuvre parasite. Si on l’idée de la Pop Up avec le mur d’entrée pousse le bouchon un peu loin, c’est un que l’on découvre après coup, c’est un peu comme si on découpait un Monet totem que l’on contourne quand on entre pour en faire un origami ! Il y avait une et une sculpture quand on le regarde à certaine légitimité dans sa demande, la fin du parcours. Cela m’intéressait il s’est manifesté au bout de six mois… que le lieu soit un entre-deux, que l’on Votre travail se situe à mi-chemin entre se demande ce qu’il était avant et ce l’architecture et la sculpture. Comment qu’il va advenir. avez-vous appréhendé le contexte de la ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARIE GODFRIN-GUIDICELLI galerie qui n’est pas celui de l’espace public ? Issue de secours C’est un acte radical par rapport au Carte blanche à Gilles Desplanques contexte du lieu. J’ai voulu effacer la jusqu’au 21 septembre galerie et travailler sur la notion de perte Art-Cade, Marseille 1er de repères, amener les gens dans une 04 91 47 87 92 galerie et la leur faire oublier. www.art-cade.net

Florilège

En contre-point des expositions jumelles du Grand Atelier du Midi (voir Zib’64) jouant dans la dispersion, le musée Ziem propose un focus sur l’œuvre de Raoul Dufy Comme pour ces artistes pour lesquels le séjour méditerranéen a pu participer de transformations de leur art, l’exposition martégale se concentre sur la période d’expérimentation, de 1903 (premier contact provençal avec Martigues) à 1925 et l’émergence du style qui deviendra caractéristique du peintre. En s’ouvrant avec un autoportrait de 1898, aux nuances bistre en usage à l’époque, l’exposition conçue par Lucienne Del’ Furia pointe, grâce à un choix éclectique, ce travail de tâtonnement fait d’influences et d’emprunts, de l’académisme aux recherches les plus radicales (impressionnisme, fauvisme, Cézanne ou Matisse, incursions avec le cubisme). En témoignent les écarts esthétiques entre Arbres à l’Estaque (1908), le surprenant Paysage bleu (1910) ou encore Le Vieux-Port de Marseille (1925) au graphisme aquarellé se réclamant plus des valeurs du décoratif que des velléités avant-gardistes. La visite se poursuit avec un bel ensemble de dessins rarement montrés judicieusement mis en valeur. Dans le catalogue, qui reproduit l’ensemble des œuvres exposées, les auteurs développent ces différents aspects biographiques et esthétiques en relation particulière avec les territoires de Martigues, l’Estaque, Marseille. Parmi les activités autour de l’exposition, deux conférences à retenir en septembre : Dufy et la musique par Vincent Ruhaut le 19 et Les carnets de Raoul Dufy par Christian Briend le 26. Une belle façon de réhabiliter cette œuvre au parcours changeant, inspirée des grands bouleversements menant à la modernité, et de ne pas cantonner l’auteur à sa Fée Électricité ! CLAUDE LORIN

Dufy, de Martigues à l’Estaque jusqu’au 13 octobre Musée Ziem, Martigues 04 42 41 39 60 www.ville-martigues.fr Raoul Dufy, Paysage de l’Estaque, vers 1910, huile sur toile, Collection privée © Paris, ADAGP 2013



Art-O-Rama

donne le coup d’envoi de la rentrée ! 76 A U P R O G R A M M E A R T S V I S U E L S

Le salon Art-O-Rama n’a pas attendu sa majorité pour devenir le lieu de convergence des artistes, des médias, des professionnels et du public. Son ouverture agit comme un booster : multiplication des vernissages, lancement des dernières publications, nouvelles productions artistiques et avant-premières ! Le Château de Servières communique déjà sur le 1er salon de dessin contemporain Paréidolie de 2014… Dans l’immédiat, Mécènes du Sud a renforcé son soutien et sa visibilité en réservant un double stand consacré à la création de Moussa Sarr, lauréat du Prix coup de cœur des mécènes, pour sa nouvelle installation vidéo Corps d’esclave et Vanessa Santullo, lauréate 2010, avec Adamas issue de son AEM chez Frojo. Une manière pour Bénédicte Chevallier de «saluer la qualité grandissante du projet et de la sélection artistique». Après La Planque, L’Art prend l’air a mis à profit l’espace librairie pour promouvoir son Arty Guide Marseille car «Art-O-Rama est un lieu de découvertes et de rencontres qui s’est toujours intéressé à la micro-édition d’art». Bernard Muntaner, éditeur d’art, parle à l’unisson, faisant coïncider la sortie de la monographie de Caroline le Méhauté avec les journées professionnelles : «J’ai accéléré la parution pour que le catalogue fasse partie de ce vaste événement qui représente un vrai support médiatique pour une jeune artiste». Justement, la jeune designer Laetitia Sellier a saisi cette opportunité pour vendre à l’Histoire de l’œil Le collier qui s’arrache, l’un de ses fameux objets détournés.

Show-room Art-O-rama, John Deneuve, Dreams are my reality, 2013 © C. Lorin/Zibeline Julie Darribère Saintonge, Marginalia, galerie Karima Célestin, vue partielle © C. Lorin/Zibeline

communs, ne pas rester frileux. Soutenir les artistes d’aujourd’hui nécessite un engagement conséquent et de prendre des risques que ne voit pas le public qui fréquente les expositions» souligne Karima Célestin. Persiste l’épine qu’est l’absence d’un véritable marché de l’art dans la seconde plus grande ville de l’hexagone -dont ne sait vraiment l’avenir culturel et encore moins celui de l’art contemporain-. «Marseille a besoin de plus de galeries privées» renchérit K. Célestin. Pluskwa, Soulié (qui a conservé sa galerie parisienne), Gourvennec Ogor ont aussi récemment élu domicile dans la… plus ancienne ville de France. Le plus serait-il parfois l’ennemi du bien ? CLAUDE LORIN ET MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

NOUS VOUS SUIVONS DE PRÈS C’est lors de l’édition 2012 que le travail au noir de fumée de Julie Darribère Saintonge fut remarqué par Karima Célestin. Ce gros coup de cœur est à l’origine de l’exposition monographique qu’elle lui consacre actuellement dans sa galerie éponyme, avec notamment un très soyeux grand format au graphite et une série de papiers fabriqués à la main à partir d’ouvrages de H.P. Lovecraft. Installée depuis peu à Marseille, K. Célestin considère que cette ville est plus ouverte que Paris où elle créa sa première galerie. «Il y a ici un foisonnement, les gens y sont accessibles, les contacts se font plus facilement, nous ne sommes pas à la même échelle. Mais le plus dur, c’est de vendre.» Elle reconnaît aussi que son installation a été facilitée par une de ses consœurs, Lydie Marchi de la galerie Saffir version nomade.

Antifrilosité

L’intitulé de l’exposition à la Fondation Vacances Bleues «nous nous suivons de près» (Caroline Duchatelet, Pascal Navarro, Eric Bourret) ne saurait démentir ce travail de promotion et

d’accompagnement que réalisent avec constance nombre de lieux et galeries M MP2013 du Fada AE d’art contemporain, associatifs , La Maison /Zibeline ot rin rig Lo Pé C. e -rama © Alexandr plus, Art-O et privés, auprès des artistes et t an xt Se à Marseille. Le Salon Art-O-Rama s’est tenu du Sans pour autant avoir attendu d’être promus 30 août au 7 septembre via Art-O-Rama comme Caroline Duchatelet à Marseille (Showroom en 2011, artiste-invitée en 2012), force www.art-o-rama.fr est de reconnaître que les artistes bénéficient ici d’autres modalités de visibilité, de promotion et Marginalia d’accompagnement. Une synergie bien menée jusqu’au 12 octobre entre les structures suscite des prolongements, Galerie Karima Célestin d’autres projets qu’ils soient portés ponctuellement www.karimacelestin.com par l’évènementiel ou par un accompagnement sur le long terme. Nous nous suivons de près Mais «il ne faut pas rester dans notre quant-à-soi. jusqu’au 25 octobre Nous devons rester ouverts, aller vers d’autres Fondation Vacances Bleues villes, à l’étranger, la Méditerranée bien-sûr mais www.fondation-vacancesbleues.com aussi ailleurs, faire les foires, construire des projets



La poussière entre les étoiles Le nombre de planètes découvertes hors du système 78 solaire grandit de jour en jour, S depuis que les premières ont été C décelées en Provence. I Entretien avec l’astrophysicien E Jean-Pierre Sivan N C E S

J.P. Sivan © X-D.R

Quel a été votre champ de recherche ? Avant de m’intéresser aux exoplanètes, ces planètes qui tournent autour des étoiles autres que le Soleil, j’ai travaillé sur la matière interstellaire : atomes, molécules, grains de poussière... Il arrive que cette matière perde son équilibre et s’agglutine en une boule de plus en plus dense pour devenir une étoile avec son cortège de planètes. Je suis aujourd’hui à la retraite après avoir été directeur de recherches au CNRS, et à la tête de l’Observatoire de Haute-Provence et de l’Observatoire Astronomique de Marseille-Provence. Je reste actif dans la diffusion de la science et préside notamment le comité Archimède d’orientation des projets et actions de culture scientifique dans notre Région. S’est-il produit un événement majeur au cours de votre carrière ? En 1995, la découverte à l’Observatoire de Haute-Provence de la première planète extrasolaire par les chercheurs suisses Michel Mayor et Didier Queloz. Il s’agit en effet d’une discontinuité majeure dans l’histoire de l’astronomie et même de la philosophie ! On attendait cela depuis des siècles ; Démocrite avait déjà envisagé l’existence d’autres mondes, Épicure, Giordano Bruno et bien d’autres ont repris tour à tour cette idée, qui ouvre la voie vers la recherche de la vie dans l’Univers. Pour ma part, je suis profondément convaincu qu’elle existe ailleurs, mais cela reste une hypothèse car aujourd’hui on n’en a strictement aucune preuve. Où en est-on, en 2013 ? Pendant longtemps, on s’est dit «on ne pourra pas les voir, elles sont trop peu lumineuses par rapport aux étoiles». Mais on peut détecter de manière indirecte la présence d’une planète, par exemple à sa façon d’entraîner son étoile dans un mouvement induit. À l’heure actuelle, un millier d’exoplanètes ont été répertoriées, appartenant à deux catégories : les géantes mais gazeuses, et les «super-terres», rocheuses, dont la masse peut atteindre 10 fois celle de la Terre. Parmi ces dernières, certaines se situent dans la «zone habitable», à savoir à une distance de leur étoile qui permettrait d’envisager la présence d’eau liquide.

Condition indispensable à l’apparition de la vie ? Oui, tout au moins à la vie telle que nous la connaissons sur Terre. Mais, tous ces systèmes planétaires sont différents, jusqu’ici nous n’avons pas rencontré de système jumeau du nôtre. Quelles sont les étapes à venir ? Étape imminente : rechercher des traces de vie, passée ou présente, au sein du système solaire,

Fête de la science

Sur le territoire de MP 2013, la 22e édition aura une dimension exceptionnelle : 10 parcours de découverte intitulés Voyages insolites seront ouverts à tous, et gratuits. Des chercheurs et artistes vous emmèneront sur les traces de Pythéas le marin, à la poursuite de l’énergie hydro-électrique ou au cœur des mondes possibles depuis Gardanne, Istres, Salon de Provence, Aix et Marseille. du 9 au 13 oct 06 38 80 85 10 www.fds-voyagesinsolites.fr

en particulier sur les satellites de Jupiter ou de Saturne. Puis, évaluer les possibilités de vie sur les exoplanètes, par exemple en essayant de déterminer la présence d’ozone ou de vapeur d’eau dans leur atmosphère. Pour cela on construit des appareils de plus en plus puissants, tels le European Extremly Large Telescope de l’ESO, ou le futur télescope spatial de la NASA. C’est toute l’histoire de l’astronomie, science d’observation : depuis la lunette de Galilée, les avancées sont liées aux progrès instrumentaux ! Et l’homme dans l’espace ? Le voyage de l’homme dans le système solaire n’est qu’une question de moyens mis en œuvre : le prochain voyage humain se fera probablement vers Mars, d’ailleurs une simulation a déjà eu lieu récemment à Moscou. Par contre aujourd’hui le voyage intersidéral n’est pas envisageable ; il relève purement de la science-fiction, c’est une toute autre échelle qui nécessiterait le bricolage de l’espace-temps d’Albert Einstein !... On ne peut que rêver. Propos recueillis par GAËLLE CLOAREC

Ndlr : Démocrite (460-370 avant J.C.), Epicure (341-270 avant J.C.), Giordano Bruno (1548-1600)

Conversations de Salerne 7e édition (déjà !) pour les Conversations de Salerne, rencontres pluridisciplinaires de grande qualité organisées par l’AP-HM. Cette année les intervenants rassemblés à la Faculté de Médecine de Marseille -médecins, artistes ou scientifiques- traiteront de santé, création et culture en Méditerranée. les 10 et 11 oct 04 91 38 97 45 http://fr.ap-hm.fr/culture




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