Zibel114

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13.01 > 10.02.18

N°114

ZIBELINE

Mensuel culturel engagé du Sud-Est

renier Babel

Pommerat

repenser l’art

populaire

ouvre les portes

3€

L 11439 - 114 - F: 3,00 € - RD


JANVIER FÉVRIER 2018

Danse Théâtre Cirque Musique Cinéma Exposition

U N LIEU FAIT DE LIENS

02

WALKI NG WITH K YLIÁN Paulo Ribeiro C ie Paulo Ribeiro

08/09

SCENA MADRE* Ambra Senatore CCN de Nantes

GOING HOME Vincent Hennebicq Théâtre National Wallonie-Bruxelles

13/14

C T R L-X Cyril Teste Collectif MxM

SO SCHNELL Dominique Bagouet Formation COLINE + TH E LOSS OF YOU R EMBR ACE Alban Richard Formation COLINE

14/15

WA X Renaud Herbin TJP / CDN d’Alsace Strasbourg

16 FÉV

VE RN I SSAGE E XPOSITION Yohanne Lamoulère

20/21

S A N TA M A D E R A Juan Ignacio Tula & Stefan Kinsman C ie Les mains les pieds et la tête aussi

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... DE L À-BA S Romain Bertet C ie L’Œil ivre

23

VERS UN PROTOCOLE DE CONVERSATION ? Georges Appaix C ie La Liseuse

1 1/ 1 2

SOUS L A PEAU Nathalie Pernette C ie Pernette

16/17

TA N I A' S PA R A D I S E Gilles Cailleau & Tania Shef lan C ie Attention Fragile

16/17

23/24

27

30

MINING STORIES Silke Huysmans & Hannes Dereere + 10 MINIBALLET TI Francesca Pennini CollettivO CineticO LE RÉVEIL DES REINES Paule Sardou Topik Prod & La CriAtura

Ta r i f s : 1 5 I 1 0 I 5 I 3 € Ta r i f F a m i l l e : 5 € p a r p e r s o n n e ! Carte d’embarquement : 10 > 7 € la place !

FÉ VR IER

J AN VIER

© Yohanne Lamoulère

(...)

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JANVIER FÉVRIER 2018

CULTURE ET SOCIÉTÉ Mensuel payant paraissant le deuxième samedi du mois Édité à 20 000 exemplaires, imprimés sur papier recyclé Édité par Zibeline BP 90007 13201 Marseille Cedex 1 Dépôt légal : janvier 2008 ISSN 2491-0732 Imprimé par Riccobono Imprim’vert - papier recyclé Crédit couverture : © Alouette sans tête Conception maquette Tiphaine Dubois

Directrice de publication & rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@gmail.com 06 09 08 30 34 Rédactrice en chef adjointe Dominique Marçon journal.zibeline@gmail.com 06 23 00 65 42 Secrétaire de rédaction Anna Zisman anna.zisman.zibeline@gmail.com

ARTS VISUELS Claude Lorin claudelorin@wanadoo.fr

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LIVRES Fred Robert fred.robert.zibeline@gmail.com MUSIQUE ET DISQUES Jacques Freschel jacques.freschel@gmail.com CINÉMA Annie Gava annie.gava@laposte.net

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Élise Padovani elise.padovani@orange.fr WRZ-WEB RADIO ZIBELINE Marc Voiry marcvoiry@hotmail.com

Polyvolants Chris Bourgue chris.bourgue@wanadoo.fr Gaëlle Cloarec ga.cloarec@gmail.com

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Maquettiste Philippe Perotti philippe.zibeline@gmail.com Commerciale Rachel Lebihan rachel.zibeline@gmail.com

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La régie Jean-Michel Florant laregie@gmx.fr 06 22 17 07 56 Collaborateurs réguliers : Régis Vlachos, Frédéric Isoletta, Yves Bergé, Émilien Moreau, Christophe Floquet, Pierre-Alain Hoyet, Aude Fanlo, Thomas Dalicante, Marion Cordier, Caroline Gerard, Delphine Dieu, Hervé Lucien Administration Catherine Simon admin@journalzibeline.fr Houda Moutaouakil contact@journalzibeline.fr

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Chargée des abonnements Marine Jacquens mjacquens.zibeline@gmail.com Communication Louis Giannotti g.journalzibeline@gmail.com

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Une année vraiment nouvelle Nous aimerions vous souhaiter une belle année 2018. Vraiment, parce que nous avons tous besoin de dépasser le marasme, et d’envisager l’avenir. Mais comment faire, quand 2017 fut si rude, et que les signes d’un élan nouveau semblent aujourd’hui si discrets ? En dix jours trois SDF sont morts de froid à Marseille. La Méditerranée engloutit chaque semaine des dizaines de migrants, les catastrophes climatiques se succèdent, les pollutions et les atteintes à notre santé se multiplient, et tandis que les Etats-Unis vivent un cauchemar, que le Moyen-Orient brûle et que l’Europe se disloque, la vie politique française est comme figée sur place dans un déni de l’augmentation sidérante des inégalités, de la pauvreté et de la détresse. Pourtant nous voulons croire en l’avenir, non par optimisme béat, mais parce qu’un mouvement semble surgir. En témoigne, dans ce premier Zibeline de l’année, la volonté de créer des récits résistants, de faire entendre la diversité des origines et des parcours, de chercher des formes nouvelles et de partager la pratique, l’expérience, 114 l’expertise, avec des publics différents, dans de nouveaux territoires de l’art. En témoignent aussi ceux qui agissent pour préserver les eaux des pollutions, pour porter secours et assistance aux migrants, celles qui se dressent pour dénoncer leur porc, et la liberté et la maturité d’une jeunesse qui choisit souvent de parcourir le monde, de vivre ses désirs, d’être utile et heureux plutôt que de réussir. D’une jeunesse qui aime être cosmopolite, polyglotte, polysexuelle, insoumise, transgenre si c’est son désir, hédoniste sans égoïsme. Il y a 50 ans mai 68 bouleversait notre culture, et 25 ans après s’inventait l’art en friche. Aujourd’hui de jeunes artistes se groupent en collectifs, écrivent ensemble, refusent la mise en concurrence, travaillent auprès des migrants, des scolaires, des détenus, imposent une radicalité artistique qui bouscule. Ils ont besoin de l’aide et de la considération des générations précédentes : il leur faudra faire vite, dans ce monde de déni aveugle à son propre naufrage, pour fabriquer un avenir.

ÉDITO

RETROUVEZ ZIBELINE SUR JOURNALZIBELINE.FR

AGNÈS FRESCHEL


La Criée Création

Les Âmes Offensées Macha Makeïeff / Philippe Geslin

3 voyages ethnographiques en images. Embarquez ! 25 janvier , 1er et 2 février

Les derniers chasseurs Inuits Peau d’ours sur ciel d’avril

25, 31 janvier et 3 février

Les Soussou de Guinée Conakry

Le crayon de Dieu n’a pas de gomme 26, 30 janvier et 3 février

Les guerriers Massaï

Avant le depart des gazelles ET AUSSI : Les 15, 16 et 17 juin À Paris, au Musée du Quai Branly - Jacques Chirac

© Philippe Geslin

Théâtre national de Marseille

www.theatre-lacriee.com


sommaire 114

SOCIÉTÉ Économiser et préserver l’eau (P.6-7) Repenser l’art populaire, Roman-photo au Mucem (P.8-9)

politique culturelle Dehors / Dedans : Pommerat sur tous les fronts (P.10-11) Inauguration du GMEM, 25 ans de la Friche (P.12-13) Que se passe-t-il à Châteauvallon ? (P.14) Annulation de Babel Med. Idéologique ? (P.15) Des cinémas sur la Canebière, changement au Vitez à Aix (P.16-17) Galynette et Mich dans Marius, mes Joël Pommerat, joué dans la Maison Centrale d’Arles les 28, 29 décembre et 2 janvier © Christophe Loiseau

événements Raoul Lay crée le Baron de M : entretien (P.18) Éva Doumbia remonte Badine : entretien (P.20) Opéra Confluence à Avignon (P.22-23) Festival Shakespeare à Nice, Opéra Mundi à Marseille, Théâtre documentaire à Scènes & Cinés (P.24-25) Festival Parallèle à Marseille, Théâtre et Sciences au Nono de Marseille (P.26-27) Nuits lecture et idées, Théâtre des littératures à voix hautes à Nîmes, Mucem à Marseille (P.28-29) Festival de musique de Toulon, Week-end musicaux de Chaillol (P.30-31) DJ Oil (P.32)

Place, d’Adina Secretan, joué au Festival Parallèle à Marseille (26 janvier au février) © Sylvain Chabloz

critiques Spectacles, musiques (P.33-43) Marseille, Aix, Vitrolles, Martigues, Arles, Toulon, Nîmes, Montpellier, Cannes, Monte Carlo

AU PROGRAMME DU MOIS Musiques (P.44-49) Spectacles (P.50-72)

Bestie di scena, D’Emma Dante à voir au Théâtre Joliette les 18 & 19 janvier © Masiar Pasquali

cinéma [P.74-77] Marseille, La Ciotat, Istres, Martigues, Avignon, Toulon, Montpellier

Arts visuels [P.78-83] Marseille, Aix, Istres, Avignon, Toulon, Montpellier, Nice

livres [P.84-90] Paulo Licona, La peste negra o el triunfo de una hermosa rata, 2017, Installation in situ, dans l’exposition Le bruit des choses qui tombent, Frac Paca, Courtesy de l’artiste © JC Lett


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société

Réserve naturelle nationale de Camargue © Julien Vincent

Dans le courant d’une onde pure AVEC LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE, L’EAU VIENT DE PLUS EN PLUS À MANQUER DANS L’ESPACE MÉDITERRANÉEN, ET ELLE EST SOUVENT FORTEMENT POLLUÉE. DES PISTES EXISTENT POUR L’ÉCONOMISER ET ÉVITER SA CONTAMINATION.

L

es fêtes de fin d’année sont derrière nous, avec leur poussée de fièvre consommatrice. Nous avons couvert les enfants -et les adultes- de jouets de plus en plus connectés. Mis le chauffage à fond, mangé du foie gras, bu du vin aux pesticides, parfois avalé quelques anxiolytiques pour supporter la famille, ou son absence. Les bennes municipales débordent de sapins en plastique, de suremballages, l’agriculture industrielle continue de faire pousser des tomates en hiver, et l’industrie pétrochimique de rejeter ses résidus. Il a plu -enfin !- et les cours d’eau récoltent sur leur parcours une bonne partie de nos pollutions avant de les charrier jusqu’à la mer. On ne va toutefois pas commencer l’année en se focalisant sur ce qui pèche, mais plutôt sur ce qui va cahin-caha dans le bon sens. Les scientifiques du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) planchent sur un rapport spécial consacré à l’océan, à paraître en 2019. Une bonne base pour comprendre son rôle majeur dans l’équilibre du climat terrestre, sa vulnérabilité, ses possibilités

de résilience. Une résolution a été adoptée fin décembre par l’ONU pour protéger via un traité international la biodiversité en haute mer, soit les 2/3 des océans et donc la moitié de la planète.

Contrat de Baie

Plus près de nous, des constats ont été faits et des actions entreprises, à l’échelle des territoires, pour limiter les rejets et éviter la saturation de la Méditerranée, sans plus la considérer comme une poubelle maritime fort pratique, où l’on glisse sous le tapis des flots toutes nos scories balayées à terre. La Métropole Aix-Marseille-Provence s’attache ainsi à améliorer la qualité des eaux de mer, source conséquente de revenus touristiques et halieutiques. Une démarche initiée en 2011, lorsque l’ancienne communauté urbaine MPM et la Ville de Marseille se sont associées pour mettre en place un Contrat de Baie. Entré en phase opérationnelle au printemps 2015, son programme se déploie sur 6 ans, avec une première phase qui vient de s’achever,

dotée d’un budget de 265 millions d’euros. Sur les 130 km de linéaire côtier entre Martigues et Saint-Cyr-sur-Mer, nombre de sites industriels continuent certes de déverser leurs pollutions, même lorsque l’activité à cessé (lire nos articles consacrés aux rejets de l’usine Altéo, L’amer rouge dans Zibeline n°93, et à l’ancienne usine Legré-Mante aux portes du Parc national des Calanques, Friches toxiques, à retrouver sur journalzibeline.fr). Et les associations environnementales continuent de dénoncer l’insuffisant filtrage des eaux usées de Marseille, qui se déversent dans la calanque de Cortiou. Mais pour François Roberi, chargé d’intervention à la délégation marseillaise de l’Agence de l’Eau*, le niveau de mise en œuvre des actions prévues est assez bon. « Notre politique est de travailler en amont : retenir les émissions à la source plutôt que de traiter à l’arrivée ». C’est ainsi qu’une aide technique et financière est apportée aux petits industriels, encore nombreux sur le territoire -garages, ateliers de peinture ou décapeurs de volets- pour limiter leur usage de produits


THÉÂTRE JOLIETTE

saison V 2017-2018

ScÈnE cOnVEnTIOnnÉE POUR LES EXPRESSIOnS cOnTEmPORAInES

LEncHE+mInOTERIE

chimiques. Le fleuve des Aygalades est en cours de restauration (« les gens pourront profiter de ses berges dans moins de 5 ans »), et l’Huveaune, moins pollué, devrait à terme regagner son lit naturel**. Interrogé sur la 2e phase du Contrat de Baie, François Roberi répond : « Il faut rester ambitieux. La question des réparations navales n’est pas encore suffisamment abordée, en particulier tout ce qui ruisselle sur les surfaces imperméables au Grand port maritime de Marseille » (écouter aussi, au sujet du fioul lourd utilisé par les navires, notre podcast Pollution en Méditerranée sur la WebRadio Zibeline).

02 & 03 fé vrie r d ROIT E -gAUcH E

a ssociat ion wa gons libr e s - sa nd r a i ché [ t h éâ t re d o c u m en t a i re / cr éa t i o n ] c o l l a b o r a t i o n a v e c l e fe s t i v a l P a r a l l è l e

Dans les terres

Le circuit de l’eau est complexe mais bien connu. Les réseaux d’assainissements, les eaux de pluie qui se chargent de polluants, la régulation des rivières jouent un rôle dans sa contamination progressive, qui atteint parfois des taux énormes en s’accumulant (on relève encore dans le Rhône des teneurs élevées de PCB, interdits depuis 1987). L’agriculture est bien sûr concernée. Fin 2016, l’Agence de l’Eau a lancé un appel à projets destiné à favoriser la réduction des pollutions par les nitrates et les pesticides, et la préservation des réserves en eau des sols. 11 projets ont été sélectionnés en novembre dernier, en viticulture, maraîchage, arboriculture ou encore horticulture. Avec des pratiques de paillage, on peut réduire l’irrigation, et il existe des alternatives au désherbage et à la fertilisation chimique : en invitant par exemple, tout simplement, des troupeaux à brouter dans un vignoble ! Éric Navarro du réseau Vert Carbone travaille quant à lui à la validation de l’intérêt agronomique des composts pour améliorer la gestion de l’eau, en collaboration avec le Lycée agricole de Valabre et les Universités de Toulon et Marseille. Des parcelles expérimentales de maïs, gros consommateur d’arrosage, ont été mises en place, avec à la clef une réduction de 23% de consommation d’eau. « Les sols sont en grand danger dans nos régions : avec les températures chaudes et les pluies soudaines et violentes, ils perdent plus facilement leur teneur en matière organique. Fragilisés, ils demandent de plus en plus d’eau ». Selon lui, le législateur a tendance à orienter les déchets verts vers le biogaz, pour générer de l’énergie, mais les déchets qui ressortent des centrales, mélangés et donc entachés d’incertitudes, ne sont pas utilisables en compost. « Au lieu de réfléchir uniquement au gain économique, l’idée qui devrait prévaloir est celle d’un réemploi, dans un schéma vertueux ». GAËLLE CLOAREC

* En France 6 Agences de l’Eau, établissements publics du ministère chargé du développement durable, ont pour mission de contribuer à réduire les pollutions de toutes origines et à protéger les ressources en eau et les milieux aquatiques. ** L’Huveaune qui se jetait dans la mer au niveau des Plages du Prado a été détourné dans les années 70, pour déboucher dans la calanque de Cortiou.

photo © Virginie colemyn

Manière pour sandra iché de travailler l’histoire avec les outils de la fable et de la scène, Droite-Gauche est autant l’exposition d’une recherche que sa mise en jeu chorégraphique et théâtrale. ce projet croise les méthodes de travail d’une multiplicité de collaborateurs qui interrogent ensemble nos mécanismes de positionnement dans le monde et au sein de rapports de pouvoir. Droite-Gauche scrute l’orientation physique et politique d’un corps dans les espaces qu’il traverse. www.THEATREJOLIETTE.fR

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société

Reconnaître l’art populaire ALORS QUE LA NATION REND HOMMAGE AU DÉFUNT JOHNNY, LE MUCEM SE PENCHE SUR LE ROMAN-PHOTO, EN UNE EXPOSITION QUI ÉCLAIRE LES RAPPORTS COMPLEXES ENTRE L’ART ET LE SUCCÈS POPULAIRE

L

e Mucem est l’héritier du Musée des Arts et Traditions Populaires, imaginé par Georges-Henri Rivière qui en 1937 s’intéressait aux pratiques et aux objets artistiques du peuple. C’est-à-dire de tout un chacun, qui ne se conçoit pas comme un artiste mais produit cependant du beau, du narratif, du dramatique. Mais le mot populaire est si polysémique, en particulier lorsqu’il est associé au champ des arts, qu’il peut désigner exactement l’inverse de l’objet des recherches de l’ethnographe. Ainsi Johnny Hallyday est-il perçu, reconnu et même glorifié comme un artiste populaire. L’Artiste populaire même, si l’on en croit l’hommage national qui lui a été rendu. Or le rapprochement même de ces deux termes, artiste et populaire, va à l’encontre de la conception des arts populaires de Georges-Henri Rivière qui, durant les quelques mois du gouvernement du Front Populaire, les définissait justement comme des arts sans artiste. C’est que le terme « populaire » ne désigne plus, lorsqu’il qualifie Johnny, l’art produit par le peuple, mais l’art à succès, populaire dans le sens d’aimé du plus grand nombre. Johnny était une vedette du show-biz, fabriqué et maintenu grâce aux intérêts des maisons de disques qui le firent naître et persister, à partir de son talent d’interprète. Que celui-ci soit exceptionnel ou non importe peu : la reconnaissance de l’État et la cérémonie organisée pour cet homme qui n’a rendu aucun service à la Nation, ne payait pas ses impôts et a voulu être enterré dans un paradis fiscal, pose d’une façon inattendue le problème de la définition d’une œuvre d’art et d’un artiste, et de leur reconnaissance officielle. Jusqu’à présent la

seule chanteuse qui avait reçu un hommage national était Joséphine Baker, par respect pour ses actes de Résistance. Il n’en va pas de même des écrivains : depuis Hugo la Nation reconnaissante rend parfois hommage aux auteurs de grandes, très grandes, œuvres littéraires. La même semaine que Johnny, l’hommage rendu à Jean d’Ormesson, académicien et figure médiatique de l’écrivain, journaliste au Figaro qui doutait lui-même de la valeur littéraire de son œuvre romanesque, pose, par un autre biais, la même question : est-ce qu’une œuvre vaut simplement parce que son auteur représente l’artiste ou l’écrivain aux yeux du plus grand nombre ? C’est-à-dire, de nos jours, parce qu’il est abondamment médiatisé ? Confronter les Arts aux arts populaires n’a donc pas le même sens que d’opposer un chanteur populaire aux artistes. La popularité n’a pas grand chose à voir avec les arts populaires, qui méritent d’être collectés, d’être l’objet de recherche, de pensée, d’études, pour être compris et partagés comme des objets de notre patrimoine commun. La confusion qui a régné au plus haut degré de l’État entre les deux sens d’art « populaire » revient à rétablir une distinction entre ce qui vaudrait pour le peuple, c’est-à -dire une sous-culture de masse fabriquée par les pires industries culturelles, et un art, une littérature exigeants qui ne sont pas pour tous. Élitistes, car destinés à ceux qui ont les clefs pour fréquenter les œuvres et les comprendre. Comme si ce n’était pas justement la télévision d’état, les médias de masse et, de façon plus ambiguë, l’éducation nationale, qui avaient peu à peu renoncé à ouvrir les arts et les lettres au plus grand nombre.

Conformiste ou transgressif ? Roman-Photo au Mucem redonne au contraire du sens à la recherche et l’exposition des arts populaires. Bien sûr le roman-photo n’est pas une pratique du peuple. Mais la photographie est un art à la portée de tous, et les romans-photos, généralement sans auteurs revendiqués et publiés dans des revues bon marché, ne prétendaient pas au statut d’œuvre d’art ou littéraire. Ils mettaient en scène les préoccupations communes, l’évolution des mœurs, les désirs de la femme, le travail, la vie moderne, la politique, mais aussi et surtout la place de l’amour dans la vie. Amours contrariées, difficiles, mais qui trouvaient toujours une conclusion heureuse, ce qui permettait au roman-photo d’être un témoin précieux de son temps, pourvu qu’on prenne la peine de le lire sans mépris, et sans prétendre à juger littéralement son message. C’est ce que fait remarquablement l’exposition Roman-photo, et plus encore le catalogue qui constitue un complément réflexif au parcours muséographique, en même temps qu’un très beau livre de photographie. Un article de


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ou comme Johnny ou Dalida qui en furent les vedettes. Nous Deux, magazine français qui a aujourd’hui un lectorat vieillissant, mais qui dans les années 70 était lu par un tiers des Français, tient un cabinet de lecture, et Thierry Bouët a photographié, aujourd’hui, d’anciennes lectrices dans le décor de leurs rencontres amoureuses.

Subvertir le genre

Scénographie Public Mucem, Exposition Roman-Photo, Décembre 2017 © Agnès Mellon - Mucem

Marcela Iacub y rappelle que le romanphoto parlait du travail féminin, de divorce, de relations sexuelles hors mariage. Et que contrairement aux romans sentimentaux anglo-saxons, où les obstacles à la relation amoureuse résident dans la psychologie et les hésitations féminines, le roman-photo met en scène le désir féminin contrarié par les interdits sociaux. Jean-François Chougnet, dans son introduction, prend pour sa part à contrepied l’interprétation commune des propos de Roland Barthes qui déclarait à propos du roman-photo de son temps : « il y aurait donc une vérité d’avenir (ou d’un très ancien passé) dans ces formes dérisoires, vulgaires, sottes, dialogiques, de la sous-culture de consommation. » Sottises, mais dialogiques, et qui le fascinaient, comme l’obsédaient Sade et la photographie. Et Jean-François Chougnet d’en conclure que la phrase « Nous Deux - le magazine - est plus obscène que Sade », est à lire, aussi, comme un compliment.

Parcours critique

C’est sans doute après la lecture de ces deux textes du catalogue que l’exposition s’éclaire le mieux. Elle débute par des planches illustrées

et des interviews photographiques de Nadar, ancêtres des premiers romans-photos, qui ont véritablement vu le jour après guerre en Italie. Le succès est immédiat, auprès d’une population catholique encore largement illettrée, où le divorce était interdit, et qui devait se reconstruire après le fascisme. Le succès fait rapidement boule de neige dans les pays catholiques, la France, l’Espagne, et jusqu’en Argentine. Mais le roman-photo ne prend pas dans les pays anglo-saxons : est-ce parce que les récits en images, présents dans les églises, étaient auparavant l’apanage d’un monde catholique qui comptait sur leurs vertus pédagogiques ? Est-ce parce que dans ces pays le « travail famille patrie » avait remplacé l’idéal de « liberté égalité fraternité » qu’il fallait réinterroger ? L’exposition, qui ne prétend pas répondre, montre cependant que le roman-photo peut avoir une esthétique : les grands tirages du fonds Mondadori en sont le témoignage indéniable, et la première section de l’exposition fait voyager dans le ciné roman, l’adaptation littéraire ou cinématographique, les photos de plateau d’A bout de souffle, les stars comme Sophia Loren qui viennent du roman-photo,

Puis le visiteur se confronte aux critiques des intellectuels et de la presse, de l’église, des politiques, notant que les blondes sont vertueuses et les brunes victimes de leurs sens, que le mariage y est malmené, ou qu’on s’y accommode des dominations de classe. Les avatars érotiques ou pornographiques succèdent à l’eau de rose, puis les satires, d’Hara Kiri aux Nuls en passant par Coluche. Le spectacle de Royal de Luxe pastiche le genre, abonde d’hémoglobine, capte les visages hilares et épatés du public, et Chris Marker dans La Jetée réalise en bancs-titres un sorte de ciné-roman majeur. Quant à Guy Debord et aux Situationnistes, ils créent de véritables romans photos subversifs pour en dynamiter les stéréotypes politiques, sociaux, genrés. L’exposition, conçue par Marie-Charlotte Calafat et Frédérique Deschamps (écoutez leurs entretiens sur la Webradio Zibeline), va au-delà de la démarche de Georges-Henri Rivière : c’est bien en collectant les arts populaires, en étudiant quels sont leur facture et leurs impacts, mais aussi quels sont leurs limites, leurs critiques, leurs héritiers et leurs avatars, qu’ils peuvent donner naissance à une pensée et à des arts nouveaux, comme une matière première issue de l’intérêt commun. AGNÈS FRESCHEL

Roman Photo, jusqu’au 23 avril 04 84 35 13 13 mucem.org Roman photo, Sous la direction de Marie-Charlotte Calafat et Frédérique Deschamps, avec les contributions de Jan Baetens, Christophe Bier, Emmanuel Guy, Marcela Iacub et Grégory Jarry co édition Textuel/Mucem 39 €


10 politique culturelle

Joël Pommerat vu de l’intérieur

QUE CE SOIT AVEC LES DÉTENUS DE LA MAISON CENTRALE D’ARLES POUR LA CRÉATION DE MARIUS, OU AVEC DES COMÉDIENS AMATEURS LORS DES REPRISES DU SPECTACLE ÇA IRA FIN DE LOUIS (1) À LA CRIÉE, L’AUTEUR METTEUR EN SCÈNE INVITE CHACUN À INVESTIR LA SCÈNE DE PLAIN-PIED.

Le Marius sans peine

A

u début on compte les portes. Le petit groupe de quatre personnes progresse rapidement de sas en sas. Arrêt devant chaque grille. Signal sonore discret avant l’ouverture. Le gardien s’efface, laisse passer les visiteurs. Clac ; fermeture. Quelques mètres, dans ce couloir aveugle balisé par des affichettes qui rappellent régulièrement qu’il est « Interdit de mettre les pieds au mur ». Ouverture de la grille suivante. Il y en a tant, et puis on est trop troublée, alors on marche, quelque peu hébétée, on en a oublié de continuer à compter. La poignée de main franche et chaleureuse de la cheffe adjointe Fanny Bouchard, accompagnée d’un regard droit dans les yeux qui revigore avant ce périple dans la Maison centrale d’Arles n’a pas suffi à détendre la grappe d’invités –dans ce groupe : deux représentants de la Fondation d’entreprise Hermès et deux journalistes. « Interdiction de fumer » ; l’odeur de tabac devient de plus en plus prégnante, on doit approcher. Et voilà que tout ressemble presque à un théâtre. La porte ouverte avec distribution de feuille de salle, cinq rangées de sièges sur des gradins, rampes de projecteurs au plafond, décor de snack-boulangerie. L’atelier couture de la prison est libéré pendant la période de fin d’année, et a été transformé par les équipes de la Cie Louis Brouillard et du Théâtre d’Arles en salle de spectacle. On essaie d’oublier les grilles tout autour, les gardiens qui vont et viennent sur la cursive au-dessus, et on se plonge dans l’attente. Les 50 spectateurs arriveront au compte-gouttes, par petits groupes toujours, haute sécurité oblige. Cela prendra une heure. Non, ce n’est pas long :

ici, le temps passe à un rythme différent. Sa densité est étrange, entre compacité et dilution. Qu’est-ce qu’une heure à laisser filer avant une représentation, lorsqu’on se trouve au cœur d’un établissement pénitentiaire où les détenus (ils sont 130 à Arles) sont là pour plus de dix, souvent vingt ans ? Alors l’heure s’étire comme quelque chose d’autonome, où tout a un poids, rien n’est anodin. On détaille les pièces du décor (Éric Soyer), et on apprend que chaque objet a dû être listé, détaillé, vérifié. Les baguettes de pain, les tables de bistrot, les placards, la pancarte « Artisan boulanger & fier de l’être ». Et voilà, tout le monde est là : la ministre de la Culture Françoise Nyssen est arrivée, voisine arlésienne venue en toute simplicité, installée au premier rang par la cheffe de l’établissement (oui, ce sont deux femmes qui sont à la tête de l’une des 6 Maisons Centrales françaises), Corinne Puglierini. Petits crépitements dans les talkies walkies. Les lumières baissent. On bascule dans le théâtre.

second degré

César, Marius, Escartefigue, Panisse… Les voix tremblent un peu au début, et très vite, tout devient naturel. Les personnages s’incarnent et occupent la scène, les personnalités des comédiens (aucune envie de parler de détenus, nous sommes au théâtre, un point c’est tout) débordent les rôles écrits par Pagnol, les rêves et les failles se révèlent et les individualités s’affirment. Fanny (Élise Douyère) est au diapason. Arrivée du théâtre professionnel, elle navigue entre les répliques de ses partenaires, qui jouent superbement la carte du second degré. Lorsqu’Escartefigue (M.W.), débonnaire marchand d’oiseaux dans le texte de Joël Pommerat (écrit à partir des improvisations des participants à l’atelier théâtre mené par César-Jean Ruimi) assène, blasé, que « ça fait 30 ans qu’[il n’est] pas sorti de Marseille », on rit et on frémit. 30 ans ?... Le cri de Marius

(Mich) à Fanny est encore plus vertigineux : « Je ne me vois pas passer toute ma vie ici ! Je crève à petit feu, j’ai envie de partir loin ! » Les démêlés de nos sympathiques marseillais semblent bien loin, et tous pourtant, Panisse en tête, (Galynette), converti en marchand de scooters, magnifique magouilleur, s’amusent à nous rappeler le parfum du texte original. La partie de cartes se joue à l’atout pique « les moustiques, ils piquent fort cette année ! », et César a toujours son bon cœur.

message reçu

Aucun d’eux n’avait déjà fait du théâtre. « Je ne connaissais même pas Monsieur Joël Pommerat », glisse Mich. Assis devant le public à la fin du spectacle, ils racontent un à un comment l’atelier (mené sans surveillance) les a changés. « J’étais mal, je ne parlais à personne », « La sensation sur un plateau, il n’y a pas meilleur », « Ça me permet d’exister », « Je me suis senti me redresser ». Joël Pommerat retrace l’aventure commencée en 2013 (un premier spectacle a déjà été monté en 2015, Zib’ y était, voir journalzibeline.fr), ses débats avec Jean Ruimi (qui cosigne le travail) sur des choix d’écriture ou de mise en scène, sa volonté de voir s’inscrire le projet dans la durée, sa certitude de mener une action qu’il faudrait multiplier dans les lieux de détention. À Françoise Nyssen qui lui demande si elle peut diffuser sa parole pour argumenter dans ce sens, Jean Ruimi répond : « Si un jour je sors d’ici, je serai le premier à retourner en prison pour expliquer à tout le monde que le théâtre, c’est la vie. » Aller-Retour express. Message reçu, en plein cœur, par la Ministre. ANNA ZISMAN

Marius a été joué 4 fois dans la Maison Centrale d’Arles, devant les familles des détenus, les co-détenus, les personnels, et des acteurs de la vie culturelle locale et nationale, les 28, 29 décembre & 2 janvier.


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Galynette et Mich © Christophe Loiseau

Amateurs de Révolution

P

articiper en tant qu’amateur au spectacle de la Cie Louis Brouillard. Où l’on s’aperçoit que cette création, primée par trois Molière, en tournée nationale et internationale depuis 2015, est une aventure portée avec enthousiasme, rigueur et intelligence par une troupe qui met l’accent sur le travail collectif et sur celui de l’écoute active pour parvenir à une qualité de présence des comédiens, du texte, de l’histoire. Travail autour et avec une certaine idée de la « communauté humaine ». Le dispositif immersif choisi par le metteur en scène pour évoquer au présent les débats idéologiques des débuts de notre démocratie repose sur des allers-retours entre un plateau à la scénographie dépouillée et la salle, fréquemment éclairée par une rampe placée en sa direction. Le spectateur se retrouve à l’intérieur d’un processus, acteur d’une histoire quasi atemporelle, sans pour autant être assigné à une participation. Les

quatorze comédiens qui incarnent une trentaine de personnages jouent aussi de ce va-et-vient frontal entre la salle et la scène. Cette immersion est renforcée par des chœurs, placés en salle, constitués de personnes locales intéressées par l’expérience, provenant du théâtre amateur ou pas. Ces « forces vives » ainsi qualifiées par l’auteur partagent donc une semaine avec l’équipe, entre répétitions et représentations. une semaine en immersion Les séances de préparation, généreusement et finement portées par les assistants forces vives, Lucia Trotta et David Charier, concourent à créer cette sensation d’une Assemblée en cours de formation. Avec sérieux on nous précise les enjeux de chaque scène, de chaque prise de parole. La participation attendue renforce la polyphonie du spectacle mais ne doit pas se limiter à applaudir ou à faire du participatif. Il est question d’écoute et de réactions sincères, par le corps et la spontanéité. Même si l’amateur ne choisit pas son « camp », sa famille politique (amusante situation que celle de devoir défendre et acclamer des idées qui sont habituellement à notre opposé !), on lui demande de suspendre tout jugement et d’entendre avec son corps et

sa sensibilité des situations de parole, de réagir à des situations politiques. Le travail en amont avec la dramaturge Marion Boudier et l’historien Guillaume Mazeau se ressent dans ces heures préparatoires de compréhension du texte. Joël Pommerat cherche un théâtre visant à « rouvrir des sensations, des sensibilités, rouvrir la perception des spectateurs » et c’est bien cela que nous avons vécu pendant cette semaine d’immersion à La Criée avec la compagnie. Un partage humain autant qu’artistique tant la création questionne les éléments de langage de notre société de l’image, de la permanente mise en spectacle, en plaçant chacun au cœur d’un dispositif qui rouvre la possible action politique, qui redonne au spectateur un peu de pouvoir d’agir, dans notre aujourd’hui où la crise de représentativité politique et le sentiment d’impuissance priment. DELPHINE DIEU

Ça ira (1) Fin de Louis a été joué à Marseille au Théâtre de la Criée du 15 au 17 décembre, (voir critique sur journalzibeline.fr) et sera à L’Opéra Confluence (Avignon) les 23 et 24 mars prochains.


12 politique culturelle

La Friche,

toujours en friches ? LA FRICHE BELLE DE MAI A FÊTÉ SON QUART DE SIÈCLE ET INAUGURÉ OFFICIELLEMENT LE NOUVEAU LIEU DU CENTRE NATIONAL DE CRÉATION MUSICALE. L’OCCASION DE REVENIR SUR UNE HISTOIRE, ET DE FAIRE UN ÉTAT PARADOXAL DES LIEUX ET DES FORCES

L

a Friche fut le lieu d’une utopie en marche, d’ouverture des champs du possible : une autre manière de fabriquer de l’art, de l’intégrer à la vie, de chercher des formes. En 1992, dix ans après la première décentralisation de Jack Lang et Gaston Defferre, qui avait permis de pourvoir enfin la province d’équipements d’État, on explorait de nouveaux territoires de l’art dans des lieux non conventionnels, industriels, récupérés, qui mettaient en œuvre une nouvelle manière de croiser les genres, les disciplines, la pensée et l’art, la pratique et la présentation publique.

Autour du berceau

Le 9 décembre, jour de l’anniversaire officiel, les pionniers de la Friche Belle de Mai, Alain Fourneau, Philippe Foulquié qui dirigea le Système Friche Théâtre jusqu’en 2010, Fabrice Lextrait qui vient de publier un livre d’entretiens très éclairants sur l’esprit Friche, mais aussi Josette Pisani qui introduisit la danse contemporaine à Marseille, et continue de diriger Marseille Objectif Danse, tous ceux qui ont veillé à sa naissance et à ses premières années, étaient présents, ou filmés, témoins précieux de temps qui semblent loin : Christian Poitevin, alias Julien Blaine le poète hurleur, qui fut adjoint à la culture de Robert Vigouroux (à peu près PS) et donna le coup d’envoi pour transformer l’usine Seita, propriété de l’État, en terrain de culture ; les architectes, Jean Nouvel qui en fut Président, Patrick Bouchain qui lui succéda, Mathieu Poitevin qui vient de construire le Module du GMEM. Ensemble ils pensèrent le lieu non comme un bâtiment, mais comme un projet culturel et urbain, qui devait offrir des espaces mouvants, s’adaptant aux usages. Mais dès ses débuts La Friche se heurta à des problèmes de financements. La décentralisation en marche inventait des labels, des institutions en région, mais ne savait que faire de cet espace

de rébellion et de liberté. Mal doté par l’État et mal compris par les collectivités locales, en recherche de formes nouvelles mais aussi d’un mode de gouvernance et de financement, La Friche choisissait les artistes résidents et ceux qu’elle programmait, ou produisait, par cooptation et par goût, à une époque où on se posait peu la question de la diversité, des âges, des origines, et du « genre » des artistes. Et si la réflexion sur le public ne manquait pas, les formes proposées dans ce quartier, délaissé par les transports publics, concernaient peu des habitants particulièrement pauvres et d’origines très diverses.

Deuxième âge

Il fallut 10 ans avant que Michel Duffour, secrétaire d’État communiste au Patrimoine culturel et à la Décentralisation de Lionel Jospin de 2001 à 2003, donne un véritable élan à ces nouveaux territoires de la vie culturelle. Il partait d’un constat simple, inspiré en grande partie par La Friche marseillaise. Au sujet du rapport commandé à Fabrice Lextrait et Gwenaelle Groussard*, il expliquait qu’« À côté des institutions sont nés, au cours des dernières années, des lieux différents, des pratiques pluridisciplinaires, de nouvelles expériences avec les publics. Il ne s’agit pas de labelliser et d’enfermer ces formes émergentes, mais bien de tenir compte de tout ce qu’elles apportent afin de ne pas négliger, au nom de notre riche héritage, la création dans son ensemble » Il reconnaissait donc la spécificité et les possibilités du lieu. Cette réflexion permit le développement du même concept ailleurs : avec pour point commun la transversalité et la pluridisciplinarité, une dimension collective, une vision de l’œuvre en mouvement, qui peut montrer ses étapes, un rapport au public qui outrepasse la seule notion de spectateur et l’inclut dans le processus de création ou de critique, des

25 ans de la Friche © Gaëlle Cloarec

artistes qui résident et partagent, une volonté d’« excellence » artistique, et une écriture de l’espace qui transforme les lieux. Pourtant, si les friches se sont développées et ont profondément changé la façon de travailler des lieux labellisés eux-mêmes, celle de la Belle de Mai, en butte plus longtemps à un manque chronique de financement, ne fut pas épargnée par les critiques, en particulier locales : on lui reprochait son élitisme quand elle parlait d’excellence, et l’opacité du choix des artistes, leur vieillissement, l’absence de femmes, de diversité. On lui reprochait aussi de mal communiquer ses propositions, de tergiverser trop longtemps, de peu produire, et de peu ouvrir son projet culturel aux nouvelles pratiques urbaines.

Troisième âge

En 2012, Philippe Foulquié quitte la double direction du Système Friche Théâtre et du Massalia, et Alain Arnaudet prend la direction de l’un, puis Émilie Robert celle de l’autre. Les financeurs, en vue de MP2013, se décident enfin à investir massivement pour que la vie des résidents et l’accueil du public y soient moins malaisés (on s’y gelait l’hiver, on étouffait l’été, et le public était privé de toilettes), pour que des salles de spectacles, d’exposition, existent, tout en préservant la malléabilité des espaces. Alain Arnaudet ouvre un jardin, un skate park, un playground, un café, une crèche, une librairie, un marché bio, pour que d’autres usagers


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traversent le lieu et s’arrêtent, peut-être, aux propositions artistiques et dans les ateliers. Une diversification réussie : la fréquentation du lieu augmente, de nouveaux résidents au label national et aux financements importants arrivent et construisent des équipements qui dynamisent la Friche (Catherine Marnas, qui partira ensuite, puis l’Institut Méditerranéen des Métiers du Spectacle, et aujourd’hui le GMEM, Centre National de Création Musicale). Mais dans le même temps ce sont les compagnies résidentes historiques, les artistes, qui accusent depuis 2014 des baisses de subventions inégalées et successives. L’équilibre fragile entre la structure qui gère le lieu et les compagnies qui versent une redevance et prennent part aux décisions est aujourd’hui compromis. Certains ont mis la clé sous la porte, d’autres survivent, souvent au chômage technique, et leurs productions se raréfient et s’appauvrissent. Et ce sont aujourd’hui des productrices (Les Bancs Publics, l’AMI, Sextant et plus, MOD, Massalia, Shellac), qui viennent parler de l’avenir de la Friche. Si l’on se réjouit de cette présence active des femmes, on ne peut que constater l’absence des artistes. Que vaut aujourd’hui leur parole ?

Vers quel futur ?

Le 9 décembre, dans les débats et films de la rencontre publique enregistrée et conçue par Radio Grenouille, quelques partis pris faisaient frémir. L’idée de regrouper les femmes pour

parler du « présent de la Friche » sur 1 des 3 plateaux par exemple, comme si elles n’étaient pas des « bâtisseuses », sujet du premier plateau (Josette Pisani n’est-elle pas là depuis le début ?), et ne pouvaient pas « penser l’avenir », sujet du dernier plateau. Dans les films, même déséquilibre : une vingtaine d’artistes témoignent, dont deux femmes. Des enfants, usagers, sont filmés : 7 garçons et 2 filles, dont une qui ne prend pas la parole. Des élèves de l’ERAC lisent des textes : trois garçons et une fille, qui ne lit que des textes de femmes. Plus glaçant encore : à l’écran les artistes sont dotés d’un nom et d’un prénom, alors que les « habitants », c’est-à-dire les usagers qui sont toutes des usagères, ne sont que des prénoms. Et, profondément désolant : c’est parmi ces usagers, parmi les enfants, ou les travailleurs de la Friche, que l’on reconnaît un peu de cette diversité du quartier, alors que les plateaux ne regroupent que des Blancs. Un choix de Radio Grenouille, ou une réalité de la Friche qui persiste malgré la volonté d’ouverture aux « racisés » d’Alain Arnaudet ? Un autre sujet de discussion circulait entre les Grandes tables : le grand marché de Noël dans la Cartonnerie était-il nécessaire ? La Friche doit-elle rentabiliser ses espaces ? Les artistes, si nombreux aujourd’hui à ne plus pouvoir s’acquitter de leur redevance, vontils être soumis à des critères de rentabilité, ou profiter au contraire du fait que la Friche se finance aussi autrement ?

Difficultés politiques

Le matin c’est le module du GMEM, Centre national de création musicale, qui était officiellement inauguré. Un lieu inédit, unique, qui permet aujourd’hui d’accueillir en résidence compositeurs et musiciens, d’enregistrer tous les effectifs, acoustiques ou électroniques, de croiser toutes les musiques, de diffuser des petites formes, d’en concevoir de grandes. Mais les élus rassemblés ne comprenaient visiblement pas ce qu’ils inauguraient. Et Marc Bollet, chargé par les artistes de la coopérative de la Friche, qu’il préside depuis 2013, d’alerter les collectivités sur la disparition dangereuse des financements aux artistes, n’en pipa pas mot : le fossé semble irrémédiablement creusé entre artistes et politiques, qui ne s’intéressent plus qu’aux directeurs, à la fréquentation et aux économies d’échelle. L’art et les œuvres, les formes nouvelles, ne sont non seulement plus entendues, mais plus du tout audibles... AGNÈS FRESCHEL

* Fabrice Lextrait, Gwenaelle Groussard, Friches, laboratoires, fabriques, squats, projets pluridisciplinaires ... une nouvelle époque de l’action culturelle, Rapport à Monsieur Michel Duffour, La Documentation française, 2002.

La Friche Belle de Mai a fêté ses 25 ans le 9 décembre


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Châteauvallon perd la boussole À L’HEURE DU DÉPART CONJOINT DE CHRISTIAN TAMET, DIRECTEUR DE CHÂTEAUVALLON DEPUIS 1998, ET DE NATHALIE ANTON, DIRECTRICE ADJOINTE DEPUIS 1999, LE BATEAU ANCRÉ SUR LA COLLINE D’OLLIOULES TANGUE. ET L’HORIZON VAROIS SE BROUILLE…

P

ourquoi Christian Tamet renonce-t-il ? Nathalie Anton a, comme prévu, pris la direction de l’ARCADE depuis le 2 janvier, mais pourquoi le directeur part-il, et qui va le remplacer ? Y aura-t-il un recrutement, ou Châteauvallon va-t-il se fondre avec le Théâtre Liberté ? Si pour l’heure nul ne veut se prononcer il nous faut, pour comprendre les enjeux, remonter l’histoire. Châteauvallon a en effet un passé mouvementé, lié dans ses premières années à l’élection d’un maire Front national à Toulon, qui avait à l’époque amené l’État à doter généreusement ce lieu de résistance culturelle, qui a toujours programmé des formes contemporaines, de recherche, de création. Mais le contexte politique a heureusement changé, et le Théâtre Liberté construit pour les frères Berling sur la grand place de Toulon rassemble aujourd’hui un public nombreux, fidèle et divers. À l’initiative de Frédéric Mitterrand, Châteauvallon s’est donc rapproché du Théâtre Liberté et bénéficie depuis du label (demi-label ?) « scène nationale » attribué à l’association Union Châteauvallon-Liberté.

Drôle de duo

Zibeline s’était déjà inquiétée de cette première scène nationale bicéphale, qui risquait en cette période de mutualisations forcées de resserrer les moyens et les missions de chacun. Pourtant la légitimité d’ouvrir un nouveau théâtre sur le territoire toulonnais apparaissait évidente, d’autant que son ambition, affichée dès l’ouverture en 2011, « était de devenir un pôle artistique et culturel majeur en Méditerranée (…) associant la recherche de l’excellence artistique à une dimension populaire ». Disposant de près de 1000 places réparties entre quatre espaces, le théâtre Liberté, dirigé désormais par Charles Berling et Pascale Boeglin, n’a cessé depuis son inauguration d’étoffer une programmation éclectique, d’approfondir des thématiques, de multiplier les temps forts. Sauf que son succès ne peut effacer la spécificité de l’offre de Châteauvallon, fondé par Gérard Paquet et Henri Komatis en 1965, berceau des stars internationales de la danse et du jazz. Créé dès son origine comme un lieu « conçu

Châteauvallon-scène nationale © X-D.R

pour et avec les artistes », il a développé sur son site un théâtre couvert de 405 places, un studio de 90 places, un amphithéâtre de plein air ouvert l’été et des appartements pour des résidences d’artistes. La liste des tous ceux qui ont foulé la colline est vertigineuse, invités à créer, à produire ou simplement à participer aux actions de sensibilisation menées avec les populations de Toulon et d’ailleurs : son public est fidèle, et Châteauvallon sur sa colline tient son rôle, bien différent du théâtre Liberté. Celui qui lui a valu, dès 1988, un label national que le Liberté n’a obtenu qu’en s’alliant à lui.

Le risque d’OPA

Aujourd’hui l’inquiétude est grande : quel est son avenir à court et à moyenne échéance en termes de financement et d’équipe ? La mutualisation des moyens entre Châteauvallon et le Liberté souhaitée par les tutelles passera-t-elle par son absorption pure et simple ? Doit-on craindre une uniformisation de la programmation alors même que chaque équipement

défend une couleur, une identité, et œuvre à la complémentarité de l’offre artistique et culturelle dans l’ouest varois ? Si sa « disparition » était actée, pourquoi sacrifier cette richesse sur l’autel de contraintes budgétaires alors que l’un comme l’autre ont su préserver leurs spécificités et capter l’intérêt du public qui va et vient entre les deux pôles ? Les résidences d’artistes, les soirées d’été dans le sublime amphithéâtre, la programmation exigeante du théâtre couvert de Châteauvallon pourront-elles persister, pour un public varois peu gâté en termes d’offre théâtrale, et des compagnies varoises qui peinent à trouver des programmateurs ? À l’heure de l’élection de Claire Chazal (le mardi 19 décembre 2017) à la présidence du conseil d’administration du Liberté, et alors que le Théâtre Liberté produit de moins en moins les compagnies locales, le pôle bicéphale saura-t-il rester ancré dans son territoire ? MARIE GODFRIN-GUIDICELLI ET AGNÈS FRESCHEL


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L’ANNULATION BRUTALE DE BABEL MED, MANIFESTATION CRÉÉE AUTOUR DE LA VISION MÉDITERRANÉENNE DE MICHEL VAUZELLE, EST-ELLE CIRCONSTANCIELLE, OU IDÉOLOGIQUE ?

Mauditerranée Y

a-t-il un malaise autour du mot Méditerranée ? D’une rive à l’autre, les relations ont longtemps été nourries d’échanges culturels, mais la colonisation par les états européens des peuples du Sud et l’exploitation de leurs ressources ont déséquilibré la relation. De nos jours, le drame des migrations a transformé la Méditerranée en l’un des plus grands cimetières de l’histoire humaine. La volonté de rencontre, de métissage entre les peuples et les cultures se heurte à de nombreuses réticences et replis identitaires. En France les idées d’extrême droite ont infusé depuis plus de 30 ans, et sont désormais banalisées. Que des responsables du Front National se félicitent de la politique migratoire menée par le gouvernement en est une illustration. Dans nos régions, cette attitude de repli se traduit par des prises de décision politiques qui affectent brutalement la vie culturelle. Il semble loin le temps de Marseille Provence 2013 où tout devait rimer avec Méditerranée, et rien avec l’Arc latin ou la Provence. Ainsi les expos du Mucem, très axées en 2013 sur le M final de l’acronyme (Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée), sont-elles aujourd’hui plus souvent strictement latines, ou européennes.

Med pas clean ?

Dans les Bouches-du-Rhône depuis l’élection en 2015 de Martine Vassal (LR) à sa tête, le Département généralise les baisses de subventions aux associations culturelles au nom de la rigueur budgétaire. Mais les événements comportant un lien à la Méditerranée semblent particulièrement touchés par ces réductions tandis que fleurissent les Capitales départementales de la Provence, ou les Dimanches de la Canebière qui connotent une autre vision de la culture commune. Ainsi, DanseM (le M signifie Méditerranée), les Rencontres d’Averroès, l’association AFLAM et son Festival du Film Arabe, Films Femmes Méditerranée, tous ont subi des suppressions d’aides publiques du Département, mettant en péril leur existence. La Région Sud (nouveau nom de PACA) gouvernée désormais par Renaud Muselier

(LR), mènerait-elle le même type de politique ? La mise en sommeil de la Villa Med, ou les difficultés du PriMed, qui ont vu également leurs subventions régionales diminuer, semblent l’indiquer. Et ce malgré l’attachement de Renaud Muselier, ancien président de l’IMA (Institut du Monde Arabe), aux cultures de l’autre rive.

Le tour de Babel

Dernière victime en date, le Festival Babel Med Music, contraint d’annuler sa prochaine édition. Courant décembre, la Région annonçait que la subvention accordée à l’association Latinissimo, organisatrice du festival, sera de 70 000 € en 2018. Elle s’élevait à 329 000 € l’an passé. Créé en 2005, Babel Med Music est devenu un rendez-vous incontournable des musiques du monde. Lieu d’échange entre les cultures, de débat, de fête cosmopolite, d’éclosion de productions nouvelles, Babel Med propose à

Il semble loin le temps de Marseille Provence 2013 où tout devait rimer avec Méditerranée, et rien avec l’Arc latin ou la Provence la fois un marché international professionnel et des soirées concerts tout public. La coupe budgétaire, annoncée trois mois avant la date de l’événement, interdit toute alternative à la suppression de l’édition 2018. Selon Latinissimo, ce timing révèle « une volonté de nous coincer, de nous neutraliser ». La Région, quant à elle, pointe notamment des recettes de billetterie insuffisantes et affirme avoir pris cette décision « pour inciter la structure

à trouver d’autres financeurs publics et à se recentrer sur un modèle davantage tourné vers le marché professionnel ». Elle précise que le département et la Ville de Marseille devraient entrer au financement d’un événement qui les concerne au premier chef, et que Latinissimo « était prévenue de longue date que la subvention allait être diminuée ». Du côté de l’association, on conteste formellement cette version : « Il y a eu bien sûr des discussions avec la Région, mais une telle coupe budgétaire, changer de modèle économique et retirer la partie concert de l’événement, ça n’a jamais été évoqué. » Les conséquences, en terme d’image, et pour le rayonnement économique de la Région (emplois, nuitées d’hôtels, etc), de l’annulation du Festival sont lourdes. Mais les organisateurs assurent que l’édition 2019 aura lieu.

Quels Méditerranéens ?

En octobre dernier, Renaud Muselier posait la première pierre du Conservatoire national de la mémoire des Français d’Afrique du Nord, à Aix-en-Provence. Avec Maryse Joissains (LR), maire d’Aix dont on connaît l’opinion discutable sur l’Algérie française*. La mémoire des rapatriés mérite d’être honorée, et la Région Sud a raison de le faire. Mais force est de constater, au regard des 900000 euros qu’elle y a consacrés, que les restrictions budgétaires ne s’appliquent pas à tous les projets. AGNÈS FRESCHEL ET JAN-CYRIL SALEMI

* En inaugurant en 2012 une stèle à la mémoire des « martyrs de l’Algérie Française », Maryse Joissains déclara que « La France était une bonne chose en Algérie ».


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Cinéma. Art. food. ENFIN ! IL Y AURA DES CINÉMAS EN HAUT DE LA CANEBIÈRE EN LIEU ET PLACE DE LA MAIRIE DE SECTEUR DU 1/7 !

O

n parle du projet depuis plusieurs années, mais après le retrait de MK2, soutenu par Patrick Mennucci, le précédent maire de secteur, le scepticisme était de mise. Or voilà qu’après accord du Conseil Municipal (avril 2015), signature du bail emphytéotique de 58 ans (février 2016), dépôt et obtention du permis de construire (juillet 2016-mai 2017), accord des Bâtiments de France (février 2017) et garantie financière apportée par le groupe CAP exploitant (mai 2017), la SAS Artplexe -dirigée par Gérard Vaugeois (président) et Jean-Jacques Léonard (directeur général)décroche la timbale ! Les travaux commencent le 2 avril 2018 pour une livraison prévue au 4e trimestre 2019. Tous les acteurs du projet Artplexe étaient réunis pour une présentation à la presse le 19 décembre à la librairie Maupetit : outre les concepteurs, Sabine Bernasconi, maire du 1/7 déjà dans ses cartons de déménagement, Philippe Dejust fondateur de Cap cinéma (22 salles) et président d’Artplexe Canebière, l’architecte Jean-Michel Wilmotte et MAP Architecture.

« Un cinéma mais pas seulement » Ce concept Cinéma.Art.Food qui associe cinéma Art et essai, expositions et restauration dans le centre de Marseille, répond à un besoin de la ville : Marseille est particulièrement sous équipée avec seulement 9 cinémas, 49 écrans et 8377 fauteuils, un indice de fréquentation par an/habitant inférieur à toutes les grandes villes de France (2,93), encore plus bas pour l’Art et Essai. Le « déficit des spectateurs » est

© Artplexe Canebière - Wimotte & Associés Architectes

estimé à plus de 1,6 millions par an. Pour parvenir à faire retrouver le chemin vers les salles obscures, « le cinéma n’étant plus la boite à images que c’était », Artplexe mise sur la convivialité pour le succès de ce projet. Comme l’a fait Cap Cinéma dans ses 22 salles. Les entrées ne représentant que 15 à 20% des recettes, vendre du pop- corn (bio ?) permettra la viabilité du projet ! Il faudra diversifier l’offre cinématographique et proposer à côté des films Art et Essai des blockbusters et des films commerciaux en V.O. La salle de cinéma devient par ailleurs salle de spectacles, accueillant retransmissions, concerts et sera louée à des entreprises, des séminaires et des conférences.

« Un bâtiment mais pas seulement » C’est à Wilmotte & Associés, un architecte international, qu’est confiée la réalisation de ce bâtiment conçu comme « une rue couverte entre La Canebière et les Allées Léon Gambetta, pour constituer un véritable lieu de vie ». 7 salles de cinéma dont une de 281 places pouvant

accueillir des spectacles vivants, une brasserie, un lounge bar, un restaurant panoramique et un grand hall d’accueil avec espaces d’expositions ; en tout, 850 fauteuils qui recevront 350 000 spectateurs, si tout va bien. La Mairie soutient fortement Artplexe -loyer modéré à 15 000 euros/an- qui entre dans le projet de revalorisation de la Canebière, permettant au quartier de « renouer avec son identité patrimoniale et culturelle », en synergie avec la librairie Maupetit, les Bernardines, le Gymnase...

Rentabilité ou culture

Le projet affiche clairement son objectif commercial, logique pour un cinéma privé, mais revendique aussi une ambition artistique, cherchant l’équilibre entre culture et divertissement, création et loi du marché, pédagogie et rentabilité. Un pari risqué : comment faire revenir les Marseillais des quartiers sud qui ont pris l’habitude de fuir cette artère paupérisée ? La population du centre ville pourra-t-elle s’approprier ce lieu, et la politique tarifaire sera-telle adaptée ? Face à la carence des transports en commun en soirée, et au parking insalubre des


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Vitez : liberté au cube APRÈS LE DÉPART DE DANIELLE BRÉ, LOUIS DIEUZAYDE EST LE NOUVEAU PRÉSIDENT DU VITEZ, SECONDÉ PAR AGNÈS LOUDES, DANIELLE BRÉ TOUJOURS AU CONSEIL D’ADMINISTRATION ET CONSEIL ARTISTIQUE POUR DEUX ANS. INTERVIEW

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ANNIE GAVA, ÉLISE PADOVANI

et la Région. Personne ne nous revendique pleinement, ce qui nous rend très autonomes, mais aussi très précaires… L’université met à disposition les bâtiments, mais il n’y a pas de ligne budgétaire prévue pour la culture dans les universités au niveau du ministère, donc tout dépend des choix, motivés par les enseignants-chercheurs et les Présidents d’université. Enseignant-chercheur… pour quel théâtre ? L.D. : On veut rester un théâtre à texte, contemporain. On veut continuer à faire entendre des textes qui nous parlent de notre histoire, et qui aient une sensibilité politique, que ce soit dans les contenus, les formes, les rapports entretenus avec les spectateurs, les modes de fabrication. Il faut souligner la vraie militance artistique, l’esprit critique, de la part de l’équipe, très hétérogène et très soudée dans toutes les batailles pour faire vivre le théâtre. A.L. : Fragiles et libres ! Agnès Loudes et L oui s D ieu za yd e

Allées Gambetta qui affiche des tarifs délirants, comment les cinéphiles retrouveront-ils le chemin de la Canebière ? Y aura-t-il une réelle collaboration entre Artplexe et Les Variétés sans guerre pour la diffusion des films ? Comment le complexe culturel accueillera-t-il les festivals, les associations qui œuvrent à amener dans les salles obscures le public qui n’y vient jamais, associations qui sont actuellement mises en difficultés par des coupes de subvention brutales ? On aurait pu rêver d’un cinéma municipal Art et Essai sur la Canebière, avec des missions d’éducation à l’image, de soutien à la création, de diffusion en lien avec le réseau associatif. Le choix de faire appel à une entreprise impliquera forcément une logique de marché, le public étant avant tout une clientèle-cible. Artplexe (marque déposée) fait pour séduire les classes moyennes, saura-t-il assouvir le désir de cinéma de chacun, le faire naître et revivre au delà de l’industrie cinématographique surmédiatisée ? On peut se le demander.

Zibeline : Vous allez bénéficier d’un nouveau lieu, le Cube… Louis Dieuzayde : Le Cube* ne va pas être dédié uniquement au théâtre, il comporte au moins douze composantes… Mais nous disposerons d’une salle de 165 places et d’un lieu de répétition aux dimensions de l’espace scénique. Nous aimerions que le nouveau théâtre Vitez soit un pôle, destiné à repérer les projets qui sortent d’autres écoles et universités, être un lieu de croisement qui fédère. Avec des temps de réflexion lors de tables rondes, à propos des métiers du théâtre, des formations actuelles… Être à la fois un lieu de diffusion et de réflexion. Inviter aussi les spectateurs aux côtés des professionnels, des étudiants, des amateurs pour des workshops dans lesquels se croiseraient formation, connaissance, pratique artistique et expérimentation. Agnès Loudes : Le fait d’avoir un théâtre dans l’université est nécessaire aux enseignements théâtraux professionnalisant, de la même manière que la fac de médecine a besoin d’un CHU. L.D. : Et cela permet aussi l’articulation des formations en théâtre avec une programmation professionnelle, qui touche toutes les sections de l’AMU. A.L. : Notre souhait est de croiser l’action culturelle, l’action artistique, la programmation, le territoire dans son ensemble… L.D. : …par des partenariats avec les autres théâtres (dans le réseau Traverses par exemple), et avec l’ERACM, la FAIAR… Être un endroit où les tous jeunes projets puissent se montrer et bénéficier de retours critiques. Quels sont les financements pour cette structure atypique ? A.L. : Sur un budget de 400 000 €, la Drac finance la moitié, 8% vient de la billetterie, le reste est alloué par la Ville, le Département

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARYVONNE COLOMBANI

* ouverture en 2019

AU PROGRAMME 24 janvier : Les Vagabondes

La Cie Quasi rend hommage à la potentialité des jardins quantiques, une fantaisie profonde et végétale par Alain Béhar.

30 janvier : Projet M.D. Diptyque Duras

Les deux dernières œuvres de Marguerite Duras, C’est tout et La pute de la côte Normande sont mises en espace par le comédien Nicolas Guimbard et le plasticien-vidéaste Patrick Laffont.

6 février : Timon d’Athènes

Le philanthrope de Shakespeare est interprété par la Cie TAC Théâtre. Le spectacle sera suivi d’un « bord de plateau » animé par Danielle Bré et Jean-Louis Claret.


Münchhausen transformiste

Raoul Lay © Pierre Gondard

18 événements

La création du compositeur-chef d’orchestre Raoul Lay, Le Baron de M., invente un univers fantastique et fantasque à la croisée de tous les genres Zibeline : Pourquoi réinterroger aujourd’hui la forme de l’opéra bouffe? Raoul Lay : Les compositeurs contemporains ne sont pas réputés pour leur esprit de franche rigolade, on les associe à un « pathos dolorosus » qui semble lié à une recherche de l’essence de l’art. J’ai voulu aller dans une dimension que je trouve aujourd’hui très novatrice. Je voulais interroger l’opéra bouffe, né comme un intervalle entre des opéras séria, forme qui a gagné historiquement le public. L’opéra bouffe m’intéresse d’abord d’un point de vue musical : comme une comédie, il fonctionne sur le rythme, c’est une machine compliquée à concevoir pour être efficace. Ensuite, il emprunte à d’autres genres, des éléments de cirque, de théâtre, et le corps y est assez présent. Enfin il met la vie des gens en scène, et permet d’intégrer de nouvelles formes d’art, des pratiques du langage d’aujourd’hui. Fantaisie, absurde, bizarrerie, se côtoient, mais il se dessine en

filigrane des questions sérieuses. Cet objet « comique » est structurellement parlé et chanté, il est tellement anachronique aujourd’hui qu’il en devient intéressant, fertile. Univers fantastique fantasque, votre art poétique est celui d’abolir les frontières entre les genres pour un art total ; en cela, on rejoint l’opéra original… Exactement. Pourquoi le thème du Baron de Münchhausen ? Je porte ce projet depuis trois ans. La première version de Raspe développe un humour très allemand, assez incompréhensible pour nous : c’est l’humour fantastique d’un chevalier qui raconte des sornettes à la suite d’un repas arrosé. Ainsi, des chevaux coupés en deux continuent de galoper ! Puis, Terry Gilliam a rajouté dans son film un passage de théâtre dans le théâtre, qui fait penser à Cyrano : survenant au moment où une scène le représentant se joue,

le Baron s’exclame : « Ce n’est pas du tout ça, c’est moi le Baron ! ». Au cœur de ce voyage initiatique, le héros élargit son personnage en changeant d’âge. Je me suis alors rendu compte qu’il y avait une anagramme incroyable entre Munchausen (orthographe anglaise) et les mots turcs « Nechma usum » qui signifie « Nechma la grande ». Le Baron de M. pouvait donc devenir un homme ou une femme. Cela me semblait prolonger complètement le questionnement autour de cet opéra fantastique dont j’ai travaillé le livret avec Charles-Éric Petit. Et que lui arrive-t-il, à ce Baron de M ? Tout commence avec l’arrivée de l’empereur d’Autriche, il entend des vocalises derrière un paravent, pense que sa bien-aimée chante pour elle alors qu’elle est en train de faire des guiliguilis avec le baron. Il est découvert mais un autre personnage, féminin, arrive sur scène et affirme être le vrai baron : « Prisonnier dans le harem du sultan, je suis devenue Nechma Usum ». Et tout s’enchaine : appartements de l’empereur d’Autriche, harem, bataille (le conflit entre les Turcs et les Autrichiens renvoie à L’enlèvement au sérail de Mozart), lune sur laquelle le Baron de M. arrive sur un boulet de canon, ventre de la baleine, obscur, peuplé des chants des marins perdus… L’intrigue voyage dans un Orient fantasmé par l’Occident… Deux chanteurs d’opéras interprètent tous les personnages lyriques, et une comédienne et un comédien circassien sont les deux barons. C’est très baroque en fait ! Avec de somptueux décors, grâce à la coproduction des Opéras de Marseille, de Limoges, de Saint-Quentin-enYvelines, d’Archaos (pôle national des arts du cirque Méditerranée. ndlr) et aux soutiens de la SACD, de l’ADAMI (sociétés d’auteurs et d’interprètes ndlr). Ce n’est pas réservé au public enfantin ! Non c’est un opéra tout public, avec une double lecture qui dépasse largement le cadre jeunesse. Équivoque, ambigu, car il est impossible de trancher la question du genre. C’est une œuvre essentiellement joyeuse. J’utilise des techniques contemporaines d’écriture mais au service d’une narration dont j’ai envie qu’elle interpelle. Écrire un opéra sans parler au monde d’aujourd’hui me paraîtrait absurde. ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARYVONNE COLOMBANI

9 & 10 février Le Baron de M. Opéra bouffe de Raoul Lay mis en scène par Florence Becaillou avec l’Ensemble Télémaque, et Brigitte Peyré (soprano), PaulAlexandre Dubois (baryton), Agnès Audiffren (comédienne), Thibaut Mullot (circassien) Odéon, Marseille 04 96 12 52 70 odeon.marseille.fr ensemble-telemaque.com


FLEUR SANA - Mind Jeudi 25 janvier – 17h30 - Conférence illustrée* Vendredi 26 janvier – 20h30

ALTER EGO – Kathak et Flamenco Vendredi 2 février – 20h30

LOXIAS – Souffles de Cristal Vendredi 9 février – 20h30 Cité de la Musique de Marseille, Auditorium 4, rue Bernard du Bois – Marseille 1er - 04 91 39 28 28 *BMVR l’Alcazar 58, cours Belsunce - Marseille 1er www.citemusique-marseille.com


20 événements

Deux fois Badine Quinze ans après sa création, Éva Doumbia reprend Badine, un spectacle inspiré de la pièce d’Alfred de Musset On ne badine pas avec l’amour George Sand en plus. Elle était républicaine, et n’avait pas de mépris de classe, alors que lui était royaliste, le sort du prolétariat et de la paysannerie l’intéressait peu. Il a écrit la pièce au moment de sa rupture avec George Sand, est-ce la raison pour laquelle vous rapprochez leurs œuvres ?

Lors de la première création j’étais féministe sans le savoir, instinctivement ; je n’avais pas encore construit de réflexion approfondie. Là j’ai voulu imprégner le texte de Musset de cette réflexion. De même que d’autres dimensions. Il était ivre du matin au soir, malade des nerfs, et passait son temps dans les bordels. Cela avait une influence sur son écriture et son comportement, c’est quelque chose que l’on va traiter : le décor est une table de banquet, avec énormément de bouteilles. Je ne porte pas de jugement moral là-dessus, mais c’est présent dans ce que l’on raconte. Ce ne sera pas lisse. J’aborde également la question de la diversité : ethnique, géographique, au niveau des accents... Votre équipe est aussi différente, par rapport à la première version ? Je reprends deux acteurs de la distribution initiale, bien-sûr pas les jeunes, car ils ont plutôt 50 ans aujourd’hui... Les jeunes de cette reprise sont sortis principalement de l’ERAC. Ils sont passionnés, portés par ce texte assez peu connu finalement. Il arrive que même les professionnels confondent Musset et Marivaux ! Eux ont entre 20 et 25 ans, il y a quelque chose qui leur ressemble dans cette pièce écrite par un auteur au même âge. Eva Doumbia © Lionel Elia n

Zibeline : À l’origine, qu’est-ce qui vous a conduit à mettre en scène cette pièce ? Éva Doumbia : Au début des années 2000, un ami m’a appris que dans le milieu théâtral on me considérait plutôt comme une performeuse que comme une metteuse en scène. Il m’a donc suggéré de monter un classique. Or ce n’est pas ce vers quoi je tends spontanément. Mes goûts littéraires me portent certes vers le XIXe, le romantisme, cependant en matière de théâtre le seul classique qui me passionne est Racine, et je ne m’en sentais pas la carrure à ce moment-là. J’ai choisi ce texte qui n’a pas été écrit par Musset pour être mis en scène, mais pour être lu, parce qu’en vérité je l’aime beaucoup, en tant que lectrice. Comment a-t-il été accueilli ? Nous l’avons monté sans argent, car parmi les financeurs, personne n’y croyait ! Au début Badine a été joué trois semaines dans un atelier d’artiste du quartier du Panier, à Marseille. Alain Liévaux, qui était alors directeur du Merlan, l’a vu et m’a dit « je n’aime pas les classiques mais vous m’avez cueilli ». Suite à cela on a fait des représentations en lycée, transformant entièrement des salles à Saint Exupéry et Diderot. Un conseiller de la Drac est venu, et par son entremise nous avons effectué une tournée de six semaines en Afrique de l’Ouest. Pour quelles raisons le reprenez-vous aujourd’hui ? Au final, je le reprends à peu près pour les mêmes raisons, avec toujours le désir de parler à travers lui au monde contemporain. C’est un grand plaisir de s’y replonger, de se laisser traverser deux fois par le même texte. Mais je le travaille différemment. En 2002, j’avais ajouté des passages de La confession d’un enfant du siècle, publié par Musset deux ans après la pièce. Là, j’intègre des extraits d’Indiana de

PROPOS RECUEILLIS PAR GAËLLE CLOAREC

Il l’a en effet rédigée avec George Sand en tête, de même qu’elle pensait souvent à lui en écrivant ses propres textes. Dans Indiana, on perçoit son anti-esclavagisme à travers le personnage de Noun, l’équivalent de Rosetta dans On ne badine pas avec l’amour. C’est une créole, mais une réelle affection relie l’héroïne principale à sa femme de chambre. Ma vision du féminisme s’étant développée depuis quelques années, j’ai eu envie de faire davantage parler George Sand. Vous re-créez donc Badine avec une dimension plus féministe ?

à venir 9 février Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 theatre-semaphore-portdebouc.com


VENDREDI 19 JANVIER

Du réel à la fiction Moi, Corinne Dadat - 20h30

Fos-sur-Mer•Grans•Istres•Miramas

Théâtre documentaire

Du vendredi 19 janvier au dimanche 21 janvier 2018

LE THÉÂTRE DE FOS - Fos-sur-Mer Durée 1h - 04 42 11 01 99 Un récit sincère et émouvant où règne la bonne humeur.

SAMEDI 20 JANVIER

Parcours itinérant Les Résidents - 18h

THÉÂTRE DE L’OLIVIER - Istres Durée 1h05 - 04 42 56 48 48 « Vivre, c’est vieillir. Il n’y a pas de meilleure façon de vivre que de vieillir. »

Going Home - 20h30

THÉÂTRE LA COLONNE - Miramas Durée 1h05 - 04 90 50 66 21 Jeune Éthiopien adopté par des Autrichiens, Michalak étouffe et décide de refaire “le chemin à l’envers”.

DIMANCHE 21 JANVIER

Voyage en Italie Le jazz à 3 doigts - 11h

ESPACE ROBERT HOSSEIN - Grans Durée 1h30 - 04 90 55 71 53 C’est une formidable traversée du temps qui nous plonge dans l’histoire de l’Italie du 20e siècle.

SAMEDI 13 JANVIER

Sortie de résidence Mo - 14h

www.scenesetcines.fr •

et aussi

LE THÉÂTRE DE FOS - Fos-sur-Mer 04 42 11 01 99 Ce récit, construit à partir d’événements réels, raconte l’itinéraire de Mo, jeune migrant Africain à la poursuite de son rêve pour rallier l’Europe.


22 événements

Déplacer l’opéra L’ o p é r a GrandAvignon, hors des murs de l’opéra théâtre pour trois ans en raison de travaux de rénovation, a commencé une très belle saison tout près de la gare TGV

L

’Opéra Confluence est un bâtiment provisoire, tout en bois, et très confortable : les 900 sièges larges, rouges, ont une pente étudiée qui offre à tout le public une vision de la scène parfaite, que nos jolis théâtres à l’italienne ne permettent pas. L’acoustique est très agréable, les voix passent parfaitement au-dessus de la fosse d’orchestre, on n’entend pas du tout les TGV tout proches, et la réverbération, discrète, fait sonner distinctement les timbres des instruments. On regrette seulement que les chœurs placés en fond de scène dans la 9e Symphonie de Beethoven soient un peu écrasés, et que le cadre de scène soit restreint, limitant les déplacements des danseurs et choristes dans Orphée : l’Opéra

Julie Robard-Gendre © Ledroit-Perrin

Confluence, vaste comme une nef renversée, aurait pu ouvrir plus largement son plateau... d’autant qu’il est un des rares de la région

AU PROGRAMME

L’enfer baroque

28 et 30 janvier

Dialogues des Carmélites

L’opéra en 3 actes de Francis Poulenc sur le texte de l’œuvre de Bernanos retrace la fin de l’ordre des Carmélites détruit par la Révolution Française. La jeune Blanche de La Force est novice et échappe aux troupes. Mais elle choisira de rejoindre ses compagnes sur l’échafaud. Ce drame bouleversant sera dirigé par Samuel Jean dans les décors et la mise en scène d’Alain Timár. Le directeur du Théâtre des Carmes s’attache ainsi à sa première mise en scène d’opéra, soulignant que « la qualité du livret est exceptionnelle » et fait de cet opéra « autant une œuvre dramatique que lyrique ». Il en proposera une vision toute personnelle, avec Marie-Ange Todorovitch (Madame de Croissy) et Ludivine Gombert (Blanche de La Force), aux voix exceptionnelles. 15 janvier

Franco Fagioli

Le contre-ténor Franco Fagioli interprète à merveille le répertoire des castrats héroïques

à proposer des productions lyriques avec chœur et ballet. Mais le public a déjà pris le chemin de ce nouveau théâtre, d’autant que le parking est vaste, et qu’une navette ramène les piétons dans le centre-ville. Le pari est gagné !

du XVIIIe siècle. Accompagné par l’orchestre Il Pomo d’Oro, qui travaille sur des instruments d’époque, il présentera un florilège d’airs d’opéra de Haendel. La soirée sera solidaire, en partenariat et en faveur des actions médicales, éducatives et sociales au Népal de l’association humanitaire Partage dans le Monde. 9 février

Orchestre régional Avignon-Provence

Sous la direction de Samuel Jean, la formation présentera un programme éclectique qui mettra en évidence toutes les facettes de son brio, Siegfried Idyll de Wagner, Ma Mère l’Oye (Ballet intégral) de Maurice Ravel, et le Concerto pour piano n° 1 en mi mineur opus 11 de Chopin. Pour cette dernière œuvre, le pianiste Giovanni Bellucci apportera sa sensible virtuosité. Opéra Confluence, Avignon 04 90 14 26 00 operagrandavignon.fr

Orphée ouvrait la saison lyrique les 3 et 5 décembre. L’opéra de Gluck était donné dans sa version française réorchestrée par Berlioz, mais le chef Roberto Forés Veses avait judicieusement choisi d’en gommer les accents les plus romantiques pour tenter de retrouver le phrasé baroque. L’orchestre suivait, atténuant au mieux les vibratos et les rubatos de la partition de Berlioz pour retrouver la pureté de Gluck, exercice très complexe pour un orchestre symphonique aux instruments modernes. Fanny Gioria à la mise en scène avait choisi de figurer l’abstraction intemporelle des Enfers par un jeu de miroirs, des lignes obliques, des noirs et blancs, et un chœur de clones emperruqués, dissymétriques, figurant l’inhumanité des habitants d’outre-tombe. Habitué à incarner davantage, le chœur avait un peu de mal à


rester sobre et sévère, d’autant qu’il assumait aussi, en plus du chant baroque, une gestuelle qui complétait celle des ballets emmenés par Éric Belaud : contemporaine, donnant vie à l’évolution des damnés, au début réticents, puis touchés par la douleur d’Orphée, et célébrant sa victoire. Car cet Orphée finit bien ! Après avoir cédé à la supplique de son Eurydice et l’avoir assurée de son amour, contrairement à son serment de rester muet, Orphée ne perd pas son épouse : les dieux antiques sont devenus chrétiens, et ne peuvent punir le poète, qui ne cède pas à la curiosité mais à l’Amour. Celui-ci, incarné par Dima Bawab en étrange midinette se trémoussant sur un échafaudage, manquait de dignité sinon de voix. Mais Eurydice (Olivia Doray) et surtout Orphée (Julie Robard-Gendre) offrent des moments de grâce absolue : leurs voix amples, chaleureuses, au phrasé d’une intelligence rare, ont littéralement fait frissonner le public, emporté également par la qualité de leur jeu.

La joie romantique La saison de l’Orchestre régional Avignon Provence débutait quelques jours après (les 13 et 15 décembre) avec la 9e Symphonie de Beethoven, précédée de Pelléas et Mélisande de Debussy, arrangée en poème symphonique par René Koering. Une suite qui fait entendre les différents moments de l’opéra, ses décors et ses humeurs, sa forêt, son désir et ses douleurs obscures, parfaitement rendus par l’orchestre très à l’aise dans les couleurs symbolistes de cette musique si française. Mais c’est dans les élans allemands de la 9e Symphonie et son Hymne à la joie que le talent de l’orchestre éclata. Les masses, l’architecture, les contrastes, les solos furent offerts avec un plaisir partagé, jusqu’au moment où les solistes et les chœurs se levèrent : plus de 100 chanteurs du Chœur Avignon Provence et du Chœur Régional réunis firent vibrer de joie l’avenir, dans ces pages célébrissimes qui sont devenues notre hymne européen, et où l’art musical est partagé par tous. Le rythme syllabique, la structure de la mélodie, l’intensité qui va croissant célèbrent après la Révolution l’avènement du peuple « Soyez unis par millions ! Qu’un seul baiser embrasse l’Univers ! ». Une façon, dès 1828, de partager la musique, amateurs, professionnels, solistes et chœurs offrant au public un maelström de joie commune... Confluente ? AGNÈS FRESCHEL


24 événements

Un Shakespeare bien frappé

L

a phase de digestion post-fêtes de fin d’année est derrière nous, il est temps de se remuer ! L’occasion est là avec le sémillant festival Shake Nice !, quatrième édition, qui met William Shakespeare à l’honneur sur la Côte d’Azur. Son ouverture sera assurée par une troupe anglaise de haut vol, Antic Disposition, les 24 et 25 janvier. Henry V s’y voit déplacé du XVe au XXe siècle, et le contexte militaire quitte Azincourt pour la première guerre mondiale. Irina Brook, directrice du Théâtre National de Nice et digne fille de son père, prendra la suite les trois jours suivants avec sa nouvelle version de La Tempête, une Le Songe d’une nuit d’Été © L.Schneegans re-création réalisée avec ses Éclaireurs, jeunes elle aussi le cadre, dans une ambiance de acteurs réunis lors d’ateliers à son arrivée film italien des années cinquante... dans les Alpes Maritimes. Attentive comme Les 31 janvier et 1er février, Tim Crouch offrira toujours à faire du théâtre pour tous, festif enfin sa vengeance au personnage puritain sans renoncer à la profondeur. Et déplaçant et ridicule de La nuit des rois, Malvolio. L’an

passé, Le songe d’une nuit d’été était présenté dans la version chorégraphiée du directeur des Ballets de Monte Carlo, Jean-Christophe Maillot. Cette fois, la pièce emblématique du grand Will est mise en scène par Guy Pierre Couleau, pour un spectacle très onirique, sur une musique originale de Philippe Miller (à partir de 15 ans). Après une petite pause, place au slam : les 8 et 9 février, Angèle Baux Godard et Marie-Claire Utz se partageront le plateau pour rendre hommage à la puissance du verbe shakespearien. Les deux après-midis suivants, comme lors des éditions précédentes, se tiendra l’événement Shakespeare freestyle !, fruit d’un projet pédagogique conçu par Irina Brook. Quatorze classes de collège et lycée se lancent dans une adaptation du Songe d’une nuit d’été, et de Roméo et Juliette, rien de moins !

Penser de bas en haut

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e cycle de conférences organisé par Opera Mundi se poursuit à Marseille en ce début d’année, avant de reprendre le chemin de la Médiathèque de Vitrolles. C’est à peine si l’on ose vous rappeler que le fameux paysagiste Gilles Clément sera présent le 13 février à la Bibliothèque de l’Alcazar, de peur que l’auditorium de la BMVR ne croule sous l’affluence. On insistera par contre sur deux orateurs moins célébrés mais tout aussi substantiels, qui viendront s’exprimer sur le thème 2017-2018 : Le vivant dans tous ses états. Guillaume Lecointre enseigne au Muséum National d’Histoire Naturelle, où il étudie les relations évolutives entre les espèces, dans le « grand arbre de la vie ». Il interviendra le 25 janvier à propos de L’évolution : entre régularité et changement. Un thème qui attirera tous

ceux qui se posent des questions sur la façon dont les interactions entre le milieu et les individus agissent au long cours. Le zoologiste et systématicien défend la théorie selon laquelle le mécanisme de la sélection naturelle ne vise pas la perfection, mais le robuste compromis. Le 10 février, c’est le Frac Paca qui accueillera Aline Veillat, plasticienne venue de Suisse, Guillaume Lecointre © Yves Tennevin-Wikimedia Commons où elle est chercheure associée à la Haute « énonciation poético-philosophique sur le sol école d’art et de design de Genève. Avec Le vivant et sur les relations contingentes avec le sol, les nuages et le geai, elle propose une non-humain, transformateur du monde ». Ne


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Avant certaines représentations, guettez la présence de strowlers sur le parvis et dans le théâtre : ces saltimbanques plus ou moins vagabonds, incarnés par les comédiens de L’attraction Compagnie, étaient nombreux aux abords des salles élisabéthaines. Autour du festival, des rencontres, conférences et ateliers sont proposés, avec cette année un focus sur la traduction des textes originaux. Chaque spectacle est évidemment accessible individuellement, cependant pour les plus gourmands de l’œuvre du poète de Stratford-upon-Avon, sachez que le pass Shake Nice ! donne accès à l’ensemble des représentations pour 65 €. Il est à noter que la manifestation fait partie depuis 2017 du European Shakespeare Festivals Network, un réseau international reliant une douzaine de pays : des structures anglaises, allemandes, polonaises ou roumaines, toutes amoureuses du dramaturge et déterminées à promouvoir ses inépuisables écrits. GAËLLE CLOAREC

Shake Nice ! 24 janvier au 11 février Théâtre National de Nice 04 93 13 90 90 tnn.fr

vous laissez pas décourager par un énoncé un peu pompeux : loin de vouloir asséner sa vérité, l’artiste préfère soulever des interrogations, sans nécessairement apporter de réponses ni hiérarchiser les savoirs. À l’IMéRA, l’Institut d’études avancées d’Aix-Marseille Université où elle était en résidence récemment, elle a travaillé sur les secrets que recèle le sol, en réfléchissant « de bas en haut » avec des scientifiques. Rappelons que les événements du cycle Le vivant dans tous ses états sont gratuits, mais la réservation auprès des lieux d’accueil est fortement conseillée. G.C.

Opera Mundi, Marseille 07 82 41 11 84 opera-mundi.org

La vie servie sur un plateau Scènes&Cinés propose un focus «  Théâtre documentaire » le temps d’un grand week-end entre réel et fiction

C

’est de vie(s) dont il va être question, des vies réelles passées par le prisme artistique des metteurs en scènes, révélées comme autant d’histoires de rencontres de « femmes et hommes en quête de sens et de liberté ». La vie en direct, à partager toute crue sur le plateau, forme théâtrale devenue un style à part entière, qui donne la parole à l’archive, à l’interview, au témoignage. Un aller - retour entre matériaux bruts et invention artistique de plus en plus prisé par les metteurs en scène et le public. Confrontation entre expérience vécue, expérience du jeu, mise à l’épreuve de la parole le temps de la représentation, réception de ces fragments de vie que chacun remporte ensuite pour mieux affronter le réel. Cinq spectacles déclineront quelques-unes des richesses de cette forme théâtrale qui s’impose sur les scènes. L’auteur metteur en scène Mohamed El Khatib a écrit un spectacle pour Corinne Dadat, vraie femme de ménage de 50 ans. La voilà sur le plateau avec sa blouse de travail, verbe haut et corps usé, maltraité par les gestes répétitifs que souligne la jeune danseuse contorsionniste Elodie Guézou ; entre réalité et fiction se nichent les rêves de cette femme assurément belle et rebelle ! (Moi, Corinne Dadat, Fos) Emmanuelle Hiron a suivi la gériatre Laure Jouatel dans le quotidien de son travail à l’Ehpad de Vezin-le-Coquet (35). Les Résidents croise des séquences filmées avec les personnes âgées et un monologue joué sur

Les Résidents © François Langlais

scène par l’auteure, fondé sur des entretiens menés avec la gériatre. Des moments extrêmes, entre émotion et malaise, dont on ne peut détourner le regard. La vie en face. (Istres) Vincent Hennebicq s’est emparé de l’histoire d’un Éthiopien qui décide de retourner dans son pays. C’est Michalak, adopté par une famille autrichienne après avoir été déposé sur le parvis d’une église d’Hambourg. Going Home est une aventure d’immigration à l’envers. Une poignante histoire vraie, sur une musique originale de Vincent Cahay & François Sauveur jouée en direct. (Miramas) Autre parcours de vie, celui du grand-père du personnage joué par l’auteur metteur en scène Luca Franceschi, dans Le jazz à 3 doigts. Un récit qui nous amène dans l’Italie des années 20, à travers l’histoire d’un simple paysan qui rêve de pouvoir vivre, envers et contre tout, sa passion pour la musique. Avec Renaud Dupré à la vidéo et Bernard Ariu à l’accordéon et au jeu. (Grans) Marie Vauzelle présentera sa nouvelle création, Mo, lors d’un café-rencontre organisé à sa sortie de résidence au Théâtre de Fos. Inspirée de l’histoire de Mohamed, jeune guinéen avec lequel elle travaille depuis deux ans, qui tente de rallier l’Europe. (Fos) Le tout introduit par une conférence-rencontre animée par Arnaud Maïsetti, maître de conférence en arts de la scène à l’Université Aix-Marseille, dramaturge et auteur : « Théâtre documentaire, théâtre documenté ? » (Fos). Voyages au cœur d’une réalité transcendée par la scène. A.Z.

Théâtre documentaire 19 au 21 janvier (sortie de résidence de Mo le 13 janvier) Théâtre de Fos, Théâtre de l’Olivier à Istres, La Colonne à Miramas et Espace Robert Hossein à Grans scenesetcine.fr


26 événements

Éloge de la radicalité

Parallèle annonce une 8e édition qui va mettre en synergie les théâtres de Marseille, et la jeune création

Adina Secretan, Place © Sylvain Chabloz

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arallèle n’est pas un festival comme les autres, mais un moment de visibilité pour les compagnies et les artistes accompagnés par Parallèle (ex Kom’n’act), plateforme de production dirigée par Lou Colombani. Le festival prône sans complexe la radicalité, prend le risque de la défaite, et des réussites les plus triomphantes, parce que mettant en lumière des formes nouvelles, hors formats, hors circuits. Parallèle accompagne les projets depuis leur élaboration jusqu’à leur création, puis leur diffusion, du concept jusqu’à la monstration et la médiation auprès du public, des programmateurs, des commentateurs et des institutions. Un échelon précieux, d’autant que Lou Colombani a fait preuve depuis 8 ans de la pertinence de ses choix, et du sérieux de son accompagnement. C’est pourquoi aujourd’hui la plupart des théâtres marseillais accueillent, coproduisent ou diffusent, à la mesure de leurs moyens, ses propositions. Qui trouvent ensuite, souvent, d’autres diffuseurs, dans la région ou ailleurs. Ce qui est proposé lors du Festival Parallèle concerne donc les professionnels, mais aussi un public qui n’a pas froid aux yeux et accepte d’être emmené hors des terrains lisses. Une occasion, en particulier pour les jeunes, d’être étonnés, et concernés aussi par des problématiques et des langages de leur âge et de leur temps.

À noter, parce que ce n’est pas si fréquent y compris dans les festivals de jeune création, une forte présence de femmes artistes. Et à côté du théâtre, des performances et de la danse qui demeurent l’axe fort du festival, des propositions parallèles : -une exposition photo à la Librairie

Maupetit et au Théâtre des Bernardines, donnant à voir les Territoires parallèles de 5 jeunes artistes passés par l’École Nationale Supérieure de Photographie d’Arles (ENSP) : 3 Colombiens et 2 Françaises, pour dire les mutations d’un pays (du 18 janvier au 17 février) -la projection le 28 janvier de 3 films courts, récents, de jeunes réalisateurs au Cinéma les Variétés, une programmation élaborée avec le FID sur des rapprochements incongrus : l’écoute de sons opposés (La Barque Silencieuse, Julie Chaffort), l’étude comparée des antipodes que sont l’Indonésie et la Colombie (As far as we could get, Ivàn Argote), ou Rameau dansé en Krump (Les Indes Galantes, Clément Cogitore) -un atelier de regard critique, mené en partenariat avec le Collège Jean Malrieu, Aix Marseille Université et la revue I/O Gazette, dont la restitution aura lieu le 3 février au Conservatoire -un « Lab » chorégraphique avec Bruno Freire, un atelier de pratique pour enfants, et des « bords plateau » avec le groupe Vasistas (le 1er février) et Sandra Iché (le 2 février) Autant de portes d’entrée nouvelles vers la programmation de spectacles vivants. AGNÈS FRESCHEL

Au programme L’avant première de la Töy-Party de Muerto Coco pour lancer le festival à La Gare franche avec des jouets d’enfants, de la poésie contemporaine et le bruit du monde (le 26 janvier). Une étape de travail importante pour le collectif marseillais, avant la création en mai de ce qui sera pour eux « une grosse production, sur la vie, la mort, la joie, en espace public, avec Bloom Box et Prépus & son panda ».

Au FRAC et à Fotokino Eric Minh Cuong Castaing confrontera une enfant à un robot (Lesson of Moon, le 31 janvier et le 2 février) ; le Mucem se penchera avec Maud Blandel sur les pom-pom girls américaines, et Montévidéo accueillera tous les soirs les performances de Louis Vanhaverbeke, Ernest Bergez & Pauline Simon, Begüm Erciyas, Edurne Rubio et Anne Lise le Gac.

Mining story, un solo muet de Sylke Huysmans qui accompagne son enquête sur la catastrophe écologique, économique et humaine du Minas Gerais, un état brésilien ; suivi dans la même soirée, le 27 janvier au Merlan, de 10 Miniballetti de Francesca Pennini, entre gymnastique et danse, enfance et rêve...

À ne pas manquer, la programmation de La Joliette : Gauche/Droite de Sandra Iché (voir p.51) et le 3 février l’Irlandaise Oona Doherty pour clore le festival par une performance sur la colère de Belfast, et la masculinité. Avant un DJ set de Rory More et Waterproof, rencontre de l’Irlande et de Marseille.

Aux Bernardines, le 30 janvier Place, un cri rageur d’Adina Secretan sur la surpopulation et le manque d’espace ; la création de Bruno Freire qui part à la recherche du merveilleux, utopie nécessaire (le 2 février) ; le Vasistas group théâtre (Argyro Chioti) qui tente la Divine Comédie au Gymnase, une grande forme où un quatuor à cordes tiendra la place centrale (le 1er février)

A.F.

Festival Parallèle 26 janvier au 3 février Divers lieux, Marseille plateformeparallele.com


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L’art de la science

jonctions entre ces deux visions de l’univers, en quoi le regard artistique peut-il s’appliquer aux concepts scientifiques, qu’est-ce qui lie le surréalisme à la théorie de la relativité d’Einstein ? Les métamorphoses d’un visage seront l’objet de la deuxième conférence. Beaucoup de grands peintres ont réalisé leur auto-portrait,

JAN-CYRIL SALEMI

Les savants de Marseille 20 janvier Théâtre Nono, Marseille 04 91 75 64 59 theatre-nono.com

Cornillon-Confoux • Fos-sur-Mer • Grans Istres • Miramas • Port-Saint-Louis-du-Rhône

20 festival des Arts du Geste du 12 au 25 février 2018

WWW.SCENESETCINES.FR

04 42 56 48 48

A n°3-1064783

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René Magritte, La reproduction interdite © X DR

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’un relève du sensible, l’autre de la raison. De nos jours, il semble que plus rien ne relie l’art et la science. Mais ces deux branches du savoir humain n’ont pas toujours été séparées et de grands artistes furent aussi d’illustres scientifiques. Pour Léonard de Vinci, Michel-Ange ou Jules Verne, la rigueur et la fantaisie allaient de pair. Retrouver la proximité entre les arts et les sciences sera au programme de cette journée thématique proposée par le Nono. Les Savants de Marseille proposeront trois conférences en accès libre, ainsi qu’une conférence-repas en soirée au restaurant du théâtre. De la représentation sera le premier thème abordé, avec pour intervenants William Lene, docteur ingénieur Arts et Métiers et Nils Gascuel, philosophe et psychanalyste. Artistes et scientifiques livrent chacun une représentation du monde. Quelles sont les

les acteurs se dissimulent derrière des masques ou du maquillage. Quel est notre rapport à notre visage, qui évolue tout au long de la vie, naturellement ou artificiellement ? Avec Claude Garcia, chirurgien maxillo-facial et Kuno Schlegelmilch, maquilleur et perruquier d’opéra, théâtre et cinéma. Dernier débat, avec François Verani, psychanalyste et William Petit, chorégraphe et danseur : Que faisons-nous de notre corps ? Nous ne choisissons pas notre corps, mais nous pouvons décider de le modeler ou de l’utiliser de diverses manières. Ainsi, les arts de la scène le poussent dans ses limites, la peinture le sublime ou le déconstruit. Enfin, place aux papilles pour conclure, en compagnie de chefs cuisiniers qui révéleront quelques secrets de chimie culinaire. Quand les molécules flirtent avec le goût. Alléchant !


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Nuits fécondes

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a nuit, ce n’est pas fait pour dormir, tous les lecteurs invétérés et les penseurs au clair de lune le savent bien. Pour faire se rencontrer les passions et multiplier les découvertes, le ministère de la Culture puis l’Institut Français proposent chacun « leur » nuit. La 2e Nuit de la Lecture se tiendra dans toute la France métropolitaine et en Outremer le 20 janvier, dans les bibliothèques et librairies, avec jeux de mots, lectures, débats, rencontres avec des auteurs jusque tard dans la soirée. Si on se tient à ce qui est proposé en Paca, on pourra se laisser entrainer dans une Murder party (l’anglicisme a droit de cité au pays de la lecture) à la médiathèque Jean Tortel de Sorgues, aux côtés de la Cie En décalages. À la médiathèque de Callian, les plus petits pourront préparer une Soupe au caillou (référence au célèbre ouvrage d’Anaïs Vaugelade) en écoutant lire des contes –à condition d’apporter son légume pour enrichir le breuvage. À Mouans-Sartoux, on pourra découvrir la médiathèque sous une nuit différente : jusqu’à minuit, tous les espaces seront occupés pour une soirée de découverte du lieu à travers de nombreuses animations («speedbooking» –décidément !...- , ambiance

musicale, jeux, tournoi de jeux vidéos, bar à vin : le livre est là où on ne l’attend pas). À Marseille, c’est la librairie Maupetit qui s’illustre avec trois événements : la lecture d’extraits de la pièce inédite Le cœur a ses raisons d’Antonio Carmona par les élèves du Conservatoire, des extraits de Poème bleu de Samuel Steiner lus par Wilma Levy de la Compagnie des Passages, et l’exposition de photos Territoires parallèle(s) en partenariat avec l’ENSP d’Arles et le Festival Parallèle (voir p. 26). N’oublions pas les lectures érotiques à La Bo[a]te de Marseille : lectures, chansons, vidéos, performances. La lecture, cela peut mener loin, et ça Territoires parallèles, Laura Quinonez, Accidentes geografico aussi c’est bien connu. Cinq jours plus tard, la 3e Nuit des idées thème « L’imagination au pouvoir ? », rappelant réunira, dans plus de 50 pays mobilisés, des ce slogan répété à l’envi pendant Mai 68, et artistes, chercheurs, décideurs autour du posant la question de ce qu’il reste encore

Le livre monte le son à Nîmes Jean Cagnard © X-D.R.

tendance à s’exporter dans d’autres contrées, celles des voix. Le développement des livres audio creuse la tendance, et les rendez-vous réguliers proposés par la Maison Théâtre dLVH confirment ce goût pour une approche différente de la littérature. Depuis deux ans, Denis Lanoy anime ce lieu (avec trois autres membres du Triptyk théâtre, à l’origine du projet : Bruno Paternot, Isabelle Audin et Stella Biaggini) qui revendique éclectisme et intimisme. Dégagée de toute référence à l’actualité littéraire, la Maison reçoit des auteurs de théâtre, des poètes, des romanciers, des essayistes, venus lire leurs textes devant les 50 personnes qui remplissent chaque soirée la petite salle de la rue de la République. Le prix de la place inclut ce temps d’écoute, un moment d’échange avec le public, et, nerf de la convivialité, boisson et grignotage à partager. Les invitations se succèdent au gré des hasards et des rencontres, et les auteurs

S

i l’objet livre est peut-être -peut-être seulement- voué à muter vers l’immatériel, la lecture n’en est pas pour autant si menacée que certains esprits chagrins veulent nous le faire craindre. S’il fallait une preuve de l’attachement aux mots, à leur musique, aux chemins détournés et mystérieux qu’ils nous proposent, le succès croissant de l’initiative portée par la Maison théâtre des Littératures à voix hautes (dLVH) à Nîmes en est une des plus convaincantes. Car en effet, la lecture n’est pas cantonnée à rester silencieuse, intérieure. Elle a aujourd’hui

font courir le bruit qu’ici, à Nîmes, la littérature se plaît à se laisser dire. Ce petit havre de résistance littéraire a reçu un accueil enthousiaste des tutelles, tous réunis autour de la jeune structure (État, Région, Département, Ville), tandis que les animateurs continuent les actions pour fidéliser et diversifier le public. Les classes poésie s’adressent à tous les niveaux scolaires, du CP jusqu’aux classes préparatoires, lycées généraux et techniques, et proposent un temps de lecture à voix haute auprès des élèves, qui viennent une heure à la Maison écouter un programme établi en accord avec leur professeur et leur programme. La volonté de l’équipe est que ce lieu soit implanté dans le quotidien de ce quartier populaire : diverses actions (écoles, rues) encouragent les habitants à venir pousser la porte, et se sentir chez eux parmi les mots lus. Les textes se déplacent aussi : lors des lectures domiciliées, ils se laissent inviter dans des jardins ou maisons, chez l’habitant. On


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alerte au Mucem à espérer et inventer. S’il est bien relayé au niveau international (au Japon, on réfléchira au «Réel comme utopie», au Vénézuela, «L’imagination démocratique» réunira les idéophiles,...) l’événement reste très parisien en France. En Paca, le Mucem s’est mis sur les rangs avec «Le Forum des lanceurs d’alertes» (voir ci-contre) et la Maison Jean Vilar propose pour la première fois une nuit des idées à Avignon. Organisée par les étudiants de l’université, de l’école supérieure d’art et l’école des nouvelles images, la soirée «Soutenir la nuit - Penser les festivals au crépuscule» proposera des projections, expositions, présentations de thèses en 180 secondes, avec une performance d’Olivier Py, directeur du Festival d’Avignon. Ça donne des idées. ANNA ZISMAN

Nuit de la Lecture, 20 janvier nuitdelalecture.culturecommunication.gouv.fr

Storymix, Mazargues © Mucem

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La Nuit des idées – L’imagination au pouvoir ?, 25 janvier lanuitdesidees.com

choisit le thème suivant l’esprit de la soirée, et les écrits sont dits devant une famille, un groupe d’amis. Il fait bon se laisser porter par les livres, les mots, les phrases ; c’est beau de les entendre s’émanciper dans la bouche de leurs auteurs ou de leurs passeurs. Et de constater que la lecture, c’est tout sauf solitaire. A.Z.

à venir 25 janvier Jean Cagnard, auteur multi facette : théâtre, poésie, romans, nouvelles ; à la tête de la Cie des 1057 roses 1er février Mimmo Borrelli : poète, chanteur, dramaturge ; les élèves du cours Florent de Montpellier ont choisi le texte La trouille, mis en voix par les étudiants de dernière année. La Maison théâtre des Littératures à voix hautes, Nîmes 04 66 62 06 66 triptyktheatre.fr

n attendant Picasso qui débute mi-février, les visiteurs vont sans doute courir voir Roman-photo (lire p 8) ; mais au Mucem, il y a toujours un programme culturel en complément des expositions : ne le manquez pas ! Le 20 janvier, une journée de rencontres est prévue autour d’un atelier participatif mené avec Des livres comme des idées, ayant abouti à la création de plusieurs romans-photos affichés dans les bus et abribus de Marseille. La Cie Didascalies & Co en a tiré un spectacle, Le Livre, et pendant que les parents découvriront tout cela, les enfants pourront fabriquer leur propre ouvrage dans les espaces jeunesse nouvellement ouverts. Le 2 février, la traditionnelle Nuit vernie sera l’occasion, après une visite nocturne du musée, d’écouter un « roman musical » conçu par la compositrice et DJ Piu Piu. Le lendemain, l’exposition Nous sommes foot jettera ses derniers feux avec une performance signée Maud Blandel, dans le cadre du festival Parallèle (lire p 26) : ses danseuses joueront le rôle de cheerleaders, ces enthousiastes supportrices américaines. Le clou de la période ne sera pas en lien direct avec les collections du Mucem, mais bien en prise avec les enjeux contemporains. Dans la foulée du Salon du livre des lanceuses et lanceurs d’alertes qui s’est tenu à Paris début décembre, un Forum des lanceurs d’alertes aura lieu le 25 janvier, dans le cadre d’une Nuit des idées. Plusieurs tables rondes sont au programme, un espace Agora, et même un atelier du lanceur, si vous souhaitez vous lancer dans la carrière et évoquer des faits qui vous paraissent contrevenir à l’intérêt général. Edward Snowden ne sera -hélas !- pas présent, mais d’autres personnes ayant partagé avec leurs concitoyens des situations sanitaires, environnementales ou politiques graves le seront. Enfin, les rencontres scientifiques se poursuivent, chapeautées par l’Institut Méditerranéen des Métiers du Patrimoine : la journée du 19 janvier sera ainsi consacrée à La geste technique, ou comment préserver un savoir-faire ou une habileté ? Le 1er février à la présence islamique en Provence aux époques médiévale et moderne. Et le 9 février, à la protection des milieux insulaires. GAËLLE CLOAREC

Mucem, Marseille 04 84 35 13 13 mucem.org


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Calmus Ensemble © Bertram Bölkow

changement de rythme L

e Festival de Musique de Toulon et sa région inaugurera cette année une nouvelle formule avec un programme de spectacles déployés principalement à l’Opéra de Toulon et concentrés sur une semaine complète intitulée L’Hivernal, comme un pendant à la version estivale, cette fois en résidence dans notre vaisseau amiral lyrique. Intitulé pour cette première édition « Les Rives du Rhin », cet événement débutera le 9 février avec le pianiste Till Fellner qui interprétera le Concerto pour piano en la mineur op.54 secondé par l’orchestre symphonique de la maison dirigé par Rumon Gamba, avec également à l’affiche A Somerset Rhapsody, op. 21 de Gustav Holst, et L’Arlésienne – Suite d’orchestre n°1 et 2 de Bizet. Le lendemain soir, les membres du brillant Quatuor Pražák s’associeront au non moins talentueux Raphaël Sévère autour du Quintette pour clarinette et cordes en la majeur, K581 de Mozart complété par le quatuor à cordes en fa majeur op.41/2 de Schumann, et le quatuor à cordes en si bémol majeur, op.67 de Brahms. Fidèle à sa volonté de transmission, le Festival proposera au Foyer Campra un concert en entrée libre sur réservation des élèves du CRR de TPM issus des classes de musique ancienne et de musique de chambre avec un programme surprise. C’est la Cathédrale de Toulon qui accueillera le 11 février le Calmus Ensemble, remarquable quintette

vocal germanique dans un programme très éclectique composé d’œuvres classiques et contemporaines autour de Purcell, Bach, Poulenc, des Prés, Rheinberger, Schubert, Bruckner, Mendelssohn, Banter, Elton John, Sting et Manu Chao : de quoi satisfaire tous les publics. Après quelques jours de pause, les festivités reprendront le 16 février avec le sémillant pianiste américain Kit Armstrong. Son programme sera centré autour de transcriptions du Ring de Wagner avec Valhalla et « Im Rhein, im schönen Strome » de Liszt, la Marche funèbre de Siegfried de Busoni, ainsi que les Geistervariationen de Schumann. Complétés par les Chants du Rhin de Bizet et les Trois Fantasiestücke, op.111 de Schumann, ces joyaux de virtuosité brilleront à coup sûr d’un éclat sans limites. Comme un bonheur ne vient jamais seul, la dernière date du festival sera consacrée à une formule déjà lancée avec succès il y a deux ans : en guise de cerise sur le gâteau, 4 pianistes émérites viendront poser leurs doigts sur un clavier lors de la Nuit du piano 3 pour 8 récitals de 30 minutes chacun à la carte, soit 4 heures de musique presque en continu qui mettront l’accent sur la culture et les légendes germaniques. Une large place y sera donc accordée au rêve, à la nature, à la spiritualité et au fantastique dans une esthétique résolument centrée sur le Romantisme, fil conducteur de la soirée. Pour ouvrir les festivités, François

Dumont jouera le Caprice sur le départ du frère bien-aimé de Bach, la Sonate n° 2 « La Tempête » en ré mineur, op.31 de Beethoven ainsi que, plus tard dans la soirée, Gaspard de la nuit et La Valse de Ravel. Nathalia Milstein jouera « Die Loreley » de Liszt, Le Tombeau de Couperin de Ravel toujours pour terminer sur la Fantaisie en Ut majeur, op.17 de Schumann. Jean-Paul Gasparian jouera lui aussi Ravel avec Les Valses Nobles et sentimentales ainsi que les Impromptus D. 899 n° 2 et 3 de Schubert, les Fantaisies opus 116 de Brahms et Regard de l’Esprit de joie de Messiaen. La pianiste ibérique Judith Jaurégui viendra quant à elle interpréter la Sonate n° 25 en sol majeur, opus 79 de Beethoven, les Estampes et L’isle Joyeuse de Debussy, l’Arabesque, opus 18 de Schumann, Trois Novelettes FP 47/173 de Poulenc et les Variations sérieuses, opus 54 de Mendelssohn. De beaux moments de poésie mais aussi de virtuosité en perspective qui viendront mettre un point d’orgue à cette première mouture d’une nouvelle organisation du Festival de Toulon que l’on souhaite pérenne. ÉMILIEN MOREAU

9 au 17 février Le Festival de Musique de Toulon et sa région, L’Hivernal : « Les rives du Rhin » 04 94 93 55 45 festivalmusiquetoulon.com


Théâtre La passerelle Janvier / Fevrier 2018

Week-ends musicaux en Gapençais

Cirque à risque dès 10 ans

Optraken

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a saison tant attendue des concerts proposés par l’Espace Culturel de Chaillol revient avec son lot de pépites. De janvier à juin, six séries de quatre concerts présentés dans quatre communes de quatre vallées du pays Gapençais déclineront leurs gammes poétiques, rêveuses, endiablées, jazzées, parcourant la terre, aux sources des multiples inspirations qui donnent du sens à notre perception du monde. Invitation au voyage, fascinante… Départ pour la Bretagne avec le duo Voulouz loar/ Velluto di Luna de la chanteuse Annie Ebrel et du contrebassiste Riccardo Del Fra, poèmes de Pierre-Jakez Hélias, swing et velours de lune… Sonates de Brahms, Debussy, Janacek, Bartók, par deux musiciens hors pair, Vanessa Wagner (piano) et Virgil Boutelis (violon) ; répertoire issu de la tradition orale de thèmes traditionnels d’Europe de l’Est et de compositions originales, par la balalaïka d’Alexeï Birioukov et l’accordéon diatonique de François Heim ; subtiles variations du clavecin de Céline Frisch ; itinéraire de l’Espagne vers la Mongolie avec le trio Cavalcade, composé de Jérémy Jouve, guitare, Mathias Duplessy, guitare, chant, morin khuur (violoncelle Mongol), flûte, et Prabhu Édouard, tabla… concerts de haute volée ! En ouverture à cette programmation éclectique et ambitieuse, le Prestige Brass Quartet, constitué de quatre solistes issus de formations symphoniques françaises, (le chiffre 4 est majeur dans la programmation du festival !), Jean-Philippe Bénesse (cornet), Bastien Baumet (euphonium), Alexis Demailly (cornet), Cédric Rossero (saxhorn alto). Anciens du Paris Brass Band, ils offrent un répertoire étonnant de variété, passant de Beethoven aux Beatles, transposent les œuvres classiques, s’attachent à quelques standards de jazz, visitent des compositeurs contemporains… Un panorama musical THÉÂTRE foisonnant et cuivré… du soleil en hiver !

Création du Galactik Ensemble Mardi 16, mercredi 17 janvier à 20h30

Jazz vocal envoûtant

Melanie De Biasio Lilies Jeudi 25 janvier à 20h30

Jazz vocal explosif & orchestre

The Big Wig Hildegard Lernt Fliegen & l’Orchestre régional de Cannes Samedi 3 février à 20h30

Renseignements & réservations -

04 92 52 52 52 - www.theatre-la-passerelle.eu 17

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JAN FÉV

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JAN FÉV

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THÉÂTRE

LES ÉCHAPPÉES LES ÉCHAPPÉES LES MARYVONNE COLOMBANI

CHAMPTERCIER, VOLONNE, MIRABEAU, LURS, SISTERON Cie Cassandre - Sébastien Valignat DU 16 AU 20 JAN 19:00

CHAMPTERCIER, VOLONNE, MIRABEAU, LURS, SISTERON Cie Cassandre - Sébastien Valignat DU 16 AU 20 JAN 19:00

MUSIQUE

MUSIQUE

MELANIE DE BIASIO

MELANIE DE BIASIO

THÉÂTRE

THÉÂTRE

VEN 26 JAN 21:00

GOING HOME

GOING HOME

THÉÂTRE

THÉÂTRE

Théâtre National Wallonie-Bruxelles - Vincent Hennebicq MAR 30 JAN 21:00

Celine Frisch © Céline Frisch

VEN 26 JAN 21:00

Théâtre National Wallonie-Bruxelles - Vincent Hennebicq MAR 30 JAN 21:00

CHAMPT

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Théâtre

UNE CARMEN EN TURAKIE

UNE CARMEN EN TURAKIE

UNE C

04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

04 92 6

Prestige Brass Quartet 25 au 28 janvier TurakChapelle Théâtre - Michel Laubu Le Fayol, Chaillol (25/1), Salle des Fêtes, Chorges (26/1), VEN 09 FÉV 21:00 des Pénitents, Gap (27/1), Église, Aspremont (28/1) festivaldechaillol.com

Turak Théâtre - Michel Laubu VEN 09 FÉV 21:00


32 événements

Danser, penser, panser Des platines aux machines, Oil, DJ et producteur sort son troisième album, un Bref Avenir dans lequel la conscience (citoyenne) est troublée par l’inconscient véhiculé par les rythmes. Portrait

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ans Godot, Samuel Beckett fait dire à Estragon et Pozzo que « danser d’abord et penser ensuite » fait partie de « l’ordre naturel ». Paradoxalement, Oil n’ira jamais aussi loin, lui qui met ces notions au même niveau : n’a-t-il pas nommé sa résidence DJ à l’U-percut To Dance To Think ? Déjà en 2000, dans le premier album des Troublemakers, le musicien évoquait le surgissement du soulèvement populaire comme une nécessité plus que comme une réflexion. Il s’agit de la fameuse intro de Get Misunderstood, empruntée à un monologue de Jean-Pierre Léaud dans La Naissance de l’Amour de Philippe Garrel. Cette conscience citoyenne est apparue plus pesamment encore lorsque l’artiste a contribué à créer un collectif de lanceurs d’alertes quand la Mairie de Marseille a décidé en 2013 de voter une subvention au producteur privé Adam Production pour un « concert » de David Guetta au Parc Borely. Depuis, la musique de ce farouche indépendant, qui a connu la lumière et l’ombre, n’a plus été vraiment la même. Il a été Sentinelle, puis Phantom, du nom de son deuxième album en 2015, collection de tracks un peu sorciers qui hantaient ses disques durs rassemblés par le label anglais BBE. Aujourd’hui, depuis son studio, c’est à la fois le pionnier de l’électro, le Cassandre du forum marseillais et le DJ dont la nuit est le domaine, qui parle. « En France, on a toujours un problème avec mon éclectisme, si j’avais été Américain, ça se serait mieux passé constate froidement

Oil © Stéphan Muntaner

l’artiste. Je ne suis pas formaté, ici c’est moins facile à imposer ». La trajectoire musicale de Oil est en effet constituée d’aventures et de métissages, de coups d’éclats et de coups de « downs », le premier étant la désagrégation des Troublemakers après la mise au pilon de leur second album pour défaut de contrat avec Blue Note. Lionel Corsini a toujours affectionné les sons libérateurs (jazz, funk et soul) et les envoûtements des musiques traditionnelles glanées autour du monde. Pendant plusieurs années, le Marseillais a d’ailleurs globe trotté pour l’Alliance Française, de la Syrie à Zanzibar, du Costa Rica au Kenya. Plus introspectif, son nouvel album Bref Avenir évoque la précarité existentielle du musicien devant son laptop, puisque c’est cette méthode de travail intégralement électronique qu’il pratique. « C’est mon album le plus personnel dans le sens où je suis seul, sans musiciens invités. Les morceaux ont été composés rapidement, les uns après les autres. Une méthode que je réitèrerai sur mes futurs albums pour le label belge historique R&S » Bref Avenir est même souvent sombre. Ses plages instrumentales, parsemées de voix (dont l’épique discours d’un prêcheur internationaliste sur la techno de Heritage), semblent d’abord panser des plaies, à l’image de l’étrange morceau-titre Bref Avenir qui, partant d’un sample jazz, accomplit une bascule quasi-onirique vers la transe afro. Guérisseuse, la musique de Oil requiert de la patience, ce qui ne la sert pas toujours dans ce monde pressé. « Avant on exigeait un ”tube” sur un album,

aujourd’hui ce n’est plus l’unique moteur d’un artiste indépendant. On achète un morceau de quinze minutes pour deux euros : cet aspect de la musique d’aujourd’hui me plaît ». En 2016, il a sonorisé de ses beats obsessifs la B.O. du film Toril de Laurent Teyssier ainsi que le documentaire produit par Arte Raisins Amers, qui décrypte les ressorts vicieux de la spéculation financière à travers le marché du vin. Plutôt raccord avec les préoccupations de celui qui, en son nom et celui des Sentinelles, s’est fait l’écho des tours de passe-passe des politiques locaux. « Ça fait presque deux ans que je ne m’en occupe plus, je laisse faire les gens sur le terrain assume-t-il. Pendant un an et demi j’ai été pris par mes procès avec Yves Moraine et Solange Biaggi. Finalement ils ont retiré leur plainte mais ça m’a beaucoup coûté en temps et en argent. Il fallait que je me mette en retrait ». Danser, se prendre la tête, puis se libérer : cercle vertueux d’actions qui reviennent comme une boucle entêtante d’un track de Oil, bref mais intense. HERVÉ LUCIEN

à venir 13 janvier l’U-percut, Marseille 04 91 39 22 15 u-percut.fr 20 janvier À la soirée de soutien de Ventilo Bref Avenir (Les Disques de la Mort) en digital


critiques spectacles

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Quel futur ?

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ans l’avenir, à quoi ressemblera notre vie ? La directrice du Théâtre National de Nice Irina Brook a constitué à son arrivée dans les Alpes-Maritimes un groupe de travail avec de jeunes comédiens des alentours, les Éclaireurs. Quatre d’entre eux ont poursuivi leurs jeux collectifs en s’emparant d’un texte commandé au dramaturge italien Stefano Massini, Point d’interrogation. Une œuvre constituée d’une série de questions posées au futur de l’humanité, auxquelles © Gaëlle Simon répondent Kevin Ferdjani, Marjory Gesbert, Issam Kadichi et Irène Reva. Cette dernière témoigne pour toute la troupe : « On est profondément inquiets. Point d’interrogation est une chance de pouvoir parler de ce qui nous tracasse, et d’en débattre avec le public après le spectacle. » Avec l’humour de leur âge et un tempo vif, dans un décor rouge et blanc rétro-futuriste, ils abordent les pires perspectives de l’humanité :

un cocktail détonant de réchauffement climatique, pollution, technocratie, conflits majeurs et inégalités. Imaginant -comme Stefano Massini l’a fait en se basant sur les travaux de prospective de chercheurs très sérieux- un monde fait d’espaces verts artificiels, de pizzas en pilule, l’élimination par la chimie de la mauvaise humeur (« qui rend le sujet improductif »), des individus sponsorisés par les multinationales, et de très

nombreux suicides de gens perdus, incapables de distinguer la réalité du virtuel. Qu’est-ce qui n’existera plus, de ce que nous connaissons aujourd’hui ? Leurs hypothèses sont d’autant plus terribles qu’ils les évoquent avec légèreté : la bicyclette, les nuits à la belle étoile, le couscous chez mamie, les chants d’oiseaux, les kiosques à journaux auront disparu. De manière frappante, à la fin de la représentation, les jeunes applaudissent avec enthousiasme ce qu’ils perçoivent peut-être comme un levier de changement, en tout cas de réflexion. Les personnes âgées, effarées, restent sans voix dans leur fauteuil devant l’avenir qu’elles leur laissent. GAËLLE CLOAREC

Le spectacle Point d’interrogation était accueilli du 13 au 21 décembre au Théâtre National de Marseille, La Criée

Théâtre et médecins au bord du néant

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eggy Pickit voit la face de Dieu est une pièce qui déjoue les attentes. Elle met en scène deux couples de médecins, quarantenaires, l’un notable resté en France, la femme retournée au foyer et élevant l’enfant ; l’autre engagé dans l’humanitaire et revenant d’Afrique, sans enfants. Mais Roland Schimmelpfennig n’écrit ni une pièce didactique sur le sens de l’engagement humanitaire, ni un huis clos réaliste sur deux couples comparant leurs valeurs et leurs biens. Le texte repose sur des dialogues interrompus, répétés comme autant de légers retours en arrière, et des comportements franchement hystériques, drôles, comme si les pensées intérieures, les fantasmes, venaient heurter les conversations et dire, rageusement, les frustrations. Celle de ne pas avoir eu d’enfant, ou d’avoir cédé à la banalité. Une poupée de plastique et une statuette de bois africaine symbolisent les deux faces d’un monde libéral qui, ici ou là-bas, impose ses valeurs, ses dominations,

ses renoncements et ses trahisons. La progression dramatique est implacable, avec ses retours en arrière et ses décrochages, et les quatre comédiens mènent © Cie Les Travailleurs de la Nuit le crescendo de main de maître. Car Frédéric Poinceau les dirige brillamment : il a bricolé sa mise en scène sans argent, les subventions de sa compagnie étant dangereusement en berne et la création de ce Peggy Pickit reposant sur la production du théâtre de la Joliette, et un crowdfunding. Mais le pis-aller est devenu une chance : le metteur en scène et ses comédiens ont su transformer ces impératifs économiques en une énergie féroce, le vide de la scène devenant un néant apocalyptique occupé

par leur seul talent, dans un rapport direct au public qui laisse apparaître la couleur de notre temps : rugueux, sans concession, habité de l’humour du désespoir, et de l’éclat de rire de ceux qui persistent à jouer et à vivre quand tout ce à quoi ils croyaient a disparu. AGNÈS FRESCHEL

Peggy Pickit voit la face de Dieu a été créé au théâtre de la Joliette, Marseille, du 5 au 9 décembre


34 critiques spectacles

Belle mécanique

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range mécanique est un film culte qui date de 1972 : les plus jeunes ne l’ont pas forcément vu. C’est donc l’esprit vierge ou presque qu’ils abordent le spectacle créé cette année par Anima Théâtre. Le metteur en scène Georgios Karakantzas s’inspire d’ailleurs directement du roman original publié par Anthony Burgess en 1962, « sans mettre à l’écart l’esthétique du film ». Il procure ainsi un frisson, aux premières notes de Beethoven, à ceux qui l’ont vu et revu. Mais permet surtout aux spectateurs « innocents » -Mécanique est destiné aux adolescents à partir de 13 ans- de se confronter à l’histoire puissante d’Alex, jeune malfrat violeur et meurtrier, utilisé comme cobaye dans une procédure déshumanisante. La violence est au cœur du récit, oscillant entre la pulsion agressive des individus et la brutalité froide, utilitariste, qui met la médecine au service du pouvoir politique pour « transformer les sauvageons en agneaux ». Les questions ne manquent pas de fuser à la fin de la représentation. Est-ce difficile de jouer quelqu’un de si violent ? « Il est monstrueux mais sympathique. Cela nous

juger, simplement agir comme il le ferait ». Le travail de la compagnie est basé sur l’art de la marionnette, particulièrement judicieux pour traiter un tel sujet. Plus métaphorique que le cinéma, il permet de montrer la violence, « mais pas de manière directe ou explicite ». On voit une figurine de vieillard revenant paisiblement de la bibliothèque se faire tabasser, on comprend parfaitement de quoi il retourne, mais on n’absorbe pas sans filtre l’horreur de la scène. Cet aspect nuancé fonctionne à merveille avec le jeune public, qui relève à quel point la technique est au service de l’histoire : le dispositif de vidéo en plan incliné, jouant de transparence et de reflets, est impressionnant, et les mains se lèvent pour demander au marionnettiste (Hugues Christianini) comment il procède. Avec subtilité, comme tout le reste de l’équipe. GAËLLE CLOAREC © Hugues Christianini

interroge sur nous-mêmes, sur ce que l’on trouve sympathique » répond Georgios Karakantzas, tandis que Stéphane Miquel précise sa mission d’acteur : « au moment où tu joues le personnage, tu ne dois pas le

Mécanique s’est joué les 8 et 9 décembre au Théâtre Massalia, dans le cadre du Marché noir des petites utopies à Marseille

Dompter les lucioles

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ntre jeu de marionnettes à taille humaine et cirque, le spectacle proposé par le théâtre La Licorne, Les Encombrants font leur cirque, étonne, émerveille, séduit, amuse, détourne les codes, en joue avec une époustouflante maestria, flirte avec l’absurde et atteint une intensité poétique rare. Comme dans la plupart des cirques, on visite avant la représentation (et même après) la ménagerie, qui donne le ton : animaux confectionnés avec des objets de récupération, mus par des mécanismes aussi improbables qu’ingénieux… Vieilles fourchettes, assemblages de cuillères, bouts de métal hétéroclites et rouillés, deviennent raie à bulle, mouton rescapé (dont la caisse qui surmonte la cage n’est pas sans rappeler celle du mouton du Petit Prince !), pingouins « musicaux », King Crabe… Se mêlent à ce bestiaire fantastique les travaux de quelque 200 élèves de Vitrolles (3 classes maternelles/élémentaires, 4 classes de collège et 2 groupes de l’école municipale d’Arts Plastiques) concoctés dans le même esprit. Le spectacle lui-même s’inspire de la grande tradition du cirque avec ses numéros

d’équilibristes, de domptage, d’humour… avec un esprit digne des films de Fellini, tant l’univers présenté est décalé. Le personnel du cirque est vieux, cacochyme, marionnettes animées par 6 comédiens-manipulateurs. Ainsi, prennent vie, avec une confondante aisance, Monsieur Loyal, Sergueï venu des steppes, Franz, dompteur de caisses en bois, Yvette,

fan de Chat-que-spire… Des animaux fantastiques sont menés sur scène, phénoménal rhinocéros, cheval stylisé bouleversant d’humanité, requin affamé… Le public est convié à parier sur une course de taupes. On admire un numéro de domptage de moules, on applaudit les acrobaties de boites de sardines, on est éblouis par la danse des lucioles… À la fois réaliste et poétique, ce spectacle, mis en scène, écrit et scénographié par Claire © Pascal Auve Dancoisne, érige « l’art de la bidouille » en Art… MARYVONNE COLOMBANI

Les Encombrants font leur cirque a été donné le 13 décembre, salle Guy Obino, Vitrolles, et dans le cadre du réseau Traverses, les 10 & 11 décembre au Bois de l’Aune (Aix-en-Provence), les 19 & 20 décembre à La Passerelle (Gap) et au Théâtre Le Forum (Fréjus) le 22 décembre.


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Moches et pourtant…

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oit, ils ne sont pas très beaux, pas très dans la norme, pas très efficaces, ni intelligents, ni, ni, ni… Le Raté, le Troué, le Mou, la Renversée, la Pliée, les personnages créés par Béatrice Alemagna (album jeunesse, Les Cinq Malfoutus, édition Hélium, 2014) n’ont pas grand-chose en commun avec les héros traditionnels, d’ailleurs le mot « héros » les ferait sans doute bien rire. Maréva Carassou les mène sur la plage, composés de fragments © X DR. rafistolés, trouvés au bord de la mer… Une table couverte de sable suffit au décor qu’éclaire la lampe tournante d’un phare. « Humanité imparfaite », certes, oh combien !et pourtant, ces anti-héros s’entendent, vivent en harmonie… Sans doute, ils ne comprennent pas forcément ce que les uns et les autres disent, chacun enfermé dans sa logique propre, mais ce n’est pas le plus important, ils sont ensemble, s’acceptent, dans leurs imperfections ; le caractère unique

de chacun ne les repousse pas ; ils savent qu’ils sont « malfoutus », ce n’est pas essentiel et ils semblent tous, de manière différente, avoir trouvé la voie du bonheur, par le rire, la nonchalance… Ils s’épanouissent, loin des idéaux de la « Win attitude », mais l’individuel et le collectif ne se contredisent pas, parce qu’ils ne se jugent pas, s’apprécient pour ce qu’ils sont, n’exigent rien des autres… Maréva Carassou anime ses marionnettes

avec tendresse, humour… et si le « Parfait » entrait en lice ? Le « Parfait » sera représenté par un squelette à cravate, prétentieux, méprisant, remarquable exemple du « winner », homme d’affaires pressé… Ce symbole de réussite sociale et matérielle se retrouve, après un accident, sur la plage de nos Malfoutus… Un choc ! Le Parfait restera seul, guindé dans sa « supériorité » et nos « héros » partent sur une île idéale, ensemble, heureux… On se laisse prendre par le conte, le rythme du récit, le détour par Deleuze, la réflexion sur le bonheur, la réalisation de soi, l’image de l’autre, le sens de la vie ensemble, la différence... ferment de tant de richesses et de surprises ! M.C.

Malfoutus par l’Insomniaque Cie, a été vu en sortie de résidence de création les 14 et 15 décembre, au 3bisf dans le cadre du festival Momaix à Aix-en-Provence

Les démons n’ont qu’à bien se tenir

L

e Théâtre de Lazare est toujours intimement lié à sa vie, de la colonisation aux guerres d’indépendance, et récemment aux attentats de novembre 2015, à l’origine de ce Sombre rivière qui dit à la fois « la violence trop actuelle du monde et la force des songes ». Dans une explosion de sons, de musiques et de chants, Lazare crie son désarroi et son espérance exubérante en un monde qui ne

© Jean-Louis Fernandez

doit pas sombrer fatalement dans l’ignominie et la folie. Il convoque : sa mère, avec qui il converse au lendemain des attentats, Claude Régy, l’ami dramaturge amoureux, comme lui, des mots et des scènes, ses spectacles précédents, mais aussi Sarah Kane, revenue pour hanter sa pensée et lui interdire de se trahir. D’un attentat l’autre, l’Histoire se télescope, trouve des résonnances dans les mots

du poète entre les massacres de Guelma et Sétif et la figure du général Bugeaud, celle des mollahs qui prêchent la haine et leurs soldats « bâtards, qui ont fait ça parce qu’ils n’ont pas d’histoire ». Loin d’être linéaire, le spectacle est une longue déflagration de mots, de musiques, un long poème dont le souffle de vie essore et lessive, porté par une troupe de comédiens-chanteurs-danseurs exceptionnels. Si le spectateur perd ses repères de temps en temps, un mot, un son, une mimique le rattrapent, sur le bord du plateau ou en fond de scène. « J’ai une tendance trop délirante » lâche l’un des alter égo de Lazare sur scène, les yeux exorbités, le corps entier bouillonnant de l’urgence de dire ce bruissement d’humanité. Et c’est bien justement ce magma bouillonnant et délirant qui déclenche une introspection collective qui frise souvent l’hystérie mais libère une jouissive envie de vivre. DOMINIQUE MARÇON

Sombre rivière a été donné le 21 décembre aux Salins, scène nationale de Martigues


36 critiques spectacles

Nature morte au porto

U

n piano, une carafe, quelques grappes de raisin sur un guéridon… Le décor est posé. Que reste-t-il de L’Autre Proust après que le pianiste Vincent Leterme et l’actrice Farida Rahouadj ont révélé la musicalité des textes de Marcel Proust en écho avec son époque ? Une odeur de naphtaline car tout y est figé. Le principe du théâtre musical devrait mettre en avant la forme théâtrale, là elle se résume à une chaise sur laquelle revient inlassablement l’actrice, statique dans sa posture, se limitant à un jeu de mains mouliné et à une interprétation mimétique des textes choisis. La musique, en revanche, tient sa juste place dans l’interaction des textes avec les chansons et s’offre de belles envolées solitaires. Néanmoins cette belle construction souffre d’un manque de rythme. Dommage quand on sait que Proust plaçait la musique au-dessus de toutes les formes d’art… Au vu du rapport de proximité entre le plateau et le gradin dans la salle Fanny Ardant du théâtre Liberté, la sonorisation du piano et de la voix était-elle nécessaire ? Cajoleuse, gouailleuse,

Farida Rahouadj et Vincent Leterme © Feriel Boushaki

minaudière, la voix seule serait parvenue sans encombre à l’oreille du public, même pendant « la pause », lorsqu’elle se fait racoleuse avec œillades appuyées. Clairement, Vincent Leterme et Farida Rahouadj ont opté pour la forme cabaret mais sans aller jusqu’au bout de leur choix, nous laissant à distance de l’esprit

de la Belle époque et des chansonniers Mayol, Mistinguett ou Scotto tant admirés de Proust. Certains textes résonnent en nous grandement, comme la fameuse scène de la madeleine dans Du côté de chez Swann qui offre à l’actrice l’occasion d’une superbe performance théâtrale. Son jeu de rôles pour raconter la « guéguerre » qui opposait à l’époque les écoles et les styles, les pro Chopin, les pro Debussy et les pro Wagner, était proprement jouissif. MARIE GODFRIN ET JULES GUIDICELLI

L’Autre Proust a été donné les 19, 20 et 21 décembre au Liberté - scène nationale de Toulon

L’urgence de dire

L

es spectacles de Michel Schweizer sont toujours des rendez-vous assez exceptionnels, des jalons posés au fil de rencontres inclassables qui font de la scène d’un théâtre un espace de réflexions, d’expérimentations artistiques hors cadre. Depuis Fauves en 2010, et plus récemment Keep Calm (2015), Michel Schweizer ouvre les plateaux de théâtre à la parole d’ados et de pré-ados, une « communauté » qui porte sur le

monde d’aujourd’hui, et celui des adultes en particulier, son regard, ses questionnements, ses inquiétudes et sa fraîcheur. Des ateliers préparatoires ont permis à la dizaine d’enfants jouant Cheptel de verbaliser ses attentes, de se positionner sur la forme et sur le fond, et notamment de répondre aux questions primordiales : Cheptel © Frédéric Desmesure « comment s’adresser aux adultes », « comment faire le choix de ce qu’on va dire », « comment le dire ». Les textes sont les leurs, très écrits mais avec une grande place laissée à l’improvisation, loin d’un langage balisé, normalisé, qui n’utiliserait pas leurs mots. De fait, sur scène, les corps libèrent une belle énergie, chantent et dansent comme ils le feraient dans une chambre d’ado, avant que n’apparaissent les premières prises à partie,

les premières paroles directement adressées aux adultes. Des réflexions, plus que des questions, qui vont de la transmission du savoir, de l’état de la planète, de l’amour, à la difficulté d’évoluer à l’époque des réseaux sociaux, du fossé inévitable qu’ils creusent. C’est à la fois spontané et réfléchi, violent parfois quand le constat porte sur l’incapacité des adultes à vivre une vie choisie, loin des diktats sociaux, ou à s’accepter tels quels. Aucune agressivité, la parole est portée par des regards clairs, facétieux parfois, qui font souvent mouche. L’interaction étant de fait inexistante il n’y aura pas de discussions entre les « parties ». Mais une prise de conscience que cette jeunesse là n’est pas simplement insouciante, que cet entre-deux-mondes où elle évolue exige audace et constance ; il faut l’entendre. DOMINIQUE MARÇON

Cheptel a été donné le 5 décembre au Théâtre d’Arles, et les 7 et 8 décembre à la scène nationale du Merlan, Marseille


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Le juste prix

D

avid Price vient d’échouer à gagner le concours de lutte. Son entraineur est furieux. Lui ne sait que répéter « Je ne sais pas ». Il ne sait pas pourquoi il a renoncé. C’est sa dernière année de lycée, l’horizon est à la fois trop vaste et si étriqué dans cette petite ville de l’Indiana oubliée de l’American way of life qu’après tout, premier ou © Jean-Louis Fernandez deuxième, quelle importance. Antoine Kahan a retrouvé ses postures adolescentes pour incarner ce double de Steve Tesich, auteur du livre adapté et mis en scène par Rodolphe Dana. Price raconte un été où le temps semble s’être accéléré. David et ses deux copains (les excellents Grégoire Baujat et Lionel Lingelser, eux aussi totalement replongés dans leurs corps de teenagers) hésitent entre désespoir de n’avoir qu’à suivre la voie grise et mesquine de

leurs parents ouvriers, et instants d’exaltation débordants de jeunesse et d’insouciance. C’est un réel plaisir de voir s’épanouir tous ces personnages, pourtant déjà si bien campés dans le roman, prendre leur envol en toute liberté de texte et de jeu. L’amour de David pour Rachel (très convaincante Inès Cassigneul) se déploie avec la force de leurs 17 ans, compliqué, entravé, vital. La passion du jeune héros pour les mots, qu’il nous livre en même

temps qu’il la découvre. La révolte du copain beau gosse, qui ne supporte pas l’admiration que ses parents lui portent, à lui le lycéen désabusé. L’usine qui phagocyte leur « petite ville minable ». Les histoires d’adultes qu’ils ne comprennent que trop bien. La comédie qu’on leur sert, réchauffée, rance, comme ce numéro de conseiller d’orientation délirant (Rodolphe Dana en showman surexcité hilarant), à laquelle ils croient moins que jamais. À coups de glissades sur le plateau, il hurle comme un prédicateur. Descendu vers le premier rang des spectateurs, il demande à un lycéen venu là avec sa classe : « Dis : “Je crois en moi” ! » Timide réponse dans le micro. « Plus fort ! » « Je crois en moi ! » Le temps d’un été, le temps d’une pièce, oui, on veut y croire. ANNA ZISMAN

Price a été joué du 13 au 16 décembre au Théâtre de Nîmes, les 8 & 9 février au Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence, et les 2 & 3 février à Châteauvallon – Scène nationale, Ollioules

À plus d’un titre

N

athalie Garraud et Olivier Saccomano ont le sens du titre. Le nom de leur triptyque et ceux des trois volets qui le composent racontent à eux seuls une histoire pleine de pistes. La Beauté du geste réunit L’instant décisif, où les comédiens jouaient la genèse d’une pièce, et finira dans L’angle mort, future mise en scène du procès de ces acteurs qui se sont risqués à jouer cette année À mains levées, quotidien d’une compagnie de CRS. Vote à main levée, croquis à mains levée, lever la main sur quelqu’un ; le titre est riche, la sémantique développe l’imaginaire et l’attente. Lumière froide, scène bi-frontale, vitrine cassée, l’atmosphère est oppressante. L’un joue à se suicider. Mais ce n’est ni drôle ni mortel. Le sang qui macule le bandeau soigneusement entouré sur la tête avant le coup de feu, c’est « fruits rouges, ou baies sauvages ». Au choix. Dérision du désespoir du CRS ? Un mitigé de distanciation et de constat brut. Un entre-deux un peu stérile, qui ne choisit pas son camp : poésie ou réalisme documentaire ? On se laisse parfois tenter par la piste du témoignage, « Y a pas de honte, y a pas de fierté », on suit les comédiens lorsqu’ils nous entrainent sur des

politique corrosif : « La seule chose qu’on défend, c’est la propriété. On monte la garde entre Pôle Emploi et les salons de thé. » Ils se retournent, d’un bloc. Toujours l’attente de l’incident à venir. On est maintenant derrière eux. (Tout) contre eux. Ces CRS conscients, même un peu brouillons, savent nous ouvrir les yeux. A.Z. © Jean-Louis Fernandez

voies oniriques (une belle scène avec drapeau français aux tonalités noir et blanc), mais on n’est finalement jamais assez porté par l’une ou l’autre direction pour savoir comment suivre de plus près les cinq gardiens de l’ordre. Et puis, lorsqu’ils nous font face, immobiles, presque muets, la pièce soudain prend corps. Au sens propre. Les CRS incarnent l’absurdité d’une société qui se protège d’elle-même. La trivialité des conversations hachées par l’attente (« Vous sentez quelque chose ? ») se mue en sagesse désabusée (« On écoute et on se montre, comme à l’opéra »), puis en constat

Nathalie Garraud et Olivier Saccomano prendront la direction du CDN de Montpellier en janvier À mains levées a été joué au Théâtre de la Vignette, Montpellier, du 5 au 8 décembre

à venir 30 & 31 janvier Châteauvallon – scène nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com 28 au 30 mars Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 boisdelaune.fr


38 critiques spectacles

Grotesque et résistant engagé, qui fait œuvre d’éducation populaire. Quand le spectacle semble souvent destiné à une élite intellectuelle, ou conçu comme un divertissement de masse, l’entreprise semble salutaire. Avec L’Ombre des Lazzi, la compagnie remonte aux sources. Autour du XVIe siècle, quand le théâtre entre dans les Cours et devient instrument du pouvoir, alors que sur les places se transmettent encore les traditions villageoises, les © Leda Atomica Musique farces, les mystères et l’héritage des ’art, et en particulier le théâtre, intéresse-t-il le pouvoir politique ? Veut-il le museler troubadours occitans. Visés en France par le ou s’en servir comme d’une diversion ? pouvoir absolu naissant, les saltimbanques, L’Ombre des Lazzi, dernière création du col- le théâtre de foire, et, venue d’Italie, la Comlectif Manifeste Rien, interroge l’histoire de media dell’Arte, seront interdits de parole : l’expression théâtrale populaire, celle du théâtre ils chanteront. Interdits d’être acteurs : ils de rue. Le travail de cette compagnie repose fabriqueront des marionnettes. Et exprimeront toujours sur une réflexion sociale et politique, la réalité politique de l’époque : la déportation engagée dans la transmission des sciences d’Africains en Amérique, l’esclavage, le code humaines, de Bourdieu à Stora. Du théâtre noir de Colbert.

L

La mise en scène de Jérémy Beschon allie théâtre et musique. Entre slam et opéra, Marie Démon, Mickael Van Minden et Tom Spectrum donnent le tempo, que MarieAnge Jannuccillo agrémente d’une touche rock très bienvenue. Car Virginie Aimone, Maurice Vinçon et Roland Peyron jouent les comédiens autour d’une intrigue mal ficelée, oscillant entre didactisme, volonté comique et fable magique. La rockeuse fait par instants frissonner, mais les intentions du spectacle ne suffisaient pas, lors de la création, à le faire exister : l’esprit du théâtre populaire, grotesque et résistant, s’y évoquait sans s’incarner. Faute de travail et de temps ? AGNÈS FRESCHEL

L’Ombre des Lazzi a été créé du 16 au 18 décembre au Théâtre Marie-Jeanne à Marseille, dans le cadre du Festival Les Inovendables, organisé par Léda Atomica Musique

Le must à Monaco (Ekaterina Petina et Matej Urban) qui brûle la scène dans le duo central, où les deux époux s’apprivoisent et deviennent amants, sur le largo puis l’allegro molto de la Symphonie de chambre aux cordes bouleversantes. La danse de Jean Christophe Maillot est en ce sens étrangement inventive : les duos amoureux sont des batailles, les corps se repoussent, ne cherchent à aucun moment l’épure, mais le grotesque, l’énorme, l’excès. Un style qui ne s’affranchit pas pourtant du mime du ballet classique et paraît, malgré tous les talents déployés, définitivement suranné. Le spectacle, parfait, déclenche le plaisir de spectateurs friands d’élégance, mais on peut s’interroger sur la nécessité d’une création artistique qui ne bouscule aucune certitude esthétique. © Alice Blangero

U

n argument de Jean Rouaud, d’après la Mégère apprivoisée, qui sait prendre le contrepied de la phallocratie shakespearienne, pour affirmer le caractère exceptionnel du personnage féminin. Un orchestre de Monte Carlo parfait dans les pages les plus difficiles de Chostakovitch, dans ses solos à découvert, ses rythmes effrénés, ses couleurs, ses contrechants savants, rendus de main de maître par le chef Kalle Kuusava, qui cale au millimètre ses tempos sur les corps des danseurs. Des décors d’Ernest Pignon Ernest d’une élégance rare, escalier blancs, colonnes aux angles et aux courbes permettant des échappées et des resserrements, servis par les lumières sculptées qui projettent leurs reliefs sur leurs surfaces devenues des écrans mobiles. Et un ballet de Monte Carlo d’un niveau technique sans égal, qui enchaîne sans frémir les figures les plus difficiles, ne décale pas d’un iota dans les ensembles, et prend un plaisir visible à danser au corps à corps. Car la danse néoclassique de Jean Christophe Maillot est terriblement physique,

exigeante : les pointes des danseuses, les sauts des danseurs au ballon impressionnant, n’ont sans doute aujourd’hui leur égal qu’à l’opéra de Paris, ou au Bolchoï qui avait créé la pièce reprise aujourd’hui par son ballet. Bref, il est extraordinaire de voir un spectacle si accompli, réunissant autant d’artistes exceptionnels, interprètes dans la fosse et sur le plateau, créateurs aux commandes. En particulier le couple Katharina/Petruchio

A.F.

La Mégère apprivoisée de Jean Christophe Maillot a été recréée au Grimaldi Forum, Monaco, par le Ballet de Monte Carlo du 28 décembre au 5 janvier


critiques danse 39

Contact et tremblement Séquence émotion

L

Le festival d’hiver du Ballet National de Marseille a su allier temps de pratiques et spectacles ciselés

T

wo est un duo savamment construit. Un homme et une femme, vêtus comme dans toutes les dernières pièces d’Emio Greco et Pieter Scholten d’une robe chair cachant à peine leurs corps, et indifférenciant leurs genres, tremblent, glissent, agités de soubresauts partiels qui s’accélèrent, prennent des directions communes, deviennent mouvement, transformant les solos hésitants en duo tourbillonnant. Boléro tient le même discours, mais c’est tout un chœur qui danse. Le Ballet National danse au complet, et les 26 danseurs passent de la saccade sporadique aux avancées affirmées, du minimal au geste large, du lointain sombre à l’avant scène occupée, les yeux plongés dans le regard du public, au gré du crescendo impitoyable de Ravel. On voit alors comment le corps renaît à l’autre, dans une gestuelle qui piaffe et piétine, animale sans mimétisme, comme venue de nos profondeurs. Une pièce qui, en évoluant du solo initial d’Emio Greco entouré du corps de ballet, jusqu’au ballet de groupe au propos collectif, a gagné en intensité.

Bahoran puise dans sa culture hindoustani une spiritualité qui transcende sa danse. Dans un dispositif noir éclairé par des colonnes de leds - une pénombre parfois trop dévorante -, sur une « patinoire » brillante, cinq danseurs du collectif ISH évoluent entre glissements ventres au sol, mouvements épileptiques, figures explosives, liés par un « courant qui circule entre eux » continuellement. Jamais le feu ne s’éteint, qui les emporte dans un combat de forces contradictoires : l’un entraine le second, qui repousse le troisième, tandis que le quatrième s’échappe avant que le cinquième ne le rattrape ! Ignite, spectacle graphique, accentue la dextérité des interprètes, leur complicité physique basée sur une danse de contact bien dosée : nuques, pieds, dos, mains… Et dépasse la battle et la démonstration qui engourdissent trop souvent le hiphop. Shailesh Bahoran lance tout son petit monde dans le cercle lumineux et s’interroge : rester dans la lumière ou s’en extraire ? C’est un jeu, un affrontement où il n’y a ni vainqueur ni vaincu. A.F. ET M.G.-G.

Patineurs sans patin Danseur et chorégraphe de la scène néerlandaise issu du hip-hop, Shailesh

Two, Boléro et Ignite ont été présentés au BNM dans le cadre du festival BNMFEST, Marseille

a papesse de la Postmodern Dance américaine Yvonne Rainer, figure pionnière des arts visuels et des arts de la performance dans les années 1960/70, a illuminé la soirée de marseille objectif DansE avec cinq pièces mythiques de son répertoire. Cinq créations reprises par ses collaborateurs et danseurs, notamment Pat Catterson qui transmet aux jeunes générations sa philosophie minimaliste. En témoigne le happy end final qui a réuni dans Chair-Pillow (1969) des danseurs du BNMNEXT et des élèves de DNSP1 du Pôle national supérieur de danse de Cannes-Mougins/Marseille. Le programme Early Works (1961-1969) est la preuve vivante d’une danse visionnaire et indémodable. D’ailleurs sa pièce manifeste Trio A est sans cesse reprise ou réinventée, comme ici jouée À l’envers par Pat Catterson qui a relevé l’incroyable défi de la tâche ! Sans partition musicale, celle-ci pose les fondements des recherches de la chorégraphe mue par la « nécessité de trouver une manière différente de bouger ». Son solo Three Seascapes l’illustre parfaitement où, sur Piano concerto #2 de Rachmaninov, seule la course anime le corps tandis que sur Poem for Tables, Chairs, Benches de La Monte Young il se brise, crie et s’effondre sur un tutu froissé. Son premier solo Three Satie Spoons créé en 1961 affirmait déjà son combat contre le corps spectaculaire : aujourd’hui dansé par Emily Coates, Pat Catterson et Patricia Hoffbauer, il exalte encore les phrases musicales des Trois Gymnopédies de Satie et les corps contraints à l’épure, aux signes, à la répétition du motif. Autre geste radical d’Yvonne Rainer, mais collectif et ludique, Diagonal a emporté les danseurs dans une composition algébrique prédéterminée dont ils se libèrent à coup d’injonctions aléatoires. Formidable exercice de style aux figures imposées mais à la libre pensée. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Lire page 90, l’article sur le catalogue de l’exposition A Different Way to Move au Carré d’art de Nîmes (voir critique de l’exposition sur journalzibleline.fr). Early Works (1961-1969) a été donné le 14 décembre au Théâtre Joliette, Marseille


40 critiques danse musiques

Cannes aime la danse

Directrice artistique du Festival de danse de Cannes depuis 2015, Brigitte Lefèvre est exceptionnellement reconduite par la Ville pour une troisième édition en 2019. Preuve d’un soutien politique et d’une confiance absolue

les aficionados de l’ultra contemporain auxquels elle propose un Don Quichotte passablement poussiéreux et kitsch revisité par les argentins Silvia Bazilis et Raúl Candal et le Ballet Nacional Sodre d’Uruguay. Quitte à éprouver le public d’amateurs et de néophytes plongés dans l’univers métaphorique et fiévreux de Yama de Damien Jalet interprété par le Yama, de Damien Jalet © Brian Hartley Scottish Dance Theatre. omment expliquer ce succès en seule- Danseuse et chorégraphe de renom, Brigitte ment deux éditions ? La raison tient sans Lefèvre connaît sur le bout des pieds le délicat doute à la volonté de Brigitte Lefèvre, exercice du grand écart ! On peut donc lui directrice de la danse à l’Opéra national de être reconnaissant de faire découvrir, voire Paris de 1995 à 2014, « d’enchanter la ville et redécouvrir, talents d’hier, d’aujourd’hui et le public » et de « fertiliser le terrain cannois » de demain sans distinction. C’est-à-dire avec défriché par Jean-Luc Barsotti, Yorgos Loukos un traitement égalitaire dans la programet Frédéric Flamand. Sans doute aussi à sa mation, le choix des salles (Cannes manque programmation cosmopolite qui croise ballets cruellement d’une vraie salle pour la danse internationaux et compagnies émergentes. En avec un rapport plateau-public ad hoc !), la 2015 et 2017, le festival biennal n’a développé rencontre avec le public qu’elle anime en aucune thématique car ce qui la motive est bord de scène. La jeune chorégraphe Jann la traversée des genres, des écritures et le Gallois, qui nous a une fois de plus séduite mélange des publics. Quitte à désarçonner avec son incroyable duo Compact de 2016

C

et sa formidable création Quintette, a eu les mêmes honneurs que Thomas Lebrun qui a revisité son trio Another look at memory dans un quatuor à l’écriture toujours finement ciselée. De même Éric Oberdorff basé à Nice a eu carte blanche pour inviter quatre compagnies de Studiotrade, réseau européen de coopération initié en 2010 à Düsseldorf. Une occasion en or d’importer à Cannes des « observateurs privilégiés du monde » repérés par l’un des leurs ayant à cœur de les faire connaître. De fortes personnalités sont d’ores et déjà à suivre : le duo allemand Silke Z. / Resistdance au propos frais et profond à la fois, et l’irlandaise Oona Doherty à l’énergie chevillée au corps, au regard provocateur et à la rage dans la chair. Autre figure libre de la danse, Robyn Orlin a offert à l’étoile de l’Opéra national de Paris Benjamin Pech le rôle du Roi-Soleil dans son spectacle déstructuré Oh Louis…* avec le claveciniste Loris Barrucand. Du Robyn Orlin pur jus, moins inspiré même si l’astre Benjamin Pech était royal. M. G-G

* Oh Louis… we move from the ballroom to hell while we have to tell ourselves stories at night so that we can sleep… Le Festival de danse de Cannes s’est déroulé du 20 au 29 novembre

Danser dans la piscine

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anse, théâtre, humour, provocation, sport, compétition, Blackpool, le spectacle proposé par le duo finlandais Milla Virtanen et Jaakko Toivonen navigue dans toutes ces eaux-là. Au milieu des gradins se trouve une grande piscine ronde, vide. Les deux artistes, en costumes queue de pie, y sont installés. Pour les spectateurs, il en résulte un inconfort visuel, les parois de la piscine masquant souvent ce qui se passe à l’intérieur. Les danseurs évoluant presque exclusivement dans ce creux, une partie de leurs mouvements se perd, obligeant le public à se lever de son siège pour saisir l’ensemble. Outre cet écueil visuel s’ajoute une difficulté de compréhension. Quand ils parlent, les

© X DR.

artistes s’expriment exclusivement en anglais. L’essentiel reste accessible, mais cela ne facilite pas non plus l’adhésion au spectacle. Le rythme et la qualité technique sont pourtant au rendez-vous. L’humour également, avec un côté clown, jouant des strass et paillettes ou sur le registre érotique, mais le propos reste

flou. Tous deux sont des spécialistes de danse de salon, ils sont même des champions en Finlande et ont participé aux championnats réputés de Blackpool en Grande-Bretagne. Ils veulent montrer la pression de la compétition, les entraînements, le stress. Mais leur prestation s’articule difficilement entre art et sport. Et malgré tout leur talent, les émotions restent à distance. JAN-CYRIL SALEMI

Blackpool a été joué le 12 décembre au Théâtre Nono à Marseille, dans le cadre des Rencontres Lily Pastré


Vague de solidarité

Toulon �e��rad� �a��al�te St-Mandrier Deux marins de l’Aquarius © ARTZAP TV - Gwennaëlle Gaudy

N

ous aurons été près de 900 personnes, sur deux soirs, à avoir répondu à l’appel pour ce week-end clôturant une année de concerts contribuant à l’action d’SOS Méditerranée. Un mélange de militants humanistes et de mélomanes car, tout simplement, l’affiche est attractive : Moussu T, Le Cor de La Plana et tutti quanti le premier jour, puis Imhotep, Chinese Man, etc… C’est bien le mérite de Tour 13 de fédérer publics et artistes de qualité en cette fin d’année qui doit aussi comporter son lot d’espoirs. Mais nous parlerons finalement très peu musiques ici car si le set arab-rock rageur de Temenik Electric aura été encore une fois impressionnant, on aura été encore plus sensible aux images terribles du bateau Aquarius sauvant d’une mort certaine les réfugiés-naufragés lâchés au large des côtes libyennes, sur des simili-embarcations fragiles et surpeuplées, par des « passeurs » sans vergogne. De l’autre côté de cette Méditerranée qu’on aura appris ces derniers mois à regarder avec amertume. Marc Ambrogiani, créateur du festival Nuits Métis à l’initiative de Tour 13, souligne la mobilisation des bénévoles et le projet de faire perdurer cette action bienfaitrice l’année prochaine. Il présente aussi deux des marins du navire européen financé par des dons privés. Ces témoins précieux, aux traits tirés et au regard lourd, viennent dire sur scène la détresse des survivants qu’ils recueillent et soignent dans leur bateau-bouée de sauvetage. « L’Aquarius c’est un devoir moral, lance, très digne, un des hommes, invoquant la solidarité maritime et l’indifférence des gouvernants, nous continuerons tant que les pouvoirs publics n’auront pas pris le relais ». En sortant de la salle, on le croise, on s’empresse de lui dire « merci ». Mais merci pour quoi ? De faire ce dont notre communauté, insensibilisée par le matérialisme, s’est rendue incapable ? Pourvu que l’Aquarius n’ait pas à naviguer trop longtemps. HERVÉ LUCIEN

SOS Méditerranée s’est déroulé les 16 et 17 septembre à l’Espace Julien, Marseille

INFOS ET RÉSERVATIONS WWW.PRESENCESFEMININES.COM


42 critiques musiques

Noël Royal à la française

À

l’invitation du Festival de Musique de Toulon, l’ensemble Les Talens Lyriques créé il y a 26 ans et toujours dirigé par Christophe Rousset, éminent claveciniste et chef d’orchestre, est venu se produire à l’église Saint-Paul pour le traditionnel concert de fin d’année. Le programme exclusivement consacré à l’œuvre sacrée de Marc-Antoine Charpentier était une judicieuse compilation de morceaux choisis autour de l’histoire la nativité composé d’antiennes, de motets ou de Litanie, de Noëls pour les instruments ou d’un splendide Magnificat. Qu’il s’agisse de pièces pour la liturgie, toutes chantées en latin prononcé à la française, ou de pièces purement instrumentales, les musiciens ont rendu un vibrant Benoît Arnould © Studio Antoine Monfajon hommage à ce musicien de la fin du XVIIe siècle qui vécut malgré lui dans l’ombre du Sieur Lully. Le trio de voix interprété par Anders J. Dahlin (haute-contre), Emiliano Gonzalez-Toro (taille) et Benoît Arnould (basse-taille) était d’un équilibre et d’une justesse impressionnants, ainsi que d’une musicalité rare où chaque chanteur se trouvant en position de soliste était toujours porté par le duo

restant dans une écoute mutuelle très complice. Cela donnait aux œuvres une lisibilité et une clarté d’élocution rarissimes, et mettait en lumière une écriture variée dans ses combinaisons où abondaient retards, appoggiatures, broderies et trilles caractéristiques de l’ornementation baroque et exécutées avec un savoir-faire éloquent. Le trio de cordes frottées, jouées par Atsushi Sakaï, Marion Martineau (dessus de viole) et Mikko Perkola (basse de viole), était à l’avenant et, porté par la direction complice elle-aussi, du chef à l’orgue ou au clavecin, soutenait les chanteurs dans une osmose parfaite où l’étagement des pupitres restait très détaillé. Une réussite ponctuée par un Laudate Dominum Omnes Gentes H159 réjouissant en guise de bis. Un beau cadeau pour les fêtes de fin d’année ! ÉMILIEN MOREAU

Le concert à été donné le 14 décembre à l’église Saint-Paul, Toulon

Chœur en poésie

É

manation du Festival d’Aix-en-Provence, le Chœur multiculturel Ibn Zaydoun, fondé en 2008 par le compositeur, chanteur, oudiste Moneim Adwan, offrait un concert empli d’une belle énergie à la Cité de la Musique de Marseille. Les amateurs, arabophones ou pas, (un atelier mensuel de phonétique et de prononciation arabe par Jean-Pierre Dahdah, chercheur associé à l’IREMAN*, complète la formation musicale) servent avec un bel élan les textes des grands poètes, Bayram al-Tunisi, Khalil Gibran, Mahmoud Darwich, Ibn Arabi, Al Hallaj, Kawthar Moustafa, sur des compositions de Moneim Adwan principalement, mais aussi servent la délicatesse d’un répertoire traditionnel de chants arabo-andalous. Amours, nostalgie, évocation sobre de la tragédie palestinienne (On raconte dans mon pays, Mahmoud Darwich). On est sensible à la justesse des voix, leur conviction, leur humour, la verve passionnée qui anime chœur et solistes, qui

Choeur Ibn Zaydoun © Vincent Beaume

présentent aussi avec intelligence les textes interprétés. L’oud de Moneim Adwan décline ses arabesques, lignes en épure ou phrases aux ornementations perlées, tandis que la clarinette de Mohanad Adwan accorde ses sonorités populaires aux percussions d’Abderrazzak Amri Zahri. Le public complice se laisse porter avec délices dans les orbes des chants,

une ancienne choriste lance une demande depuis les gradins, entame un chant, que l’oud suit, et que reprend le chœur… Communion, fraternité par la magie du verbe et de la musique… L’harmonie entre les êtres est ici vécue, évidente, profonde… Une réconciliation avec le monde que l’on souhaiterait universelle… MARYVONNE COLOMBANI

*IREMAN : Institut de Recherche sur le Monde Arabo-musulman Concert donné le 14 décembre, Cité de la Musique, Marseille


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La flûte désenchantée

P

our les fêtes de fin d’année, l’Opéra de Toulon programmait le très célèbre singspiel de Mozart, Die Zauberflöte, K.620. De cette production, les amateurs n’auront pas eu grand-chose à retenir mis à part un orchestre alerte et réactif grâce à une direction très inspirée d’Alexander Briger et quelques voix remarquables qui venaient sauver l’ensemble : on pense notamment à l’impériale Tuuli Takala dans le rôle attendu de la reine de la nuit, mais aussi à l’ensemble des voix féminines plutôt convaincant. Chez les hommes, Antonio Di Matteo campait un Sarastro suave et imposant aux côtés du brillant Papageno d’Armando Noguera. La déception était tout de même perceptible chez les spectateurs malmenés par une mise en scène et des costumes quelque peu déroutants de René Koering, relevant d’une conception très singulière de l’ouvrage. Le mapping vidéo de Virgile Koering, rendu bruyant par la ventilation des projecteurs, cédait ici la place aux traditionnels décors imposants et les paysages reproduits étaient presque tous cohérents à défaut de convaincre, mais l’espace laissé aux artistes lyriques dans ces conditions était largement sous-exploité par une mise en scène globalement monolithique. Que dire par ailleurs de la transposition du livret dans un monde fantasque très inspiré du cinéma et de la culture populaire ? Voir Tamino déguisé en simili Elvis jouant de la air guitar sur une stratocaster, sauvé par

© Frédéric Stéphan

les trois dames déguisées en fille de joie à l’aide d’un sabre laser aurait pu s’avérer drôle à condition que les chanteurs aient l’air convaincu. La vision de Monostatos en Dark Vador (hasard du calendrier) réduit à l’état de pantin n’était guère plus stimulante, et l’incompréhension était à son comble lorsque Papageno terminait l’acte 2 sur un selfie à l’aide d’un Smartphone. Ajouté à cela, une étrange répartition linguistique des passages parlés alternant le français et l’anglais accentuait

la sensation de déroute. L’intemporalité de la musique mozartienne venait servir ici de caution à une vision atemporelle du livret. Pas sûr que cela ait suffi pour combler les spectateurs. E.M.

L’opéra La Flûte enchantée a été donné les 27, 29 et 31 décembre à l’Opéra de Toulon

Attachante épopée

R

eprendre le texte du Digénis Akritas, épopée byzantine (que l’on situe entre le IXe et le XIIe siècle de notre ère), tient de la gageure, tant le texte connaît de versions (6), d’incertitudes, mais aussi d’interprétations, de chansons… Le thème du héros à la double ascendance, arabe et byzantine (d’où son nom de Digénis), gardien des limites du pays, vainqueur de dragons, brigands, ennemis sans nombre, beau, solaire, aimé à la folie par des jeunes filles à la taille souple, est populaire dans la tradition orientale, depuis la Grèce jusqu’aux terres slaves… Patrizia Gattaceca s’empare du corpus dans la traduction italienne de Paulo Odorico (une traduction française du même auteur se trouve aux éditions Anacharsis), et, suivant le parcours héroïque du Digénis, en offre sa vision, par un choix d’extraits

qu’elle met en musique. Le florilège privilégie la dimension humaine du personnage, sa beauté, son amour pour sa belle, sa maison aux bords de l’Euphrate… les mélodies épousent les textes avec une élégante évidence, tandis que la guitare d’Antoine Leonelli glisse ses subtils contre-chants, adopte le rythme phrygien, revient à la ballade, s’évade sur les territoires des musiques du monde. Les vers sont dits, murmurés, confiés, chantés, en italien, en corse, humus méditerranéen où se tissent les légendes. L’artiste raconte, explique, pose les questions sur l’histoire de ce récit, en extrait des pans lumineux, rend sensibles et proches les différents acteurs, renoue avec notre capacité d’émerveillement. La mort de Digénis, passage obligé, que l’on retrouve dans les chansons populaires, où le

héros se bat contre Charon (le passeur des morts et symbole de celle-ci dans la tradition grecque) sur une aire de marbre, devient ici un adieu bouleversant au monde, à sa bien-aimée à qui il demande de vivre. Mais la douleur est trop grande et la terrasse. Les deux époux meurent ensemble… C’est une version monodique du Dio Vi Salve Regina d’une rare intensité que livre au public de l’Éolienne cette exceptionnelle interprète compositrice, en hommage à la fête nationale corse. La figure du Digénis, devenue symbole de résistance lors de l’occupation turque de la Grèce, prend ici une nouvelle dimension. MARYVONNE COLOMBANI

Concert donné le 8 décembre à l’Eolienne, Marseille


44 au programme musiques bouches-du-rhône corse

Une demoiselle en loterie

Adam Laloum © Carole Bellaiche.

Trio Laloum

Virtuosité lumineuse, jeunesse, sensibilité, les trois interprètes du Trio Laloum suivent chacun un parcours d’exception, collectionnant les récompenses les plus prestigieuses nationales et internationales. Adam Laloum (piano), Victor Julien-Laferrière (violoncelle), Raphaël Sévère (clarinette) seront réunis sur un programme Beethoven, Poulenc, Schumann, Zemlinsky.

Jean-Christophe Keck ne cesse de faire découvrir lors des Dimanches d’Offenbach des pépites oubliées du créateur de La Périchole. Une demoiselle en loterie ouvre la nouvelle année. Démêloir (Frank T’Hézan) doit vendre 200 billets de loterie d’une valeur de 1000 francs chacun. Le prix : la main de l’ancienne danseuse de chevaux, la belle Aspasie (Isabelle Philippe)… et en dot, la totalité des gains… Une opérette en un acte alerte et malicieuse accompagnée du piano de Diego Mingolla.

Musique de chambre C’est dans les ors du foyer de l’opéra de Marseille que sera donnée l’intégrale des quatuors avec flûte de Wolfgang Amadeus Mozart. Quatre interprètes hors pair pour ce concert précieux : Virgile Aragau (flûte), Da-Min Kim (violon), Magali Demesse (alto), Xavier Châtillon (violoncelle). Une pépite à savourer !

21 janvier Odéon, Marseille 04 96 12 52 70 odeon.marseille.fr

Un Barbier

Da-Min Kim © X-D.R

15 janvier La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com

Valentin Radutiu

1er & 2 février Odéon, Marseille 04 96 12 52 70 odeon.marseille.fr

27 janvier Foyer de l’Opéra, Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr

Conférence chantée Michel Petrossian © X-D.R

Le premier volet de la trilogie de Beaumarchais, Le barbier de Séville ou La Précaution inutile, offre à Rossini la matière d’un opéra-bouffe somptueux. Figaro (Florian Sempey) sera le complice des amours contrariées de la douce Rosina (la merveilleuse Stéphanie d’Oustrac) et du Comte Almaviva (Philippe Talbot), sous la direction musicale de Roberto Rizzi Brignoli dans une mise en scène de Laurent Pelly.

Stéphanie d’Oustrac © Perla Maarek

Valentin Radutiu © Felix Broede

Le Barbier de Séville

L’écrin de la belle salle du Pharo accueille le violoncelliste virtuose Valentin Radutiu aux côtés de l’Orchestre Philharmonique dans l’interprétation du Concerto pour violoncelle et orchestre en ré mineur d’Édouard Lalo, sous la direction de Lawrence Foster. On goûtera également aux envols de la Symphonie n° 88 en sol majeur, Hob. 88 de Joseph Haydn et au 2e acte de Casse-Noisette de Tchaïkovski. 20 janvier Auditorium du Pharo, Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr

6 au 15 février Opéra, Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr

En écho à la production de l’opéra de Marseille, l’Odéon propose aussi Un Barbier, inspiré de l’opéra-bouffe Il Barbiere di Siviglia. Gilles Rico adapte le livret, que met en scène Damien Robert sous la houlette d’Adrien Perruchon. La distribution (4 représentations en deux jours !) est en alternance pour Rosine, Figaro, Almaviva, Bartolo, Basile… une autre manière d’approcher l’œuvre enjouée de Rossini.

Création commandée par l’ensemble Musicatreize, Chanter l’icône mêle l’œuvre musicale du compositeur Michel Petrossian et les mots de l’historienne de l’art et conférencière Raphaëlle Ziadé que l’icône En Toi se réjouit, de l’atelier de Franghias Kavertsas (Crète, XVIIème siècle) a inspirée. Entre l’art byzantin et la musique contemporaine se tissent alors de délicates résonances, servies avec l’art consommé de l’ensemble Musicatreize dirigé par Roland Hayrabédian. 27 janvier Auditorium di Pigna, Haute-Corse 06 79 40 68 80 centreculturelvoce.org 2 février Salle Musicatreize, Marseille 04 91 00 91 31 musicatreize.org


Du 9 au 20 janvier

Nicolaï Lugansky Nikolaï Lugansky © Jean-Baptiste Millot

Est-il encore nécessaire de faire l’éloge de ce monument ! La virtuosité alliée à l’intelligence, la puissance, l’art subtil de la nuance, qualités portées au plus haut, quel que soit le compositeur abordé… et toujours avec une réelle humilité. Les spectateurs du GTP auront le privilège d’entendre des pièces de Schumann, Tchaïkovski et Rachmaninov par le magicien qu’est Lugansky !

© Visuel Eddie Pons

4 février GTP, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

Tournée d’hiver de l’OPPA

© Agnès Mellon

Rituelle, la tournée d’hiver de l’OPPA arpente les villes et villages du Pays d’Aix, apportant avec des programmes d’une irréprochable qualité, la possibilité d’un réel partage culturel, puisque les concerts sont gratuits. Le principe du « si tu ne vas pas à l’art, l’art viendra à toi » est ici illustré avec force ! Infatigable, le chef d’orchestre de cette belle formation, Jacques Chalmeau, concocte de nouvelles surprises. Cette année sera toute imprégnée de L’Esprit de Bohême de Dvorak avec sa Symphonie n° 8 en sol majeur, op.88, nourrie du folklore bohémien et slave, puis des extraits de ses Danses slaves opus 46 et 72… Les contes d’Europe centrale s’invitent en Provence ! 13 janvier Gymnase Font d’Aurumy, Fuveau 14 janvier Salle Tino Rossi, Pennes-Mirabeau 19 janvier Salles d’Armes COSEC, Cabriès 21 janvier Foyer socio-culturel, Jouques 26 janvier Centre socio-culturel, Peynier 27 janvier Centre socio-culturel, Simiane-Collongues jacqueschalmeau.com

Andrés Marín Mari Peña Ángel Muñoz David Coria David Carpio Israel Galván La Fabi Rafael Riqueni... Conférences cinéma exposition ateliers lectures... Renseignements 04 66 36 65 00 Réservations 04 66 36 65 10

theatredenimes.com scène conventionnée d’intérêt national – danse contemporaine art et création


46 au programme musiques var hérault

Wonderful Town

Octuor

Les sœurs Sherwood, Ruth et Eileen, arrivent de l’Ohio pour s’installer dans le quartier de Greenwich Village, l’une veut devenir écrivain, l’autre danseuse… Mais la « grande ville » s’avère bien amère… La comédie musicale de Bernstein, créée en 1953, rafla la même année 5 Tony Awards. Véritable hymne dédié à la vitalité de New York, Wonderful Town emporte tout par sa fougue, son swing, sous la direction musicale de Larry Blank dans une mise en scène d’Olivier Bénézech.

Programmé dans le cadre de La Belle Saison, ce concert offre l’ouverture de Till l’espiègle de Richard Strauss, la pièce maîtresse qu’est l’Octuor de Schubert, et entre les deux, la création mondiale de l’œuvre du compositeur contemporain, Raphaël Merlin servie avec finesse par Pierre Fouchenneret (violon), Shuichi Okada (violon), Marc Desmons (Alto), Adrien Bellom (violoncelle), Yann Dubost (contrebasse), Nicolas Baldeyrou (clarinette), Julien Hardy (basson) et David Guerrier (cor).

26 au 30 janvier Opéra, Toulon 04 94 93 03 76 operadetoulon.fr

Dans ce dernier ouvrage lyrique, le compositeur Martin Matalon adapte la pièce du dramaturge argentin Copi. Défilent la forêt tropicale et sauvage, Buenos Aires et ses coups d’état, aux accents du tango et de quatre bandonéons… émerge la figure d’un Don Quichotte argentin que l’on suit dans ses aventures épiques, au bout desquelles se dessine une certaine idée de la liberté. 28 janvier Opéra, Montpellier 04 67 601 999 opera-orchestre-montpellier.fr

Orchestre National de Montpellier Occitanie

© Marc Ginot

Martine Flaissier © X-D.R

Pierre Fouchenneret © Rita Dollmann

Envolées lyriques pour 2 femmes et 49 cordes

La violoniste solo supersoliste Dorota Anderszewska sera à la tête de l’Orchestre National de Montpellier Occitanie pour un concert où les Quatre Saisons de Vivaldi croiseront la Symphonie n°6 Le Matin de Haydn, en un dialogue surprenant. En point central, halte entre l’évocation des moments de l’année et l’hymne au lever de soleil, c’est la rêverie apaisée de Fratres D’Arvo Pärt qui glissera ses harmonies intemporelles.

20 janvier Théâtre de Sète 04 67 74 66 97 theatredesete

© Laurent Guizard

Wonderful Town maquette décors Luc Londivea

L’Ombre de Venceslao

Titre mathématique obscur pour une pépite précieuse concoctée par les deux complices Ulrike Van Cotthem (soprano lyrique) et Martine Flaissier (harpiste). Les 49 cordes de l’instrument vibrent aux accents de la voix chaude et ronde sur des extraits d’œuvres de Haendel, Mozart, Schubert, Fauré, Bellini… les genres se croisent, s’arpègent avec grâce en l’église Saint Félix de Bayssan. (entrée libre). 19 janvier Église Saint-Félix de Bayssan, Béziers 04 67 28 37 32 sortieouest.fr

26 janvier Église Saint-Félix de Bayssan, Béziers 04 67 28 37 32 sortieouest.fr


au programme musiques bouches-du-rhône

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Terramondo Depuis le temps qu’ils se côtoient sur toutes les scènes jazz, le pianiste Jacky Terrasson et le trompettiste-bugliste Stéphane Belmondo ont fini par former un duo dont le nom dit tout de la belle complicité musicale qui les lie. Leur dernier album en date, Mother, signe leurs retrouvailles, autour de compositions originales, mais aussi de reprises de ballades et standards américains et français.

Café musique

© Cilou101

© Philippe Levy-Stab

Pascal Delalée © Cordula Treml

Fleur Sana

Compositrice, auteure et chanteuse, Fleur Sana construit des rythmes et des mélodies à son image, spontanée, envoûtante et universelle, jouant des mots comme d’une matière sonore. Après une résidence de création à La Cité de la musique en janvier, elle offre un spectacle-concert à l’occasion de la sortie de son premier album, Mind, réalisé avec Frédéric Tanari (basse, Beat Maker). 12 titres, chantés en anglais et en français, réunissent ses différents horizons musicaux, sur une pop électro colorée. La veille elle donnera une conférence illustrée à la BMVR Alcazar.

26 janvier Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net

Quartiers Nord : les 40 ans !

19 janvier Théâtre Nono, Marseille 04 91 75 4 59 theatre-nono.com

« Inédit et épicé », c’est ainsi qu’est annoncé l’anniversaire des 40 ans du groupe mythique et légendaire marseillais. Depuis 1977 ont vu le jour seize albums, une tétralogie d’opérettes-rock-marseillaises, des comédies musicales et sociales ; des revues loufoques… autant de moments inoubliables à fêter lors du show forcément festif et hilarant, One again a fly !

The Amazing Keystone Big Band

26 janvier Cité de la musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com

9 février Cité de la musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com

Quartiers nord, 1980 © X-D.R

Loxias, souffles de cristal La Cité accueille la dernière création d’Isabelle Courroy, après quatre semaines de résidence en ses murs. Une performance scénique, musicale et visuelle qu’elle porte avec des flûtes kaval en cristal, spécialement conçues et fabriquées à cette occasion par le verrier scientifique Ludovic Petit. La transparence du cristal traversera les compositions sonores de Zad Moultaka, Michel Moglia et François Wong, dans une scénographie numérique signée Christian Zagaria.

26 & 27 janvier Théâtre du Toursky, Marseille 04 91 02 58 35 toursky.fr

Le Théâtre Nono innove cette saison avec des temps de convivialité où la musique est reine, qui donne l’occasion à chaque musicien invité de développer et faire entendre son univers personnel. Le violoniste atypique Pascal Delalée, inspiré par tous les univers musicaux qu’il rencontre, l’inaugure en s’entourant pour l’occasion de Jean-Luc Di Fraya (chant, batterie, percussions), Jean-Marie Frédéric (guitare) et Didier Del Aguila (guitare basse).

Après avoir visité les univers de Pierre et le loup et du Carnaval des animaux, les 17 musiciens de l’ensemble poursuivent leur aventure autour de l’un des meilleurs guitaristes jazz de son temps : Django Reinhardt. Le conte musical Monsieur Django & Lady Swing permet de (re)découvrir 16 de ses « tubes » -Djangology, Minor Swing, Manoir de mes rêves, Nuages…-, arrangés et réorchestrés pour big bang. 30 janvier Théâtre de La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr


48 au programme musique bouches-du-rhône var hérault

Karpienia/Cants de la Crau

Lysistrata

Dans deux genres différents, ils ont marqué l’électro française : la house rebondissante et élégante de De Crecy et l’électro-techno de The Hacker. Toujours à la pointe de l’actualité, le premier sort une série de maxis nommée After quand le second vient de livrer un double album Le Théâtre des Opérations. Ils se croisent (presque) au Cargo pour une rétrospective “french touch” en deux volets. Etienne de Crecy © Marie de Crecy

Au fil du temps, Karpienia mûrit son art sans le polir, avec toujours cette voix « papier de verre » dévastatrice. Plus rock (il a troqué sa mandole contre une guitare électrique) le musicien s’entoure de Manu Reymond (contrebasse) et Thomas Lippens (batterie). La formation fait appel à des invités pour réaffirmer que sa musique n’est pas « du Monde » mais de notre monde de déserts et d’industries, de désirs et de furie, enracinée et universelle.

© Louis Teyssedou

Sam Karpienia © Erik Delamotte

Etienne de Crecy & The Hacker

Etienne de Crecy, 13 janvier The Hacker, 2 février Cargo de nuit, Arles 04 90 49 55 99 cargodenuit.com

19 et 20 janvier La Meson, Marseille 04 91 50 11 61 lameson.com

9 février Oméga Live, Toulon 04 98 070 070 tandem83.com

Albin de la Simone

Fishbach

25 janvier Le Rockstore, Montpellier 04 67 06 80 00 rockstore.fr 26 janvier Le Moulin, Marseille lemoulin.org

© Yann Rabanier

Souvent cantonné aux « hymnes » cold wave (La Fête Triste, Il se Noie, The Last Song), le répertoire du groupe nordiste est pourtant plus riche avec des incursions synth pop, mélange de Joy Division et de New Order. Les frères Lomprez ressuscitent sur scène la formation devenue culte, après un nouvel album Elegance Never Dies fidèle à ses débuts. Rester sur ses souvenirs ou espérer quelque chose de ce come back ?

Avec Malik Djoudi, Calypso Valois, Peter Peter ou les Pirouettes, elle est le porte-étendard du revival de la pop électro francophone. De fortes réminiscences 80’s qui n’entament pas la sincérité d’une démarche assez iconoclaste, portée par une voix androgyne et une production synthétique léchée sur son deuxième album À Ta Merci. Univers trouble, flirtant avec l’Amazoniaque d’Yves Simon, le Nuit Blanche de Bernard Lavilliers, références viriles pour une chanson dégenrée mais très stylée.

© Facebook Fishbach

© Patrice Hercay

Trisomie 21

Le dernier lauréat du Ricard Live Music S.A. (parmi un bon millier de candidats), prix des Inouïs du Printemps de Bourges, vaut son pesant de décibels. Le jeune trio de Saintonge, élevé aux franges les plus obscures du rock, se fait un malin plaisir de perturber l’auditeur avec des morceaux instrumentaux tarabiscotés, assez assourdissants, mais toujours créatifs et spontanés. Après les grands festivals, à eux les petites scènes !

27 janvier L’Usine Istres 04 42 56 02 21 scenesetcines.fr

Éminence grise de têtes d’affiche comme Vanessa Paradis, Miossec ou Camélia Jordana, le musicien se produit sur scène depuis quatre ans uniquement en acoustique. Aux claviers, accompagné d’un duo violon/violoncelle (Anne Gouverneur/Maëva Le Berre) et d’un percussionniste (François Lasserre) son live intimiste est teinté d’un humour pince-sans-rire. 10 février Théâtre Denis, Hyères 04 98 070 070 tandem83.com


ESPACE CULTUREL DE CHAILLOL - SAISON 2018

WEEK-ENDS MUSICAUX

Martin Dupont, hallu synthétique Ravivée par une compilation-hommage, la mémoire d’un des plus intrigants groupes marseillais des années 80.

Nouvelle saison de concerts dans les Hautes-Alpes ! 6 Week-Ends Musicaux toujours illustrés par Pascal Colrat ! Prenez date(s) ! 4 concerts dans 4 vallées de janvier à juin ! WEM#1 du 25 au 28 janvier PRESTIGE BRASS QUARTET

Martin Dupont © Martin Dupont

une ouverture de saison en fanfare : cornets, euphonium & saxhorn alto

B

ien avant que Marseille ne se distingue grâce au rap et à l’électro, Martin Dupont a marqué la scène musicale par sa trajectoire atypique de 1984 à 1987. Le groupe est le produit du paradoxe Alain Séghir, leader-démiurge : un musicien doué ayant toujours refusé de se prendre au sérieux. Élément qui donne à la musique de Martin Dupont une liberté et une inventivité permanente alors même qu’il dispose uniquement de boîtes à rythmes, de synthés et de basse, comme beaucoup de formations new wave d’alors. Sollicité localement pour son originalité, le projet, constitué aussi de la chanteuse Brigitte Balian et de la clarinettiste-saxophoniste anglaise Beverley Jane Crew s’est développé loin des réseaux parisiens et rennais (qui garantissaient une réussite nationale), allant à son rythme et laissant à la postérité trois albums qu’il faut réécouter. « Cette musique était comme un cri, se souvient Brigitte Balian, produite dans des états d’urgence. L’arrêt du groupe avec le début de la carrière de médecin d’Alain a pour tous été un vrai pincement au cœur ». Le registre de Martin Dupont est en effet troublant : les synthés oppressants, les voix convulsées sur Just Because, la légèreté (relative) de Sleep is a Luxury (grâce notamment au chant aérien de Brigitte, plus tard performer sur les projets de l’électro-acousticien Patrick Portella), la sophistication pop d’Hot Paradox. Aujourd’hui on parle de « minimal wave » ou de « flexi pop » mais à ce moment-là, et l’auteur de ces lignes y était, on savait le groupe capable de susciter les plus ambitieuses images, du burlesque (It’s So, Doron Doron) au dramatique (Welcome To The Dissidents, My Analyst “Assez”). Martin Dupont doit autant aux premiers groupes synth wave qu’à Luciano Berio dans le processus de distanciation qu’il sait instiller, faisant de chaque chanson un théâtre halluciné, possédant sa propre histoire (les soupirs sur Your Passion). Pas un hasard si ces dernières années les stars internationales Kanye West, Madlib et Tricky ont samplé ces chansons défiant le temps et l’oubli. HERVÉ LUCIEN

Broken Memory, A Tribute To Martin Dupont (Boredom Product). Rééditions des trois albums de Martin Dupont sur Infrastition infrastition.com

WEM#2 du 1e au 4 mars VOULOUZ LOAR le chant breton d’Annie Ebrel mélé à la contrebasse de Ricardo Del Fra

WEM#3 du 22 au 25 mars VANESSA WAGNER piano & VIRGIL BOUTELIS violon premier rendez-vous !

WEM#4 du 26 au 29 avril DES CEVENNES AU CAUCASE dialogue entre l’accordéon diatonique de François Heim et de la balalaïka d’Alexei Biriroukov

WEM#5 du 24 au 27 mai CÉLINE FRISCH clavecin 2é cahier du clavier bien temperé de Bach

WEM#6 du 21 au 24 juin TRIO CAVALCADE les tablas indiens de Prabhu Edouard et les guitares de Mathias Duplessy & Jérémy Jouve.

- Hautes Alpes -

www.festivaldechaillol.com


50 au programme spectacles bouches-du-rhône var alpes

Dîner en ville

Bestie di Scena

Richard Brunel met en scène un texte de Christine Angot, centré sur le rituel snob du dîner en ville, en le considérant comme « le théâtre essentiel de la construction des dominations », un investissement culturel et professionnel à rentabiliser. Une rencontre est prévue après la représentation du 19 janvier, avec Richard Brunel et le psychanalyste Hervé Castanet.

© Masiar Pasquali

La Cerisaie

18 & 19 janvier Théâtre Joliette, Marseille 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr

L’une des pièces de Tchekhov les plus reprises l’est cette fois par Christian Benedetti. Désireux de capter sa musicalité, « une gaieté dans laquelle se font entendre les bruits de la mort », en résistant « à la lourdeur réaliste, à la lenteur et au sentimentalisme ». Comme c’est de tradition à La Criée, un avant-scène aura lieu le 9 février avec Céline Bricaire (AMU) et le 10, les enfants pourront participer à un atelier pendant la représentation.

Ponce Pilate

© Roxanne Kasperski

Les derniers chasseurs Inuits © Pascal Victor

Les âmes offensées

Les derniers chasseurs Inuits 25 janvier, 1er & 2 février Les Soussou 25 & 31 janvier, 3 février Les guerriers Massaï 26 & 30 janvier, 3 février La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com

14 « bêtes de scènes » complètement nues évoluent avec une fougue ébouriffante. La création 2017 d’Emma Dante, qui ôte sans vergogne à cette bande d’humains toutes les couches de fard sous lesquelles on a l’habitude de se dissimuler. Par un effet boomerang, c’est le spectateur qui en ressort décapé de quelques préjugés... Cette œuvre a défrayé la chronique au Festival d’Avignon ; elle est à voir, disons... à partir de 16 ans ?

7 au 10 février La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com

18 au 20 janvier La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com

Le cycle intégral d’un triptyque théâtral imaginé par Macha Makeieff à partir des carnets de terrain de l’ethnologue Philippe Geslin. Un voyage au Groenland, en Guinée et Tanzanie sur les traces des sociétés Inuits, Soussou et Massaï, fragilisées par la mondialisation, mais dont « les populations développent quelque chose de l’ordre de la résistance, en continuant à se réinventer ». Ce que la directrice du TNM entend célébrer au théâtre.

Toute nouvelle création de la Cie Det Kaizen, soutenue par La Criée, ce spectacle s’inspire librement du film Nos meilleures années de Marco Tullio Giordana (2003). Gaëlle Hermant met en scène six personnages qui essaient de trouver leur place dans la société, entremêlant leur destinée intime à l’histoire avec un grand « H ». Une rencontre est prévue le 8 février à l’issue de la représentation.

8 au 10 février La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com

© Eric Reignier

© Jean-Louis Fernandez

Le monde dans un instant

« L’histoire qui bifurque ». Le Ponce Pilate de Roger Caillois n’élude plus le « cas Jésus ». Pour le procureur romain, il va s’agir de peser éthique et politique, afin de décider en son âme et conscience du sort de ce prophète intempestif. Xavier Marchand adapte remarquablement le texte de l’écrivain, en utilisant l’art de la marionnette. Elles seront neuf sur scène, avec cinq comédiens-manipulateurs. 26 au 28 janvier Théâtre Joliette, Marseille 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr 1er au 3 février Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatreliberte.fr


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Droite-Gauche Les historiens pratiquent de plus en plus cet exercice : travailler le passé à l’aide de la fiction, étudier les scénarios alternatifs pour comprendre le cours effectif des choses. Sandra Iché utilise ici les outils de la fable et de la chorégraphie de manière à dénuder les racines familiales, sociologiques ou affinitaires de notre positionnement politique. On ne naît pas de gauche ou de droite ! Programmé dans le cadre du Festival Parallèle (voir P 26) 2 & 3 février Théâtre Joliette, Marseille 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr © Virginie Colemyn

Tirésias

© Juan Robert

Philippe Delaigue a écrit et mis en scène une cyber-tragédie. Tirésias le devin s’est retiré dans un grenier avec sa fille Mantô. Il y délivre avec lassitude des prophéties banales à des adolescents hyper-connectés, via Skype. Lorsque Léo le sollicite, il retrouve enfin un défi à sa mesure : rendre le goût de la vie à ce jeune suicidaire, en lui proposant différentes morts, aux scénarios tirés des Métamorphoses d’Ovide. À partir de 13 ans. 9 & 10 février Théâtre Joliette, Marseille 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr 1er février Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu

Amphi 7 – Théâtre Vitez Après plusieurs mois de travaux, le théâtre Vitez retrouve sa salle ! À venir : • Les Vagabondes > Alain Béhar > 24 janvier • Projet M. D. > Marguerite Duras > P. Laffont et N. Guimbard >  30 janvier

theatre-vitez.com Tania’s Paradise

© Benoit Antoine Gelin

Le corps de l’artiste israélienne Tania Sheflan se contorsionne, livre ses indignations et ses chagrins, ses élans et ses amours, porteur d’un conte livré sur le ton de la confidence. Dans une yourte kirghize installée sur le plateau du Théâtre Le Merlan, elle se tient au centre d’une piste minuscule, racontant l’intime et le politique, accompagnée par l’écriture et la mise en scène de Gilles Cailleau. 16 & 17 janvier Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org


52 au programme spectacles bouches-du-rhône var alpes

Going home

L’Amante anglaise

16 & 17 janvier Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org 23 & 24 janvier Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com 26 & 27 janvier ECSVS, La Roquette-sur-Siagne 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com 30 janvier Théâtre Durance, Château-Arnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr

So Schnell / The loss of your embrace

19 janvier Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.fr

8h30 rue des écoles Scena madre* La nouvelle directrice du Centre Chorégraphique National de Nantes, Ambra Senatore, a régalé le public marseillais en septembre lors d’une session dansée au Château d’If (lire sur journalzibeline.fr). Au Merlan, elle livre sa création 2017, entretenant avec espièglerie le mystère sur ce qui nous attend. D’où l’ajout d’un astérisque à son titre (littéralement « la scène mère », en italien). On sait seulement qu’elle et ses danseurs seront sept sur scène.

© CCNN

Le Théâtre Le Merlan consacre deux soirées aux danseurs de la formation professionnelle Coline. Avec des extraits de So Schnell, la dernière œuvre de Dominique Bagouet avant sa disparition, transmise par Rita Cioffi aux élèves de la session 16-18. Lesquels interpréteront dans la foulée The loss of your embrace, une chorégraphie signée Alban Richard, directeur du CCN de Caen. Tout public, à partir de 12 ans. 23 & 24 janvier Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

© Laurencine Lot

Walking with Kylián (never stop searching) 2 février Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

« J’ai tout dit, sauf pour la tête ». Une femme découpe en morceaux sa cousine, et laisse le monde entier s’interroger sur les raisons de son crime. L’histoire écrite par Marguerite Duras, inspirée d’un vrai fait divers, est adaptée par Thierry Harcourt. Lequel qualifie la grande actrice Judith Magre, qui incarne la meurtrière, de « véritable Stradivarius ». À ses côtés, deux autres artistes remarquables : Jacques Frantz et Jean-Claude Leguay.

© Rolland Plene Cassagne

« L’histoire vraie d’une migration à l’envers », celle d’un homme qui veut résolument quitter l’Europe, écrite et mise en scène par l’auteur belge Vincent Hennebicq. On y retrouve son goût pour la musique jouée en direct sur le plateau, au service de récits puissants. Dorcy Rugamba tient la scène de bout en bout. Une rencontre avec l’équipe du spectacle aura lieu après la représentation du 16 janvier.

Hommage du chorégraphe Paulo Ribeiro à Jiří Kylián, grande figure de la danse contemporaine tchèque. Avec cinq danseurs de la Cie Nationale du Ballet du Portugal, qu’il dirige, il explore ce qui le rapproche et ce qui l’éloigne du maître slave. Un dialogue intense, noué au fil d’une longue complicité entre les deux hommes. À partir de 14 ans.

© José Alfredo

© Emilie Jonet

Walking with Kylián…

8 & 9 février Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

La directrice du Massalia, Émilie Robert, appréciant le travail de la Cie Le pas de l’oiseau sur le territoire des Hautes-Alpes, a sauté sur l’occasion de l’inviter à Marseille. 8H30 rue des écoles est un théâtre de récit centré sur l’école d’aujourd’hui. Amélie Chamoux et Laurent Eyraud Chaume incarnent les personnages de cette institution aussi aimée que malmenée : élèves, parents, enseignant, ministre... C’est burlesque et quasi documentaire ! Pour les 10 ans et plus. 20 janvier Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 theatremassalia.com


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Le chat n’a que faire…

Rocca

Après Guy Rodet, spécialiste des abeilles, c’est au tour du compositeur et musicien Jean-Christophe Marti de se plier au délicieux exercice des Simples conférences. Le concept, importé du Théâtre de la Cité par Xavier Marchand et le Massalia, consiste à inviter une riche personnalité à témoigner de son expérience devant des enfants accompagnés (ou non) de leurs parents. Seuls les premiers posent des questions.

Dans la version masculine de ce spectacle, Emio Greco et Pieter C. Scholten s’inspiraient du film Rocco et ses frères de Luchino Visconti, et du légendaire boxeur Mohamed Ali. Rocca, des mêmes chorégraphes, décline au féminin ce corps à corps explosif qu’est un combat sur le ring, analysant « la manière dont l’agression et l’amour, la tension et l’attirance se font jour dans l’esquive ».

© Cie Pour ainsi dire

Simples conférences

Ah ça non ! Il faut qu’elles frétillent... Le titre est une citation de Goethe, autant dire que la Cie Pour ainsi dire puise dans un terreau profond pour s’affronter au diabolique. Faust est un adolescent solitaire, qu’aborde un diable juvénile, accompagné d’une jeune femme aussi vivante que malicieuse, Marguerite. L’auteur de la pièce, Philippe Dorin, confesse que « les rôles de méchants sont ce qu’il y a de plus facile à écrire »... l’inspiration vient toute seule. À partir de 8 ans.

20 janvier Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 theatremassalia.com

Dépêche-toi !

Le chat n’a que faire des souris mortes 9 & 10 février Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 theatremassalia.com

Couronnement de trois semaines de résidence au Massalia, ce spectacle-concert de la Cie Clandestine prend au sérieux l’éternelle injonction faite aux enfants par des parents pressés. Au sérieux, mais pas tristement ! On y entendra maintes chansons, on ne se privera pas de magie, et puis on prendra le temps. Quitte à le voler. Avec Marie Salemi au chant, et Fabrizio Cenci à la guitare (et autres instruments). Dès 6 ans.

© Alwin Poiana

3 février Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 scenesetcines.fr

Intersum

© X DR.

© Yang Wang

25 au 27 janvier BNM, Marseille 04 91 32 73 27 ballet-de-marseille.com

26 & 27 janvier Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 theatremassalia.com

Le circassien Yoann Bourgeois a fait du point de suspension le concept-cœur de son travail : ce moment où le corps reste un instant immobile au sommet de sa propulsion, avant de céder à la gravité. Liam Warren questionne à son tour l’esthétique de la chute, mais le chorégraphe s’inspire plutôt de la figure du plongeur, en suspens avant de s’élancer résolument vers l’inconnu. Sa façon de « dépeindre une sorte de comportement humain, peut-être universel, face au doute ». 8 février Klap Maison pour la Danse, Marseille 04 96 11 11 20 kelemenis.fr

Lands of gravity Artiste associé du Théâtre Nono, le chorégraphe William Petit y présente sa dernière création. Un triptyque qu’il déploie en solo, duo, et quintet, « entre trouble mélancolique et tendresse », autour de questions existentielles. Comment aimer ? Perdre l’autre, mais pourquoi ? Comment survivre à la violence du monde ? Restituer sa douceur ? Jusqu’à imaginer que face à nos questionnements intimes, le corps pourrait bien avoir raison... 2 & 3 février Théâtre Nono, Marseille 04 91 75 64 59 t heatre-nono.com


54 au programme spectacles bouches-du-rhône

Nous

Bluebird

La création du groupe de théâtre amateur des Nonos, dirigé par Grégori Miege, Noël Vergès et Serge Noyelle. Ils sont 18 qui se réunissent tous les mercredis soirs, avec une ambition digne de professionnels. 18 à monter sur scène pour défendre un spectacle abouti, enchaînement de tableaux basés sur leur mémoire, leurs émotions. À la recherche de l’universalité qui se dissimule derrière chaque individu.

2147, et si l’Afrique disparaissait ?

9 & 10 février Théâtre Nono, Marseille 04 91 75 64 59 theatre-nono.com

© Saul Leiter Estate Courtesy Howard Greenberg Gallery

Dystopie terrifiante, que fait craindre le cynisme avec lequel est traité le continent qui a vu naître l’humanité… Neuf interprètes, trois compositeurs et six auteurs, burkinabés, français et ivoiriens unissent leurs imaginaires dans la mise en scène de Moïse Touré (et à la conception), remparts dressés contre la destruction. Et l’invraisemblable attente d’une amélioration programmée par les « experts » en 2147…

© Fausto Ferraiuolo

© Amadou Sanogo

Nannetolicus

Sous-titré Meccanicus Saint, le nouveau spectacle de Gustavo Giacosa et sa Cie SIC.12 s’inspire du « livre de pierre » laissé sur les murs de l’hôpital psychiatrique de Volterra par le « colonel astral » que fut Oreste Fernando Nannetti. Une exploration de la folie accompagnée par le piano jazz de Fausto Ferraiuolo. Dans le réseau Traverses.

25 & 26 janvier Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 boisdelaune.fr

Les Trois sœurs Quelles résonnances entre la morosité de la société russe de la fin du XIXème et celle de nos contemporains ? Jouant avec le texte de Tchekhov, Danielle Bré (adaptation et mise en scène) et la Cie In pulverem reverteris proposent un spectacle où le théâtre et ses relations avec la vie devient évident et lumineux, jusque dans nos obscurités.

Cette Nissan Bluebird qui erre, la nuit, à travers la ville de Londres, est un taxi conduit par Jimmy. Les divers clients ce soir-là, semblent, par bribes, mener le protagoniste principal interprété par Philippe Torreton vers sa femme Claire, qu’il n’a pas revue depuis cinq ans… L’auteur Simon Stephens brosse une cosmogonie urbaine en marge, mise en scène avec finesse par Claire Devers. 23 au 27 janvier Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

Le bac 68

18 & 19 janvier Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 boisdelaune.fr

© Norbert Ghisoland

© Arnold Jerocki

26 janvier Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu

1er & 2 février Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 boisdelaune.fr

Seul en scène, Philippe Caubère sait donner vie à une galerie de personnages, depuis Claudine, la mère, au Général De Gaulle… Dans ce spectacle, c’est Mai 68 qui se réinvente, redonne parole aux murs, décline les formes d’une liberté qui se cherche au cœur des utopies. Un roman autobiographique écrit et interprété avec une virtuosité magistrale ! 6 au 10 février Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net


au programme spectacles bouches-du-rhône hérault

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Histoire spirituelle de la danse

La Belle au bois dormant

Feu !

Ballet romantique et féérique par excellence, La Belle au bois dormant créé par Marius Petipa est présenté en une version modernisée par le chorégraphe Jean-Guillaume Bart qui donne un rôle autre que celui de « faire-valoir » au Prince, et nous révèle enfin pourquoi la fée Carabosse a tant de haine en elle. Par le Yacobson Ballet de Saint-Pétersbourg, sur la musique de Tchaïkovski.

La sortie de résidence de la Cie Les Estivants nous entraîne dans un pays totalitaire au cours d’un banquet officiel dont l’ordre sera bouleversé par un personnage qui vient tout bousculer en une série de tableaux où sont conviés Brecht, Camus, Fassbinder, Genet et bien d’autres… Un hymne à la vitalité et à la création mis en scène par Johana Giacardi.

3 & 4 février Théâtre Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr

Leuk-le-Lièvre Le chorégraphe Alioune Diagne s’inspire du recueil de contes composé par Léopold Sédar Senghor et Abdoulaye Sadji, La Belle Histoire de Leuk-le-Lièvre. Leuk, le «lièvre » en wolof, est une sorte de Renart des récits médiévaux et sert de fil conducteur au recueil. Il croise Bouki-l’hyène, Anansi-l’araignée, Mbott-la-grenouille, interprétés par le duo Jules Romain Djihounouck et Roger Sarr. Pantomime, hip-hop, breakdance, popping, locking… Quelle initiation ! (à partir de 5 ans)

Entre monologue de théâtre et récit de voyage extraordinaire, la causerie de David Wahl est bâtie comme un cabinet de curiosités. Au départ, la collecte d’une masse d’informations dont sont gardées celles qui émerveillent, amusent, surprennent… L’enquête au sujet « du corps occidental spirituel » voit ici son troisième et dernier volet. On apprend que la valse fut parfois interdite, et… laissons-nous guider par le conteur !

Qui l’eut cru ? L’Odyssée aurait-elle des « vertus » méconnues ? L’épopée homérique devient l’objet d’une performance entre conte, slam, théâtre, concert acoustique, menée avec virtuosité par Marien Tillet et Mathias Castagné, (Cie Le cri de l’armoire). Ulysse devra se défendre des conséquences souvent désastreuses de ses choix… Jubilatoire !

30 janvier au 1er février Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org

JINX 103/LIFT La musique de Frédérique Jarabo accompagne les deux pièces qu’a composées le chorégraphe Jόzsef Trefeli : le duo JINX 103 avec Gábor Varga, le quatuor LIFT avec Mike Winter. Les danses traditionnelles hongroises sont revisitées dans le duo où les danseurs sont liés l’un à l’autre dans une exploration en miroir, alors que le quatuor impose d’époustouflants défis techniques aux danseurs. 8 & 9 février Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org

23 au 27 janvier Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org

Ulysse nuit gravement à la santé

© X DR.

19 & 20 janvier Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

© Philippe Savoir

© Mikhail Logvinov.

1er février 3bisf, Aix-en-Provence 04 42 16 17 75 3bisf.com

25 & 26 janvier Théâtre de Fontblanche, Vitrolles 04 42 02 46 50 Vitrolles13.fr


56 au programme spectacles bouches-du-rhône vaucluse

Gilgaclash

Crisi

Gilgamesh règne sur la cité d’Uruk, et c’est un véritable tyran Aussi la déesse Aruru confectionne son double d’argile, Endiku, qui lui vit en harmonie avec la nature et les êtres… La rencontre mènera à bien des péripéties, jusqu’à vouloir triompher de la mort… Le collectif Le scrupule du gravier transmet avec humour et énergie cette parabole de l’humanité, plus ancien récit connu de l’humanité.

Inépuisable La Fontaine ! Trois fables animalières parmi les 240 composées par le fabuliste sont mises en scène par la compagnie Arketal. Trois thèmes toujours actuels, la propriété, le prix de la liberté, la force des faibles et celle des puissants. Les marionnettes nous donneront à voir Le Chat, la belette et le petit lapin, Le loup et le chien, et enfin, Le lion et le moucheron. (à partir de 8 ans)

© Jean Barak

© Antonin Tanner.

Bestiaire allumé

Le Ballet National de Marseille apporte son talent sur la scène du Comoedia avec des chorégraphies de ses directeurs, Emio Greco et Pieter C. Scholten, pièces pour quatre puis six danseurs, Crisi, aux accents de la Cinquième Symphonie de Beethoven, puis des extraits du spectacle inspiré de l’essai de Canetti, Masse et Puissance.

1er février Théâtre Municipal de Fontblanche, Vitrolles 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr

9 février Théâtre Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr

7 & 8 février Théâtre des Carmes, Avignon 04 90 82 20 47 theatredescarmes.com

Ballet de Lorraine

Burt doit faire du cinéma, d’où son prénom d’ailleurs ! Il faut bien trois actrices (Marion Duquenne, Lucile Oza, Marie Pro-

vence qui adapte et met en scène le texte de Gilles Granouillet) pour rendre compte du personnage excessif, aimant, aveugle, et combien humain de la mère de cet enfant qualifié de « difficile ». Cette pièce lumineuse, clownesque et bouleversante sera jouée dans le cadre du Festival Polar en Lumières. (voir journalzibeline.fr) 6 & 7 février Théâtre Municipal de Fontblanche, Vitrolles 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr

31 janvier Théâtre Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr

Le tour du monde en 80 jours La Cie La Naïve livre l’une de ces pépites dont elle a le secret. On retrouve le héros de Jules Verne, Phileas Fogg, mais après ses tribulations autour du monde… Comment redevenir un inactif et flegmatique gentleman après tant d’aventures ! Accompagné de Passepartout, il devient la vedette d’un spectacle de music-hall qui passe la prolifique production livresque de son créateur à la moulinette de sa fantaisie. Irrésistible ! (à partir de 6 ans) 9 février Espace Nova, Velaux 04 42 87 75 00 espacenova-velaux.com

© Arno Paul

© Raphael Arnaud.

© Brigitte Pougeoise

Zoom

Dans ce programme proposé par le CCN Ballet de Lorraine, trois générations de chorégraphes sont mises à l’honneur en trois courtes pièces qui reflètent la diversité de son répertoire : avec une des œuvres phares de Merce Cunningham, Sounddance, exubérante de modernité et d’énergie (1973) ; Duo de William Forsythe, où les danseuses donnent corps au temps invisible ; et Devoted du tandem Cecilia Bengolea et François Chaignaud qui font se rencontrer danse classique et gestes de dancehall. 19 & 20 janvier Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net


au programme spectacles bouches-du-rhône hérault alpes var

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Peer Gynt

8 ans, 5 mois, 4 semaines, 2 jours

Le syndrome du Playmobil

© Agence Mona

C’est exactement le temps depuis lequel Bert & Fred vivent ensemble. Un couple d’acrobates complice et déchaîné qui fait tout ensemble, le jeu notamment, avec des couteaux bien aiguisés, des fléchettes ou encore une scie électrique et une perceuse ! Dangereux ? Certainement, mais ils aiment et maîtrisent le risque, et se font aveuglément confiance… 24 janvier Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net

Mais qu’est-ce donc ? « Garder le sourire malgré les difficultés que l’on rencontre dans sa vie » nous dit Elodie Poux, jeune comédienne et humoriste au sourire à toute épreuve et au rire communicatif. De son passé d’animatrice périscolaire, elle tire un spectacle hilarant sur le monde de la petite enfance, et plus généralement de l’éducation, en mêlant art du conte et stand up.

David Bobée monte Peer Gynt, d’Henrik Ibsen, un antihéros prétentieux et raté qui rêve sa vie au lieu de la vivre. Pour trouver ce « soi » qu’il veut être, il fuit ce et ceux qui l’entourent –village, famille, femmes- et s’en va chercher dans l’Orient des mirages et l’Afrique des déserts les « grandes choses » qui l’attendent… C’est l’occasion pour le metteur en scène d’« interroger notre monde bouleversé », et de tenter de répondre à une question essentielle : « qu’est-ce qu’être au monde ? ».

Solstice Dans sa nouvelle création, Blanca Li propose sa vision, organique, des relations entre l’homme et la nature en se plaçant au cœur de la beauté du monde, de sa force, de son énergie et de sa fragilité. Sur une musique faite de sons naturels, chacun des 14 danseurs incarne des mouvements et des sensations entre nature et civilisation.

© X DR.

8 & 9 février Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net 26 janvier Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 theatre-semaphore-portdebouc.com

Trois Perrault sinon rien !

19 janvier Le Corum, Montpellier 0 800 600 740 montpellierdanse.com 27 janvier Palais des festivals, Cannes 04 92 98 62 77 cannes-destination.fr 30 janvier Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net 2 février GTP, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

© Agnès Mellon

© Jean-Baptiste Mondino

Rêves américains

Cendrillon, le Petit Poucet et le Petit Chaperon rouge, ici réunis sur une scène de théâtre devenue plateau de jeu télévisé : trois candidats s’affrontent pour remporter le titre du meilleur conteur… et inventeur ! Car il va en falloir de l’inventivité pour se démarquer et emporter l’adhésion du public. Trois candidats, trois contes, et un metteur en scène (Haïm Menahem) qui redonne à l’œuvre de Perrault une merveilleuse fraîcheur. 18 janvier Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 theatre-semaphore-portdebouc.com

Nous voilà projetés dans le Grand Ouest américain, De la ruée vers l’or à la grande crise de 29 comme le souligne le sous-titre. L’auteur-compositeur-interprète québécois Thomas Hellman mêle dans son spectacle-concert de nombreux écrits où l’on croise les personnages fascinants des œuvres de Steinbeck, Thoreau, à des chansons de l’époque et ses propres compositions, sur fond de folk, blues et gospel. À Berre on vous propose aussi, en début de soirée, le film de Preminger, Rivière sans retour ! 18 janvier Ciné 89, Berre l’Etang 04 42 10 23 60 forumdeberre.com 19 janvier Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr


58 au programme spectacles bouches-du-rhône alpes

En traits mêlés

Ah ! Anabelle

© JC Carbonne

Ce que certains appellent gribouillages, la Cie Théâtre Désaccordé appelle ça de l’art. Et pas n’importe lequel, puisque les co-créateurs du spectacle sont de très jeunes enfants du public, qui n’ont guère plus d’un an ! Chacun va tracer, sur une feuille transparente, des traits de formes et d’intensités différentes qu’une « traitologue » de génie va transformer en images animées ! Avec une loupe géante, elle révèlera les secrets les plus incroyables de ces œuvres d’art...

Véritable voyage à travers l’œuvre et le temps, ce programme exprime toute l’amplitude du vocabulaire chorégraphique d’Angelin Preljocaj. Ce florilège est l’occasion de (re)découvrir l’univers foisonnant du chorégraphe au cours d’extraits de neuf de ses pièces emblématiques, des années 90 à nos jours, parmi lesquelles Roméo et Juliette, Le Parc, Blanche Neige, Retour à Berratham ou Suivront mille ans de calme…

© X DR.

© X DR

Playlist #1

24 janvier Forum de Berre 04 42 10 23 60 forumdeberre.com

6 février La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr

Richard III

Il est heureux Louis Beaugosse, c’est le jour de son mariage avec sa belle Anabelle, monsieur le maire les attend ! Mais point d’Anabelle chez elle, ce sont ses deux sœurs, laides et bizarres, qui l’attendent… Il va lui en falloir, au jeune prétendant transi, du courage et de la patience pour découvrir ce qui se trame et mener à bien sa quête amoureuse… La Cie Éclats de scènes adapte le texte de Catherine Anne, entre conte et farce, pour les enfants à partir de 6 ans. 24 janvier Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 scenesetcines.fr

Yacobson Ballet

16 janvier La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr 19 & 20 janvier ECSVS, La Roquette-sur-Siagne 04 93 40 53 00 théâtredegrasse.com

© Flavie Roget

Nié par les siens, Richard décide de se venger, ne reculant devant aucune abomination pour s’accaparer le trône, ne restant loyal qu’envers lui-même. Jean Lambert Wild et Élodie Bordas réinventent le chef-d’œuvre de Shakespeare, le transposant dans l’univers délirant d’une fête foraine. Un duo de bouffons tragiques, lui en clown blanc, elle jouant toutes les reines et les sbires, aspirés dans sa course à l’abîme.

On connaît la puissance et la justesse des textes que Suzanne Lebeau, auteure québécoise, écrit pour la jeunesse, adaptés au théâtre par de nombreuses compagnies, dont celle qu’elle a cofondée avec le metteur en scène Gervais Gaudreault, Le Carrousel. Le duo est à nouveau réuni pour ce spectacle qui aborde un thème ô combien difficile : la mort d’un enfant. Suzanne Lebeau fait de l’inacceptable un hymne à la vie, sans pathos, dans une mise en scène épurée, où nul artifice ne vient assombrir l’humanité du propos.

© François-Xavier Gaudreault

© Tristan Jeanne-Vales

Trois petites sœurs

10 février La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr

Le Ballet de Saint-Pétersbourg commence à se faire un nom hors des scènes russes. Sous la direction artistique d’Andrian Fadeev (ancien danseur principal du Mariinsky Ballet) depuis 2011, il concilie classique et moderne, et reprend, en les dépoussiérant, des pièces du répertoire du ballet classique. Au programme : Les Sylphides de Michel Fokine, Paquita de Marius Petipa et Rehearsal de Konstantin Keikhel. 31 janvier Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 scenesetcines.fr


au programme spectacles bouches-du-rhône vaucluse alpes

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Monsieur et Madame Barbe Bleue Gus

Dans un clan, Corse de surcroît, on se sert les coudes, dans les meilleures comme les pires des situations. Pour cette équipe de bras cassés il semblerait que le pire soit la norme… Pour se refaire après un coup raté, quoi de mieux que d’enlever une star contre rançon ? Éric Fraticelli a écrit et met en scène cette comédie réjouissante et désopilante !

Gus est un chat, pas vraiment câlin, un brin zinzin, limite dangereux, à priori rien pour plaire dirait-on. Mais à le côtoyer de près on finit par comprendre pourquoi il griffe, grogne, siffle et crache ! Sébastien Barrier raconte l’histoire de ce chat étrange et pittoresque, qui est celui de Nicolas Lafourest, qui signe la musique du spectacle, dont la personnalité contrariée va évoluer entre riffs de guitare et images projetées.

9 février Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 scenesetcines.fr

© Benjamin Rullier - Le Grand T

Qui peut mieux raconter l’histoire de Barbe Bleue si ce n’est les protagonistes eux-mêmes ? De témoignages poignants en contradictions manifestes, l’homme au physique impressionnant et menaçant et la fragile et curieuse demoiselle vont tenter de faire toute la vérité sur cette ténébreuse histoire ! Priscilla Boussiquet et Titus s’emparent du conte de Perrault pour questionner les plus jeunes sur les vertus de la curiosité.

23 janvier Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 theatre-arles.com

26 janvier Espace Gérard Philippe, Port-Saint-Louis 04 42 48 52 31 scenesetcines.fr

26 janvier La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com

10 février Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr 21 janvier Palais des festivals, Cannes 04 92 98 62 77 cannes-destination.fr

Antoine et Sophie font leur cinéma Idiot - Syncrasy

6 février Opéra Confluence, Avignon 04 90 14 26 00 operagrandavignon.fr

Annabelle Sergent revisite la légende du Joueur de flûte de Hamelin, et la transpose sur les ruines de la ville d’Hamelin, de nos jours. Sous la ville nouvelle, la Rue du Tambour est un endroit tranquille ; c’est là que Joss et ses copains se retrouvent, au calme. Jusqu’à la découverte d’une flûte dans les égouts, qui n’attend que son nouveau maître… 7 février Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr 9 février Théâtre de la Licorne, Cannes 04 97 06 44 90 cannes-destination.fr

© Marc Domage

Le roi des rats

Sophie Cattani et Antoine Oppenheim reviennent pour présenter un deuxième épisode de leur ciné-club très personnel, entre théâtre et cinéma, toujours sur des textes d’Olivia Rosenthal. Toujours bien calés dans leur canapé, face à un écran, ils revisiteront Les Oiseaux d’Alfred Hitchcock et Bambi des studios Disney auquel ils mêlent le Livre de la jungle ! L’occasion de s’interroger encore une fois sur la norme et la standardisation que le cinéma nous inculque parfois insidieusement. 19 janvier Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 theatre-arles.com

De leurs deux cultures, basque (pour Igor Urzelai) et sarde (pour Moreno Solinas), le duo Igor & Moreno a puisé l’inspiration de ce spectacle construit autour d’un seul mouvement, basique : le saut. Le tempo et la pulsation varient, mais les sauts sont reproduits à l’infini, créant avec le public des jeux et situations qui questionnent la relation que chacun entretient avec son corps, avec les autres, avec ses désirs.

© Alicia Clarke

© Céline Nieszawer

© Doumé

Le clan

30 janvier Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 theatre-arles.com


60 au programme spectacles bouches-du-rhône vaucluse

Sweet Home, sans états d’âme

Quor + Louis Pi XIV

Suzanne est une femme dangereuse. Aigrie et haineuse envers son prochain, elle en veut à la terre entière ! Son but ? Rester la seule habitante de l’immeuble où elle demeure, en chassant un à un tous ses voisins. De machinations sadiques en pulsions assassines, la magnifique teigneuse agit… Claire Dancoisne met en scène la dernière création des Petits polars du Théâtre la Licorne, concentré d’humour noir qui allie objets détournés, musique au jeu magistral de Rita Tchenko.

Sunny

© Dajana Lothert

4 février à Boulbon 5 février à Tarascon 6 février à Arles Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 theatre-arles.com

© X DR.

Sur la chanson de Boney M., Emanuel Gat fait se juxtaposer une exploration chorégraphique et un concert d’Awir Leon. Virtuose du mouvement, individuel ou de groupe, le chorégraphe laisse surgir le sens de ses créations des corps et de la musique. Un courant énergique parcourt les gestes et mouvements des dix danseurs, pour laisser place à une œuvre d’une impressionnante cohérence.

Un mystérieux voyage en forêt

Double plateau avec deux pièces qui allient danse et musique : dans Quor, nouvelle création de la Cie Qalis, les danseurs (Quelen Lamouroux et Jérémy Paon) prennent part à la musique d’Alice Huc en corps, en sons et en voix ; dans Louis Pi XVI de Simonne Rizzo, trois danseuses et deux musiciens transposent le pouvoir absolu du Roi Soleil et la danse qu’il a codifiée pour explorer la sacralité de l’homme et non sa fonction. 1er février La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com

16 janvier La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com

#Jahm

Trois contes musicaux pour enfants entre 3 et 8 ans constituent ce spectacle qui les invite à rencontrer le petit peuple de la forêt. La troupe de La Fabrique des petites utopies a imaginé et inventé ces histoires avec des enfants : la première permet d’observer les arbres et les oiseaux ; la deuxième accompagne la chute des feuilles et la vie des insectes ; la troisième inspecte et décrit les bruits étranges qui émanent de la nature, et les transforme en musiques…

Le spectacle évoque la difficulté pour les adolescentes françaises musulmanes de vivre la liberté amoureuse et sexuelle des autres filles de leur âge, lorsqu’elles sont nées au sein d’une famille traditionnelle. Philippe Boronad met en scène un texte de Catherine Verlaguet, sans éluder les problématiques, complexes, souvent instrumentalisées par le pouvoir, de l’appartenance et des aspérités culturelles.

© Xavier Cantat

© Benoît Capponi.

Braises

Entendez par là Les Jeux de l’amour et du hasard, de Marivaux. Le Théâtre du rivage s’adresse aux adolescents d’aujourd’hui, en adaptant ce texte du XVIIIe siècle qui les confronte aux mêmes émotions amoureuses, si complexes. Entre hésitations, peurs et feintes, le jeu et le hasard sont peut-être les maîtres mots des relations qui lient de nos jours des Silvia, Dorante et Lisette contemporains, en proie aux vertiges de sentiments infiniment universels et intemporels. © Nicolas Helle

28 janvier L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 mairie-saintremydeprovence.fr

23 janvier La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com

8 février La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com


61

Les inassouvis

Afrika Mandela…

Où se trouve-t-il cet homme qui parle, beaucoup, vomit les mots comme s’ils l’encombraient, et dont la seule certitude est qu’il va mourir le soir même ? De ce purgatoire imaginaire, jour après jour comme dans une histoire sans fin, il fait le bilan d’une vie, s’épanche sur tout ce qu’il n’aurait pas fait de toute façon. Laëtitia Mazzoleni a écrit ce monologue pour Paul Camus qui, seul sur scène, incarne cet homme et tous les hommes qui ont oublié d’en être un.

Le destin de Nelson Mandela a marqué l’histoire du XXe siècle. Emprisonné pendant 27 ans, devenu président de son pays en 1994 et artisan d’une difficile réconciliation entre colons européens et peuple africain. Partisan de la non-violence, il reçut le Prix Nobel de la Paix en 1993. L’ouvrage de Jean-Jacques Abel Greneau relate ce parcours hors norme. Katy Grandi le met en scène avec Alain Azerot, Patricia Varnay, et l’auteur.

© GF

Le spleen

Florilège de textes et d’auteurs pour cette création collective du Cabinet de curiosités. Les membres de la compagnie résidente permanente du Théâtre du Rocher de La Garde ont conçu ce spectacle en 2016 à partir de leur propre écriture et celles mêlées de Molière, Pérec, Rostand ou Tchekhov. Avec pour moteur principal de clamer « au-dessus de tout, la nécessité d’être à cette place... sur la scène ».

Afrika Mandela, Un si long chemin vers la liberté 19 janvier Le Balcon, Avignon 04 90 85 00 80 theatredubalcon.org

Minuit… « Désamorcer le temps. » Pas forcément réaliste, mais qu’importe. Si la bombe à retardement qu’est le temps ne peut être désamorcée, Yoann Bourgeois tente d’en suspendre l’explosion. Le chorégraphe-circassien propose une série de parcours, où la suspension est le moteur commun. Pour sauter d’un trampoline à un escalier ou danser dans un tube rempli d’eau. Avec la complicité de Laure Brisa, Marie Fonte et Jörg Müller. Dans le cadre des Hivernales.

Paul Camus © X DR.

Les inassouvis (inapaisés, insatiables, insatisfaits) 18 & 19 janvier Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 theatredeshalles.com

Terre de colère

Tout le théâtre en 33 minutes 33 minutes, cela peut sembler très bref pour raconter tout le théâtre. En réalité, le spectacle durera trois fois plus longtemps. C’est Christophe Barbier, auteur du Dictionnaire amoureux du théâtre, qui propose cette version scénique, où il dissèque les rouages d’une représentation (le maquillage, le trac, les rappels,etc) et nous fait part de sa passion pour le théâtre. 9 février Chêne Noir, Avignon 04 90 86 74 87 chenenoir.fr

La colère est à la fois un moteur et une nuisance. C’est de ce constat qu’est née la nouvelle création d’Et alors ! Compagnie. Le texte est signé Christos Chryssopoulos, selon qui cette colère, devenue permanente dans nos vies, nous entraîne au repli sur soi et mène à ce qu’elle « se retourne inévitablement contre nous-mêmes. » Bertrand Cauchois à la mise en scène. Spectacle conseillé à partir de 14 ans. 2 & 3 février Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 theatredeshalles.com

© Magali Bazi

© Christos Chryssopoulos

1er & 2 février Théâtre du Chêne Noir, Avignon 04 90 8674 87 chenenoir.fr

Minuit « tentatives d’approches d’un point de suspension » 2 février Opéra-Théâtre du Grand Avignon 04 90 82 81 40 operagrandavignon.fr


62 au programme spectacles alpes var

Une Carmen en Turakie

(F)aune

© Alexander Meeus

Mieux que l’île d’Utopia, bienvenue en Turakie ! Dans ce pays rêvé et idéal, Carmen a trouvé refuge. La légendaire Gitane s’anime en marionnette et le livret de Bizet sonne avec des musiciens faits de petits objets. L’orchestre est dans une fosse aquatique, crabes ou hippocampes tiennent les instruments. Une création de la Cie Turak aussi déroutante que séduisante. Michel Laubu en signe la mise en scène, assisté du guitariste Rodolphe Burger et du compositeur Laurent Vichard.

Ne pas se fier aux apparences du titre ! Ce spectacle est tout en tendresse et en douceur. Ce qui pique un peu tout de même, ce sont les poils au menton de Mamie Ronce la grandmère acariâtre de Léopold. Quand le petit garçon est chez elle, elle le nourrit de soupe aux orties et l’envoie tailler les fourrés pleins de ronces. Il faut bien trouver un moyen pour adoucir cette histoire. Théodora Ramaekers en est l’auteure, elle crée aussi tout le délicat théâtre d’ombre pour la raconter.

9 février Théâtre Durance, Château-Arnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr 23 & 24 janvier La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 theatre-la-passerelle.eu

Dans ce spectacle étonnant, David Drouard nous embarque en territoire d’instinct et d’animalité. Un ours géant, à la fois menaçant et doux, est le double du danseur. Sorte de peluche-marionnette, l’ours est en lui et hors de lui. Tous deux se cherchent, s’attirent, se confrontent, se rencontrent, se trouvent. La bête est humaine, l’homme est sauvage. Dans ce paradoxe et cette ambiguïté, le spectateur reste subjugué par la performance.

Optraken

© Milan Szypura

Conférence de choses

Tenir debout et avancer. Pour aller de l’avant, il faut garder l’équilibre et ne pas glisser. Optraken est un terme de ski alpin. C’est le mouvement qui permet d’amortir le passage sur les bosses. Le Galactik Ensemble crée une « acrobatie de situation », où l’art de l’acrobate devient celui de s’adapter à tous les milieux qu’il rencontre.

53 minutes et 33 secondes. C’est précis et le minuteur fera foi. La 2b company propose une conférence au temps limité mais aux thématiques hors de tout contrôle ! François Gremaud en est le concepteur, assisté de Pierre Mifsud à l’écriture qui s’en fait l’interprète seul en scène. L’idée a jailli sur Internet, en fouillant sur Wikipedia et en papillonnant de liens en liens, un peu selon le principe du « marabout-bout de ficelle ». Embarquement pour un sérieux délire !

19 janvier Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu

Rock’n Chair La danse, appréhendée comme un jeu. Le public est sur scène avec les quatre interprètes. Le plateau est celui d’un jeu de société. On tire des cartes avec les règles à suivre : « lent », « proche du public »… Il y a aussi les cartes « action », et les jokers. Les Doors accompagnent le jeu au son. La Cie F invente une danse ludique, qui s’élabore en direct, dans un joyeux mélange de spontanéité et de création commune. À partir de 8 ans. © 2b company

16 & 17 janvier La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 theatre-la-passerelle.eu 25 au 27 janvier Châteauvallon – Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

© Jean-Louis Fernandez

© Romain Etienne

Mange tes ronces

6 au 9 février La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 theatre-la-passerelle.eu

7 février Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu


au programme spectacles var bouches-du-rhône

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Ceux qui errent ne se trompent pas Tornada tropical

Les routes migratoires, ceux qui les empruntent, ces thèmes sont devenus en quelques années la problématique essentielle de notre monde. Sur une planète en déséquilibre, les uns dressent des murs et les autres cherchent les failles. Dans sa nouvelle création, le chorégraphe Frank Micheletti et sa Cie Kubilai Khan investigations se confrontent à cette réalité telle qu’elle est vécue au Mexique et en Amérique Centrale, notamment par les femmes.

La cumbia s’invite dans le hall du Liberté ! Quand les rythmes latinos et afro-caribéens se répandent, impossible de résister au déhanché ! En mode sound-system, la Cie Kubilai Khan investigations prend possession de l’espace et envoie le son. Avis de météo torride en plein mois de janvier, et tornade de musique et de danse annoncée !

© Jean-Michel Blasco

© Jean-Louis Fernandez

L’Empire

16 au 19 janvier Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

Wonderful One Un trio de danseuses et un duo de danseurs se croisent dans cette création signée Abou Lagraa. Les hommes (Ludovic Colluraet et Pascal Beugré-Tellier) se lancent dans un duel acharné entre une gestuelle à la fois virile et féminine, ils se battent et s’enlacent, tandis qu’en miroir, les trois femmes, Nawal Lagraa-Aït Benalla, Sandra Savin et Antonia Vitti débordent d’énergie et de liberté. Tous les cinq sont libres et merveilleux.

23 janvier Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

Hôtel Feydeau

Vertiges

© Thierry Depagne

Troisième volet de la trilogie de Nasser Djemaï autour de la construction identitaire, Vertiges nous plonge dans les paradoxes des liens familiaux. Après plusieurs années d’absence, Nadir décide de se rapprocher des siens pour s’occuper de son père, mais de nombreuses zones d’ombre subsistent autour de l’état de santé du patriarche. Englouti dans un intérieur où tous les miroirs sont déformants, aux côtés d’une famille engluée dans ses paradoxes et son aveuglement, il tentera de renouer avec les fils de son identité. 27 janvier Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

© Jeanne Garraud

© Jean-Louis Fernandez

Cinq pour le prix d’un ! Georges Lavaudant offre cinq pièces de Feydeau dans sa nouvelle incursion vaudevillesque avec cette adaptation de ces morceaux d’anthologie. Classiques parmi les classiques, on retrouvera avec délice Cent millions qui tombent, On purge bébé, Mais ne te promène donc pas toute nue, Feu la mère de Madame et Léonie est en avance. Les portes claquent, les placards sont plein d’amants, et Monsieur et Madame se retrouvent à la fin.

17 & 18 janvier Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

Que se passerait-il si le vote blanc devenait majoritaire ? La fable politique écrite et mise en scène par Maëlle Poésy a des allures de fin du monde diluvienne, mais aussi de printemps nouveau. Créée au Festival d’Avignon 2016 par une bande de jeunes acteurs enthousiastes, la pièce dit à la fois leur grande méfiance de la politique et leur volonté de renouer avec l’idée d’un avenir.

19 janvier Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

3 février Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr 6 au 10 février Les Bernardines, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net


64 au programme spectacles var

Iliade

Membre fantôme

Le texte d’Homère a traversé les millénaires, mais trouve toujours un écho à notre époque. Pauline Bayle en fait une adaptation résolument moderne, et avec sa Cie À Tire-d’aile propose un spectacle qui raconte aussi le monde contemporain. Les cinq interprètes, Charlotte Van Bervesselès, Florent Dorin, Alex Fondja, Viktoria Kozlova et Yan Tassin s’emparent de l’œuvre homérique. Les intrigues, les guerres, les rivalités, les trahisons, non, rien n’a vraiment changé depuis l’Antiquité...

David Greig, auteur écossais, signe ici un texte qui attrape à bras le corps la question de l’empathie. Claire (Romane Bohringer), pasteure engagée à gauche, dirige une chorale dans un quartier d’immigrés. Survient un jeune homme (Antoine Reinartz) qui tire sur ceux qu’il considère comme « pas d’ici ». S’ensuit un dialogue entre celle qui cherche à comprendre, tout en conservant son sentiment d’amour envers et contre tout, et le tireur fou, qui se découvre. La chorale est sur scène, chœur et agora. Mise en scène de Ramin Gray.

© Guillaume Le Corre

© Pauline Le Goff

Les événements

L’un, Erwan Keravec, est sonneur de cornemuse, l’autre, Mickaël Phelippeau, est chorégraphe. Lorsque le danseur découvre la danse bretonne, c’est le point de départ de la rencontre entre les deux hommes. Le musicien, lui, a grandi bercé des ambiances de bagads et de bals traditionnels. Dans ce spectacle, ils interrogent les notions d’héritage, de tradition, et font dialoguer, de façon vive et détonante, les sons et les mouvements. 6 & 7 février Châteauvallon – Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

© SergeMartinez

6 février Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

L’imitateur & Le mois de Marie

Léo

Deux œuvres de Thomas Bernhard sont à l’affiche de ce spectacle. Deux pièces courtes, que Frédéric Garbe met en scène. L’imitateur, incarné par Pascal Rozand, nous convie à une soirée diapos chez un alpiniste bavarois et bavard. Récits imaginaires ou réels et folie douce au menu. Le metteur en scène interprète Le mois de Marie aux côtés de Gilbert Traïna. Dans une crèche bavaroise (« ou bas-varoise » ?), deux vieilles dames commentent avec humour et acidité le petit monde qui les entoure. 8 & 9 février Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

Crossover Avec ce nouveau spectacle conçu pour huit danseurs, Mickaël Le Mer resserre le lien tissé entre danse contemporaine et hip-hop. En outre, un dispositif spécial et une utilisation de l’espace particulière permettent une immersion totale des spectateurs. Ils sont mêlés aux danseurs qui les accueillent dans le hall du théâtre, puis entrent dans leur intimité. Certains pourront même partager la scène avec eux, pour « expérimenter ensemble l’état de danse. » 9 février Châteauvallon – Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

© Andy Phillipson

L’imitateur © Geoffrey Fages

19 & 20 janvier Châteauvallon – Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

Il arrive que le cirque rencontre le théâtre ou la danse, plus rarement... le cinéma, en tout cas sur une scène de spectacle vivant. C’est le cas avec cette œuvre de Daniel Brière, qui fait aussi appel à la prestidigitation et au multimédia. Léo (Tobias Wegner), tout seul dans une grande boîte, se rit de la gravité en renversant les perspectives : le sol se prend pour un plafond, et on ne sait plus vraiment quel sens ont les murs ! 2 février Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 polejeunepublic.fr


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L’idéal club

Dakhla

La Cie Cartoun Sardines s’est fait une spécialité d’adapter au théâtre les chefs-d’œuvre du cinéma muet. Après Faust, elle s’empare d’un autre film de Friedrich Wilhelm Murnau, réalisé en 1924. Le dernier des hommes raconte la mise à pied d’un portier de grand hôtel, et tout l’art des Cartoun consiste à « se glisser entre la pellicule et le spectateur » pour dépeindre l’humiliation de ce personnage dépouillé de sa livrée, puis sa renaissance…

Le chorégraphe Abou Lagraa confronte deux univers, le hip-hop et le contemporain, en mettant face à face deux duos de danseurs (Ludovic Collura, Diane Fardoun, Nassim Feddal et Amel Sinapayen). Il invite au voyage entre ses trois ports d’attache, Hambourg, Alger et New York, brassant les cultures avec l’énergie qui le caractérise. D’ailleurs, le mot Dakhla signifie « entrée » en arabe...

19 janvier Théâtre Marelios, La Valette-du-Var 04 94 23 62 06 lavalette83.fr

Emmenés par Philippe Nicolle, les comédiens tout-terrain déjà appréciés dans Beaucoup de bruit pour rien remettent les 26 000 couverts dans ce cabaret anti-morosité survitaminé. Une succession de numéros hétéroclites et loufoques, moitié show moitié comédie musicale, des blagues en cascades et des numéros de haut vol hilarants, le tout servi par un quatuor jazz-rock… Un bonheur de dérision et de non-performance !

© Dan Aucante

© X-D.R

© 26000 couverts

Le dernier des hommes

19 & 20 janvier Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com

30 & 31 janvier Auditorium de la Dracénie, Pôle culturel Chabran, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com

Tierra Efimera Le collectif Terron propose cette « mise en scène de la terre », alliant arts plastiques, dessin animé, théâtre d’ombre et danse. Nuria Alvarez Coll en signe la mise en scène, assisté de Miguel García Carabias, également à l’interprétation, aux côtés de Marie Neichel et Guillermo Manzo. Ils inventent un véritable langage, à la gestuelle fine et graphique et donnent ainsi vie à des œuvre de Klee, Kandinsky ou Pollock. À partir de 4 ans.

P’tit Jojo sac au dos & Jojo sac au dos

© Lidie Didier

© Alain Julien

Corpus Christines

26 janvier Théâtre Marelios, La Valette-du-Var 04 94 23 62 06 lavalette83.fr

Deux versions pour ce spectacle de marionnettes, créé par la Cie Danglefou. La première s’adresse aux enfants à partir de 3 ans, la seconde est conçue pour tout public. L’histoire est identique, c’est celle de Jojo, petit garçon qui se laisse souvent aspirer par ses peurs. Pour leur résister, il décide de partir parcourir le monde à la découverte des autres. 24, 27, 31 janvier & 3 février Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com

Deux scientifiques nommées Christine nous embarquent dans leurs questionnements. La Cie Si tu m’apprivoises s’intéresse au lien perdu entre sciences et théâtre : comment se construit la relation entre l’émotion intérieure et son expression. Mais sous des apparences sérieuses et rigoureuses, les deux chercheuses (Angelique Debreilly et Vanessa Moskovosky) sont aussi prêtes à entrer dans les délires les plus farfelus ! 16 & 17 janvier Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr


66 au programme spectacles var alpes-maritimes

Boxe Boxe Brasil

Là, maintenant, tout de suite…

Le peintre Jérôme Bosch, mort il y a 501 ans, n’a pas fini de fasciner. Son œuvre protéiforme et mystérieuse inspire ici un spectacle de cirque, conçu par Les 7 doigts de la main. La compagnie québécoise a fait appel à un vidéaste hors pair, Ange Potier, pour une création aussi complexe que subtile : ses animations se fondent avec les mouvements des artistes, des acrobates au sommet de leur art. L’art de se sortir de toutes les situations avec panache et humour… Quel atout ! Didier Landucci (Les Bonimenteurs), dans une vraie-fausse conférence, nous livre les clés de l’improvisation théâtrale. Quel que soit le sujet, il s’agit de trouver le personnage qui saura emporter l’assemblée, les mots qui font rire et rêver à ce que tout cela soit vrai. Et il assure que chacun en est capable !

Il faut les voir approcher un punching ball avec les codes de la capoeira, cet art martial pratiqué à l’origine par un peuple réduit en esclavage. Les danseurs brésiliens de Mourad Merzouki revisitent sa création 2010, Boxe Boxe, à la manière de chez eux. Leur gestuelle s’allie à une partition musicale repensée avec le Quatuor Debussy. Un croisement salutaire pour une nouvelle perspective.

Là, maintenant, tout de suite ; ou l’art d’improviser 31 janvier Salle Mistral, Pégomas

Saloon

© Jim Mneymneh

10 février Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com

26 & 27 janvier Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com

1er & 2 février Espace Altitude 500, Grasse 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com

La Cantatrice chauve

© Marion Culerier.

© Per Morten Abrahamsen

20 janvier Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com

Les virtuoses du Cirque Éloize sont de retour, et cette fois, ils partent à la conquête de l’Ouest. Une comédie acrobatique et musicale de haute volée, sur une bande originale endiablée : on verra les cow-boys jongler de leurs instruments comme jamais, les cow-girls s’envoyer joyeusement en l’air, et le pianiste... surtout, ne tirez pas sur le pianiste ! Il y a déjà assez de bagarres comme ça, dans ce saloon.

© Thibault Teychene

© Michel Cavalca

Bosch Dream

Le bonheur des dames Florence Camoin a adapté le roman d’Émile Zola en pièce de théâtre (aux éditions des Crépuscules, en 2013), avant d’en assurer la mise en scène. En recourant aux airs d’opérette, elle recrée l’atmosphère des grands magasins au XIXe siècle. On y assiste à la naissance du commerce moderne, avec l’ébauche des premiers droits sociaux, ainsi que de l’émancipation des femmes, une lutte qui reste à mener encore aujourd’hui. 14 janvier La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 st-maximin.fr

La Cie Les Polycandres a osé. Adapter, reprendre, remettre en scène ce texte iconique de Ionesco. Le diner entre les Martin et les Smith est toujours ce moment d’absurde par excellence, mais Caroline Raux, dans une nouvelle adaptation de Florian Lemey et Charlotte Lequesne, insuffle un peps inattendu qui soudain fait se tisser des sens entre les répliques. Les mots et le jeu sont à la fête. 3 février Espace du Thiey, Saint-Vallier-de-Thiey 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com


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L’histoire de Babar, le petit éléphant Le Cid

Projet de la Cie Les Passeurs, pour trois voix : trois auteures, trois comédiennes, trois solos autonomes pour évoquer l’emprise, l’envahissement de l’addiction. Dans le premier volet, Alcool, Sabine Tamisier plonge avec Livia dans la fascination pour la boisson. Lucile Jourdan enchaine les verres et les déceptions, mais toujours se promet mieux et cultive l’étincelle de l’espoir. Un sujet âpre et sulfureux, distillé avec force et poésie.

Jean-Philippe Daguerre et les comédiens du Grenier de Babouchka continuent leur incursion dans le théâtre en vers. Après Les femmes savantes et Cyrano, et toujours en musique (Petr Ruzicka et Antonio Matias), ils nous entrainent dans les dilemmes amoureux contrariés par des dettes d’honneur de Chimène et Rodrigue, englués dans les querelles de leurs pères. Passion, pouvoir, texte ciselé par les alexandrins de Corneille : du grand spectacle pour toute la famille.

Andrew Graham © X DR

Héroïne(s)

23 janvier Scène 55, Mougins 04 92 92 55 67 mougins.fr

Forever happily !

Sur un air de West Side

26 janvier Salle Juliette Gréco, Carros 04 93 08 76 07 forumcarros.com

Travail au long cours proposé par la Cie Artefact : cette double création jeune public (7/11 ans pour la première, 3/6 ans pour la seconde) s’inscrit dans une recherche à propos de l’enfermement, dont Braises constituait la première étape. Philippe Boronad met cette fois encore en scène deux textes de Catherine Verlaguet, à travers un personnage (Michelle Cajolet-Couture) en transit. Un étrange étranger, aux pas suspendus sur une terre qui se dérobe. Une mise en empathie vers le monde des migrants pour nos enfants.

© Sigrid-Spinnox

D’un battement d’ailes / Envol

D’un battement d’ailes 7 février

Ces temps-ci, on aime à désacraliser les contes de fées. Comme une revanche sur toutes les peurs qu’ils nous ont causées. Proposition cette fois du collectif Malunés, les codes voltigent entre les 7 acrobates, qui décident de rendre plus réalistes les références enchantées, pointant leur incongruité en les rendant aussi drôles qu’incorrectes. Et ils eurent beaucoup d’applaudissements…

Envol 9 février Salle Juliette Gréco, Carros 04 93 08 76 07 forumcarros.com

8 & 9 février Base de loisirs, Mouans-Sartoux 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com

Le percussionniste André Ceccarelli s’offre des retrouvailles réactualisées avec le monument cinématographique West Side Story. Restant fidèle à la matrice, il invite les artistes d’aujourd’hui à se réapproprier chacune des partitions. Des graffeurs pour le décor (dont Jérôme Mesnager et ses fameux hommes blancs), des danseurs hip hop (Cie Meauxtown et Lady Rocks) et les musiciens de son sextet, qui rejouent les rythmes et sonorités à l’heure contemporaine. Ça décoiffe !

André Ceccarelli © Alexandre Lacombe

© Isabelle Fournier

16 janvier Scène 55, Mougins 04 92 92 55 67 mougins.fr

© Geoffrey Callènes

À ses neveux qui lui demandaient de lui jouer Babar au piano, Poulenc a offert une œuvre devenue aussi classique que le texte de Brunhoff. Grégory Cauvin propose de mettre en scène cette pièce musicale avec un récitant danseur (Andrew Graham) qui interprète tous les personnages de ce conte initiatique. Dès 4 ans.

26 janvier Scène 55, Mougins 04 92 92 55 67 mougins.fr


68 au programme spectacles alpes gard hérault

Électre

Trafic

Aglaé

2 février Scène 55, Mougins 04 92 92 55 67 mougins.fr

Hamid El Kabouss et sa Cie MimH invente un hip hop hybride, entre mouvements acrobatiques, danse contemporaine, et gestes du quotidien, intégrés à une chorégraphie qui s’attache à dépeindre notre société. Trafic réunit trois pièces, narrant les espoirs et déconvenues d’un jeune homme qui choisit de quitter son pays. Humour, regard acerbe aussi, mais surtout message d’apaisement et d’ouverture ; un spectacle qui revigore. © Alain Richard

© X DR

Du théâtre à l’état pur. Cyril Cotinaut et les comédiens de T.A.C. Théâtre ont choisi d’adapter le texte de Sophocle sans décor ni costume. Les mots réapparaissent dans leur richesse brute, la tragédie laisse éclore des sujets toujours brulants (perte de confiance, vengeance, courage, honneur), et nous relient aux origines du théâtre et de la philosophie. Quelle émotion de ressentir tout simplement l’essence du texte, et de nous associer aux spectateurs d’il y a plus de 2000 ans…

© X DR.

Le metteur en scène et auteur Jean-Michel Rabeux a rencontré Aglaé, prostituée revendiquée, avec 60 ans de métier derrière elle. Vieille et fière, elle lui a livré un témoignage qui détonne et émeut. Claude Degliame s’empare de ses mots avec une fougue et une finesse qui nous font considérer l’amour, les corps, dans une dimension anoblie. (voir journalzibeline.fr)

1er au 4 février Le Périscope, Nîmes 04 66 36 65 10 theatredenimes.com

24 janvier Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr

Reflets dans un œil d’homme

Tel Quel ! Pas facile d’apprivoiser les codes de l’apparence, et encore moins dans une cour d’école. Le chorégraphe Thomas Lebrun décide d’en jouer en mettant sur scène quatre interprètes aux physiques singuliers. Trop grands ? Trop gros ? Trop beaux ? Minuscules ? Un peu de tout ça à la fois, histoire de rebattre un peu les cartes de ce jeu bien trop régulé, qu’il est bon de battre en brèche. Dès 7 ans.

© Christophe Payot

Richard II

30 & 31 janvier Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes 04 66 36 65 10 theatredenimes.com

© Frédéric Iovino

Guillaume Séverac-Schmitz et le Collectif Eudaimonia s’emparent du texte de Shakespeare en proposant un théâtre très visuel, en évolution permanente. Les cinq actes du destin de ce roi tyran devenu martyr sont menés au pas de course, dans une envolée d’effets à vue sur le plateau : souffle du vent, batailles effrénées, espace sans cesse remodelé, mer déchainée… Épique et poétique : un cocktail gagnant. 16 janvier Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr

En 2012, l’auteure Nancy Huston publiait son essai brulant remettant en question l’affirmation très contemporaine d’une construction sociale de la différence des sexes. La séduction n’est-elle pas un préalable à la reproduction ? Comment nous débrouillons-nous avec cette donnée ancestrale ? La Cie Le diable au corps s’inspire de ces réflexions et livre un spectacle de cirque contemporain tout en sensualité et mise en tension des corps. À partir de 12 ans. 19 janvier Domaine départemental d’O, Montpellier 0 800 200 165 domaine-do-34.eu


au programme spectacles hérault gard bouches-rhône 69

Santa Madera © Christophe Raynaud de Lage

Phasmes / Santa Madera

L’Avare

© Pierre Grosbois

Dans un décor et des costumes contemporains, Jacques Osinski propose une mise en scène de l’un des textes les plus joués en France, sur le mode de l’observation des relations familiales. Tout s’exacerbe quand l’argent est de la partie. Les liens, les haines, les situations absurdes. La question de l’héritage est posée là comme le pivot de la pièce (dramaturgie : Marie Potonet). L’intrigue devient presque policière, en tous cas toujours actuelle.

24 & 25 janvier Domaine départemental d’O, Montpellier 0 800 200 165 domaine-do-34.eu

Deux spectacles de cirque contemporain, pensés plus particulièrement pour les petits par les Cie Libertivore et MPTA accueillis avec la Verrerie d’Alès. Le premier met en scène deux artistes (Voleak Ung et Vincent Brière), qui s’assemblent et évoluent tels une créature chimérique, entre animale et végétale. Dans le second, Juan Ignacio Tula et Stefan Kinsman pratiquent la roue Cyr, interrogeant au passage une certaine spiritualité.

Les Grands Trois personnages passent et se croisent entre les trois grandes périodes de l’existence : l’enfance, l’adolescence et l’âge adulte. Neuf présences sur scène (scénographie Nadia Lauro) qui dialoguent et bougent avec leur miroir, allers et retours temporels. Sur un texte de Pierre Alferi, Fanny de Chaillé questionne le souvenir, à travers ce phénomène tellement étrange de grandir. Les corps changent, la liberté s’étiole, les mots prennent le dessus.

8 & 9 février Domaine départemental d’O, Montpellier 0 800 200 165 domaine-do-34.eu

Génesis 6, 6-7 © Marc Dommage

Réversible

© Luca del Pia

Les 7 doigts de la main, pivot du cirque contemporain, reviennent nous voir depuis Québec avec un nouveau spectacle. Et si on avait la possibilité de rejouer les moments clés de notre vie, en changer le cours et le sens ? Et si on pouvait observer ce qui se passe de l’autre côté du mur, et éviter les faux pas ? Sur le plateau, les portes et les cloisons tournent, les corps sont plus fous que jamais.

© Jérome Guibord

Dernière partie de la Trilogie de l’Infini d’Angélica Liddell. L’univers de l’artiste écorchée et extrême continue d’imprégner ses créations, où cette fois elle fraie quasi physiquement avec Dieu, et se demande « pourquoi la catastrophe est si lente ». Ses mots sortent d’un monde primal, et hurlent plus fort encore nos angoisses contemporaines. Avec six artistes de sa Cie Atra Bilis Teatro.

3 février Domaine départemental d’O, Montpellier 0 800 200 165 domaine-do-34.eu 6 au 9 février Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes 04 66 36 65 10 theatredenimes.com

17 & 18 janvier Domaine de Grammont, Montpellier 04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr

23 & 24 janvier Domaine de Grammont, Montpellier 04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr

Les Vagabondes C’est l’histoire d’un projet de pièce qui n’est jamais figé. Magnifique partition verbale d’un personnage écrivain (l’auteur metteur en scène et comédien Alain Béhar) qui cherche à maintenir les mots dans un perpétuel devenir politique et onirique, tandis que la végétation qui envahit le plateau s’affranchit des limites. Créé en 2016 (voir journalzibeline.fr) le spectacle est repris dans les Serres Municipales de Montpellier. 30 & 31 janvier, 2 & 3 février Domaine de Grammont, Montpellier 04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr 24 janvier Théâtre Antoine Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 theatre-vitez.com


70 au programme spectacles hérault gard

On traversera le pont…

Le(s) visage(s) de Franck

L’Amicale de production a conçu un spectacle autant à voir qu’à entendre, sur le plateau, mais aussi sur internet, quelque part, partout. Deux créations en parallèle, où les auditeurs peuvent intervenir en direct, et peuvent en modifier le cours. On est à la campagne, la voiture est en panne. Expérience théâtrale fine et drolatique, où les spectateurs sont impliqués dans une fiction en devenir.

Après les bagarres entre puristes et novateurs du « genre flamenco » qui ont divisé le public de la Cour d’honneur d’Avignon cet été, Israel Galván revient avec La Fiesta, toute en invention sonore et scénique. Pas de robes à frous-frous, mais une danse radicale qui puise dans les fondements intimes d’un danseur d’exception qui s’échappe vers un flamenco libre et véritablement artistique.

© DR.

© Simon Gosselin

La Fiesta

© Matthias Leitzke

On traversera le pont une fois rendus à la rivière 8 & 9 février Domaine de Grammont, Montpellier 04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr

My (petit) Pogo 7 février Le Corum, Montpellier 0 800 600 740 montpellierdanse.com

Sur le principe des cafés philo, Les discussions animées sortent le théâtre des murs, pour faire émerger la discussion. Dans deux Maisons pour Tous, et avec le Pôle Emploi du quartier des Cévennes, Franck (son nom vient du mot affranchi, entre émancipé et aliéné social, la franchise en sus) déclinera les voix recueillies par Charles-Éric Petit lors de son travail de collecte à Marseille. Thème central des récits : la crise. 19 janvier Maison pour Tous Georges Brassens, Montpellier 20 janvier Maison pour Tous François Villon, Montpellier 04 67 40 41 39 theatrejeanvilar.montpellier.fr

Fabrice Ramalingom, artiste associé à l’Agora – Cité internationale de la danse pour 2018, et surtout compagnon de longue route de Montpellier danse, propose une re-création de sa pièce My Pogo, initiée en 2012. S’il est « petit » cette fois, c’est parce qu’il s’adresse « aux jeunes esprits », devant qui seront expliqués et performés les principes chorégraphiques de la pièce, pour ensuite former un (nouveau) spectacle à part entière, sur le « vivre ensemble ». 24 & 25 janvier Agora, Montpellier 0 800 600 740 montpellierdanse.com

Jonathan Capdevielle est un artiste protéiforme : il danse, il joue, il chante, il est même ventriloque, et il livre depuis plusieurs années un magnifique travail d’auto-fiction sur ses origines rurales et populaires. Il adapte cette fois Un crime de Bernanos, polar où le metteur en scène convoque l’auteur lui-même sur le plateau : il fictionnalise la fiction, l’entrainant vers le fantastique. Le tout dans l’univers si riche qu’il nous a habitué à arpenter.

Ricochets Alex Selmane (Cie Là-bas, Béziers) fait s’entrelacer deux textes de Jon Fosse : Noir et humide, et Kant. Avec Denise Barreiros, ils jouent un frère et une sœur qui se retrouvent dans la maison de famille vide, et revivent chacun un souvenir d’enfance. Deux récits qu’ils livrent chacun pour la première fois, ressurgissant à la faveur de ce retour aux sources. L’une descend à la cave pour la première fois, l’autre écoute son père lui parler d’infini. Dès 9 ans.

© Pierre Grosbois

© Pierre Ricci

À nous deux maintenant

23 & 24 janvier Théâtre de la Vignette, Montpellier 04 67 14 55 98 theatrelavignette.fr

25 & 26 janvier Théâtre Jean Vilar, Montpellier 04 67 40 41 39 theatrejeanvilar.montpellier.fr 30 & 31 janvier Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr


71

Merci d’être venus

Jamais seul

© Dandy Manchot

Sur un texte de Jean-Marie Piemme inspiré d’un téléfilm de Fassbinder, Sébastien Bournac (Cie Tabula Rasa) met en scène cinq personnages qui parlent de Carlos, jeune travailleur meurtrier. Père, mère, épouse, employeur, témoin du crime : ils le connaissent tous. Carlos aussi témoigne, face public, de ce qui l’a mené à l’irréparable. Un théâtre comme engagement verbal sans concession.

© Francois Passerini

Deuxième Discussion animée, autour du thème du voyage. Le théâtre d’objets de la Cie Volpinex (Mauguio) nous emmène au cours des Sept voyages de Sindbad le Marin. Chaque fois différents : des extraits des Mille et une nuits, en papier, en ombres, en vidéo, où le bidouillage et les objets sont les véritables seigneurs du conte.

1er et 2 février Théâtre Jean Vilar, Montpellier 04 67 40 41 39 theatrejeanvilar.montpellier.fr

10, 14, 17, 21 février et 18 avril différentes Maison pour Tous, Montpellier 04 67 40 41 39 theatrejeanvilar.montpellier.fr 23 & 24 janvier Théâtre Molière, Sète 04 67 74 66 97 theatredesete.com

Dans les creux / Chemins d’utopies Troisième temps fort de l’année à La Bulle Bleue, avec deux sorties de labo théâtral. Dans les creux, mené par Marion Coutarel avec les comédiens de l’ESAT et les étudiants du Master 2 Arts de la scène de Montpellier 3 : comment sortir du silence avant la vraie rencontre ? Chemins d’utopies, à partir des textes du nouveau spectacle de Marie Lamachère (Nous qui habitons vos ruines), où deux comédiens de sa Cie // Interstices et ceux de LBB questionneront le lien entre art et politique.

Tout seul. Comme un grand. Il a pris son courage à deux mains : il va nous parler de la mort de son père, et ça va être drôle. En effet, Matthieu Penchinat est clown (vu entre autres chez Découflé), et sa définition de l’humour est réjouissante : « c’est quand on rit quand même ». Ici, il s’agira de parler de la mort pour célébrer la vie.

Théâtre généreux et chaleureux, le texte de Mohamed Rouabhi, mis en scène par Patrick Pineau (Cie Pipo) raconte le monde populaire d’aujourd’hui. 40 personnages (15 comédiens) hauts en couleurs qui ne s’avouent jamais vaincus dans leur combat quotidien pour, tout simplement, exister. Le secret est d’ajouter un peu de poésie au quotidien, et surtout, surtout : partager.

© Eric Miranda

J’espère qu’on se souviendra de moi

Moi, les mammouths Nouveau spectacle de Joris Mathieu, créé à l’issue d’une résidence au nouveau Pôle jeunesse de Mireval. Fidèle à l’auteur Antoine Volodine, après Des Anges mineurs, il adapte cet autre texte très onirique (signé par son alias, Manuela Draeger) dans une mise en scène où les images impriment la rétine, jusqu’à s’imposer comme plus vraies que vraies. Et pourtant, des mammouths ont piétiné la Maison du peuple… Il va falloir mener l’enquête ! À partir de 12 ans.

8 & 9 février Théâtre Jean Vilar, Montpellier 04 67 40 41 39 theatrejeanvilar.montpellier.fr

© Nicolas Boudier

© Philippe Hanula

Dans les creux 23 janvier Chemins d’utopies 25 janvier La Bulle Bleue, Montpellier 04 67 42 18 61 labullebleue.fr

26 & 27 janvier Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr

25 & 26 janvier Centre culturel Léo Malet, Mireval 04 67 74 66 97 theatredesete.com


72 au programme spectacles hérault alpes-maritimes

Nouvelles pièces courtes

L’Opposante

El Baile

31 janvier, 1er & 2 février Théâtre Molière, Sète 04 67 74 66 97 theatredesete.com 25 au 27 janvier Théâtre Anthéa, Antibes 04 83 76 13 13 anthea-antibes.fr

© Compagnie Via Negativa

16 janvier La Cigalière, Sérignan 04 67 28 37 32 sortieouest.fr

6 & 7 février Théâtre Molière, Sète 04 67 74 66 97 theatredesete.com

7 au 9 février Eglise Saint-Félix, Bayssan 04 67 28 37 32 sortieouest.fr

Une longue peine

Lenga Se souvenant d’un enregistrement de la voix de son grand-père lorsqu’il avait 8 ans, Christophe Rulhes (co-fondateur du GdRA) cultive la richesse des langues. Son aïeul parlait l’occitan, « une langue rare qui me plaisait », il l’appelait la lenga nostra. Conviant le performer malgache Maheriniaina Pierre Ranaivoson et l’acrobate d’Afrique du sud Lizo James, avec son complice Julien Cassier, ils inventent une pièce où toutes les voix et les gestes se mélangent, pour former un langage universel.

© Nathalie Sternalski

Les Os Noirs Hantée par la mort et l’idée de son propre suicide, Phia Ménard s’engage dans sa nouvelle pièce à réfléchir sur ce qui précède la disparition volontaire. Différentes façons de quitter la vie. Sujet grave mais non moins très évocateur et visuel, qu’elle met en scène à travers l’interprétation de Chloée Sanchez, marionnettiste, ventriloque et musicienne. Nous, les spectateurs, seront les revenants témoins de ce passage vers d’autres horizons.

Elle a 97 ans, et refuse de se nourrir. En cela elle est une opposante. Ce qui l’anime, c’est de transmettre son histoire à l’auteure de ce texte, Lydie Parisse, qu’elle met en scène avec Yves Gourmelon (interprète du personnage de la vieille dame). Au moment où tout s’enfonce dans l’oubli, des habitudes se réveillent, des sensations s’imposent, et un amour secret remonte au présent. Étonnante composition du comédien dans les derniers sursauts d’une existence.

© Emilia Stéfani

Après des grands formats (Cirque du Soleil, comédie musicale,…) Philippe Découflé revient à une expression plus directe avec ses 5 pièces courtes. Techniques hétéroclites, pleines d’invention formelles, images vidéos qui défient les sens, Vivaldi joué en direct, un détour par son souvenir d’un voyage à Tokyo, tout l’univers du chorégraphe est à déguster.

© Nicolas Roux.

© Charles Fréger

Mathilde Monnier signe un nouveau Bal, adapté/inspiré de ceux que Jean-Claude Pinchenat et Ettore Scola ont offert au théâtre et au cinéma. Ici, 12 danseurs argentins déclinent l’histoire de leur pays depuis l’avènement de la dictature militaire jusqu’à aujourd’hui, en réinterprétant danses urbaines et populaires : tango, escondido, chacarrera, valse, tanguera, chamané, cumbia, samba argentine. Le tout au son de l’électro, de la techno, du pop et du rock. Faire danser l’Histoire.

25 au 27 janvier Théâtre sortieOuest, Béziers 2 février La Tuilerie, Bédarieux 3 février Salle Jean Ferrat, Portiragnes 04 67 28 37 32 sortieouest.fr

Didier Ruiz a rencontré 4 de ceux qu’on appelle « les longues peines », restés plus de 10 ans en prison, et une femme, visiteuse. Il les a écoutés raconter les jours qui se succèdent, l’espoir qui fond, la violence, la peine qui gonfle. Ces cinq acteurs du réel sont sur scène, revenus d’une si longue absence, dans un spectacle qui donne droit à une parole rare, inconfortable, bouleversante, nécessaire. 9 & 10 février Théâtre sortieOuest, Béziers 04 67 28 37 32 sortieouest.fr



74 au programme cinéma bouches-du-rhône

Hommage à Fellini

Bricks La crise espagnole de 2008 expliquée par la brique, c’est le challenge de Quentin Ravelli dans son documentaire mosaïque Bricks initié en 2011, au moment où émerge le mouvement des Indignés. La brique, matériau de construction vernaculaire, produite entre Madrid et Tolède dans des usines touchées de plein fouet par l’éclatement de la bulle immobilière, désigne aussi le dossier épais envoyé aux familles surendettées par des crédits toxiques. En partenariat avec Image de Ville, en présence du réalisateur.

Bricks © Survivance

30 janvier Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org 25 janvier Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 lafriche.org

Week-end Harun Farocki et Christian Petzold, au Gyptis, en écho avec Harun Farocki-Empathie, l’exposition de La Friche (jusqu’au 18 mars), consacrée à ce cinéaste marxiste disparu en 2014, autour de la notion de travail. Antje Hemann, commissaire de l’expo, propose une sélection de ses films. Avec deux films de Christian Petzold chef de file de l’École de Berlin, élève puis collaborateur de Harun Farocki : Yella et Barbara. Deux destins de femmes entre Allemagne de l’Est et de l’Ouest. 27 & 28 janvier Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 lafriche.org

18 janvier Cinéma Eden Théâtre, La Ciotat 04 96 18 52 49 edencinemalaciotat

Wajib à La Ciotat

Isola En partenariat avec Image de ville, projection d’Isola de Fabianny Deschamps, une « histoire faite de rêves mais sans féérie, où les êtres doivent se réinventer pour survivre. » Sur une île perdue entre deux mondes, Dai, (Yilin Yang), une jeune Chinoise enceinte, attend inlassablement le retour de son mari disparu. Chaque jour arrivent des centaines de migrants : Dai cherche désespérément le visage du père de son enfant. Tourné à Lampedusa, sans autorisation et avec peu de moyens. En présence de la réalisatrice.

Le superbe Wajib d’Annemarie Jacir inaugure 2018 à l’Eden. Tourné à Nazareth, le film suit les préparatifs du mariage de la fille d’Abu Shadi, 65 ans, divorcé, dans ses trajets pour remettre en main propre les invitations au mariage comme le veut la coutume palestinienne du Wajib. Les tensions entre Abu Shadi et son fils, architecte à Rome, venu l’aider, remontent à la surface. En présence d’Antoine Héberlé, directeur de la photo du film. (voir journalzibeline.fr)

Isola © LA HUIT

Barbara, de Christian Petzold © Piffl Medien GmbH

Week-end allemand au Gyptis

La dernière séquence © Istituto Luce

Paule Sardou qui a suivi durant une année la construction du spectacle Nous sommes toutes des reines de Carole Errante et le travail de 19 femmes issues d’horizons sociaux, culturels, confessionnels, familiaux et professionnels différents. Le film rend hommage à cette épopée féminine au cœur de la cité phocéenne. Rencontre avec la réalisatrice et l’équipe du spectacle à l’issue de la projection.

L’Eden Théâtre rend hommage au grand cinéaste italien et invite Mario Sesti, historien du cinéma, réalisateur et fondateur de la Fête du cinéma de Rome. Il présentera son documentaire, La dernière séquence (Cannes 2003) qui reconstitue à partir d’archives inédites et de témoignages rares l’ultime séquence du film culte Huit et Demi -non retenue au montage. Après un apéritif italien, on pourra voir un des plus beaux films sur le monde du cinéma, Huit et demi du Maestro.

Wajib © Pyramide distribution

Le Réveil des reines © Caroline Victor

Le Réveil des reines

16 janvier Les Variétés, Marseille 08 92 68 05 97 cinemetroart.com

21 janvier Cinéma Eden Théâtre, La Ciotat 04 96 18 52 49 edencinemalaciotat


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76 au programme var vaucluse hérault

Histoires de migrants

Je suis un migrant © UniFrance films

Dans le cadre de l’exposition Roman-Photo (voir p. 8 et 9), une session cinéma, Du ciné-roman au roman-photo, aura lieu du 18 au 21 janvier. À l’affiche notamment, ce grand classique du néo-réalisme italien réalisé par Giuseppe De Santis en 1949. L’histoire de Walter, petit voleur, et Francesca, sa complice. Après le vol d’un collier, il se cache tandis qu’elle se mêle à un groupe d’ouvrières des rizières de la plaine du Pô. Le cinéaste pose un regard social sur ces « mondine », qui au début du XXe inventèrent la première version de Bella Ciao, et rêvaient d’une vie facile en feuilletant les fotoromanzi.

29 janvier Cinéma Utopia, Avignon 04 90 82 65 36 cinemas-utopia.org

Va, vis et deviens

L’Argent Vas vis et deviens © Les films du losange

Riz amer © X DR.

19 janvier Cinéma Jean Renoir, Martigues 09 63 00 37 60 cinemartigues.com

21 janvier Mucem, Marseille 04 84 35 13 13 mucem.org

Paris pieds nus Réalisé par le duo d’acteurs Dominique Abel et Fiona Gordon, ce film est le dernier dans lequel joua Emmanuelle Riva. Présenté dans le cadre du Focus Théâtre Documentaire (voir p.25), le film sera projeté en lien avec la représentation de Les Résidents, le 20 janvier à L’Olivier. Le thème commun est celui de la vieillesse et des maisons de retraite. Le film, léger et poétique, suit Martha, 88 ans, harcelée pour y être envoyée, et qui demande à sa nièce de lui venir en aide.

En 1984, Israël et les États-Unis organisaient l’arrivée en Israël de milliers de juifs éthiopiens. Radu Mihaileanu imagine l’histoire d’une mère chrétienne qui décide de faire passer son fils de 9 ans pour un juif orphelin. Une fois à Tel-Aviv, le garçon est adopté mais vit dans la perpétuelle angoisse que son double mensonge soit démasqué. En grandissant il devra aussi se confronter au racisme et à la guerre. Le film date de 2004. Rencontre avec le réalisateur à l’issue de la projection.

18 janvier Cinéma Le Coluche, Istres 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr

25 janvier Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

Au-delà de la question de l’apprentissage, une autre se pose, plus vaste encore : l’école doit-elle rendre docile à l’ordre établi ou éveiller l’esprit critique ? Freinet, Montessori, Steiner, les expériences alternatives ne manquent pas. Agnès Fouilleux fait un état des lieux et ouvre à la réflexion. En présence de la réalisatrice.

Etre plutot qu’avoir © X DR.

Les deux films à l’affiche de cette soirée sur la question des flux migratoires ont été en partie tournés à Martigues. Je suis un migrant, court-métrage du Martégal David Bouttin (Prix Spécial du Jury au Nikon Film Festival) raconte la route actuelle de migration entre Afrique et Europe. Babis, fils de crapaud, de Niccolò Manzolini, suit deux saltimbanques qui parcourent le chemin menant des Pouilles au Sud de la France, fréquemment emprunté voilà des décennies.

Être plutôt qu’avoir : à l’école autrement

Ce film de Robert Bresson est présenté dans le cadre du parcours Du plateau à l’écran, organisé par le Domaine d’O et l’Utopia. La projection est proposée par les étudiants en Master Direction Artistique de Projets Culturels Européens de l’Université Montpellier 3. Le lien avec le plateau sera fait à travers L’Avare de Molière, au Domaine d’O les 24 et 25 janvier. En présence de Jacques Osinski, metteur en scène de la pièce, et de Maxime Schienfeigel, professeur en Esthétique et Histoire du cinéma à Montpellier 3.

L’Argent © MK2

Riz Amer

22 janvier Cinéma Utopia, Montpellier 04 67 52 32 00 cinemas-utopia.org


critiques cinéma

77

Ceci est mon corps

«H

eureux ceux qui ont les cœurs purs car ils verront Dieu» affirme l’Évangile selon Saint Mathieu. En revanche, pourrait-on ajouter, dans leur vie terrestre ils auront quelques problèmes. Car la société divise, catégorise, et croire que l’amour peut s’affranchir des frontières intérieures qu’elle érige sans en payer un prix demeure bien illusoire. Pour son premier long-métrage sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs cette année, Roberto de Paolis choisit une romance romaine entre deux jeunes gens, Stefano et Agnese, que tout devrait opposer. Oh ! Ce n’est pas Roméo et Juliette. Leurs familles ne sont pas ennemies. Elles ne sont simplement pas du même monde. Stefano a quitté la sienne limitée à un père fainéant et une mère négligente, bientôt expulsés de leur appartement et contraints de vivre dans une caravane comme les romanichels qu’ils méprisent. Stefano est vigile de supermarché puis de parking près d’un camp de Roms justement. Régulièrement provoqué, insulté, caillassé, il est chargé de les refouler. Un boulot de « keuf », dont il a un peu honte, lui dont les copains poursuivent leurs illicites trafics au pied des immeubles. Agnese, elle, a 18 ans, vit avec une mère omniprésente qui la presse de faire vœu de chasteté jusqu’au mariage. Elle évolue dans une communauté catholique traditionaliste, au rythme des actions charitables de la paroisse en faveur des démunis, des prières quotidiennes, des

Coeurs purs, de Roberto de Paolis © youngfilms

cours du père Luca. Ce qui réunit ces deux-là, c’est une rencontre sous le signe du pardon, l’évidence du rapprochement de leurs jeunes corps désirants, leur détermination et leur innocence fondamentale malgré le passé compliqué de Stefano et les mensonges d’Agnese pour exister. Selene Caramazza et Simone Liberati, auxquels le réalisateur dit avoir laissé la liberté d’improviser, les incarnent avec un grand naturel, recréant à merveille la fragilité de chaque situation. Le cinéaste filme en lumière naturelle cette Rome périphérique, met en évidence les contradictions du milieu petit-bourgeois bien pensant d’Agnese et de celui plus populaire de Stefano en passant de l’un à l’autre. Il montre, sans la juger, la

violence de chaque groupe, provenant même de celui qui se réclame de la douceur d’un « Christ-GPS » capable de recalculer l’itinéraire de qui s’est trompé, sans vilipender l’égaré. Chacun pose ses limites, défend ses territoires. Maintenir à distance l’autre pour garder sa virginité ou éviter l’invasion d’un terrain vague relèvent alors d’un même enjeu. ELISE PADOVANI

Cœurs purs, de Roberto de Paolis, a été projeté au Cinéma Les Variétés le 15 décembre en présence du réalisateur dans une séance organisée en collaboration avec l’Institut Italien et le Festival de Cinéma Italien de Villerupt où ce film a obtenu une Mention Spéciale du Jury de la Critique. Sortie nationale : 3 janvier

P.O.L., éditeur et cinéaste

I

l avait rendu ses initiales incontournables dans le milieu de l’édition. Paul Otchakovsky-Laurens est mort suite à un accident de voiture sur l’île Marie-Galante à 73 ans, le 2 janvier. Il avait pris ses fonctions de Président du FID Marseille en 2012, à la soirée de clôture de la 24e édition, succédant à Aurélie Filippetti, devenue ministre. Depuis on appréciait sa présence discrète, efficace et ses mots toujours pleins d’humanité, dans un festival qu’il considérait comme « une maison d’édition idéale où les genres, les registres, les tonalités, les époques, les esthétismes se confrontent les uns aux autres dans la plus grande liberté et pour la plus grande joie de l’esprit ». Car il aimait particulièrement les auteurs cinéastes : il soulignait en 2014 la force scandaleuse du passé de Pier Paolo Pasolini, et avait rappelé, en 2015, les mots de Marguerite Duras : « S’il y a quelqu’un qui, dans un point du monde, fait le cinéma qu’il veut faire, lui, et non pas le cinéma des autres gens, ça se sait. ». Marguerite Duras dont il avait publié, notamment, La Douleur et La Pluie d’été ainsi qu’une multitude d’autres auteurs dont Perec, Daney, Carrière, Lindon, Juliet, Rolin, Darrieussecq, Rahimi, Kaplan...

Lui qui s’était interdit, en tant qu’éditeur, d’être aussi écrivain, avait réalisé en 2009 un film autobiographique, Sablé-sur-Sarthe et il avait, tout dernièrement, renouvelé l’expérience avec Éditeur. Un film singulier, qui n’est jamais « le film des autres gens », mêlant avec discrétion mais sans pudeur sa jeunesse, ses premières années d’éditeur, ses ennuis économiques, son procès, ses rêves et ses fantasmes, et le parcours d’auteurs allant de porte en porte cherchant à être publiés, aimés, compris. Éditeur démontre une véritable écriture, des points de vue très personnels, une marionnette de Gisèle Vienne incarnant l’éditeur, les auteurs publiés chez POL jouant les figurants dans des séquences sous titrées... Projeté aux dernières Correspondances de Manosque, le film, trop discrètement sorti en novembre, témoignage précieux d’un métier en mutation, était aussi la promesse d’une œuvre à venir. Zibeline s’associe à la peine des proches de POL, et de l’équipe du FID. AGNÈS FRESCHEL, ANNIE GAVA ET ELISE PADOVANI


78 critiques arts visuels

Paulo Licona, La peste negra o el triunfo de una hermosa rata, 2017, Installation in situ, dans l’exposition Le bruit des choses qui tombent, techniques diverses Courtesy de l’artiste © JC Lett

Rendez-vous en terres inconnues Argentine, Allemagne, (« en plus d’inventer des inventions, les écri- les artistes réagissent-ils face aux flux de vains inventent des inventeurs ») et formel tensions anxiogènes ? ». Colombie, Sénégal : le (jusque dans les dessins et les schémas de Si la machine à donner des réponses Il l’appelait « Maman » Frac Paca propose trois l’ouvrage). de Fredric Brown n’existe pas, l’exposition Olivier Rebufa est de retour du Royaume expositions traversées par Inventaire d’inventions (inventées) est une de Babok après des années d’itinérance formidable machine à poser des questions ! entre Dakar où il est né, Marseille où il vit et l’imaginaire, l’émotion et la Guinée-Bissau où il a été initié par Dina, « En nommant les choses, on la chamane qu’il appelait « Maman ». Son la quête d’identité. les fait exister » périple métaphysique a nourri sa pratique

A

u commencement était le verbe, puis le livre, et enfin l’objet. L’écrivain argentin Eduardo Berti a eu l’idée lumineuse de puiser dans la littérature matière à écrire un inventaire des inventions insolites des auteurs ! De la machine à voyager dans le temps de Jules Verne au paléophone de Charles Cros, précurseur du phonographe d’Edison… Ainsi ont pris forme l’ouvrage Inventaire d’inventions (inventées) aux éditions La Contre Allée et l’exposition éponyme au Frac. Car Eduardo Berti a profité de sa résidence à La Marelle pour inviter le collectif berlinois Monobloque (Dorothée Billard et Clemens Helmke) à concevoir son propre catalogue d’objets, de vidéos, de dessins et de mobiliers servant ladite exposition. Rayonnages de bibliothèque pour accueillir 75 vrais livres et ouvrages fictifs, chaises à fonctions multiples, baby-foot graffeur et lampes que le public peut expérimenter à sa guise. Dans son délire oulipien, le trio a fait preuve d’une irrésistible envie de jouer, d’apprendre, de partager ses découvertes à travers une abondante production littéraire

À côté d’Eduardo Berti et Monobloque qui font exister les choses en les nommant, Albertine de Galbert fait entendre Le bruit des choses qui tombent. La commissaire d’exposition reprend à son compte le titre du roman de l’auteur colombien Juan Gabriel Vàsquez et, dans le contexte de l’Année croisée France-Colombie 2017, construit un parcours autour d’une émotion : la peur. « Sujet vaste au risque d’être caricatural, sentiment qui nous use et qui nous paralyse » qu’elle aborde d’un point de vue psychiatrique et philosophique (peurs liées à l’enfance et au passage à l’âge adulte, peur latente, peur liquide…) faisant référence aux sciences cognitives, aux autorités familiales, religieuses ou politiques. Le parcours volontairement non didactique et non historique enrichit notre connaissance de la scène colombienne par la présentation des pratiques de 14 artistes mises en regard avec 12 œuvres tirées de la collection. La circulation visuelle et sonore entre les plateaux, entre espaces intérieurs-extérieurs ou dans les face-à-face, optimise son questionnement : « La peur est en chacun de nous. Comment

photographique d’un corpus d’images, de sensations, d’expériences pour aboutir dans un premier temps à Kawat Kamul, exposition présentée au centre d’art Le Moulin à La Valette. Et aujourd’hui au Frac où il rassemble travaux anciens sur la poupée Barbie ; série d’autoportraits en 3D Les Avatars de l’esprit ; installation chaotique d’objets, de fétiches, textiles et odeurs qui l’ont accompagné ; radiographie placée derrière son autel ; série photographique de crânes sacrés. Avec, décentré et presque caché, un autoportrait filmique de l’artiste dansant, appareil photo autour du cou, presque prêt à dégainer, réminiscence des cérémonies africaines qui l’ont construit. D’inventaire il en est encore question, avec l’Afrique comme talisman. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Inventaire d’inventions (inventées) Le bruit des choses qui tombent Au royaume de Babok jusqu’au 18 février FRAC, Marseille 04 91 91 27 55 fracpaca.org fracpaca.org


Vers une nouvelle beauté

conféRences, atelieRs Philo adultes, Jeune Public octobRe 2017 - mai 2018

À

l’approche du premier anniversaire de la galerie du Canon à Toulon dans la pimpante Rue des arts, son co-fondateur Gilles Altieri endosse aujourd’hui seulement sa casquette d’artiste. Ceux qui fréquentèrent l’Hôtel des arts connaissent bien sa haute silhouette, sa casquette et ses lunettes rondes, peut-être un peu moins sa création picturale. « La ligne artistique, c’est moi » déclare-t-il lorsqu’on l’interroge sur « la couleur » de la galerie, précisant que le promoteur Jacques Mikaélian en est le propriétaire et mécène. Dans un white cube de 250m2, ses toiles jouent au chat et à la souris avec les œuvres de Gérald Thupinier et Didier Demozay, deux comparses de longue date avec lesquels il partage les mêmes affinités plastiques, les mêmes racines, même si leurs expressions stylistiques diffèrent. « On est issus de la même matrice », à savoir l’Action Painting et le minimalisme américain. D’où cet étrange effet d’uniformité apparente lors de notre premier tour de piste dans les salles. C’est en revenant sur nos pas et en maximisant la mise en regard de leurs peintures, dessins et collages que les lignes de force de chacun s’affirment. Dans les variations des coups de pinceaux, les superpositions de couleurs, la structure interne, les effets de lumière. Les tableaux vivants de Gérald Thupinier creusent la matière à la manière des bas-reliefs tandis que Gilles Altieri radicalise son propos : aux formes carrées imbriquées se substituent aujourd’hui des aplats mis en tension les uns les autres, une recherche de déséquilibre et de rythme. C’est une peinture dessinée où l’écriture obéit à une certaine logique. « Ça passe ou ça casse, reconnaît-il volontiers, je fais beaucoup d’essais, d’erreurs et de strates empilées les unes les autres, et je jette également beaucoup ». À l’inverse, Didier Demozay s’est éloigné d’une certaine idée du mouvement pour atteindre une plénitude statique par un seul jeu de deux couleurs brossées en gestes larges. Pour Gilles Altieri, chacun à sa manière « cherche à faire un pas de plus pour aller plus loin que la beauté ». MARIE GODFRIN-GUIDICELLI ET JULES GUIDICELLI

Gilles Altieri © Jules Guidicelli

Sans titre ! jusqu’au 3 février Galerie du Canon, Toulon 04 94 24 82 06 galerieducanon.com

le vivant

dans tous ses états

Rendez-vous avec Guillaume lecointRe, Gilles clément, vinciane desPRet, Jean-GabRiel Ganascia, auGustin beRQue, bRuno latouR… Avec le soutien de

et en partenariat avec

infos PRatiQues et PRoGRammation comPlète WWW.oPeRa-mundi.oRG - 07 82 41 11 84 - entRée libRe


80 critiques arts visuels

L’année Tal Coat Expositions au musée Granet et à la Fondation Saint-John Perse à Aix-en-Provence mais également en France et à l’étranger, rencontres, colloques et publications font revivre « le peintre des peintres ».

R

ue Victor Leydet à Aix-en-Provence, puis Château Noir route du Tholonet furent les lieux de vie de Pierre Tal Coat (pseudonyme de Pierre Jacob) entre sa démobilisation en juillet 1940 et son installation près de Limours en 1956 dans la maison de l’artiste Jean Bazaine. Cette période fit l’objet d’une exposition, Les années Provence, à la Galerie d’art Espace 13 en 1996, suivie d’un silence de plus de vingt ans. La rétrospective 1925-1985 au musée Granet et l’exposition à la Fondation Saint-John Perse y remédient heureusement en braquant les projecteurs sur cet artiste né en 1905, admiré par Calder, De Staël, Tzara, Balthus, le philosophe Henri Maldiney, le poète André du Bouchet, et par les auteurs du catalogue « qui éclairent chacun le travail de Tal Coat de la connaissance intime qu’ils peuvent en avoir, de leur réflexion mais aussi de l’amitié qu’ils lui portaient ». Pour Jean-Pascal Léger, spécialiste de Tal Coat, il était important de « faire dialoguer son œuvre picturale avec André du Bouchet à la Fondation Saint-John Perse » car le peintre et le poète œuvrèrent ensemble à la « fabrique » de « livres illustrés » et inventèrent une « langue peinture ». Les ouvrages exposés Sur le pas, Laisses et Sous le linteau en forme de joug témoignent, justement, de la fusion des mots, des dessins et de leurs pensées. Pour Bruno Ely, « le parcours au musée Granet retrace les dimensions si particulières d’une œuvre si particulière méconnue encore du grand public ».

Une œuvre libre et ouverte Le passage de Tal Coat en terre cézanienne marqua son basculement de la figuration à l’abstraction, mais jamais il ne se laissa enfermer dans une école, un paysage, un style. Toute sa vie il dialogua avec ses contemporains tout en se frayant son propre chemin à force d’un travail acharné du dessin, l’expérience du bronze, la pratique de la peinture sur bois et de l’huile sur toile. Son œuvre prolifique (« Tal Coat vivait dans un océan de tableaux en cours ») se déploie de manière éclairante grâce au commissariat scientifique qui alterne peintures et dessins, dévoile de nombreux inédits, explicite les influences de la préhistoire et du Moyen-âge comme sources de réflexion et d’inspiration. Entre les miniatures Les Sculptures de 1934, les portraits de Giacometti de 1935, de Pablo Picasso de 1936 ou d’André Masson de 1948, et les autoportraits et séries des Sans titre des années 1980-85 marquées par la matérialité de la peinture, des pigments et la diversité des supports et des formats, quel chemin parcouru ! Quelle liberté ! Quitte à payer le prix fort de marchands d’art devenus aveugles et affronter des regards critiques… Déjà dès 1940-45, Tal Coat s’affirmait dans le choix de ses sujets, dans l’usage de la couleur et des blancs, et en 1950-60, il remettait en cause son travail au moment même où les expositions et les ventes assuraient sa notoriété. À la fin de sa vie, à contre-courant toujours, il explorait

Joueur de Mandoline, 1927, Gouache sur papier, 32 x 21 cm, M. et Mme Inzerillo-Aitouarés Photo : Bertrand Hugues © ADAGP Paris 2017

l’idée d’apparition et de disparition comme motif récurrent jusqu’à incorporer totalement la figure dans la matière. Sa série d’Autoportrait à l’huile célèbre une présence en demi-teinte dont la force vitale nous parvient encore aujourd’hui. À l’instar de la grande toile Bleu surgi de 1974 évoquée par André Masson : « Une vision où la présentation n’a pas lieu, où même le mot apparition semble trop insistant, où seul celui de SURGISSEMENT semble bien être le mot maitre ». MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Tal Coat, la liberté farouche de peindre jusqu’au 11 mars Musée Granet, Aix-en-Provence 04 42 52 88 32 museegranet-aixenprovence.fr Catalogue coédité par Somogy et Ville d’Aix-en-Provence, 29 € Textes Bruno Ely, Jean-Pascal Léger, Alain Paire, Georges Salles, Anne de Staël, Daniel Dobbels, Alix Léger et Josef Nadj. La langue peinture, André du Bouchet et Pierre Tal Coat Fondation Saint-John Perse, Aix-en-Provence 04 42 91 98 85 fondationsaintjohnperse.fr


La petite bibliothèque de

« Un concentré de galéjade...» 12 € + 3,04 € (frais de port/livre)

« Un regard engagé sur le MoyenOrient...» 14 € + 4,16 € (frais de port/livre)

« Un journal sensible et militant...» 15 € + 4,16 € (frais de port/livre)

« Un appel pour la République, des pistes pour la refonder...» 15 € + 3,04 € (frais de port/livre)

« Une autobiographie de jeunesse...» 15 € + 4,16 € (frais de port/livre)

« Une histoire populaire et sensible de Marseille...» 28,50 € + 5,37 € (frais de port/livre)

« Avons-nous besoin d’un président ?...» 12 € + 3,04 € (frais de port/livre)

« Une ode à la ville d’Antibes...» 16 € + 4,16 € (frais de port/livre)

« Echange de fulgurances poésiques sur la toile..» 16 € + 4,16 € (frais de port/livre)

« Collecte des chansons qui ont animé les manifestations..» 12 € + 3,04 € (frais de port/livre)

« Voyages dans l’histoire de la ville de Port-de-Bouc..» 22 € + 5,37 € (frais de port/livre)

« Roman trépidant et jubilatoire...» 22 € + 5,37 € (frais de port/livre)

« Recueil de poèmes» 15 € +4,16 € (frais de port/livre)

« Notre société toute entière repose sur l’industrie» 25 € + 4,16 € (frais de port/livre)

« Un manifeste pour la démocratie locale» 8 € + 4,16 € (frais de port/livre)

Je joins un chèque à l’ordre de La Marseillaise 17-19, cours d’Estienne d’Orves - 13001 MARSEILLE Nom : ...................................................................... Prénom : .................................................................. Adresse : ................................................................ ............................................................................... ................................................................................ ................................................................................ Mail : ....................................................................... Tél. : ........................................................................ « Roman noir» 16 € +4,16 € (frais de port/livre)

« Un florilège de poèmes» 15 € +4,16 € (frais de port/livre)

« L’Histoire de la région des Bouches-du-Rhône revisitée» 12 € + 3,04 € (frais de port/livre)

COMMANDE PAR COURRIER AUPRES DU JOURNAL 17-19 COURS D’ESTIENNE D’ORVES 13001 MARSEILLE


82 au programme arts visuels bouches-du-rhône alpes-maritimes

Sophie Menuet Tout l’univers de Sophie Menuet transfigure les murs et le sol ! Dessins numériques (représentation des corps fragmentés, pourvus d’ossatures métalliques ou d’extensions), série photographique Prothèse à balai (un grand bras articulé, postures), reliefs muraux, sculptures en tissu et sculptures-objets. M.G.-G. Mémoire fragmentée 12 janvier au 10 février Galerie Jean-François Meyer, Marseille 04 91 33 95 01 marseilleexpos.com

Gants © Sophie Menuet

Perspectives, jubilé 1967-2017 L’association aixoise Perspectives place son exposition du cinquantenaire sous le signe de « La Référence » dans le domaine de l’art, en cheminant à travers les œuvres d’artistes de la première heure et d’aujourd’hui. Focus démultiplié par une série d’événements : rencontre poésie et littérature, concert, conférence-ballet, projections… M.G.-G. Trait d’union 25 janvier au 24 mars Musée des Tapisseries, Aix-en-Provence 04 42 23 09 91 perspectives13artcontemporain.blogspot.fr

Doniazade, 73 x 92 cm © Jean-Jacques Surian

Estefanía Peñafiel Loaiza Artiste équatorienne installée en France, Estefanía Peñafiel Loaiza développe une pratique protéiforme. Son projet, nourri des rencontres avec les patients de l’établissement dans le cadre de sa résidence de création, dévoilera des pièces réalisées spécifiquement pour l’exposition, avec un sous-titre emprunté à un texte de José Luis Borges. C.L. Détours (La loterie à Babylone) jusqu’au 16 mars 3bisf, Hôpital Psychiatrique Montperrin, Aix-en-Provence 04 42 16 17 75 3bisf.com © Estefanía Peñafiel Loaiza

Dominique Ghesquière Dans ses installations et pièces sculpturales, Dominique Ghesquière emprunte à la nature et joue avec les apparences. Artefacts, vanité, memento mori... comme si le naturel pouvait se réfléchir en trompe l’œil. À travers cette mise en illusion, l’artiste incite à une expérience du regard envers une nature sous influence entropique désormais permanente. C.L. jusqu’au 3 juin Galerie des Ponchettes, Nice 04 93 62 31 24 mamac-nice.org Dominique Ghesquière, Rideau d’arbres, 2016, bois de placage, 11 éléments, dim. variables. © Photo: Martin Argyroglo / Courtesy de l’artiste et Valentin, Paris.


au programme arts visuels bouches-du-rhône vaucluse hérault

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Cie 14:20 Dans le renouveau de la scène contemporaine, la Cie 14:20 constitue un des acteurs majeur du mouvement artistique de la « Magie nouvelle ». Clément et Louis Debailleul ont conçu une « création sensorielle et ludique » originale pour le CAC où la peinture comme l’acte de peindre seront métamorphosés par le biais de la magie. C.L. Magie et Lumière - Respiration d’un monde à un autre 12 janvier au 15 mars Centre d’Art Contemporain Intercommunal, Istres 04 42 55 17 10 ouestprovence.fr © Cie 14:20

Lumière en Vaucluse Combien d’artistes ont-ils succombé à la magie lumineuse de la Provence ! L’exposition convie à un parcours à partir du livre éponyme de Michel Steiner et Philippe Jaccottet, en compagnie d’artistes du XIXe siècle à aujourd’hui : Pierre et Antoine Grivolas, René Seyssaud, Louis Agricol Montagné, Jean-Marie Fage, Patrick Joanin, Gilbert Bottalico, Vincent Broquaire…C.L. Promenades dans la lumière du Vaucluse jusqu’au 13 mai Musée Vouland, Avignon 04 90 86 03 79 vouland.com Charles Vionnet (1843-1902), La Montée des Moulins au Rocher des Doms, huile sur carton. Collection particulière © Fabrice Lepeltier

Pakito Bolino Sadobaka, néologisme formé à partir de sado du marquis de Sade et de baka en japonais qui signifie stupide, constitue une série commencée en 2013 par Pakito Bolino, co-fondateur du collectif Le Dernier Cri à Marseille. L’exposition montpelliéraine nous offre l’occasion de voir l’ensemble de ces 160 dessins à l’encre de Chine rarement montré dans sa totalité. C.L. Sadobaka du 11 janvier au 3 mars Galerie La Jetée, Montpellier 09 83 02 09 82 la-jetee.fr

Sadobaka © Pakito Bolino

Origines Depuis sa rénovation il y a dix ans, le musée Fabre connaît un franc succès. Mais que sait-on de sa genèse, qui s’inscrit dans l’histoire profonde de la ville ? Une dynamique qu’on ne désignait pas encore sous le label culturel : constitution d’une collection, salons, cours de dessin gratuits afin « d’encourager les jeunes talents » et « de former le goût des curieux ». C.L. Le musée avant le musée, la Société des Beaux-Arts de Montpellier (1779-1787) jusqu’au 11 mars Musée Fabre, Montpellier 04 67 14 83 00 museefabre.fr Augustin Pajou, La Marine : Colbert et Duquesne, 1786, Terre cuite, Montpellier, musée Fabre © Musée Fabre de Montpellier Méditerranée Métropole. Photo Frédéric Jaulmes


84 rencontres livres

L’Histoire passée au vinaigre de la littérature !

É

ric Vuillard, couronné par le prix Goncourt avec L’Ordre du Jour (voir journalzibeline. fr) était invité à la Librairie Maupetit. Depuis Conquistadors, en passant par Bataille d’Occident, Congo ou 14 Juillet, l’écrivain questionne et raconte l’Histoire dans des formes courtes, qui cherchent plus à « attraper un moment de l’histoire » qu’à en rendre compte de manière exhaustive. À la manière des romanciers-feuilletonistes du XIXe, l’auteur opte pour des récits brefs et subjectifs, offrant un angle sur un événement, comme « une pièce de mobile ». Décadrer une photo historique pour la recadrer. Refusant un certain rapport aux savoirs -celui de l’expert, celui de l’intimidation, il utilise la littérature comme un « vinaigre », pour nous libérer des fables qu’on nous raconte. Partant d’une réflexion sur la place de l’écrivain face aux pouvoirs, il a choisi avec L’Ordre

du jour d’évoquer non pas la Seconde Guerre mondiale ou la Shoah mais les prémisses de ces années sombres et les agissements des puissants. Alliant l’histoire des vaincus à celle des grands hommes, il parle de son livre comme d’une réflexion sur © Maupetit les rapports de force, sur le mystère de l’acquiescement, de la compromission. Fuyant l’épique comme la fascination ou l’érotisation du mal, il précise que l’intrusion discrète de son « je » vise à réveiller par moment le lecteur par trop embarqué dans la dimension littéraire. C’est dans la dérision qu’il trouve une juste distance face aux personnages. La

finesse, l’humour et la générosité de l’écrivain sont palpables dans ses réponses détaillées, enjouées, reflets d’une présence au monde en quête de vérité. DELPHINE DIEU

Éric Vuillard était invité à la Librairie Maupetit (Marseille) le 6 décembre

Tom et Joseph Les écrivains Joseph Boyden et Tom Cooper étaient en dialogue au Musée d’histoire de Marseille dans le cadre du festival La Marelle dans tous ses états

J

oseph Boyden et Tom Cooper sont deux auteurs de renommée internationale qui se connaissent bien. Ils vivent à La Nouvelle-Orléans et cohabitaient à la Friche de la Belle de Mai pour une résidence d’écriture. La rencontre s’est engagée au sujet de leur ville, une des cités les plus pauvres des États-Unis, ravagée par le passage de l’ouragan Katrina en 2005. Dans cette ville « suante et puante comme la gueule d’un chien », où Boyden est arrivé à 18 ans, il passe ses journées à marcher avec ses amis musiciens, de préférence dans les quartiers « jugés mal fréquentés ». Il voit en elle une source d’inspiration et de

Tom Cooper et Joseph Boyden © X DR

liberté fantastique. Le rapprochement avec Marseille est évident : deux incongruités au sein de leur pays respectifs, deux portes d’entrée Sud, deux réputations d’encanaillées, deux vecteurs de métissages culturels. Un point de vue partagé par Tom Cooper, qui dénonce cependant de difficiles conditions de vie pour nombre d’habitants, comme dans Les Maraudeurs, qui traite de la corruption économique et politique et des conséquences désastreuses de la marée noire de 2010 en Louisiane, des dissensions entre lobbies du pétrole et pêcheurs de crevettes broyés par le système. Une métaphore de ce qui se passe

sur le reste de la planète, et qui s’est imposée à la lecture d’un article de journal : un vétéran venait de se faire voler sa prothèse de bras. Comment une société peut-elle en arriver à ce degré de désespoir ? L’œuvre de Boyden, d’origine irlandaise, écossaise et indienne, s’inscrit dans les thématiques du métissage, des interactions culturelles, des rapports de domination. Épique et poétique, son dernier roman, Dans le grand cercle du monde, se déroule au XVIIe et confronte trois destins qui se croisent : celui d’une captive iroquoise, d’un chef de guerre huron et d’un jésuite français. La rencontre se conclut sur la lecture d’un extrait de leurs prochains romans : Bollweevil pour Tom Cooper, et Sept Allumettes de Joseph Boyden. On attend leur sortie avec impatience ! MARION CORDIER

Joseph Boyden et Tom Cooper étaient en résidence à La Marelle, à La Friche de La Belle de Mai durant l’automne 2017


critiques livres 85

Plongé dans le vide

A

lexandre Seurat, discret professeur de Lettres à l’IUT d’Angers, est l’auteur de deux romans bouleversants parus ces deux dernières années, deux romans qui traitaient chacun de problèmes délicats et laissaient surgir l’émotion du lecteur : enfance maltraitée, spoliation des biens des familles juives durant l’Occupation. Des lectures qui vous scotchent sur votre fauteuil. Cette fois il offre un très court récit qui plonge dans le malaise. Un funambule, roman du silence, du non-dit, de l’incapacité de s’expliquer, d’un délabrement progressif. Le personnage central n’est jamais nommé par son prénom, il est dissimulé sous un « il » anonyme qui marque un début d’anéantissement, de dilution. Le début du récit le montre nageant dans la mer démontée et glaciale dans laquelle il voudrait s’engloutir, puis dans cette maison de vacances familiale où il est censé écrire à l’écart de tout. Son père lui a envoyé un billet de train pour qu’il rejoigne la famille le jour de la Fête des

mères. Il va se tromper de train et perdre le bouquet qu’il voulait offrir à sa mère. Trop

de son amour perdu. Seurat excelle dans les descriptions de ces états du corps et de l’âme, ces sensations furtives entre souvenirs et réalité qu’il matérialise par de brefs passages écrits au présent et décalés dans la page, soulignant l’instabilité et le mal-être de son personnage. En conflit latent avec sa mère, incapable de communiquer avec sa famille, celui-ci étouffe dans sa solitude, les mots se coincent dans sa gorge, il ne sait que faire de son corps empêtré. Il sent le vide autour de lui, celui du funambule sur son fil. Vertige. CHRIS BOURGUE

absorbé par les voix confuses qu’il ne cesse d’entendre à travers un vacarme touffu qui l’angoisse, par des souvenirs de l’enfance ou

Un funambule Alexandre Seurat Éditions du Rouergue, la brune, 12 €

C’est l’histoire d’un homme….

«P

ar un soir de janvier, il y a quelques années, juste avant le début du semestre de printemps au cours duquel je devais enseigner un séminaire de licence 1 sur l’Odyssée, mon père, chercheur scientifique à la retraite alors âgé de quatrevingt-un ans, m’a demandé, pour des raisons que je pensais comprendre à l’époque, s’il pourrait assister à mon cours, et j’ai dit oui. […] Chaque vendredi matin à dix heures et demie, il prenait place parmi les étudiants de première année, des gamins de dix-sept ou dix-huit ans qui n’avaient pas le quart de son âge, et participait aux discussions sur ce vieux poème, une épopée où il est question de longs voyages et de longs mariages et de ce que peut signifier le mal du pays. » Ainsi commence le dernier ouvrage de Daniel Mendelsohn, Une odyssée (un père, un fils, une épopée), placée sous le double signe du père et de la littérature, de l’autobiographie et de la poésie épique. De même que la fidèle Pénélope tisse sa toile afin de contenir les insistantes ardeurs des prétendants au royaume d’Ithaque, l’écrivain attise le désir

de lecture en entrelaçant avec brio l’évocation des chants du poème d’Homère (dont le récit suit l’ordre) et celle de moments de

et vice-versa. D’où le double plaisir du lecteur. Celui de se replonger dans l’Odyssée, et d’en (re)découvrir bien des facettes oubliées grâce au talent pédagogique du narrateur qui, professeur de littérature classique, se meut avec aisance dans les circonvolutions d’un texte plein de détours (comme une métaphore du périple d’Ulysse) et en offre une lecture tout à fait passionnante. Celui aussi de suivre les étapes de la quête du père. Un père dont l’identité se révèle peu à peu, comme celle d’Ulysse, aux yeux d’un fils qui, tel Télémaque, ne le connaissait pas si bien. Émouvant hommage au père disparu. Brillant hommage à l’un des textes fondateurs de la littérature mondiale. FRED ROBERT

son enfance, de son apprentissage, ou de la vie de ses parents. Ainsi le texte va-t-il, de l’analyse d’un épisode de la célèbre épopée à une anecdote familiale, en un constant et fluide va-et-vient de l’intime à l’universel,

Une odyssée, un père, un fils, une épopée Daniel Mendelsohn Flammarion, 23 €


86 critiques livres

Un genre à soi

L

e nouveau roman de Cécile Ladjali, Bénédict, commence en noir et blanc. Blanc comme la neige sur le lac Léman, comme ce jour incertain qui se lève sur Lausanne, jour de la mort de David Bowie. Blanc comme ce corps que Bénédict va devoir habiller avant d’aller donner son cours à l’université. Et noir comme le hijab que Bénédicte doit porter dès qu’elle revient à Téhéran. Noir comme les gardiens de la révolution, comme la violence toujours prête à surgir. Blanc / Noir. Maître Laudes / Madame Laudes. Lausanne / Téhéran. Occident / Orient. Bénédict.e, élevée par un père suisse et une mère iranienne, refuse de choisir entre l’Apocalypse de Jean et la poésie soufie. Pas pour rien qu’elle a choisi la littérature comparée, qui lui permet de bondir d’une culture à l’autre, de tisser des liens entre les époques, les œuvres, les pensées. Née femme, elle refuse également d’être assignée à son genre, elle qui « a toujours été à la frontière ». D’où son jeu : à Lausanne, elle est Bénédict ; à Téhéran, elle redevient Bénédicte (mais se travestit à la tombée du soir, afin de pouvoir

sortir seule dans la nuit iranienne). « Les deux genres cohabitent en moi, à égalité. Et si mon corps était celui d’un homme, je me

puisqu’il conduira à la lumière. Alors le noir et blanc redeviendra couleurs. Dans ce subtil et envoûtant roman choral, Cécile Ladjali revisite un thème qui lui est cher, celui de l’androgyne (elle y a consacré son mémoire de doctorat). Bowie, la Séraphita de Balzac, d’autres encore, voyagent entre les pages. À travers la figure de Bénédict.e, qui lui ressemble par bien des points, elle pose aussi la question de la place de la femme, en Iran bien sûr, mais également partout ailleurs dans le monde, de la reconnaissance de son esprit, de sa liberté, -l’écrivaine a d’ailleurs dédié son livre « à Mahnaz Mohammadi, femme libre ». Enfin elle rend un bel hommage à la littérature qui se rit des genres et des frontières. FRED ROBERT

travestirais en femme pour tendre vers cette autre moitié… », affirme-t-elle. Ce jeu n’est pas sans danger, mais il en vaut la chandelle

Bénédict Cécile Ladjali Actes Sud 20,80 €

Collecteurs d’eau et de mémoire

À

Las Vegas, dans l’obscurité des collecteurs d’eaux de pluie, vivent des laissés pour compte de la société américaine. Parmi eux, Hoyt Stapleton, vétéran du Vietnam, ainsi que Matthew Mc Mulligan et Steven Myers, tous deux anciens soldats de la guerre en Irak. L’impossible retour à une vie « normale » les a conduits à passer le reste de leur existence dans ce réseau suburbain. Dans une marginalité autant sociale que géographique, ils cohabitent dans une sympathique apathie. Hoyt parle peu, mais il voyage dans le temps. Le futur de la planète avec son lot de calamités ne l’intéresse pas. Il préfère explorer le passé, et plus particulièrement la période nostalgique de son enfance. Il exhume ses souvenirs enfouis. Les replis de sa mémoire vont révéler des scènes, des instants, dont il se demande s’ils sont une « réalité vraie ». Parfois, présent et passé se rencontrent. Myers explique ainsi ce phénomène : le temps serait comme une pâte que l’on plie de multiples fois sur elle-même pour en faire de la pâte

feuilletée. C’est ainsi que des points initialement très éloignés se superposent et que

mondes superposés, si lointains et pourtant si proches. On la trouve déjà dans un précédent roman de Christian Garcin, Les nuits de Vladivostok, dans lequel une pègre grouillante et inquiétante vivait dans les souterrains de New York comme ici, dans Les oiseaux morts de l’Amérique, où, à quelques pieds sous le bling-bling ostentatoire de la capitale du jeu, des marginaux hantent les canalisations des collecteurs d’eau. Le thème obsédant du terrier ou de la grotte, ainsi que celui des rêves et de leur puissance, sont les piliers de l’œuvre de Christian Garcin. Ce roman s’y inscrit comme un étonnant et sensible voyage qui nous embarque dans une Amérique meurtrie par ses guerres. CAROLINE GERARD

le passé télescope le présent. Cette image de la pâte pliée peut aussi s’appliquer aux

Les oiseaux morts de l’Amérique Christian Garcin Actes Sud 19 €


87

Barbarie

4

juin 1629. Le Batavia, un navire marchand hollandais, fait naufrage au large de l’Australie. 250 personnes débarquent sur des îlots dénudés nommés Abrolhos et survivent malgré l’absence d’eau douce, grâce aux barriques de provisions rejetées du bateau, ainsi que de la chasse et de la pêche. La communauté s’organise dans l’attente des secours. Un microcosme à l’équilibre précaire, bientôt rompu par la folie meurtrière de l’intendant adjoint, Jeronymus Cornelisz qui s’érige en tyran sanguinaire. S’en suivent exactions, viols, massacres. Ce tragique épisode de l’histoire coloniale des Provinces-Unies ne sort pas subitement de l’oubli sous la plume de Marc Biancarelli : il a déjà fait l’objet d’ouvrages, L’Archipel des Hérétiques de Mike Dash, pour n’en citer qu’un. Mais ce qui en fait sa spécificité, c’est la façon dont il s’empare du sujet, mêlant fiction et réalité, créant une esthétique propre dans un dialogue perpétuel entre le récit et la peinture néerlandaise du XVIIe siècle. Le titre même du roman est celui d’une toile de Cornelis Van

Haarlem à l’origine de la révélation délirante de Jeronymus : Massacre des innocents. Les

l’époque, comme Torrentius, deviennent des personnages clés de l’histoire. Les scènes de mise à mort et de suppliciés ont une puissance d’évocation terrible. Entre flash-back et huis clos insulaire, une fresque d’hommes et de femmes se dessine, dans un foisonnement de personnages épousant l’univers pictural du roman. Face à l’ignominie, la résistance est incarnée par Weybbe Hayes, ancien soldat, et plus encore par Lucretia Jansdochter qui, maintes fois humiliée, se relève sans cesse et apporte la victoire. Sur fond de Guerre de Trente Ans et de capitalisme cynique, ce thriller historique, d’un profond lyrisme tirant parfois sur le tragi-comique, questionne les conflits religieux, l’appât du gain colonial, et plus largement le caractère tristement universel de la barbarie. MARION CORDIER

chapitres portent le nom de « Tableaux » dans lesquels la force iconique précède la narration, la nourrit, l’enchevêtre ; certains peintres de

Massacre des Innocents Marc Biancarelli Éditions Actes Sud, 21 €

Rome ou les chemins de la sainteté

U

n buste de marbre noir rappelle son souvenir dans la Basilique Sainte-Marie-Majeure, où il repose : Nsaku Ne Vunda. C’est ce buste qui raconte, quatre cents ans après la mort de son modèle, l’histoire de ce personnage historique au parcours étonnant. Né vers 1583 sur les rives du fleuve Kongo, dont le royaume doit sa fondation à neuf femmes, vite orphelin, il sera ordonné prêtre, baptisé du nom de Dom Antonio Manuel, et sera chargé par le roi des Bakongos, Álvaro II, d’une mission diplomatique auprès du Pape Clément VIII. Officiellement pour représenter le Kongo à la cour papale, officieusement pour informer le Pontife de « l’existence des ignobles trafics » d’êtres humains pratiqués par les pays d’Europe et plaider auprès de lui pour que l’esclavage soit aboli… Demande à laquelle son destinataire ne pouvait être que sensible puisque « le christianisme considérait les hommes égaux devant Dieu ». De nombreuses embûches vont jalonner le voyage. Le bateau sur lequel il embarque est chargé d’esclaves pour le nouveau monde… Privilégié, puisqu’une cabine lui est réservée, Nsaku Ne

Vunda voit les conditions terribles infligées aux prisonniers destinés à l’esclavage. « Mon chemin vers Rome débutait dans l’horreur »…

par des pirates, emprisonnement dans les geôles de l’inquisition… Tout est passé au filtre de la sensibilité bouleversante du jeune prélat, qui se refuse à toute haine, malgré les exactions supportées, les injustices, les étroitesses, les idées reçues… Le style de Wilfried N’Sondé dans ce roman captivant, Un océan, deux mers, trois continents, sait épouser les moindres remuements d’une âme avec une poignante justesse, et nous donne à percevoir la complexité d’un monde que l’on compartimente trop souvent dans nos approches historiques ethno-centrées. Ici, en court volume, est rendue lisible la naissance des lois du commerce international, qui se moquent bien du rêve de Nsaku Ne Vunda : songe d’un lieu où « tous les humains (…) se retrouveraient dans une même fraternité »… On a alors envie de croire en la force des utopies ! MARYVONNE COLOMBANI

Collusion effrayante entre marchands locaux et européens pour un commerce triangulaire atroce… L’itinéraire va connaître de nombreuses tribulations, tempête, assaut

Un océan, deux mers, trois continents Wilfried N’Sondé Éditions Actes Sud, 20 €


88 critiques livres

Ados missiles

«C

haque révolte est nostalgie d’innocence. » Cette phrase de Camus est en exergue de Manquent à l’appel, le roman de Giorgio Scianna, qui place l’adolescence au cœur du sujet. Quatre jeunes garçons sont les protagonistes, Lorenzo, Anto, Ivan et Roberto. Ils sont au lycée, dans une ville du nord de l’Italie, élèves sans histoires, ils passeront bientôt le Bac. Ils font comme tous les ados : la drague, les filles, le foot, la musique, Internet, la fête, les délires, l’ivresse d’alcool, parfois, l’ivresse de vie, toujours. Rassasier cette ivresse, la combler d’un idéal, croire à l’avenir, s’engager, vivre à fond. Comme un missile qui sait où il va. Sous influence, peutêtre, mais avec conviction. Ce qui compte surtout, à cet âge-là, c’est l’adrénaline. Sans jamais porter de jugement, au contraire, et avec une grande justesse dans la description des adolescents et de leur comportement, Giorgio Scianna nous entrouvre les portes de leur monde. Son écriture alterne entre narration neutre et récit à la première personne fait par

Lorenzo. « J’ai honte, non pas d’être parti, mais d’être revenu. Voilà ma seule faute : je n’y suis pas arrivé », dit d’emblée le jeune

dans toutes ces vidéos que tous quatre ont vues et revues. Lui, le boiteux, a été recalé par le passeur au pied d’une montagne de Turquie. Il est rentré en Italie. La police, les familles de ses amis, les profs du lycée, les filles de sa classe, tous veulent savoir où sont les autres. Pourquoi sont-ils partis ? Que fontils là-bas ? Lorenzo se terre dans le silence. L’angoisse des adultes, même celle de ses parents, ne l’atteint pas. Les flics, ou son père, ont beau scruter Facebook ou Instagram, que pourraient-ils comprendre ? L’enjeu, c’est le groupe, et ne pas le trahir. Quel que soit l’objectif final. Aller à un festival de musique électro ou faire la guerre en Syrie. L’important, c’est d’être ensemble. JAN-CYRIL SALEMI

homme. Ses trois potes, eux, sont là où ils ont rêvé d’être, sur le front en Syrie, aux côtés des combattants de DAESH. Enfin. Comme

Manquent à l’appel Giorgio Scianna, traduit de l’italien par Marianne Faurobert. Éditions Liana Levi 18 €

Un 14 Juillet sans flonflon ni bal musette

Ç

a démarre fort : un blessé s’écroule devant une boite de nuit à la page 12 ! Rien à voir avec l’amour est un roman noir sans réelle intrigue policière car les dés sont jetés dès le prologue. On pressent immédiatement que le décompte du 8 au 14 juillet aura quelque chose de macabre… Au fur et à mesure que les jours passent, Claire Gallen injecte dans le présent les flashbacks nécessaires pour recomposer le puzzle. Le destin des protagonistes de Rien à voir avec l’amour se noue autour du personnage central, Sandra, ex-étudiante en droit qui doit sa survie financière à Samuel, tenancier d’une boite de nuit dont elle tient occasionnellement le vestiaire. Rodolphe, son ancien mari, devenu un personnage public très en vue dans le sérail politique parisien. Tony, le barman au silence aussi imposant que ses yeux transparents. La jeune Noémie, dreadlocks et piercing, parachutée par hasard au cœur de

ce trio improbable. Et puis il y a le Méphisto, un night-club moins céleste en plein jour que sous les sunlights de la nuit artificielle, quand les docks de la ville de bord de mer suintent la misère et le désœuvrement. Chaque page pue l’impuissance des « héros » à se défaire de leur vie minable, rabougrie, englués dans les mensonges, l’amour poisseux, leurs âmes

grises comme l’horizon, comme la ville, jamais nommée par l’auteure qui glisse néanmoins un petit indice. Comme les lumières blafardes des petits matins à la gueule de bois qu’affrontent Sandra, Samuel, Tony et les autres. Tout le roman tend inexorablement vers ce 14 Juillet que l’on devine déterminant dans la vie du trio amoureux, dont on apprend, tardivement, que c’est la date du décès de la petite Marie, la fille de Sandra et Rodolphe. Sanglots, regrets, amertume, alcool, sexe, violence arbitrent leurs relations sous tension permanente, explosées en vol à l’heure de la vérité. Mais quelle vérité et qui croire ? Claire Gallen laisse habilement le lecteur indécis. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Rien à voir avec l’amour Claire Gallen Éditions La brune au Rouergue, 21 €


89

Retour aux sources

Y

ammie, jeune diplômée, quitte Québec et son fiancé pour enseigner le français dans la communauté de son enfance, à Uashat sur la Côte Nord. Revenir s’installer sur sa terre originelle après toutes ces années induit un sentiment d’altérité, la peur de manquer de légitimité, la honte de parler innu avec une syntaxe approximative et un accent français. Cela signifie aussi perdre l’être aimé, ou le fuir, qui sait ? Dans la réserve, Yammie recrée des liens avec la famille élargie, fait ses premiers pas dans le métier, tâtonne, doute, commet quelques impairs, découvre le quotidien d’une jeunesse que la vie abîme. Traversé.e.s par la précarité sociale, la consommation de substances addictives, les grossesses précoces, la mort prématurée des plus proches, les adolescent.e.s et jeunes adultes manifestent face au tragique force et espoir. Roman initiatique inspiré de la vie de l’auteure, Manikanetish est l’histoire d’une jeune femme qui part à la rencontre de ses élèves, bouge les lignes par le biais d’une représentation théâtrale

et d’un voyage scolaire dans l’hinterland polaire, deux espaces d’expression et de liberté dans lesquels tous échappent un temps à

misérabilisme. Un texte où s’entrecroisent les problématiques individuelles, collectives, et qui rejoignent celles de la narratrice confrontée à ses propres choix, ses propres ruptures. Dans une autre veine, Manikanetish interroge l’identité et la rencontre, de même que son premier roman Kuessipan, qui a connu un vif succès au Québec, au sein des Premières Nations, et qui est en cours d’adaptation au cinéma par Myriam Verreault. MARION CORDIER

une réalité complexe. Dans une langue sans détour, Naomi Fontaine livre un récit simple, brut et sensible, sans condescendance ni

Manikanetish Naomi Fontaine Éditions Mémoires d’Encrier, 15 €

À toutes voix

A

vec Double Fond, Elsa Osorio reprend, déplace et développe la passionnante histoire de Luz ou le temps sauvage, publié chez Métailié en 2000, et qui vient d’être réédité en poche. L’Argentine, la dictature, les disparus, le chantage, les enfants arrachés à leurs mères emprisonnées et torturées, le mensonge, les trahisons, tout ce qui avait bouleversé les lecteurs dans Luz, traduit en 20 langues et finaliste du prix Fémina, se retrouve dans ce nouveau roman qui a tout du polar, et est à nouveau publié chez Métailié et traduit de l’espagnol, remarquablement, par François Gaudry. Comme dans Luz il faut quelques pages pour entrer dans le système narratif de Double fond, et en apprécier ensuite la construction remarquable ; car l’intrigue est double, solaire et sensuelle souvent, racontée en 1978 par Juana, une jeune mère victime de la dictature qui parle au fils qu’on lui a enlevé, puis par une jeune journaliste française qui enquête sur la mort d’une femme en 2004. A-t-elle été assassinée ? Est-elle Juana, ou bien Marie,

ou cette Soledad disparue ? Et qui est ce Matias avec qui elle correspond ? Son fils ? Celui de Juana ? La réponse est donnée très habilement par le croisement des deux récits,

change d’époque et de pays en s’attachant à chacun des personnages. Les femmes y aiment la vie et la vérité, le sexe et l’amour, et la force politique du roman vient autant de ce qu’on y apprend de la dictature argentine, des groupes armés et des trahisons, des tortionnaires impunis, que de ce qui apparaît de la société française : en 1978 lorsque Giscard est au pouvoir, et que certains Français appellent au boycott de la Coupe du monde de foot ; en 2004 lorsque la police, la justice et la bourgeoisie peinent à lever les voiles d’un passé douloureux, au nom d’une tranquillité égoïste. Les deux jeunes femmes, à 25 ans d’intervalle, transgressent et bouleversent les règles, épaulées par de beaux personnages masculins, parfois plus clairvoyants qu’elles, qui savent pleurer et aiment la mer, la photo et la vie. AGNÈS FRESCHEL

où les révélations ne se chevauchent pas mais se complètent, où les voix qui apparaissent dans l’un trouvent dans l’autre l’explication de leur source. Le suspense est haletant, on

Double Fond Elsa Osorio Métailié 21 €


90 critiques livres

Du grand minimalisme

A

u Carré d’art de Nîmes, A different way to move évoquait les recherches du Judson Dance Theater au cours des années 1960 sur « un nouvel espace de dialogue entre la danse et les arts visuels ». Le catalogue bilingue dépasse les traces filmiques et plastiques de l’exposition pour concentrer en 224 pages une mine d’informations et d’iconographies : photos, textes, dessins, notes, extraits performatifs, schémas explorent les différents modes d’expressions. Il suffit de parcourir le diagramme réalisé par Yvonne Rainer en réponse au New Yorker pour visualiser « les relations d’interaction et de contrainte [qui] conduisent à une modification continuelle du champ visuel et de l’espace praticable » pour citer la commissaire d’exposition Marcella Lista. De 1950 à 1980, de San Francisco à New York, expériences, performances et recherches se démultiplient, s’annotent (Robert Morris analyse les œuvres de Simone Forti), se questionnent (en 1964, Jill Johnston évoque la difficulté de donner

un nom aux œuvres à cheval entre les arts plastiques et le spectacle vivant). Le terrain est alors un vaste champ d’investigations

composition musicale. Pas de « phrasé notable, de changements marqués de la dynamique, ni pauses, crescendos, décharges d’énergie, contrastes de vitesse et de lenteur » chez Yvonne Rainer écrit Robert Morris en 1966. Tandis qu’en 1979, Lucinda Childs et Sol LeWitt collaborent à la réalisation de Dance, seul film réalisé par l’artiste américain sur la plus célèbre pièce de la chorégraphe. Deux œuvres qui, à elles seules, résument les enjeux des rapports scène-corps-objet-image-son qui révolutionnèrent la scène durablement. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Voir P 38 la critique du spectacle Early Works d’Yvonne Rainer proposé par MOD, et sur journalzibeline.fr la critique de l’exposition présentée au Carré d’Art en 2017.

pour Rauschenberg et John Cage, Paxton et Jackson Mac Low qui œuvrent à déconstruire le mouvement comme le geste pictural ou la

A different way to move (Minimalismes, New York, 1960-1980) Marcella Lista, Liz Kotz, Corinne Rondeau, Susan Rosenberg Coédition Carré d’art - Nîmes et Hatja Cantz, 45 €

La caverne enchantée

T

out Lascaux, le dernier ouvrage de Pedro Lima, journaliste scientifique, spécialiste de la Préhistoire, a un titre qui pourrait surprendre, par sa tentation affichée d’exhaustivité. On sourit d’abord, puis on est fasciné par la qualité du travail présenté, immersion dans l’ombre de la grotte, comme dans celle des pages noires qu’éclairent les mots de leur lumineuse blancheur… Lumière de l’art pariétal qui émerge des profondeurs cachées, grâce aux superbes clichés de Philippe Psaïla. Pedro Lima nous invite à un voyage troublant qui explore toutes les facettes de Lascaux, depuis sa découverte par quatre jeunes garçons un 12 septembre 1940 dans les environs de Montignac en Dordogne, à sa dernière réplique, Lascaux IV, ouverte au public depuis 2016. Salle après salle, l’auteur décrypte les prodigieuses représentations animales qui ornent la grotte, les techniques mises en œuvre, doigts, pigments soufflés, peints, grattés, sculptés, l’adaptation des formes aux volumes des roches, les effets d’optique dignes

d’un Dali… Les scènes prennent du sens, depuis la chute fatale du petit cheval brun, à la nage des cerfs, du mystère de la licorne

les questionnements, les points non élucidés, tout est abordé avec une extrême finesse. « La chapelle Sixtine de la préhistoire », comme la nommait l’abbé-préhistorien Breuil, garde sa magie, sa bouleversante dimension de révélation : ainsi que le précise avec acuité Yves Coppens dans sa passionnante introduction, « De l’origine de l’homme à l’origine de l’art » : « l’homme, dès son émergence [est] un être de dignité et de symbole ». À notre tour, nous ressentons à travers ces pages le « choc esthétique majeur » provoqué par ces vestiges « du génie de l’humanité » (Muriel Mauriac, Conservatrice de la Grotte de Lascaux). L’appréhension de nous-mêmes par le biais de la Préhistoire pour donner du sens à notre humanité ? MARYVONNE COLOMBANI

à la généreuse vache noire, ou à la scène initiatique du puits et l’unique représentation humaine de la grotte. Les hypothèses savantes,

Tout Lascaux, livre multimédia Pedro Lima Éditions Synops, 36,50 €


Roman-Photo Mucem Exposition

Avec le soutien de

13 décembre 2017—23 avril 2018

Mucem.org

Design : Spassky Fischer Photo © Arnoldo Mondadori editore / DR

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