Zibel111

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07.10 > 11.11.2017

N°111

ZIBELINE

Mensuel culturel engagé du Sud-Est Marseille

provence 2018

entretien avec

Philippe Corcuff

3€ L 11439 - 111 - F: 3,00 € - RD


RUFUS/RICHARD MARTIN - 6 OCT. 2017 20H30

CIE GORGOMAR - DU 17 AU 20 OCT. 2017

LA PETITE COMPAGNIE - 31 OCT. 2017 14H30

MOI JEU !

LES GUÉRISSEURS

MONSIEUR MOUCHE

LE PETIT CHAPERON ROUGE

SARAH McKENZIE - 10 NOV. 2017 20H30

CARROZZONE TEATRO - 17 NOV. 2017 20H30

WIM VANDEKEYBUS - 28 NOV. 2017 20H30

CIE LANICOLACHEUR - 1ER DÉCEMBRE 2017 20H30

IN SPITE OF WISHING AND WANTING

PONCE PILATE

ANTONIA DE RENDINGER - 22 SEPT 2017 20H30

PARIS IN THE RAIN

ENSEMBLE

ÉLODIE POUX - 26 JAN. 2018 20H30

CIE LA PART DU PAUVRE - 9 FÉV. 2018 20H30

23 FÉV. 2018 - 20H30

THÉÂTRE DE L’ÉCUME - 1ER MARS 2018 14H30

LE SYNDROME DU PLAYMOBIL

BADINE

PIERRE DE BETHMANN TRIO

HAUT LES NAINS !

MACOMPAGNIE - 16 & 17 MARS 2018 20H30

CIE SOURICIÈRE - 30 MARS 2018 20H00

COMPAGNIE VIVA - 6 AVRIL 2018 20H30

ARTISTES AUX COLLÈGES - 16 & 17 AVRIL 2018

OPHÉLIE

ORPHELINS

ROMÉO ET JULIETTE

RIDICULES

CIE À SUIVRE - 4 MAI 2018 14H30

24 MAI 2018 - 20H30

1ER JUIN 2018 - À PARTIR DE 18H30

CIE GORGOMAR - 8 JUIN 2018 20H30

VIVEMENT L'PRINTEMPS

FRÉDÉRIC FROMET TRIO

JEAN-JACQUES LION QUARTET

J’HABITE UNE VILLE…

TAC THÉÂTRE - 19 OCTOBRE 2018 20H30

CIE LE POISSON SOLUBLE - 8 NOV. 2018 14H30

DUCROS/ESCOUDÉ - 16 NOV. 2018 20H30

SOUAD MASSI TRIO

TIMON D’ATHÈNES

CHRISTIAN MAZZUCHINI - 7 DÉC. 2018 20H30

14 DÉCEMBRE 2018 - 18H30

DINGO–DINGUE

SUCRÉ/SALÉ

MOTTES

abonnez- vous ! Licence Cat.1 135878 - Cat.2 135879 - Cat.3 135880

Scène conventionnée pour les publics et Pôle Régional de Développement Culturel

ELLA

DÉ-CONSTRUIRE BADINE

THÉÂTRE JOLIETTE-MINOTERIE - 18 JAN. 2018 14H30

TROIS PERRAULT SINON RIEN !

MACOMPAGNIE - 8 & 9 MARS 2018

LE CHANT DU HAMAC

CIE DU DÉTOUR - 20 AVRIL 2018 20H30

LES FEMMES SAVANTES

VINCENT ROCA - 28 SEPT. 2018 20H30

MA PAROLE !

CIE DU JOUR AU LENDEMAIN - 23 NOV. 2018 20H30

UBU ROI

design : Pi Créations Graphiques

5 OCTOBRE 2018 - 20H30

ARTISTES AUX LYCÉES - 7 & 9 NOV. 2017

TARIFS TARIFS TARIFS Tout Tout public: ::12 12€€ € Toutpublic public 12 Chômeurs, Chômeurs, Chômeurs, étudiants, étudiants, étudiants, adhérents adhérents adhérents: ::88 8€€ € RSA, RSA,moins moins RSA, moins de de 18 18 ans ans : : 4 4 € de 18 ans : 4 € €

RR REE ENN NSS SEE EI G GNN NEE EMM MEE ENN NTT TSS S --- RR REE ESS SEE ERR RVAT VATI O ONN NSS S II G VAT II O

04 04 42 42 06 06 39 39 09 09 Rue Rue Turenne BP 13521 Port-de-Bouc RueTurenne Turenne---BP BP1111 11---13521 13521Port-de-Bouc Port-de-Bouc Courriel Courriel theatre.semaphore@orange.fr Courriel : :: theatre.semaphore@orange.fr theatre.semaphore@orange.fr www.theatre-semaphore-portdebouc.com www.theatre-semaphore-portdebouc.com www.theatre-semaphore-portdebouc.com


OCTOBRE NOVEMBRE 2017

CULTURE ET SOCIÉTÉ Mensuel payant paraissant le deuxième samedi du mois Édité à 20 000 exemplaires, imprimés sur papier recyclé Édité par Zibeline BP 90007 13201 Marseille Cedex 1 Dépôt légal : janvier 2008 ISSN 2491-0732 Imprimé par Riccobono Imprim’vert - papier recyclé Crédit couverture : © Alouette sans tête Conception maquette Tiphaine Dubois

Directrice de publication & rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@gmail.com 06 09 08 30 34 Rédactrice en chef adjointe Dominique Marçon journal.zibeline@gmail.com 06 23 00 65 42 Secrétaire de rédaction Anna Zisman anna.zisman.zibeline@gmail.com

ARTS VISUELS Claude Lorin claudelorin@wanadoo.fr

06 25 54 42 22

LIVRES Fred Robert fred.robert.zibeline@gmail.com MUSIQUE ET DISQUES Jacques Freschel jacques.freschel@gmail.com CINÉMA Annie Gava annie.gava@laposte.net

06 88 46 25 01

06 82 84 88 94

06 20 42 40 57

06 86 94 70 44

Élise Padovani elise.padovani@orange.fr

Polyvolants Chris Bourgue chris.bourgue@wanadoo.fr Gaëlle Cloarec ga.cloarec@gmail.com

06 03 58 65 96

06 72 95 39 64

Maryvonne Colombani mycolombani@gmail.com

06 62 10 15 75

Marie-Jo Dhô dho.ramon@wanadoo.fr Marie Godfrin-Guidicelli m-g-g@wanadoo.fr 06 64 97 51 56 Jan Cyril Salemi jcsalemi@gmail.com

Maquettiste Philippe Perotti philippe.zibeline@gmail.com

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WRZ-Web Radio Zibeline Marc Voiry marcvoiry@hotmail.com Directrice(s) Commerciale Véronique Linais Rachel Lebihan 04 91 57 75 11 Communication Louis Giannotti g.journalzibeline@gmail.com

04 91 57 75 11

La régie Jean-Michel Florant laregie@gmx.fr 06 22 17 07 56 Collaborateurs réguliers : Régis Vlachos, Dan Warzy, Frédéric Isoletta, Yves Bergé, Émilien Moreau, Christophe Floquet, Pierre-Alain Hoyet, Aude Fanlo, Thomas Dalicante, Marion Cordier, Caroline Gerard, Delphine Dieu Administration Catherine Simon admin@journalzibeline.fr Houda Moutaouakil contact@journalzibeline.fr

04 91 57 75 11

Le monde que nous désirons Persuader les jeunes que les retraités ont de l’argent, les petits salaires que les chômeurs sont des fainéants, les chômeurs que les salariés sont des nantis, les ouvriers que les immigrés sont une menace, était la première étape pour protéger ceux qui encaissent les milliards de dividendes produits par notre travail. Laisser entendre que le mariage homosexuel était une erreur, que les juifs ont des privilèges, que les féministes sont des hystériques, que les blancs sont tous racistes, les musulmans tous homophobes, les malades mentaux dangereux, les handicapés coûteux, les emplois aidés une aubaine, les étudiants des assistés, les provinciaux des ploucs, les parisiens des snobs, cela poignarde un peu plus la cohésion sociale, et la possibilité d’une convergence des luttes, plaçant des frontières de haine à l’intérieur du peuple, du couple, des familles, de la nation. Et lorsque les écrans offrent à nos enfants, comme une norme, des jeux vidéos où l’on gagne en assassinant à coup de couteau, de camions lancés dans la 111 foule ; lorsque les images de femmes dénudées et dominées sont devenues un outil marketing au mépris de ce que cela détruit dans l’intimité amoureuse, et dans la liberté de circuler des jeunes filles ; lorsque la seule confrontation avec la mort est celle des images de meurtre ; alors la confusion mentale entraînée par l’étalage public de l’intimité, l’appauvrissement intellectuel des médias, la machiavélique séparation des classes voisines, nous empêche de voir ce que nous avons sous les yeux. Depuis 2014 les assassinats islamistes ont fait en France 240 morts. Horribles, sidérants, effarants. Inacceptables disent-ils, comme si le meurtre pouvait l’être. Depuis 2014, près de 15 000 hommes se sont noyés en Méditerranée en voulant atteindre l’Europe. Depuis 2014, en France, plus de 2000 suicides sont imputables à la souffrance au travail, et 45 000 morts, oui 45 000, au chômage. Celles-là sont-elles moins horribles, sidérantes, effarantes, inacceptables ? Le choc des attentats peut nous détruire en nous faisant désirer une société rigide et sécuritaire. C’est pourtant un monde enfin humain qu’il nous faut bâtir, où aucun citoyen ne sera traversé par l’idée d’aller trancher la gorge d’une jeune fille, qui voulait devenir infirmière.

ÉDITO

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AGNÈS FRESCHEL


Foot Mu cem Esplanade du j4, 7 promenade Robert Laffont, 13002 Marseille

Mucem.org Design : Spassky Fischer

© Antonio Mesa / Archives FFF

Avec le soutien de

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Un événement

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Nous sommes Foot Exposition 11 oct. 2017—4 février 2018


sommaire 111

ÉVÉNEMENTS

Marseille Provence 2018 (P.6-7) Pop philosophie (P.8-9) Lecture par nature (P.10) Opera Mundi, Ostau dau Pais (P.12-13) Les Écritures croisées, les Nouvelles Hybrides, Automne en librairies (P.14-15) Festival En Ribambelle, Les enfants d’abord (P.16-17) Carrément à l’Ouest, Mèq Festival (P.18-19) Mucem (P.20) Jazz sur la ville, Festival international des musiques d’écran (P.22-23) Fiesta des Suds (P.24) Festival cinématographique d’automne, CineHorizontes (P.26-27) Africapt, Cinemed, Festival de courts métrage de la Côte Bleue (P.28-29) Expositions à La Friche (P.30) Exposition Jack London (P.31) Au CAC d’Istres (P.32) Au programme arts visuels (P.34-35)

(s)acre, David Drouard. Au Théâtre des Salins le 15 décembre © Manon Renier

saisons

La Criée (P.36-37) Les Théâtres (P.38-39) Le Merlan (P.40-41) Joliette-Minoterie, Toursky, Nono (P.42-43) Massalia, Klap, BNM (P.44-45) Comoedia, Vitrolles (P.46-47) Bois de l’Aune, Théâtre Vitez (P.48-49) Pavillon Noir, 3bisf, Gardanne (P.50-51) Forum des Jeunes, Espace NoVa (P.52-53) Salins (P.54-55) Sémaphore, Alpilium (P.56-57) Théâtre d’Arles (P58) Scènes&Cinés (P.60-61) La Garance (P.62) Arts vivants en Vaucluse, le Chêne Noir, les Carmes (P.64-65) Les Halles (P.66) Le Balcon, Théâtre du Briançonnais (P.67)

Le petit chaperon rouge, Joël pommerat. Au Théâtre du Merlan du 18 au 20 octobre © Elizabeth Carecchio

saisons

La Passerelle (P.68) Théâtre Durance (P.69) Théâtre Liberté (P. 70) Châteauvallon (P.71) PôleJeunePublic (P.72) Théâtres en Dracénie (P.73) Le Rocher, Marelios, Le Carré Léon Gaumont, La Croisée des arts (P. 74-75) Théâtre de Grasse (P.76) Scène 55 (P.77) Théâtre National de Nice, Anthéa Antipolis (P.78-79) Sortir à Cannes, Ballets de Monte-Carlo (P.80-81) Le Cratère, Théâtre de Nîmes (P.82-83) hTh, Domaine d’O (P.84-85) Théâtre Jean Vilar, Montpellier Danse (P.86-87) Théâtre de Sète, Théâtre de la Vignette, sortieOuest (P.88-89) Opéra de Marseille, l’Odéon (P.90-91) Cité de la Musique (P.92) Ensemble Télémaque, Musicatreize (P.93)

saisons

Floating Flowers, 20 avril au Théâtre Durance, Château Arnoux (dans le réseau Traverses) ©Yi-Wen Chou

GMEM, Société de Musique de Chambre de Marseille (P.94) Marseille concerts, Saint-Victor (P.95) Opéra d’Avignon (P.96) Orchestre régional d’Avignon, Musique baroque en Avignon (P.97) Opéra de Nice (P.98) Orchestre de Cannes (P.99) Opéra Orchestre national de Montpellier, Opéra de Toulon (P.100-101) Le Méjan, Le Chantier, Chaillol (P.102-103) Rock indé (P.104) Rap, musiques urbaines (P.105) Electro (P.106)


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événements

Marseille Proven un regain d’amour ! Malgré les atermoiements, les désistements et un budget peu conséquent, le programme de Quel Amour ! est plus que réussi !

D

onner une suite à la Capitale européenne de la culture est dans l’air depuis 5 ans. D’autant qu’une fois les comptes faits il restait 750 000 euros non dépensés, reliquat disponible pour de nouveaux projets. Mais si la chambre de commerce semblait convaincue dès 2014 qu’il fallait profiter de l’élan, ni les villes, ni les collectivités territoriales, ni l’État ne semblaient être en mesure, ou en volonté, de financer une « réplique » à la Capitale Culturelle, qui a pourtant enrichi sans conteste le territoire, au niveau économique, touristique et des équipements. Il n’en est pas de même de la santé du secteur culturel, en particulier associatif, et on peut constater avec quelques années de recul que les moyens accordés à la culture dans le territoire par la puissance publique, toutes collectivités confondues, a diminué, et s’est concentré sur les grands équipements : le secteur associatif, les compagnies et les artistes sont aujourd’hui plus qu’hier dépendants des opérateurs culturels qui veulent bien les produire, les programmer, les soutenir. Si MP2013 a enrichi le territoire, elle a appauvri la plupart des artistes et profondément changé la « culture » locale. Mais, et ce n’est pas le plus anodin des compliments, les grands opérateurs culturels, réunis en Comité d’orientation artistique (voir photo), ont fait un travail de programmation remarquable. Redistribuant les moyens dans des projets d’acteurs du territoire, revivifiant le J1, invitant des artistes d’envergure, jeunes et innovants, ils semblent à même, aujourd’hui réunis, d’inverser la tendance à la standardisation de « l’offre culturelle », et peut être de redonner l’envie aux politiques de s’intéresser non seulement à la culture, mais à l’art.

L’amour, une affaire privée Le budget est pourtant très faible pour une manifestation de cette envergure. On est très loin des 98 millions de MP2013 : le mécénat est encore en cours de collecte et

Union européenne État Région PACA Département 13 Ville de Marseille Ville et Pays d’Aix Autres villes* Reliquat MP 2013 Mécénat Ressources propres, billetterie... Total *

MP2018

MP2013

(prévisionnel)

(réalisé)

0,3 0,5 0,5

2,8 M  € 12,8 M  € 12,8 M  € 12,8 M  €

0,3 0,4 0,75 2,75 ? ?? 5,5 M  €

23,4 M  € (+MPM) 7,1M  € 4,1M  € 14,9 M  € 7,4 M  € 97,9 M  €

En 2018 : Arles, Istres, Miramas, Aubagne, Salon, Martigues, Cassis

Raymond Vidil espère bien convaincre quelques entreprises supplémentaires d’entrer au financement, mais le prévisionnel n’est pour l’heure que de 5,5 millions. Dont 50% seulement émanant de la puissance publique. La Ville d’Aix-en-Provence s’est retirée du financement (alors même que le Pavillon Noir, la fondation Vasarely, le Jeu de Paume et le Grand Théâtre, ainsi que le Festival d’Aix, sont fortement impliqués dans MP2018), et les 100 000 € que l’association MP2018 avait espérés ne sont pas compensés par l’entrée de Miramas. C’est bien le secteur privé, le mécénat d’entreprise, qui finance plus de la moitié de l’opération, soit 2,8 millions pour l’heure, alors que dans MP2013 ils ne s’étaient impliqués que pour 15% du budget total. Quel amour ! relève donc, clairement, davantage de la volonté privée que publique. Signe des temps libéraux ? Monsieur Gaudin a beau souligner que la Culture doit être soutenue parce qu’elle « permet la paix sociale », l’instrumentalisation de la culture n’est pas à

l’œuvre, et les entreprises mécènes semblent convaincues d’adopter de bonnes pratiques : pas de poudre aux yeux ni de com’ intrusive, pas de divertissement de bas étage, pas de quartiers VIP flattant les élites économiques. En quelques mois un programme événementiel à la fois attractif pour le public et d’une grande qualité artistique a été concocté, avec 9 salariées au savoir-faire MP2013, et un comité artistique qui a su s’imposer des règles strictes : ne pas s’autofinancer ni financer les membres du comité, favoriser les projets qui ont au moins 3 coproducteurs, afin qu’ils soient viables, et reconductibles les années suivantes. Et également : programmer dans les lieux qu’ils dirigent, avec leurs moyens propres, des événements s’inscrivant dans Quel Amour ! Et qui de fait, de la Criée au Mucem, du Merlan aux Rencontres d’Arles... en constituent la colonne vertébrale. AGNÈS FRESCHEL


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nce 2018, © Marie-Laure Thomas

Le collectif, ça marche !

Le comité d’orientation artistique de MP2018

[étaient absents pour la photo Dominique Bluzet, directeur (Les Théâtres) ; Jean-François Chougnet, directeur (Mucem) ; Angelin Preljocaj, directeur artistique (Ballet Preljocaj, Centre chorégraphique national d’Aix) ; Sam Stourdzé, directeur (Les Rencontres d’Arles)]. De gauche à droite : Pierre Vasarely, président (Fondation Vasarely) ; Guy Carrara et Raquel Rache De Andrade, directeurs (Biennale Internationale des Arts du Cirque, Archaos, Pôle national cirque) ; Jan Goossens, directeur (Festival de Marseille) ; Gilles Bouckaert, directeur (Les Salins, scène national de Martigues) ; Macha Makeïeff, directrice (La Criée, Théâtre National de Marseille) ; Pierre Sauvageot, directeur (Lieux Publics, national de création en espace public) ; Francesca Poloniato, directrice (Le Merlan, scène nationale de Marseille) ; Hugues Kieffer, directeur délégué (Marseille Jazz des cinq continents) ; Bernard Foccroulle, directeur (Festival International d’Art Lyrique d’Aix) ; Pascal Neveux, directeur (FRAC Paca) ; Alain Arnaudet, directeur (La Friche la Belle de Mai).

Zibeline : Raymond Vidil, vous êtes patron de la société maritime Marfret, pourquoi vous impliquer autant dans cette aventure culturelle et présider l’association MPCulture, responsable de cette Réplique tant attendue ? Raymond Vidil : C’est important pour le territoire, pour son attractivité et plus largement pour sa santé, sa cohésion. Mais je suis transporteur maritime, et peut-être cela me permet-il de prendre de la distance, d’effectuer ce pas de côté que font également les artistes pour créer des propositions nouvelles. Je trouve cela unique, cette affaire. Les entreprises s’impliquent avec enthousiasme, et les opérateurs culturels ont travaillé dans la collégialité, dans une logique de transmission désintéressée. En fait, le collectif, ça marche. N’avez-vous pas peur de la mauvaise santé du secteur culturel ? Les subventions sont globalement en baisse depuis 2013... Nous avons été particulièrement attentifs à la viabilité économique des projets, en avons d’ailleurs avec regret éliminé certains qui n’étaient pas assez financés. Je suis parfaitement confiant quant à la réalisation complète du programme. Bernard Foccroulle : Les baisses de subventions ne sont pas liées à MP2018. Tout ce que l’on peut espérer c’est que ce projet contribue à convaincre les collectivités, et en particulier Martine Vassal, que la culture est essentielle. On verra dans 2 ou 3 ans si cela a renforcé la confiance. A.F.

Quelques temps forts du programme Quel amour ! s’entend aussi comme une expression tendre adressée aux enfants, et le premier geste de MP2018 sera de distribuer une Malette pédagogique dans les 4500 écoles du territoire. Un dispositif financé par la Compagnie Fruitière, qui finance également la Fête d’ouverture des 14 et 15 février, destinée particulièrement aux enfants avec des bals, concerts, expo BD, goûters philo, théâtre, danse... (Archaos, Télémaque, Christian Ubl, Fotokino...). Le Grand Baiser les 16 et 17 février, avec le groupe F et une chaîne de bisous, un rassemblement d’artistes à la Friche (Maud le Pladec, Manu Théron, la Cie Skappa...), La Criée (Preljocaj, Perrine Mansuy, Tiphaine Raffier), des expos à Montévidéo et à Vasarely,

Nine Spirit, le Théâtre de l’Unité pour une nuit de textes partagés... Puis de grandes expositions, financées en grande partie par la Fondation Total et le regroupement de Mécènes MJ1: JR et Korakrit Arunanondchai au J1, Eric Corne au MAC, Roman Photo au Mucem, Claude Lévêque au FRAC, Picasso au Mucem et à la Vieille Charité... Et Juxtapoz qui réalise 2 fresques au Couvent du Levat, Marseille expos qui adresse des Love letters, du Land Art à la Friche. Durant les 7 mois de MP2018, des récits nocturnes le long du GR13, des projets arts et cuisine autour de la mer, un temps fort hip hop, 5 créations théâtrales à la Joliette, une caravane de musiques actuelles, 6

rendez-vous Jazz sur tout le territoire, Ex Nihilo à Aubagne, Klap et L’Art de vivre qui animent Saint-Mauront. Et un temps fort contemporain dans l’espace public, Maravilloso imaginé par Dansem, Parallèle et le Festival de Marseille. Orfeo & Majnun, un opéra participatif qui descend dans la rue (Festival d’Aix), danse avec Platel et Cassol (Festival de Marseille). Et des zooms sur les événements du territoire qui en seront renforcés et thématisés : l’Entredeux biennales du cirque, les Elancées, le Train bleu, Massilia Afropéa, le Festival de Marseille, le Festival d’Aix, les cinés plein air, les Suds, ArtOrama... jusqu’à la clôture en septembre ! A.F


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événements

La Pop 2017,

c’est du lourd !

Pour sa 9e édition, pas d’aporétique du smartphone, de dialectique de Dr House, de métaphysique du bikini. La semaine de la Pop philosophie s’attaque à du sérieux : la croyance. Entretiens avec Jacques Serrano, son initiateur, et Philippe Corcuff, invité de cette édition Zibeline : Comment vous est venue l’idée de cette semaine de la pop philosophie ? Jacques Serrano : Il y a 12 ans, avec des amis philosophes. On voulait réactiver ce concept de Gilles Deleuze, qui d’ailleurs n’en avait pas fait grand chose, si ce n’est sur Woodstock ou Jimmy Hendrix. Peu de philosophes écrivaient sur les séries télé ou les chansons populaires, alors que beaucoup de jeunes intellectuels que je rencontrais en avaient envie. Mais ça ne se faisait pas de parler de tels sujets, et ils avaient aussi peur de la réaction de leurs institutions. Aujourd’hui cette manifestation a eu une incidence sur la production littéraire, et de nombreuses maisons d’édition ont leur collection pop philosophie. Et c’est la première fois qu’un mouvement de pensée ou un courant littéraire en France vient de Marseille ! La ville devrait le revendiquer davantage... Mais qu’apporte-t-elle, cette pop philosophie ? Une désacralisation de la philosophie avec un intérêt porté sur des objets qui intéressent le plus grand nombre. Si nous connaissons un tel succès c’est que beaucoup de gens sont attirés par une conférence sur le monokini, le sexe, Alain Souchon, le Père Noël, les vampires… et surtout se sentent valorisés qu’elles soient l’œuvre de philosophes ! Ce lien entre pop culture et philosophie sérieuse est novateur et démocratique. Et cette année avec la thématique de la croyance j’espère qu’on pourra révéler un nouveau rationalisme qui tienne compte du retour du religieux de ces 20 dernières années et des acquis récents des neurosciences.

AU PROGRAMME

23 octobre, La Criée Le sot croira n’importe quoi par Henri Atlan Violence et religion par Claude Hagège 24 octobre, La Criée La magie du vote par Antoine Buéno Chansons populaires, spiritualité sans dieux et trouble agnostique dans les croyances politiques par Philippe Corcuff 25 octobre, La Criée Croyance et scepticisme par Michel Guérin Esprit critique es-tu là ? par Henri Broch 26 octobre, Mucem La croyance, le ballon et la foi par Robert Maggiori

à Aix, Grand Orient de France

Rencontre entre une philosophe, une rabbin, un imam et un prêtre

au CipM Une mystique sans Dieu par Jean-Claude Bologne 27 octobre, FRAC Un seul ou plusieurs Christs par Pacôme Thiellement Pop Christologie par Philippe Nassif La croyance : aux confins mystérieux de la cognition par Serge Goldman 28 octobre, FRAC Post vérité ou retrait de la vérité par Françoise Gaillard Le poids de la croyance dans les relations internationales par Christian Makarian

au Conservatoire national de Région

Bach ou la puissance de croire par Antoine Hennion, suivi d’un concert de l’organiste André Rossi semainedelapopphilosophie.fr

Deleuze, Goodis, Mélenchon Maître de conférences à l’Institut d’Études Politiques de Lyon, membre du Conseil Scientifique d’Attac et de la Fédération Anarchiste, ancien chroniqueur de Charlie Hebdo, Philippe Corcuff vient à Marseille parler chanson, spiritualité et politique...

Zibeline : Que signifie pour vous ce terme de « pop philosophie » ? Philippe Corcuff : La notion de Pop philosophie a émergé avec Gilles Deleuze dans les années 1970 et s’est développée dans les années 2000. Il y a deux pôles dans son espace actuel : un pôle « postmoderniste » qui mélange dans un grand tout indistinct philosophie, sociologie, littérature, cinéma, séries, chansons, etc. Tout semble s’y valoir de manière relativiste. Je préfère l’autre pôle, où il s’agit d’établir des dialogues transfrontaliers entre des registres culturels autonomes. C’est ce que j’ai amorcé en 2002 avec La société de verre. Pour une éthique de la fragilité (Armand


9 qui nous aide à nous orienter. Au niveau politique, c’est une invitation à ne pas fétichiser les idées, les programmes et les leaders de manière dogmatique, dans une posture qui a des analogies avec les croyances religieuses. On a besoin de boussoles, pas de certitudes définitives ! Ce n’est pas rompre complètement avec la composante de croyance de l’engagement politique, mais introduire du jeu, de la distance, dans ce que le sociologue Jacques Ion a appelé un « engagement distancié ». Pour rester dans le « pop », vous vous montrez très critique envers le « populisme de gauche » incarné par Jean-Luc Mélenchon. Pourquoi ? Nous vivons l’effondrement des croyances qui ont structuré la gauche au niveau mondial au cours du XXe siècle : le communisme, la social-démocratie, l’opposition réformistes/ révolutionnaires, ou la forme parti. Les amorces de réponse ne sont pourtant guère à la hauteur. Une des tendances transversales qui traverse ces échecs et ces impasses, c’est l’intérêt porté

Philippe Corcuff © X-D.R

Colin), où je bâtissais des va-et-vient entre des ressources philosophiques et sociologiques et des chansons d’Eddy Mitchell, un film de John Woo ou la poésie de Résistance de René Char. Des exemples ? Dans mon livre Polars, philosophie et critique sociale (Textuel, 2013), je montre comment dans un roman de David Goodis de 1953, La lune dans le caniveau, on trouve une façon originale de nouer la question philosophique du sens de la vie et la question sociologique de la critique sociale, le plan existentiel et les contraintes de la domination de classe. C’est tout particulièrement le cas du personnage principal, William Kerrigan, docker de 35 ans. Cependant Goodis ne le fait pas à la manière d’un philosophe et d’un sociologue, mais dans le registre propre du roman noir. Cela constitue alors une invitation à élargir l’imagination philosophique et sociologique. Aujourd’hui, je m’intéresse à la série American Crime de John Ridley. Dans le jeu de langage propre aux séries, elle pousse à affiner les modèles sociologiques dits intersectionnels, c’est-à-dire qui croisent les différentes formes de domination (dans le cas de la série, les dominations de classe, de genre, de race, l’homophobie, les tensions racisées entre noirs et latinos), ainsi que la place qu’y occupent les individualités singulières. Votre intervention ciblera la question de la croyance. Peut-on ne pas croire ? Quelles sont les questions politiques soulevées par cette thématique ? Dans Pour une spiritualité sans dieux (Textuel, 2016), je dessine un point de vue agnostique, mettant entre parenthèses la question de Dieu, à distance tant des croyances religieuses que des athéismes militants les plus sectaires. Et je donne à la notion de spiritualité une acception large renvoyant à la quête du sens et des valeurs de l’existence. Ce qui ne passe pas nécessairement par des cadres religieux. C’est ce que je montre au début du livre en m’arrêtant sur des chansons populaires posant la question du sens, de Barbara à Louane, en passant par Alain Souchon. Ce qui nous ramène à la pop philosophie ! Ce pas de côté vis-à-vis des dogmes, qui travaillent les croyances religieuses comme certaines croyances antireligieuses, ne s’adresse pas seulement aux agnostiques. Il peut intéresser également les croyants et les athées attachés à la tolérance et au questionnement sur soi. Cette notion large de spiritualité n’élimine pas tout composante de croyance, mais l’assouplit, lui donne du jeu, en transformant les dogmes en repères éthiques révisables en chemin, en boussole

aux formes de concentration du pouvoir et d’étatisme, en rupture avec les discours démocratiques du camp de l’émancipation. Or les théoriciens Ernesto Laclau et Chantal Mouffe, qui nourrissent intellectuellement la thématique du « populisme de gauche », valorisent la représentation politique, et donc la verticalité, et le leader dans « la construction du peuple ». Jean-Luc Mélenchon incarne une figure de leader de ce type. Plutôt que dépasser les rigidités centralistes de la forme parti, cela risque de les accentuer, dans une configuration ancienne repeinte en neuf. Le rôle de l’intellectuel critique, dans la gauche radicale, est donc aujourd’hui d’introduire du jeu par rapport aux croyances politiques, afin de donner des ressources favorisant l’autonomie des individus dans leurs engagements collectifs. Si cela pouvait faciliter au sein des Insoumis la part des « engagements distanciés » par rapport aux engagements dogmatiques, j’en serais heureux. Quant à moi, je préfère rester à l’écart critique, dans une zone de questionnement et d’expérimentation libertaire. ENTRETIENS RÉALISÉS PAR RÉGIS VLACHOS


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Nature, lecture, numérique La métropole Aix Marseille Provence lance un projet d’envergure autour de la lecture, appuyé sur les médiathèques communales, et les associations culturelles du territoire

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ecture par Nature veut proposer, aux jeunes générations en particulier, de retrouver le plaisir « naturel » de lire, en connectant la lecture avec les préoccupations écologiques. Choisir Bernard Pivot comme parrain de la manifestation est un signe de cette volonté de construire la métropole à l’échelle humaine : le plaisir de lire, les portes qui s’ouvrent, le bonheur de se sentir enrichi par la pensée de l’autre, absorbé par les mots, sont le credo réaffirmé de celui qui a donné l’amour de la lecture à tant de téléspectateurs par l’intelligence hebdomadaire de son rapport aux écrivains. Il jouera son spectacle Au secours les Mots m’ont mangé à Salon (le 24 octobre), Lambesc (le 25 octobre), La Ciotat (le 14 novembre), Aubagne (le 15 novembre) et Carry le Rouet (le 16 novembre). Mais le projet Lecture par Nature a d’autres ambitions encore : 13 propositions vont se déployer dans 60 communes, et animer le territoire chaque jour du 24 octobre au 18 novembre. Soit plus de 70 ateliers, spectacles, animations, conférences... proposés dans toutes les bibliothèques et médiathèques de la Métropole. Construire le territoire par la lecture ? C’est sans aucun doute une voie à explorer...

Ecrire, dessiner, lire, écouter Celle qu’a choisie Karwan, avec ses Cadavres exquis Métropolitains : un site dédié (cadavresexquismétropolitains.fr ) recueille les participations de ce projet collectif surréaliste (voir Zib’ 110). Les artistes Karelle Ménine et IPIN mèneront des ateliers pour choisir et donner une réalité graphique à ces inventions

Cadavres exquis © X-D.R, La phrase, Mons 2015

hasardeuses, qu’ils inscriront dans l’espace public, pour les rendre lisibles par tous. Ce projet d’envergure, qui suscite déjà de nombreuses participations, ouvrira ses ateliers le 31 octobre ; le résultat sera visible dans l’espace public autour des 6 bibliothèques élues... Les autres projets sont moins spectaculaires, même si certains reposent sur des spectacles. La « lecture augmentée » d’un conte est proposée par Zinc : il s’agira avec Louise Bulot de fabriquer des figures et de se former au « stop motion » (technique d’animation des objets), avant d’assister en tout petit comité à la lecture performée du conte japonais qui plonge au fond des mers. Stop motion encore avec Seconde nature : The Icebook, popup célèbre, sera « augmenté » de vidéos projections, en un après-midi d’ateliers et de spectacles. La Fabulerie propose un dispositif d’une autre virtualité, tout aussi technologique mais relevant d’un artisanat ésotérique : Hugues de Forticor, herboriste virtuel, guidera les explorateurs autour de carrousels numériques à la recherche d’une graine magique, qu’ils devront planter et regarder pousser.

le Citron Jaune en mettant en contact, pour leurs Duologos, un scientifique et un artiste qui travaillent sur le paysage... Quant à Opéra Mundi, spécialiste des sciences humaines (voir p12), ils invitent 6 chercheurs de haut vol (Jacques Tassin et Jean François Mauffrey, écologues, Gilles Boeuf, biologiste, Michel Lussault, géographe, Geneviève Michon et Francis Hallé, botanistes) à des conférences/abécédaires destinées aux enfants à l’heure du goûter, aux adultes à l’heure de l’apéro, autour d’ateliers philo et de confection d’affiches du vivant... Nature à lire, lecture naturelle ou sublimée, les médiathèques et les artistes vont faire fleurir les mots ! Un signe fort pour les débuts de la métropole Aix Marseille Provence qui, pour ses premières initiatives culturelles, a su mettre en place un dispositif innovant, écologiste et littéraire, en s’appuyant sur le savoir faire des associations culturelles de son territoire, et sur le réseau des bibliothèques ! À suivre !

Sciences du vivant

La Lecture par Nature 24 octobre au 18 novembre Bibliothèques et médiathèques de la Métropole Aix Marseille Provence Pour participer aux cadavres exquis : cadavresexquismetropolitains.fr Inscription aux ateliers et aux spectacles sur les sites des médiathèques

Les 13 projets retenus combinent de fait ateliers plastiques, lectures performées, contes, création numérique... Les Nouvelles Hybrides se distinguent en proposant aux adolescents de lire à haute voix et de créer des clips littéraires,

AGNÈS FRESCHEL


Franck Pourcel, Un regard sur l’étang (détail), tirage photographique argentique positif monochrome sur papier baryté, 2005, 26 x 39 cm.


12 événements

Le vivant en questions

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our la 3e saison de ses conférences, Opera Mundi a vu les choses en grand. Il fallait bien ça, au vu des éditions précédentes, qui ont rempli les salles du Frac Paca, de l’Alcazar, ou de la Bibliothèque Départementale 13 d’auditeurs passionnés. Le cycle de l’an dernier demandait Quel(s) monde(s) habiter aujourd’hui ? à toute une série de pétillants penseurs, de Baptiste Morizot à Barbara Cassin en passant par Valérie Chansigaud. Le paysagiste Gilles Clément avait dû annuler sa venue au dernier moment ; il sera là en février pour s’exprimer sur le thème 20172018 : Le vivant dans tous ses états. En bonne compagnie, puisque de fameux écologues, botanistes, philosophes, ou géographes ont répondu présent. Avec toujours bon nombre de femmes au programme, ce qui mérite d’être salué dans un secteur où elles sont bien trop peu sollicitées. Chez Opera Mundi, la parité n’est pas stricte, mais on invite, aux côtés de la tête d’affiche Bruno Latour, Anna Colin pour parler Des sorcières d’hier et d’aujourd’hui, une ethnobotaniste, Geneviève Michon, sur la réhabilitation possible des arbres et des forêts dans l’agriculture, ou la jeune et tenace anthropologue Nastassja Martin au sujet des chasseurs-pêcheurs d’Alaska (Instabilité des

mondes et -subversives- réponses animistes). Pour accueillir tout ce beau monde, le réseau s’est étendu à l’échelle de la Métropole Aix-Marseille-Provence : 6 médiathèques, en sus de la BMVR, recevront des conférences, assorties d’ateliers philo et de propositions jeune public. Notamment lors de l’événement culturel La lecture par nature (lire ci-contre), où Opera Mundi appelle à l’échange et au débat sur le thème de L’alphabet du vivant. GAËLLE CLOAREC

Opera Mundi, Marseille 07 82 41 11 84 opera-mundi.org

AU PROGRAMME DU MOIS

19 octobre (Frac, Marseille) : Les diagonales urbaines de nos dépérissements Un titre qui frôle la poésie pour ce sociologue observateur des zones périurbaines : Jean-Samuel Bordreuil s’appuie sur le travail photographique de Pascal Grimaud, exposé sur place. 28 octobre (Médiathèque de Miramas) : Penser

comme une plante ? À la découverte d’un nouvel être végétal L’écologue Jacques Tassin s’intéresse au regard porté par l’Occident sur le monde vivant, et invite à le déplacer, pour être « moins zoocentré, plus

phythocentré ». 31 octobre (Médiathèque La Passerelle, Vitrolles) :

La biodiversité, une histoire mouvementée Gilles Boeuf, biologiste et océanologue, reviendra sur les « 60 crises d’extinction, dont 5 majeures » traversées depuis l’apparition de la vie il y a 4 milliards d’années. 4 novembre (Bibliothèque de La Roque d’Anthéron) :

Le retour du vivant et ses nouvelles géographies

Une certaine idée de l’Occitanie

Garlic Face, Audrey Peinado et Sophie Maquin © X-D.R

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romouvoir une langue et une culture régionales, non pour défendre une identité figée dans un folklore ou une forteresse communautaire mais comme point d’ancrage pour s’ouvrir à la diversité du monde et tendre vers l’universel. Universel ne signifiant pas uniformisation. Ancrage non pas au sens de racines mais de lieu où l’on vit. Depuis 2001, l’Ostau dau País Marselhés milite pour cette vision de l’Occitanie qui va bien au-delà des frontières étriquées que s’est arrogée, en dépit

de toute réalité culturelle et historique, une région administrative nouvellement créée. Le territoire en question est bien plus vaste et va de l’Atlantique aux Alpes, de l’Auvergne à la Méditerranée, sur trois États européens actuels. « Nous ne sommes pas là pour faire du muséal mais pour expérimenter », explique Arnaud Fromont, ancien président de l’association, par ailleurs membre des groupes D’Aqui Dub et Mutacion Nacion. « C’est une démarche active, politique au sens premier du terme »,

complète son successeur Jacques Sorrentini. Soutenue par de nombreux artistes, à l’instar de Manu Théron ou Jagdish, l’Ostau lance cet automne la première édition de son propre festival, Le festival des 3 lunes. L’occasion d’exposer un échantillon de la culture occitane dans sa diversité artistique, son acceptation géographique et linguistique. Après une soirée à l’église Notre-Dame-du-Mont, dédiée aux chants sacrés et chansons profanes des pays d’Oc avec le duo Renat Jurié et Jean-Pierre Laffite, l’événement se poursuit les 13 et 15 octobre, à la Machine à coudre et au Jardin des chats (qui jouxte le conservatoire). La première de ces dates propose Mastrabelé, création au service d’un texte majeur de la poésie occitane contemporaine, écrit par Roland Pécout, auteur originaire de Chateaurenard. Une œuvre radicale et de transe, traditionnelle et post-industrielle, mise en musique et interprétée par le provençal Sam Karpienia au chant et le trio Kaardan, composé notamment du kurde Bayram Varsak


THÉÂTRE JOLIETTE

SAISON V 2017-2018

SCÈNE CONVENTIONNÉE POUR LES EXPRESSIONS CONTEMPORAINES

Francis Hallé dans la forêt tropicale © Tristan Jeanne-Valès

LENCHE+MINOTERIE

Le géographe Michel Lussault était déjà intervenu pour Opera Mundi en 2016 (à lire sur journalzibeline.fr). Il évoquera ici quelques paradoxes : par exemple l’effondrement de la biodiversité, qui coexiste avec la multiplication des espèces invasives... 8 novembre (Bibliothèque du Merlan, Marseille) : Un arbre

photo © Cie La Paloma

08 > 18 novembre TR UST

FA L K R I C H T ER / T H O M A S F O U R N EA U / C I E L A PA LOMA [Création / Cie en longue résidence]

tout neuf

WWW.THEATREJOLIETTE.FR

au daf. La dernière soirée invite encore à la rencontre, entre le duo féminin Garlic Face (voix, percussions et violons) et Samuel Bouchet, pour un incontournable balèti. Tout au long de l’année, l’Ostau veut « favoriser les pratiques » et donne rendez-vous dans son local de la rue de l’Olivier, à la Plaine, pour des cours de langue occitane dans sa déclinaison provençale, des conférences-débats, des ateliers et stages de chant, musique et danse, un ciné-club, bien entendu des concerts et même une bibliothèque. Ce trimestre, l’Ostau reçoit Christos Pavlis et Maria Kavanaki (influence rebetiko), Brahim Kallouche (chaabi algérois), les Statonells (musique expérimentale inspirée par l’Océan indien) ou le Trio Manou (musiques à danser occitanes). Une programmation cohérente avec les propos du président : « La culture occitane n’est pas meilleure qu’une autre. Elle existe et est un point de départ vers l’autre ». Et de rappeler que « dans un contexte de réductions des aides publiques, [leur] action est menacée alors qu’elle relève de l’intérêt général ». THOMAS DALICANTE

Le festival des 3 lunes, organisé par l’Ostau dau País Marselhés se poursuit les 13 et 15 octobre à la Machine à coudre et au Jardin des chats, à Marseille.

Une création de Aymeric Duchemin > adgraph.fr, inspirée de l’univers de Rémy Donnadieu

Francis Hallé, botaniste, défendra la thèse selon laquelle les végétaux, et notamment les arbres, sont des êtres intelligents.

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14 événements

Chambre d’échos

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our la deuxième fois de son histoire, la Fête du livre d’Aix-en-Provence porte l’intitulé Bruits du Monde. En 2012, un florilège d’écrivains, consciences vivantes du monde, veilleurs attentifs et clairvoyants était convié, observant et décelant les fêlures… En quelques années les fractures s’aggravent, les conflits, les guerres, les attentats ne laissent plus personne à l’abri, et l’on voit se renforcer les égoïsmes, le racisme, la xénophobie. Pas d’écrivain phare non plus cette année, mais un panel d’auteurs qui « par leur voix singulière, nous introduisent dans cette immense chambre d’échos, (et) exigent de nous […] un surplus d’attention, de conscience, d’engagement » affirme Annie Terrier, directrice des Écritures Croisées, qui avec une perspicacité sans cesse renouvelée sait réunir, fête après fête, des géants de la littérature, et par le jeu de débats, de rencontres, d’expositions, de lectures, de créations autour de leurs œuvres, donner au public de l’amphithéâtre de la Verrière de nouvelles clés pour comprendre les remuements du monde et des êtres. La diversité des voix permet d’appréhender avec davantage de pertinence le patchwork

Joseph Boyden © Benjamin Chelly

des multiples réalités qui nous entourent et nous constituent. Déjà présent lors de l’édition 2012 l’écrivain russe aux nombreuses identités, Antoine Volodine (aussi Manuela Draeger, Elli Kronauer, Lutz Bassmann),

père du post-exotisme, pratique la littérature « comme un art martial » ; il vient de publier aux éditions Verdier Black Village (voir Zib’110). On (re)découvrira trois autres auteurs : Dominique Eddé, écrivaine franco

Lire l’écrit

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’association Nouvelles Hybrides poursuit son travail de sensibilisation à la littérature contemporaine à l’occasion de rencontres avec des écrivains, de résidences de création, de lectures, de conférences, de formations. Les pratiques artistiques ou scientifiques se croisent avec celles du grand public, sondent les territoires de l’imaginaire, mais aussi le monde contemporain. Les régions du Sud Luberon, Val de Durance et Pays d’Aix se voient animées avec intelligence, découvrent auteurs et styles, et en affinent leur connaissance. Les Nouvelles Hybrides sont engagées dans la production, diffusion et formation de la lecture à haute voix qui tient une place essentielle dans cette approche. Le tout s’appuie sur un réseau de bibliothèques, d’associations, d’établissements scolaires et de structures locales. Tout au long de l’année, des textes des différents auteurs invités seront l’objet de lectures par des comédiens : Lis ta nature et Au

cœur des ténèbres par Stanislas Roquette, Rue Monsieur-Le-Prince par Raphaël France-Kullmann, 33 Leçons de philosophie par Jérémie Bédrune accompagné du trombone d’Yves Robert, enfin La danse de l’araignée par Pauline Huruguen. Sept auteurs partageront leur expérience d’écrivain : Philippe Pujol, Prix Albert Londres 2014, auteur de La fabrique du monstre et récemment de Mon cousin le fasciste (voir Zib 104 et journalzibeline.fr) ; Didier Castino et son dernier opus, Rue Monsieur Le Prince (voir Zib 105 et journalzibeline.fr) ; le « décravateur de concepts » et philosophe forain Alain Guyard, avec ses 33 Leçons de philosophie par et pour rd llima c© Coli bor Veli

- Ga elie C. H

les mauvais garçons ; Jean-Christophe Bailly et son Parti pris des animaux à propos desquels il crée le terme « pensivité » ; et trois auteurs qui, venus d’Argentine, de Moravie, de Bosnie, vivent en France et ont choisi d’écrire en français : Laura Alcoba, Velibor Čolič, Lenka Horňáková-Civade. On les retrouvera aussi lors d’une table ronde animée par Bernard Magnier, « Venir d’ailleurs, écrire en français » : exil de la langue maternelle ? Liberté conquise par l’emploi d’une « nouvelle » langue ?. Cette saison, deux auteurs


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MARYVONNE COLOMBANI

Fête du livre 13 au 15 octobre Cité du Livre, Aix-en-Provence 04 42 26 16 85 citedulivre-aix.com

seront accueillis en résidence. Y est observée la relation entre Écriture et Oralité : le texte est mis à l’épreuve de la voix, souvenir du « gueuloir » flaubertien ? Les auteurs sélectionnés par un comité de lecture consacrent au moins 70% de leur temps à la création, le reste étant accordé aux rencontres avec divers publics dont scolaires, lectures, ateliers… L’automne fêtera Stéphane Michaka, écrivain, traducteur, auteur de nouvelles radiophoniques, qui se plaît à décloisonner les genres, et arpente les frontières avec subtilité, comme dans Ciseaux, où l’on ne sait plus qui de l’éditeur, maître de la coupe, ou de l’écrivain aux phrases relâchées, insuffle leur talent aux textes. La fin de l’hiver (de janvier à mars) s’ouvrira à l’écriture de Pascale Petit, qui sait que Le parfum du jour est fraise, voit une équation dans un nénufar, et abonde la littérature de poèmes, romans, nouvelles, contes, dans une esthétique du décalage qui rend au réel ses significations oubliées. Prêts pour une année de découvertes littéraires ?

Rebecca Dautremer © Tonio Vega - Creative Commons

libanaise qui évoquait dans Kamal Jann, paru en 2012, les espoirs et désespoirs du Moyen-Orient, brosse dans son dernier ouvrage Edward Said, le roman de sa pensée (éditions La Fabrique) le portrait de l’universitaire palestino-américain en s’appuyant sur leurs échanges et leurs souvenirs communs ; la romancière syrienne Rosa Yassin Hassan, figure de l’opposition laïque de gauche a animé l’association féministe Des femmes pour une démocratie ; un seul de ses livres est traduit en français, Les Gardiens de l’air (éditions Actes-Sud Sindbad) ; enfin, l’auteur canadien Joseph Boyden, en résidence d’écriture à La Marelle en automne 2017, dont l’œuvre moult fois primée trouve ses racines dans le métissage de ses origines, irlandaises, écossaises et indiennes. Les entretiens seront menés par des écrivains, des journalistes, des universitaires, tous spécialistes et aux jugements aiguisés -Farouk Mardam-Bey, Anne Roche, Gérard Meudal, Raphaël Bourgois-, les lectures interprétées par Anne Alvaro et Jérôme Rigaut ; une soirée au théâtre des Ateliers offrira la lecture intégrale de Là-haut vers le nord de Boyden par Alain Simon et Noëlie Giraud. Les Écritures rendent hommage à leur ami le photojournaliste américain Stanley Greene par une évocation retracée par Nathalie Nougayrède et Nino Kirtadzé. Des films, un concert de jazz, l’exposition La Maison de Gustavo Giacosa, un ouvrage de Daniel Léger consacré à Véra Székely dont les « voiles » accompagnent les Écritures depuis 1994 sera aussi sur les tables des libraires… Trois journées intenses où plus que jamais la littérature est l’instrument le plus profond, le plus pertinent, le plus sensible pour aborder notre univers.

Des libraires pour sauver les lecteurs

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es libraires sont les passeurs essentiels, pertinents lecteurs, amoureux du verbe. Non, être libraire, ce n’est pas faire du commerce ! L’association Libraires du Sud en est un vivant exemple, et mène une action culturelle riche et stimulante. La saison des rentrées s’articule autour d’Automne en Librairies, avec la venue d’auteurs dans le réseau des librairies adhérentes (créée en 1998, l’association Libraires du Sud est un regroupement d’une soixantaine de librairies indépendantes en Région Provence-Alpes-Côte d’Azur). Expositions, discussions, ateliers, spectacles, constituent autant de rendez-vous permettant de rencontrer, découvrir des auteurs, des écritures singulières, dans toute la région. Cinq rendez-vous seront proposés avec l’auteure-illustratrice Rébecca Dautremer, et son approche originale à la gouache et à la mine de plomb. On rencontrera aussi Frédéric Cisnal qui nous fera plonger dans l’univers berlinois d’avant la chute du mur, par son livre Berlin avant la techno. Du post-punk à la chute du mur (éd. Le Mot et le reste) et des projections vidéos et sonores. Brigitte Giraud nous plonge dans la guerre d’Algérie vue à hauteur d’un « appelé » dans Un loup pour l’homme (éd. Flammarion). L’essayiste Hervé Kempf élabore un ensemble d’idées nouvelles, une « écologie pour éviter le chaos » dans Tout est prêt pour que cela empire (Seuil), et Guillaume Poix évoquera l’obsolescence programmée avec un récit qui se déroule dans une immense décharge au Ghana (Les fils conducteurs, éd. Verticales). Erwan Larher questionne l’écriture face aux balles avec Le livre que je ne voulais pas écrire (Quidam éd.). Ajoutez le film d’animation Kérity, la maison des contes de Dominique Monféry, les expositions Mes petits papiers de Rébecca Dautremer, Le Bois Dormant, « Balad, un voyage sans bagage » (album des illustrations de Walid Taher), la lecture théâtralisée de l’album Cyrano, la lecture performance de Nadège Prugnant, et deux revues, la toute nouvelle Aventures fondée par Morgan Navarro et en dégustation illustrée de gourmandise le 3e numéro de 12°5, Des raisins et des hommes… À nous les mots gouleyants ! M.C.

M.C.

Les Nouvelles Hybrides Divers lieux, Sud Luberon, Val de Durance et Pays d’Aix 04 90 08 05 52 lesnouvelleshybrides.com

Automne en librairies 11 au 14 octobre Diverses librairies, région PACA 04 96 12 43 42 librairie-paca.com


16 événements

Aimer la marionnette Le festival jeunesse En Ribambelle !, né à Marseille, prend de l’ampleur et essaime dans les Bouches-du-Rhône

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hez Zibeline, on le suit et on l’apprécie depuis ses débuts. Le festival des arts de la marionnette et de l’objet En Ribambelle ! n’a pas fêté son cinquième anniversaire (ce sera l’an prochain) qu’il est déjà devenu grand. En 2016, les salles étaient pleines à craquer au Théâtre Massalia et à La Criée, fondateurs de cette manifestation jeunesse unique en son genre, ainsi qu’au Mucem qui les avait rejoints. Devant un tel succès, la tentation était forte de dépasser les frontières marseillaises pour « prendre une dimension départementale » ; c’est la nouveauté de cette année. Pas moins de huit nouvelles structures -et non des moindres- se joignent à l’aventure : le Théâtre Comoedia à Aubagne, le Théâtre Fontblanche à Vitrolles, la Salle des Colombes à Trets, le Forum des Jeunes et de la Culture de Berre L’Étang, trois lieux de Scènes&Cinés (le Théâtre de l’Olivier à Istres, l’Espace Robert Hossein à Grans, et le Théâtre de Fos-sur-Mer), tandis qu’à Marseille le Théâtre Joliette-Minoterie (salle de Lenche) rallie le trio d’origine. La dilatation du festival n’est pas que géographique, elle sera aussi temporelle : sa durée se prolonge de dix jours, certains des spectacles au programme jouant successivement dans plusieurs villes.

Que voir, et où ? Douze œuvres « aux p’tits oignons », voilà ce qui attend les enfants dès l’âge le plus tendre. À commencer par les vraiment jeunes, qui à partir de 6 mois pourront suivre avec la Cie Zapoï la naissance d’un chaton et son exploration du monde (à La Criée). Basée sur le riche univers graphique de Magali Dulain, la pièce Chat / Chat est conçue en deux temps : des tableaux visuels et sonores, suivis d’une expérience sensorielle partagée avec les parents. Pour les deux ans et plus, des propositions variées : Elle est où la lune ?, un ciné-concert

Le Petit Bain de Johanny Bert © Jean-Louis Fernandez

dans l’auditorium Germaine Tillion du Mucem, qui en accueille régulièrement, ou Le Petit Bain, une œuvre hybride de danse-sculpture-théâtre au Massalia. Le premier est assuré par la Cie Mon Grand L’ombre, accompagnant un film d’animation en ombres chinoises, lui-même basé sur des haïkus écrits par Paul Claudel. La seconde est due à Johanny Bert, ravi de s’adresser à de très jeunes spectateurs et de fonder peut-être en eux des « bulles de souvenirs : une couleur, une lumière, un mouvement ou une sensation ». De bulles il sera vraiment question, puisque le spectacle est empreint des plaisirs de... la mousse du bain. Les 5-7 ans apprécieront, quant à eux, du théâtre d’objet ou des marionnettes, et parfois les deux à la fois ! Malfoutus (à Vitrolles, Trets et Grans) mêle ainsi les deux techniques, dans une histoire géniale tirée d’un livre de l’auteure et illustratrice jeunesse Béatrice Alemagna : un « Troué », une « Pliée », une « Renversée », un « Mou » et un « Raté » vivent en harmonie jusqu’au jour où apparaît un sixième protagoniste, désagréablement surnommé « Parfait »... À Marseille (Salle de Lenche et Massalia) et Fos, ils savoureront Les fenêtres servent-elles à regarder dedans ou dehors ?, un poème

visuel sur le temps qui passe et la fragilité des instants, par la Cie L’Arpenteur. Pour les plus grands, à partir de 8 ans, on ne saurait trop conseiller les croquignolets bricolages du Théâtre de Cuisine, vieux compagnon de route du Massalia (qui fête son 30e anniversaire cette année, voir p44). Notamment 20 minutes sous les mers, toute une série de mythes aquatiques... dans un aquarium. Ou encore le collectif libanais Kahraba, venu travailler dans l’argile la Géologie d’une fable (à l’Olivier, au Forum de Berre, puis au Mucem). Un regret ? Pas vraiment, mais s’il fallait absolument émettre une réserve sur cette ambitieuse 4e édition, ce serait que les programmateurs n’aient pas retenu de spectacle plus spécifiquement destiné aux adolescents. Car même si la plupart des œuvres sont visibles par tous, on sait que cette tranche d’âge apprécie les attentions particulières. GAËLLE CLOAREC

En Ribambelle ! #4 26 octobre au 18 novembre Divers lieux, Marseille, Aubagne, Vitrolles, Trets, Berre L’Étang, Istres, Grans, et Fos-sur-Mer festivalenribambelle.com


Jeune public

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aisser passer Les enfants d’abord quand il s’agit de sortir, c’est une bonne idée que mettent en pratique Les Théâtres lors de leur temps fort dédié à la jeunesse. Durant les vacances de la Toussaint, le Gymnase et les Bernardines à Marseille, le GTP et le Jeu de Paume à Aix-en-Provence, se répartiront quatre concerts-spectacles et une chorégraphie. On y entendra deux pièces de Raoul Lay, désormais rodé aux confrontations avec le jeune public, à travers le festival Grandes musiques pour petites oreilles porté depuis 2016 par l’Ensemble Télémaque. Avec ses musiciens, il donnera L’histoire de la musique moderne en 3 fois 22 minutes, spectacle ludique autant que pédagogique qui fait voyager les enfants à travers les instruments et les genres. Dans Babar for ever, il dirigera l’Orchestre de l’Opéra de Toulon pour accompagner le comédien Renaud Marie Leblanc dans l’Histoire de Babar, le petit éléphant de Francis Poulenc, puis dans Le voyage de Babar de François Narboni (créé l’an dernier). L’une et l’autre conviennent aux enfants à partir de 7 ou 8 ans, de même que Rock’n Chair, la proposition dansée interactive d’Arthur Perole. Dans cette dernière, les petits spectateurs sont invités à opérer un choix stratégique sur l’évolution des artistes, au rythme des airs psychédéliques des Doors (retrouvez la critique de ce spectacle dans Zibeline 106 et sur journalzibeline.fr). Zorbalov et l’orgue magique de Yanowski emmènera les plus jeunes -à partir de 5 ans- sur les traces d’un acrobate à qui une mystérieuse sorcière offre la possibilité de faire apparaître tout ce qu’il veut avec de la musique. Quant aux enfants un peu plus âgés (dès 9 ans), ils auront le plaisir de découvrir Vingt mille lieues sous les mers dans la version des Percussions Claviers de Lyon. Jules Verne aurait déclaré « je n’aime que la liberté, la musique et la mer », tandis que Claude Debussy, selon Charles Baudelaire, se plaisait à composer des « magies liquides ». Les deux artistes se retrouvent liés ici, en compagnie de Paul Dukas, Albert Roussel, et Camille Saint-Saëns. G.C.

OCTOBRE théâtre - danse

JEU. 12 VEN. 13

L AT E N I G H T Blitztheatregroup

« Une valse poétique sur la désolation du monde fracassé par la crise. » Les Inrocks « Les enfants de Godard et de la crise grecque. » La Croix

NOVEMBRE 1 ères de création théâtre

MAR. 7 MER.8

LE ROUGE ÉTERNEL DES COQUELICOTS François Cervantes C i e L’ e n t r e p r i s e

Les enfants d’abord 22 octobre au 4 novembre Gymnase, Bernardines, Marseille GTP, Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net Zorbalov et l’orgue magique © Victor Tonelli

Nouvelle épopée de François Cervantes dans le grand Nord de Marseille : le témoignage d’une femme d’origine kabyle sur son parcours de vie. Un récit porté sur scène par Catherine Germain, accompagnée d’un choeur d’habitants.

infos & réservations > avenue Raimu, Marseille 14e > 0 4 9 1 1 1 1 9 2 0 / w w w. m e r l a n . o r g


18 événements

Carrément vivant !

Rendez-vous désormais très attendu, Carrément à l’Ouest signe la fin de l’été à Port-Saint-Louis

C

réée il y 9 ans par le Citron Jaune et Scènes&Cinés, la manifestation Carrément à l’Ouest fait de la rue un immense terrain de jeu où certaines compagnies terminent leur tournée d’été (Garniouze Inc., Zirkus Morsa et la Cie Claudio Stellato) et d’autres proposent de toutes nouvelles créations (Juhyung Lee et Ets Dynamogène). Cette année, le 14 octobre de 11h à 23h, c’est l’Avenue du port (avec des échappées dans les rues adjacentes) qui sera remodelée, étrangement visitée et envahie, avant la clôture, autour d’une table et en musique, au Citron Jaune ! L’Orgarêve et ses joyeux nuages (Théâtre de la Toupine) donne la marche à suivre (à partir de 11h), avec son orgue extraordinaire fait de 48 tuyaux pour cors des Alpes, piano mécanique, accordéon, cloches de vaches, bouteillophone et batterie ! Cette machine à rêves n’est autre qu’une vieille Citroën C3 déstructurée, transformée en manège écologique « à propulsion parentale » (avis aux intéressés !), perchée en apesanteur et qui propose aux plus jeunes un voyage hors du temps. Dès le début de l’après-midi le rythme

La Cosa, Cie Claudio Stellato © Massao Mascaro

s’accélère, avec des propositions alléchantes et intrigantes à découvrir. Le jeu de société de Bertrand Boulanger (Cie Bigre), dyslexique et grand amoureux de l’étymologie, basé sur les règles du Scrabble, chatouillera votre imaginaire et créativité lexicale : l’Ouscrapo (Ouvroir de Scrabble Potentiel, ou Poétique) permet la fantaisie la plus débridée, où l’on

ne gagne rien si ce n’est le plaisir de jouer ensemble… inestimable ! ; à peine le temps de souffler que Christophe Lafargue, alias Garniouze, retracera dans son monologue Je m’appelle un siècle de guerres économiques mondiales. Sur le texte éponyme d’Enzo Cormann, il est tour à tour mineur, ouvrier, cariste, employé saisonnier agricole ; des

hTh en 3D Une des pionnières du netart, l’écriture en réseau. No-one is an island, création de Juan Navarro et Ignasi Duarte, parvient à faire cohabiter une réalité virtuelle (conçue par Ferdy Esparza) avec une intervention artistique en direct. Les deux temporalités se télescopent, au cours d’un récit qu’on pourrait qualifier de

classique, inspiré d’une nature futuriste, s’il n’était pas promis à évoluer en fonction des réactions singulières liées à l’usage du virtuel. Très sensitive, la proposition de N.U Collectif (A few seconds after darkness) plonge le spectateur dans un monde sculpté par la lumière et le son. Un environnement abstrait pour une expérience très physique, éprouver ensemble ce moment fugace où la lumière jaillit dans le noir. Réflexion sur le travail à la chaîne, Manu/ Factory (Transforma, Berlin) allie vidéo en direct, danse et son. Une histoire intime des travaux manuels, entre artisanat et production industrielle, rejouée par des corps chorégraphiés. Les No One is an Island, Juan Navarro et Ignasi Duarte © X-D.R

L

e Mèq Festival est directement issu des travaux accomplis tout au long de l’année dans l’antre du laboratoire de création numérique d’hTh. Deuxième édition de ce creuset de la recherche technologique et artistique, il propose une entrée dans ce monde encore fermé, plein des mystères de la nouveauté et parfumé à l’invention : le numérique abordé à la fois comme outil et inspiration pour les artistes, média toujours à réapprivoiser, en mutation permanente. Cette année, les performances, conférences, installations et créations vidéo sont pour la plupart des productions maison, créées par ou en collaboration avec le labo d’hTh. Annie Abrahams débutera le programme au cours d’une conférence performative : « Qu’est-ce et pourquoi Agency Art ». Elle s’attache depuis des années à sonder le comportement humain. Démarche anthropologique, qu’elle applique à travers la vidéo, la performance, l’écriture, et bien sûr Internet.


Santa Madera citoyens en lutte quoi qu’il arrive, dont les vies ont été façonnées par le labeur, et dont les portraits interrogent les luttes à mener ou poursuivre encore de nos jours ; quelques mètres plus loin deux personnages, munis d’une planche en bois et d’un rouleau vont se rencontrer et chercher à créer un équilibre commun… même précaire (Zirkus Morsa). Les portés acrobatiques scelleront leur complicité et leur collaboration, pour trouver comment faire avec la fin d’un monde programmé pour demain. En fin d’après-midi le chorégraphe Claudio Stellato mettra quatre acrobates face à quatre stères de bois. Ces bûches nombreuses et encombrantes vont leur permettre de construire ou déconstruire des formes, mettre leur solidarité à rude épreuve avec force jonglages et équilibres… En résidence au Citron, Juhyung Lee commencera la construction de sa performance C’est pas là, c’est par là à 14h, une installation faite de fils entremêlés, à découvrir. Notons qu’il présentera une suite de cette création aux Envies Rhônements en 2018. Enfin, les Etablissements Dynamogène, accueillis en résidence en 2018, présenteront en fin de journée des extraits de leur nouvelle création, Encore raté !.

MERCREDI 11 OCTOBRE À 19H30

©Christophe Raynaud de Lage

CIRQUE - ROUE CYR

MARDI 10 OCTOBRE À 20H30

conception et interprétation

Juan Ignacio Tula et Stefan Kinsman

Un mouvement fait de gestes plus géniaux les uns que les autres, traduisant une inventivité de tous les instants pour offrir un spectacle bourré d’émotions et de plaisirs. Le Dauphiné Libéré

DOMINIQUE MARÇON

www.theatre-arles.com / 04 90 52 51 51

gestes filmés et amplifiés par la prise de son alimenteront la composition musicale de Sasha Ring. Alan Warburton ouvre un nouveau champ au pays des images de synthèse. Monsters in the wilderness compile une sélection de courts-métrages (60 mn) et érige le grotesque numérique comme révélateur de desseins politiques et économiques. L’auteur, artiste spécialisé en création 3D, travaille pour MTV, Sony, Google, Disney… Il nous présente son envers du décor. Il y aura aussi beaucoup de sons dans le hall d’hTh : Dj set de Vicent Fibla, curateur et musicien, The suicide of western culture des catalans TSOWC, performance musicale qui promet d’être furieusement incarnée par des corps et en vrai, Martin Messier et Anne Thériault font voler en éclats les objets dans Con Grazia au cours d’une « hécatombe musicale, ode inquiétante à l’agonie du monde matériel ». Mèq Festival explore la tension entre l’hyper présent de la scène et le temps démultiplié de la technologie.

31 oct > 20h

MÂCHE MOULTAKA

Christian Hamouy, Raphaël Simon percussions /// Victoria Harmandjieva piano /// Ensemble Musicatreize /// Roland Hayrabedian direction

Zad Moultaka Sept variations sur un Mouwachah /// La Scala del cielo • Maurice Ohana Cinq préludes pour piano • François-Bernard Mâche Invocations (création mondiale) /// Danaé

ANNA ZISMAN

Mèq Festival, festival international d’art numérique performatif 12 au 14 octobre Domaine de Grammont, Montpellier 04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr

Salle Musicatreize, 53 rue Grignan 13006 Marseille 04 91 00 91 31 • reservations@musicatreize.org

La belle équipe - 2017 - c.planche

Carrément à l’Ouest 14 octobre Avenue du port, Port-Saint-Louis-du-Rhône 04 42 48 40 04 lecitronjaune.com / scenesetcines.fr


20 événements

Nouvelles expositions et reprise des cycles au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée

Balle au Mucem Cours, séminaires et cinéma

A

venturiers des mers (Méditerranée-Océan Indien, VIIe-XVIIe siècle) s’est terminée le 9 octobre, mais vous avez jusqu’au 13 novembre pour voir Document bilingue (lire notre critique sur journalzibeline.fr). La nouveauté de l’automne au Mucem, c’est une grande exposition temporaire consacrée au football, cet univers impitoyable qui place le sport dans une position tendue entre politique et économie, mais fait néanmoins –ou d’autant plus ?- résonner les stades de clameurs enthousiastes. Nous sommes foot commence le 10 octobre par une journée portes ouvertes, pour s’achever le 4 février 2018. Du 21 au 28 octobre, une semaine de programmation annexe enrichira les visites de projections (de documentaires et fictions, lors du week-end Les fous du stade, en hommage au Mouloudia Club d’Alger et à l’Olympique de Marseille), contes (des histoires vraies récoltées lors de matchs par François Thomazeau), lectures, et d’une rencontre du cycle Le temps des archives animée par Emmanuel Laurentin avec l’historien Stéphane Mourlane et Pape Diouf, ancien président de l’OM. Le Mucem, partenaire de la Semaine de la Pop Philosophie (lire p8 et 9), accueille également une conférence de Robert Maggiori, La croyance, le ballon et la foi. Les enfants quant à eux auront l’occasion de

Le Mucem prépare longuement à l’avance ses futures expositions, en les nourrissant de réflexions menées par des chercheurs en sciences humaines. Pour alimenter Le temps de l’île, prévue en 2019, un séminaire consacré à la question insulaire dans toutes ses dimensions débute le 13 octobre (entrée libre, sur inscription : i2mp@ mucem.org). Le même jour aura lieu un colloque sur les Itinérances maritimes en Méditerranée, du Moyen-âge à la première modernité. Parmi les nombreuses rencontres accueillies cet automne au musée, on notera particulièrement celles, « indisciplinées », qui cherchent à nouer des liens entre Chambre de supporteur, 2017, mucem © Mucem, Yves Inchierman recherche scientifique et pratiques suivre un « Classico des minots », en équipe artistiques. Les 9 et 10 novembre, ce sera et avec un guide-arbitre. Ils pourront ensuite La position du chercheur, une collaboration débriefer leurs performances au Café des entre le Mucem, l’EHESS, et l’École Supérieure petits supporters, un espace qui leur sera d’Art et de Design Marseille-Méditerranée. réservé dans le Forum. Tous les jours du 22 Autre opportunité, les Cours en régions de au 28 octobre, les conteurs de La Baleine l’École du Louvre ont débuté, avec plusieurs qui dit Vagues, Jean-Michel Hernandez cycles au choix. En octobre et novembre, et Ghislain Papin, les régaleront d’histoires on pourra ainsi s’intéresser à Francisco de sportives, portant aussi (parce qu’il n’y a pas Goya, ou s’initier à l’histoire générale de l’art que le foot dans la vie !) sur le cyclisme, le en Europe, de la Préhistoire au Moyen-âge rugby, et bien d’autres activités. Notez que (tarifs et inscriptions au 01 55 35 19 23 ou le Festival jeunesse En Ribambelle ! (lire cours.regions@ecoledulouvre.fr). p16) revient au Mucem pour trois spectacles, Les 8, 9 et 15 octobre, ce sont les Rencontres mais aussi un atelier quotidien du 29 octobre Films Femmes Méditerranées qui donnent au 5 novembre, Le secret de Polichinelle, et rendez-vous à l’Auditorium Germaine Tillion (à plusieurs visites des collections de marion- lire dans Zib’110 et sur journalzibeline.fr). Le 16 nettes du musée au Centre de Conservation octobre, on ne manquera pas l’avant-première et de Ressources à la Belle de Mai. du film d’Yvan Butel consacré à l’historien L’autre grande exposition à venir portera sur le Patrick Boucheron. Conjurer la peur brosse Roman-Photo, du 13 décembre 2017 au 23 avril une fresque magistrale du XIVe siècle italien 2018. De « petites mythologies sentimentales » à nos jours, comme le professeur au Collège peu habituées des cimaises, qui firent pourtant de France en a le secret. GAËLLE CLOAREC florès dans la seconde moitié du XXe siècle et permettent selon Frédérique Deschamps et Marie-Charlotte Calafat, les commissaires, « une relecture originale de l’avènement de Mucem, Marseille la société de consommation et de l’évolution 04 84 35 13 13 mucem.org des mœurs ». Certains aspects de critique Comme au Mucem, notre traversée sociale et politique y seront traités ; de même webradiophonique mensuelle du musée, a que le sous-genre érotico-pornographique, repris sur journalzibeline.fr, avec sa Chronique dans une salle interdite aux moins de 18 ans. des libraires et de nombreuses interviews !


Informations et programme sur www.grainsdesel.aubagne.fr

illustration de Ilya Green


22 événements

Centenaire

L

e 26 février 1917 le premier enregistrement d’un disque de jazz était effectué à Chicago par l’Original Dixieland Jazz Band, Livery Stable Blues. La même année, naissaient Henri Salvador, Ella Fitzgerald, John Lee Hooker, Thelonious Monk, John Birks, et débarquait à Brest le premier brassband dirigé par James Reese, venu à bord du Pocahontas. L’édition 2017 de Jazz sur la ville, la 11e, célèbre en écho le centenaire de la naissance du jazz, sans compter les 50 ans de la mort de John Coltrane en 1967. Plus de 70 évènements, 40 structures, et quelques 200 musiciens pour nous transporter de Marseille à Vitrolles, d’Aix-en-Provence à Nice, Avignon, Arles, Forcalquier, Hyères, La Ciotat, La Seyne-sur-Mer, Martigues, Port-de- Bouc, Rousset, Saint Maximin-la-Sainte-Baume, Salon-de-Provence, Berre… aux côtés des six associations marseillaises fondatrices, des 34 associations basées à Marseille, à Aix-enProvence et Vitrolles. Concerts, expositions (Pochettes d’albums jazz : les incontournables, du 6 novembre au 3 décembre au Cri du Port, Dizzy Gillespie : 100 ans de jazz, du 7 novembre au 2 décembre à la BMVR

par Michel Antonelli), rencontres, ateliers (Jazz et polar, pour les enfants de 7 à 14 ans, les 11 et 12 novembre au Non-Lieu), contribuent à l’ampleur et l’originalité de cette manifestation, chapeautée par le collectif Jazz sur la ville et son président, Michel Antonelli. Festival innovant de par son esprit d’ouverture, son ampleur sur tout un territoire, il sait aussi être accessible à un large public populaire. La programmation est d’un éclectisme rare et cosmopolite grâce à un soutien international, lié à la reconnaissance de son indéniable qualité.

Thelonious Monk, 1947 © William P. Gottlieb

Alcazar), projections de documentaires (Thelonious Monk Straight, No chaser de Charlotte Zwerin, le 8 novembre à la BMVR Alcazar) et courts-métrages, conférences (Jazz Hot – La revue internationale du jazz

MARYVONNE COLOMBANI

6 novembre au 3 décembre Divers lieux, Région PACA jazzsurlaville.fr

Fous de cinéma muet de l’agglomération TPM. Le sujet, qui se prête volontiers à différentes exploitations sur le plan scénaristique a engendré cinéma d’angoisse, mais aussi dramatique, voire comique, ou tout simplement expérimental. Dans ces conditions, cette édition du FiMé nous propose donc de redécouvrir un panel représentatif de ces pépites cinématographiques avec, tradition oblige, un échantillon non moins idiomatique de musiques improvisées ou écrites accompagnant ces réalisations filmiques. Les fiancées en folie, film de Buster Keaton © Splendor fims L’ouverture se tiendra cette our sa 13e édition, le Festival Inter- année au Théâtre Liberté, à Toulon, avec national des Musiques d’Écran une création autour de La Passion de Jeanne propose aux amateurs du 7e art de d’Arc de Carl Theodor Dreyer par l’ensemble s’immerger dans les chemins sinueux de la Les Voix Animées sur une composition de folie en distillant ses soirées sur l’ensemble Christophe Demarthe (10 novembre) : nul

P

doute que les talents expressifs des chanteurs seront mis à profit pour une approche de la folie dans ses aspects les plus tragiques. Le lendemain, le cinéma toulonnais Le Royal accueillera la musique électronique hypnotique et envoûtante du DJ producteur Joakim sur La Chute de la maison Usher de Jean Epstein adapté de la nouvelle fantastique éponyme d’Edgard Allan Poe. Le 12 on pourra se délecter d’improvisations pianistiques sur Cauchemars et Superstitions de Victor Fleming à la Salle Jean Moulin à Ollioules par un élève de la classe de Jean-François Zygel. Le Théâtre du Rocher, à La Garde, accueillera la schizophrénie clinique du Dr. Jekyll and Mr. Hyde de John Robertson, enveloppée des fulgurances rock et bruitistes de Zone Libre et de son célèbre guitariste Serge Teyssot-Gay qui nous avait déjà embarqué dans des explorations singulières avec son groupe interzone à Châteauvallon. Le 16, il ne faudra pas non plus manquer la singularité expressionniste, voire surréaliste, d’Une Page Folle de Teinosuke Kinugasa dans


AU PROGRAMME DU MOIS

29 octobre, à La Mesón Ultra Light Blazer/ Big Butt Foundation 6 novembre, à La Cité de la Musique Kirke Karja Quartet 7 novembre, à l’IMFP de Salon Sébastien Germain Trio 8 novembre, à l’Hôtel C2 de Marseille Hot Antic Jazz Bandà 9 novembre, à L’Espace Julien Jonny Lang 10 novembre, à La Mesón Vinx & Lee Payne 10 novembre, au Théâtre Le Sémaphore de Port-de-Bouc Sarah McKenzie Quartet (voir p56) 10 novembre, au Petit Duc à Aix-en-Provence Cathy Heiting Trio 11 novembre, au Cabaret Aléatoire Blitz The Ambassador 11 novembre, au Forum Nice Nord Christian Scott 11 novembre, à la Cité de la Musique Lalo Zanelli & Ombu

l’écrin arty de la piscine de la Villa Noailles à Hyères où l’Ensemble Polychronies donnera à entendre une création pour deux percussions, flûte et récitant (en référence au benshi japonais utilisé à l’origine) de Kasuko Narita sur un livret original de Jacques Keriguy, d’après le roman inachevé de Kawabata, co-scénariste du film. À La Valette-du-Var, le 17, le Théâtre Marelios projettera La Volonté du Mort de Paul Leni accompagné par le duo de cordes L’inquiétant suspendu pour une soirée de frissons vibratoires. L’Opéra de Toulon accueillera lui aussi cette année une création sur une composition originale d’Hugo Gonzalez-Pioli qui dirigera lui-même la phalange de la maison sur Les fiancées en Folie de Buster Keaton pour un moment festif et joyeux !. La clôture du Festival se tiendra cette année, le 19, à l’Espace des Arts du Pradet où couleront Les larmes du clown de Victor Sjöström accompagnées par le Gaël Mevel Trio. Serez-vous prêts à plonger ? ÉMILIEN MOREAU

FIMÉ 10 au 19 novembre Toulon, Ollioules, La Garde, La Valette, Hyères 07 81 26 26 11 fimefestival.fr

Bérénice Bejo Charles Berling Éric Lacascade Patrice Thibaud

Philippe Caubère Jean - Pierre Vincent Katie Mitchell • Olivier Py et bien plus encore ... R E TRO U V EZ TO UTE L A SA IS O N 2 017-2 018 L E S T H E AT R E S . N E T 0 8 2 0 13 2 013 (0,15 € T TC/min)

L e Gy m na se – 3 rue du Théâtre Français 13001 Marseille


24 événements

Ouvert pendant les travaux La 26e édition de la Fiesta des Suds se tiendra à Marseille dans un Dock des Suds à l’espace chamboulé. Situé au cœur du projet Euromed 2, le Dock doit s’adapter à la mutation du quartier. La scène de concert à ciel ouvert, connue des habitués, n’est plus qu’un vaste chantier, mais la musique en plein air sera bel et bien présente. Bernard Aubert, l’un des initiateurs de l’événement, nous parle de ces 26 ans de Fiesta, du présent et du futur Zibeline : Comment est née l’idée de la Fiesta des Suds et imaginiez-vous alors une telle longévité ? La Fiesta est née certainement autour d’un bar. Nous étions quelques-uns, d’horizons très divers, à nous dire « il nous manque un événement culturel à Marseille ». Alors on a tenté le coup. Et dès la première année, aux anciens docks de la Joliette, ça a été une réussite. Signe que ça correspondait à une demande, à une attente. Mais à Marseille, c’est difficile de tenir 26 ans. Si on y parvient, c’est aussi car on pose des questions pertinentes. Quelle est la place du culturel dans la restructuration d’une ville ? Qu’est-ce qu’on fait des bâtiments à l’abandon ? On est passé par les anciens docks, devenus un centre commercial, puis le J4, devenu le Mucem. On a donc montré à cette ville qu’on réussit un événement, qu’on le réalise dans des lieux emblématiques. Et l’enjeu actuel que connaît la ville, en particulier ici, dans le périmètre entre la Joliette et l’Estaque, on a l’a posé en créant ce festival. Peut-être faudrait-il que ce soit mieux relayé du point de vue politique. Quel est justement le soutien des politiques, en particulier du point de vue financier ? On a constaté que si on n’arrive pas avec un peu de financement privé, les politiques ne s’intéressent pas vraiment à nos projets. Avant

Amadou & Mariam © Hassan Hajaj

la première édition, un élu d’importance nous avait prédit l’échec. Il manque de visionnaires parmi les décideurs politiques de cette ville. Nous avons contourné cet immobilisme et aussi les guéguerres de personnes et de partis, d’abord grâce aux fonds privés. Aujourd’hui, on est dans une répartition de financement 1/3 de privé, 1/3 des collectivités et 1/3 des spectateurs. Dans la part du financement public, le grand absent, c’est la ville, qui participe à une hauteur infime. La subvention principale pour la Fiesta vient du Département. Le chantier Euromed 2 impacte le Dock. Avez-vous envisagé de quitter le lieu ? Pour cette année, on a trouvé une solution, en installant la scène ouverte sur une partie du parking. Pour les prochaines éditions, on est encore dans l’incertitude. Il se peut qu’on organise la Fiesta ailleurs pour un ou deux ans. Mais l’intention est de revenir ici au terme du chantier. Etes-vous consultés sur les projets immobiliers ? Très peu. On va sans doute faire partie d’une commission, mais on n’est pas vraiment associé au processus. C’est dommage car nous avons des idées. C’est sans doute encore un manque de vision de ce qu’est la ville à long terme. Nous, on est là. Une grande partie de l’investissement a déjà été fait. Il pourrait donc y avoir quelque chose à développer et tisser des partenariats. Ce n’est pas encore le cas.

Comment s’annonce cette édition 2017 ? Elle sera tournée en particulier vers l’Afrique, notamment avec le mélange qui se joue en ce moment entre la musique traditionnelle et le hip-hop. L’organisation de l’espace sera très différente, les gens vont se promener dans des labyrinthes de pièces et de salles. Ça va être une surprise étonnante, il faut venir ! PROPOS RECUEILLIS PAR JAN-CYRIL SALEMI

Fiesta des Suds 18 au 21 octobre Dock des Suds, Marseille 04 91 99 00 00 dock-des-suds.org/fiesta2017

AU PROGRAMME Ouverture comme de coutume par la Fiesta des Minots, le 18 octobre, avec ateliers, spectacles et boum. Première date en soirée le 19, avec MHD, emblématique représentant de l’afro-trap (rap mêlé de musiques traditionnelles africaines) ou Amadou & Mariam, et leur son de balade pop. Tendance hip-hop le 20, avec les rappeurs Bigflo & Oli, et la touche électro de Chinese Man. Clôture le 21 avec le blufunk de Keziah Jones, deux DJ de la scène sud-africaine, Spoek Mathambo et Mo Laudi ou la cumbia fusion colombienne de Puerto Candelaria.


RENCONTRES PENSER LA MÉDITERRANÉE DES DEUX RIVES

16 — 19 NOV. 2017

M A R S E I L L E , T H É ÂT R E D E L A C R I É E

QUELS CHEMINS POUR LA LIBERTÉ ?

24 e ÉDITION WWW.RENCONTRESAVERROES.COM CONCEPTION THIERRY FABRE PRODUCTION ET ORGANISATION DES LIVRES COMME DES IDÉES

PHOTOGRAPHIE © KAMEL MOUSSA GRAPHISME STUDIO PETROFF

TABLES RONDES — RENCONTRES CONCERT — CINÉMA — LECTURE


26 événements

Croisements cinématographiques

C

ette année fête les trente ans du Cinéma 3Casino de Gardanne et les vingt-neuf ans de son Festival d’Automne, plus que jamais sous le double signe de la qualité et des croisements de genres, d’histoires, de géographies, d’auteurs, de metteurs en scène, de réalisateurs. Le cinéma lui-même, chuchote-t-on, serait à un croisement de son existence, avec la perspective de grands changements très prochainement… La désormais mythique salle 1, fermée depuis de longues années rouvrira-t-elle ? Évènement non hypothétique, le festival d’automne, qui du 20 au 29 octobre offre une programmation riche et variée, comptant quinze avant-premières, lesquelles seront en compétition pour les prix du public. On pourra aussi aborder la forêt de propositions en se spécialisant dans des cycles thématiques, « Cinéma et peinture », « Chemin de vie », « histoires et Histoire », « Cinéma et cinémas », ce dernier cycle donnant à voir ou revoir Cinéma Paradiso de Tornatore en version restaurée… Carte blanche sera donnée à Denis Côté présent au Festival l’an dernier et qui avait séduit le public par ses propos et ses œuvres ; on se

Sicilian Ghost Story, de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza © Jour2fête

souvient de la fin terrifiante de Vic+Flo ont vu un ours ou de l’étrangeté de Boris sans Bérénice. Il choisit de partager trois films qui témoignent de la pugnacité du cinéma québécois : La bête lumineuse de Pierre Pernault, Manoir de Pier-Luc Latulippe et Martin Fournier, puis Le météore de François Delisie. Invité d’honneur de cette édition, le réalisateur Emmanuel Gras

-auteur, entre autres, de 300 hommes, Être vivant, Bovines ou la vraie vie des vaches, et du formidable documentaire Makala, qui a remporté le Grand Prix Nespresso de la Semaine de la critique (Cannes 2017)- sera présent le 26 octobre. Ses films traitent de sujets de société contemporains ; leur parti pris formel, l’attention à l’image, leur permettent de dépasser le cadre des sujets ancrés dans la

Rendez-vous ibériques signe de l’audace d’un réalisateur qui aime bousculer les genres et les codes. Après le tauromachique et poétique Blancanieves (2013), film muet en noir et blanc, Abracadabra (qui ne sortira sur les écrans français qu’en janvier 2018) mêle drame amoureux, comédie Abracadabra, de Pablo Berger © Version Originale - Condor

A

bracadabra : c’est par cette formule magique, adoptée par Pablo Berger pour titrer son 3e long métrage, que s’ouvrira le 9 novembre au cinéma Le Prado la 16e édition de CineHorizontes, le Festival de cinéma Espagnol de Marseille. Une ouverture sous le

fantastique, thriller psychologique. Antonio della Torre y incarne un macho « de base » qui, à la suite d’une séance d’hypnose, va se révéler autre, faisant naître chez sa femme (Maribel Verdú) incrédulité et espoir. Jusqu’au 17 novembre, à Marseille et dans 6 villes de la Région, le festival, au fil de ses diverses compétitions -fictions, documentaires et courts métrages- offrira aux aficionados bien d’autres inédits et avant-premières ! Découverte de la production cinématographique récente d’une part et de l’autre, retour sur l’histoire du cinéma espagnol dans l’Histoire avec un cycle spécial réunissant les grands films emblématiques de la pré puis post transition démocratique, intitulé « Liberté, libertés / 1970-1980 : du cinéma contre Franco au cinéma sans Franco ». Ainsi le 9 novembre, on retrouvera le documentaire de Basilio Martín Patino : Cancionés para después de una guerra (1976) qui, par le recours aux chansons populaires d’après guerre, donne


réalité actuelle, pour les faire entrer dans la littérature du cinéma. Seront aussi invités Kaouther Ben Hania pour La belle et la meute, film d’ouverture du Festival, Philippe Hagué avec Sans Adieu, Laurent Cantet (Palme d’or en 2008 pour Entre les murs) avec L’atelier, Éric Caravaca (Carré 35), Arthur de Pins (Zombillénium), Fabienne Deschamps (Isola), Nicolas Giraud (Du soleil dans mes yeux), Clara et Laura Laperrousaz (Soleil Battant), Jean-Baptiste Thoret (We Blew it). C’est désormais une tradition, le festival accueille un ciné-concert, Au Bonheur des dames de Julien Duvivier, accompagné par le piano de Jacques Cambra. Bien sûr, rituels, les votes pour les films en compétition accorderont les divers prix du Festival, dont celui décerné par le jury Jeune. Une sélection destinée au jeune public nourrit comme chaque année les imaginaires grâce à des œuvres dont les sujets, par la manière de les aborder, leur graphisme, ne bêtifient jamais. On y apprend la tolérance, la douceur, la parole, éléments dont nous avons « plus que jamais besoin, souligne Cerise Jouinot, directrice du cinéma, pour voir le jour se lever vers d’autres lendemains ». Est-ce pour cela qu’en film de clôture sera projeté le troublant Sicilian Ghost Story de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza ? MARYVONNE COLOMBANI

Festival cinématographique d’automne 20 au 29 octobre Cinéma 3 Casino, Gardanne 04 42 51 44 93 cinema3casino.fr

aux images censurées un sens nouveau. Retour également sur les 36 ans de carrière du réalisateur-scénariste-producteur Fernando Trueba, invité d’honneur de CineHorizontes, auquel sera rendu un hommage spécial. Retour aussi sur l’œuvre du cinéaste-mimepoète-acteur franco-chilien Alejandro Jodorowsky, un jeune homme de 88 ans, qu’on pourra rencontrer au cinéma Les Variétés et à la BMVR Alcazar, durant le traditionnel week-end prélude au festival des 4 et 5 novembre, organisé en collaboration avec Cinépage. Le regard sur le cinéma d’Amérique latine se portera cette année sur Cuba, occasion d’une soirée festive, cinématographique, gastronomique et musicale. Parmi les nombreux invités, notons José María (scénariste de El fin de ETA ), Miguel Ángel Rosalès (réalisateur de Gurumbé), Mikel Rueda, réalisateur de Nueva York. Quinta Planta) et la marraine de l’édition 2017, une des Julieta d’Almodovar : Emma Suárez. Des rendez-vous immanquables ! ÉLISE PADOVANI

CineHorizontes 9 au 17 novembre Divers lieux, Marseille et Région Paca 04 91 08 53 78 cinehorizontes.com


28 événements

Rendez-vous africain

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I am not a witch, de Rungano Nyoni © Pyramide distribution

u 10 au 17 novembre, Apt s’anime avec les images et les sons de l’Afrique grâce à la 15e édition d’Africapt. 15 pays seront au rendez vous dont ceux situés au sud du Sahara, le Burkina Faso, le Sénégal, la Zambie, l’Ouganda, le Kenya, le Gabon, le Mali, le Bénin, le Cameroun. Une quarantaine de films courts et longs, fictions et documentaires. De très nombreux invités, en très grande majorité des hommes parmi lesquels Karim Moussaoui, Merzak Allouache, Walid Mattar, Cédric Ido, Ala Eddine Slim… et, espérons-le, une réalisatrice zambienne, Rungano Nyoni, dont on pourra voir l’étonnant I am not a witch, une fable poétique qui raconte l’histoire d’une fillette de 9 ans accusée de sorcellerie et condamnée à vivre attachée par un ruban dans un camp de sorcières. Mame-Fatou Niang et Kaytie Nielsen seront là pour Mariannes Noires, sept portraits de femmes aux identités, et aux parcours très différents. Berni Goldblat présentera Wallay, un récit initiatique entre la France et le Burkina Faso, un voyage entre deux cultures. Autre voyage

Voyages à Montpellier

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’est un cinéaste marocain, que suit et soutient CINEMED, qui fera l’ouverture de cette 39e édition. En effet, Nabil Ayouch, membre depuis peu de l’académie des Oscars, présentera en avant-première son 8e film, Razzia, le 20 octobre au Corum. Un film tourné à Casablanca, Ouarzazate et dans les montagnes de l’Atlas qui suit l’histoire de plusieurs personnages en quête de liberté. Son film Les Chevaux de Dieu (à lire sur journalzibeline.fr ) était en compétition en 2012. On se souvient des menaces de mort dont ce réalisateur et sa comédienne Loubna Abidar avaient fait l’objet en 2015 pour avoir abordé dans Much Loved la vie de prostituées à Marrakech. Éric Toledano et Olivier Nakache étaient venus pour la toute première fois au CINEMED à Montpellier en 1999 présenter leur court métrage, Les Petits Souliers. Cette année, ce sera l’occasion de (re)voir tous leurs films, leur premier long, Je préfère qu’on reste amis, avec Gérard Depardieu et Jean-Paul Rouve, Nos Jours heureux, Tellement proches, Intouchables, Samba, de découvrir Le Sens de la fête et d’assister à une master class le

24 octobre. Autre master class proposée, celle de Dominique Cabrera le 26 octobre. Dominique Cabrera qui, du court au long, du documentaire à la fiction, du cinéma à la télévision construit une œuvre riche, ancrée dans la Méditerranée (L’Autre côté de la mer en 1997), et marquée par son engagement politique et social (Chronique d’une banlieue ordinaire en 1992). On pourra voir aussi bien sûr son dernier opus, Corniche Kennedy (2017) (à lire

Razzia, de Nabil Ayouch © Ad Vitam

sur journalzibeline.fr). Un nouveau venu à cette 39e édition, une figure incontournable du cinéma espagnol, le Cinéaste oscarisé Fernando Trueba, qui reviendra sur son œuvre d’Ópera prima, comédie madrilène, jusqu’au film d’animation Chico et Rita en passant par La Fille de tes rêves avec Penélope Cruz. En 2016, une table ronde avait permis de mettre en lumière la « movida » tunisienne. Cette année, un focus sur la jeune garde du


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Carry sur courts entre deux mondes, celui d’Ibbe, le fils de Kandia qui, à la cinquantaine et après avoir vécu 30 ans en Suède, décide de retourner « chez elle » en Gambie. Pas simple pour ce jeune qui rêvait d’une carrière de hip hop de rencontrer le pays d’origine de sa mère. C’est ce que nous raconte Dani Kouyaté dans son dernier film Medan vi lever (Tant qu’on vit). En ouverture le 10 à 17h30, le beau film d’Alain Gomis, Félicité, primé à la Berlinale et au FESPACO (Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou) : la course effrénée de Félicité à travers les rues de Kinshasa afin de trouver l’argent nécessaire pour soigner son fils, victime d’un accident de moto. Et en clôture le 17, le thriller féministe La Belle et la meute de Kaouther Ben Hania, dont on aura pu voir aussi Zaineb n’aime pas la neige. Et bien sûr aussi, comme chaque année, une table ronde, un marathon vidéo, des projections dans les villages et une exposition photo. Une immersion totale en Afrique pour la capitale du Luberon. ANNIE GAVA Hostal Edén, de Gonzaga Manso © Peliculas Pendelton

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Africapt Apt et Luberon 07 82 64 84 99 africapt-festival.fr

cinéma algérien permettra de faire le point sur le bouillonnement créatif actuel de ce pays où il n’est pas toujours facile de faire du cinéma. La rencontre avec Sofia Djama (Les Bienheureux), Hassen Ferhani (Dans ma tête un rond-point), Karim Moussaoui (En attendant les hirondelles), Damien Ounouri (Kindil el Bahr), Lyes Salem, Narimane Mari promet d’être passionnante. Sans oublier la master class de Merzak Allouache. Cerise sur le gâteau, un ciné-concert sera donné le 21 à 17h, au Corum-Opéra Berlioz : Les Lumières de la ville de Charlie Chaplin, avec en accompagnement musical l’Orchestre national de Montpellier. Et, bien sûr, CINEMED, c’est le plaisir de découvrir toute l’actualité cinématographique de la Méditerranée, longs et courts-métrages, fictions et documentaires en compétition et en panorama, de rencontrer les cinéastes venus des deux rives. Alors, si on aime le cinéma, un tour à Montpellier s’impose du 20 au 28 octobre ! ANNIE GAVA

u 12 au 15 octobre à l’Espace Fernandel de Carry le Rouet, on pourra découvrir une soixantaine de films présentés dans le cadre du 6e Festival de Courts Métrages de la Côte Bleue. Ouverte aux jeunes réalisateurs de moins de 30 ans, cette manifestation fait la promotion d’un cinéma en devenir. Certains cinéastes, primés dans les éditions précédentes, ont d’ailleurs déjà fait leur chemin à l’instar de Bastien Dubois ou Céline Devaux. Le 12 octobre sera réservé aux collégiens. La compétition débutera le 13 à 18h30 pour une première séance regroupant des fictions. Le 14, trois autres séances consacrées à cette catégorie se succéderont de 14h30 à 22h. Le 15, de 9h30 à 11h, ce seront les films d’animation qui entreront en lice. Et le même jour, de 11h15 à 12h30 seront projetés cinq films hors compétition, précédant l’annonce du palmarès, la remise des Oursins d’or et autres prix dont celui du Public. Dans cette sélection 2017, on retrouvera un Recolleur de feuilles mortes (film de Rémy Rondeau), une jeune sourde qui s’émancipe d’une famille refusant son handicap (Entends-moi de Nicolas Coquet), une mère et sa fille dans la douleur et l’espérance de l’exil (Le Passage d’Alexa Tremblay-Francœur), une Libanaise de New York affrontant des traditions qu’elle a rejetées lors de l’enterrement de son père à Beyrouth (In White de Dania Bdeir), un boucher se faisant passer pour musulman afin de travailler dans un magasin hallal (The Chop de Lewis Rose). On croisera Viktor Kortchnoï face à Anatoli Karpov lors du championnat du monde d’échecs de 1978 aux Philippines (Viktor de Sandra Wollner et Michaela Taschek) et même la Vierge Marie qui, du haut du mur de la chambre d’une humble auberge, vous racontera les histoires d’anciens clients (Hostal Edén de Gonzaga Manso). Et tant d’autres ! L’entrée est libre. Chaque séance d’environ une heure et demie propose 7 ou 8 films : des drôles, des tendres, des cruels, des poétiques, des réalistes, des expérimentaux, des graves, des légers. Une belle proposition ! ÉLISE PADOVANI

CINEMED, Festival Cinéma Méditerranéen 20 au 28 octobre Corum et autres lieux, Montpellier 04 99 13 73 73 cinemed.tm.fr

Festival de Courts Métrages de la Côte Bleue 12 au 15 octobre Espace et cinéma Fernandel, Carry-le-Rouet 04 42 45 25 21 festi-courts-cote-bleue.fr


30 événements

Trois raisons de grimper à la Tour

Une fois passée l’effervescence d’Art-O-Rama et Paréidolie, et pour que le soufflé ne retombe pas, direction la Tour-Panorama à La Friche la Belle de Mai pour se frotter aux nouvelles expositions

Exposition Claire Tabouret, Salle des colonnes, La Friche août 2017 © MGG - Zibeline

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a Salle des colonnes se prête particulièrement au jeu de cache-cache créé par la commissaire Lauren Mackler pour mettre en scène l’œuvre peint de Claire Tabouret qui revisite, depuis son studio à Los Angeles, son travail réalisé lors de sa résidence à La Friche en 2011. Fenêtres obturées par des reproductions (obscurité feinte « comme au cinéma »), tableaux anciens et récents agencés dos à dos (métaphore du passage du temps), intégration de vidéos de Takeshi Murata et Mungo Thomson (« double cadrage qui permet de faire dialoguer les œuvres »). La scénographie accentue les expériences de l’artiste ici et là-bas, ses différentes pistes de recherches, son évolution stylistique. Mais si ce labyrinthe est aisé pour ceux qui connaissent son travail, il s’avère plus abscons pour les néophytes ! Le principe des poupées russes a de quoi perdre le visiteur désorienté entre les toiles et les petits monotypes de Claire Tabouret, les vidéos du duo Murata-Thomson et l’unique vidéo de Claire Tabouret Au creux de l’enfer… Heureusement, la force de ses toiles aimante tous les regards.

Formellement plus classique, Inventeurs d’aventures : Premier épisode est tout aussi enrichissante. D’abord parce qu’il s’agit d’une proposition ambitieuse du réseau des écoles d’art de Paca et Monaco « L’École(s) du Sud », que le commissariat est signé Gaël Charbau qui fit merveille dans Écho système de Gilles Barbier à La Friche en 2015, et que les jeunes diplômés ont du talent, de l’inspiration, de l’énergie. Parfois les trois à la fois ! Centrée sur l’image, l’exposition rassemble 22 artistes autour du récit : « Chaque œuvre est une histoire, une anecdote, une expérience intime, fictionnelle, sociale » avertit Gaël Charbau. D’où la présence, remarquée, du roman d’aventure fictionnel et évolutif L’Exil et l’Odyssée de Benoit Payan ; de l’installation Blondes, Légères d’Aurélie Jacquet en résonance avec l’histoire sociale de l’ex-manufacture des tabacs ; de l’ensemble documentaire Objets autonomes (Notre-Dame-des-Landes) de Louis Matton au propos engagé, ou encore de l’expérience personnelle de Maëlys Rebutini, L’obscurité s’enflamme, relatée en photos argentiques, captures vidéo, textes

et éditions numérotées et signées. Bref, un premier rendez-vous qui incite à poursuivre le voyage à la Villa Arson du 14 octobre au 7 janvier, puis à Marseille, Monaco et Toulon jusqu’au printemps 2018 avec, à chaque halte, des propositions curatoriales spécifiques. Comme à l’accoutumée, l’immense ouverture du Panorama sur le toit-terrasse de La Friche offre un choc visuel. Choc augmenté par l’installation de Vincent Lamouroux qui a souhaité « mettre la réalité à la hauteur de (ses) rêves » grâce au soutien de la Fondation d’entreprise Ricard. New Runway est une installation littéralement surdimensionnée autour d’un projet un brin mégalo : tracer à la chaux une piste d’atterrissage dans un site désertique, à la frontière américano-mexicaine, à l’insu des autorités, puis voler. Et filmer. Images du nuage de poussière déposé au sol, envol métaphorique et poétique, passage au blanc de l’image comme un voile mouvant, photographies, frise en relief creusée à même la cimaise, machine à déverser la chaux installée en sculpture : tout est aseptisé, presque irréel. Mais la monumentalité de la mise en scène, en adéquation avec la monumentalité du projet, résistera-t-elle à une diffusion plus minimaliste ? Son propos en sera-t-il altéré, voire affaibli ? Au sortir du Panorama, l’immensité de l’horizon esquisse déjà une réponse préalablement pressentie… MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Claire Tabouret Takeshi Murata et Mungo Thomson Proposition d’Astérides Jusqu’au 29 octobre New Runway Vincent Lamouroux Proposition de la Fondation d’entreprise Ricard Jusqu’au 5 novembre Inventeurs d’aventures : Premier épisode Proposition de l’École(s) du Sud Jusqu’au 5 novembre 04 95 04 95 95 lafriche.org


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Jack London fait escale à Marseille Entré à la Pléiade l’année du centenaire de sa mort en 2016, l’écrivain américain Jack London est l’objet d’un véritable culte. Ses expéditions, symboles de sa vie, font de lui un aventurier fascinant ; ses œuvres littéraires et ses photographies un artiste singulier

Masque de danse, Malekula, Vanuatu. Bambou, toiles d’araignées, pâte végétale, dents, pigments. Ancien musée des colonies de Marseille, dépôt CCIMP MAAOA, Marseille © Hugo Maertens, Bruges

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Jack London faisant le point avec un sextant. Photo prise entre San Francisco et Hawaï lors du voyage du Snark, 1907 © Courtesy of Jack London Papers, The Huntington Library, San Marino, California

our célébrer ce personnage hors du commun dont la vie et l’œuvre s’entremêlèrent les pinceaux durant quarante ans, Marseille a visé haut et tapé fort ! La direction des musées de la ville s’est assuré un compagnonnage érudit en coproduisant l’événement avec La Compagnie des Indes : la société parisienne a produit le film de Michel Viotte Jack London, une aventure américaine et le Musée d’arts Africains, Océaniens, Amérindiens a associé le réalisateur au commissariat de l’exposition. Le résultat dépasse nos espérances : Jack London dans les mers du Sud est une réussite totale qui invite le visiteur à (re)découvrir les mille et une facettes du personnage et (re)lire la cinquantaine de nouvelles et de romans de l’auteur. Croc-Blanc, Martin Eden, L’Appel de la forêt et tant d’autres qui ont marqué l’esprit des passionnés de Stevenson et Melville ! Car Jack London a tracé sa route dans les pas de ces écrivains-explorateurs jusqu’à sillonner les îles du Pacifique Sud entre 1907 et 1909 sur son voilier le Snark. Voyage imaginé pour durer sept ans, qui s’arrêta brutalement pour cause de maladie, mais qui lui laissa le temps de rencontrer les populations, d’apprécier leur hospitalité, de les photographier, d’acquérir

des objets cérémoniels et d’écrire sa grande fresque océanienne La Croisière du Snark.

Une odyssée mythique C’est à bord du Snark, justement, que le MAAOA nous invite à larguer les amarres pour Hawaï, les îles Marquises, îles de la Société, Samoa, Fidji, Vanuatu et Salomon. Notre voyage sera riche en étonnements, en découvertes, en immersions sonore et visuelle grâce à la scénographie de Pascal Rodriguez qui crée un environnement bleu Java, « une couleur entre terre et mer qui vibre au fil des salles et à mesure de l’avancée du voyage dans des terres hostiles ». Grâce également aux choix éclairés de la directrice du MAAOA Marianne Pourtal Sourrieu et Michel Viotte qui mêlent éditions originales, objets de voyage, maquettes de bateaux, atlas, objets ethnographiques issus de la collection du MAAOA et de prêts internationaux, objets de Jack London ethnographe, photographies, extraits de films de Martin Johnson qui fut cuisinier puis mécanicien à bord du Snark, etc. Chaque séquence du parcours est une halte sur le tracé réalisé à l’époque par l’équipage, contextualisée géographiquement par des cartes, historiquement et politiquement

par des textes et des documents d’archives. Chaque élément mis bout à bout fait ressentir combien l’envie de Jack London de se réinventer et de s’ouvrir au monde était puissante, combien l’arrivée aux Marquises était son rêve absolu dès l’enfance, combien son épopée polynésienne fut une terre fertile du point de vue des relations humaines et de l’écriture. On pense évidemment à Martin Eden dont on découvre à la Vieille Charité la couverture originale de 1911 et la première édition française chez Hachette en 1932. Œuvre magnifique dont Macha Makeïeff donna une lecture sensible et émouvante à La Criée lors d’une table-ronde organisée par le MAAOA et La Compagnie des Indes, qui fut aussi l’occasion d’entendre le témoignage de Titouan Lamazou, navigateur et dessinateur hors pair, et fin connaisseur de l’œuvre de Jack London. M. G.-G. Catalogue aux éditions de La Martinière (25 €), projection du film Jack London, une aventure américaine de Michel Viotte tous les jours à 13h30 salle du Miroir à la Vieille Charité Jack London dans les mers du Sud 8 septembre au 7 janvier 2018 Centre de la Vieille Charité, Marseille 04 91 14 58 38 marseille.fr


32 événements

Illuminés

Julien Salaud, Ecologia Naturotica, installation, CAC Istres, 2017, vue partielle © C. Lorin/Zibeline

La nouvelle saison du Centre d’art contemporain d’Istres s’empare de la lumière. Le premier chapitre d’In Lumine jette ses lueurs, en attendant la suite, jusqu’en juillet 2018

I

l est impossible de penser les œuvres visuelles sans la condition de leur apparition : la lumière. Enjeu fondamental pour les artistes, en peinture, en sculpture ou à travers l’art du vitrail, elle prend, pour la période la plus récente, les formes les plus variées et innovantes : photographie, art cinétique, néons, dispositifs vidéo et numériques sans oublier le monde de la scène. La programmation In Lumine propose la rencontre avec quelques-unes de ses formes contemporaines. On commencera par regretter que pour un premier contact avec les œuvres de Julien Salaud, les propositions de l’artiste parmi les plus récentes apparaissent plutôt banales. La prolifération de graphismes blancs sur support de papier noir (dessins automatiques au Posca blanc) ou les fils de perles dorées sur cire brune ont du mal à capter l’attrait lumineux. Dommage lorsqu’il s’agit de la mise en condition du visiteur dès le premier regard. C’est avec ses vidéos et une installation à la lumière noire dans les étages supérieurs

que la lumière devient davantage une des composantes de la poétique lumineuse (et le titre de l’exposition plus explicite). Le matériau évanescent s’inscrit (s’incarne ?) alors dans une dialectique avec le visible et l’obscur. Cocon stellaire et Danse avec mes tripes, chorégraphies arachnéennes aquatiques, sous-tendent une dramatique existentielle de l’apparition, avec une grande économie de moyens, où l’artiste met son corps en jeu au détriment de son identité. Comme si le visiteur devait suivre une forme de dramaturgie au fur et à mesure de son élévation dans le bâtiment, il débouche sur une installation plus spectaculaire en néons noirs et fils tendus. Réalisée aussi spécialement pour l’exposition et occupant une pièce entière, Ecologia Naturotica nous ramène aux origines, aux traces pariétales, au clair-obscur baroque, au principe immersif du rêve et de la fantasmagorie qui peuvent hanter chacun de nous. Le finissage prévoit une installation éphémère de Karine Debouzie sur la façade de cet hôtel du XVIIe, dans le cadre du Nocturne fête des

lumières, le 8 décembre à 18h30. D’autres propositions complètent aussi le propos. Au coin de la rue, dans les vitrines de l’ancien hôtel de ville, le passant pourra assister à la transformation des dessins néguentropiques de Pascal Navarro, conçus avec des encres sensibles pour certaines aux UV, inversant l’influence de désintégration du temps sur les images. Dans les deux épisodes suivants de la saison, la lumière rencontrera l’univers de la magie avec La Compagnie 14:20 et pour finir, se théâtralisera dans les mises en espaces du peintre et scénographe Lucio Fanti, Un parcours hors les murs lui est consacré avec plusieurs lieux partenaires à Marseille, Aix, Miramas et Fos-sur-Mer. CLAUDE LORIN

Julien Salaud, Illuminations animales jusqu’au 8 décembre Centre d’art contemporain intercommunal, Istres 04 42 55 47 10 ouestprovence.fr


Le Gyptis Cinéma de la Friche

d’après une photo du film Ouvrir la voix d’Amandine Gay

136 rue Loubon (Marseille 3e)

Films art & essai, séances jeune public, rencontres, événements ... et déjà 3 ans ! toute l’actualité sur www.lafriche.org/fr/cinema-le-gyptis Facebook, Twitter et sur inscription à la newsletter dédiée

yptis Le G a ns ! a3

simon starling à l’ombre du pin tordu maxime rossi christmas on earth continued &

la pergola

nouvel accrochage des collections

Expositions du 5 novembre 2017 au 18 mars 2018 “La pergola” → 10 juin 2018

Musée régional d’art contemporain Occitanie / Pyrénées-Méditerranée Comm iss Sandra ariat: Patron

146 avenue de la plage, Sérignan, mrac.laregion.fr


34 événements

La Photographie Marseille Pas moins de 15 lieux à Marseille accueillent les 25 événements du 7e festival de photographie contemporaine ! Au programme des expositions à la pelle, des rencontres, une projection et des temps forts incontournables : Matière noire, travail inédit présenté par l’invité d’honneur Geoffroy Mathieu, Foto Foot ou le regard de 12 artistes sur l’image et le jeu, Roman photo pour voir autrement une pratique « has been », et bien sûr le Prix Maison Blanche. M.G.-G. 29 septembre au 21 janvier Association Les Asso(s), Marseille 06 12 34 00 85 laphotographie-marseille.com Matière noire © Geoffroy Mathieu

Les Instants Vidéo « Nos désirs font désordre » ! Tel est le slogan du festival Instants Vidéo de retour à Marseille pour fêter ses « 30 années d’agitations vidéo poélitiques intercontinentales », après une tournée « indisciplinée » en Tunisie, au Maroc, en Argentine… Telle une pieuvre, il étend sa programmation internationale dans les lieux complices de ses désirs. M.G.-G. 5 au 25 novembre Rencontres internationales FRAC, Les Variétés, Friche la Belle de Mai, La Fosse, ARI, Institut Culturel Italien, Vidéodrome 2, Canopé, Marseille 2 novembre au 3 décembre Expositions FRAC, Galerie Deux, SARA, ADPEI, Friche la Belle de Mai, Marseille instantsvideo.com

Le rêve de la pêcheuse © Samuel Bester (France)

Festival Gamerz Pensé comme un espace de liberté et de réflexion, le festival international des arts multimédia interroge les différents modes d’interactions entre l’homme et la machine à travers le spectre de la magie. Expositions, performances, workshops d’artistes internationaux, créations hybrides éveillent notre réflexion sur les métamorphoses du monde, à la frontière des arts, des technologies et de l’irrationnel. M.G.-G. 3 au 12 novembre Fondation Vasarely, École supérieure d’art, Office de tourisme, Cité du livre, Aix-en-Provence 04 88 05 05 67 festival-gamerz.com

Best Friends Forever © Tanja Vujinovic

Simplicités Pour sa nouvelle saison, la Fondation Van Gogh explore le mythe de la simplicité souvent attaché à la figure de Vincent. À travers des œuvres peu montrées ou créées pour l’occasion, des artistes contemporains confrontent leur vision à cet idéal de vie, complétées par L’entrée dans une carrière de Van Gogh, estampes d’après Millet, santons et œuvres de la collection Yolande Clergue. C.L. La vie simple – Simplement la vie 7 octobre au 2 avril Fondation Van Gogh, Arles 04 90 93 08 08 fondation-vincentvangogh-arles.org Juergen Teller Self-portrait, Plates-Teller No. 36, 2016 Impression giclée non encadrée, 152,4 x 101,6 cm © 2016 Juergen Teller, tous droits réservés


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Prix HSBC Après le Gallifet Art Center à Aix, les œuvres des lauréates du Prix HSBC pour la photographie 2017 s’exposent à Toulon. Une mise en perspective de deux regards féminins sur le monde qui les entoure et les rencontres qu’il leur offre : Mélanie Wenger livre le portrait sensible de « Marie-Claude, la dame aux poupées » croisée sur son chemin à son retour de Lybie tandis que Laura Pannack transforme son voyage en Roumanie en poème visuel. À découvrir dans les monographies publiées chez Actes Sud (voir journalzibeline.fr). M.G.-G. 6 octobre au 4 novembre Maison de la photographie, Toulon 04 94 93 07 59 toulon.fr © Mélanie Wenger

Dé-peindre Il existe toutes sortes de crises, dont en art celle affectant la conception du tableau. Où l’on voit comment dans les années soixante un groupes d’artistes repense leur pratique et l’œuvre peinte bien au-delà du cadre habituel. Documents, conférences, rencontre en particulier avec certains de ces artistes-pionniers le 14 décembre. C.L Supports/Surfaces, les origines, 1966-1970 13 octobre au 31 décembre Carré d’art, Nîmes 04 66 76 35 70 carreartmusee.com

Intervention sur une plage, Claude Viallat à Argelès-sur-Mer, été 1972. Archives personnelles de Claude Viallat © ADAGP, Paris, 2017

Complexités Offre triple pour cette rentrée au Mrac. Parallèlement au nouvel accrochage qui met en avant les acquisitions de 2016, deux projets spécifiques pour le musée : Simon Starling (Lauréat du Turner Price 2015) a conçu une déambulation musicale réactivant des projets antérieurs et Maxime Rossi une installation immersive, sensorielle et sonore inspirée de la contre-culture et du succès des Kingsmen, Louie Louie (1963). Vernissage le 4 novembre à 18h30. C.L. 5 novembre au 18 mars Mrac, Sérignan 04 67 32 33 05 mrac.laregion.fr

Extrait de la vidéo Christmas on Earth Continue, 2017, Maxime Rossi. Avec l’aimable autorisation de l’artiste.

Traces Ces artistes, sous différentes formes et médiums, ont en commun de s’intéresser aux architectures liées au travail ou à l’habitat, mais toutes totalement dénuées de présence humaine. Peintures, photographies, sculptures de Caroline Bach, Anaïs Boileau, Audrey Guiraud, Guillaume Le Moine, Nelly Monnier et Eric Tabuchi. C.L. Topologie de l’absence 7 octobre au 16 décembre Centre d’Art Contemporain, Nîmes 09 86 41 60 33 cnacncentredart.com Anaïs Boileau, Beyrouth, photographie, 2016


36 saisons

Songe d’amour à La Criée

Fin de Louis, Joël Pommerat © Elisabeth Carecchio

Le Centre Dramatique National de Marseille est un lieu d’accueil et de création

M

acha Makéïeff sait remercier ses équipes, « magnifiques ». C’est le socle humain sur lequel repose sa « maison », le « cabinet des fictions » dont elle veut ouvrir les portes au public le plus large. Son lyrisme pourrait sembler excessif, ce n’est pas le cas, d’autant que son enthousiasme ne s’arrête pas à l’édito d’une plaquette de saison : il en traverse le programme entier.

Créations La vitalité n’est nulle part plus perceptible que dans les créations rythmant l’année au TNM. Outre les productions propres à La Criée (La fuite ! et le triptyque Les âmes offensées), huit coproductions sont annoncées en 2017-2018, dont celle de l’artiste associée au théâtre, Tiphaine Raffier. Avec France-Fantôme, que l’on découvrira en janvier, la jeune femme projette le fantasme d’immortalité dans un monde où le progrès technique l’a

rendu possible... Cadeau empoisonné, bien évidemment. Macha Makeïeff encourage aussi les œuvres qui plongent leurs racines dans le terreau local : Gâchette du bonheur et Pourquoi Monsieur Seguin a-t-il emprisonné sa chèvre ? ont été conçus à travers un dialogue noué entre les artistes et de jeunes marseillais. Ce dernier spectacle, proposé dans le cadre de la Biennale des écritures du réel, interroge les adolescents d’aujourd’hui sur la tension entre liberté et sécurité (mes Julie Villeneuve). On retrouve cette démarche d’ouverture sur la ville avec J’ai peur quand la nuit sombre, une adaptation par Edith Amsellem des versions « les moins policées, taraudées par l’érotisme et l’angoisse de la dévoration » du Petit Chaperon Rouge. Cette coproduction avec le Théâtre du Merlan se fera en libre circulation dans un parc public. Précisons qu’ouverture sur la ville ne signifie pas entre-soi

marseillais. Les créateurs d’ici savent aller vers l’ailleurs : Julie Kretzschmar fait partie des artistes soutenus, pour son adaptation d’un roman de l’auteur congolais Fiston Mwanza Mujila, Tram 83.

Temps forts Comme chaque année depuis 2014, La Criée porte le festival jeunesse En Ribambelles ! avec le Théâtre Massalia et des partenaires de plus en plus nombreux, sur un territoire qui s’élargit (lire p. 16). La première quinzaine d’avril, elle montera aussi à bord du Train Bleu pour la 4e édition de cet itinéraire artistique côtier. Ses espaces accueilleront bien-sûr les Rencontres d’Averroès (du 16 au 19 novembre), et, fin mai, le nouvel événement littéraire de la scène marseillaise Oh les beaux jours !, organisé par la même structure, Des livres comme des idées. Mais également une


réédition du Campus Criée, grand bal et colloque sur l’art et la santé compris (avec Aix-Marseille Université, les 23 et 25 novembre). Ou encore les projections du festival international du court-métrage sur le handicap Festi-Life, et celles de La Criée Tout Court, qui concentre le meilleur des films du Festival International de Clermont-Ferrand. En janvier, ce sera le retour de La Folle Criée, festival de musique de chambre sur le modèle de la Folle Journée de Nantes : 12 concerts à la carte, sur le thème de l’exil. Enfin à partir de la Saint Valentin, le TNM résonnera de soupirs amoureux, avec toute une programmation dans le cadre de MP2018 (Quel Amour !, lire p.6 et 7).

Événements Ce sont plus de 70 spectacles qui sont au programme de cette saison, et le Centre Dramatique ne se prive pas de concerts, de Vincent Delerm à Monteverdi, ni de danse avec le sublime Roméo et Juliette d’Angelin Preljocaj et la création des Kindertotenlieder par le Ballet National de Marseille. Multipolaire, la Criée offre également des ateliers pour enfants, des expositions dans son hall... Ce qui n’enlève rien à la programmation théâtrale : des « classiques » (de fait plutôt romantique, baroque ou symboliste) avec La Cerisaie mise en scène par Christian Benedetti, Hamlet par Frédéric Bélier Garcia, et le très décapant Yvonne Princesse de Bourgogne d’Edith Amsellem. Mais surtout, ne ratez pas le Ça ira (1), Fin de Louis, de Joël Pommerat : jamais la Révolution, la politique, la voix du peuple, notre histoire dans ce qu’elle a de présent... n’avaient été rendus sur scène avec tant d’intelligence, de subtilité forcenée, de talent, de pertinence. En décembre, pour trois dates seulement : réservez ! GAËLLE CLOAREC

La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com

AU PROGRAMME DU MOIS

6 au 20 octobre : La fuite ! « Suite de 8 songes qui s’enchaînent » selon Macha Makeïeff, qui met en scène une œuvre longtemps censurée de Boulgakov, consacrée à l’exil des Russes Blancs en 1920 (lire son interview dans Zibeline n°110). 10 au 11 octobre : Don’t we deserve Deux plasticiens belges, Robbert&Frank Frank&Robbert, se posent la question du besoin d’appartenance. Une performance en co-réalisation avec ActOral. 13 au 14 octobre : Gâchette du bonheur Ana Borralho et João Galante ont demandé à douze jeunes marseillais leur avis sur le bonheur, cette insaisissable et parfois périlleuse notion. 23 au 25 octobre : Semaine de la pop philo (lire p. 8-9) 26 au 28 octobre : 20 000 lieues sous les mers Spectacle pour acteurs et marionnettes conçu par la troupe de la Comédie-Française, Molière de la création visuelle en 2016. Christian Hecq et Valérie Lesort voient dans le personnage du Capitaine Nemo un grand humaniste et écologiste, malgré sa misanthropie. 8 au 10 novembre : Des hommes en devenir Une poignée d’hommes confessent une perte irrémédiable, et c’est toute l’humanité qui partage leur douleur. Après Sorj Chalandon et Russell Banks, Emmanuel Meirieu adapte un roman de l’auteur américain Bruce Machart.

SAISON 2017 2018 Du mercredi 11 octobre au dimanche 15 octobre

Théâtre et lecture scientifiques dans le cadre de La Fête de la Science

WOW - CARTOGRAPHIE 5 | 20H Frédéric Ferrer

SINGING IN THE BRAIN | 20H Sébastien Bizzotto / Pascal Holtzer

LA SCIENCE, QUELLE HISTOIRE ! | 16H Spectacles offerts - Réservation obligatoire

Mercredi 18 octobre | 20H MUSTANG :

LE ROYAUME DES PEINTRES PAYSANS / Projection

Corinne Glowacki Par l’Association Découverte du Monde et dans le cadre du Parcours de l’Art

Tarifs spécifiques : 7 € adhérents / 10 € non-adhérents

Jeudi 9 novembre et vendredi 10 novembre | 20H ENTRE EUX DEUX / Théâtre

Catherine Verlaguet / Adeline Arias Tarifs : de 5 € à 21 €

ABONNEZ-VOUS

Carte d’adhésion : 8 € 1 place : 14 € 3 places : 33 €

Rue du Roi René 84000 Avignon


38 saisons

Dans la solitude des champs de coton de Charles Berling © Jean-Louis Fernandez

Pas de « garage à spectacles » ! Un slogan, « petit prix grands spectacles », une mission mise en exergue par la forme lapidaire de Dominique Bluzet, directeur des Théâtres, « Divertir, s’engager, éduquer et créer » : les quatre Théâtres, Bernardines, GTP, Gymnase, Jeu de Paume, se refusent à être considérés comme un « garage à spectacles », mais s’investissent dans l’éducation, la vie de la cité, la création

L

es ambitions ne manquent pas d’être vastes, justifiées par l’importance des structures, ainsi que leur répartition : le Grand Théâtre de Provence (1380 places) et le Jeu de Paume (480 pl.) à Aix-en-Provence, les Bernardines (100 pl.) et le Gymnase (650 pl.) à Marseille. Une indéniable présence, forte, qui cherche à construire, à participer au modelage des villes, à l’éducation, par un partage avec le plus grand nombre.

Culture et éducation au cœur de la cité Une attention particulière est portée au quartier du 1er arr. de Marseille où se situent les théâtres du Gymnase et des Bernardines. Il s’agit de rendre l’espace public attractif, ainsi les rideaux métalliques peints, le kiosque à journaux face aux Bernardines transformé en théâtre et lieu d’exposition pour les artistes du quartier. Un projet plus vaste englobe l’ancienne librairie Tacussel, et espère récupérer l’un des petits hôtels du quartier en vue de résidences d’artistes. Le tout cherche à rendre sa cohérence à ce quartier avec son lycée, la faculté, le conservatoire, un cinéma, des galeries et les théâtres, à redonner au 1er le sentiment d’être un lieu de pensée et de recherche, un « Quartier des Arts »… Les théâtres s’investissent aussi dans la vie


39 scolaire. Ainsi, le Lycée Thiers de Marseille vient de reconduire pour trois ans son partenariat. Cette année, Antoine Oppenheim interviendra une fois par semaine dans l’établissement. Huit spectacles sont proposés aux scolaires, assortis d’un accompagnement, dossiers pédagogiques, interventions dans les classes, visites des coulisses, rencontres avec les équipes et les artistes…

Pour partager Une politique tarifaire attractive s’instaure, avec le tarif enfant jusqu’à 18 ans, puis en relais, une carte 18-30 ans qui porte le prix des places à 10€. Le spectacle vivant au prix d’une place de cinéma… La volonté de rendre les salles accessibles à tous les publics a permis la mise en place de nombreux dispositifs : « Action Senior » qui met en relation un spectateur solidaire et la personne de plus de 70 ans qu’elle s’engage à accompagner ; accueil des personnes à mobilité réduite ; casques et boucles d’amplification sonore au Gymnase et au Jeu de Paume ; spectacles proposés en audio description ; dispositif Heko qui permet aux patients des hôpitaux (La Maison de Gardanne et l’institut Paoli Calmette) d’entendre et voir la retransmission en direct de certaines représentations… La médiation d’Assami s’avère essentielle : la proposition de théâtre ou musique aux personnes qui ne peuvent se déplacer (prison, hôpitaux, maisons de retraite…) tient à la bonne volonté de tous les acteurs et aux financements par Assami.

consacrés au partenariat avec Marseille 2018 et le thème « Quel Amour ! » : du 16 au 18 février, les théâtres seront ouverts, offrant leurs scènes au public qui le souhaite (les candidatures sont closes depuis le 16 septembre) pour des performances d’une vingtaine de minutes, pérennes jusqu’à juin 2018, les installations d’un « Love Meter », et de cabines téléphoniques délivrant des messages coquins ; Opéraporno, El Baile, Carmen(s), We love Arabs, Du chœur à l’ouvrage, ont reçu le label MP 2018.

Une programmation multiple Très large et pluridisciplinaire, la programmation permet à chacun de trouver son bonheur, et autorise le « risque » de la découverte. Les quatre plateaux offrent un éventail important de possibilités de jeu et de scénographie. Les représentations se bousculent entre théâtre, musique classique, contemporaine, jazz, danse, humour… par une pléiade d’artistes, souvent des stars, Fanny Ardant, Nicolaï Lugansky, Romane Bohringer pour ne citer qu’eux… L’année est aussi rythmée par des temps forts, Les enfants d’abord, le Festival de Pâques, Actoral, Les Émouvantes, Noël dans les théâtres, Festival Parallèle… tous les publics sont pris en compte, avec des productions d’une belle qualité, proposant des œuvres du répertoire et des créations contemporaines. La grande machine des Quatre Théâtres défend la culture avec une belle et énergique passion ! MARYVONNE COLOMBANI

Des partenariats Pas de création cette année, la saison 20162017 fut très fertile ! Mais pas moins de huit coproductions avec des artistes qui tissent des liens avec les Théâtres, dont Guillaume Séverac (Un obus dans le cœur), Argyro Chioti (La Divine Comédie), Antoine Oppenheim et Sophie Cattani (Antoine et Sophie font leur cinéma), Léa Chanceaulme (George Dandin créé avec Jean-Pierre Vincent, puis avec Kevin Keiss On est toutes parties), Claire Devers (Bluebird), Julia Vidit (Le Menteur)… Le compagnonnage avec des grands noms se poursuit : Jean-Pierre Vincent, Éric Lacascade, Katie Mitchell… Trois jours seront

Les théâtres, Aix-en-Provence, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net

AU PROGRAMME DU MOIS 10 octobre : Musicatreize C’est dans l’écrin du conservatoire Darius Milhaud que l’ensemble Musicatreize, dirigé par Roland Hayrabedian, fête ses trente ans. Au menu Francis Poulenc, et la dernière création du contemporain François-Bernard Mâche (voir p93). 19 au 21 octobre (au GTP) : Spectral Evidence

Les deux pièces d’Angelin Preljocaj, créées pour le New York City Ballet, Spectral Evidence et La Stravaganza, livrent leur étonnante beauté, servies par la grâce du Ballet Preljocaj. Une danse narrative et onirique… 25 octobre (au GTP) : Vaille que Vivre Il fallait bien le subtil piano d’Alexandre Tharaud et la voix de Juliette Binoche pour rendre hommage à la chanteuse Barbara, à l’occasion du 20e anniversaire de sa disparition. Des textes, une musique, si beaux et « indéfinissables »… (10 & 11 octobre au théâtre Anthéa, à Antibes, voir p79). 1er Novembre (au GTP) : Yuja Wang L’époustouflante pianiste retrouve le Malher Chamber Orchestra pour les concertos 1 en ut majeur op. 15 et 2 en si bémol majeur op. 19 de Beethoven. Encadrant les cadences romantiques, l’Ouverture du Don Giovanni de Mozart et Pulcinella de Stravinsky. 6 novembre (au GTP) : Renaud Capuçon Compagnon de route des Théâtres, il dirige l’ensemble Camerata Salzburg dans les arrangements pour orchestre des Gnossiennes de Satie. Après ces délicates miniatures, il joint son violon à l’orchestre pour les Concertos n°1 KV.207 et n° 4 KV.218 de Mozart. 7 au 11 novembre (au Jeu de Paume) : Un Poyo Rojo La chorégraphie déjantée et virtuose de Luciano Rosso et Nicolás Poggi jongle entre les genres, théâtre, danse, performance clownesque pour une anthologie des étapes du désir où les corps s’affrontent et s’étreignent dans les lumières et la mise en scène d’Hermes Gaido. 8 au 10 novembre (au Gymnase) : Dans la solitude

des champs de coton Le texte de Koltès, mis en scène et joué par Charles Berling, aux côtés de Mata Gabin (pour la première fois une femme dans le rôle du dealer), devient métaphore de la condition humaine, où le rapport entre acheteur et vendeur est double, « tous deux possédant le désir et l’objet du désir ». (2 novembre au théâtre Liberté, Toulon, voir p70). 8 & 9 novembre (au GTP) : Dancing Grandmothers La « Pina Bausch coréenne », Eun-Me Ahn, met en scène dix grands-mères coréennes qui dansent sur les tubes de leur jeunesse, entraînant dans leur fougue les jeunes danseurs professionnels de la Compagnie de la chorégraphe. 10 & 11 novembre (hors les murs au Silo) :

Croque-Monsieur Le texte de Marcel Mithois est mis en scène par Thierry Klifa. Fanny Ardant y reprend le rôle tenu près de 1700 fois par Jacqueline Maillan avec une belle élégance. 8 & 9 novembre au théâtre Anthéa, à Antibes, voir p79).


40 saisons

Le Merlan, comme un manifeste

La scène nationale de Marseille continue de susciter des œuvres, de produire des créations et d’entrer en dialogue avec la cité

Le petit chaperon rouge, Joël pommerat © Elizabeth Carecchio

C

’est par un discours joyeux, plein d’enthousiasme et d’allant, que Francesca Poloniato présente sa programmation. Il faut dire que la saison 2016/2017 rassembla un public nombreux et enthousiaste. Pourquoi changer une recette qui marche ? Zibeline : Votre saison 2017/2018 semble s’inscrire dans la continuité de votre projet... Francesca Poloniato : Oui, et dans le développement ! C’est la dernière saison des artistes actuels de la Bande et de la Ruche, qui vont parvenir au terme de leurs projets ici et présenter leurs créations. Un nouveau projet, dans la continuité Art et Territoire, se met en place en particulier avec la Gare Franche avec laquelle nous fusionnons à partir de janvier 2019. Parce que nous sommes voisins, parce que nous avons des choses à bâtir ensemble, avec Catherine Verrier. Mais déjà cette année nous avons deux salles : le studio, grâce à des travaux financés par l’État, peut désormais accueillir des spectacles et du public, ce dont nous ne nous priverons

pas cette saison ! La programmation est conséquente ! Oui, 26 spectacles de danse, 21 de théâtre, 4 de cirque, 3 propositions musicales : je sais que vous critiquez ce peu de place pour la musique, mais le Merlan n’est pas équipé pour ! Et aussi 19 séances scolaires, des petites formes, du cinéma, des expositions, des rencontres, un colloque, des ateliers et des stages. Et une collaboration renforcée avec Actoral, Les rencontres à l’échelle, Dansem, Parallèle, l’Entre-deux Biennales du Cirque, Plus de Danse, Plus de Genre à Marseille, la Biennale des écritures du réel, le Printemps de la danse, OH les beaux jours et Le Festival de Marseille. Sans oublier Marseille Provence 2018 de février à août, autour du slogan Quel amour. Trois concerts seulement, mais Manu Théron, Nevché et Mélanie De Biasio ! La danse reste au premier plan. Vous dites qu’elle n’est pas une abstraction muette. Comment cette position se traduit-elle dans votre programmation ? De nombreux chorégraphes font à leur manière

« parler » les corps : Ambra Senatore plonge cinq personnages dans une ambiance de polar absurde ; Ivana Müller propose aux enfants un jeu avec des règles à détourner ; Georges Appaix parle de la capacité du couple à ne pas se comprendre pour mieux se mieux se séduire. Michel Schweizer nous bouscule par le regard d’adolescents sur notre société d’adultes. Oui, la danse, ça nous parle ! D’autant que vous construisez votre programmation chorégraphique avec les artistes de votre Bande et de votre Ruche. Au Klap nous soutenons avec Michel Kelemenis le travail d’Arthur Perole et de Romain Bertet, nouveau venu dans notre Ruche. Pour la Bande, Mickaël Phelippeau dans Chorus secoue la notion de collectif avec 24 choristes qui triturent Bach à toutes les sauces. Quant à Nathalie Pernette, elle s’attaque à La Peau, la nôtre, celle dans laquelle « on voudrait bien être », celle qu’on aimerait caresser... ou pincer ! Mais la danse prend aussi sens dans


son histoire, et vous programmez du répertoire contemporain. Oui, en le confrontant à la création : la formation Coline danse So schnell, pièce historique de Dominique Bagouet et une création d’Alban Richard ; le Ballet national de Lisbonne danse un hommage à Jiri Kilian. Et Josette Baïz réunit, sous le thème de l’amour, un florilège d’œuvres de Preljocaj, Bouvier et Obadia, Sharon Fridman, Brumachon, Nicolas Chaigneau… Mais il y aura aussi du théâtre et du cirque ! Oui, avec Fanny Soriano de la Ruche, et l’accueil de Santa Madera. Un spectacle de la Biennale qui allie danse et jonglage, magnifique. Mais le cirque, le corps, sera aussi dans le théâtre avec une proposition « cirque » d’Arnaud Saury, une autre de Gilles Caillaud. Et le théâtre, que je conçois comme une source de réflexion mais aussi d’action, sera ancré dans le présent, l’espoir, la lutte, la lumière. Cyril Teste, virtuose de la technologie, raconte comment le virtuel gagne une adolescente, Pauline Bureau travaille sur la mémoire et ses trous, Sofia Jupither met en scène un texte de Lars Nören sur le terrorisme, Jean-Pierre Baro parle de la banlieue... Mais il y aura aussi un Tartuffe revisité par Guillaume Bailliart, Céline Schnepf de la Bande avec un spectacle pour les tout-petits et un Wonderland pour les ados, la création de François Cervantes, deux Chaperons dont celui d’Edith Amsellem, fondé sur les relations mère/fille/grand-mère... Des histoires de vie, tristes parfois, mais qui convoquent l’espoir, la lutte et la lumière.

OCTOBRE AGNÈS FRESCHEL

Le Merlan Scène nationale, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

FÊTE DES 10 ANS

BAL ROUGE

avec Christian Ubl et DJ Moulinex — CUBe association SAM 14 OCT 21:00

MUSIQUE

AU PROGRAMME DU MOIS

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HISTOIRE PROBABLE DE LA MUSIQUE ÉLECTRONIQUE PAR LE GRAMI

12 & 13 octobre : Late Night Dans une salle de bal, 3 femmes et 3 hommes dansent leurs espoirsd’ours en se 1 Montreur 19:00 MER 18une OCTEurope souvenant de leurs passés chaotiques, de leurs voyages dans malmenée : le collectif Blitztheatregroup nous vient de la Grèce, et Late MUSIQUE night, entre danse et théâtre, sera en grec surtitré. 18 au 20 octobre : Le petit Chaperon rouge Serge Teyssot-Gay Cyrilloups, Bilbeaud – Médéric Collignon Le conte de Joël Pommerat nous parle de notre attirance pour–les quand Mike Ladd – Marc Nammour – Akosh S. les mères et grands-mères sont débordées et les pères absents. SAM 21 Effrayant, OCT 21:00 magique, un chef-d’œuvre qui n’en finit pas de nous parler. Pas avant 6 ans ! 7 & 8 novembre : Le rouge éternel des coquelicots DANSE RÉPÉTITION PUBLIQUE Deuxième volet de L’épopée du grand nord (2015), écrit et mis en scène par François Cervantes, artiste de la Bande, après deux années de rencontre avec des habitants du quartier. Le récit est porté par Catherine Germain et CUBe association accompagné d’un groupe d’habitants, un chœur qui bat auMER rythme l’histoire. 25 OCTde16:00 GRATUIT

KIT DE SURVIE

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OCTOBRE FÊTE DES 10 ANS

BAL ROUGE

avec Christian Ubl et DJ Moulinex — CUBe association SAM 14 OCT 21:00

MUSIQUE

L’HISTOIRE PROBABLE DE LA MUSIQUE ÉLECTRONIQUE PAR LE GRAMI 1 Montreur d’ours MER 18 OCT 19:00

MUSIQUE

KIT DE SURVIE Serge Teyssot-Gay – Cyril Bilbeaud – Médéric Collignon Mike Ladd – Marc Nammour – Akosh S. SAM 21 OCT 21:00

DANSE RÉPÉTITION PUBLIQUE

LA PETITE FABRIQUE AVEC CHRISTIAN UBL

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04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

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CUBe association MER 25 OCT 16:00 GRATUIT

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avec Chr

HISTOIR ÉLEC

KIT

Serge Tey Mi

LA AVE

04 92 6


42 saisons

La Joliette se la pète !

Bêtes de scène, Emma Dante © Christophe Raynaud De Lage

La fusion des théâtres de Lenche et de la Joliette est opérée : une saison de transition s’annonce, pleine de surprises de taille. Rencontre avec les directeurs Zibeline : Cette saison 2017/2018 va-t-elle mettre en synergie les 2 lieux ? Haïm Menahem : On a effectivement intégré Lenche comme troisième salle du Théâtre Joliette, mais cela sera une année d’expérimentation. Des 5 personnes qui composaient le personnel, 3 ont voulu partir. Il s’agit d’assumer financièrement les licenciements, d’intégrer les 2 qui ont voulu rester, de recruter 2 nouvelles personnes. De financer une étude aussi, sur l’avenir de ce lieu, que nous voulons transformer en résidence pour les artistes, mais aussi en espace de travail, de sorties de résidences, et de lieu référent pour le jeune public et les amateurs. En aurez-vous les moyens ? H.M. : Oulà ! Le Conseil départemental a déjà baissé en 2017, et avant. Nous n’avons aucune assurance pour 2018, de la Ville non plus qui quant à elle a maintenu sa subvention en 2017. Et en plus il y a un problème de litige entre la Ville et le Diocèse, qui est

propriétaire... Nous nous attendons, hélas, à ne pas cumuler les moyens des deux lieux, même si nous en cumulons les missions. Mais nous ne savons pas ce qu’il sera possible de faire. Nous verrons ! Et pour l’instant une belle année, de transition, commence... Sans assurance, mais avec beaucoup d’ambition ! H.M. : Oui. L’an dernier plus de 15 000 spectateurs sont venus à la Joliette, nos salles ont été pleines à 77%, c’est plutôt pas mal pour un théâtre d’écritures contemporaines en création... Cette année les réservations démarrent très fort, plus que l’an dernier encore, on est très optimistes ! Mais c’est surtout le développement de ce que nous avons mis en place depuis 2013 qui nous réjouit. C’est-à-dire ? Pierrette Monticelli : D’une part la salle de Lenche va être bien occupée, grâce à des collaborations avec ActOral, Massalia pour En Ribambelle, puis Dansem, la Biennale des écritures du réel. Agnès Régolo y sera en résidence et présentera son travail, il y aura aussi des mises à dispositions accompagnées techniquement, et la Fédération du théâtre amateur (FNCTA) y sera très présente. Quant au reste de notre activité, nous continuons donc les résidences longues, c’est-à-dire l’accompagnement de compagnies régionales sur deux saisons, avec La Paloma et Agnès Régolo. Pourquoi ces résidences longues ? P.M. : Parce que nous sommes persuadés

qu’il faut accompagner correctement les compagnies régionales, aujourd’hui en grande difficulté. Mais surtout parce que la présence des artistes, dans les actions de médiation autour de leurs créations, est irremplaçable. La Joliette, grâce à ces artistes, est présente dans les entreprises, les établissements scolaires, les hôpitaux, dans le restaurant après les spectacles. La relation qui s’y noue est précieuse, et contribue à la fidélisation de ceux qui poussent la porte... En dehors de ces deux compagnies, la présence des artistes d’ici est très forte. Oui. Il y aura Fred Poinceau, Noël Casale et Xavier Marchand, Marie Provence, Vincent Franchi avec un texte costaud sur le racisme... Tous en création, tous coproduits par La Joliette. Franck Dimech jouera aussi Les Chinois, Arketal un spectacle de marionnette sur un Passager clandestin du Titanic. Sandra Iché, soutenue par le Festival Parallèle, viendra créer Droite-Gauche, sur l’intimité des choix politiques. Michel Kelemenis reprend La Barbe Bleue, et Marseille Objectif Danse fait venir Yvonne Rainer. Il y a donc quelques stars, contemporaines, au programme. Oui ! Claude Régy pendant une semaine, Emma Dante, Philippe Delaigue, Rachida Brakni mise en scène par Arnaud Meunier... Après la Fête et Raoul collectif qui ont ouvert la saison (voir journalzibeline.fr) on est fiers de notre programme ! ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL

Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr

AU PROGRAMME DU MOIS 10 au 14 octobre : Rêve et Folie La dernière création de Claude Régy met en scène le poème déchirant de Georg Trakl. Radical, et émouvant, porté avec force par Yann Barry, comédien étonnant (voir Zib’110 et journalzibeline.fr). 27 & 28 octobre : Les Fenêtres... Au théâtre de Lenche, dans le cadre de En Ribambelle (voir p16). 8 au 18 novembre : Trust Création de la compagnie en résidence La Paloma. Au cœur d’Euroméditerranée Thomas Fourneau et Rachel Ceysson mettent en scène un texte de Falk Richter, écrit après le krach de 2008 : une pièce nerveuse qui décrit l’intime arasement des humains face à l’entreprise qui demande « confiance », le Trust.


43

Toursky éponyme

L

a saison du Toursky ne commencera nom a été donné. Jazz, musiques du monde, réellement qu’en janvier prochain, avec tango, flamenco, tour à tour imprimeront leurs une programmation éclectique et voya- rythmes, du Trio Skazat à Claude Bolling. geuse. Auparavant, un trimestre de spectacles de soutien offerts par les artistes proches de ce théâtre atypique. On entendra, lors de huit soirées, le piano de Michel Bourdoncle et le doudouk de Levon Minassian, la batterie d’Ahmad Compaoré et ses complices, la voix passionnée et sensible de Christina Rosmini ; bien sûr, Léo Ferré, soutenu par la verve de Richard Martin, veillera avec La mémoire et la mer (en création), ou À l’amour citoyens ! ; l’ombre de Piazzola entrera en scène, puis Gershwin (dirigé par Jean-Philippe Dambreville) ; Que demande le peuple, Guillaume Meurice © Fanchon Bilbille Christophe Alévêque, Smaïn, Marianne Les rencontres tissent de nouvelles approches, Sergent, Louise Bouriffé déclineront la ainsi Arménie et Andalousie avec Lévon Minaspalette de leur humour… Mais surtout, c’est sian et Juan Carmona. Quartiers Nord Axel Toursky, le poète (1917-1970) qui, pour fêtera ses quarante ans de scène avec une le centenaire de sa naissance, sera convoqué création, LA soirée anniversaire !, l’humour grâce à La Galerie du Tableau de Ber- de Chanson plus bifluorée concoctera sa nard Plasse, dans le théâtre auquel son Cuvée spéciale… Les rendez-vous habituels

seront tenus : participation à Festi’Femmes, Guitares et Méditerranée par la danse de Maria Perez, et surtout, incontournable, le Festival russe, 23e du nom, avec Les joueurs de Gogol, L’Histoire du soldat de Ramuz, et un volet cinéma actuel et majoritairement inédit en France. 31 spectacles, musique, danse, théâtre, nourrissent une saison foisonnante aux propositions variées, sans compter les universités populaires, les ateliers théâtre, les expositions. Pour terminer la saison, on se posera la même question que Guillaume Meurice, qui réjouit nos zygomatiques sur France Inter, Que demande le peuple ?  , vaste sujet… MARYVONNE COLOMBANI

Théâtre Toursky, Marseille 04 91 02 58 35 toursky.fr

No, no, rien n’a changé

L

e Théâtre NoNo commence la saison sous un chapiteau tout neuf (voir Zib’110) avec son célèbre Cabaret aux personnages surprenants. En novembre, carte blanche à de jeunes créateurs : une marionnettiste russe, Vera Rozanova, recrée l’univers de Tchekhov dans À travers la Cerisaie ; des comédiens du Conservatoire de Mons proposeront une pièce du néerlandais Don Duyns, Vingt ans et alors ?, sur les rapports ente la vie et l’acte théâtral ; l’étonnante Léa Canu Ginoux et Simonne Rizzo danseront respectivement

Boussole et Pi XIV. Décembre inaugurera Les rencontres de Lily Pastré, comtesse célèbre pour avoir hébergé et sauvé de nombreux artistes pendant l’Occupation ; danseurs, musiciens et circassiens vienCabaret NoNo © Emmanuel Valette dront nombreux de plusieurs pays témoigner de l’unité des voix du monde. Vladimir Gurfinkel, du Théâtre de Perm en Russie, donnera une master-class autour des techniques de Stanislavki sur le thème des Trois sœurs de Tchekhov. En février, on pourra applaudir les créations de deux artistes associés : William Petit et sa pièce dansée Land of Gravity, puis Alain Aubin et Le Nègre des Lumières qui refait vivre l’histoire ahurissante du Chevalier de Saint-Georges durant le règne de Louis XVI et pendant la révolution. La musique a sa place toute l’année, avec

notamment le célèbre violoniste Pascal Delalée et ses improvisations surprenantes, Greg Lion, pianiste qui se consacre désormais à la musique électronique et Patrick Cascino pour une soirée jazz. Guidée par le désir de lier culture, spectacles et fête, l’équipe de NoNo propose toute l’année des soirées avec spectacle et repas : un réveillon le 31 décembre et la St Patrick le 17 mars avec des spécialistes de la musique irlandaise. Mais aussi la création maison de l’Opéra-théâtre BaroKKo en avril. Une saison très éclectique ! CHRIS BOURGUE

Théâtre Nono, Marseille 04 91 75 64 59 theatre-nono.com

AU PROGRAMME DU MOIS 5 au 14 octobre : Cabaret NoNo L’équipe du NoNo reprend sa création de 2004, date de son installation à Marseille. Un spectacle poétique, fantaisiste avec danse, plumes et musique, le temps d’un repas partagé.


44 saisons

Les 30 printemps du Massalia

I

l y a 30 ans naissait le Théâtre Massalia, sous l’impulsion de Philippe Foulquié, également fondateur de La Friche. Trois décennies consacrées tout d’abord aux marionnettes, et pour un public plutôt adulte, avant de faire évoluer ses propositions vers le jeune public, en s’ouvrant à d’autres disciplines du spectacle vivant. Émilie Robert, arrivée à la direction du théâtre en 2013, est comblée : « C’est un très bel âge, 30 ans, une longue traversée a été faite, qui appelle une célébration, mais pas du tout nostalgique ». Lors de cette saison anniversaire, elle et son équipe ont voulu célébrer la fidélité artistique qui les relie à certaines compagnies, L’Entreprise par exemple, qui revient avec des spectacles iconiques tels que La curiosité des anges et Le sixième jour, ou Skappa ! & Associés, avec des nouveautés (la confection d’un arbre-totem pour l’accueil du public). Parmi les autres caractéristiques de la programmation, on remarque le retour des propositions

pour tout-petits, dès 18 ou même 15 mois (Ce qui nous vient de loin..., une création du Théâtre de Cuisine basée sur le papier, la danse et le chant, et Colimaçonne, rencontre des arts du geste et de la peinture avec ak entrepôt). Et pour les plus grands, une attention particulière portée aux « questions auxquelles on ne se confronte pas vraiment, et qui avancent sans nous ». Le numérique notamment, « pour que les enfants en voient autre chose que les La curiosité des anges de François Cervantes © Christophe Raynaud de Lage écrans du quotidien ». C’est ainsi que la Cie Ex Voto à la lune, accom- Méta-Carpe revisitera pour les adolescents pagnée par Zinc, évoquera notre impossibilité le mythe de Frankenstein dans Über Beast à tout comprendre à l’aide d’hologrammes Machine. (Kant, pour les 8 ans et plus), tandis que La Le Massalia adopte aussi un projet

La danse en partage La saison de Klap Maison pour la danse s’annonce riche de propositions variées pour lutter contre la toxicité du monde...

C

’est à une danse plus visible encore, pratiquée et questionnée collectivement que nous convie Michel Kelemenis et sa Compagnie. La gageure est belle : « inventer demain ensemble pour un futur pluriel pacifique ». Les rendez-vous sont nombreux et ouverts aux plus jeunes comme aux plus avertis. Articulés autour de moments phares tels que, pour commencer, la 12e session de Question de danse (voir Zibeline 110), en cours jusqu’au 21 octobre. FestivAnges poursuivra avec, pour sa 4e édition, le désir d’offrir des formes accessibles de poésies des corps, où se succéderont des situations insolites et joyeuses pour enfants et familles. En partenariat avec le Théâtre Massalia, nous y découvrirons ou retrouverons des artistes

If You Could See Me Now, Arno Schuitemaker © Hélène Boyer

comme Germaine Acogny, Katy Deville, Naïf production, Olivier Dubois, Yuval Pick, Kaori Ito et Arthur Perole (dans une transposition-appropriation par 20 amateurs locaux de son œuvre Rock’n Chair). Le festival sera ponctué d’ateliers danse enfants, de week-end de danse en famille. Janvier et février dévoileront les créations de Julien

Andujar et Audrey Bodiguel, de J-A Bigot et Liam Warren, de K. Ito et son nouveau solo Robot, l’amour éternel. En mars et avril nous savourerons + de danse à Marseille qui abordera en oblique MP2018Quel amour ! en questionnant les genres. Rendre visible l’intervalle, le « trouble dans le genre » sera la ligne d’horizon d’Ashley Chen et Philippe Connaughton, d’Arno Schuitemaker, Alexandra Bachzetsis, Camille Mutel, Euripides Laskaridis, Sylvain Bouillet et Christophe Garcia (à destination des enfants). Une fin d’année en beauté expérimentale... Aux mois de mai et juin, la Maison pour la danse se transformera en laboratoire de


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GAËLLE CLOAREC

Théâtre Massalia, Marseille 04 95 04 95 75 theatremassalia.com

recherches et d’expérimentations. Le 30 mai Michel Kelemenis présentera sa « sortie de laboratoire ». Enfin la vitalité de la compagnie sera manifeste toute l’année avec la tournée sur tout le territoire de trois de ses spectacles : La Barbe bleue, Rock & Goal et Collector. Le début d’été sera aérien avec tout d’abord le partenariat avec le Festival de Marseille puis peut-être, on l’espère, une programmation de 9 opérateurs de la danse proposant sur toute la ville des créations et ateliers, dans MP2018 : Dance is in the air… DELPHINE DIEU

Klap Maison pour la danse, Marseille 04 96 11 11 20 kelemenis.fr

AU PROGRAMME DU MOIS

14 octobre : If you could see me now et creation Coline Arno Schuitemaker, soutenu par Klap et le Merlan, est accompagné et produit par la Maison pour la danse qui lui offre une résidence ouvrant sur cette création dont le titre (qui n’est donc pas seulement celui d’une chanson du groupe The Script) augure la possibilité d’un regard sur le mouvement dans son immédiateté... Le même soir, les danseurs de la formation Coline interprèteront la 3e pièce écrite pour eux par Thomas Lebrun, créée après quatre semaines de travail avec eux.

Cours et créas

Kindertotenlieder c Alwin Poiana.jpg

précédemment mené au Théâtre de la Cité, qui s’annonce prometteur : Les simples conférences, série de quatre rencontres, à partir de 10 ans, proposées par la Cie Lanicolacheur. De novembre à mai, on y échangera avec un entomologiste spécialiste des abeilles, Guy Rodet, Catherine Germain, clown et comédienne, le compositeur Jean-Christophe Marti, et le fameux politologue du climat François Gémenne. Notez que si les adultes sont conviés, seuls les enfants pourront poser des questions ! Parmi les temps forts, retenez aussi le Forum Créatif qui aura lieu fin mars, dans le cadre du projet européen Platform Shift+ : l’occasion de suivre le travail des Massalia Web Trotters, des « reporters d’investigation artistique » entre 12 et 18 ans, emmenés par Cyril Bourgois. Sachez que la campagne de recrutement débutera en octobre, renseignez-vous auprès du théâtre. Pour conclure en beauté cette saison anniversaire qui débute avec le Festival En Ribambelle ! (lire p 16), eh bien on fera la fête au joli mois de mai, lors d’un week-end « festif, gourmand et intelligent ». Comme le théâtre Massalia, en somme ! On pourrait même ajouter « bourré d’humour », au vu du spectacle de clôture, Culotte et crotte de nez, par la Cie du Dagor.

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a nouvelle saison du Ballet National de Marseille (BNM) a démarré le 10 septembre par une journée de découverte : visite des studios et des coulisses, vidéos des chorégraphies, ateliers de pratique pour enfants et adultes. Emio Greco et Pieter C. Scholten, les directeurs, réaffirment leur volonté d’ouverture à tous les publics. Plusieurs actions de ce type seront menées au cours de l’année. Des conférences, Parlons danse, seront régulièrement données par l’historienne de la danse Geneviève Vincent ; les spectateurs pourront ainsi approfondir ce qu’ils ont vu ou verront. Quelques-uns participent depuis l’an dernier à un atelier d’écriture qui a donné lieu à une lecture publique en juin. Une fois par mois environ, une répétition est aussi ouverte au public. Parallèlement le BNM continue son action auprès des scolaires de tous les niveaux (Entrez dans la danse) offrant des ateliers avec des danseurs du Ballet et des représentations. Une nouveauté de taille : un cours hebdomadaire tous les jeudis soir pour les amateurs à des tarifs attractifs et des cours quotidiens pour les danseurs professionnels qui travailleront avec les danseurs du Ballet (renseignements sur le site). Pour l’instant deux créations ambitieuses sont annoncées. Tout d’abord le dyptique Kindertotenlieder (Chants sur la mort des enfants) d’après les lieders que Gustav Mahler a composés sur des poèmes de Fiedrich Rückert : Disparition créé en décembre et Apparition en juillet 2018. L’adaptation musicale est assurée par Franck Krawczyk pour des chœurs d’enfants avec la participation de la Maîtrise des Bouches-du-Rhône. L’œuvre questionne sur l’enfance et la mort et sur notre relation aux nouvelles technologies. Puis Rocca, après Rocco, mettra les femmes sur le ring ! (en janvier). Un projet européen innovant, Map to the Stars, est en train de se concrétiser en partenariat avec les Pays-Bas (ICK), l’Espagne (Mercat de les Flors) et l’Italie (Museo dei Bambini) dont le but est de créer un outil numérique pour développer la créativité chez l’enfant sous la direction artistique du chorégraphe Eric Minh Cuong Castaing, artiste associé. Et avec BNMFEST en décembre ce sera la fête au BNM avec plein de surprises ! CHRIS BOURGUE

Ballet National de Marseille 04 91 32 72 72 ballet-de-marseille.com


46 saisons

Aubagne by night

Anatole et Alma © Carmen Morand

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e Théâtre Comoedia a connu des travaux de rénovation, qui permettent notamment au public handicapé d’accéder plus facilement aux lieux via un ascenseur. La structure aubagnaise, qui fêtait ses 30 ans l’an passé, franchit régulièrement le seuil des 20 000 spectateurs par saison. Il faut dire qu’il y en a pour tous les goûts dans ses propositions, et la programmation 2017-2018 ne fait pas exception. On salue l’optimisme de Jean-Luc Dimitri, son directeur, sa foi en une « scène qui témoigne au quotidien d’une diversité, d’un inébranlable désir de créer, avec des artistes qui regardent notre époque et en révèlent heureusement sa poésie ». Parce que de poésie, le monde contemporain a bien besoin... On reconnaît les points forts du Comoedia, notamment la présence de grands classiques dans des mises en scènes originales : Le portrait de Dorian Gray est adapté au théâtre par Thomas Le Douarec, les Fables de La Fontaine prennent vie en marionnettes, avec la Cie Arketal. Le Théâtre du Kronope s’attaque quant à lui au Don Quichotte de Cervantès. Des œuvres contemporaines sont également

au menu : on relèvera particulièrement une création consacrée à Olympe de Gouges par la Cie Bretzel : l’hommage rendu à l’auteure de la Déclaration des Droits de la Femme, guillotinée pendant la Révolution Française, méritera certainement le détour. Énormément de musique, aussi, dans un large éventail de styles : les joyeux lurons de Moussu T e lei jovents, du jazz avec Mariana Ramos, une formation piano et cordes en compagnie d’Éric Le Sage et du Quatuor Modigliani, voire... l’orchestre de la Légion étrangère !. Une belle place est faite aux arts du geste : avec Nacim Battou, chorégraphe hip-hop, et des jeunes interprètes du Ballet National de Marseille-Next venus en voisins. Même les petits auront droit à un délicat Cabaret « à mi-chemin entre la danse, le théâtre et le dressage d’animaux décoratifs » (Cie Un Château en Espagne, à partir de 1 an). Mais une saison à Aubagne ne saurait être complète sans une bonne dose de rires. On ira ainsi à la rencontre du clown tout terrain Léandre, ou d’un jeune artiste local, le mentaliste Clément Freze. En avril, bien sûr, on retrouvera le Plateau Humour, avec

Le rythme saisonnier de Vitrolles

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’éclectique saison vitrollaise s’orchestre essentiellement sur deux lieux, la salle Obino et le domaine de Fontblanche et son théâtre municipal, pour des temps particuliers : Temps danse, qui en trois spectacles passe d’un hip-hop fertile en mimes et magie à la danse contemporaine et à une approche intelligente destinée au jeune public ; Temps de Noël, avec son théâtre, ses numéros de cirque et de théâtre d’objets ; Temps en compagnie des héros de la littérature où les personnages mythiques d’Ulysse, Don Quichotte ou Gilgamesh se voient traités avec un humour inventif et iconoclaste… Cultivant le rythme saisonnier, on fêtera le solstice d’hiver, avec un spectacle lumino-poétique et sonore, Le Chant des coquelicots par Fredandco : 120 coquelicots naîtront sur la place de la Liberté, en une émouvante sculpture vivante. Le printemps quant à lui sera animé par un rituel Carnaval avec la complicité de l’École municipale d’Arts plastiques où, dès septembre, les préparatifs des costumes ont débuté, en coordination avec le Pôle spectacle

Le Chant des Coquelicots © Christophe Cassagne

vivant, les écoles de la ville les associations et le Musée dans la rue. Chaque « époque » sera marquée par des rendez-vous gratuits dans l’espace public. On s’évadera hors les murs, on recevra des artistes, des festivals, on frissonnera dans le cadre du Festival Polar en

lumières, on s’émerveillera lors de l’entredeux-biennales du cirque… La programmation s’attache à être accessible à tous les publics, et porte une attention particulière au jeune public, pour lequel sont organisés des ateliers, des échanges avec les artistes. La relation


Wally, Yacine Belhousse et Topick. Et pour conclure la programmation, Les Coquettes s’en donneront à cœur joie. GAËLLE CLOAREC

Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr

AU PROGRAMME DU MOIS

13 octobre : Anatole et Alma Lorsque Sabine Tamisier écrit spécialement une pièce pour la Cie Bobine etc..., cela donne un joli récit où deux enfants se rencontrent à la plage et échangent leurs doutes sur le monde des adultes. À partir de 6 ans. 18 octobre : Jazz en coulisses Laurent Coulondre en duo : le jeune musicien, Révélation jazz aux Victoires de la Musique l’an passé, vient présenter son nouvel album Gravity zero. 19 octobre : Médéric Collignon et le Jus de Bocse Movies Il chante et joue du bugle, parmi d’autres instruments, et revisite, avec son quartet, les BO de films de Lalo Schifrin ou Quincy Jones. 22 octobre : La fine mouche Christophe Gorlier transpose cette pièce de Carlo Goldoni au XXe siècle, pendant le Carnaval de Venise.

WWW.CINEHORIZONTES.COM

10 novembre : Et l’acier s’envole aussi Le Théâtre du Maquis s’empare des Lettres à Madeleine de Guillaume Apollinaire : une ode à l’amour en temps de guerre.

avec les établissements du secondaire de la ville sont mises en place en concertation avec les enseignants, 5700 élèves de l’école primaire au lycée ont ainsi bénéficié, l’an dernier, d’opportunités pour assister à des spectacles dans le cadre de leurs programmes scolaires. En explorant les diverses formes de spectacle vivant, et cherchant à les rendre accessibles au plus grand nombre, Vitrolles devient un lieu incontournable de la région. MARYVONNE COLOMBANI

Théâtre de Fontblanche, salle Guy Obino, Vitrolles 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr

AU PROGRAMME DU MOIS

26 & 27 octobre : Malfoutus Spectacle de l’Insomniaque Cie programmé dans le cadre du Festival En Ribambelle (voir p16). 11 novembre : Orchestre National de Barbès La salle Guy Obino vibrera des sonorités croisées du chaâbi, du raï, de la musique gnaoua, de la salsa, du reggae, du jazz, du funk, du rock, portées par l’énergie inventive de l’ensemble fondé en 1995 par le bassiste et compositeur Youcef Boukella, Taoufik Mimouni et Fatah Ghoggal, rejoints en 2014 par Aziz Sahmaoui.

Ciné concert

« Une page folle » (1926) Un fim de Teinosuke Kinugasa Scénario : Yasunari Kawabata, prix Nobel de littérature

Villa de Noailles, Hyères (Var), jeudi 16 novembre à 20h30 Ensemble Polychronies : flutes , percussions, récitant Une coproduction Polychronies – Fimé#13 avec le soutien de la fondation Sasakawa

Renseignements /Réservations : 07 81 26 26 11 / Polychronies.com


48 saisons

Une saison au Bois Le Bois de l’Aune est bien plus qu’un théâtre, c’est aussi un lieu de lien social, impulsant nombre de projets, une fabrique artistique, un espace de diffusion, de création, d’échanges. Pluridisciplinaire, il accueille théâtre, cirque, arts visuels, danse, musique, ouvrant son plateau aux artistes issus de la région aussi bien que du national et de l’international Lieu de création Les artistes trouvent au Bois de l’Aune un lieu résidence pour préparer, répéter, mettre en œuvre des projets. En septembre, Camille Boitel a travaillé avec son équipe circassienne sur un Cabaret aux numéros « les mieux ratés possible » ; lui succèderont Gustavo Giacosa, pour une résidence de recherche, Taoufiq Izeddiou, qui assure depuis plusieurs années un fidèle compagnonnage avec ses danseurs, Alain Béhar et Denis Mariotte qui avaient envahi le plateau du théâtre de sa folie poétique et horticole (Les Vagabondes). Micheline Welter, Danielle Bré, Paul Pascot viendront tour à tour peaufiner leurs créations avant de les présenter sur scène.

Participatif et convivial

Amore, Cie Scimone-Sframeli © Paolo Galletta

Le Bois de l’Aune ne se contente pas de présenter des œuvres ou d’abriter les secrets de la création, mais invite public et habitants à prendre une part active à sa vie. La saison est rythmée par de nombreux projets participatifs menés par des artistes et des partenaires venus d’univers variés, social, éducatif, médico-social, artistique, culturel. Les habitants du Jas de Bouffan et ses environs seront ainsi conviés à participer à des ateliers en vue des spectacles de danse de Mauro Paccagnella, The Magnificent 4, de Mohamed El Khatib, Parking, ou encore auprès de la compagnie Begat Theater, dans un collège du Jas, pour ASKIP. Enfin, l’artiste associé de l’année, Christian Mazzuchini, insatiable serviteur du verbe, engagera conversations et jeux d’écriture pour un spectacle qui sera

construit collectivement, et amènera à franchir la porte du théâtre à des personnes qui n’y pensaient pas… les curiosités s’aiguisent si elles sont sollicitées ! Un atelier de pratique théâtrale hebdomadaire sera aussi proposé, par sessions de deux mois (janvier/février, puis mars/avril), animées par des artistes différents, sur un thème ou un texte choisis. Alain Simon invitera un groupe pouvant passer de 15 à 80 personnes pour partager son approche des textes et de la scène. Lieu de vie, le Bois de l’Aune réserve des temps de convivialité, avec des Cafés Gourmands, afin de discuter des spectacles passés, ou tout simplement d’échanger… Le deuxième lundi de chaque mois se poursuivent les REBONDS, au cours desquels un auteur ou un artiste viennent lire un coup de cœur, un texte en cours, ou sur lequel ils travaillent. Les

spectateurs sont conviés certains mercredis à des séances au cours desquelles sont projetés des films jeune public, de ceux que la « grande distribution » cinématographique « oublie », pépites des Petites Bobines, à déguster en famille.

Programmation éclectique Pensée pour « créer du lien social et susciter la curiosité », la programmation riche et éclectique reste toujours proche de la création contemporaine. Elle séduit par sa qualité, son écoute du monde, s’emparant des différents supports que sont la danse, le cirque, le théâtre, la musique. On retrouvera, entre autres, la superbe compagnie Scimone-Sframeli dans Amore, et sa mélancolie décapante, Dorothée Munyaneza qui nous avait bouleversés avec Samedi détente, dans son


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Vitez (dé)fait le mur…

nouvel opus UNWANTED, comment reconstruire les êtres après l’effroyable horreur des guerres ? Sera créé le dernier spectacle de Danielle Bré et sa Compagnie In pulverem reverteris, Les trois sœurs, d’après Anton Tchekhov. La Compagnie belge tg STAN / De KOE, fidèle du théâtre, reviendra pour deux pièces, Atelier et Concernant Bergman. On découvrira aussi KOLIK, par la Diphtong Compagnie d’Hubert Colas, sur un texte de Rainald Goetz… et tant d’autres spectacles ! Il est aussi délicieux de se laisser surprendre par des performances inattendues, des formes nouvelles. Tout devient sens, nous autorise à percevoir, décrypter avec des points de vue inaccoutumés ce qui nous entoure. Autre raison d’aller au Bois ? C’est gratuit. Là encore la démarche de culture pour tous est bien vivante ! (Attention ! Une seule contrainte : il est nécessaire de réserver. Et pour les personnes à mobilité réduite, l’accès est aménagé, il faut juste prévenir le Bois de l’Aune de votre venue).

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ue et migration pour notre théâtre universitaire préféré : hors les murs jusqu’en janvier 2018 puis dans le Cube au cœur d’un campus tout neuf l’an prochain, départ de Danielle Bré, arrivée de Louis Dieuzayde à la présidence… Pourtant la saison 2017-2018 n’a rien de passe-muraille et assure fermement encore l’accueil et l’accompagnement de productions singulières aptes à faire sens. On y entendra de Sabine Tamisier le Lamento de Livia, en proie à l’alcoolisme, et les mots de la fin de l’œuvre-vie de Duras dans la bouche de Nicolas Guimbard. On y verra les apprentis-comédiens grimper aux monuments Genet -Q(uerelle de Brest) entre bar et prison sous le regard décapant de Geoffrey Coppini- et Euripide -Les Suppliantes que Cyril Cotinaut mettra à l’épreuve de Brecht et de la modernité. Le même, qui dirige le TAC Théâtre, fera entendre à travers la voix du Timon d’Athènes de Shakespeare, celles de Marx et de Machiavel : un homme très riche peut-il changer le monde ? Chiche ! Plateau brûlant aussi pour La Cie La Paloma qui se frotte au vigoureux Trust de Falk Richter : krach boursier et langue brisée, crise de la confiance et esprits fracassés, du pain sur les planches ! Mais il faut bien vivre nous diront Antoine Wellens et les Primesautier dans une triple mise en abyme, ouvrant à partir de l’œuvre du « sociologue du pauvre » Richard Hoggart sur un soap-opera réflexif en 33 épisodes. À voir ! Mais ce sont peut-être les Vagabondes d’Alain Béhar, plantes vivaces indomptables, qui nous feront sauter les murailles (en janvier, fais ce qu’il te plaît) ; entre végétal et digital, la quête foisonnante d’un écrivain procrastinateur qui cultive à l’infini son jardin… MARIE-JO DHO

MARYVONNE COLOMBANI

AU PROGRAMME DU MOIS

12 & 13 octobre : Adishatz Jonathan Capdevielle dit Adishatz, (adieu en patois occitan) à son adolescence, histoire émouvante à travers les chansons des années 80-90. Les souvenirs affluent, poétique mélancolie, rires… un moment précieux ! 12 & 13 octobre : Lectures (z)électroniques Le Détachement international du Muerto Coco poursuit ses bidouillages sonores et ses recherches poétiques. Ils offrent leurs Lectures poétiques en caravane sonore avec leur humour, leur folie, leur justesse… 19 & 20 octobre : …De là-bas Dans son décor d’argile, Romain Bertet creuse, chute, écoute, guette. Dans ce lieu où l’Autre est la matière ellemême, la danse se crée au cours d’un récit fragmenté, tout en nuances et subtilité. (17 octobre aux Salins, à Martigues) 23 & 24 octobre : Géologie d’une fable Transformés en archéologues, géologues et sculpteurs, Aurélien Zouki et Eric Deniaud (collectif Kahraba) remontent la généalogie de nos fables et de leurs origines en modelant, en direct, l’argile dont naissent figures animales et personnages. 7 & 8 novembre : Jaloux de Dieu Le Monologue 2 d’Alain Simon suit les méandres de la pensée, joue entre analogies, échos de mémoire, et passe du thème initial de la « médiation/sécurisation » à un final surprenant à propos du portrait de la femme de Cézanne ! (voir journalzibeline.fr).

Théâtre Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 theatre-vitez.com

AU PROGRAMME DU MOIS

17 octobre (au CSC La Provence) : Carnet d’automne Pas de mélancolie, que de la gourmandise et de la poésie. Matrone, pianiste, chanteuse, l’ombre des femmes depuis la fin de l’empire romain et d’après les Tablettes de Buis de Quignard / Apronenia. Une méridienne, un guéridon : la complicité joueuse de Danielle Bré et de ses compagnes fera le reste. Les vagabondes, Alain Béhar © X-D.R.

Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 boisdelaune.fr


50 saisons

Un Pavillon multicolore Spectral evidence, Angelin Preljocaj © JC Carbonne

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spagne, Maroc (55 de Radouan Mriziga, en partenariat avec Dansem), Suisse-Roumanie, Israël, USA-Allemagne, U.K., Afrique du Sud, Sénégal, Belgique (Vader, première partie d’une trilogie du collectif star Peeping Tom) : la dominante internationale de la nouvelle saison du Pavillon Noir n’est pas un effet d’optique mais une réalité. Ce n’est pas non plus un effet du hasard, car nombre des chorégraphes invités entretiennent des liens profonds et/ou anciens avec Angelin Preljocaj. Certains ont même interprété quelques-unes de ses pièces telle Ella Rothschild dans Les Noces, qui présentera 12 Postdated Checks lors d’une soirée consacrée à la scène contemporaine israélienne aux côtés de Adi Boutrous (It’s Always Here) et Andrea Costanzo Martini (Scarabed, Angles and the Void). La saison se déroulera en trois temps et deux lieux pour cause de démarrage des travaux d’aménagement du hall d’accueil, tant de fois annoncés et tant de fois repoussés… Au total 17 compagnies sont programmées pour 60 représentations à l’automne et au printemps au théâtre, en hiver au grand studio. Soit l’équivalent de la saison dernière qui avait permis de recevoir quelque 14 000 spectateurs. Angelin Preljocaj, qui a lancé la saison avec son double programme Un trait d’union et Création 2017, a choisi de

soutenir le travail de quatre chorégraphes dans lesquels « (il) met toute sa confiance ». Hervé Chaussard, ex-danseur du Ballet et artiste associé durant trois ans, dévoilera son dernier opus Love Project puis invitera les danseurs du Ballet Preljocaj Junior à se glisser dans le tempo endiablé de sa comédie musicale Willy. Accueillis en résidence, la chorégraphe aixoise Josette Baïz créera Amor avec sa compagnie Grenade, le tandem madrilène Enclave réenchantera toutes les danses traditionnelles espagnoles dans sa création 2018 Distancias Paralelas tandis que le chorégraphe et pédagogue Alvarao Restrepo présentera Negra/Anger dans le cadre d’une collaboration de longue date entre le Ballet Preljocaj et le Centre de formation de danse contemporaine en Colombie qui fut l’hôte du Ballet à plusieurs reprises (master classes, tournée de La Fresque, etc.). Pendant sa résidence à Aix-en-Provence, la troupe travaillera trois semaines avec des collégiens dans le cadre des actions de sensibilisation à la danse mises en œuvre par le Pavillon Noir. Le jeune public a la côte qui pourra « danser » sur les créations de Gregory Maqoma pour la troupe sud-africaine Via Katlehong Dance (Via Kanana à la danse vibrante et élégante), du sénégalais Alioune Diagne déjà accueilli en 2012 et 2015 (le conte Leuk-le-Lièvre inspiré des fables médiévales), du duo Marcia

Barcellos et Karl Biscuit (la Théorie des prodiges et ses tableaux enchanteurs), et enfin d’Akram Khan visible sur le plateau du Pavillon Noir pour la première fois avec Chotto Desh, un conte visuel et chorégraphique adapté de sa pièce Desh où s’interpénètrent images animées, dessins, ombres chinoises et danse. M.G.-G.

Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 4 preljocaj.org

AU PROGRAMME DU MOIS

7 au 9 octobre : Amor Un bel acte d’Amor que cette nouvelle création de Josette Baïz qui offre aux danseurs de sa compagnie Grenade la chance d’interpréter les pièces de chorégraphes internationaux : Bouvier et Obadia, Brumachon, Fridman, Preljocaj… (voir Zib’ 110). 13 & 14 octobre : Negra / Anger Douloureuse et incandescente, la performance créée par le colombien Alvaro Restrepo est tout entière baignée de la lueur symbolique de Carthagène des Indes en Colombie, son histoire, son peuple et sa musique. 8 au 10 novembre : Love Project Artiste associé au Pavillon Noir, Hervé Chaussard signe une pièce à double face autour de l’amour, platonique ou charnel, inspirée par la musique de Charles Ives et le film Barbarella de Roger Vadim.


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Demain au présent

Association d’idées

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La nature existe, c’est rigolo [saison 3] © Thierry Lagalla

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e 3bisf des femmes, pavillon de force au cœur de l’hôpital Montperrin, est devenu un théâtre, une salle d’exposition, un laboratoire où mûrissent des projets artistiques. Paradoxe de l’histoire de ce bâtiment voué à l’enfermement, l’isolement, la mise à l’écart, que de le voir transformé en un lieu ouvert à tous les publics, sans distinction d’âge, de condition, d’origine, de statut. Sylvie Gerbault, directrice de cette structure atypique, insiste sur le principe de la déségrégation, démarche qui permet à chacun de rencontrer l’autre, publics, quel qu’ils soient, artistes, de façon indistincte. Transcription concrète d’un art sans frontières. Les résidences de recherche ou de création offrent une imbrication étonnante entre le travail personnel des artistes et les pratiques collectives qu’ils initient : la réflexion artistique, ses techniques matérielles se partagent, l’acceptation de ne pas tout maîtriser est alors essentielle. La programmation d’un éclectisme vivifiant offre chaque année un aperçu intelligent de la recherche conceptuelle, éduque le regard, bouscule les préjugés, dans un engagement sans cesse renouvelé. On s’initiera aux marionnettes de l’Insomniaque Cie, les Malfoutus ; on abordera L’île Pacifique de la Cie Des Accès… et tant d’autres écritures où le monde prend des reliefs insoupçonnés ! MARYVONNE COLOMBANI

3bisf, Aix-en-Provence 04 42 16 17 75 3bisf.com

AU PROGRAMME DU MOIS

Jusqu’au 30 novembre : La nature existe, c’est rigolo [saison 3] Thierry Lagalla invite à un parcours heuristique déjanté, où Héraclite croise Parménide dans une blague carambar, où la tragédie n’est que la prémisse de la comédie : juché sur un piédestal vertigineux, le toboggan auquel une échelle permet d’accéder débouche sur le vide… tragique ou comique ? 13 & 20 octobre / 8 & 20 décembre : Vivre sa Maison Gustavo Giacosa convie à des visites de son exposition à la Cité du livre. Photographie, arts plastiques, mouvements, fin des clivages entre les arts pour une vision singulière…

st-on certain de n’avoir « Même pas peur » cette saison à Gardanne ? Tout sera en tous cas mis en œuvre par le Service culture et vie associative de la ville pour que les jeunes gardannais profitent des joies du frisson et de la découverte pendant le Festival Oh là là ! Le temps des petits, en novembre. En partenariat avec le Syndicat des Mouettes, 4 spectacles (Les jolis Bruits du noir de la Cie Choc Trio), un concert (Bab et l’orchestre des chats) et une lecture à la médiathèque (Des mots pour deux mains, qui propose la découverte d’un livre en langue des signes et en paroles) joueront à faire la nique au noir, aux monstres, au loup… Un peu de musique pour se remettre de ces émotions ? Didier Super se charge de tout ! Le cabaret Marseille mes amours, reprise du répertoire des opérettes de Vincent Scotto, saupoudrera un peu de rétro dans les oreilles, avec des sonorités des années 30. Jean-Christophe Born, ténor, met en scène ce récital. Ce sont deux anciens artistes de cabaret, justement, qui viennent raconter leur histoire au sortir de la Grande Guerre. Récit d’outre tombe, puisqu’ils arrivent tout droit de l’au-delà, Le petit poilu illustré s’adresse aux enfants à partir de 6 ans. Il y aura de la danse aussi, sur un rythme hip hop avec les trois duos de la Cie Alexandra N’Possee, et l’étonnant alliage proposé par les artistes de la Cie Lézard dorés qui associent Bach et mouvements street dance. ANNA ZISMAN

Service culture et vie associative, Gardanne 04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr

AU PROGRAMME DU MOIS

20 octobre : Récit de mon quartier Jean-Jérôme Esposito fait de son enfance dans les quartiers nord de Marseille le récit d’une humanité généreuse, une ode au vivre ensemble qui va à l’encontre des caricatures médiatiques ! 10 novembre : Cellule de crise Trois amies d’enfance et autant de versions de la vie. Et quand elles discutent entre elles tout y passe : la pâtisserie, le sexe, les enfants, l’amitié… et le cancer, celui de l’une d’entre elles. L’Aparté aborde le sujet sous un angle à la fois léger et grave, en y mêlant chants et danses. Récit de mon quartier © X-D.R


52 saisons

Les promesses berratines

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u Forum des Jeunes et de la culture, à Berre l’Étang, convivialité et découverte ne sont pas de vains mots. Ce sont les deux directions données par l’équipe du lieu, qui concocte chaque année une programmation exigeante et surprenante qui fait la part belle au théâtre et à la musique. Parmi les belles surprises musicales, peu (voire jamais !) entendues sur les rives est de l’Etang de Berre, soulignons le concert de l’ovni Sarah McCoy : cette chanteuse américaine apprivoise le blues et la soul de la Nouvelle-Orléans d’une voix grondante qui sait aussi se faire ténue, hors normes ; une autre belle voix se fera entendre, celle de Lisa Simone -qui n’est pas que la fille de son illustre mère !- dont le dernier album My World est empli d’un bonheur de vivre très communicatif ; dans d’autres registres, la transe mi trad mi rock de Lalala Napoli détournera audacieusement la tarentelle napolitaine, tandis que le québécois Thomas Hellman nous transportera au cœur de l’histoire de l’Amérique des années 30 sur fond de folk, de blues et de gospel… En théâtre le jeune public est particulièrement gâté : outre Géologie d’une fable accueilli dans

Gaël Faye © Chris Schwagga

le cadre du Festival En Ribambelle (voir p16), les enfants pourront s’évader En traits mêlés avec la Cie Théâtre Désaccordé qui fait de leurs gribouillages naissants une œuvre d’art aboutie ; ou avec Lamine Diagne, conteur, auteur et musicien, qui invente pour de jeunes enfants hospitalisés à l’hôpital de la Timone, à Marseille, un Tarot du grand tout capable de vaincre les insomnies et combattre les maladies

grâce à des personnages fantasmagoriques plein de vie ; avec le Théâtre Bascule qui prône dans Zoom Dada la spontanéité et l’amusement par le biais de deux mouvements artistiques incontournables, le dadaïsme et le hip-hop ; à l’issue de la saison enfin, et après un temps de découverte en milieu scolaire, ils se laisseront emporter par l’univers sonore sans limites de l’Ensemble Polychronies,

La grande évasion

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’Espace NoVa de Velaux offre chaque année une saison forte de cohérence. Un thème lie les différentes propositions entre elles et leur accorde une saveur supplémentaire. Le sens reste un mot-clé dans une salle qui se veut plus qu’un théâtre, lieu de vie, de partage, avec des expositions, des rencontres, des activités déclinées par la médiathèque, avec un espace détente et un coin lecture enfants, et un accueil toujours chaleureux, grâce aux bénévoles de Culture’Mania qui accompagnent Pierre et le Loup © Carbonne le travail de programmation avec le choix figure de Mandela avec danseurs et musiciens d’un coup de cœur. L’année se place sous le venus d’Île-de-France et d’Afrique du Sud. signe des Carnets de voyages… Le parcours, Musiques, danses et comédie musicale, lanbien plus important que l’arrivée, sème ses gages universels, fédérateurs, ont une place de richesses et le public peut puiser, dans une choix en 2017-2018 : comme avec les chants large palette, des itinéraires étonnants. La et la guitare de Tété et ses Chroniques de saison a ouvert le 30 septembre avec un spec- Pierrot lunaire, pour un univers intimiste aux tacle fort, Madiba, Le musical, qui évoque la accents de blues et de folk ; la musique se fait

espiègle et potache sous l’humour de Mär, Glär et Tø (Blond, Blόnd et Blõnd), frère et sœurs venus de Jokkmokk (Suède) pour un Hømåj à la « chonson » française. On suivra Alice dans la comédie musicale aux timbres jazzy de Julien Goetz dans une mise en scène de Marina Pangos. La voix délicieuse de la soprano Pauline Courtin se posera sur des airs de Bellini, Donizetti et Arditi auprès de l’Orchestre de Chambre de Marseille qui nous aura conduits en Italie avec Les Quatre Saisons puis le Concerto pour cordes en La majeur de Vivaldi. Coup de cœur particulier pour Candide l’Africain, adapté et mis en scène par Guy Giroud et interprété par la Cie Marbayassa (Burkina Faso) ; les mots de Voltaire croisent ceux des griots. (Cette soirée est dédiée à l’action humanitaire AMNS Les enfants de Tangaye).


DEMOCRACY IN AMERICA ses percussions monumentales et ses défis rythmiques singuliers et hypnotiques. Sans oublier la note humoristique qu’apporte Alex Vizorek, trublion belge (bien connu en France grâce à France Inter et France 5) qui s’auto proclame « œuvre d’art » pour mieux décortiquer l’art moderne, la musique, la sculpture ou le cinéma à grands coups de références et d’allusions absurdes et désopilantes, ni la touche magique, et néanmoins déstabilisante proposée par Claire Castel dans Je clique donc je suis, implacable démonstration de nos vaines croyances dans les logiques technologiques…

Forum de Berre 04 42 10 23 60 forumdeberre.com

© Guido Mencari

DOMINIQUE MARÇON

ROMEO CASTELLUCCI

JEU 16 ET VEN 17 NOV 20H30 LIBREMENT INSPIRÉ DE L’ESSAI D’ALEXIS DE TOCQUEVILLE

TEXTE CLAUDIA & ROMEO CASTELLUCCI

AU PROGRAMME DU MOIS

13 octobre : Jil Caplan (L.Y.A en 1re partie) Après 10 ans d’absence sur la scène musicale, Jil Caplan fait son retour avec un 8e album, Imparfaite, d’inspiration jazz, co-composé avec le virtuose de la guitare manouche Romane, et arrangé par Jean-Christophe Urbain. En 1re partie, L.Y.A livrera sa pop épicée et festive ! 11 novembre : Gaël Faye Accompagné du guitariste et chanteur rwandais et congolais Samuel Kamani, Gaël Faye mêle dans cette lecture musicale les mots et les sons qui racontent son enfance heureuse au Burundi, puis l’irruption de la guerre civile et du génocide, avec émotion et sincérité.

MUSIQUE SCOTT GIBBONS

04 42 49 02 00 LES-SALINS.NET

Le jeune public sera particulièrement gâté avec Tara sur la lune où techniques d’animation et jeu théâtral jonglent entre gags et poésie avec Olivia Algazi, seule en scène, ou l’époustouflante Machine de cirque de Vincent Dubé. Parmi les pièces de théâtre, on retiendra les voyageuses : Les Cavaliers, adapté du roman de Kessel dans une mise en scène d’Éric Bouvron et Anne Bourgeois et Le Tour du monde en 80 jours par la Cie La Naïve et sa verve déjantée. En ébouriffante conclusion, la chorégraphie d’Hervé Koubi, Ce que le jour doit à la nuit, revisite 3000 ans d’histoire. Que de voyages promis… dans un fauteuil ! MARYVONNE COLOMBANI

Espace Nova, Velaux 04 42 87 75 00 espacenova-velaux.com

AU PROGRAMME DU MOIS

13 octobre : Pierre et le loup et Le roi et l’oiseau Chaque personnage du conte musical de Prokofiev est doté non seulement d’un thème musical mais aussi gestuel. La Cie (1)promptu se glisse avec talent et malice dans cette chorégraphie de la talentueuse Émilie Lalande qui mettra ensuite sa verve au service du roi de Takicardie du merveilleux film d’animation Le Roi et l’Oiseau de Prévert.

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54 saisons

Tous aux Salins ! La programmation de la scène nationale de Martigues est foisonnante, avec des propositions qui croisent et démultiplient les genres

(s)acre, David Drouard © Manon Renier

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a saison des Salins s’annonce éclectique, « comme d’habitude, et avec du sens », comme le revendique Gilles Bouckaert, son directeur. Beaucoup de danse, de théâtre, de musique, avec des propositions qui se croiseront entre classique et contemporain, créations ou confirmations ; autant de passerelles pour créer la curiosité de la découverte !

Grandes formes Jean-Michel Rabeux dévoilera son univers bien particulier, de folie et d’humour, dans une version déjantée et jouissive de La Belle au bois dormant, transportée au pays de l’argent-roi, puis dans une création, La Double inconstance (ou presque) de Marivaux, avec un « presque » de poids, à n’en pas douter ! Dans un autre genre, pas si éloigné finalement, Les Chiens de Navarre partiront à la recherche de l’identité française en convoquant quelques figures de notre Histoire et de notre actualité : Jusque dans vos bras déménagera sûrement quelques certitudes ! Romeo Castellucci s’inspire lui de Tocqueville pour éclairer de sa lumière toute personnelle les origines

de la civilisation américaine ; Democracy in america (voir journalzibeline.fr) prendra d’ailleurs une dimension toute particulière sur la scène des Salins avec la participation de douze danseuses du groupe folklorique La Capouliero… Même siècle, mais c’est dans une atmosphère différente que nous transporte Lucie Berelowitsch en conviant le public Un soir chez Victor H., dans la maison des Hugo à Jersey. Installé dans la petite salle autour de tables rondes, des « tables parlantes », c’est à l’aide de spiritisme qu’il ira à la rencontre de l’auteur. David Bobée monte Peer Gynt, d’Henrik Ibsen, un anti-héros prétentieux et raté qui rêve sa vie au lieu de la vivre ; l’occasion pour le metteur en scène d’ « interroger notre monde bouleversé ». En danse Blanca Li aborde le thème des relations entre l’homme et la nature dans une nouvelle création, Solstice, pour quatorze danseurs et un percussionniste ; le jeune chorégraphe David Drouard revisite Le Sacre, avec des interprète exclusivement féminines -danseuses et musiciennes-, dans un décor signé par le jardinier et paysagiste

Gilles Clément. Quant à Delavallet Bidiefono, qui succède à Frank Micheletti en tant qu’artiste « invité », il évoque dans Monstres – On ne danse pas pour rien l’idée de la construction, celle qui permet de vivre, de créer et d’espérer. Présent tout au long de la saison, il animera aussi des ateliers avec les habitants de Martigues pour préparer l’événement festif qui aura lieu en février au théâtre et dans la ville dans le cadre de MP2018 (voir p 6 et 7) : au programme, un bal pour les enfants, une grande fête dans toute la ville en collaboration avec les associations et de nombreuses surprises…

Musiques multiples Les styles musicaux aussi se croiseront, à l’image du concert Classical&Jazz Madness qui s’apparente à une rencontre explosive entre baroque, classique et jazz : Yaron Herman, jeune prodige du piano jazz, et l’ensemble orchestral Geneva Camerata, sous la direction de David Greilsammer, explorent ensemble un répertoire qui va de Raval à Purcell, en passant par des impros


Métropole Aix-Marseille-Provence — 58 boulevard Charles Livon — 13007 MARSEILLE — Création : DGACREGE — Photo Thinkstock © epatrician — Septembre 2017

jazz. Avec le quatuor féminin Salut Salon, c’est le répertoire classique qui se lie au tango, au folk ou à la musique de films, le tout sur fond d’acrobaties instrumentales. De grandes voix aussi, et pas des moindres, avec l’irrésistible Calypso Rose et ses rythmes chaleureux et chaloupés, ou Yilian Cañizares dont la voix puissante et cristalline chante ses origines cubaines et son attachement au jazz. Et puis, au printemps, le Train Bleu fera escale en Afrique avec Frank Micheletti, à la musique !, et le danseur Idio Chichava dans un solo qui évoque une jeunesse urbaine et inventive, et en Espagne avec Andrés Marín et Laurent Berger, dans un flamenco contemporain qui se confronte à Don Quichotte.

avec

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AU PROGRAMME DU MOIS

DOMINIQUE MARÇON

Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net 13 octobre : Le Bal à Boby À la fois spectateur et danseur, le public est partie prenante de la chorégraphie déjantée concoctée par Hervé Maigret, Cie NGC25, autour de l’univers musical de Bobby Lapointe. Place à la fantaisie et à l’imagination ! 13 octobre : China Moses Après avoir repris ses artistes de jazz préférés, la chanteuse livre ses premières compositions sur l’album Nightintales. Sa voix chaude de contralto s’envole avec élégance sur des rythmes de deep soul, R&B, lounge jazz et pop. (20 octobre à La Croisée des Arts à Saint-Maximin, voir p 75). 17 octobre : …De là-bas Dans son décor d’argile, Romain Bertet creuse, chute, écoute, guette. Dans ce lieu où l’Autre est la matière elle-même, la danse se crée au cours d’un récit fragmenté, tout en nuances et subtilité. (19 & 20 octobre au Bois de l’Aune, à Aix). 21 octobre : Magnificat

60

13

Bernard Pivot

Président de l’Académie Goncourt, parrain de la manifestation

tout public

GRATUIT

PLUS DE RENSEIGNEMENTS DANS LES MÉDIATHÈQUES PARTICIPANTES (2)

Excepté pour le spectacle « Oh secours ! Les mots m’ont mangé » de et par Bernard Pivot dans les salles de spectacle d’Aubagne, Carry-le-Rouet, La Ciotat, Lambesc et Salon-de-Provence. Liste disponible sur simple demande à lecturenature2017@ampmetropole.fr

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Grégoire Strecker met en scène la pièce de Feydeau, Occupe-toi d’Amélie, dans une transposition et adaptation de Noëlle Renaude qui vise à créer une sorte d’augmentation de notre réalité contemporaine. Fantasmes, désirs et pulsions inavouables n’en seront que plus cruels…

communes de la métropole

71 représentations

créations artistiques

Un événement culturel organisé par la Métropole Aix-Marseille-Provence dans les médiathèques.

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NOV.

24 OCT 18

2017

vence } allauch } alleins } aubagne } auriol } belcodène } bouc bel air } cabriès } cassis } ceyreste } châteauneuf-le-rouge } châteauneuf-les-martigues } charleval } cornillon-confoux } coudoux -pins } ensuès-la-redonne } eyguières } fos-sur-mer } fuveau } gardanne } gémenos } gignac-la-nerthe } grans } gréasque } istres } jouques } la bouilladisse } la ciotat } la penne-sur-huveaune } nthéron } lambesc } lancon-provence } le tholonet } mallemort } marignane } marseille } martigues } meyrargues } meyreuil } miramas } pélissanne } pertuis } peynier } peyrolles-en-provence } c } port-saint-louis-du-rhône } rognes } rousset } saint-mitre-les-remparts } salon } sénas } septèmes-les-vallons } simiane-collongue } saint-chamas } saint-savournin } saint-zacharie } venelles s } vitrolles } aix-en-provence } allauch } alleins } aubagne } auriol } belcodène } bouc bel air } cabriès } cassis } ceyreste } châteauneuf-le-rouge } châteauneuf-les-martigues } charleval } confoux } coudoux } cuges-les-pins } ensuès-la-redonne } eyguières } fos-sur-mer } fuveau } gardanne } gémenos } gignac-la-nerthe } grans } gréasque } istres } jouques } la bouilladisse } la enne-sur-huveaune } la roque d'anthéron } lambesc } lancon-provence } le tholonet } mallemort } marignane } marseille } martigues } meyrargues } meyreuil } miramas } pélissanne } pertuis } eyrolles-en-provence } port-de-bouc } port-saint-louis-du-rhône } rognes } rousset } saint-mitre-les-remparts } salon } sénas } septèmes-les-vallons } simiane-collongue } saint-chamas } urnin } saint-zacharie } venelles } vernègues } vitrolles } aix-en-provence } allauch } alleins } aubagne } auriol } belcodène } bouc bel air } cabriès } cassis } ceyreste } châteauneuf-le-rouge } f-les-martigues } charleval } cornillon-confoux } coudoux } cuges-les-pins } ensuès-la-redonne } eyguières } fos-sur-mer } fuveau } gardanne } gémenos } gignac-la-nerthe } grans } gréasque uques } la bouilladisse } la ciotat } la penne-sur-huveaune } la roque d'anthéron } lambesc } lancon-provence } le tholonet } mallemort } marignane } marseille } martigues } meyrargues } meyreuil } pélissanne } pertuis } peynier } peyrolles-en-provence } port-de-bouc } port-saint-louis-du-rhône } rognes } rousset } saint-mitre-les-remparts } salon } sénas } septèmes-les-vallons } longue } saint-chamas } saint-savournin } saint-zacharie } venelles } vernègues } vitrolles } aix-en-provence } allauch } alleins } aubagne } auriol } belcodène } bouc bel air } cabriès } cassis } hâteauneuf-le-rouge } châteauneuf-les-martigues } charleval } cornillon-confoux } coudoux } cuges-les-pins } ensuès-la-redonne } eyguières } fos-sur-mer } fuveau } gardanne } gémenos } erthe } grans } gréasque } istres } jouques } la bouilladisse } la ciotat } la penne-sur-huveaune } la roque d'anthéron } lambesc } lancon-provence } le tholonet } mallemort } marignane } marseille } meyrargues } meyreuil } miramas } pélissanne } pertuis } peynier } peyrolles-en-provence } port-de-bouc } port-saint-louis-du-rhône } rognes } rousset } saint-mitre-les-remparts } salon } sénas les-vallons } simiane-collongue } saint-chamas } saint-savournin } saint-zacharie } venelles } vernègues } vitrolles } aix-en-provence } allauch } alleins } aubagne } auriol } belcodène } bouc

55

Le Chœur régional Paca et l’Orchestre régional de Cannes, sous la direction de Michel Piquemal, proposent un double programme autour du Magnificat, donnant à entendre le texte liturgique habillé de la musique baroque italienne de Vivaldi et contemporaine argentine de Palmeri. (14 octobre à Scène 55, à Mougins). 24 & 25 octobre : Je me réveille Un vrai premier concert pour les tout-petits ! Mosai et Vincent mélangent des poésies sonores, des percussions corporelles des instruments à cordes et des samples, avant d’inviter les bambins à se lever et danser sur des compositions électro. De 3 mois à un an. 9 & 10 novembre : Une hache pour briser la

mer gelée en nous


56 saisons

29e et dernière saison programmée par Pierre Grafféo au Sémaphore à Port-de-Bouc. Après 29 ans passés à sa tête il fait valoir ses droits à la retraite, en décembre 2018

Le Petit chaperon rouge, La Petite Compagnie © X-D.R

Quelle aventure Le Sémaphore ! Zibeline : Comment est né le Théâtre Le Sémaphore ? Pierre Grafféo : Lorsque Jack Lang était ministre de la Culture il a fait en sorte que toutes les friches qui existaient sur le territoire national, si elles étaient investies d’un projet culturel, puissent être transformées en lieux culturels. Je n’avais qu’une idée en tête, qui était de permettre aux Port-de-Boucains, un milieu populaire et ouvrier dont je suis issu, de profiter de cette émotion particulière qu’apporte le théâtre. Avec l’accord du maire de l’époque, René Rieubon, on a pu investir les ateliers mécaniques de l’usine Saint-Gobain, où se trouve Le Sémaphore, et l’ancienne église qui est devenu le cinéma. Le premier

spectacle qui y a été donné, c’est Le monde d’Albert Cohen. Jean-Louis Hourdin a été l’une de mes belles rencontres avant que je sois vraiment investi dans ce métier, c’est lui qui m’a donné envie d’y venir. Puis on a avancé, pas à pas, jusqu’à devenir, il y a une quinzaine d’années, une scène conventionné pour les publics par l’État, et Pôle régional de développement culturel par la Région. Cette saison est donc particulière ! Oui, elle dure un an et trois mois, jusqu’à mon départ. Il y a deux raisons à cela : la première c’est que j’assume tous les engagements que j’ai pris pour le lieu ; la seconde c’est que j’avais demandé à l’ensemble des tutelles (L’État via

la Drac, la Région, le Département et la Ville) leur soutien sur l’année 2018, ce qui a été accepté. J’espère que ça perdura après, on a d’ailleurs une réunion avec l’ensemble des partenaires et des tutelles en octobre pour que tout soit clairement exposé et qu’on puisse d’ores et déjà travailler à la suite. J’espère pouvoir, dès la rentrée de 2018, accompagner mon ou ma successeur. Cette saison, peut-être par sa durée, porte davantage l’action sur ce qui a été pour moi les axes que j’ai défendus chaque année en présentant un projet artistique différent. Il faut qu’il y ait une programmation éclectique, c’est essentiel. C’est un théâtre de ville, on veut s’adresser au grand public, à tout le monde


57 donc. Pour le jeune public, il y a une programmation pendant les vacances scolaires, les actions « artistes au lycée » et « artistes au collège », le projet J’habite une ville, mené avec les centres sociaux et les habitants de la ville à qui l’on demandera comment ils la fantasment. Il a toujours, aussi, une attention particulière portée aux artistes de la région. Oui, parce que j’ai toujours considéré qu’un théâtre implanté dans une région a une responsabilité sur la création artistique de celle-ci. Il y a tellement d’artistes et tellement de talents ! D’ailleurs la plupart des compagnies qui sont en longue résidence, de septembre à juin, sont des compagnies régionales. Cette année on retrouve Gorgomar, Lanicolacheur avec Ponce Pilate, Haïm Menahem avec Trois Perrault sinon rien, Eva Doumbia (qui va animer les ateliers théâtre, fera « artistes au lycée » et présentera Badine, sa prochaine création), Jeanne Béziers avec Le chant du hamac et Ophélie, Agnès Régolo avec Ubu roi, Christian Mazzuchini avec Dingo-Dingue… Quelle forme prendra la dernière soirée programmée dans cette saison hors normes ? Je ne sais pas et je ne veux pas y penser maintenant ! J’ai envie de dire au revoir, et merci, à l’équipe, au public qui est venu ici, j’ai envie que tous ceux qui m’ont soutenu jusqu’à maintenant puissent être là. De quoi est-ce qu’elle va être nourrie je ne sais pas. Pour l’instant c’est une grande invitation à venir faire la fête ! DOMINIQUE MARÇON

AU PROGRAMME DU MOIS 17 au 20 octobre (dans les centres sociaux) :

Monsieur Mouche Factotum dans un théâtre, et attendant qu’on ait besoin de lui, il a du temps pour s’amuser, faire de la musique et chanter. Le tout avec une maladresse hilarante ! (8 octobre à Grans). 31 octobre : Le Petit chaperon rouge Tiphaine Guitton (La Petite Compagnie) met en scène le texte de Joël Pommerat, une réécriture contemporaine du conte qui en fait une ode délicate à la curiosité, au son d’une viole de gambe. 10 novembre : Sarah McKenzie La chanteuse-pianiste-compositrice australienne joue et chante son dernier album Paris in the rain, qui alterne les standards du genre et des compositions originales.

Alpilium et la femme

Entre le Zist et le Geste © X-D.R

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a démarche n’est pas si fréquente dans le monde culturel, elle mérite d’autant plus d’être soulignée : en cette saison 201718, l’Alpilium de Saint-Rémy-de-Provence mettra les femmes à l’honneur et le revendique. Auteures, metteures en scène et comédiennes seront nombreuses dans la programmation pour évoquer le thème des droits des femmes et leur place dans la société. L’humour permet parfois de contourner la gravité de ces enjeux pour mieux les mettre en lumière. Ce sera le cas avec Et pendant ce temps Simone veille, qui réunit quatre générations de femmes pour un tour complet des combats menés entre XXe au XXIe siècle, du droit à l’avortement à la procréation assistée. Dans un autre registre, mêlant gravité et légèreté, Zabou Breitman interprétera La Compagnie des spectres, l’adaptation qu’elle a signée du roman de Lydie Salvayre. Elle y joue une mère et sa fille qui se racontent, hantées par un lourd passé. Une poésie sombre et mystérieuse se dévoilera avec Cœur cousu, tiré du roman de Carole Martinez. Julie Canadas et sa Cie De Fil et d’Os nous mènent dans un atelier de couture où marionnettes et objets prennent vie. On y découvrira le secret d’une boîte transmise au sein d’une lignée de femmes. Au rayon musique, Souad Massi sera à l’affiche. Engagée pour les valeurs de justice et de liberté, la chanteuse algérienne livrera les titres de son dernier album El Mutakallimûn, ainsi que ses plus grands succès. La pianiste saint-rémoise Fanny Azzuro explorera avec le Spiritango Quartet les multiples facettes du tango ; la formation présentera aussi son dernier disque Ivresse, où la salsa

et la musique française ont aussi leur place. L’Argentine sera également représentée par Un Poyo rojo, une sorte de danse-cirquesport, menée par un duo bourré d’humour et de talent. Un des rares rendez-vous de la saison 100% masculin, tout comme T’as vu c’que t’écoutes, la « one-man-conférence » d’Alan Sapritch, qui revisitera l’histoire de la musique des années 30 à nos jours. JAN-CYRIL SALEMI

L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 mairie-saintremydeprovence.fr

AU PROGRAMME DU MOIS 10 octobre : Zoom Trois comédiennes pour un rôle : Marie Provence, qui signe également la mise en scène, Marion Duquenne et Lucile Oza interprètent une jeune mère, aussi déroutante qu’attachante, qui rêve d’un destin hollywoodien pour son fils. Entre cruel délire et douce réalité, ou vice-versa. (18 & 19 octobre au Liberté à Toulon, voir p.70). 13 octobre : Diktat Mettre en scène sa vie, c’est devenu l’un des enjeux essentiels de notre ère moderne. Montrer le masque du bonheur, au moins sur les écrans. Mais le maquillage peut vite se craqueler. Dans une performance mêlant clown et acrobatie, Sandrine Juglair explore nos paradoxes et nos angoisses. 27 octobre : Entre le zist et le geste Duo d’acrobates tout en humour et tendresse. Loïse Manuel et Hugo Marchand font mine de douter, d’hésiter, mais ils nous embraquent sans délai dans leur univers fait de prouesses millimétrées et d’imprévus organisés. (29 octobre au Centre Départemental de Rasteau, voir p.64).


58 saisons

Hospitalité arlésienne

Sous le pont © lyad Kallas

Le Théâtre d’Arles fait des états du monde des états d’âme à explorer avec toujours plus d’humanité

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lacée sous le signe de l’hospitalité et de la bienveillance, la saison concoctée par Valérie Deulin, directrice du Théâtre d’Arles, rend compte du monde tel qu’il évolue et permet à chacun de faire un pas de côté, indispensable à la réflexion.

Découvrir l’autre Il est question de frontière, visible ou impalpable, dans le spectacle de clôture du temps fort Des Cirques indisciplinés (voir Zib’ 110), Entre, pour lequel Vincent Berhault s’est inspiré de la vie incroyable de Mehran Karimi Nasseri, resté plus de 16 ans au terminal 1 de l’aéroport Charles de Gaulle dans l’attente d’une régularisation administrative. Dans Déplacement, le chorégraphe syrien Mithkal Alzghair explore l’exil, lui qui vit depuis quelques années en Europe. Volontaire ou forcé, devenu quoi qu’il en soit nécessité, ce déplacement souligne l’urgence à se réinventer. Exil toujours avec Sous le pont, un texte de Abdulrahman Khallouf mis en scène par Amre Sawah, tous deux syriens, échafaudé à partir d’histoires réelles qui évoquent le chaos des cinq dernières années dans ce pays à travers le personnage de Jamal, jeune réfugié arrivé en France. Syrie toujours, avec le bien nommé Hospitalités, projet mené par Massimo Furlan à l’invitation du musicien Kristof Hiriart avec des habitants de la

Bastide-Clairence, petit village du Pays Basque. La fiction imaginée pour la performance en ce lieu (faire croire à l’arrivée de migrants dans le village pour y faire chuter le prix de l’immobilier) a rejoint l’actualité lorsqu’une famille de syrien s’y est installée… C’est cette histoire que racontent neuf des villageois. Par ailleurs, Michel Schweizer offre avec l’atelier Bienvenue chez vous en fin d’année l’hospitalité au sein du théâtre à tous ceux qui voudraient « s’impliquer dans une véritable transmission de savoirs et de pratiques ».

D’autres découvertes Au fil des saisons se sont créées des fidélités avec les artistes, dont certains sont présents cette année encore : David Geselson, avec Doreen, pièce dans laquelle il imagine les mots de Doreen à André Gorz, philosophe et journaliste qui fut son époux et lui avait écrit une déclaration d’amour dans un livre alors qu’elle était malade. Un moment de grâce à l’état pur, au plus près du public ; Michel Schweizer réunit dans Cheptel un groupe d’adolescents invités à formuler leurs réflexions sur le monde, tel que l’univers des adultes en définit les contours ; Thibault Perrenoud adapte La Mouette de Tchekhov, d’après une nouvelle traduction de Clément Camar-Mercier qui a francisé les noms et transposé l’action dans l’Hexagone ; lors d’une

soirée en deux temps, Mickaël Phelippeau explore et convoque la notion d’héritage avec le musicien et sonneur de cornemuse Erwan Keravec dans Membre fantôme, puis convie les spectateurs à danser et se rencontrer dans Yes we dance ; Antoine (Oppenheim) et Sophie (Cattani) font leur cinéma avec deux nouveaux ciné-clubs dont ils ont le secret : Les oiseaux reviennent et Bambi dans la jungle ; avec Gus, Sébastien Barrier compose le portrait épique et ludique d’un chat pittoresque ; avec La Maison, où se cachent autant de bonheurs que de malheurs, Inne Goris livre un opus personnel et poétique et questionne finement la grande vulnérabilité qui se cache derrière le rapport mère-enfant. D’autres pépites sont à découvrir, parmi lesquelles le thriller théâtral et déjanté Sweet home, sans états d’âme d’Arthur Lefebvre mis en scène par Claire Dancoisne, le match poétique et politique À vif entre Kery James et Yannik Landrein, l’adaptation multiple que fait Tiago Rodrigues de Madame Bovary à partir du procès intenté à Flaubert en 1857, du roman lui-même, et d’une lettre imaginaire de l’auteur à une maîtresse… DOMINIQUE MARÇON

Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 theatre-arles.com


QUAND DANSENT LES ROTATIVES... #Pourquevivelamarseillaise

AGORA DES GALERIENS

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19, cours d’Estienne d’Orves - 13001 Marseille

A partir de 18 h 30 et jusqu’à 23 h 18h30 : accueil 19h - 19h30 : remise de la souscription-tombola 19h30 - 20h00 : apéritif offert

20h00 - 21h00 : repas + une boisson 21h00 - 23h00 : soirées sevillanas et flamenco

AMBIANCE CHALEUREUSE ET FESTIVE

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VENDREDI 27 OCTOBRE 2017 Soirée organisée par «Les Amis de la Marseillaise»

Réservations souhaitées : lamarspromotion@lamarseillaise.fr

Tél. 04 91 57 76 88


60 saisons

Scènes&Cinés déploie ses richesses

Le Cercle des illusionnistes, Alexis Michalik © Alejandro Guerrero

Des propositions riches et variées pour un territoire qui l’est tout autant !

S

ur le vaste territoire d’Istres Ouest Provence, la régie culturelle Scènes&Cinés irrigue six salles de quelques 115 spectacles, répartis selon les sensibilités historiques des lieux : la danse et les écritures contemporaines théâtrales sont à l’Olivier (Istres), les spectacles plus familiaux au Théâtre de Fos, la musique à La Colonne (Miramas), compte tenu du grand plateau qui peut accueillir de grandes formes, enfin des spectacles plus intimistes -et du cinéma- à l’Espace Pièle (Cornillon-Confoux), l’Espace Robert Hossein (Grans) et l’Espace Gérard Philippe (Port-St-Louis) qui disposent de salles plus modestes. L’enjeu, au regard de ce maillage, est de faire en sorte que l’offre soit la plus diversifiée possible, et que les publics puissent circuler et se croiser. Le partage de la richesse culturelle du territoire a bien lieu, si l’on en juge par les 61 500 spectateurs présents dans les salles la saison dernière !

Du spectacle bien vivant Cette année encore, parmi les 138 représentations tout public annoncées, les propositions théâtrales se taillent la part du lion, classiques du répertoire et textes de grands auteurs servis par des mises en scène contemporaines. On se régalera entre autres de la modernité du Cid mis en scène par Yves Beaunesne, des

joutes verbales implacables du Tartuffe de Jean de Pange, de la jeunesse de la troupe RL dans La Double inconstance de Marivaux, de la relecture du Révizor de la Cie Toda Via Teatro avec une marionnette dans le rôle-titre, de la beauté bouleversante de l’adaptation du dyptique romanesque de Sorj Chalandon (Mon Traître) par Emmanuel Meirieu, de la version clownesque de Richard III par Jean Lambert-wild… En janvier, durant quinze jours, le théâtre documentaire sera à l’honneur, avec Moi, Corinne Dadat (Mohamed El Khatib), Les Résidents (Cie L’Unijambiste), Going Home (Vincent Hennebicq), Le Jazz à 3 doigts (Compagnia Dell’Improvisio), avec des temps de rencontres, des projections de films… La danse n’est pas en reste, représentée dans toute sa diversité : du hip-hop avec Kader Attou, Hamid Ben Mahi, Céline Lefèvre, Buru Mohlabane et Gregory Maqoma ; du flamenco avec Tino Fernández et Juliana Reyes, Louise Doutreligne ; du contemporain avec Michel Kelemenis, Angelin Preljocaj, Emanuel Gat, Josette Baïz, Louise Lecavalier, Jean-Claude Gallotta et bien d’autres. En musique, belle variation des genres, avec de l’opéra (Les Noces de Figaro par Opéra Éclaté), du jazz (Yonathan Avishaï, Julie Erikssen, Andréa Motis Quintet), l’ensemble vocal Chœur Amadeus…

Des festivals bien ancrés Désormais inscrit dans l’Entre-deux-Biennales du cirque, le Festival des arts du geste Les Elancées fêtera sa 20e édition en février !

Si le programme n’est pas encore complètement finalisé, quelques spectacles sont déjà annoncés : la Cie Les 7 doigts revient avec Bosch Dreams, un voyage fantastique au cœur du peintre Jérôme Bosch ; Josette Baïz, avec sa dernière création Amor (lire Zib’ 110 et journalzibeline.fr), parcourt la danse contemporaine avec des extraits de pièces qui ont marqué leur époque ; la Cie 3 X Rien exécutera acrobaties, jonglages, équilibres et manipulation d’objets insolites Entre chien et loup ; d’autres cascades, musicales celles-là, avec Les DoDos du P’Tit Cirk ; le premier spectacle sous chapiteau du collectif Malunés qui revisite, avec des acrobaties folles, les contes de fées ; et le Cirque Éloize dans un Cirkopolis enchanteur et fantaisiste. Quant au Train Bleu, dont ce sera la 4e édition, il s’arrêtera en avril à Miramas où cinq chanteuses lyriques et un quatuor à cordes accueilleront les voyageurs avec D.I.V.A, douce folie musicale qui mêle l’opéra au divertissement ! DOMINIQUE MARÇON

L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 La Colonne, Miramas 04 90 0 66 21 Le Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 Espace Gérard Philippe, Port-St-Louis 04 42 48 52 31 Espace Robert Hossein, Grans Espace Pièle, Cornillon-Confoux 04 90 55 71 53 scenesetcines.fr


AU PROGRAMME DU MOIS

FESTIVAL DE PHOTOGRAPHIE CONTEMPORAINE

29 SEPT > 21 JANV

Photographie © Corentin Fohlen

7 octobre (à Istres) : Trois Lettres de Sarajevo Dans sa dernière création, Goran Bregovic, accompagné de son Orchestre des mariages et des enterrements, a écrit une ode à sa ville natale scindée en trois mouvements que portent les violons de trois solistes d’origine serbe, tunisienne et israélienne, comme un appel à la concorde des religions. 8 octobre (à Grans) : Monsieur Mouche Factotum dans un théâtre où il attend qu’on ait besoin de lui, il passe le temps en s’amusant à faire de la musique, à chanter, maladroit mais drôle. Jusqu’au jour où l’inévitable rencontre avec un public a lieu… (17 au 20 octobre à Port-de-Bouc, dans les centres sociaux, voir p56). 10 octobre (à Istres) : Cartes Blanches La dernière création de Mourad Merzouki, qui signe les 20 ans de sa compagnie Käfig, réunit plusieurs danseurs d’exception qui l’ont accompagné depuis ses débuts. Ces retrouvailles font la part belle aux soli et pièces de groupe. 13 octobre (à Fos) : Franchise obligatoire Les assureurs sont-ils tous francs et honnêtes et les assurés tous vertueux ? Non bien sûr, et c’est ce que va découvrir un célèbre humoriste (Florent Peyre) dans cette comédie survoltée de Matthieu Burnel et Cédric Clémenceau. 14 octobre (à Istres) : Nos serments Prenant pour point de départ le film de Jean Eustache La Maman et la putain, Julie Duclos (Cie In-Quarto) rend les amours temporaires et embrouillés des cinq protagonistes plus légers, dans un ton plus ironique. Mais toujours d’actualité, quelle que soit l’époque. (11 & 12 octobre au Théâtre Jean Vilar, à Montpellier, voir p86) 18 octobre (à Fos) : Le rêve de Jo La petite Jo est souvent triste quand sa maman part travailler le soir. Mais dès qu’elle s’endort, elle s’en va la retrouver au fil de ses rêves… La Cie MAB propose un voyage onirique et sensoriel qui mêle matières, couleurs, sons et odeurs aux sentiments et aux émotions. Dès 2 ans 20 octobre (à Grans) : Hommage à Nina Simone La chanteuse de jazz Mariannick Saint-Céran reprend une partie du répertoire de Nina Simone, mettant en avant son engagement dans la lutte pour les droits civiques et l’émancipation des femmes. 20 octobre (à Port-St-Louis) : Le portrait de Dorian Gray Thomas Le Douarec adapte pour le théâtre l’unique roman d’Oscar Wilde, dans une mise en scène ingénieuse, composée d’un montage de saynètes, qui donne vie à ce dandy cynique et désespéré. 21 octobre (à Istres) : Théâtre d’impro Deux spectacles pour une soirée placée sous le signe de l’improvisation, avec la complicité du public : avec La Kifff (Kompagnie des improvisateurs fous fous fous), et le collectif Jacquerie et son Dîner entre amis très singulier… 4 novembre (à Miramas) : Une soirée en Argentine Le Chœur Régional Provence Alpes-Côte d’Azur, sous la direction de Michel Piquemal, joue la Misatango/Messe-Tango de Martín Palmeri, Adios Nonino d’Astor Piazzolla et Indianos de Carlos Guastavino. 8 novembre (à Istres) : Une Antigone de papier La Cie Les Anges au plafond installe son Antigone de papier au cœur d’un dispositif bi-frontal, petit à petit séparé par un mur symbolisant la loi de Créon. Les magnifiques marionnettes de Camille Trouvé évoluent de part et d’autre de cette frontière, dans une relecture singulière et actuelle du mythe. 10 novembre (à Fos) : Le cercle des illusionnistes À travers l’histoire de deux grands hommes du XIXe siècle, Jean-Eugène Robert-Houdin, l’inventeur du théâtre d’illusion, et Georges Méliès celui du trucage au cinéma, Alexis Michalik compose un spectacle palpitant sur le thème de la magie. 11 novembre (à Istres) : Noé Humanité en mouvement, ou « être humain collectif montant dans l’arche de luimême […] pour repartir de zéro » ? La dernière création de Thierry Malandain nous embarque dans une odyssée singulière qui revisite le mythe du déluge et fait évoluer ses 22 danseurs sur la Messa di Gloria de Rossini.

www.laphotographie-marseille.com


62 saisons

Prendre le temps de partager les rêves… La Garance propose de belles envolées les pieds sur terre

L

a scène nationale de Cavaillon, qui se range sous la bannière conviviale, engagée et colorée de l’architecte viennois Friedensreich Hundertwasser (« Si beaucoup d’hommes rêvent ensemble, c’est le début d’une nouvelle réalité ») suscite à priori une vive sympathie, redoublée par la lecture d’un programme éclectique qui ose un « même désir d’artiste », fait la part belle aux « artistes compagnon(ne)s » ou aux « Nomade(s) » que n’effraient ni salles des fêtes ni centres culturels des communes partenaires. En début de saison les WRZZ (26000 couverts) ont couru partout réveiller le théâtre là où il(s) se trouve(nt), la fanfare du Toubifri Orchestra a pulvérisé les frontières et Thomas Lebrun a libéré Les rois de la piste qui sommeillent en chacun.

sigles dansés Les mots, les sons et les couleurs se croiseront en novembre (voir plus bas) tandis que la jeunesse et les aventures collectives des écoles feront valser sigles et auteurs toute l’année : ESNAM et Brecht, TNB et Kundera, ERAC et Asli Erdogan ; Mathurin Bolze conduira une belle collaboration sous chapiteau entre les arts du cirque et la 76e promotion de l’ENSATT. Le circassien n’est donc pas toujours seul, même s’il est trapéziste et en talons aiguilles : risque et beauté à partager en 5 pour Départ Flip des Virevolt en décembre, ballet aérien et conférence savante sans gravité avec Chute ! de Matthieu Gary et Sidney Pin en janvier. Le danseur, plutôt en Compagnie, va se multiplier et foisonner avec le Boomerang métissé de Bouba Landrille Tchouda, le Sunny turbulent et polymorphe d’Emmanuel Gat et Awir Leon ; le plateau se dédoublera, numérique et baroque avec Quor suivi de Louis Pi XIV (Cie Qalis / Ridzcompagnie) ; minimaliste pour Paradise is not enough de la Cie Ex Nihilo, intense, interactif et proche de la transe pour la chorégraphie vibrante du hollandais Arno Schuitemaker ; et il sera confirmé que le We Love Arabs d’Hillel Kogan, adoré dans

The great disaster © XDR

le monde entier, est plus savoureux encore qu’un plat de houmous partagé !

Révolution L’humour qui décape pour reconstruire sera aussi au cœur de Décris-Ravage, la stimulante forme inventée par Adeline Rosenstein pour traiter à sa façon « la question de la Palestine », ou du « théâtre de l’emportement » de Michel Didym dans Les eaux et forêts de Duras, dont la langue ne manquera pas de transcender les désastres quotidiens. Quant à la Révolution, c’est sûr elle aura lieu au printemps, mais hors les murs avec les 14 acteurs bouillonnants et inspirés dirigés par Joël Pommerat dans l’intemporel Ça ira (1) Fin de Louis (Opéra Confluence d’Avignon) et la grande et terrible figure de la citoyenne Olympe de Gouges recréée (dans J’ai rêvé la Révolution) par l’intelligence insurgée de Catherine Anne au théâtre des Halles. Un aperçu de saison-debout qui n’invite pas au repli sur soi… MARIE-JO DHO

La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com

AU PROGRAMME DU MOIS 10 et 11 octobre : Chunky Charcoal Benoît Bonnemaison-Fitte charbonne généreusement une immense fresque où les mots de Sébastien Barrier font tilt ; Nicolas Lafourest les façonne au gré de ses humeurs musicales. 12 au 18 octobre : Les mots qu’on ne me dit pas Ils tourneront en Nomade(s) et pas seulement au pays des sourds. Éric Massé préserve l’irrévérence du roman éponyme de Véronique Poulain, témoignage crû d’une adolescente face à des parents qui n’entendent goutte. 19 octobre : Le concert impromptu Le fabuleux quintette fait sonner Rameau avec Blondeau, Ravel avec Gluck. Croisement de folie pour des interprètes qui tiennent la route… 8 au 10 novembre : The great disaster Patrick Kermann donne une fois encore la parole à un mort, Giovanni naufragé du Titanic. C’est le fidèle Olivier Barrère qui le sortira de l’eau ! Un spectacle qui ne sombrera pas dans l’oubli. 8 novembre : Colimaçonne C’est pas que pour les bébés et les pépés ! Laurance Henry et Pauline Maluski mettent du rouge et continuent à traverser hors des clous sans tourner un brin en rond les malines !



64 saisons

Culture entre les vignes

L

’association Arts vivants en Vaucluse gère deux lieux chaleureux et dotés d’une belle programmation, dans un cadre qui à lui seul vaut déjà le détour. Pour commencer ce cycle 17-18, l’Auditorium du Thor et le Centre départemental de Rasteau accueillent certaines dates du Festival Cirques Divers, qui aura lieu du 20 octobre au 5 novembre (voir détail des spectacles ci-dessous). La suite de la saison promet un joli panaché de danse, théâtre et musique, souvent épicé d’humour et d’irrévérence salutaire. À Rasteau, comment ne pas fondre devant le duo Barok Tantrik Pop, qui s’accompagne d’instruments anciens et chante les Amours et révoltes de dames d’antan ? Ni s’enthousiasmer pour les polyphonies en provençal de Tant que li siam, suite à une collecte de poèmes populaires autour du Ventoux ? Les programmateurs favorisent les formats atypiques : BD-concert avec Un océan d’amour (Zenzika), vraie-fausse conférence d’astrophysique par la Cie Éclats de scène, théâtre interactif où la jeunesse est invitée à s’exprimer sur les conduites à risque (Au pays des rêves partis, Cie Des autres)...

Boutelis © Lighuen Desanto

La salle du Thor, plus grande, accueille souvent des pièces de répertoire, mais en prenant soin de retenir des mises en scène inventives ou des points de vue originaux : celui des clowns de la Cie Miranda sur Dom Juan, par exemple. La belle réputation des musiciens reçus, tel Titi Robin, n’a pas émoussé leur goût des chemins de traverse. Quant aux chorégraphes, ils s’adressent aux enfants sans détour ni afféteries (comme Christian et François Ben Aïm, évoquant la différence à travers

leur personnage de petit garçon à qui une forêt a poussé sur la tête) ; et aux adultes avec l’ambition de réenchanter le monde, rien de moins (Théorie des Prodiges du Système Castafiore, en hors-les-murs à Avignon). Rappelons enfin que l’association effectue toute l’année un travail de fond sur un territoire rural, souvent hanté par le vote Front National, auquel il n’est de meilleur remède que le partage de la culture. GAËLLE CLOAREC

Philippe Caubère © Gilles Vidal

Un Chêne cinquantenaire !

1967

-2017. 50 ans déjà et toujours en pleine forme ! Le Théâtre du Chêne Noir a beau célébrer son demi-siècle, la nouveauté sera de mise tout au long de la saison sur la scène avignonnaise. Pour fêter dignement cet anniversaire, de nombreuses créations émailleront la programmation. À commencer, à tout seigneur tout honneur, par celle du maître des lieux, Gérard Gélas. Le fondateur et directeur du Chêne présentera en novembre sa version de La P... respectueuse. La pièce de Jean-Paul Sartre « semble avoir été écrite hier, tant elle nous parle d’aujourd’hui », explique le metteur en scène. Racisme, politique, sexe, rapports de pouvoir, manipulations, voilà pour les ingrédients d’un texte qui fête, lui, ses 70 ans, mais se révèle en effet brûlant d’actualité. Créé en co-production avec le théâtre Le Public de Bruxelles, le spectacle, après les premières avignonnaises, partira pour Paris puis en tournée internationale. Autre création de Gérard Gélas, mais cette fois avec sa casquette d’auteur : Lettre à Monsieur le futur

président de la République. C’est François Brett qui se chargera de mettre en scène ce texte, écrit en 2007. Forme hybride entre le pamphlet, le slam et la poésie, cette Lettre donne la parole à « ceux qui se taisent ou qu’on n’entend pas. » Création au Chêne aussi pour Le Spleen, écrit et mis en scène par Laëtitia Mazzoleni et interprété par Paul Camus. L’histoire est celle d’un homme qui, au soir de sa vie, se penche sur ce qu’il a accompli et surtout ce qu’il a raté. Le partenariat avec le Théâtre Le Public se prolongera avec la création de Momo, de Sébastien Thiery, mis en scène par Michel Kacenelenbogen, le directeur du théâtre belge. Un homme vient annoncer son mariage à ses parents. Le détail étant que le couple n’a jamais eu d’enfant... Au rayon musique, le Chêne accueillera plusieurs concerts dans la salle John Coltrane, dont Rio Mandingue, fusion entre la kora des rythmes mandingues et la guitare de la samba brésilienne, ou The Yellbows et leur son rock très cuivré. Enfin, cette saison ouvrira également un nouveau cycle de Conférences


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Auditorium Jean Moulin, Le Thor Centre départemental de Rasteau 04 90 33 96 80 artsvivants84.fr

AU PROGRAMME DU MOIS À l’Auditorium du Thor : 21 octobre : Chemins

Au pied d’un arbre mort, un équilibriste pétri de doutes et un musicien déterminé font cause commune. Cie du Courcirkoui 26 octobre : Boutelis – Cirque sans sommeil Un spectacle circassien avec jonglage et monocycle, mais pas que. La Cie Lapsus offre aux 9 ans et plus une atmosphère riche et une esthétique soignée. 11 novembre : Marcher (dessus le paysage) Création 2017 du compositeur Loïc Guénin, en co-réalisation avec La Gare de Coustelet – Scène de musiques actuelles.

Au Centre départemental de Rasteau : 22 octobre : Vie de pneu Un univers de cirque pneumatique conçu par les artistes -valides et handicapés- de la Cie ZimZam, utilisant toutes les possibilités, même les plus loufoques, d’un fauteuil roulant ou d’un skate-board. 29 octobre : Entre le zist et le geste Les deux jeunes acrobates de la Cie Content pour peu s’inspirent de la tradition burlesque, pour faire un art de l’imprévu. (27 octobre à l’Alpilium, voir p 57)

sous le Chêne. On y écoutera notamment L’art d’un homme libre, conférence sous forme d’échange d’idées mené entre l’artiste chinois, prix Nobel de littérature en 2000, Gao Xingjian et Julien Gélas, auteur compositeur. Ou encore un questionnement de civilisation, Comment nous sommes devenus des Américains, auquel le philosophe Régis Debray apportera quelques réponses. JAN-CYRIL SALEMI

Chêne Noir, Avignon 04 90 86 74 87 chenenoir.fr

Des Carmes rouge carmin

Besame Mucho, Cie du i © Vincent Bidault

Après un festival très engagé qui a réveillé les matinées du Off avec La Violence des riches, le théâtre des Carmes reprend sa programmation en pointillés

L

e théâtre des Carmes, lieu historique du fondateur du Off André Benedetto, veut redevenir un théâtre permanent, à la personnalité affirmée, programmant des spectacles engagés, pariant sur la création et la prise de risques. Ainsi Peligro, spectacle musical bolivien qui en novembre chantera en casques de chantier les risques du travail et les utopies sociales... Ou plus près de nous des étapes de travail de compagnies régionales qui se frottent au regard public, et en février une semaine du conte, avec un GilgaClash où la Cie de Forbon N’Zakimuena slame Gilgamesh, et la venue du conteur Jihad Darwiche qui, avec ses deux filles, conte le Liban. Mais si elle est choisie et tournée intelligemment vers le public jeune, la programmation reste modeste : 1 lecture, 4 étapes de travail, 10 levers de rideaux pour 6 spectacles, la saison des Carmes reste une antichambre du festival. Il faudrait qu’ils retrouvent les moyens d’une véritable permanence ! A.F.

AU PROGRAMME DU MOIS

18 octobre : Virgilio, l’exil et la nuit sont bleus Écrit il y a 40 ans par Gérard Gélas, ce texte poétique sera lu par l’auteur et mis en musique au piano par Julien Gélas. Dans le cadre de la semaine italienne, La bella Italia à Avignon. 7 au 12 novembre : Adieu Ferdinand Fin de cycle pour le Roman d’un acteur de Philippe Caubère et son personnage Ferdinand, qui tire sa révérence. Ce dernier volet sera créé au Chêne Noir et comportera trois séquences : La Baleine, Le Camp naturiste, et Le Casino de Namur.

Théatre des Carmes, Avignon theatredescarmes.com

AU PROGRAMME DU MOIS

12 et 14 octobre : Besame Mucho Par Séraphine, clown à chignon BCBG (hilarante Mathilde Dromard), accompagné de son musicien muet (Mohn). À partir de 7 ans 11 et 12 novembre : Antoine et Cléopâtre La Cie Le bruit de la rouille adapte le texte de Shakespeare où l’amour et la politique, la guerre et le désir, expriment leurs contradictoires puissances. À partir de 12 ans


Les Halles, ou l’ouverture

Dans une ville dont le cœur théâtral bat si fort l’été que les saisons sont plus ombrageuses, le Théâtre des Halles propose un programme tout en créations. Rencontre avec Alain Timár, son directeur

Zibeline : Vous commencez votre saison le 7 octobre, proposant 26 événements, 40 levers de rideau... Après la suractivité du Festival d’Avignon, comment cela est il possible ? Alain Timár : Difficilement, mais l’équipe est formidable. Et puis des complémentarités s’installent entre ce que nous proposons durant le festival et notre saison. Juillet 2017 fut un millésime exceptionnel, la fréquentation a explosé toutes nos statistiques et les compagnies étaient ravies... Certains veulent revenir : Zabou Breitman, Marie Dissais, Cendre Chassanne seront présentes durant la saison, d’autres viennent au contraire proposer des spectacles que nous retiendrons peut-être pour le Festival. Les Avignonnais, qui souvent ne voient pas les spectacles car ils sont complets, réclament qu’ils soient présents en saison. Et puis, profondément, cela fait partie de notre mission d’être là toute l’année. Les habitants

Entre eux deux, Catherine Verlaguet © Aurélien Serre

66 saisons

ont besoin d’avoir un autre rapport au théâtre, régulier et familier, que celui qu’ils ont durant le Festival, où l’agitation souvent les perturbe, et parfois les fait fuir. Nous voulons leur offrir la même qualité de spectacle que nous exigeons durant le Festival : des compagnies jeunes, des créations contemporaines, un véritable questionnement sur le monde... Et une attention particulière aux compagnies de la région… Oui, cela aussi nous semble relever de nos missions : nous accueillons Vincent Franchi en résidence avant la création de son spectacle Les Orphelins de Dennis Kelly, que nous coproduisons. Nous accueillons aussi Nannetolicus Meccanicus Saint, qui a été créé au Liberté de Toulon, Les Inassouvis, de la bande varoise de Guillaume Cantillon. Les lectures d’Olivier Barrière, autour de Laurent Mauvignier cette année, Wow ! (Frédéric Ferrer) qui passe aussi

à la Joliette à Marseille... Nous collaborons avec le Conservatoire, la Scène Nationale de Cavaillon, l’Opéra d’Avignon... Où vous faites votre première mise en scène d’opéra... Oui, Le Dialogue des Carmélites, de Poulenc. Le nouveau directeur de l’Opéra m’a sollicité, j’en suis ravi (voir p 96). Je veux essayer d’y parler non de religion mais de foi. Blanche pour moi est quelqu’un qui fait un rêve... Le plus difficile n’est pas de rentrer dans le livret de Bernanos, parce que là on a vraiment une œuvre justement, et pas un livret, le plus difficile est d’entrer dans le rythme de la musique : à l’opéra ce n’est pas le metteur en scène qui décide du temps, et il faut écouter et réécouter la musique, chronomètre en main, pour s’imprégner de son rythme. J’ai beaucoup de chance, les chanteuses sont exceptionnelles : Ludivine Gombert est aussi une comédienne très touchante, l’idéal pour incarner Blanche... Vous mettez également en scène Les carnets d’un acteur, dans votre théâtre. Une compilation de textes ? Ah non, surtout pas ! Il s’agit de mettre en scène un homme de ménage qui rêvait d’être un acteur et qui va profiter d’être seul dans un théâtre pour dire les textes qu’il trimballe avec lui depuis toujours. Une histoire d’amour de théâtre, de foi aussi, où on entendra Dostoïevski et Shakespeare... Mais il y a aussi tous ceux que j’accueille, Catherine Anne qui a écrit et mis en scène les derniers jours d’Olympe de Gouges, Valérie Paüs qui met en scène l’Homme Jasmin, ce texte si frappant d’Unica Zürn, une peintre surréaliste qui a basculé dans la schizophrénie. Et aussi Moman de Grumberg, un joli conte sur le détachement nécessaire des enfants... ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL

Théâtre des Halles,Avignon 04 32 76 24 51 theatredeshalles.com

AU PROGRAMME DU MOIS

6 & 7 octobre Logiquimperturbabledufou (18 & 19 octobre à Anthéa Antipolis, Antibes voir p 79) 11 au 15 octobre : Science en scène WOW ! de Frédéric Ferrer, Singing in the Brain de Sébastien Bizzotto, et La Science quelle histoire. Tous les spectacles sont gratuits, à partir de 10 ou 14 ans. 18 octobre : Mustang En présence de la réalisatrice, Corinne Glowacki. Un film sur les Paysans Peintres de ce pays proche du Tibet Chinois, dans le cadre du Parcours de l’art. 9 & 10 novembre : Entre eux deux Une pièce sensible de Catherine Verlaguet, mise en scène par Adeline Arias : deux ados se rencontrent dans une chambre d’hôpital.


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Du monde au Balcon Le théâtre avignonnais a repris sa programmation permanente, après un festival couronné de succès

histoire intime d’un couple et l’effondrement des ateliers textiles du Bangladesh ; moins politique, Le Chien d’Éric-Emmanuel Schmitt (MF et JC Broche à la mise en scène), plus poétique l’hommage à Anna Magnani de Bernard Noël, plus dramatique celui à Marylin Monroe par Ivan Romeuf, ou la création d’un texte de Visniec par Barbuscia. A.F.

C

hristophe Alévêque a ouvert la saison entre stand up et confessions d’un Don Quichotte sans illusions et fantasque, et Serge Barbuscia, directeur du lieu, metteur en scène et comédien, a rejoué pour un soir son très émouvant J’ai soif, d’après Primo Levi, accompagné par un excellent quatuor coréen jouant Haydn. Signe d’une saison qui fait la part belle à l’intime, mais aussi au spectacle musical : au Balcon les mots s’accompagnent volontiers de notes, et les 24 propositions de cette saison sont souvent musicales : de la musique de film, des chansons de Ferrat et Isabelle Aubret, les Swing’Hommes qui chantent Bach à la manouche (cela s’appelle Djobi DjoBach !), un concert Debussy, une Nuit Flamenca pour finir la saison, et entre temps Ana Perez qui vient danser l’Andalousie... Toutes les musiques sont là, tout près des mots, des pas, des émotions...

Djobi DjoBach, les Swing’Hommes © XDR

Mais les textes s’affichent aussi en création théâtrale et en lectures : William Mesguich viendra jouer Le Dernier Jour d’un condamné, on lira Pirandello, mais l’essentiel des propositions théâtrales s’appuiera sur des textes contemporains : avec la création de Persian Serge Barbuscia retrouve Jean-Benoît Patricot, dont il avait découvert et mis en scène PompierS avec un beau succès ; mais il y aura aussi un texte sur Nelson Mandela de Jean-Jacques Abel Greneau (mise en scène Katy Grandi), un duo en création de la compagnie Chantier public qui mêle

Théâtre du Balcon, Avignon 04 90 85 00 80 theatredubalcon.org

AU PROGRAMME DU MOIS

14 octobre : La vie en douce Concert et lecture du texte de Jean-Charles Chagachbanian au profit de L’Enfance de l’art 19 octobre : La semaine Italienne Concert, conférence, projection et apéro siciliens 27 & 29 octobre : Les Floraisons musicales Concert de musique de film par L’Octuor, et Tableaux d’une exposition (Moussorgski) par le pianiste Florent Caroubi

Là-haut sur la montagne… assoit la scène conventionnée du Briançonnais dans « son modèle économique, aujourd’hui satisfaisant ». Fort de cette perspective, il imprime une nouvelle coloration à sa programmation en « donnant un coup de projecteur sur les écritures contemporaines, les écritures du réel, tout ce qui pose question et interroge le monde ». Et toujours la volonté de « mettre l’humain Toute ma vie j’ai fait des choses que je savais pas faire © Simon Gosselin au cœur de toutes les proas de saison « hors les murs » cette année positions ». Des spectacles « qui dérangent, pour le Théâtre du Briançonnais fascinent » comme le théâtre chorégraphique -excepté son traditionnel programme mis en scène par Jérémie Bergerac, Ce qui Les Traversées qui chemine de village en m’est dû, inscrit dans les problématiques village- qui fait l’objet d’une étude sur sa environnementales ; le soliloque vertigineux réhabilitation ou son intégration dans le futur de Clément Bertani, Un Batman dans ma pôle culturel de la ville constitué du Conser- tête de David Léon, sur l’enfer de l’univers vatoire, des ateliers des Beaux-arts, de la MJC des jeux vidéo, ou la parole hallucinée de et d’une nouvelle médiathèque. Vaste projet Gustavo Giacosa qui ouvre la porte du monde qui, selon son directeur Frank-Éric Retière, de l’art brut dans Nannetolicus meccanicus

P

saint… Des spectacles aux formes multiples : chansons anarcho-libertaires et métissées de Zoufris Maracas ; one-man-show de Didier Super à l’ironie aiguisée ; p’tit-déj acrobatique cuisiné par Gilles Cailleau Au point du jour. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu

AU PROGRAMME DU MOIS

8 au 11 octobre : La Veillée La Cie Opus a le don de transformer les soirées en veillées irréelles, conviviales et intergénérationnelles. Où on converse « des étoiles, des flammes olympiques, de point de croix… ». 7 au 9 novembre : Toute ma vie j’ai fait des

choses que je savais pas faire et Une trop bruyante solitude Juliette Plumecocq et Thierry Gibault se dressent contre l’injustice dans deux textes coups de poing signés respectivement Rémi De Vos et Bohumil Hrabal. (10 novembre, Théâtre Durance à Château Arnoux. voir 69)


68 saisons

Curieux de nature C

urieux de nature, c’est le nom de l’un des plus jolis dispositifs mis en place par la scène nationale de Gap depuis 4 saisons. La Passerelle invite des artistes à s’inspirer du paysage haut-alpin, pour créer un spectacle in situ, respectueux de la nature. Le musicien Loïc Guénin ouvrira le cycle cette année (lire le détail ci-dessous), avec un guitariste et deux danseuses, en lien avec l’exposition du photographe Vincent Beaume dans la Galerie du Théâtre (voir p 103) . Au printemps, la Cie Presque Siamoises proposera aux spectateurs un petit déjeuner acrobatique... service virtuose compris ! Parce qu’ils sont comme ça, à Gap, humains attentifs à ne pas nuire (le bar L’Entre-sort confectionne ses collations et repas à base de produits frais, locaux, biologiques), inventifs, et avec des convictions. Du genre à dire « Vive les femmes ! », aussi : aux mois de mars et avril, deux dates sont réservées aux questions d’égalité entre les sexes. D’abord à travers une rencontre avec Alexandra Tobelaim, metteure en scène, et Gaëlle Vallet, déléguée départementale aux Droits des femmes. Puis via un atelier de portés acrobatiques non-mixtes, où vous êtes invitée à « venir avec vos filles, votre mère et même votre grand-mère ». Ce rendez-vous est prévu en lien avec le spectacle de Virginie Baes Projet.pdf, dans lequel « une fois n’est pas coutume, ce sont des femmes qui portent, manipulent, dominent des femmes ».

Une saison tonique et inspirée au Théâtre La Passerelle

Une année culturelle pénétrante Tout le programme de la saison est soumis à la même exigence de profondeur et intelligence, mais sans donner de leçons, et sans sacrifier la convivialité à la réflexion. Les amoureux de théâtre auront par exemple plaisir à retrouver Ceux qui errent ne se trompent pas, pièce d’anticipation politique vue et appréciée au festival d’Avignon 2016 (voir journalzibeline. fr). Maëlle Poésy y décrit un pays où les citoyens se sont mis à voter massivement blanc. Ou bien ils découvriront Going Home, « l’histoire vraie d’une migration à l’envers », celle d’un homme qui veut résolument quitter l’Europe, écrite et mise en scène par Vincent Hennebicq. Une co-réalisation portée par La Passerelle avec le Théâtre Durance à Château-Arnoux, lequel partage ses valeurs (voir ci-contre). Ceux qui aiment les exploits physiques trouveront dans Optraken, création du Galactik Ensemble, tout un questionnement sur la résilience des corps. Auprès de La Mondiale générale (Le gros sabordage), un enthousiasme contagieux pour la force du collectif. Et avec Les encombrants font leur cirque, du Théâtre La Licorne, une façon décapante de songer à la vieillesse. À Gap, même la musique et la poésie offrent une dimension réflexive aux auditeurs ! Ainsi du

AU © Didier Philispart

concert-conférence de Mathieu Bauer sur la possibilité de partager une écoute (« Est-ce que tu entends ce que j’entends ? »), ou des Lectures (Z)électroniques du Détachement International du Muerto Coco (voir journalzibeline.fr). Idem en matière de spectacles jeune public : le ludique Pop-Up du Teatro delle Briciole -« fossile de dessin animé » à voir en famille dès 3 ans- oppose le pouvoir évocateur du livre animé au règne des écrans. Et on ne vous dit encore rien des joies que vous réserve le festival Tous dehors (enfin) ! 2018, qui aura lieu le 1er week-end de juin. Ce sera la cerise sur le gâteau. GAËLLE CLOAREC

La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 theatre-la-passerelle.eu

AU PROGRAMME DU MOIS

8 octobre : Le soleil n’est qu’une étoile du matin Naissance du jour dans un paysage des Hautes Alpes. Loïc Guénin, compositeur, veut « générer chez chacun, par l’art, une hypersensibilité lui permettant d’en vivre pleinement chaque vibration ». 9 & 10 novembre : AU Christian Ubl est AUtrichien, Kylie Walters AUstralienne ; de leur rencontre est née une chorégraphie hybride, inspirée de la valse et des danses aborigènes. Une ode à l’enrichissement mutuel.


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Une maison à Château « Aller au théâtre, ce n’est pas plus compliqué que de pousser la porte. » année. Son travail artistique est particulier, il porte sur le champ des sciences sociales et humaines. Leur spectacle T.I.N.A. Une brève histoire de la crise a ouvert la saison en septembre. Ils présenteront encore une « fantaisie philosophique », Petite conférence de toutes vérités sur l’existence, adaptation d’un texte de Fred Vargas, qui permet, à peu de choses près, de « résoudre tous les problèmes de l’humanité ». Sébastien Valignat le met en scène et l’interprète avec Sylvain Ferlay. Puis Quatorze, sous-titré « comédie documentée qui relate les 38 jours qui précédèrent la Première Guerre mondiale ». Pour la deuxième année consécutive, Benjamin Dupé est compositeur associé à Durance. Il proposera Comme je l’entends, où il invite le spectateur dans la pénombre à expérimenter les sensations que procure la musique. Il créera également Du Chœur à l’ouvrage, un opéra avec une quarantaine d’enfants, tiré d’un livret de Marie Desplechin. Après les habitants à l’année, il y a aussi les résidents, qui passent quelques temps à Durance pour élaborer leurs

créations. Parmi eux, la Cie Artefact, qui, avec le personnage de petit oiseau d’Envol, conte en mots simples aux enfants la dure réalité des migrants. Sur le même thème, Going Home de Vincent Hennebicq, présente le chemin d’un exil à rebours, le retour à l’Afrique d’un réfugié. A noter le label « spectacle partagé » pour ce spectacle, en lien avec le Théâtre La Passerelle de Gap, où il sera également au programme (voir ci-contre). De la danse, (Accrorap, Kelemenis), du cirque (Blizzard Concept, La Mondiale Générale, de la musique (Mélanie De Biasio) et bien d’autres choses encore seront à découvrir à Durance cette saison. Bienvenue à la maison ! JAN-CYRIL SALEMI

Théâtre Durance, Château-Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr

AU PROGRAMME DU MOIS

14 octobre : Bal rouge Boule à facettes et platines, le plateau de Durance se transforme en dance-floor pour ses 10 ans ! Soirée de fête, ambiancée par Christian Ubl, chorégraphe de CUBe, et DJ Moulinex. 17 au 19 octobre : L’histoire probable Une trop bruyante solitude © Pauline le Goff

É

lodie Presles, directrice du Théâtre Durance de Château-Arnoux/Saint-Auban, donne ici clairement la ligne défendue par le lieu. Cet équipement, qui fête cette année ses 10 ans, est devenu un outil indispensable sur le territoire. À mi-chemin entre Manosque et Gap, le Théâtre Durance œuvre depuis son ouverture à proposer une programmation de qualité et des plus variées. Et en 10 ans, le travail entrepris a porté ses fruits. Pour que le public aille au théâtre, il est utile aussi que le théâtre aille vers le public. Durance a fait ce choix, en particulier dans son action auprès des scolaires. Parfois les enfants, après avoir vu un spectacle avec l’école, y amènent ensuite leurs parents. Ainsi, peu à peu, Durance s’est « construit » un public, et la fréquentation du lieu augmente chaque année. « On veut que le Théâtre Durance soit une maison », ajoute Élodie Presles. Voici ce que les spectateurs trouveront à la maison cette saison. Évoquons d’abord ceux qui « habitent » dans la maison. La Cie Cassandre est associée à Durance cette

de la musique électronique Conférence aussi délirante que sérieuse, animée par les scientifiques du Groupe de Recherche et d’Analyse de la Musique et des Instruments. Peu à peu, les instruments électros prennent place sur la scène et la conférence se transforme en concert. Par la Cie 1 Montreur d’Ours, en résidence à Durance. 21 octobre : Kit de survie Cet ensemble musical, formé autour de Serge Teyssot-Gay, mêle tous les registres. Guitares saturées, sonorités jazz, slam, le tout produit un afro/rock/rap/beat étonnant et détonnant. 10 novembre : Double soirée Deux spectacles à la file avec pour thème les mots. Toute ma vie j’ai fait des choses que je ne savais pas faire, par le Théâtre du Nord, monologue d’homme joué par une femme ; Une trop bruyante solitude, par le Théâtre de l’Incendie, histoire d’un ouvrier qui dévore des livres en secret et résiste ainsi à la pression d’un état totalitaire. (7 au 9 novembre au Théâtre du Briançonnais. voir p 67)


70 saisons

Le Liberté défend la culture éclectique

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ésireux de s’adresser au plus grand nombre, Le Liberté, scène nationale de Toulon, a fait le choix « de promouvoir la mixité en proposant une programmation diversifiée et des spectacles hors les murs, de soutenir une culture éclectique en regard de l’environnement et de la société actuels », et souhaite « faire du centre de Toulon un lieu investi par tous ». Déclaration de Charles Berling qui prend la forme d’une feuille de route pour le théâtre qu’il codirige avec Pascale Boeglin-Rodier. Les chiffres de fréquentation (60 000 spectateurs payants) et le taux de remplissage (90 %) de la saison dernière les encouragent donc à poursuivre dans cette voie et à investir le tissu territorial. Pour preuve, les temps forts gratuits proposés tout au long de l’année tels le Festival des arts numériques, les projections cinéma, les expositions, les Mardis Liberté à la pause déjeuner, les concerts place de l’Equerre ou sur les plages du Mourillon l’été venu. Avec, en parallèle, une formule aboutie et réussie qui allie expositions, cinéma, conférences et tables rondes, les Théma, « où toutes les paroles doivent s’exprimer et coexister » selon Charles Berling. Quatre rendez-vous à ne pas rater cette année : « la Folie » en lien avec la création Logiquimperturbabledufou de Zabou Breitman, « le Fric ! », « la Pyramide humaine »

dans le cadre du centenaire du cinéaste-ethnologue Jean Rouche et « Intimités » en relation avec la saison.

fidélités multiples La saison, justement, est marquée par 15 productions ou coproductions du Liberté, de nombreux accueils en résidence et des fidélités à des artistes « qui permettent de créer une identité forte au théâtre ». Parmi les spectacles made in Liberté, citons Logiquimperturbabledufou de Zabou Breitma, E-passeur.com de Sedef Ecer, Vous n’aurez pas ma haine mis en scène par Benjamin Guillard d’après le livre éponyme d’Antoine Leiris écrit suite à l’attentat du Bataclan, La passion de Jeanne d’Arc avec l’ensemble Les Voix animées (Festival international des musiques d’écran FIMé), Au but de Thomas Bernhard mis en scène par Christophe Perton qui avait exploré l’an passé l’univers de Pasolini dans Une vitalité désespérée, L’Empire de Kubilai Khan investigations, Dans la solitude des champs de coton mis en scène par Charles Berling (reprise), la performance filmique Festen signée Cyril Teste avec le Collectif MxM, qui s’emparent du film culte de Thomas Vinterber, Un faux pas dans la vie d’Emma Picard mis en scène par Alain Fourneau, Unwanted de

la chorégraphe Dorothée Munyaneza qui avait marqué les esprits la saison dernière avec Samedi détente. Sans oublier la nouvelle création Nénesse de Jean-Louis Martinelli « qui aime faire entendre des paroles rarement entendues », Lettre à Nour avec Charles Berling et Poèmes de Marie-Laure de Noailles avec Amira Casar lus à l’occasion de la Fête du Livre du Var, L’autre Proust mis en chant par Farida Rahouadj accompagnée au piano par Vincent Leterme. De quoi donner, effectivement, le reflet d’une grande diversité artistique et culturelle. Quant à la 4ème Scène virtuelle, disponible sur le site internet du théâtre et les réseaux sociaux, elle est toujours en cours. Ce projet « de dématérialisation sporadique du Liberté, dont les différents formats et réseaux permettront de décloisonner les disciplines et d’exporter la création artistique hors des frontières » tient particulièrement à cœur de la direction qui défend haut et fort que « le théâtre est le seul endroit où l’intimité et le social peuvent se mélanger ». MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr


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Châteauvallon souffle sur des braises ardentes

L

’ADN de Châteauvallon est non seulement son site remarquable mais, plus encore, sa programmation ouverte aux croisements des genres, des écritures et des générations. Bien sûr il y a les fidèles parmi les fidèles qui lui offrent leurs dernières aventures ou leurs inventions à venir. Comme la Cie des petits champs, qui fait coup double avec Ziryab mis en scène par Daniel San Pedro et Le pays lointain mis en scène par Clément Hervieu-Léger, ou Jacques Gamblin en duo avec le jazzman Laurent de Wilde, Rodolphe Dana qui brise le quatrième mur en allant au plus près des spectateurs dans Price, le chorégraphe Michel Kelemenis et son dernier opus en forme de Collector, Mohamed El Khatib avec sa nouvelle pièce documentaire Stadium. Autres grandes figures de la dream-team de Châteauvallon, François Morel dans J’ai des doutes, un numéro inspiré par l’illustre Raymond Devos, Denis Podalydès et son nouvel « Everest » : monter la comédie de Marivaux Le triomphe de l’amour entouré d’Eric Ruf, de Christian Lacroix, les acteurs Pascal Rénéric, Philippe Duclos et le violoncelliste Christophe Coin (coproduction Châteauvallon). Mais il y a aussi de nouveaux venus aux propositions éclectiques, audacieuses, voire décalées, auxquels Châteauvallon déroule le tapis rouge. Julie Duclos mêle acteurs et écran sur le plateau pour éclairer Nos serments, effets de caméra et de perspectives dans Des hommes en devenir d’Emmanuel Meirieu qui porte à la scène la prose de l’américain Bruce Machart, le sonneur de cornemuse Erwan Keravec et le danseur Mickaël Phelippeau dans un duo improbable (Membre fantôme), la troupe virtuose de Tiago Rodrigues qui

Zoom © Raphael Arnaud

AU PROGRAMME DU MOIS

de coton Créée la saison dernière au Liberté, la pièce de Bernard-Marie Koltès est toujours d’actualité : elle résonne par la voix et la présence de Mata Gabin (la dealeuse, noire) et de Charles Berling (le client, blanc) dans un jeu de double intriguant. (8 au 10 novembre au Théâtre du Gymnase à Marseille, voir p 39)

Twice the First Time © Kimberly A. Gory

12 octobre : Braises Philippe Boronad met en scène un texte de Catherine Verlaguet (auteure de Oh, boy ! pour le jeune public) sur le conflit intergénérationnel et interculturel vécu en France par des adolescentes et des femmes d’origine maghrébine. 12 au 14 octobre : E-passeur.com Dans ce spectacle hybride à la croisée du web et de la réalité, l’artiste turque Sedef Ecer raconte la vie de trois femmes jouée par une seule comédienne. 18 & 19 octobre : Zoom Un portrait de femmes d’une bouleversante justesse écrit par Gilles Granouillet, porté avec un même élan par les actrices Marion Duquenne, Lucile Oza et Marie Provence qui signe la mise en scène. (10 octobre à l’Alpilium, Saint-Rémy de Provence, voir p 57) 2 novembre : Dans la solitude des champs

transcende Bovary en grande farandole de théâtre, Chloé Dabert dans une pièce aux dialogues incisifs Orphelins. Sans oublier les « grandes messes collectives » Les Nuits flamencas, Kader Attou (Un break à Mozart 1.1), ou Johan Inger qui promet des Golden Days. M.G-G.

Scène nationale de Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

AU PROGRAMME DU MOIS 10 & 11 octobre : La solitude d’un acteur de peepshow avant son entrée en scène Tout est dans le titre ! Le Belge Paul Van Mulder raconte la vie d’un homme qui doit se dénuder pour vivre… 12 octobre : Twice the First Time Poésie slam, free jazz et narration vidéo, autobiographie du rappeur Napoleon Maddox, inspirée de l’histoire des aïeules du rappeur . 14 octobre : In Bloom Venus du hip hop, Annabelle Loiseau et Pierre Bolo écrivent une version urbaine du Sacre du printemps… Alors, battle ou rave party ? 17 octobre : Une longue peine … ou l’histoire d’anciens prisonniers aux parcours chaotiques. Du théâtre documentaire, par Didier Ruiz et des comédiens qui rejouent leur histoire. 7 & 8 novembre : La visite curieuse et secrète Une plume, un conteur : dans un lieu tenu secret, David Wahl converse sur le thème de la mer et des abysses. Attention, plongée en apnée ! 9 & 10 novembre : Ziryab Daniel San Pedro raconte le fabuleux périple du musicien Ziryab, mêlant récit en français, arabe et espagnol aux sons de la musique arabo-andalouse.


72 saisons

Le PJP fait le clown ! Le Pôle Jeune Public jongle avec le cirque, mais pas seulement

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’est avec La Saison Cirque Méditerranée que le Pôle Jeune Public a ouvert le bal des réjouissances ! Depuis le 23 septembre et jusqu’au 16 mai, tous les publics sont conviés à sillonner le Revest-les-Eaux, La Seyne-surMer, La Crau, Ollioules et Le Pradet, terres de prédilection du cirque mondial. En salle ou sous chapiteau, place aux numéros d’acrobatie, de chorégraphie et musique entremêlées venus de France (Collectif La Grosse B, Circa Tsuica, Galactik Ensemble, Content pour peu, Cie Defracto, Max et Maurice, Cie La Meute, Collectif de la Bascule, Baklawa Orchestra), d’Australie (Gravity and Other Myths), du Québec (Y2D Productions) et de Belgique (Collectif Malunés). Du cirque encore et toujours avec, en mars, le Temps fort Galapiat cirque. L’occasion de découvrir deux formes différentes créées par la troupe française : le conte anecdotique, acrobatique et musical C’est quand qu’on va où ? et la rêverie scénique Parasites qui flirte avec l’univers de Tim Burton.

abonnements tous azimuts Le Pôle Jeune Public n’étant pas à court d’idées, il a une autre recette imparable pour rassembler enfants et familles : le programme audacieusement baptisé Clowns not dead. Cette troisième édition, joyeuse, poétique et résistante, démarrera les 2 et 3 décembre au Liberté, scène nationale de Toulon avec l’épopée absurde et surréaliste du maître Slava Polunin et son Slava’s Snowshow indémodable. La méga star du cirque russe ne doit cependant pas occulter les six autres compagnies invitées jusqu’au 16 décembre, dont deux installées en région Paca : la Cie Gorgomar et son Monsieur Mouche aux pitreries délicates et maladroites, et la Cie

L’Entreprise de François Cervantès pour un nouvel épisode de la vie d’Arletti jouée par Catherine Germain plus vraie que vraie dans Le Concert. Pour tous les amoureux du cirque désireux de ne rien rater des deux programmes, l’équipe a imaginé des abonnements aux doux noms de « Funambule » et « Haute voltige », le Pass « Full Access Circus » et même « Le Main à Main » à partager entre amis…

palette artistique Au-delà du cirque et du clown, le Pôle Jeune Public déroule une large palette de formes théâtrales, musicales, chorégraphiques et marionnettiques. Dès 6 mois, le très jeune spectateur peut s’initier aux compositions acoustiques de Mosai et Vincent (Je me réveille) et, dès 3 ans, aux comptines musicales de la Cie Méli Mélodie (Chaque jour une petite vie). Musique maestro, et pour toutes les oreilles ! Six concerts, une one man conférence et des contes musicaux sont à l’affiche du

Festival Z8 qui battra son plein du 18 au 25 mars sur l’ensemble du territoire, en association avec Tandem. Remarquons enfin le soutien du Pôle Jeune Public à deux compagnies de théâtre. La compagnie régionale Artefact dont il propose trois spectacles écrits par Catherine Verlaguet et mis en scène par Philippe Boronad (Braises, les créations D’un battement d’ailes et Envol). Et L’Artifice, déjà accueillie précédemment, qui présentera deux spectacles d’auteurs majeurs de l’écriture théâtrale jeune public : Le Monde sous les flaques de Karin Serres et Sous l’armure de Catherine Anne. MARIE GODFRIN-GUDICELLI

Pôle Jeune Public, scène conventionnée pour les arts du cirque, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 polejeunepublic.com La Saison Cirque Méditerranée lasaisonducirquemediterranee.com


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Suivez-les à Draguignan !

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Riquet, Le menteur volontaire © Christophe Raynaud de Lage

hapelle de l’Observance, église St Michel, salle Lily Pons, complexe Saint-Exupéry, pôle culturel Chabran : pour cause de travaux de réhabilitation, Théâtres en Dracénie irriguera toute la ville de ses multiples rendez-vous. L’occasion pour sa directrice Maria Claverie-Ricard d’imaginer une saison différente, la bien-nommée « Suivez-nous », adaptée aux diverses configurations. Les femmes s’y taillent une part de choix, qui s’emparent des classiques de la littérature (Annabelle Sergent réadapte la légende du joueur de flûte de Hamelin dans Le roi des rats, Maria Ortiz Gabella danse sur le fil Tombé du ciel inspiré du Petit prince de Saint-Exupéry), renouvellent le genre musical (le tandem Isaya endiable la scène de son style country), transcendent l’art du théâtre à son plus haut niveau (Catherine Germain dans l’intemporel Le 6eme jour de François Cervantès, Emmanuelle Hiron et son regard profondément humain sur la vieillesse dans Les résidents) autant que l’art de la comédie (Claire Dancoisne ficelle sans états d’âme un thriller cruellement drôle, Sweet home)… D’autres présences remarquées, masculines cette fois, partageront la vie du théâtre côté cour et côté jardin à travers leurs créations et leur implication dans des actions culturelles et d’éducation artistique. Ainsi les metteurs en scène Alexis Moati (Cie Vol plané) et Fabrice Murgia, l’écrivain Fabrice Melquiot, les chorégraphes Arthur Perole et Romain Bertet. Et Gilles Cailleau (Cie Attention fragile) qui sera accueilli en résidence pour trois ans et donnera en partage son théâtre forain avec la générosité

AU PROGRAMME DU MOIS

Plaire, Jérôme Rouger © Maxime Debernard

20 octobre : Riquet Riquet à la houppe de Charles Perrault inspire à la Cie Le Menteur volontaire un spectacle au décor en évolution live… Espace des arts, Le Pradet 21 & 22 octobre : Insert Coin Création rock’n’roll roll du collectif La Grosse B qui nous plonge dans un flipper géant habité par six acrobates et deux musiciens. (La Saison Cirque Méditerranée), La Seyne-sur-Mer 8 novembre : en UN éclat Eclat de danse dans un espace blanc, une piste de jeux pour l’ a k entrepôt, PJP 10 & 11 novembre : A Simple Space Une performance spectaculaire de la troupe australienne Gravity and Other Myths qui combine force, habileté et créativité. (La Saison Cirque Méditerranée), La Crau (11 & 12 octobre au Domaine d’O, Montpellier, voir p 85)

portée en bandoulière : Le tour complet du cœur qui n’en finit pas de faire résonner la langue de Shakespeare ou encore Le nouveau monde. La danse trouve à Draguignan une fenêtre de taille, particulièrement en avril lors du festival L’impruDanse où se rencontrent artistes, publics et professionnels autour d’un spectacle, de rencontres et de verres partagés. Sont conviés à la fête Christophe Garcia (Lettre pour Eléna), Romain Bertet (…de là-bas), Andrés Marín (D. Quixote), Fanny Soriano (Hêtres et Phasmes), Hillel Kogan (We love Arabs), Joris Frigerio (City), Frank Micheletti (no.W.here) et Jean-Claude Gallotta (My Ladies rock). Ce temps fort trouve une belle résonance auprès du public déjà conquis par la programmation saisonnière (Dakhla d’Abou Lagraa, La mécanique des ombres de la Cie NaïF production). Comme il l’est aussi du théâtre équestre, du cirque ou du théâtre d’objets à l’affiche de la saison. M.G.-G.

Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com

AU PROGRAMME DU MOIS 10 au 13 octobre : Plaire Jérôme Rouger (Cie La Martingale) récite son Abécédaire de la séduction avec son humour bienveillant. Avec lui, c’est sûr, plaire ou ne pas plaire, that is the question ! 17 au 19 octobre : Una mirada lenta Le temps suspend son vol dès l’entrée en piste de la danseuse barcelonaise Ana Morales… Son écriture du flamenco alterne figures classiques et contemporaines comme par enchantement.


74 saisons

Un Rocher en musique

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a saison 17-18 du Théâtre du Rocher sera placée avant tout sous le signe de la musique. Théâtre et humour seront également bien présents. Cette programmation musicale, concoctée en partenariat avec l’association Tandem, réunira des styles variés, artistes reconnus ou en devenir, pour tous les goûts et tous les rythmes. Mathis Haug donnera le tempo d’ouverture. Le blues-rock de cet auteur chanteur et guitariste est influencé par Bob Dylan ou Tom Waits. Il interpré- Le dompteur de vents © X-DR tera notamment les morceaux de Paco de Lucia, et la grande artiste congolaise son dernier album, Wild Country. Dans la Gasandji, maintes fois primée, dévoilera ses même tonalité, on appréciera les textes et les dernières chansons. mélodies du Québécois Thomas Hellman. Comme plusieurs autres communes de Les musiques du monde seront également à l’agglomération toulonnaise, le théâtre de l’honneur avec le trio Joulik, pour un voyage La Garde accueillera le Festival International des Balkans à l’Amérique du Sud. La Com- des Musiques d’Écran. Au programme, un pagnie Rassegna revisitera le répertoire ciné-concert, avec la projection de Dr Jekyll des chansons profanes méditerranéennes du and Mr Hyde, version 1920, signée John S. XVIe siècle, Louis Winsberg, dans Jaleo For Robertson et accompagnée en direct par Paco, rendra hommage au maître du flamenco le duo guitare-batterie Zone Libre. Rayon

théâtre, la compagnie varoise Si tu m’apprivoises, soutenue par le Rocher, présentera Les Aristochattes, cabaret kitsch tout en humour et fantaisie. Deux récits-concerts aussi : Le Jazz à trois doigts, par la Compagnia dell’Improvviso, plongée dans les souvenirs d’une enfance dans l’Italie des années 40-50, et Les trois épreuves du fol et fier Nebi Yunus, conte venu du fond des mers, par Catherine Germain et le Madrigal de Provence. JAN CYRIL SALEMI

Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr

AU PROGRAMME DU MOIS

17 octobre : Le dompteur de vents L’histoire du monde avant le Grand Éternuement, créateur du premier vent, des dompteurs de vents, jusqu’à la fuite des brises, et de l’arrivée d’un guérisseur de vents. Avec des marionnettes, par le Théâtre de l’Alambre, dès 7 ans.

On se marre au Marelios

Le dernier des hommes © X DR

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a saison du Théâtre Marelios sera à tendance clownesque. La salle de La Valette annonce la couleur dans son programme : nez rouges, maquillage à la craie, blanc et Auguste auront la part belle cette année. Les spectacles seront variés, musique, théâtre ou magie, mais c’est surtout l’esprit clown, dans sa dimension drôle, triste, fantasque ou lucide, qui dominera la programmation. Un temps fort Clowns not dead aura lieu

en décembre, en partenariat avec le Pôle Jeune Public du Revest. Le Marelios accueillera la Cie Gorgomar avec Monsieur Mouche, qui trompe son ennui en s’inventant un monde fait de chansons. Autre temps fort, en mars, le festival de magie, Mystère & Boul2gom. Au programme, ateliers d’initiation à la prestidigitation par Jean-Philippe Loupi, illusionnisme, mentalisme et science-fiction, avec Je clique donc je suis par la Cie Le Phalène, ou magie comique, avec Bric à boîtes, par Les Baladins du rire. À l’affiche encore cette saison, citons : le Festival d’automne de musique classique et jazz, avec le conservatoire de Toulon Provence Méditerranée ; l’Apéro Piano, improvisation musicale et parlée par Jean-Michel

Bossini ; Le Dernier des hommes, création ciné-théâtre de Cartoun Sardines ; une escapade (transport en bus assuré par TPM) à Châteauvallon, pour Collector, la dernière création de Michel Kelemenis ; ou, encore en partenariat avec le PJP, lors du Zème Festival, Nanan !, par Z Productions, spectacle de comptines jazz pour enfants. Enfin, le festival de musique classique Présences Féminines et le festival Contes et Jardins dévoileront leur programmation courant 2018. A suivre... J.C.S.

Théâtre Marelios, La Valette-du-Var 04 94 23 62 06 lavalette83.fr

AU PROGRAMME DU MOIS

14 octobre : Une nuit au Brésil Une conférence musicale par Émilia Chamone sur la musique du Nordeste, et deux concerts, le Duo Luzi Nascimento, et Marcos Sacramento, lors de cette nuit brésilienne. 20 octobre : Tout un monde Digressions et inventions autour de Cendrillon, dans ce monologue clownesque, proposé par Hélène Ventoura et la Cie La Bonaventure.


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Le monde au Carré

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u théâtre engagé, voire politique, revendiqué comme un service public, tels sont les principes dans lesquels s’inscrit le programme 17-18 du Carré Léon Gaumont, qui se veut plus que jamais « ouvert au monde et sur le monde ». Un rendez-vous résume à lui seul l’esprit qui anime le lieu : en décembre, la Semaine du Conte permettra de se laisser bercer par une tradition orale venue de toute la planète. Plusieurs spectacles à l’affiche lors de ce temps fort, Bouvard et Pécuchet © Armelle et Marc Enguerand avec trois conteuses qui ont en commun d’avoir une double culture : Kala théâtre et musique, tiré de l’autobiographie du Neza, rwandaise et belge, proposera un boxeur légendaire Jake LaMotta, récemment ensemble de contes africains ; Aïni Iften, disparu ; Charles Berling interprétera le algérienne et française dévoilera Éclipse, texte phare de Koltès, Dans la solitude des une création réalisée après une résidence de champs de coton ; également à l’affiche, Ça l’artiste au Carré, et Elena Bosco, italienne et ira (1) Fin de Louis, le spectacle fleuve et française, présentera Le fil des contes, spectacle révolutionnaire de Joël Pommerat, ou encore d’intime et de partage, habituellement joué Acting, réflexion sur le théâtre en forme de en appartement. À noter aussi, Raging Bull, mise en abîme, servi par un trio de stars, Niels par Caliband Théâtre, mélange de danse, Arestrup, Kad Merad et Patrick Bosso. Et

les danseuses Bianca Li et Maria Alexandrova interpréteront ensemble Déesses et démones, annoncé comme « une ode aux femmes ». J.C.S.

Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com

AU PROGRAMME DU MOIS

10 & 11 octobre : La nuit des rats Annabelle Sergent répond à l’effrayant Joueur de flûte de Hamelin par un conte qui se déroule dans les égouts d’aujourd’hui. 13 & 14 octobre : Réversible Spectacle de cirque des 7 Doigts, mêlant sensibilité extrême et prouesses subtiles. 20 & 21 octobre : Bouvard et Pécuchet Jérôme Deschamps rafraichît le texte de Flaubert : autodérision en prime. 4 novembre : Puccini 11 danseurs rejouent les destins tragiques des héroïnes de Puccini. Chorégraphie Julien Lestel.

Saint-Max de musique musical, évidemment adapté du chef-d’œuvre de Saint-Exupéry. Au rayon théâtre, du classique, avec La fine mouche de Goldoni, en co-réalisation par La Comédie Ballet et La Comédie d’un Autre Temps, ou l’adaptation par Florence Camoin du roman de Zola, Le Bonheur des Dames. Enfin, du mouvement, avec Boutelis, le cirque entre rêve et réel de la Cie Lapsus, la chorégraphie tribale d’Hervé Koubi dans Les nuits barbares ou les premiers matins du monde, ou la création du Ballet National de Marseille, qui explore les limites de la danse classique. J.C.S.

China Moses © XDR

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a tendance sera musicale, à dominante jazz, pour cette saison à la Croisée des Arts. Plusieurs spectacles labellisés « La Croisée des Jazz » seront à l’affiche. We want Nina, par Mariannick Saint-Céran, rendra hommage à la diva du jazz, Nina Simone. The Middle Jazz Orchestra et Serge Dupire, quant à eux, ouvriront une tribune à Frank Sinatra. Le jazz sera également à l’honneur dans La Vie en rose, par Lelli Fabre Productions. Cette pièce de théâtre musical est inspirée des Portes de la nuit, le film écrit par Jacques Prévert. Elle dévoile le Paris de l’hiver 45, à peine libéré, et les chansons de cette époque, de Trénet à Piaf ou Montand, y sont orchestrées en version jazz. Autre registre, autre talent, avec la palette rap-rock-blues et les textes sensibles de Féfé. Pour le jeune public, Arnaud Devolontat proposera Sur la terre du Petit Prince, un conte

La Croisée des Arts, Saint-Maximin 04 94 86 18 90 st-maximin.fr

AU PROGRAMME DU MOIS

14 octobre : Wilson chante Montand Le répertoire d’Yves Montand sera à redécouvrir avec Lambert Wilson, entouré de six musiciens. 20 octobre : Whatever China Moses distille un son de velours soul mêlé d’influences funk toniques. La fille de Dee Dee Bridgewater est accompagnée d’un trio de musiciens anglais. (13 octobre au Théâtre des Salins, Martigues voir p 54) 10 novembre : Motown a Cappella Opus Jam, le sextet de chanteurs jazzmen français, livre un répertoire élastique, allant du chant grégorien au beatbox.


76 saisons personne pour lui permettre de financer ses études supérieures. L’un des événements de la saison sera la venue de Carolyn Carlson, pour un Poetry Event, où elle allie la danse aux textes poétiques et à la calligraphie. Mourad Merzouki, lui, fêtera les 20 ans de sa compagnie Käfig, avec Cartes blanches où se mêlent hip-hop, cirque et arts martiaux. Acrobatie, jonglage et clowns au rendez-vous pour h.Echos par le duo argentin El Tercer ojo, tout en poésie entre rêve et réel. Du cirque encore avec le collectif Malunés, qui dépoussière les contes de fée dans Forever Happily. Au rayon théâtre, à ne pas manquer, la performance d’Elodie Bordas et Jean Lambert-wild, qui interprètent à eux deux le Richard III de Shakespeare. Going Home, le texte de Vincent Hennebicq, conte l’exil à rebours d’un Éthiopien qui quitte l’Europe pour rejoindre l’Afrique. Place à l’humour, enfin, avec Ciel ! Mon placard, de Nicole Genovese, qui revisite tout en dérision les vieux codes du vaudeville, ou avec Christophe Alévêque et son Tour de la dette en 80 minutes.

Canela Fina © Les Farfadais and co

JAN-CYRIL SALEMI

Grasse se promène Des travaux au Théâtre de Grasse conduisent à rendre la programmation nomade.

J

usqu’en mars, public et artistes se mettront en itinérance entre cinq communes des alentours : La Roquette-sur-Siagne, Mouans-Sartoux, Peymeinade, Pégomas et Saint-Vallier-de-Thiey. Cette mobilité forcée ne nuira pas à la qualité du programme, dense et éclectique. L’originalité sera au rendez-vous, comme avec le saxophoniste Paul Mancini, qui présentera Charlie Chaplin, sa vie son œuvre. Deux formes pour ce spectacle, solo, ou trio avec guitare et batterie. Les mélodies créées par Charlot sont interprétées, tandis qu’en photos

et vidéos se déroule la vie du clown génial. Autre star du 7e art à l’honneur, avec Ivo Livi ou le destin d’Yves Montand. Ali Bougheraba et Cristos Mitropoulos mettent en scène et interprètent ce mélange de théâtre, chant et danse autour de l’artiste marseillais. Toujours entre chanson et théâtre, mais dans un tout autre registre, le rappeur Kery James sera doublement à l’affiche cette saison. En février, il présentera A vif, la pièce qu’il a écrite et qu’il interprète avec Yannik Landrein. Ils y incarnent deux étudiants futurs avocats qui se lancent un défi d’éloquence sur un vaste thème : l’État est-il seul responsable de la situation actuelle dans les banlieues ? Il reviendra en mai pour un concert de son projet A.C.E.S. Tour (Apprendre, Comprendre, Entreprendre et Servir). Lors de cette tournée, le rappeur reverse, dans chaque ville où il se produit, une partie de son cachet à une

Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com

AU PROGRAMME DU MOIS

8 octobre : Canela fina S’inspirant d’un roman de Mário de Andrade, la troupe de cirque Les Farfadais conte cette histoire d’amitié et de tolérance. Acrobatie aérienne, danse et marionnettes géantes à l’affiche de ce spectacle, présenté au Château de Mouans-Sartoux, lors du Festival du Livre mouansois. 13 octobre : Foudil Kaibou Révélé par le réservoir d’humoristes du Djamel Comedy Club, Foudil Kaibou joue sans frein des clichés et travers de la société française. Ses sketches font tant rire que réfléchir et rendent la notion de politiquement correct très élastique. À la Salle Mistral de Pégomas. 20 & 21 octobre : La dernière bande Le texte de Samuel Beckett se pose comme un masque de clown désespéré sur le visage de Jacques Weber. Mis en scène par Peter Stein, le comédien, avec son maquillage outrancier d’Auguste pathétique, incarne à merveille cet écrivain raté en quête du temps qui s’enfuit. À La Roquette-sur-Siagne. (11 novembre à l’Opéra-Théâtre du Grand Avignon) 4 novembre : Ensemble Écrit et mis en scène par Fabio Marra, ce spectacle est une immersion dans la réalité d’une famille. Catherine Arditi y incarne une mère, devenue veuve, qui s’est toujours refusée à se séparer de son fils handicapé, quitte à en oublier sa propre vie. À La Roquette-sur-Siagne.


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Un an et un tiers Pari réussi pour Scène 55 à Mougins, qui entame sa deuxième saison

A

u vu du succès public, la toute récente salle de spectacles de Mougins a rapidement atteint son but d’enrichissement de la vie culturelle du bassin cannois, grâce à une offre qui vient complémenter celle des autres structures locales (voir Zib 100 et journalzibeline.fr). L’acoustique performante du bâtiment et le « tiers de saison » commencé en mars 2017 ont convaincu. Après ce coup d’essai transformé, le maire de la ville Richard Galy est conscient des enjeux qui attendent son pôle culturel : fidéliser ceux qui sont venus par curiosité et attirer de nouveaux spectateurs, en proposant une programmation « exigeante mais capable de fédérer le plus grand nombre ». René Corbier, qui assure la direction artistique, a prévu plus de 30 spectacles cette saison, toutes disciplines confondues.

Musique De grands noms et têtes d’affiches ont répondu à l’invitation : Renaud Capuçon, avec l’Orchestre de Cannes, Didier Lockwood, qui rendra hommage à Stéphane Grappelli en trio, ou encore Natalie Dessay accompagnée au piano par Philippe Cassard. Ce qui n’empêchera pas la salle d’accueillir également de jeunes talents, comme les Lauréats HSBC de l’Académie du Festival d’Aix en Provence (le Quatuor Van Kuijk, ou les deux artistes de « Life Story » (détail de la représentation ci-dessous). Le nom du groupe de musiques actuelles qui clôturera la saison n’est pas encore connu, mais une chose est sûre : il aura pour mission d’électriser la scène.

Marionnettes Mougins a choisi comme l’un de ses axes forts l’art de la marionnette. Ainsi en février on y verra Le petit théâtre du bout du monde, Opus I de la Cie Ézéquiel Garcia-Romeu, spectacle-installation formant une « allégorie de notre réalité ». Du 7 au 19 avril aura lieu la Semaine de la Marionnette, avec une programmation exceptionnelle. En particulier Stalingrad, reprise d’un spectacle fameux, joué en russe mais surtitré en français. Le Théâtre Gabriadze évoque pour les 12 ans et plus le siège de

La Barbe bleue, Michel Keleminis © Didier Philispar

la ville par les troupes allemandes, bataille décisive de la seconde Guerre mondiale. Ou encore La petite casserole d’Anatole par la Cie Marizibill, trente minutes de finesse et d’intelligence pour les enfants à partir de 3 ans (voir journalzibeline.fr)

Théâtre et arts du geste Beaucoup de classiques cette année : à une pièce de Stefan Zweig (La légende d’une vie, mise en scène de Christophe Lidon), succéderont une adaptation par Paul Emond de Madame Bovary -mais avec des « accents de road movie »- ou bien Le Cid vu par Le grenier de Babouchka. Mais on y verra aussi de jolies propositions jeune public, dont le savoureux Monsieur Mouche (Cie Gorgomar). La Scène 55 accueillera aussi bon nombre de troupes de danse ou de cirque, parmi lesquelles on vous recommande les circassiens québécois de La Compagnie, qui viennent de s’installer dans les Alpes Maritimes. La soirée consacrée en avril à la jeune danse contemporaine israélienne, avec les chorégraphes Adi Boutrous et Andrea Costanzo Martini, est également prometteuse. GAËLLE CLOAREC

Scène 55, Mougins 04 92 92 55 67 scene55.fr

AU PROGRAMME DU MOIS

10 octobre : Le 6ème Jour Spectacle emblématique de Catherine Germain, où son clown Arletti se fait conférencière. Pour parler de La Genèse, rien de moins. 14 octobre : Magnificat Double approche de ce chant de louanges à la Vierge, par le Chœur régional Paca et les cordes de l’Orchestre de Cannes : la musique baroque italienne, et la musique contemporaine argentine. (21 octobre au Théâtre des Salins, Martigues, voir p 54-55) 7 novembre : « Life Story » Beate Mordal (soprano) et Nicolas Royer (pianiste) extraient la quintessence du cabaret en parcourant l’œuvre des grands compositeurs du XXe siècle. 10 novembre : La Barbe Bleue Un conte effroyable de Charles Perrault, revisité par Michel Kelemenis, qui inverse les genres et fait de l’ogre une ogresse.


78 saisons

Les temps forts du Théâtre de Nice

Irina Brook dirige le Centre Dramatique National de Nice depuis 4 ans. Et y a apporté de notables changements. Rencontre avec une directrice et metteure en scène Zibeline : Le Centre Dramatique de Nice, avec ses deux salles de 900 et 300 places, propose cette année 37 spectacles et 130 levers de rideau. C’est beaucoup ! Irina Brook : Oh, nous nous sommes limités cette année, nous étions à plus de 45 spectacles l’an dernier, et nous avons voulu nous concentrer sur les festivals, les événements spéciaux, soutenir au mieux les artistes accompagnés, et aller vers de nouveaux publics. Il faut être en mouvement pour proposer un théâtre du présent. C’est très Shakespearien comme conception, ce présent qui s’écoule ! Un auteur au cœur de votre programmation... Pour moi, il englobe et rassemble tout ce que j’aime dans le théâtre, par sa force dramatique, mais aussi philosophique, populaire, humaniste. Il est le seul auteur de théâtre de cette envergure dans l’histoire et au monde. Il subsiste un malentendu entre les Français et Shakespeare, comme s’il n’était pas « à nous ». Notre festival Shake Nice, en janvier, travaille à cette appropriation essentielle, en particulier à travers un volet pédagogique où collégiens et lycéens jouent Shakespeare sur le grand plateau... Votre nouveau festival Génération Z s’ouvre également à d’autres publics.

Le renouvellement passe par les plus petits. La programmation proposée est ludique, et d’une grande qualité intellectuelle et artistique, pour que les ados et les enfants viennent, et pour que les parents qui les accompagnent y trouvent leur compte. Le terme « tout public » inclut aussi les adultes. Un autre temps fort de la saison aura lieu en mai. Il s’agit de réfléchir autour des utopies culturelles. 50 ans après 68, qui a aussi bouleversé le théâtre et les arts, les artistes peuvent-ils réinventer le monde ? Vous apportez résolument un soutien aux artistes de la région, comme Sylvie Osman, Garcia Romeu, Oberdorff... Nice est très excentré, assez abandonné du pays, on est un autre monde, avec beaucoup de manques, en transports, en reconnaissance, en médias. Il est nécessaire de soutenir ceux qui travaillent et créent ici, victimes de cette invisibilité. Vous travaillez également avec quatre jeunes acteurs, vos Éclaireurs ? C’est une jeune compagnie niçoise que j’ai formée, de façon très libre, très free school. On a fait des spectacles en intervention, dans la rue, les entreprises, et cela forme vite ! Ils sont formidables, je reprends avec eux Tempête !

Vous qualifiez cette reprise de « re-création » . Pourquoi y revenir ? La dernière œuvre de Shakespeare est trop profonde, trop complexe pour parvenir à la saisir d’un coup. J’aime tant cette pièce ! J’ai l’impression d’avoir, cette fois, en l’allégeant et en l’épurant beaucoup, atteint quelque chose de sa profondeur. C’est paradoxal... Dans votre programmation, que voudriez-vous souligner encore ? Je suis attachée à tout, j’ai tout choisi ! J’aime notre volet Voyageons, qui permet d’ouvrir les esprits sur le monde. Et aussi Réveillons nous, qui avec une pièce comme Gaz de Tom Lanoye, portée par l’incroyable Viviane de Muynck, pose des questions dérangeantes et bouleversantes. Et puis les classiques : Feydeau, Homère, Maupassant, permettent de réinventer le futur, parce que ce qu’ont fait nos ancêtres nous permet de nous projeter en avant. J’aime aussi le travail physique d’Aurélien Desclozeaux, je les aime tous ! Il y a beaucoup de femmes au TNN, dans votre équipe, sur scène, dans les spectacles invités. Est-ce un choix ? J’ai d’abord essayé de faire un festival autour des femmes, des textes de femmes, avec des femmes sur scène, mais c’était très artificiel et clivant. Je ne suis plus persuadée que la


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Cinq sur cinq !

L

Bulle, une odyssée Cie BAL © C. Valenti

parité, pour le théâtre du moins, adviendra de cette façon. Je ne veux pas, je ne peux pas choisir un spectacle par rapport à cela. Mais de fait je m’entoure de femmes, elles sont là. Et c’est encore mieux que ce soit naturel ! AGNÈS FRESCHEL

Théâtre national de Nice 04 93 13 90 90 tnn.fr

e théâtre d’Antibes ouvre sa cinquième saison et le programme s’annonce réjouissant. Beaucoup de têtes d’affiches, des pointures et même des stars visiteront cette année la scène antiboise. Impossible de les citer toutes, tant les grands noms et les rendez-vous incontournables seront nombreux en ce cycle 17/18. Le succès de fréquentation de l’Anthéa, devenu premier théâtre de la région PACA (12 000 abonnés, 120 000 spectateurs) ne devrait pas se démentir. Une réussite due à l’éclectisme et à la qualité de la programmation, qui peut atteindre tous les publics. Notons pêle-mêle : le retour du couple Jaoui-Bacri, qui reprend ses deux pièces mémorables, Cuisine et dépendances et Un air de famille ; Bérénice Béjo et Stéphane de Groodt, dans Tout ce que vous voulez, ou l’angoisse de la page blanche d’une auteure à succès ; politique et démocratie en question avec Ceux qui errent ne se trompent pas, de Maëlle Poésy et Kevin Keiss, ou T.I.NA. une brève histoire de la crise par la Cie Cassandre ; humour à volonté, avec Maintenant ou Jamel, par Jamel Debbouze, ou le one-man-show chanté de François Morel, Une vie (titre provisoire) ; deux maîtres-chorégraphes, avec Sidi Larbi Cherkaoui pour Fractus V, entre danse et cirque, et les Nouvelles pièces courtes de Philippe Découflé ; enfin rayon musique, au choix : Olivia Ruiz, Angelique Kidjo, Julien Clerc, Michel Legrand, ou même Woody Allen et son New Orleans Jazz Band. JAN-CYRIL SALEMI

AU PROGRAMME DU MOIS

18 au 22 octobre : Edmond Spectacle couronné de 5 Molière, Edmond est un making off de Cyrano de Bergerac. Alexis Michalik plonge avec romantisme (et grandiloquence nécessaire) dans l’œuvre d’Edmond Rostand. 21 octobre au 5 novembre : Génération Z Le nouveau festival pour la jeunesse, avec Dom Juan et les clowns, où Irina Brook reprend la farce burlesque de la compagnie Miranda. Dom Juan nihiliste est secondé par un Sganarelle au nez rouge. Bulle, une odyssée : à travers l’histoire d’un poisson rouge privé d’eau Thierry Vincent (Compagnie BAL en résidence à Nice) écrit, dessine et joue un conte contemporain écologique ; à partir de 4 ans. La même compagnie propose Azerty ou les mots perdus : Azerty et Noémie partent à la recherche des mots en voie d’extinction. Et Point d’interrogation, adapté du texte de Stefano Massini par Irina Brook avec ses Éclaireurs : dans un futur où virtualité, chimie et publicité dominent, que devient notre humanité ? Un spectacle burlesque et inquiétant, à partir de 9 ans.

Théâtre Anthéa Antipolis, Antibes 04 83 76 13 00 anthea-antibes.fr Croque Monsieur © Carole Bellaïche

AU PROGRAMME DU MOIS 10 & 11 octobre : Vaille que vivre Touchante d’émotion et de simplicité, Juliette Binoche interprète les chansons de Barbara, Accompagnée du pianiste Alexandre Tharaud, la comédienne rend un hommage sensible à la dame brune, disparue il y a vingt ans. (25 octobre au GTP à Aix, voir p 38-39) 10 & 11 octobre : François d’Assise L’œuvre de Joseph Delteil déploie toute sa force dans cette adaptation signée Adel Hakim. Au-delà du personnage sanctifié par la chrétienté, c’est l’engagement humain et universel qui prime dans cette mise en scène. (10 au 17 novembre, sortieOuest, divers lieux, voir p 89) 13 & 14 octobre : Un pedigree Ce titre canin est celui d’une sorte d’autoportrait de jeunesse signé Patrick Modiano. Édouard Baer s’en fait l’interprète avec une grande sensibilité. 17 & 18 octobre : Santa Madera Trio de cirque à découvrir : deux artistes équilibristes et une roue Cyr, ce grand cerceau instable, personnage à part entière de cette création. 18 & 19 octobre : Logiquimperturbabledufou Grands auteurs et folie se mêlent dans le spectacle de Zabou Breitman, qui rassemble des textes de Shakespeare, Tchekhov ou Kafka et les installe dans l’univers de l’hôpital psychiatrique. (6 & 7 octobre au Théâtre des Halles, Avignon, voir p 66) 8 au 22 novembre : L’île des esclaves Maîtres et servants inversent leurs fonctions sur cette île imaginée par Marivaux et mise en en scène par Gaëlle Boghossian. 8 & 9 novembre : Croque-monsieur La pièce de Marcel Mithois, longtemps incarnée par Jacqueline Maillan, est reprise avec délice par Fanny Ardant. L’histoire d’une veuve joyeuse, autant attirée par les hommes que par leur fortune. (10 novembre au Silo à Marseille)


80 saisons

Cannes s’assemble

Faire son planning de sorties à Cannes, c’est facile : plusieurs structures culturelles, une seule saison 2017-2018 !

D

epuis 2015, les acteurs culturels de la ville de Cannes ont regroupé leur programmation dans un même document, Sortir à Cannes. Un seule plaquette à laquelle se référer toute l’année, que l’on soit plutôt friand des propositions du Palais des festivals et des congrès, de celles de l’Orchestre de Cannes, des salles de théâtre La Licorne et Alexandre III, ou encore adepte des spectacles Hors les Murs gérés par la Mairie. Car la variété est évidemment au rendez-vous, chaque établissement conservant son caractère particulier. L’avantage du dispositif est de favoriser la découverte : le public passe plus volontiers d’un lieu à un autre lorsque toute l’information dont il a besoin pour prévoir ses sorties culturelles est rassemblée. Zibeline a opéré un tri pour vous en proposer une sélection subjective, et non exhaustive (NB : pour la programmation musicale de l’Orchestre de Cannes, reportez-vous p.99).

Les faux british, lui aussi couronné du Molière de la meilleure comédie en 2016. Sept acteurs d’un soir, fans d’Arthur Conan Doyle, décident de monter un véritable whodunit à l’anglaise (qui l’a fait ?, roman à énigme), ce qui ne s’improvise pas ! Si la création contemporaine est honorée, à Cannes on revisitera aussi les grands classiques. Ainsi du Jeu de l’amour et du hasard, musclé par l’accent moderne des quartiers parisiens, sur des airs de Serge Gainsbourg. Une mise en scène de Philippe Calvario, également au Théâtre Croisette. Il peut arriver que le théâtre s’échappe dans les rues. Pendant le Festival de Cannes, si un soudain besoin d’intimité vous envahit entre deux séances de cinéma, vous pourrez investir la boîte-confessionnal de la Cie Tandaim sur la Place du Commandant Maria (retrouvez l’article et la vidéo consacrés au projet In-Two sur journalzibeline.fr).

Théâtre

À tout seigneur tout honneur : le Festival de Danse, qui a lieu du 8 au 17 décembre, présente une quinzaine de spectacles. Avec des compagnies venues parfois de fort loin (le Ballet de l’Opéra de Rome, le Ballet Nacional Sodre d’Uruguay), ou de très près (le Cannes Jeune Ballet). Et des premières

Au Palais des Festivals, on découvrira volontiers au printemps une pièce qui a raflé plusieurs prix aux Molières 2017 : Edmond, d’Alexis Michalik, raconte les débuts d’un monument de la littérature, Cyrano de Bergerac. De même qu’on pourra aller voir au Théâtre Croisette

Arts du geste

françaises à ne pas rater, notamment le Trio ConcerDance des étoiles Alessandra Ferri et Herman Cornejo, accompagnés par un pianiste virtuose, Bruce Levingston. Ou Yama, rituel animiste dans lequel évoluent huit danseurs du Scottish Dance Theater. Mais les amateurs de danse en trouveront distillée tout au long de la saison, aux côtés de Blanca Li (son Solstice est présenté en janvier au Palais des Festivals), Kader Attou (en mars, même endroit), ou encore du Ballet National de Marseille (en février au Théâtre de la Licorne). Côté cirque, de jolies invitations en perspective. Par exemple celle, en entrée libre, de la Cie Furinkaï devant le Musée de la Castre, aux beaux jours. Une parade amoureuse délicieusement intitulée Bruissements de pelles. Les amateurs de gros formats apprécieront quant à eux la venue du Cirque Phénix venu réchauffer l’hiver avec CirkAfrika 3 !, un voyage vers le Sahara avec 30 artistes sur scène (en février au Palais des festivals).

Jeune public De jolies propositions sont réservées aux enfants, tout au long de la saison. Pour les très jeunes (à partir de 18 mois), notamment Ombul, œuvre « de traits, de fils


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Un rayonnement international

«

Oh Boy ! © Christophe Raynaud de Lage

et d’ombre » par le Théâtre Désaccordé, qui s’inspire des mobiles aériens de Calder (en février au Théâtre de La Licorne). Ou pour les plus grands, avec des compagnies locales comme Arketal, présentant sa création 2017 Passager clandestin, l’histoire d’un berger italien qui embarque sur le Titanic (pour les 14 ans et plus, en novembre dans la même salle). GAËLLE CLOAREC

Sortir à Cannes 04 97 06 40 00 cannes.com cannes-destination.fr/sortir-a-cannes

AU PROGRAMME DU MOIS 13 octobre : Bottes de prince et bigoudis Annabelle Sergent met en scène un récit burlesque accessible dès 7 ans, qui revisite de façon très moderne l’histoire de Blanche-Neige : le prince circule en autocar, la pomme vient d’une supérette, et le miroir n’est pas très poli. 20 octobre au 4 novembre : P’tits Cannes à you Pendant les vacances de la Toussaint, on retrouvera aussi un temps fort spécialement dédié à la jeunesse : le festival propose une série de spectacles, projections, ateliers et contes sur le thème de la nature. (voir p 99) 10 novembre : Oh Boy ! Depuis son Molière du spectacle jeune public en 2010, cette adaptation d’un roman de Marie-Aude Murail par le Théâtre du Phare tourne de plus belle. Un jeune homme se voit confier la garde de ses trois jeunes demi-frère et sœurs... Et il n’est pas prêt.

Ambassadeurs culturels de la principauté de Monaco », les Ballets de Monte-Carlo mènent une double vie, entre tournées internationales (50 représentations prévues à travers le monde, Russie, Hollande, Chine, France, Allemagne, États-Unis, Espagne…) et programmation aux multiples propositions chorégraphiques sur le territoire monégasque, au travers des trois structures : Compagnie des Ballets de Monte-Carlo, Festival de Monaco Dance Forum, Académie Princesse Grace. Trois lieux de la Principauté de Monaco pour aller à la rencontre des Ballets : leur Atelier, à Beaulieu, propice aux Imprévus où sont présentées les chorégraphies à venir, le travail des danseurs, des extraits de pièces en répétition, le tout assorti des explications éclairantes du directeur chorégraphe des Ballets, Jean-Christophe Maillot (le travail des jeunes élèves de l’Académie Princesse Grace y sera présenté en novembre) ; la salle Garnier, écrin délicieusement baroque rouge et or de l’Opéra, et le vaste Grimaldi Forum se partagent les représentations. La saison débutera vraiment en décembre avec le Monaco Dance Forum et l’accueil de compagnies internationales : la Gauthier Dance Company avec Nijinski, sur une chorégraphie de Marco Goecke, la compagnie américaine Momix avec Viva Momix Forever, sur une chorégraphie de Moses Pendleton. Quant à la compagnie des Ballets, puisant dans son répertoire, elle reprendra dans une nouvelle version La Mégère Apprivoisée chorégraphiée par Jean-Christophe Maillot et accompagnée par l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, dirigé par Lawrence Foster. Cette pièce s’est vu décerner trois Viva Momix Forever © Andrea Chemelli

Masques d’Or (meilleur spectacle, meilleur danseur, meilleure danseuse). Une création du directeur des Ballets est aussi au programme, en avril, sur une partition spécialement composée par Bruno Mantovani, en collaboration avec le Printemps des Arts. On retournera aux sources des Ballets avec le Violin Concerto de Balanchine, puis des Imprévus se dessineront en partenariat avec le Pavillon Bosio, École Supérieure des Arts Plastiques de Monaco, enfin, l’Été Danse offrira son rituel feu d’artifice de juillet en deux temps : trois soirées d’exception, signées Alexander Ekman, Johan Inger, Mats Ek, dans un hommage au cinéaste Ingmar Bergman à l’occasion du centenaire de sa naissance, puis un programme inédit, White Darkness de Nacho Duato et une création de Joseph Hernandez pour une première collaboration avec la compagnie dont il est un ancien danseur. La formation à l’art de la danse n’est pas en reste, l’Académie Princesse Grace apportera la fraîcheur et la virtuosité de ses jeunes danseurs lors de son traditionnel Gala à la salle Garnier. Auparavant, en décembre, la cellule éducative des Ballets réunira 53 enseignants et 65 élèves de la Principauté pour No Time’s Land, une création appuyée sur une approche artistique pluridisciplinaire centrée sur le travail du corps. L’art, ferment d’une prise de conscience de soi et des autres… un beau chemin vers la tolérance et l’esprit de paix. MARYVONNE COLOMBANI

Divers lieux, Monaco 0377 99 99 30 00 10 balletsdemontecarlo.com


82 saisons

Utopies publiques

A

lès, patrie occitane du cirque, accueille la 12e édition de Cirque en marche. 4 spectacles emblématiques de la créativité de ce domaine en perpétuelle mutation, toujours à la recherche de ponts entre les disciplines et les imaginaires. Il y aura du hip hop, interprété, une fois n’est pas coutume, par une compagnie exclusivement féminine : les 7 Swaggers (chorégraphie Marion Mottin) aident à réviser les clichés. L’aboutissement d’un long travail d’enquête (principalement en Ardèche) mené par Marie Lamachère prendra forme dans Nous qui habitons vos ruines, sur les traces du philosophe utopiste Charles Fourier, postulat qui redéfinit les combats jugés irréalisables (ZAD, ressourceries, SCOP,…) comme des évidences nécessaires. Autre combat de longue haleine, celui que retrace le magnifique Ça ira (1) Fin de Louis de Joël Pommerat, 4 h 30 de plongée dans l’histoire de la Révolution, 50 acteurs, une démesure qui rend tout son caractère d’utopie au théâtre. Un appel à dons est lancé par le Cratère pour qu’une 4e représentation puisse

Maintenant ou jamais © Berthe Pommery

avoir lieu, afin que ce moment exceptionnel de spectacle vivant soit partagé par le plus grand nombre, en dehors des métropoles où il est habituellement joué. Au pays du théâtre public, la Révolution est toujours en marche, avec tout au long de la saison des spectacles qui reflètent ce désir de partage et de réflexion humaniste. ANNA ZISMAN

Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr

AU PROGRAMME DU MOIS 10 au 12 octobre : En attendant Godot Laurent Fréchuret (Théâtre de l’Incendie) a choisi de mettre en scène et en valeur la part burlesque de cette pièce qu’on a souvent tendance à cantonner dans l’univers

« Ne manquez rien du spectacle » spectacle-performance qui réunira son collectif d’artistes. Deux textes de Copi, créés par le metteur en scène Marcial Di Fonzo Bo, Eva Peron et L’homosexuel ou la difficulté de s’exprimer, seront l’un des événements de cette année : humour et subversion au programme. Autre création, Price, d’après le roman autobiographique de Steve Tesich : Rodolphe Dana Price © Jean-Louis Fernandez

…E

ntre invitation et injonction, voilà l’édito, signé François Noël, directeur du Théâtre de Nîmes depuis 2003. Soyons vigilant. Vincent Courtois et François Verret poursuivent chacun leur travail d’artistes associés avec deux créations. Le premier présentera Les Démons de Tosca, et le chorégraphe fera Le Pari de fédérer les énergies dans un

transpose sur scène cet épisode adolescent de l’auteur, où l’amour fait mal mais fait vivre. L’incontournable Festival Flamenco réserve de belles surprises, la troublante Aglaé, prostituée vieillie jouée par Claude Degliamme (mise en scène J-M Rabeux), du cirque (Réversible, Cie Les 7 doigts de la main), des lectures (Emma Morin lit ce que peut-être nous n’aurions pas l’idée de lire), du théâtre pour enfants (La Caverne, création du collectif l’Avantage du doute), l’Orchestre des Siècles, dirigé par F-X Roth, artiste associé permanent (César Franck, Gustav Mahler), un hommage à Trisha Brown (disparue en mars dernier)… Beaucoup de choses, à ne pas manquer, donc. A.Z.

Théâtre de Nîmes 04 66 36 65 10 theatredenimes.com

AU PROGRAMME DU MOIS 10 octobre : Amnésique en musique La chanteuse et le musicien ont tout oublié. Le régisseur tente de les aider, en vain. Philippe Leygnac invente un


MUTUELLE SANTÉ COLLECTIVE

du texte « à messages ». Un Beckett drôle, même si toujours désespéré. 10 & 11 octobre : La mer en pointillés Le Bouffou Théâtre, avec marionnettes et comédiens, aborde un fait divers absurde et tragique : un homme, qui ne l’avait jamais vue, décide de rejoindre la mer à vélo depuis son pays de l’Est. Rattrapé tout près du but, sans papiers, il sera reconduit chez lui en avion. 14 octobre : Orchestre national de Montpellier Occitanie Rendez-vous annuel avec la formation dirigée par Michael Schønwandt, avec pour cette rentrée trois compositeurs : la Symphonie n° 3 de Brahms, le Children’s Corner de Debussy, et Les danses de Galanta de Kodaly. 17 & 18 octobre : Esquif Trois compagnies unies par le goût du risque (Surnatural Orchestra, Inextremiste, Basinga) ; les uns sont musiciens (18 !), les autres acrobates (2), et une est funambule. Quel cocktail revigorant ! 17 au 20 octobre : Label Vie Ils ont réussi à la créer, leur coopérative révolutionnaire : dans Mr Kropps, la Cie Gravitation, à coups de débats libérateurs en pleine rue, inventait ce qui s’appelle aujourd’hui Label Vie. Mais tout reste à faire ! Les débats salutaires ne font que commencer ! 3 au 5 novembre : Maintenant ou jamais Voilà du cirque, du beau, du bon, du solide : sur vélo, sur trapèze, à la bascule, avec grosse caisse, tuba ou trombone, les 11 artistes du Circa Tsuica font résonner les spécialités et les sonorités au diapason. Première date de Cirque en marche.

drôle de spectacle, où les notes et les airs composent un langage qui se passe de mémoire. Mise en scène de Julien Feder. 12 & 13 octobre : Samuel Pascal Merighi a convié trois complices du Tanztheater Wuppertal pour cette création chorégraphique tout en virtuosité, emprunt d’une sensibilité dramaturgique fidèle à l’esprit de Pina Bausch. 14 octobre : De(s)génération Trois générations de danseurs hip hop se partagent le plateau. Amala Dianor fait dialoguer les époques et les techniques, préservant la devise « Peace, Unity, Love and Having Fun ! ». Dans le cadre du Festival Tout simplement hip hop. À partir de 7 ans. 17 au 19 octobre : Événement Alain Buffard Le danseur et chorégraphe avait installé sa compagnie à Nîmes. Disparu en 2013, son œuvre puissante et non consensuelle est reprise dans cet hommage avec trois pièces : Good Boy (solo autobiographique, 1998), Mauvais Genre (la porosité entre masculin et féminin, 2003), Les Inconsolés (L’enfance abusée, 2005). Un colloque international réunissant philosophes, historiens d’art et chorégraphes poursuivra l’incursion dans cet univers aux problématiques très contemporaines. 20 octobre : Chroma En résidence au Théâtre de Nîmes en même temps que Buffard en 2010, Bruno Geslin s’est inspiré d’un ouvrage de Derek Jarman, artiste britannique devenu progressivement aveugle. La poésie de Chroma fait pousser des couleurs comme des plantes et des pensées.

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84 saisons

À corps et à nu

Génesis, de Anglélica Liddell © Luca del Pia

Une saison en liberté, la dernière de Rodrigo García à hTh

L

’esprit léger, Rodrigo García égrène avec une curiosité gourmande la liste des spectacles invités à se produire cette saison sur la scène du théâtre qu’il a choisi d’appeler, à son arrivée il y a 4 ans, humain TROP humain. Le titre du livre de Nietzsche dont il s’est inspiré pour rebaptiser ce lieu de la périphérie de Montpellier (Grammont) comporte un sous-titre qui dit beaucoup de la démarche de l’auteur metteur en scène : Un livre pour esprits libres. Et cette année, Rodrigo García semble s’être affranchi des pesanteurs administratives, financières, politiques, urbanistiques qui l’ont poussé à quitter ses responsabilités de directeur de la scène nationale d’ici le 31 décembre prochain : il la reprend sa liberté. Cette énergie qu’il insuffle depuis 2014 en accueillant des créations venues du monde entier (34 pays en 4 ans), des formes qui questionnent et dérangent, des thèmes récurrents (sur le genre en particulier), des corps qui s’exposent tels qu’ils sont, s’est distillée dans les habitudes

du public montpelliérain, quoi qu’en disent les frileux et les censeurs, et même si les fauteuils n’étaient pas toujours tous occupés. Venir à un spectacle à hTh relève d’une aventure surprenante, et participe parfois même d’une prise de position pour esprits libres, oui. Il faut en effet savoir que des parents de lycéens inscrits en option théâtre se récrient régulièrement auprès des professeurs qui emmènent leurs élèves aux spectacles, au motif que trop de comédiens apparaissent dénudés.

des enfants sur scène La question n’est pas là dans la prochaine création de García. Dans son texte introductif, il annonce qu’ « Il y a des tas de points d’interrogation. Ce sont des choses qui s’éclairciront dans la pièce et sinon, qu’on rembourse les places, bande d’escrocs ! » Mélange de souvenirs d’enfance de l’auteur, Evel Knievel contre Macbeth réunira deux comédiennes, la volcanique Núria Lloansi, de toutes ses créations, et Inge Van Bruystegem vue l’an

passé dans le Begin the beguine de Cassavetes mis en scène par Jan Lauwers. On n’en saura guère plus ; il s’agira entre autres de cet américain des années 70, Evel, motard héros de l’absurde aux objectifs autodestructeurs, incarnation du positivisme « effrayant » des États Unis : « si tu veux vraiment quelque chose, tu vas y arriver ». Un enfant sera convoqué. Comme les animaux, García aime à les intégrer dans ses mises en scène. Symboles de liberté, « les enfants et les animaux sont merveilleux, ils remplissent la planète de caca et de cris, salissent et cassent tout sur leur passage… Je ne comprends pas pourquoi quand ils sont dans mes pièces les gens trouvent ça dérangeant ». Controverses assurées. Les irrévérencieux Chiens de Navarre reprendront le flambeau avec leur nouvelle création Jusque dans vos bras : un mélange très épicé des archétypes hexagonaux. Ça pique et ça gratte. Napoléon et Robespierre, comme les 38 autres figures incarnées par les 10 comédiens de la troupe, nous entraîneront


85 dans une remise en question loufoque et féroce de notre identité nationale. Après le totémique Jan Fabre (voir p 86-87, où les trois spectacles co accueillis avec Montpellier danse sont présentés), Angélica Liddell poursuivra son introspection avec la troisième partie de la Trilogie de l’Infini : Génesis 6, 6-7. Ancien Testament et corps traqués se mêleront dans une catharsis théâtrale tout sauf confortable. Fanny de Chaillé présentera Les Grands (texte de Pierre Alferi, créé à Avignon cet été) avec ici aussi des enfants, pour évoquer le temps qui passe, les souvenirs qui restent, les espoirs gravés.

Une saison épique

mouvement perpétuel Parking avait été l’un des magnifiques moments de la saison dernière. Théo Mercier revient avec La fille du collectionneur. « Je veux voir des acteurs au travail et non en représentation (…) L’idée est de ne pas dissimuler la difficulté, le labeur, l’erreur. » Une pièce qui s’annonce très plastique, un objet pluriel entre chorégraphie (François Chaignaud, bouleversant dans Parking), textes (Marlène Saldana et Jonathan Drillet) et scénographie (Théo Mercier et Arthur Hoffner). Du théâtre documentaire (Five easy pieces, glaçant travail de Milo Rau sur les crimes de Marc Dutroux, interprété par … des enfants, encore ; Los trabajos improductivos, par Gerardo Naumann, mise en perspective du jeu de la représentation par deux « vrais » gangsters argentins montés sur scène), de la danse avec Wim Vandekeybus (« bonne surprise, dit García, c’est une pièce très théâtrale ! », Alain Platel (Nicht Schlafen, apocalyptique)… Si elle n’est pas toujours habillée, la scène d’hTh est parée d’un art en mouvement perpétuel. ANNA ZISMAN

hTh , Domaine de Grammont, Montpellier 04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr

AU PROGRAMME DU MOIS

17 octobre : Casse gueule Premier des 6 rendez-vous de Poésie Attack proposés par Nils Bertho (galerie MAT à Montpellier), à qui hTh a demandé de partir à la recherche des nouveaux poètes ou conteurs, à la croisée des mots, bruits, récit, vidéo, narration, électro… Casse Gueule, c’est de la pop dérivée du punk et de la prose rentre-dedans qui bouscule les synapses.

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e Domaine d’O s’apprête à revêtir ses nouveaux habits d’EPIC (Établissement public à caractère industriel et commercial), dès janvier prochain. Au delà de l’appellation peut-être quelque peu barbare dans le secteur culturel, cela annonce le changement de gestion de cet ensemble multiforme (une saison et 5 festivals d’été), qui passe des mains du Département à celles de Montpellier Métropole. Côté public, les propositions sont très nettement axées cette année sur le cirque, qui occupe une large partie de la programmation. Cirque contemporain dans un décor années 30 (The elephant in the room, du Cirque Le Roux), pour jeune public (Sorcière(s) !, Cie Toron blues, qui élève les méchants loups et les vilaines sorcières au rang d’individus libres et de femmes émancipées), ou pour très jeune public (Borborygmes, Cie SCOM, dès 3 ans), ou Entre autre(s), spectacle proposé par les élèves de l’école du cirque montpelliéraine Balthazar, et encore d’autres déclinaisons de cet art en mutation. Du théâtre aussi. L’incandescent Face à Médée, de François Cervantes, qui diffracte l’héroïne tragique en trois personnages à hauteur du public, descendue du mythe vers notre quotidien d’humains d’aujourd’hui. Chansons (Sanseverino, Juliette,…), magie nouvelle (les mystères de la synchronicité sont abordés dans Évidences inconnues, de la Cie Rode Boom) et même mentalisme (Je clique donc je suis, de la Cie Le Phalène, qui pose la magie comme outil pour décrypter notre société contemporaine) complètent la garde robe du Domaine. A.Z.

A Simple Space, Cie Gravity and other Myths © Andy Phillipson

Domaine départemental d’O, Montpellier 0 800 200 165 domaine-do-34.eu

AU PROGRAMME DU MOIS

11 & 12 octobre : A simple space Les 7 Australiens de la Cie Gravity and other Myths livrent une performance où les corps se tendent vers une limite toujours repoussée, quitte à expérimenter l’échec. Du cirque à l’état pur. (10 & 11 novembre, à La Crau, voir p72) 13 octobre : Batlik XI Lieux, 11 chansons : c’est le 11e album du chanteur compositeur. Les textes sont toujours ciselés, la guitare très présente. Benjamin Vairon l’accompagne à la batterie, au sample et au chant. 17 au 19 octobre : Les carnets du sous-sol Ce sont les mots d’un « homme malade, d’un homme méchant… », long monologue écrit par Dostoïevski en 1864, qui donne la parole à un désenchanté du XIXème siècle. Nicolas Oton (Machine Théâtre) crée et joue ce texte, dans une mise en scène sobre qui laisse toute sa force aux mots. 25 au 27 octobre : La forêt du miroir On reconnaît le conte de Blanche Neige, mais ici, le véritable héros, c’est le miroir. Le sujet : les dangers du tout apparence. Un théâtre visuel qui navigue entre vidéo, arts plastiques et chorégraphie, par la Cie Mercimonchou. Dès 7 ans. 25 au 27 octobre : Le bleu du ciel Rendre vivantes les scènes si troublantes et poétiques des toiles de Magritte : c’est le pari relevé par la Cie Mercimonchou, qui propose un théâtre d’image inspiré de l’univers onirique du peintre, adressé au mini public, dès 1 an.


86 saisons

Incertain

Vilar pour tous ouest, associées au Pôle emploi du secteur, pour une première Discussion animée (une autre suivra Merci d’être venus, par la Cie locale Volpinex, sur le voyage, et on abordera la disparition, l’oubli, après C’est l’anniversaire de Michèle mais elle a disparu, de Philippe Minyana par la Cie montpelliéraine Acetone). Entre de nombreux autres voyages, deux spectacles créés avec les comédiens de La Bulle bleue en situation de handicap (voir Zib 110), par Marion Coutarel : La jeune femme à la licorne et Si ce n’était toi ; repousser encore un peu plus les frontières, ouvrir le monde et les sens. ANNA ZISMAN

Théâtre Jean Vilar, Montpellier 04 67 40 41 39 theatrejeanvilar.montpellier.fr

AU PROGRAMME DU MOIS

11 & 12 octobre : Nos serments Julie Duclos (Cie In-Quarto) s’approprie le propos du film de Jean Eustache La Maman et la putain. Avec Guy-Patrick Sainderichin, elle élabore une matière théâtrale disparate (différents registres, dialogues, interviews) et restitue un ensemble « d’affections composites ». (14 octobre à Istres, voir p 61) 19 octobre : Mathieu Boogaerts Ne nous laissons pas aller à la facilité, n’annonçons pas « On ne présente pas Boogaerts » ! Il faut au contraire être à l’écoute de ses textes et de ses compositions, pour chaque fois découvrir à quel point le chanteur charme et surprend. 9 & 10 novembre : R(remplacer) Marion Pellissier imagine l’agence R, qui propose de fournir des comédiens pour combler l’absence de vos proches… Jusqu’où aller pour éviter la souffrance ? Une fable déstabilisante sur le faux-semblant. Mise en scène Sophie Lequenne, collectif montpelliérain Moebius, création.

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Nos serments © Pierre Sautelet

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ccolé aux halles de la Mosson à Montpellier, le Théâtre municipal Jean Vilar accomplit un travail d’utilité publique tout en finesse et constance. Chaque année, ce sont des milliers de scolaires qui profitent de sa programmation à la fois éclectique et pointue (et quelque 1000 parents accompagnants, qui profitent eux aussi de cette opportunité), des ponts établis entre les compagnies locales soutenues dans leurs créations et le public du quartier, des dialogues qui se nouent au fil des saisons (Les Discussions animées, organisées à l’issue de certains spectacles présentés dans des Maisons pour tous de la ville, avec un(e) philosophe chargé(e) de faire émerger la parole sur des thématiques liées au sujet de la pièce). Frantz Delplanque conçoit sa mission de direction comme un partage à renouveler et développer, dans un partenariat avec les artistes et un compagnonnage avec le public : savant dosage entre les attentes et les envies. La Cie Machine Théâtre (Montpellier) présentera son Dom Juan désossé, interprété par seulement deux comédiens (Cyril Amiot et Laurent Dupuy) : rendu à sa pureté, le texte, sans effets de scène, éclate et claque. La Montpelliéraine Julie Benegmos (Cie Libre Cours) fera sa première mise en scène en interprétant l’adaptation du roman L’Oubli de Frederika Finkelstein, qui aborde des thèmes « délicats », brûlants, comme le Shoah business ou la Shoah superstar, au cœur d’une scénographie de jeu vidéo. Le(s) visage(s) de Franck (Charles-Éric Petit, Cie L’individu, Marseille) sera joué dans deux Maisons pour tous des quartiers

ean-Paul Montanari est content : alors qu’il dirige le festival Montpellier danse « depuis des décennies », avec beaucoup de hauts et un peu de plus bas, celui de l’été dernier était « extraordinaire en terme de public, revenu massivement ». De quoi attaquer une saison 17/18 avec confiance, et initier des projets d’envergure. Il y a bien en effet une différence entre ce qui est proposé lors du festival, et tout au long des saisons du même nom. L’été, la programmation crée un mouvement qui participerait « à l’histoire de cet art » (traduire : confirmer des talents ?) ; pendant l’année, elle est plutôt le résultat de « collages entre amours, complicités, proximités » (traduire : s’émanciper du consensus et répondre à son instinct ?). Complicité avec Rodrigo Garcia, directeur d’hTh en fin de mandat, dont le départ est « très regretté » : après la Danse de nuit de Boris Charmatz présentée tout début octobre, deux artistes sont accueillis en collaboration avec la scène nationale. Jan Fabre et sa nouvelle création pour une première date en France, Belgium rules, 3 h 30 (une paille, après les 24 heures de Mount Olympus offert à La Villette récemment) de sculpture humaine, scrutation des affects, vision surréaliste de son pays natal, à travers les yeux de ce « guerrier de la beauté », comme il aime à se définir lui-même. Raymund Hoghe, compagnon au long cours de Montpellier danse, revient cette année avec une reprise de Lettere amorose, spectacle créé en 1999 inspiré d’une lettre écrite par deux jeunes migrants retrouvés


équilibre

Monchichi © Christopher Duggan

2017–2018

CONCERTS

MUSIQUE DE CHAMBRE 17H AU FOYER ERNEST REYER

A.Z.

Montpellier danse 0 800 600 740 montpellierdanse.com

TARIF UNIQUE : 6€ Consultez les dates et la programmation sur : opera.marseille.fr

AU PROGRAMME DU MOIS

7 & 8 novembre : Monchichi Honji Wang et Sébastien Ramirez viennent pour la première fois à Montpellier présenter leur duo fondateur (2011). Entre hip-hop et Tanztheater, ils nous racontent leur couple et inventent un nouveau langage.

OPÉRA opera.marseille.fr 04 91 55 11 10

ODÉON odeon.marseille.fr 04 96 12 52 70

Design graphique : et d’eau fraîche / © Ville de Marseille-Opéra-Licence n°112 116-112 117-112 118

morts dans les ailes de l’avion dont ils espéraient qu’il serait leur sésame pour l’Europe. Toujours violemment d’actualité, cette tragédie se poursuit, et le chorégraphe s’empare aujourd’hui de 5 lettres d’amour échappées de la barbarie de l’exil. Il y aura aussi La Valse, création à partir de la composition de Ravel, où il dit souhaiter « poursuivre [sa] confrontation avec les œuvres marquantes de l’histoire de la danse et de la musique ». Fabrice Ramalingom, artiste associé à l’Agora – Cité internationale de la danse pour 2018, grand complice lui aussi, ancien danseur de Bagouet, fait partie depuis toujours de la belle aventure de Montpellier avec la danse contemporaine. Il est aujourd’hui l’un de ceux qui, au retour de ses tournées internationales, rapporte au programmateur de Montpellier danse des effluves de ce qui se danse autour du monde. Il proposera une adaptation de son spectacle My Pogo (2012), en My (petit) Pogo, réflexion sur le vivre ensemble et l’intégration destinée spécifiquement au jeune public. Les femmes chorégraphes ont bien du mal à s’imposer parmi les choix de cœur de cette saison : seule Blanca Li, qu’on voit partout cette année, viendra présenter son Solstice, dédié à la nature ; déséquilibre sur le plateau de la danse contemporaine.


88 saisons

Entre deux à Sète

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a saison 17/18 est celle de la passation au sein du Théâtre de Sète : Sandrine Mini succède à Yvon Tranchant, à la tête de la scène nationale depuis 14 ans. La programmation est celle du second, l’esprit s’imprégnera de la première, avant la saison prochaine où ses nouveaux projets seront mis en œuvre. Le Centre de production et diffusion du théâtre jeunesse Léo Malet à Mireval, inauguré l’an dernier, présente une création de Luc Sabot, (Cie Nocturne, Clermont-l’Hérault), accueilli en résidence pour Connais-tu l’heure de la fin de la nuit. Adaptation de deux textes qui explorent l’emballement fasciste contemporain (Matin Brun de Franck Pavloff et Rosa de Samuel Gallet), le spectacle est un diptyque mêlant musique (Antonin Grob) et jeu théâtral (Luc Sabot), et s’adresse particulièrement aux collégiens. Le dispositif Collèges en tournée permettra d’ailleurs de diffuser cette création au sein de plusieurs établissements du département. Autre résidence dans ce lieu où la jeunesse est reine : Ilka Schönbein et le Théâtre Meschugge. Dès 7 ans, on pourra découvrir l’univers de cette artiste allemande, qui

manie marionnettes et jeu de comédienne entre onirisme et métamorphoses, pour cette fois raconter l’histoire de cette jeune fille qui transforme la paille en or… Autre ambiance, autre niveau sonore, avec Never mind the future, concert nourri de l’album mythique des Sex Pistols (Never mind the bolloks) : Sarah Murcia convie le chanteur-chorégraphe Mark Tompkins à rejoindre son groupe Caroline et s’interroge sur ce no future qui est bel et bien devenu notre présent. 15 comédiens, il n’en fallait pas moins pour interpréter les 40 personnages de Jamais seul (Mohamed Rouabhi), création de Patrick Pineau : la vie quotidienne, celle de vous et moi, enchantée par une vision personnelle et rêveuse. Des très grands noms dans tous les domaines, jusqu’en juin : Irina Brook et le Peer Gynt d’Ibsen, une création espagnole de l’opéra de Verdi Le Trouvère, un Molière mis en scène par Jean-Pierre Vincent (création de George Dandin ou Le Mari confondu), de la danse hip hop avec la reprise de Yo Gee Ti par Mourad Merzouki, les perles circassiennes du Théâtre Dromesko, de la danse contemporaine avec

Meguri © Sankai Juku

les belges de la Needcompany… Émotions dans tous les sens. ANNA ZISMAN

Théâtre de Sète 04 67 74 66 97 theatredesete.com

AU PROGRAMME DU MOIS 10 & 11 octobre : La Revue Les Sea Girls, 4 femmes à plumes qui font des claquettes et se cassent la figure, qui chantent la vieillesse en faisant la nique aux seins qui tombent en

Rentrée universitaire

Les pièces vénitiennes © Marc Ginot

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util de sensibilisation au théâtre pour le public étudiant (avec le Pass à 10 €, tous les spectacles sont à 2 €), de soutien et coproduction pour les artistes locaux, scène conventionnée pour l’émergence et la diversité, le Théâtre de la Vignette, au

cœur de l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, assure une mission de service public large et engagée, appuyée sur une programmation qui rassemble vers le haut. En partenariat avec Migrant’Scène – 2017 Festival de la Cimade, une pièce coécrite

par la Libanaise Christèle Khodr, tirée de l’histoire mouvementée de sa famille, et Waël Ali, auteur syrien. Généalogie d’une migration familiale, poussée à l’exil par les guerres. Un théâtre d’archives et de vivants. La Compagnie du Zieu, dont les deux fondateurs Nathalie Garraud et Olivier Saccomano reprendront dès janvier prochain la tête de la scène nationale de Montpellier, présenteront ici le deuxième volet de La beauté du geste, avec À mains levées. Cela se passe chez les CRS. Maintenir l’ordre. De quel ordre s’agit-il ? Quel rôle faut-il tenir ? Jonathan Capdevielle revient, pour la troisième fois, après ses deux magnifiques spectacles autobiographiques, pour une pièce de fiction : À nous deux maintenant, qu’il a adaptée d’après Un crime de Georges Bernanos. 5 comédiens, qu’il met en scène sans cette fois monter sur le plateau. Une jungle de haut-parleurs pour la musique électro acoustique de Julien Guillamat (Klang !), les compagnies Moukden-Théâtre et Mecanika en résidence toute la saison, et


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Tout va bien ?

s

célébrant l’humour qui sauve de tout. Mises en scène par Philippe Nicolle, un invité venu des 26000 couverts. 17 octobre : Meguri La Cie Shankai Juku, 40 ans cette année, continue d’hypnotiser avec son nouveau spectacle, Meguri. Ushio Amagatsu décline la thématique du temps qui tourne, avec l’esthétique codifiée du Butô, qui sans relâche interroge les problématiques contemporaines. 7 novembre : Si oui, oui. Sinon, non Albert Marcoeur est surnommé le « Zappa français ». Quel héritage ! Invention musicale couplée à une extrême liberté poétique des textes : accompagnés par le Quatuor Béla, les notes et les mots s’échappent vers l’ivresse théâtrale. Puissant !

ortieOuest est devenu l’EPIC Hérault Culture, et Jean Varela en est son directeur artistique. L’association les Amis de sortieOuest se réjouit de constater que l’entièreté de la saison soit annoncée (à la différence de l’an dernier, où les spectacles avaient été confirmés au compte-gouttes), mais invite à rester très vigilant sur la suite du développement du projet culturel. Dans un courrier adressé au Président du Conseil départemental et de l’EPIC Kléber Mesquida, ses membres alertent : « le grand biterrois a tant besoin d’un projet aux multiples facettes pour endiguer la vague réactionnaire qui le submerge. » Les spectacles, les artistes, les rencontres sont d’ores et déjà au rendez-vous pour la prochaine saison : le terrain est occupé par de multiples propositions qui participent à ouvrir le débat et les esprits. Une dominante musicale, avec du jazz (Latin Monk Sextet, en hommage au pianiste compositeur Thélonius Monk), du texte, des décibels et de la fougue avec Rodolphe Burger qui viendra présenter son nouvel album Good, Camille Baz Baz, le blues qui swingue de Dano Haider et Carl Schlosser… De la danse contemporaine avec El Baile, inspiré du Bal d’Ettore Scola, réinterprété par la chorégraphe Mathilde Monnier, et une belle programmation théâtrale, dont Une longue peine, témoignages recueillis et mis en scène par Didier Ruiz, interprétés par ceux qui lui ont raconté leur longue parenthèse passée en prison. 4 anciens prisonniers et la compagne de l’un d’eux. Parce que la peine se situe des deux côtés de la grille. Jusqu’ici tout va bien… (Le Collectif Le Grand cerf bleu déroule tous les poncifs et tic de Noël, et transforme l’ordinaire en extraordinaire) A.Z.

sortieOuest, Domaine départemental de Bayssan, Béziers sortieouest.fr

AU PROGRAMME DU MOIS

Théâtre de la Vignette Université Paul-Valéry, Montpellier 04 67 14 55 98 theatredelavignette.fr

AU PROGRAMME DU MOIS 17 & 18 octobre : Les pièces vénitiennes Création, d’après Le Marchand de Venise et Othello de Shakespeare. Julien Guill (La compagnie provisoire) choisissent, à travers le procès imaginé de l’usurier juif Shylock et d’Othello le Maure, de mettre en question l’antisémitisme et le racisme véhiculés dans ces deux pièces jusque dans notre société d’aujourd’hui. 8 & 9 novembre : From the ground to the cloud Dans la lignée de l’Odyssée d’Homère et de l’Ulysse de Joyce, Olivier Coulon-Jablonka et Ève Gollac livrent un récit documentaire porté par les pérégrinations numériques, de liens en liens, d’histoires en histoires. Coproduction théâtre de la Vignette.

Francois d’Assise © Claire Besse

aussi, l’étonnante performance du Suisse Massimo Furlan, qui, avec la complicité du maire du village basque de La Bastide, a mis en situation les habitants, leur faisant croire à l’ouverture prochaine d’un centre d’accueil pour migrants. Hospitalités est l’histoire de ces villageois, qu’ils racontent sur scène. Une mise en abîme très exposée, sur le fil de nos travers et de nos cœurs. A.Z.

11 octobre : Mémoires de la Guerre d’Algérie Cycle de conférences organisé avec la Médiathèque départementale et l’Association des professeurs d’Histoire Géographie du Languedoc-Roussillon. Tout au long de la saison, sur des thèmes variés. Entrée libre. 12 & 13 octobre : Le quatrième mur Julien Bouffier continue son exploration de la limite entre documentaire et fiction avec l’adaptation du roman éponyme du grand reporter Sorj Chalandon. Cela se passe au Liban, c’est la guerre. Le dramaturge convoque des comédiens libanais pour instiller du vécu dans l’acte théâtral. 10 au 17 novembre : François d’Assise « Je suis chrétien, voyez mes ailes. Je suis païen, voyez mon cul. » L’écrivain Joseph Delteil a inventé un saint resté humain, un humain peut-être saint. Robert Bouvier et Adel Hakim en ont adapté le texte, lyrique et dépouillé à la fois. (10 & 11 octobre à Anthéa Antibes, voir p 79)


90 saisons

Une saison à l’Opéra de Marseille Le public de Marseille et sa région se voit proposer 9 opéras et 10 concerts symphoniques au Théâtre lyrique de la Place Reyer, au Silo et à l’auditorium du Pharo.

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omme le bel canto est un répertoire cher au cœur des habitués de l’Opéra de Marseille, on le trouve à l’affiche à quatre reprises cette saison avec Il Barbiere di Siviglia de Rossini ou Ernani de Verdi (voir aussi « Au programme du mois »). La scène marseillaise, à la hauteur de celle des grandes métropoles, dotée d’un orchestre symphonique drivé par Lawrence Foster et reconnu comme l’un des meilleurs de l’hexagone, produit ou co-produit la plupart des opéras qui y sont représentés. Ce sont de grands classiques comme Lohengrin de Wagner, Hérodiade de Massenet, ou de plus rares ouvrages comme le délicieux My fair lady de Frederick Lowe. De grands chanteurs viennent et reviennent à Marseille : à l’heure où nous écrivons ces lignes, Roberto Alagna et Adina Aaron sont en répétition pour Le dernier jour d’un condamné de David Alagna (d’après Victor Hugo) et nous attendons au fil de la saison Stéphanie d’Oustrac, Inva Mula, Béatrice Uria-Monzon, Jean-François Lapointe, Nicolas Courjal, Florian Laconi, Ludovic Tézier... tous fort appréciés sous nos latitudes. Nous découvrons aussi de jeunes

têtes d’affiches comme Philippe Talbot et Florian Sempey dans le duo Almaviva/Figaro, des artistes plébiscités dans leur répertoire de prédilection : Barbara Haveman et Norbert Ernst dans Wagner, Hui He et Francesco Meli pour Verdi.

Les concerts Les artistes invités à jouer avec l’Orchestre Philharmonique de Marseille interprètent de fameux opus comme le Concerto pour piano n°1 de Bartók (Jean-Efflam Bavouzet), le Concerto pour piano n°23 de Mozart (David Kadouch), le Concerto pour violoncelle de Lalo (Valentin Radutiu), la Symphonie concertante de Prokofiev (Alexandre Knyazev au violoncelle), le Concerto pour violon de Tchaïkovski (Nemanja Radulovic), Le Tricorne de Falla (Marie-Ange Todorovitch – mezzo), le 5ème concerto pour piano « Égyptien » de Saint-Saëns (Irena Gulzarova), le Concerto pour violon n°2 de Mendelssohn (Simone Porter). La phalange phocéenne, dirigée par Lawrence Foster (et épisodiquement par Christoph Altstaedt ou Jean-Claude Casadesus) interprète la Symphonie n° 3 de Brahms, la Symphonie avec orgue de Saint-Saëns (Thierry Escaich), la 2ème Symphonie de Bruckner, la Pastorale, Porgy and Bess, Casse-Noisette ou l’Apprenti sorcier...

Les solistes de l’orchestre sollicités !

L’Orchestre Philharmonique de Marseille a la chance de posséder en son sein de beaux talents (Magali Demesse à l’alto, Armel Descotte au hautbois, Xavier Chatillon au violoncelle, Stéphane Coutable au basson...) que la direction de l’Opéra invite régulièrement à s’exprimer dans ses rendez-vous

symphoniques ou pour sa programmation de musique de chambre. Cette année, nous retrouvons sur le devant de la scène son « violon super soliste » Da-Min Kim dans la Sérénade de Bernstein, mais aussi Frédéric Baron dans le Concerto K.191 pour basson de Mozart ou Brice Duval (alto) et Valentin Favre (clarinette) pour le « double » Concerto de Max Bruch. Et l’on ne manque pas, les samedis (pour un prix modique), les sept concerts de musique de chambre prévus autour de la musique russe en quintette à vent, autour des cors en quatuor de Mozart, de la flûte (Virgile Aragau), de la basse continue et du clavecin (Christine Lecoin), des instruments à anche... On trouve aussi au fil du programme des ballets (Julien Lestel, le BNM), du théâtre, des créations du Gmem ou de Benjamin Dupé, des « Musiques interdites », des récitals ou concours lyriques, un « Barbier » adapté pour le public scolaire et de nombreuses actions pédagogiques, sociales, destinées aux jeunes, aux publics empêchés... JACQUES FRESCHEL

Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 / 04 91 55 20 43 opera.marseille.fr


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L’Odéon en musique

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Vincent Beer, «Vivaldissimo» © X-D.R

e qu’on aime à l’Odéon c’est cette persistance de la mémoire, un fil tendu entre la Canebière et son public, depuis que des artistes comme Alibert ou Fernandel s’y sont produits... depuis bientôt un siècle ! Ce qu’on aime à l’Odéon (on ne le répétera jamais assez !), c’est qu’on y programme une vraie saison d’opérette, la seule en France, qui emploie des artistes, musiciens, chanteurs en grande partie issus de la région. Cette année encore nous danserons aux trois temps de Rêve de Valses d’Oscar Strauss et de Valses de Vienne de Johann Strauss, nous suivrons les vocalises du Chanteur de Mexi... iiiiico de Francis Lopez, redécouvrirons peut-être Là-haut, un succès d’antan de Maurice Yvain ou la délicieuse musique de Monsieur Beaucaire d’André Messager. Et l’on ne manquera pas les deux incontournables à l’affiche signés Jacques Offenbach : La Vie Parisienne et La fille du tambour-major ! C’est une tradition de rire et de légèreté, de fantaisie qu’on goûte à l’Odéon, à grand renfort de chœurs et d’orchestre, de danse et de beau chant, décors et costumes, mises en scène au rasoir... Du vrai travail de pro ! Ce qu’on aime moins (et cela n’enlève rien à la qualité des acteurs qui s’y produisent), ce sont ces spectacles boulevardiers parisiens invités... et pas toujours du meilleur crû ! Mais on se laissera tenter par L’être ou pas de Jean-Claude Grumberg avec Pierre Arditi. Mais revenons à la musique, car elle est à l’honneur au 162 la Canebière ! Broadway y sera chantée avec l’Orchestre Philharmonique de Marseille, comme

AU PROGRAMME DU MOIS

Amélie Robins, dans 4 jours à Paris © A. Faucheur

13 & 18 octobre : La Favorite Du grand Donizetti ! Le premier pilier belcantiste de la saison, mais en français et en version de concert. Avec Clémentine Margaine, Jennifer Michel, Paolo Fanale, Jean-François Lapointe, Nicolas Courjal dirigés par Paolo Arrivabeni. 14 octobre : « Vivaldissimo » La mandoline de Vincent Beer-Demander accompagnée d’un quintette de cordes issu de l’orchestre de l’Opéra (au Foyer Ernest Reyer). 16 octobre : « Voix nouvelles » Finale du concours Région PACA ouest (entrée libre dans la limite des places disponibles.) 24 & 26 octobre : Tancredi Un opéra de Rossini d’après Voltaire : le triomphe de la voix en version concertante dirigé par Giuliano Carella avec Daniela Barcellona, Annick Massis, Shi Yijie... 7 & 8 novembre : L’ombre de Venceslao Dans un langage contemporain (et cru !) la création 2016 de Martin Matalon risque de secouer le mélomane moyen... Sur un livret de Jorge Lavelli écrit d’après la pièce de Copi !

des musiques de films par les dames du Chœur de l’Opéra, ou Sister Act, un musical créé à Londres d’après le célèbre film. Les opérettes en un acte d’Offenbach poursuivront leur rythme de création au Foyer du théâtre qui accueillera aussi des « Une heure avec » des artistes à l’affiche de la saison d’opérette. Si les spectacles s’y goûtent en famille, une programmation particulière s’adressera au jeune public comme la comédie musicale composée d’après le conte Hansel et Gretel, ou celui de Cendrillon dansé par le Ballet de l’Opéra Grand Avignon. Un Barbier revisitera Rossini et Le Baron de M, opéra bouffe d’aujourd’hui signé Raoul Lay sera joué par l’Ensemble Télémaque. Enfin, la figure de Clemenceau sera représentée en comédie musicale dans une mise en scène de Jacques Duparc. J.F.

Théâtre de l’Odéon, Marseille 04 96 12 52 70 odeon.marseille.fr

AU PROGRAMME DU MOIS

14 octobre : Soirée de ballets La Cie Acontretemps propose une soirée autour de deux chorégraphies de Christine Colombani : Wolfgang Amadeus & Cie sur des partitions de Mozart et Néréïdes sur des musiques d’Hugues le Bars et René Aubry. 28 & 29 octobre : 4 jours à Paris Un succès de Francis Lopez mêlant la valse et la « samba brésilienne » ! Une troupe jeune et dynamique de chanteurs-comédiens mis en scène par Jacques Duparc et placés sous la baguette de Bruno Membrey !


92 saisons

La Cité de la Musique : ouverture sur les mondes Boukout Festival, Aziz Boug © XDR

L’agora musicale marseillaise compose un monde sonore qui rassemble et multiplie les expériences.

L

es 8 sites de la Cité de la Musique permettent d’irriguer tous les quartiers de la ville, de la Porte d’Aix à la Magalone en passant par le parc de l’Oasis et le Square de la Pauline. Lieu d’accueil, de formation, de partage, elle accueille chaque année plus de 2000 élèves, tous âges confondus, qui viennent y suivre des cours, découvrir un instrument, se perfectionner dans leur pratique, profiter du plaisir de jouer ensemble. La Cité draine aussi un fort courant d’artistes divers, qui dispensent des concerts (plus d’une centaine par an sur les différentes scènes), ou s’installent au long cours pour élaborer des projets. Le même jour, il est par exemple proposé un concert de Schubert (Le voyage d’hiver, avec le baryton Christophe Maurice et Bernard Mauppin au violon) et de la musique afro-colombienne avec le groupe Nilamayé : Que viva el pacifico colombiano ! La palette est large, et incite à aller au devant des découvertes. Le 9e festival Tintamarres permet une incursion dans l’électro acoustique. Cette année, l’invité est Paul Ramage, qui proposera une intervention centrée autour de la pratique de l’improvisation et du jeu en direct sur divers dispositifs expérimentaux (corps sonores

amplifiés, microphones divers, feed-back, ondes radiophoniques, magnétophones à bande magnétique). Sur une scène ouverte (Electrochocs) les étudiants de composition électroacoustique dirigés par Maxime Barthélémy, présenteront leurs réalisations. Tout au long de la saison, Musiques du monde, jazz, classique, électroacoustique se croiseront en toute harmonie. Avec des cartes blanches : le clarinettiste Claude Crousier se retournera sur 50 ans de carrière pédagogique et musicale grâce à des anciens élèves et collègues musiciens, avec un concert de clarinettes entre musiques traditionnelles picorées sous diverses latitudes et sonorités plus classiques. Une illustration de l’esprit de la Cité. L’action pédagogique prend aussi en compte les approches et pratiques contemporaines du son : il s’agit de mettre en garde « les jeunes » devant les hauts niveaux sonores et les temps d’écoute de plus en plus long, qui peuvent provoquer des lésions irréversibles sur l’appareil auditif. L’objectif de cette opération régionale (Trop puissant) est donc de sensibiliser les lycéens aux risques somatiques et psychiques liés à l’écoute et à la pratique des musiques amplifiées. (réservé au public scolaire) Mais on n’a pas évoqué les Musiques

actuelles ? Réparons cet oubli, en citant le concert de Fleur Sana (artiste en résidence) : une musique à voir, une expérience interactive qui emmène le public dans un univers urbain, pop électro coloré. Repousser encore un peu plus l’expérience sonore. A.Z.

Cité de la Musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com

AU PROGRAMME DU MOIS

12 octobre : l’Anima lotta – abbentu Du blues qu’on peut qualifier de méditerranéen, joué avec mandole, oud, bendir… Musique du monde : quand la musique se fait porte parole de la paix. 3 au 8 novembre : Boukout festival Pour la 3e année, l’association Art et culture en mouvement favorise la circulation des artistes de Paca en Afrique dans une démarche de transfert de compétences et d’échanges artistiques. Concerts (Percussion et chants traditionnels Takita, Griot Jazz flamenco), expo (Souffle et énergie du Dahomey), stages (percussion et chant du Bénin) et master class. 9 au 12 novembre : Festival Mehfil Un hommage à l’Inde et à ses arts pluriels. 2e édition, avec danses, musiques et saveurs.


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Pour toutes Lay-z’oreilles !

L’

Ensemble Télémaque explore depuis des années les champs d’une possible (ré)conciliation du public avec la musique contemporaine. A cette fin, son directeur artistique et compositeur Raoul Lay, ses musiciens fidèles, convoquent aussi la danse, le théâtre, le cinéma ou le cirque et conduisent de belles actions pédagogiques. C’est dans les quartiers nord de Marseille, à l’Estaque, qu’ils ont planté leur PIC (Pôle Instrumental Contemporain) et l’on s’y déplace Ensemble Télémaque © Stéphanie Tétu volontiers tant les propositions sont enthou- on assistera à la création de Le Baron de M siasmantes, l’acoustique du lieu remarquable ! à l’Odéon (avant une tournée nationale), Parmi les chantiers qui sont à l’ouvrage, deux opéra bouffe moderne combinant le théâtre sessions de « Grandes musiques pour petites et la création lyrique moderne signée Raoul oreilles », pour la jeunesse, sont annoncées Lay. Dans le cadre de Quel amour ! MP en octobre et en février, avec les créations de 2018, lettres d’amour et doubles-croches L’Histoire de la musique moderne en 3 fois s’entremêleront à La Friche, au PIC et à 22 minutes aux Bernardines et Babar For l’Alcazar... On parle aussi d’un ciné-concert Ever – Les contes symphoniques au GTP et à l’Alhambra, Charlot, Octave & Bobine, en à l’Opéra de Toulon. En Quartiers d’Hiver, compagnie de l’ensemble Les Voix Animées.

En décembre Les Dames de la Joliette (Kalliroi Raouzeou, Maura Guerrera, Sylvie Paz, Nadia Tighidet et Annie Maltinti) marient chant, piano, guitare et percussions sous la houlette de Gil Aniorte Paz. Et au Printemps, au PIC, Télémaque jouera aussi dans le cadre du Train bleu... JACQUES FRESCHEL

PIC / Ensemble Télémaque, Marseille 04 91 43 10 46 www.ensemble-telemaque.com

AU PROGRAMME DU MOIS

8 octobre : Les quatre vents Le dernier volet des « Sérénades d’automne – Trois dimanches au PIC » : Perrine Mansuy au piano, Christophe Leloil à la trompette, Pierre Fenichel à la contrebasse et Cédrick Bec à la batterie... du jazz de haute volée ! 19 au 28 octobre : Grandes Musiques pour petites oreilles (voir p 17)

Demandez le programme

C

hez Musicatreize la saison s’annonce comme toujours extrêmement riche et variée, bien loin d’un sectarisme artistique dans lequel il serait convenu de s’enfermer. Le Festival Manca à Nice accueillera les Chants de l’amour, rencontres entre la vocalité et l’électronique chez Fran- Ensemble Musicatreize © Anne Loubet çois-Bernard Mâche, François Paris et Nomades (avec le Gmem et l’Ircam) où Gérard Grisey. Allié à Concerto Soave, sonneront Petrossian et Posadas. Puis direction l’ensemble dirigé par Roland Hayrabedian Monaco dans le cadre du Printemps des surprendra à l’abbaye de Saint-Victor, où se Arts de Monte Carlo avec Quatre jeunes croiseront les opus de Monteverdi, Scarlatti filles de Edison Denisov et le concours de et… Guérinel dans Quatre chants pour un l’Ensemble Orchestral Contemporain visage. sous la direction de Daniel Kawka. En mai, À Pigna (Haute-Corse), puis Marseille et création de Sortir au jour de Zad Moultaka Paris : création de Chanter l’Icône de Michel (coproduction « Quel amour ! » MP2018) avec Petrossian, avec la conférencière Raphaëlle des chœurs amateurs et des étudiants en Ziadé. Puis reprise à Marseille des Voix musicologie. Pour clôturer cette aventure

sonore, le Théâtre de la Chaudronnerie (La Ciotat) accueillera un concert sens dessus-dessous intitulé Secouez-moi ! avec de nouvelles créations (Pierre-Adrien Charpy, Régis Campo, Philippe Schoeller), et un croisement très attendu entre Peter Eötvös et des quatuors a cappella de la renaissance française. Ce n’est pas tout…. De nombreux jeudis de la saison, la salle de la rue Grignan accueillera à 19h des rencontres, ateliers, concerts, découvertes…. FRÉDÉRIC ISOLETTA

Musicatreize, Marseille musicatreize.org

AU PROGRAMME DU MOIS

10 octobre : Sécheresses La cantate éponyme mais aussi Figure Humaine de Poulenc, du Mâche pour ensemble vocal et deux pianos et même Debussy feront raisonner le magnifique auditorium du conservatoire d’Aix en Provence (voir p 38-39). 31 octobre : Mâche/Moultaka/Ohana Cinq préludes pour piano, Mâche ; Sept variations sur un Mouwachah, Moultaka ; La Scala del Cielo, Maurice Ohana.


94 saisons

Le GMEM en ses œuvres

L

e Centre National de Création Musicale, dans son module tout neuf, déborde de ses festivals pour cheminer vers une programmation plus saisonnière. Désormais installé à la Friche, le GMEM a absorbé le GRIM et fourmille de propositions contemporaines, depuis les musiques improvisées jusqu’aux expérimentales, qui firent son histoire. Le module et les studios accueillent l’Ensemble C Barré en résidence, Jean-Marc Montera et Ahmad Compaoré proposent des ateliers Le module © Pierre Gondard de musiques improvisées ouverts à tout musicien, Natacha Muslera y fait en résidence : Baltazar Montanaro-Nagy travailler des amateurs un week-end par mois, allie son violon avec les ordinateurs de et mènera un atelier Voix Libres en novembre : Simon Drouhin, David Merlo travaille sa son Chœur Tac-Til mêle musique vocale et Variance IV, Éric Arnal son projet de son robot haptique (programmation Charles écologique... et Maël Bailly mène un projet Bascou). De nombreux compositeurs sont participatif avec 18 enfants violonistes et

des apiculteurs amateurs de la Cayolle. La ruche bourdonne donc de sons divers et de travail intense... qui seront présentés au public lors de divers festivals internationaux, et à Marseille au festival les Musiques en mai, mais aussi lors d’un Reevox remixé en décembre : le festival des musiques « électro », qui jouait déjà entre électronique et électroacoustique, reprend les Nuits d’Hiver du GRIM, pour un mix entre toutes les Électro et les Improvisées. Ça crée tous azimuts ! AGNÈS FRESCHEL

GMEM, Marseille 04 96 20 60 10 gmem.org

La SMCM bientôt centenaire ! (soit sept dans la saison) : du coup, on ne peut louer sa place pour un concert isolé... mais ça vaut le coup ! Le Trio Guarneri interprète le 1er trio de Mendelssohn et celui n°7, dédié « à l’Archiduc », de Beethoven (14 nov). Le Quatuor Akilone affiche des quatuors de Mozart (n°5), Schumann (n°1) ou les Bagatelles de Webern (28 nov). Début 2018, c’est un quatuor vocal constitué de Marie Perbost (soprano), Ambroisine Bré (mezzo), Paco Garcia (ténor) et Guilhem Quatuor Akilone © Damien Richard

À

une saison de son « centenaire », la Société de Musique de Chambre de Marseille poursuit son rythme annuel, soit un mardi soir (à 20h) par mois, entre octobre et avril, qu’on réserve pour entendre des grandes œuvres du genre, interprétées par des artistes talentueux dans des conditions acoustiques remarquables. C’est dans l’auditorium de la Faculté de médecine de Marseille à la Timone que cela se joue. Seule contrainte, il faut adhérer à l’association pour l’ensemble des concerts

Worms (baryton-basse) qu’on entend dans les Liebeslieder de Brahms ou ceux espagnols de Schumann, accompagnés par Laurence Fromentin & Dominique Plancade au piano à quatre mains (16 janv). La formidable pianiste italienne Beatrice Rana s’attaque à une transcription de l’Oiseau de feu de Stravinski, aux Miroirs de Ravel ou aux Études Symphoniques de Schumann (2 fév). Un autre duo (et non des moindres !) constitué du pianiste Peter Laul et du violoncelliste Marc Coppey interprète des sonates de Beethoven (n°3), Prokofiev et Debussy ou le Grand Tango de Piazzolla (13 mars). Le Quatuor Volta, en bout de saison, joue trois quatuors (n°6, 11 et 13) de Beethoven (17 avril). JACQUES FRESCHEL

Société de Musique de Chambre de Marseille musiquedechambremarseille.org Adhésion à la librairie Maupetit ou par courrier à l’association

AU PROGRAMME DU MOIS 17 octobre On commence avec le duo Marie-Annick Nicolas (violon) et François Daudet (piano) qui joue des sonates de Brahms (n°2) et Grieg (n°3), le Poème de Chausson, Tzigane de Ravel.


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Des concerts prestigieux À Saint-Victor, dans des lieux prestigieux la musique vit fort Imany © Barron Claiborne- Design Lanovella

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T

héâtre National de la Criée, Abbaye de Saint-Victor, Église des Réformés, Église des Augustins, Parc Bagatelle, les grands musées de Marseille ! La musique, sous toutes ses formes, investit la ville. Marseille Concerts est bien cet « interlocuteur naturel de nombreux artistes qu’elle mêle, qu’elle accompagne dans leurs projets ». En installant la musique dans des lieux culturels et patrimoniaux phares de la ville, la structure noue des liens avec des « conservateurs passionnés, des acteurs économiques, force de propositions et politiques porteurs de projets ». Ainsi, entre multiples propositions, l’humour mélancolique de Vincent Delerm (et ses photos exposées) côtoieront Monteverdi dont on entendra le Guerra, Amore e Ballo par le Concerto Soave. L’Ensemble Musicatreize de Roland Hayrabedian jouera Miroirs et Monteverdi, autre approche de ce compositeur toujours à redécouvrir. Radio Babel, pour le Muséique#1, beat-box de feu, croisera le Trio Laloum Laferrière Sévère : piano, violoncelle, clarinette, jeunesse éclatante. Les Museiques continueront tout au long de la saison, jusqu’à l’opus 6 : Ondes Marine, duo d’accordéons planant ; Sérénades et Cérémonies, le violon pour nous enchanter ; Skyers, Folk, Rock US, sans modération ; Les Lumières d’Orient, où le quatuor à cordes Alètheia croise Mozart et l’Orient ; avec Aux Temps Bohême, Nicolas Bourdoncle nous fait revivre, au piano, le Paris de Satie et de Montmartre… On pourra aussi se promener de Fauré à Ferré, suivant la voix du baryton Jacques Freschel (ce nom tinte familièrement à nos oreilles !) qui a conçu ce programme sur mesures. Pour les enfants, Les Amours de Clara, jazz avec le pédagogue américain hors pair Oran Etkin. Il y aura aussi Alcazar Memories : piano, voix, contrebasse, ça va swinguer ! Vous en voulez encore un peu ? Marseille love Jazz promet un bœuf de folie ! Une incroyable variété et même des concerts gratuits : une nouvelle aventure de « partage et émotion », les mots maîtres de Robert Fouchet, le Président. YVES BERGÉ

Marseille Concerts 06 31 90 54 85 marseilleconcerts.com

AU PROGRAMME DU MOIS

29 octobre : Une vie d’amour pour l’orgue L’immense Jean Guillou, maître de l’orgue et de l’improvisation. Église des Réformés, Marseille

ette année encore, les vieilles pierres de l’abbaye Saint-Victor vibreront aux harmonies des plus grands morceaux du répertoire classique. Après avoir fêté l’an dernier leur demi-siècle d’existence, voici que débute une 51e saison pour les Amis de Saint-Victor. Le nouveau bureau de l’association (désormais exclusivement composé de femmes, c’est à souligner) nous offre une programmation musicale d’ampleur. Le bal s’est d’ores et déjà ouvert avec trois concertos de Mozart. S’ensuivront d’autres œuvres mémorables comme les Laetaniae della Beata Vergine de Monteverdi, point culminant de l’œuvre sacrée du compositeur italien, ou bien encore le Stabat Mater de Pergolèse. Des compositeurs marseillais plus contemporains seront également mis à l’honneur, à l’instar de Régis Campo, Nicolas Mazmanian ou bien encore Lionel Ginoux. Enfin la saison s’achèvera par un détour exotique, à l’occasion d’un dernier concert spécial consacré aux musiques argentines. À noter également que cette année les Amis de Saint-Victor assortiront ces grands rendez-vous musicaux d’expositions, de conférences et d’ateliers, notamment en direction du jeune public. LOUIS GIANNOTTI

Les Amis de Saint-Victor Abbaye de Saint-Victor, Marseille 06 66 12 45 11 amisdesaintvictor.com

AU PROGRAMME DU MOIS

8 octobre : « Lazare aux trois visages » Conférence donnée par Jean Guyon sur le controversé Lazarus, évêque du diocèse d’Aix au Ve siècle. 9 novembre : Un requiem allemand L’œuvre de Brahms célébrera majestueusement les 500 ans de la Réforme, connue pour être l’unique requiem protestant existant à ce jour. Dirigé par Jan Heiting. Interprété par l’ensemble vocal aixois Ad Fontes Canticorum. jusqu’au 9 novembre : Marseille au Ve siècle. Proposée par Jean Guyon (Directeur de recherche émérite, CNRS-Centre Camille Julian d’Aix-en-Provence) et Michel Fixot (Professeur émérite d’histoire de l’art et d’archéologie du Moyen-Age, Université d’Aix-Marseille) Pauline Sabatier dans le Stabat Mater © Yann Jules Gayet


96 saisons

Avignon fait sa mue ! Nouvelle direction artistique, nouveau lieu, l’Opéra d’Avignon fait peau neuve. Vanda, Lionel Ginoux © Jimmy Vallentin

L

e provisoire Opéra Confluence accueillera le public dans le quartier de la gare TGV jusqu’à l’issue des travaux de rénovation du bâtiment de la place de l’Horloge en 2019. Huit ouvrages, articulés autour des deux figures tutélaires que sont Mozart et Verdi imprimeront le rythme de cet An 1. Belle idée de convoquer celui qui fut le réformateur de l’opéra séria : Gluck. Son Orphée, ici dans la version révisée de Berlioz, amorcera un tournant décisif dans l’histoire de l’opéra. Louis Varney, lui, ne fut pas un réformateur mais son très célèbre Mousquetaires au couvent, avec son bedonnant abbé Bridaine, mettra un peu de bonne humeur pour la fin 2017. Changement de caractère et d’esthétique brutal avec le Dialogue des carmélites de Francis Poulenc, mis en scène par Alain Timár à la demande du nouveau directeur de l’Opéra Pierre Guiral (voir p 66). On connait les œuvres légères de ce compositeur majeur de la première moitié du XXe, on connait moins ses pièces profondes mâtinées de mysticisme dans lesquelles il développa toute sa science de l’harmonie et de l’orchestration. Cet ouvrage sera l’occasion de découvrir ce compositeur avec, enfin, un rôle clé pour Ludivine Gombert que l’on attend rayonnante dans le personnage de Blanche de la force. Du couvent au sérail, du mysticisme aux turqueries il n’y a qu’un pas, avec l’emblématique Enlèvement au sérail de Mozart. Inutile de pérorer sur cet

opéra majuscule, figure de proue du répertoire mozartien, juste un peu de trépignement à l’idée de replonger dans le fameux air de Constanze de l’acte 2, une des plus belle pages musicales du divin compositeur autrichien. La deuxième opérette de la saison, Le pays du sourire de Franz Lehár, lancera en fanfare la deuxième partie de cet opus 1. Au cœur de cette programmation, dans la très belle Chartreuse de Villeneuve lez Avignon, une place sera réservée à la création contemporaine avec Vanda, opéra de poche du jeune compositeur marseillais Lionel Ginoux. Cet artiste local, qui commence à se faire un nom dans l’aréopage très fermé des compositeurs contemporains, connu pour son appétence pour des livrets sombres (Médée), ne dérogera pas à la règle avec cette histoire d’une femme et son bébé dans un centre de rétention. Pour mezzo-soprano et viole de gambe, formation originale pour notre époque, cette pièce s’annonce particulièrement attractive. Contraste saisissant avec Un Barbier, d’après le Barbier de Séville de Rossini, version allégée et revisitée de cet opéra italien, ici en version française, ouvrage léger et pétillant avant The opéra : Traviata ! Après le méphistophélique Faust en clôture de la saison dernière, c’est un Verdi de premier plan qui est attendu au tournant avec, on l’espère, une Violetta de premier ordre. Cette première saison, bigarrée, faisant la part belle aux incontournables mais également à

la création, bien construite, s’annonce une fois encore éclatante. CHRISTOPHE FLOQUET

Opéra Grand Avignon 04 90 14 26 40 / 04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr

AU PROGRAMME DU MOIS :

13 & 15 octobre : Fauré, Caillebotte Le Grand orchestre régional Avignon-Provence et son chef Michel Piquemal, interprétera deux compositions de Fauré (Cantique de Jean Racine, opus 11 et Requiem, Opus 48), puis Ecce quam Bonum pour orchestre, choeur et orgue de Caillebotte. 21 & 27 octobre : airs et chœurs d’opéras

célèbres Aurore Marchand dirigera le Chœur de l’Opéra Grand Avignon dans une suite de grands classiques au pays de la musique classique, puisés chez Verdi, Donizetti, Gounod, Offenbach, Varney et Lopez. 28 octobre : hymne à la liberté Jean-Claude Idée propose une adaptation, sous forme de spectacle musical (Jacques Neefs et Annette Brodkom au jeu, Roland Conil au piano) du Dictionnaire philosophique de Voltaire, censuré à sa sortie en 1764. 28 octobre : Duo Mescolanza Julien Ferrando (clavicytérium et orgue positif) et Joël Grare (percussions) interprètent de la musique instrumentale des XIVe et XVe siècles. (voir ci-contre)


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La preuve par neuf

Samuel Jean © picturing the dark

N

euf, comme le nombre de concerts proposés dans la saison symphonique de l’Orchestre régional Avignon-Provence. Neuf, comme la symphonie dite du « Nouveau monde » de Dvorak dans un concert qui sent bon le romantisme avec notamment le Concerto pour piano n°2 de Brahms interprété par Suzana Bartal. Samuel Jean, à la baguette de ce spectacle de novembre, bouclera l’année 2017 avec la gigantesque 9ème Symphonie de Beethoven face au Chœur Symphonique Avignon-Provence et le Chœur Régional Provence Alpes-Côte d’Azur. Il sera question de musique religieuse au crépuscule de l’hiver avec le monument de la musique sacrée, la Messe en Si majeur de J-S Bach, œuvre magistrale si l’en est, qui permettra de découvrir de nouveaux talents avec Olivia Doray (soprano) et Mathilde Rossignol (mezzo-soprano). Mais, avant de gouter aux plaisirs de cette messe, Beethoven aura été à nouveau à l’honneur, servi par le local Olivier Charlier, dans le fameux Concerto pour violon du maître de Bonn. Dans cet océan de musique germanique, le

public pourra aussi gouter à la délicatesse d’écriture de Ravel dans Ma mère l’Oye version intégrale, et au jeu de Giovanni Bellucci

dans le Premier Concerto de Chopin pour piano. Et de pianistes il sera question puisque Jean-François Heisser aura l’occasion de se mettre en lumière dans la musique de Mendelssohn et de Schumann dès avril avant que le grand Alexandre Tharaud fasse sonner le brillant Concerto en Sol majeur de Ravel entre déchaînements rythmiques et harmonies chaleureuses fortement colorées. Dans ce concert qui s’annonce brillant, le public pourra découvrir un « jeune » compositeur contemporain pétri de qualités : Pascal Zavaro. C’est à Vivaldi, avec des extraits des Quatre saisons menés de l’archet par Julien Chauvin et un motet interprété par la soprano Chantal Santon, que reviendra l’honneur de mettre un terme à une saison symphonique qui s’annonce lumineuse. C.F.

Orchestre régional d’Avignon Provence 04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr

Baroque et majeur Christina Alis Raurich © X-DR

Raymond Duffaut continue de veiller à la direction artistique de la Saison baroque d’Avignon, qui allie intelligemment patrimoines architectural et musical

P

résidée par Robert Dewulf, l’institution promène ses 18 ans dans les plus beaux lieux patrimoniaux de la cité papale : Notre-Dame des Doms ouvre la saison, mais la Grande Chapelle et la Cour du Palais, la Chapelle XVIIIe de l’Oratoire accueillent également des concerts, ainsi que des lieux plus contemporains : l’auditorium du Conservatoire et celui du Pontet, à l’acoustique exceptionnelle, ainsi que l’Opéra Confluence qui hébergera provisoirement l’Orchestre et l’Opéra. Au programme, 9 concerts aux répertoires allant de la musique médiévale jusqu’à Bach, Haendel et Monteverdi, et mettant à l’honneur des instruments délaissés par la musique classique : orgue positif et clavecin bien sûr, mais aussi clavicythérium, théorbe et sacqueboutes feront entendre leurs timbres inhabituels, accompagnant des chanteurs

d’exception, et des ensembles remarquables. À noter : Benjamin Alard (clavecin) qui joue les Variations Goldberg, la venue du remarquable ensemble vocal féminin De Caelis (Ars Subtilior des XIVe et XVe siècles), l’ensemble des Sacqueboutiers (cuivres anciens), le contre-ténor Franco Fagioli, en passe de devenir une star, et la mezzo Lea Desandre, qui malgré ses 25 ans en est déjà une ! AGNÈS FRESCHEL

Saison baroque, Avignon 04 90 14 26 00 musiquebaroqueenavignon.com

AU PROGRAMME DU MOIS

8 octobre : Frescolbaldi, Scarlatti... Ottavio Dantone accompagnera Delphine Galou (contralto) sur l’exceptionnel orgue doré de la basilique des Doms 28 octobre : Musique médiévale Par le Duo Mescolanza (Christina Alis Raurich et Julien Ferrando) sur clavicythérium et orgues portatifs. (voir ci-contre)


98 saisons

Musique & danse :

Orchestre philarmonique de NIce © Dominique Jaussein

la recette niçoise !

À Nice, on chante et l’on danse ! De fait, la nouvelle saison de l’Opéra de Nice respecte un équilibre entre les arts lyrique et chorégraphique.

L’

Orchestre Philharmonique de Nice, le Chœur de l’Opéra et le Ballet Nice Méditerranée constituent la colonne vertébrale d’une programmation concoctée par Éric Chevalier et son équipe.

opéras Les 5 opéras à l’affiche font la part belle aux classiques et aux talents (souvent jeunes) qui s’y produisent. L’Élixir d’amour de Donizetti est mis en scène par Éric Chevalier : Gabrielle Philiponet, Davide Giusti, Philippe-Nicolas Martin, Marc Barrard y sont dirigés par Giuseppe Finzi. Arrivent ensuite Mozart et ses Noces de Figaro avec Veronica Granatiero, Jean-Luc Ballestra, Valérie Condoluci, Luigi De Donato sous la baguette de György G. Ráth, mis en scène par Daniel Benoin. Retour au bel canto avec Norma de Bellini : Yolanda Auyanet y chante le célèbre « Casta diva » dans une production signée Nicola Berloffa. Irina Brook met en scène Roméo et Juliette de Charles Gounod avec, dans les rôles des deux amants Éric Fennell et Vannina Santoni dirigés par Alain Guingal. Le « Chœur des esclaves »

résonne enfin avec Nabucco de Verdi sous la direction de György G. Ráth avec les voix de Serguei Murzaev et Raffaella Angeletti.

ballets Le Ballet Nice Méditerranée est à l’ouvrage pour plus d’une vingtaine de représentations à l’Opéra ou hors-les-murs. Après Coppélia, c’est Roméo et Juliette qui est dansé sur la musique de Tchaïkovski, d’après une chorégraphie de Serge Lifar remontée par Éric Vu-An. Dans La Sylphide, Dinna Bjørn revisite Bournonville, et Petrouchka de Stravinski est monté par Oscar Araiz. Ce sont aussi les chorégraphes Jérôme Robins, Dwight Rhoden ou Luciano Cannito qui sont convoqués au fil de la saison.

symphonie Côté symphonique, on retrouve le chef hongrois György G. Ràth, récemment nommé directeur musical de la phalange locale, avec aussi des maestros appréciés par les Niçois comme Philippe Auguin, Michel Piquemal ou Lionel Bringuier... L’Orchestre Philharmonique de Nice quitte parfois la scène de l’Opéra pour

se produire aux Dominicains ou à la Basilique Notre-Dame, joue dans le cadre des festivals C’est pas classique ou MANCA, et affiche des concerts à découvrir le dimanche « en famille ». Beethoven est particulièrement à l’honneur pour un cycle de récitals avec des Symphonies et Concertos joués par Valeriy Sokolov (violon) ou David Kadouch (piano)... Nombre de concerts de musique de chambre émaillent une saison riche en événements. JACQUES FRESCHEL

Opéra de Nice 04 92 17 40 00 opera-nice.org

AU PROGRAMME DU MOIS

6 & 8 octobre : Concert hors-les-murs Place Saint-Roch, puis aux Arènes de Cimiez, gratuit ! 6 au 16 octobre : Festival Musiques d’aujourd’hui

à demain 6 soirées de musique de chambre au Musée Marc Chagall : classiques du 20è siècle mêlés à des opus contemporains : Schoenberg, Bloch, Stravinski, Poulenc... accordés aux compositeurs d’aujourd’hui. 13 octobre : Requiem de Mozart Mária Celeng, Sue-Jung Im, Dovlet Nurgeldiev et Marcell Bakonyi avec le Chœur de l’Opéra de Nice et l’Orchestre Philharmonique de Nice. Basilique Notre-Dame. 13 au 21 octobre : Cantate 51 Maurice Béjart remonté par Éric Vu-An : Jean-Sébastien Bach pour un ballet intemporel créé en 1969. 23 octobre : Musique de chambre Judith le Monnier, Lucie Mallet de Chauny (violons), Magali Prévot (alto), Jan Szakal (violoncelle) interprètent des Quatuors de Fauré, Chostakovitch, et le Trio en si bémol de Schubert au Foyer de l’Opéra. 28 & 29 octobre : Violettes impériales Poursuite de la rentrée en opérette après La Belle Hélène : c’est Vincent Scotto qu’on découvre sur scène dans un succès créé en 1948. 30 octobre : Musique de Chambre Des Quintettes de Mozart et Chostakovitch avec Isabelle Piccioni, Pauline Carpentier (violons), Victor Popescu (violoncelle), Julien Gernay (piano)... Musée Marc Chagall 3 & 4 novembre : Mahler L’Orchestre Philharmonique de Nice dans la Symphonie n°6 «Tragique» de Gustav Mahler. 5 novembre : Chœur de l’Opéra de Nice a cappella Concert « en famille » par les voix de l’Opéra dirigées par Giulio Magnanini.


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L’art du renouveau Nouveau chef, nouveau logo, l’Orchestre de Cannes change de nom et devient Orchestre de Cannes Provence Alpes Côte d’Azur.

Benjamin Levy © XDR

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enjamin Lévy, dont le brillant parcours a décidé de sa nomination à la tête de l’orchestre, a concocté une première saison éclectique et ambitieuse. Trois spectacles significatifs scandent l’année. Carmina Burana, coproduduit avec le Festival de danse de Cannes (dirigé par Brigitte Lefèvre) : sur une chorégraphie de Claude Brumachon avec le Ballet du Grand Théâtre de Genève, il y aura 250 artistes sur scène autour des 22 danseurs… L’œuvre met en évidence les caprices de l’arbitraire, symbolisé par la roue de la Fortune (la réception de l’œuvre en est d’ailleurs une illustration !). Une soirée exceptionnelle aux couleurs du jazz réunira l’Orchestre et le compositeur, chanteur, bruiteur, beatboxer Andreas Schaerer avec son sextet Hildegard lernt Fliegen sur son extravagante symphonie The Big wig. Une création mondiale est aussi prévue, le Concerto pour violoncelle d’Olivier Penard (né en 1974), interprété par la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton. Nouveauté, cette pièce sera présentée par des élèves d’une classe de primaire.

Transmission En effet, comme tous les ans, des séances d’action pédagogique sont menées auprès d’enfants de la maternelle au lycée, donnant des clés pour l’écoute des œuvres, la possibilité d’assister aux représentations après une préparation en amont des concerts, et la rencontre

avec les musiciens et le chef d’orchestre. Cette année, une classe de primaire aura le privilège de construire son programme d’éducation autour de la création contemporaine d’Olivier Penard. De nouveaux liens se tissent avec le lycée Carnot de Cannes et la section BTS Audiovisuel, pour laquelle l’orchestre sera outil et sujet d’étude. Avec Sympho New, et ce depuis 29 ans, des élèves-musiciens des conservatoires et écoles de musique de la région découvrent le métier de musicien d’orchestre en suivant les répétions, apprenant à écouter les autres, et à perfectionner jeu individuel et collectif, cette année autour du Boléro et de la Valse de Maurice Ravel. En direction de tous les publics, des séances de répétition seront accessibles et permettront d’observer les étapes de maturation d’interprétation d’une œuvre.

Démarches originales L’orchestre se plaira aussi à des collaborations originales, avec la violoniste Alexandra Soumm et le violoncelliste Victor Julien-Laferrière, entre la muse et le poète, aux côtés de Benjamin Lévy… 56 séquences visuelles de la réalisatrice Juliette Deschamps, tournées en Angola, seront diffusées sur scène en un mixage en temps réel sur le Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn et les mots de Shakespeare. Originalité encore avec le clarinettiste Paul Meyer qui dirigera l’orchestre dans le Concerto pour clarinette de Mozart.

Aux artistes déjà cités, il faut ajouter la marraine de l’Orchestre, Khatia Buniatishvili, les pianistes Sanja et Lidija Bizjak, puis Thomas Enhco le jeune prodige qui donnera son Premier Concerto pour piano, les violonistes Renaud Capuçon et Sarah Nemtanu, les chefs Jean-Claude Malgoire et Charles Olivieri-Munroe, la soprano Pauline Courtin, la mezzo Pauline Sabatier… Bref, définitivement, Cannes, ce n’est pas que du cinéma ! MARYVONNE COLOMBANI

Orchestre de Cannes 04 93 48 61 10 orchestre-cannes.com

AU PROGRAMME DU MOIS

3 novembre : Le Jardin Zoologique Maman, Rose et Martin visitent le zoo, lorsqu’une mystérieuse mélodie les entraîne dans l’univers onirique des poèmes de Desnos, les musiques de Jean Wiener et Manuel Rosenthal, arpenté par des animaux farfelus et des fleurs étranges. Auditorium des Arlucs, Cannes-la-Bocca (Dans le cadre de P’tits Cannes à you, voir p 80-81) 20 octobre : Une Américaine à Paris La belle présence de la mezzo-soprano Jennifer Larmore, l’Orchestre de Cannes dirigé par son jeune chef Benjamin Lévy pour un programme de fête transatlantique avec des extraits de pièces de Bernstein, Christiné, Weill, Ibert, Loewe, Gershwin, Simons, Roussel, Berlin, Herbert. Théâtre Croisette, Cannes


100 saisons

National et Pléthorique L’Opéra National de Montpellier enchaine les programmes lyriques, symphoniques et de chambre, et plus encore

C

œur de la saison, les productions lyriques : à L’Italienne à Alger qui a fait les beaux jours de septembre, succèderont les romantiques Manfred de Schumann et Peer Gynt de Grieg, mais aussi Carmen, Nabucco et L’Ombre de Venceslao, création de Martin Matalon d’après Copi, mise en scène par Jorge Lavelli. Autant d’opéras précédés d’actions pédagogiques, coproduits par d’autres maisons nationales, facilités par des garderies musicales... La saison symphonique n’est pas moins impressionnante : Haydn, Mozart, Vivaldi, Arvo Pärt, Liszt, Chopin, Borodine, de l’opérette au Nouvel An, le sublime Requiem de Britten, l’orchestre (93 musiciens) et les chœurs (35 chanteurs) enchainent les prestations, à Montpellier mais aussi en concerts dans toute la région, multipliant les formations de chambre... Les enfants sont particulièrement choyés, avec des concerts dédiés, Svadba d’Ana

Michaël Schonwandt et les musiciens de l’Orchestre national Montpellier Occitanie © photo Mario Sinistaj

Sokolović (1968-), interprété par les solistes de l’Opéra Junior, des tarifs doux... Et les registres sont extrêmement variés : deux ciné concert Chaplin, Franco Fagioli (sublime contreténor) qui vient chanter Haendel, mais aussi des Musiques du monde, du Jazz, du Hip hop, de l’électroacoustique, du Strauss revisité pour les enfants, des parcours acoustiques… Les propositions se succèdent sans se ressembler, sinon dans l’exigence et l’ouverture. Pour plus de 150 levers de rideau, à Montpellier ou en région, de l’intime à l’art total... AGNÈS FRESCHEL

Opéra de Montpellier 04 67 601 999 opera-orchestre-montpellier.fr

AU PROGRAMME DU MOIS

7 octobre : Turina, Beethoven, Maria Ponce Concert avec le guitariste Thibaut Garcia (direction David Niemann) 13 octobre : Brahms, Debussy, Kodaly Concert d’ouverture de la saison orchestrale de l’Orchestre National Montpellier Occitanie (direction Michael Schønwandt). (14 octobre à Alès, voir p 82)

20 ans, cela se fête !

L’

Ensemble Polychronies soufflera cette année ses 20 bougies à l’entrée dans l’été 2018 et le programme des réjouissances s’avère dense et plein de promesses, tant en termes de projets à venir que de dates

Ensemble Polychronies © X-D.R

officialisées. Qu’ils collaborent avec des institutions telles le GMEM à Marseille, le CEDRA, le CADASE, avec des programmateurs culturels ou des artistes provenant d’autres horizons tels la bande dessinée avec Schuiten et

Peeters, le directeur artistique Florent Fabre et les musiciens du groupe mettront à l’honneur la musique contemporaine sous toutes ses formes. C’est en effet leur mission principale, soit pour la scène où prévaut l’idée de l’exploitation du répertoire, soit dans une action de création, soit par des activités dans le sillage de la transmission pédagogique autour de travaux de résidence. S’illustrant en concert, les musiciens auront l’occasion de se faire entendre une première fois lors du 13e FiMé pour une création originale sur les images du film Une page folle (voir p 22) à La Villa Noailles. Le Théâtre Denis, à Hyères également, les accueillera lors d’un concert du Festival d’automne du CRR de TPM avec un programme Mari Nostri Lux mêlant répertoire (Ohana et Xenakis) et créations de Lionel Ginoux et de Laurent Melin œuvres qui puisent amplement à la source de


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15 octobre : Duo violon piano Brahms, Mozart et Grieg au programme de ce concert de Dorota Anderszewska (violon supersoliste de l’Orchestre) et Amalie Malling à Tauriac de Camarès 15 octobre : Grandes pages d’opéra Par le Chœur National (direction Noëlle Gény) à Palavas les Flots 20 octobre : Comédies musicales Par le Chœur National (direction Noëlle Gény) à Bagnols sur Cèze 21 octobre : Les Lumières de la ville Ciné concert Chaplin, avec l’Orchestre national (direction Gwennolé Rufet) 28 et 29 octobre : Raph Vaughan, Haydn Concert de l’Orchestre national (direction David Niemann) avec l’altiste Éric Rouget. 31 octobre : Concert Halloween L’Orchestre national (direction David Niemann) joue des pages galopantes et frissonnantes... 4 novembre : Birkin Gainsbourg Jane Birkin chante Gainsbourg avec l’Orchestre national (direction Gwennolé Rufet). 5 novembre : Quella fiamma Avec les solistes d’Orfeo 55, Nathalie Stutzmann (contralto) revisite les grands airs baroques. 10 novembre : Mozart, Dvořák Michael Schønwandt dirige l’orchestre, avec Nelson Freire au piano. Une formule plus courte, à 19h, est également proposée 9 novembre

racines méditerranéennes. Dans le cadre de « Détours en région » l’ensemble sera invité en résidence au Forum de Berre (voir p 52) dès novembre faisant acte de pédagogie autour d’un concert final prévu en juin 2018. Peu de temps après, le Festival de Musique de Toulon programmera la soirée officielle du vingtième anniversaire (9 juillet) où une fois encore les classiques du répertoire (Bartók et Bernstein) viendront côtoyer des œuvres plus contemporaines et une création de Daniel Yvinec dans le cadre idoine de la Tour Royale. Les musiciens s’envoleront ensuite direction l’Australie et la Chine pour une série de master class et de concerts. De beaux moments en perspective. É. M.

Ensemble Polychronies polychronies.com

Recette Italienne à l’Opéra de Toulon Iulianna Avdeïva © Harald Hoffman

E

n dépit d’une fin de saison précédente marquée par un mouvement de contestation sociale des salariés de la maison, la nouvelle, avec 52 dates proposées à l’abonnement cette année, où l’offre se combine à nouveau avec celle de la programmation du Festival de Musique de Toulon pour 7 concerts symphoniques, saura ravir les mélomanes, qui trouveront de quoi satisfaire leurs envies musicales. Le directeur général et artistique Claude-Henri Bonnet a choisi de programmer cette année encore 6 ouvrages lyriques du répertoire, et une comédie musicale. Parmi les incontournables : Madama Butterfly, classique exotique de Puccini aux penchants véristes qui sera dirigé par Valerio Galli. Pour les Fêtes, la magie de La Flûte Enchantée de Mozart viendra faire rêver les amateurs sous la baguette d’Alexander Briger dans une mise en scène de René Koering. L’année 2018 commencera par la féérie de Wonderful Town, une comédie musicale signée Bernstein dirigée par un spécialiste du genre, Larry Blank. La fin de la saison sera ensuite exclusivement italienne avec des classiques éprouvés, à commencer par l’acte fondateur du romantisme transalpin Lucia Di Lammermoor de Donizetti dirigé par Francesco Lanzillotta, suivi par l’Italienne à Alger de Rossini sous la baguette de Francesco Cilluffo pour s’achever au mois de juin sur Nabucco de Verdi. Une pléiade de solistes sont invités aux côtés de l’orchestre de la maison : dans Il pleut des cordes, Camille Thomas (violoncelle) brillera aux côtés de Lise Berthaud (alto) et Simone Lamsma (violon) sous la baguette de Sergio Monterisi, Till Fellner jouera le

Concerto pour Piano en La mineur op.54 de Schumann dirigé par Rumon Gamba. En mars, Jurjen Hempel dirigera Chad Hoopes (violon) et Femke Ijlstra (saxophone). Lise de la Salle et Alexandre Tharaud viendront également clore l’épisode orchestral en avril et en mai. En novembre, Jane Birkin proposera sa relecture symphonique de Gainsbourg. Fin avril, la soprano Natalie Dessay offrira sa voix dans un récital d’airs et de lieder épaulée par le piano de Philippe Cassard. Ballets, ciné-concert en novembre avec le FIMé ( autour de Charlie Chaplin), musique de chambre avec le Quatuor Pražák et Raphaël Sévère, Kit Armstrong autour du Ring de Wagner et la troisième Nuit du piano en février viendront étoffer l’offre. Gageons que cette programmation pointue et éclectique saura combler le plus grand nombre. ÉMILIEN MOREAU

Opéra de Toulon 04 94 92 70 78 operadetoulon.fr

AU PROGRAMME DU MOIS

13 & 15 octobre : Mam’zelle Nitouche. Seule œuvre de Florimond Ronger à être restée inscrite au répertoire sous le pseudonyme d’Hervé, une comédie-opérette aux accents autobiographiques sous la baguette de Jean-Pierre Haeck et dans une mise en scène de Pierre-André Weitz. 21 octobre : Pastorale Dmitri Liss sera au pupitre de la phalange toulonnaise dans un répertoire alliant tradition et modernité avec la 6ème de Beethoven, Orawa de Wojciech Kilar et l’incontournable concerto n° 1 op.23 de Tchaïkovski qui servira de tremplin à la pianiste russe Ioulianna Avdeïeva.


102 saisons

Le Méjan d’Arles : Comme dans un fauteuil...

O

n ne change pas une recette qui marche dans une ville où l’Association et sa Chapelle demeure l’unique vitrine de la musique de chambre, voire symphonique, à côté des traditionnelles lectures, conférences et expositions. En deçà de sa nouvelle responsabilité, voilà qui légitime la nomination de Françoise Nyssen en tant que Ministre de la Culture, qui a donc cédé son poste de responsable des Editions Actes Sud à son mari, et dont l’Association du Méjan est une émanation. Dans ce contexte, les rituelles lectures de Nancy Huston par la comédienne Claude Fosse ou La Fontaine / Brassens dialogués par Marie-Christine Barrault et JeanPierre Arbon encadrent la poésie de Claude Guerre sans omettre le Libertango de et par Frédérique Deghelt avec bandonéon et percussions obligées. La musique justement : après la matinée inaugurale et orchestrale, la Journée Quatuor revisite l’intégrale de Béla Bartók avec le carré d’archets Diotima. Le Trio Medici et la violoniste Sylvie Gazeau nous apprendront qu’il existe un quatuor de Mahler tandis que l’Octuor pour cordes et vents de Schubert multipliera les talents par deux, soient huit solistes dont des habitués à (re)découvrir... Ainsi que Anne Gastinel,

Anne Gastinel ©Jean-Baptiste Millot

David Grimal et Philippe Cassard dans des trios de Beethoven sans oublier le quatuor Cambini-Paris (Gounod, Beethoven). Redevenue temple par les accents d’œuvres profanes consacrées, la Chapelle ne déroge pas à la Semaine Sainte dans une débauche de styles, d’œuvres et de compositeurs sacrés ou rendus

tels (Liszt, C.P.E.Bach, Charpentier, Carissimi, Pärt) par leurs dimensions spirituelles. Les talents de Vox Clamantis, Ensemble Correspondances, Ana-Marija Markovina, Bernard Tétu et Marie-Josèphe Jude leur rendront hommage. Des Sports et des Divertissements sont alors les bienvenus

Zad Moultaka et Michael Dian © Alexandre Chevillard

Écosystème culturel

L

e Festival de Chaillol ne propose pas de concert d’automne, c’est la tradition, et reprend le rythme de ses week-ends musicaux à partir de janvier dans les divers écrins que propose le pays des vallées Haut-alpines.

La saison nouvelle est encore en gestation, mais déjà des projets sont mis en œuvre, comme celui d’une collaboration artistique (Résonance(s)) avec le théâtre La Passerelle de Gap autour du musicien compositeur Loïc

Guénin. Une autre dimension s’ajoute à la démarche de réflexion du Festival, grâce à la nomination récente du directeur du Festival, Michaël Dian, à la Faculté d’Aix-Marseille, secteur Musique et Sciences du Département des Arts. Par une approche documentée des politiques publiques et des institutions de la culture, Michaël Dian apporte aux étudiants de Licence et de Master une connaissance précise, étayée sur l’histoire mais aussi l’expérience vécue, de l’écosystème culturel dans lequel ils seront amenés à évoluer. Les relations entre la faculté et le Festival permettront aussi l’accueil d’étudiants du secteur Musiques et Sciences sur le terrain, à Chaillol, à la fois en tant qu’observateurs, témoins et acteurs, avec aussi un cycle de rencontres professionnelles organisées autour de compositeurs engagés dans un rapport fort avec les populations de leurs territoires. Cette approche vivante est soutenue par les deux professeurs responsables respectivement du Master et de la Licence à l’AMU, Christine Esclapez et Julien


103

Correns enChant(ier)és sous les augures d’Erik Satie chanté (Jean Delescluse), joué (Frédéric Vaisse-Knitter), récité (Bertrand Perier) dans l’attente de la programmation du printanier Jazz in Arles. Béroff/Debussy clôturera la saison musicale parallèlement aux Lectures à l’abbaye de Montmajour. Et les arts visuels ? Saturnium, Conte musical et photographique par le compositeur Antonin Tri Hoang et la photographe SMITH, rétrospective entre l’abstraction et l’hyperréalisme du coréen Kim Tschang-Yeul et le courant « jeunes sauvages » de l’Espagnol Miquel Barceló. De ministre, le fauteuil ! PIERRE-ALAIN HOYET

Le Méjan d’Arles 04 90 49 56 78 lemejan.com

AU PROGRAMME DU MOIS

22 octobre : Ibert et Mozart L’Orchestre régional Avignon Provence résonnera sous les voûtes de la chapelle avec la participation de la flûtiste Juliette Hurel dans les concertos de Jacques Ibert et Wolfgang Amadeus Mozart. En prime : la Symphonie n° 5 en si bémol majeur de Franz Schubert. ‘Ndiaz © Sylvain Gripoix

L Ferrando. En « avant-première » cet été, la doctorante Brigida Migliore était invitée pour rencontrer le compositeur associé à la saison dernière, Zad Moultaka, sur lequel porte sa thèse. Un bel exemple de politique culturelle ! MARYVONNE COLOMBANI

Festival de Chaillol festivaldechaillol.com

AU PROGRAMME DU MOIS

26 septembre au 14 octobre : Chemins Seront exposées au théâtre La Passerelle (Gap) dans le cadre de Résonance(s) les partitions graphiques du musicien Loïc Guénin, composées pour le projet Walden, et les photographies de Vincent Beaume. Une mise en son d’espaces naturels et d’architectures, qui nous donnent à « lire » le processus de la création musicale. (voir p 68)

a programmation du Chantier se développe en deux temps cette année, le premier concocté par Miquèu Montanaro, compositeur et multi instrumentiste, puis un passage de relais pour la suite de la saison à Franck Tenaille, journaliste, fondateur du réseau Zone Franche (association de professionnels des musiques du monde), conseiller artistique de nombreux festivals, membre de l’Académie Charles-Cros et auteur de plusieurs ouvrages, dont Musiques et chants en Occitanie (Le Layeur) -une commande du Chantier. Il sera intéressant de voir la passation entre le regard de l’artiste et celui du critique… La construction du programme sera identique tout au long de l’année, avec le rythme d’une résidence suivie du concert qui en résulte, cultivant un même esprit autour de la création. Plusieurs types de résidences sont proposés, résidence de création, adaptation de compositions existantes à la scène, enregistrements… Quatre résidences de création ce trimestre, Artho Duo (Julie Garnier & Marc Anthony), Lunacello, L’immobile voyage (Isabelle Courroy & Shadi Fathi), ‘Ndiaz. Géographies multiples, tissages culturels, un vent de liberté

entre l’Orient et l’Occident, la richesse des musiques de tradition orale marie avec talent musiques populaires, savantes, contemporaines, expérimentales, en de fructueux métissages. Trois des concerts seront donnés à Correns, et celui de décembre (de ‘Ndiaz) sera « buissonnier », car hors-les-murs, à La Croisée des Arts de Saint-Maximin. Festives, intimistes, toujours d’une rare qualité, ces créations ne cessent de renouveler les musiques du monde. Partons en voyage ! M.C.

Le Chantier, Correns 04 94 59 56 49 le-chantier.com

AU PROGRAMME DU MOIS

20 octobre : Lunacello Le violoncelle d’Eugénie Ursch (en résidence au Chantier du 16 au 20 octobre) invite le piano de Mingo Josserand pour un voyage du Maghreb aux Balkans en passant par les îles grecques. Ici, la poésie se chante, Mallarmé, Ibn al Arabi, Ana Tot… modernité et tradition se fondent en poétiques harmonies.


104 rock indé

La pop marseillaise à son apogée Avec Kid Francescoli, Oh ! Tiger Mountain et French 79, une génération d’artisans de pop marseillaise connaît son âge d’or. La preuve en albums et en concerts dans toute la région. se révéler décourageant pour les artistes pop régionaux, que toutes ces signatures “locales” trouvent peu à peu une audience nationale, médiatique et publique, clairement méritée. HERVÉ LUCIEN

AU PROGRAMME

Kid Francescoli en tournée

D

ans son précédent album With Julia, Kid Francescoli assumait sa fascination pour une jeune américaine, Julia Minkin et sa voix polymorphe, genre Billie Holiday meets les princesses du R’n’B US. Romanesque et romancée, la relation se poursuit sur Play Me Again son dernier album paru au printemps, probablement son meilleur. Désormais installée à Marseille auprès de son mentor (elle se produit d’ailleurs parfois en formation jazz), Julia y devient l’alter ego de Mathieu Hocine (alias Kid F) dans un de ces face-à-face qu’affectionne la pop music : une relation de séduction mais aussi une réflexion sur l’amour et la complicité musicale malgré les différences culturelles. La dream-pop ludique et délicate de l’émule, parfois trop référencée par le passé (Ennio Morricone) s’est définitivement ouverte à toutes sortes de styles (électro, disco et même reggae), lui conférant un relief inédit qui sert admirablement le dialogue entre les deux artistes (et même en français, pour la première fois sur Les Vitrines). Le révélateur de ce son totalement épanoui n’est autre que Simon

13 octobre aux Passagers du Zinc à Avignon, 10 novembre au Cargo de Nuit à Arles. Festival Rade Side du 12 au 13 octobre à Toulon avec Oh ! Tiger Mountain, French 79, Calypso Valois, Troy von Balthazar, Isaac Delusion… 22 décembre (avec French 79), Espace Julien, Marseille 14 octobre : Smokey Joe & The Kid Rimes en anglais avec le MC britannique Kid Francescoli, Play Me Again © Hawaii and Smith Mystro, échantillons de musiques rétro, Henner alias French 79 (homme-machine le duo de musiciens français joue le décalage pour du groupe électro-rock Nasser) qui a produit un live rap et audiovisuel décapant. Play Me Again. Ne limitant pas son influence à Avec Senbeï, MJC de Venelles ce disque, ce dernier (qui vient de signer avec 07 82 36 34 39 comparsesetsons.fr Olympic un majestueux album d’électronique 26 octobre : Pablo Moses aérienne) est au centre d’une dynamique Il diffuse la bonne parole rasta : révolution et amour. collective portée au sein des studios de la Porteur d’un genre «conscient» à travers ses mélodies rue Paradis. Ceux-ci abritent depuis quelques discrètes depuis ses débuts en 1975, ce n’est pas années nombre d’artistes marseillais comme aujourd’hui qu’on va changer le grand Pablo ! Oh! Tiger Mountain, Husbands, A Date Avec Higher, Oméga Live, Toulon With Elvis... La consanguinité n’est pas 04 98 07 00 70 www.tandem83.com de mise tant ces projets sont distincts : aux 27 octobre : Jose James voix susurrées du Kid répond le rockabilly Jose James est une des voix qui compte dans le d’A Date With Elvis (dont Kid Francescoli a renouveau soul-jazz de ces dernières années. Héritier d’ailleurs produit le dernier album First Date, de Nina Simone et de Gil Scott-Heron, l’Américain vient paru mi-septembre). À la furie sonore de Nasser de sortir Love in a time of madness, son (très love) réplique le maniérisme glam-rock d’Oh!Tiger quatrième album sur Blue Note. Mountain qui, avec Altered Man (long format Avec Nate Smith, Forum Nice Nord paru en mars dernier), développe un nouveau 04 93 84 24 37 forumnicenord.com visage plus exubérant : le folk rachitique des 19 novembre : Shannon Wright débuts a laissé place à un rock désinhibé dans En mode lo-fi et énervé, l’Américaine produit depuis lequel Mathieu Poulain peut laisser libre près de 20 ans un rock tendu comme un arc, entre cours à la flamboyance dont on le sait capable Patti Smith et la PJ Harvey des débuts. sur scène. Il convient de dire, car cela ne va Théâtre Denis, Hyères 04 98 07 00 70 tandem83.com pas de soi tant le centralisme musical peut


Rap Musiques urbaines

Remarqué au festival MMX puis à l’Espace Julien en septembre, ce duo de jeunes rappeurs impose une signature musicale ludique et accessible qui pourrait impulser un nouveau souffle au rap régional.

L

e rap ne manque pas d’artistes, ce qui lui manque c’est surtout des voix différentes, pourvues d’une ouverture qui a souvent fait défaut dans l’hexagone depuis la triplette Solaar-IAM-NTM. Revivifier un style qui a perdu beaucoup de crédibilité en copiant les artistes US sans en avoir le talent ? Wilko & NDY n’ont pas l’air paralysés par l’enjeu, pour eux détendre le rap est un jeu. Leur rap rompt avec les canons marseillais du rap ghetto et régressif (salut Jul !) et ça fait beaucoup, beaucoup de bien. Dans Trou Noir, leur maxi paru le 28 septembre, Wilko & NDY empruntent leurs beats à l’électro et leurs sons à la house music, même si l’on sent que l’aventure n’en est qu’à ses débuts et que le groupe, encore jeune malgré un engouement déjà palpable, n’a pas encore atteint tout son potentiel. L’humeur du duo marseillais est étonnamment dansante, quitte à se lever le lendemain matin avec la gueule de bois (leur titre Trou Noir) : aux anathèmes archétypaux sur la police, largement grillés avec le rap de quartier de Lacrim et consorts, il répond avec Peau Lisse, ode hédoniste à la fête sans limites. Dans un milieu musical où l’adversité est reine, les clashes risquent d’être relevés : ce n’est pas le néo Booba Sopico et le rappeur cagoulé Siboy (en concerts à l’Affranchi de Marseille respectivement les 25 novembre et 9 décembre) ou encore Keblack et Guizmo

105

Wilko & NDY, un autre rap est possible (respectivement les 10 et 16 novembre au Moulin, Marseille) qui rechigneront à relever le gant... Wilko & NDY annoncent une nouvelle séquence moins sombre et moins égocentrée pour un rap qu’à vrai dire on n’attendait plus. Et, comme le phénomène (et la fête) n’en est qu’à ses débuts, on pourra les voir et les entendre dans les petites salles du sud ces prochaines semaines. HERVÉ LUCIEN

AU PROGRAMME

Wilko & NDY en tournée 14 octobre au Old Dirty Bar à Montpellier, 26 octobre à l’Instant T à Nîmes, 24 novembre à l’Intermédiaire (Marseille) et 12 janvier 18 au Poste à Galène, Marseille. 13 octobre : Nosfell Avec Echo Zulu on retrouve un Nosfell nouvelle mouture : au vocabulaire baroque et, disons-le, un peu extra-terrestre de ses débuts, l’artiste voulait un nouvel album plus direct, donc plus adapté encore à la scène. Prometteur. Cargo de Nuit, Arles. 04 90 49 55 99 cargodenuit.com 14 octobre : Christine La “french touch” 2.0 n’est pas morte : avec ses beats insistants et ses atmosphères tendues, ces émules nantais de Kavinsky n’ont qu’une seule et unique ambition : vous faire sauter en l’air. Simple mais efficace ?

WILKO & NDY © XDR

Café Provisoire/MJC, Manosque 04 92 72 19 70 mjc-manosque.com 25 octobre : Angus & Julia Stone Ils ont beau ne plus écrire de hit comme Big Jet Plane, Angus & Julia Stone emportent toujours la faveur du public avec leur nouvel album Snow. Il faut dire que la pop-folk soyeuse des frangins australiens garde toute sa fraîcheur. Silo, Marseille 04 91 90 00 00 silo-marseille.fr 26 octobre : Fatima Yamaha Le sobriquet orientalo-nippon cache en fait une des plus jolies découvertes de la musique électronique récente. Avec ses ritournelles minimalistes, Fatima renouvelle avec humour le langage de l’électro (écoutez What’s A Girl To Do !) et se produit uniquement en live derrière ses claviers et ses machines. Une précision : Fatima est un garçon, s’appelle Bas Bron et vit aux Pays-Bas. Cabaret Aléatoire, Marseille 04 95 04 95 09 cabaret-aleatoire.com 4 novembre : Les Sages Poètes de la Rue Ces grands noms de la scène rap des années 90 méritent bien leur nom. Avec leur rap inventif et posé sur des beats jazzy, Melopheelo, Zoxea et Dany Dan n’ont en fait jamais véritablement arrêté, malgré une pause discographique datant de 2002. Leur nouvel album Art Contemporain relance la quête de ce “rap perdu” synonyme d’érudition et de positivité. Espace Julien, Marseille 04 91 24 34 10 espace-julien.com


106 electro

L’électro s’acclimate aux Smac

Louisahhh © Eric Traor

Lassés des clubs et des heures indues, les musiciens électroniques laissent parler leur musicalité dans les salles des musiques actuelles, loin du boum boum convenu.

L

a scène aurait paru incongrue il n’y a ne serait-ce qu’une poignée d’années : le producteur électronique Rone, sur la scène de La Philharmonie de Paris, entouré de musiciens émérites tels François Marry (François & the Atlas Mountains), le violoncelliste Gaspar Claus, le trio à cordes Vacarme, le guitariste Bryce Dessner (The National) et le batteur John Stanier (Battles). On ajoute à ce voyage électro l’auteur de science-fiction (marseillais et visionnaire !) Alain Damasio au micro. Ce récital collaboratif récompense un producteur qui a toujours privilégié la musicalité à la répétitivité du beat, trop consubstantielle à la culture DJ qui l’a pourtant vu naître. L’électronique symphonique du Parisien avait déjà été adoubée par Etienne Daho ou Jean-Michel Jarre et couronnée par un Olympia (en 2013 pour Tohu Bohu) : c’est aujourd’hui l’avènement d’une french touch qui touche finalement le grand public en profondeur et pas seulement pour ses hymnes disco. Et il est dit que le mouvement ne s’arrêtera pas : à l’instar de Rone qui avec son nouvel album Mirapolis explore de nouveaux territoires, de nombreux artistes, longtemps cantonnés au boom boom en discothèques, veulent s’affranchir du carcan de la musique club et élargir leur auditoire. Il le font comme Rone en adoptant des partis

pris esthétiques forts (des lives audio/vidéo par exemple) ou en laissant libre cours à des humeurs plus climatiques ou parfois plus pop. Il en va ainsi pour les Américains Mount Kimbie (le 19 novembre au Cabaret Aléatoire à Marseille), l’Anglais Max Cooper ou le Français Møme qui avec son “tube” Aloha a obtenu une reconnaissance pour le genre décontracté et contemplatif dit chillwave (respectivement le 10 novembre et le 22 octobre à La Paloma à Nîmes). Ces registres plus lysergiques les rapprochent de l’esprit “concert” et s’adaptent mieux à des dates en SMAC. Les scènes des musiques actuelles sont en effet aujourd’hui très à l’écoute de ces registres pour attirer de nouveaux publics. C’est le cas pour la Soirée électro à La Garance (14 octobre à Cavaillon) et l’ambitieux plateau proposé en partenariat avec La Gare de Coustellet, entre écoute et dancefloor, avec la DJette Louisahhh, qui a émergé dans l’entourage du DJ et producteur français Brodinski et s’en émancipe aujourd’hui, Fabrizio Rat, pianiste issu de L’Ensemble Contemporain qui donne avec son instrument son interprétation du vocabulaire techno, finalement assez radicale, ou du producteur Electric Rescue qui, lui, n’a jamais failli dans sa foi en une techno porteuse d’une esthétique clairement underground. HERVÉ LUCIEN

Rone sera aux Passagers du Zinc d’Avignon le 8 décembre

AU PROGRAMME 9 octobre : Timber Timbre Le rock laidback, sincèrement torturé, du trio montréalais retrouve des couleurs sur Sincerely Future Pollution, dernier album nourri de groove jamais entendu derrière la voix du flegmatique chanteur Taylor Kirk. Concert événement. Rockstore, Montpellier 04 67 06 80 00 rockstore.fr 21 octobre : Youn Sun Nah Elle sait effleurer les standards du jazz vocal comme My Favourite Things mais aussi avec She Moves On, son dernier album, reprendre Joni Mitchell, Jimi Hendrix et Paul Simon avec toujours autant de liberté. La Sudcoréenne Youn, qui a commencé sa carrière dans le lyrique et s’est révélée en France, peut tout tenter. Dans le cadre du Métropole Jazz Festival, avec Mathis Haug Trio à la Paloma, Nîmes 04 11 94 00 10 paloma-nimes.fr - jazz-festival.nimes-metropole.fr 26 octobre : Bassdrumbone Ils se sont rencontrés en 1977 chez Anthony Braxton et depuis 40 ans imposent un trio inédit dont le nom donne la compo, avec l’assurance d’un son inimitable : Gerry Hemingway à la batterie, Mark Helias à la contrebasse, Ray Anderson au trombone. Date unique en France. Ajmi Jazz Club – La Gare de Coustellet, Avignon 04 90 86 08 61 jazzalajmi.com



29ème Édition

du 20 au 29 Octobre 2017

FESTIVAL CINÉMAtographique

GARDANNE

d’Automne de www.cinema3casino.fr


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