Zibel110

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09.09 > 07.10.2017

N°110

ZIBELINE

Mensuel culturel engagé du Sud-Est La caricature

À l’estaque

Journées européennes du Patrimoine

ACTORAL

LA RENTRÉE

LITTÉRAIRE

3€



SEPTEMBRE OCTOBRE 2017

CULTURE ET SOCIÉTÉ Mensuel payant paraissant le deuxième samedi du mois Édité à 20 000 exemplaires, imprimés sur papier recyclé Édité par Zibeline BP 90007 13201 Marseille Cedex 1 Dépôt légal : janvier 2008 ISSN 2491-0732 Imprimé par Riccobono Imprim’vert - papier recyclé Crédit couverture : © Alouette sans tête Conception maquette Tiphaine Dubois

Directrice de publication & rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@gmail.com 06 09 08 30 34 Rédactrice en chef adjointe Dominique Marçon journal.zibeline@gmail.com 06 23 00 65 42 Secrétaire de rédaction Anna Zisman anna.zisman.zibeline@gmail.com

ARTS VISUELS Claude Lorin claudelorin@wanadoo.fr

06 25 54 42 22

LIVRES Fred Robert fred.robert.zibeline@gmail.com MUSIQUE ET DISQUES Jacques Freschel jacques.freschel@gmail.com CINÉMA Annie Gava annie.gava@laposte.net

06 88 46 25 01

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Élise Padovani elise.padovani@orange.fr

Polyvolants Chris Bourgue chris.bourgue@wanadoo.fr Gaëlle Cloarec ga.cloarec@gmail.com

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Maryvonne Colombani mycolombani@gmail.com

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Marie-Jo Dhô dho.ramon@wanadoo.fr Marie Godfrin-Guidicelli m-g-g@wanadoo.fr 06 64 97 51 56 Jan Cyril Salemi jcsalemi@gmail.com

Maquettiste Philippe Perotti philippe.zibeline@gmail.com

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WRZ-Web Radio Zibeline Marc Voiry marcvoiry@hotmail.com Directrice Commerciale Véronique Linais vlinais@yahoo.fr 06 63 70 64 18 La régie Jean-Michel Florant laregie@gmx.fr 06 22 17 07 56 Collaborateurs réguliers : Régis Vlachos, Dan Warzy, Frédéric Isoletta, Yves Bergé, Émilien Moreau, Christophe Floquet, Pierre-Alain Hoyet, Aude Fanlo, Thomas Dalicante, Marion Cordier, Caroline Gerard Administration Catherine Simon admin@journalzibeline.fr Houda Moutaouakil contact@journalzibeline.fr

04 91 57 75 11

Prédation des imaginaires Quel sens a notre vie, sinon de l’inventer sans cesse ? Et quel sens a l’art, sinon de questionner nos gestes quotidiens, les rabâchages de la pensée dominante, notre héritage trop lourd ou nos pages trop blanches ? Quel rôle ont les artistes, sinon de permettre à nos imaginaires d’échapper aux sentiers balisés, hors de la satisfaction préfabriquée, mais dans l’expérience intime, et la transcendance ? C’est vers la disparition de cela que nous sommes entraînés. Vers la soumission à la rentabilité, à l’objectif économique, à la modélisation, aux raccourcis en 140 signes, aux classements des artistes en Tops et en Victoires. Le libéralisme dicte son vocabulaire à la Culture qui, depuis Malraux, reposait sur l’idée démocratique de service public et d’exception. Les artistes, les penseurs, ceux qui mettent en œuvre des politiques culturelles, ceux qui tentent de partager les arts, de les enseigner, sont aujourd’hui en butte au rapt de nos imaginaires. De véritables prédateurs, pour continuer de générer 75 milliards de bénéfices et verser 58 milliards de dividendes à leurs actionnaires (chiffres 110 des entreprises du CAC 40 en 2016), fabriquent des contre-produits culturels, noyautent les médias et la sphère politique, imposent un prêt-à-penser... jusqu’à ce que l’on trouve normal, acceptable, qu’un gouvernement rabote les APL, taxe la retraite des « plus aisés » (1200 euros par mois !), abaisse l’ISF, tout en laissant à peine stagner un budget de la culture notoirement insuffisant. Sans compter qu’il élague celui des collectivités territoriales qui vont répercuter la baisse sur leurs subventions. Et qu’il décrète la fin des emplois aidés qui va achever, très concrètement, les petites associations, culturelles ou non. Nous ne devons plus accepter ce rapt, cette prédation. Ne plus accepter d’entendre qu’il n’y a pas d’argent : 10% de la population en France possède 50% du patrimoine, il n’y a pas de raison de faire payer aux pauvres, aux retraités, aux collectivités publiques, à la vie associative, la baisse de leurs impôts et l’augmentation exponentielle de leurs revenus. L’État peut retrouver les marges pour une éducation revitalisée, une santé décente, une culture libérée du joug libéral. Il suffit pour cela que nous cessions de raisonner comme les loups qui nous dévorent : il n’y a pas de fatalité à l’appauvrissement de nos ressources, et de nos imaginaires.

ÉDITO

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AGNÈS FRESCHEL


Création

Théâtre national de Marseille Direction Macha Makeïeff

Boulgakov

La Fuite ! du 6 au 20 octobre 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Photographie © Macha Makeïeff

Comédie fantastique en 8 songes Un spectacle de Macha Makeïeff


sommaire 110

politique culturelle Bilan de l’Été (P.6-7) Le jeune Karl Marx, film de Raoul Peck (P.8)

société Les Journées du patrimoine (P.10-11) Le Mois des Parcs naturels régionaux (P.12) Réouverture du Théâtre Nono (P.14)

Journées du Patrimoine, 16 et 17 septembre © Gaëlle Cloarec

ÉVÉNEMENTS Logiquimpertubabledufou, mise en scène de Zabou Breitman (P.16) Entretien avec Macha Makeïeff, La Criée (P.18) Entretien avec Pierre Sauvageot, Lieux Publics (P.20) Entretien avec Anne Guiot, Karwan (P.21) Entretien avec Michel Kelemenis, Klap (P.22) Entretien avec Josette Baïz, Grenade (P.24) Actoral (P.26) Les Correspondances, les Chapiteaux du livre, le Festival de la caricature (P.28-29) Des Cirques indisciplinés, Préavis de désordre urbain, les Envies Rhônements (P.30-31) Rue des Arts, festival Constellations (P.32-33) Festival Les Emouvantes, festival Quatuors à cordes (P.34-35) Le MuCEM, La Bulle Bleue (P.36)

Gâchette du bonheur, Anna Borralho et Joao Galante - Actoral, du 26 septembre au 14 octobre © Leonor Fonseca

AU PROGRAMME DU MOIS Spectacles (P.38-51) Musiques (P.52-55)

L’écritoire à Vertiges, installation de Lise Couzinier et Olivier Lübeck - Correspondances de Manosque, du 20 au 24 septembre © Olivier Lübeck

cinéma [P.56-61] Marseille, Hyères, La Ciotat, Port-de-Bouc, Martigues, Fos, Cucuron, Rousset, Cavaillon, Avignon, Montpellier, Nîmes, Montpellier

Arts visuels [P.62-66] Marseille, Aix, Avignon, Toulon, Barjols, Salernes, Montpellier, Nice Jeune Femme de Léonor Serraille, Films Femmes Méditerranée, du 4 au 22 octobre © Shellac

livres [P.67-74]


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politique culturelle

© Sipa - Creative Commons

Un été de canicules Les Festivals et leurs tensions Bonheurs estivaux, les Festivals d’Aix, d’Avignon, In et Off, les Rencontres d’Arles, les Suds, le FID, La Roque... ont ensoleillé nos journées d’été (retrouvez toutes nos critiques des spectacles, concerts et expos sur journalzibeline.fr). Pourtant leur avenir est incertain. Le Festival d’Aix change de directeur, et l’empreinte de Bernard Foccroulle, qui a opéré une sensible ouverture vers des publics plus jeunes et des musiques nouvelles, restera marquée. Mais pourrons-nous encore profiter des Chorégies d’Orange ? La manifestation, constamment au bord du gouffre financier depuis l’élection de Jacques Bompard (extrême-droite) à la mairie et à l’Assemblée, est notablement sous dotée par la Ville, mais aussi par l’État et les collectivités territoriales, qui hésitent à soutenir ce vieux festival, condamné à ne prendre aucun

L’ÉTÉ AU SUD A ÉTÉ CHAUD, LES FESTIVALS TENDUS, LES ESPRITS ACCAPARÉS PAR LES INCENDIES, LES ATTENTATS, LES DÉRÈGLEMENTS DU CLIMAT, ET LES MESURES SI INÉGALITAIRES DU NOUVEAU GOUVERNEMENT

risque artistique pour vivre majoritairement de ses recettes. La question du financement par l’État se pose en ces termes, depuis 22 ans : la ville d’Orange mérite-t-elle ses Chorégies ou devraient-elles se déplacer vers des territoires moins fascisants ? En tous les cas, les années de demi-mesures des gouvernements successifs ne permettent à Jean Louis Grinda, le nouveau directeur qui plaide pour un nouvel élan, de sortir du tout Verdi pour une programmation moins consensuelle. Financera, financera pas ? Une décision doit être prise... Le Festival d’Avignon est lui aussi à un tournant : il est devenu très difficile aujourd’hui d’y réserver certaines places et, à moins d’allonger sensiblement les séries de représentations pour chaque spectacle, l’insatisfaction risque de gagner. Seule une augmentation des subventions pourrait lui permettre de répondre à la demande, qui reste insatisfaite. Car l’avidité de débats et d’idées de THÉÂTRE n’a jamais été

aussi pressante... même si la représentante du Ministère, Régine Atchondo, a reproché aux directeurs des Centres Dramatiques Nationaux de « ne plus la faire rêver », même si les compagnies sont déconventionnées à tour de bras (Didascalies and Co, Artonik...). Les Directeurs Régionaux des Affaires Culturelles rassemblés ont dû avaler un discours d’austérité sans précédent : « les robinets sont fermés » disait Maryvonne de Saint Pulgent, présidente du comité d’histoire du ministère de la Culture et des institutions culturelles... Françoise Nyssen quant à elle visite le Festival de Chaillol jusqu’alors peu remarqué par l’État, qui fait un travail artistique et de développement des publics remarquables. Mais faudra-t-il pour soutenir ces nouvelles forces ponctionner les crédits décentralisés en berne, les compagnies régionales, et grever le développement de festivals historiques ou exemplaires ?


Dans la capitale l’été culturel fut moins atone que certaines années : le MuCEM est là, le Festival de Marseille fut exceptionnel, le Jazz des 5 continents très heureusement renouvelé, et les touristes, y compris le « couple présidentiel » (vous avez élu Brigitte Macron, vous ?) affluent dans la capitale régionale. Paréidolie et Artorama, en fin août, combinent l’intérêt des collectionneurs estivaux et des curieux d’Art mais... les Marseillais n’en peuvent plus des rats qui grouillent la nuit, et souvent le jour, dans les quartiers populaires et ceux du centre-ville. Qui rongent l’intérieur des véhicules et des scooters stationnés, envahissent toutes les caves, tous les containers, les canalisations. Des odeurs pestilentielles planent sur la ville, des plages sont plus sales que jamais, les piscines fermées depuis 20 ans pour certaines : la maltraitance que subissent certains citoyens n’a d’égale que l’intérêt politique du Président et des Insoumis, qui tiennent à Marseille leur Université d’été. Marseille est un enjeu mais où est le souci des habitants ? Le site archéologique de la Corderie, soit 7000m2 d’une carrière grecque datant des débuts de l’histoire phocéenne, échappera-t-il à Vinci ? Pour l’heure rien n’est moins sûr, le Ministère ne veut préserver que 600m2 et la Ville est prête à payer le déplacement de l’entrée de l’école que le projet immobilier va rendre nécessaire. Que vaut la mémoire d’un peuple face aux promoteurs de logements de luxe, aux intérêts particuliers et aux ambitions politiques ?

Le monde qui disparaît

Privés de passé, le serons-nous d’avenir ? Les incendies ont une fois encore ravagé les paysages de Provence qui ressemblent désormais aux déserts sans arbres des îles méditerranéennes. La canicule a torturé nos nuits, brûlé nos peaux, pollué notre air rendu irrespirable. Ailleurs les catastrophes climatiques s’enchaînent à un rythme que plus personne ne s’obstine à trouver habituel. Bombay paralysé par la mousson, 1500 morts au Népal et en Inde, Houston (plus médiatisé) dans l’ouragan, des centaines de morts dans les coulées de boue au Sierra Leone, une dizaine (plus médiatisés) dans les éboulements en Suisse... la terre malmenée se déchaîne. Nos médias en rendent compte, inégalitairement. Mais certains, comme Yves Cochet (ex député vert), font l’addition. Et disent que le cycle est irrémédiablement enclenché, que les prochaines années verront la destruction de notre monde, l’engloutissement de l’Asie du Sud-Est, des millions de morts, des migrations massives, et le lot de violences humaines qui en découlent, guerres et attentats, terreur et tribalisme. Le réel semble aujourd’hui lui donner raison. Est-il vraiment trop tard et devons-nous nous préparer à disparaître ou à survivre ? L’ultralibéralisme va faire mourir le capitalisme dans sa propre implosion, la fin des ressources, l’imbécillité du rêve d’une croissance infinie, et d’une inégalité toujours grandissante. Les États-Unis sont sortis du protocole de Paris, qui seul pouvait encore laisser, peut-être, un peu d’espoir. En France les ordonnances réformant le Code du Travail vont donner plus de latitude encore à ceux qui fabriquent ce rêve irrespirable. Que faire, sinon lever les yeux de nos écrans, arracher les fils qui nous relient comme autant de cordons ombilicaux à des réseaux virtuels qui parcellisent nos imaginaires et nous empêchent de faire la synthèse, de regarder un monde qui, sous nos yeux, brûle, explose et s’engloutit ?

zibeline Mensuel culturel engagé du sud-est

...en ventere le 7 octob Hors série

Les Saisons de Zibeline

ze-factory.fr

Marseille et ses effluves

C OUR S & AT E L I E R S CLASSIQUE • JAZZ • MUSIQUES ACTUELLES • ÉLECTROACOUSTIQUE CHANSON • MUSIQUES TRADITIONNELLES DU MONDE 50 DISCIPLINES I 8 CENTRES À MARSEILLE

REPRISE DES COURS DANS LES CENTRES LUNDI 25 SEPTEMBRE 2017 À partir de cette date, l es inscriptions ont lieu tout au long de l’année dans la limite des places disponibl es.

AGNÈS FRESCHEL

www.citemusique-marseille.com Renseignements : 04 91 39 28 28


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politique culturelle

Marx,

le biopic !

L

e marxisme n’est pas dans le vent. Seul Raoul Peck, haïtien, Président de la Fémis, universitaire, activiste politique et ex-ministre, qui a réalisé des documentaires et des fictions sur son pays, sur le Rwanda, et l’imparable et remarquable I’m not your negro l’an dernier... pouvait se permettre le biopic. Qui était projeté en avant-première aux journées du PCF au Festival d’Avignon, à l’Université d’été du PCF, sera à la Fête de l’Huma, mais était aussi à l’Université d’été du NPA et à celle des Insoumis à Marseille. Est-ce à dire que Marx rassemble les Gauches ? C’est pourtant l’inverse que Raoul Peck met en scène, dans son propos et dans son esthétique. En effet il a réalisé un film de genre, historique, la véritable reconstitution d’une époque, avec ses usines, ses rues, ses costumes, son mobilier, ses paysages et ses langues. La photographie est superbe et le film, polyglotte,

«JUSQU’ICI, LES PHILOSOPHES N’ONT FAIT QU’INTERPRÉTER LE MONDE, ALORS QUE LE BUT EST DE LE TRANSFORMER». KARL MARX, 1845

Le Jeune Karl Marx, de Raoul Peck © Kris Dewitte

parle dans les langues originales de Marx et de Engels : Allemand, Anglais, Français. Il cherche et trouve ainsi un réalisme soigné à rebrousse-poil des modes : sans naturalisme, c’est-à-dire sans caricature de la pauvreté ou de la bourgeoisie, sans effet démonstratif de caméra et sans décalage anachronique. Car Le Jeune Karl Marx ne veut pas convaincre de la nécessité du marxisme en suscitant l’émotion autour des souffrances du prolétariat ou de l’héroïsme des grandes grèves, ni en faisant des parallèles avec notre époque, moins encore en assénant des aphorismes politiques : le film retrace la genèse de l’élaboration d’une pensée, en montrant contre quoi, avec qui, et par quels tâtonnements et révélations, la théorie marxiste a vu le jour, et a commencé à se répandre parmi les socialismes en Europe, alors que la Révolution Industrielle installait un capitalisme ravageur.

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Et la démonstration est convaincante : en 1845, alors que Proudhon, charismatique, rassemble ses fans autour de ses constats et de ses luttes, que les hégéliens de gauche se perdent en conjectures autour de la « critique critique », que d’autres voient dans le socialisme une quête mystique ou philosophique, que Bakounine accumule les échecs libertaires et que les syndicats anglais s’imposent des rituels de passage hérités des confréries, Marx et Engels se rencontrent, analysent les rapports de force, le système économique, les plus values et l’exploitation, s’y opposent, théorisent, et passent à l’action. Bref c’est en documentariste que Raoul Peck écrit sa fiction, et le scénario de Pascal Bonitzer permet aussi de rappeler combien Marx était jeune, pauvre, pourchassé lorsqu’il a écrit Le Manifeste du Parti Communiste (1848), combien celui-ci a changé l’Europe, ce que sa riche épouse Jenny (Vicky Krieps) et Friedrich Engels (Stefan Konarske), industriel anglais, tous deux en rupture de ban, lui ont apporté dans l’analyse et la rédaction. La distribution volontairement internationale est formidable, en particulier Olivier Gourmet en Proudhon, même si on croit peu aux problèmes de santé et à la faiblesse de constitution d’August Diehl en Karl Marx ! Le film, présenté au Festival de Berlin, a reçu un accueil mitigé, la plupart des critiques lui reprochant de ne pas être divertissant, et décidément trop politique. Un compliment ? AGNÈS FRESCHEL

Le jeune Karl Marx Raoul Peck Sortie en salles le 27 septembre


En Provence-Alpes-Côte d’Azur, les Journées Européennes du Patrimoine, ce sont : • • • • •

des visites libres et guidées de nombreux sites, monuments, musées, expositions... visites inédites, insolites, simplement exceptionnelles, des ateliers pour toute la famille autour de thèmes historiques, artistiques ou architecturaux, plus de 700 manifestations sur 133 communes de la région, une carte interactive sur le site national des JEP, un site internet, celui de la Direction régionale des affaires culturelles : http://www.culturecommunication.gouv.fr/ Regions/Drac-Paca

«Pendant deux jours, les 16 et 17 septembre prochains, tout sera mis en oeuvre, partout en France, pour sensibiliser les plus jeunes à ces enjeux. Pour leur donner, grâce à une programmation dédiée et adaptée à chacun, quel que soit son âge, les moyens de s’approprier le patrimoine dans toute sa diversité.» Françoise Nyssen, Ministre de la Culture

Direction régionale des affaires culturelles Provence-Alpes-Côte d’Azur 23 boulevard du roi René - 13617 Aix-en-Provence Cedex 1 04 42 16 19 00 - sid-paca@culture.gouv.fr


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LA SÉLECTION DE ZIBELINE EN PACA, GARD ET HÉRAULT, POUR LA 34e ÉDITION DES JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE, PLACÉE SOUS LE DOUBLE SIGNE DE LA NATURE ET DE LA JEUNESSE

Jeunesse et patrimoines 5

0 États participent aux Journées Européennes du Patrimoine (JEP), dont le thème générique 2017 s’intitule Héritage et nature : un paysage de possibilités. Une volonté louable de reconnecter l’humain aux espaces naturels, en donnant accès aux sites remarquables, jardins historiques, parcs nationaux, et en soulignant l’importance de maintenir des biotopes encore sauvages. Chez nous, l’angle retenu se porte plus particulièrement vers l’avenir, dans un élan résolument optimiste. « Parce que la sensibilisation des jeunes générations à la connaissance et la préservation du patrimoine est un objectif prioritaire du ministère de la Culture, les Journées européennes du patrimoine sont placées cette année, pour leur trente-quatrième édition, sous le thème de la jeunesse. » Ainsi commence l’édito consacré par la nouvelle ministre, Françoise Nyssen, à cette manifestation initiée en France par son prédécesseur, Jack Lang, puis étendue à l’Europe afin de valoriser un héritage historique commun. Si le fil rouge de l’an passé, la citoyenneté, était destiné à rassembler le peuple français éprouvé par les attentats autour des valeurs républicaines, l’accent est mis aujourd’hui sur la transmission. Une transmission qui fonctionne bien, selon toute apparence : le succès des Journées ne se dément pas, année après année, les partenaires se multiplient, le public est là (ces dernières éditions, en moyenne, 30 millions de visiteurs pour 50 000 monuments et sites visités dans l’ensemble des pays participants, 17 000 lieux et 12 000 visiteurs sur le territoire français en 2016). Nouveauté en lien avec la thématique paneuropéenne, le ministère de la Transition Écologique et Solidaire s’associe au ministère de la Culture. Rappelant que « le patrimoine est aussi naturel », et que, tout statut d’aires protégées

confondues, il est « préservé sur près de 21% des terres et 22% des eaux françaises ». En s’appuyant sur la Convention Européenne de Florence, le ministère entend « sensibiliser la jeunesse au fait que le paysage n’est pas réductible à son aspect visuel, mais qu’il est travaillé par de nombreux facteurs humains et naturels qui interagissent de façon évolutive à travers le temps ». La synergie est efficace, la dynamique renforcée : qu’il s’agisse de patrimoine historique, culturel, naturel ou immatériel, les JEP 2017 seront empreintes d’une forte dimension pédagogique, avec nombre d’ateliers et de démonstrations, et pas seulement des dispositifs de portes ouvertes.

En Paca

Dans les Alpes-Maritimes, on s’intéressera par exemple avec le Jardin botanique de la Villa Thuret, à Antibes, aux espèces végétales susceptibles de résister au réchauffement climatique, par leurs facultés d’adaptation. Ou encore aux ravageurs qui prolifèrent en Méditerranée : pyrale du buis, processionnaire du pin et papillon palmivore. À Sorgues (Vaucluse), on partira à la découvert de la faune des bords du Rhône, avec les naturalistes de la Ligue pour la Protection des Oiseaux. Le Musée de la Camargue, fidèle à ses missions à l’interface de l’art, de la nature et des questions de société, invite de son côté à une interprétation des paysages si particuliers du delta du Rhône, au fil de l’eau et du temps (Pont de Rousty, Arles). À Marseille, c’est le passé solidaire et engagé du quartier Saint Louis qui sera mis en lumière par la coopérative Hôtel du Nord ; ses balades patrimoniales sont toujours surprenantes, et susceptibles d’éveiller un enthousiasme rafraîchissant pour les cités populaires... Les JEP y seront aussi l’occasion de découvrir un lieu magique en bord de mer : le Marégraphe, construit en 1884

pour déterminer l’altitude 0 de la France. Aujourd’hui encore, sans avoir perdu son © Gaëlle Cloarec ambiance à la Jules Verne mais équipé d’instruments modernes, il permet de mesurer le niveau des eaux. Dommage pour les personnes à mobilité réduite, le caractère inadapté des locaux ne permet pas de les accueillir.

Dans le Gard

« De 8 à 78 ans », muni de bonnes chaussures, on pourra participer à l’escapade promise par la Maison de la Garrigue à Marguerittes, pour mieux connaître cet environnement si riche et si fragile (le département 30 n’a pas connu de précipitations significatives depuis plus de 3 mois). Sur le site du Pont du Gard, outre la visite de la canalisation et celle de la carrière de l’Estel où les bâtisseurs romains se procuraient leurs matériaux, on ira à la rencontre des tailleurs de pierre, vieux métier en pleine renaissance, avec des démonstrations de maîtres et apprentis Compagnons. Les allées du Jardin médiéval d’Uzès accueilleront petits et grands, avec leurs quelques 500 variétés de plantes aux propriétés médicinales, aromatiques, tinctoriales, voire... magiques. On pourra aussi y voir les peintures de Robert Bush et les sculptures en bois de châtaignier de Stéphane Bernard (l’arbre emblématique des Cévennes, menacé comme beaucoup d’espèces par la mutation du climat). À Rochefort-du-Gard, l’historienne et écrivain Danièle Pécoup vous guidera dans les sentiers de la forêt, sur les traces des bouscatiers, charbonniers et bergers d’antan. Tandis qu’à Meynes, Théziers et Castillon-du-Gard, on ira à la découverte des nombreux fours de


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potier, des anciens lieux de production tuilière et des carrières d’argile qui faisaient la réputation de cette région de l’Antiquité au XXe siècle.

Et l’Hérault

On vous en a souvent parlé dans nos colonnes, la question des déchets est cruciale ; et pour en saisir les enjeux, rien ne vaut une visite des lieux de retraitement. C’est ce que propose le Syndicat Centre Hérault lors de Festi’ Compost : toute la journée du 17 septembre, sur sa plateforme de compostage, à Aspiran, enfants et adultes pourront participer à de nombreux ateliers, des conférences, des animations, et à la création d’un jardin sec. Afin de tout savoir sur la permaculture ou la taille des fruitiers, pratiques d’avenir s’il en est... Autre technique aussi utile qu’ancestrale, la construction de murs en pierre sèche, qui favorise la biodiversité. À Mureviel-les-Montpellier, des ateliers participatifs menés par l’association ACTOM vous donneront l’occasion d’en apprendre le tour de main. Si vous êtes plus contemplatif, sur les berges de l’Hérault, dans le Domaine départemental du Fesquet, on passera du temps à guetter les loutres dans leur habitat naturel, sans les déranger évidemment. Les amoureux du papier trouveront à la belle adresse de l’Écomusée de Puisserguier (rue de la Gaie Sortie, cela ne s’invente pas !) une exposition temporaire intitulée La Calamophilie, la calligraphie, les buvards. Portant sur les supports et outils d’écriture de l’Antiquité à nos jours, elle est

issue de l’exceptionnelle collection du Musée du Scribe de Saint Christol les Alès. Enfin, puisque de réchauffement (climatique) il a été beaucoup question, le Musée Fabre à Montpellier propose une conférence drôlatique de l’artiste contemporain Simon Nicaise, avec démonstration de sculpture sur sorbet... forcément éphémère : la fonte est inéluctable !

Enthousiasme citoyen

Une remarque en guise de conclusion... En 2014, le père des Journées, Jack Lang, accordait une interview à Zibeline (n°77). Il se réjouissait du plébiscite dont elles bénéficient, précisant que « le patrimoine est aujourd’hui sous la garde des citoyens eux-mêmes ». Il ne pensait peut-être pas si bien dire, si l’on en croit par exemple l’ardeur avec laquelle les habitants de Marseille

défendent, contre les promoteurs immobiliers, la carrière antique découverte dans le quartier de la Corderie. Selon l’historien Jean-Noël Bévérini (cité par 20minutes.fr le 16 août 2017), « la partie la plus ancienne du site pourrait même dater du VIe siècle avant J.-C., ce qui en ferait le berceau de la ville. C’est de cette carrière qu’ont été extraites les premières pierres qui ont servi à construire Massalia ». Les années à venir diront si ce trésor archéologique, dûment préservé des appétits de Vinci, fera partie des prochaines JEP. GAËLLE CLOAREC

Journées Européennes du Patrimoine 16 & 17 septembre journeesdupatrimoine. culturecommunication.gouv.fr

Patrimoine hospitalier L’Hôpital marseillais Saint Joseph participe aux Journées Européennes du Patrimoine à travers sa Fondation. Marc Nucera y présente notamment de grandes sculptures de bois, tandis que la photographe Geneviève Gleize expose son travail réalisé dans le cadre d’une résidence d’artiste in situ : 500 portraits de patients ou de membres du personnel hospitalier. Le 16 septembre, les Petits chanteurs de la Major ouvriront une série de rencontres musicales et concerts, qui se concluront par un hommage à l’Abbé Fouque, fondateur de l’hôpital en 1921. La journée du lendemain s’ouvrira également en musique, avec le Massilia Sound Gospel dirigé par Greg Richard dans la chapelle. Du théâtre et de la poésie concluront les festivités : les élèves des Lycées Saint Exupéry et Antonin Artaud interpréteront des extraits d’œuvres de William Shakespeare, Olivier Py et Hayet Darwich, puis Jean-Philippe Thorez et Karim De Broucker proposeront un moment de handi-lecture. G.C.


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Joie des Parcs LE MOIS DES PARCS NATURELS RÉGIONAUX S’EMPARE DE PLUS EN PLUS DES QUESTIONS ENVIRONNEMENTALES, ET APPORTE DES SOLUTIONS CONCRÈTES tout le territoire du Mois des Parcs participent au Jour de la Nuit, des sorties nocturnes pour prendre conscience des pollutions lumineuses, et commencer à « éteindre les lumières et rallumer les étoiles ». Agir concrètement passe aussi par l’adoption de procédés respectueux de l’environnement, en termes de construction notamment (une Journée autour des fours à chaux est ainsi prévue à Saint-Michel-L’observatoire le 14 octobre, des chantiers d’initiation à la technique de la pierre sèche tous les samedis de septembre dans les Préalpes d’Azur) ou de gestion forestière (à Thorenc, on pratique le débardage par traction animale, avec de robustes chevaux).

Festivités Pont aqueduc à la Maison de la biodiversité de Manosque © Myriam Auger

L

’espace temporel du Mois des Parcs s’allonge encore cette année, pour atteindre... presque deux mois. Nous n’allons pas bouder notre plaisir, d’autant que le projet de PNR de la Sainte Baume se précise, et qu’il vient s’ajouter aux sept autres structures que compte la Région Paca (Alpilles, Baronnies provençales, Camargue, Luberon, Préalpes d’Azur, Queyras et Verdon). L’objectif de la manifestation est d’inviter à la découverte de « leurs particularités, leurs savoirfaire, leur exceptionnel environnement culturel et paysager ». Avec une ambition particulière, revendiquée par le nouveau président de Région Renaud Muselier dans son édito : « militer pour la protection de notre patrimoine naturel régional et, au-delà, de celui de la planète toute entière ». On sait que les collectivités sont un élément clé de la protection de la biodiversité et de la lutte contre le réchauffement climatique, on espère que les actions concrètes seront à la hauteur des engagements pris, ne serait-ce que pour s’aligner sur les accords de Paris.

Parcours et découvertes

Sur le terrain, les questions environnementales apparaissent au premier plan, reflet des préoccupations citoyennes de plus en plus prononcées. Au programme, nombre d’animations pédagogiques pour tous les âges, de projections, de débats, de conférences. Le Parc des Alpilles, qui fête son 10e anniversaire le 8

octobre, propose ainsi d’apprendre à réduire son empreinte écologique, ou encore des échanges de graines lors d’un atelier « partageons nos cultures ». Nombre de circuits « découverte » également : Mouriès invite ainsi à une balade familiale le long des canaux et au pied des sources (Eau sauvage, eau cultivée, le 23 septembre). Le temps fort des Baronnies est une Fête des Simples, les 30 septembre et 1er octobre à Rosans, avec pour thématique Plantes libres, quel espace de liberté pour produire, vendre et utiliser les plantes aromatiques et médicinales ? Dans les Alpes-deHaute-Provence et le Vaucluse, l’agriculture biologique est à l’honneur, avec un accent mis sur le commerce équitable Nord/Nord. Le PNR du Luberon organise tous les mercredis des visites et dégustations dans les vergers conservatoires de la Maison de la Biodiversité à Manosque. On pourra aussi, le 23 septembre, inaugurer la Réserve biologique intégrale créée par Lagarde d’Apt sur sa forêt communale.

Actions concrètes

Ceux qui n’en peuvent plus de l’inaction pourront se défouler le 7 octobre à Goult (84), lors d’une journée d’arrachage de la Jussie, une plante exotique invasive qui menace les milieux naturels du Cavalon. Le même jour, on ira aussi aider au comptage des Gypaètes barbus, espèce menacée, organisé par le PNR du Queyras. Le 14 octobre, de nombreuses communes sur

D’une manière générale, et c’est vraiment bon signe, on retient des éditions précédentes un fort appétit de vivre et un esprit festif marqué. Toutes les occasions, traditionnelles ou récentes, sont saisies pour se retrouver autour d’un buffet local, à déguster du bon vin, et à refaire le monde de manière constructive. À Carros comme un peu partout en France et en Belgique, on a par exemple adopté la Fête des Possibles, qui aura lieu le 23 septembre à l’initiative du Pôle Energ’Éthique, et aborde de multiples sujets sous l’angle du renouveau : alimentation, déchets, argent, énergie, culture... Le concept du Mois des Parcs, riche en conscientisation du risque écologique et volonté de préserver nos environnements naturels, rencontre l’orientation nouvelle des Journées du Patrimoine (lire pages précédentes). Serait-il susceptible d’être repris ailleurs ? D’après la Fédération des Parcs Naturels Régionaux de France, une forte dynamique se ferait actuellement sentir entre les Parcs d’Occitanie, mais qui se traduirait plutôt par un mouvement de coordination pour favoriser les séjours touristiques. Pas les mêmes priorités, dirait-on. GAËLLE CLOAREC

Le Mois des Parcs Naturels Régionaux 3 septembre au 28 octobre moisdesparcs.regionpaca.fr



14 société

LE THÉÂTRE DES QUARTIERS SUD MARSEILLAIS CHANGE DE BRAQUET, AVEC UN NOUVEAU LIEU ACCUEILLANT ET BOISÉ, UNE PROGRAMMATION MULTIPLIÉE, ET UN CALENDRIER DE TOURNÉE CHARGÉ !

Nono nouveau Zibeline : Pourquoi ce nouveau théâtre ? Serge Noyelle : Ce n’est pas un nouveau lieu, mais l’aboutissement d’une transition. Nous sommes arrivés ici avec un chapiteau, qui a vieilli. Lorsque nous nous sommes aperçus que nous pouvions avoir un permis de construire, on a imaginé un lieu en dur, mais dans le même esprit, la même couleur : en bois, renouvelable, chaleureux, très simple, presque cistercien. Une vaste nef... Marion Coutris : Oui, avec dans les travées des loges, a minima, des locaux techniques, et de la largeur et de la hauteur, pour la fonctionnalité. Il est entièrement modulable, on peut y faire du frontal, du bifrontal, du quadrifrontal, y inventer des parcours... et y recevoir les gens. Pas seulement le public, les gens. Êtes-vous contents du résultat ? MC : À l’heure actuelle (entretien réalisé en août ndlr) il n’est pas tout à fait terminé, mais déjà on s’y sent bien. En pleine canicule on n’y a pas chaud, l’air circule, sans besoin de climatisation... Qu’est-ce que ce lieu va changer à votre activité ? SN : Nous allons changer de braquet ! Nous n’avons pas l’argent pour faire une véritable programmation, mais beaucoup d’idées ! Parlons d’abord de cela... Quels sont donc vos moyens ? SN : Nous avons eu les moyens de créer cette structure, les tutelles ont investi, mais pour le fonctionnement nous allons devoir faire avec ce que nous avions, à peu près. Depuis le départ de Guérini le Département est entré au fonctionnement de notre compagnie, et la Région a fait un gros effort, en fléchant son aide

vers notre action internationale et l’école. La Ville continue à nous soutenir, et l’État, qui ne conventionne plus notre Compagnie, veut bien désormais soutenir le lieu. Mais dans l’ensemble il va falloir que l’on trouve des ressources, parce nous nous avons à peu près le même argent qu’avant, avec des missions en plus, financées en partie seulement. Et que préparez-vous de neuf ? Vous parlez d’une école ? SN : Oui, une nouvelle école internationale, le Cerisier. Nous en avions une à Paris, ici elle nous semble nécessaire à notre projet. Elle est prévue sur deux ans, axée sur l’international, le Sud mais aussi Saint-Pétersbourg, où nous travaillons. Elle est pluridisciplinaire, musicale, chorégraphique, menée par les comédiens et les artistes de la compagnie ou associés, Alain Aubin et William Petit, et enrichie de sessions et Master Class avec les artistes programmés. Elle commence dès septembre ? SN : Oui ! L’inauguration du nouveau théâtre a lieu le 22 septembre, et nous reprenons le Cabaret Nono du 5 au 14 octobre. Le Cerisier fera partie de la fête. MC : C’est important pour nous, cette idée de rassembler les forces, de travailler avec des jeunes, des artistes de toutes les disciplines et de tous les horizons, de tous les ailleurs. Et les compagnies d’ici. En dehors des artistes associés notre saison propose des scènes ouvertes aux artistes marseillais, un temps fort autour de l’idée d’asile en décembre, les Rencontres Lily Pastré. Et aussi des Cafés musique, des Rencontres Sciences et art où il sera question de réinventer un futur vivable. Nous accueillerons les Festivals

© Théâtre Nono

Tendance clown et Le Train bleu, la Noche Soléa, la Nuit de la Saint Patrick... Et vos propres créations ? SN : C’est pour la compagnie une année importante, l’aboutissement de projets au long cours. Barokko, une grande forme réunissant de nombreux acteurs, chanteurs, musiciens, un véritable opéra, sera créé en avril. Avant cela il y aura aussi la création du Nègre des Lumières, d’Alain Aubin, qui a retrouvé des partitions et l’histoire incroyable de ce Chevalier noir, compositeur et bretteur au temps de Mozart... MC : À présent que Marseille est vraiment devenu un point d’ancrage solide, nous pouvons davantage rayonner : nous allons aussi tourner en Bulgarie en 2019, aux Pays-Bas en 2018, nous avons des tournées prévues en Chine, en Allemagne, nous revenons de Sibérie... nous tissons des liens internationaux qui vont nous permettre, ici, d’ouvrir les portes. Aux étudiants, aux amateurs, aux publics, aux artistes. SN : Oui, ouvrir à tous, parce que l’art est urgent. Parce qu’il faut chasser la peur, rêver, et réussir à changer le monde. ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL

Fête d’ouverture 22 septembre à 19h30 Cabaret Nono 5 au 14 octobre Théâtre Nono, Marseille 04 91 75 64 59 theatre-nono.com


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C’EST LA RENTRÉE : SORTONS ! À partir du 13 septembre, retrouvez toute la programmation de la saison 2017 / 2018 sur notre nouveau site internet : www.merlan.org

septembre danse

VEN. 22 19H

LANCER DE SAISON ! + LES SOIRÉES W H AT Y O U WA N T Thomas Lebrun CCN de Tours

danse

DIM. 24 10H15 13H15 15H15

théâtre

VEN. 29 SAM. 30 20H30

PROMENADE CHORÉGRAPHIQUE Ambra Senatore CCN de Nantes

DES TERRITOIRES

( . . . D ’ U N E P R I S O N L’ A U T R E . . . ) Baptiste Amann Pépinière du Soleil Bleu

octobre théâtre - danse

festival des arts et des écritures contemporaines

JEU. 12 VEN. 13

L AT E N I G H T Blitztheatregroup

20H30

26 septembre - 14 octobre 2017

théâtre

MER. 18 19H

m ar s e i lle

JEU. 19 VEN. 20

LE PETIT CHAPERON ROUGE Joël Pommerat C ie Louis Brouillard

20H30

infos & réservations > avenue Raimu, Marseille 14e > 0 4 9 1 1 1 1 9 2 0 / w w w. m e r l a n . o r g


16 événements

Après son succès à Avignon, le spectacle millimétré que Zabou a confié à quatre jeunes comédiens atypiques ouvrira la saison théâtrale à Toulon, à Aix et à Avignon

L

eitman © Philipp ou Br eQ Zab uai sse

a pièce écrite et mise en scène par Zabou Breitman est surprenante. La star aborde avec délicatesse un thème difficile : celui de la maladie mentale et de l’univers psychiatrique. De surcroît elle s’empare de cette matière ardue sans fard : fondé sur des recherches documentaires, et sur un travail d’acteurs de précision, logiquimperturbabledufou procède par courtes saynètes dans un mélange de réalisme et d’onirisme inédit : théâtre documentaire par son appui sur des conversations réelles, rendues avec précision par les acteurs dans une mimétique évidente, le spectacle décolle pourtant rapidement du réel, par des procédés de moins en moins discrets, comme si l’on pénétrait peu à peu dans les fantasmes des malades, qui rejoignent ceux des poètes. Un lapin passe, et tous le suivent, et mangent des carottes. Une fenêtre ronde se transforme en aquarium, des fleurs tombent sur le plateau, les dialogues joués en scène sont entendus plus tard depuis les coulisses, rejoués d’un autre point de vue. Les médecins sont délirants, dansent la samba, le rock, exécutent des portés acrobatiques, portent des chapeaux de fous et des entonnoirs : bref la folie semble s’emparer de tous, créative, loufoque, abolissant les frontières entre patients et soignants, entre littérature et récit du réel. Les spectateurs, tendus au début, rient à gorge déployée… et à Avignon un malaise parfois s’est installé.

Peut-on rire des fous ? La souffrance de la maladie mentale, et les approximations parfois cruelles du personnel soignant qui veut « piquer », « sédater », faire taire, et se faire obéir, sont sensibles au début du spectacle : une infirmière veut faire enlever un pantalon quand une patiente a froid, un autre refuse de donner un pull, de laisser téléphoner, un médecin exige que la

© Vincent Berenger

Au fou Zabou !

colère d’un patient soit maîtrisée… et à d’autres moments ils sont attentifs, aidants, à l’écoute. De même les patients, souffrants, différents dans leur forme de folie parfois très agressive, parfois assortie de délires, de lenteur, de frénésie, de balbutiements, ne sont jamais des caricatures manichéennes, simplifiées ou univoques. Mais l’introduction de décalages comiques, qui se veulent poétiques, amène certains spectateurs à rire des fous, non pas de leur « logique imperturbable », mais de leurs ridicules : quand l’un reconnaît son père dans un médecin, quand un autre délire avec sa camisole, quand une troisième explique qu’elle n’est pas délirante mais persécutée. Or quiconque a approché la maladie mentale, ses souffrances, ses impasses, ses désespoirs, quiconque se souvient des génocides récents et des eugénismes anciens, sait combien il est impossible d’en rire. D’en sourire bien sûr, poétiquement, parce que l’inventivité des fous est réelle, et proche de la créativité

des artistes. C’est sans aucun doute cette proximité que Zabou a voulu souligner. Mais les réactions de certains spectateurs attirés par son nom et venus s’amuser à Avignon sont déconcertantes : s’agit-il d’un malentendu, ou quelque chose dans logiquimperturbabledufou permet-il de se moquer de la maladie mentale ? AGNÈS FRESCHEL

logiquimperturbabledufou a été joué au Théâtre des Halles, durant le festival Off d’Avignon, du 6 au 29 juillet

à venir 28 septembre au 1er octobre Le Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr 7 & 8 octobre Les Halles, Avignon 04 32 76 24 51 theatredeshalles.com 12 au 14 octobre Jeu de Paume, Aix 08 2013 2013 lestheatre.net


ÉCRIVAINS EN LECTURES, PERFORMANCES ET CAFÉS LITTÉRAIRES

Jakuta Alikavazovic, Justine Augier, Joël Baqué, Lutz Bassmann (Antoine Volodine), Clément Bénech, Anne et Claire Berest, Arno Bertina, Philippe Besson, Jean-Marie Blas de Roblès, Miguel Bonnefoy, Grégoire Bouillier, Orianne Charpentier, Delphine Coulin, Louis-Philippe Dalembert, Kamel Daoud, Marie Darrieussecq, Julien Delmaire, François-Henri Désérable, Patrick Deville, Pierre Ducrozet, Jenni Fagan, René Frégni, Brigitte Giraud, Thomas Gunzig, Yannick Haenel, Florence Hinckel, Célia Houdart, Philippe Jaenada, Matthieu Jung, Laura Kasischke, Philippe Katerine, Marie-Hélène Lafon, Hervé Le Tellier, David Lopez, Marielle Macé, Maryam Madjidi, Agnès MathieuDaudé, Lisa McInerney, Marie Modiano, Richard Morgiève, James Noël, Paul Otchakovsky-Laurens, Mazarine Pingeot, Victor Pouchet, Éric Reinhardt, Catherine Richard-Mas, Joy Sorman, Sébastien Spitzer, Chantal Thomas, Callan Wink, Alice Zeniter Avant-première du film Éditeur de Paul Otchakovsky-Laurens

LECTURES SPECTACLES

Si un inconnu vous aborde de Laura Kasischke par Ludivine Sagnier Lettres d’Amérique de Nathalie Sarraute par Catherine Frot Lettres à Anne de François Mitterand par Laurent Poitrenaux Donc c’est non d’Henri Michaux par Pierre Baux

CONCERTS LITTÉRAIRES

Cyril Mokaiesh Radio Elvis, Le voyage est immobile Les garçons manqués : Nicolas Rey & Mathieu Saïkaly Les siestes acoustiques de Bastien Lallemant & ses invités

CONFÉRENCE-SPECTACLE

Ce que je sais de la mort. Ce que je sais de l’amour de et par Philippe Katerine, accompagné de Philippe Eveno


18 événements

Macha Makeïeff ouvre la saison de la Criée avec une création aussi personnelle qu’universelle : La Fuite de Boulgakov parle de son histoire, et de celle de tous les exils

Macha Makeïeff © Olivier Metzger

À la Russe !

Zibeline : La Fuite est un texte de Boulgakov peu connu en France. C’est une pièce de théâtre ? Macha Makeïeff : Oui, écrite pour la scène au moment où Boulgakov commençait Le Maître et Marguerite, et travaillait au Théâtre d’Art. Une pièce conçue pour le plateau, mais immédiatement interdite de publication et de représentation. Elle n’a donc jamais été montée en France, et en Russie depuis très peu de temps. Interdite pourquoi ? Parce qu’elle ne répondait pas, dans les années 30, au conformisme réaliste et à l’éloge des Soviets. Boulgakov se place du côté des vaincus et prend oniriquement la route de l’exil. Ce n’est pas une pièce politique, mais elle est absolument libre : fatigué d’être un artiste empêché d’écrire, Boulgakov ne prend pas le parti des Russes Blancs, il ne fait pas leur éloge, mais il met en scène la décomposition des cœurs et des âmes, des hommes, lorsqu’ils sont amenés à fuir, et placés face à leur défaite. La Fuite est une suite de 8 songes qui s’enchaînent, avec une introduction discrète du fantastique, des personnages qui disparaissent, des objets qui passent d’un rêve à l’autre. Et aussi l’humour de Boulgakov, un rythme de vaudeville, une ironie constante. À la Russe ! Cela fait aussi écho à votre histoire familiale... Évidemment. Cette année 20/21, année de la défaite des Russes Blancs, est celle où mes grands-parents ont pris la route de l’exil. Année où le général Vranguel recule jusqu’en Crimée, est défait à

Sébastopol par les Rouges. Mes grands-parents sont descendus jusque là, sont passés comme dans la pièce par Constantinople, puis ont attendu qu’un rafiot les emmène vers Marseille. La Fuite va jusqu’à Paris, mais c’est le trajet commun des Russes Blancs. Celui que Boulgakov a reconstitué 10 ans après depuis l’Union Soviétique à partir de récits d’exil. Celui qui constitue pour moi une archéologie de la Russie, le pont entre les fragments de mon enfance, les récits écrits au-delà de la ruine de l’exil. Mes grands-parents hallucinés avaient retenu de cette période extrêmement déchirante de l’exil des fragments sans queue ni tête. Comme la plupart des Russes Blancs que j’ai rencontrés ils voulaient la fin des Tsars et se sont sentis trahis dans l’idéal révolutionnaire qu’ils partageaient au départ. C’est le cas de Pasternak, ou de Boulgakov, des artistes empêchés d’écrire qui crevaient littéralement de faim.... Oui c’est un spectacle qui dans ma vie a une place particulière, vitale. Cela commence par les souvenirs d’une petite fille de 10 ans dans les années 60, avant de glisser dans la pièce de Boulgakov, que j’ai adaptée. Cela aussi bien évidement fait écho aux exils d’aujourd’hui en Méditerranée. Et plus métaphoriquement à tout ce qui fuit et échappe, à la vie qui s’écoule en dépit de ce qu’on voudrait en retenir... Le dernier tableau, que j’ai adapté aussi, fait place à la rédemption. Et vous le créez en octobre 2017... Oui ! Figurez-vous que je n’avais même pas conscience de ce centenaire ! 100 ans après la fracture, exactement ! Je fréquente ce texte depuis longtemps, j’ai beaucoup tourné en rond autour, mais c’est seulement après avoir décidé de le monter, après avoir commencé à travailler, que j’ai réalisé la coïncidence, forcément signifiante, de cet octobre 17... Vous dites fracture, et pas révolution ? L’abandon progressif des petites gens, la privation totale de liberté de penser, de s’exprimer, c’était la trahison du rêve révolutionnaire. Et comment mettez-vous en scène ces trahisons et cette fuite ? Avec toute le joie possible, toute cette joie russe si particulière. Avec des danses, des chants populaires et Tchaïkovski, avec des lumières oniriques travaillées par Jean Bellorini, avec un décor qui change d’un songe à l’autre mais des objets qui construisent de petits scénarios parallèles. Ça bouge beaucoup, mes 11 acteurs sont fantastiques, il y a une petite fille et une chanteuse lyrique, deux femmes fortes qui jouent des rôles d’hommes parce que ma grand-mère, quand elle racontait la Russie, incarnait tous les personnages, et que ses femmes étaient des guerrières... Trissotin a beaucoup tourné. La Fuite prend-elle la suite ? Oui, le spectacle est programmé à Lyon, Angers, Saint Denis, une première série avant janvier, une autre plus tard dans la saison... Et la Criée va bien ? Oui ! Les réservations n’ont jamais été aussi nombreuses, le succès de Trissotin nous a permis d’investir dans la production, et j’espère faire venir de plus en plus de productions internationales. Tout va bien ! AGNÈS FRESCHEL

La Fuite! Comédie fantastique en huit songes... 6 au 20 octobre La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com


MHD • BIGFLO & OLI • AMADOU & MARIAM CHINESE MAN • KEZIAH JONES • MAT BASTARD CODY CHESNUTT • OMAR SOULEYMAN PONI HOAX • SPOEK MATHAMBO PUERTO CANDELARIA • MO LAUDI • TRISTESSE CONTEMPORAINE YASMINE HAMDAN • CYMANDE • CHARLES X • JOEY LE SOLDAT TAIWAN MC • RHINO • BIG JUNIOR • LABESS DISSONANT NATION • LA METHODE • GANG OF PEAFOWL AMBUSH • IN’OUBLIABLES • BAL FORRÓ TONY S - WALKABOUT SOUND SYSTEM BLOCO « UNIÃO DU SUD » • BANDA DU DOCK FIESTA DES MINOTS

DÎNER SPECTACLE 5, 6, 7, 10, 12, 13 & 14 OCTOBRE I 20:30 I TARIF: 55€ (tarif réduit 50€)

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Salagon, musée et jardins à Mane, Alpes de Haute-Provence

Terre du milieu, terre ouverte

Visuel © Mathias Poisson

LES MOUVEMENTS DE POPULATION DANS LES ALPES DE HAUTE-PROVENCE 1800-2017

www.musee-de-salagon.com Retrouvez-nous sur

1ER MARS 8 OCTOBRE 2017


20 événements

Les 7 et 8 octobre, Pierre Sauvageot, compositeur et directeur de Lieux publics, présentera à Marseille sa dernière œuvre, Grand Ensemble, après une première à Paris en juillet, et avant une tournée internationale qui s’annonce vaste. Cette création est un pari un peu fou : établir le « dialogue entre un immeuble et un orchestre symphonique »

Pierre Sauvageot © Torben Gocke

Du son aux balcons Zibeline : Grand Ensemble est le mélange d’une partition de musique classique et de sons du quotidien urbain. Comment est né ce projet ? Pierre Sauvageot : Comme souvent dans le processus artistique, ce projet naît d’une tension, au sens électrique du terme. Si vous trouvez la bonne résistance entre le plus et le moins, vous produisez de la lumière, de la chaleur. En tant que compositeur œuvrant sur l’espace public, il y a très longtemps que je souhaitais travailler avec un orchestre symphonique. Mais ce sont deux choses très différentes, presque incompatibles. L’orchestre est confiné aux salles, à l’abri de tout bruit parasite. À Lieux publics nous travaillons face à de grandes barres d’immeubles, qui sont comme des scènes de théâtre. On a envie parfois de franchir les murs pour voir ce qui se déroule dans ces espaces de vie, séparés de quelques mètres les uns des autres. Souvent, ceux qui y vivent se côtoient peu, et les bruits qui se mêlent, agréables ou pas, sont les liens entre les habitants. L’idée d’associer ces deux idées, ces deux univers, s’est imposée. Je ne voulais pas d’un projet participatif. Nous en faisons beaucoup, mais pour celui-ci je souhaitais une autre démarche. L’intention a donc été de traduire la polyphonie urbaine, naturelle, par la polyphonie de l’orchestre symphonique.

Comment avez-vous alors créé cette double partition ? En apparence, l’orchestre symphonique ne présente pas de diversité culturelle. C’est la musique occidentale, classique, qui s’adresse généralement à une classe sociale spécifique. Mais c’est elle qui a poussé le plus loin la polyphonie. Aucun des musiciens ne joue la même chose mais l’ensemble est harmonieux. J’ai donc voulu réunir 50 musiciens classiques, les séparer chacun sur un balcon, et les confronter à la fois aux bruits de l’immeuble (ascenseur, pas, portes qui claquent, radios ou télés qui s’allument, enfants qui pleurent, etc.) et à l’espace. Ainsi, de fenêtres en fenêtres, la musique et les sons se mélangent, voyagent et évoluent. Le terme de dialogue m’apparaît très important. Pour cela, j’ai composé la partition classique, et dans le même temps, nous sommes allés à la rencontre des habitants. Le projet n’est pas « participatif » en soi, mais nous avons beaucoup échangé avec eux. Et nous avons réalisé toutes sortes de captations sonores de leur vie quotidienne, de leur histoire, de l’histoire de leur lieu d’habitat, qui s’insèrent à la musique. En pratique, comment se déroule le concert ? Les spectateurs (à Marseille, ils pourront être un millier) sont installés au pied de l’immeuble,

sur des sièges ou des transats. Les habitants, eux, font ce qu’ils veulent. Ils sont chez eux ou pas, comme bon leur semble. La musique classique n’est pas faite pour l’improvisation, tout passe par l’écrit. La partition est donc conçue pour que les bruits soient calés précisément. Ils sont sonorisés, tandis que les instruments, eux, jouent en acoustique. Je suis un adepte de la désinflation sonore. On s’est habitué au son très amplifié, j’ai plaisir à m’en éloigner, pour retrouver l’écoute. En même temps, dans l’espace public, on ne maîtrise rien. La façade vit pendant le spectacle, et bien souvent, les coïncidences fonctionnent très bien ! À Paris l’accueil a été enthousiaste et nous avons déjà beaucoup de propositions de tournée, en France et à l’étranger. À Marseille, nous jouerons avec l’Orchestre Régional Avignon-Provence, qui est co-diffuseur du projet et qui le porte avec beaucoup d’envie et d’engagement. En juin prochain, c’est déjà programmé, le concert aura lieu à Avignon. PROPOS RECUEILLIS PAR JAN-CYRIL SALEMI

Grand Ensemble 7 & 8 octobre, 16h et 18h Rue Léon Paulet, Marseille 8e 04 91 03 81 28 lieuxpublics.com


Métropole surréaliste

L

es médiathèques de la Métropole Aix-Marseille-Provence vont se couvrir d’exquis cadavres en forme de mots vivants. La faute à qui ? À Karwan, Bâtisseur de projets culturels métropolitains. Rencontre avec sa directrice... Zibeline : Vous en appelez aux citoyens pour écrire des Cadavres Exquis Métropolitains. D’où vient ce projet ? Anne Guiot : La Métropole a lancé cet hiver un appel à projets, « La lecture par nature » (13 projets singuliers en tout, ndlr), qui prend appui sur les médiathèques du territoire et veut développer la lecture publique. Nous y avons répondu, et 11 médiathèques ont retenu notre projet : la BMVR à Marseille, et les médiathèques de Gardanne, Istres, Lançon-de-Provence, Meyrargues et Bouc Bel Air. Pourquoi cet appel à projet a-t-il intéressé Karwan ? Il semblait fait pour nous ! Contribuer à l’émergence de cette nouvelle métropole par la poésie, le surréalisme, la participation des citoyens, autour de la nature qui plus est, cela correspond à ce que nous faisons depuis des années. Je suis certaine que les territoires se bâtissent d’abord par l’imaginaire, l’usage et la langue, et qu’il ne s’agit pas pour la Métropole de s’inventer par une simple mise à l’échelle. Le projet se déroule en trois phases... Oui, la première est lancée : nous avons conçu un site cadavresexquismetropolitains.com, que les bibliothèques et le rectorat relaient, pour que chacun puisse écrire sa phrase... Chaque médiathèque a choisi 10 phrases dans 10 livres, auxquelles il faut accrocher 5 autres phrases, en ne connaissant bien sûr que celle qui précède... Nous recueillerons sur notre site tous ces cadavres exquis, jusqu’en novembre. Du 12 au 27 octobre des ateliers seront menés dans chaque médiathèque par Karelle Ménine, artiste, auteur et journaliste qui a conçu une Phrase, qui traversait la ville de Mons et a marqué la Capitale Culturelle ; et par Germain Prévost, alias IPIN, illustrateur qui fait partie de Lézarapart... Chaque atelier réunira 10 participants, et ils travailleront en particulier la partie graphique. Enfin, du 28 octobre au 18 novembre les deux artistes écriront dans l’espace public à partir de ces ateliers, des Cadavres Exquis du site, et éparpilleront tout cela dans l’espace, en concevant des trajets de lecture différents, superposés, à inventer !

AIX– M ARSEILLE

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL

Ecrivez votre phrase sur cadavresexquismetropolitains.com Inscriptions aux ateliers dans les 6 médiathèques concernées © X-D.R., La Phrase, Mons 2015

Les T H É ÂTR E S C ’ E S T 4 T H É ÂT R E S

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22 événements

Le Klub de Klap claque sous nos pieds Dans son 12e festival Question de danse, Michel Kelemenis nous invite à danser pour inventer «  un monde commun ». Sans autre engagement que celui d’être heureux, ensemble

Michel Kelemenis © Gregory Batardon

Zibeline : Sur la carte des festivals de danse, comment définissez-vous Question de danse, proposition singulière dans ses fondements et ses objectifs ? Michel Kelemenis : C’est la 12e édition et si nous revenons en arrière, c’est 6 ans avant l’ouverture de Klap. Cette manifestation nous a permis, au titre de compagnie, de faire venir à Marseille des projets en cours de fabrication dont on proposait de faire publiquement le commentaire. La singularité de Question de danse est qu’il s’agit d’un festival de création dans tous ses états. Cette année, il y aura 7 créations et 7 projets en cours de fabrication qui feront l’objet d’une présentation et d’un

débat pour mettre des mots sur le parcours vécu par les artistes. C’est un festival, effectivement, avec une quinzaine de soirées autour de la notion de création. Klap a hérité de cette histoire quand, il y a douze ans, je pressentais la nécessité de créer un nouveau lieu pour la danse à Marseille. Un des éléments de ma stratégie était de créer des contenus pour pousser les murs. Question de danse est typiquement l’incarnation de cette idée. Est-ce à dire que Klap va au-delà de la diffusion de spectacles en qualité de producteur et de soutien aux artistes ? Avec l’outil qu’est Klap, nous pouvons rêver, mettre en œuvre, partager et créer jusqu’à

son terme un spectacle dans d’excellentes conditions techniques : il y a là un chemin d’accompagnement sur l’élaboration des projets, la manière de les concevoir, de les approcher, qui est réalisé par mon équipe et la compagnie. Mon statut personnel d’artiste rend difficile la promotion et la diffusion d’autres artistes. Klap a la particularité d’être dirigé par une compagnie indépendante, très active, qui doit elle-même beaucoup travailler à sa propre existence. Tout ce qui est de l’ordre de l’accompagnement relève de la conception initiale ou générale des projets dans le cadre de leur fabrication. Cependant, nous sommes en relation permanente avec un réseau d’affinités avec lequel nous partageons beaucoup : Klap peut être un endroit de résonance pour un projet. En quoi les artistes de Question de danse « confortent les fondations d’un futur pluriel pacifique » pour citer votre éditorial ? Évidemment c’est une forme éditoriale qui a besoin de s’élever par rapport au quotidien. Ce que je raconte ici, c’est l’impact énorme qu’a eu sur moi la chance d’être le premier chorégraphe français invité en Afrique du Sud au moment de l’élection de Nelson Mandela, quand la diplomatie culturelle française reprenait sa place dans le pays. Ce que je vois à ce moment-là, c’est que l’un des premiers éléments mis en œuvre par la présidence est la fabrication de nouveaux lieux pour que tous y convergent en même temps. C’est-à-dire créer un endroit du commun. Aujourd’hui, là où l’on voit une dégradation de la relation de l’un à l’autre et des valeurs sociétales, il est fondamental de travailler sur ce qui va nous être commun. Le propos de ces créations n’a pas à être rapporté à cette idée-là, mais le fait même de la création me semble être l’invention d’un demain commun. Sur les artistes à proprement parler, on se rend compte que par des glissements sémantiques, beaucoup ont cette interrogation : comment construire ou reconstruire une société ? Cette 12e édition est marquée par une initiative : le Klub de Klap. Fait-il partie de cette dynamique fédératrice autour de l’art et de la culture que vous appelez de vos vœux ?


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Trois petits tours et puis reviennent !

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Téra-création d’après une photo de Christophe Raynaud de Lage

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Le gros sabordage Mondiale générale Le grosLa sabordage L’Aérien Mélissa générale Von Vépy La Mondiale Santa Madera Juan Ignacio Tula et Stefan Kinsman L’Aérien Verein©L.Depreitere Diktat Sandrine Mélissa VonJuglair Vépy Sabordage ! La Mondiale générale Entre Santa Vincent Berhault Madera Juan Ignacio Tula et Stefan Kinsman www.theatre-arles.com / 04 90 52 51 51 Diktat Sandrine Juglair Téra-création d’après une photo de Christophe Raynaud de Lage

L

es artistes sont chez eux à Klap Maison pour la danse qui les accompagne dans leur processus créatif s Cirqla rencontre Dejusqu’à avec le public. Pour preuves les projets en cours deuMathieu es Desseigne de Naïf production à Avignon (La chair a ses raisons), inéla sCie l du Collectif Ès de Lyon (Jean-Yves, Patrick et Corinne), de p i Kashyl de Calvados (Unisson), du marseillais Olivier Muller (Hoodie). Simultanément, Question de danse pousse les murs de la création régionale et nationale avec des ouvertures sur l’Irlande et son duo féminin Sibéal Davitt & Kristyn Fontanella en grande conversation dans As we know it, l’Espagne et son théâtral Iu An au re Mi de Lali Ayguadé, l’Afrique du sud à travers deux tobvisages, du 7 o c celui de la performance de Fana Tshabalala (Border) et de la Le gros sabordage La Mondiale générale L’Aérien Mélissa Von Vépy création de Desiré Davids (Transit), la Suisse et l’Allemagne Santa Madera Juan Ignacio Tula et Stefan Kinsman en compagnie de Lea Moro qui dévoile Sketch of togetherness, Diktat Sandrine Juglair Sabordage ! La Mondiale ou encore les Pays-Bas et son troublant If you could seegénérale me now Entre Vincent Berhault de Arno Schuitemaker et la Belgique avec le projet engagé de 90 52 51 51 Liz Kinoshita You can’t take it with you www.theatre-arles.com créé les 2 et 3/ 04novembre au Vooruit Arts center à Gand. Cerises sur le plateau, nombre de créations, dont celles d’Hervé Robbe, Harris Gkekas, Henrique Furtado & Aloun Marchal, ou encore d’Éric Oberdorff et Sébastien Ly dont Klap nous a précédemment mis l’eau à la bouche (à lire sur journalzibeline.fr).

Question de danse 16 septembre au 21 octobre Klap Maison pour la danse, Marseille 04 96 11 11 20 kelemenis.fr

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PROPOS RECUEILLIS PAR MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

© Téra-création d’après une photo de Christophe Raynaud de Lage

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C’est la formulation claquante de l’idée que je défends. C’est parce que Klap est dans un quartier urbain aujourd’hui désigné comme le plus pauvre de France que nous nous devons d’être volontaristes à l’endroit de la création chorégraphique avec le public, avec la rencontre du lieu avec son voisinage le plus immédiat qui n’a pas coutume de fréquenter un lieu de culture. L’idée n’est pas de faire « Les Amis de », mais de demander aux gens de devenir les porte parole actifs de ce que nous faisons. Notre manière de communiquer est de rappeler que c’est souvent gratuit ou qu’il en coûte 5 euros pour découvrir une forme aboutie, une perle absolue ou un travail peut-être abscons… Je veux travailler à la constitution d’un réseau de gens passionnés qui ont envie que, demain, plus de gens profitent de ces cadeaux. Parce que c’est un cadeau de voir la création d’Hervé Robbe en ouverture du festival…

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Des Cirqu es s é n i l ip

Sabordage ! La Mondiale générale Entre Vincent Berhault

www.theatre-arles.com / 04 90 52 51 51


24 événements

Josette Baïz crée Amor au Pavillon Noir, un florilège de haute volée interprété par sa Compagnie Grenade

Une danse porteuse de sens Zibeline : Pourquoi avoir choisi de présenter un florilège plutôt qu’une œuvre seule ? Josette Baïz : En règle générale, j’aime bien alterner, entre mes propres créations et d’autres œuvres chorégraphiques. Je renoue ainsi avec des chorégraphes de ma génération et provoque des rencontres avec de jeunes artistes novateurs. Cela me permet de ne pas m’enfermer dans mes propres propositions et de faire évoluer mes danseurs en fonction de ces rencontres. Le choix des extraits et des chorégraphes est-il lié à la personnalité de vos danseurs ? À leurs corps ? Eux-mêmes vous proposent-ils parfois pièces, mouvements, interprétation ? Je vais vers ce qui m’interroge. Et avec les enfants je choisis les pièces en fonction de ce que leur corps peut faire. Quant à la Compagnie adulte, le choix est en rapport avec le thème. Ici, pour Amor, j’ai dû trouver diverses œuvres évoquant l’amour, de manière différente, créées par des chorégraphes des années 1980 (Claude Brumachon ou Joëlle Bouvier/Régis Obadia, Angelin Preljocaj), et de jeunes chorégraphes (Aïcha M’Barek/Hafiz Dhaou, Sharon Fridman, Richard Siegal, Patrick Delcroix et Nicolas Chaigneau/Claire Laureau). Je module l’enchaînement des pièces avec des transitions que je crée afin que, réunies, elles forment un seul spectacle. Vous inscrivez la danse dans son histoire, son évolution… en quoi les codes de représentation ont-ils changé ? Énormément de choses ont changé, surtout après ce que l’on a appelé l’avènement de la Non Danse dans les années 1990. Déjà dans les années 1970 la « post modern » danse américaine avait tout chamboulé. Depuis une quinzaine d’années, les chorégraphes sont concentrés sur une recherche d’énergie, de poids, d’un mouvement non décoratif basé principalement sur la matière du corps. La danse contemporaine c’est qu’on peut tout faire et tout dire, tout. L’important c’est la qualité, l’ouverture du mental et du corps. Vous semblez insuffler, chaque fois, une passion qui transcende vos danseurs, les amène à se dépasser. J’adore tout simplement la danse. Je passe mon temps à chercher le déséquilibre et ceux de mes danseurs. Déséquilibrer dans le sens où je ne souhaite pas rester dans des schémas répétitifs. En 1989, quand le Ministère m’a demandé d’aller dans les quartiers populaires, j’ai peu à peu formulé une danse singulière, inspirée d’un métissage de cultures chorégraphiques. On aurait pu en rester là, mais j’ai souhaité, recherché, de nouveaux défis chorégraphiques qui nous portent. Les danseurs qui mettent un pied sur scène doivent tout de suite chercher ce qu’ils ont à dire et comment ils, elles, le disent,

Josette Baïz © Cécile Martini

et savoir exister en rapport avec leur personnalité, leur intériorité. Le thème choisi pour votre nouvelle création, Amor, est-il une réponse ? Une interrogation du monde ? Une interrogation, c’est le mot juste parce que dans les pièces choisies il y a des questions. Ainsi les chorégraphes tunisiens Hafiz Dhaou et Aïcha M’Barek ont créé un duo au moment de la révolution de Tunis en interrogeant la possibilité du contact entre les hommes et les femmes. Dans le programme Amor, il y a de la violence, de la passion, de la souffrance, de multiples interrogations. Les chorégraphes des années 80 et les plus jeunes ne le disent pas de la même manière. Des projets ? Le 20 octobre, c’est l’inauguration de nos lieux mis à disposition par la Ville d’Aix-en-Provence. En 2018, le projet D’est en ouest pour les enfants (8-10 ans) de Grenade avec des chorégraphes du monde entier consacre de fait nos années de travail auprès des jeunes. Nous avons l’ambition de devenir un pôle international chorégraphique pour les jeunes, pour que le travail continue, car c’est une démarche unique au monde. ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARYVONNE COLOMBANI

Amor 7 au 9 octobre Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org


30 sept.

USICAL MADIBA, LE M 13 oct.

PIERRE ET LE LOUP LE ROI ET L’OISEAU Cie (1)Promptu

24 nov.

HØMÅJ A LA CHONSON FRANÇAISE

BLØND & BLOND & BLÕND

15 déc.

ALICE,

6 oct.

BROADWAY, NOUS VOILA Les Comédiens des Quatre Tours

18 nov.

TETE

LES CHRONIQUES DE PIERROT LUNAIRE

1er déc.

TARA SUR LA LUNE 12 janv.

LES CAVALIERS

LA COMEDIE MUSICALE

16 fév.

9 fév.

LE TOUR DU MONDE EN 80 JOURS Cie La Naïve

23 fév.

LE POINT VIRGULE FAIT SA TOURNEE 6 avril

TUYAUTERIE

Charlie Dupont & Tania Garbarski

Espace NoVa Velaux 997 avenue Jean Moulin 04 42 87 75 00

MACHINE DE CIRQUE

24 mars

CANDIDE L’AFRICAIN Cie Marbayassa

20 avril

VOYAGE EN ITALIE ITI

VIVALDI, BELLINI, DONZETTI,

ARD

de Orchestre de Chambre Marseille

2 juin

CE QUE LE JOUR DOIT A LA NUIT Cie Hervé Koubi

Tarifs et réservations sur espacenova-velaux.com


26 événements

Aux aguets !

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e revoilà notre Festival qui rime doucement avec automnal et dont l’élégante signalétique fait flotter sa cristalline bouée sur une mer de sacs-poubelles tendance goudron ; à quelle traversée nous convie donc en cette 17e année le fidèle Actoral, plus que jamais voué aux formes et aux questionnements du contemporain y compris dans ses crises les plus aiguës ? D’abord alerter sur la présence de deux monstres qu’il faudra affronter coûte que coûte : le Rêve et Folie de l’incisif et intraitable Claude Régy, éclatante perle noire dans la bouche de Yann Boudaud, seul en scène avec le terrible texte du poète autrichien Georg Trakl (Joliette-Minoterie) et la performance tous azimuts de 6 heures proposée par le canadien Dave St-Pierre (Montévidéo), Néant 360 comme « immensité d’un absolu » impossible à atteindre. Pas moins inquiétant, le sculpteur-performeur Tim Spooner dans The Voice of Nature manipulera éléments, objets et forces jusqu’à la rupture (La Friche) ; Messier et Thériault pratiqueront Con Grazia la destruction méticuleuse d’où devrait naître un son et lumière à la beauté convulsive (Bernardines), tandis que le duo en miroir Robbert&Franck Franck&Robert compte bien se dupliquer en atomes et se déploie déjà dans un fantastique titre-programme Don’t we deserve grand human projects that give us meaning (La Criée) ? L’inquiétude et l’étrangeté familière se propageront certainement avec la création de Winterreise du norvégien Fredrik Brattberg mis en scène par un Tommy Milliot dont la jeunesse n’entrave pas la maturité ni la sensibilité aux infimes dérèglements affectifs (La Friche) ; et accompagneront aussi sans doute le travail de deux danseuses-chorégraphes canadiennes -Daina Ashbee qui explore dans Pour les différentes facettes du cycle menstruel féminin (La Friche) et l’inclassable bien que très reconnue Dana Michel, aux prises avec des « décombres poilus » susceptibles de réveiller la bête dans l’instable forme de Mercurial George (Bernardines) ; la franco-suisse Yasmine Hugonnet ne

rassurera pas son public dans ses 2 courtes pièces de 50mns qui jouent de la posture et de l’imposture et si la Divine Comédie de Dante est convoquée c’est semble-t-il pour mieux l’engloutir (Bernardines) ! L’ébranlement sera peut-être complet lorsque le zurichois Phil Hayes, avec le naturel armé et tenace de Groucho Marx (These are my principles…), nous aura noyé dans nos propres contradictions (MuCEM). Que va-t-il nous rester alors ? Sur quels horizons fixer nos regards ? Actionner la Gâchette du Bonheur que nous tendent Ana Borralho et João Galante en questionnant une douzaine de jeunes adultes marseillais sur leurs rêves et leurs attentes (La Criée) ? Vérifier que c’est bien Ensemble Ensemble que nous devons absolument vivre comme Gâchette du bonheur © Leonor Fonseca l’affirme la pièce foisonnante et polymorphe de Vincent Thomasset créée en ouverture de festival (Gymnase) ? Se souvenir en tout cas que le temps des révolutions n’est peut-être pas révolu et le second volet de la trilogie Des Territoires de Baptiste Amann (…D’une prison l’autre…) ressuscitera Louise Michel pour mener des combats inédits (Merlan) ! Ne pas oublier non plus que les rivages du cinéma peuvent être accueillants, comme nous le rappellera en avant-première l’étonnante Conversation entre Mohamed El Khatib, toujours soucieux de trouver la beauté cachée dans les vies les plus humbles, et le « filmeur » Alain Cavalier dont les préoccupations sont proches (Montévidéo) ; la consolation nous viendra sûrement de nos chers Antoine (Oppenheim) et Sophie (Cattani) du collectif Ildi!Eldi qui « font leur cinéma » en 5 épisodes en étroite collaboration avec l’éternelle et grande questionnante du désir qu’est Olivia Rosenthal dont on connaît bien les récits publiés aux Editions Verticales (Bernardines). D’autres propositions encore croiseront la route des images, dont le film réalisé à même le plateau avec, entre autres collaborateurs, l’ensemble 25 de l’ERAC et l’Ecole Nationale de la Photographie sous la direction de Karim Bel Kacem, jeune metteur en scène franco-suisse partisan de l’élargissement du théâtre par des formes d’hybridation n’excluant pas le politique, et ce à partir du roman Anima de Wajdi Mouawad (La Friche). De quoi rassurer Hubert Colas et les spectateurs de Marseille et d’ailleurs : Actoral, au-delà des fortunes de mer, nous permet de garder la tête bien au-dessus de l’eau ! MARIE-JO DHO

17e édition du festival Actoral 26 septembre au 14 octobre Divers lieux, Marseille actoral.org


lieu d’arts contemporains résidences d’artistes - centre d’art arts ViVants | arts Visuels sessions de pratiQues partaGées aVec les artistes sorties de résidences i spectacles ouVertures d’ateliers | expositions

ouVerture de saison 2017 - 2018 mercredi 20 septembre à 13h30

3 bis F - lieu d’arts contemporains hÔpital psYchiatriQue montperrin 109, aV du petit barthelemY aix-en-proVence 04 42 16 17 75 - WWW.3bisF.com

GRAND CORPS MALADE

ZABOU BREITMAN

KERY JAMES

2017 SÉVERINE CHAVRIER

RAPHAËL PERSONNAZ

DOROTHÉE MUNYANEZA

MICHA LESCOT

PAULINE BAYLE

LAETITIA CASTA EMMA DANTE

NASSER DJEMAÏ

2018 OLIVIER MARCHAL MAËLLE POÉSY

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JÉRÔME DESCHAMPS

CYRIL TESTE

I ll ustrat i on — Zo se n & M in a Ham ada

AMIRA CASAR


28 événements

19e édition des Correspondances : à Manosque, les mots sont en liberté et s’expriment à travers tous les sens

Lire, au présent pluriel voyage au pays de la création littéraire, qu’il excelle à nous faire découvrir, troublant les sources, multipliant les facettes, inventeur d’une vérité qu’il apprivoise et développe au cœur de ses mots et de sa vie. Kamel Daoud accompagnera Zabor ou les psaumes, son deuxième roman après son remarquable Meursault, contre-enquête. Une ode à l’écriture, que son héros pratique pour sauver les habitants de son village, dont il met les vies en mots, immortels. Des noms, à foison, encore : Arno Bertina, Jean-Marie Blas de Roblès, Marie Darrieussecq, Patrick Deville, Yannick Haenel, Philippe Jaenada, Marie-Hélène Lafon, James Noël, Joy Sorman, Alice Zeniter… Des titres, plein de promesses : Sidérer, Marx et la poupée, Rage, Ces rêves qu’on piétine,… L’écritoire à Vertiges, installation de Lise Couzinier et Olivier Lübeck © Olivier Lübeck

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oin des plateaux télé aseptisés, des salons littéraires où les écrivains signent des autographes alignés en brochettes devant un public gavé de noms et de résumés prédigérés, à Manosque la rentrée des livres se fait en vrai : à taille humaine, à la mesure de nos envies de mots et d’écriture, d’histoires et de témoignages, de rencontres. Ici, tout correspond : les espaces publics accueillent des lecteurs et écouteurs de récits, des écrivains partageurs, des artistes et des textes, qui tous se mêlent et transcendent l’art de l’écriture pour le rendre vivant, quotidien, naturel.

Échanges nourris Ouverture à l’américaine : grand entretien avec l’auteure venue de son Michigan natal, Laura Kasischke. Maya Michalon dialoguera avec l’écriture et l’expérience de la romancière, qui présentera son premier recueil de nouvelles. Si un inconnu vous aborde, comment réagirez-vous ? L’écrivaine emprunte des chemins qui semblent toujours balisés, qui insidieusement bifurquent vers des voies inattendues, souvent inquiétantes, et révèlent une réalité palpable. Plus l’atmosphère est proprette, plus le dessous des mots révèle la cruauté de nos sociétés policées. Ludivine Sagnier, accompagnée par le compositeur Mathieu Baillot, lira quelques-unes de ces

plongées dans l’inconscient ordinaire. 48 auteurs, parmi lesquels 5 invités pour un premier roman, creuseront le sillon tout au long de 5 jours de Correspondances assidues. Les rencontres se déclinent en plusieurs rendez-vous quotidiens, en extérieur ou en salle. Les univers et les styles se croisent, les découvertes et retrouvailles habitent et habillent l’ensemble de la ville. Une fille dans la jungle s’incarnera auprès de Delphine Coulin, parmi les 6 jeunes mineurs migrants stoppés à Calais (il faudrait peut-être tout simplement les appeler des enfants, ils ont entre 6 et 17 ans) : un parcours que l’auteure a brossé sans misérabilisme, entre détresse ultime et liberté farouche. Un personnage de roman de Philippe Besson sera dévoilé, juste après sa sortie orchestrée dans l’actualité de son sujet : l’écrivain a suivi la campagne du nouveau président français, sa marche jusqu’aux marches de l’Élysée… Un roman qui s’émancipe de la mainmise jupitérienne ?

Écriture salvatrice Éric Reinhardt nous fera pénétrer dans La chambre des époux, en duo avec la mezzo-soprano Léa Desandre. Une lecture chantée, un duo pour s’immiscer dans l’écriture vertigineuse de l’auteur de Cendrillon. Un

Lettres croisées Un ensemble de propositions émaillent les Correspondances d’expériences en mots. Des Siestes littéraires (attention, cette année elles sont payantes et il faut réserver), les nouveaux Écritoires du plasticien Jean Lautrey, le Labo de l’édition, où les volontaires examineront 3 des 600 manuscrits reçus au cours de l’année aux éditions Le Nouvel Attila, accompagnés par son directeur Benoît Virot qui encouragera toutes les subjectivités à s’exprimer, une battle littéraire, matchs de 3 mn chrono où tous les mots et proses sont permis pour défendre ses lectures, concerts littéraires, lectures offertes par des grands noms de la scène (Catherine Frot lira les Lettres d’Amérique de Nathalie Sarraute, Laurent Poitreneaux les Lettres à Anne de François Mitterrand). Philippe Katerine, artiste total, clôturera les Correspondances 2017 par une conférence : Ce que je sais de la mort. Ce que je sais de l’amour (ouvrages paru chez Helium). La philosophie en chantant. (Lire nos premières critiques en pages livres, 67 à 72). ANNA ZISMAN

Les Correspondances 20 au 24 septembre Manosque 04 92 75 67 83 correspondances-manosque.org


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Satire et ça pointe

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arseille, capitale de la caricature ! Comme à chaque rentrée, le Festival International du Dessin de Presse, de la Caricature et de la Satire pose ses crayons à l’Estaque. Une cinquantaine de dessinateurs venus du monde entier seront présents, pour des expos, des rencontres, des portraits de rues ou des grandes tchatchades. L’avenir de la presse alternative, réagir face aux extrêmes, défendre la © Gérard Bottino paix, la libre expression, l’accueil, le vivre-ensemble, la tolérance, autant de thèmes et d’enjeux qui seront développés et abordés. « La liberté ne se négocie pas », explique Fathy Bourayou, qui a fondé le Festival voilà six ans. Il connaît bien la problématique. Dessinateur de presse en Algérie, il arrive à Marseille au milieu des années 90, quand son

pays est frappé par le terrorisme. Cette réalité le rattrape ici 20 ans plus tard et donne d’autant plus de force à son engagement. Tignous, assassiné en 2015, lors de l’attaque contre Charlie-Hebdo, était présent quelques mois auparavant à l’Estaque. Un prix porte désormais son nom. Le chichi et la panisse, emblèmes de l’Estaque, sont les autres récompenses

décernées lors du Festival. Allier gravité et légèreté, c’est tout l’art subtil de la satire et de la caricature. Pointer les travers de la société avec humour, dans une dimension politique et engagée forcément présente. Mohammad Sabaaneh, dessinateur palestinien, Nimrod Reshef, son collègue israélien, Nadia Khiari et sa créature Willis From Tunis, ou Gueddar, bête noire du régime marocain, pourront en témoigner. Enfin, concerts, spectacles et projections de films seront également à l’affiche durant toute la manifestation. JAN-CYRIL SALEMI

Festival International du Dessin de Presse, de la Caricature et de la Satire 18 au 24 septembre L’Estaque, Marseille

10 ans de lecture sous la toile

Fatou Diome © Sandrine Roudeix © Flammarion

L

a médiathèque départementale de Béziers et le théâtre sortieOuest fédèrent les énergies autour de cet objet aux ressources toujours renouvelées, le livre, et propose un programme à la fois varié et rassembleur. Depuis 10 ans, les Chapiteaux du livre s’inscrivent dans le territoire, dans un contexte miné par les discours politiques et actions municipales délétères. Le sous-titre de cette fête du livre en dit long : Éloge de la diversité. Les éditions Albin Michel jeunesse auront carte blanche le premier jour, avec des rencontres : Michel Piquemal, Natali Fortier, Frédéric Clément. Les ouvrages bilingues

arabes-français de l’éditeur marseillais Le Port a jauni seront présentés lors d’un focus, et le comédien metteur en scène Dag Jeanneret animera une rencontre avec Jean Cagnard, auteur, poète, et dramaturge pour marionnettes. On inaugura ensuite l’exposition de Pierre Huger, alias UG, artiste de Pop-up, ces livres animés et en volume, dont il présentera plus de 150 pièces originales : des maquettes, des livres, des Pop-up géants. On pourra alors découvrir les secrets de la création de ces albums à lire autant avec les yeux que les doigts (Bouton d’or, Tout au fond, Les Shadocks, Le jardin des papillons). Une autre exposition, Nous et les autres, des préjugés au racisme, récemment présentée au Musée de l’Homme, est proposée ici sous une forme réduite avant d’être accueillie dans sa totalité au domaine départemental pierresvives à Montpellier. Avec des lectures théâtralisées de la Cie Nocturnes. Des conférences également : l’essayiste Raphaël Glucksmann vient présenter son ouvrage Notre France : Dire et aimer ce que nous sommes (Allary éditions), le philosophe Frédéric Worms pour Les maladies chroniques de la démocratie (Desclée de Brouwer), le biologiste Francis Hallé,

spécialiste en écologie des forêts tropicales et en architecture des arbres avec son Atlas de botanique poétique (Artaud), Alain Badiou, qui s’adresse à la jeunesse dans son dernier ouvrage, La Vraie Vie (Fayard), un appel du philosophe à la « corruption de la jeunesse ». L’auteure Fatou Diome donnera un grand entretien autour de son ouvrage Marianne porte plainte (Flammarion), où il sera question d’une identité nationale à réinventer autour de l’éducation. Des ateliers, des spectacles, des dédicaces, une sieste contée, des courts-métrages, une rencontre Polar (Franck Bouysse, Prix Polar SNCF pour Grossir le ciel), un duo d’électro-poésie entre la poétesse Natyot et le musicien Denis Cassan, un concert-dessin, une gratiferia, où l’on vient déposer et/ou prendre des livres : le livre dans tous ses états, pendant 4 jours de mots lus, dits, vécus, partagés. ANNA ZISMAN

Les Chapiteaux du livre 21 au 24 septembre Domaine départemental de Bayssan, Médiathèque départementale de Béziers 04 67 28 37 32 sortieouest.fr


30 événements

Quels cirques ! Ouverture de saison réjouissante au Théâtre d’Arles avec cinq spectacles de cirque, indisciplinés !

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endez-vous rituel d’ouverture de saison au Théâtre d’Arles, le temps fort Des cirques indisciplinés offre une programmation des plus prometteuses : les cinq spectacles proposent autant d’univers différents, dans lesquels les figures acrobatiques questionnent le genre humain et la place de l’homme dans un monde en perpétuel changement, avec humour et onirisme. C’est Mélissa Von Vépy qui ouvre les réjouissances avec L’Aérien, une conférence sur le mythe d’Icare, l’histoire du vol, le rapport du corps à la gravité et l’apesanteur, qui va singulièrement déraper et faire s’envoler la conférencière ! Emportée par sa verve et sa passion pour le sujet, elle décolle de et avec son siège, dans une rêverie aérienne qui illustre et exprime les sensations de la voltige, à la fois légère et pesante, dans un temps suspendu. C’est un tout autre univers, bien terrien, que proposent Juan Ignacio Tula et Stefan Kinsman, avec une roue Cyr. Le duo chorégraphique et fraternel des deux acrobates, jouant de leurs similarités comme de leurs différences, interrogent le paganisme, la religion et le multiculturalisme. Santa Madera s’inspire d’un rituel sud-américain pratiqué par les peuples indigènes (Incas et Quechuas) qui utilisent un bois sacré aux multiples vertus. Au sein d’une arène circulaire faite d’ocre rouge, le tourbillon généré par leur portés et figures giratoires crée une chorégraphie de toute beauté. Seule en scène, avec un mât chinois, Sandrine Juglair met tout en œuvre pour séduire et conquérir le public. Usant de tous les registres, du jeu clownesque au jeu le plus intime, elle témoigne de sa difficulté

d’être, entre désir de reconnaissance et résistance aux normes. C’est son propre Diktat qu’elle affronte, sans peur du ridicule, assumant Le gros sabordage © Ian Grandjean avec un comique singulier ses obsessions, ses angoisses, son désir d’être choisie et consommée.

Deux créations Deux spectacles seront créés au Théâtre d’Arles lors de ces Cirques indisciplinés, après des accueils en résidence. Depuis son installation à Arles en 2012, la Mondiale Générale entretient des rapports privilégiés avec le Théâtre qui l’accompagne au gré de ses créations. Le Gros sabordage est la version longue de Sabordage !, ce qui permet aux cinq acrobates de développer plus encore leur cirque humain fait d’équilibres et de situations absurdes, de beauté et d’autodestruction. À l’aide de leur agrès de prédilection, le bastaing (poutre en bois, de tailles et formes différentes), ils feront à nouveau du plateau le lieu de tous les possibles. Accueilli en clôture, le spectacle de Vincent Berhault, Entre, réunit deux comédiens, un danseur et un circassien autour de la frontière, visible ou impalpable, et du franchissement des territoires.

Faites attention au désordre !

Préavis de désordre urbain, Ornicart © Dji Ani

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0 ans déjà pour le Préavis de désordre urbain ! Rendez-vous unique en Europe, le Festival allie l’expression artistique dans

l’espace public à l’engagement. Pour cette onzième édition, Red Plexus, la structure organisatrice, plonge dans une problématique

majeure de l’époque : l’hospitalité. Dans un monde où dominent frontières, murs, repli et peur, comment retrouver des rituels d’hospitalité ? Le mythe de la Tour de Babel sera l’axe de ce Désordre 2017. Avec un concept pour lier l’ensemble : le bivouac urbain. Le principe s’étendra sur cinq espaces, avec en point central, la Friche de la Belle-de-Mai. De là, les performances se déplaceront vers le centre-ville et chaque lieu aura sa thématique propre : Traduire, Prédire, Festoyer, Éclairer, Se re-connaître. Pendant les deux semaines de la manifestation, dix artistes internationaux présenteront à plusieurs reprises leur façon de réinventer un rite d’hospitalité. Le 13 septembre, le collectif Ornic’Art, résident à la Friche depuis 1995 et concepteur du dispositif de la Tour, ouvrira le programme avec sa performance J’irai manger dans une forêt de SMS. Ou comment raviver « la convivialité dans un monde en crise ». Le lendemain, découverte de l’intervention de


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Été indien

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n juin Aurélie Labouesse, directrice de production des Envies Rhônements, festival produit par le Citron Jaune, Centre national des arts de la rue, nous parlait de leur mue (voir Zib’ 107 et journalzibeline.fr). D’un format quittant la biennale pour se répartir sur l’année, mais qui invite toujours « la création artistique, qu’elle soit plastique, théâtrale, musicale ou chorégraphique, à prendre pour partenaire de jeu l’environnement naturel », et dont le déploiement sur plusieurs saisons permet « de confronter les œuvres à différentes couleurs, lumières, flores et faunes… ». L’été s’achève, les Envies Rhônements nous convient donc à entrer en résonance avec l’été indien. Au travers de trois rendez-vous et autant d’expériences singulières, inventives, mystérieuses. Le 16 septembre, dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine (lire p. 8), La Vaste Entreprise propose avec le Museon Arlaten Visite de groupe, une déambulation guidée dans les rues d’Arles, prêtant moins attention aux charmes antiques des sites parcourus qu’à leur usage quotidien. Le collectif est réputé pour sa mise en lumière d’un ordinaire à la teneur poétique/politique méconnue. À Port-Saint-Louis-du-Rhône, Lieux Publics, la FAI-AR et le Citron Jaune s’associent le 23 septembre pour « composer le paysage ». Les créations de deux artistes du son, Michel Risse et Loïc Guenin, seront mises en dialogue, le premier offrant de suivre sur un trajet au départ de Marseille des « points d’ouïe » comme on parcourt des points de vue, le second utilisant la plage Olga comme matériau de sa composition. Pierre Sauvageot donnera pour sa part une conférence intitulée Écouter le paysage, créer des paysages sonores. Enfin la Cie Les Sens des Mots, dont on apprécie tant le travail de confrontation entre l’écriture théâtrale et le monde des chercheurs, donnera au Musée départemental Arles Antique une représentation le 8 octobre, dans le cadre de la Fête de la science. Extrêmophile nous entraînera « en eaux profondes » lors d’un Binôme avec le biologiste des fonds marins Bernard Ollivier et l’auteure Alexandra Badea.

Anthropologue de formation, V. Berhault s’est inspiré à la fois de l’aéroport en tant que concentré de notre monde à échelle réduite, et de la vie incroyable de Merhan Karimi Nasseri resté plus de 16 ans au terminal 1 de l’aéroport Charles de Gaulle dans l’attente d’une régularisation administrative. Son regard sur le monde, chargé en émotions, se nourrit aussi d’un humour bien souvent salvateur. DOMINIQUE MARÇON

Des Cirques indisciplinés 7 octobre au 8 novembre Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 theatre-arles.com

GAËLLE CLOAREC

JAN-CYRIL SALEMI

Préavis de désordre urbain 13 au 24 septembre Divers lieux, Marseille 04 95 04 95 34 redplexus.org

Visite de Groupe © La Vaste Entreprise

Stan Briche. En 2016, cet artiste français se rend deux semaines sur l’île grecque de Lesbos aux côtés de migrants en transit. Il fait le récit de ce séjour dans un texte, dont il présentera ici une forme chorégraphiée. À noter encore : Les séquelles de la colonisation, proposition de l’artiste camerounais Snake, qui opposera sur un ring de boxe l’identité au fatalisme mondial ; The Care Workers, par les Hollandais du Moha Project, qui offrent des soins en pleine rue, transformée en salon de beauté ou en espace de sieste ; ou enfin Aliento, où Gilles Viandier propose aux visiteurs de la Tour un temps de pause, de respiration et de « relation interpersonnelle ».

Les Envies Rhônements 16 & 23 septembre, 8 octobre Port-Saint-Louis, Arles 04 42 48 40 04 lecitronjaune.com


32 événements

La ruée vers l’Art

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nnoncé comme un programme de renouvellement urbain au long cours (voir Zib’107), La Rue des Arts à Toulon n’est pas en reste pour créer l’événement. Le 12 mai déjà, l’ouverture de 25 commerces, concept stores, galeries d’art, bars et l’exposition en plein air Là où ça danse de Marikel Lahana et Lore Stessel avaient fait le buzz auprès des toulonnais. Gageons que le nouvel accrochage proposé par les commissaires Anne Cartier-Bresson et Christian Gattinoni, Amorce d’un récit de Mathilde Geldhof et Benjamin Mouly, ainsi que celui de la galerie du Canon connaissent le même succès. Sur les murs du centre historique, les photographies de Mathilde Geldhof (en 2016 elle intégrait le programme de résidences Astérides à la Friche Belle de Mai) dialogueront avec celles de Benjamin Mouly qui fit ses classes à l’ENSP d’Arles. Les deux joueront le jeu de la confrontation à l’autre, à l’espace, à l’identité de la vieille ville qui se meut progressivement en lieu de vie hybride, à la fois commercial et artistique. Dans cette Rue des arts qu’il a initiée, Jacques

Mathilde Geldhof, Comporta (issue de la pièce Luisa), 2016-2017, impression jet d’encre sur dibond, 140 x 210 cm © Mathilde Geldhof

Mikaélian a ouvert la Galerie du Canon avec la complicité de l’ancien directeur de l’Hôtel des Arts Gilles Altiéri. Pour leur Première !, ils avaient réuni Janos Ber, Margery Clay, Jérémy Liron et Marek Szczesny ; pour leur second tir, c’est un nouveau Quartet tout aussi original composé de Jérôme Dupin, Michel Duport, Arthur Aillaud et Éric Bourret. Photos, peintures, collages : mélange de médiums et de générations, tel est leur credo.

En corollaire aux arts visuels, l’architecture, bien sûr, figure en bonne place dans ce deuxième rendez-vous. Le Caue du Var proposera 10 jours d’animations architecturales au sein de sa structure éphémère « Archistructure » implantée place de l’Équerre, épicentre du réaménagement du quartier. Le public pourra appréhender de manière ludique et pédagogique les principes pour une construction méditerranéenne durable, découvrir le patrimoine architectural varois, visiter deux expositions (Jean Parente architecte – un parcours moderne et 1977-2017 : l’architecture d’intérêt public en Paca). Il sera également invité à participer à des ateliers, des promenades, des concours et des projections en plein air. Enfin, si la méga star internationale Fabrice Hyber est encore méconnue du public, ce n’est plus pour longtemps ! Douze communes

Vers des ailleurs décoiffants La 7e édition marque un tournant dans la vie de Constellations qui se développe de Toulon à Hyères et grignote des dates supplémentaires, le chorégraphe Frank Micheletti ayant « à cœur de faire évoluer la formule du festival qui revendique sa part de laboratoire »

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au public, souvent familial, qui profite des Journées européennes du patrimoine pour se laisser surprendre, émouvoir, au détour d’un musée, d’une bibliothèque, d’une place ou de la Tour royale à Toulon vers tout converge ! Car ce véritable chaudron à ciel ouvert profite de son emplacement exceptionnel pour être un dance floor jusque tard dans la nuit... Une manière pour Frank Micheletti « de se déplacer et de regarder plus loin vers des mondes Silver, Marie-Caroline Hominal © Irina Popa

emps fort d’expérimentations, Constellations est un terrain privilégié pour « faire découvrir au spectateur des artistes, des formes nouvelles, des actes artistiques et le perdre dans une forme de mystère. L’installer dans un léger trouble qui ouvre son imaginaire ». Ici le protocole est simplifié : pas de salles ni de coulisses, pas de plateau ni de siège attribué, le dispositif est encerclant « comme une enveloppe, une respiration commune ». Dans ce rapport public-artiste, chacun se confronte à l’inconnu. Alors, où commence le réel et où s’arrête le jeu ? De causeries en concerts, d’ateliers jeunes pousses en workshops pluridisciplinaires (premiers essais), de spectacles-conférences en performances, de flâneries en salons sonores, Constellations mélange l’audacieux et l’évidence pour proposer plusieurs lectures

singuliers » : pensée qui irrigue l’ensemble de sa programmation protéiforme. S’il est impossible de nommer tous ses complices, citons en ouverture le géographe Michel Lussault pour une lecture-promenade « mystérieuse


saison V 2017-2018

ScÈnE cOnVEnTIOnnÉE

THÉÂTRE JOLIETTE

POUR LES EXPRESSIOnS cOnTEmPORAInES

LEncHE+mInOTERIE

du territoire de Toulon Provence Méditerranée se sont associées pour réaliser une chasse au trésor artistique : organisée par l’École supérieure d’art et de design de Toulon et le Port des créateurs, C’Hyber Rallye conduira les joueurs d’énigmes en énigmes à la conquête de 52 œuvres du plasticien vendéen. Le graal pour le vainqueur ? Un de ses Prototypes d’Objet en Fonctionnement en guise de coupe.

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Amorce d’un récit Mathilde Geldhof et Benjamin Mouly 15 septembre au 17 janvier dans les rues de Toulon

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Quartet 15 septembre au 18 novembre Galerie du Canon, Toulon 04 94 24 82 06

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C’Hyber Rallye le 15 septembre Le Caue Var hors les murs 15 au 24 septembre place de l’Équerre, Toulon 04 94 22 65 75 ruedesarts.fr

www.THEATREJOLIETTE.fR

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qui innerve le festival de ses pensées curieuses ». La suite est de la même veine avec le musicien Tapetronic qui scratche sur des cassettes, des bandes-sons et autres machines improbables ; Eric Ming-Cuong Castaing, danseur au BNM et premier artiste associé du festival, présent avec une forme nouvelle chaque jour PROJEtS (extraitENde tHéâtRE COURS sa création Phoenix avec drones et danseurs, film, conférence) ; la Chorale participative qui, sous la houlette de Marine Colard, fait résonner toutes les langues du port sur le thèmemer de 13 la Tour de Babel ; + 19:30 GrAtUIt sept 18:00 la chorégraphe Marie-Caroline Hominal dans la performance tHéâtREestlES éCHaPPéES Silver ; l’homme orchestre Erwan Larcher dans Tout beau ; le groupe Cantenac Dagar... Et la scène régionale avec Simonne Rizzo, Art macadam, Romain Berthet, Klink (Luc Benito et Benoit Bottex), le duo Livres de beurre, les duValignat ciejeunes cassandreartistes — sébastien conservatoire de Toulon pour un rendez-vous OutdUof26Box AU 30inédit... sept 19:00 L’escALe, LA robIne-sUr-GALAbre, Cette édition « agite la relation profonde entre la danse et la musique » reILLAnne, cAsteLLAne, moUstIers-sAInte-mArIe mais également l’attachement de Frank Micheletti à la musique live. Preuve en est sa création Out of the Present (titre provisoire) CONFéRENCE MUSICalE DaNS lE simultanément, CaDRE DE MUSIqUES D’aUtOMNE qui entrecroise huit récits dans huit scènes jouées et interroge le réel : « On est dans un monde turbulent : où va-t-on ? sapritch Où sera-t-on demain ? ». Réponses en septembre. mAr 03 oct 19:00 GrAtUIt

La petite fabrique avec artefact et Gaëtan buLourde

T.I.N.A.

une brève histoire de La crise

t’as vu c’que t’ecoutes ?!

MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

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Constellations 13 & 14 septembre à Hyères 15, 16, 17 septembre à Toulon kubilai-khan-constellations.com

tHéâtRE PROJEtS EN COURS

La petite fabrique avec artefact et Gaëtan buLourde mer 13 sept 18:00 + 19:30 GrAtUIt tHéâtRE lES éCHaPPéES

T.I.N.A.

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cie cassandre — sébastien Valignat dU 26 AU 30 sept 19:00 L’escALe, LA robIne-sUr-GALAbre, reILLAnne, cAsteLLAne, moUstIers-sAInte-mArIe

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34 au programme

Émouvantes traces

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a 5e édition du Festival Les émouvantes s’attache à une vision musicale des mots en dessinant sa thématique, Le rythme de la Parole. La musicalité des textes devient centrale, dépassant la simple étude du sens, trouvant dans leur rythme propre une respiration nouvelle. Le laboratoire dédié à la création qu’est le Théâtre des Bernardines vibrera de ces lectures différentes du 13 au 16 septembre, grâce à l’impulsion de la Cie Émouvance (label Compagnie Nationale depuis 2016) fondée en 1994 par le contrebassiste Claude Tchamitchian. Le saxophone de Daunik Lazro croisera la voix de Beñat Achiary, poèmes, récits, extraits de Bauchau, François Cheng, Lorca, Josean Artze, Bernard Manciet, improvisations inspirées, chant et souffle mêlés… Puis le « livre » musical Need Eden conjuguera sensations, imaginaire collectif, émotions, porté par Acoustic Lousadzak, le tentet de Claude Tchamitchian, avec Géraldine Keller, Edward Perraud, Guillaume Roy, Régis Huby, Rémi Charmasson, Stéphan Oliva, Catherine Delaunay, Roland Pinsard et Fabrice Martinez. Cet essai poétique de « mise en notes » aborde les thèmes universels de la vie, l’amour, la mort, en trois suites orchestrales de trois mouvements chacune (les

Claude Tchamitchian © Jeff Humbert

adeptes des nombres y verront une déclinaison de la perfection avec le chiffre 9), sur un livret original de Christine Roillet. Marc Ducret à la guitare solo interrogera les rapports entre les sons et les mots. Yves Robert, accompagné de Stefanus Viviens, Franck Vaillant et Sylvain Thévenard, abordera au cours

d’un discours électoral musical d’une candidate à l’élection européenne (Élise Caron) L’argent nous est cher, les manières d’une autre répartition qui permettrait à tous de « dépenser plus »… voix, chant, improvisations s’emportent aux côtés des riffs du trombone des rythmes électroniques et acoustiques.

B, comme…

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e cherchez pas de jeu de mots sur un possible devenir, mais plutôt un discret hommage à Gainsbourg, avec la mention de l’initiale commune des compositeurs interprétés tout au long du 29e Festival de Quatuors à cordes en Pays de Fayence : B, comme Boccherini, Britten, Beethoven, Borodine, Bartók, Brahms, Bruckner… Initiale B. Du 15 au 17 septembre, les volutes enlevées des Quatuors invités ourleront les Journées du Patrimoine au cœur des plus beaux édifices baroques du pays de Fayence (Callian, Mons, Montauroux, Seillans). Frédéric Audibert, violoncelle solo de la Chambre Philharmonique-Emmanuel Krivine et de l’Orchestre International du Dresdner Musikfestpielen, assure la direction musicale de cet évènement majeur de l’année. Le festival ne se contente pas d’offrir des moments d’exception avec les meilleurs quatuors internationaux (dix concerts), mais s’investit sur le territoire, propose une master class, intervient dans les

écoles primaires, s’intéresse à la sensibilisation des jeunes publics par des actions éducatives et pédagogiques. Ainsi, le Quatuor Béla (Julien Dieudegard, Frédéric Aurier, Julian Boutin, Luc Dedreuil) en résidence pour cette occasion (il l’est depuis deux ans déjà !), s’immiscera dans les salles de classe pour le plus grand bonheur de chacun ! Ils inviteront lors de certains concerts le violoncelle de Frédéric Audibert, et se livreront aussi à un « Aparté » où une seule œuvre marquante du répertoire est interprétée, permettant une approche de vulgarisation. Ils mêleront avec intelligence des œuvres de Jean-Sébastien Bach et de Benjamin Britten (dont ils ont enregistré l’intégrale, sortie du CD prévue en 2018). Luc Dedreuil dirigera un quatuor d’étudiants issus des conservatoires supérieurs de musique en master class, suivie de l’interprétation en public d’un quatuor de Brahms. Autre quatuor confirmé, le Quatuor Danel (Marc Danel, Gilles Millet, Vlad Bogdanas,

Quatuor Bela © Jean-Louis Fernandez

Yovan Markovitch) présentera un programme consacré à Beethoven, dont le dernier quatuor à l’annotation célèbre, « Muß es sein ? Es muß sein ! ». Julian Boutin se joindra à ce bel ensemble pour le Quintette de Brahms à deux altos. On découvrira le jeune et talentueux Vision Quartet (Jakob Encke, Daniel Stoll,


Inspiré par les univers de Borges, Philippe Jaccottet, la peinture hollandaise, ou la contemplation des îles japonaises, le clarinettiste et guitariste Pierrick Hardy fait partager avec Catherine Delaunay, Régis Huby et Claude Tchamitchian un voyage étrange où littérature, quotidien et voyages fondent un Ogre Intact fascinant. Conçues par Marc Ducret et Sarah Lee Lefèvre, avec la complicité de Bruno Ducret et Laurent Poitrenaux, trois pièces, entre images, sons et textes, évoquent à tour de rôle notre relation à la mémoire et au langage : Morse, récit de lumière et de son, Histoire, dont la forme en spirale enserre le lecteur jusqu’à l’engloutir dans l’écriture elle-même, Vers les ruines, jeu truqué où le temps sans cesse recommencé se noie dans une quête peut-être inexistante… Puis c’est le « sublime instrument trop gros » qu’est la contrebasse qui accompagne la voix de Joëlle Léandre en un solo poétique et passionné où se rencontrent John Cage, Anthony Braxton, et une multitude d’auteurs grâce auxquels se réinvente le monde. Enfin les sonorités surprenantes du Trio Tomassenko (Catherine Delaunay, Laurent Rousseau, Olivier Thomas) titillent l’universel entre théâtre musical et concert animé. Quelles émouvantes traces garderont les spectateurs d’une telle fête où les sons et les sens déchiffrent le monde ! MARYVONNE COLOMBANI

Les Émouvantes 13 au 16 septembre Théâtre des Bernardines, Marseille 06 11 21 40 94 tchamitchian.fr

Sander Stuart, Leonard Disselhorst), 1er Prix du Concours International de Genève 2016, aussi à l’aise dans le répertoire classique que dans le jazz. Après Bach, Bartók et Beethoven, ils déclineront les envolées de la « blue note », avec des standards de jazz, des créations, et des improvisations. Enfin le concert de clôture sera réservé au Fine Arts Quartet (Ralph Evans, Efim Boico, Juan-Miguel Hernandez, Robert Cohen,). Cette prestigieuse formation américaine, fondée en 1946 par Ralph Evans, effectue sa tournée d’adieu après plus de cinquante ans de sublimes interprétations. C’est à un privilège rare que les spectateurs seront ici conviés, dans l’écrin de l’église de Fayence. Mozart, Bruckner, Beethoven, Barber… Quelle palette ! M.C.

Quatuors à cordes en Pays de Fayence 15 au 17 septembre Pays de Fayence 04 94 76 02 03 quatuors-fayence.com


36 événements

Poser son cartable au MuCEM La programmation de rentrée se fait en douceur au MuCEM, avant l’arrivée de nouvelles grandes expositions

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essions de rattrapage : en attendant le renouvellement des grosses expositions temporaires du MuCEM à l’automne, vous avez jusqu’au 2 octobre pour voir Graff en Méditerranée, jusqu’au 9 octobre pour Aventuriers des mers (Méditerranée-Océan Indien, VIIe-XVIIe siècle), et jusqu’au 13 novembre pour Document bilingue (lire nos critiques sur journalzibeline.fr). Avec des bonus, car reliée aux visites, la programmation culturelle se poursuit. Le 15 septembre, deux performances -de calligraphie lumineuse (par Kaalam) et de slam (Rohân)- auront lieu. Dans le cadre d’une carte blanche à eL Seed, du 15 au 17 septembre, on verra la création d’une fresque monumentale au Centre de Conservation et de Ressources du musée à la Belle de Mai. Amoureux des livres et humaniste, le graffeur doit son nom au Cid de Pierre Corneille autant qu’au mot « semence » en anglais. Au Fort Saint Jean, il réalisera en l’honneur de Marseille une sculpture en savon. Le 17 septembre, c’est à Une histoire du graff qu’une table ronde sera consacrée, avec des artistes, un enquêteur-collecteur... et l’avocat Emmanuel Moyne (flirter avec l’illégalité fait partie des pré-requis du genre). Par ailleurs de nombreuses manifestations font étape au MuCEM :

c’est le cas en cette rentrée d’ActOral (lire p. 26), et de Films Femmes Méditerranée (lire p. 56). Les colloques et conférences, notamment ceux de l’Institut Méditerranéen des Métiers du Patrimoine, n’auront en revanche pas repris leur rythme de croisière, mais le 7 octobre, toutes les questions que vous vous posez sur la raison d’être et l’avenir des musées dits « de société » tels que le MuCEM trouveront réponse. Le premier directeur de l’établissement, Michel Colardelle, reviendra sur sa genèse à Musa train miniature graff, 2010 © Mucem, Yves Inchierman l’occasion d’une table ronde réunissant Michel Rautenberg (ethnologue), Isabelle Laban-Dal-Canto (directrice du Musée du Salagon) et Céline Chanas (directrice du Musée de Bretagne). GAËLLE CLOAREC

MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 mucem.org Comme au MuCEM, notre traversée webradiophonique mensuelle du musée, reprend sur journalzibeline.fr, avec sa Chronique des libraires et de nombreuses interviews !

Un chai pétillant

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epuis cinq ans, l’Établissement et Service d’Aide par le Travail (ESAT) La Bulle Bleue à Montpellier met en œuvre un ensemble d’actions qui visent à instituer des modes privilégiés de « découverte de l’autre ». En s’appuyant sur trois axes (les métiers du spectacle, ceux de la restauration et les activités développées autour des espaces verts) cette structure est un lieu de formation animé par des équipes de personnes en situation de handicap accompagnées par des professionnels du travail social et de la culture. Bruno Geslin (Cie La Grande Mêlée) est l’artiste associé jusqu’à 2018, avec un travail autour de R-W Fassbinder, et présentera trois créations entre novembre 2017 et octobre 2018. Les Ouvertures présentent chaque année des productions issues des différents ateliers, et proposent une programmation qui déplace les frontières et ouvre les horizons des uns et des autres. Et cette année, elles célèbreront

l’inauguration du Chai du Mas de Prunet, conçu comme lieu de fabrique artistique et culturelle, espace unique, articulation de l’ensemble du projet de La Bulle Bleue. Le programme est dense. 15 propositions artistiques sur 6 jours de rencontres, spectacles, projections (documentaires de Cyril Laucournet), dont une journée jeunesse pour faire découvrir le travail mené avec les jeunes publics accompagnés dans le cadre de la convention interministérielle Culture Santé Handicap et Dépendance (le 20 septembre) et une journée professionnelle, animée par Maud Verdier du laboratoire Praxiling – Université Paul Valery (le 21). Autour du spectacle Sous mes paupières, parcours chorégraphique créé par la Cie Satellite, on pourra découvrir le travail d’atelier mené par La Bulle Bleue avec différents publics en situation de vulnérabilité ou des amateurs du département. Une Ballade dansée et des récoltes de paroles des participants mises

en musique, autour des thèmes abordés par Brigitte Négro et sa compagnie : que surgit-il lorsqu’on ferme les yeux ? On pourra aussi Rejoindre le papillon (Cie Les Mobilettes), et interroger ainsi notre capacité à (su)pporter l’insupportable, assister à la performance sonore et chorégraphique (sortie de laboratoire avec les comédiens de La Bulle Bleue) de Maguelone Vidal, se pencher sur le cas de Roméo, tombé amoureux des livres à en perdre la raison (Cie Création Éphémère)… Un lieu à découvrir, des envies à encourager, des parcours différents à appréhender. ANNA ZISMAN

Ouvertures 19 au 24 septembre inauguration du Chai du Mas de Prunet, Montpellier 04 67 42 18 61 labullebleue.fr


2017–2018

LES CONCERTS

DE L’ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE MARSEILLE DIRECTEUR GÉNÉRAL MAURICE XIBERRAS DIRECTEUR MUSICAL LAWRENCE FOSTER

SAMEDI 30 SEPTEMBRE 20H

Direction musicale Jun MÄRKL Piano Plamena MANGOVA VENDREDI 17 NOVEMBRE 20H

Direction musicale Lawrence FOSTER Piano Jean-Efflam BAVOUZET SAMEDI 9 DÉCEMBRE 20H

Direction musicale Lawrence Violon Da-Min KIM

FOSTER

SAMEDI 6 JANVIER 16H ET 20H

CONCERTS DU NOUVEL AN Direction musicale Lawrence VENDREDI 12 JANVIER 20H

Direction musicale Christoph Piano David KADOUCH SAMEDI 20 JANVIER 20H

Direction musicale Lawrence Violoncelle Valentin RADUTIU

FOSTER ALTSTAEDT

FOSTER

MERCREDI 7 MARS 20H

Direction musicale Lawrence FOSTER Violoncelle Alexandre KNYAZEV DIMANCHE 8 AVRIL 16H

Direction musicale Lawrence Violon Nemanja RADULOVIĆ Basson Frédéric BARON

FOSTER

JEUDI 17 MAI 20H

JEUDI 21 JUIN 20H

ATALANTE-PARIS – PHOTO © CÉLINE LEPORRIER

Direction musicale Jean-Claude Violon Simone PORTER Orgue Thierry ESCAICH

OPÉRA

SAISON 2017-2018 ORCHESTRE-CANNES.COM ⁄ 04 93 48 61 10

AUDITORIUM DU PHARO

OPÉRA opera.marseille.fr

CASADESUS

SILO

ODÉON odeon.marseille.fr

Design graphique : et d’eau fraîche / © Ville de Marseille-Odéon-Licence n°1070574-1070573-107057

Direction musicale Lawrence FOSTER Piano Irena GULZAROVA Mezzo-soprano Marie-Ange TODOROVITCH


38 au programme spectacles marseille

Fête inutile de saison

Ouverture de saison

Est-il besoin d’un prétexte pour faire la fête ? La joie de se retrouver n’est-elle pas un but qui se suffit à lui-même ? Les compagnies en longue résidence au Théâtre Joliette-Minoterie vous invitent donc à fêter l’inutile, le fortuit, le non-marchand, lors d’une chaleureuse soirée. L’habillage du hall est confié au groupe artistique Les Pas perdus, tandis que La Paloma mettra le feu aux platines. Tout le week-end, on pourra aussi explorer les coulisses du théâtre dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine (lire p. 8 et 9). Entrée libre, mais réservation conseillée !

Le Ballet National de Marseille ouvrira largement ses portes pour lancer sa nouvelle saison, le 10 septembre de 11h à 19h. L’équipe au grand complet sera là pour accueillir son public et dévoiler lors de showcases, extraits de spectacles et ateliers participatifs, les multiples propositions prévues par le BNM en 2017-2018. Nul besoin de réserver, le mot d’ordre est « venez nombreux ! ».

© Giovanni Cittadini Cesi

Wow ! Conférence sur nos possibilités de vivre ailleurs

Ils sont cinq, animateurs d’une émission non renouvelée par leur hiérarchie pour des raisons économiques. Dans leur candide innocence, ils « pensaient qu’ils allaient être soutenus par des producteurs de gauche ». Que nenni ! Alors en entrecroisant les points de vue sur un récit dominant, celui du néo-libéralisme, ils entendent souligner que d’autres histoires sont possibles. À la devise de Margaret Thatcher (l’acronyme TINA : there is no alternative - il n’y a pas d’alternative), le Raoul Collectif répond mais si, mais si !

10 septembre BNM, Marseille 04 91 32 73 27 ballet-de-marseille.com

Caressez le potager

7 octobre Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr

© Céline Chariot

© Viloa Berlanda

Promenade chorégraphique

29 & 30 septembre Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr

Une proposition hors-les-murs, et même hors-continent ! C’est un joli rendez-vous que celui donné par le théâtre Le Merlan au Château d’If, avec Ambra Senatore et ses danseurs pour une création in situ. L’événement a lieu dans le cadre de la manifestation nationale Monuments en mouvement #3, qui invite circassiens et chorégraphes à investir d’emblématiques lieux historiques, tels le Panthéon ou le Mont-Saint-Michel. Départs prévus sur le Vieux-Port, à l’angle du Quai du Port et du Quai des Belges, à 10h15, 13h15 et 15h15. Le tarif de 5€ comprend la traversée en bateau. 24 septembre Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

La 14e édition du Festival Caressez le potager se déploie sur trois lieux et dates à Marseille. Tout d’abord direction La Barasse, pour écouter un conte mandingue (par JLF - on va enfin savoir Pourquoi les animaux ne parlent plus aux hommes), et un concert de Mattéo Akriche ; puis les Caillols, au Parc de la Mirabelle, avec entre autres un potager nomade et le manège d’Emmaüs à découvrir ; enfin, concert surprise et promenade sonore (par Rives et Cultures et Nelly Flecher) vous attendront dans les jardins partagés de la cité Michelis, à Saint Marcel.

© Albert Akoka

Rumeur et petits jours

c BNM

En partenariat avec la Bibliothèque des Bouches-du-Rhône, c’est à une conférence scientifique que le Théâtre Joliette-Minoterie nous convie. Parce qu’il fait de moins en moins bon vivre sur Terre, l’humanité demande une deuxième chance : d’autres planètes à bousiller. Une proposition de Frédéric Ferrer, basée sur les travaux d’astrophysiciens, exobiologistes et ingénieurs en propulsion moteurs-fusées, dont on espère qu’elle sera très sarcastique.

17 septembre Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr

15 & 23 septembre, 1er octobre caressezlepotager.net


Musique, danse et images

Le soleil n’est qu’une étoile du matin Conception, composition

Loïc Guénin

Dimanche 8 octobre

6h45 au col de Moissière

Renseignements & réservations

04 92 52 52 52 www.theatre-la-passerelle.eu


40 au programme spectacles bouches-du-rhône

Festival Jours et Nuits de Cirque

Sodade, Cirque Rouage © Marie Colette Becker

Le CIAM (Centre International des Arts en Mouvements) propose, pour sa cinquième édition, son festival de septembre, une programmation éclectique et riche, où se rencontrent cirque contemporain et traditionnel, avec la verve toujours inventive des compagnies locales, nationales et internationales. Un cabaret équestre inédit (acrobaties à cheval, dressage en liberté, numéros aériens) ouvre les festivités. Avec Cirque Rouages, un fil sans fin (grâce à un ingénieux système de roues), permet à quatre funambules d’improbables évolutions. Les six acrobates d’El Nucleo, amis d’enfance de Bogota, questionnent l’importance

15 au 24 septembre CIAM, La Molière, Aix-en-Provence 09 83 60 34 51 ciam-aix. wixsite.com/artsenmouvement

Camille Chamoux

© Bernard Richebe

La cantatrice chauve

du collectif et de la complémentarité dans la quête d’identité, avec Somos. N’oublions pas la magie des sacs plastique de Phia Ménard dans L’après-midi d’un foehn, les acrobates de The Rat Pack dans Speakeasy, les deux éternels ados de la Cie Les Objets Volants et les jongleries de leur spectacle Popcorn, sans compter les ateliers d’initiation aux différentes disciplines du cirque… que la magie commence !

Gaspard Proust « Je n’aime pas le classique, mais ça j’aime bien ». Une rencontre entre les musiciens classiques Éric Le Sage (piano), Pierre Fouchenneret (violon), François Salque (violoncelle), Lise Berthaud (alto), Fleur Gruneissen Magali Mosnier (flûte), Mariam Adam (clarinette), et les commentaires de Gaspard Proust sur de grandes œuvres du répertoire classique. Humour ravageur, pour un triomphe phonographique enfin porté sur scène.

Seule en scène, Camille Chamoux épingle avec vivacité les travers de la société, des gens « branchés », des bobos qui ne cessent de privilégier les apparences d’ouverture d’esprit à une implication réelle dans le monde. Son spectacle nourri d’anecdotes cocasses, ne manque ni de verve ni de piquant. Un féminisme joyeux et intelligent, dans une mise en scène de Camille Cottin.

© X-DR

6 & 7 octobre Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

Bon, on le sait, pas de cantatrice, chauve ou pas, dans ce monument de l’absurde qu’est cette pièce de Ionesco, au titre dû à un lapsus de début de répétition, « institutrice blonde » devenue « cantatrice chauve ». Les phrases du manuel L’Anglais facile enchaînées sans rapport entre elles deviennent l’objet d’un dialogue loufoque et drôle, porté avec brio par Mr et Mme Smith et Mr et Mme Martin. On retrouve dans l’irréprochable casting la merveilleuse Romane Bohringer, le tout mis en scène par Pierre Pradinas. 26 au 30 septembre Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

© X-DR

Un trait d’union/ Création 2017

14 au 16 septembre Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

Deux pièces d’Angelin Preljocaj pour ouvrir la saison nouvelle du Pavillon Noir. La reprise d’Un trait d’union, (1989), duo pour deux hommes, athlétique duel sur les partitions de Bach par Glenn Gould ; à la solitude première, se greffe la volonté de pouvoir, de possession, de passion… combien de transgressions pour en arriver au renoncement ? On aura ensuite le privilège de découvrir la nouvelle proposition du chorégraphe : Création 2017. 21 au 23 septembre Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org



42 au programme spectacles bouches-du-rhône

Broadway, nous voilà

Pour l’ouverture de sa saison culturelle, la ville de Vitrolles a choisi un spectacle hybride, entre la danse et le cirque. Dans Hêtre (Être ?) Kamma Rosenbeck évolue avec... une branche, agrès archaïque, qui éveille des réminiscences de forêt primordiale. La soirée se poursuivra en musique, avec le groupe funk Look At The Passion. Leur particularité : ils centrent leur jeu sur les aventures d’un robot, iiKoo. Au Parc de Fontblanche, gratuit et tout public.

Représenter la France au Festival amateur de Music-hall à Broadway ? Un rêve pour une troupe de théâtre marseillaise qui apprend sa sélection par le Comité de l’Alliance française ! Durant les 13 jours qui leur restent pour régler les derniers détails et partir à New York, ils vont devoir remplacer au pied levé un des membres déclaré forfait. Les ennuis commencent… La Cie velauxienne Les Comédiens des quatre tours dynamite la comédie de Patrick Haudecœur dans une mise en scène de Jean-François Pomerole.

© Elian Bachini

Le conte d’hiver

© X-DR

Shakespeare revisité par Philippe Car et son Agence de Voyages Imaginaires. Jalousie, pouvoir, tyrannie, folie y sont traités à la manière d’un conte, en faisant largement appel au merveilleux, mais sans fioritures. Les acteurs (en nombre réduit par rapport à la pièce d’origine) y « chantent le texte et dansent le rôle », et la musique -bohémienne, sicilienne, parfois hitchcockienne !- est primordiale.

22 septembre Théâtre Fontblanche, Vitrolles 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr

30 septembre Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr

© X-DR

Hêtre + Look At The Passion

6 octobre Espace NoVa, Velaux 04 42 87 75 00 espacenova-velaux.com

La disparition Le cas Martin Piche

Sylvie Osman met en scène pour la Cie Arketal cette œuvre remarquable de Jean Giono. L’histoire d’Elzéard Bouffier, berger

© Brigitte Pougeoise

© X-DR

solitaire, amoureux de la Haute-Provence. Un jour lui vient l’idée de reboiser un territoire désertifié : pendant 40 ans, il va planter des arbres et prendre soin d’eux. Un « Monsieur Tout le monde » rêveur, altruiste et sensible à la nature... un vrai héros, donc ! Dès 7 ans.

27 septembre Théâtre Fontblanche, Vitrolles 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr

Cette pièce a remporté un grand succès dans le Off d’Avignon lors des éditions 2015 et 2016, pour son humour surréaliste et son originalité. Un patient dénué de toute curiosité fascine son pétillant thérapeute : « Voyez docteur, il n’y a guère que quand je dors que je ne m’ennuie pas ! ». Hervé Devolder met en scène le texte de Jacques Mougenot, et les deux hommes interprètent chacun un personnage, en un duo d’autant plus drôle qu’ils ont des tempéraments à l’opposé l’un de l’autre.

29 septembre au 1er octobre Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net

6 octobre Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr

4 au 7 octobre Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 aixenprovence.fr

© Jean de Pena

L’homme qui plantait des arbres

Quelle meilleure manière, pour commencer la saison, que de s’immerger dans les rues de Martigues, casque sur les oreilles et tablette à la main ! Le Begat Theater propose de partir à la recherche de Carlotta Valdez, disparue alors qu’elle écrivait son dernier roman… Guidés par des sons et des images, les participants se laissent (dés)orienter par les comédiens pour vivre une expérience unique qui mêle fiction et réalité.


LA RÉGION PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR

LE MOIS DES PARCS NATURELS RÉGIONAUX PRÉSENTE

Conception-réalisation : Direction de la Communication et de la Marque de la Région. Illustration : Gettyimages.

DU 3 SEPTEMBRE AU 28 OCTOBRE 2017

Tout le programme sur

moisdesparcs.regionpaca.fr

des Baronnies

provençales


44 au programme spectacles bouches-du-rhône

DeLaVallet Bidiefono

Antonia de Rendinger

L’artiste « invité » de cette nouvelle saison aux Salins a carte blanche, dès l’ouverture, pour animer la Cour du Théâtre. Danseur, chorégraphe, mais aussi musicien, DeLaVallet Bidiefono sera entouré pour l’occasion de quelques complices qui feront souffler sur Martigues des rythmes venus d’Afrique. Il sera présent tout au long de la saison, et notamment en février avec Monstres / On ne danse pas pour rien, sa dernière création.

C’est une rentrée placée sous le signe d’un humour exubérant ! Antonia enchaîne les saynètes et les personnages, une vingtaine, qui sont autant de portraits –de la mère au bord de la crise de nerfs à la prof de SVT old school en passant par une Cléopâtre tragédienne ou une intégriste de l’allaitement…- qu’elle incarne avec une gestuelle et des intonations qui provoquent immanquablement un rire communicatif et jouissif !

Grand finale Dans sa dernière création, le chorégraphe londonien Hofesh Shechter tente de capter l’esprit du temps, de décrire la violence de notre monde. Cette grande fresque épique de corps et d’émotions vibre de rage de vivre, mêlant la puissance de l’énergie gestuelle des dix danseurs de sa compagnie, dans une danse physique, presque tribale, aux vibrations d’une musique live rock-électro. Le chaos côtoie la beauté, nichée dans une résistance toujours présente.

6 octobre Espace Pièle, Cornillon-Confoux 04 90 55 71 53 scenesetcine.fr

© Victor Frankowski

Anima

6 & 7 octobre Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net

Il n’y a pas moins de quatre structures pour servir ce projet transdisciplinaire des plus intrigants : L’ENSP (l’École nationale supérieure de la photographie, à Arles), l’ESAAix (l’École supérieure d’Art d’Aix-en-Provence), l’ERAC (l’École régionale d’acteurs de Cannes et de Marseille) et le Théâtre d’Arles adaptent Anima, roman sublime de Wajdi Mouawad. Le jeu de comédiens se mêlera à un film réalisé en direct sur le plateau, rendant visible l’univers pour le moins singulier et passionnant de l’auteur.

© Paola Guigou

30 septembre Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net

Seul sur scène Francis Huster incarne Albert Camus, comme une évidence, faisant résonner la voix, les combats, les écrits, la pensée de l’auteur. Dans une grande proximité avec le public, il délivre et transcende des valeurs essentielles de dignité, de courage, de partage, fait entendre un vibrant plaidoyer pour un humanisme contemporain contre la barbarie. Comme un rappel d’une actualité brûlante qui semble ne pouvoir jamais s’éteindre.

22 septembre Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 theatre-semaphore-portdebouc.com

Les guérisseurs « Ceux qui guérissent, à la fois les guérisseurs et les guéris »… un monde des miracles dans lequel Rufus et Richard Martin, directeur du Toursky à Marseille, nous convient, pour une création qui aura lieu au Sémaphore. De ses « explorations audacieuses » dans ces contrées pour le moins mystérieuses, Rufus a imaginé un spectacle dans lequel il guérit malgré lui, risque qu’il nous fait courir (ainsi que son contraire), et un personnage affreux qui veut une guérison à laquelle il ne croit pas, campé par R. Martin.

26 & 27 septembre Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 theatre-arles.com

© X-D.R

© X-D.R.

© X-DR

Dans la peau d’Albert Camus

6 octobre Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 theatre-semaphore-portdebouc.com


Saison 2017-2018 AIX-EN-PROVENCE

SAISON 17>18

Cultivez

vos émotions !

Philippe Decouflé – Dorothée Munyaneza François Verret – Événement Alain Buffard Alexis Michalik – Anne Teresa De Keersmaeker Hotel Pro Forma – Merlot – François Morel Festival Flamenco – Les 7 Doigts de la main Patrick Timsit – Bruno Geslin – Judith Chemla Jean-Pierre Bacri – Agnès Jaoui – Léa Drucker Trisha Brown Dance Company – Les Siècles Akram Khan Company – Vincent Courtois Natalie Dessay – Philippe Cassard...

Réservations 04 66 36 65 10

theatredenimes.com

scène conventionnée pour la danse contemporaine

04 42 93 48 14 - www.preljocaj.org © François Noël

Renseignements 04 66 36 65 00

ABONNEZ-VOUS !

Josette Baïz - Marcia Barcellos & Karl Biscuit Adi Boutrous - Hervé Chaussard Andrea Costanzo Martini - Alioune Diagne Roderick George - Akram Khan - Béatrice Massin Radouan Mriziga - Peeping Tom Antonio Pérez & David Sánchez - Angelin Preljocaj Álvaro Restrepo - Ella Rothschild Ál Cie József Trefeli - Via Katlehong Dance - David Wahl


46 au programme spectacles bouches-du-rhône vaucluse alpes

Time Break

J’ai soif

Quinze ans après sa création, Josette Baïz revisite une de ses premières pièces. Qu’en est-il aujourd’hui de la fusion des styles et des cultures, métissages chorégraphiques caractéristiques de la Cie Grenade ? De nouveaux interprètes s’approprient les mêmes consignes d’improvisation et de composition, les mêmes propositions chorégraphiques, pour donner naissance à une nouvelle pièce.

Tony est amoureux de Pauline depuis longtemps, de l’époque où ils étaient étudiants. Il ne lui en a jamais rien dit. Bien des années plus tard, elle rentre d’un voyage et vient s’installer chez lui pour quelques temps, le temps de trouver mieux. Tony garde le silence, comme avant. Jusqu’à quand les non-dits peuvent-ils être tus ? Et qui peut parler à la place de celui qui se tait ? Olivier Barrère propose une lecture de ce roman de Laurent Mauvignier, sorti en 2004.

Olivier Barrère © X-DR.

30 septembre L’Alpilium, Saint-Rémy 04 90 92 70 37 mairie-saintremydeprovence.fr

Les rois de la piste 28 septembre Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 theatredeshalles.com

Au commencement était le funk... Le point de départ de ce spectacle est là. Danser, sur la piste. Sur du funk, du disco, puis sur du rap, de l’électro-house ou de la techno. Peu importe, mais danser. Et se la jouer roi de la piste. Là où chacun n’est définitivement plus que soi. Et où chacun peut devenir un autre si ça lui chante, si ça lui danse. L’autre est moi-même : sur le dance-floor, ce paradoxe est permis. Thomas Lebrun signe cette chorégraphie, mêlant danse, musique, théâtre et réflexion sur la société. 6 octobre La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com

Et ça c’est Christophe/Don Quichotte/ Alévêque qui le clame, le chante même ! Avec lui point de sinistrose, mais de la dérision et de l’humour dans une liberté de ton qui donne envie de se laisser secouer. Entre doute et optimisme, il convoque les forces de l’esprit pour passer en revue tous les sujets d’actualité, sans exception ! Assisté à l’écriture par Francky Mermillod et dans une mise en scène de Philippe Soyer, l’humoriste lancera en beauté la saison du Balcon.

29 septembre Le Balcon, Avignon 04 90 85 00 80 theatredubalcon.org

Mêler Joseph Haydn et Primo Levi à l’écriture d’un spectacle, l’idée peut sembler étonnante. Les sept dernières paroles du Christ en croix, pour le musicien, et Si c’est un homme, pour l’écrivain, sont les deux œuvres à la racine du projet. Serge Barbuscia, qui en est l’initiateur et l’interprète, a souhaité mettre en correspondance ces deux univers, les faire se rencontrer et dialoguer. Le vécu de Levi dans le camp d’Auschwitz résonne avec les notes de Haydn, jouées par Classic Radio, un quatuor de musiciens coréens. 3 octobre Le Balcon, Avignon 04 90 85 00 80 theatredubalcon.org

T.I.N.A. Une brève histoire de la crise

© Xavier Cantat

© Frédéric Iovino

Ça ira mieux demain

© G.H

© Léo Ballani

Seuls

La crise. Voilà plus de 40 ans que ce mot est employé pour désigner l’état de nos sociétés. There is no alternative (dixit Thatcher). La Cie Cassandre, à partir d’un texte de Simon Grangeat mis en scène par Sébastien Valignat propose de décortiquer le phénomène. Trois comédiens jouent les banquiers, traders, politiciens ou citoyens, et démontent la mécanique de la catastrophe financière des subprimes. 26 au 30 septembre Théâtre Durance, Château-Arnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr


OUVERTURE DES ABONNEMENTS LE 9 SEPTEMBRE

SEPTEMBRE

30/09 LE CONTE D’HIVER - William Shakespeare Agence de voyages imaginaires - Cie Philippe Car

OCTOBRE

06/10 LE CAS MARTIN PICHE Jacques Mougenot - Hervé Devolder 13/10 ANATOLE ET ALMA Sabine Tamisier - Cie Bobine etc… 19/10 MEDERIC COLLIGNON

NOVEMBRE

08/11 DU NORD AU SUD RECIT D’UNE EXPERIENCE Wilma Levy - Cie des passages 10/11 ET L’ACIER S’ENVOLE AUSSI Guillaume Appolinaire - Théâtre du maquis 15/11 AU SECOURS ! LES MOTS M’ONT MANGÉ Bernard Pivot 24/11 BRASSEUR ET LES ENFANTS DU PARADIS Daniel Colas - Alexandre Brasseur - Cléo Senia

DECEMBRE

Service communication Ville d’Aubagne- 04 42 18 19 19 - © Photos Masterfile - Graphisme Jean-Luc Aimon - 04 42 03 73 29

01/12 LE CERCLE DE WHITECHAPEL Julien Lefèvre - Cie Le Renard Argenté 13/12 PETITS CRIMES CONJUGAUX Eric Emmanuel Schmitt - Fanny Cottençon Sam Karman 20/12 CHOUETTES - Roman Thevenon - Cie 1,2,3 Soleil 22/12 LA FEMME OISEAU Alain Batis - Cie La Mandarine Blanche

3-1062043 • 1-1065019 • 1-1062041 • Photo : Cécile Martini - Time Break (Compagnie Grenade Josette Baïz)

AUBAGNE

Saison 2017/2018

Time Break

Danse • Samedi 30 septembre 2017 • 20h30

Souad Massi

Musique • Vendredi 24 novembre • 20h30

Un Poyo Rojo

Danse-cirque • Mercredi 29 novembre • 20h30

SpiriTango Quartet

Théâtre • Vendredi 9 février 2018 • 20h30

2043

Théâtre • Jeudi 22 février • 20h30

La Compagnie des spectres (Zabou Breitman) Théâtre • Samedi 24 mars • 20h30

Geneviève Laurenceau - David Bismuth Musique • Samedi 14 avril • 19h

Et aussi : Zoom (théâtre) • Diktat (cirque-clown) • Passion Chopin (musique) • Entre le Zist et le Geste (cirque) • Et pendant ce temps Simone veille (humour) • Cœur cousu (théâtre-marionnettes) • Un mystérieux voyage en forêt (jeune public) • 2043 (théâtre) • T’as vu c’que t’écoutes ?! (musique) • Plus haut (cirque) Découvrez l’intégralité de la saison sur www.mairie-saintremydeprovence.fr Tél. 06 29 19 69 78

Réservations en ligne : www.aubagne.fr Renseignements réservations : 04 42 18 19 88 w w w. f a c e b o o k . c o m / t h e a t r e c o m o e d i a a u b a g n e


48 au programme spectacles alpes var alpes-maritimes

La Veillée

Piécette au carré

La formule du titre est mathématique. L’idée de la chorégraphe Régine Chopinot est de dédoubler son spectacle. D’en proposer deux versions au public. D’abord spontanée et vivante, sur la scène. Puis sitôt après, la même pièce courte dansée et musicale, mais dans sa réalisation filmée, donc fixée et fermée. L’ensemble est suivi d’un échange entre artistes et public. En quoi cette double vision modifie-t-elle son regard, son appréciation ? © Philip Ducap

Mme Champolleau et Mr Gauthier sont deux grands bavards. Ils adorent papoter, raconter ce qui leur arrive. Lors d’un voyage organisé, ils sont hébergés dans une maison de retraite. Là, ils nous invitent, nous, spectateurs, à partager de petits moments du réel, plus ou moins inventés, plus ou moins improbables. Au coin du feu, le soupe à l’oignon mijote et nous écoutons ces morceaux de vie le temps d’une veillée. Le spectacle est signé par Cie O.p.U.S., dans une mise en scène de Pascal Rome.

Le titre est cette question que l’on pose sans jamais vraiment prendre garde à la réponse affirmative quasi invariable. Et si ça ne va pas, celui qui a demandé se retrouve aussi embarrassé que celui qui a répondu. JeanClaude Grumberg a conçu 45 épisodes ayant pour thème cette drôle de maladie qu’est le « çavavirus ». Daniel Benoin les met en scène avec Pierre Cassignard, François Marthouret, Éric Prat, accompagnés d’un invité surprise.

© Joao Garcia

© Nicolas Joubard

Ça va ?

6 & 7 octobre Théâtre Durance, Château-Arnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr

3 & 4 octobre Châteauvallon – Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

28 au 30 septembre Théâtre Anthéa Antipolis, Antibes 04 83 76 13 00 anthea-antibes.fr

Klaxon & Boum de clowns

6 & 7 octobre Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr t

L’instant CroXel

5 au 10 octobre, Chorges, Tallard, Veynes, Saint Bonnet et Gap La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 theatre-la-passerelle.eu

Klaxon © Jean-Luc Tabuteau

Rémi Walker est commercial chez CroXel. Là, il tient une invention révolutionnaire, des « cacahuètes au goût nordique », idéal pour assoiffer sans cesse les clients des bars. En attendant la signature du contrat, il traîne au comptoir. Et étanche un peu sa soif lui aussi. Quelques verres de cognac et le voilà parti à parler et parler, et à doucement dégringoler. La Cie trOupe sera dans les bars des HautesAlpes pour proposer cet apéro doux et acide.

Attention ! Bienvenue dans l’inconnu ! Ce spectacle n’est pas un spectacle, c’est une expérience. Le mystère, la nuit, la mort, l’hypnose, tels en sont les ingrédients. Quand l’illusion devient la réalité, y a-t-il encore une place pour le doute ou pour la raison ? Laissez-vous guider, laissez-vous porter, emporter. En dépit des apparences, c’est la vie qui mène le bal. Michèle Anne De Mey, Jaco Van Dormael, le collectif Kiss & Cry et le texte de Thomas Gunzig, vous invitent au plongeon.

© Julien Lambert

© Thibault Dangréaux

Cold blood

28 au 30 septembre Châteauvallon – Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

Pour l’ouverture de sa saison 2017-2018, les Théâtres en Dracénie feront escale en territoire de cirque et de clowns. Premier rendez-vous avec Klaxon. Sous chapiteau, la Cie Akoreacro invite au rêve et à la fantaisie, entre humour, musique et haute volige. Le lendemain matin, la Boum de clowns de la Cie Attention Fragile, avec déambulation dans les rues de Draguignan, puis l’aprèsmidi, des ateliers de cirque seront animés par l’école Cirkadance. 29 septembre au 1er octobre Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com


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Les Trois Mousquetaires

Poésie ?

C’est reparti pour un tour au Pôle Jeune Public du Revest-les-Eaux ! Deux rendez-vous à retenir pour l’ouverture de saison : d’abord avec la Cie Uparte et son spectacle Todo encaja. Les acrobates de la troupe espagnole y pratiquent leur art au milieu de caisses en bois empilées, qui servent de support à leurs prouesses. Puis viendra l’heure du Baldoria, où les Varois de Grand Bal feront du quotidien une chorégraphie poétique.

Ils sont tous là, les intimes de Fabrice Luchini, ceux qu’il connaît si bien qu’il les parle comme une langue maternelle, apprise de l’intérieur. Molière, Rimbaud, Céline, Flaubert, Labiche, Claudel… Le comédien les dit, les susurre, les éructe, les interprète en profondeur pour mieux nous les restituer dans un partage jubilatoire, qu’il assortit de commentaires personnels, rendant l’exercice aussi vivant qu’un nouveau texte de théâtre. 2 heures d’un voyage au bout des mots.

22 septembre Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 polejeunepublic.fr

Les plateaux sont trop exigus pour la Cie suisse Les batteurs de pavé, qui depuis 19 ans investissent des scènes vastes et multiples à la taille d’une ville entière. Grasse sera leur nouveau terrain de jeu pour une mise en scène itinérante du texte de Dumas. Un spectacle aux proportions XXL : entre 5 et 6 heures, environ 4 km de déambulation, costumes, figurants sollicités dans le public, duels, attaques en règles, manigances amoureuses, dans un décor renouvelé à chaque coin de rue. Spectacle gratuit.

5 au 8 octobre Anthéa, Antibes 04 83 76 13 00 anthea-antibes.fr

7 octobre Centre historique, Grasse 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com

Playlist #1

8 ans, 5 mois, 4 semaines, 2 jours

Les NouveLLes Hybrides Saison 2017/2018

Rencontres littéraires

Lui c’est Bert, elle c’est Fred. Bert Loenders et Fréderique Snoeks précisément. Le titre révèle la durée de leur relation. Le couple, uni à la ville comme sur la piste, pratique un art du cirque teinté d’extrême et de dangers. Entre l’amour du risque et les risques de l’amour, tous deux oscillent joyeusement. Couteaux de cuisine ou fléchettes sont parmi leurs amusements favoris. Avec une confiance mutuelle testée et poussée jusqu’à sa limite ultime.

© Jean-Claude Carbonne

Luberon et Pays d’Aix-Marseille

© Jonah Samyn

30 septembre & 1er octobre Espace Chapiteaux de la Mer, La Seyne/Mer Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 polejeunepublic.fr

© Christophe Brachet

© Rafa Marquez

© Renaud Berger

Todo encaja & Baldoria

Le Ballet Preljocaj compose un concentré d’inspiration chorégraphique au fil de plus de 20 ans de créations. Ici sont repris des extraîts de beaucoup de duos et quelques mouvements de groupes, qui retracent une fulgurance des corps, où technicité et poésie s’allient pour dévoiler un peu de l’intimité d’un parcours riche de 45 pièces jouées et reprises dans le monde entier. 7 octobre scène 55, Mougins Jeudi 2 février 19h 04 92 92 55 67- mougins.fr

Bibliothèque de Villelaure

Stéphane Michaka, Philippe Pujol, Didier Castino, Pascale Petit, Laura Alcoba, Velibor Čolič, Lenka Hornakova-Civade, Alain Guyard, Jean-Christophe Bailly Les NouveLLes Hybrides

04 90 08 05 52 www.lesnouvelleshybrides.com


50 au programme spectacles alpes-maritimes gard var hérault

Je change de file

Nos serments

Sarah Doraghi est arrivée d’Iran à l’âge de 10 ans. Elle ne parlait pas français, ne connaissait rien de ce pays d’exil, excepté trois mots-valeurs un peu désincarnés : Liberté, Égalité, Fraternité. À force d’obstination, d’humour et d’amour, elle a multiplié les sens de l’appartenance, sans rien perdre de là-bas et en inventant un devenir à sa présence ici. Son one-woman-show retrace ce parcours tout en légèreté et nous aide à saisir les réalités d’une intégration au singulier.

Julie Duclos a réuni quelques-uns de ses comparses du Conservatoire National supérieur d’art dramatique, (la Cie In-Quarto) pour improviser, développer, plonger dans le propos du film de Jean Eustache La Maman et la putain. Avec Guy-Patrick Sainderichin, elle a élaboré une matière théâtrale composite (différents registres, richesse visuelle, dialogues, interviews) et restitue un troublant ensemble « d’affections composites ».

© Stéphane de Bourgies

© Cyrus Atory

© Pierre Sautelet

Le livre de ma mère

6 au 8 octobre Anthéa, Antibes 04 83 76 13 00 anthea-antibes.fr

Philippe Découflé, Nouvelles pièces courtes

Patrick Timsit tient ce texte magnifique et bouleversant d’Albert Cohen au creux de son cœur depuis 30 ans. Tout jeune comédien, il avait compris qu’un jour, il serait prêt pour l’incarner. Dominique Pitoiset a saisi l’opportunité de le mettre en scène aujourd’hui. Après toutes ces années de lecture et relecture l’acteur confirmé et reconnu sait qu’il sera capable de dire cet élan magistral pour une mère, unique autant qu’universelle.

De retour à Nîmes avec son nouveau spectacle, il est l’un des chorégraphes français les plus emblématique. Ses pièces sont inventives, colorées, généreuses, et distillent cette magie qu’on vient chercher au théâtre. Les formes courtes sont à l’image de son imagination débridée et sans frontière, imprimant un rythme soutenu entre les tableaux et les histoires. Visuels vidéos, costumes sculpturaux, tout l’univers de Découflé réuni.

27 & 28 septembre Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr

3 & 4 octobre Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr 6 & 7 octobre Scène nationale de Châteauvallon, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

Real Magic Un magique réel. Par la Cie Forced Entertainment. Deux oxymores pour se mettre en jambes, et pénétrer dans l’univers de ces britanniques qui depuis plus de 30 ans manient l’absurde en déviant les codes de notre société du spectacle pleine d’outrances et de violence. Un jeu télévisé en boucle, des déguisements qui défilent, une devinette impossible : juste après le Festival d’automne à Paris, hTh accueille ce concentré de révolte théâtrale.

4 au 7 octobre Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes 04 66 36 65 10 theatredenimes.com

Rentrée apaisée, après la tourmente éco-judiciaire de l’été, pour la librairie Sauramps. La manifestation C’est à lire, en partenariat avec Le Cratère, pourra avoir lieu, invitant les passionnés de lecture alésiens à raconter leurs coups de cœur littéraires, suivi de Voix d’acteurs et d’auteurs, où des comédiens lisent, aux côtés de leurs auteurs, trois textes choisis parmi l’actualité littéraire. 29 septembre (reprise le 9 mars 2018 pour la rentrée d’hiver) Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr sauramps.com

© Hugo Glendinning

© Charles Freger

C’est à lire

27 & 28 septembre Domaine de Grammont, Montpellier 04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr


Danse de nuit

© Boris Brussey

Sur les places, dans des ruines urbaines, sur des parkings, des danseurs investissent l’espace public. C’est la nuit, il peut faire froid, il peut même pleuvoir, ils sont là. Ils parlent, improvisent, ils réfléchissent tout haut et bougent, tournent, corps à corps. Une expression physique et politique, pour un « public buissonnier », ce passant des villes que Boris Charmatz interpelle dans sa chorégraphie extrême. En partenariat avec Montpellier Danse.

4 au 6 octobre place de l’Europe, Montpellier 04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr

RENSEIGNEMENTS & RÉSERVATIONS • 04 96 11 11 20 • COMPAGNIE@KELEMENIS.FR WWW.KELEMENIS.FR

Christian Rizzo, directeur du Centre chorégraphique national de Montpellier, poursuit avec cette nouvelle pièce son travail empreint d’onirisme et de figures plastiques hybrides. S’adressant explicitement cette fois à tous les publics, il propose une incursion dans le monde de l’enfance, en passant par les à-côtés de la scène : le son, les images, la lumière, qu’il élève à la hauteur des corps dansants. Élargir les imaginaires, éveiller les sensations enfouies dans le quotidien adulte : il s’agit là de plonger dans la dimension sans frontières de l’invention et des souvenirs, accompagnés par les trois danseurs de ce nouveau spectacle. « Apparitions et disparitions construisent un paysage mouvant au plateau, déployant un espace onirique où chaque protagoniste invite l’autre dans son monde. (…) D’à côté développe une narration abstraite faite de ruptures, de contaminations de mouvements, de libres associations d’images et d’engagement physique. » Création 2017, première.

OPÉRA DE

TOULON SAISON 17 18

lyrique

concerts

Mam’zelle Nitouche

Orchestre Symphonique de l’Opéra de Toulon

Madama Butterfly La Flûte Enchantée Wonderful Town Lucia di Lammermoor L’Italienne à Alger

© Christian Rizzo

Nabucco

6 & 7 octobre Centre chorégraphique national, Montpellier 04 67 60 06 70 ici-ccn.com

operadetoulon.fr 04 94 92 70 78

RETROUVEZ TOUTE LA PROGRAMMATION DE L’OPÉRA DE TOULON EN LIGNE

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Kilar – Tchaïkovski Saint-Saëns – Bruch Vanhal – Beffa – Schumann Bizet – Holst – Sibelius Beethoven – Ter Veldhuis Rachmaninov – Dvorák Pépin – Chostakovitch Gershwin – Bernstein Rodgers – Kern Ladmirault

Ciné-concert Danse, Théâtre…

EPCC Opéra de Toulon, Bld de Strasbourg, 83000 Toulon • N° Siret 451 807 358 00028 • Code APE 9001Z - N° de licences 1-127103/2-127104/3-127105 | Design graphique : Atelier Marge Design

D’à côté


52 au programme musique bouches-du-rhône

Dernier jour d’un condamné

Bryn Terfel & Lahav Shani

Grand Prix de la meilleure production et mise en scène dans le cadre du Festival Opera Competition with Mezzo Television, l’opéra Dernier jour d’un condamné, inspiré du texte éponyme de Victor Hugo, décline en deux actes et un intermezzo la virtuosité créatrice et vocale des frères Alagna, Roberto, David et Frederico. Il est donné pour la première fois à Marseille sous la houlette de JeanYves Ossonce, dans une mise en scène de Nadine Duffaut. Une œuvre bouleversante et toujours d’une effrayante actualité !

Soirée d’exception au GTP avec l’Orchestre de Lyon dirigé par Lahav Shani sur un programme éclectique qui convoque Mozart (Symphonie 40, KV 550), Verdi, Wagner. Aux côtés du chef prestigieux, l’un des plus grands barytons-basses actuels, Bryn Terfel, nous entraînera auprès d’Othello, de Siegfried, de Falstaff, pour le ravissement des mélomanes. Un programme monumental où résonnera la voix du dieu Wotan, le père des terribles Walkyries !

28 septembre au 4 octobre Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr

Ils seront donc cinq, mais pas de quintet pour les pointilleux amoureux des nombres, les pièces sont des quatuors avec flûte. Complices depuis leurs études à Berlin, à la Hochschule für Musik Hanns Eisler, Jurkovic Adrien (violon), Descamps Thomas (violon), Pagnon Raphaël (alto), Iachemet Simon (violoncelle) et Marie Laforge (flûte) offriront un programme raffiné, conjuguant virtuosité, légèreté et gravité avec des pièces de Mozart, Debussy et Rossini, dans l’écrin de la Magalone. 15 septembre Cité de la musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com

D’un Strauss à l’autre C’est au Silo qu’il faudra se rendre pour écouter le bel Orchestre Philharmonique de Marseille et le piano de Plamena Mangova dirigés par le chef international Jun Märkl. Le programme sera nourri des œuvres de Johann Strauss, le fils, et de Richard Strauss, qui n’en est pas le père : polkas enlevées de Johann Strauss, puis, Burlesque pour piano et orchestre (partition démoniaque pour le piano !) et l’ample poème symphonique, Une vie de héros de Richard Strauss. 30 septembre Silo, Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr

Café Zimmermann

Bryn Terfel © Mei Lewis

6 octobre GTP, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

Khatia Buniatishvili Quel bonheur de retrouver au GTP Khatia Buniatishvili, la pianiste qui a enchanté le Festival de Pâques ! Celle que l’on a surnommée la « Betty Boop du piano » accordera sa fougueuse personnalité aux œuvres de Brahms (Sonate pour piano n°3), Liszt (Rhapsodie espagnole), Tchaïkovski (Suite de Casse-Noisette, arrangement Mikhaïl Pletnev), Stravinsky (Trois danses de l’Oiseau de Feu, arrangement Guido Agosti). Tempi survoltés, interprétations pétillantes seront sans aucun doute au rendez-vous !

Dans le cadre des Journées du patrimoine (voir p 8-9), l’Ensemble Café Zimmermann offre à La Magalone un concert qui permettra à tous les publics de goûter aux délices du répertoire baroque vocal, en invitant de jeunes chanteurs issus de l’Académie du Festival d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence. Ainsi, la basse Andri Björn Robertsonn se joindra à Pablo Valetti, Mauro Lopes Ferreira, Patricia Gagnon, Petr Skalka, Daniel Szomor, Emmanuel Laporte, Céline Frisch. (Attention, concert à 11h). 16 septembre Cité de la musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com

Khatia Buniatishvili © Gavin Evans-Sony Classical

Roberto Alagna © Jean-Baptiste Millot

Marie Laforge © Francis Habert

Quatuor à cordes avec flûte

8 octobre GTP, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net


SPECTACLES 2017/2018 TAL jeudi 05 - 20h FREDERIC FRANCOIS dimanche 08 - 16h TK2 WORLD MAX 2017 samedi 14 - 19h DIANA KRALL lundi 16 - 20h BRYSON TILLER mardi 17 - 20h L’HEUREUX ELU AVEC BRUNO SOLO & YVAN LE BOLLOC’H

jeudi 19 - 20h30 NOELLE PERNA SUPER MADO

jeudi 26 - 20h30

NOVEMBRE 2017

DANY BOON samedi 04 - 20h LA TROUPE DU JAMEL COMEDY CLUB mercredi 08 - 20h30 VINCENT DEDIENNE jeudi 09 - 20h CROQUE MONSIEUR vendredi 10 - 20h30 samedi 11 - 20h30 STACEY KENT mardi 14 - 20h00 TOKIO HOTEL mercredi 15 - 21h VERONIQUE SANSON jeudi 16 - 20h30 vendredi 17 - 20h30

RACHID BADOURI dimanche 19 - 19h LOIC NOTTET lundi 20 - 20h ASAF AVIDAN mardi 21 - 20h SALUT SALON samedi 25 - 15h30 MOZART GROUP samedi 25 - 20h30 ALDEBERT « ENFANTILLAGES 3 » dimanche 26 - 15h et 18h30 JEFF PANACLOC CONTRE ATTAQUE mardi 28 - 20h CLAUDIO CAPEO jeudi 30 - 20h

DÉCEMBRE 2017

MARC ANTOINE LE BRET vendredi 01 - 20h30 CAMILLE jeudi 07- 20h ISABELLE BOULAY jeudi 14 - 20h30 ALBAN IVANOV samedi 16 - 20h30 ANTHONY JOUBERT- SAISON 2 mercredi 20 - 20h30 CASSE NOISETTE PAR LE SAINT PETERSBOURG BALLET THEATRE

samedi 23 - 15h et 20h

JANVIER 2018 ROCH VOISINE mardi 16 - 20h

ANTHONY KAVANAGH mercredi 17- 20h30 JULIEN CLERC jeudi 18 - 20h vendredi 19 - 20h ARTURO BRACHETTI samedi 20 - 20h30 JARRY mardi 30 - 20h

FÉVRIER 2018

CIRKAFRIKA 3 vendredi 02 - 20h STEVEN WILSON dimanche 04 - 18h ABBA MANIA vendredi 09 - 20h30 ZIZE LE BEST OF samedi 10 - 15h et 20h30 VIENS CHANTER AVEC T’CHOUPI dimanche 11 - 11h et 14h30 MICHEL FUGAIN mardi 20 - 20h CLAUDIA TAGBO vendredi 23 - 20h30

MARS 2018

ACTING mercredi 14 - 20h30 CAMILLE LELLOUCHE vendredi 16 - 20h30 DANY BOON mardi 20 - 20h LE COMTE DE BOUDERBALA vendredi 23 - 20h30 ...

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OCTOBRE 2017

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54 au programme musique vaucluse var hérault alpes-maritimes

Delphine Galou & Ottavio Dantone

Bienvenue Benjamin !

L’Italienne à Alger

8 octobre Cathédrale Notre Dame des Doms, Avignon 04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr

Une nuit à Broadway La comédie américaine dans sa plus pure tradition nous donne rendez-vous à l’Opéra de Toulon dont le chœur ainsi que les solistes, le ténor Doug LaBrecque et la soprano Rebecca Trehearn seront dirigés par Larry Blank. On croisera au cours d’extraits, le destin de Porgy and Bess de Gershwin, On the Town de Bernstein, le Show Boat de Jérôme Kern, et des passages de pièces de Richard Rodgers, Oklahoma !, South Pacific, Caroussel, The King and I, The Sound of Music… N’allez plus à New York, Broadway est à Toulon ! 16 septembre Opéra de Toulon 04 94 93 03 76 operadetoulon.fr

26 septembre au 1er octobre Opéra Comédie, Montpellier 04 67 601 999 opera-orchestre-montpellier.fr

Benjamin Levy © Céline Leporrier

Benjamin Lévy ouvre sa première saison à la tête de l’Orchestre de Cannes avec la marraine de ce dernier, la pianiste star du classique, Khatia Buniatishvili. Elle interprètera le Concerto n° 23 de Mozart, partition à la palette subtile. Auparavant on aura goûté au charme des Indes Galantes, Suite de Ballets de Rameau. L’orchestre jouera ensuite la Symphonie n°3 dite Héroïque de Beethoven. Œuvre éclatante pour initier une programmation généreuse. Une belle entrée en matière ! 1er octobre Théâtre Croisette, Cannes 04 92 98 62 77 orchestre-cannes.com

Beaulieu Classic Festival Le Beaulieu Classic Festival fête ses quinze ans, alliant dans sa programmation valeurs reconnues et découvertes avec un même bonheur. Pour cette édition anniversaire, dix jours (du 14 au 24 septembre) permettront d’entendre l’un des plus prestigieux ensembles à cordes américains, le Fine Arts Quartet (fondé à Chicago en 1946) qui jouera avec le grand interprète de Chopin, Jean-Marc Luisada (voir journalzibeline.fr). La veille, un hommage aura été rendu à Rostropovitch, grâce à l’Orchestre de Cannes dirigé par Benjamin Lévy, aux côtés du violoncelle du jeune virtuose Edgar Moreau. On sera séduits par les propositions

(de Paganini à Nat « King » Cole) de l’étonnant Trio Marimba (Révélation 2017 des Victoires de la Musique Classique), composé d’Adélaïde Ferrière (marimba), Juanjo Mosalini (bandonéon) et Pierre-Yves Hodique (piano). L’ensemble vocal Voces8 parcourra l’histoire de la musique, allant des polyphonies de la Renaissance au jazz ou à la pop et apportera sa verve avec son spectacle Sing Joyfully. (Possibilité concerts seuls ou avec repas). Fine Arts Quartet © X-D.R.

La Cathédrale Notre Dame des Doms, à Avignon, connaîtra une matinée d’anthologie grâce à la mezzo-soprano Delphine Galou et à l’organiste Ottavio Dantone, en prologue à la Première Semaine Italienne d’Avignon et en coréalisation avec Musique Baroque en Avignon et Les Automnales de l’Orgue. La voix humaine se mêlera à celle des orgues sur des pièces de Frescobaldi, Torelli, Pasquini, Stradella, Scarlatti, Marcello.

Hanna Hipp © Matthew Plummer

Delphine Galou © X-D.R

Las de sa femme Elvira, Mustafa le bey d’Alger veut la marier à l’un de ses esclaves italiens, Lindoro, et épouser une italienne. Bien évidemment, la belle Isabella convoitée par le bey est aussi aimée de Lindoro et d’un certain Taddeo… Le livret d’Angelo Anelli noue de multiples intrigues dans cet opéra bouffe de Rossini qui offre de délicates partitions aux chanteurs, sous la houlette de Michael Schønwandt, dans une mise en scène de David Hermann avec les chœurs et l’orchestre national de Montpellier Occitanie.

14 au 24 septembre Rotonde Lenôtre et Casino de Beaulieu 04 93 01 02 21 beaulieuclassicfestival.com


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Potochkine

Le musicien et inventeur Franz Clochard, avec sa compagnie Mécanique Vivante, fait de la sirène d’alerte un instrument de musique à part entière. Dans cet « ailleurs musical », la résonnance acoustique de sept sirènes se mêle à la guitare électrique de Seb Martel, aux percussions d’orchestre de Laurence Meisterlin et à deux trombones aux pavillons démesurés. Une scénographie spectaculaire pour un spectacle rare !

6 octobre Cité de la musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com

Potochkine est un duo singulier qui propose un « électro dell’arte » aux confins de la performance théâtrale et poétique et de la new wave, en français. Remarqué grâce à leur reprise de Mon légionnaire diffusée sur SoundCloud, ce couple improbable a depuis sorti un premier EP en avril 2016, intitulé Libérez votre imagination. Un programme prometteur, à découvrir impérativement ! 6 octobre Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net

Joyeux Urbains À Berre, l’ouverture de saison est toujours festive ! Les cinq musiciens, chanteurs et comédiens du groupe Joyeux Urbains déclinent depuis 20 ans une pop mêlée de rock, swing, rap et java qui lorgne souvent vers la satire sociale. Sébastien Lalanne met en scène ce spectacle dans lequel ils se révèlent être de redoutables comédiens ! Toujours drôles et irrévérencieux, les bougres semblent se bonifier au fil des années !

3 octobre La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 theatrela-passerelle.eu

Jazz à la Havane Deux pianistes (Harold Lopez Nussa et Rolando Luna), un percussionniste (Yaroldy Abreu), un batteur (Rodney Barreto), un saxophoniste (Irving Acao), un trompettiste (Carlos Sarduy) et un bassiste (Gaston Joya) : ces sept musiciens, une petite trentaine d’années chacun, sont actuellement parmi les meilleurs musiciens de Cuba. Le répertoire de ce septet hors du commun couvre un grand pan de l’histoire du jazz cubain, du patrimoine musical de la Havane jusqu’à leurs compositions actuelles.

Musiques à Pauline

Harold Lopez-Nussa © Eduardo Rawdriguez

Sous cette délicieuse appellation se nichent les animations musicales organisées par l’Office de Tourisme Communautaire DLVA et l’association FestiGreoux, sur cette placette située au centre du village de Gréoux-les-Bains. Les 24 et 29 septembre se succèderont deux concerts, en plein air ! Le chœur du Chant du voisin associe polyphonies profanes et sacrées allant des rives de la Méditerranée aux montagnes du Caucase à des créations contemporaines. Dans un tout autre genre, l’auteur-compositeur Pierlobo fait se côtoyer Louis Armstrong, Duke Ellington ou encore Ray Charles dans un concert vivant mi-parlé mi-chanté.

© X-D.R

29 septembre Forum de Berre 04 42 10 23 60 forumdeberre.com

© Sem Brundu

Ouïes (ailleurs musical)

C’est sous l’impulsion de Fouad Didi et Tchoune Tchanelas –leur rencontre s’étant faite au sein de la formation Rassegna- qu’est né ce Flamenc’opéra. Après un premier temps qui fera résonner l’univers flamenco par la voix de T. Tchanelas accompagné à la guitare par Manuel Gomez et au piano par Martial Paoli, et un deuxième temps impulsé par le chant et le violon oriental de Fouad Didi, épaulé par le oud de Malik Ziad et le mandole de Farid Zebroune, viendra celui de la rencontre entre ces deux inflexions proches, orientales et flamencas.

Tchoune Tchanelas © X-D.R.

Flamenc’oriental

Le Chant du voisin 24 septembre Pierlobo 29 septembre Placette Pauline, Gréoux-les-Bains 04 92 78 01 08 greoux-les-bains.com

7 octobre Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr


56 au programme cinéma

La Belle et la Meute de Kahouter Ben Hania, © Jour2Fête

Yeux ouverts et tête haute

P

armi les nombreux festivals de cinéma en Région PACA, les Rencontres Films Femmes Méditerranée ont su en un peu plus d’une décennie acquérir une notoriété méritée et affirmer d’année en année l’originalité de leur projet : mettre en valeur le travail des réalisatrices méditerranéennes. Pour cette 12e édition qui se déroulera du 4 au 22 octobre à Marseille, Hyères, La Ciotat, Port-de-Bouc et Cucuron, de nombreux invités et pas moins de 40 films, longs et courts, fictions ou doc, inédits, avant-premières, œuvres primées dans les compétitions internationales ! Dès l’ouverture au cinéma Les Variétés, après le récital des chansons du grand Nino Rota par le duo Murielle Tomao et Anne Gastine, on s’offre une Caméra d’or : Jeune femme. Le premier long-métrage de Léonor Serraille, en présence de la réalisatrice et de sa monteuse. Un film tonique qui suit les galères et la sortie de crise d’une trentenaire interprétée par Lætitia Dosch. On en trouvera beaucoup dans cette programmation 2017 de ces héros et héroïnes, tiraillés entre les contraintes familiales, politiques, sociales, culturelles, et l’affirmation de leur identité. Ainsi Marvin, dans le film d’Anne Fontaine, « différent », brimé dans son milieu prolo homophobe et violent, qui se fera accepter en s’acceptant lui-même. Ainsi Pamela, la jeune portugaise de Tous les rêves du monde de Laurence Ferreira Barbosa, parvenant malgré son amour pour ses parents et son pays d’origine, à s’émanciper. Ou encore les protagonistes des deux web-séries projetées

dans le cadre de l’Atelier de productions digitales initié l’an dernier : la Loulou du trio Jaulin-Besson-Fauquet, devant sa maternité annoncée, ou La Crépue de Ngo en butte aux stéréotypes d’une société qui se déclare pourtant ouverte et mondialisée. Rester ou partir, tel est le choix du couple de cinéastes égyptiens de Happily ever after, Nada Riyadh et Ayman El Amir interrogeant leur amour et leur engagement devant le désir de l’un de quitter une patrie en déliquescence. Vivre en exil ou revenir, tel est celui du trio de trentenaires iraniens fuyant les mollahs de Maryam Goormaghtigh dans Avant la fin de l’été. Choix de vie pour la fillette marocaine dans House in the fields de Tala Hadid, qui voit les préparatifs du mariage de sa grande sœur et ne se reconnaît pas dans ce destin-là. Ou pour celle de Trampoline de Katarina Zrinka Matijevic devant son devenir de femme. Notons dans la programmation côté fiction le très joli Été 93 de Carla Simon dans lequel une orpheline surmonte le deuil, et le glacial Godless de Ralitza Petrova. Côté doc, Des Bobines et des hommes de Charlotte Pouch où la réalité ouvrière d’une usine condamnée à la fermeture rejoint la fiction d’une comédie romantico-sociale, et le surprenant Pagani d’Elisa Flaminia Inno où se célèbrent à la fois la Sainte Vierge et Notre Dame des Poules ! On retrouvera les rendez-vous traditionnels de FFM. D’abord la table ronde organisée avec Arte Actions Culturelles, le MuCem et l’Avitem, le 7 octobre de 14 h 30 à 18 h, à la

Villa Méditerranée, autour de My own private war de Lidija Zelovic, et de la question de la résilience : peut-on faire la paix avec sa guerre ? La réalisatrice serbe interviendra aux côtés de la poétesse et réalisatrice syrienne Hala Mohammad ainsi que de la psychanalyste et universitaire Marie-Odile Godard. Ensuite la leçon de cinéma le 10 octobre au Vidéodrome2 menée cette année par la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania dont le film La Belle et la meute, projeté la veille, reconstitue le combat de Mariam pour faire reconnaître contre la loi de la force le viol dont elle a été victime. Et enfin bien sûr la soirée 13 En courts, le 6 octobre à 19 h aux Variétés où treize courts métrages inédits entrent en lice pour un Prix du Jury et un Prix du Public. Sans oublier les deux week-ends organisés en partenariat avec le MuCem dédiés à Sandrine Bonnaire, actrice et réalisatrice. Nouveauté, l’expo-photos à la galerie de la boutique Agnès B de Marseille présentant les travaux des lauréates du concours International Women Photographes Award organisé par l’Alliance française de Dubaï. Une expo dont le titre : « Les yeux ouverts » pourrait tout aussi bien chapeauter la manifestation dans son ensemble ! ELISE PADOVANI

4 au 22 octobre Divers lieux, Marseille, Hyères, La Ciotat, Port-de-Bouc et Cucuron Films Femmes Méditerranée, 12e rencontres films-femmes-med.org


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Des p’tits courts, des p’tits cours…

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amedi 7 octobre à Rousset, vous pourrez déguster le nouveau Courts-Bouillon, concocté avec soin, tout au long de l’année, par les Films du Delta. Un breuvage aux saveurs variées, comédies, drames, films d’animation, venus de 11 contrées, des plats pour tous les goûts, tous les âges de 14h à 23h30. Comme chaque année, une séance spéciale en partenariat avec L’école MOPA (Motion Picture in Arles), l’occasion de découvrir les films des étudiants de 3e année sur la thématique du monde agricole. Monde que connait bien Hubert Charuel dont le premier long-métrage, l’émouvant Petit paysan vient de sortir en salles et dont on pourra voir ici Fox-terrier. On pourra découvrir le Prix du public du Festival d’Animation d’Annecy, Pépé le morse de Lucrèce Andreae. Une plage sombre, balayée par le vent, Mémé prie, Maman hurle, les frangines s’en foutent, Lucas est seul. Pépé qui était bizarre comme type, est mort maintenant. Autre film d’animation, primé au Festival international de cinéma de Sitges, Darrel des Espagnols Marc Briones et Alan Carabantes : échange de regards dans le métro. Combien d’occasions manquées ?

Darrel a décidé de ne pas laisser filer celle-ci… Espagnol aussi, Renovable de Jose Mari Goenaga et Jon Garaño. Des années après leur rupture, Tanya et Josean se retrouvent lors d’un congrès sur les énergies renouvelables. Elle a beaucoup à dire… Mention Spéciale du Jury du Prix Unifrance au Festival de Cannes, Les Bigorneaux d’Alice Vial nous raconte l’histoire de Zoé, serveuse, barmaid, qui s’épuise à prendre en charge son père, depuis la mort prématurée de sa mère. Mention Spéciale au Festival international du film de Tanger, Aya va à la plage de Maryam Touzani campe une fillette de dix ans, espiègle, intelligente, drôle, et domestique enfermée dans un petit appartement dans la médina de Casablanca. Dans Le Bleu, blanc, rouge de mes cheveux de Josza Anjembe, Seyna, une adolescente d’origine camerounaise, n’aspire qu’à une chose : acquérir la nationalité française malgré l’opposition farouche de son père. Dans Submarine de la Libanaise Mounia Akl, nous rencontrons Hala, incarnée par la superbe Yumna Marwan, une jeune femme rebelle qui résiste à l’évacuation du pays submergé par les déchets, refusant de tirer

un trait sur le passé. Prix Women In Film au Liverpool International Film Festival, The Nest de Jamie Jones. À Londres, une mère célibataire et ses enfants se font expulser de leur maison pour être remplacés par une famille d’origine étrangère…. On suit Domingo, dans le film éponyme du Mexicain Raúl López Echeverría, journaliste sportif passionné commentateur amateur de foot, qui, rêvant de devenir professionnel, arrive à obtenir une audition pour la télévision locale…et plein d’autres. Alors, n’hésitez pas à aller à la salle Émilien Ventre à Rousset pour 1, 2, 3 ou 4 bols de Courts-Bouillon. ANNIE GAVA

Courts-Bouillon 7 octobre Salle Émilien Ventre, Rousset 04.42.53.36.39 filmdelta.com Pépé le morse, de Lucrèce Andreae © Caïmans Productions


58 au programme cinéma

Rencontres d’Outre Rhin

D

u 20 au 24 septembre à Marseille, aux cinémas Les Variétés, le Gyptis, le Vidéodrome2 et dans l’auditorium du MuCEM, on entendra la langue de Goethe. Enfin pas tout à fait celle que parlait le grand auteur au début du 19e, les films projetés étant tous du 21e siècle. Kino Visions, le festival du cinéma en langue allemande à Marseille, propose, pour sa 3e édition, un programme dense mettant à l’honneur des œuvres remarquées dans les grandes compétitions internationales. Projections d’inédits et avant-premières précédées et suivies de rencontres. En premier lieu, celle avec le parrain du festival : Nicolas Wackerbarth qui présentera, lors de la soirée d’ouverture aux Variétés (le 20 à 20 h) son dernier film : Casting. Une comédie dans les coulisses du tournage d’un remake de Fassbinder : Les larmes amères de Petra von Kant, où se dissèquent jeux de pouvoir, rapports de force et petites cruautés entre humains civilisés. Invitée très attendue : Angela Schanelec, figure emblématique du « renouveau stylistique » berlinois, accueillie « deux fois » ! Une première

fois, le 23 septembre, pour Marseille, un film dans lequel la protagoniste est une photographe qui échange son appartement de Berlin contre un logement à Marseille. Aller, fuir peut-être, contempler, errer, capter, rencontrer, retourner. « Tous mes films reposent sur l’idée qu’une grande partie de la vie est impénétrable » affirme la réalisatrice qu’on retrouvera une deuxième fois en clôture du festival le 24 septembre, Le chemin rêvé d’Angela Schanelec © Filmgalerie 451 avec Le chemin rêvé, liant la Grèce des années 80 à l’Europe actuelle. de l’underground berlinois » nous invite à La programmation permet d’autres voyages, une expérience sensorielle et son film Dans plus modestes comme celui du jeune Maik l’ombre de Chamisso sera projeté en continu, dans Tschick de Fatih Akin, qui s’embarque au MuCEM, le 24 septembre, de 10h à 22h. avec son copain dans une Lada volée sur La durée hors normes de 12 heures ne doit les routes de l’ex-RDA. Ou plus ambitieux effrayer personne, ceux qui parviendront à se comme celui à accomplir aux côtés de Ulrike détacher des images fascinantes du Grand Ottinger du Kamchatka à l’Alaska. L’ex « reine Nord pourront quitter la salle et la regagner

Masculin pluriel

D

u 21 au 24 septembre se tiendra la 14e édition des Rencontres Cinématographiques de Cavaillon, organisées par l’association Ciné Plein Soleil et animées par le critique Xavier Leherpeur. L’occasion de découvrir des films en avant-première et de rencontrer des invités après la projection des films qu’ils ont réalisés ou interprétés. En ouverture et en avant-première, Le Sens de la fête du duo Éric Toledano et Olivier Nakache, comédie inspirée par leur propre expérience de petits boulots de serveurs dans

Le Sens de la fête, de Éric Toledano et Olivier Nakache © Gaumont

les mariages. On y retrouve Jean-Pierre Bacri, Jean-Paul Rouve, Gilles Lellouche, Vincent Macaigne et le jazz d’Avishai Cohen.

Coups de projecteur Le 22, c’est le réalisateur et acteur belge Lucas Belvaux qui est à l’honneur. Le public pourra échanger après chaque projection avec cet acteur qui a démarré sa carrière en 1981 dans Allons z’enfants d’Yves Boisset, et passé depuis derrière la caméra. En 2006, il

joue l’un des rôles principaux de son sixième long-métrage, La Raison du plus faible, un polar humaniste, (à 21h) avec Éric Caravaca. On pourra voir aussi deux autres films, Rapt, (2009) inspiré par l’enlèvement du baron Empain avec Yvan Attal qu’il fait tourner aussi en 2012 dans 38 témoins, adapté du roman Est-ce ainsi que les femmes meurent ? de Didier Decoin. Le lendemain est consacré à Éric Caravaca dont on verra en avant-première Carré 35 (16h), documentaire à la première personne, enquête entre France et Maghreb sur un secret de famille… C’est le film de François Dupeyron, C’est quoi la vie (13h20) qui le fait connaître : César du Meilleur espoir en 2000. Et en 2017, il incarne un professeur de philosophie dans L’Amant d’un jour de Philippe Garrel (10h30). Puis ce sera un Dimanche en compagnie Bertrand Tavernier, dont on verra Le Juge et l’assassin (1976) qui met face à face Philippe Noiret et Michel Galabru, adapté d’un fait divers du XIXe siècle, et Ça commence aujourd’hui (1999) avec Philippe Torreton dans le rôle d’un directeur d’école qui ne lâche rien. Le public de Cavaillon pourra faire le Voyage à travers le cinéma français


4-22 oct 2017

avec le même ticket. Le travail d’un autre artiste, Beuys (mort en 86) et son prolongement politique est le sujet du film d’Andreis Veiel tourné à partir d’archives et présenté le 23 septembre par Jean-Pierre Rehm (sous réserves). Le thème des migrants dont le cinéma s’est naturellement emparé sera présent avec Dernier refuge de Gerald Igor Hauzenberger, qui interroge la politique d’asile autrichienne à travers le récit de l’occupation de la plus grande église gothique de Vienne par un groupe d’Afghans et de Pakistanais réfugiés. Idéal humaniste contre repli nationaliste créent la tension du long-métrage de Valeska Grisebach, Western, mettant en scène les frictions entre des ouvriers allemands partis travailler en Bulgarie et les villageois du coin. Des années auparavant, les mouvements ouvriers se multipliaient en Allemagne, France, Angleterre et Karl Marx exilé avec sa femme Jenny à Paris rencontrait Friedrich Engels. Jeanne Baumberger introduira le 22 septembre Le jeune Marx de Raoul Peck qui revisite ces années-là, déterminantes pour l’œuvre du philosophe et pour l’histoire mondiale (voir p.8). À vos agendas !

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ELISE PADOVANI

Photo © Raeda Saadeh

Kino Visions, Festival de cinéma en langue allemande 20 au 24 septembre Les Variétés, le Gyptis, le Vidéodrome2 et MuCEM, Marseille kinovisions.blogspot.fr

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en suivant Tavernier qui présente des films, des cinéastes et compositeurs qui ont marqué sa vie : Becker, Renoir, Carné, Gabin, Kosma et tous les autres. Un documentaire qui va donner envie aux spectateurs de (re)voir les 94 films que cite ce cinéaste passionné et érudit.

Avant-premières C’est toujours un plaisir de voir les films avant leur sortie en salles ! L’Ecole buissonnière, une histoire d’hommes, d’animaux, de nature… en Sologne, la terre natale de Nicolas Vanier. A nous de jouer, le documentaire d’Antoine Fromental où l’on suivra les projets d’un principal de collège pour lutter contre l’échec scolaire : la classe rugby et la classe théâtre. En présence du réalisateur et de Christian Comès, principal du collège Jean Macé. Un seul film de femmes programmé : l’haletant thriller féministe, La Belle et la meute de Kaouther Ben Hania avec Mariam Al Ferjani. On ne peut pas dire que la parité soit respectée ! En clôture, le 24 à 21h, Au revoir là-haut, adaptation du roman de Pierre Lemaitre par Albert Dupontel qui joue aux cotés de Laurent Lafitte, Niels Arestrup et Émilie Dequenne. 18 films, dont 6 avant-premières ; mais, est-on en droit de se demander, où sont les femmes ? ANNIE GAVA

Les Rencontres de Cavaillon 21 au 24 septembre La Cigale et Le Femina rencontrescine-cavaillon

#CourtsBouillon


60 au programme cinéma bouches-du-rhône

Cinéma et handicap

La crème de Cannes

Patients, de Grand Corps Malade © Gaumont

La Semaine Fosséenne du Handicap, organisée par la ville de Fos-sur-Mer, proposera une séquence cinéma ainsi que des interventions et débats autour des thèmes abordés. Au programme : Patients, réalisé par Grand Corps Malade et Medhi Idir, basé sur la vie du slameur ; Le conte des sables d’or, de Sam et Fred Guillaume, film réalisé par et avec des enfants en situation de handicaps ; et Les p’tits explorateurs, quatre courts-métrages d’animation évoquant notamment la surdité et le langage des signes. 13 au 26 septembre Cinéma L’Odyssée, Fos-sur-Mer 04 42 11 02 10 scenesetcines.fr

Cinema Paradiso

Cinema Paradiso © Ariane Distribution

Un classique des temps modernes pour ouvrir la saison des Intemporels à L’Odyssée de Fos. Cinema Paradiso, réalisé par Giuseppe Tornatore en 1988, est vite devenu un film-culte. Philippe Noiret y incarne un projectionniste bourru et au grand cœur. Dans un village de Sicile, il va se lier d’amitié avec un petit garçon émerveillé par la magie du cinéma. Devenu un célèbre réalisateur, le jeune homme revient sur les lieux de son enfance et se remémore les images de sa vie d’alors. 20 septembre au 1er octobre Cinéma L’Odyssée, Fos-sur-Mer 04 42 11 02 10 scenesetcines.fr

Comme 50 autres cinémas en France, le Renoir à Martigues accueille le meilleur de la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes 2017. Cette sélection parallèle, créée après Mai 68 en réaction au formalisme du Festival officiel, a révélé de nombreux cinéastes, devenus des piliers de la Croisette (Scorsese, Jarmusch, Haneke,…). Le 14 septembre, Edouard Waintrop, qui en est le délégué Un beau soleil interieur de Claire Denis © Ad Vitam

général depuis 2011, sera présent lors de la projection du film de Claire Denis, Un beau soleil intérieur. L’amour quinqua à la sauce 2017 y est dépeint, avec notamment Juliette Binoche, Gérard Depardieu, et Josiane Balasko. A découvrir également : A Ciambra, de Jonas Carpignano, tourné en Calabre, qui conte le parcours tourmenté d’un adolescent d’origine rom ; Cuori Puri, de Roberto De Paolis, où une jeune fille, pieuse catholique, découvre l’attraction amoureuse ; ou le film de Geremy Jasper, Patti Cake$, le pseudo d’une serveuse de bar dans le New Jersey qui se rêve en star du hip-hop. 13 au 19 septembre Cinéma Jean Renoir, Martigues 09 63 00 37 60 cinemartigues.com

Sciences, ciné et exploration Événement à l’Eden Théâtre de La Ciotat, qui reçoit en ses murs l’édition 2017 de Lumexplore. Contraste idéal pour ce Festival du Film d’Exploration Scientifique et Environnementale, accueilli dans la doyenne des salles de cinéma du monde. La manifestation, portée par la Société des Explorateurs Français, proposera projections, débats et conférences. L’aventure humaine et la préservation de la nature seront au programme, avec la mer (Abysses, les Alliances des profondeurs, de Jean-Yves Collet), la terre (Les Robinsons de l’île inconnue de Patagonie de G. Santantonio) ou l’espace (L’Odyssée Rosetta, 900 jours

sur une comète, de Jean-Christophe Ribot). Parmi les personnalités invitées, Patrick Poivre d’Arvor tiendra une conférence sur Saint-Exupéry, Antoine de Maximy présentera deux de ses films, Nyiragongo, un volcan dans la ville et La Montgolfière qui croyait au Paradis, et Nicolas Hulot animera une conférence sur le climat et l’environnement.

Lumexplore 14 au 17 septembre Eden Théâtre, La Ciotat
 04 96 18 52 49 edencinemalaciotat.com

Thomas Pesquet, profession-astronaute, de Vincent Perazio et Alain Tixier © Arte film


au programme cinéma vaucluse gard hérault

Mainmise sur les villes

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Ouvrir la voix

Agro-Ecologie

Mainmise sur les villes © chamaerops productions

Ce film de Claire Laborey sera au programme d’une journée thématique « Comment nos villes ont abandonné leurs centres-villes ». Organisée par l’Utopia, le Théâtre des Doms et l’association Sciences Citoyennes, il y sera question de ce phénomène généralisé, qui ne cesse de prendre de l’ampleur. À Avignon comme ailleurs, depuis 30 ans, les commerces délaissent les centres-villes pour s’installer dans des zones périphériques toujours plus étendues. Quelles en sont les conséquences humaines, économiques et environnementales ? 7 octobre Cinéma Utopia, Avignon 04 90 82 65 36 cinemas-utopia.org

El Patio

El Patio © Cosmographe productions/Films nomades

Drôle d’endroit pour faire un film ! El Patio, réalisé par Elvira Diaz, est un documentaire tourné au sein du Cimetière Général de Santiago du Chili. Cet immense jardin fleuri porte aussi les stigmates de la dictature des années Pinochet. Les tombes marquées anonymes y sont nombreuses, et les fossoyeurs de l’époque ont en eux de lourds souvenirs sur cette période. Ils vont les partager avec Sergio, le plus jeune des employés du lieu. La cinéaste, ainsi que Sergio, seront présents lors de la projection.

Pendant un mois, la métropole montpelliéraine se consacre à l’agro-écologie. Dans ce cadre, projection à l’Utopia de S’installer paysan sans terre et sans capital, de Pascal Biston et l’association Les Ziconofages. Le film suit quelques jeunes paysans dans leurs difficultés pour s’installer en bio dans l’Hérault. Au Diagonal, Éloge des mils : l’héritage africain, documentaire d’Idriss Diabaté, qui révèle la place essentielle de cette céréale en Afrique.

Ouvrir la voix © X-DR

Double identité et double discrimination : être femme et être noire. Amandine Gay signe ce documentaire afro-féministe, qui plonge aux racines du racisme et du sexisme nés de l’histoire coloniale européenne. La réalisatrice explore les parcours de vie de plusieurs femmes et les expériences subies de leur différence. Il y est question de clichés tenaces et des actes insupportables auxquels ces préjugés peuvent mener. Avec une intention essentielle pour la cinéaste : « se réapproprier la narration. » Soirée débat en présence d’Amandine Gay.

S’installer paysan, photo de tournage © les Ziconophages

12 septembre Cinéma Utopia, Montpellier 04 67 52 32 00 cinemas-utopia.org 19 septembre Cinéma Diagonal, Montpellier 04 67 58 58 10 cinediagonal.com

26 septembre Cinéma Utopia, Montpellier 04 67 52 32 00 cinemas-utopia.org

L’Atelier

120 battements par minute Pressenti pour décrocher la Palme d’Or au Festival de Cannes 2017, le film de Robin Campillo en est finalement reparti avec le Grand Prix du Jury. Les décennies 80-90, celles des premières années SIDA, sont au cœur de cette fiction du réel. Elle conte le combat de ceux, homos, toxicos, séropos, ou pas, qui fondèrent Act Up. Afin de montrer à la société cette maladie qu’elle ne voulait pas voir. Projection en présence de Didier Lestrade, co-fondateur d’Act Up et auteur de Act Up, une histoire, qui a inspiré le film.

L’Atelier © Jérôme Prébois

Lauréat de la Palme d’Or à Cannes pour Entre les murs en 2008, Laurent Cantet plonge à nouveau dans les rouages du monde de l’éducation. Réalisé à La Ciotat, principalement avec des comédiens non-professionnels, le film met en scène Marina Foïs en auteure de polar animant un atelier d’écriture pour des jeunes en insertion. L’un des participants, Antoine, hostile au projet, révèle une violence en lui qui va à la fois heurter et attirer sa formatrice. En présence de Laurent Cantet. 18 septembre Cinéma Diagonal, Montpellier 04 67 58 58 10 cinediagonal.com

120 battements par minute © Celine Nieszawer

11 septembre Cinéma Sémaphore, Nîmes 04 66 67 83 11 cinema-semaphore.fr

14 septembre Cinéma Utopia, Montpellier 04 67 52 32 00 cinemas-utopia.org

21 septembre Cinéma Sémaphore, Nîmes 04 66 67 83 11 cinema-semaphore.fr


62 critiques arts visuels

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À Art-O-Rama et Paréidolie, la jeunesse a du talent Le temps de deux salons concomitants, Marseille est le miroir d’une création qui n’attend pas le nombre des années pour faire valoir sa vitalité et sa détermination.

L

a 11e édition d’Art-O-Rama a tenu ses promesses en sonnant le coup d’envoi de la rentrée de l’art contemporain en France si l’on en juge par la présence fournie des professionnels et collectionneurs français et étrangers. Quant au public amateur, le principe du salon lui paraît sans doute encore trop hermétique pour s’y risquer en masse… Surtout, Art-O-Rama offre aux artistes émergents une formidable vitrine à travers le Show Room, et des distinctions, promesses de lendemains optimistes. Seul bémol, dans la nouvelle configuration qui les accueille justement, c’est Le Studio, réducteur d’espaces et de perspectives. Cohabitent ainsi quatre jeunes diplômés des écoles d’art de Paca et Monaco sur lesquels le commissaire d’exposition Gaël Charbau braque les projecteurs de la foire : François Bellabas, Alice Guittard, Eva Medin et Delphine Wibaux, lauréate 2017 du Prix du Show Room pour ses Absorptions lunaires. Récompense décernée par les galeristes invités, à la dotation alléchante -une bourse de production, un solo show dans l’édition 2018 et l’édition d’un ouvrage monographique-, dont aurait pu bénéficier Eva Medin pour son installation et sa vidéo Smars imaginées au cours d’une résidence en crèche, recomposée in situ et qui joue habilement de l’espace, de la fiction et de la réalité. À leurs côtés se retrouvent pêle-mêle, confinés dans leur box, les partenaires privés qui font ce qu’ils peuvent pour défendre leurs artistes et valoriser leurs projets : Mécènes du sud (Berdaguer & Péjus), Compagnie Fruitière (Wilfrid Almendra), Fondation Logirem (Bertille Bak), Fonds communal d’art contemporain (Timothée Talard, Nicolas Nicolini, Ymane Fakhir et Claire Dantzer), La Maison méditerranéenne des métiers de la mode (Amina Agueznay) et l’ESADMM (Fiona Mackay). Dans le sacro saint du salon, La Cartonnerie, la lauréate 2016 Sabrina Belouaar bénéficie d’un vaste espace pour développer une écriture personnelle « qui privilégie le corps et ses représentations comme moyen d’analyse » selon Luigi Fassi. En résonance avec Art-O-Rama, Astérides et Triangle France présentent à La Friche une sélection d’œuvres réalisées par les onze artistes résidents des ateliers municipaux. La 2ème édition du Prix des Ateliers de la Ville de Marseille a été attribuée à Marc Étienne pour son installation Tingles on the wall, on the floor and in the air composée de trois sculptures et d’un bas-relief. Là encore il s’agit d’une réelle rampe de lancement grâce à une dotation de 5000 € et l’exposition d’une œuvre dans un musée de Marseille en 2018. Autre événement satellitaire qui a provoqué une vague d’enthousiasme, l’exposition Chorégraphies d’Amandine Simonnet produite par Isabelle et

Eva Medin devant Smars. Show Room Art-O-Rama 2017 © MGG/ Zibeline

Roland Carta au Studio LittleDancer. Une installation performative conçue, fabriquée, scénographiée par cette jeune diplômée de l’École d’art d’Aix-en-Provence à la maturité remarquable. Comme l’est tout autant son geste, qu’elle cherche à déstabiliser par le mouvement de son corps, son rythme cardiaque ou sa respiration ; comme l’est également son dessin académique, dont elle se libère à travers des protocoles et des contraintes. Une absolue maitrise combinée à une recherche de sens qui lui valent d’avoir fait succomber nombre de collectionneurs…

Un salon bienveillant Si, à Paréidolie, les galeries consolident leurs réseaux et en créent de nouveaux, toutes se réjouissent de l’accueil réservé par le public et les institutionnels. Non seulement le salon offre une visibilité à leurs artistes mais son « supplément d’âme » est pour eux un atout non négligeable.


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Les yeux dans les yeux

À Pour la jeune galerie Escougnou-Cetraro, tous les objectifs sont atteints ! Elle a d’abord passé le cap de la sélection en présentant le projet de Pia Rondé & Fabiel Saleil, et est entrée dans ses frais grâce à la vente de 5 pièces sur les 15 exposées (de 700 à 5000 €). L’objectif ultime étant, bien sûr, de les vendre toutes… Mais son choix d’accompagner le duo est conforté « par les excellents retours des visiteurs et des collectionneurs » sensibles aux œuvres originales : « Pia Rondé et Fabiel Saleil sont des sculpteurs qui travaillent l’image, la photo sur verre ou le dessin sur zinc, avec à l’origine le geste du graveur ». Conscients « de faire un métier complexe », les deux fondateurs ne regrettent pas leur prise de risque et espèrent renouveler les solos shows le plus souvent possible « afin de rendre le travail des artistes le plus lisible au collectionneur ». Engouement partagé par l’artiste Nathalie Elemento qui apprécie sa dimension humaine, son ambiance particulière, et s’enthousiasme au point de souhaiter s’installer sur le territoire marseillais : « Souvent, dans les salons, il existe beaucoup de cadres dans la présentation. Ici il n’y a pas de barrières, Paréidolie sort du cadre. C’est un vrai lieu de rencontres, sympathiques et intelligentes ». Côté business, « les institutions jouent le jeu et sont présentes auprès de nous et des artistes » souligne Charles Rischard, gallery manager à la galerie Maubert qui présente les travaux de Nathalie Elemento et Gabrielle Conilh de Beyssac. Variant entre 900 et 5000 €, les tarifs ne font pas fuir les collectionneurs car « ce sont de vrais amateurs de dessin » se réjouit Charles Rischard. Des amateurs de dessin auxquels Paréidolie propose de découvrir la programmation vidéo de Barbara Polla, heureuse de présenter « une short liste personnelle de 15 artistes, dont la moitié n’est pas issue de ma galerie, très différents dans leur carrière, dans leurs pratiques et leurs écritures ». Des artistes d’ici et d’ailleurs comme tous ceux qui ont fait les beaux jours du salon et feront ceux de la Saison du dessin… MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Retrouvez Pareidolie dans les émissions WebTV Zibeline sur journalzibeline.fr Art-O-Rama, jusqu’au 10 septembre art-o-rama.fr Paréidolie s’est déroulé les 26 et 27 août à Château de Servières pareidolie.net

Toulon, l’Hôtel des arts et la Maison de la photographie présentent deux facettes du portrait photographique : selon Mathieu Pernot, qui documente depuis vingt ans la tragédie des communautés tsiganes à travers « des fragments d’histoire et des éclats du réel », et selon Henri Cartier-Bresson qui a fait entrer dans l’Histoire l’image de figures emblématiques du XXe siècle. Deux manières distinctes de poser son regard sur l’autre, mais le même enjeu de figer les êtres -inconnus et célébrités- dans l’inconscient collectif. L’intérêt de voir successivement les deux expositions est, justement, de confronter les deux pratiques. Dans Survivances, Mathieu Pernot place le visiteur dans le vif du sujet dès le hall d’accueil avec l’installation Le Dortoir et ne le lâche plus jusqu’aux portraits familiaux de 1998, Romania, et les séries de Photomatons exposées ensemble pour la première fois. Un chemin sinueux ponctué d’enregistrements sonores (série Paysages de 1995 réalisée autour du Camp de Saliers), d’archives documentaires (carnets anthropométriques conservés aux Archives départementales des Bouches-duRhône), d’installations (Le mur de Rivesaltes reconstitué par fragments prélevés par Mathieu Pernot pour former un monument à la mémoire des prisonniers) et de vidéos (Le chant de la mère, La Conversation, Le Mariage). Abrupt dans la réalité saillante des conditions de vie des tsiganes et tendre par l’empathie sincère de l’auteur, le long ruban photographique donne à voir une humanité sans fard. Fondateur de Magnum Photos avec Robert Capa en 1947, Henri Cartier-Bresson a côtoyé l’intelligentsia internationale -artistes, intellectuels, hommes politiques et scientifiques- mais également des anonymes dont il tire le portrait avec une égale passion. Celle de capter l’intériorité de l’âme, et une égale quête de vérité. Qu’il pose son appareil dans la demeure italienne de Chirico ou dans les rues de Jakarta, il attend patiemment que la photo s’offre à lui : c’est ainsi qu’il peut saisir le regard tourmenté du jeune Truman Capote et celui embué des prostitués. La distance salutaire et l’horreur de la pose compassée caractérisent leur œuvre, au-delà de la force du sujet, et l’un comme l’autre racontent le monde. Ses jours heureux et ses tragédies, sa complexité permanente. M.G-G. Exposition présentée dans le cadre du Grand Arles Express. Mathieu Pernot expose également Les Gorgan à la Maison des peintres à Arles (Zib´109). Tête à tête, Henri Cartier-Bresson jusqu’au 17 septembre Maison de la photographie, Toulon 04 94 93 07 59 toulon.fr

Survivances, Mathieu Pernot jusqu’au 1er octobre Hôtel des arts, Toulon 04 83 95 18 40 hda.var.fr sans titre, série du feu, Arles, 1993 © Mathieu Pernot


64 au programme arts visuels bouches-du-rhône vaucluse

Julien Blaine Comme à son habitude Julien Blaine ne fait rien à moitié : le 19 septembre, jour anniversaire de ses 75 ans, il dévoilera une tapisserie réalisée dans l’atelier de Luigi Bonotto en Italie et présentera une installation italo-espagnole « !?¡!? », le tout accompagné d’une brève performance dont il a le secret. De quoi donner du panache à son nouveau geste artistique et sonore baptisé Obus-son = Boum ! M.G.-G. 19 septembre au 21 octobre Galerie Jean-François Meyer, Marseille 04 94 33 95 01 marseilleexpos.com

Obus-son = Boum !, tapisserie, détail © Julien Blaine

Waiting for Bardot Dans le parcours La Saison du dessin initiée par Paréidolie, une halte s’impose à l’American Gallery pour découvrir les dessins et collages de deux artistes néerlandais, Ronald Cornelissen et Paul van der Eerden. Habitués des expositions en « duo », ils développent une manière très pop de croiser « leurs regards lucides et parfois embarrassants sur l’existence ». M.G.-G. jusqu’au 28 octobre American Gallery, Marseille 06 27 28 28 60 marseilleexpos.com Ronald Cornelissen, Waiting for Bardot, encre, crayon, sepia and aquarelle sur papier, 110 x 75 cm, 2012

Écritures Qu’est-ce qu’écrire à l’ère du numérique ? Ce parcours d’expositions et installations, dont quatre créations, propose diverses pistes enrichies de nombreux temps forts : ateliers tous publics, conférence-débat, musique/performance, inauguration de la plateforme Repères Numériques. Vernissage : Fondation Vasarely, 15 septembre à 18h30. C.L. Langages Machines 15 septembre au 22 octobre Fondation Vasarely - Seconde Nature, Aix-en-Provence secondenature.org Véronique Béland, Recombinaison, installation interactive, 2015.

Un pas de côté... ...c’est bien ce que tenteront les 30 artistes retenus pour cette 23e édition. 11 lieux avignonnais ouverts aux mises en formes de cet art qui nous est contemporain. Peinture, sculpture, photographie, installation, performance, vidéo mais aussi des ateliers, conférences, lectures et projections à la rencontre de l’inattendu. Ouverture le 30 septembre à 11h au cloître Saint Louis. C.L. Festival d’art contemporain 30 septembre au 22 octobre Divers lieux, Avignon 04 90 89 89 88 parcoursdelart.com Cyril Besson, sans titre, techniques mixtes, 2016. Photo : avec l’aimable autorisation du Parcours de l’Art


au programme arts visuels

var alpes-maritimes

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Street art et céramique Comment un médium aussi traditionnel que l’art de la terre devient un mode d’expression original pour les artistes du street art ? Avec M. Chat, Jacques Villeglé, Nick Walker, Miss. Tic, Jérôme Mesnager, Mun-Gi Yang, Nasty, L’Atlas, Levalet, Speedy Graphito. Plusieurs œuvres ont été conçues spécialement pour l’événement. C.L. Céramique, le nouveau défi du street art jusqu’au 1er octobre Musée Terra Rossa, Salernes 04 98 10 43 90 terrarossasalernes.fr

Speedy Graphito, sculpture en céramique, 29 x 72 x 9 cm, 2017 © Giani Soglia

The Summer Show 2017 : Lumière La lumière fait son show dans les anciennes tanneries de Barjols à l’initiative d’Artmandat, selon une formule évolutive croisant expositions et conférences sur les différents aspects de la lumière dans l’art. Après un démarrage avec Christiane Ainsley, John Francis, Jean-Philippe Roubaud et Yvonne Steiger, le second round mettra en perspective les œuvres de Thierry Azam, Patricia D’Isola, Christophe Le François, Alain Michon, Laurent Septier et Éric Wurtz. M.G.-G. Tannerie Les Perles, Barjols jusqu’au 26 novembre 06 72 79 97 54 artmandat.com Installation lumineuse © John Francis

Nice fait écoles Un parcours en quatre expositions évoquant le rôle prépondérant de Nice dans la création artistique depuis la seconde partie du XXe siècle jusqu’à aujourd’hui, avec un regard depuis le passé lointain de Terra Amata. Rendez-vous avec Supports/Surfaces, les Nouveaux Réalistes, Fluxus, César, Guy Rottier, Marcel Alocco, Ben, Jean Mas, Noël Dolla, Max Charvolen, Bernar Venet... C.L. Nice 2017- Ecole(s) de Nice jusqu’au 15 octobre divers lieux, Nice ecolesdenice2017.nice.fr

Martial RAYSSE, Raysse Beach, 1962-2007 (détail) © Centre Pompidou, MNAMCCI/Philippe Migeat/Dist. RMN-GP / © ADAGP, Paris, 2017

Matisse entre ses murs Le musée niçois propose un nouvel accrochage de ses collections dans l’esprit du peintre avec dès l’entrée, en majesté, la grande gouache découpée Fleurs et fruits et la céramique de La Piscine. L’immersion est immédiate et le parcours permet de pénétrer dans l’intimité des ateliers et lieux de vie successifs de Matisse, de la Promenade des Anglais au Régina à Cimiez… M.G.-G. Musée Matisse, Nice jusqu’au 13 octobre 04 93 81 08 08 musee-matisse-nice.org Henri Matisse peignant, atelier du cours Saleya, vers 1927, Archives Matisse © XDR


66 au programme arts visuels hérault

Drawing Room 017 8e Salon du dessin contemporain de Montpellier à La Panacée : 14 galeries (locales et nationale, et une suisse), co-organisé avec les Galeries de Montpellier – art contemporain. Un focus sur la collection de Jean-Charles de Castelbajac, deux prix (Bourse jeune création MAIF / Drawing Room et Prix Galeries Lafayette), performance (Armelle Caron), table ronde « Mécénat(s) et collection(s) dans tous leurs états ». Une perspective élargie sur le dessin contemporain. A.Z. 13 au 17 septembre La Panacée, Montpellier drawingroom.fr lapanacee.org

Hippolyte Hentgen, Balthus, (série 123), 2017, technique mixte sur papier, 24,5 x 30 cm

Ecce terra

En terre crue, en bois, à base de végétaux ou de minéraux, une cinquantaine d’œuvres récentes et anciennes de l’artiste montpelliérain JORDI feront dialoguer peinture et sculpture autour de la thématique environnementale. Deux grandes toiles, réalisées pour l’exposition, seront dévoilées à cette occasion. A.Z. 20 septembre au 3 décembre Espace Dominique Bagouet, Montpellier 04 67 63 42 78 montpellier.fr

Sculpture en acier thermo-laqué, diamètre 120 cm, 36 kg, 2016, série « Les sphères » , collect. artiste © JORDI

Le monde de Cervera Revenu d’un voyage en Inde, le sétois André Cervera en a rapporté des œuvres qui, comme depuis 30 ans, et avec son langage pictural parfois baptisé « expressionnisme latin », traduisent un rapport sensible au monde contemporain. Une vingtaine de toiles réalisées pour l’exposition complètent l’ensemble, au trait toujours reconnaissable et pourtant sans cesse renouvelé. A.Z. 7 septembre au 7 octobre galerie Clémence Boisanté, Montpellier 04 99 61 75 67 galerieboisante.com

CERVERA 2017 - Allégorie de la guerre - acrylique sur toile de lin - 114 x 146 © Pierre Schwartz

Obey Le domaine départemental pierresvives présente la première rétrospective de Shepard Fairey. Avec Keith Haring ou Banksy, il occupe une place majeure dans le mouvement Street Art. 250 œuvres offrent une vision sur son parcours engagé et humaniste. (série We The People, créée pour la première manifestation anti Trump). Sérigraphies, pièces uniques, grands formats, œuvres sur métal ou bois, toutes les techniques de l’artiste sont exposées. A.Z. OBEY – L’art propagande de Shepard Fairey 14 septembre au 13 janvier 2018 Domaine départemental pierresvives, Montpellier pierresvives.herault.fr © Shepard Fairey Fist-2000 Sérigraphie sur papier


critiques correspondances de manosque

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Moisson de lectures pour préparer les Correspondances, avec 14 premières critiques d’ouvrages d’auteurs présents à Manosque (voir p.28)

Ne me touche pas

L

e roman de Joy Sorman explore à nouveau un fantastique discret, à peine métaphorique. Dans La Peau de l’ours, son plantigrade était symbolique d’on ne sait quoi, vraiment animal mais si humain qu’il nous parlait de l’amour des femmes pour les ours. La peau de Ninon est tout aussi mystérieuse et familière. Ce dont elle souffre -indéfinissable, invisible, bizarrement héréditaire, malédiction et fierté transmise par les femmes, changeant à chaque génération, mais hystérique toujours, et modifiant les sens et la peau- est une métamorphose à la fois singulière et usuelle, celle que nous subissons adolescentes, mais pas seulement. Il est bien question de Sciences de la vie, cette matière enseignée au lycée, mais qui au sens propre ne s’acquiert qu’en expérimentant son propre corps, sa propre histoire. Ninon s’apprend à travers la maladie de sa peau, la douleur et l’épreuve, obstinément.

L’art du récit de Joy Sorman tient le lecteur en haleine avec un roman qui se lit d’une traite, légèrement : le personnage principal est attachant, observé de près mais raconté de l’extérieur avec une ironie et une tendresse discrètes, accompagné sans faillir par une mère

forte, culpabilisée de ce qu’elle a fièrement transmis, et acceptant un rejet nécessaire. Les chapitres enchaînent les innombrables tentatives de guérison, consultations médicales, psychanalytiques ou chamaniques, l’évolution de Ninon au fil des mois de souffrance, et le récit des folies et maladies inexpliquées de ses aïeules, frappantes hystéries collectives, coups de foudre impressionnant, au sens propre, les peaux. Au final une fois encore le mystère demeure, le sens exact de la métamorphose : Sciences de la vie cite Kafka, mais prend corps de façon plus légère, moins politique et plus intime, dans un univers presque exclusivement féminin, résolu par la relation tactile à la peau des hommes. AGNÈS FRESCHEL

Sciences de la vie Joy Sorman Éditions du Seuil, 18 €

Shéhérazade des autres

P

eut-on repousser la mort par la force de l’écriture ? C’est ce que croit Kamel Daoud, c’est ce que fait Zabor, son personnage, son double, dans cette autofiction qui prend la forme d’un conte. Et se déroule dans une Algérie rurale, terriblement archaïque, cruelle, obtuse, massacrée par la frustration sexuelle de tous. Zabor écrit et la mort recule, pas la sienne mais celle des habitants de son village coincé entre le désert et l’obscurantisme,

la pauvreté et l’ignorance, la religion et le mépris des femmes. Le récit progresse par répétitions et retours en arrière, par confessions toujours recommencées, annotées, réévaluées. La langue est chargée de poésie, d’éclats qui s’immiscent et se précisent, circulaires, revenant sur ce qui a été dit, ressassant, provoquant l’envie que cela aille plus vite au cœur de cette affaire : vers la mort du père, vers le plaisir sexuel enfin possible, vers le dévoilement de cette langue dans laquelle l’auteur écrit, chargée de littérature, de psaumes et de textes sacrés, mais questionnant leur nature même : que peuvent-ils contre la mort, ces textes lus, appris par cœur, imaginés, s’ils ne sont pas récrits pour fabriquer des récits nouveaux interrogeant le présent, la poésie des choses et des arbres, le désir ? Ainsi Zabor dévoile l’oppression des femmes, la mort de la mère répudiée, la « décapitation » de la femme divorcée enfermée chez elle et privée de corps, la mise à l’écart de la tante parce qu’un homme n’est pas venu l’épouser. Ainsi Zabor dénonce la violence du père boucher, des frères méprisants, et du corps

même de cet homme vierge qui s’évanouit à la vue du sang, parle comme une chèvre, ne trouve sa place qu’en écrivant des cahiers qu’il enterre pour la nourrir de récits. Ainsi Zabor chante un hymne à la vie, à l’écriture, crie contre la parole sacrée qu’il faut apprendre à interroger, manipuler, oublier, retrouver. L’Algérie que décrit Daoud est noire, partielle, partiale, habitée de monstres qui s’ignorent à peine, éclairée d’aucune lumière humaine, obscurcie par les ténèbres religieuses. Alors Zabor affirme que l’écriture peut changer la vie, les femmes sortir de l’oppression et imposer leur force, que le plaisir et la chair sont des rédemptions terrestres. Le roman, un brin alambiqué, manque parfois d’élan parce qu’il recoupe trop souvent des fils narratifs peu nombreux, et repose sur des procédés narratifs qui émaillent le plaisir de la fable, mais Zabor s’impose pourtant, comme une nécessité qui le dépasse... A.F.

Zabor ou Les psaumes Kamel Daoud Actes Sud, 21 €


68 critiques correspondances de manosque

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Regarder la vie passer

R

ouler des joints (et les fumer), faire des parties de Pablo (et perdre), s’entraîner en vue du prochain combat (sans y croire), donner clandestinement du plaisir à Wanda (sans en recevoir), ainsi pourrait se résumer l’existence de Jonas, le narrateur de Fief. Pas

folichon…et pourtant. Le premier, et très prometteur, roman de David Lopez est la chronique d’une jeunesse qui tient les murs et le sait. Et le dit. Sans amertume. Juste un constat de « résignation, pas honteuse, mais clairvoyante ». S’il le voulait vraiment, Jonas pourrait devenir un bon boxeur. Il pourrait sortir avec Wanda. Sauf que non. Rien à faire. Jonas est le roi de l’esquive, le champion du « à quoi bon ? », le spectateur de sa vie qu’il raconte avec un détachement non dénué d’humour. Car n’est-ce pas cela qui importe au fond ? «  Juste être. Contrairement aux ronces je peux échapper au jardinier. A celui qui a une vision de ce à quoi je devrais ressembler pour être présentable. » Jonas et ses potes refusent d’être présentables. Depuis leur enfance dans des lotissements entre ville et campagne (« Chez nous, il y a trop de bitume pour qu’on soit de vrais campagnards, mais aussi trop de verdure pour qu’on soit de vraies cailleras. ») à l’orée des bois et en bord de mare, ils ont établi leur fief. Un domaine que les années semblent avoir rétréci, mais qui est à eux, comme le

sont leur langue, leurs rituels (de fumette, de salutations…). L’écriture nerveuse de David Lopez, d’une oralité habilement travaillée, joliment décalée (dans l’humour, la poésie, la méditation philosophique, cela dépend), plonge très vite le lecteur dans cet univers à la fois désespérant et tellement drôle. Certaines scènes sont proprement d’anthologie : le résumé de Candide de Voltaire, la dictée d’extraits d’« un livre écrit par une femme qui s’appelle Céline je crois », les théories de Lahuiss pour séduire les filles et calculer leur « taux de putassium »… Et on prend vraiment plaisir à suivre les non-aventures de cette « bande de zoulous » qui passe sa vie à vouloir quitter son fief… sans le faire. FRED ROBERT

Fief David Lopez Éditions du Seuil, 17,50 €

Survivant et vivant

O

n l’annonce comme son premier roman, mais cette Belle merveille surgie au printemps est un texte qui tient du poème, du journal intime, du documentaire… Ce livre de James Noël est servi par une langue riche et imagée ; plusieurs petits paragraphes s’enchaînent, s’imbriquent les uns aux autres, jusqu’à évoquer un kaléidoscope qui témoigne de la détresse de Port-au-Prince après le séisme du 12 janvier 2010. Trois cent mille morts. Détresse des survivants, mais aussi dysfonctionnements dans l’organisation des secours, mise en cause de celle de certaines ONG, des « enculeurs de mouches ». Séances de psychothérapie collectives au cours desquelles chacun évoque les circonstances de la catastrophe, le goudougoudou, comme ils disent, désignant le vacarme produit mais aussi l’épidémie de choléra déclenchée trois mois après. Bernard raconte comment la Milanaise Amore l’a repéré comme survivant au milieu d’un charnier, l’a volé à la mort et aimé. D’autres récits se mélangent au sien, évoquent

quelques notes explicatives de la part de l’éditeur), avec notamment le rappel du destin de Dessalines, son premier empereur, ou le règne de Duvalier. La matière est touffue, luxuriante dans l’évocation de la faune et de la flore, sensuelle dans celle des femmes, mais aussi violente dans la révolte contre la misère qui « prospère comme un ténia. ». Texte terriblement énergique de celui qui jusque-là était connu pour ses poèmes, ses chansons, sa revue, qui a été pensionnaire de la Villa Médicis et ne cesse de surprendre. Ne se déclare-t-il pas « envoyé spécial des mots » ? CHRIS BOURGUE

l’affolement des urgentistes, les blessures. James Noël parle des charmes vénéneux de sa « putain de ville » dans un lyrisme exacerbé ; il fait aussi référence à l’histoire de l’île et de sa politique (ce qui nécessiterait d’ailleurs

Belle merveille James Noël Zulma, 16,50 €


69

Ça va finir par Fugitive

Cap Fantôme

L

C

utz Bassmann alias Antoine Volodine livre un roman aussi désespérant qu’excitant, aussi jouissif que frustrant, aussi étonnant qu’attendu. Son post-exotisme impose comme toujours son univers apocalyptique qui n’en finit pas de finir, reposant sur une dystopie post-soviétique, familière par ses espions, son Service Action, ses ennemis capitalistes et ses catastrophes nucléaires, mais peuplée aussi de zombies, de subclaquants et de créatures mutantes mi-humains mi-oiseaux, terrifiantes et grotesques. Un pseudo-monde dans lequel les avatars de Volodine construisent leurs fictions, dans la cohérence absurde d’une réalité parallèle, quantique, qui aurait pu être, à peu de choses près, sans la chute du Mur, notre futur. Black Village commence par cela, trois morts marchant dans le noir vers le bout de la fin, qui n’advient pas, et racontant des histoires, qui s’interrompent en plein élan. Les récits alternent, on reconnaît l’univers de chacun des narrateurs, on s’aperçoit que les récits se répondent deux à deux dans une symétrie virtuose, qu’ils se nourrissent aussi les uns les autres d’inventions empruntées aux autres, de pogromes (sic), de créatures fantastiques, de trains et de déserts, d’exotisme, de violences et de néant. Et chaque fois le plaisir du récit ressurgit : on sait que l’histoire va finir brusquement mais chacune est si bien accrochée, si passionnante, installée en quelques mots, lançant péripéties, intrigues et personnages avec tant de talent, qu’on se laisse prendre à la nouvelle intrigue (il y en a 31), qu’on se dit qu’un autre que Bassmann aurait de chacun de ces récits fait un roman de genre... mais que Volodine veillait à la fenêtre, rappelant que la fin n’existe pas, même aux confins de tout. Un village noir, magistral, inépuisable, que l’on lit d’une traite mais dont on sait qu’il faudra y replonger, pour en cerner un peu mieux la substance, et l’architecture... AGNÈS FRESCHEL

Black Village Lutz Bassmann (Antoine Volodine) Verdier, 16 €

U

n long monologue, oui, et pourtant elle n’est pas vraiment seule la désormais Viviane à tenter de vivre et sans doute de mourir dans cette forêt que le pluriel rend immense ; adressé à qui ? À nous comme le suggère le titre - Notre vie dans les forêts - et à chaque moi puisque c’est peut-être de cela qu’il s’agit. Viviane c’était Marie, (pas Darrieussecq bien sûr mais son clone sans doute ; on est toujours un peu deux, n’est-ce pas ?) ex-psychanalyste qui avec d’autres révoltés traqués en rupture de société hyper-robotisée a trouvé son lieu sûr au milieu des arbres ; ils sont là, c’est à dire au cœur d’un récit d’urgence - vite accompagnés de leur « moitié » de rechange enlevée au Centre de repos ; celle de Marie s’appelle Marie et elle lui a déjà fourni au moins un poumon, ce qui donne du souffle à la narratrice – il faut suivre rappelle-t-elle régulièrement. Un peu plus de 20 ans après Truismes Marie Darrieussecq nous convie à la grande métaphore et nous entraîne dans un labyrinthe dystopique, fantastique, parfois erratique ; elle (elle ?) prévient d’emblée – Je suis mal en point. Je n’aurai pas le temps de relire. Ni de faire un plan. Ça va venir comme ça vient – Et nous (nous ?), tant bien que mal, nous lui emboîtons le pas car nous aimons bien que la fiction nous rappelle que nous vivons une sale époque, menacée par les technologies totalitaires et l’épuisement du vivant. La satire sociale et politique reste sans surprise mais la plume maline de Darrieussecq sait si bien jouer du propre et du figuré, convoquer en même temps le du nerf de Beckett et le mes fesses de Queneau, rythmer allégrement le désespoir de ses ha bah où j’en étais que nous descendons volontiers avec sa narratrice au fond du trou ; et puisque nous admettons aussi volontiers que seule « la métaphore fait bugger les robots » précipitons-nous à la clairière !

élia Houdart écrit sur des sujets bien maîtrisés, bien documentés et possède l’art de construire des cadres spatio-temporels minutieusement restitués, de recréer des ambiances idoines, des « milieux » d’où le romanesque paraît sourdre quasi naturellement. Avec Gil, paru il y a deux ans, la romancière offrait un beau chant d’amour à la musique à travers un personnage de pianiste à l’intériorité complexe et torturée tout à fait crédible. Le titre de ce cinquième ouvrage, Tout un monde lointain, invite aussi, entre Baudelaire et Dutilleux dont la structure du fameux concerto semble accompagner secrètement le récit, à un voyage sur de longs échos, où nature et culture se confondent. Le prologue est saisissant, tout est y est déjà, et déjà on a bien compris que tout y reviendrait : « Monte Verità. Ascona 1918. » L’héroïne, Gréco, comme Juliette, qui a été décoratrice pour les grands de ce monde, a vécu enfant dans cette communauté au bord du Lac Majeur où se pressaient végétariens, naturistes et danseurs ; elle vit désormais retirée dans sa villa de Roquebrune-Cap-Martin en regardant du côté d’une autre utopie moderniste et architecturale : la villa E.1027 d’Eileen Gray (la célèbre irlandaise a été son amie dans les années 30) plus ou moins laissée à l’abandon depuis le décès de son dernier propriétaire. L’intrigue est mince, un peu naïve - deux jeunes squatters parfaitement beaux et même danseurs viennent bouleverser l’élégante retraite - et sa conclusion tout à fait apaisée. L’écriture d’une limpidité extrême fonctionne comme un guide à la main douce qui ferait traverser des moments improbables à un lecteur innocent . Roman-jeunesse aurait-on envie de crier fort avec une pointe d’irritation si l’on ne sentait pas qu’au fond, Célia Houdart a un autre personnage à proposer, hors-champ et sincère : son propre regard qu’elle promène partout sur les Merveilles du monde, titre de son premier roman jamais démenti !

MARIE-JO DHO

Notre vie dans les forêts Marie Darrieussecq P.O.L éditeur 16 €

M-J.D

Tout un monde lointain Célia Houdart P.O.L Editeur 14 €


70 critiques correspondances de manosque

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Les poulets, les ouvriers et le Secrétaire d’État

D

es Châteaux qui brûlent est drôle et tapageur. Parce que Montville, le Secrétaire d’État kidnappé dans l’usine bretonne d’abattage de poulets est bien évidemment le portrait, presque craché, d’Arnaud Montebourg. Et parce que le roman écrit avec brio

regorge d’anecdotes amusantes, d’emballements, de gloutonnerie et de musique, et qu’il bruisse de langues diverses : dans chaque chapitre le narrateur change, la voix aussi, le rythme, la vérité. Mais la force du roman, inspiré par l’expérience de SCOP des Fralib, vient surtout de son ancrage dans la lutte politique, dans le réel social. Il rappelle quelques faits entêtants : l’absurdité de l’abattage industriel, cruel, qui fournit des poulets aux émirs saoudiens, des profits aux actionnaires, et à peine de quoi mal vivre et mal manger aux ouvriers et aux éleveurs ; la nécessité de changer de modèle, de sortir du libéralisme qui appauvrit chaque jour ceux qui vendent leur force de travail, et s’accrochent à leur boulot pourtant ; l’exponentielle croissance des revenus des actionnaires, qui encaissent 90% des dividendes, puis ferment des usines rendues obsolètes ; les inégalités criantes, intenables, qui concentrent 99% des richesses dans les mains d’1% de la population ; la nécessité de la révolte, de la

révolution, de la prise en otage... Mais aussi, et subtilement, Des Châteaux qui brûlent fait entendre les hésitations des syndicalistes, hommes et femmes de gauche confrontés à l’exercice du pouvoir, aux contradictions entre écologie et productivité, aux raccourcis imbéciles des médias et de l’appareil d’État, à l’incompréhension de ceux, ou envers ceux, qu’ils veulent (mais le veulent-ils ?) défendre et préserver, changer et comprendre, maitriser et laisser libres, accompagner et laisser choir. Les conflits sociaux se nourrissent aussi de nos conflits internes, raconte chaque voix, de l’ouvrière « cintrée » à l’assistante moite. Et de l’absence d’ennemi visible, dans ce roman choral, au suspens parfois haletant. AGNÈS FRESCHEL

Des Châteaux qui brûlent Arno Bertina Verticales, 21,50 €

« Jubilation en mode nageur »

C

’est cette euphorie de la nage, « cette autre manière d’exister, dans l’abandon, la déprise », c’est la « confiance totale accordée à l’eau, une confiance indissociable d’un sentiment d’amour » qu’évoque Chantal Thomas dans ses intenses et sensuels Souvenirs de la marée basse. Le roman, très autobiographique, se décline en une série de courts chapitres, flashs mémoriels, capsules de sensations, d’anecdotes, qui sont comme ces coquillages brillants, ces os de seiche immaculés que la mer abandonne en refluant et que Chantal enfant se plaisait tant à observer à ras de sable, alors qu’elle ne faisait encore que ramper. Des plages, des rivages. Ceux d’Arcachon d’abord, dans l’ « univers mouvant » du Bassin, propice à toutes les métamorphoses, à toutes les imaginations. Un monde de flux et de reflux, qu’envahissent l’été « les enfants d’ailleurs » et les familles bien comme il faut. Ceux de la Côte d’Azur plus tard, qui plongent dans « le bleu intense et comme vernissé » de la Méditerranée.

Que ce soit dans l’océan ou dans la mer, la narratrice se délecte de « ne faire qu’une avec l’eau qui glisse entre les doigts, avec le sable qui s’écoule ». En cela, elle suit les traces de Jackie, sa mère. Celle-ci n’a-t-elle pas, dans son adolescence, osé nager dans

le Grand Canal du château de Versailles ? Nager semble d’ailleurs être la seule véritable passion de cette femme-enfant fantasque et déterminée. Ce qu’elle a transmis à sa fille ? Le goût du bain de mer, du sentiment d’infinie liberté qu’il procure, « l’énergie d’un sillage qui s’inscrit dans l’instant ». Le récit, au fil de brèves évocations en apparence discontinues (comme le sont les bribes de souvenirs), tisse subtilement l’histoire du lien indéfectible qui unit une fille à sa mère. Malgré les silences, malgré les absences. Colette et Sido hantent les pages de ce texte lumineux, comme le font aussi les esprits libres du XVIIIe siècle que l’essayiste Chantal Thomas côtoie depuis longtemps. Quel bonheur que de plonger dans ces eaux accueillantes, tandis que l’été doucement reflue et que bientôt les bains de mer sembleront loin. FRED ROBERT

Souvenirs de la marée basse Chantal Thomas Éditions du Seuil, 18 €


71

Conversation avec Heidegger

I

l est venu rendre visite à ses vieux parents en Provence. La veille, il y a eu une vive altercation avec son père qui lui a asséné « Toi de toute façon tu n’as jamais été un véritable pied-noir ». Que signifie être « piednoir » ? Notre narrateur pensait pourtant l’être pour avoir vécu l’exil d’Algérie en 1962. Le voilà en mer à cinq heures du matin, sur le bateau paternel. Au moment de rentrer, il tombe à l’eau, tente vainement de remonter sur l’embarcation. Au lieu de se remémorer le déroulement de sa vie, c’est l’existence de son père, et même de son grand-père qui défilent, sous le regard critique et parfois goguenard de Heidegger, le perroquet, interlocuteur imaginaire de notre naufragé, « comme une sorte de conscience extérieure qui (me) dirait les choses tout en dedans ». Se déploie toute une saga : le grand-père a fui d’Espagne pour l’Algérie plutôt que de partir se faire massacrer à Cuba et laisser une famille orpheline et dans la misère. Pauvreté laborieuse dans laquelle naîtra le père, dont le destin est un véritable roman. Médecin engagé volontaire dans les tabors, il participe à la libération de l’Italie, puis au débarquement

de Provence, il devient chirurgien en Algérie, protège ses amis arabes lors de la guerre de libération, rapatrié en France avec sa famille, il se voit refuser tout poste de chirurgien, car « pied-noir », et sera médecin généraliste… Anecdotes savoureuses ou tragiques, micro-récits, peinture délicate et tendre du quotidien, des êtres, des choses, documentation précise des évènements historiques…

Tout se mêle en une fresque bouleversante d’acuité. La fiction de Jean-Marie Blas de Roblès, Dans l’épaisseur de la chair, se nourrit de l’Histoire et sans aucun doute d’éléments autobiographiques, mais elle est œuvre littéraire, absolument, portée par une écriture fluide de conteur, pertinente, et dénonce les infrangibles barrières qui détruisent la vie des peuples. Indignation devant « le florilège des âneries criminelles proférées pour justifier la colonisation », dans le style hugolien : « c’est la civilisation qui marche sur la barbarie » ; mais aussi, rappel de la nécessité de revenir à l’équilibre, car si « ni la mémoire ni l’oubli ne sauraient combler les ravines de désespoir », il faudrait aussi reconnaître que des « hommes transplantés par la misère dans un pays qui n’était pas le leur, l’ont fait fructifier et l’ont aimé avec la même rage que ceux qui s’y trouvaient déjà »… Être habitant bienveillant de la Terre ?… MARYVONNE COLOMBANI

Dans l’épaisseur de la chair Jean-Marie Blas de Roblès éditions Zulma, 20 €

Nos vies importent

M

arie-Hélène Lafon n’est donc pas une écrivaine de la paysannerie, de la nature et de l’éloignement, des oubliés de nos villages ! On le sentait pourtant en lisant ses romans précédents : l’épaisseur sensible n’y vient pas du rapport à la nature

ou à la rudesse, aux horizons vastes, mais de l’attention à l’humanité des petites gens. Des cabossés, le fils inadapté d’une famille rurale ou, ici, la caissière étrangère et boiteuse d’un supermarché parisien. Car Nos Vies fait s’entrecroiser le réel de la narratrice, Jeanne, comptable parisienne à l’orée d’une retraite solitaire qu’elle doit apprivoiser, avec le récit de ses souvenirs familiaux et amoureux, et les fictions qu’elle fabrique à partir de ses rencontres au Franprix du quartier. Et c’est bien la fiction, la littérature, le travail de langue, qui sont investis comme des droits du peuple. Jeanne ne cesse d’inventer des histoires, qui naissent de son attention à ce qu’elle voit. Cet homme qui passe chaque vendredi à la caisse de la même caissière, ce que racontent son dos, ses mains, ses émois, ses achats. Ce que la blondeur, l’accent, la rudesse de Gordana, ses seins débordants, son pied-bot, pourraient faire naître de suppositions, d’histoires. Le droit à la fiction, à l’amour, au crime de passion, à l’inexplicable

abandon de l’aimé : Nos Vies affirme cela, que la matière littéraire existe dans la vie de chacun, des femmes, des amochés, des étrangers, des balourds, des enfants. Là il y a le roman, l’invention, la vague d’émotion, la générosité de la voisine, le bijou offert, le secret, la trahison, le père que l’on dorlote ou qui nous renie, la vie qui ralentit, les plaies qui restent ouvertes. Et Nos Vies naissent de la langue, ciselée, riche de vocables, précise de sensations, travaillant les expressions figées pour fabriquer de nouveaux motifs « regarder aux yeux », les arbres dans les gens, les métaphores et les images posées à la juste place de l’attente. Et tous les autres fils prêts à être tissés. AGNÈS FRESCHEL

Nos Vies Marie-Hélène Lafon Buchet Chastel, 15 €


72 critiques correspondances de manosque

Icare Hacker

R

oman somptueux que le dernier ouvrage de Pierre Ducrozet, L’invention des corps, composé à l’instar d’une symphonie de quatre amples mouvements qui arpentent l’Histoire avec un grand H, et les destins individuels avec une superbe maestria. Ce texte choral emprunte au thriller, au roman d’action, au road trip, à la SF. Alvaro, génie de l’informatique, rescapé du massacre d’Iguala au Mexique, croise une multitude de personnages emblématiques de l’évolution de la pensée et des mœurs dues aux mutations fulgurantes liées à l’avènement d’internet. La tentation d’absolu anime des êtres comme Parker Hayes, multimilliardaire qui au Cube a réuni les plus grands chercheurs en biologie pour découvrir le secret de l’immortalité grâce à la reproduction des cellules souches. Lin, la hacker surdouée, avec son corps « transgenre, transnational, transréseau, hybride, immatériel et parfaitement incarné », réinvente le monde et aspire à vivre la totalité. Ces Icare contemporains défient les limites dans un univers où « rien n’est tenu d’être », où internet est « notre désir réalisé d’être un autre ». Aux utopies des débuts d’internet, idéal démocratique après les atrocités de la guerre, répondent les détournements machiavéliques de la finance et des dictatures. Les fantasmes de l’humanité se retrouvent, désir d’ubiquité, d’éternité, volonté de vaincre la mort, de créer de nouveaux êtres « améliorés » sur le modèle du transhumanisme, construire des lieux hors de toute atteinte, utopies rousseauistes d’un « état de nature », comme une envie d’Éden… L’amour se réinvente avec Adèle Cara… Les enjeux contemporains prennent un nouveau relief dans cette vaste mise en perspective. L’esthétique du rhizome, « une architecture éclatée, sans début ni fin, sans hiérarchie », fonde un nouvel art poétique pour un roman contemporain « qui doit être libre ». Ébouriffant ! MARYVONNE COLOMBANI

L’invention des corps Pierre Ducrozet Actes Sud, 20 €

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Somme toute … Transports de banquise

O

n n’aimerait vraiment pas que Patrick Deville déserte son champ aux dimensions planétaires et perde son fil du temps… Aucun risque immédiat sans doute, puisqu’au milieu du gué de son projet d’honorer le « Sic transit gloria mundi » par la littérature, ce sixième opus ne donne aucun signe d’épuisement et relance au contraire la machine avec un souffle plus intime, puisque c’est la famille de l’auteur qui tient lieu de bobine d’allumage de ce nouveau road-movie hexagonal effectué en Passat -élue voiture de l’année 2015 aurait pu faire remarquer notre méthodique arpenteur. Taba-Taba est un drôle de titre, le sésame d’une mémoire fictio-foisonnante qui brasse le réel, le surnom d’un énigmatique personnage « parti courir au fond de mon cerveau », dit le narrateur, mais surtout quatre syllabes qui battent doucement le rythme toujours impérial de l’avancée de la phrase. La tante Monne, sœur du père, est morte ; ses malles débordent de documents en tous genres ; « on ne jettera jamais rien », et le neveu dont c’est au fond le pacte d’écriture depuis ses premiers romans, y trouve confirmation d’une manière d’être et de faire. Deville va donc repartir de sa petite enfance immobile, entre les murs d’un hôpital psychiatrique, dont son père a été l’administrateur dans les années 60, pour redéployer à sa manière l’espace et le temps. Du milieu du 19e siècle, avec l’arrivée en France d’une lointaine aïeule, jusqu’au 11 mars 2017 qui est sa borne et son « aujourd’hui », il retrace tendrement l’histoire des siens et la sienne propre, bien serrée entre les échos et les turbulences de la marche du monde à travers journaux, carnets, objets, photos. On y rencontre beaucoup de gens « bien » et aussi la souffrance de vivre, pudiquement évoquée. Toujours aussi rimbaldien, mais nettement plus proustien dans cette étape, l’infatigable romancier fait flamboyer une fois de plus l’Histoire et la Géographie. MARIE-JO DHO

Taba-Taba Patrick Deville Éditions du Seuil / Fiction & Compagnie 20 €

L

ouis n’a pas de chance. Son père, comptable dans une bananeraie africaine, meurt malencontreusement sous le pied d’un pachyderme qu’il tentait de photographier d’un peu trop près… Adulte, il se passionne pour le cochon, devient boucher et épouse Lise. À la mort de celle-ci, il se laisse glisser dans une existence brumeuse, solitaire, taiseuse. Sa vie bascule le jour où il se porte acquéreur d’une armoire flamande chinée dans une brocante : une folle épopée commence, depuis son canapé-iceberg et son grenier-banquise vers les pôles Sud et Nord ! Fondu du manchot empereur, se sentant soudainement investi d’une mission, il épouse la cause animale, et de fil en aiguille la cause écologique contre les chasseurs d’icebergs. Avec une verve truculente et une inventivité qui décoiffe, Joël Baqué met en scène des personnages loufoques, opportunistes ou bras cassés, dans une intrigue produisant des péripéties en cascade et des liens de cause à effet des plus invraisemblables. Le personnage principal, héros malgré lui, Forrest Gump frenchy, accumule les boulettes aux conséquences XXL. Les passages sur la boîte de biscuits de l’Armée rouge ayant survécu à la fin de l’ère soviétique, le cousin véreux pourvoyeur de violettes tchernobyliennes, ou le convoyage d’un fragment de banquise à Toulon, valent leur pesant de cacahuètes… Un livre à l’humour et au charme dadaïste qui fait écho au film Iceberg réalisé par le duo belgo-canadien composé de Fiona Gordon et Dominique Abel. On en redemande ! MARION CORDIER

La fonte des glaces Joël Baqué Editions P.O.L, 17 €


critiques livres 73

Rendez-vous avec l’autre

L

es lendemains d’hier, avec ce titre qui joue de l’énigme ou du moins de l’acrobatie temporelle, Ali Bécheur offre un nouveau livre superbement écrit, dans lequel l’histoire personnelle se mêle à celle du XXe avec acuité. Tout commence par la mort du père, le retour sur les lieux d’enfance, la reconstitution d’un passé révolu et pourtant présent jusque dans les oublis, les métamorphoses qu’inflige la mémoire… Ce maussade 22 novembre 2008, le narrateur a « rendez-vous avec un autre je, un bout d’adolescence qui surgirait, rouge, sur le tapis vert de la pelouse ». Les récits se mêlent, entre le présent, les passés, celui du père, enfant brillant, capable de retenir les 60 versets du Coran, et qui, soutenu par son instituteur, deviendra avocat, échappant grâce à l’école à l’enrôlement militaire. On est en 1919. Toute vie renaît sous la plume d’Ali Bécheur, la famille, les voisins, personnages tendres, cocasses, hauts en couleurs, les petits métiers, l’architecture des maisons, des quartiers… Vocabulaire précis, anecdotes significatives, détails vrais, donnent chair à un monde révolu. L’histoire familiale s’inscrit

dans les remuements du siècle. La colonisation de la Tunisie, alors Protectorat français, est vécue, jusque dans la géographie de « la ville tramée de frontières invisibles », quartiers des « Prépondérants », et ceux des « bougnoules », fracture jusque dans les manières de vivre, d’appréhender le monde. « L’important, c’est l’invisible, il innerve la réalité », le Petit Prince est bien loin ! Le réel est épinglé, en un style

resserré, poétique, allant aux définitions essentielles : « Être colonisé, c’est être coupé en deux, la langue bifide, caméléon changeant de couleur au gré de l’environnement. Après, on passe sa vie à essayer d’ajuster les deux moitiés ». On suit l’ascension de Bourguiba, du Néo-Destour, les trahisons politiques, mais aussi les exercices de gymnastique matutinale du père, ses incartades… Les lieux acquièrent l’épaisseur que leur accorde le temps, le poids des mots enrobent les souvenirs… On essaie d’imaginer les attitudes des chers disparus lors de la Révolution du Jasmin, des essais de la démocratie à laquelle on veut croire… Les faits, les intonations, les couleurs s’estompent, le livre est la dernière empreinte de ce qui fut lorsque même les tombes se sont effacées. MARYVONNE COLOMBANI

Les lendemains d’hier Ali Bécheur éditions elyzad, 19.90 €

Le roman des apparences

S

etrou, petite cité située à cinquante minutes du centre de Paris, présente des particularités touristiques : une rivière sèche, un terril et un cinéma expérimental, le Melkas Palace. C’est précisément ce lieu culturel que dirige Émir avec Ingrid et Félix. Émir raconte sa vie, une mère dyslexique (d’où son prénom), sa femme, Mélissa, avec laquelle il s’est « marié par inadvertance ou bien par lâcheté ». Il y a Ingrid aussi, il l’aime, mais elle lui préfère Félix. Et puis, il évoque les amis et ennemis de ses années de jeunesse, les vivants et les morts. Un jour, Émir constate que les rues de Setrou rétrécissent en même temps que les maisons enflent, alors que, de façon concomitante, des personnes disparaissent (ou plutôt s’absentent). Humour et poésie s’entremêlent. Comme dans Le metteur en scène polonais, Antoine Mouton, à partir d’éléments de la vie ordinaire,

l’imaginaire pour l’éternité. Imitation de la vie est une exploration de la frontière entre la vie réelle et la vie rêvée. Antoine Mouton soulève le voile des apparences pour tenter de révéler ce qui est. Il sème aussi le doute sur nos sentiments : « Les gens que nous aimons, souvent nous les rêvons car l’amour est un rêve. » CAROLINE GÉRARD

nous fait basculer dans un monde irrationnel. À Setrou, ce monde se trouve dans la pièceen-plus des maisons, cette pièce qui vous happe un beau jour et vous propulse dans

Imitation de la vie Antoine Mouton Christian Bourgois, 12 €


74 critiques livres

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Agatha Christie en Catalogne

A

près Les yeux fardés, Prix Méditerranée étranger 2016, Lluís Llach nous offre un deuxième ouvrage, Les Femmes de la Principal. Titre de saga, mais il ne faudrait pas enfermer ce texte dans un genre. Le roman suit sur trois générations les propriétaires féminines (toutes trois nommées Maria) d’une grande exploitation viticole dans l’Abadia (écho fictionnel du Priorat, dans la Province de Tarragone en Catalogne), non loin de Reus, La Principal. Se dessine une large fresque depuis la fin du XIXe aux débuts du XXe, abordant l’époque du franquisme, de la Guerre d’Espagne, vision économique, sociologique, anthropologique d’une belle acuité. Les collusions entre pouvoir militaire, église, riches fortunes terriennes, ne sont pas sans rappeler les films de Carlos Saura (Anna et les loups ou Maman a cent ans). Dans ce cadre, des personnages d’une remarquable épaisseur jouent des codes, les détournent avec intelligence. Les femmes, loin de la fragilité que les usages leur concèdent, manipulatrices, obstinées,

dirigent le domaine, savent déjouer les pièges du temps et des hommes, réussissent là où l’on prédisait l’échec. Une intrigue policière vient nouer le récit, l’orchestre, jouant entre les passés (1893, 1940, 2001), menant le lecteur à la résolution, seulement en 2001, de l’enquête

menée en 1940. Dans une mise en abîme parfaitement maîtrisée, le roman se construit entre les points de vue entrecroisés des divers protagonistes, s’autorisant la critique des obscurités initiales, lors du « compte-rendu de lecture » que Maria de 2001 fait à son père, qui est en fait l’auteur de ces souvenirs (nous l’apprenons dans la deuxième partie du roman) : « au début, je ne comprenais rien du tout, je mélangeais les Maria, les époques (…) et lorsque j’étais parvenue à me retrouver, voilà que tu arrivais avec tes contes, tes rêves, tes légendes, je ne sais plus comment tu appelles ça. Heureusement que tu changeais de typographie, sans les italiques, ç’aurait été illisible ». Le résultat, un roman dense, fouillé, jonglant entre les registres, d’une écriture alerte, passionnant ! MARYVONNE COLOMBANI

Les femmes de la Principal Lluís Llach, traduction Serge Mestre Éditions Actes Sud, 22.80 €

Fulminantes Lumières

«

Un puissant torrent de littérature et de journalisme, démocratique, égalitaire et radical a enflé avant 1789 ; il était imprégné des idées des Lumières radicales ». Les Éditions Agone publient un recueil de conférences données par Jonathan Israel, professeur d’histoire moderne à Princeton. En désaccord avec ceux de ses confrères qui,

privilégiant les griefs sociaux, « répugnent à admettre que les idées ont joué un rôle crucial dans la genèse de la Révolution et dans ses orientations », il défend une interdépendance entre l’esprit et l’action révolutionnaire au XVIIIe siècle. Et oppose deux courants irréconciliables dans le bouillonnement philosophique de l’époque. Une pensée radicale « semi-consciente d’ellemême », née dans les années 1660, lancée en Hollande par Baruch Spinoza, poursuivie ensuite notamment par Denis Diderot et Paul-Henri Thiry d’Holbach. Prônant la liberté de penser, d’expression et de la presse, la séparation de l’Église et de l’État, l’égalité raciale et sexuelle, elle remet en question un ordre social censé avoir reçu l’approbation divine... Ce qui n’est pas du goût des philosophes modérés comme Voltaire : selon ses observations, la plupart des hommes aimant mieux être dirigés par une autorité plutôt que de penser par eux-mêmes, ils « ne méritent pas qu’on les éclaire ». Jonathan Israel estime que l’affaiblissement du courant modéré après 1770, alors que les

idées démocratiques et égalitaires gagnaient du terrain, a conduit au renforcement des anti-Lumières, insistant sur la primauté de la foi et de la tradition. Un essor de la réaction et une véhémence constituant « probablement des symptômes » : « une agressivité défensive et même des signes de désespoir se répandaient parmi les tenants de l’Ancien Régime ». Ah, si le renforcement de l’ultra-libéralisme contemporain pouvait lui aussi signer son chant du cygne ! On gagnerait à relire Diderot, déclarant aux insurgés américains lors de la révolution de 1776 : « Craignez une trop inégale répartition des richesses qui montre un petit nombre de citoyens opulents et une multitude de citoyens dans la misère ; d’où naît l’insolence des uns et l’avilissement des autres ». GAËLLE CLOAREC

Une révolution des esprits. Les Lumières radicales et les origines intellectuelles de la démocratie moderne Jonathan Israel Trad. Matthieu Dumont & Jean-Jacques Rosat Éditions Agone, 22 €


Aventuriers des mers

Mucem


SCÈNE55 MOUGINS SAISON 2017/2018 DANSE ANGELIN PRELJOCAJ

THÉÂTRE CYRIL COTINAUT

THÉÂTRE FRANÇOIS CERVANTES

MUSIQUE LAURÉATS HSBC DE L’ACADÉMIE DU FESTIVAL D’AIX-EN-PROVENCE

07/10 PLAYLIST #1 10/10 LE 6ÈME JOUR

MUSIQUE ORCHESTRE CANNES / CHŒUR RÉGIONAL

14/10 MAGNIFICAT, DE VENISE À BUENOS AIRES …

02/02 ÉLECTRE

06/02 QUATUOR VAN KUIJK

CIRQUE VINCENT DUBÉ

17/02 MACHINE DE CIRQUE

MUSIQUE LAURÉATS HSBC DE L’ACADÉMIE DU FESTIVAL D’AIX-EN-PROVENCE

MARIONNETTES ÉZÉQUIEL GARCIA-ROMEU

07/11 « LIFE STORY »

21/02 LE PETIT THÉÂTRE DU BOUT DU MONDE, OPUS I

DANSE MICHEL KELEMENIS

DANSE HERVÉ KOUBI

10/11 LA BARBE BLEUE

THÉÂTRE NATALIE DESSAY, GAËL GIRAUDEAU MACHA MÉRIL 21/11 LA LÉGENDE D’UNE VIE DE S. ZWEIG

MUSIQUE LOCKWOOD TRIO

24/11 HOMMAGE À STÉPHANE GRAPPELLI

23/02 LES NUITS BARBARES OU LES PREMIERS MATINS DU MONDE

THÉÂTRE AGNÈS ARNAU

16/03 L’AFFAIRE DE LA RUE DE LOURCINE

ÉLECTRO-JAZZ CHRIS ILLINGWORTH / NICK BLACKA / ROB TURNER

CIRQUE ALAIN FRANCOEUR

20/03 GOGO PENGUIN

MARIONNETTES THÉÂTRE D’HANOÏ

22/03 THE FUGUE, DUO, SOUNDDANCE

01/12 L’AVIS BIDON

05/12 LES MARIONNETTES SUR EAU DU VIETNAM

DANSE BALLET DE LORRAINE THÉÂTRE JEAN DE PANGE

THÉÂTRE SANDRINE MOLARO / G.-V. KAPPS

27/03 ET 28/03 TARTUFFE

DANSE BÉATRICE MASSIN / DOMINIQUE BOIVIN

05/04 IT’S ALWAYS HERE SCARABEO, LES ANGLES ET LE VIDE

12/12 MADAME BOVARY

14/12 KALÉIDOSCOPE ET TRAFFFFIC

THÉÂTRE/CLOWN THOMAS GARCIA

DANSE JEUNE DANSE ISRAËLIENNE SEMAINE DE LA MARIONNETTE DU 7 AU 19/04

MUSIQUE RENAUD CAPUÇON

PIANO/VOIX NATALIE DESSAY ET PHILIPPE CASSARD

CONTE/DANSE GRÉGORY CAUVIN

DANSE CANNES JEUNE BALLET

THÉÂTRE JEAN-PHILIPPE DAGUERRE

DANSE EMILIE LALANDE

23/01 LE CID

24/05 PIERRE ET LE LOUP

MUSIQUE/DANSE ANDRÉ CECCARELLI / MEAUXTOWN & LADY ROCKS

MUSIQUES ACTUELLES CONCERT 01/06 CONCERT ET FÊTE DE CLÔTURE

20/12 MONSIEUR MOUCHE

13/01 L’ORCHESTRE DE CANNES 16/01 L’HISTOIRE DE BABAR LE PETIT ÉLÉPHANT

13/04 PORTRAITS DE FEMMES

15/05 PNSD CANNES-MOUGINS-MARSEILLE

26/01 SUR UN AIR DE WEST SIDE

BILLETTERIE SCENE55.FR


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