Zibel106

Page 1

8.04 > 13.05.2017

N°106

ZIBELINE

Mensuel culturel & citoyen du Sud-Est

RETOUR SUR BABEL MED ordures au mucem

LE FN

URE T L U C A L T E DE 3 ÉPISO

3€


MARIE VIALLE | PASCAL QUIGNARD

LA RIVE DANS LE NOIR

TG STAN & DOOD PAARD | YASMINA REZA

ART

JEUDI 11 MAI 19H30 VENDREDI 12 MAI 20H30 SAMEDI 13 MAI 19H30

JEUDI 4 MAI 19H30 VENDREDI 5 MAI 20H30

JOHANNA NIZARD & OTHELLO VILGARD | LAURENT MAUVIGNIER

UNE LÉGÈRE BLESSURE

ALESSANDRO BERNARDESCHI & MAURO PACCAGNELLA | WOOSHING MACHINE

HAPPY HOUR MARDI 23 MAI 20H30 MERCREDI 24 MAI 19H30

JEUDI 27 AVRIL 19H30 VENDREDI 28 AVRIL 20H30

Bois de l’Aune - 1bis place Victor Schœlcher - Jas de Bouffan - 13090 Aix-en-Provence - 04 88 71 74 80 - aixenprovence.fr


AVRIL MAI 2017

RETROUVEZ ZIBELINE SUR JOURNALZIBELINE.FR

Édité par Zibeline BP 90007 13201 Marseille Cedex 1 Dépôt légal : janvier 2008 ISSN 2491-0732 Imprimé par Riccobono Imprim’vert - papier recyclé Crédit couverture : © Alouette sans tête / R.Ménard d’après © Pascal Guyot / J. Bompard d’après © MaxPPP Conception maquette Tiphaine Dubois

Directrice de publication & rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@gmail.com 06 09 08 30 34 Rédactrice en chef adjointe Dominique Marçon journal.zibeline@gmail.com 06 23 00 65 42 Secrétaire de rédaction Anna Zisman anna.zisman.zibeline@gmail.com

ARTS VISUELS Claude Lorin claudelorin@wanadoo.fr

06 25 54 42 22

LIVRES Fred Robert fred.robert.zibeline@gmail.com MUSIQUE ET DISQUES Jacques Freschel jacques.freschel@gmail.com CINÉMA Annie Gava annie.gava@laposte.net

06 88 46 25 01

06 82 84 88 94

06 20 42 40 57

06 86 94 70 44

Élise Padovani elise.padovani@orange.fr

Polyvolants Chris Bourgue chris.bourgue@wanadoo.fr Gaëlle Cloarec ga.cloarec@gmail.com

06 03 58 65 96

06 72 95 39 64

Maryvonne Colombani mycolombani@gmail.com

06 62 10 15 75

Marie-Jo Dhô dho.ramon@wanadoo.fr Marie Godfrin-Guidicelli m-g-g@wanadoo.fr 06 64 97 51 56 Jan Cyril Salemi jcsalemi@gmail.com

Évolutions Zibeline change. Notre enquête de satisfaction, toujours en cours, nous amène pour l’heure à penser que vous voulez des dossiers plus complets, une couverture plus solide... et que vous seriez prêts à le payer un peu plus cher, pourvu aussi que vous le trouviez plus facilement en kiosques ! Aussi pour vous satisfaire nous approfondissons nos enquêtes, et avons adopté une couverture magazine, élargi notre distribution et ajusté notre tirage. Augmenté notre prix aussi, dorénavant de 3€. Les abonnements restent inchangés, et le site gratuit. Nous attendons avec impatience vos réactions ! Et puis, comme chacun, nous attendons les élections. Notre pays n’avait jamais, sans doute, vécu une telle instabilité. La 106 dégringolade des partis de gouvernement, les sorties de route au Parti socialiste et chez les Républicains ouvrent la voie au pire. Au meilleur peut-être ? À l’incertitude sans doute, à l’issue du scrutin présidentiel, de la majorité qui pourra, ou non, sortir des urnes législatives. Quel que soit le résultat, la France ne sera jamais plus gouvernée comme avant. Une chance ? À nous de la saisir, en tournant le dos à ceux qui ont renié leurs engagements. AGNÈS FRESCHEL

Maquettiste Philippe Perotti philippe.zibeline@gmail.com

06 19 62 03 61

WRZ-Web Radio Zibeline Marc Voiry marcvoiry@hotmail.com Directrice Commerciale Véronique Linais vlinais@yahoo.fr 06 63 70 64 18 La régie Jean-Michel Florant laregie@gmx.fr 06 22 17 07 56 Collaborateurs réguliers : Régis Vlachos, Dan Warzy, Frédéric Isoletta, Yves Bergé, Émilien Moreau, Christophe Floquet, Pierre-Alain Hoyet, Aude Fanlo, Thomas Dalicante, Marion Cordier, Caroline Gerard, Louis Giannotti Administration Catherine Simon admin@journalzibeline.fr Houda Moutaouakil contact@journalzibeline.fr

04 91 57 75 11

ÉDITO

CULTURE ET SOCIÉTÉ Mensuel payant paraissant le deuxième samedi du mois Édité à 30 000 exemplaires, imprimés sur papier recyclé


À l’occasion de l’exposition

Vies d’ordures De l’économie des déchets

Grand week-end «Mille plantes – Zéro déchet» Exposition, conférences, projections, fête des plantes Du 7 au 9 avril 2017

Exposition, conférences, proje ête des plantes

Mucem

Mucem


sommaire 106

société

La culture en ville FN, 3e volet : - droit de réponse de Beaucaire (P.6-7) - Retour à Forbac, film de Régis Sauder (P.7) - Entretien avec Lucas Belvaux pour son film Chez Nous (P.8) - Orange, Béziers (P. 9-10-11)

La biodiversité en question (P.12-13)

Politique culturelle

Entretiens avec Sandrine Mini, nommée à la direction de la scène nationale de Sète, et Nathalie Cabrera à la Maison Jean Vilar à Avignon (P.14-15) Une Cité d’artistes au Couvent Levat, à Marseille (P.16) Mécènes du Sud ouvre une antenne à Montpellier (P.17)

Entretien avec Lucas Belvaux pour son film Chez nous © Annie Gava

ÉVÉNEMENTS

Le Printemps de la danse, Transform#2 (P.18) Festival Les Musiques au GMEM, Grand ménage de printemps à Cucuron (P.19) Programmation jeune public à Scènes&Cinés, Cavaillon, Mougins et dans l’Hérault (P.20-21) La ZAT à Montpellier, les Scènes de Bistrots en région (P.22-23) Jazz in Arles, Festival de Pâques à Aix (P.24) Le MuCEM, Opera Mundi, la Villa Méditerranée (P.26-27)

Intrude, installation d’Amanda Parer à voir pendant la ZAT à Montpellier © Amanda Parer

critiques

Spectacles, musiques (P.28-34) Marseille, Aix, Avignon, Cavaillon, Aubagne, Port-de-Bouc, Nîmes, Toulon

AU PROGRAMME DU MOIS Musiques (P.36-39) Spectacles (P.40-58)

Carga Sellada, de Julia Vargas-Weiss, primé lors des Rencontres du cinéma sud-américain © Milton Guzman

cinéma [P.60-66] Arts visuels [P.66-74]

Marseille, Aix, Istres, Arles, L’Isle-sur-la-Sorgue, Nîmes, Montpellier, Mouans-Sartoux

livres [P.76-80] Ceija Stojka, Ohne Titel (Sans titre), 1995, acrylique sur papier cartonné, 69,5 x 99 cm Courtesy collection Antoine de Galbert, Paris

patrimoine [P.82] Mane


6

Tout près du FN

société

épisode 3

ZIBELINE POURSUIT SON ENQUÊTE EN VILLES FN, AVEC ORANGE ET BÉZIERS, LES DISSIDENTES; DEUX FILMS SUR LE SUJET, CHEZ NOUS ET RETOUR À FORBACH ; UN DROIT DE RÉPONSE, COMMENTÉ, DES PROVENÇALISTES DE BEAUCAIRE

De l’usage du droit de réponse L’ESCOLO DE BÈU-CAIRE, CITÉ PAR JAN CYRIL SALEMI DANS SON ARTICLE PUBLIÉ DANS ZIBELINE 104, BEAUCAIRE SOUS L’ÈRE IDENTITAIRE, A EXIGÉ UN DROIT DE RÉPONSE, QUE NOUS PUBLIONS COMME LA LOI NOUS Y ENJOINT. ET QUE NOUS COMMENTONS COMME LA LOI NOUS LE PERMET

Droit de réponse Vous attaquez l’éthique de l’Escolo de Tradicioun de Bèucaire (numéro 104), nous répondons en 200 mots comme exigé, pour donner des précisions car vous n’avez pas pris la peine de nous contacter pour vérifier vos sources. Mme Fougasse n’est pas à l’origine de la création de l’Escolo mais M. Reig, enseignant de provençal, et ses élèves. L’Escolo n’a que le soutien logistique de la Ville de Beaucaire comme les autres associations y compris Soie et velours d’Argence qui a également une subvention annuelle. Concernant la subvention exceptionnelle de 150 € versée en décembre 2016, elle a servi à payer un groupe de musiciens aidant l’Escolo à monter un spectacle de Noel pour pallier le désistement de choristes beaucairois par manque d’adhérents. L’Escolo met en place des projets à Beaucaire car plus de 80% de ses 113 adhérents sont beaucairois. La Mairie de Beaucaire soutient la culture et les traditions provençales. Elle poursuit et conforte ce que les autres municipalités ont toujours fait. C’est un élément fort de la ville. Il est dommage qu’un article orienté comme le vôtre sème la polémique dans le monde associatif. L’Escolo tient à votre disposition les preuves utiles à la rédaction d’un article de qualité. Le conseil d’administration Escolo de Tradicioun de Bèu-caire

L

’Escolo de Tradicioun de Bèu-caire assortit son droit de réponse d’une série de captures d’écran à propos de l’autre association citée dans notre article, montrant que celle-ci reçoit également le soutien de la Mairie Front national de Beaucaire. « Vos propos, s’ils ne sont «diffamatoires» sont en tout cas très exagérés et non fondés car si l’Escolo a le soutien de la Mairie Soie et Velours d’Argence l’a tout autant (voir la pièce jointe sur les articles publiés sur cette association) ». Cette réponse en 200 mots fut précédée d’une précédente version, beaucoup plus longue, qui qualifiait effectivement nos propos de « diffamatoires » et se concluait ainsi : « Par conséquent, l’Escolo de Tradicioun de Bèu-caire vous serez gré (sic) de bien vouloir publier dés (sic) votre prochain numéro (N°105) notre courrier dans son intégralité assorti de vos excuses. » Nous avions alors demandé à L’Escolo de Bèu-caire de produire une réponse proportionnée au passage les citant dans notre article (moins de 200 mots) et lui avions signalé que, n’ayant relevé aucune inexactitude, elle ne pouvait qualifier nos propos de diffamatoires. De quoi était-il question ? De la création d’une association, L’Escolo, en janvier 2016 par un professeur de provençal, suite à la démission du Conseil d’Administration de Soie et velours d’Argence. Madame Fougasse, adjointe à la culture de la mairie Front national, y adhère dès sa fondation. Et le site de la mairie est explicite. (voir encadré ci contre, l’Actu de Beaucaire)

Capture d’écran envoyée par l’Escolo pour dénoncer la proximité de Soie et Velours avec la Mairie : la personne «à gauche sur la photo» serait la présidente de Soie et Velours, identifiée parce qu’elle porte une rangée de dentelles, que l’Escolo ne porte pas...


7

L’Actu de Beaucaire Dimanche 28 août, le Maire de Beaucaire et plusieurs de ses élus ont représenté notre ville à la traditionnelle fête de la Saint-Eloi à Boulbon. Nos élus ont dans un premier temps participé à une messe en provençal puis à la bénédiction et au défilé de la Charrette. Dans le cortège, les musiciens et de nombreuses arlésiennes ont précédé les chevaux de trait, à travers les rues étroites du village. Les fouetteurs de Saint-Rémy de Provence et la Reine d’Arles, accompagnée de ses demoiselles d’honneur, étaient également présents, tout comme l’association Escolo de Tradicioun de Bèu-caire, très engagée dans la défense de nos traditions, et qui a le soutien de la municipalité. www.beaucaire.fr/beaucaire-present-a-traditionnelle-fete-de-saint-eloi-de-boulbon/

Un soutien qui ne s’affiche pas seulement comme « soutien logistique »... Il n’est donc évidemment pas question que Zibeline s’excuse de son article. D’autant que l’Escolo accuse notre journaliste de ne pas avoir vérifié des renseignements... qui s’avèrent exacts. Pourquoi publier ce Droit de Réponse ? Contrairement à l’opinion répandue, les journaux n’y sont pas obligés dans le seul cas d’un propos diffamatoire. Toute personne, réelle ou morale (donc toute association) citée dans un article peut exiger un droit de réponse. Même si l’article est élogieux ! Cette réponse doit simplement être proportionnée, dans sa longueur et dans son ton, au passage de l’article qui la cite. Et elle doit à son tour, comme tout article publié dans un journal, respecter les personnes qu’elle cite :

l’Escolo prend garde à le faire, ne dépasse pas les 200 mots, ne prétend pas que nous n’avons pas vérifié nos sources mais seulement que nous ne les avons pas contactés, nous invite à produire un « article de qualité » sans dire vraiment que Beaucaire sous l’ère identitaire ne l’était pas... Pourtant cette association juge « diffamatoire » le fait que Zibeline relève sa proximité avec le Front national. Celle-ci serait elle honteuse ? Et pourquoi étayer son droit de réponse avec des photos des membres de Soie et velours d’Argence aux côtés des élus Front national ? L’association pense-t-elle que relever la proximité avec le Front National est une « attaque » ? Se défend-elle de cette proximité ? En adressant un tel Droit de réponse, et en exigeant son insertion et des excuses, l’Escolo

de Beaucaire agit justement... comme le Front national. Celui-ci est devenu un spécialiste des procès en diffamation, qu’il perd souvent, et des plaintes classées sans suite. Cela fait partie de son entreprise de dédiabolisation. Il en est de même pour les Droits de réponse. Les journalistes le savent, et usent de pincettes : Marine Le Pen avait menacé d’intenter des procès à tout journaliste qui emploierait le terme extrême-droite pour désigner son parti, et de fait le terme est de moins en moins employé, même si elle n’a intenté aucun procès. Aucun journaliste ne peut prendre le risque de qualifier de raciste la préférence nationale ou la volonté de supprimer le droit du sol. Comme aucun journaliste ne peut qualifier Jean-Marie Le Pen de Nazi, ou relever son rôle trouble durant la guerre d’Algérie. Il est peu évident de dénoncer le Bal de Vienne et ses néo Nazis, même si Marine le Pen s’y est rendue... Y compris lorsque les faits sont avérés, le Droit de réponse s’exerce pour « toute personne nommée ou désignée dans une publication périodique » selon l’article 13 de la loi de 1881. Un refus d’insérer peut conduire à un procès : ce qui peut être écrit dans un livre, ou dans les réseaux sociaux, ne peut l’être aussi facilement dans la presse « périodique ». C’est la loi française, et le Front national, dirigé par une avocate, ne se prive pas de s’en servir. Une association qui se veut culturelle devrait se garder d’en faire autant... AGNÈS FRESCHEL

Après la trahison REPRENANT LE PRINCIPE DU RETOUR À REIMS DE DIDIER ERIBON, RÉGIS SAUDER LIVRE SON RETOUR À FORBACH

L

e film, documentaire autobiographique emmené par la voix off du réalisateur, relate son retour au pays, intime. Il a fui sa ville et son milieu, et le vit encore comme une trahison. Mais cette connaissance, cette proximité ambivalente avec la ville lui permet de constater comme personne l’évolution des classes populaires qui, elles, sont depuis toujours trahies de toute part. Par l’idée même de patrie et de langue, cette Moselle étant passée au cours de l’histoire de l’Allemagne à la France tant de fois. Par les capitalistes et les politiques, qui ont exploité les mineurs et la terre jusqu’à épuisement des ressources et des hommes, puis sont allés vivre de leurs profits ailleurs. Car cette ville convoitée en 2014 par le candidat Florian Philippot est manifestement sinistrée.

Economiquement, politiquement, moralement. Régis Sauder filme jusqu’à la nausée les innombrables vitrines de commerces fermés, à louer ou à vendre. Les odieuses affiches des Identitaires « génération anti racaille » placardées durant la campagne municipale. Le puits de Retour à Forbach, de Régis Sauder © Docks 66 mine abandonné, les passants qui passent vite, les terrasses désertes, les grillages, sur une note d’espoir. Florian Philippot n’a les fenêtres fermées. Il filme les gens, surtout, pas gagné en 2014, mais on voit mal comment, ses amis d’enfance, qui racontent la destruction sans réelle volonté de la reconstruire, la ville de la cohésion sociale, la religion qui en tient pourra sortir des griffes du Front national. lieu, la pauvreté, le racisme, l’incapacité des (Lire aussi p.60). AGNÈS FRESCHEL jeunes à se projeter dans un avenir, le délitement. La poésie des plans de la fête foraine, des forêts qui vibrent de vert, du rideau de neige qui Retour à Forbach de Régis Sauder tombe, expliquent sans doute que le film finisse sort en salles le 18 avril SUITE P.8 À 11


8

société

Décrire leur marketing

CHEZ NOUS, SUR LES ÉCRANS DEPUIS LE 22 FÉVRIER, DÉNONCE LES MÉTHODES D’UN PARTI D’EXTRÊME-DROITE À TRAVERS UNE FICTION TRÈS RÉALISTE

U

ne infirmière généreuse, sensible à la souffrance, est recrutée comme candidate locale par un notable fasciste et manipulateur (remarquables Émilie Dequenne et André Dussollier). La dirigeante du parti est campée par une Catherine Jacob qui parle comme Marine le Pen mais bouge comme Nadine Morano... Lucas Belvaux nous parle de son film, et du FN. Zibeline : Est-ce un film que vous avez construit avec la volonté de combattre le FN ? Lucas Belvaux : Oui, combattre ses idées. Mais le plus important était de décrire son fonctionnement. Le décrire c’est déjà le combattre. On vit en ce moment une stratégie de dédiabolisation, et plus de 50% des Français considèrent que ce n’est plus un parti d’extrême-droite. Or ça l’est toujours et un parti d’extrême-droite masqué est encore plus dangereux qu’une extrême-droite assumée. Je voulais montrer ses méthodes et ses stratégies marketing pour changer son image. Il y a deux tendances dans votre film, la candidature relativement banalisée de cette jeune femme et les identitaires qui sont derrière, ou devant, avec leur extrême violence. Est-ce que selon vous le FN serait acceptable sans ceux-là ? Non, ce que je montre c’est que les tendances violentes existent toujours, qu’il y a toujours des liens organiques du parti avec eux. Mais, plus grave encore, le discours de Front national provoque de la violence, comme dans cette séquence où une jeune femme se fait agresser par une bande de préadolescents, de 12 à 14 ans, parce qu’elle arrache une affiche. C’est arrivé à une amie à moi, qui a failli se faire lyncher. Le discours banal et dédiabolisé produirait donc de la violence ? Ce n’est pas leur discours qui est dédiabolisé, c’est leur image. Le discours reste extrêmement violent. C’est le propre des partis populistes d’avoir besoin de se créer des ennemis. Et cela produit de la violence, à l’intérieur des familles, de la société en général. De la violence verbale d’abord, suivie de violence physique. On met longtemps dans le film à arriver au FN, on suit le parcours de cette jeune femme et on comprend comment elle se laisse embarquer. Est-ce que vous pensez que cela peut arriver à n’importe qui ? N’importe qui n’étant pas armé idéologiquement, ou politiquement, historiquement. Ceux

Lucas Belvaux © Annie Gava

qui sont nés dans les années 80 ont grandi avec le FN dans le paysage, ses idées petit à petit ont infusé, et une fois que les dérapages du père Le Pen ont amené à son éviction, le reste des idées s’est répandu. On a entendu Zemmour pendant des années appeler pratiquement à la guerre de religion, les gens n’ont plus honte de dire qu’ils sont au Front national. Un personnage du film dit « Avant on disait tout haut ce que les gens n’osaient pas dire, maintenant ce n’est plus la peine, ils le disent tout seuls ». On en est là, la société entière est malade. Tout un tas de gens peuvent basculer au-delà de leurs convictions. On sait que 28% des élus des dernières municipales ont démissionné. Ont quitté le parti parce qu’ils se sont rendu compte une fois à l’intérieur de sa vraie nature, que c’est un parti fasciste, d’extrême-droite, avec des nazis. Plus d’un quart des élus, pas des militants, des élus ! C’est du jamais vu dans l’histoire politique française. Oui, il y a eu pas mal de démissions dans les communes du Sud-est où nous habitons. Le film a été déprogrammé au Luc, dans le Var ? Oui, le maire Front national a décidé que ce film là, qui était programmé, ne passerait pas dans le cinéma municipal. C’est un cas de censure extrêmement direct et assumé. Vous disiez dans le débat qui a suivi le film

qu’il y allait avoir un reflux du vote Front national. Qu’est-ce qui vous fait avoir cette pensée optimiste ? Je me dis que même si les idées se sont banalisées, beaucoup savent que c’est un parti dangereux. Le discours de Nantes, où Marine Le Pen menace directement les fonctionnaires, les juges, en disant « Quand on va arriver au pouvoir on vous poursuivra en justice », est un discours absolument totalitaire, antidémocratique... Les gens ne sont pas sots, ils ne veulent pas ça, et à la longue ils vont se rendre compte que les mairies FN sont mal gérées, que la politique urbaine n’est pas nette et que l’exercice du pouvoir est autocratique. Les maires y décident de tout et les élus n’ont qu’à dire amen. Je pense aussi qu’à l’intérieur du parti ça ne va pas résister longtemps. Le FN c’est un parti composite. Des tendances contraires, toutes d’extrême-droite, composent son cœur idéologique. Il y a des fascistes, d’autres qui sont plutôt identitaires, ils ne sont pas d’accord et à un moment ça ne tiendra plus. Quand l’espoir de prise du pouvoir sera déçu ils vont commencer à se mettre sur la gueule et on en sera débarrassés. Je ne dis pas que c’est pour demain, mais ça va arriver. ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL


9

Orange, 20 ans d’extrême-droite LA VILLE D’ORANGE PLÉBISCITE SON MAIRE DEPUIS 1995. UN CAS UNIQUE EN FRANCE, QUI N’EST POURTANT PAS SYNONYME DE STABILITÉ DANS UNE VILLE AU PASSÉ CULTUREL IMMENSE

J

acques Bompard est un des fondateurs du Front national en 1972. Avant cela il a appartenu au mouvement d’extrême-droite Occident, jusqu’à sa dissolution, a adhéré à Ordre Nouveau, et a fondé durant la guerre d’Algérie l’OAS Montpellier. Au Front national il a fait partie du bureau politique de 1972 à 2005, et a créé la fédération de l’Hérault en 1975 (il est Montpelliérain). Exclu du bureau politique en 2005 -il reprochait au parti de Jean-Marie Le Pen son autoritarisme et son népotisme, et à Marine le Pen sa tiédeur- il a rejoint le parti de De Villiers, puis en est parti lorsque le Mouvement pour la France a apporté son soutien à Thierry Mariani lors des élections régionales de 2010. Fondant alors la Ligue du Sud, il entretient avec le Front national des relations très ambivalentes.

Histoire de familles

On pourrait parler de guerre fratricide si la lutte pour le pouvoir amenait à la destruction des deux camps. Mais dans le Vaucluse ils se confortent, et s’allient lorsqu’il le faut. Ce qui ne les empêche pas d’insulter ceux qui passent d’un camp à l’autre, comme Xavier Magnin, neveu par alliance de Jacques Bompard, son ex-directeur de cabinet passé au Pontet (voir Zibeline 105). Car les trahisons et favoritismes familiaux agitent la Ligue du Sud tout autant que le Front national. La femme de Jacques Bompard est maire de Bollène, ses deux fils sont ses attachés parlementaires, et l’un d’eux, Yann, a remporté le 3e canton de Vaucluse contre le candidat de Marion Maréchal Le Pen. Élection annulée (puis remportée à nouveau) pour « bidouilles » d’après la nièce de Marine : Jacques Bompard en a porté plainte pour diffamation, et a perdu. Pourtant en 2012 la petite-fille Le Pen avait choisi un suppléant Ligue du Sud, et ses choix idéologiques semblent plus proches de ceux du maire d’Orange que de ceux de sa tante, à propos du mariage pour tous en particulier, de la « loi naturelle », de la foi catholique et des identitaires.

« Au fou ! »

Car si Jacques Bompard s’est éloigné du Front national, ses positions idéologiques n’ont pas dévié d’un iota depuis ses ralliements d’étudiant. À l’Assemblée Nationale depuis 2012, ses questions au gouvernement sont nombreuses, et remarquées. Contre l’avortement, en 2014, il demande « pardon, au nom de la loi naturelle, aux enfants qui ne naitront pas » à cause « des élans morbides qui ont tenu lieu de féminisme depuis des dizaines d’années ». Il s’oppose également au mariage pour tous, à la « théorie des genres », à la loi sur la fin de vie en affirmant que « notre civilisation gréco-chrétienne recherche une harmonie incompatible avec l’euthanasie ». Il déclare également que « l’État encourage l’islamisation de la société », que « face à notre civilisation fragmentée et dissoute, une

© Alouette sans tête / J. Bompard d’après © MaxPPP

autre explication du monde avance : l’islam. » « Au fou », crie-t-on sur les bancs de l’assemblée, face à son accent du sud. Au fou ? C’est oublier à quel point ses convictions sont ancrées et assumées. À Orange, il organisait en septembre 2016 un Forum de l’Union des droites, dont le compte rendu est en libre accès sur son site : le Président de l’Action Française se réjouit que « l’Histoire véritable refasse surface, celle des chefs, des saints, des héros, des rois » ; le Président de Renaissance Catholique déclare qu’« à l’intégration brandie en étendard se superpose le viol de l’identité des Français de souche » ; la Présidente de Choisir la Vie que « le gouvernement cible l’enfant à naître, ennemi public numéro 1 », et Bernard Antony (AGRIF) conclut en évoquant « les maux que l’Islam engendre... ». La folie est partagée, et plébiscitée par une population qui ne vote pourtant pas majoritairement Front national aux élections nationales.


10 société

Mainmise sur la culture

La mairie d’Orange a, évidemment, un rapport idéologique avec la culture. Dès 1996 l’Inspection générale des bibliothèques de France dénonce la censure exercée dans l’établissement municipal : les contes africains, des livres sur le racisme et sur le rap sont écartés... Catherine Canazzi, conservatrice, démissionne et dénonce les prescriptions d’achat d’ouvrages écrits par des membres du Front national. Quant aux Chorégies, le plus ancien et populaire des festivals lyriques de France, elles sont, depuis 1995, dans une difficulté constante avec la mairie. Présidé auparavant par le maire socialiste, le Conseil d’Administration avait refusé qu’un élu de la majorité municipale prenne sa suite. Jacques Bompard, qui s’était présenté à la présidence, avait été écarté et c’est Thierry Mariani, RPR puis UMP puis LR, qui l’a assumée durant 20 ans. Jacques Bompard avait alors déclaré qu’il ne reconduirait pas la convention qui liait la ville d’Orange aux Chorégies. Philippe Douste Blazy, alors ministre de la Culture, avait compensé la suppression de la subvention municipale. Rétablie trois ans après. Mais les Chorégies, qui avant 1995 déployaient, en plus des productions lyriques, des concerts de chambre et des rencontres dans toute la ville, se sont repliées dans le sublime théâtre romain. Sans augmentation de budget depuis 20 ans, autofinancées à 80%, elles sont restées un festival essentiel, mais sans le pétillement créatif des années 90. Affiche de la campagne départemantale Yann BompardMarie-Thérèse Galmard © X-DR. Jusqu’au départ de Thierry Mariani, en 2015. La mairie tente à nouveau de faire main basse sur la présidence en prétendant qu’elle revient de droit à la vice-présidence, c’est-à-dire l’adjointe à la culture Marie-Thérèse Galmard. Celle-ci, qui est aussi colistière de Yann Bompard, retire aussitôt la délégation de signature au directeur des Chorégies, Raymond Duffaut, qui démissionne. La ministre de la Culture, qui s’émeut d’une situation qu’elle juge anormale, menace à son tour de retirer la subvention de l’État, tout comme Christian Estrosi celle de la Région. Jacques Bompard écrit alors sur son site : « Audrey Azoulay exerce un chantage aux subventions, bien aidée en cela par Christian Estrosi. Il faut dire que Madame Azoulay, catastrophique dans l’ensemble de ses prestations publiques, doit son ministère à ses amitiés et à la délicatesse du président de la République. Représentante caricaturale de l’énarchie, elle s’effrayerait au contact du moindre Vauclusien de souche, craignant de rencontrer un autrui qui n’aurait ni fait HEC, ni passé sa jeunesse dans les réunions dorées des futures élites oligarchiques. » Mais les Chorégies sont trop importantes pour la Ville d’Orange : Marie-Thérèse Galmard accepte de céder la place, Jean-Louis Grinda prend celle de Raymond Duffaut, et le Conseil d’Administration peut désigner librement son nouveau président : Christine D’Ingrando, qui fait partie du CA depuis 2009, a pris ses fonctions en mai 2016, après des mois de conflits. Jacques Bompard et ses deux fils font toujours partie du Conseil d’administration, ainsi que l’adjointe à la culture, qui demeure vice-présidente. AGNÈS FRESCHEL

béziers, Peur sur la ville DEPUIS 2014, BÉZIERS, 75 000 HABITANTS, DEUXIÈME VILLE DE L’HÉRAULT, EST DIRIGÉE PAR ROBERT MÉNARD

É

lu avec le soutien du Front national, il n’en est pas membre pour autant et cultive l’ambiguïté dans ses rapports avec le parti. Il revendique son indépendance, a parfois même eu des conflits avec certains cadres du FN. Des reproches sur la stratégie, notamment envers Florian Philippot. Mais il assume dans le même temps une proximité idéologique avec le FN. Et a même fini par se désigner lui-même comme un maire Front national, en juin 2016. Quelques jours seulement après un incident avec Marion Maréchal-Le Pen, qui avait quitté un rassemblement de « la vraie droite » organisé à Béziers. Robert Ménard est une personnalité complexe. C’est surtout un orfèvre de la communication. Ancien journaliste, co-fondateur et secrétaire général de Reporters Sans Frontières (RSF) de 1985 à 2008, il est longtemps apparu comme un homme d’ouverture, farouche défenseur de la liberté d’expression. Il est coutumier du champ médiatique, qu’il a occupé abondamment, en tant que représentant de RSF d’abord, puis en tant que polémiste ensuite. Quand il quitte ses fonctions à RSF, il est fréquemment invité sur les plateaux télé et radio et devient même chroniqueur régulier sur RTL ou animateur d’une émission sur I-Télé. De là, son discours commence à dériver. Les envolées se font toujours au nom de la liberté. Mais il s’agit dès lors surtout de la liberté de respecter les traditions d’une France aux racines catholiques, de dénoncer le péril qui plane sur ces valeurs, de s’insurger contre l’immigration ou contre les mœurs jugées dégradées d’une partie de la société. En 2012, il fonde avec son épouse Emmanuelle Duverger, le site d’information Boulevard Voltaire, une plate-forme d’expression positionnée radicalement à droite.

L’art de la provocation

Membre de la Ligue Communiste Révolutionnaire dans les années 70, puis brièvement adhérent au Parti Socialiste au début des années 80, Robert Ménard a opéré une volte-face idéologique. Mais, en maître de la com, il l’a faite avec subtilité. En 2011, il cosigne avec son épouse un pamphlet, Vive Le Pen ! : « Je ne voterai pas Front national mais je pense que ce parti doit bénéficier du droit à la liberté d’expression. Défendre la liberté d’expression n’est pas défendre l’extrême droite. », explique-t-il alors. Mais dès 2016, il annonce qu’il votera Marine Le Pen lors de l’élection présidentielle. La provocation par


11

Affiche hostile aux migrants, placardée dans les rues de la ville - Mairie de Béziers © X-D R.

petites touches est sa véritable marque de fabrique. En repoussant chaque fois un peu plus loin les limites. Depuis qu’il dirige Béziers, il n’a cessé d’agir de la sorte. Ce fut d’abord l’interdiction du linge aux fenêtres ou des paraboles sur les balcons. Puis la polémique sur l’origine étrangère des prénoms des enfants. Puis les affiches représentant des migrants avançant vers la cathédrale, accompagnés de cette phrase anxiogène, comme la réalisation d’une prophétie : « Ça y est, ils arrivent... » Cet accent mis sur l’aspect religieux n’est évidemment pas anodin. Emmanuelle Duverger est une fervente catholique, militante de la Manif pour Tous. Elle se vante d’avoir remis son mari sur le droit chemin de la foi. Lui ne cesse de répéter qu’elle est sa première conseillère. La messe dans les arènes le jour de l’ouverture de la Féria ou la crèche dans le hall de la mairie sont parmi les nombreux exemples de cette influence de la religion catholique dans la gestion de la ville. Le fonctionnement autoritaire est aussi très marqué. Valérie Gonthier était conseillère municipale chargée des relations avec les

associations. Son parcours peut évoquer celui de l’héroïne du film Chez nous, de Lucas Belvaux (lire son interview p 8). Séduite par le personnage, elle rejoint la liste Ménard, mais déchante très vite et finit par démissionner en novembre 2016. « Il n’a aucun respect pour l’humain. Il est au pouvoir par la peur, explique-t-elle. Il est lui-même animé de peurs, et il gouverne par la terreur qu’il suscite. Y compris chez ses conseillers municipaux. Beaucoup pensent comme moi, mais aucun n’a osé démissionner. Il les tient. »

Ordre et obéissance

Cette attitude autoritaire, beaucoup la vivent aussi dans le milieu culturel, mais peu acceptent d’en témoigner. Récemment, un artiste s’est trouvé au cœur d’un litige majeur avec la mairie de Béziers. Usurpation de projet, mépris du droit d’auteur, actes de contrefaçons. L’affaire suit son cours auprès de la justice, mais les pressions exercées par Robert Ménard sont considérables. L’objectif est bel et bien de diffuser une idéologie, des principes, basés sur l’ordre et l’obéissance. Régulièrement,

la ville organise des conférences, intitulées Béziers libère la parole. La liste des ceux qui ont « libéré la parole » fixe clairement l’orientation : Philippe de Villiers, Alain de Benoist, Eric Zemmour, etc. Dans un numéro récent du Journal de Béziers, le magazine de la municipalité, un article élogieux présente le projet d’école hors contrat qui ouvrira ses portes en septembre 2017. Le cours Gustave Fayet s’inscrira dans la ligne prônée par Espérance Banlieues et la Fondation pour l’Ecole, deux organismes visant à installer de nouveaux codes, de nouveaux critères dans l’enseignement. Avec pour but de « raccrocher » en particulier au système des enfants de milieux populaires, en leur imposant un cadre très strict. Port de l’uniforme, vouvoiement, patriotisme affirmé, cette future école, si elle n’est pas exactement un projet de la mairie, a tout le soutien de Robert Ménard, et ce dès sa genèse. Elle aura d’ailleurs ses locaux dans un bâtiment appartenant à la ville. JAN-CYRIL SALEMI


12 société

Le déclin de la vie POUR TENTER D’ENRAYER LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE ET LA CHUTE DE LA BIODIVERSITÉ, LA LUTTE S’ORGANISE ET SE MET EN RÉSEAU -jusqu’à preuve du contraire- respecter les engagements pris à la COP21. Pour comprendre la crise écologique, il faut réaliser à quel point il s’agit d’un phénomène multidimensionnel, avec des conséquences de plus en plus sévères sur une portion toujours plus grande des populations mondiales. La pollution influe sur le changement climatique qui influe sur la biodiversité ; leurs impacts imbriqués, exponentiels, font la géopolitique d’aujourd’hui, et celle de demain. Famines et guerres de l’eau risquent de se multiplier rapidement. Tandis que les États se débattent avec leurs contradictions (comment continuer à prôner une croissance infinie dans un monde aux ressources finies ?), à d’autres échelons, nombreux sont ceux qui ont pris conscience de l’urgence, et qui musclent leurs moyens d’action.

En Méditerranée

Cadavre d’un oiseau marin © G.C.

E

n Afrique frappe la famine, tandis qu’une sécheresse historique sévit sur le continent, et que le phénomène climatique El Niño provoque des températures record. Pendant ce temps, le président des États-Unis vient de signer un décret abrogeant les mesures de

son prédécesseur sur le climat : la perspective d’une catastrophe mondiale se précise. La seule consolation de ce début d’année est que la Chine, l’autre principal pollueur de la planète, a récemment annulé la construction d’une centaine de centrales à charbon et entend

Puisque les enjeux sont mondiaux, et interconnectés, on assiste pour leur faire face à une mise en réseau progressive des initiatives et des énergies. La Méditerranée pourrait servir de cas d’école : un point chaud de la biodiversité (sa faune et sa flore, parmi les plus riches au monde, sont aussi les plus menacés), un littoral qui se fragilise à vue d’œil, de multiples pollutions, l’acidification des eaux, les espèces invasives, la surpêche, la bétonisation, le transport maritime, l’extraction pétrolière.... Sans parler des flux de touristes incontrôlés, dont l’impact est loin d’être anecdotique ! Alors, sur tout le pourtour méditerranéen la société civile se mobilise, de nombreuses associations et structures évaluent les dégâts, tentent de remédier au plus pressé : prévenir l’érosion, protéger les herbiers de posidonie, ou encore collecter les déchets plastiques. À la COP22 marocaine en novembre dernier (lire notre article sur journalzibeline.fr), beaucoup s’y sont rendues dans l’espoir de tisser des liens plus efficaces entre elles et d’échanger un maximum d’outils et d’informations. Beaucoup aussi se méfient des institutions, collectivités, structures internationales ou fondations, leur reprochant de s’intéresser à l’environnement sous le seul angle économique.


Plus on est de fous

Reste que certaines institutions privées et publiques s’investissent elles aussi de plus en plus, et si quelques-unes participent avec la simple intention de reverdir un peu leur image, d’autres font preuve de sincérité dans leur démarche. Aux citoyens de veiller au grain, pour en séparer l’ivraie... Le 17 mars dernier à Marseille, le projet PANACeA, une initiative régionale pour « optimiser les efforts de protection des ressources naturelles à échelle méditerranéenne », a réuni à la Villa Méditerranée de nombreux acteurs internationaux. Avec un budget de 18 millions d’euros sur trois ans, financé en partie par le programme européen Interrreg Med, elle rassemble autour d’un centre de recherche de l’Université de Malaga (ETC-UMA) une soixantaine d’organismes, du Plan Bleu (Centre d’activités régionales du Programme des Nations Unies pour l’Environnement) au WWF Méditerranée, en passant par la Conférence des Régions Périphériques Maritimes d’Europe, et l’Union internationale pour la conservation de la nature via son Centre de Coopération Méditerranéenne. Leur objectif est tout à la fois de partager leurs observations de terrain, définir des priorités (reconstituer les populations de poissons, par exemple), favoriser les collaborations horizontales dans les différents pays de la Méditerranée, et construire une communauté susceptible de peser sur les politiques publiques « à tous les niveaux : local, régional, national ». Francesca Marcato, responsable du suivi du projet chez Interreg Med, soulignait que les résultats seraient tous mis dans le domaine public, gratuits, et dans des formats réutilisables. Ils ont défini leur feuille de route des actions à mener sur les trois prochaines années, afin de « réduire l’impact des activités humaines sur l’héritage environnemental et culturel » ; à suivre, donc, pour savoir si leur démarche sera efficace. Si elle l’est, ce serait un accroc de plus dans le costume trois-pièces des climato-sceptiques.

La Criée16/17 Théâtre national de Marseille

Le Petit Théâtre du

Bout du Monde Mise en scène, scénographie & marionnettes

Ezéquiel Garcia-Romeu Théâtre de marionnettes Dès 12 ans

du 4 au 13 mai

GAËLLE CLOAREC

La Méditerranée sous pression : 1,6% de la superficie terrestre 0,7% de la surface maritime mondiale Entre 4 et 18 % des espèces marines connues sur le globe

1ère destination touristique mondiale (343 millions de visiteurs en 2014, + 40% prévus d’ici 2025) 90% des stocks de poissons en surexploitation Aires Maritimes Protégées : 3,27 % de la mer Méditerranée en 2015 Exploration Offshore hydrocarbures : près de la moitié du bassin méditerranéen en 2015 Sources : The 2016 Forum of Marine Protected Ereas in the Mediterranean - Projet MedTrends, (WWF-France), Plan Bleu et Croissance Bleue : la Méditerranée face au défi du bon état écologique – Synthèse européenne – WWF 2015

Photographie © Ezéquiel Garcia-Romeu

1/3 du trafic maritime mondial (+ 4% / an prévus d’ici 2025)

Un théâtre miniature où des habitants mystérieux rêvent de liberté, où des créatures innocentes observent un monde étrange, vivent et se transforment… Une performance poétique !

www.theatre-lacriee.com 04 91 54 70 54


14 politique culturelle

DEUX FEMMES ATTACHÉES AU THÉÂTRE PUBLIC ET POPULAIRE SONT NOMMÉES À LA DIRECTION DE LA SCÈNE NATIONALE DE SÈTE (SANDRINE MINI) ET À CELLE DE LA MAISON JEAN VILAR À AVIGNON (NATHALIE CABRERA)

Bassin de culture

S

andrine Mini défend un programme ambitieux, axé sur la pluridisciplinarité, le partage d’expériences et l’ancrage dans le territoire. Belle façon d’affirmer une position après le conflit avec la municipalité de Décines, qui l’a récemment destituée de son poste du centre culturel le Toboggan au profit d’une structure commerciale. Elle prendra ses nouvelles fonctions début septembre, succédant à Yvon Tranchant. Zibeline : Dans quel état d’esprit arrivez-vous pour cette nouvelle prise de responsabilités ? Sandrine Mini : L’expérience du Toboggan n’a entamé ni mon énergie, ni mon optimisme. Je me sens plus forte maintenant pour affronter des situations qui hélas se développent un peu partout dans notre pays. On est de plus en plus de professionnels à être confrontés à ce rétrécissement de volonté politique pour tout ce qui concerne la culture. C’est ce qui

fait la différence d’une commune à l’autre. Au risque de se retrouver avec des îlots de culture ? Oui, malheureusement. Mais quand la volonté politique bloque, on ne peut rien faire. On nous réclame du « vu à la télé ». Pour rendre les programmes accessibles à tous. Et pourtant moi, depuis toujours j’ai à cœur de tout mettre sur le même niveau, le théâtre classique, la musique populaire, du jazz, du hip hop… La question de la démocratisation de la culture a toujours été au cœur de ma carrière. Vous avez un double parcours, entre spectacle vivant et l’art contemporain1. Comment traduire cette approche à Sète ? Avec le projet des Chais du Moulin2, cela prendra tout son sens de travailler en collaboration. Et bien sûr, le nouvel outil du Pôle de création jeune public à Mireval représentera un axe très important de notre travail. On va mettre en place un appel à projet (début 2018) en direction des compagnies départementales et régionales, pour accueillir environ 4 projets par an en résidence. On va privilégier ceux qui mettent en place une véritable collaboration avec les jeunes, avec des ateliers dans les classes, et qui en retirent une matière artistique, vécue avec les enfants. Ce sera aussi un lieu de

Nathalie Cabrera © X-D.R

L’héritage de Vilar

N

athalie Cabrera a succédé à Jacques Téphany à la direction de la Maison Jean Vilar, à Avignon. Rencontre avec celle qui veut perpétuer la mission fondatrice du lieu tout en repensant un théâtre populaire d’aujourd’hui. Zibeline : Comment avez-vous été nommée, et par qui ? Nathalie Cabrera : J’ai rédigé un projet, et été auditionnée par un jury. Composé du président

de l’Association Jean Vilar, Eric Ruff, Didier Deschamps, Cécile Helle, Maire d’Avignon, Olivier Py, directeur du festival d’Avignon, un représentant de la Bibliothèque Nationale de France (BNF), et deux représentants du ministère de la Culture. Quelle est la fonction de la Maison Jean Vilar ? L’Association a été créée en 1972 par Paul Puaux, autour de la mémoire de Jean Vilar, et en 1978 a été ouverte la Maison, avec

la Ville, qui a mis à disposition l’Hôtel de Crochans, l’État et la BNF. La mission de ces deux structures est de prendre soin et de valoriser le fonds Jean Vilar. Et aussi de garder la mémoire du Festival d’Avignon, l’antenne de la BNF continuant à archiver tous les documents relatifs au Festival, et depuis une quinzaine d’années ceux du Festival Off. Comment s’inscrit votre projet au sein de ce fonctionnement ? Dans la continuité, et dans le changement. Je pense qu’il faut replacer l’héritage de Jean Vilar dans le contexte actuel, l’ancrer dans le présent, aux côtés du Festival d’Avignon. Car de son origine, en 1947, à nos jours, c’est toute l’histoire du théâtre contemporain que l’on traverse. La Maison doit proposer cette ouverture au public, le plus large possible. Sous quelles formes ? C’est d’abord un lieu d’expositions. La Maison en a toujours fait et je souhaite poursuivre cette politique, en faisant en sorte qu’elles s’adressent à chacun, pas seulement au public très connaisseur de théâtre, et pas uniquement sous un angle pédagogique. Je


15

voudrais proposer une approche sensible de l’histoire du théâtre, notamment par le biais des œuvres. Mon idée est de privilégier des formes immersives qui permettent des modes de lecture très différents, de trouver des voies d’accès qui ne soient pas fondées sur la seule connaissance, mais aussi sur la sensibilité. Il faut pouvoir faire appel à des projets portés par des artistes qui interprètent cette histoire. En dehors de la période estivale, comment envisagez-vous de faire vivre cette Maison ? Un des enjeux fondamentaux est de pouvoir agir toute l’année. En plus des expositions et du travail de médiation qui sera mené autour, j’imagine une programmation en lien avec les opérateurs culturels du territoire de proximité, pour organiser des temps de rencontres, de débats et d’échanges avec les avignonnais, autour de l’actualité artistique et culturelle. La Maison a la capacité de donner à cette actualité une assise patrimoniale : on a ici des images, des éléments de décors... qui entrent en résonance avec elle. Nous sommes en train d’en discuter avec des partenaires réguliers comme les Hivernales, Festo Pitcho… Mais

aussi d’autres institutions, comme la Collection Lambert, le Théâtre d’Arles, ou l’Opéra à Avignon... Qu’en est-il du Théâtre Populaire aujourd’hui ? C’est un élément fondamental ! L’Association Jean Vilar est là pour faire vivre sa mémoire, et doit se poser la question de cet héritage aujourd’hui. De son accompagnement, de la mise en œuvre de ses valeurs dans les pratiques artistiques et culturelles de nos jours. Nous allons inviter des jeunes gens en formation dans les écoles d’art et d’art dramatique à se saisir de ces histoires et de ces archives pour produire des formes en direction du public. Nous allons, avec le monde professionnel, réfléchir à la façon de valoriser l’engagement des théâtres concernant le travail sur les publics. Et pour s’inscrire dans cette réalité, il faut qu’on puisse développer le volet numérique, faire en sorte que le nouveau site Internet de la Maison Jean Vilar, qui ouvrira dans le courant de l’année, nous permette de valoriser le fonds et les activités du lieu, et de développer de nouveaux outils et supports, notamment en direction des enfants.

Comment est financée la Maison Jean Vilar ? Elle est portée par la Ville d’Avignon, qui met à disposition le bâtiment ainsi que du personnel, plus une subvention, et le ministère de la Culture. Cela équivaut à peu près à 200 000 euros chacun. Elle est aussi soutenue par la Région PACA et le conseil départemental du Vaucluse à hauteur de 20 000 euros chacun. Quels sont vos projets à court terme ? Concernant le Festival d’Avignon, cet été, le programme de la Maison Jean Vilar a été nettement densifié. Il y aura dans la Maison deux spectacles : celui de Rezo Gabriadze (du 11 au 17 juillet), Ramona, et Hamlet, mis en scène par Olivier Py avec des détenus du centre pénitentiaire du Pontet ; et dans le jardin les lectures de textes africains de RFI, celles de l’Adami avec le TgSTAn et de jeunes comédiens. Et deux autres projets, d’importance, qui sont pour l’heure en cours de finalisation... et s’installeront au-delà du Festival.

Sandrine Mini © X-D.R

propositions. Il faut savoir gérer la pénurie ! Comment aborder cette question quand on est si près de Béziers ? Je pense au Pôle enfance et jeunesse, proposer des formats légers, de façon à diffuser sur ce territoire, qui ne doit pas être abandonné. Il y a une logique aussi à travailler avec sortieOuest. Il faut penser le théâtre comme une agora : c’est important que le bar reste ouvert à la fin des spectacles, que les gens échangent… Être là, ne pas lâcher. Mon parcours, c’est l’exemple d’un modèle républicain, mes grands-parents ne savaient ni lire ni écrire le français, et pour moi c’est une grande fierté de pouvoir faire partager tout ça au plus grand nombre.

diffusion3, pour rayonner le plus largement possible sur ce « public de demain », comme on dit, mais moi je préfère penser que c’est le public d’aujourd’hui ! Ce sera aussi un pôle d’accompagnement des compagnies (pas forcément jeune public) pour les aider à boucler une production, à se structurer… Et pour la programmation au Théâtre Molière ? Je vais être très attachée à une continuité dans le pluridisciplinaire et la variété de l’offre, avec

des grands noms, car ce sont des rendez-vous importants pour le public. Comment allez-vous aborder le territoire de la nouvelle agglomération du Bassin de Thau ? Nous allons développer un projet, peut-être biennal, qui s’appuiera sur un travail entre les compagnies et les pratiques amateurs, présenté sur tout le bassin dans des lieux patrimoniaux, pas forcément connus ni valorisés. Des artistes interviendront en ateliers (une quarantaine d’heures chaque fois) auprès des habitants, en arts plastiques, en danse, sur du récit ou recueil de parole… L’idée est de monter des collaborations qui n’ont jamais eu lieu : avec le personnel des espaces verts de la ville, avec la coopérative des pêcheurs, le personnel des maisons de retraite… On va réfléchir sur la mise en public, mais il faudrait sortir du côté événementiel, ponctuel, car il y aura aussi et surtout tout ce qui aura été vécu en amont de la présentation. Il y a une dimension collective à cultiver et développer, encore et toujours plus en ce moment. Avez-vous prévu des passerelles avec le tissu structurel existant dans la région ? Oui, bien sûr, on va travailler avec Montpellier, Alès, Perpignan, Narbonne. Les moyens sont réduits, et on doit mutualiser, être force de

PROPOS RECUEILLIS PAR ANNA ZISMAN

Sandrine Mini a été précédemment attachée culturelle à l’Ambassade de France à Rome, et directrice des publics et du développement au musée national Picasso.

1

Projet de rénovation d’un chai sur le canal de Sète, qui accueillera le conservatoire, l’école des Beaux-Arts et l’extension du MIAM

2

programmation conçue en partenariat avec le Théâtre Nouvelle génération à Lyon

3

PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE MARÇON


16 politique culturelle

Couvent en transition O

LA VILLE DE MARSEILLE CONFIE POUR 3 ANS LE COUVENT LEVAT À L’ASSOCIATION JUXTAPOZ, POUR EN FAIRE UNE CITÉ D’ARTISTES

Et les artistes ?

n se souvient de l’exposition collective Aux Tableaux, grand succès de l’année 2015 à Marseille : 40 street artistes s’étaient emparés d’un pensionnat catholique, l’ancien lycée Saint Thomas d’Aquin, transformant les lieux en s’inspirant de l’univers scolaire. Le projet était porté par l’Atelier Juxtapoz, qui œuvre pour la promotion des cultures urbaines (lire nos critiques de l’exposition et de son catalogue sur journalzibeline.fr).

Acquisition du Couvent Levat Lors du conseil municipal du 6 février 2017, la Ville de Marseille s’est porté acquéreur d’un autre établissement religieux, le Couvent Levat, situé dans le © Elodie Gaillard quartier de la Belle de Mai. Un espace exceptionnel comprenant 2000 m2 de bâtiments, sur 17 000 m2 de jardins merveilleusement préservés, avec cerisiers, amandiers et oliviers, irrigués par un système hydraulique performant (la Congrégation des sœurs Victimes du Sacré Cœur de Jésus était installée là depuis 1843). Lorsque les nonnes ont décidé de déménager en Vendée, la municipalité a fait appel à l’association Juxtapoz, proposant de mettre à sa disposition les lieux, contre « le gardiennage, la sécurité, l’entretien et le maintien de l’ancien couvent ». L’objectif étant d’y développer, pour une durée de 3 ans, une Cité d’artistes dans le cadre du projet Quartiers libres Saint Charles – Belle de Mai. Pour Laure-Agnès Caradec, adjointe au Maire déléguée à l’Urbanisme, il convient de développer le secteur « à l’échelle de la future gare Métropolitaine ». Solange Biaggi, sa consœur déléguée au Commerce, se réjouit du fait que l’occupation par les artistes préserve le bâtiment « d’éventuels squatteurs susceptibles de le dégrader », et le foncier « des promoteurs immobiliers ». Anne-Marie d’Estienne d’Orves, en charge de la Culture, se dit quant à elle ravie de retravailler avec Juxtapoz : « Après la réussite incroyable de St Thomas d’Aquin, il était

juste et normal qu’ils nous accompagnent ici. » Un appel à projet complémentaire concernant les jardins devrait incessamment être lancé, pour les ouvrir au public.

Le projet Selon le sociologue Étienne Ballan qui suit le dispositif Quartiers libres, confier les lieux pour 3 ans aux artistes permet à la municipalité de « bien prendre le temps de réfléchir à l’avenir ». Il évoque un « vrai virage au niveau de la Mairie, qui assure aux habitants du quartier une réelle concertation ». Un point sur lequel Laure-Agnès Caradec renchérit : « ils ont été très surpris lorsqu’on leur a dit qu’on n’avait rien à leur présenter, et qu’on leur a simplement demandé quelles étaient leurs attentes ». À suivre de près donc, tant il est vrai que souvent les concertations ne servent qu’à mettre les marseillais devant le fait accompli. Sur le site de la rue Levat, la Maire de secteur Lisette Narducci a bien des idées, notamment la possibilité d’y ouvrir un jardin de lecture lorsque la Cité des artistes passera le relais, voire une bibliothèque de quartier, mais elle « n’a pas encore reçu de réponse ».

« C’est un lieu complètement fou ; même si la charge de travail est conséquente, un projet comme celui-ci ne se refuse pas. » commente Karine Terlizzi pour Juxtapoz, précisant qu’il ne s’agira pas d’un « Aux Tableaux 2 », et que la Cité sera destinée avant tout aux créateurs locaux : « il y a de très bons artistes dans la région, on entend particulièrement mettre en avant les femmes ». Après des travaux de mise aux normes de sécurité, de maçonnerie et d’électricité (il faut casser les cloisons des cellules de nonnes -7m2 chacune), l’association s’est donné 6 mois pour remplir les lieux d’artistes, soit une trentaine d’ateliers d’art visuel, en ouvrant aussi éventuellement des bureaux à d’autres structures culturelles. Les loyers sont modérés, à 7€ mensuels/m2, sur signature d’une convention d’un an renouvelable. Pour Karine Terlizzi, cela pallie un peu la pénurie d’ateliers d’artistes (« 11 lieux seulement mis à disposition pour les moins de 30 ans, sur tout le territoire marseillais ! »). Elle prévoit aussi à terme des résidences, rémunérées, « même si c’est compliqué de trouver des financements pour les résidences ». À ce sujet, lorsqu’on lui demande si la Cité n’est pas un moyen pour la Mairie de bénéficier du travail d’artistes sans bourse délier, comme c’était le cas sur St Thomas d’Aquin, la jeune femme répond : « Effectivement pour Aux tableaux les artistes étaient défrayés et logés mais pas payés, nombre d’entre eux ont eu envie de participer bénévolement. Nous n’avions pas beaucoup de trésorerie et la rénovation a coûté cher. Cependant si nous avions su que nous aurions autant de succès*, nous aurions demandé un crédit pour les payer. » GAËLLE CLOAREC

* La manifestation a attiré plus de 40 000 visiteurs


scène conventionnée pour les expressions

Mécènes essaime

saison iv 2016-2017

contemporaines

D

epuis 2003, une alliance hybride permet le développement de la création artistique contemporaine sur le territoire marseillais. Le collectif Mécènes du Sud est une association qui réunit plus de 45 entreprises désireuses de s’impliquer dans le monde de l’art en soutenant financièrement des travaux d’artistes, mais aussi parfois logistiquement, ou par un accueil en résidence dans le cadre de l’entreprise. Depuis le 17 mars, le concept se démultiplie à Montpellier. Dans un local de 140 m2, siège de l’association dans le centre historique de Montpellier mis à disposition par Antoine Garcia-Diaz (architecte), président de l’association Mécènes du Sud Montpellier-Sète, les futurs artistes accompagnés verront leurs œuvres exposées. Car il ne s’agit en effet pas seulement d’aider à la création : le collectif s’engage également à suivre le parcours des artistes (éditions de catalogues, expositions, conférences…). Bénédicte Chevallier, déléguée générale de l’antenne marseillaise évoquait à l’inauguration de ce nouveau lieu montpelliérain le lien fécond développé par le collectif. « Le mécénat est le lieu d’une rencontre inattendue entre entreprises et artistes, avec une logique de « qui perd gagne » : le don implique un retour, mais dont on ne sait pas ce qu’il sera ni quand il aura lieu. » A. Garcia-Diaz, avec les 16 autres entrepreneurs qui représentent à ce jour l’antenne languedocienne, se réjouit d’ores et déjà de présider une association « sous l’égide de la convivialité : grâce à ce collectif, on se parle entre nous ! » Gain immatériel, ce « contre-don » n’en est pas moins très précieux. Outre l’image de l’entreprise qui gagne en notoriété et élargit son champ d’action, les adhérents profitent en effet d’un programme de visites et voyages thématiques, de formations à l’accueil de résidences d’artistes, de conférences dispensées dans les lieux mêmes des entreprises. Deux appels d’offres ont été lancés, pilotés par Marine Lang, chargée d’étude à Mécènes du Sud Montpellier-Sète : un pour les artistes, l’autre à destination des commissaires d’expositions. Un comité artistique indépendant formé de cinq acteurs internationaux du monde de l’art sélectionnera entre 3 à 5 projets, pour une enveloppe globale de 25 000 euros. Premières graines… ANNA ZISMAN

À l’occasion de l’ouverture du nouveau lieu montpelliérain, l’exposition La convergence des antipodes présente les œuvres de 10 artistes estampillés Mécènes du Sud, jusqu’au 16 juin

Antoine Garcia-Diaz, Président de Mécènes du sud Montpellier-Sète © Elise Ortiou-Campion

13, rue des Balances, Montpellier 04 34 40 78 00 mecenesdusud.fr

© arnaud saury

show room - noUVEAU DrAmE suzanne Joubert / marie vayssière / arnaud saury Compagnie du singulier / marie Vayssière [ C r é At i o n ]

25 > 29 avril

théâtre Joliette-m inoterie / 2 plac e h enri Ver neuil 13002 m arseil l e

theatrejoliette.fr / 04 91 90 74 28


18 événements

Espace danse

L

Gomme, Cie Oro © Martin Argyroglo

a situation est toujours fragile à l’Espace Culturel Busserine. Depuis plus d’un an, Stéphane Ravier, le maire Front national des 13e et 14e arrondissements de Marseille, tente de faire pression sur ce lieu emblématique des quartiers nord. Au prétexte de travaux, sans cesse reportés, il a d’abord imposé la fermeture des locaux puis a refusé de valider plusieurs des spectacles proposés par l’équipe pour cette saison. C’est donc une programmation réduite au strict minimum qui est prévue à l’ECB, et fort heureusement, le Printemps de la Danse fait partie des événements maintenus. Pour la deuxième année consécutive, la manifestation sera accueillie au Théâtre du Merlan. Trois spectacles sont au programme, chacun dans des univers mêlant danses urbaine et contemporaine. En ouverture, le 3 mai, la Cie 1 Des Si présentera 2#Damon. Dans cette création en duo, Etienne Rochefort et Jérôme Douablin sont à la fois chorégraphes et interprètes. Ils inventent une danse basée sur les codes du hip-hop qu’ils amplifient pour parvenir à une sorte de transe robotique. Le 6 mai, un titre explicite, Du chaos naissent les étoiles, pour ce spectacle créé par la Cie 2 Temps 3 Mouvements. Cinq danseurs seront sur la scène, dans une chorégraphie signé Nabil Hemaïzia. Le thème est celui du pouvoir, des relations de domination, de l’asservissement de l’homme par l’homme. Les interprètes s’interrogent sur les cycles qui conditionnent la vie humaine. Et le chorégraphe laisse une porte entrouverte : le rêve est encore permis, et du grand tumulte pourrait surgir l’espoir. Enfin, le 10 mai, la Cie Oro proposera Gomme, de et avec Yasmin Rahmani et Loïc Touzé. Le premier est issu de la street culture, pas le second. De leur rencontre naît un spectacle qui conte l’histoire du danseur à travers le hip-hop, tandis que son partenaire reçoit les sensations et émotions de ce récit en mouvements. J.C.S.

Printemps de la Danse 3, 6 et 10 mai Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org Espace Culturel Busserine, Marseille 04 91 58 09 27 mairie-marseille1314.com

À

la veille du premier tour de l’élection présidentielle, il y aura à Marseille au moins un moyen de ne pas trop penser aux échéances du dimanche approchant. Le festival Transform, deuxième du nom, se tiendra les 21 et 22 avril. Créé par le collectif IDEM (Identité – Diversité – Egalité – Méditerranée), l’événement, sous-titré Festival des créations queer contemporaines, aura lieu à La Déviation, une ancienne cimenterie de l’Estaque, reconvertie en lieu d’échanges et de culture. Au programme éclectique de ces deux journées, ciné, danse, concerts, expos, ateliers... Le 21, à découvrir, la performance-conversation

solo de Mmakgosi Tsogang Kgabi, sur « la construction d’une identité queer aux croisés multiples », mais aussi Dumy Moyi, solo intimiste entre récital et danse de François Chaignaud, ou le DJ Set de Marion (La Klepto). Le 22, atelier fanzine en ouverture, puis Le Bal des Illusions, un spectacle de cabaret queer. Et en continu durant les deux jours, projection de courts métrages par le Collectif Jeune Cinéma. J.C.S.

Transform #2 21 et 22 avril La Déviation, Marseille 09 81 09 44 01 collectif-idem.org

Mmakgosi Tsogang Kgabi © D. Vlahovic

On veut du queer !


19

Le GMEM, le Module La création musicale est à l’oeuvre et les Musiques à Marseille

A

près la fusion intégration du Grim de Jean-Marc Montera dans le GMEM dirigé par Christian Sebille (voir Zib’ 102) et l’officialisation de l’association avec l’ensemble C Barré, la trinité unifiée s’installe dans un poulpe à huit pattes. L’esprit de partage est à l’œuvre et le Module est magnifique : studios de résidence, d’enregistrement, foyer d’accueil, bureaux et salle pédagogique, une place publique et un sublime plateau de création : la sphère, qui ressemble à un château d’eau, se voit de loin, signal d’une architecture créative, singulière et « pas chère » signée Matthieu Poitevin. Désormais premier Centre National de Création Musicale de France, hors Paris, le Module se veut accueillant à tous les créateurs, mais aussi aux publics les plus divers, élèves du conservatoire ou fêtards des musiques actuelles, et « aux esthétiques musicales instrumentales ou électroacoustiques, écrites ou improvisées... ». Un credo auquel Christian Sebille, qui dirige le GMEM depuis 6 ans, ne déroge pas.

Le temps du Festival Les Musiques 2017 seront l’occasion de visiter les lieux pour y découvrir de petites formes. Les grandes rayonneront dans la ville, puisque le Module est un lieu de création et de partage des pratiques, mais non de diffusion. Du 12

© Pierre Gondard

au 20 mai, 27 événements se produiront de la Friche à la Criée en passant par l’Opéra, la Joliette, le Ballet National de Marseille et le PIC, Pôle instrumental de l’ensemble Télémaque à l’Estaque. Après les journées Portes Ouvertes (installations sonores, répétition ouverte de C Barré, massages sonores et mini concerts...), l’Ensemble orchestral contemporain ouvrira le bal à la Criée dans une œuvre totale d’Heiner Goebbels (voir page 36) ; C Barré avec le baryton basse Nicholas Isherwood entreprendra un voyage mythologique de Scelsi à Moultaka ; les ensembles Ice et Itinéraire joueront de la musique spectrale ; Télémaque jouera du Georges Boeuf agrémenté des œuvres

de ses anciens élèves reconnaissants (Régis Campo, Raoul Lay et Yann Robin). Il y aura aussi le Quatuor Diotima, la reprise de Mostrarium (voir Zib’ 104) au Pic, DDDorvillier (chorégraphe) et Sébastien Roux (compositeur) qui combinent des séquences musicales et dansées au BNM, Alessandro Bosetti qui lit et met en musique le journal de bord de sa mère navigatrice, et deux propositions du Grim : Dafné Vicente-Sandoval, bassoniste dans une création mixte, et Frederic Rzewski, pianiste politique, qui interprète les Songs of insurrection de Daan Vandewalle. Les percussions de Strasbourg clôtureront le festival avec une partition pour 4 instrumentistes, objets percussifs divers, dispositif électronique et vidéo, d’ErikM. AGNÈS FRESCHEL

Les Musiques 12 au 20 mai Marseille, divers lieux 04 96 20 60 16 gmem.org

Grand bol d’a(i)r !

L

e Grand ménage de printemps revient pour une 3e édition consécutive, et s’affirme comme étant un festival de référence dans le domaine des arts de la rue. À Cucuron et Vaugines, dans le sud du Luberon, si ménage il y a il est avant tout artistique, et aide à se débarrasser des vieilles peux de l’hiver. Sortir, se réapproprier l’espace public en compagnie d’artistes en prenant le temps d’avoir le temps, pour reprendre l’heureuse La Jurassienne de réparation © Théâtre Group’ formule de Romaric Matagne, président Deuch joyeuse, grand big band mécanique et du centre culturel et coordinateur artistique musical ; la déambulation des Arts Oseurs de la manifestation. Détournez donc les lieux et leur lecture des mots de Magyd Cherfi connus avec la Cie Générik Vapeur et leur sur son enfance ; le Théâtre Group’ et son

histoire folle d’une famille de mécanos ; le spectacle décalé pour zonards déroutés du collectif L’Agonie du Palmier ; ou encore le fête des voisins déjantée de la Cie Tétrofort ! Sans oublier, en avant-première, Looser(s), Kie Faire Ailleurs, qui nous entraîne dans une troisième zone hostile et futuriste, et Le Moulin sonore de Mathias Isouard, installation composée d’instruments qui utilisent l’eau comme source musicale… DO.M.

Grand ménage de printemps 21 & 22 avril Centre culturel Cucuron Vaugine, Cucuron legrandmenage.com


20 événements

R.A.G.E, Cie Les Anges au plafond © Vincent Muteau

Théâtre d’objet, théâtre d’ombre, marionnette… Une programmation riche et variée invite les enfants, et les adultes, à de grandes découvertes !

Un printemps de la jeunesse

À Scènes&Cinés Pour la 3e année consécutive, les théâtres de Scènes&Cinés installent un Temps fort marionnettes en leur lieu, pour continuer à « renforcer la légitimité de la marionnette en tant qu’art majeur du XXIe siècle […], soutenir le principe universel de ce langage et en découvrir ses multiples expressions ». Et des expressions il y en aura, multiples et différentes, qui font des marionnettes des personnages à part entière, bien vivantes auprès des comédiens qui les manipulent. On retrouve le magnifique travail de la Cie Les Anges au plafond (régulièrement déjà accueillie à l’Olivier) avec R.A.G.E, spectacle ébouriffant qui mêle magie et marionnette, geste de manipulation visible et invisible pour conter l’étrange histoire d’un homme qui, pour échapper à la Censure, s’invente une nouvelle identité et manigance l’une des plus belles supercheries du siècle dernier. Deux

manipulateurs, un bruiteur, un trompettiste, une chanteuse, vingt marionnettes et des kilomètres de fils pour tisser cette formidable intrigue ! (dès 13 ans). Dans un autre genre, Bérangère Vantusso met en scène des marionnettes hyperréalistes et grandeur nature saisissantes dans Le Rêve d’Anna : elles restituent avec drôlerie et sensibilité l’univers d’Anna, une petite fille qui ne sait pas toujours bien distinguer le rêve de la réalité, et qui parle la nuit avec un cheval blanc qui la réconforte… Plus petites, sans être plus simples, les marionnettes savent aussi se faire immenses : la Cie Rodéo Théâtre conte l’histoire de Bouh !, un garçon pas comme les autres que son autisme éloigne des autres enfants avec qui il ne peut jouer… ; Victor l’enfant sauvage prend vie sous la manipulation des comédiens de la Cie Les Voisins du dessus, dans un

décor minutieux qui nous plonge dans le XIXe siècle ; quant à la Cie Émilie Valantin, elle propose trois extraits de trois œuvres de Molière, avec trois sortes de marionnettes, à gaines, à fils et à marottes. Enfin, pour les plus petits, dès 1 an et 3 ans, le théâtre se fait d’ombres et d’images : Ombul, du Théâtre Désaccordé, invite les tout-petits à une douce traversée entre endormissement et rêve, par le biais de la peinture ; Simona Acerbi, avec Le Journal de Lulu, fait voyager un épouvantail de saisons en saisons à travers le monde, les deux pieds dans la terre et la tête vadrouilleuse, son pinceau dessinant l’histoire en ombre portée.

À Cavaillon En mai, Cavaillon se place sous le signe des marionnettes : deux expositions, des stages


21 et quatre spectacles, dont deux pour le public familial. Les marionnettes, qui ont l’habitude de résider à l’Hôtel d’Agar à Cavaillon au sein de la fantastique collection d’Olivier Morand, sont exposées pour la première fois, en bois, papier, chiffon, métal, antiques et contemporaines, du centre-ville à la médiathèque La Durance, croisant dans le hall de La Garance les Portraits manipulés de Christophe Loiseau. Stages de pratique artistique, l’un à partir de 14 ans avec Marie Girardin (Cie Les Anges au Plafond), et dès 7 ans avec Simon Delattre. Donner vie à l’inanimé est l’objet d’un émerveillement sans cesse renouvelé et porte sur le monde un regard d’une poétique acuité : l’adaptation du texte de Mike Kenny par Simon Delattre et Aurélie Hubeau, Bouh !, présente un univers de cruauté, d’ignorance, de peur, et des enfants livrés à leur destin... Autre adaptation, celle du roman Orange mécanique d’Antony Burgess, par Catherine Verlaguet dans une mise en scène de Georgios Karakantzas, épingle l’utilisation esthétique de la violence (dès 14 ans). Puis on se recentre sur les petites choses, porteuses d’étincelles de bonheur, avec la nouvelle création du Vélo Théâtre (référence du théâtre d’objet), Une poignée de gens, quelque chose qui ressemble au bonheur… Enfin, R.A.G.E, de la Cie Les Anges au plafond, deuxième volet du diptyque sur la censure initié par Les mains de Marianne, nouvelle création de Camille Trouvé rend sensible la porosité entre fiction et réel, au cours d’un itinéraire où l’on rencontre une marionnette et son double, où les points de vue changent les histoires… et si le mensonge était un détour nécessaire pour raconter la vérité ?

À Mougins Un air de comptine enfantine, de délices poétiques et de leçons d’humanité pas sentencieuses flotte sur Mougins grâce à la 3e édition de la Semaine de la Marionnette. Les cinq spectacles proposés (deux fois chaque journée programmée, à 15h et 19h) trouvent un écrin particulier dans le nouvel espace qu’offre la Scène 55. Inventivité des formes et des constructions scénographiques se conjuguent aux différents types de marionnettes qui semblent vite animées d’une vie propre. Quelle incroyable initiation au théâtre : on se laisse captiver par les histoires, sans jamais ignorer la présence des marionnettistes manipulateurs ! On verra se nouer l’amitié improbable entre un humain, Max, un chat, Mix, et Mex, une petite souris mexicaine, bavarde et trouillarde, avec la Cie Tro-Héol,

Bella, Cie Le Clan des songes © Séverine Cadillac

puis une petite fille réaliser son rêve d’apesanteur et s’envoler, passant insensiblement de l’enfance à l’adolescence, fable douce de la Cie Le Clan des Songes qui nous apprend à aimer Bella dans sa découverte émerveillée des envols… On cultive le courage et l’amitié en suivant le pingouin et le souriceau du petit théâtre d’ombres et marionnettes de table de la Cie Samoloet, dans une histoire au titre prometteur de légende fondatrice, Depuis… L’esthétique originale et forte des marionnettes créées par des peintres et des plasticiens sert avec un rythme soutenu et une belle intelligence les fables de La Fontaine, dans le Bestiaire allumé de la Cie Arketal. Enfin, deux adorables et touchantes petites chouettes affronteront leurs peurs des ombres de la nuit en attendant, à l’abri de leur creux d’arbre, leur maman partie chasser. Poèmes et magie des lumières toutes douces accompagneront ces Chouettes de la Cie 1.2.3. Soleil.

Dans l’Hérault Saperlipopette fête ses 20 ans avec une programmation dédiée aux enfants, variée et pointue. Douze spectacles sont proposés sur deux jours, et partiront ensuite tourner dans les villages alentours. De la danse, de l’acrobatie, du rêve, des découvertes. Thème de l’année : « le voyage » ! En route, avec Le voyage des P’tites Z’oreilles (Cie La Gamme), qui s’adresse aux bébés, dès 6 mois ! Les deux interprètes manient instruments et petits objets pour entraîner les mini spectateurs sur la voie de chants et comptines du monde entier. On oublie la barrière des langues et les mots sont tout simplement musique. Le langage de Simona Acerbi est visuel : peinture, théâtre d’ombres, théâtre d’images. Elle conte l’histoire d’un épouvantail voyageur, Lulu, qui découvre son monde malgré ses deux pieds fichés dans la terre d’un champ. Dans Le journal de Lulu l’imaginaire est roi, les rêves sont éveillés (à partir de 3 ans).

Détour par le risque avec Ronan Duée et Dorian Lechaux, qui prolongent le voyage sur des tabourets. Bankal n’est certainement pas déséquilibré, ou juste assez pour basculer dans un monde plein de possibilités inattendues. Ici et ailleurs (Cie Pupella-Noguès) invite à une incursion très intérieure, dans un musée aux objets laissés par les enfants du monde entier. Théâtre d’objets à partir de 5 ans. Changement de registre, avec le Groupe acrobatique de Tanger (14 artistes sur scène !) : entre tradition et modernité, Halka est un spectacle festif. Musique, chants, pyramides humaines vertigineuses, énergie, couleurs (à partir de 6 ans). Magali Rousseau invente un voyage par procuration : ce sont ici des machines, actionnées en direct sur le plateau, qui toujours tentent d’aller plus haut, pour peut-être s’envoler. Je brasse de l’air est un spectacle-performance, ode à l’ingéniosité et l’invention, envers et contre tout, avec l’espoir, toujours, de s’échapper plus loin (à partir de 6 ans). D’un spectacle à l’autre, Les grands voyageurs (marionnettes géantes de la Cie Les Géants du sud) et Le Nuage (Cie Roberte et Robert) déambulent dans les allées du Domaine. Un voyage toutes directions. DOMINIQUE MARÇON, MARYVONNE COLOMBANI ET ANNA ZISMAN

12 au 20 mai Grans, Istres, Fos, Miramas, Port-Saint-Louis scenesetcines.fr 5 au 25 mai Théâtre La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com 15 au 22 avril Scène 55, Mougins 04 92 92 50 00 scene55.fr 6 & 7 mai Domaine d’O, Montpellier, puis en voyage dans l’Hérault 0800 200 165 domaine-do-34.eu


22 événements

Toujours ZAT’taque ! La 11e édition de la ZAT (Zone Artistique Temporaire) s’installe cette fois dans le parc Montcalm. Belle longévité pour ce projet né en 2010, appelé à se reproduire chaque fois dans un lieu différent de Montpellier

S

i le rythme des événements s’est ralenti, le mouvement est toujours en route, avec une régularité désormais annuelle. Chaque fois, le public est convié à découvrir de nombreux spectacles, dans un cadre souvent décalé : l’art vivant se déplace dans la rue, au cœur des lieux publics, dans les artères qui font battre la vie quotidienne des quartiers que les différentes ZAT investissent. Le parc Montcalm, très apprécié des flâneurs, sportifs, familles, représente une réappropriation d’un espace par ses habitants, depuis qu’il a été rouvert au public en 2011, après avoir été pendant une longue période converti en terrain militaire. L’organisation de la ZAT11 dans ce lieu de 26 hectares à l’ouest de la

Intrude c Amanda Parer

ville signe la volonté municipale de rassurer les riverains quant au devenir flou du parc, menacé par l’urbanisation. Place pour l’heure au théâtre, à la danse, au cirque, à la musique, aux installations plastiques avec 22 spectacles gratuits, des activités proposées par 10 associations du quartier, et –nouveauté de cette 11e édition– les performances de 80 jeunes comédiens, chorégraphes et circassiens issus de trois écoles supérieures d’art montpelliéraines. La

direction artistique a à nouveau été confiée à Lieux publics (Centre national de création à Marseille) et son directeur Pierre Sauvageot, comme pour la précédente ZAT dans le quartier de Figuerolles. Le défi est d’inventer une programmation qui permette l’afflux et la circulation d’un public très nombreux et familial (400 000 personnes) dans des lieux toujours différents, et de laisser transparaitre, voire transcender, le quotidien du quartier autant que sa mémoire.

Rendez-vous aux bistrots

L

e terme « bistrot » viendrait peut-être d’un mot russe qui signifie « vite ». Mais l’étymologie est parfois trompeuse. Avec les Bistrots de Pays, pas questions d’aller vite. Au contraire, il est recommandé d’y prendre son temps, de se poser, de savourer. D’autant plus quand les lieux bénéficiant de ce label se transforment en Scènes de Bistrots. La pause gourmande se double alors d’une parenthèse spectacle et le plaisir de flâner attablé pourrait bien Ti Break c Benji Fernandez s’éterniser. Pendant un mois, du 28 avril au 27 mai, la tournée de printemps et des Alpes-Maritimes. Une façon pour les des Scènes de Bistrots va se déployer dans bistrots d’avancer vers les beaux jours, en une douzaine de villages du Vaucluse, du Var proposant un programme d’avant-saison

qui permet de faire découvrir leurs lieux ainsi que les artistes qu’ils accueilleront. La tournée reviendra ensuite à l’automne selon le même principe et avec de nouveaux spectacles. En avril et mai, deux propositions se partageront l’affiche. Deux registres très différents, deux styles distincts, mais rien n’empêche de faire concilier les dates pour aller apprécier l’un et l’autre. Les amateurs de musique seront comblés avec Tie Break, un trio marseillais de jazz métissé de hip-hop et de sonorités orientales. Cyril Benhamou au piano, Gérard Gatto à la batterie et Patrick Ferné à la contrebasse seront présents pour


79,254

MARS 2017

© Antoine Delage

79,254

COUP DE COEUR !

18 / 11 / 16

Le collectif Adhok présentera sa nouvelle création, le diptyque Les Immortels – Le Nid et L’envol, où il est question de s’interroger sur « Qu’est-ce qu’être jeune aujourd’hui ? ». Après avoir brisé la coquille de son œuf, osera-t-on se lancer dans les airs ? Des Bâtisses Sœurs aux Villes Éphémères d’Olivier Grossetête, invite les habitants, puis le public, à édifier un bâtiment utopique et éphémère. Carton et Scotch en sont les matériaux. Dérisoires, mais investis des rêves de chacun, initiateurs de dialogues et réflexions sur la vie de quartier. Les lapins lumineux géants de la plasticienne australienne Amanda Parer poursuivront leur migration (après New York, Londres, Paris…) sur la pelouse de Montcalm. Ludique, l’installation (Intrude) vise à pointer un phénomène inattendu : les lapins, négligemment introduits en Australie au XVIIIe s., prolifèrent et menacent l’équilibre écologique. La Transhumante (10 manipulateurs et un maître d’œuvre, Johann Le Guillerm), édifice de 150 carrelets de bois de 3 mètres accomplira sa mutation heure par heure. Sculpture vivante ? Les 40 élèves du Cours Florent se livreront à différentes performances qui rappelleront la dimension sportive du parc Montcalm, où terrains de tennis désaffectés côtoient les parcours d’entraînement militaires…

SAISON 2016 // 2017

AV R I L

THÉÂTRE

ANNA ZISMAN

18 / 11 / 16

11e édition de la ZAT 22 & 23 avril Parc Montcalm, Montpellier zat.montpellier.fr

a v e c l e s out i e n d e M ont é v i d é o

tarifs : 15 / 10 / 5 / 3 € ± 1 h 4 5 /// ≥ 1 4 a n s

JEUDI 27 & VENDREDI 28 AVRIL > 20h30 + r e n c o n t r e à l ’ i s s ue d e l a r e p r é s e nt t a i on d u 27

sept rendez-vous, notamment en ouverture le 28 avril au Bistrot Les Poulivets à Oppède (84), mais également à L’Imprévu aux Beaumettes (84) le 5 mai, ou au Cigaloun à Saint-Antonin-du Var (83) le 12. L’ambiance sera tout autre avec la compagnie Lyakam, et le solo de danse indienne Nâtya Sevâ qu’interprète Jessie Veeratherapillay. Déjà au programme de la tournée d’automne 2016, son spectacle sera à découvrir lors de cinq dates, dont le 28 avril Chez Claudette à SaintRoman-de-Malegarde (84) ou encore le 6 mai au Relais du Mercantour à Beuil (06).

DES TERRITOIRES

(NOUS SIFFLERONS LA MARSEI LLAI SE ) Baptiste Amann / C ie du Soleil Bleu

« Rester ou ne pas rester ? La fratrie d'une banlieue gangrenée par l'urbanisation sauvage et le salafisme s’interroge. Un sujet fort, abordé avec finesse. » Télérama « Le jeune auteur metteur en scène Baptiste Amann compose une scène de la vie familiale à la dramaturgie bien ficelée et aux accents désespérés. » Les Inrocks

J.C.S.

SAISON 16/17

Scènes de bistrots 28 avril au 27 mai Dans plusieurs communes du Vaucluse, du Var et des Alpes-Maritimes bistrotdepays.com

« Du théâtre aux territoires de la République, Baptiste Amann creuse son sillon. » Le Monde


24 événements

New-Orléans arlésienne

L

a 22e édition de Jazz in Arles célèbre cette année les cent ans du jazz enregistré, première reconnaissance et témoignage de cette nouvelle musique en 1917. Émotions musicales reines dans la mouture 2017, avec un regard attentif porté sur la jeune génération. Au cours des dix jours de programmation, on croisera les sonorités peuplées d’ombres lucides et de lumières voilées du duo Le Bénéfice du Doute, harpe celtique (Mael Lhopiteau), accordéon (Timothée Le Net) ; le répertoire des années 1920-1930, influencé par le free jazz des années 1960-1970, par Post K, groupe brillant et éclectique de jeunes musiciens, vélocité et ruptures inspirées (sélection de l’opération Jazz Migration) ; ou les poétiques improvisations du Quartet d’Airelle Besson, fantastique trompettiste, entourées de la chanteuse Lynn Cassiers, du pianiste Benjamin Moussay et du batteur Jonas Burgwinkel. Puis le trio de l’incroyable pianiste Sylvie Courvoisier rassemble des monstres sacrés de la scène downtown new-yorkaise, le contrebassiste Drew Gress et le batteur Kenny Wollesen : fluidité, génie des improvisations pour un

Airelle Besson © Hugues Lawson-Body

ensemble magistral ! Le duo Stéphan Oliva et Suzanne Abbuehl, accompagné par l’exceptionnel batteur Oyvind Hegg-Lunde, apporte sa sensibilité à un véritable manifeste de liberté musicale. Avec le groupe Scala, le violon et le violoncelle, respectivement de Théo et Valentin Ceccaldi, le piano de Roberto Negro et la batterie d’Adrien

Chennebault passent avec une aisance déconcertante de Bach au free jazz dans un esprit d’escalier (sic) aussi virtuose que réjouissant. Étonnante de fraîcheur et d’élans, la complicité qui unit Jean-Marie Machado (piano) et Didier Ithursarry (accordéon), emporte le public dans les méandres des mémoires de musiques parcourues de compositions originales. La clarinette solo lumineuse d’Élodie Pasquier décline douceur et orages, tandis que le Avishai Cohen Quartet apporte son humanité avec Into the Silence qu’affronte une énergie créatrice révoltée. Quand le jazz est là !... MARYVONNE COLOMBANI

Jazz in Arles 3 au 13 mai Chapelle du Méjan, Arles 04 90 49 56 78 lemejan.com

Edgar Moreau © Julien Mignot Erato

Un quinquennat de bonheurs !

C

inquième édition pour un Festival de Pâques toujours aussi riche, éclectique, irréprochable de qualité, avec ses découvertes, ses innovations, sa volonté de transmission, sous le regard de ses trois fées marraines, le CIC et son président, Nicolas Théry, Dominique Bluzet, directeur des Quatre Théâtres et Renaud Capuçon (immense violoniste que l’on aura aussi le bonheur d’entendre jouer aux côtés du chef

d’orchestre Charles Dutoit ou du pianiste Jean-Yves Thibaudet). 23 concerts entre le Grand Théâtre de Provence, le Jeu de Paume, le conservatoire Darius Milhaud et la cathédrale Saint-Sauveur, quelque 900 artistes invités, sept orchestres symphoniques, dont l’un en résidence, The Knights, dirigé par Eric Jacobsen. L’ouverture de cette manifestation célèbrera le 450e anniversaire de Claudio Monteverdi avec son Retour d’Ulysse dans sa patrie, interprété par le Monteverdi Choir et l’English Baroque Orchestra. D’autres éminents ensembles se succèderont sur le plateau du GTP, le Bamberger Symphoniker (direction Jakub Hrůša), le Chamber Orchestra of Europe, l’Orchestre national de France, le Royal Philharmonic Orchestra… Les solistes, parmi les plus importants de notre époque, nous donnent aussi rendez-vous, au nombre desquels les pianistes Nelson Freire, Christophe Eschenbach, Andras Schiff, Béatrice Rana, Khatia Buniatishvili, Jean-Yves Thibaudet, Bertrand Chamayou (attention, le concert de MyungWhun Chung est annulé et remplacé par un

concert exceptionnel Renaud and Friends, réunissant Renaud Capuçon, Gautier Capuçon, Gérard Caussé, Nicholas Angelich…). La jeunesse n’est pas oubliée, avec, entre autres, le jeune pianiste coréen Seong-Jin Cho, Daniel Lozakovich, violoniste de 16 ans découvert lors de la carte Blanche pour Ivry Gitlis, ou le « petit prince » du violoncelle Edgar Moreau. Master classes, salons de musique (avec une belle initiation au métier d’archetier), concert participatif (« conduct us » avec The Knights), concert Génération@ Aix, prestigieuse tribune offerte aux jeunes musiciens, viennent compléter le tout, sans compter une création mondiale pour sextuor à cordes commandée à Thierry Escaich, des concerts solistes, de la musique de chambre, et en nouveauté le Festival pour tous (gratuité et actions participatives) ! M.C .

Festival de Pâques 10 au 23 avril GTP, Jeu de Paume, Conservatoire Darius Milhau, cathédrale saint-Sauveur, Aix-en-Provence 08 2013 2013 festivalpaques.com


mUSiQUE

BACHAR MAR-KHALIFE YA BALAD vEN 28 AvRIL 21:00

THéâTRE

LA MOUETTE KOBAL’T

04 + 05 + 06 mai 20:30 LA PASSERELLE / GAP

CiRQUE DaNSE mUSiQUE

4X4 : EPHEMERAL ARCHITECTURES GANDINI JUGGLING SAM 13 MAI 21:00

LA SALLE MUSICATREIZE / 53 rue Grignan 13006 Marseille 04160 Tarifs : 12/8 € / reservations@musicatreize.org / 04.91.00.91.31 Château–arnoux Saint–auban

FESTIVAL 12—20 MAI 2017

THéâTRE

mUSiQUE

THéâ

CHUNky BACHAR CHaRCoal MAR-KHALIFE SébaSTiEN baRRiER

25 + 26 AvRIL 21:00

YA BALAD vEN 28 AvRIL 21:00

THéâTRE

THéâTRE

CH CHa

SébaS 25 + 2

LA MOUETTE KOBAL’T

SOUS L’ARMURE CIE LES PASSEURS mER 03 mai 19:00

S L’AR

CIE L mER

04 + 05 + 06 mai 20:30 LA PASSERELLE / GAP

CiRQUE DaNSE mUSiQUE

4X4 : EPHEMERAL ARCHITECTURES

4 A

GANDINI JUGGLING SAM 13 MAI 21:00

infos résa 04 92 64 27 34 www.theatredurance.fr

infos www.

04160 Château–arnoux Saint–auban

LES MUSIQUES MUSIQUES DE CRÉATION — MARSEILLE

04 96 20 60 16 GMEM.ORG


26 événements

Ordures propres et nettes

Vies d’ordures, nouvelle exposition du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée

Expositions La nouvelle exposition Vies d’ordures. De l’économie des déchets est en place jusqu’au 14 août, suite à une campagne de collecte mandatée par le MuCEM autour de la Méditerranée. Chercheurs, photographes et vidéastes ont rassemblé depuis 2014 les éléments qui la constituent, complétés des propres fonds du musée, de prêts du Quai Branly ou du musée italien Guatelli. Très pédagogique, le parcours conçu par l’ethnologue Denis Chevallier démontre l’omniprésence des déchets amassés par l’humanité, envers de notre société de consommation en passe de saturer la planète. On y constate que le phénomène est récent : car nos grands-parents ravaudaient, réutilisaient, réparaient ce qui de toutes manières était produit en quantités infiniment moindres. Un art du réemploi et du recyclage qui s’industrialise aujourd’hui, par la force des choses ; les flux sont exponentiels, et deviennent à leur tour un enjeu économique énorme. Le point faible de l’exposition se situe dans son approche trop superficielle des déchets qui ne se recyclent pas : les pollutions industrielles, et particulièrement le nucléaire, sujet français par excellence, qui aurait mérité d’être fouillé. Reste un problème de fond... Après Malongo qui finançait Café In et en profitait pour vendre des machines à expresso, c’est Suez1 qui met la main à la poche. À la question suivante posée à Denis Chevallier : « Les expositions sont de plus en plus financées par de grosses multinationales, cela ne vous pose pas de problèmes éthiques ? », il répond : « Personnellement cela ne m’en pose pas. 80 à 90% du financement des musées nationaux vient de l’État. Nous avons besoin pour compléter de faire appel à des mécènes. Sans eux l’exposition aurait été moins importante, il y aurait eu moins de dispositifs. Plus il y a d’argent privé, moins on dépense d’argent public. D’ailleurs, ça pourrait être aussi choquant de dépenser de l’argent public pour une exposition dans un musée de société, non ? » Ça pourrait... ou pas. On peut en tous cas déplorer les conséquences du désengagement du ministère de la Culture sur le modèle économique des musées, rager en pensant au greenwashing éhonté du privé, et noter au passage que selon L’Observatoire des multinationales, Suez a également financé

Le gant - Régis Fialaire - Affiche de la Surfrider Foundation Europe, campagne 2007 © G.C.

la campagne de Donald Trump2. Allons ! Pour se consoler, une alternative : l’exposition qui s’est ouverte le 6 avril au Centre de Conservation et de Ressources du MuCEM à la Belle de Mai, et s’intitule Rêvons la ville. 18 élèves du collège Versailles ont œuvré sur le thème des utopies urbaines, environnement et citoyenneté compris. Il sera intéressant de voir ce que pense la jeunesse du monde que nous leur laissons, et ce à quoi ils aspireraient à la place.

Rencontres et temps fort Heureusement aussi, on peut bien souvent compter sur les rencontres et conférences entourant les expositions phares du MuCEM pour creuser utilement tel ou tel aspect. Ce sera le cas avec Vies d’ordures, notamment via le temps fort Nature, culture, ordures. Le 20 mars, Baptiste Monsaingeon, socio-antropologue membre de son conseil scientifique, évoquera L’homo detritus et l’idéal trompeur d’un monde sans restes. Et le 28 avril, toute une programmation en accès libre sera consacrée aux pollutions industrielles à Marseille et ses environs. La réflexion passera par une exploration artistique des deltas du Rhône et du Mississipi par Mathieu Duperrex du collectif Urbain, trop urbain, ainsi qu’une table ronde sur les calanques marseillaises et leurs pollutions, avec Xavier Daumalin

et Daniel Faget, historiens, une écologue, Isabelle Lafont-Schwob, et un géographe, Frédéric Ogé. En fin de journée, on découvrira le film Zone rouge portant sur les rejets de l’usine d’alumine de Gardanne (lire p 60), et une création sonore signée Stephan Dunkelman, pour « faire entendre un siècle de produits chimiques » sur un site industriel à Port-de-Bouc. Par ailleurs, le séminaire La fabrique de l’image dans les mondes arabe et musulman contemporains se poursuit, avec deux séances les 20 et 21 avril : Décrire ou écrire avec le dessin, et Dessine-moi une science : la recherche, la fiction et ses publics (en accès libre sur inscription : i2mp@mucem.org). GAËLLE CLOAREC

Retrouvez sur notre WebRadio Zibeline la Traversée mensuelle du MuCEM et sa Chronique des libraires, Danse de Mars avec la Cie Les Misérables, Rêvons la ville avec les élèves du collège Versailles, La journée des plantes, et Nature, Culture, Ordure avec Baptiste Monsaingeon. Les autres partenaires de Vies d’ordures sont Pellenc ST, fournisseur d’équipements de tri optique des déchets, et l’ADEME

1

multinationales.org/CommentSuez-a-finance-l-equipe-detransition-de-Donald-Trump

2

MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 mucem.org


27

Planter une graine

D

e nouvelles dates à ne pas manquer sont annoncées dans le cadre du cycle de conférences Quel(s) monde(s) habiter aujourd’hui ? initié par Opera Mundi. Tout d’abord, le retour de Gilles Clément à Marseille, une ville qu’il a l’air d’apprécier puisqu’on l’y avait vu lors des Conversations de Salerne en 2013 (il avait conçu le nouveau jardin d’hospitalité de l’Hôpital Salvator, dans le cadre de MP2013) et au MuCEM en 2015 (où il était interrogé sur le thème du bonheur).

Ingénieur horticole, paysagiste, écrivain et jardinier, il enseigne à l’École Nationale Supérieure du Paysage à Versailles, et poursuit quatre axes de recherche : le Jardin en Mouvement (accompagnement des dynamiques d’un lieu), le Jardin Planétaire (projet politique d’écologie humaniste), le Tiers-Paysage (l’espace délaissé comme lieu d’accueil de la diversité biologique). Et désormais le Jardin de Résistance, public ou privé, « où l’art de jardiner se développe selon des critères d’équilibre entre

la nature et l’homme sans asservissement aux tyrannies du marché mais avec le souci de préserver tous les mécanismes vitaux, toutes les diversités -biologiques ou culturelles ». Celui pour qui « le panneau pelouse interdite représente l’enfer de l’ordre bourgeois » sera présent le 24 avril à la Bibliothèque Départementale des Bouches-du-Rhône. La BDP13 le reçoit dans le cadre de l’action culturelle Penser notre monde, conférences-débats menées dans plusieurs établissements du département, et précédées d’ateliers de pratiques philosophiques à destination des collégiens. Le même cycle accueillera la politologue, sociologue et psychanalyste Hélène Thomas, le 4 mai à la Bibliothèque de Trets, et le 11 à celle d’Orgon. Spécialiste de la justice sociale et des principes démocratiques, elle conduit un séminaire sur les droits des animaux, et interviendra sur la relation complexe de l’homme au loup. GAËLLE CLOAREC

Habiter le jardin 24 avril Bibliothèque Départementale 13, Marseille Le loup dans tout ses états 4 mai Bibliothèque de Trets 11 mai Bibliothèque d’Orgon 07 82 41 11 84

Gilles Clément © X-D.R

opera-mundi.org

L’Abbé Pierre et Myriam Harry à la Villa

D

eux événements à retenir au mois d’avril à la Villa Méditerranée. D’abord l’exposition intitulée L’Abbé Pierre photographe. Cette facette du fondateur d’Emmaüs est souvent méconnue, mais le religieux avait du talent pour la photographie. L’exposition présentée se compose en trois volets : le premier consacré aux clichés réalisés par l’Abbé Pierre lui-même, est composé par le collectif VOST ; le second rassemble des images où son action et son engagement ont été saisis par les plus grands photographes, Doisneau ou Cartier-Bresson ; le troisième enfin est l’œuvre de Gilbert Scotti, qui a réalisé une

série de portraits de Compagnons d’Emmaüs. L’autre rendez-vous du mois est au programme des mardis de la Villa. L’écrivaine

Cécile Chombard Gaudin tiendra une conférence sur Myriam Harry. Auteure d’une biographie de cette personnalité atypique, elle présentera au public les étapes de la vie de cette grande voyageuse du XXe siècle. Après une enfance passée à Jérusalem, elle sillonna, entre les années 1910 et 1930, la Méditerranée, le Maghreb et le Moyen-Orient. Elle fut au contact des grands dirigeants (le roi Fayçal d’Irak ou l’Emir Abdallah, futur

roi de Jordanie), et se révéla une femme libre et de conviction. Sans être pour autant strictement militante, elle mena des combats politiques, où perçaient les prémices du féminisme. J.C.S.

L’Abbé Pierre photographe du 1er au 16 avril Myriam Harry et la Méditerranée 25 avril Villa Méditerranée, Marseille 04 95 09 42 52 villa-mediterranee.org


28 critiques

plus de spectacles sur journalzibeline.fr

Horace © didascaliesandco

Nos metteurs en scène aiment les textes

A

lain Timar est un directeur hisun certain naturel aux soliloques Les metteurs en scène de notre torique. Son Théâtre des Halles successifs. Une relation se tisse région ont du talent, et rassemblent entre le dealer et le client, Robert à Avignon anime la ville toute l’année, et durant le Festival il est un un public nombreux et enthousiaste, Bouvier et Paul Camus parviennent lieu essentiel du Off. Il y présente, à restituer le mouvement du texte, autour de textes dramatiques chaque année, ses propres mises en où le client dominé prend peu à scènes, qu’il offre tout d’abord à sa l’ascendant, et où les masques essentiels. Retour sur les créations peu ville. Cette année on y verra, parmi tombent. Pierre-Jules Billon à la une quinzaine de propositions, F(l) batterie souligne les tensions, d’Alain Timar, Agnès Régolo et ammes d’Ahmed Madani (voir p30) accompagne les glissements, Renaud Marie Leblanc ou Jésus de Marseille de Christian rythme les respirations. Enlevant Mazzuchini... et Dans la Solitude leurs vêtements, se couvrant de des champs de coton, qu’il a créé du 9 au 12 dealer et le client tournent autour d’un objet glaise, les deux acteurs plongent au fond de qui demeurera non-dit. Une tractation illégale, la sauvagerie d’un désir indicible, et primitif. mars dans sa salle comble. Monter un texte de Koltès, même le plus joué, drogue, sexe, arme, amour ou révélation mys- Pour en venir aux mains, sans doute. Alors, nécessite toujours, plus de 30 ans après sa tique, que le metteur en scène doit se garder de quelle arme ? demande le client resté seul, création, d’inventer le théâtre. Parce que la rendre explicite, sous peine d’affadir le sens. Il au sol, dévasté... langue, poétique, riche de mots inusités, de est question de domination, de désir, de trafic, mystères, d’images, exige du metteur en scène de champs de coton (esclavage ?), d’ascension et des acteurs que chaque mot soit rendu au et de descente. Alain Timar choisi de ne pas Convenances burlesques spectateur, pour qu’il puisse le comprendre, trop connoter le dialogue : une rue vague, des C’est à une comédie non moins étonnante s’y attacher. Mais surtout parce que rien n’y vêtements qui connotent une différence sociale, qu’Agnès Régolo s’attache. Les Règles du est explicite, parce que les relations entre le et une manière d’entrer dans le texte qui restitue savoir-vivre dans la société moderne est une


28 & 29 avril

11+ ans

véLo théâtre

pièce singulière dans l’œuvre de Lagarce. Grinçante, pour une comédienne qui joue la Dame, avec folie. Créée il y a 20 ans dans une mise en scène de l’auteur plutôt angoissante, la pièce déroule le fil accéléré d’une vie bourgeoise et de ses strictes convenances, de la naissance à la mort : comment doit-on prénommer son enfant, quel parrain lui donner, comment vieillir, célébrer, porter le deuil, tout est borné, enfermé, énoncé dans un délire effrayant. La seule déviance possible du droit fil consistant dans une éventuelle mort prématurée. Car il est question pour La Dame, et pour la « société moderne » de conjurer la mort en cadenassant la vie. Agnès Régolo choisit de monter le texte avec distance : son personnage est un doux dingue, entourée de deux acolytes musiciens à perruques changeantes, qui accompagnent ses pas de leurs impros jazzy, et aussi de quelques esquisses chorégraphiques (merci Georges Appaix) qui donnent de l’air, de la légèreté, un côté oulipien et surréaliste, à la longue liste des convenances. C’est que la société a changé en 20 ans, et que les Règles déjà très désuètes en 1996 n’y sont plus aussi présentes, et opprimantes. Vieux souvenirs rancis, on peut en rire franchement, et la morbidité de cette « société moderne » bourgeoise n’est guère qu’un souvenir. Alors Agnès Régolo s’en donne à cœur joie, avec une puissance comique débridée, roulant des yeux et des mécaniques, à fond, fustigeant cette société absurde qui imposait aux hommes, aux femmes, des rôles, des gestes, des postures. Les trois corps débordent, chutent, s’imposent, dans un canapé trop rouge, devant le tableau d’une femme nue alanguie qui se colore, s’embrunit, cède à l’amour enfant qui la perce de ses flèches, et disparaît. Agnès Régolo enlève sa perruque, et sourit : ce jeu-là est bien fini !

El-Karoui, Florian Haas, Maud Narboni, Sharmila Naudou), que par une scénographie intelligente et dynamique, usant de la vidéo (Thomas Fourneau) : visages en très gros plan, marches des belligérants dans la forêt des consciences troubles et dans des déserts urbains de hasard... Curiace, tiraillé entre les exigences du devoir, et celles de son amitié pour Horace et son amour pour Camille, est le véritable héros, humain parce que bouleversé. Horace se plie trop aisément aux appels du devoir, de sa gloire, reniant les valeurs d’humanité, embrasé d’une joie atroce dans son engagement patriotique qui « aime cette mort qui fait notre bonheur », et le conduira jusqu’à l’épouvantable fratricide : amour, amitié, famille, sont oblitérés. Le mépris des femmes, violemment réduites au silence et sacrifiées, est égal à celui de la justice, dans cette quête d’héroïsme qui conduit à la monstruosité. Car le père des Horace, implacable, préfère la mort de tous ses enfants au déshonneur. Désire la mort de ses enfants, à laquelle il reste parfaitement indifférent. Il plaide auprès du prince la grâce de son fils vainqueur, et assassin. Un prince incarné par une actrice, paillettes, micros, artifices d’un pouvoir qui prend des allures de pythonisse (un peu trop marquées). La raison d’état justifie même l’injustifiable pourvu qu’elle conforte le pouvoir. Cette comédie sauvage et familiale des puissants a quelque chose, hélas, de contemporain… et parle directement à un public enthousiaste et nombreux venu retrouver cette langue et cette intrigue pas si invraisemblable : en 1640, la France était en guerre contre l’Espagne, la reine de France était sœur du roi d’Espagne et la reine d’Espagne, sœur du roi de France. AGNÈS FRESCHEL ET MARYVONNE COLOMBANI

Dé-raison d’État Quant au metteur en scène Renaud Marie Blanc, il s’empare de la pièce de Corneille, Horace, avec maestria. Il met en évidence sans lourdeur le caractère tragiquement universel et contemporain de cette œuvre jouée pour la première fois en 1640. Le sujet, emprunté à l’histoire romaine, met en scène le dénouement de la guerre sanglante entre Albe et Rome. Les Horace (Rome) sont amenés à affronter les Curiace (Albe), respectivement champions de leurs villes, mais… Sabine, sœur des Curiace a épousé Horace et Camille, sœur de ce dernier, est fiancée à l’un des Curiace. La jeunesse des protagonistes est rendue sensible, tant par l’interprétation sans faille des subtils comédiens de la compagnie Didascalies and Co (Vincent Deslandres, Marion Duquenne, Samir

Dans la Solitude des champs de coton a été créé au Théâtre des Halles, Avignon, du 12 au 15 mars. Il sera repris du 7 au 30 juillet durant le Festival Off d’Avignon. Les Règles du savoir vivre dans la société moderne a été créé du 8 au 10 novembre à La Garance scène nationale de Cavaillon et joué le 2 février au Comoedia, à Aubagne, du 14 au 18 mars, aux Bernardines, à Marseille et le 31 mars au Sémaphore, à Port-de-Bouc. Il sera repris le 28 avril au Théâtre Municipal de Pertuis, le 2 mai au Théâtre Municipal Armand de Salon et du 7 au 30 juillet, durant le Festival Off d’Avignon, au Théâtre du Balcon. Horace a été créé au Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence, du 21 au 25 mars.

QueLQue Chose Qui ressembLe au bonheur \/ ThéâTre d’objeT

12 & 13 mai

Librement adapté de Les Trois conTes de Louise duneton – séverine CouLon

5+ ans

\/ ombre, objeT eT marionneTTe

Friche la Belle de Mai 41 rue Jobin 12 rue François simon 13003 marseille

Billetterie 04 95 04 95 75 www.theatremassalia.com


30 critiques spectacles

plus de spectacles sur journalzibeline.fr

La résistance à rude épreuve

P

résentés en diptyque au Théâtre national de Nice, Lampedusa Beach et Terre noire mis en scène par Irina Brook ont fait l’objet de deux représentations dans deux lieux distincts : le Liberté à Toulon et la Criée à Marseille. On ne peut que regretter cet éloignement géographique tant ces pièces, écrites respectivement par Lina Prosa et Stefano Massini, s’inscrivent dans le théâtre engagé et s’ancrent dans la même temporalité et le même continent. L’Afrique. Mais si le monologue de Lampedusa Beach porté de toutes ses forces par la frêle Romane Bohringer résonne comme un tremblement de terre, difficile d’adhérer totalement à Terre noire. Malgré « la brillance de son écriture et son implication dans les sujets d’actualité » qui ont convaincu la metteure en scène, le découpage systématique du texte et le non moins systématique parti pris des tableaux finissent par provoquer une lassitude. D’autant que la troupe est d’une inégale présence, sans réel charisme, et les personnages caricaturaux : l’avocate déterminée et combattante jouée par Romane Bohringer, le couple de propriétaires terriens dépossédés de leur terre, l’avocat véreux campé par un pâle Hippolyte Girardot et le négociateur corrompu au jeu plus que poussif. Ce que dénonce Stefano Massini de la corruption environnementale des multinationales n›est pas en cause, au

Lampedusa Beach © Gaelle Simon

contraire, mais les styles textuels cinématographiques, ultra réalistes, oniriques se diluent sur le plateau. Interprétée de front dans trois espaces, la succession des saynètes désagrège l’intensité des sentiments de révolte ou de cynisme des protagonistes. On le regrette d’autant plus qu’Irina Brook nous a pris aux tripes avec Lampedusa Beach ! Son choix d›un strict décor -une fausse plage de sable- cède tout l’espace de jeu au récit terrifiant d’une vie sacrifiée, tempétueux comme les vents de Méditerranée. Et à la présence irradiante de Romane Bohringer au corps transpercé de douleur. Comme dans une espèce d’urgence, elle raconte l’inconcevable, sa tentative de survie malgré la fatalité annoncée. Romane Bohringer « est » Shauba, l’héroïne du drame,

qui s’adresse à sa tante par-delà la mort rencontrée au bout de l’exil. Humiliation, viol, violence, son corps est devenu une marchandise comme les mangues. Sa tante rêvait d’un avenir meilleur pour elle, mais ce sera Lampedusa, et non celui d’une carte postale. Plutôt l’antichambre de la mort : « le cœur se noie avant que le corps ne se noie ». MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Lampedusa Beach a été donné les 7 et 8 mars au Liberté scène nationale de Toulon, Terre noire du 9 au 11 mars à La Criée Théâtre national de Marseille

Forêt interdite

D

e chaque côté de la scène, une belette empaillée. Un renard au fond. Quelques accessoires vintage : table roulante pour l’apéro, chaises de jardin en métal ajouré. Échantillons de mobilier Emmaüs. Les costumes des quatre acteurs sont dans la même veine. Le message scénographique semble nous souffler que le propos de la pièce est intemporel. Cela se passerait maintenant, ou il y a 40 ans, peu importe : c’est une histoire de famille, en dehors des événements du monde. Il y a le père, la mère, le fils, qui revient après quinze ans d’absence, et la bru, la femme, l’amante, l’intruse -c’est selon, nouvel élément rapporté de la ville. Quatre personnages enfermés dans le huis clos d’une forêt réconfortante, envoutante, effrayante, mystérieuse. Là aussi, c’est selon ; selon les dynamiques de ce quatuor qui s’entre-dévore

dans des rapports d’amour-défiance. Ils sont Au beau milieu de la forêt. Premier texte écrit et mis en scène par Katja Hunsinger (Collectif Les Possédés), cette reprise (la pièce a été créée en 2014) diffuse un sentiment mélangé. L’écriture est souvent percutante. Les mots claquent, armés de leur simplicité. « On ne sent pas ta jeunesse », lancé par la belle-mère, illuminée par la certitude de son propre potentiel séducteur (Françoise Gazio), à sa bru (Emilie Lafarge) qui vient de lui demander de la dépanner (elle a ses règles et n’a rien pour endiguer le sang qui coule), est cinglant. Les deux femmes sont rivales. Le fils et mari (Julien Chavrial) est l’homme qui leur échappe, autant à l’une qu’à l’autre. Le père, lui, (Yves Arnault) oscille entre roublardise désenchantée et lutte contre de terribles souvenirs. Le propos très chargé est

traité avec humour. Il y a aussi les croisements entre les deux couples. Séductions, attirances, pouvoir, exclusion, complicités. Ils sont perdus, tous les quatre, dans cette forêt dont ils parlent beaucoup mais qui reste impalpable pour le spectateur. L’histoire n’éclot pas totalement (et pourtant la fin est on ne peut plus explicite), la progression dramatique ne nous entraine pas dans la symbolique sylvestre, qui aurait pu porter les enjeux familiaux au cœur d’une fable inquiétante et onirique. On reste sur le seuil de la forêt, comme si l’auteure avait peur d’y pénétrer vraiment. ANNA ZISMAN

Au beau milieu de la forêt a été joué au Théâtre de Nîmes les 16 et 17 mars


31

Dans la vérité des femmes

F

(l)ammes est le second volet d’une trilogie commencée avec Illumination(s), qui met en scène une jeunesse des quartiers populaires qui parle du temps présent, parle d’elle, se montre. Après avoir travaillé avec de jeunes hommes lors du premier spectacle, Ahmed Madani s’est entouré de jeunes femmes natives de ces quartiers, dont il a recueilli la parole pour tresser un récit polyphonique, raconter une histoire qui est à la fois la leur et celle d’une jeunesse qui, bien que faisant partie de « la famille de France », questionne son identité et crie son besoin de reconnaissance. Anissa et Anissa, Ludivine, Chirine, Laurène, Dana, Yasmina, Maurine, Haby et Inès sont françaises, nées de parents qui ont vécu l’exil, et vivent toutes dans des quartiers populaires. Pour autant leurs histoires, retricotées par Ahmed Madani, ne sont pas de simples brins de vie qui ne seraient là que pour illustrer ces zones urbaines qu’on dit « sensibles » ; elles s’ancrent dans une réalité avec laquelle ces jeunes femmes composent tous les jours, celle d’une société qui lorgne facilement vers le repli identitaire et qui fait de la peur un étendard. Toutes rêvent d’égalité, de visibilité, de tolérance ; et si elles s’appuient parfois sur les traditions familiales c’est pour les réinventer, les accommoder, les agrémenter de leur vécu de jeunes femmes françaises. Ces bribes de vie, dites, chantées, dansées avec énergie, disent à la fois le souhait et la réalité, une dichotomie qui émaille les récits, touchante et frustrante. La liberté de parole libèret-elle la liberté d’être ? La question taraude au sortir de ce spectacle qui devrait interpeller tout le monde. À l’image de cette phrase, prononcée dès le début : « N’aie jamais honte d’où tu viens ». Après tout, n’est-ce pas universel ?

Envers Un autre spectacle d’Ahmed Madani était présent à Avignon, au théâtre Artéphile*, pour un soir. Fille du paradis peut sembler aux antipodes de F(l)ammes : c’est un monologue, très écrit, joué par une comédienne professionnelle exceptionnelle. Le texte de Nelly Arcan, pourtant, est d’une vérité immédiate : son autobiographie, Putain, est un cri contre le marchandage du corps des femmes. Parce que son éducation religieuse, et le poids de cette sœur ainée morte avant sa naissance et dont elle prendra le prénom en devenant « escort-girl », la maintiennent si loin de la vie, de son corps, elle se prostitue, à la chaîne, et la douleur, le dégoût de soi et des hommes qui cherchent dans son corps si jeune l’image de leurs filles, la traversent. La détruisent. La psychanalyse et l’écriture la soulageront un temps, avant son suicide. Véronique Sacri, bouleversante, dit ce texte comme un chant. Avec pudeur, colère, larmes, cris, calmement puis à toute allure, modulant ses phrases et nos émotions, disant toute l’horreur d’un monde où le corps des femmes s’achète et se vend. Le spectacle, construit en trois temps, nous fait entrer jusqu’aux tréfonds de son être. Par la lumière, qui se réduit sur son visage, la poursuit et met au jour ses larmes. Le spectacle, qui tourne depuis trois ans et a été un des grand succès du Off 2015 (à lire sur journalzibeline.fr), jouait ce soir là sa dernière. En principe : si le thème effraie les programmateurs, sa vérité ne leur échappe pas. DOMINIQUE MARÇON ET AGNÈS FRESCHEL

F(l)ammes © François-Louis Athénas

*Le théâtre Artéphile d’Avignon, ex théâtre du Bourg neuf, a été repris par Anne Cabarbaye et Alexandre Mange qui en ont fait un lieu singulier, au croisement des arts plastiques et du théâtre, avec des ateliers, une résidence, et une programmation à l’année d’expositions et de spectacles.

F(l)ammes a été joué le 21 mars à l’Olivier à Istres, les 16 et 17 mars au Théâtre de Grasse, le 14 mars au Forum Jacques Prévert à Carros, et sera joué du 6 au 29 juillet au Théâtre des Halles durant le Festival Off d’Avignon Filles du paradis a été joué le 11 mars au théâtre Artéphile, à Avignon


32 critiques spectacles

plus de spectacles sur journalzibeline.fr

+ de regards Au Klap, maison pour la danse, les festivals se succèdent. Avec des propositions très diverses...

T

en Dracénie, Arthur Perole fait preuve d’une incroyable vitalité créative. Trois spectacles autour d’une récurrence : la question du regard. Celui notamment des spectateurs-acteurs du déroulé chorégraphique dans Rock’n Chair, partenaires de © Himherandit la fabrique de la danse en temps réel. Une pièce ludique conçue comme un terrain de jeu aux combinaisons aléatoires… sauf que la réactivité du quartet de danseurs aux « injonctions » des joueurs nécessite au préalable une savante structuration de l’espace. Circonscrit au sol sous la forme d’un damier coloré, il impose des contraintes parfois contraires et nécessite une réactivité à l’imprévu que relève avec brio la CieF. La performance tient de la mécanique des corps parfaitement huilée comme de la

he WOMANhouse est bouleversant. Andreas Constantinou met quatre femmes en scène. Mais il faut y regarder de près pour apercevoir une trace de leur « féminité ». Car ce sont bien des hommes qui se présentent aux regards. Quatre, qui singent une virilité caricaturale, musclée, roulant des mécaniques et poussant des cris graves, conduisant à grand bruit des bagnoles pétaradantes. Et poilus, barbus, moustachus... Les seins enserrés dans des binder ils passent peu à peu de ce jeu surviril à des confessions, quelques beaux solos qui nous amènent au plus intime, à leur nudité : si trois d’entre eux, déguisés en hommes, ambigus, jouent entre les genres pour un soir, un spectacle, le quatrième est en transition. Son sexe et ses seins de femme cohabitent avec une musculature, une allure, une morphologie masculine. L’exposition totale de ce corps choisi est un geste d’une liberté rare... Scarlett à Question de danse, Rock’n Chair à + de danse à Marseille ! et prochainement Stimmlos au festival L’ImpruDanse à Théâtres

profusion des phrases dansées qui rendent possibles les enchainements combinatoires. Bref, Arthur Perole rebat les cartes sans cesse et le public réinvente les règles à tout instant ! AGNÈS FRESCHEL ET MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

The WOMANhouse a été joué au Klap le 15 mars et Rock’n Chair les 21 et 22 mars au Merlan, dans le cadre de + de danse à Marseille !

Tetris © Didier Philispart

Baroque et ludique Le Ballet National de Marseille s’associe avec Mars en Baroque et pousse en avant les jeunes du BNMNext

T

etris, création pour jeune public du chorégraphe Erik Kaiel, combine les corps comme les jeux vidéos combinent les cases. Dessus, dessous, s’imbriquant, jouant des contrepoids, s’empilant, s’attirant et se repoussant, les quatre corps des danseurs du BNMNext, chaussés de baskets et vêtus de jogging colorés, parlent aux enfants de leur mécanique, de leur étonnement à bouger. Loin des clichés genrés de la danse, filles et garçons se portent indifféremment et jouent ensemble, comme agités des impulsions électroniques qui commandent aux jeux vidéo. Leur présence physique, et ce que peuvent leurs corps, n’en est que plus éclatants. Les enfants rient, les télécommandent avec des Rubik’s Cube distribués, puis montent sur scène et apprennent eux aussi à reproduire

des gestes, des impulsions... Corpi ingrati n’est pas aussi joyeux ! Les musiques de bals de Monteverdi ouvrent un programme élaboré avec Concerto Soave dans le cadre de Mars en baroque. Côté musique, on est plongé dans l’univers fascinant des madrigaux écrits au temps où le genre « opéra » se développe en Italie dans la première partie du XVIIe siècle. Le style en est proche : dans la déclamation, les airs festifs, les poignantes lamentations, les multiples pulsations dansantes… JeanMarc Aymes mène le bal, manipule ses claviers, colore le discours chanté d’ombres et de lumières, tel un peintre les plans d’une fresque baroque, conduit les musiciens au fil à plomb, fixe l’axe d’une architecture sonore envisagée dans le pur esprit de l’esthétique


33

Compositrices à l’honneur

N

é en 2011 de la volonté de défendre un répertoire méconnu, le Festival Présences féminines, dirigé par Claire Bodin, entamait cette année sa 7e édition en 6 concerts. Lors de la 2e soirée, le 25 mars, il consacrait Silvia Colasanti, compositrice transalpine dont l’Orfeo, sur un texte d’après les Métamorphoses d’Ovide, offrait une belle entrée en matière : conçue comme un mélologue, mélange de musique et de discours où la voix de Nathalie Dessay prenait le rôle d’une récitante soliste au sein d’un concerto de chambre, cette pièce dévoilait une musique cinétique. Épousant les courbes d’un beau récit parfaitement théâtralisé, elle alternait dans une orchestration lumineuse, violence rythmique lors des moments de tension évoquant la mort avec prédominance de la percussion, et temps suspendu lors des moments d’apaisement avec longues tenues et glissandi aux cordes. L’excellence des instrumentistes du Paris Mozart Orchestra très bien dirigé par Claire Gibault était également sollicitée pour une très belle orchestration de Jean-Claude Petit sur les Six épigraphes antiques de Debussy. Le 28 mars, le prometteur André Pron interprétait au violoncelle une très belle pièce pédagogique de Camille Pépin, invitée pour la première des résidences du Festival : dans

baroque. Les voix sont superbes, s’agrégeant en chœur du soprano à la basse profonde, s’émancipant en solo du petit ensemble de cordes qui les soutient. La voix de Pluton (magnifique Renaud Delaigue !) retentit avec force, souveraine, renvoyant aux Enfers ces « Ingrates » qui n’ont pas cédé aux conventions de l’amour imposées par une société patriarcale. On comprend alors pourquoi le livret d’Ottavio Rinuccini a servi de support à la chorégraphie « engagée » d’Emio Greco et Pieter C. Scholten. On aime ce théâtre militant qui s’ancre dans l’actualité, puise ses sources du côté Brecht, malgré l’usage didactique de panneaux de cartons un peu datés ou le choc déroutant d’univers artistiques qui semblent n’avoir aucun lien entre eux. Un théâtre qui choque aussi par la rudesse du discours, intrigue, pose des questions politiques, sociales et sociétales, d’hier et d’aujourd’hui, de la place des femmes à la liberté des genres (parfois si ambigus dans

Concert hommage à Rita Stohl © Karl Pouillot

Kono Hana, inspirée d’une divinité japonaise, l’instrumentiste maîtrisait une variété de techniques de jeu mettant en évidence des climats sonores à la poésie très orientale. La suite, en hommage à Rita Strohl, offrait aux spectateurs l’occasion de découvrir la musique de chambre d’une compositrice en son temps admirée des plus grands (SaintSaëns, Chausson…) mais injustement tombée dans l’oubli. Créé il y a 130 ans mais non rejoué depuis, son Trio n°1 en sol mineur à l’écriture classique montrait déjà d’évidents talents de mélodiste, qu’elle confirma avec

la représentation baroque)… Quatre corps, jeunes, dynamiques, se meuvent aux sons d’extraits de discours politiques, parfois rudes, moulent leur geste dans l’inflexion vocale des héros, Venus, Cupidon… La danse puise dans la dynamique baroque un mouvement continu, des ornements, mais l’enfer ici n’est pas celui d’Eurydice : les tourments qui les agitent naissent de la voix de Marine le Pen, et ils affichent la liberté de leurs corps, leur refus d’obéir, l’insolence de leur jeunesse qu’aucun totalitarisme, aucune hypocrisie ne pourra réfréner. Ils sont, hommes, femmes, ambigus et transgenre, ces Ingrates qui refusent les conventions qui reviennent en force, et veulent aimer, ou ne pas aimer, librement. AGNÈS ET JACQUES FRESCHEL

Tetris a été créé aux Bernardines, Marseille, le 25 mars Corpi Ingrati a été créé au BNM, Marseille, du 9 au 12 mars

Solitude, Romance pour alto et piano quelques années plus tard. C’est son audace qui frappait encore davantage dans un sublime Quatuor pour piano et cordes en ré mineur où, alliée à l’intense poésie d’un deuxième mouvement élégiaque, la virtuosité diabolique d’un thème et variations final portée par des interprètes exceptionnels (Amanda Favier au violon, Cécile Grenier à l’alto, Lorène De Ratuld au piano et Guillaume Martigné au violoncelle) emportait l’adhésion unanime du public. Une pépite. ÉMILIEN MOREAU

Le Festival Présences féminines s’est déroulé du 24 mars au 1er avril à Toulon, au Pradet et à Saint-Mandrier-sur-Mer

21 & 22 AVRIL 2017

FESTIVAL

ARTS DE LA RUE

CUCURON VAUGINES LUBERON

GÉNÉRIK VAPEUR COMPAGNIE TÉTROFORT KIE FAIRE AILLEURS MATHIAS ISOUARD THÉÂTRE GROUP’ 2L AU QUINTAL LES ARTS OSEURS L’AGONIE DU PALMIER BAL TRAD’ WWW.LEGRANDMENAGE.FR 07 82 28 32 33


34 critiques spectacles

plus de spectacles sur journalzibeline.fr

Retour sur la 13e édition de Babel Med Music, rendez-vous incontournable du bouillonnement d’un secteur qui a le vent en poupe : les musiques du monde

Créative Méditerranée

I

l aura fallu une écoute attentive pour ne plus douter. L’homme habité par ce cante puissant s’exprime en arabe et non en espagnol. Le dialogue musical entre les cultures de Juan Carmona et Ptit Moh sonne comme une évidence. Comment aurait-il pu en être autrement quand flamenco gitan et chaâbi algérois, guitare et mandole, tissent avec autant d’harmonie les fils du patrimoine commun arabo-andalou ? Avec un plateau composé de musiciens de cette qualité, si évocateur des passerelles musicales entre les rives de la Méditerranée, il ne pouvait y avoir meilleure ouverture que cette création Chaâbi-Flamenco, pour un événement comme Babel Med, qui ne pourra que donner de l’assurance et -on l’espère- un envol au projet. La voix est aussi au cœur du travail d’Ialma, quatre jeunes chanteuses espagnoles que la thématique du marcheur de Compostelle a conduit de Santiago à Bruxelles. Des mélodies dont la tonalité sautillante et primesautière laisseraient parfois à penser qu’elles ont fait un crochet par le fond de la botte italienne. Guitare acoustique et accordéon diatonique viennent égayer des chansons dans la pure tradition vocale galicienne qui exaltent l’exil et le vagabondage. Un chemin qui mène en Occitanie -culturelle et historique et non celle au nom usurpé par une vision administrative régionale rabougrie. L’Occitanie de Uèi est certes celle d’aujourd’hui mais déjà tournée vers l’avenir. Futuriste, engagée, poétique, solidaire et universelle, cette récente formation déconcerte par sa créativité sur tous les plans : instrumental, sonore et scénographique. Boucliers et totem percussions, mise en non lumière, chants polyphoniques teintés d’électro et de hip-hop, messages à la poésie combative, atmosphère tribale, Uèi poursuit son entreprise novatrice sans renier les apports de ses précurseurs. Une approche que ne renierait pas A Filetta, les orfèvres du chant polyphonique corse dont quarante années de parcours jalonné de défrichage et d’ouverture ont rendu indétrônables. Dans une Salle des sucres pas des plus appropriées à ce registre, le chœur de Balagne a réussi à transmettre, par la finesse de son

Ialma © Leone Laval-Hart

interprétation, l’étendue de son nuancier vocal. Au final, une pure émotion. Moins de sentiments chez Rachid Taha. Invité comme tête d’affiche « parce qu’il est notre histoire », selon les mots du co-directeur artistique de Babel Sami Sadak, le rocker a fait dans l’efficacité. Particulièrement bien disposé à assurer le show, Taha -qui n’a aucune actualité- a enchaîné les hits de sa longue carrière. Un show rugueux, irréprochable, auxquels ses musiciens contribuent largement, en particulier le fidèle et Marseillais Hakim Hamadouche au mandoluth. Un concert en résonnance avec celui de Speed Caravan, la formation menée par Mehdi Haddab, qualifié de guitar hero du oud qu’il électrise au gré d’une fusion « métalorientale » qui emporte tout sur son passage. Créative et savoureuse, la cuisine musicale d’Imam Baildi -du nom d’un plat grec à base d’aubergine- est séduisante quand rock, hip-hop ou électro servent de rehausseur de goût aux musiques populaires comme le rebetiko. Malheureusement le tzatziki tourne à l’aigre lorsque la fusion devient prétexte à une moussaka pop de mauvaise variété. À plusieurs milliers de kilomètres de la

délicatesse balte de Maarja Nuut et sa nu-folk électroacoustique et minimaliste. Chanteuse et violoniste, elle navigue entre des mélodies inspirées de la tradition rurale estonienne et une recherche sonore contemporaine, magnifiée par des projections hypnotiques et les prouesses digitales de Hendrick Kaljujärv. Fascinant. Ouvert en Méditerranée occidentale, Babel Med Music a programmé un triple symbole de la modernité pour sa clôture avec Skywalker : un dj, une femme, une palestinienne. Son set proposant deep house ou techno fut un message de liberté, d’émancipation et d’espérance. THOMAS DALICANTE

Babel Med Music s’est déroulé les 16, 17 et 18 mars au Dock des Suds et au J1, à Marseille


De chair et d’oc Retour sur les concerts du Còr de la Plana et d’Artús à la Cité de la musique de Marseille

L

es premiers dévoilaient les prémisses d’un futur album ; les seconds clôturaient une Setmana pagana (« Semaine païenne ») dédiée aux artistes de leur label. En deux soirées, la Cité de la musique de Marseille a accueilli deux des groupes les plus emblématiques de la création musicale des pays d’Oc depuis plus d’une quinzaine d’années : Lo Còr de la Plana et Artús. Mais s’il fallait les positionner sur une même ligne en fonction de leur proximité musicale, chacun y figurerait aux deux extrémités. Un qualificatif toutefois leur est commun, celui de précurseur. Dans la réappropriation d’un répertoire phocéen-provençal par la polyphonie pour Lo Còr et dans l’utilisation du patrimoine traditionnel gascon dans l’écriture d’une musique expérimentale pour Artus. Ces derniers ont inventé une sorte de noise béarnaise, une musique dont la bestialité n’a jamais été aussi à propos que dans leur cinquième opus, Ors (« Ours »), inspiré par cette figure incontournable de l’imaginaire pyrénéen. Chez l’animal comme dans les compositions du collectif, fratrie pour moitié, la violence peut côtoyer la douceur, la crainte, déclencher l’envoûtement, l’indomptable devenir docile. Cernée de percussions radicales, la vielle à roue se fraye un chemin au milieu d’une dense forêt sonore. Cela faisait longtemps que la bande à Manu Théron ne s’était pas retrouvée sur scène, dans la ville qui a vu naître la formation. Qui plus est pour un nouveau projet : Tafori (« Bordel »). Si l’essentiel du spectacle comprenait des morceaux connus, le chœur masculin a recentré son propos sur une thématique inépuisable : Marseille. Investi dans la vie sociale et culturelle de la cité, Manu Théron a écrit un morceau contre le projet d’aménagement urbain de la municipalité, lequel risque fort d’altérer l’âme du quartier de la Plaine. Parmi les autres inédits, Adieu, qui revient sur l’épisode douloureux de la privatisation du nom Occitanie par la région mitoyenne, alors qu’elle n’occupe qu’un petit tiers du territoire historiquement, culturellement et linguistiquement concerné par ce terme. Mais la cuvée 2017 des polyphonistes n’est pas qu’un pamphlet et blessures puisqu’on y trouve aussi une chanson dédiée à l’allégresse carnavalesque. Celui de la Plaine, sans doute.

La Criée16/17

Neige Théâtre national de Marseille

Mise en scène de Blandine Savetier D’après Orhan Pamuk

du 26 au 28 avril Création étonnante, peinture lyrique, vibrante, saisissante d’actualité d’une Turquie déchirée par Orhan Pamuk Prix Nobel de littérature.

THOMAS DALICANTE

Photographie © Jean-Louis Fernandez

Lo Cor de la Plana © Augustin Le Gall

La Cité de la musique de Marseille a accueilli les concerts de Lo Cor de la Plana, le 10 mars et d’Artus, le 11

« Un beau spectacle polyphonique, servi par des acteurs de toutes origines, qui plonge au cœur des questionnements de l’être humain et de l’artiste. » L’Humanité, Février 2017

www.theatre-lacriee.com 04 91 54 70 54


36 au programme musiques bouches-du-rhône

Chants des guerres que j’ai vues

Dans le cadre du festival les musiques du CNCM-GMEM-Marseille, le compositeur, metteur en scène Heiner Goebbels propose Chants des guerres que j’ai vues où les instrumentistes sont aussi acteurs, et disent avec un « naturel étudié » les textes extraits de l’œuvre de Gertrude Stein, Wars I have seen, récit autobiographique écrit en temps de guerre durant son séjour en France (1942-43). L’Ensemble Orchestral Contemporain, sous la houlette de Pierre-André Valade, apporte sa virtuosité à ce spectacle aux accents shakespeariens.

04 91 54 70 54

Quatuor de trompettes Dans le cadre de la programmation de musiques de chambre au Foyer de l’Opéra de Marseille, le Quatuor de trompettes (Anthony Abel, Guillaume Fattet, Éric Laparra de Salgues, Philippe Nava) offre un délicieux concert où l’on croisera Rossini et l’ouverture de Guillaume Tell, Verdi et la Marche triomphale d’Aïda, mais aussi Johann Sebastian Bach, Samule Scheidt, Bartholdy, Scott Joplin, Thomas Gimbert Booth, Ron Simpson…

© Bruno Vacherand-Denand -Passage Citron

Ens. Orchestral Contemporain © R. Mueller

Furia

L’Ensemble C Barré propose, sous la direction artistique de Sébastien Boin, un concert ardent aux tonalités ibériques, avec son trio de cordes pincées (Thomas Kech, guitare, Eva Debonne, harpe, Vincent Beer Demander, Mandoline). Fandango, flamenco… S. de Murcia, Manuel de Falla, Félix Ibarrondo, Diego Ortiz, Alonso Mudarra… et un contemporain, le jeune compositeur basque Mikel Urquiza qui entame une résidence de plusieurs années aux côtés de C Barré par une création vive et enjouée.

6 mai Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr

The tuba’s trip Tubiste international, Thomas Leleu ne se contente pas de la fosse d’orchestre où les musiciens classiques sont confinés (les soli de tuba sont rares en classique !) mais, abolissant les frontières, nous entraîne avec lui dans un voyage de Broadway à la Pop et au Rock en passant par le Beat Africain et les rythmes latinos. La guitare de Jérôme Buigues, contrebasse et basse de Sam Favreau, saxo, flûte, doudouk et kora de Lamine Diagne l’accompagnent dans cette aventure aux côtés de Laurent Elbaz (à la direction).

13 mai La Criée, Marseille theatre-la-criee.com

28 avril Chapelle Saint-Cyr, Lançon-de-Provence 04 90 42 74 76 musiquealaferme.com

Sabine Devieilhe © Alice de Sagazan

Lakmé

25 avril Musicatreize, Marseille 04 91 00 91 31 musicatreize.org

Les Muses rassemblées par l’Amour

3 au 11 mai Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr

Thomas Leleu © X-D.R

Inspiré du roman de Pierre Loti, Rarahu ou le mariage (1880), l’opéra de Léo Delibes sur le livret d’Edmond Gondinet et Philippe Gille, nous transporte dans l’Inde sous domination britannique de la fin du XIXe. Amours impossibles entre la douce Lakmé (Sabine Devieilhe), fille de brahmane et l’officier anglais, Gérald (Julien Dran), beauté aérienne des chants, duo des fleurs, air des clochettes… Superbe délicatesse sous la direction de Robert Tuohy avec l’Orchestre et les Chœurs de l’Opéra de Marseille. 27 avril L’Odéon, Marseille 04 96 12 52 70 odeon.marseille.fr

Résultat d’un partenariat exemplaire entre l’AMU et les Festes d’Orphée, la conférence, donnée par Julien Ferrando (maître de conférences à l’AMU) à la salle Mazenod/les Oblats et le spectacle au Jeu de Paume, dirigé par Guy Laurent, Les Muses rassemblées par l’Amour, ou l’excellence du baroque en Provence, permettent de découvrir la partition réputée perdue d’André Campra qui dialogue avec tant d’élégance avec le texte de Perrin. Évènement sans aucun doute ! 25 avril (conférence illustrée) Salle Mazenod/les Oblats, Aix-en-Provence 2 mai Jeu de Paume, Aix-en-Provence 04 42 99 37 11 orphee.org


au programme musiques bouches-du-rhône vaucluse var

37

Un violon sur le toit

Salon de musique

Étrange, bluffant… vous n’allez pas en croire vos oreilles ! Vous entendez un orgue, des violons, et ce sont des guitares électriques sur scène ! Bien sûr, il y a parfois quelque chose d’acidulé, on reconnaît un son, une tonalité, mais l’effet reste pour le moins surprenant : l’ensemble fondé par Pablo Salinas, Sinfonity, interprète des œuvres du répertoire classique, Vivaldi, Mozart, Bach, Ravel, Falla, avec un brio convaincant… et une maîtrise sans failles !

L’hôtel particulier La Mirande allie ses cinq étoiles à l’aide à la création artistique, reçoit en résidence des musiciens talentueux, propose des concerts (organisés en partenariat avec piano Pulsion Avignon). Le violoniste Philippe Graffin est le directeur artistique de ces Salons de musique. À ses côtés, le 18 avril, le violon de Maria Wloszczowska, l’alto de Shira Majoni et le violoncelle de Matthew Huber, pour un programme Ligeti, Haydn de haute volée.

© X-D.R

© M. Yamani - graphisme Gaël Bros

Sinfonity

13 mai GTP, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

L’un des plus grands classiques de Broadway sur la scène de l’Opéra d’Avignon ! La comédie musicale en deux actes, Un violon sur le toit, d’après Sholem Aleichem sur un livret de Joseph Stein. Un pauvre laitier cherche à marier richement ses trois filles, mais elles n’en feront qu’à leur tête… Une superbe galerie de personnages dans la Russie du début du XXe, servie avec virtuosité par un équilibre parfait entre chants et danses sous la houlette de Patrick Leterme. Philippe Graffin © Marco Borggreve

8 & 9 avril Opéra du Grand Avignon 04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr

Viva Mozart Le Festival Les Classiques de Velaux propose dans le bel écrin de la salle NoVa un spectacle consacré à Mozart, avec la complicité de l’Orchestre Régional de Cannes, et de trois artistes internationaux aux voix exceptionnelles, la soprano Pauline Courtin, le ténor Antonel Boldan et le baryton Seung-Gi Jung. Au programme des extraits des Noces de Figaro, de Don Giovanni et de La Flûte enchantée.

© Hugues Lagarde

Flûte et flûte

04 42 87 75 00

30 avril Espace NoVa, Velaux espacenova-velaux.com

Deux flûtes : l’une appartient au monde des souvenirs scolaires, l’autre est plutôt la compagne noble des orchestres, et pourtant elles unissent leurs souffles virtuoses lors d’un programme, présenté par Musique Baroque en Avignon, qui visite Thomas Morley, Couperin, Telemann, Quantz, Carl Philipp Emanuel Bach, grâce à Fabienne Azéma (flûte traversière) et Jean-Marc Andrieu (flûte à bec). 23 avril Opéra du Grand Avignon 04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr

18 avril Hôtel La Mirande, Avignon 04 90 14 20 20 la-mirande.fr

Terre de Feu Dans le cadre de ses grands concerts symphoniques, le Festival estival de Toulon propose avec l’Orchestre symphonique de l’Opéra de Toulon dirigé par Ernest Martinez Izquierdo un spectacle vibrant, justement nommé Terre de Feu. L’Amour sorcier de Manuel de Falla déclinera ses volutes enflammées, après un bel hommage à Astor Piazzolla qui permettra d’entendre le bandonéon de Pablo Mainetti aux côtés de l’Orchestre. Enfin, Estancia, ballet du « Mozart argentin » Alberto Ginastera, nous conduira dans la pampa animée du chant des gauchos.

04 94 18 53 07

21 avril Opéra de Toulon festivalmusiquetoulon.com


38 au programme musiques alpes-maritimes hérault

Nuit du piano 2

Le monstre du labyrinth

S’il est des nuits musicales rêvées, celle que propose le Festival estival de Toulon fait partie de celles que l’on espère. Quatre pianistes exceptionnels, Claire Désert, Jonas Vitaud, Laure Favre Kahn, Guillaume Coppola, joueront, avec l’Orchestre symphonique de l’Opéra de Toulon, le concerto pour piano Aubade de Francis Poulenc qui clôturera le dernier chapitre, Jour, de cette performance nocturne orchestrée en parties évocatrices, Nuit, Papillons, Feu, Eau, Forêt, Montagne.

Lucie Roche © A. Régis

28 & 30 avril Opéra de Montpellier 04 67 60 19 99 opera-orchestre-montpellier.fr

Le mythe de Thésée est revisité au cœur d’un opéra participatif de Jonathan Dove, réunissant amateurs et professionnels pour narrer cette grande fresque mythologique. On retrouvera la mère de Thésée (Lucie Roche), Dédale (Philippe Estèphe), Minos (Miloud Khetib), Thésée (Damien Bigourdan), dans une mise en scène de Marie-Ève Signeyrole. L’orchestre national Montpellier Occitanie et les chœurs (junior et universitaire) seront sous la direction musicale de Jérôme Pillement. 21 & 22 avril Opéra de Montpellier 04 67 60 19 99 opera-orchestre-montpellier.fr

Les mardis de l’orchestre

Inspiré de drame romantique de Victor Hugo Le Roi s’amuse, Rigoletto, sur un livret de Francesco Maria Piave, est une histoire d’amour et de vengeance tragiques, où les masques des comédiens semblent bien ténus face à ceux des puissants. L’Orchestre et les Chœurs de l’Opéra de Nice interprètent l’œuvre de Verdi sous la houlette de Roland Böer, dans une mise en scène d’Ezio Toffolutti. Federico Longhi et Mihaela Marcu seront respectivement Rigoletto et Gilda.

Florent Bontron © Hugues Lagarde

Vox Populi

Rigoletto

04 92 17 40 79 31

29 avril Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr

L’Impérial Orphéon, compagnie partenaire du Cratère, unit son quintet, au cœur duquel on reconnaît la voix de Rémy Poulakis, à l’Opéra junior de l’Opéra de Montpellier. Jazz, choros brésiliens, thèmes bulgares, airs d’opéra, arrangés avec talent par Etienne Roche qui mène l’ensemble avec brio… « Vingt-cinq glottes, ce n’est pas rien » affirmet-il, on en est convaincus !

10 au 16 mai Opéra de Nice opera-nice.org © Marc Ginot

04 94 18 53 07

29 avril Opéra de Toulon festivalmusiquetoulon.com

L’Orchestre de Montpellier propose, sous la houlette du jeune et brillant chef d’Orchestre Evgeny Svetlanov, un programme ambitieux au point de rassembler le Concerto en ré majeur pour orchestre à cordes de Stravinsky, les Danses symphoniques de Rachmaninov (op. 45) et le Concerto pour piano et orchestre en sol majeur de Ravel, avec au piano un interprète exceptionnel, Bertrand Chamayou. Puissance et délicatesse conjuguées pour un grand moment de musique !

Bertrand Chamayou © Marco Borggreve - rato

Laure Favre-Kahn © Caroline Doutre

Bertrand Chamayou

11 & 12 mai Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr

L’écrin du théâtre Alexandre III accueillera une soirée de musique de chambre proposée par la harpiste Cécile Bontron et le flûtiste Florent Bontron (flûte solo de l’Orchestre de Cannes) qui commenteront les œuvres interprétées, de Parish-Alvars, Louis Spohr, Anton-Bernhard Furstenau, François-Joseph Dizi et Schubert. On apprend ainsi que ce dernier avait commencé à composer un opéra intitulé La Harpe enchantée, n’en déplaise aux mozartiens ! 25 avril Théâtre Alexandre III, Cannes 04 92 98 62 77 palaisdesfestivals.com


au programme musiques bouches-du rhône alpes hérault

39

Chants populaires de la Méditerranée Cie Rassegna © Chris Boyer

Aksak Complices depuis 27 ans, les cinq musiciens d’Aksak sont unis par leur fascination pour la musique des riches traditions musicales des Balkans. Isabelle Courroy (flûte kaval), Philippe Franceschi (clarinette), Patrice Gabet (violon), Christiane Ildevert (contrebasse) et Lionel Romieu (guitare, oud, mandole) composent, arrangent, interprètent avec tendresse et talent un répertoire à la confluence de multiples influences. Ils sont sur la scène de l’auditorium de la Cité de la musique pour fêter la sortie de leur 7e album, Les artisans du temps, qui rend compte des musiques collectées auprès des habitants lors de leurs voyages dans les Balkans.

© Erwin Vindl

28 avril Cité de la musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com

Trios

Festival Kadans Caraïbe La 5e édition du festival Kadans Caraïbe reçoit des acteurs des scènes hip-hop, Gwoka et latino qui ont fait de leur héritage culturel le langage de leur univers créatif. Au programme, entre autres : une conférence dansée et un atelier danse hip hop avec Miguel Nosibor ; une scène aurbaine avec le groupe de gwoka Massilia Ka, Miguel Nosibor et ses élèves, le collectif All Styles Crew, le danseur Nwatchok ; une lecture performée de La terre vous manque de et par Patrick Servius, avec la danse d’Ana Pérez et la musique de Stéphane Galland ; des concerts avec Gerald Toto & Zacharie Abraham, et le groupe de salsa Latiname, nouvelle formation du pianiste marseillais Brice Lebert… 12 & 13 mai Cité de la musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com

L’autrichien Klaus Falschlunger a découvert la musique indienne et le sitar il y a 20 ans, s’est formé à cette tradition musicale millénaire en Inde du Nord et est devenu depuis l’un des maîtres européen du genre. Avec ses complices Clemens Rofner, contrebassiste, et Tobias Steinberger, percussionniste, il invente au sein de la formation atypique Indian Air une musique envoûtante qui mêle les influences du jazz, du folk et du rock à la mélodie des Râga (échelle de sons indiens) et à la virtuosité de la rythmique indienne.

8 avril Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr

F. Casagrande © Boris Wilensky

Aksak © Olivier Milchberg

Depuis plus de quinze ans la Cie Rassegna interroge avec ce programme, en constante évolution, les patrimoines musicaux de Méditerranée. Le répertoire de Bruno Allary (guitare, saz et chant), Carine Lotta (chant), Sylvie Paz (chant et percussions), Fouad Didi (violon, oud et chant) et Philippe Guiraud (basse et chant) se concentre aujourd’hui autour de chants venus de Sicile, d’Espagne, de l’ouest Algérien et d’Occitanie. Un compagnonnage qui réinvente une Méditerranée commune, partagée.

Indian Air

Le jeune pianiste américain Aaron Parks est devenu le fer de lance d’une nouvelle génération de jazzmen new-yorkais. Avec Ben Street (à la contrebasse) et Billy Hart (à la batterie), il présente un nouveau disque sur le prestigieux label ECM, Find the way. C’est un trio de grande classe qu’accueille le Moulin à jazz le 13 mai ! Le guitariste italien Federico Casagrande s’est entouré de Ziv Ravitz (à la batterie) et Matt Brewer (à la contrebasse). Pour son nouveau projet, aussi à l’aise à la guitare électrique qu’acoustique, il invite à un voyage raffiné qui mêle poésie et énergie contemplative. Aaron Parks trio 29 avril Federico Casagrande trio 13 mai Le Moulin à jazz, Vitrolles 04 42 79 63 60 charlie-jazz.com

27 au 30 avril Agnières-en-Dévoluy, Bréziers, Aspres-les-corps, Tallard 06 82 81 87 42 festivaldechaillol.com

Kintsugi En japonais le terme signifie « jointures en or », méthode de réparation des porcelaine ou céramiques brisées. C’est aussi le nom du trio formé par Kakushin Nishihara (au biwa, luth à manches courtes, et au chant), Gaspar Claus (au violoncelle) et Serge Teyssot-Gay (à la guitare) qui nous raconte L’Épopée de Yoshitsune, seigneur de guerre de l’époque des samouraïs. Le chant déchirant de Kakushin Nishihara, qu’accompagnent les trois instruments, provoque une émotion rare et fascinante. La sortie de l’album est prévue le 28 avril. 21 avril Théâtre Molière, Sète 04 67 74 66 97 theatredesete.com


40 au programme spectacles bouches-du-rhône var

04 91 54 70 54

Soudain l’été dernier Évidemment pour n’importe quel acteur, si doué soit-il, succéder à Montgomery Clift, Katharine Hepburn et Elizabeth Taylor n’est pas une mince affaire. Mais la pièce de Tennessee Williams est suffisamment puissante pour inspirer des générations de dramaturges, sur fond de haines familiales et de sexualité aussi brûlante que refoulée. Stéphane Braunschweig livre sa version, créée le mois dernier à L’Odéon-Théâtre de l’Europe, qu’il dirige à Paris.

Soudain l’été dernier (photo de repetitions) © Thierry Depagne

Inspiré d’un ample roman du prix Nobel de littérature Orhan Pamuk, Neige révèle les tensions qui couvent ou éclatent dans le pays de l’auteur, la Turquie, autour des questions religieuses, politiques, culturelles. Le spectacle mis en scène par Blandine Savetier est récent : créé en février au théâtre de Strasbourg, il arrive à La Criée (qui le coproduit) dans toute la fraîcheur de son ambition. Notez que lors de la représentation du 28 avril à Marseille, il se peut qu’Orhan Pamuk soit présent, aux côtés d’une universitaire spécialiste du théâtre, Marie-Claude Hubert, pour répondre aux questions du public.

© Cie Un Château en Espagne

Cabane

© Jean-Louis Fernandez

Neige

26 au 28 avril La Criée, Marseille theatre-la-criee.com

11 & 12 mai Le Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

Pour sa création 2017, Céline Schnepf a choisi d’offrir un Petit cabaret pour forêts miniatures à son très jeune public (à partir de 1 an : le spectacle dure une demi-heure). Un homme et une femme se partagent un territoire forestier : il dresse les renards tandis qu’elle collectionne les cerfs. Elle vit dans une jupe, c’est pratique, lui dans une caisse en bois, ce qui a ses avantages aussi. Et tous deux se rencontrent à mi-chemin entre la danse et le théâtre. 8 & 10 avril Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

Artefact

25 au 29 avril Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net

Le Petit Théâtre du bout du monde

La marionnette contemporaine est loin d’être réservée au jeune public : pour preuve, ce Petit Théâtre n’est pas adapté aux enfants avant l’âge de 12 ans. Ezéquiel Garcia-Romeu y poursuit sa recherche de nouvelles écritures scéniques, à travers une série de personnages mystérieux peuplant un univers expérimental. Placés sous surveillance (celle du spectateur ?, invité à manipuler lui-même certains mécanismes du dispositif), ils vivent leur vie en rêvant de liberté. En parallèle, une exposition de dessins d’Ezéquiel Garcia-Romeu sera en entrée libre du 4 au 13 mai. 4 au 6 mai & 9 au 13 mai La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-la-criee.com

Jouant des discours répétitifs, des litanies sempiternelles, des soliloques névrotiques, Suzanne Joubert donne à voir le couple. Pas vraiment beau à voir d’ailleurs…. mais tellement drôle ! On oscille entre vaudeville et absurde, avec une (apparente ?) facilité qui provoque le rire, sans doute un peu nerveux, mais tellement libérateur. Car au-delà d’interroger les vicissitudes du couple de longue durée, elle parle des rôles que nous nous astreignons tous à tenir, et de théâtre aussi. 25 au 29 avril Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr

© icinori

© Nathalie Sternalski

Show Room, nouveau drame

Et si l’humanité disparaissait pour de bon, laissant les intelligences artificielles orphelines de leur démiurge ? Joris Mathieu interroge notre rapport aux objets en combinant robotique et hologrammes dans un dispositif ambulatoire sophistiqué. Ou comment peupler la scène du Merlan de marionnettes virtuelles imprimant leur propre décor en 3D... Une création 2017 qui « s’adresse notamment à la génération des natifs numériques ». À partir de 14 ans. 25 & 26 avril Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org


au programme spectacles marseille

41

Le temps des envolées À l’heure où nous écrivons, le programme définitif n’est pas établi, mais les compagnies Tandem, Mauvais Coton, et Camille Boitel ont confirmé leur participation à ce parcours de cirque, danse, théâtre pour petits et grands, qui aura lieu entre le Théâtre Le Merlan et le Centre Social des Flamants. L’occasion de passer une riche journée culturelle en famille ou entre amis, et de partager un pique-nique au soleil.

L.I.R. Le dispositif L.I.R. (pour Livre in room) se balade depuis sa naissance en 2015 lors de la Biennale des arts numériques de la Ville de Bron, de médiathèques en salons, voire ambassades. Joris Mathieu et sa Cie Haut et Court « offrent le doux privilège de s’échapper quelques instants du réel pour plonger dans les songes des écrivains », au moyen de livres augmentés disposés dans une cabine de lecture. En collaboration avec la Bibliothèque du Merlan.

Y la vida va Géraldine Giudicelli et Julio Luque dansent sur les airs de tango interprétés à l’accordéon par Aurélie Lombard, dans une mise en scène de José-Maria Sanchez. L’atmosphère est à la littérature, inspirée de Jorge Luis Borges (le romancier écrivait aussi des chansons mises en musique par Astor Piazzolla), et au souvenir, sur les traces d’une Argentine de rêve ou de cauchemar. Poignante rencontre entre l’histoire ardente de ce pays, la nostalgie, et l’art du mouvement.

13 mai Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

© Frédéric Stephan

© Siegfried Marque

Un certain Charles Spencer Chaplin

25 avril au 13 mai Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

27 au 29 avril Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.fr

« Le Kid, cet enfant abandonné, c’est moi ». Maxime d’Aboville, Molière du meilleur comédien en 2015, interprète l’homme qui a chaussé les godillots troués de Charlot, jusqu’à la gloire, après des débuts dans la misère. Sous la houlette de Daniel Colas, il retrace le destin exceptionnel de cet acteur, réalisateur, scénariste, producteur et compositeur, né quatre jours avant Hitler, comme il aimait à le préciser.

De la mirada a la palabra En espagnol cela signifie « du regard à la parole », et entre les deux il n’y a pas vraiment de mots pour décrire ce qui circule... Probablement la même énergie qui fait vibrer les planches sous les talons enfiévrés des bailaores y bailaoras ! Deux étoiles du flamenco, la marseillaise Ana Pérez et le natif de Malaga Moïsés Navarro, invitent une danseuse contemporaine, Laura Cortés, à réveiller les classiques de leur art.

28 avril Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.fr

27 & 28 avril Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

© Juan Conca

© Christophe Raynaud de Lage

Baptiste Amann, ancien élève de l’ERAC, met en scène son propre texte, autour d’une fratrie d’aujourd’hui, un peu paumée, dont les parents viennent de mourir. Leurs trajectoires individuelles sont le prétexte à une réflexion sur la société, les démocraties libérales à bout de souffle, l’intolérance, les compromis... et la Révolution. Quelle forme pourrait-elle prendre aujourd’hui ? Il se trouve que Condorcet repose au fond du jardin depuis des siècles. Et si on lui demandait son avis ? À partir de 14 ans.

© J. Stey

Des territoires (nous sifflerons La Marseillaise)

12 mai Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.fr


42 au programme spectacles bouches-du-rhône

In Vitro

Le temps du hip-hop

Le spectateur est prévenu : il ne sera pas cantonné à son rôle habituel de voyeur, mais pourra passer au statut de cobaye, dans ce spectacle tirant vers la dystopie. Au cours de six tableaux chorégraphiés, Florence Demay et Yoann Goujon vivent une expérience intrigante : elle est élevée dans un cube sans contact avec le monde extérieur, jusqu’à son arrivée à lui...

À travers trois contes traditionnels adaptés avec humour et modernité dans un album jeunesse par Louise Duneton -BlancheNeige, La petite sirène, et Peau d’Âne-, Séverine Coulon parle de féminité, du corps de la femme, d’esthétique contraignante, de séduction et de vieillissement. Coincée dans un carcan de papier, elle travaille à son émancipation. Un théâtre d’ombres, d’objets et de marionnettes à voir dès 5 ans.

© Jean Henry

10, 12 & 13 mai Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.fr

© Alain Rico

© Hervé Lavigne

Filles et soie

04 95 04 95 75

Une poignée de gens

Deux soirées qui régaleront les amateurs de hip-hop à Vitrolles ! Pour commencer, le nouveau spectacle des lyonnais Pokemon Crew, #Hashtag ou le symbole de la démesure, une réflexion sur la société de consommation à l’heure du tout numérique, le 25 avril. Et le 5 mai, la Cie 1 des Si, avec le regard extérieur de Nathalie Pernette : 2#Damon ou la mise en perspective d’un danseur et son double (Étienne Rochefort et Jérôme Douablin), dans une esthétique proche du manga. 29 avril & 5 mai Salle Guy Obino, Vitrolles 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr

12 & 13 mai Massalia, Marseille theatremassalia.com

Ombul

Le Massalia propose la dernière création du Vélo Théâtre, destinée aux adolescents et adultes. Qui les invite au voyage, plus précisément, sur des chaises numérotées et amovibles. En se déplaçant, ils configureront l’espace scénique et dessineront des tableaux successifs, accompagnés d’un musicien, Fabien Cartalade, et de deux chefs de gare. Une formule ludique et complice. 28 & 29 avril Massalia, Marseille theatremassalia.com

Le Théâtre Désaccordé est spécialisé en « ombrographie », soit étymologiquement l’écriture des ombres. Avec Ombul, il invite les tout-petits à une traversée délicate, aérienne, aux confins de l’endormissement et du rêve, par le biais de la peinture. En s’appuyant sur les œuvres de Mirò et Calder, cette traversée débute avec un mobile suspendu. Par un jeu malicieux de projections naissent des images en mouvement qui font naître l’étonnement et l’étrange.

© X-D.R

04 95 04 95 75

Le Théâtre Fontblanche accueille le conteur Lamine Diagne, qui nous invite à pénétrer dans l’hôpital de La Timone à Marseille. Un jeune musicien y accompagne son neveu, victime d’un accident de voiture ; il s’aventure dans le dédale des couloirs hospitaliers pour y glaner de fantastiques histoires (le cheval du 8e étage, l’enfant-bulle, l’étage fantôme...), et ainsi stimuler sa guérison. Un spectacle réalisé suite à une immersion dans les services de l’hôpital pour enfants, avec l’aide à la dramaturgie de François Cervantes. À partir de 7 ans.

©Philippe Guillot

© Vélo Théâtre

Le Tarot du Grand Tout

25 avril Théâtre Fontblanche, Vitrolles 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr

26 avril Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr


43

Nova

La rive dans le noir

Quoi, l’existence aurait autre chose à offrir au delà du foot, de la gloire et des femmes ? C’est la déroutante leçon de vie administrée par un mentor prolixe et cultivé -Fabrice Luchini, donc- à son disciple en comédie Olivier Sauton. Lequel interprète les deux rôles de cette « histoire vraie qui n’a jamais existé », avec des échanges aux changements de tons inénarrables.

En souvenir de Carlotta Ikeda et de leur passion partagée pour le Buto, cette « danse du corps obscur », Pascal Quignard compose et interprète aux côtés de Marie Vialle (c’est la quatrième fois qu’il écrit pour cette fantastique comédienne) un texte hanté de fantômes. Alchimie du verbe et des êtres pour un spectacle d’une puissante et bouleversante poésie.

27 avril Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr

Retrouver sur scène un texte de Peter Handke, auteur aussi à l’aise dans le roman, la poésie ou le théâtre, fait partie des plaisirs du gourmet. Claire Ingrid Cottanceau joue le personnage de Nova dans Par les villages, pièce aux frontières de l’absurde de celui pour qui « la littérature, c’est le langage devenu langage ; la langue qui s’incarne ». La musique du spectacle monté par Stanislas Nordey est due à Olivier Mellano.

© Richard Schroeder

© Denis Tribhou

© Jean-Louis Fernandez

Fabrice Luchini et moi

20 & 21 avril Le Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 boisdelaune.fr 4 & 5 mai Le Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 boisdelaune.fr

Une légère blessure Jouer le je

Revenez demain

5 mai Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr

L’écriture tout en finesse et nuances de Laurent Mauvignier se love dans les mots dits par Johanna Nizard, seule en scène. Mémoire reconstituée au moment de préparer un repas familial, bribes, puzzle, solitude, fissures infimes, cicatrices effacées et pourtant tragiquement présentes… dans une mise en scène d’Othello Vilgard baignée des lumières de Franck Thévenon. 27 & 28 avril Le Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 boisdelaune.fr

« Je sais être mon bourreau et ma victime. Je sais tout faire. Toute seule » s’exclame l’un des deux personnages du trio de Revenez demain. Erreur de calcul direz-vous, les journalistes sont fatigués, c’est bien normal par les temps qui courent ! Pas du tout ! Avec deux personnages, interprétés avec brio par Marianne Basler et Gilles Cohen (mise en scène Laurent Fréchuret), Blandine Costaz campe un trio improbable dans un texte ébouriffant de virtuosité.

© Julien Piffaut

© Thierry Maindrault

© Giovanni Cittadini Cesi

Inspiré du roman Les Autres d’Alice Ferney, ce spectacle de la Cie Chantier public tourne autour d’un jeu de société cruel à expérimenter en famille, car « pour l’intérêt de la partie, il est préférable que les participants se connaissent un peu. Ou croient se connaître... ». On devine les révélations, les remords, les jalousies, les confessions qui peuvent émerger à l’occasion d’un anniversaire commencé pourtant avec de bonnes intentions ! Tout public à partir de 10 ans.

25 au 29 avril Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net


44 au programme spectacles bouches-du-rhône

Maris et femmes

Buvons à l’homme baron !

D’après l’irrésistible film de Woody Allen, servi avec délectation par une troupe de comédiens enjoués et talentueux, Maris et femmes (adapté par Christian Siméon) offre une désopilante « chronique conjugale à la sauce New-Yorkaise ». Il suffit qu’un couple annonce à ses amis leur séparation à l’amiable pour que tout s’emballe, dans une remise en question totale et jubilatoire par la grâce de la mise en scène de Stéphane Hillel.

Wrapped

9 au 13 mai Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

© Eliot Mini

Deux danseuses-actrices sur un banc (impossible de rester sagement assises !), trois Chaperons rouges sautillants, deux siamoises en chaussettes, un groupe de passe murailles… Un inventaire à la Prévert, une apparente légèreté, un ton burlesque qui malmène les stéréotypes… La chorégraphie d’Inbal Pinto et Avshalom Pollack Dance Company n’a pas pris une ride !

Titre programmatique qui dissimule par son invite festive le sujet poignant, inspiré de l’œuvre de Maxime Gorki, Les bas-fonds. Misères multiples, personnages aux parcours chaotiques et misérables, entassés dans les asiles de nuit… Les étudiants des cursus théâtre d’AMU interprètent cette adaptation bouleversante dans une mise en scène de Michel Cerda.

© Avshalom Pollak

Soirée de duos

28 & 29 avril Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org

25 au 29 avril Théâtre Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 theatre-vitez.com

La brisure des vases

« Pièce à la fois tragique et très enthousiasmante », affirme la chorégraphe Maguy Marin pour BIT, créée en 2014 pour six danseurs dans les lumières d’Alexandre Béneteaud sur la musique de Charlie Aubry. La légèreté et la complicité se délitent, réécriture d’une Babel : les masques tombent, les évolutions se heurtent dans un rythme soutenu. Pulsations qui mènent à l’inéluctable, la danse rejoint le politique…

3 au 5 mai GTP, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

© Philippe Grappe

Une soirée de bonheurs au GTP, avec des extraits de ballets d’Angelin Preljocaj, duos virtuoses, élégants, sensibles. Sans doute est-ce là que l’introspection se fait plus précise, pertinente. Se dessine dans ce parcours le vocabulaire propre au directeur du Pavillon Noir, son approche des êtres, sa reconstruction symbolique du monde, dans une danse qui sait être virtuose à bon escient.

© ashbey photography

Roméo et Juliette © Jean-Claude Carbonne

BIT

12 & 13 mai Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org

Selon Isaac Louria (XVIème s.) « la brisure des vases », est le second des trois moments de la création du monde : le retrait de Dieu crée un vide mais il reste un résidu de lumière qui infiltre dix vases et les soumet à une tension telle que sept volent en éclat. Désorganisation, recomposition… Le mythe de cette création du monde, qui est aussi sa brisure, est repris par le chorégraphe Nicolas Zemmour sur une musique originale de Wilfrid Rapanakis Bourg. Une sortie de résidence très attendue au 3bisf ! 27 avril 3bisf, Aix-en-Provence 04 42 16 17 75 3bisf.com


45

Le récit de mon quartier

Vertiges

Mihaela, tigresse de son état, s’est échappée du zoo et se balade dans la ville… Le fauve ne se montre jamais, mais son histoire, racontée par le prisme de 21 personnages-témoins incarnés par Marie-Luce Bonfanti, Catherine Graziani et Candice Moracchini, est le prétexte à une satire sociale qui prend la forme d’un faux documentaire. Le texte de Gianina Carbunariu, que met en scène François Bergoin, évoque la figure de l’étranger, la différence, l’Autre quel qu’il soit, et les réactions qu’il provoque.

Troisième volet de la trilogie de Nasser Djemaï autour de la construction identitaire, Vertiges nous plonge dans les paradoxes des liens familiaux. Après plusieurs années d’absence, Nadir décide de se rapprocher des siens pour s’occuper de son père, mais de nombreuses zones d’ombre subsistent autour de l’état de santé du patriarche. Englouti dans un intérieur où tous les miroirs sont déformants, aux côtés d’une famille engluée dans ses paradoxes et son aveuglement, il tentera de renouer avec les fils de son identité.

© X-D.R

La tigresse

25 avril Salle la Halle Léo-Ferré, Gardanne 04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr

04 42 87 75 00

© Jean Louis Fernandez

© Jean Barak

C’est parce qu’il veut emmener « tout son quartier dans un théâtre » que Jean-Jérôme Esposito en fait le récit. Le sien est empli d’une humanité généreuse où se croisent les langues –l’espagnol de sa mémé, l’italien de son père, l’arabe de son voisin…- et les personnages gouailleurs et savoureux qui racontent un vivre-ensemble qui va à l’encontre des caricatures médiatiques que l’on en fait ! 12 mai Espace NoVA, Velaux espacenova-velaux.com

27 avril Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net

Volt(s) Face Théorie des prodiges Le dernier spectacle du Système Castafiore, composé à partir de la découverte d’un manuscrit du XVIe siècle qui répertorie miracles et prodiges, met en mouvements le virtuel et le réel, le merveilleux et l’artisanal, et nous plonge dans l’imaginaire sans fin de Marcia Barcellos et Karl Biscuit. Des mondes superposés où danseuses et coulisses se côtoient dans un clair-obscur fascinant, voire impénétrable.

Emile à la recherche d’Angelina

5 mai Salle la Halle Léo-Ferré, Gardanne 04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr

Quand les danseurs de la Cie Kubilaï Khan se joignent aux musiciens du groupe de rock Mugstar, la rencontre est électrisante ! Ensemble ils traduisent l’urgence, faite de tensions, stimulations et agitations, dans laquelle nous vivons, et offrent un spectacle d’une énergie folle et essentielle ! 25 avril Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net

© X-DR

© Eric Fanino

© X-DR

Le comédien, humoriste et chanteur Eric Fanino est natif d’Aubagne. C’est donc tout naturellement dans sa ville qu’il part à la recherche de la belle Angelina, son premier seul-en-scène, écrit par Patrick Coppolani. Après le personnage culte de Marie Giangreco, mamie déjantée, et son groupe Les Pastagas dans lequel il chante, il nous entraîne dans les coulisses de sa vie, où joies et peines se mêlent toujours à l’humour !

4 mai Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net


46 au programme spectacles bouches-du-rhône gard alpes-maritimes

La Possible impossible maison

Le faiseur

Ça cartonne

Collection secrète #5 Dernier rendez-vous secret, dernière surprise à découvrir sur le territoire de Martigues, avec Frank Micheletti et les artistes de sa compagnie Kubilaï Khan Investigations. Danse, promenade, musique, performance… ? Vous le saurez en vous inscrivant auprès de la billetterie, qui vous informera par mail ou texto du lieu de rendez-vous. 13 mai Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net

5 mai Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 theatre-semaphore-portdebouc.com

Bled runner Si Fellag se méfie des gens « qui n’ont pas le sens du second degré », ça ne l’empêche heureusement pas de continuer à brandir le rire comme seule arme, surtout lorsqu’il parle de son Algérie, réelle comme rêvée, à travers le prisme de sa fantaisie sans limites. Toujours mis en scène par Marianne Épin, il propose un voyage au cœur des textes puisés au fil de des spectacles écrits ces vingt dernières années pour la scène, qui mettent notamment en lumière son combat pour la connaissance et l’acceptation de l’autre.

28 avril Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 theatre-semaphore-portdebouc.com 25 au 27 avril Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes 04 66 36 65 10 theatredenimes.com 23 mai Salle Jacques Audiberti, Antibes 04 83 76 13 00 anthea-antibes.fr

Écrite en 1840 par Balzac, cette comédie grinçante décrit les dérives de la spéculation financière avec une grande modernité. Avec Les Tréteaux de France, Robin Renucci met en scène une bourgeoisie d’affaire du XIXe siècle au cœur de laquelle Mercadet, spéculateur sans scrupules, vit aisément. Mais l’affairiste contracte de plus en plus de dettes… Que faire alors, sinon marier sa fille à un « riche » jeune homme… encore plus endetté que lui !

La Maison de Claire

© Cordula Treml

11 mai Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net

14 avril Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 theatre-semaphore-portdebouc.com

© Christophe Vootz

Une fillette gribouillée, tombée d’un livre, va partir en quête de son amie l’araignée dans une maison labyrinthique, aidée entre autres d’une souris qui mâche du chewing-gum, d’oiseaux chanteurs autoritaires et d’un rhinocéros têtu. Les comédiens Alain Borek et Judith Goudal, du collectif Forced Entertainment dont c’est la première création pour enfants, bricolent l’aventure en direct, avec images projetées sur du carton et bruits improbables qui provoquent l’imagination et font croire que tout est possible !

© X-DR

© Samuel Rubio

© E. Facon

Au milieu de cartons empilés dans la pénombre, un monde prend vie subitement. Deux cartons voisins s’animent, l’un est plutôt « fourmi », l’autre « cigale ». Pas vraiment amis, les voisins vont se faire la guerre, monter un mur… jusqu’à ce que le jeu les réunisse et leur permette de créer ensemble un monde différent fait de cartons colorés. La Cie QuiBout ! illustre de belle façon le vivre-ensemble.

Jouée dans des appartements de Port-de-Bouc, la fable urbaine et décousue du Théâtre Nono s’apparente à un Cluedo ébouriffé, qui brouille les pistes en s’aventurant à la croisée du quotidien et des rêves. Car dans l’immeuble de Claire de drôles de coïncidences, et des gouttes de sang mystérieuses, vont impliquer tour à tour les habitants, tous plus improbables les uns que les autres ! Autour des variations composées par le violon, l’accordéon et la contrebasse, trois comédiens digresseront à coups de joutes verbales à l’humour décalé ! 10 au 12 mai Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 theatre-semaphore-portdebouc.com


au programme spectacles bouches-du-rhône var

47

Toyi Toyi

Art

Les jeunes danseurs de la formation professionnelle Coline poursuivent leur collaboration avec des chorégraphes de renom : Georges Appaix partage ainsi avec eux l’écriture d’une création, à découvrir. Suivra Vers un protocole de conversation, dernière pièce créée par G. Appaix, avec les danseurs Mélanie Venino et Alessandro Bernardeschi, une exploration des liens entre les mots et les gestes, entre les notes et les corps, où paroles et mouvements se font rythme, danse, seul ou à deux.

La pièce de Yasmina Reza ne pouvait que séduire les comédiens des compagnies flamandes Tg STAN et Dood Paard : Kuno Bakker, Gillis Biesheuvel et Frank Vercruyssen, comme à leur habitude, se jouent des codes théâtraux et mêlent habilement aux personnages leur propre personnalité, faisant des spectateurs les témoins de cette empoignade « amicale ». Serge, Marc et Yvan sont amis depuis 15 ans ; mais lorsque le premier achète, très cher, un tableau entièrement blanc, les trois compères vont s’affronter autour de conceptions divergentes de l’art et de sa valeur marchande, mais pas seulement…

6 mai La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr

Durant l’apartheid le toyi toyi était une danse de manifestation de rue, très communicative, qui accompagnait les chants de libération ; elle est aujourd’hui interdite par le gouvernement sud-africain. Sur fond d’images des townships du Cap, le chorégraphe Hamid Ben Mahi fait se confronter des danses ancrées dans une histoire politique et sociale forte : le hip-hop, le pantsula et le gumboot.

04 42 56 48 48

29 avril L’Olivier, Istres scenesetcines.fr

25 avril Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com

© Sanne Peper.

Vers un protocole de convesation © Elian Bachini

© Laurent Philippe

Georges Appaix et Coline

Happy manif 04 42 56 48 48

9

12 & 13 mai Le Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 aixenprovence.fr

9, comme la 9e symphonie de Beethoven qui rythme la dernière création de la chorégraphe Hélène Blackburn, fondatrice de la Cie québécoise Cas Public. Cai Clover, l’un des danseurs atypiques de cette compagnie, malentendant, est le point de départ de cette chorégraphie. Comment percevoir, éprouver, comprendre le monde qui nous entoure si, comme Beethoven, l’ouïe nous faisait défaut ? 9 fait taire la différence et fait du corps un langage.

Déjà accueillis l’année dernière lors des Elancées, David Rolland et Valeria Giuga proposent une nouvelle Happy manif, tout aussi joyeuse et décalée. Toujours munis de casques sur les oreilles, les participants suivent les consignes distillées par les deux artistes, à suivre sur fond de musique électro-pop. Dès 6 ans. Happy manif - Les pieds parallèles 6 mai L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr

Quinze ans après sa création, Josette Baïz revisite une de ses premières pièces. Qu’en est-il aujourd’hui de la fusion des styles et des cultures, métissages chorégraphiques caractéristiques de la Cie Grenade ? De nouveaux interprètes s’approprient les mêmes consignes d’improvisation et de composition, les mêmes propositions chorégraphiques, pour donner naissance à une nouvelle pièce.

© Léo Ballani

© Patrice Leiva Scenes et cines

Time Break

© Damian Siqueiros

04 42 56 48 48

25 avril L’Olivier, Istres scenesetcines.fr

9 mai L’Olivier, Istres scenesetcines.fr

28 avril Espace Gérard Philippe, Port-Saint-Louis 04 42 48 52 31 scenesetcines.fr


48 au programme spectacles bouches-du-rhône

VibratO © J-E Roché

Les Envies Rhônements, ouverture Changement de rythme, et de format, à l’occasion de cette 15e édition : si les Envies Rhônements gardent les ingrédients incontournables et originaux de ce rendez-vous atypique –art, paysages, créations in situ, balades, rencontres…-, ils deviennent saisonniers, abandonnant le format « biennale ». D’avril à octobre, rendez-vous est donné pour découvrir spectacles, performances, installations en pleine nature et appréhender ces espaces naturels de la Camargue. Pour ouvrir la saison, le Citron Jaune (Centre national des arts de la rue et de

l’espace public qui organise la manifestation), investit, le 9 avril, les Marais du Vigueirat, qui accueillent aussi la Journée des producteurs. Deux compagnies sont au programme de cette ouverture. La Fausse Compagnie, en résidence au Citron, présentera VibratO : cinq colporteurs musiciens se promènent avec un objet phénomène qui aiguise l’écoute et la curiosité, le Kiosque, qui parfois continue de vibrer après leur départ… Le Théâtre du Centaure, qui débute un partenariat avec le Citron jaune jusqu’en 2019, propose avec Je voudrais être un troupeau en marche, de « faire un dessin dans le paysage par notre seule présence assemblée, un dessin pour le regard des oiseaux ». 9 avril Le Citron jaune, Port-Saint-Louis 04 42 48 40 04 lecitronjaune.com

Le Père

Le Tour complet du cœur

Sans sang En adaptant le court roman d’Alessandro Baricco, Inge Goris met en scène la rencontre douloureuse entre une femme et un homme au cours d’une nuit de vengeance, durant une guerre dont on ne sait rien. Un unique et silencieux regard échangé a lié à jamais la victime et le coupable, qui confronteront à nouveau leurs destins un demi-siècle plus tard. La musique de Dominique Pauwels accompagne les deux personnages pris au piège d’un traumatisme commun qui façonne leur rapport étrange et ambigu, entre vengeance, réconciliation et complicité.

04 90 52 51 51

11 & 12 mai Théâtre d’Arles theatre-arles.com

Thomas Visonneau et Arnaud Agnel s’emploient à raconter le théâtre comme une fabuleuse histoire, pleine de péripéties, de rebondissements, d’anecdotes, vivifiante et ludique ! Enthousiasmants et ingénieux, faisant tout eux-mêmes, les deux comédiens réinterprètent, en les parodiant, de grandes scènes mythiques de l’Antiquité à nos jours, avec beaucoup d’humour et d’inventivité. Avec de la vidéo, des bandes-sons et des effets spéciaux maison, ils ouvrent les portes d’un univers foisonnant.

© X-DR.

04 90 52 51 51

25 & 26 avril Théâtre d’Arles theatre-arles.com

Le Tour du théâtre en 80 minutes

© Philippe Laurençon

Julien Gosselin met en lumière et en lecture le texte de Stéphanie Chaillou, L’Homme incertain, qui raconte le désespoir d’un paysan que les circonstances économiques et politiques ont amené à être spolié de ses terres, de sa ferme, du bonheur qu’il avait à vivre sa passion. Seul sur scène, entouré de brume, Laurent Sauvage fait sienne la langue épurée, directe, de l’auteure, faisant s’immerger pleinement les spectateurs dans l’intimité même de la lecture.

04 90 52 51 51

4 mai Théâtre d’Arles theatre-arles.com

37 pièces de Shakespeare en 3 heures, le tout interprété par un seul homme. C’est le défi que s’est fixé Gilles Cailleau, comédien, magicien, musicien, et acrobate, qui n’a peur de rien. Poésies, illusions et émotions ne font qu’un lorsque l’artiste s’élance dans les airs en tenue de roi, se transforme en cracheur de flamme effrayé par le feu, ou encore en magicien attristé par ses propres apparitions. Virtuose, émouvant, et si drôle ! 27 & 28 avril L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 mairie-saintremydeprovence.fr


au programme spectacles vaucluse

Mon cœur

49

Zazie, pièce très détachée

Trois histoires forment la trame d’un scandale sanitaire éhonté, celui du Mediator. Une jeune femme s’effondre un soir devant son fils, avant d’être transportée aux urgences pour une opération cardiaque ; une pneumologue comprend qu’un médicament couramment utilisé comme coupe-faim est en fait un poison ; une adepte des régimes vient voir son avocat lorsqu’elle réalise à quoi elle doit son cœur artificiel... Pauline Bureau s’empare du combat d’Irène Frachon, médecin à l’origine des révélations sur les agissements des laboratoires Servier.

© X-DR.

Déclaration d’amour fou à notre langue par celui qui en est un gourmand ambassadeur ! Bernard Pivot rend un hommage inventif et bourré d’humour aux hôtes du dictionnaire, qui prend la forme d’une conférence-performance. Jouer avec les mots tout en ayant conscience d’en être le jouet, voilà qui s’avère cocasse, surtout lorsqu’ils sont prononcés par quelqu’un qui les aime tant ! Le texte est paru aux Éditions Allary.

© X-D.R

© David Allen

Au secours ! Les mots m’ont mangé

27 avril Le Chêne Noir, Avignon 04 90 86 74 87 chenenoir.fr

04 32 76 24 51

25 avril La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com

4 mai La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com

© Michele Hubinon

Destins croisés de quatre personnages, sur un bateau pour la Chine. Une femme, Ysé, et trois hommes : de Ciz, son mari, Amalric, son amant, et Mesa, sa passion. Clémentine Verdier met en scène (et joue Ysé) le drame de Paul Claudel, un « chassé-croisé amoureux poignant », « un chemin vers l’acceptation d’un destin à taille humaine, avec sa contingence, ses déceptions, ses lâchetés, mais avant tout ce formidable souffle d’espoir qu’est la vie ».

© Michel Cavalca

© François Mondot

Avec cette nouvelle création, Bérengère Fournier et Samuel Faccioli, Cie La Vouivre, questionnent l’individu face au groupe, l’instinct grégaire et l’uniformisation, et le conditionnement du corps par son espace et son environnement. Si feu il y a c’est dans la danse énergique, sensible, sensuelle, salvatrice des six interprètes qui lancent le cri d’alarme d’humains qui s’emparent d’une irrésistible liberté de vivre.

28 avril Les Halles, Avignon theatredeshalles.com

Mousson

Partage de midi Feu

Le Théâtre des Halles poursuit son partenariat avec le Conservatoire à rayonnement régional du Grand Avignon et accueille, pour la 4e année consécutive, un spectacle dirigé par Sylvie Boutley avec des élèves du pôle théâtre. Du roman de Raymond Queneau restent les acrobaties langagières, une mise en pièce(s) au plus près de l’écriture, où chaque prise de parole est une échappée lexicale.

04 32 76 24 51

20 & 21 avril Les Halles, Avignon theatredeshalles.com

Au sortir de sa résidence de création au Théâtre des Doms, le Théâtre des 2 Eaux propose une « répétition ouverte » de Mousson, adapté du texte d’Anja Hilling, « pièce complexe et limpide en forme de spirale ou de labyrinthe » qui relate un fait divers tragique, la mort d’un enfant. Un drame banal, un accident de la circulation, va faire converger les lignes de vie de personnages qui vont être confrontés, par cette mort bien réelle, à leurs responsabilités, et aux manques qui les constituent. 26 avril Les Doms, Avignon 04 90 14 07 99 lesdoms.eu


50 au programme spectacles alpes alpes-maritimes

Sous l’armure

Zigzag

Linéa © Chantal Depagne

Qui eût cru qu’une simple corde puisse se révéler aussi expressive ? Entre les doigts précis de Jive Faury et Kim Huynh, elle prend vie, se personnifie à vue d’oeil. Les deux jongleurs formés (entre autres) chez Jérôme Thomas se font marionnettistes voire illusionnistes, et tissent des histoires avec ce matériau surprenant qui se dédouble, fait des nœuds et même des danses de serpents. À voir en famille à partir de 6 ans.

© Isabelle Fournier

« Quelle étrange chose que de s’enfermer dans une salle pour écouter des histoires ! » Bien décidé à chasser l’ennui du théâtre, Xavier Lemaire se base sur la première scène du Médecin malgré lui pour une démonstration vivante et enjouée. Un tiers conférence, un tiers audition de comédiens, un tiers représentation en abyme, la pièce soulève le rideau d’un art immémorial avec un grand courant d’air frais. Dès 10 ans.

Comment, et peut-on, combattre les idées reçues ? Certainement, et la Cie Les Passeurs l’illustre merveilleusement avec cette histoire de Catherine Anne mise en scène par Lucile Jourdan. Une sœur et son frère, deux adolescents vivant au Moyen Âge, vont choisir leur destin, loin des lois qui les soumettent à leur condition. Car Thibault est « bon cavalier, mais s’ennuie à la chasse », et Christine manie l’épée « mais ne sait pas broder ». L’ordre établi va alors voler en éclats, lorsque l’une partira à la guerre, tandis que l’autre mènera une autre bataille, rusée et audacieuse…

04 93 40 53 00

28 avril Théâtre de Grasse theatredegrasse.com

© Arteos

Adios Bienvenida

04 92 52 52 52

10 & 11 mai La Passerelle, Gap theatre-la-passerelle.eu © Beatriz Orduña

3 mai Théâtre Durance, Château Arnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr

25 avril Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu

La Mouette 4x4 : Ephemeral architectures Quatre danseurs et quatre jongleurs vont se partager une architecture imaginaire et éphémère faite de traces invisibles et d’ombres portées, imaginée par Gandini Juggling et le Royal Ballet de Londres : une alliance entre la danse et la jonglerie, les deux arts se nourrissant l’un l’autre. La musique de Nimrod Borenstein, interprétée en direct par un quintette à cordes, accompagne finement cette mise en miroir des corps et des objets. 13 mai Théâtre Durance, Château Arnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr

Thibault Perrenoud se plaît à monter des classiques fondamentaux au théâtre, et après Le Misanthrope, c’est au tour de La Mouette, car il voit entre ces deux œuvres des problématiques complémentaires, profondément humaines. Pourquoi cette pièce-là, cent fois remise sur les planches ? « Parce que personne ne raconte mieux que Tchekhov à quel point il est difficile de trouver une raison de vivre tous les matins. »

04 92 52 52 52

4 au 6 mai La Passerelle, Gap theatre-la-passerelle.eu

Le Mimaia Teatro de Barcelone est de retour sur nos planches ! Mimaia signifie cachette ou refuge dans le sud de l’Espagne, et c’est bien volontiers qu’on les accompagnera dans ce lieu secret où naissent les histoires. Celle de Bienvenida (Bienvenue), par exemple, cuisinière hors pair, qui régale les marins, musiciens et voyageurs de ses délicieuses sardines. Un merveilleux spectacle de marionnettes, à voir à partir de 6 ans. 5 mai Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu


au programme spectacles var vaucluse

51

Le bal des rêves

MDLSX

La Barbe bleue © Luc Marechaux

Une réflexion sur l’identité multiple, sur nos codes de genres et de sexes, bien souvent dominés par un conditionnement social mêlant conscient et inconscient. Voilà ce que propose la compagnie Motus dans son nouveau spectacle. Réputée subversive, la troupe italienne bouscule les idées reçues dans un spectacle conçu comme une sorte de performance. La DJ Silvia Calderoni, au physique androgyne, joue des platines et de la vidéo, filmant son corps changeant, et brouille nos références du masculin et du féminin.

Y a-t-il encore une place pour le rêve dans notre monde hyper connecté où tout semble à portée de clic ? Le collectif Subito Presto convie le metteur en scène libanais Karim Dakroub pour s’interroger sur la dimension du songe et dresser un pont entre les générations. La chorégraphie de Lucia Carbone se métisse de marionnettes et de vidéo en relatant le lien émouvant d’un enfant à son grand-père.

La création de Michel Kelemenis s’inspire du conte de Perrault, La Barbe bleue. Mais le chorégraphe inverse les rôles : il ne s’agit plus d’un homme jaloux au point de tuer toutes ses épouses. La Barbe bleue est une femme, ogresse séductrice et assassine accompagnée des fantômes de ses époux. Trahison, vengeance monstrueuse sur les compositions originales de Philippe Hersant et Christian Zanési… Quelle porte interdite sera ouverte ?

26 & 29 avril Théâtre des Carmes, Avignon 04 90 82 20 47 theatredescarmes.com © Nada Zgank

4 & 5 mai Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

28 avril Châteauvallon – Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

Fary

Sombre rivière Depuis une dizaine d’années, Lazare est devenu l’une des figures majeures du théâtre en France. À la fois auteur, acteur et metteur en scène, il instille à son art une impulsion mêlée de poésie, de rêve, de réflexion et de folie. Marqué par l’immigration dans son histoire personnelle, il crée, entre 2006 et 2012, une trilogie contant le destin d’une famille liée à l’Algérie et à la France. Avec une dizaine de comédiens et de musiciens, il prolonge, revisite et amplifie cette première série de spectacles.

© Julien Weber

J’ai trop peur

© Jean-Louis Fernandez

28 avril Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

© Agnes Mellon

9 mai Auditorium Jean Moulin, Le Thor 04 90 33 96 80 artsvivants84.fr

25 & 26 avril Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

« Croisons-les » est l’un des grands divertissements d’internet. Le principe est de mixer les photos de deux personnalités pour leur donner un seul visage. Fary pourrait être une sorte de prolongement de l’expérience sur scène. Imaginez par exemple le métissage de Desproges et Djamel, cela vous donnera une idée de ce que peut être un spectacle de cet humoriste. Entre vannes de stand-up et assauts politiquement incorrects, il mêle le rire léger à l’acidité cynique. A découvrir ! 6 mai Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

Passer de l’école primaire au collège. Même à l’âge adulte, chacun se souvient de son air un peu perdu le jour de la rentrée en 6e dans cette immense cour où tout semble nous éloigner définitivement de l’enfance. David Lescot nous plonge dans ce monde à l’amorce de l’adolescence. Puisant dans son vécu, il crée une langue, un univers, qui s’adaptent et s’adressent aux jeunes de l’époque actuelle. Les trois comédiennes incarnent à merveille les personnages qu’il invente. 5 mai Châteauvallon – Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com


52 au programme spectacles var

Chut

Amok

L’attrait du vide, le vertige, la fragilité. C’est à partir de ces concepts que Fanny de Chaillé a créé ce spectacle interprété par Grégoire Monsaingeon. « La montagne me donne une sensation de vertige, de déséquilibre qui est au centre de ce projet », explique la chorégraphe. Le titre, jouant sur le fait de tomber et celui de se taire, évoque la démarche proposée : une réflexion sur la vulnérabilité humaine face à l’immensité du monde et de la nature. Face à la vie tout simplement.

Quand le théâtre peut mener à l’épanouissement. Un jeune garçon tout fraîchement arrivé dans ce nouveau collège s’y sent très mal à l’aise. La rencontre avec son prof de théâtre va tout changer. Il retrouve alors confiance en lui et surtout se découvre une sorte de jumeau : Cyrano. Le personnage de Rostand qui n’ose dire son amour pour sa belle lui ressemble décidément beaucoup ! La Cie Qui Va Piano signe ce spectacle, écrit et interprété par Nicolas Devort.

© X-D.R

© Marc Domage

Dans la peau de Cyrano

L’action se déroule au début du siècle dernier. Elle prend place sur le pont d’un bateau qui vogue vers l’Europe. Un des passagers semble bien étrange. C’est un médecin qui rentre de Malaisie et porte en lui un lourd secret, qu’il distille au long de la traversée. Il y est question d’une femme, d’amour, de passion, de folie, et de l’amok, cette crise meurtrière qui atteint les Malais sous l’emprise de l’opium. Caroline Darnay met en scène ce texte de Stefan Zweig, interprété par Alexis Moncorgé.

© Margotte Huleux

12 mai Châteauvallon – Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

1918 l’homme qui titubait dans la guerre

25 avril Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr

10 mai Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr

Pop up garden

« Oratorio », annonce le sous-titre de cette pièce. Le terme sonne un peu solennel, mais le propos du spectacle est grave. Il évoque la grande boucherie que fut la soi-disant « Der des Ders ». Guillaume Cantillon, le metteur en scène, s’attache à faire entendre la voix des soldats sacrifiés avec un récitant et un chœur. A partir des textes de Cendrars ou Apollinaire, il signe une œuvre émouvante, témoignage d’une mémoire lointaine mais toujours vive. du 21 au 23 avril Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr

2 mai Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr

© X-DR

Trois Molière sinon rien ! Tout ira d’ailleurs par trois dans ce spectacle de la Cie Emilie Valantin. Trois comédiens sont sur le plateau, Alexandra Ré, Pierre Saphores et Jean Sclavis. Ils manipulent trois sortes de marionnettes, à gaines, à fils, à marottes, et interprètent trois pièces de Molière. Les marottes sont pour Dandin ou la jalousie du barbouillé, les gaines pour Le Médecin malgré lui, et les fils pour Le Malade imaginaire.

© X-D.R

© X-D.R

Molière x 3

La nouvelle pièce de la Cie TPO jongle avec deux concepts fondateurs. Celui du Jardin planétaire théorisé par le paysagiste Gilles Clément, qui initiait il y a 20 ans l’idée que notre Terre est un espace fini, où la nature fait jardin, à observer sans contraindre. Il y a aussi le mouvement de la chorégraphe Isadora Duncan, prêtresse d’une nouvelle danse intuitive. En route pour un voyage au pays du geste libéré et d’une philosophie environnementale consciente des surprises que peut nous offrir la nature. Sculptures en papier, images projetées au sol invitent les (jeunes) spectateurs à participer à cette invention d’un nouveau paysage. 10 mai Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com


53

Concerto pour 2 clowns

Ce titre en anglais se traduit par « en floraison ». Et c’est bien de fleurs qu’il s’agit ici, plus précisément de la saison où elles éclosent. Le Sacre du Printemps, grand classique de la danse, est adapté en version hip-hop par la Cie Chute Libre. Outre cette lecture chorégraphique, le metteur en scène Pierre Bolo y adjoint une dimension tribale. L’univers est électrique et industriel, l’ambiance digne d’une rave party. Le décalage avec l’œuvre originale est net, l’éclat de renouveau l’est tout autant.

Des clowns musiciens. La Cie Les Rois Vagabonds ne nous entraîne pas sur les chemins de n’importe quelle musique : il s’agit de la noble, la classique, celle qui fait des fois un peu peur et impressionne. Bach, Strauss, Vivaldi ! Une clownesse altière qui joue de l’alto et son comparse tout voûté qui traîne son tuba. Le public d’Avignon les a récompensés en 2013, et la piste est encore parsemée d’étoiles pour ces deux inventeurs de cirque.

Venavi, ou pourquoi ma sœur ne va pas bien 12 mai Pôle Jeune Public, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 polejeunepublic.fr

Tout l’univers en plus petit Un bateau qui voguait vers Buenos Aires a fait naufrage. Le grand cirque Tout l’Univers était à son bord, et seuls deux garçons de piste (dont une fille) ont survécu. Réfugiés dans la malle qui leur a servi de radeau, ils ont fini par gagner les côtes de l’Argentine. Une fois à terre, il leur a bien fallu s’inventer une vie. En puisant dans leurs souvenirs, leur savoir-faire, ils vont fabriquer un spectacle et continuer à avancer. Par la Cie Attention Fragile.

15 avril Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com

Bella C’est l’histoire d’une petite fille qui rêve de voler. Un beau jour, elle se sent devenir si légère que son rêve se réalise et la voilà poussée par le vent qui atteint les nuages. La metteure en scène italienne Marina Montefusco adapte ici un texte écrit au début du XXe siècle par le poète Guido Gozzano. Avec la technique japonaise du bunraku, les marionnettes de ce spectacle sont manipulées par trois comédiens, qui leur donnent grâce et finesse. Et les portes de l’imaginaire s’ouvrent.

© Cie Chute libre

In bloom

Les jumeaux sont paraît-il des êtres à part. Même séparés, ils sont comme liés à jamais. Dans ce village d’Afrique Akouété et Akouélé sont frère et sœur jumeaux. Quand le garçon décède, les habitants du village cachent sa mort à Akouélé, préférant lui raconter qu’il est parti chercher du bois. Ils ne fabriquent pas non plus le venavi, cette statuette que l’on confie au jumeau survivant pour qu’il ne soit pas tenté par la mort. Alors Akouélé attend le retour de son frère...

© Anne Wenger

Venavi…

29 avril Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com

Rock’n chair La danse, appréhendée comme un jeu. Le public est sur scène avec les quatre interprètes. Le plateau est celui d’un jeu de société. On tire des cartes avec les règles à suivre : « lent », « proche du public »,… Il y a aussi les cartes « action », et les jokers. Les Doors accompagnent le jeu au son. La CieF invente une danse ludique, qui s’élabore en direct, dans un joyeux mélange de spontanéité et de création commune. À partir de 8 ans.

13 mai Sous chapiteau au Terrain Allio Théâtre Marelios, La Valette-du-Var 04 94 23 62 06 lavalette83.fr

© Nina-Flore Hernandez

© XDR.

24 avril Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com

26 & 27 avril ECSVS, La Roquette-sur-Siagne 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com


54 au programme spectacles alpes-maritimes

Les Événements

Je crois en un seul Dieu

David Greig, auteur écossais, signe ici un texte qui attrape à bras le corps la question de l’empathie. Claire (Romane Bohringer) , pasteure engagée à gauche, dirige une chorale dans un quartier d’immigrés. Survient un jeune homme (Antoine Reinartz) qui tire sur ceux qu’il considère comme « pas d’ici ». S’ensuit un dialogue entre celle qui cherche à comprendre, tout en conservant son sentiment d’amour envers et contre tout, et le tireur fou, qui se découvre. La chorale est sur scène, chœur et agora. Mise en scène de Ramin Gray.

Le texte de Diderot met en présence deux personnages : Lui, l’inconstant, l’artiste, fantasque, cynique, et Moi, le philosophe, moraliste, qui tente de persuader le neveu du célèbre musicien que seule l’honnêteté peut rendre heureux. Une allégorie qui permet à l’auteur de réfléchir à ce que serait un citoyen idéal. Toujours moderne, ce texte des Lumières, adapté, est mis en scène par Jean-Pierre Rumeau, avec Nicolas Vaude (Lui) et Nicolas Marié (Moi), et Olivier Beaumont au clavecin, sur une partition de… Rameau.

La nouvelle pièce du dramaturge italien Stefano Massini aborde le conflit israélo-palestinien sous trois angles. Trois sensibilités, trois vies : celles d’une professeur israélienne qui enseigne l’histoire juive, celle d’une étudiante palestinienne qui veut devenir une martyre terroriste, et celle d’une militaire américaine venue soutenir l’armée israélienne. Trois femmes incarnées par la même comédienne, Rachida Brakni, dirigée par Arnaud Meunier. Les destins se croisent et s’imbriquent, dans un déroulement haletant. 26 au 29 avril Théâtre national de Nice 04 93 13 90 90 tnn.fr

4 & 5 mai Théâtre de Grasse theatredegrasse.com

10 & 11 mai Théâtre national de Nice 04 93 13 90 90 tnn.fr

Les empreintes de l’âme © Chantal Palazon

Misery

© Yves Guibeaud

04 83 76 13 00

4 au 6 mai Anthéa, Antibes anthea-antibes.fr

Un petit bout de Paradis

Simon Moore a eu l’idée en 1999 d’adapter le roman Misery de Stephen King pour le théâtre. Cela offre un duo effrayant entre un auteur et sa groupie psychopathe, que Daniel Benoin met pour la deuxième fois en scène, avec Myriam Boyer et Francis Lombrail pour incarner le couple infernal. La passion littéraire franchit les limites, pour devenir dévoration. Une réflexion sur la liberté de créer, et le rapport au public. Le tout dans l’atmosphère angoissante des romans du maitre de la terreur.

Dans les années 80, la France se divisait en deux clans farouchement opposés : ceux qui adulaient Elsa, et ceux qui vénéraient Vanessa. Vanessa a gagné. 30 ans plus tard, c’est une star, on ne sait pas si elle a gagné le paradis, mais elle a gardé son public. José Pliya compose ce qu’il appelle une « fantaisie beckettienne ». Quatre fan attendent la jeune chanteuse à la sortie d’un concert. Envie, langueur, compétition, absurde : notre société dans ses travers comiques et tragiques sont ici concentrés.

27 au 29 avril, 2 au 5 mai, 9 au 12 mai & 14 mai Anthéa, Antibes 04 83 76 13 00 anthea-antibes.fr

11 & 12 mai Anthéa, Antibes anthea-antibes.fr

04 83 76 13 00

© J-C Fraicher

04 93 40 53 00

Rachida Brakni © C. Bellaiche.

© Serge Martinez

Le neveu de Rameau

Il est ici question d’eugénisme. Eliminer les handicapés, pour préserver la pureté d’une race chimérique. Antonio Vigano décuple la force du propos du texte de Giovanni di Martis en mettant sur scène des comédiens en situation de handicap. Des « savants » et professeurs, incarnés par les autres acteurs, déroulent leur discours théoricien. Une expérience particulière, comme un morceau d’Histoire « en vrai », la poésie du spectacle en plus. 26 au 28 avril Théâtre national de Nice 04 93 13 90 90 tnn.fr


au programme specatacles alpes-maritimes var

55

Dante L’artiste permanent du Théâtre national de Nice propose, pour sa nouvelle création, une réinterprétation du texte de Dante, La Divine comédie, dans ce spectacle intimiste qui nous fera voyager de l’Enfer jusqu’au Paradis. Deux musiciennes comédiennes (Marjolaine Alziary au violoncelle et Mari Laurila-Lili au piano) et l’auteur metteur en scène Renato Giuliani parcourent ce chemin initiatique, guidés par la poésie et les mélodies, dans un monde entre Moyen Âge et contemporain, où l’Enfer s’apparente à notre société dirigée par les multinationales. Une expérience métaphysique.

Fugue Oui, c’est une fugue musicale : on chante, on joue du violoncelle, de la trompette, les mélodies sont moyenâgeuses. C’est une fugue intérieure aussi, au cœur du Pôle sud. La troupe de Samuel Achache cherche un lac enfoui sous les glaces, à 4000 mètres de profondeur. Quête existentielle pour chacun des membres de cette équipe scientifique loufoque. Le texte est enlevé et métaphorique, les comédiens multi talents, et l’atmosphère de comédie musicale embrase la glace.

Paysages intérieurs Les spectacles de Philippe Genty nous font souvenir de certains de nos rêves. Plus que de la magie, de la danse, de la manipulation de marionnettes, il propose une mise en scène de nos inconscients. Cette dernière création est pour sept acteurs et marionnettes, chorégraphiée par Mary Underwood. Les couleurs sont pastels, la musique planante, les apparitions oniriques. Attrapons un peu de cette atmosphère, distillée dans une tournée mondiale, comme tous les spectacles de cet artiste à renommée internationale.

© Philippe Genty

© J-L Fernandez

10 au 13 mai Théâtre national de Nice 04 93 13 90 90 tnn.fr

Comme une pierre qui… 10 mai Scène 55, Mougins 04 92 92 55 67 scene55.fr

28 & 29 avril Théâtre national de Nice 04 93 13 90 90 tnn.fr

12 mai Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com

Monde imagination Fruit de quatre ans d’ateliers mené en milieu carcéral, la pièce du chorégraphe niçois Éric Oberdorff concentre en gestes, mots, et musique les notions d’enfermement, promiscuité, révolte, apathie, répétition, temps désincarné. Deux danseuses (Emma Lewis et Hélène Rocheteau), un compositeur (Anthony Bacchetta) et une musicienne (Delphine Barbut) transmettent dans ce spectacle intense l’intérieur de la prison : un monde sans horizon, mais où l’imaginaire sert de viatique.

3 & 4 mai Théâtre national de Nice 04 93 13 90 90 tnn.fr

La Comédie-Française débarque à Mougins ! Pourtant, point de Molière ou Marivaux. Marie Rémond, avec Sébastien Pouderoux, nous offre un moment privilégié : une plongée dans l’instant créatif, lorsque Bob Dylan et ses musiciens inventaient la musique de son iconique Like a rolling stone. Hésitations, fulgurances de la création, acharnement, complicité des artistes. A travers la mise en musique de ce poème contemporain, c’est l’universalité de l’acte de créer que nous découvrons en live. 9 avril Scène 55, Mougins 04 92 92 55 67 scene55.fr

Yoann Bourgeois, co-directeur du Centre chorégraphique de Grenoble, est, entre autres, trampoliniste. Et finalement, il ne saute pas. Plutôt, il suspend l’acte de s’élever. Il interrompt la chute. Ici, c’est sur les marches d’un escalier qu’il s’élève et redescend sans cesse. La musique envoutante de Philip Glass (Métamorphose N 2) accompagne sa quête de légèreté dans une gravité terriblement émouvante.

© Magali Bazi

© E. Oberdorff Cie Humaine

© Simon Gosselin

Fugue/trampoline

28 & 29 avril (5 représentations par jour) Bijou plage, Cannes 04 92 99 84 00 palaisdesfestivals.com


56 au programme spectacles alpes-maritimes gard

Les carnets du sous-sol

Marie Chouinard © Alice Blangero

Créations Chouinard/ Horecna

Poursuivant leur tradition d’aide à la création, les Ballets de Monte-Carlo croiseront à nouveau leur route avec celles de deux grandes chorégraphes aux univers bien marqués, Marie Chouinard et Natalia Horecna. On avait déjà applaudi la première dans son bODY rEMIX et la seconde avec Fatalistic Visions Predominate. La complicité nouée lors de ces premières collaborations a poussé chacune des deux artistes à offrir à la Compagnie une création. Bonheurs virtuoses et signifiants en perspective !

Ce sont les mots d’un « homme malade, d’un homme méchant… ». Les premiers d’un long monologue écrit par Dostoïevski en 1864, qui donne la parole à un désenchanté du XIXème siècle : il se désole de la montée du rationalisme, qui grignote le « beau et le sublime ». Nicolas Oton (Machine Théâtre) crée et joue ce texte, dans une mise en scène sobre qui laisse toute sa force aux mots.

Non mais t’as vu ma tête ! Peintre et clown à la fois, l’association n’est pas banale. Luc Amoros allie les deux disciplines. Il entreprend, en direct et sans paroles, trois portraits, qui très vite lui échappent. Son autoportrait vieillit malgré lui. Puis une photo d’enfant s’impose sur la toile… Pour reprendre le pouvoir sur ses créations, il va falloir que l’artiste s’attaque à brosser les enfants du public… Alors tout devient possible. A partir de 4 ans.

19 au 21 avril Salle d’à côté, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr

© Vincent Frossard

Barbe Neige…

27 au 30 avril Forum Grimaldi, Monaco 03 77 99 99 20 00 grimaldiforum.com balletsdemontecarlo.com 04 66 36 65 10

26 avril Odéon, Nîmes theatredenimes.com

La cuisine d’Elvis

04 66 36 65 10

19 au 21 avril Odéon, Nîmes theatredenimes.com

3 mai Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes 04 66 36 65 10 theatredenimes.com

© Laurent Philippe

Écrite en 1999 par l’auteur britannique Lee Hall, cette pièce célèbre le mauvais goût, lui donne toute sa force libératrice, humoristique et transgressive. Le père (Pierre Maillet, également à la mise en scène), sosie d’Elvis Presley, cloué dans une chaise roulante depuis un accident, est témoin des émois de sa femme, décidée à vivre malgré tout, et qui ramène vivre à la maison son amant bien bâti. On cuisine, on chante (le père soudain se lève et rêve), on mange beaucoup. On vit à fond.

En 1965, la chorégraphe américaine Anna Halprin ouvrait un champ nouveau de la danse post-moderne. Voilà que les gestes du quotidien montaient sur le plateau. La nudité aussi. Anne Collod, en dialogue avec la créatrice de la pièce (qui a aujourd’hui 96 ans), et le musicien Morton Subotnick, proposent une réinterprétation de Parades & changes. De l’art de nourrir et faire vivre l’histoire de la danse.

© Jérôme Delatour.

© X-D.R.

Parades & changes

La chorégraphe italienne Laura Scozzi réunit 8 hip-hoppeurs pour une incursion dans le monde des contes. Et tout est renversé : Blanche Neige est noire, la Belle ne veut pas se réveiller, la pantoufle est perdue. Les corps se déchainent, malmènent les codes, bousculent Walt Disney, produisent une féérie colorée, énergisante et libre. À partir de 8 ans. Barbe Neige et les Sept petits cochons au Bois dormant 25 avril Grande salle, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr


au programme spectacles gard hérault 57

Don Quichotte

© Christophe Raymaud de Lage

Un obus dans le cœur Guillaume Séverac-Schmitz, seul sur scène, éructe et pleure, s’émeut et se souvient, se révolte, s’effraie du chemin qu’il reste à parcourir : sa mère est en train de mourir. Le texte de Wajdi Mouawad est percutant. Les mots traduisent, au-delà de la tristesse, le désarroi d’un jeune homme qui entre dans l’âge adulte. C’est cru, violent, bouleversant, et furieusement vivant. À partir de 14 ans.

Miet Warlop navigue entre chorégraphie, théâtre, arts plastiques et performance. Fruits of labor est le troisième volet d’un triptyque entamé avec Mystery Magnet et Dragging the Bone. Une batterie sur scène, qui surpasse la bande son et impose un rythme décalé à l’ensemble, un parallélépipède blanc sert de support à un Christ en croix, les plafonds dégoulinent. Un spectacle mouvant qui interroge la notion d’équilibre avec une sculpture qui s’élabore sur scène.

3 au 5 mai Grande salle, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr © X-D.R.

© X-D.R

Anne-Laure Liégeois (Cie Le Festin) adapte et met en scène son Don Quichotte. Celui-ci n’est pas ridicule, encore moins pathétique. Il est fervent, doux rêveur, il poétise sa vie et celle de Sancho. Ils y croient, à ce combat contre « l’injustice, qui ne repose ni le jour ni la nuit », et nous aussi. On les suit volontiers dans leur découverte de la liberté, « la liberté de ceux qui échappent à leur classe ».

Fruits of labor

27 & 28 avril Salle d’à côté, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr

25 au 28 avril Domaine de Grammont, Montpellier 04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr

Karamasov Piccoli sentimenti

2 & 3 mai Salle d’à côté, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr

Spectacle fleuve (5 heures), créé l’été dernier au Festival d’Avignon, l’adaptation du roman de Dostoïevski par Jean Bellorini, jeune directeur du CDN-Théâtre Saint-Denis, est envoutante. Les tempéraments s’exacerbent dans une scénographie fluide, qui permet au metteur en scène de nous plonger au cœur des sentiments mêlés des personnages. Noirceur et chaos se déroulent avec une humanité puissamment incarnée par la fidèle troupe d’acteurs de Bellorini. Moderne et fougueux. (voir sur journalzibeline.fr)

The Dog Days are Over Le danseur et chorégraphe flamand Jan Martens se concentre sur des gestes simples, qu’il creuse jusqu’à épuisement. Dans cette pièce, c’est le saut. Inspiré par la remarque du photographe américain P. Halsman, affirmant en 1958 que la concentration demandée par le saut fait tomber le masque, et « ainsi apparaît la véritable personne », Martens pousse ses huit danseurs au bout du geste, de la complexité chorégraphique. Que voit-on alors ? Le vrai danseur, le désir voyeur du spectateur, l’absurdité de la mise en spectacle ? Une réflexion bondissante.

20 avril Domaine d’O, Montpellier 0800 200 165 domaine-do-34.eu 27 & 28 avril Théâtre Molière, Sète 04 67 74 66 97 theatredesete.com

© Piet Goethals

© Melisa Stein

© Guillaume Chapeleau

Ce spectacle est le fruit de l’union de deux compagnies renommées. Les belges de Tof Théâtre, maitres de marionnettes, et les italiens du Teatro Delle Briciole, l’une des plus célèbres troupes de théâtre jeune public au monde. Les voici donc qui, ensemble, nous invitent à découvrir le monde d’un petit être indéfini, qui pourrait bien nous ressembler très fort. Une alliance magique entre marionnettes, art brut et musique, dans un espace sur mesures pour les « petits sentiments » -souvent les plus forts. À partir de 3 ans.

4 & 5 mai Domaine de Grammont, Montpellier 04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr


58 au programme spectacles hérault

Les Misérables

La Veillée

Braises

19 au 21 avril Théâtre Jean Vilar, Montpellier 04 67 40 41 39 theatrejeanvilar. montpellier.fr

Petits Chaos La Compagnie de l’Echelle aborde un bien beau concept : celui de « devenir quelqu’un ». Le « Sujet », dès sa naissance, cherche à échapper à lui-même pour devenir ce quelqu’un d’autre tant convoité. Mais qui ? Il passe les tests et les étapes plus ou moins brillamment, laissant tomber des pans de lui-même, qu’il ne se résout pas à abandonner complètement : il les range dans une boite qu’il emmène partout avec lui. Jusqu’à ce qu’elle devienne si encombrante qu’un choix s’impose… Spectacle de marionnettes, à partir de 8 ans. 27 & 28 avril Théâtre Jean Vilar, Montpellier 04 67 40 41 39 theatrejeanvilar.montpellier.fr

© JP Estournet

On les avait déjà croisés pendant La Quermesse de Ménétreux. Mme Champolleau et Mr Gauthier, au cours d’un voyage organisé, sont hébergés dans une maison de retraite. Ils aiment parler, raconter surtout. Alors ils invitent leurs hôtes (nous, les spectateurs) à une veillée. Pascal Rome invente ici encore, avec la Cie O.p.U.S., des petits moments très réels à vivre ensemble au coin du feu. Des tranches de vies si simples, avec toujours ce petit quelque chose qui cloche, qu’elles nous ramènent à la vraie vie. 3 & 4 mai La Crique de l’Angle, Balaruc-le-Vieux

4 & 5 mai Théâtre Jean Vilar, Montpellier 04 67 40 41 39 theatrejeanvilar. montpellier.fr

5 mai Quai Antonin Gros, Marseillan 6 mai Terrain de tambourin, Mèze 04 67 74 66 97

Vive les animaux ! Vinciane Despret est philosophe, spécialiste de la question animale. En poste à l’Université de Liège, elle a inspiré Thierry Bedard, qui depuis une dizaine d’années met en scène les grands courants de la pensée contemporaine. Une « conférence savante et foraine » théâtralise des extraits d’une intervention de la philosophe intitulée « Que diraient les animaux si… » Création au sein du Campus Paul-Valéry et … du Zoo du Lunaret ! Spectacle co-accueilli par le Théâtre de la Vignette et le Théâtre Jean Vilar. 26 & 27 avril Campus Paul-Valéry, Montpellier 29 & 30 avril Zoo du Lunaret, Montpellier 04 67 40 41 39 theatrejeanvilar.montpellier.fr 04 67 14 55 98 theatre.univ-montp3.fr

theatredesete.com

Shake

© Mario del Curto

Beaucoup de personnages, de souffle, de drame, d’amour, dans le texte de Victor Hugo… Comment incarner cette somme gargantuesque sur un petit plateau, en 1 h 10 ? La Cie belge Karyatides sublime les grands textes de la littérature dans l’art de la métaphore et de l’imaginaire : la marionnette. Petits objets pour grands spectacles. Prix du public au Festival Off d’Avignon (catégorie Marionnettes).

© Francesca Torrachi

© Yves Gabriel

Le mariage approche. Dans une famille attachée aux traditions, Leila se prépare à l’union, à perpétrer les coutumes, à vivre une vie écrite par un mariage forcé. Mais sa sœur Neïma, femme libre et désespérée, surgit avant la fête, et tout bascule. Les deux adolescentes se confrontent, chacune avec leur histoire, aux carcans de la culture et de la filiation, en route vers l’émancipation. Texte de Catherine Verlaguet mis en scène par Philippe Boronad.

La Nuit des Rois, Shakespeare. On connaît. On apprécie. Shake, c’est le classique revisité par Dan Jemmett, qui nous revient dans une recréation 2015. (première triomphale en 2001). Le diminutif, ce n’est pas de la familiarité, c’est de l’amour. Le metteur en scène décale et décuple le texte, transforme les scènes en music-hall, la scène en cabines de plage, les acteurs en personnages multi facettes dans cette histoire de deuils, trahisons, amour, passion. Du théâtre hors limite, à partir de 11 ans. 11 & 12 mai Théâtre Molière, Sète 04 67 74 66 97 theatredesete.com


« Les mystères de Marseille...» 18€ +3,88€ (frais de port/livre)

« Un appel pour la République, des pistes pour la refonder..» 15 €+2,84€ (frais de port/livre)

«Un manifeste pour la démocratie locale...» 8€ + 3,88€ (frais de port/livre)

« Une autobiographie de jeunesse...» 15 € + 3,88€ (frais de port/livre)

« Un concentré de galéjade...» 12€ + 2,84€ (frais de port/livre)

« Une histoire populaire et sensible de Marseille...» 28,50 € + 5,01€ (frais de port/livre)

« Un regard engagé sur le MoyenOrient...» 14€ + 3,88€ (frais de port/livre)

« Un journal sensible et militant...» 15 € + 3,88€ (frais de port/livre)

« Avons-nous besoin d’un président ?...» 12€ + 2,84€ (frais de port/livre)

« Une ode à la ville d’Antibes...» 16€ + 3,88€ (frais de port/livre)

Je commande Recevez vos livres chez vous

« Echange de fulgurances poésiques sur la toile..» 16 €+3,88€ (frais de port/livre)

« Voyages dans l’histoire de la ville de Port-de-Bouc..» 22 €+5,01€ (frais de port/livre)

Emile Zola - Les mystères de Marseille ....................................................(.......) ex. x 18 € + (...... x 3,88€) = ............... € Gaby Charroux - Métropole, un autre chemin ........................................(.......) ex. x 8 € + (...... x 3,88 €) = ............... € Bernardi Ghirardi - Mes contes de Marseille ..........................................(.......) ex. x 12 € + (...... x 2,84 €) = ............... € Josiane Durrieu - Entre les mains des Kurdes .........................................(.......) ex. x 14 € + (...... x 3,88 €) = ............... € Eric Sordet - Electrique cité .......................................................................(.......) ex. x 15 € + (...... x 3,88€) = ............... € Pierre Dharréville - Un printemps pour la République ...........................(.......) ex. x 15 € + (...... x 2,84 €) = ............... € Robert Rossi - Rock des banlieues ..........................................................(.......) ex. x 15 € + (...... x 3,88 €) = ............... € R. Guédiguian /G. Leidet - Marseille, port d’attaches.........................(.......) ex. x 28,50 € + (...... x 5,01 €) = ............. € Noël Luzi - Et si on se passait de Président ! ...........................................(.......) ex. x 12 € + (...... x 2,84 €) = ............... € Gérard Piel - Bien mal acquis... ..............................................................(.......) ex. x 16 € + (...... x 3,88 €) = ............... € A. Castelli/J.Rousset - L’almanach poésique ........................................(.......) ex. x 16 € + (...... x 3,88 €) = ............... € Pierre Pradel - On a chanté sur les pavés ! ...........................................(.......) ex. x 12 € + (...... x 2,84 €) = ............... € Roland Joly - Antoine, ou la passion de Port-de-Bouc .......................(.......) ex. x 22€ + (...... x 5,01 €) = ............... € C. Deshoulières/S. Kaiser - Candyda ou Voltaire au féminin .............(.......) ex. x 22€ + (...... x 5,01 €) = ............... € TOTAL= ................................................................................................................................................................................. €

« Collecte des chansons qui ont animé les manifestations..» 12 €+2,84€ (frais de port/livre)

Je joins un chèque à l’ordre de La Marseillaise 17-19, cours d’Estienne d’Orves - 13001 MARSEILLE Nom : ............................................................... Prénom : ............................................................................... Adresse : ........................................................................................................................................................ ...................................................................................................................................................................... Mail : ...................................................................... Tél. : ..............................................................................

COMMANDE PAR COURRIER AUPRES DU JOURNAL 17-19 COURS D’ESTIENNE D’ORVES 13001 MARSEILLE

« Roman trépidant et jubilatoire...» 22 € +5,01€ (frais de port/livre)


60 au programme cinéma bouches-du-rhône var vaucluse hérault

Zone rouge

Cinéma libanais

CinéFID 2

Zone rouge, de Laëtitia Moreau et Olivier Dubuquoy © Les Films d’ici 2 & Gorgone

La pollution des côtes marseillaises, en particulier la zone protégée des calanques, par des rejets de boues rouges, est un scandale qui dure depuis des décennies. En cause, une usine d’alumine de Gardanne qui déverse ses déchets en mer et la contamine irrémédiablement. Le tout accompagné d’un discours rassurant mensonger des dirigeants successifs de l’usine et la complicité des autorités politiques et de scientifiques. Le film édifiant de Laëtitia Moreau et Olivier Dubuquoy réalisé en 2016, revient sur 50 ans de totale intoxication. Dans le cadre de l’exposition Vies d’ordures (lire aussi p 26). 28 avril MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 mucem.org

L’enjeu grec

La Tourmente grecque, de Philippe Menut © Films des deux rives

Le 11 avril à 20h, aux Variétés, Attac fait son cinéma et le Collectif Marseille avec les Grecs proposent la projection de La tourmente grecque II-Chronique d’un coup d’état, en présence de son réalisateur, Philippe Menut. Dans ce « documentaire-lanceur d’alerte », le cinéaste mène une enquête claire et précise sur les mécanismes du capitalisme financiarisé. Ex-journaliste, il affirme avoir réalisé le film pour expliquer ce qu’il avait compris et avoir compris ce qu’il expliquait en le tournant. Dette publique, austérité imposée par les institutions européennes, alternatives démocratiques, le débat qui suivra la projection ne manquera pas d’actualité dans ce printemps électoral ! Cinéma Les Variétés, Marseille 08 92 68 05 97 cinemetroart.com

Après The End de Guillaume Nicloux, le FID, en partenariat avec Les Variétés, propose un film inédit en France, Tower de Keith Maitland (le 13 avril). Une reconstitution faite d’archives et de témoignages liés par une animation rotoscopique d’un fait divers dramatique. Le 1er août 1966, un tireur d’élite ouvre le feu sur les passants depuis le poste d’observation de la tour de l’horloge de l’université du Texas à Austin. La police mettra 96 minutes à le mettre hors d’état de nuire. Au total, 16 personnes furent tuées et trois douzaines d’autres blessées avant que le tireur, un ex-Marine de 25 ans, Charles Whitman, soit abattu à son tour.

Tower © Keith Maitland

04 95 04 44 90

FID, Marseille fidmarseille.org

Tramontane, de Vatche Boulghourjian © Ad Vitam

Soirée libanaise le 23 avril au Gyptis. Au programme deux films à 17h et 21h : Tombé du ciel de Wissam Charaf (lire aussi p 62), qui sera là pour dialoguer avec le public, et Tramontane de Vatche Boulghourjian. Le premier, entre drame et comédie, suit Samir, un ancien milicien qui réapparaît 20 ans après sa mort présumée, dans la vie d’Omar son petit frère devenu garde du corps à Beyrouth, et se confronte à un Liban qui ne lui appartient plus. Le second plonge dans le chaos de l’histoire libanaise récente à travers le périple d’un jeune chanteur aveugle qui découvre qu’il n’est pas le fils biologique de ses parents, part à la recherche de son identité et d’une vérité dans l’entrelacs des mensonges et des dénis. Cinéma Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 lafriche.org

Un cinéma d’artificier Ciné-concert au Gyptis, le 2 mai à 20h, autour de Paris est une fête de Sylvain George. Le réalisateur présentera ce film-poème en 18 vagues qui suit une logique de discontinuité, de rupture, de passage et de devenir : les attentats, les roses blanches, l’état d’urgence, le bleu-blanc-rouge, les passages transatlantiques, les volcans, la colère, la révolte, la violence d’état, un chant révolutionnaire, le silence, et la joie. Un cinéma « d’artificier qui arrache la différence à la répétition, et invente de nouveaux rapports au présent et au passé ». À découvrir !

Paris est une fête, de Sylvain George © Zeugma Films

Cinéma Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 lafriche.org

Régis Sauder à La Ciotat Le 15 avril à l’Eden Théâtre Régis Sauder présente, en avant-première, son film Retour à Forbach, un documentaire, sélectionné à la 39e édition du Cinéma du réel, qui parle de mémoire, de transmission des racines (lire aussi p 11). Le cinéaste revient dans le pavillon de son enfance à Forbach. Il y a 30 ans, il a fui cette ville pour se construire contre la violence et dans la honte de son milieu. Entre démons de l’extrémisme et déterminisme social, comment vivent ceux qui sont restés. La projection sera précédée de celle de films d’archives sur les Houillères du Bassin de Lorraine, présentés par Régis Sauder et Marie-Laure Smilovici, intervenante en géopolitique. Il sera aussi présent au cinéma Mazarin, à Aix, le 17 avril. (Lire aussi p.7)

04 96 18 52 49

Eden Théâtre, La Ciotat edencinemalaciotat.com

08 92 68 72 70

Cinéma Mazarin, Aix lescinemasaixois.com


61

En mer Un weekend avec Danièle Thompson Les Lumières de l’Eden offrent une carte Blanche à la réalisatrice Danièle Thompson et présentent trois films. Le 22 à 18h, Fauteuils d’orchestre, film choral, chassé-croisé de personnages, de destins, de sentiments, le temps d’une soirée nostalgique au Café des Théâtres où Jessica (Cécile de France) joue le rôle du fil rouge. À 21h, Cézanne et moi qui relate l’amitié entre Paul Cézanne et Émile Zola. Et le 23 à 16h son premier long, La Bûche (César de la meilleure première œuvre de fiction), où une famille de trois sœurs aux parcours opposés et leurs parents divorcés vont tenter de régler de vieux comptes… Les séances seront présentées par Danièle Thompson et le critique Yves Alion.

Winter sleep

La véritable histoire du radeau de la Méduse, d’Herlé Jouon et Emilie Dumont © Grand Angle Productions

Du 12 au 14 mai, Art et essai Lumière propose Cinéphiles à la barre !, trois jours de documentaires et de rencontres avec des cinéastes et des hommes et femmes de la mer : Seul sur l’océan Pacifique de Kon Ichikawa, l’histoire d’un jeune japonais, Kenichi Horie, qui décide, en 1962, de traverser le Pacifique à bord d’un voilier de fabrication artisanale de 6m, et La véritable histoire du radeau de la Méduse d’Herlé Jouon et Emilie Dumont. Le 13 mai à 20h30, Passe ta mini d’abord de Nicolas Raynaud, dix témoignages de marins participant à une des nombreuses versions de la « Mini Transat » en présence de nombreux régatiers et skippers. Art et Essai Lumière, La Ciotat 06 64 85 96 40 artetessailumiere.fr

Le potager de mon grand-père La Bûche © Pathé Distribution

04 96 18 52 49

Eden Théâtre, La Ciotat edencinemalaciotat.com

Ce long film (3h16) du cinéaste turc Nuri Bilge Ceylan sera présenté par la metteure en scène Blandine Savetier. Son spectacle Neige, joué au Liberté et tiré du livre éponyme d’Orhan Pamuk (lire p 40), évoque la situation culturelle complexe de la Turquie, étirée entre Europe et Orient. Le film, lui, est plutôt une peinture de personnages et de sentiments. Il conte l’histoire d’un vieux comédien à la retraite, devenu propriétaire d’un petit hôtel. Sa quiétude sera troublée par un jeune homme qui lui reproche d’avoir mis son père à la rue. 10 mai Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

Aube dorée, une affaire personnelle La journaliste Angélique Kourounis, réalisatrice de ce film, et Thomas Iacobi, son scénariste, seront présents le 11 avril à l’Utopia d’Avignon pour une projection unique. Aube Dorée est ce parti néo-nazi, aux scores électoraux longtemps négligeables, devenu en quelques années la troisième force politique en Grèce. La cinéaste franco-grecque s’est immergée dans cette réalité, est allée à la rencontre des militants, des sympathisants. Et elle cherche à comprendre, en ouvrant la porte à ses propres questionnements et ses angoisses. Cinéma Utopia, Avignon 04 90 82 65 36 cinemas-utopia.org

Adieu Emmanuelle Riva Le 27 janvier disparaissait Emmanuelle Riva ; l’Eden lui rend hommage en présentant, du 12 avril au 5 mai, deux films, symboles de son parcours : le mythique Hiroshima mon amour, premier long-métrage d’Alain Resnais et Amour de Michael Haneke, où elle incarne Anne, une professeure de musique octogénaire victime de deux accidents vasculaires cérébraux consécutifs, et dont l’inexorable dégradation pousse son mari (Jean-Louis Trintignant) à abréger, par amour, ses souffrances. Ce rôle lui a valu César et une nomination aux Oscars.

04 96 18 52 49

Eden Théâtre, La Ciotat edencinemalaciotat.com

Le potager de mon grand-pere, de Martin Esposito © Destiny Films

En 2016, Martin Esposito tourne ce documentaire chez son grand-père. Il observe délicatement ce vieil homme qui cultive son potager avec dévouement et surtout par amour pour son épouse décédée. Le petit-fils y apprendra quelques secrets, sur les semis ou le repiquage, mais surtout sur la valeur de la vie. Karim Dakroub, metteur en scène libanais accueilli au Liberté pour Le Bal des Rêves, présentera ce film, en lien direct avec son spectacle, où il est également question de transmission entre les générations. 5 mai Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

La Belle et la Bête La projection du film de Bill Condon est organisée en partenariat avec deux associations, Halte Pouce et Les Enfants d’Hélène. Elle s’intitule Ciné-Ma Différence, est ouverte à tous les publics et s’adresse en particulier aux familles qui ne fréquentent habituellement pas les cinémas en raison du handicap de leur enfant, qui peut avoir envie de se lever ou de se mettre à crier pendant le film. La présence de bénévoles pour encadrer ces situations permettra à tous de profiter de la séance dans les meilleures conditions. 23 avril Cinéma Nestor Burma, Montpellier 04 67 61 08 04 montpellier.fr


62 critiques cinéma

plus de cinéma sur journalzibeline.fr

Quelle connerie la guerre ! un revenant. À partir de ce fantôme, le réalisateur nous entraîne dans un univers décalé où l’on croise des personnages étonnants. Omar, garde du corps, ne sait pas manier les armes ; son père, un vieil homme traumatisé, répète en boucle « Les Ottomans sont venus et on les a découpés en morceaux. » Une actrice, Yasmine (Yumna Marwan), se met à faire de la politique maffieuse. Rami, vendeur de voitures, rêve de partir et apprend l’allemand en lisant Mein Kampf ; un voisin d’Omar monte le son de la télé quand on lui demande de le baisser ; un autre a écrit une thèse de doctorat comparant Ben Laden et la chanteuse pop libanaise Haifa Wehbe… Quant à Samir, Tombé du ciel, de Wissam Charaf © Epicentre Films

S

i par hasard on n’était pas convaincu par les vers de Prévert, les deux films présentés le 12 mars par Les Films du Delta à Rousset pour Nouv.o.monde suffisaient à nous persuader : les traces laissées par les guerres, des Balkans pour le film de Dalibor Matanic, Soleil de plomb ou au Liban pour Tombé du ciel de Wissam Charaf, ne sont pas près de s’effacer, semblant marquer à tout jamais les personnages. Dans Soleil de plomb, trois décennies (1992, 2001, 2011), deux nations (la Croatie et la Serbie) et une histoire d’amour impossible sont jouées par les mêmes acteurs (excellents Tihana Lazovic et Goran Markovic). Histoire universelle, illustrant à merveille le « narcissisme des petites différences » cher à Freud, comme l’a rappelé Pierre France qui animait le débat. Le second film, Tombé du ciel de Wissam Charaf, présenté en avant-première, a pour arrière plan la longue guerre civile qu’a connu le Liban de 1975 à 1990. Un homme marche

vers nous. Ses pas font crisser la neige sur les pentes d’une montagne. D’où vient-il ? On ne le sait pas. On le retrouve dans une rue de Beyrouth, devant une boîte de nuit où, d’abord frappé, il est recueilli par un des vigiles, Omar (Raed Yassin), qui l’a reconnu. C’est Samir (Rodrigue Sleiman), son frère disparu depuis 15 ans, un homme sans papiers d’identité,

Le train de la Mort déterminés à ce que ce convoi « de la mort » ne s’arrête pas chez eux pour y déverser les minéraux toxiques qu’il transporte, des paysans aidés par de mystérieux activistes au masque cornu et doré. Dans un espace ouvert magnifié en plans larges, la réalisatrice recrée un huis clos où se jouent à la fois une farce et un drame. Carga Sellada est une fiction « basée sur des faits réels ». La Paz veut se débarrasser en catimini de terres contaminées et, contre flatteries et promotion, charge un capitaine ambitieux de les larguer dans la nature. On lui octroie trois policiers, une vieille locomotive à vapeur nommée La Federica, en l’honneur de la ministre espagnole républicaine, et un vieux mécano-conducteur aussi anarchiste que la Montseny. Rien ne se passera bien sûr comme prévu. Ce qui devait rester confidentiel sera relayé par Carga Sellada, de Julia Vargas-Weiss © Milton Guzman

D

es trains au cinéma, il y en a eu beaucoup ! De celui, fondateur, en gare de La Ciotat à la Lison de Gabin, du Shanghai Express de Marlene à celui du Mécano de la Générale de Keaton, de ceux infernaux des films catastrophes à ceux d’Hitchcock ! Celui qui traverse Carga Sellada, le film de Julia Vargas-Weiss projeté le 18 mars à La Friche dans le cadre des 19e Rencontres du cinéma sud-américain, pourrait rappeler un train de western. D’abord pour les panoramiques, où l’horizontalité du rail double l’horizon de l’Altiplano bolivien. Ensuite pour l’attaque des «Indiens», en l’occurrence ici des villageois

la radio et l’aventure tournera au cauchemar. La satire d’un pouvoir corrompu, menteur, lâche qui « s’en lave les mains », méprise les populations, l’écologie et abandonne ses propres agents, passe par la mise en scène de l’absurdité d’une situation inextricable et le délitement de l’autorité du Capitaine Mariscal. Mais la réalisatrice ne fait pas pour autant de ses personnages des pantins. Ils évoluent au gré de l’avancée et des reculs du train. Malgré son ridicule, Mariscal devient même attachant avec ses fêlures d’enfance sur fond d’ostracisme social et sa femme-poupée qui le lâchera comme ses chefs. Ses subordonnés ont chacun leur histoire et leur poids d’humanité. Tania, jeune paysanne qui a rejoint le groupe, fuyant mariage et domesticité, rayonne en figure maternelle, sororale et rebelle. La réalisatrice, photographe de formation, offre de superbes plans de paysages à la limite de l’abstraction, dont le dernier où le Capitaine devenu un fugitif est poursuivi par son ombre avant de se fondre dans les plis des rochers. ÉLISE PADOVANI

Les 19e Rencontres du cinéma sudaméricain se sont tenues du 17 au 25 mars au cinéma Le Gyptis et à La Friche, à Marseille


63

surnommé Sniper, qu’a-t-il fait pendant la guerre et après ? On ne le saura pas, mais le Beyrouth qu’il retrouve n’est plus celui qu’il a quitté. Les machos draguent les filles sur la Corniche et rêvent de voitures de luxe, les anciens miliciens sont devenus vigiles et les jeunes bourgeois font la fête… « Notre société est réellement traumatisée par la guerre civile. Il n’y a pas eu de travail de mémoire. Au Liban on n’est pas en paix avec notre passé. Tout ce qu’on s’est contenté de faire, c’est essayer d’oublier. » Ce n’est pas frontalement que Wissam Charaf a abordé cette thématique, mais en utilisant l’humour pince-sans-rire, en mettant en place des situations loufoques et improbables et en choisissant un format inhabituel, carré : « un cadre qui semble emprisonner, fixer des limites de champ plus étroites sur les côtés et ainsi faire transparaître une vie plus étriquée que la normale. ». Un premier long métrage réussi qui oscille entre rire et tristesse. ANNIE GAVA

Nouv.o.monde s’est tenu du 3 au 12 mars à Rousset et dans le Pays d’Aix

Palmarès

Rencontres du cinéma sud-américain

Jury officiel Prix spécial du jury : Carga Sellada de Julia Vargas Mention spéciale du jury : El Revenge de Fernando Fraiha Prix Colibri d’or, Prix du meilleur film : El Amparo de Rober Calzadilla Prix de la meilleure actrice : Daniela Lema dans Carga Sellada de Julia Vargas Prix du meilleur acteur : José Eugenio Hernandez dans Antes que cante el gallo d’Ari Maniel Cruz

Jury jeune Prix du meilleur film : El Amparo de Rober Calzadilla Mention spéciale long métrage : Carga Sellada de Julia Vargas Meilleur court-métrage : Sopas de Margaritas de Daniel Miranda Acuña Mention spéciale court-métrage : El Jardin de las delicias d’Alejandro Garcia Caballer

Le public Prix pour le meilleur long métrage : Nise, au cœur de la folie de Roberto Berliner Prix pour le meilleur court-métrage : Hijo por hijo de Juan Avella Prix décerné par les scolaires : Eva y Lola de Sabrina Fariji

Promenons nous dans les bois

The End, de Guillaume Nicloux © Les films du Worso

O

utre le VidéoFID, les cinéphiles auront un nouveau rendez vous mensuel, le CinéFID, au Variétés à Marseille, pour découvrir des films inédits qui n’ont pas d’autre occasion d’être vus en salle -le lieu idéal pour le cinéma, pour des films qui ne sont proposée qu’en VOD-, qui n’ont pas de distributeur… Et comme l’a souligné Jean-Pierre Rehm (délégué général du FID) le 16 mars, on a commencé par la fin : The End, film radical de Guillaume Nicloux, présenté à la 66e Berlinale. Dès le premier plan, des aboiements ; une route de campagne invite le spectateur à un étrange voyage. Puis dans une chambre, un réveil ; un corps, semblable à une baleine échouée sur un rivage, émerge du sommeil. C’est celui d’un homme dont on ne saura jamais le nom, incarné par Gérard Depardieu. Chasseur, chaussé de bottes épaisses, il embarque chien et fusil et part en 4x4 sur la route du Lapin. Commence alors une longue errance à pied dans une forêt, sur des sentiers où, trébuchant, il jure, râle, où le portable ne passe pas, où il perd son chien, son fusil, ses repères… Une forêt où grouillent tout à coup de gros scorpions, où résonnent des cris de femme, en détresse peut-être ; une forêt où il croise quelques rares personnes, tel ce jeune homme peu sympathique (Swann Arlaud) qui répond laconiquement à ses questions, ou cette femme nue, très maigre (Audrey Bonnet) et assez mutique, qui lui dit seulement « Il

n’y a pas la place », pour préciser ensuite « pour mettre deux bites ». Une femme à qui il va confier l’histoire de son divorce et son angoisse de vieillir tout seul. Vous l’aurez compris, on est dans la forêt des songes, une forêt à la végétation pourtant ordinaire (le film a été tourné dans la forêt de Fontainebleau) avec ses sentiers qui se ressemblent, où l’homme peut tourner éternellement en rond, retrouvant des traces de son passage comme cette bouteille de Schweppes qu’il a fichée dans un tronc. Où l’on peut croiser un lapin : on pense à Lewis Carroll. Où l’on peut dormir dans une grotte, tel l’ogre des contes ou le monstre des cauchemars. Né d’un rêve dérangeant du réalisateur, le film fait sourdre chez le spectateur une inquiétude quasi métaphysique. « Pour The End, dit Guillaume Nicloux, ça a été presque une question d’écriture automatique, avec l’adrénaline qui nous permet d’atteindre parfois des choses qu’on ne soupçonnait pas. » The End donne surtout à voir le corps monstrueux et bouleversant du très grand acteur qu’est Gérard Depardieu, avec qui le réalisateur avait eu envie de retravailler dès le tournage de son opus précédent, Valley of Love, et sans qui il n’y aurait pas eu de film. A.G.

The End a été projeté le 16 mars aux Variétés, à Marseille


64 critiques cinéma

plus de cinéma sur journalzibeline.fr

L’opium du peuple

L

e metteur en scène et cinéaste russe Kirill Serebrennikov, pour son 4e long métrage, a adapté la pièce de Marius von Mayenburg, Martyr, qui montre comment la folie mystique d’un adolescent manipule son entourage. Le Disciple questionne et dénonce la place de la religion dans la société russe en campant un adolescent, Veniamin (Petr Skvortsov) aussi dangereux que séduisant. Il part en croisade contre tous, ses copines de classe qui suivent les cours de natation en bikini, sa mère qui, en divorçant, a commis le péché d’adultère, ses collègues de lycée qui exhibent leurs pectoraux ou assument leur sexualité, et même le pope orthodoxe qui ne remplit pas bien sa mission. Mais il s’en prend plus particulièrement à la professeure de biologie, Elena Lvovna (Victoria Isakova) qui ose faire des cours d’éducation sexuelle, parler de l’évolution et qui, après avoir tenté de le comprendre, sera la seule à lui tenir tête. Il ne s’exprime qu’à coup de citations de la Bible, authentiques -la source est toujours indiquée-, qu’il a toujours avec

Le Disciple, de Kirill Serebrennikov © ARP Sélection

lui. Il va même jusqu’à vider sa chambre, lacérant la tapisserie, obturant les fenêtres et en interdit l’entrée à tous excepté à Grigoriy (Aleksandr Gorchilin) très attiré par lui et

à qui il fait croire qu’il peut faire grandir sa jambe plus courte que l’autre, en lui imposant les mains ! En campant ce personnage d’adolescent capable de tout au nom de la Bible,

La cité en chantant

Les chants de la Maladrerie, de Flavie Pinatel © Films de Force Majeure et Périscope

L

e 22 mars, la réalisatrice marseillaise Flavie Pinatel présentait au Festival international du film d’Aubagne son dernier documentaire, Les chants de la Maladrerie, produit par Films de Force Majeure et soutenu par la Région PACA. Une

première en compétition, à laquelle assistait aussi Mariusz Grygielewicz, monteur et sound designer de ce film dont la bande-son enchaîne chansons a cappella ou accompagnées au piano, ramages champêtres, babils d’enfants, rumeur urbaine et bruits concrets.

Où les quelques bribes de discours amorcés se placent bien au-dessous du Chant. Flavie Pinatel a voulu filmer le « vivre ensemble » dans une Cité d’Aubervilliers conçue par Renée Gailhoustet et labellisée aujourd’hui « patrimoine du XXe siècle ». A voulu rejoindre l’Utopie de cette architecte qui propose contre les « cages à poules » créées dans les années 60, un habitat humain aux espaces imbriqués que chacun peut s’approprier. Construite à l’emplacement d’une léproserie, la Maladrerie, qui en a conservé le nom, peu engageant, lié à l’idée d’exclusion, est un havre de verdure et un patchwork multiculturel qui ressemble à son plan. Collage de polygones colorés, floraison d’étoiles, demi-couronnes ou demi-sourires : un projet politique très poétique en somme, dont Flavie Pinatel revendique la philosophie. Contre les sombres images du Neuf-Trois véhiculées par les médias, sans dissimuler poubelles et caddies jetés dans un étang bucolique, elle montre la beauté des nénuphars qui fleurissent tout près, exalte les murs de béton qui découpent le ciel, les façades hérissées de terrasses en triangles


65

Un état du monde inquiétant Kirill Serebrennikov révèle aussi l‘incapacité d’une société à répondre efficacement au fanatisme, à la radicalisation, à l’intolérance, à l’homophobie et à l’antisémitisme. Que ce soit l’administration du lycée, les enseignants la mère, le pope, personne ne va soutenir Elena dans son combat. « Je suis la seule qui résiste ! » s’écrie-t-elle en clouant ses chaussures sur le sol de sa salle de classe dont on veut la chasser. Le Disciple, à la mise en scène brillante, aux plans séquences fluides, aux scènes oniriques comme le moment où Veniamin croit voir dans l’appartement familial un Christ en croix, faisait partie des films proposés aux 27e Rencontres Cinématographiques de Salon qui se sont déroulées du 28 mars au 4 avril. ANNIE GAVA

Les 27e Rencontres Cinématographiques de Salon se sont déroulées du 28 mars au 4 avril

donnant à l’ensemble social un grand air de château. Elle révèle des graffitis en tableaux abstraits, ouvre les échappées (belles) de cette architecture. Sa caméra s’accroche au dos de quelques habitants, les suit en petits plans séquences dans le labyrinthe de la Maladrerie, par rues pavées, escaliers et chemins quasi forestiers. Un enfant en trottinette ponctuant cette chorégraphie. Elle s’arrête devant un danseur de hip-hop, un accordeur de piano au jardin, une chorale black-blanc-beur au pied des immeubles. Chacun a choisi son espace et son chant. Un chant ni désespéré, ni agressif. Du Prévert-Kosma bien sûr pour les enfants prolétaires d’Aubervilliers, l’espièglerie canadienne de Linda Lemay, une prière au Seigneur, un youyou à la fenêtre ou des raps inventés par leurs interprètes. La réalisatrice, qui réside dans cette cité accueillant dès l’origine des Ateliers d’artistes, dit avoir voulu « poser un regard doux » sur elle. Pari réussi. ÉLISE PADOVANI

Le Festival international du film d’Aubagne a eu lieu du 20 au 25 mars

Trashed, de Candida Brady © Destiny Films

C

ertes, le sentiment de peur n’est guère constructif, et les différents pouvoirs ont trop tendance à en user, oblitérant le rationnel et toute démarche intelligente, dans le but parfois non dissimulé de manipuler les masses pour leur seul. On pourrait donc estimer que les films qui présentent le constat d’une planète ravagée par la pollution, exploitée, ainsi que les êtres qui la peuplent, d’une manière éhontée, participent de ce mécanisme. Que nenni ! Les œuvres présentées au Festival éco-citoyen de Gardanne, dans l’écrin convivial du Cinéma 3 Casino, sont d’une lucidité cruelle, certes, mais aussi remarquables de pertinence, d’intelligence, et ne se contentent pas de brosser un état du monde : des solutions sont proposées, des exemples offerts, des projets qui, loin de réclamer une soumission aveugle et résignée, s’adressent à la volonté de chacun, soulignant que l’individu, surtout lorsqu’il sait s’unir aux autres, a la capacité de changer ce qui l’entoure, et de remédier à la folie consommatrice et destructrice que la loi du profit semble vouloir rendre tragiquement irréversible. Secondée par les associations CEPG, CCFD-Terre Solidaire, ATTAC Gardanne Bassin Minier, le Lycée Agricole de Valabre, les AMAPs Arc-Étoile et Paniers-de-Saison, le Collectif Roms Gardanne, l’Association Brin de Paille et Écolpolénergie, Cerise Jouinot, directrice du cinéma, a concocté une fois encore un programme de choix. On suit (entre autres) avec passion la Bataille de Florange

de Jean-Claude Poirson, modèle de lutte qui malgré tout sait conserver les emplois de tous ; un autre moment exemplaire et vivifiant, l’évocation d’Ungersheim (Qu’est-ce qu’on attend ? de Marie-Monique Robin), petit village d’Alsace et une transition réussie inspirée des travaux de Rob Hopkings, qui démontre que vivre autrement n’est pas une régression, mais un progrès profitable à chacun, tant par la décision de produire une énergie non polluante, que par la manière de cultiver (plus de souci d’intolérance au gluten avec les blés anciens cultivés sans additif !!!), ou d’amener les enfants à l’école… On frémit à la projection de Trashed de Candida Brady. Jeremy Irons parcourt le monde : ravages de la pollution, que ce soit celle d’une décharge géante au bord de la mer libyenne (un désastre pour la Méditerranée), ou des émissions invisibles de dioxine d’incinérateurs qui provoquent stérilité, cancers, allergies, malformations… ; le constat est atrocement cruel, même si les initiatives de particuliers laissent une note d’espoir ! Alors ! Qu’est-ce qu’on attend pour arrêter la destruction de ce qui nous fait vivre ? MARYVONNE COLOMBANI

Le Festival éco-citoyen de Gardanne s’est déroulé du 10 au 14 mars au Cinéma 3 Casino


66 critiques cinéma

arts visuels

plus d’arts visuels sur journalzibeline.fr

Mémoire arrachée

«

Ils ont failli gagner. » Gigi Bonin commence ainsi son intervention. Il représente l’association Mémorial des Nomades de France et s’exprime à l’issue de la projection en avant-première de Django, d’Étienne Comar. Le film relate une partie de la vie du guitariste Django Reinhardt. Les années 40. La guerre, l’occupation, les compromis de la France avec les nazis. Il aborde un pan occulté de l’histoire : l’internement des populations nomades dans des camps en France. Leur déportation et leur extermination en Allemagne. Le Samudaripen, génocide des Tsiganes, a été tu autant par ceux qui l’ont subi que par les historiens. « Quand les personnes ne parlent plus pendant si longtemps, c’est que les génocidaires ont failli gagner. » Cette mémoire arrachée, Gigi Bonin tente de la recueillir auprès de ceux qui sont encore vivants. « Il n’y a pas une ligne sur le sujet dans les livres d’histoire », souligne-t-il. Le film, malgré ses imperfections, fait aussi œuvre de témoignage. L’exposition Ceija Stojka à La Friche détient le même pouvoir. Les œuvres de la peintre sont d’une force rare. L’autodidacte souvent classée dans la rubrique « art naïf » combine les techniques et les supports avec une invention et une maîtrise d’artiste, mais surtout la liberté de celle qui ne se soucie pas des chapelles et obéit à l’urgence du témoignage. Déportée à 10 ans, celle qui a survécu miraculeusement à Auschwitz, Bergen-Belsen et Ravensbrück inscrit des mots dans ses images, combine

Le Festival Latcho Divano s’attache à rompre le silence du génocide des Roms.

Ceija Stojka, Frauenlager Ravensbrück, 30 avril 1992, acrylique sur carton, 50 x 65 cm Collection Marcus et Patricia Meier, Vienne

le réalisme le plus direct et le symbolisme le plus noir. Elle témoigne de la vie nomade, de l’arrestation, des trains, des camps et de la mort omniprésente et attendue comme une délivrance, de l’arrivée sidérée des libérateurs dans un champ de cadavres. À la fin l’exposition, qui retrace chronologiquement l’histoire de sa déportation en faisant voisiner des œuvres peintes à des époques diverses, le printemps refleurit : couleurs, épaisseur des touches et de la vie. Ceija Stojka s’est tue pendant près de 40 ans.

Puis, très vite, elle a peint, écrit, une œuvre où art et témoignage ne sont qu’un. À voir absolument. JAN CYRIL SALEMI ET AGNÈS FRESCHEL

Django, d’Etienne Comar, a été présenté le 30 mars en avant-première aux Variétés à Marseille, lors du Festival Latcho Divano. Sortie le 26 avril L’exposition Ceija Stojka est à voir jusqu’au 16 avril à la Friche de la Belle de mai, Marseille

Vies de femmes positivement au projet du Théâtre de l’Olivier, proposant de faire le portrait filmé de jeunes femmes istréennes. Entre les premières rencontres et le montage se sont écoulés trois mois, un temps très court qui n’affecte en rien ce film tendre et touchant qui laisse parler ces femmes telles qu’elles sont. Après les jeunes comédiennes de F(l)ammes, on découvre Natacha, Ondine, Virgine, Zina, et les danseuses de la formation Coline : Ève, Charlotte, Élodie, Elsa, Émilie, Julie, Gaïa et Emilia. En voix off ou face caméra elles se racontent, parlent de leurs rêves, de leurs désirs, partagent leur passion. L’une chante, une autre joue du violon, d’autres font du sport. Puis la caméra se fait Natacha © Paule Sardou

P

rojeté dans le cadre de La Semaine du bien vivre ensemble, organisée par la ville d’Istres, le documentaire Femmes d’ici de Paule Sardou venait compléter et faire écho au spectacle d’Ahmed Madani, F(l)ammes (voir p 31). La réalisatrice marseillaise a répondu

discrète, saisissant sur le vif leur quotidien qui se déploie simplement, sans mots, sans explications superflues. Le film raconte tout autant la ville, et le territoire sur lequel elle s’inscrit, avec ses spécificités, son tissu culturel, sportif et militaire (avec la Base aérienne de l’Armée de l’air), et l’Étang de Berre que l’on aperçoit ici ou là, toujours présent. Lorsque le tissage de ces portraits prend fin doucement, en musique, c’est à contrecœur que l’on abandonne ces vies entraperçues… DO.M.

Femmes d’ici a été projeté le 20 mars au cinéma Le Coluche, à Istres


Le Gyptis Cinéma Images

Salagon, musée et jardins

Le Secret de la chambre noire de Kiyoshi Kurosawa jusqu’au 11 avril

à Mane, Alpes de Haute-Provence

UN CINÉMA ART ET ESSAI AU CŒUR DE LA BELLE DE MAI À MARSEILLE Une programmation thématique, des sorties nationales & des films de répertoire, des séances famille/jeune public, des événements (avant-premières, rencontres avec des réalisateurs, des débats, des cartes blanches, des ateliers… ).

Terre du milieu, terre ouverte

Visuel © Mathias Poisson

© photos Caroline Dutrey

LES MOUVEMENTS DE POPULATION DANS LES ALPES DE HAUTE-PROVENCE 1800-2017

tarifs : 5,5 € • réduit : 4,5€ • moins de 20 ans : 2,5€ séances jeune public : 2,5€ pour tous abonnement 10 séances : 35€

1ER MARS 8 OCTOBRE 2017 136 rue Loubon 13003 Marseille

www.musee-de-salagon.com Retrouvez-nous sur

Programme complet et actualités sur

www.lafriche.org et #cinegyptis


68 critiques arts visuels

plus d’arts visuels sur journalzibeline.fr

Le Cirva dans la lumière Une exposition comme une traversée dans les formes, les couleurs, les transparences, les bulles, les coulures, les fragilités, les suspensions...

L

e Cirva à Marseille est une maison de verre confidentielle puisqu’il s’agit d’un centre de recherche accessible aux seuls artistes, architectes et designers accueillis en résidence. Il faut donc montrer patte blanche pour pénétrer dans l’antre brûlante des maitres verriers ou s’y faufiler pendant les journées portes ouvertes. Les œuvres produites depuis son ouverture en 1986 font le tour du monde (collections privées et publiques, prêts, expositions) et se dévoilent sur son territoire à de - trop rares - occasions. À la galerie du Conseil général à Aix il y a déjà 15 ans, à Borély, au musée Grobet-Labadié ou à La Charité. Cette fois, sa directrice Isabelle Reiher a choisi le musée Cantini, « une autre maison », pour fêter son 30e anniversaire et opérer « un choix drastique dans les 700 pièces de la collection qui donne une vision globale de toutes les époques. Des œuvres majeures ou rarement vues ». Sur 200 artistes passés par le Cirva, 16 ont sa faveur. C’est dire l’extrême

suspendus en verre soufflé de Giuseppe Caccavale et l’huile sur toile tout en rondeur d’Alain Jacquet (Jumping Rope). Les conversations à mots feutrés s’inventent au rythme de sensibilités communes, de jeux d’idées, de réflexions croisées sur la nature, la terre, l’architecture, le visage, la géométrie, le mouvement… Chaque espace Au premier plan, L’Ange rouge de Marseille de James Lee Byars ; au second plan, As Far as the Eye Can See de Lawrence Weiner © Cécile Capelle diffuse une ambiance particoncentration de sa proposition muséale dont culière : les lettres adhésives fluorescentes As l’intérêt est triple : le principe de découverte Far as the Eye Can See de Lawrence Weiner et d’appropriation d’un lieu gardé au secret, barrent l’horizon, surplombant majestueusement l’excellence du savoir-faire des professionnels au les 333 sphères rouges de James Lee Byars service des artistes invités, le dialogue avec une déroulées au sol ; les recherches d’Arnaud sélection d’œuvres des collections de Cantini, Vasseux, Joseph Cornell et Hermann Pitz parlent d’empreintes, de traces et de paysages du Frac et du Musée d’art contemporain. De petits salons encombrés en vastes salles en creux en toute intimité. Instinctivement, on dénudées, l’exposition suggère des aller-retour arpente le parcours en chuchotant par peur visuels, thématiques ou conceptuels déclen- de réveiller le verre qui retrouve son souffle cheurs de perspectives inédites. Entre l’Ongle après avoir subi l’épreuve du feu. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI sur branches d’arbre de Giuseppe Penone déposé à terre et un tirage photographique de Rodney Graham, les Lingam ludiques d’Et- Une maison de verre tore Sottsass et deux œuvres archaïques de jusqu’au 24 septembre Victor Brauner. Entre le jeu d’équilibriste des Musée Cantini, Marseille 04 91 54 77 75 culture.marseille.fr Prismes de Delphine Coindet et ceux inversés Catalogue, coédition Parenthèses / de Robert Mangold sur papier, les disques Musées de Marseille, 29 €.

Une expérience immersive de l’œil et du corps

T

riangle France présente TESSERACT, la première œuvre de « danse média » réalisée depuis dix ans par Charles Atlas, vidéaste complice de Merce Cunningham. Après la première américaine le 21 mars au Walker Art Center de Minneapolis, la première en France aura lieu le 12 avril à la Friche la Belle de mai à Marseille. Un Visuel de production © Empac événement significatif pour le monde des arts visuels : depuis les années technologie, fruit de trois années de recherches 70, l’artiste, figure pionnière de la vidéo et du et de production à l’EMPAC dans l’état de film, développe un langage cinématique où New York, est inséparable de la chorégraphie. la performance est spécialement créée pour Mise en espace spécialement pour le Panola caméra. Et pour le monde de la danse : la rama, l’exposition prendra la forme d’un objet

filmique réalisé par Charles Atlas avec les chorégraphes Rashaun Mitchell et Silas Riener, ex interprètes de Cunningham. Triangle France propose au public de s’immerger totalement dans un espace obscurci, assis face à un écran gigantesque d’où « émaneront des lignes sculpturales évoquant la figure d’un tesseract ». Une expérience visuelle et sensorielle difficile à concevoir tant qu’elle n’a pas été vécue puisque cette forme en quatre dimensions nous est impossible à visualiser dans notre monde en trois dimensions ! M.G.-G.

TESSERACT En collaboration avec Marseille Objectif DansE 12 avril au 23 juillet Friche la Belle de Mai, Marseille 04 95 04 96 11 trianglefrance.fr


69

Jean-Louis Delbès la preuve par quatre Marseille redécouvre Jean-Louis Delbès, en quatre lieux et un livre. L’occasion d’une incursion sur la scène artistique marseillaise des années 80/90

L

e périple dans l’œuvre de Jean-Louis Delbès raconte Une autre histoire : celle d’un artiste longtemps associé à « une communauté » (Boyer, Traquini, Autard…) ; d’un enseignant qui « fait apparaître des images1 » ; d’un homme qui fit « le choix de mettre prématurément un terme à sa vie » en 2004 ; d’une œuvre inachevée, protéiforme et abondante. L’éclatement sur quatre lieux recompose harmonieusement les pièces d’un puzzle dont il manquait encore des pièces. La preuve au Frac qui dévoile des sculptures-objets de petite taille réalisés à la manière des Billboard américains, amoncellement malin de mini publicités, logos et accroches détournés. En bricoleur de mots, Jean-Louis Delbès invente une littérature 3D à double sens, désopilante ou mordante : « Fortune circus », « La révolution est une idée sensible »… Gestes libératoires qui laissent exploser matières et couleurs dans un apparent mais savant désordre. L’accrochage, rare, invite à découvrir à la Friche la Belle de mai comment ses peintures, gravures sur bois et gouaches dialoguent avec Marseille. Grands formats papier du milieu des années 80 et collages de 1994 campent les grandes lignes de son travail où les multi couches de matières effritées, grattées, rognées laissent percevoir des rhizomes souterrains. Où des énoncés indomptés surgissent des jeux d’écritures superposées, tags et lettres brouillées. Où la gamme chromatique s’obscurcit de tons sourds, rouge profond, gris verdâtre, orange automnal. Où les cartes pliées, démembrées inventent des territoires fictifs foulés par l’artiste qui bouscule le réel, redistribue les points cardinaux et en réorganise l’espace. « La proximité aurait-elle ses bornes » lit-on dans Rien de rien carte sur une carte Michelin allant de Tanger à Bangassou… Le voyage se poursuit à la galerie des Grands Bains douches de la Plaine avec une vingtaine de toiles aux formes organiques indéterminées flottant dans un espace « dé spatialisé » : Tensions prémillénaires comme Le

Vue de l’exposition Jean-Louis Delbes, Frac, 2017 © J C Lett

Sombrero de la vierge font d’ailleurs directement référence au cosmos. Autre signe distinctif, la référence à l’histoire de l’art, notamment dans la série choc Têtes de veau inspirée d’un tableau de Picabia, lui-même inspiré d’une photographie de Blumenfeld. Tout est lié dans sa peinture : ses recherches, ses influences, ses idées. Comme dans ses « dessins préparatoires ou préliminaires à certains projets, sur carnet ou comme œuvre » qui seront exposés à la Galerie du Tableau. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

1

Jean-Louis Delbès enseigna au lycée Chevreul, à l’EFET, Axe Sud, université d’Aix-en-Provence et Luminy.

jusqu’au 7 mai (dates fluctuantes selon les lieux) Commissariat de Laetitia Pesenti Frac, Marseille 04 91 91 27 55 fracpaca.org Friche de la Belle de mai, Marseille 04 95 04 95 95 lafriche.org Galerie des Grands bains douches de la Plaine, Marseille 04 91 47 87 92 art-cade.net Galerie du Tableau, Marseille 04 91 57 05 34 galeriedutableau.org jeanlouisdelbes.com

Une autre histoire

E

n guise de couverture, la gouache sur papier de 1989 Les mains du Gréco. Elle interpelle immédiatement le lecteur de la monographie consacrée à Jean-Louis Delbès, qui convoque à sa table, à titre de mémoire et preuve d’amitié, les protagonistes de cette histoire marseillaise. Entre autres Jean-Louis Pradel, Marc Partouche (entretien) ou Bernard Boyer dont les textes sont introduits par ceux, plus récents, de Romain Mathieu (2016) et Philippe Cyroulnik (2017, auteur de TransaT en 1991 dont est publié un extrait) qui permettent une mise à distance nécessaire. La traversée éditoriale est à l’identique du parcours muséographique, agrémentée d’indices supplémentaires

indispensables pour mieux connaître l’homme et son œuvre : photos de l’artiste dans son atelier de la Joliette, biographie, expositions personnelles et collectives, collections. M.G.-G.

Jean-Louis Delbès Une autre histoire Arnaud Bizalion Éditeur Images Actes Liés, 29 €


70 critiques arts visuels

plus d’arts visuels sur journalzibeline.fr

La peinture sans fard Trois expositions à la Fondation Van Gogh : Alice Neel, Rebecca Warren, et 8 toiles du peintre hôte du lieu. Un dialogue entre les époques, à l’intérêt inégal

C Julie enceinte et Algis, 1967. Succession d’Alice Neel. Crédit photo : Malcom Varon, New York

ertains visiteurs de la fondation éponyme venus pour admirer les Van Gogh de l’exposition Calme et exaltation, Van Gogh dans la collection Bührle nourrissent un sentiment de frustration devant le nombre restreint d’œuvres offertes à leur satisfaction. Les huit tableaux - dont six seulement issus de la collection Bürhle -, bien que de bel intérêt (telles les Branches de marronniers en fleurs) ne justifient pas l’« exaltation » suggérée par le

Oniriques

À

Istres, poursuivant la programmation autour du dessin, Luc Doerflinger met celui-ci en scène. Magie, fantasmagories, prestidigitation, anachronismes, cygnes blancs ou noirs habitent les espaces métamorphosés du Centre d’art contemporain. Il a créé un mot-valise comme un sésame vers des mondes oniriques. Pour Luc Doerflinger « Animanichéens », qui donne son titre à l’exposition, c’est « la combinaison d’« anima », le souffle de vie et l’élément féminin au sein de l’imaginaire de l’homme, et « manichéen » pour donner le ton au parcours scénographié avec une articulation du sombre et de la clarté opposant bien et mal, expression de toute dualité ». Pour Istres, l’artiste a structuré son projet entre des salles avec une présentation sur le mode musée/galerie, exposant des travaux réalisés avec des techniques traditionnelles - fusain, pierre noire, aquarelle, gravure… - et d’autres transfigurés par des scénographies théâtralisées. Ce sont ces dernières qui retiennent particulièrement l’attention. Enseignant la gravure, Luc Doerflinger est aussi scénographe, et c’est donc avec un sens consommé de la mise en scène qu’il nous plonge dans des univers de visions fugaces, corps lévitant comme par magie, submergés d’éclats lumineux, lucioles éphémères multilipées par des

boules réfléchissantes posées au sol, glissant tour à tour de la clarté à l’obscur. Ces jeux d’apparitions entre ombre et lumière défont l’espace cubique blanc habituel pour provoquer notre perte de repères spatiaux, brouillant visuel et temporel, comme dans ces anciens jeux forains où l’on se plaisait à se perdre en tâtonnant à l’aveugle. Dans une autre salle, un dispositif programmé combine de longues bandes verticales de papier évoquant de jeunes personnes, rétroéclairées par des guirlandes lumineuses, complétées par un mur sonore

- de petits haut-parleurs dispersés dont les récits chuchotés étaient malheureusement difficiles à percevoir. Par leurs incursions dans le merveilleux où se glisse Alice ou La Belle endormie, de la prestidigitation, des figures évanescentes d’enfants, d’animaux, de cygnes blanc ou noir, parfois en négatif comme des photos anciennes, les narrations affabulées de Luc Doerflinger effleurent des mondes où les corps peuvent se décharger de leur substance naturelle pour laisser le récit en suspend. Aussi se plaît-on à éprouver ces espaces immersifs davantage que face à un accrochage traditionnel, afin de nous égarer volontiers aux confins du dessin. C.L.

Animanichéens, Luc Doerflinger jusqu’au 21 juillet Centre d’art contemporain intercommunal, Istres 04 42 55 17 10 ouestprovence.fr Animanichéens, vue partielle, Centre d’art contemporain, Istres 2017. Crédit photo: Luc Doerflinger


71

titre de l’exposition. Dans la cour, les sculptures en bronze peint de Rebecca Warren ne semble guère retenir l’attention du passant. Ce sont plutôt les portraits peints par l’artiste nord-américaine Alice Neel, née au siècle dernier, qui interpellent le regard. En accord avec les bouleversements esthétiques du XXe jusqu’à sa disparition en 1984, Alice Neel a mené sa révolution picturale à travers principalement le genre du portrait, dont témoignent en majeure partie les 70 tableaux de cette rétrospective. Pas d’idéalisation dans l’approche de ses contemporains, mais la crudité de la vie sans affectation, une vision partagée avec Van Gogh comme on peut le percevoir dans sa Tête de paysanne réalisée en 1885. « Elle est du côté de la vraie vie » note Jeremy Lewinson, spécialiste de son œuvre et co-commisssaire de l’exposition. Qu’il s’agisse de ses proches, de

personnalités ou des habitants des quartiers où elle vécut à New York, Alice Neel s’attache à une étonnante traduction des corps, des postures, non académiques, des regards, ou des carnations (contaminées comme le décor par le verdaccio, technique traditionnelle italienne pratiquée pour les portraits) ; l’artiste insiste dans un certain degré de vérisme (les dents jaunes de Ginny) et, à bien y regarder, tout particulièrement dans le traitement des mains, qui n’épargne pas les enfants qui paraissent déjà plus vieux. Elle expose ses nus - privilège jusqu’alors des artistes masculins - dans leur réalité brute, sans fard. Quant au chapon déplumé (nu), abandonné dans l’évier, il n’engage guère aux réjouissances de Thanksgiving malgré les accents Pop art de la toile. L’ordinaire du quotidien traverse The Family (1968), qui rappelle cette photographie d’une jeune famille de Brooklyn

prise deux ans avant par Diane Arbus, une autre observatrice de la vie dans la Big Apple. On prolongera le plaisir de la visite avec le copieux catalogue publié pour l’occasion chez Fonds Mercator, et la vidéo réalisée par le petit-fils d’Alice Neel en 2007, où l’on peut voir l’artiste s’exprimer sur son travail et sur l’évolution de la société américaine de son époque. CLAUDE LORIN

Alice Neel : peintre de la vie moderne Rebecca Warren Calme et exaltation,Van Gogh dans la collection Bührle jusqu’au 17 septembre Fondation Van Gogh, Arles 04 90 93 08 08 fondation-vincentvangogh-arles.org

AIX-EN-PROVENCE 12e SALON D’ART CONTEMPORAIN > PARC JOURDAN > CENTRE VILLE

200 ARTISTES 15 GALERISTES

le Sm’art Détecteur de talents

11>15

MAI 2017 www.salonsmart-aix.com


72 au programme arts visuels bouches-du-rhône

Angelica Julner Il se dégage une fraîcheur incroyable des photographies d’Angelica Julner, « jeune » photographe suédoise de 80 ans qui a ouvert en 2016 à Fox Amphoux (83) la galerie Format avec Michel Muraour. Rétine Le Lieu présente ses « portraits et auto-portraits », série de 35 tirages en noir et blanc réalisés entre 1967 et 2007, objet d’un diaporama, puis d’un entretien et enfin d’un livre auto édité en janvier : La série P., regard tendre et amusé, comme légèrement en biais, sur les choses de la vie. M.G.-G. La série P. 12 avril au 18 mai Rétine Le Lieu, Marseille 04 91 42 98 15 retineargentique.com

© Angelica Julner

Nous n’aurons de cesse d’explorer Sur une proposition d’Emmanuelle Oddo, la toute nouvelle Double V Gallery rassemble le travail de quatre jeunes artistes prometteurs qui ont en commun de travailler la matière sous toutes ses formes : organique, minérale, cosmique ou triviale. Camille Ayme, Caroline Corbasson, Keita Mori et Tatiana Wolska, quatre pratiques et approches différenciées mais un seul désir, en sublimer la potentialité. M.G.-G. Nous n’aurons de cesse d’explorer jusqu’au 2 mai Double V Gallery, Marseille 06 65 10 25 04 double-v-gallery.com Keita Mori, Double V Gallery © Studio 540

Beautiful Africa Pour son dernier tour de l’art après cinq ans d’existence, la Galerie du 5e met le cap sur l’Afrique. Lydie Marchi, fondatrice de la plateforme artistique Hybrid, signe le commissariat de Beautiful Africa qui télescope les œuvres de 9 artistes vivant et travaillant entre l’Afrique, l’Europe et les États-Unis. Diversité territoriale, multiplicité des médiums, entrecroisement des points de vue critiques et politiques, l’exposition réaffirme la diversité de l’art africain contemporain trop souvent pensé comme une entité unique. M.G.-G. Beautiful Africa 8 avril au 10 juin Galerie du 5e, Marseille 06 95 19 80 60 galerieslafayette.com Otobong Edet Nkanga, Alterscape : Alterscape I, 2005. C-print sur papier photographique, 50 x 67 cm. © D.R. Collection FRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur

Clémentine Carsberg Clémentine Carsberg met à profit sa carte blanche pour repenser les espaces du Pavillon de Vendôme du sol au plafond et dans ses moindres détails. Une entrée en matière et dans la matière conçue comme un jeu de piste à la recherche de quelques erreurs dissimulées ou affichées, avec son lot de contrepèteries, d’illusions et d’anachronismes visuels. Outre son matériau de prédilection qu’est le papier peint plié, découpé, à plat ou en volume, l’artiste succombe à la céramique en créant des « chouettes » avec l’Atelier Buffile à Aix. M.G.-G. Une entrée en matière jusqu’au 11 juin Pavillon Vendôme, Aix-en-Provence 04 42 91 88 75 mairie-aixenprovence.fr

Secret de famille - les angles morts, 2014, Clémentine Carsbeg © CCardilllo


au programme arts visuels bouches-du-rhône vaucluse

73

SM’ART Avec ses invités d’honneur Jacques Salles (sculpteur) et DIRE 132 (Street Artist), le 12e Salon d’art contemporain annonce la couleur d’une saison toujours plus éclectique et ouverte à toutes les pratiques. Une quarantaine d’artistes et une vingtaine de galeries nationales et internationales sont le cœur de ce salon qui attire chaque printemps quelque 24 000 visiteurs. À noter le 11 mai à partir de 18h, la performance de live-painting/graff de DIRE 132. M.G.-G. du 11 au 15 mai Parc Jourdan, Aix-en-Provence 04 42 49 97 52 salonsmart-aix.com

Lionet Borlat, Dimanche estival, 50x65 cm, technique mixte, 2016 photo X-DR

Béatrice Hug C’est à l’occasion de travaux de rénovation qu’a été redécouverte la structure métallique de style 1900 réalisée par Gustave Eiffel. Pour la réouverture de la galerie, la photographe a été invitée à concevoir une installation spécifique et éphémère en relation avec la structure du bâtiment. Seront aussi proposés des « Blocs Réflexions », tirages limités sous coffret réalisés pour l’occasion. Vernissage le 15 avril à 17 h. C.L.

04 90 38 04 57

Réflexions 14 avril au 17 juillet Galerie DNR, L’Isle-sur-la-Sorgue levillagedesantiquairesdelagare.com

Réflexions, Galerie DNR, 2017 © Béatrice Hug

Ernest Pignon-Ernest L’exposition arlésienne a été conçue par Ernest Pignon-Ernest luimême, autour de sa célèbre série de portraits de poètes (Nerval, Baudelaire, Rimbaud, Desnos, Char, Neruda, Darwich…. ), avec une centaine d’œuvres, croquis, dessins préparatoires, collages de sérigraphies grandeur nature et des photographies grand format de ses interventions in situ. Parution du livre éponyme écrit avec André Velter chez…Actes Sud. C.L. Ceux de la poésie vécue jusqu’au 4 juin Chapelle du Méjan, Arles 04 90 49 56 78 lemejan.com Parcours Mahmoud Darwich, sérigraphie, Ramallah, 2009 © Ernest Pignon-Ernest

Christine Spengler Il n’y a pas de vision plus baroque de la tauromachie que celle de Christine Spengler, photographe madrilène connue pour ses reportages de guerre. Ses photomontages conçus comme des ex-voto révèlent des toreros et des vierges baroques, quasi mystiques, auréolés d’objets hétéroclites et de bijoux de Christian Lacroix. Conférence le 14 avril à l’ENSP, vernissage à 19 h et signatures à 11 h le 15 avril. C.L. Ex-Votos, Christine Spengler 15 avril au 24 juin Anne Clergue Galerie, Arles 06 89 86 24 02 anneclergue.fr Dora, La Cordobesita, Madrid, 1988 © C. Spengler


74 au programme arts visuels bouches-du-rhône alpes-maritimes gard hérault

Statements Comment interroger la « cité » avec les moyens de l’art ? Le projet de Laetitia Talbot et Fabien Vallos réactive les formes artistiques utilisant le langage comme médium. Un parcours matérialisé par des néons, banderoles, affiches, tacts...déployé dans l’espace public avec des artistes historiques de l’art conceptuel et actuels : Art & Language, D. Graham, L. Wiener, V.Agnetti, Y. Sérandour, A. Dufeu, Constructed World, Dora Garcia…C.L. Relevés 21 avril au 21 mai Galerie Espace pour l’art et divers lieux, Arles 04 90 97 23 95 espacepourlart.com

Art & Language, Support School, 1976; courtesy galerie Espace pour l’art, 2017

Jean-Baptiste Sauvage et Olivier Mosset En écho à son travail de peintures in situ, l’artiste marseillais Jean-Baptiste Sauvage s’associe à l’artiste suisse Olivier Mosset pour conduire, à deux regards, un vaste projet autour de la campagne publicitaire de lancement de la marque Elf en 1967. Documentations, collectes, archives, photos, correspondances, peintures construisent cette exposition qui souligne les différents champs de production des signes entre 1967 et 2017. Et induit une réflexion très actuelle sur les liens entre art et entreprise. M.G.-G. Olt jusqu’au 5 novembre Espace de l’Art Concret, Mouans-Sartoux 04 93 75 71 50 espacedelartconcret.fr

Olt, Olivier Mosset et Jean-Baptiste Sauvage, Peinture in situ © Alexandre Veaux

Maxi Minimal Le Centre Georges Pompidou fête ses 40 ans et transporte sa liesse vers Nîmes, à travers les nouveaux langages inventés à New York entre 1960 et 1980 dans les arts visuels, la musique ou la danse. Trisha Brown, Vito Acconci, Eva Hesse, Terry Riley, John Baldessari, Lucinda Childs, La Monte Young...entre autres mémoires ravivées et un programme de performances, concerts et conférences tout au long de l’exposition. C.L. A different way to move - Minimalismes, New York, 1960-1980 jusqu’au 17 septembre Carré d’Art, Nîmes 04 66 76 35 85 carreartmusee.com

Trisha Brown, Woman walking on a ladder, 1973. Photo Babette Mangolte © ADAGP, Paris, 2017

André Robillard Sa Station Spatiale Mir réalisée dans les années 2000 vient d’être exposée récemment au CNES à Paris. Elle sera dans l’exposition entièrement consacrée à cet artiste qui ne considère pas comme tel. Nonobstant, comme tout créateur original, André Robillard se plaît à bricoler les objets du banal pour des fabrications singulières, notamment des fusils « pour tuer la misère ». C.L. André Robillard jusqu’en septembre Musée Art Brut, Montpellier 04 67 79 62 22 atelier-musee.com André Robillard, OVNI martien soucoupe volante, 2012, collection Frédéric Lux. Photo DR



76 critiques livres

plus de livres sur journalzibeline.fr

D’entre les morts

C

’est une histoire de famille, une sombre histoire de jalousie et de vengeance, une belle histoire d’amour et de mort. Dernier roman en date du grand écrivain sarde Marcello Fois (paru en Italie en 2015, il vient d’être édité en français dans une remarquable traduction de Jean-Paul Manganaro), La lumière parfaite renoue brillamment avec les grands récits fondateurs. De ceux qui mettent en scène des lignées maudites, aux prises avec un destin qui s’acharne. C’est le cas de la famille Chironi. Dans la Sardaigne des années 80, qui se modernise à coups de spéculations immobilières et d’affaires frauduleuses tandis que le terrorisme flambe, Maddalena aime Cristian, le dernier des Chironi ; c’est pourtant son presque frère, Domenico Guiso, qu’elle épousera ; faisant de lui le père de leur fils Luigi Ippolito. Un secret qu’elle croit à tort connu d’elle seule… Le roman s’avance en cinq temps. Cinq actes d’une tragédie moderne, qui malmène la chronologie - puisque c’est le quatrième,

atemporelle. Comme une légende, une épopée. Dans ce déroulé - chaotique en apparence, en réalité totalement maîtrisé - se déploie la langue puissante de Fois, colorée, éclatante, sa façon brute et poétique de fixer les moments, de ciseler les atmosphères, de tisser d’ineffables correspondances entre les personnages et le monde qui les entoure, élémentaire, tellurique. La terre sarde est là, omniprésente dans « une impétuosité naturelle de vent, de plantes, de salinité ». Une terre âpre comme les passions qui s’y jouent. Une terre violente et tourmentée. Mais une terre que baigne aussi parfois « la lumière parfaite », celle qui illumine l’amour, celle qui guide vers la rédemption. Magnifique. « Encore après », qui ouvre le récit -, sans qu’on ne perde rien du fil narratif ni surtout de la tension dramatique. Changements de points de vue, séquences oniriques, digressions, rien n’entrave l’avancée d’une fiction très ancrée dans une époque précise de l’histoire italienne récente et dans le même temps complètement

FRED ROBERT

La lumière parfaite Seuil, 23 €

Marcello Fois

Conte chinois

E

n plein cœur de la chaîne des Balou, il y a un village, surnommé celui des « quatre idiots ». Ce sont les enfants des You qui lui valent ce triste attribut. Lorsque You Shitou, après la naissance de trois filles idiotes se rend compte que son dernier né est aussi mentalement déficient que ses sœurs, il se

jette dans la rivière. You Sipo, son épouse, se retrouve seule à élever leurs quatre enfants et discute âprement tous les détails et décisions de sa vie avec le fantôme de son mari… Les deux premières filles ont été mariées, l’une à un boiteux, l’autre à un borgne… qui voudrait d’une idiote ? Mais la troisième – pas de nom pour aucun des membres de cette progéniture maudite, seulement le chiffre correspondant à l’ordre de naissance !-, exige comme époux un « gens-complet »… La mère part à la recherche de cette perle rare, passe de village en village, jusqu’à trouver enfin celui qui va épouser Troisième. Le mari de la Deuxième vient alors annoncer la grossesse de sa femme, mais aussi les crises d’épilepsie qui se multiplient et rapporte le conseil d’un vieux praticien : « une décoction d’os la guérirait »… le hic : les os doivent provenir du « squelette d’un mort de préférence d’un proche parent »… La mère ne reculera devant rien pour le bonheur de ses enfants. Les croyances rurales bercent Un chant céleste, conte fantastique de Yan Lianke superbement traduit par Sylvie

Gentil, l’un des plus grands écrivains chinois actuels, et nobélisable assurément ! Dans ce texte court est brossé un portrait de la Chine rurale, sobre, élégance en épure des phrases, des descriptions qui effleurent, caressent les champs, les maisons, les saisons… Les silhouettes des villageois animent les rues, la campagne, sorte de chœur antique, qui commente, médit, jette l’anathème ou s’étonne. Un petit bijou tragique d’une subtile poésie. Comment résister à un texte qui débute par « L’univers était parfum d’automne » ? MARYVONNE COLOMBANI

D’autres critiques d’ouvrages de cet auteur sur journalzibeline.fr

Un chant céleste Yan Lianke éditions Philippe Picquier, 13 €


77

Une alliance étonnante !

Q

ui se souvient encore de l’occupation de la ville de Toulon par Barberousse et ses corsaires l’hiver 1543-1544 ? Quelles en furent les raisons ? Pas du fait d’une excursion barbaresque comme les côtes de la Méditerranée en subissaient alors régulièrement, avec leur lot de morts, de destructions et de déportations en esclavage, mais par la volonté de François 1er ! Au cours de sa lutte contre l’empereur Charles Quint, ce roi de la Renaissance, ami des arts, sollicita l’aide du sultan Soliman II Le Magnifique dans le but de contrecarrer les ambitions italiennes de son rival (ce dernier l’avait d’ailleurs fait prisonnier à Pavie en 1525, échec cuisant à venger.). Utiliser la flotte considérable du Turc, prendre Nice (rattachée alors au duché de Savoie, allié de Charles Quint), fut envisagé pour attaquer de nouveau l’Italie… Toulon fut mise à disposition des corsaires pour l’hivernage… Cet épisode peu connu est le cadre du roman historique concocté avec une plume alerte par l’historienne Véronique Autheman et

Soliman le Magnifique… On découvre à travers les parcours complexes des protagonistes l’Italie de la Renaissance, la peinture, l’art de la vigne, de la chasse, du corail, de la cuisine… une société renaît, grouillante de vie, scandée par les rivalités, les histoires de cœur, les vengeances, les dettes d’honneur, mais aussi les guerres… L’ouvrage excellemment documenté et précis n’est pourtant jamais lourd et les quelques cinq cents pages se dégustent comme un petit pain au chocolat. Un roman de cape et d’épée remarquablement enlevé et réjouissant. MARYVONNE COLOMBANI

le metteur en scène et dramaturge Raymond Vinciguerra, Le dernier hiver de Barberousse. Convergent ici de multiples destins, mêlant personnages historiques et de fiction. On croise François 1er, Montmorency, Benvenuto Cellini, Barberousse - le grand Ker ed Din, grand amiral de la flotte de l’illustre sultan

Le dernier hiver de Barberousse Véronique Autheman Raymond Vinciguerra éditions Jean-Marie Desbois, 19.90 €

Familles toxiques

L

e corps de la jeune Camio Truly est retrouvé presque totalement carbonisé ; il a été jeté dans une des nombreuses failles incandescentes de Campbell’s Run, restes bouillonnants du feu de mine qui a détruit la ville des années auparavant. Comme si l’assassin voulait éliminer toute trace de son forfait. Les soupçons s’orientent rapidement

sur le petit ami de la victime. Mais rien n’est jamais aussi simple… Un ange brûle pourrait être un thriller de plus, un « page turner » vite lu, vite oublié. Il n’en est rien. Depuis son premier roman, Le temps de la colère, la romancière américaine Tawni O’Dell s’inspire de sa région natale, la Pennsylvanie occidentale ; une région minière massacrée par la crise. Pauvreté, chômage, familles à la dérive, un climat mortifère qu’on retrouve dans ce cinquième ouvrage. Une vision hyper réaliste de l’Amérique profonde, bien loin des sunlights d’Hollywood ou de Broadway. Inculture, vieilles rancunes familiales, violences en tous genres… Difficile de s’en sortir dans une telle atmosphère, même lorsqu’on est une élève brillante comme l’était Camio… ou une femme de tête comme l’est Dove Carnahan. Car ce qui fait aussi l’intérêt de ce roman, c’est le personnage de la narratrice. Un prénom de savon, et un sacré tempérament. Le chef de la police de Campbell’s Run n’est pas femme à se laisser abattre. Mais cette affaire la replonge dans sa propre histoire,

ravivant les blessures anciennes et le souvenir de l’assassinat de sa mère, perpétré alors que sa sœur, son frère et elle (l’aînée) étaient encore des enfants. Avec Dove, on s’enfonce dans le magma des secrets de famille, des négligences coupables. Tawni O’Dell tricote habilement les deux fils, dans un style net, non dénué d’humour, malgré la noirceur du propos. Une grand-mère terrible (chef de clan incontesté), un neveu qui débarque de nulle part, un adolescent quasi mutique qui passe sa vie perché, une sœur qui s’entend mieux avec les chiens qu’avec les humains, tels sont quelques uns des spécimens qu’on croise au fil des pages ; une galerie de portraits un peu cabossés, pas toujours présentables mais si attachants, à l’image de cette Amérique à « la beauté saccagée » sur laquelle l’écrivaine porte un regard sans indulgence et plein de tendresse. FRED ROBERT

Un ange brûle Tawni O’Dell traduit de l’américain par Bernard Cohen Éditions Belfond, 21 €.


78 critiques livres

plus de livres sur journalzibeline.fr

Grenouillages en eaux troubles

U

n polar en guise de premier roman, dédié à Ondine de surcroît par un auteur géologue spécialiste des nappes phréatiques en Haute-Normandie, c’est déjà une promesse de mystère et peut-être de profondeur … David Humbert, collaborateur régulier à Science et Vie, sait parler à ses lecteurs : clair, circonstancié, ancré dans le réel tout autant

que dans les codes du roman policier à la française, Karst ne bouleverse pas le genre, ne surprend guère, agace même un brin dans ses commencements perçus comme franchement convenus (mais le consentement à la connivence, même lourde, n’est-il pas le passage obligé pour cette littérature où quasiment tous les coups ont déjà été joués sur un échiquier dont le quadrillage ne laisse pas beaucoup de place dans les marges ?) : Paul Kubler, sympathique trentenaire fraîchement débarqué du Quai des Orfèvres pour d’obscures raisons souvent évoquées jamais abordées a redescendu la Seine jusqu’à sa ville natale de Rouen où il s’ennuie un peu jusqu’à ce que l’eau du robinet prenne des couleurs affolantes, tandis qu’un plan social local agite les corps et les esprits ; de la rue aux prairies humides, du maintien de l’ordre à l’enquête haletante sur les meurtres sauvages qui se succèdent au bord des gouffres calcaires, notre jeune lieutenant, qui est aussi le narrateur au présent, a désormais fort à faire, ce qui ne déplaît pas à ses parents.

Traçabilité des eaux souterraines, pollutions diverses, bétoires et citernes naturelles, plateaux crayeux et karstogenèse, embrouilles en tous genres, méchants qui ont des raisons avouables, amours entrevues… Karst se révèle un « polardoc » bien élevé, aux articulations souples (la spéléo, c’est pas pour les Nuls), aux rouages éthiques et naturels rassurants – on y apprend par exemple au détour d’une péripétie qui aurait pu très mal tourner pour le héros que « l’eau froide de la craie a ralenti son métabolisme et l’a maintenu en vie », ou du fond de la « sublime » calanque de Sormiou que « quatre cents millions de mètres cubes d’eau douce transitent tous les ans dans le système karstique du Beausset » . De quoi noyer les pastis que le lieutenant Kubler s’envoie en bonne compagnie ! Pas désagréable donc ! MARIE-JO DHO

Karst David Humbert Editions Liana Levi 20 €

Rester vivants

R

ésister aux situations extrêmes, lutter pour sa survie ; voilà des épreuves qu’Isabelle Autissier a vécues de près, elle qui en 1999 a chaviré lors de sa course en solitaire autour du monde, secourue dans des conditions très difficiles. Forte de son expérience et de celles d’autres marins, la navigatrice s’est mise à l’écriture quelques années plus tard. Dans son roman (paru en 2015) elle raconte l’histoire de deux Robinson modernes aux parcours très différents qui ont quitté le confort de leur vie parisienne et un avenir prévisible pour partir en voilier autour du monde et vivre pleinement. Partis de Cherbourg, ils en sont à quitter l’Argentine pour traverser l’Atlantique. Ce périple idyllique s’achève brutalement alors que les deux voyageurs sont partis en randonnée dans l’île de Stromness, ancien port baleinier en Géorgie du Sud, un point dans l’immensité bleue. Une tempête survient tandis qu’ils sont à terre ; ils se réfugient dans la base en ruines pour la nuit. Le lendemain leur bateau a disparu. Leur aventure se transforme en cauchemar.

dans un univers glacé et hostile, de ne pas perdre leurs repères les anime malgré les découragements, les malaises causés par la faim. Ils vont faire des choses dont ils ne se seraient pas crus capables, comme tuer des manchots et même des otaries. Ils retrouvent les réflexes, l’inventivité des Anciens et s’interrogent. Le dénouement terrible déclenchera d’autres doutes, d’autres interrogations sur la force de vie qui meut l’humain dans ces situations extrêmes. CHRIS BOURGUE

Sélectionné pour le Prix littéraire des Lycéens et des apprentis PACA

Comment survivre au milieu des manchots et des otaries, sans vêtements de rechange, sans provisions ? Isabelle Autissier relate ce drame en adoptant les points de vue des deux protagonistes, évoquant leurs interrogations, leurs regrets, les souvenirs de la vie d’avant qui affluent. L’écriture est simple et directe, la construction classique. La volonté de survivre

Soudain, seuls Isabelle Autissier Éditions Stock, 18,50 € et Livre de poche, 6,90 €


L’(autre) art de la nouvelle

M

urakami est le fer de lance, la tête de pont, le chef de file de la littérature japonaise contemporaine. Certains de ses romans fascinent, quant à son art de la nouvelle, il est incomparable et déroutant. Le récit court est, historiquement, un laboratoire narratif, où s’est essayée en particulier la forme ouverte, mais aujourd’hui les schémas narratifs s’imposent avec unité d’action, anamnèse souvent, et dénouement pour résoudre la situation initiale. Murakami cherche ailleurs, renoue avec la notion d’exploration autour d’un thème comme James Joyce dans Dubliners, et comme lui laisse foisonner le sens sans l’édicter. Ces Hommes sans femmes les ont perdues, et se sont perdus aussi. Ils dépérissent, divaguent, inconscients de leur propre peine, jusqu’à ce qu’elle leur apparaisse, révélée, ou les détruise. Pourquoi l’a-t-elle trompé, pourquoi l’a-t-elle quitté, et surtout, qu’était-elle pour lui ? Comprendre ses propres émotions est tout l’enjeu de récits où les hommes sans femmes sont parfois narrateurs, parfois personnage observé, mais toujours inconscients d’eux-mêmes. Un, marié, qui avait oublié cet amour de jeunesse, est bouleversé par son suicide. L’autre, chirurgien homme à femmes, tombe amoureux pour la première fois et en meurt. Un veuf se lie d’amitié avec le dernier amant de sa femme, pour comprendre. Un s’enfuit pour ouvrir un bar, dérive, adopte un chat, et son départ fait naitre des serpents, puis la révélation de sa douleur enfouie. Chaque récit s’achemine, sans dénouement, ouvert, avec des excroissances mystérieuses et poétiques, des personnages miroirs qui regardent, témoignent, déplacent le point de vue, font naître ce que Joyce nommait l’Epiphanie : le moment, si fragile et bouleversant, où notre inconscient met au jour ce qui nous tourmente. Essence de la nouvelle, et de nos vies. AGNÈS FRESCHEL

Chaque semaine, un expert GÉOPOLITIQUE ÉCONOMIE URBANISME GRAND TÉMOIN

MA RD I S

D E L A V I L L A

T PAPETERIE

e visite, la carte de correspondance et le papier d’entête.

INFORMATIONS ET INSCRIPTIONS SUR

WWW.VILLA-MEDITERRANEE.ORG/FR/MARDIS-DE-LA-VILLA

Des hommes sans femmes Murakami Haruki, traduction Hélène Morita Éditions Belfond, 21 €

WAFAW

WHEN AUTHORITARIANISM FAILS IN THE ARAB WORLD European Research Council - www.wafaw.org

II + + ARAP VE ISLAM

��‫��ر‬ ‫����ن‬ ‫ا�ردن‬ �� ���� �‫ا���ا‬

Syrie Liban Jordanie T. palestiniens Irak


80 critiques livres

plus de livres sur journalzibeline.fr

Dans l’orbe des livres

F

onder une librairie semble relever du pari fou aujourd’hui ; cependant, Jesshuan et Marie-Laure Diné se sont lancés dans cette entreprise en ouvrant le Cercle des Arts. Ils évoquent ensemble les raisons et la démarche de ce projet commun qui fête ses deux ans : « Au niveau national, les résultats de vente du livre sur les dernières années est en perpétuelle croissance. Comme nous sommes propriétaires des murs, cela nous accorde une liberté, celle de prendre son temps, de la convivialité, d’où le côté café, (nous avons failli baptiser le lieu « librairie de l’instant »), et nous permet de rester indépendants dans le choix des livres, des maisons d’édition… Vue la superficie des locaux, il est impossible d’être généralistes, aussi, nous avons décidé de nous spécialiser dans le (large) domaine de l’art. Nous privilégions la présentation des éditeurs locaux, et il y en a beaucoup, Rouge Profond (Guy Astic), Imbernon, Le Bec en l’air, Images Plurielles, pour ne citer qu’eux. Et nous diversifions nos activités, ainsi que nous y encourage l’Agence Régionale du Livre. Un thème par mois permet conférences, performances, projections, invitations d’écrivains, lectures, expositions, ateliers,

Marie-Laure et Jesshuan Diné Librairie Cercle des Arts © MC

loisirs créatifs (couture, scrapbooking, yoga, théâtre, musique, arts plastiques…). Nous « collons » aussi à l’actualité culturelle, en relation avec le Bois de l’Aune, le CIAM ; les Amis du Festival d’Aix viennent tous les mois présenter des œuvres, nous aurons même le privilège d’accueillir Joël Pommerat le 24 juin à propos de la création mondiale de Pinocchio. N’oublions pas le 22 avril, 19ème Fête nationale des Libraires Indépendants, en partenariat avec Le Blason, Oh ! les Papilles, Book In Bar, La Bédérie : concours commun de couverture de livre (suivant le

thème national : Le corps du livre), lecture itinérante, lecture d’Alfred Boudry, ateliers participatifs, pop-up, origamis, et le coup d’envoi de notre nouvelle exposition Papier de Pierre de Gabriel Sobin (invention récente : papier constitué de 80% de pierre et 20 % de plastique recyclé) ». Intelligence, fougue, inventivité ! Le couple de libraires n’a pas fini de nous étonner ! On y trouve même Zibeline ! MARYVONNE COLOMBANI

Le Cercle des Arts, 8 rue Loubon, Aix-en-Provence 09 82 29 81 17 lecercledesarts.jimdo.com

à venir Papier de Pierre, 22 avril au 10 juin Rencontre - Signature du catalogue de l’exposition de Clémentine Carsberg (Pavillon Vendôme) CAT.C.CAR, Biq et Book éditions, 28 avril (voir page 72)

« Non, la fiction ce n’est pas pour nous… »

«

Marie-Hélène Lafon © MC

Le pays que j’habite c’est la langue ; j’aime beaucoup le mot énergie. » Marie-Hélène Lafon était l’invitée de l’association Nouvelles Hybrides à la bibliothèque d’Ansouis… « De la fiction dans un prochain ouvrage ? »… À cette question de l’un des nombreux auditeurs

et lecteurs passionnés, répond une anecdote. En cinquième, un sujet réclamait la narration d’« une après-midi avec votre grand-père ». La jeune et brillante élève se lance dans une description précise et enflammée du Havre et de son grand-père marin. Le professeur connaît la famille, tous issus du Cantal, tous paysans, et réprimande l’enfant, « Vous avez copié ce texte quelque part ! ». L’auteure narquoise en tire la leçon : « Non, la fiction, ce n’est pas pour nous ! ». Plus tard, elle revendique une « langue, traversée par le patois, tissée d’expressions entendues, éloquentes comme le verbe s’enroutiner ». Orchestrée autour des questions pertinentes de Christiane Dumoulin, la conversation aborde l’œuvre, les thèmes, l’écriture, les sources d’inspiration, les influences… Celle des écrivains, « Je relis régulièrement Un cœur simple, mon roman Joseph lui doit citations et gestes : je me suis adossée à Flaubert qui m’a nourrie. Les lectures font couche, en terme de géologie ; il y a dans mes textes des résurgences des écrivains lus ».

« Mais, si je devais écrire, c’était sur mon milieu qui se décrivait déjà comme moribond… Ce que j’ai été amenée à comprendre c’est que ce monde que l’on disait finissant, à force d’en finir, n’en finissait pas tout à fait, mais se transformait car quelque chose continue toujours ». Un regard ethnographique ? « Je n’invente rien, j’observe tout, j’emmagasine, et quand je suis à l’écriture, ça ressort. À partir de l’inépuisable réel, je tisse les motifs, les décale, les ajoute… Il faut faire exister de la manière la plus juste possible, pas livrer en pâture ou à la condescendance. Je n’invente pas, je transpose, pour traiter du sujet qui court dans tous mes livres : la transmission qui se rompt. Je viens d’une lignée fromagère, (Cantal, Saint-Nectaire) mon écriture fermente en cave profonde. » MARYVONNE COLOMBANI

La rencontre a eu lieu le 17 mars à la Bibliothèque d’Ansouis


RETROUVEZ TOUS NOS ARTICLES

SUR NOTRE SITE DE PRESSE

journalzibeline.fr De nombreux articles exclusifs, gratuitement en lecture sur notre site.

Pour nous suivre de plus près, abonnez-vous en ligne

Notre prochain numéro

107

VOS PETITES ANNONCES Un événement à promouvoir ? Un spectacle, un concert à annoncer ? Un stage de musique, des cours de théâtre, un training de danse, un atelier d’écriture ou d’arts plastiques ? Vous pouvez passer une petite annonce sur le site de presse de Zibeline, à des tarifs très doux... Vous apparaitrez dans notre agenda, et dans la rubrique classée...

À PARTIR DU

journalzibeline.fr/

13 AVRIL

petites-annonces/

En vente 3€ en kiosques et maisons de la presse

À écouter sur WRZ Moussu T et lei Jovents à Babel Med, Danielle Robert et Dante, Elias Sanbar, la journée de la Planète à la Criée, Bernard Noël et Florence Pazzottu, Lucas Belvaux, Lidia Leber TerKi et Tassadit Mandi...

À voir sur WebTV Zibeline Leïla Shahid, Ernest Pignon Ernest, Barbara Cassin, Patrick Boucheron, Les webséries : «Poubelle C’est la Vie !» , «La question subsidiaire», la cie Rassegna pour la sortie de leur nouveau CD «Il sole non si muove»...


82 patrimoine

Le musée de Salagon, poursuivant sa mission ethnographique, propose l’exposition Terre du Milieu, Terre Ouverte - Les mouvements de population dans les Alpes de Haute-Provence 1800-2017. Un portrait vivant et solidement documenté de cette région

Mémoires de la Terre du Milieu

des populations victimes : réfugiés espagnols à partir de 1936, albanais en 1961, Harkis en 1962, laotiens en 1977… À ce propos, le village d’Ongles est le premier village d’accueil des familles d’anciens Harkis de 1962 à 1971. En effet, malgré l’interdiction gouvernementale de ramener en France les supplétifs dont la vie était pourtant en grave danger en Algérie après la signature des accords d’Évian, certains officiers rapatrièrent des harkis placés sous leur autorité, et leurs familles. Ainsi le lieutenant Durand a sauvé 25 familles de Harkis, (133 personnes) accueillis dans ce petit village (237 habitants). D’autres migrations, pour raisons économiques, conduisent des populations nord-africaines et portugaises aux travaux agricoles de la région. Salagon, Terre du milieu cape et abri de berger © MC

B

ousculant les aprioris tenaces sur les régions rurales, l’exposition, composée avec une intelligente sensibilité par Isabelle Laban Dal-Canto, conservatrice du musée, Antonin Chabert, responsable de la médiation scientifique, Cécile Brau, responsable des collections, et mise en espace par Chloé Dumond, retrace, avec des photographies, des objets du quotidien, des dessins collectés, des portraits d’habitants, les multiples mouvements de population qui ont tour à tour peuplé et dépeuplé la région. Terre de passage obligé entre l’Italie et la France depuis (au moins) l’Antiquité, cette région est un témoin des mutations de société, de mentalités, et des remuements de l’histoire. La matière mouvante qu’est l’ethnologie évolue avec les « informateurs », souligne Isabelle Laban Dal-Canto. Aussi, cette exposition temporaire s’appuie à la fois sur les collections du musée (issues en grande partie des campagnes menées par l’association Alpes de Lumière fondée par Pierre Martel en 1953), les enquêtes menées respectivement en 1999 par Katrin Langewische, Anne Attané et Franck Pourcel sur une commande de la Drac, et en 2016 par Nancy Avenie et Clara Bensoussan, étudiantes en master d’anthropologie,

commandée par le musée de Salagon. Ajoutez à cela le filtre poétique des dessins d’art de Mathias Poisson, « cartes sensibles » du territoire, et les superbes photographies en noir et blanc prises avec le regard artiste de Franck Pourcel.

Une économie rurale en perpétuelle évolution

La pauvreté des terres, la rudesse du climat, l’isolement, la surpopulation à la fin du XVIIIème siècle, entraînent une longue phase de fort dépeuplement, du XIXème siècle jusqu’aux années 1960. Le catalogue de l’exposition rapporte le nom de « gavot », attribué aux campagnards des montagnes de Provence lorsqu’ils venaient en ville, affublés de tous les défauts, cupides, roués ou stupides, alors que l’historien Michel Vovelle note par ailleurs la très précoce alphabétisation des Grandes Alpes du Sud. Villages abandonnés, ou exsangues… mais de nouvelles populations viennent les repeupler tout au long du XXème. Des Italiens (principalement Piémontais) fuyant la pauvreté puis le fascisme, y seront bergers, mineurs, charbonniers, artisans, et parfois s’installeront définitivement. D’autres drames de l’Histoire amènent dans les terres du Milieu

Néo ruraux Les années 1970 ont vu fleurir une nouvelle vague de peuplement des campagnes, sous-tendue par une philosophie, une démarche, une volonté de vivre autrement, utilisant des moyens de production et de consommation en harmonie avec la nature. Démarche nourrie et nourrissant un imaginaire, des idéaux forts : « autonomie, responsabilité individuelle, solidarité »… L’enquête ethnographique vient explorer ce que sont devenus aujourd’hui les acteurs de ce mouvement. Entre marginalité et actions qui impactent jusqu’« à la ville », (AMAP, Bio…), une voie se dessine, qui pourrait peut-être devenir celle de demain pour tous ? De nombreux mouvements artistiques sont issus de cette mouvance néo-rurale : cirque Plume, Archaos, Gosh… Sans compter les lieux de vie créés pour accueillir des personnes en difficulté… Une réflexion profonde sur notre monde. La Terre du Milieu, traversée, parcourue… point de départ ? MARYVONNE COLOMBANI

Catalogue de l’exposition, 15 €

jusqu’au 8 octobre Musée de Salagon, Mane 04 92 75 70 50 musee-desalagon.com


SPECTACLES 2017 SCOTT BRADLEE’S POSTMODERN JUKEBOX samedi 01 - 20h PEPPA PIG dimanche 02 - 14h TOUT A REFAIRE AVEC GERARD DARMON ET PHILIPPE LELLOUCHE mardi 04 - 20h30 NOELLE PERNA - SUPER MADO samedi 08 - 20h30 ANAIS DELVA CHANTE LES PRINCESSES DISNEY samedi 15 - 15h ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE MARSEILLE vendredi 21 - 20h MANS ZELMERLOW mercredi 26 - 20h MATHIEU MADENIAN samedi 29 - 20h30

MAI 2017

JEREMY FERRARI mercredi 03 - 20h30 ARY ABITTAN jeudi 04 - 20h30 KAMEL LE MAGICIEN jeudi 11 - 20h30 ORCHESTRE PHILHARMONIQUE DE MARSEILLE dimanche 21 - 17h SOY DE CUBA jeudi 25 - 20h30 PAT METHENY mercredi 31 - 20h30

JUIN 2017

THE CRANBERRIES mercredi 07 - 20h MESSMER jeudi 15 - 20h30 SHY’M vendredi 16 - 20h30

OCTOBRE 2017

TAL jeudi 05 - 20h FREDERIC FRANCOIS dimanche 08 - 16h DIANA KRALL lundi 16 - 20h L’HEUREUX ELU AVEC BRUNO SOLO & YVAN LE BOLLOC’H jeudi 19 - 20h30 NOELLE PERNA - SUPER MADO jeudi 26 - 20h30

NOVEMBRE 2017

DANY BOON samedi 04 - 20h00 LA TROUPE DU JAMEL COMEDY CLUB mercredi 08 - 20h30 VERONIQUE SANSON jeudi 16 - 20h30 vendredi 17 - 20h30 RACHID BADOURI dimanche 19 - 19h SALUT SALON - LES CONCERTS DRÔLEMENT VIRTUOSES samedi 25 - 15h30 MOZART GROUP - LES CONCERTS DRÔLEMENT VIRTUOSES samedi 25 - 20h30 ALDEBERT « ENFANTILLAGES 3 « dimanche 26 - 15h et 18h30 JEFF PANACLOC CONTRE ATTAQUE mardi 28 - 20h CLAUDIO CAPEO jeudi 30 - 20h

DÉCEMBRE 2017

MARC ANTOINE LE BRET vendredi 01 - 20h30 ISABELLE BOULAY jeudi 14 - 20h30 ALBAN IVANOV samedi 16 - 20h30 CASSE NOISETTE PAR LE SAINT PETERSBOURG BALLET THEATRE samedi 23 - 20h

CEPAC DD - 04/2017

AVRIL 2017

Restez connectés sur silo-marseille.fr Coût de la connexion selon fournisseur d’accès

PROFITEZ DE NOS SERVICES La capitainerie du SILO Facilitez-votre venue au SILO : pré-réservez votre table à la Capitainerie du Silo pour déguster nos assiettes de tapas et nos cocktails en profitant d’une vue imprenable sur la mer. Cartes et réservations sur www.silo-marseille.fr

La conciergerie Shopping, hôtels, restaurants… sur la conciergerie du Silo, retrouvez les lieux incontournables à proximité du Silo. Exclusivement pour VOUS ! Profitez d’Avantages PLUS dans les restaurants partenaires. Faîtes votre choix sur www.conciergeriedusilo.com LE SILO : 35 quai du Lazaret 13002 MARSEILLE

Partenaire principal du Silo ZIBELINE avril 2017.indd 1

28/03/2017 17:08


! e l b a t e r t o v à n io g é r a l Les artistes de

* e l c a t c e p s t Dîner e 7 MAI 2017 2 U A IL R V A 8 2 DU

NÂTYA SEVÂ

Danse indienne TIE BREAK

VE 28 AVRIL 19H30 OPPÈDE (84) Bistro Les Poulivets 04 90 05 88 31 SA 29 AVRIL 19H30 ST-MARTIN-DE-PALLIÈRES (83) Cercle du Progrès 04 94 80 64 82 VE 5 MAI 19H30 BEAUMETTES (84) L’imprévu 04 32 50 17 91 VE 12 MAI 19H30 ST-ANTONIN-DU-VAR (83) Lou Cigaloun 04 94 04 42 67 VE 19 MAI 19H30 SAUZE (06) Auberge de Sauze 04 93 05 57 70 SA 20 MAI 19H30 BEUIL (06) Le Relais du Mercantour 04 93 02 35 94 VE 26 MAI 19H30 CASENEUVE (84) L’Authentic 04 90 75 71 90 SA 27 MAI 19H30 LAFARE (84) Bistro de Lafare 04 90 28 19 44

*

lée Réservation conseil

auprès de chaque

Bistrot de Pays

VE 28 AVRIL 19H30 ST-ROMAN-DE-MALEGARDE (84) Chez Claudette 04 90 28 92 23 SA 6 MAI 19H30 BEUIL (06) Relais du Mercantour 04 93 02 35 94 VE 12 MAI 19H30 OPPÈDE (84) Bistro Les Poulivets 04 90 05 88 31 VE 19 MAI 19H30 BEAUMETTES (84) L’imprévu 04 32 50 17 91 SA 20 MAI 19H30 ST-MARTIN-DE-PALLIÈRES (83) Cercle du Progrès 04 94 80 64 82

Conception graphique studio-MCB - Réalisation ALYEN - Photo © Yiannis S. Zacharopoulos, G. Martinez

Concert

Conçu et réalisé par

www.laregie-paca.com


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.