Zibel105

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11.03 > 8.04.2017

N°105

ZIBELINE

Mensuel culturel & citoyen du Sud-Est

LE FN

URE ET LA CUDLTE 2 ÉPISO

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À PARTIR DU

8 AVRIL

VOS PETITES ANNONCES Un événement à promouvoir ? Un spectacle, un concert à annoncer ? Un stage de musique, des cours de théâtre, un training de danse, un atelier d’écriture ou d’arts plastiques ? Vous pouvez passer une petite annonce sur le site de presse de Zibeline, à des tarifs très doux... Vous apparaitrez dans notre agenda, et dans la rubrique classée...

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petites-annonces/

À écouter sur WRZ en ce moment : Bernard Noël et Florence Pazzottu, Elias Sanbar et Jean-Luc Godard (sous réserve), Moshe Ron et Mohamed Maouhoud, Moussu T et la Cité des Minots, Jeanine Bande, Claude Ber et

Hélène Sanguinetti au cipM, Macha Makeïeff et l’ethnologue Philippe Geslin, Anne-Marie Filaire, Franck Pourcel, la websérie consacrée à l’exposition « Vies d’ordures »...


MARS AVRIL 2017

CULTURE ET SOCIÉTÉ Mensuel payant paraissant le deuxième samedi du mois Édité à 30 000 exemplaires, imprimés sur papier recyclé Édité par Zibeline BP 90007 13201 Marseille Cedex 1 Dépôt légal : janvier 2008 ISSN 2491-0732 Imprimé par Riccobono Imprim’vert - papier recyclé Crédit couverture : © Alouette sans tête Conception maquette Tiphaine Dubois

Directrice de publication & rédactrice en chef Agnès Freschel agnes.freschel@gmail.com 06 09 08 30 34 Rédactrice en chef adjointe Dominique Marçon journal.zibeline@gmail.com 06 23 00 65 42 Secrétaire de rédaction Anna Zisman anna.zisman.zibeline@gmail.com

ARTS VISUELS Claude Lorin claudelorin@wanadoo.fr

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LIVRES Fred Robert fred.robert.zibeline@gmail.com MUSIQUE ET DISQUES Jacques Freschel jacques.freschel@gmail.com CINÉMA Annie Gava annie.gava@laposte.net

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Élise Padovani elise.padovani@orange.fr

Polyvolants Chris Bourgue chris.bourgue@wanadoo.fr Gaëlle Cloarec ga.cloarec@gmail.com

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Maryvonne Colombani mycolombani@gmail.com

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Maquettiste Philippe Perotti philippe.zibeline@gmail.com

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WRZ-Web Radio Zibeline Marc Voiry marcvoiry@hotmail.com Directrice Commerciale Véronique Linais vlinais@yahoo.fr 06 63 70 64 18 La régie Jean-Michel Florant laregie@gmx.fr 06 22 17 07 56 Collaborateurs réguliers : Régis Vlachos, Dan Warzy, Frédéric Isoletta, Yves Bergé, Émilien Moreau, Christophe Floquet, Pierre-Alain Hoyet, Aude Fanlo, Thomas Dalicante, Marion Cordier, Marie Michaud, Caroline Gerard, Amélie Raux, Chiara Forlani, Louis Giannotti Administration Catherine Simon admin@journalzibeline.fr Houda Moutaouakil contact@journalzibeline.fr

04 91 57 75 11

Média Tic L’affaire Pénélope dispense chaque jour ses épisodes à suspense, oblitérant la campagne présidentielle et empêchant les citoyens d’entendre les programmes, les projets, et ce qui se profile pour les Législatives. Sans majorité au Parlement, le Président, quel qu’il soit, aura peu de poids. D’autant que la négociation politique, qui permet l’alliance et préserve de l’émiettement, est aujourd’hui perçue comme une compromission. Et que l’état de délabrement de la classe politique est effarant. L’état de la presse ne l’est pas moins. Accrochés aux scoops, les médias et les sondeurs supputent un éventuel Bayrou, un éventuel Juppé, parlent du « grand oral » de Mélenchon comme s’il était un étudiant... ou divaguent sur le fils de la famille Troadec, allant fouiller dans les tweets de la victime pour le présumer coupable. Et nos cœurs, nourris de faits divers choisis, demeurent indifférents à cet autre jeune homme de 21 ans, troué de balles à Marseille. Petit dealer sans doute, désigné coupable. Pendant ce temps quelques activistes, presque 105 aussi jeunes, envahissent le Louvre pour dénoncer le mécénat de Total. Bientôt le MuCEM, pour son partenariat avec Suez sur l’expo Vies d’ordures ? Les relations des entreprises avec les lieux d’art s’installent, remettant forcément en cause les fondements défaillants du service public de la culture. Zibeline se penche aujourd’hui sur cette privatisation de notre culture publique. Et sur les alternatives à la voiture, à l’essence, aux Totalisations, aux Totalitarismes. Car l’enquête sur la culture en ville FN se poursuit dans nos pages : au-delà des scoops, nous essayons de donner à penser nos sociétés, pour vous enjoindre à y être actifs. À sortir, acheter la presse, débattre, voter pour des programmes et ne pas céder à la généralisation du dégoût. Nous avons la démocratie, l’art, les médias, les idées qui nous

ÉDITO

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ressemblent, au plus intime de nos révoltes, de nos actions et de nos désirs. AGNÈS FRESCHEL


© Alice Blangero

JAN > JUIN 2017

L ANÇON-PROVENCE

VENDREDI 28 AVRIL, 21h

CHAPELLE SAINT-CYR

FURIA

DE MURCIA, DE FALLA... Vincent BEER-DEMANDER, mandoline Thomas KECK, guitare Eva DEBONNE, harpe

27 > 30 AVRIL 2017

GRIMALDI FORUM - Monaco

VENDREDI 19 MAI, 21h

DOMAINE DE L A CADENIÈRE

BACH

SUITES POUR VIOLONCELLE Louis RODDE, violoncelle

VENDREDI 16 JUIN, 21h

CHÈVRERIE HONNORÉ

DRÔLES DE DAMES

VIVALDI, DE FALLA... Amanda FAVIER, violon Elodie SOUL ARD, accordéon Vassilena SERAFIMOVA, marimba

W W W. M U S I Q U E A L A F E R M E .C O M


sommaire 105

société

La politique des transports (P.6-9) La culture en ville FN : Le Pontet et Fréjus (P.10-12)

Politique culturelle

Marseille Provence 2018, festival M’rire (P.13-14) La Fondation Logirem et le BNM (P.15)

Incidences, Etienne Rey, 2017, oeuvre installée au coeur de la cour d’immeubles du Carré Saint Lazare à Marseille © X-D.R

événements

Babel Med, entretien avec Lo Cor de la Plana, Rassegna (P.16-17) Entretien avec Christian Philibert (P.18) Festival Jazz des 5 continents, festival Latcho Divano (P.19) Entretien avec Boris Cyrulnik (P.20) Festival Le Train Bleu (P.21) Le MuCEM, la Villa Méditerranée, festival Présences féminines (P.22-23) Opera Mundi, Les Nouvelles Hybrides (P.24)

A Filetta, en concert à Babel Med Music © Didier D. Daarwin

critiques

Rencontres, spectacles, musiques (P.25-32) Avignon, Ouest Provence, Marseille, Berre, Montpellier, Toulon, Nice

AU PROGRAMME DU MOIS Musiques (P.34-37) Spectacles (P.38-61)

Sanaa, Yemen, novembre 2001 © Anne-Marie Filaire

cinéma [P.62-71] Arts visuels [P.72-78] Vue de l’exposition Derrière la paroi, La grotte Chauvet-Pont d’Arc révélée par la 3D © Psaïla-Perazio

Marseille, Toulon, Montpellier, Aix, Arles, Saint-Rémy, Apt, La Garde, Saint-Quentinla-Poterie, Sérignan

livres [P.80-84] patrimoine [P.86] Quinson


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société

Le transport en AU MOMENT OÙ LA RÉGION PACA S’INTERROGE SUR UNE ALTERNATIVE AU « TOUT VOITURE » ET LE MAIRE DE MARSEILLE SUR LA POLLUTION DE L’AIR, ZIBELINE LANCE LE DÉBAT SUR LA POLITIQUE DES TRANSPORTS

Alternatives à la voiture solutions sont pourtant bien connues, et ce avec (…) une baisse annuelle associée de 16 000 LONGTEMPS LES POLITIQUES Les depuis des décennies. Rapport après rapport, on tonnes de CO2 ». DE TRANSPORT ONT DONNÉ sait qu’il faut mener une politique encourageant les modes de déplacement doux : transports Quelques décennies PRIORITÉ À LA VOITURE. LES en commun, vélo... et marche. de retard VOIES SONT ENGORGÉES, L’AIR Mais en Provence, on affiche un retard consiEST IRRESPIRABLE... IL EST PEUT- Des politiques rodées dérable. La seconde ville de France est partiailleurs culièrement mal desservie par les transports en ÊTRE TEMPS D’ENCOURAGER LES Des villes comme Bordeaux, Nantes, Strasbourg commun, avec des quartiers systématiquement ALTERNATIVES ? ont pris au fil des ans la mesure de la question plus mal lotis que les autres, une négligence dou-

J

ean-Claude Gaudin, maire de Marseille et président de la Métropole Aix-Marseille Provence, écrit dans le projet d’Agenda de la mobilité métropolitaine daté de décembre 2016 : « Le dynamisme incontestable de ce territoire est aujourd’hui déjà freiné et, demain, remis en cause si nous n’apportons pas une réponse rapide et forte au constat que chacun peut faire : une croissance ininterrompue du trafic automobile qui sature nos autoroutes et nos rues, handicape nos entreprises et réduit notre espérance de vie. Ce retard par rapport aux autres grandes villes appelle de notre part un sursaut collectif et un effort d’innovation sans précédent ». C’est bien de l’admettre. Le 15 février, la Commission européenne a menacé cinq pays dont la France1, de saisir la cour de justice s’ils ne prenaient pas rapidement des mesures pour protéger la qualité de l’air, car « plus de 400 000 citoyens meurent prématurément chaque année dans l’Union européenne » à cause de la pollution atmosphérique, qui provient en large part de la circulation routière. Les trois plus grosses agglomérations françaises sont concernées au premier chef : Paris, Marseille, et Lyon.

et commencé à agir il y a longtemps déjà. En France, la championne des voies cyclables est Grenoble : 3,7 km aménagés pour 1000 habitants sur la Métropole iséroise. À Lille, après l’adoption d’un nouveau plan de circulation, le nombre de cyclistes a bondi de 42% en moyenne sur un an, au deuxième semestre 2016 2. Lyon, malgré ses fameux embouteillages, présente la meilleure offre de transports en commun du pays ; on y circule facilement en métro, bus, tramway jusque dans les quartiers excentrés, et un ramassage scolaire pédestre a été mis en place. À l’étranger, la plupart des grandes villes ont initié des politiques d’encouragement aux transports doux : Copenhague, élue « Capitale Verte de l’Europe 2014 » est partout citée en modèle, mais d’autres agglomérations ont pris le pli, comme Madrid, Barcelone, Utrecht... Dans la Ruhr, ce sont carrément 100 kilomètres d’autoroute cyclable qui sont en cours de construction, reliant selon la journaliste Renate van der Zee 10 communes et quatre universités3. A terme, cette infrastructure « devrait retirer quelque 50 000 voitures de la circulation

blée sur certaines lignes d’une amplitude horaire interdisant toute sortie après 19h. Pas de cinéma pour les habitants du 13e arrondissement ! Selon Philippe Buffard, du collectif Vélos en ville, « Marseille est bouffée par les voitures ; c’est ce qu’on appelle le paradoxe de Braess 4, plus vous réalisez d’aménagements pour qu’elles circulent, plus les voies sont encombrées ». Les successifs plans d’urbanisme ont favorisé ce moyen de transport face à tous les autres, depuis les années 1970, et les élus continuent à créer des parkings en centre-ville, alors que le simple fait de pouvoir laisser son véhicule dans un parking-relais et poursuivre sa route en transports en commun permet de désengorger les artères. C’est le cas à Marseille, sur le site du Palais Longchamp, ou encore à Aix, au parc Rambot : les arbres ne sont jamais la priorité. Philippe Buffard soupire : « Les aménagements sont toujours aussi incohérents. Le Schéma directeur des modes doux demandé par Marseille Provence Métropole en 2012 n’a jamais vu le jour. » La collectivité a même du mal à respecter la législation, pourtant très insuffisamment contraignante au vu des enjeux sanitaires et environnementaux : « on leur a fait


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question © cc-Poeloq

5 procès, qu’on a gagnés ». 1,3% seulement des actifs de Paca vont travailler en pédalant, selon les derniers chiffres de l’Insee.

Espoirs

Dans l’Agenda de la mobilité métropolitaine cité plus haut, on apprend que la nouvelle Métropole Aix-Marseille Provence « ambitionne d’investir en dix ans autant que dans les cinquante dernières années, puis de renouveler cette ambition les dix années suivantes », avec « un objectif de suppression du diesel dans les transports publics », la promesse de desservir tout le territoire, un doublement du nombre de TER d’ici 2030, le triplement du réseau de tramways, la diminution de la pollution des bateaux dans le Port. Ou encore l’accompagnement au covoiturage, la mise en place de parkings-relais, une aide pour l’achat de vélos à assistance électrique, et un service métropolitain de location de bicyclettes. Le 27

janvier, l’État s’est engagé à hauteur de 13,65 millions d’euros5. Sur le papier, c’est presque beau. D’autant que l’indemnité kilométrique vélo se généralise enfin, et que les nouveaux immeubles, de bureaux ou d’habitation, devront désormais comporter un local adapté aux deux roues et des bornes de recharge électrique. Reste à ce que ces engagements soient traduits dans les faits. En attendant, on peut se pencher sur les propositions du Club des villes et territoires cyclables pour les candidats à la présidentielle6, voire potasser les retombées économiques, environnementales, et les créations d’emploi liées au développement du vélo7. Ou encore lire un ouvrage d’Ivan Illich, Energie et équité, paru au Seuil en 1973 (oui, déjà). Il intégrait les heures travaillées pour avoir le revenu qui permet de circuler en voiture au calcul classique nombre d’heures au volant /

kilomètres parcourus. Le résultat pour un américain moyen : 6 km/h. Sa conclusion : « Ce qui différencie la circulation dans les pays riches et dans les pays très pauvres n’est donc pas une plus grande efficacité, mais l’obligation de consommer à hautes doses l’énergie conditionnée par l’industrie du transport ». C’est aussi, dit-on, l’inventeur du terme « contre-productif ». GAËLLE CLOAREC

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Source : lemonde.fr via AFP

Source : Indice semestriel d’usage du vélo. Métropole Européenne de Lille – Étude Cerema 2

3 reporterre.net/L-Allemagne-construit-la-plusgrande-autoroute-cyclable-du-monde 4 Mis en évidence en 1968 par le mathématicien Dietrich Braess 5

Source : bouches-du-rhone.gouv.fr

villes-cyclables.org/modules/kameleon/ upload/cvtc_votezvelo_201701.pdf 6

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ademe.fr/etude-devaluation-services-velos

Transportez-moi ! ON POURRAIT AUJOURD’HUI ÊTRE MOBILE EN RÉDUISANT NOTABLEMENT NOTRE CONSOMMATION DE CARBURANT FOSSILE. MAIS LE VEUT-ON ?

S

i le tram et le vélo, transports doux, pourraient permettre de désengorger et dépolluer les villes, pour peu que l’on prévoie des lignes, des parkings de délestage et des pistes sécurisées, il est d’autres transports possibles, pour améliorer la qualité de notre air, et notre environnement sonore. Savons-nous encore imaginer une ville sans le bruit des autos ? Pourtant, la voiture électrique est silencieuse... et les voitures hybrides permettent sur les trajets quotidiens et dans les embouteillages de diminuer très notablement la consommation d’essence. Quant aux hybrides rechargeables, sur des trajets de moins de 40 km et à moins de 50 km/h, elles ne consomment pas d’essence du tout... et pas plus qu’une autre voiture au-delà. Mais il faudrait généraliser les bornes électriques dans les parkings, et il n’est pas certain que la

Principaux chantiers 2017 en PACA © SNCF Réseau

suite p.8 et 9


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société

volonté de couper en deux la consommation française d’énergie fossile soit partagée par tous : les industries pétrolières sont puissantes, et les taxes sur l’essence constituent un revenu essentiel pour l’État. Cependant il est clair aujourd’hui que les heures perdues dans les embouteillages et la recherche de stationnement, la santé publique fragilisée, le bruit constant, les trottoirs envahis par les véhicules stationnés, la difficulté de circuler à pied... ne sont pas une fatalité. Et la recherche sur les supraconducteurs, les voitures rechargeables par induction, voire les véhicules volants, pourrait permettre dans un futur proche de bouleverser notre réalité...

Le train, service public

Mais les recettes du passé pourraient aussi nous sortir des impasses polluées actuelles. Pour l’heure la Région PACA veut « rendre » la parole aux usagers des TER (qui donc les en a privés ?) et mettre en place de nouvelles lignes qui permettront de renforcer notablement l’offre de transport quotidien ferroviaire : à Nice et sur toute la Côte d’Azur, entre Marseille et Aix, à Aubagne, là où la circulation automobile est très intense, il est question de doubler les lignes, tripler le nombre de trains de passagers, développer de nouvelles lignes... Autant de bonnes nouvelles, si ce n’est que la démarche s’accompagne d’une volonté de mettre la SNCF en concurrence, et une tendance à la culpabilisation des cheminots, qui sont désignés comme responsables du mauvais service (par exemple

Carte-réseau, TER-PACA, 2014 © SNCF Réseau

dans le slogan : « Encore une grève ! En retard au travail... » de la campagne de communication régionale) alors qu’ils sont plutôt victimes que responsables de la vétusté particulière des trains en PACA, et de la réduction du personnel de leur direction nationale. Mais au-delà de l’ouverture de lignes nouvelles autour des existantes, on pourrait aussi regarder du côté de nos lignes fermées et oubliées : il existe des gares et des réseaux abandonnés dans le Pays d’Aix, les Alpes, le Vaucluse, Salon, la

Camargue, mais surtout dans le Gard autour de Nîmes, Lunel, Uzès... Il suffirait parfois de les réactiver, plutôt que de prévoir des cars qui polluent en engorgent le trafic. Mais cela nécessiterait du personnel, et de renouer avec l’idée que le transport est un service public : c’est-à-dire un service qui n’est pas destiné à produire sa propre rentabilité, mais à répondre à un besoin de notre société ! AGNÈS FRESCHEL

« Les cheminots sont coriaces »

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ur la ligne Nice-Vintimille, les autorités demandent aux agents SNCF d’accomplir des missions de police et de signaler la présence de migrants dans les trains. La grande majorité s’y refuse. Explications avec Najim Abdelkader, représentant CGT-Cheminots dans les Alpes-Maritimes. « En tant qu’agents SNCF, nous ne vérifions pas les papiers d’une personne qui a son titre de transport. Pourtant, à chaque voyage, entre Vintimille et Nice, des CRS nous demandent si nous avons vu des migrants. Or, nous n’avons pas à cogérer le flux migratoire. Et la plupart du temps, ces personnes ont un billet en règle. Parfois, il peut y avoir des tensions avec la police, mais les cheminots sont coriaces, on ne se laisse pas impressionner. 90% des agents refusent de participer à cette chasse aux sorcières. En revanche, la direction est très ambiguë. Depuis six mois, une note de service nous

oblige à ramener en Italie des personnes expulsées, sans qu’elles aient leur billet. S’il leur arrive quoi que ce soit lors du voyage, c’est le contrôleur qui sera fautif. On est mis devant le fait accompli. Les CRS font monter les gens à bord, puis les laissent à notre responsabilité. En théorie, nous avons obligation de ramener quelqu’un qui est venu en train. Mais rien ne nous garantit que c’est le cas de tous ceux que la police nous contraint de transporter quotidiennement. C’est très difficile pour nous, d’autant plus que nous observons les délits de faciès que commettent les policiers. Seules les personnes qui n’ont pas la couleur de peau adéquate sont contrôlées. J’en ai moi-même été victime : un jour que je circulais simplement sur la ligne avec un groupe, je suis le seul dont les policiers ont vérifié l’identité. » PROPOS RECUEILLIS PAR JAN-CYRIL SALEMI

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La Ligne 5 à Montpellier

O

n y était presque. Avec ses trois lignes de tramway, plus une boucle autour du centre-ville, Montpellier allait être la première ville de province à pouvoir proposer à l’ensemble de ses habitants une station à moins d’un kilomètre de chez eux (excepté dans le quartier du Millénaire, à l’est de l’agglomération). Ne manquait plus, pour atteindre ce maillage, que la Ligne 5, prévue depuis le début de la Clean tag réalisé par le colL5ctif, Photo : A.Z. construction du réseau inauguré en juin 2000 Or, depuis l’achèvement de la Ligne 3 en avril par le maire Georges Frêche. Les travaux ont 2012 et l’élection de Philippe Saurel en 2014 bouleversé la ville, les embouteillages ont émaillé (DVG), le mouvement marque une sévère pause. l’ensemble de l’agglomération pendant plus L’argument économique est l’explication donnée de dix ans. Les commerçants se sont d’abord par l’équipe municipale. Crise de 2008 oblige. inquiétés puis se sont au contraire développés Le projet de la Ligne 5 a été gelé. Le bouclage à proximité des tracés ferroviaires. Cela a été de la Ligne 4 a certes été achevé et inauguré l’occasion de rénover les réseaux souterrains en juillet 2016 mais, sans la mise en place du (eaux, gaz, télécommunication), et surtout de tracé suivant, elle reste presque sans objet. requalifier l’ensemble des rues parcourues par Trop chère, donc, la possibilité offerte de laisser rames colorées du tramway. voiture au garage pour des milliers d’usagers ZibelinelesHDA BAQUIE.qxp_Mise en page 1 16/02/2017 sa 14:47 Page1

Richard BAQUIÉ DÉPLACEMENTS

HÔTEL DES ARTS CENTRE D’ART DU DÉPARTEMENT DU VAR

TOULON - 236 boulevard Maréchal Leclerc Ouvert du mardi au dimanche de 10 h à 18 h Tél. 04 83 95 18 40 - www.hdatoulon.fr

Machine à caniveau, 1984 - © Collection [mac]musée d'art contemporain – Marseille - © Adagp, Paris 2017 - Crédit photographique : Yves Gallois

4 MARS > 7 MAI 2017 ENTRÉE LIBRE

quotidiens ? A son arrivée à la mairie, P. Saurel annonçait que le budget n’avait pas été bouclé par l’ancienne majorité (PS, Hélène Mandrou), que le « tout tram » c’était fini, et que l’heure était aux économies. Mais depuis, d’autres travaux, gigantesques, ont été entrepris, entièrement dévolus au transport automobile. Le budget prévu, voté (par la Région, PS), serait-il passé au profit de ces nouveaux projets ? Le futur nouveau stade de foot (début des travaux en 2019) aurait-il bénéficié lui aussi de l’abandon de la Ligne 5 ? C’est ce qui se murmure très fort. Le vent tourne cependant. Depuis quelques semaines, le sujet est à nouveau à l’étude. Pour être évalué à la prochaine mandature, avec un aboutissement des travaux en 2025… D’ici là, le ColL5ctif continuera d’informer, mobiliser, veiller. Réunissant plus de 20 associations et fédérations dans toutes les communes desservies par le tracé n°5, il milite pour que le projet se concrétise –plus rapidement. 40 à 50 000 voyageurs quotidiens sont prévus, et attendent la mise en œuvre de la nouvelle ligne. ANNA ZISMAN


La culture en ville

10 société

APRÈS BEAUCAIRE, ZIBELINE POURSUIT SON ENQUÊTE CULTURELLE EN VILLE FRONTISTE. À FRÉJUS ET AU PONTET, OÙ INTIMIDATION, PASSE-DROIT ET SÉDUCTION S’EXERCENT ALTERNATIVEMENT. À VITROLLES, QUI A MIS SI LONGTEMPS À SE REMETTRE DE LA GESTION DES MÉGRET

© Alouette sans tête

Fréjus mise au pas

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3 000 habitants, quatrième ville du Var. En mars 2014, David Rachline, Front national, âgé alors de 26 ans, s’impose lors des municipales. C’est la plus grande ville administrée par le FN (Robert Ménard, maire de Béziers, n’est pas membre du FN, et Stéphane Ravier dirige une mairie de secteur à Marseille) et le parti tient à en faire une de ses vitrines. Le maire, un des principaux cadres du parti frontiste, est le directeur de campagne de Marine Le Pen pour l’élection présidentielle. Son profil lui permet de valoriser la candidate : il incarne

à la fois la jeunesse, cœur de cible du FN, la respectabilité (il est aussi sénateur), ingrédient indispensable à la « dédiabolisation », mais aussi la branche radicale du parti, par ses proximités, passées ou actuelles, avec l’aile dure de l’extrême-droite. En matière de politique culturelle, comment Fréjus estelle gérée depuis sa prise de fonction ? D’emblée le nouveau maire a posé ses marques : moins de deux mois après son élection, trois centres sociaux de la ville ont subi de sévères coupes budgétaires (entre 45 et 65% de réduction des subventions). L’un d’eux, celui de Villeneuve,

est accusé par David Rachline d’être un « centre socialiste ». En cause, des propos de la directrice, Sandrine Montagnard, qui s’est déclarée « préoccupée de l’augmentation d’incidents racistes ». Conséquence immédiate : en septembre 2014, la mairie rompt le partenariat avec le centre et récupère les locaux. Le ton est donné.

« La république des fainéants »

« Pour le FN, la liberté n’existe pas. Il s’agit pour eux de diriger tout et de s’infiltrer partout », lance Félix Isselin, un photographe. Il faisait partie de la quinzaine d’artistes occupant des locaux transformés en ateliers-galeries contre un loyer modéré reversé à la mairie. Ce projet, nommé Circuit des Métiers d’Art, a été lancé sous la mandature de François Léotard (1977-1997). À l’été 2015, le maire décide de modifier la


FN

11

Épisode 2

convention avec les artistes. Il exige notamment qu’ils travaillent bénévolement en tant qu’animateurs d’activités périscolaires. La plupart s’y refusent et tentent de résister. « La république des fainéants et des privilèges ne passera pas à Fréjus », réplique David Rachline dans un tweet. Félix Isselin se fait porte-parole de la contestation, jusqu’à ce qu’il soit expulsé de son local. « Ils ont fait un exemple avec moi. Les autres sont partis d’eux-mêmes ou sont rentrés dans le rang ». Ce type de pression est une marque de fabrique du FN : quand le parti est en position de force, il verrouille toute opposition. Dans la ville, les postes clés sont confiés à ceux qui lui sont acquis. Comme David Artel, candidat frontiste lors des Départementales 2015, promu directeur de l’École de Musique. Sa désignation a pourtant suscité des remous, certains l’accusant de n’avoir ni les diplômes ni les compétences pour diriger cette institution, gérée par une structure associative. La mairie aurait alors mis en balance les 35 emplois liés à l’École si sa nomination était refusée. Ce que nie David Artel : « même si elle avait voulu agir ainsi, c’était techniquement impossible ».

Patrouille identitaire

Pour toutes les festivités de l’été, la municipalité a fait appel à un prestataire, La Patrouille de l’Événement. Cette société est domiciliée à Paris, à la même adresse que Jeanne, le micro-parti de Marine Le Pen. Elle est dirigée par Minh Tran Long et Romain Petitjean, qui ont chacun un parcours dans des groupuscules d’extrême-droite radicale. À l’été 2015, ils organisent un concert dans les arènes avec In Memoriam, un des groupes phares de rock identitaire français. En 2016, le théâtre romain accueille Jean-Pax Méfret, « le chanteur de l’Occident », aux refrains anti-communistes et pro-Algérie française. Pour organiser ces soirées, la société travaille avec des associations et des entreprises locales. Mais la gestion est catastrophique, et en octobre 2016 La Patrouille est placée en liquidation judiciaire, laissant des ardoises considérables. 12 000 € pour une association, des sommes dépassant les 50 000 € pour des entreprises. Aucune ne souhaite pour l’heure faire de vagues. L’enjeu reste pour elles de récupérer leur dû, et d’obtenir de nouveaux contrats lors des prochaines festivités. Cette chape de silence pèse sur beaucoup de Fréjusiens. Une femme a choisi de ne plus se taire. Françoise Cauwel est l’ancienne adjointe à la culture, désormais élue d’opposition (Les Républicains). En janvier, elle sonne l’alerte et lance un Manifeste pour Fréjus, qui a été prolongé par un Appel des acteurs de la culture pour Fréjus, signé par de nombreux artistes de la région. Mais son Manifeste n’a pas été signé par ses collègues de l’opposition, et elle déplore le manque de soutien de sa famille politique. « Ils n’ont pas pris la mesure du danger. L’équipe de campagne des présidentielles me répond qu’ils sont occupés par un enjeu national. Mais Fréjus est un enjeu national ! C’est le laboratoire de ce que pourrait devenir la France en cas de victoire de Marine Le Pen. » JAN-CYRIL SALEMI

Le Pontet, aux portes d’Avignon LA PETITE COMMUNE DE 17 000 HABITANTS, COINCÉE ENTRE L’AUTOROUTE, LA NATIONALE 7, LES VOIES TGV, UN IMMENSE CENTRE COMMERCIAL ET UN CENTRE PÉNITENTIAIRE, EST UNE DES 11 VILLES FRANÇAISES ADMINISTRÉES PAR LE FRONT NATIONAL. SANS VAGUE NI REMOUS DEPUIS 2015...

L

’élection de Joris Hébrard en 2014, à trois voix près, avait été invalidée pour cause d’émargements douteux. Réélu largement en 2015, le maire considère que sa gestion remporte l’approbation. Et de fait il a été élu depuis conseiller départemental, et deuxième vice-président du Grand Avignon, grâce aux voix de la droite mais aussi de trois conseillers de gauche. Un exemple ? L’exemplarité : un credo pour la municipalité du Pontet. Le jeune maire, en dehors de quelques propos sur les 10 migrants « imposés par Paris, et il y en aura d’autres », n’est l’auteur d’aucune déclaration fracassante. Ses premières décisions ont entrainé des polémiques en 2014 : en particulier celle de supprimer la gratuité pour la cantine de certains élèves, tout en augmentant ses propres indemnités de 44% (décision cassée par le tribunal administratif). Mais depuis sa réélection, aucune vague.

Menaces et vulgarité

La deuxième campagne ne s’est cependant pas déroulée sans remous : Frédéric Delettre, conseiller municipal FN, a insulté (« Des merdes comme toi, j’en chie tous les matins ») et physiquement menacé (devant témoins et caméras) l’élu centriste Alexandre Quet. En conseil municipal, puis dans un Mac Do où il l’avait suivi. Magali Ceci, conseillère municipale FN qui souhaitait que son collègue soit sanctionné, a elle aussi été insultée lors du conseil municipal qui a suivi (« Arrête ton truc, tu vas suite p.12


pas me casser les couilles, tu vas pas me casser les couilles », a élégamment proféré Stéphane Di Bernardo, adjoint à… l’éducation), tandis que Xavier Magnin, directeur de cabinet, la menaçait directement : « Si tu sors une connerie, le lendemain je te flingue dans un communiqué ». Elle a démissionné depuis, lors d’un conseil municipal où Philippe Vardot, ex Bloc Identitaire, s’était invité pour « observer les réactions de l’opposition ». Intimidation ? Xavier Magnin. Il a quitté la Ligue du Sud pour entrer au FN, et même son ancien patron (et oncle par alliance) Jacques Bompard lui reproche sa vulgarité. De fait Xavier Magnin, proche de Philippe Vardot, aujourd’hui conseiller régional, est capable de déclarations de ce type : « Il y a des réunions de salafistes au Pontet. Un jour, ils vont se réveiller, ces mecs-là. C’est pas un mec de l’Algérie qu’ils vont égorger, c’est toi peut-être. Donc les mecs qu’on combat, on ne les combat pas parce qu’ils ont foutu Le Pontet en faillite, je m’en branle de ça, mais parce que ces mecs-là […] ils sont les relais d’un parti qui avec l’immigration nous a mis dans la merde. On était il y a 40 ans, 50 ans, les leaders du monde, on est devenu la merde du monde. » Il qualifie effectivement l’opposition municipale (PS et républicains) de « traîtres au pays » parce qu’ils ont « fait rentrer en masse des Arabes, des Noirs et tout ce que tu veux ».

Culture et communication

Mais cela, c’était avant la réélection. Lorsque Xavier Magnin en voulait à Frédéric Delettre d’avoir « mis à mal sa communication », et se réjouissait du fait que la mort d’Hervé Gourdel (tué par Daesh en Algérie) ait permis de détourner l’attention de « ces connards de journalistes » de la rixe au Mac Do. Depuis, pas de vague. Sandrine Bajard, adjointe à la culture, élue à l’agglomération, était intervenue au Mac Do pour empêcher la bagarre (« T’es con ou quoi ? Tu vois pas qu’ils sont en train de filmer ? »). Elle mène aujourd’hui une politique culturelle défendable : des contes médiévaux, des projections-débats de Connaissance du monde, du théâtre comique consensuel... Le Château de Fargues, municipal, accueille l’harmonie Rognonnaise ou « Une chambre pour deux , comédie hôtelière et déjantée ». Sans ambition donc, mais plutôt mieux qu’avant : le Pontet était un désert culturel. Sandrine Bajard a bonne presse, et très bonne réputation auprès des habitants : la mairie d’Avignon, la communauté d’agglomération du Grand Avignon dirigée actuellement par un Gardois Républicain (Jean Marc Roubaud, maire de Villeneuve les Avignon) ne se gagneront pas sans une politique culturelle solide, et une communication moins brutale... AGNÈS FRESCHEL

Entrée de la médiathèque de Vitrolles © Maryvonne Colombani

12 société

Vitrolles ou la réconciliation par la culture

V

itrolles semble encore et toujours convoitée par le FN si l’on se réfère au dernier meeting de Stéphane Ravier accompagné de Jean-Lin Lacapelle1, dans la perspective des législatives de la 12e circonscription dont fait partie celle qui fut rebaptisée un temps Vitrolles-en-Provence, lorsqu’elle était administrée par le couple Mégret (de 1997 à 2002, Madame Mégret au poste de maire, son époux étant inéligible par décision de justice à l’époque), gestion qualifiée par certains de « totalitarisme municipal »2. Qu’en a-t-il été de la politique culturelle, qu’en reste-t-il ? Le traumatisme a été long à cicatriser. Peu à peu les efforts de la municipalité actuelle portent leurs fruits, ralliant les personnels nommés par la précédente. Les propositions culturelles sont nombreuses, variées, intelligentes, une nouvelle médiathèque a été construite (cf Zibeline n°100), remarquable tant par son architecture que par son implication envers tous les publics… Il n’est plus question du comité de lecture choisi par la mairie, court-circuitant les professionnels, ni d’annulation de commandes de livres comme Cette aveuglante lumière de Tahar Ben Jelloun, Tout le monde fait l’amour de Pascale Clark ou La mort qu’il faut de Jorge Semprun3. Le cinéma Les Lumières a de nouveau l’indépendance de sa programmation : rappelons que le 28 juin 1997, sa directrice Régine Juin fut licenciée pour avoir refusé de déprogrammer un film de Philippe Faucon, L’amour est à réinventer-Dix histoires d’amour au temps du SIDA (la mairie fut d’ailleurs condamnée par le Tribunal des Prud’hommes de Martigues). Les lycées ont retrouvé le chemin des salles de spectacle de la ville, et une remarquable coopération entre les établissements et les services culturels s’est mise en place, avec une belle entente sur les propositions culturelles. MARYVONNE COLOMBANI

1 Jean-Lin La Capelle, conseiller régional d’Île-de-France, secrétaire national aux fédérations et intime de Marine Le Pen 2 émission France Culture du 20 janvier 2014, Les Pieds sur terre, reportage Rémi Douat 3 in : Vitrolles, un laboratoire de l’extrême droite et de la crise de la gauche (1983-2002) Éditions Arcane 17. Février 2014.

Gérard Perrier


politique culturelle

13

La culture, une affaire privée MP2018 EMMENÉ PAR LA CHAMBRE DE COMMERCE, LES COLLECTIVITÉS QUI FINANCENT UN FESTIVAL DU RIRE EMMENÉ PAR UNE BOÎTE DE PROD’, LA FONDATION LOGIREM QUI PLACE L’ART AU CŒUR DE L’HABITAT SOCIAL... LA FRONTIÈRE ENTRE SERVICE PUBLIC DE LA CULTURE ET RENTABILITÉ DES PRODUITS CULTURELS SE BROUILLE !

Une bouteille et des copains MARSEILLE PROVENCE 2018, PETITE SŒUR DÉSARGENTÉE DE MARSEILLE PROVENCE 2013, SE PRÉPARE À FAIRE LA FÊTE AVEC ÉNERGIE ET ESPRIT DE CONVIVIALITÉ

L

a conférence de presse rassemblait tous les « gros opérateurs culturels » du territoire, comme aime à les appeler Christian Estrosi (voir Zibeline 103), et quelques artistes emmenés dans l’aventure. Les représentants des collectivités et de l’État ne manquaient pas à l’appel. Et tous les journalistes culturels du territoire étaient là : à la Chambre de Commerce, qui est aux commandes. Tout ce petit grand monde était attablé, rassemblé en attente d’un événement : l’annonce de Marseille Provence 2018, qui sera lancé le 14 février 2018, jour de la Saint Valentin parce que le thème en est : Quel amour ! Il s’agit de relancer le processus de 2013, qui a eu « un impact économique positif indéniable pour le territoire ». « La destination a gagné en attractivité » explique Jean-Luc Blanc, le vice-président de la CCI qui introduit la conférence. Les entreprises de la région veulent renouveler l’expérience, et portent le projet. Parce qu’il est un « accélérateur de développement ». Il est toujours étrange d’entendre le monde économique s’emparer de la culture et de l’art comme d’une marchandise, et commenter avec les mots qui lui sont propres ses effets indirects sur ses chiffres d’affaire. Raymond Vidil, plus nuancé, parla simplement de l’indispensable présence de « la filière art de vivre » pour la vie économique. De fait ces chefs d’entreprise sont dans leur rôle : pour réunir les 2,5 millions de fonds privés nécessaires à MP2018, il faut convaincre les entrepreneurs que cela va leur rapporter, et de la façon la plus directe possible. Leur but est légitime, il ne s’agit pas pour eux de mener une politique culturelle destinée aux citoyens. C’est aux collectivités et à l’État de le

faire, avec l’argent public, c’est-à-dire justement celui des citoyens. Or pour MP2018, celui-ci manque cruellement à l’appel (voir encadré). Si le budget n’est pas encore bouclé, il semblerait que © Marie-Laure Thomas les 5,5 millions prévus ne sont pas encore atteints, et on est très loin des 91 millions d’apport financier pour MP2013.

D’AMOUR ET DE VERTU Mais heureusement, Madame Bernasconi, vice-présidente déléguée à la Culture au Conseil Départemental, assure que les 500 000 euros engagés par sa collectivité correspondent à une enveloppe supplémentaire, et ne viendront pas en déductions des crédits habituels : le budget culture du Conseil départemental ayant diminué de 27% depuis 2014, on ne peut s’en réjouir qu’à minima... Quant à la participation de la Ville de Marseille, estimée pour l’instant à 300 000 euros, elle est ridiculement faible eu égard aux enjeux, à l’énergie déployée, à l’implication de chacun... et à ce que la ville peut engager dans un tremplin Redbull ou un festival M’Rire (voir ci-contre). On le sait, la ville est pauvre, endettée, pétrifiée par la baisse des dotations d’état, mais elle fait aussi des choix... Qu’importe ? Comme dirait Harpagon, il s’agit de faire bonne chère avec peu d’argent ! Ce qui, chacun le sait aussi, est de fait possible si on demande aux convives d’apporter fromage, entrée, une bouteille et le dessert. C’est ce principe convivial qui préside aux

destinées de MP2018 : il s’agit d’annoncer la fête, de mettre un peu d’argent pour l’organisation et la communication, et d’attendre que les opérateurs conviés à la table amènent les artistes qu’ils soutiennent, et leurs propres moyens de productions. La bouteille et les copains... après tout, c’est le sens même de la « convivialité », et ces fêtes là sont plutôt agréables ! Il faut faire avec, pragmatiquement : avec le désengagement constaté, et accepté comme une donnée. N’inviter à la table que ceux qui peuvent encore « payer un coût », et attendre d’eux qu’ils sustentent les miséreux, les émergents, les sans-lieux, les indépendants, bref les artistes, sur leur deniers propres. Ce que les opérateurs feront, parce que tous veulent en être, parce que c’est ainsi aujourd’hui que se produit l’événementiel culturel. Et surtout parce que dans l’ensemble ces « opérateurs » sont vertueux : ils font ce métier dans un véritable esprit de service public. C’est-à-dire qu’ils se préoccupent de fabriquer un événement de haute tenue, concernant tous les publics, questionnant les mythes, dérangeant les attentes, inventant des œuvres, travaillant les formes... mais disent, libéralisme ambiant oblige, qu’ils contribuent significativement à « augmenter l’attractivité du territoire »... suite p.14-15


14 politique culturelle

MP2013 Union Européenne

MP2018

2,8

État

12,8

Région PACA

12,8

0,5

Département 13

12,8

0,5

Ville de Marseille et MPM

23,5

0,3

Ville et Pays d’Aix

7,1

Autres villes

4,1

Mécénat

14,9

Billetterie

4,6

Autres ressources propres

2,8

Total

POURTANT, LA PROGRAMMATION Elle ne sera dévoilée qu’en septembre, mais on en connait déjà les grands temps forts, et les principes. Les membres du comité directeur artistique (voir Zib 103) le promettent tous : il ne s’agit pas pour eux de labelliser leur propre saison, mais d’inviter les artistes du territoire et d’ailleurs pour des événements exceptionnels. « Notre force vient de nos différences », explique

98,2

d’un grand week-end d’ouverture du 16 au 18 février d’une exposition Picasso coproduite avec la Réunion des Musées Nationaux

2,5

0,75

Reliquat MP2013

Avec quelques subsides, et beaucoup d’élan, de volonté et de savoir-faire réunis, autour du thème Quel amour ! qu’il faudra « explorer sans mièvrerie, en le déclinant aussi avec un point d’interrogation » (Macha Makeïeff), on pourra profiter :

4,55

Francesca Poloniato, directrice de la scène nationale du Merlan, et soutien infatigable des artistes. Et effectivement, du grand Festival d’Art lyrique d’Aix-en-Provence aux quartiers Nord de Marseille, des arts de la rue aux arts plastiques, tout le territoire et tous les arts sont concernés, même si on note une plus faible représentation de la danse et des musiques d’aujourd’hui. Et une absence de manifestation littéraire.

d’un événement « nature » autour du GR2013 en mars d’une grande exposition photo au J1 produite par le MuCEM d’un grand printemps de l’Art contemporain à la Friche et au Frac de trois créations durant la période estivale (Alain Platel et Fabrizio Cassol au Festival de Marseille, un Orphée et Eurydice au Festival d’Aix, un nouveau Roméo et Juliette par Preljocaj à la Criée) d’une cérémonie de clôture en septembre De quoi remettre le couvert pendant six mois. Après quoi il y aura Manifesta en 2020. De beaux événements, qui ne sauraient tenir lieu de politique culturelle. AGNÈS FRESCHEL

« Ce sont tous des noms » LES COLLECTIVITÉS PUBLIQUES, QUI PEINENT À TROUVER TOUS ENSEMBLE 1,3 M POUR MP 2018, S’APPRÊTENT À VERSER 140 000 € À UNE BOÎTE DE PROD’ POUR UN FESTIVAL DU RIRE. JAUNE ?

M

’Rire va se dérouler du 27 juin au 1er juillet au Théâtre Sylvain. Avec, comme parrains et invités, Bosso, Titoff, Les Chevaliers du Fiel, le Comte de Bouderbala... Bref, la fine fleur de l’humour français, celui dont même la télé se méfie un peu, parce qu’il manque singulièrement de finesse et de subversion. Le budget ? 1 million d’euros, dont 14% de subventions publiques, le reste consistant dans les recettes espérées. Car si la ville met à disposition le Théâtre Silvain, les recettes (places entre 29 et 59€) iront à la boîte de prod’. À la conférence de presse, qui se déroulait à l’office de tourisme, les élus représentants les collectivités étaient là : Ludovic Perney pour la Région, fit une réponse un peu courte : « Pourquoi soutenir le rire ? Christian Estrosi l’a décidé, la culture est vitale ». Anne-Marie d’Estienne d’Orves affirme quant à elle qu’il faut soutenir ce festival parce que « tourisme et culture c’est évident » et que « le rire a une longue

histoire à Marseille, depuis l’Alcazar, Fernandel... Les Marseillais savent faire rire. » Certes, on le sait, pour qu’une émission de téléréalité, de concours de chefs ou de shopping fasse de l’audimat, il faut qu’il y ait un Marseillais. Ridicule. Car ce rire-là n’est justement pas de l’humour, c’est-à-dire le fait de déclencher volontairement le rire, mais du comique involontaire... Ce n’est pas le cas des humoristes invités : Sabine Bernasconi, qui représente « à la fois le département et la Mairie de secteur », se réjouit de ce festival « qui va nous faire rire dans un contexte difficile, et est tout de suite d’une grande exigence. » C’est-à-dire ? « Ce sont tous des noms ». Un malaise s’installe, d’autant que Dominique Vlasto prend soin de souligner la grande qualité de la directrice de la programmation : « Virginie Foucault, qui n’est autre que la fille de Jean-Pierre Foucault, à qui elle a suggéré Qui veut gagner des millions en voyant l’émission à la télé américaine. »

Interrogée sur la raison d’un financement public dans un festival qui relève si clairement de la production privée, c’est Isabelle Crampes qui répond : fondatrice de Marsatac, elle connaît bien les principes de la subvention publique, et explique qu’il y aura « des tremplins jeunes talents, organisés les premiers jeudis des mois de mars, avril et mai avant une finale au mois de juin. Le lauréat se verra remettre le prix Elie Kakou. Il est important d’offrir aux jeunes comiques, et le vivier est nombreux ici à Marseille et en Méditerranée, l’opportunité d’être vu, de se mesurer à un public. Et il y aura aussi des masters class tous les mois pour les passionnés du stand up, et l’association Le Rire medecin qui intervient à l’hôpital. » Les crédits publics seront-ils fléchés vers ces actions, qui effectivement relèvent d’une politique publique, ou vers le cachet des comiques ? « Non on ne flèche pas, mais c’est un élément important du budget global. » On a le droit de ne pas en rire. A.F.


15

Habiter l’Art LA FONDATION LOGIREM, RÉCOMPENSÉE POUR SES ACTIONS D’ÉDUCATION ARTISTIQUE, PLACE L’ŒUVRE D’ART AU CŒUR DU LOGEMENT SOCIAL

V

ous ne pouvez pas la manquer. Incidences, l’œuvre d’Etienne Rey, vous appelle de la rue, et vous invite à pénétrer entre ses pans, au cœur de la cour d’immeubles du Carré Saint Lazare1. Les couleurs bleu et or, les reflets et la transparence qui, diurnes, attirent longuement votre regard et désorientent votre perception, deviennent autrement fascinants le soir, quand la lumière du jour est relayée par des leds colorés... Les panneaux de verre sont simples pourtant, et l’œuvre, discrète, à taille humaine, n’attire pas comme un miroir aux alouettes, mais comme le fond d’un puits lumineux où le regard se perd... Etienne Rey, artiste résident à la Friche, a conçu une œuvre d’art urbain exceptionnelle. Et le projet de la Fondation Logirem l’est tout autant. Impliquée depuis MP20132 dans le quartier très pauvre de la Belle de Mai, la Fondation du bailleur social poursuit un travail à destination des habitants : il est question de dignité, de respect, de « bouffée d’oxygène ». « Nos projets culturels installent une dynamique pour nos habitants, mais aussi pour le personnel de la Logirem. Et pour les artistes aussi, qui ont besoin de bosser. » explique Martine Lahonde. La société

Logirem a financé l’œuvre d’art, et la Fondation toutes les actions de médiation menées par l’association En Italiques : les habitants du Carré Incidences, Etienne Rey, 2017 © X-D.R Saint Lazare et du quartier sont invités depuis le début du projet à s’approcher de l’œuvre dans sa préparation et son inauguration, à s’exprimer sur sa forme et sa présence. Et cela marche. Martine Lahonde explique aussi que des habitants fiers de l’endroit où ils vivent le respectent que cela peut même « économiser les frais de gardiennage ! ». Mais que ce n’est pas l’essentiel, que « c’est plutôt la plus-value morale » qui est notable... La Fondation, née en 1998 d’une volonté du groupe Logirem (30 000 logements dans le Sud-Est), s’est spécialisée depuis 2013 dans les projets culturels. Plus de 1000 à son actif, qui consistent toujours à « améliorer concrètement la vie des habitants en amenant une offre culturelle dans les résidences », explique Pascale Sasso. Et « jamais avec de l’art au rabais, la Fondation est

d’une exigence de tout instant ». Ce que confirme Etienne Rey, qui n’a « jamais connu un commanditaire aussi exigeant, sur des questions que l’on aborde peu : la pérennité de l’œuvre, sa dimension humaine, sa visibilité de l’extérieur, sa solidité, sa facilité d’appropriation... Ils m’ont fait revoir plusieurs fois ma copie ! Et cela m’a beaucoup apporté dans ma propre perception de ce que je voulais faire comme artiste. » On rêverait de politiques publiques aussi pertinentes ! AGNÈS FRESCHEL 1 Un très beau programme de renouvellement urbain : 472 logements étudiants et sociaux, avec crèche et commerces, espace senior... 2 Un Quartier Créatif MP2013 particulièrement réussi, celui des Ex-Voto dans le tunnel National, hélas désinstallé depuis...

Récompense

E

ntrez dans la danse, un programme conçu par le Ballet National de réalité de nos métiers et de la maison. Puis ils viennent aux spectacles, Marseille et soutenu par la Fondation Logirem, vient de recevoir le ils sont systématiquement invités à 3 ou 4 spectacles par an. Eux et prix national de l’éducation artistique. Rencontre avec Christophe leurs parents, lors de représentions publiques, pas en scolaires, c’est Mély, en charge du programme au important. Et puis il y a les ateliers, 5 Ballet ou 6 dans l’année avec chaque classe. Zibeline : Ce prix est pour vous le Et le spectacle à la fin de l’année, où couronnement d’un long travail... ils sont sur scène dans des conditions Christophe Mély : Sa récompense professionnelles. oui, mais il y en a bien d’autres, depuis Vous les emmenez ailleurs aussi, parfois. maintenant 18 ans. Car ce dispositif Oui ! Tous les deux ou trois ans la a été créé en 1999, et la Fondation Fondation nous permet, en rallongeant Logirem nous accompagne depuis son budget, de les emmener lors des 10 ans. L’idée est de faire découvrir tournées du Ballet. Ainsi certains, de l’univers de la danse, par des rencontres, l’Ecole Bellevue, ont pu nous suivre Pinatel, directeur général de Logirem (à droite), Audrey Azoulay, ministre de la Culture et des ateliers pratiques... De danse, parce Eric à Bruxelles ou à Versailles. C’était Christophe Mély, responsable des relations publiques au BNM, lors de la remise du prix © X-D.R. que les élèves et les enseignants veulent incroyable pour eux, qui souvent danser, mais aussi des ateliers de dessin, d’écriture, de costume... n’étaient pas sortis de leur quartier, de se retrouver dans la salle de Le dispositif est important, en termes de classes concernées et de suivi l’opéra de Versailles... Mais quand je leur ai demandé ce qui les avait le de chaque classe. plus marqués, ils m’ont répondu d’avoir une baignoire dans leur chambre Oui. On touche au moins 350 gamins par an, avec plusieurs actions d’hôtel ! Je suis certain que ce voyage les aura touchés profondément, pour chacun. D’abord on les invite au Ballet, pour qu’ils découvrent la et ils nous apportent beaucoup, aussi... A.F.


16 événements

Babel Med Mutation Un déménagement, une nouvelle configuration scénique et une ouverture aux jazz et musiques actuelles sont les nouveautés de cette 13e édition

«

L’un des enjeux pour les années futures est de savoir si les particularismes, les sons d’ailleurs, les petites et moyennes entreprises, seront capables de résister. » Plutôt que de subir le nouvel ordre mondial, Bernard Aubert et Sami Sadak, directeurs artistiques de Babel Med Music, choisissent la posture offensive. Reprenant leur bâton de pèlerin pour promouvoir une économie durable des musiques du monde, ils proposent une édition 2017 du forum marseillais renouvelée, consciente de la réalité du marché, en l’ouvrant au jazz et aux esthétiques actuelles. Si l’ambition est de mieux coller aux évolutions qui bouleversent la filière musicale, les grandes orientations demeurent. En journée, le salon

A Filetta © Didier D. Daarwin

(qui déménage du Dock des Suds au hangar J1, à la Joliette) propose des stands et des rencontres professionnels, des tables rondes thématiques, Babel Minots, une sensibilisation des jeunes aux métiers du spectacle vivant, des projections et des remises de prix aux acteurs des musiques mondiales. En soirée, le public reprend ses droits pour un festival

de 30 mini-concerts (voir encadré ci-dessous), sur trois scènes, avec des artistes venant de 22 pays des cinq continents. La majorité d’entre eux sont originaires d’Europe (57%). Arrivent ensuite l’Afrique (30%), territoire décidément en ébullition culturelle, le bassin méditerranéen (27%) puis, à égalité (20%), les Amériques et la région Paca. En queue de

Marseille est un trampoline pour l’imaginaire Zibeline : Cela fait longtemps que Lo Còr de la Plana ne s’est pas produit à Marseille. Qu’avezvous fait pendant tout ce temps ? Manu Théron : Nous avions besoin de prendre un peu d’air et de distance par rapport à ce qu’est la vie d’un groupe. Sébastien Spessa s’est investi dans les musiques baroques ; Rodin Kaufmann et Denis Sampieri ont monté le groupe Uèi. Personnellement, Lo Cor de la Plana © X-D.R j’ai mené à bien trois projets qui me tenaient à cœur : Polyphonic près une résidence à la Cité de la System, Madalena et Sirventes. Musique de Marseille, Lo Còr de la Comment est né le projet Tafori ? Plana fait son retour sur scène avec Avec l’album Marcha, on a achevé un cycle un nouveau projet, Tafori, consacré à la cité très important pour nous. Celui de la réinterphocéenne, et un nouvel album éponyme en prétation des répertoires traditionnels occitans préparation. Entretien avec Manu Théron, en trois volets : les chants sacrés, à danser fondateur du groupe. et politiques. Cela a pris neuf ans. Pour quoi

A

pouvait se passionner à nouveau le groupe ? Marseille est présente dans tous nos disques ; Tafori sera donc un album de compositions qui parlera de la ville tout en rappelant certains fondamentaux, car nous sommes revenus dans une période de centralisme fort, doublée d’une posture névrotique par rapport à la diversité. Quel regard portez-vous sur Marseille, cette ville qui vous inspire autant qu’elle vous passionne ? Marseille est un échec politique et un chaos institutionnel. Et pourtant, c’est une ville qui n’est pas en souffrance, qui positive, grâce à tous ceux qui y arrivent en permanence et qui espèrent vivre mieux. Ils apportent à Marseille une joie, une dynamique ascendante qui la maintient dans l’envie d’exister. Marseille est un tremplin, voire un trampoline, pour l’imaginaire. Comment définiriez-vous la politique municipale ?


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peloton, l’Asie et l’Océanie (3% chacune). La scène régionale, toujours valorisée à Babel, est représentée par le chaâbi flamenco de Juan Carmona et Ptit Moh, la pop jazz de Perrine Mansuy avec Christophe Leloil, le toujours jazz mais tendance électro de Onefoot ou encore le nouveau projet de Dj Djel Mars Street Band. Parce qu’ils nous ont impressionnés aux Suds à Arles l’an dernier, nous recommandons vivement de découvrir Uèi, héritiers contemporains des musiques populaires d’Occitanie (la vraie, pas l’entité administrative). Phénomène régulier, la présence d’un artiste reconnu qui n’a rien à prouver, ni même à vendre en l’occurrence : il s’agit cette année de l’unique rocker français de dimension internationale, le sulfureux Rachid Taha dont le dernier album remonte à 2013. À noter également, la présence du meilleur groupe de polyphonies corses, A Filetta, qui fête son 40e anniversaire. T.D.

Babel Med Music 16 au 18 mars Dock des Suds, Marseille 04 91 99 00 00 dock-des-suds.org

Trois soirées de sons planétaires Jeudi 16 : Alsarah and the Nubatones, Paul Wamo, Juan Carmona et Ptit Moh, Chassol, Shaï Maestro, Imam Baildi, Jowee Omicil, Ialma, Speed Caravan, Mo Laudi Vendredi 17 : Fatima Tachtoukt, Uèi, A Filetta, Lura, Maarja Nuut, Vocal Sampling, Pachibaba, Onefoot, Rachid Taha, Mars Street Band Samedi 18 : Bandadriatica, Perrine Mansuy, Hawa Boussim, Betty Bonifassi, Black String, Rocca, Txarango, K’Koustik, Rising Tide, Skywalker

On assiste à une vraie gestion de droite : égoïste, négligente, désinvolte. Les dirigeants sont d’une grande pauvreté d’imagination et réfléchissent avec des cerveaux du XIXe siècle. Les classes dominantes détestent le peuple. Ce qui est extraordinaire, c’est qu’elles l’expriment ouvertement par un sentiment de mépris que la population leur rend bien. Mais l’hommage que les élites marseillaises ne savent pas rendre au peuple, d’autres, ailleurs, savent le prodiguer. C’est aussi ce fossé qui rend la ville passionnante. Plus de quinze ans après la création du Còr de la Plana, vos héritiers sont nombreux. Comment le vivez-vous ? Notre ambition était de redonner à la vocalité un droit d’expression, de favoriser une reprise en main de la culture occitane par le chant, en l’ouvrant à d’autres traditions méditerranéennes ancrées à Marseille. Je suis émerveillé par l’abondance et la qualité des propositions passionnées que j’observe. Et si l’on nous le demande, nous dispensons des avis, des conseils, non pas pour former des professionnels -ils le deviendront par eux-mêmes, mais pour donner le goût de la transmission d’un patrimoine qui est en train de passer d’une dynamique de conservation à une dynamique de création. PROPOS RECUEILLIS PAR THOMAS DALICANTE

Pour espacer le temps

M

usique « intranquille et voyageuse » du XVIe siècle, ainsi la qualifie l’historien Patrick Boucheron en introduction au nouveau CD du groupe Rassegna, Il sole non si muove, petit bijou enregistré au studio du théâtre Durance (Château-Arnoux) et produit par Buda Musique. Le XVIe ? Parce que, sans doute, les frontières entre musique savante et populaire ne sont pas aussi nettes qu’aujourd’hui ; les musiciens sillonnent les territoires, transportant avec eux un répertoire où les genres se côtoient, dans une époque comme la nôtre dans un entre-deux… Cette capacité à ne pas établir de distinctions a séduit Bruno Allary, âme de ce bel ensemble, qui refuse les cloisonnements qui « réduisent l’infini au binaire ». Le résultat, une incursion délicieuse qui nous mène de l’Angleterre élisabéthaine aux faubourgs de Tlemcen en passant par l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la Bulgarie et la Provence. Quatorze pièces d’une sobre et virtuose élégance : Mireille Collignon et ses violes de gambe (basse et dessus), apporte avec ces instruments nés à la fin du XVe le parfum de la Renaissance ; Isabelle Courroy et ses flûtes kaval sourit de l’aventure et note le bonheur des « rythmes boiteux » ; Bruno Allary, qui passe de la guitare flamenca à celles classique, électrique ou baroque, soutenu par la basse électrique, la contrebasse ou le tar de Philippe Guiraud, se risque pour la première fois au chant, avec l’Ode sur la misère et la pauvreté de Bellaud de la Bellaudière en langue d’Oc, rauque comme la situation du poète enfermé dans les geôles de Moulin ; Fouad Didi au oud interprète Salouni ya Ahle el Hawa, exemplaire du genre musical arabo-andalou néo-classique Hawzi, originaire de Tlemcen au cours du XVIe ; s’unissent enfin, en harmonies précises et inventives, les voix superbes des trois chanteuses (aussi à la derbuka, au cajόn, ou au bendir) Sylvie Paz, Carine Lotta, Carina Salvado. Temps suspendu entre John Dowland et l’étonnant (et envoûtant) The Three Ravens de Ravencroft (sic)… Musique toujours contemporaine puisqu’intemporelle… MARYVONNE COLOMBANI

Lo Còr de la Plana s’est produit le 10 mars à la Cité de la Musique de Marseille

Il Sole non si Muove, Buda Musique, 16.05 €


18 événements

© Evelyne Berghe

Massilia par Massilia Massilia Sound System Le film sort en salles le 5 avril. Christian Philibert, l’auteur des 4 saisons d’Espigoule, signe un film intime et généreux sur le groupe leader du son du Sud, du reggae provençal et de l’anti-centralisme Zibeline : Comment est né le projet de ce film ? Christian Philibert : Le premier lien s’est fait avec Gari, vers 2008, peu après le décès de Lux B. (membre emblématique de MSS, à qui le film est dédié, NDLR). J’étais touché car il m’a dit d’emblée que Lux adorait Espigoule, et très vite on a senti des liens évidents entre nous, on fait partie de la même famille. Puis le temps a passé et en 2014, ils entament une nouvelle tournée et s’apprêtent à fêter leurs 30 ans. Je leur ai proposé de faire un long métrage, ça les a enthousiasmés. La relation de confiance a été immédiate et nous a permis d’atteindre un degré d’intimité. On s’est immergés au sein

du groupe à partir d’octobre 2014 jusqu’en décembre 2015, où on a tourné les entretiens individuels qui alternent avec les images d’archives et celles faites lors des concerts. Au début, je pensais donner la parole à des intervenants. Mais l’idée s’est imposée, il fallait qu’ils se racontent eux-mêmes. C’est vraiment Massilia par Massilia. Comment s’est organisé le financement ? C’était la plus grande difficulté. Massilia a une immense popularité, et pourtant aucun financement public n’a été accordé, ni par la région PACA, ni par une télévision. Le film a vu le jour notamment grâce aux 700 donateurs qui ont contribué sur KissKissBankBank. Le soutien de La Chourmo (le fan club de MSS, NDLR) a également été important. On a organisé des soirées, des fêtes, c’est un film qui a été financé par les spectateurs. Compte tenu du peu de moyens, on a choisi de le distribuer nous-mêmes, d’aller jusqu’au bout de la démarche : on fait un cinéma indépendant, sur un groupe indépendant qui, c’est exceptionnel, tient depuis 30 ans. Les Films d’Espigoule deviennent donc distributeurs, avec une vingtaine de copies sur toute la France, majoritairement dans le Sud. Cette indépendance est aussi la marque d’une identité ?

Oui. C’est un mot qui fait peur à l’idéologie centraliste. Or il y a plusieurs manières de revendiquer l’identité. Celle de Massilia, et la mienne, est ouverte vers les autres, elle rassemble, elle crée du lien. On est très loin du Front national ! J’ai besoin que mon cinéma participe d’une diversité en France. Et comme Massilia, je travaille avec ce que j’ai sous la main. Le centralisme culturel enferme les énergies créatrices de ce pays. Je me bats contre ça depuis des années, je le revendique dans mes films et je me sens parfois isolé. S’associer avec Massilia pour porter ce discours donne au film une dimension politique. Ensemble on est plus forts. Massilia a mené beaucoup de gens à s’intéresser à la langue provençale, à l’apprendre. Leur démarche est de créer du folklore. Quand je fais Espigoule, c’est la même chose. On rentre dans un folklore moderne, réinventé et vidé de sa substance négative. PROPOS RECUEILLIS PAR JAN-CYRIL SALEMI

Une avant-première aura lieu le 3 avril au cinéma l’Alhambra, à Marseille, en présence de Christian Philibert


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Marseille jazze toute l’année

A

près un concert mémorable à la Criée en décembre (voir Zib’ 103), Marseille Jazz des cinq continents réaffirme sa volonté de n’être pas qu’un festival d’été, mais de défendre la présence du jazz, toute l’année, à Marseille. Et alors que Babel Med programme désormais des jazzmen, le MJ5C affirme que le jazz est aujourd’hui une musique du monde : les 5 continents n’ont jamais été aussi présents, et Roberto Fonseca (Cuba), Nguyen Lê (Français d’origine vitenamienne), Ngô Hông Quang (vietnamien) et Norah Jones (américaine fille de ravi Shankar), sont les premiers noms dévoilés de la programmation d’été. En attendant, le MJ5C organise à Babel un débat pour questionner « le Jazz comme musique du monde ». Le 16 mars à 15 heures, Régis Guerbois (MJ5C), MarieJosé Justamond (Les Suds) et Raphaël Imbert rencontreront les directeurs de Jazz à Vienne, Nancy jazz, Jazz en vanlencia... pour en discuter. Désormais officiellement directeur délégué, Hugues Kieffer assume son rôle de programmateur. L’été 2016 fut difficile, avec les attentats de Nice, et le départ de Stéphane Kochoyan. Mais celui qui fut longtemps son

Roberto Fonseca © Arien Chang

directeur technique connaît bien le festival, ses spectateurs, les musiciens : il veut faire venir un public plus nombreux encore, international mais aussi de Marseille, des jeunes, des férus de jazz, et tous ceux qui peuvent entrer dans cette musique par d’autres voies. Avec le programme handijazz, Marseille Heure Jazz dès le mois de juin, 10 jours de festival dans plusieurs lieux, une soirée gratuite, et sur

scène des créations, des jeunes, des femmes, des gens de tous horizons, et un peu moins de monstres sacrés vieillissants, la programmation 2017 promet d’être belle ! D’ici là, venez parler jazz... au Babel ! AGNÈS FRESCHEL

marseillejazz.com

Un bel échange à partager

D

u ciné, des concerts, des débats, des rencontres, des expos, du théâtre : la 10e édition de Latcho Divano, le festival des cultures tsiganes, s’annonce prometteuse ! La diversité et la richesse de la programmation seront de nouveau propices au « bel échange » (la signification de Latcho Divano en langue romani), ouvertes à toutes English & Irish travellers, exposition de photos d’Elisabeth Blanchet à la galerie le 3013 les rencontres. Avec la ferme © Elisabeth Blanchet intention de renvoyer au placard de 14h, où un village associatif sera dressé. tous les préjugés et fausses idées qui entourent L’association Tchatchipen y livrera tout au les peuples rom et tsigane, leur expression long de l’après-midi ses contes du Théâtre et leurs traditions. Le point d’orgue aura Romano puis, après un buffet organisé par lieu comme chaque année le 8 avril pour le les familles roms, précédant le concert du Romano Dives. Depuis 1971, cette journée Nadara Gypsy Band avec les musiciens internationale marque l’union des Roms qui, roms de Marseille. cette année-là, se choisirent un drapeau et un Pour le reste du programme, à retenir hymne. Elle sera célébrée à la Friche, à partir notamment, au rayon musique, la venue de

la volcanique Rona Hartner, qui sera en concert le 31 mars à la Cité de la Musique avec Ghitsa Vagabontu et sa fanfare tsigane de Moldavie. Deux expositions à ne pas manquer : celle consacrée à Ceija Stojka, l’artiste rom, déportée à l’âge de 10 ans, devenue peintre et écrivaine autodidacte à 50 ans, à découvrir jusqu’au 16 avril à la Salle des Machines, la librairie de la Friche ; et au cinéma Les Variétés, croisement entre l’œuvre photographique de Matteo Maximoff, véritable passeur de la culture tsigane, et le travail de la journaliste et photographe Elisabeth Blanchet. Elle exposera également ses photos à la galerie le 3013. Enfin, aux Variétés encore, avant-première le 30 mars de Django, le film d’Etienne Comar, avec Reda Kateb dans le rôle de Django Reinhardt. JAN-CYRIL SALEMI

Latcho Divano 10 mars au 8 avril Marseille 09 52 72 89 28 latcho-divano.com


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Boris Cyrulnik © DRFP

De la résilience à l’apprentissage de la liberté

Zibeline : Neuropsychiatre, directeur d’études en éthologie à l’université de Toulon, vous êtes le père du concept de la résilience. Est-ce que ce qui ne nous tue pas nous rend réellement plus forts ? Boris Cyrulnik : Le traumatisme ne nous rend pas plus forts, la phrase de Nietzsche ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts est fausse : on garde toujours les traces de sa blessure au fond de nous et on reste toujours sensible à ce qui nous est arrivé, mais dans un syndrome psycho-traumatique, on ne peut plus reprendre d’évolution, on est prisonnier du passé, on ne pense qu’à ça. On l’observe avec la neuro-imagerie. Avec des gens qui

Le 5 avril, Boris Cyrulnik est l’invité du Toursky, grâce à l’entremise de la revue « citoyenne engagée » Sans Transition, pour une conférence intitulée Ce qui ne nous tue pas… : la résilience

viennent de subir un traumatisme, le cerveau ne traite plus les informations. Or quand le processus de résilience se déclenche, on peut reprendre un peu de liberté intime, et on peut prendre un autre développement, mais on n’est pas plus forts. Simplement, il y a des gens qui deviennent très forts, parce qu’ils se rendent souvent spécialistes du trauma qui les a fracassés. Quand on vous lit, on sent votre amour des mots, ne serait-ce qu’en évoquant quelques titres, Ensorcellement du monde, Le murmure des fantômes… Quelles sont les relations entre la psychanalyse et la littérature ? Vous avez raison, très souvent les enfants qui ont été blessés le restent toute leur vie s’ils ne sont pas soutenus, mais s’ils le sont ils ne peuvent pas parler de ce qui leur est arrivé n’importe comment. Beaucoup de gens qui ont subi la Shoah ne peuvent pas raconter mot à mot l’horreur de ce qu’ils ont subi, mais ils peuvent chercher à comprendre, ou en faire des romans, et à ce moment-là l’horreur devient supportable. Jorge Semprun ne pouvait pas parler de sa déportation : l’écriture ou la vie. Dès l’instant où il a décidé de réfléchir, de faire des romans en même temps sur la guerre et la déportation, ça a été l’écriture et la vie. Dans votre dernier livre Ivres paradis, bonheurs héroïques, il y a quelque chose qui tient de Bettelheim et sa Psychanalyse des contes de fée, vous resituez la fabrication du héros à partir de la théorie de la résilience… Merci pour cette question parce que c’est cela, quand on est enfant on est faible, on espère devenir fort mais on a besoin d’être sécurisé par maman, d’être renforcé par papa, et soutenu par la société. C’est l’âge des héros, des récits qui nous présentent la vie. Ça peut être l’abandon, comme le Petit Poucet, l’inceste comme Peau d’âne, Tarzan pour les enfants sans famille… ces héros ont une fonction identificatoire importante. Mais quand on est adulte ou quand un groupe social a encore besoin de héros, c’est la preuve que ce groupe social est faible alors qu’il voudrait ne plus

l’être, et dans ce cas-là c’est mauvais signe. Est-ce un acte politique que de vulgariser? C’est un acte très positif, il y a deux générations, au CNRS les chercheurs disaient qu’il ne faut pas vulgariser parce que l’on se vend au grand public. Maintenant, le CNRS est tenu de participer à la culture ; d’excellentes revues partagent le savoir ; les gens apprécient cela et il y a beaucoup moins de contre-sens. Dans les pays totalitaires, il n’y a qu’un seul savoir, c’est le chef, c’est Dieu et là il n’y a pas de partage du savoir, on doit réciter la parole du maître. Pourquoi des conférences grand public ? Je trouve très agréable cette participation à la culture : je suis obligé d’employer un langage communicable, cela me fait progresser ! Quand on parle de la science, on parle des gens. Je n’aime pas tellement le mot vulgarisation : il y a 20 ou 30 ans, un savant employait un langage cucul pour s’adresser à des ignorants. Il y a vraiment un savoir partagé où chacun a sa connaissance particulière. Quand il y a un schizophrène ou un malade d’Alzheimer dans une famille, on parle d’un savoir vécu éprouvé… c’est en travaillant ensemble que tout le monde fait des progrès, le malade, la famille et la culture. Quelle est la question que l’on ne vous a jamais posée et à laquelle vous aimeriez répondre ? À ma connaissance, plus on a de questions et plus on a de réponses. L’ignorance est source de certitudes alors que la science est source de doutes. Les scientifiques posent des questions et n’apportent pas des réponses, alors que les ignorants apportent les réponses : c’est ce qu’on a vu dans les années 30 avec la montée des totalitarismes et c’est ce qu’on voit aujourd’hui réapparaître avec les langages totalitaires d’ignorants porteurs de certitudes. Je préfère nettement le langage scientifique qui est débat, incertitude, doute. Dès l’instant où subsiste un doute, c’est qu’il y a un degré de liberté, donc je préfère le doute à la certitude. ENTRETIEN RÉALISÉ PAR MARYVONNE COLOMBANI


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Embarquement immédiat ! S

uccès oblige, la manifestation prend de l’ampleur et prend ses aises -sur six jours lors de deux week-ends consécutifs (du 31 mars au 2 avril et du 7 au 9 avril)-, ralliant deux nouveaux lieux marseillais, le Théâtre Nono et le Pôle instrumental contemporain (PIC), qui se joignent ainsi à La Criée, au Théâtre Joliette-Minoterie, aux Salins, à l’Olivier, au Sémaphore et au Cadran. Le principe est simple, à chaque étape un spectacle : que vous preniez le train, le bus, ou que vous veniez par vos propres moyens, chaque lieu saura vous appâter avec un spectacle alléchant, « lors de parcours biscornus » qui rassemblent toujours plus de spectateurs avides de découvertes, artistiques et géographiques ! C’est l’occasion rêvée pour oser parcourir un territoire dont les lieux culturels ne sont pas très éloignés les uns des autres… bref, de les découvrir si ce n’est pas déjà le cas !

Pour sa 3e édition consécutive, Le Train bleu, itinéraire côtier artistique et culturel, étoffe ses propositions, à découvrir en train, mais aussi en bus et en bateau !

Une programmation à parcourir Si les spectacles ne se jouent qu’une seule fois, celui du Begat Theater, Les Voix de la Ligne 7, aura lieu lors de chaque voyage à bord du TER au départ de la gare de Marseille Saint-Charles : la compagnie, qui a confié l’écriture des textes à l’auteur Patrick Goujon, a concocté pour l’occasion une expérience sonore et littéraire, créée pour être synchronisée avec le paysage et rythmée par l’avancée du train ; via un casque audio les voyageurs entendront les pensées et rêveries de passagers fictifs, et même la voix du train lui-même… Parmi les nombreuses propositions, retenons celle de la soprano Beate Mordal et du pianiste Nicolas Royez qui revisitent le répertoire du music-hall avec les mélodies de Kurt Weill, Leonard Bernstein ou Erik Satie ; la 4e des Collections secrètes de la Cie Kubilaï Khan qui aura lieu dans un lieu secret de Port-deBouc ; des déambulations théâtrales au cœur des collections du Muséum d’histoire naturelle de Marseille par Olivier Martin-Salvan et son équipe artistique avant d’assister à la représentation de son Ubu à La Criée ; une frénésie urbaine anti-morosité organisée par la tribu NoNo emmenée par Serge Noyelle et Marion Coutris ; le ciné-concert King Kong par l’Ensemble Télémaque, qui allie musiciens, chanteurs, percussionnistes et performer son ; un parcours découverte des extérieurs du secteur Euroméditerranée, guidé par le comédien François Champeau, avant

In The Middle, Marion Motin © Dati Bendo

d’assister au spectacle Dans la solitude des champs de coton, mis en scène par Roland Auzet et donné dans le centre commercial Les Terrasses du Port ; le hip-hop féminin du crew de Marion Motin, les Swaggers, à l’Olivier ; ou encore la possibilité de s’émanciper d’un ordre dominant offerte par Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne de Jean-Luc Lagarce, mise en scène d’Agnès Régolo, au Sémaphore… À noter que cette année encore la Carte ZOU ! 50-75%, valable un an, sera offerte par la Région à de nombreux spectateurs-voyageurs (mais attention, en nombre limité !), et que les réseaux Ulysse, Carteize et RTM vous transporteront à prix doux, voire gratuitement ! DOMINIQUE MARÇON

Le Train bleu 31 mars au 2 avril & 7 au 9 avril Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net L’Olivier, Istres 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 theatre-semaphore-portdebouc.com Le Cadran, Ensuès-La-Redonne 04 42 44 88 88 mairie-ensues.fr La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-lacrie.com Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr Le PIC, Marseille 04 91 43 10 46 ensemble-telemaque.fr Théâtre NoNo, Marseille 04 91 75 64 59 theatre-nono.com


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Un air de printemps au MuCEM Expositions et visites Que ceux qui n’ont pas encore vu Après Babel, traduire se précipitent ! Elle s’achève le 20 mars. La commissaire Barbara Cassin accueillera son confrère Alain Badiou le 15, avec deux traducteurs, Moshe Ron et Mohamed Maouhoub, lors d’une dernière rencontre intitulée Traduire la philosophie. Mais la relève est assurée, avec une nouvelle grande exposition consacrée au thème passionnant (si, si !) des déchets. Vies d’ordures s’ouvre le 22 mars, jusqu’au 14 août, et sera l’occasion de découvrir l’envers du décor de notre société de consommation. L’ethnologue Denis Chevallier en assure le commissariat, après avoir longuement travaillé le sujet dans le cadre du séminaire Requalifier les restes : de la poubelle au musée organisé par l’Institut Méditerranéen des Métiers du Patrimoine

De nouvelles expositions et temps forts au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée

depuis 2014. Il propose un parcours unique en son genre, pour comprendre comment « les déchets donnent forme à nos paysages et à nos relations sociales ». La journée portes ouvertes aura lieu le 21 mars ; le 8 avril, un atelier recyclage d’objets pour toutes sortes d’usages est prévu ; et du 7 au 9 un grand week-end au nom fort parlant : Mille plantesZéro déchets. Le 6 avril, rendez-vous rue Clovis Hugues, au Centre de Conservation et de Ressources, pour l’inauguration de l’exposition Rêvons la ville, élaborée par une classe de 3e du collège Versailles. Et avec le printemps, les visites du Jardin des Migrations reprennent de plus belle ! Le 8 avril, ce sera l’occasion de découvrir les caractéristiques exceptionnelles de notre flore méditerranéenne, avec les jardiniers du MuCEM.

Rencontres et temps fort Jusqu’au 19 mars, le temps fort Palestine : territoire, mémoire, projections se poursuit, avec nombre de films (notamment sur Mahmoud Darwich, lire p.62), et de rencontres avec historiens, artistes, sociologues et réalisateurs. Les conférences sont en accès libre. Le séminaire La fabrique de l’image dans les mondes arabe et musulman contemporains propose des rencontres scientifiques les 23 et 24 mars et le 6 avril, avec des professionnels de l’expression dessinée, afin d’imaginer comment les nouvelles formes d’écritures et de narration peuvent participer aux sciences humaines (en accès libre sur inscription : i2mp@mucem.org). Les 25 et 26 mars, le temps fort Danse de Mars investira le musée, avec tout un weekend de spectacles, ateliers, rencontres et

Camille Pépin © Sofia Albaric

CompositricES

S

’il était encore besoin d’en faire la démonstration, les compositricES existent ! Le Festival Présences Féminines, année après année, propose une programmation qui a de quoi convaincre les plus sceptiques. « 89 compositrices programmées au cours de sept éditions », rappelle la directrice artistique de cette captivante manifestation, Claire Bodin. Beaucoup ? « En réalité si peu au vu de ce qu’il reste à découvrir et faire découvrir pour que la création musicale des femmes de tous temps soit prise en compte », souligne-t-elle avec force. Du 24 mars au 1er avril, à Toulon, au Pradet, à Saint-Mandrier, conférences, concerts, actions scolaires, rencontres, master classes, entretiens, promenades guidées (« suivez les femmes ! »), rendront justice à celles à qui l’on a concédé la capacité d’interprète (sensible et nuancée, de préférence, la puissance étant réservée au sexe opposé, puisqu’opposition est impliquée !), mais non celle de création (ou la reléguant aux mignardises), les faisant douter d’elles-mêmes à l’instar de Clara Schumann qui écrivait : « une femme ne doit pas prétendre composer -aucune n’a encore


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La Villa en Espagne

D Les Roms et Gueigs à Tirana, Albanie, 2014. Photo Franck Pourcel © Franck Pourcel - production MuCEM 2014-2017

performances. On retiendra notamment les work in progress de Bouziane Bouteldja et Cheikh Sall, la table ronde Le hip-hop entre danse et société, ou encore Transe, pièce dans laquelle le chorégraphe Fouad Boussouf s’empare des grands classiques de la musique arabe et les confronte à l’énergie du hip-hop.

Retrouvez sur notre WebRadio Zibeline la Traversée mensuelle du MuCEM et sa Chronique des libraires, Zone de sécurité temporaire avec Anne-Marie Filaire, le Temps fort Palestine avec Elias Sanbar et Jean-Luc Godard (sous réserve), l’exposition Vies d’ordures avec Denis Chevallier et le photographe Franck Pourcel, et le cycle de conférence Pensées du monde Nature, culture, ordure.

GAËLLE CLOAREC

MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 mucem.org

été capable de le faire, et pourquoi serais-je une exception ? ». Néanmoins, une semaine de festival ne suffit pas pour programmer un répertoire d’une époustouflante richesse : Claire Bodin « [devra se] résoudre à faire patienter des œuvres et des compositrices qu’il [lui] tarde pourtant de programmer ». Nouveauté de cette 7e édition, une compositrice est invitée sur toute la durée du festival : cette année Camille Pépin, grand prix Sacem 2015 (catégorie jeune compositeur) en est la marraine. Elle présentera deux œuvres, commandées par Présences Féminines, et qui seront données en création mondiale : 18 poèmes de jeunesse de James Joyce interprétés par l’Ensemble Polygones, la mezzo-soprano Fiona Mac Gown sous la direction de Léo Margue ; puis, dédiée à Lili Boulanger, la seconde commande sera jouée par la violoniste Raphaëlle Moreau et la pianiste Célia Oneto Bensaïd. Natalie Dessay racontera le chant d’Orféo mis en notes par Silvia Colasanti, dans une interprétation du Paris Mozart Orchestra sous la direction de Claire Gibault.

On découvrira Rita Strohl, compositrice du XIXe, avec le duo Solitude, romance pour alto et piano, le Trio n°2 en ré mineur et le Quatuor en ré mineur, par Amanda Favier (violon), Cécile Grenier (alto), Guillaume Martigné (violoncelle) et Lorène de Ratuld (piano). Deux récitals -l’un de clavecin par le jeune virtuose Justin Taylor (premier prix de clavecin du concours international de Bruges 2015), l’autre par l’immense pianiste Marie Vermeulin-, exploreront des œuvres de compositrices du XVIIe à nos jours : Hélène Gabrielle Fleury-Roy, Lili Boulanger, Camille Pépin, Marguerite Canal, Élisabeth Jacquet de la Guerre, Élisabeth Turner, Anna Bon, Marianna Martinez, Graciane Finzi, Elfrida Andrée, Clara Schumann, Mel Bonis, Chaya Czernowin… Un programme rare de diamantaire ! MARYVONNE COLOMBANI

24 mars au 1er avril Théâtre Liberté, Opéra, Musée National de la Marine, Toulon Théâtre Marc Baron, Saint-Mandrier Espace des Arts, Le Pradet 04 98 00 58 76

presencesfeminines.org

ans le cadre du cycle Les Mardis de la Villa, c’est l’Espagne qui sera à l’honneur en ce mois de mars à la Villa Méditerranée. L’Espagne face aux enjeux méditerranéens, tel sera l’intitulé de la conférence organisée en partenariat avec l’association Euromed-IHEDN (Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale). Pour débattre du sujet, l’intervenant principal sera Vincent Garcès, ancien député au Parlement européen. Très actif sur les questions liées à l’enjeu méditerranéen lors de son mandat continental, il a été notamment membre de la délégation de l’Union Européenne pour les relations avec la péninsule arabique. Il est également fondateur du groupe d’amitié UE-Maghreb et préside actuellement la Fondation ACM (Assemblées des Citoyens de la Méditerranée). Lors de la soirée à la Villa, il sera notamment question du rôle que tient désormais l’Espagne auprès des ses voisins des rives nord et sud de Mare Nostrum. Malgré son adhésion tardive au projet communautaire (1986), l’Espagne a rapidement tenu une place majeure dans la perspective des politiques euro-méditerranéennes. Elle a ainsi demandé que ces questions soient au centre des politiques de l’UE et a initié, en 1995, la Conférence de Barcelone, d’où est issu le Processus de Barcelone. Réunissant les quinze pays alors membres de l’UE et douze pays de la rive sud méditerranéenne, ce processus implique un partenariat entre les états sur les plans politique, économique et social. Mais peu à peu l’Espagne a perdu de son influence dans la région. Ce déclin s’est confirmé lors de la phase suivante du rapprochement entre les deux rives. En 2008, l’Union Pour la Méditerranée (UPM), composée de quarante trois pays membres, est officiellement fondée. L’Espagne y est bien sûr associée, mais son rayonnement est toujours terni. Pour quelles raisons et quelles sont les pistes pour y remédier, telles seront les interrogations exposées à la Villa. J.C.S.

14 mars Villa Méditerranée, Marseille 04 95 09 42 52 villa-mediterranee.org


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La cabane et le building

L

e cycle de conférences Quel(s) monde(s) habiter aujourd’hui ? initié par Opera Mundi, poursuit son cours de stimulante façon. Le 11 mars, Valérie Chansigaud remplace Baptiste Morizot qui devrait livrer la suite de sa première intervention Diplomatie avec le monde sauvage (lire notre critique enthousiaste sur journalzibeline.fr). Le philosophe est indisponible, ses fans risquent d’être un peu déçus, mais ils ne perdront probablement rien au change, car sa consœur historienne des sciences et de l’environnement a de l’envergure. Elle traitera de la relation entre l’être humain et le monde animal, « indissociable d’un rapport beaucoup plus global à l’autre », à la Bibliothèque Départementale des Bouches-du-Rhône. Le même jour, Opera Mundi en tant que partenaire de La Criée participe à la Journée de la Planète au Théâtre National de Marseille, avec le géographe Michel Lussault. À la BMVR Alcazar, c’est Jacques Donzelot, sociologue de l’urbain, qui interviendra le 21 mars. Plus de la moitié de la population mondiale vit désormais dans des villes, une proportion qui devrait passer à 66% en 2050 selon les prévisions démographiques de l’ONU. Comment penser les flux, et peut-on en arriver à Habiter un monde totalement urbanisé ? La conférence se fera avec une

bucoliques et secrètes, celles des bergers et des trappeurs, celles qui rivalisent dans nos imaginaires avec les grottes, les tentes, les tipis indiens et les embarcations de fortune. Celles aussi des nouveaux nomades, refusant de demander un permis de construire. Son intervention se fera à la Bibliothèque de Roquevaire, dans le cadre de l’action culturelle Penser notre monde portée par la BDP13. Les conférences-débats de ce dispositif, menées dans plusieurs établissements du département des Bouches-du-Rhône, sont précédées d’ateliers de pratiques philosophiques à destination des collégiens. Une « manière d’interroger les idées toutes faites sur les rapports homme/nature ». GAËLLE CLOAREC

jacques Donzelot © Opale

discutante, Virginie Baby-Collin, géographe d’Aix-Marseille Université, chercheuse à la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme. Enfin le 24 mars, ce sera au tour de Marc Bernardot, sociologue venu du Havre, d’évoquer un sujet profond comme l’enfance : les cabanes. Celles que nous portons tous en nous,

Domination, éradication, conservation... quel avenir pour le sauvage ? 11 mars Bibliothèque Départementale 13, Marseille Habiter un monde totalement urbanisé ? 21 mars BMVR Alcazar, Marseille Cabanes des confins et cabanes au fond du jardin 24 mars Bibliothèque de Roquevaire opera-mundi.org

Marie-Hélène Lafon © Jean-Luc Paillé

Lire en Luberon

L

’association Nouvelles Hybrides poursuit son rôle de passeur, mettant à la portée de tous la littérature contemporaine, par le biais de lectures, de rencontres. Deux moments forts à venir ! Amour des mots, des rythmes, justes, précis : Marie-Hélène Lafon, prix du style 2012, prix Goncourt de la nouvelle 2016, entre autres, dialoguera avec Christiane Dumoulin (à la bibliothèque d’Ansouis le 17 mars). Puisant son inspiration dans les terres de son Cantal natal, elle écrit notamment dans Traversée (éditions Guérin) : « La géographie est au sens premier du terme une écriture de la terre, on ne saurait mieux dire, ça m’écrase d’évidence ; l’immuable géographie de mes livres dessine un pays archaïque, un pays haut, pelé, bourru, violemment doux, ardemment rogue, perdu et retrouvé toujours, quitté et lancinant. ». À la bibliothèque de Cadenet (6 avril)

sera accueilli, avec la complicité de Maya Michalon, l’écrivain Thomas Vinau qui présentera son dernier roman Le camp des autres (éditions Alma). Auparavant, le 30 mars à la bibliothèque de La Tour-d’Aigues, Laura Vasquez proposera de faire découvrir la richesse de l’œuvre de celui qui dans La part des nuages (éditions Alma) écrivait : « On est des étincelles perdues, de la poussière d’étoile et de boue, l’espace entre deux doigts qui claquent, […], un rire perdu dans la grande soupe cosmique, une allumette qui ne sait pas quand elle s’éteint. » MARYVONNE COLOMBANI

17 mars & 6 avril Bibliothèque d’Ansouis Bibliothèque de Cadenet 04 90 08 05 52

lesnouvelleshybrides.com


critiques spectacles

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L’hiver Avignon danse !

De(s)génération, Amala Dianor © Le poulpe

Les Hivernales, festival du Centre chorégraphique d’Avignon, ont mis la ville en partage

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près une semaine consacrée aux enfants, le festival s’est déployé dans 15 lieux de la ville. Avec les deux dernières créations des Centres Nationaux voisins, le Corps du Ballet National de Marseille, d’Emio Greco et Peter C. Scholten, (voir Zib’ 83) et Le Syndrôme Ian, de Christian Rizzo, directeur du Centre chorégraphique de Montpellier (voir Zib’ 98). Deux très belles pièces, mais c’est sans doute dans la diversité des petites formes programmées que cette 39e édition fut la plus remarquable.

HiverÔmomes Lullinight danse au milieu de poupées en plastique qui figurent les enfants d’une cité, Fati, Rachida, Timothée, Jérémy… Les gestes chorégraphiques dressent le portrait d’une enfance ordinaire dans un environnement urbain. Lullinight observe ses voisins, se sent rejetée, les dénigre parfois comme pour se défendre d’un sentiment d’exclusion. Un terrain vague lui sert de refuge. c’est là qu’elle va se consoler, retrouver, dit-elle, son animal secret. Un nuage alors envahit la scène, une cantate de Buxtehude rompt la trivialité du réel puis apparait un poisson volant doré. Il rejoint Lullinight, et s’ensuit un pas de deux onirique entre la danseuse et le poisson. Rappelant le quotidien de la plupart des très jeunes enfants rassemblés, le propos simple accroche leur attention dès le début. La chorégraphie de Florence Bernad et

Marie Sinnaeve, d’abord tout en puissance, rageuse, s’adoucit lors du duo avec le poisson doré, instant d’envoûtement pour des enfants qui, pour la plupart, assistaient à leur premier spectacle de danse.

De(s)génération Le hip-hop, Amala Dianor est tombé dedans quand il était petit : arrivé du Sénégal en 1983, il a sept ans quand il découvre à la télévision la mythique émission H.I.P H.O.P, et commence ses classes loin des conservatoires, sur les trottoirs avec les copains... De(s)génération se présente sous forme d’une battle entre danseurs d’âges différents : chacun possède une manière bien à lui de danser le hip-hop. Sur scène, ils sont sept à se défier, avec une technique époustouflante, dans une chorégraphie heureuse et stimulante. Les générations hip-hop se mêlent, s’entraident, se respectent et offrent au public la belle image d’une société fraternelle.

AIR Trois femmes, venues d’horizons éloignés, se racontent en dansant. Il y a Caroline Allaire qui durant son enfance à Dijon suit les cours d’une professeure russe à la discipline implacable. Grâce à cet apprentissage strict, elle intègre le Ballet National du Rhin à Strasbourg et y interprète des rôles classiques. Il y a aussi Katarzyna Chmielewska née au-delà du rideau de fer, à Gdansk. Elle part à l’Ouest très jeune pour y découvrir les langages chorégraphiques contemporains. Quant à I-Fen Lin, elle vient de Taïwan. Elle apprend la danse à Taipei, toutes sortes de danses, même militaires. Avec leurs histoires singulières, leurs cultures si éloignées, ces trois femmes dessinent une mondialisation heureuse nourrie

de la diversité. Les chorégraphes Malgven Gerbes et David Brandstätter dessinent un tableau humoristique et pertinent de la danse d’aujourd’hui, où se mêlent l’intime et la virtuosité, où se rencontrent des destins et des cultures multiples.

Au-delà de l’absence Sébastien Ly et ses 3 interprètes ont habité de leurs performances la Collection Lambert, et son exposition Combas (voir Zib’ 104). Une danse qui met en écho les gestes et les mots, leurs évocations intimes, où le contact est sensible, où les caresses esquissées se ressentent comme s’ils faisaient vibrer notre propre peau. Une danse qui sait habiter l’espace entre les œuvres, entre les corps, au plus près du spectateur, reprenant ses mots, s’attachant aux regards, installant des dispositifs intimes. Abstraite, sérieuse, profonde, lyrique, sans déchirement, complice et douce...

La Esclava Ayelen Parolin débarque sur la scène affublée d’une immense étoile d’épines accrochée dans le dos. Elle danse, empêtrée, Christ portant d’un même geste sa croix et sa couronne, paon à la roue déployée, hérissée, entêtante. Esclave d’on ne sait quel maître elle ne lutte pas contre sa croix, mais la porte, joue dans l’espace qu’elle lui laisse habiter, parle, s’assied, repart. Puis enfin, lorsqu’elle se débarrasse de cette puissante contrainte, elle esquissera les mêmes pas, à peine plus amples... comme si l’entrave avait définitivement intégré son corps. Portrait de la servitude volontaire ? On comprend pourquoi Ayelen Parolin est lauréate de la bourse Pina Bausch ! CAROLINE GERARD ET AGNÈS FRESCHEL


26 critiques spectacles

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Clap de fin Derniers retours sur la Biennale internationale des la fin, Yoann Bourgeois vacille, et ne trouve à se raccrocher qu’à un panneau sur lequel arts du cirque et les Élancées, en attendant, l’an est inscrit « Douter ». prochain, l’Entre-Deux Biennales et les 20 ans des Aux Elancées Élancées ! Entre cirque contemporain et danse tradi-

Secret (Temps 2), Johan Le Guillerm © Philippe Cibille

À la Biennale Ce n’est ni un spectacle, ni une performance, ni du cirque, ni de l’art plastique. C’est autre chose. Si un mot peut définir le travail de Johan Le Guillerm ce serait peut-être celui d’alchimie. À la fois artiste, architecte, sculpteur, acrobate, équilibriste, le personnage est déroutant, envoûtant, fascinant. Son univers l’est tout autant. Dans Secret (Temps 2), entouré de ses accessoiristes, qui sont de véritables partenaires, il nous plonge dans un monde où la matière et l’homme sont intimement liés. Tous ses tours, ses effets, ses numéros, n’en sont pas vraiment. Ce sont plutôt des expériences, millimétrées, qu’il reproduit chaque soir, et qui toutes interrogent profondément notre humanité, notre rapport à la terre, à l’habitat, au mouvement, à l’essence de la vie. Lui est en phase, en fusion avec les éléments qu’il manipule. Les objets s’animent, il les transforme à vue. Ils deviennent mouvants ou statiques, suivant sa volonté. Une coquille d’escargot géant posée sur son dos, il avance, une tige métallique transformée en cercle fait des allers-retours, un oiseau de papier se pose sur son épaule, une yourte assemblée en poutres enchevêtrées se construit sous nos yeux avant qu’il ne monte en équilibre

au sommet. Epoustouflant. On avait tant aimé les précédentes œuvres de Yoann Bourgeois ! Notamment Cavale, vu sur les cimes des Hautes-Alpes, lors du Festival Tous dehors (enfin !). Le jeune circassien avait alors atteint ce fameux point de suspension après lequel il court depuis ses débuts, au moins dans nos cœurs et nos imaginaires. Depuis, il est devenu directeur du Centre Chorégraphique de Grenoble, et son essor professionnel n’est plus à démontrer. Peut-être est-ce cette gravité nouvelle, ou simplement le temps qui passe, qui le ramènent à des dimensions moins aériennes ? Il conserve certes une grâce qui lui est propre : les doigts de métal d’un jongleur (Jörg Müller) éveillent sur une série de tubes les sonorités de la pluie, les cloches d’un village, les sonnailles des alpages ; un micro semble amplifier des voix multiples dans sa propre tête ; une femme attachée (Laure Brisa) soudain se met à voler... Mais l’ensemble a perdu de l’intense poésie qui courait dans ses précédentes petites formes, ici recyclées. Il faut dire qu’il tourne autour du sentiment amoureux, sujet cassegueule s’il en est, tant il a été rebattu. Quelle que soit la sincérité d’un artiste, il est difficile d’y trouver... le point d’émotion. D’ailleurs à

tionnelle, la Halka du Groupe acrobatique de Tanger sut instaurer une folle et joyeuse énergie. Les 14 artistes, 12 acrobates et 2 musiciens, puisant leur inspiration dans la richesse de l’histoire de l’acrobatie marocaine, la modernisent pour écrire leur propre parcours sans rien renier de cet héritage patrimonial. Sous l’œil complice d’Abdeliazide Senhadji, cofondateur de la Cie XY, ils font partager un attachement viscéral à une poésie déclamée, criée et chantée (un seul regret, ne pas comprendre littéralement ces textes !), mêlée à des figures acrobatiques insensées qui disent la libération, et la joie de pouvoir la communiquer. De pyramides humaines à couper le souffle en figures circulaires tout aussi impressionnantes (Halka signifie spectacle festif en forme de cercle), ils franchissent, avec brio et beaucoup d’humour, les frontières entre profane et sacré... Un beau spectacle clôturait les Elancées : Attrape-moi, de la Cie québécoise Flip Fabrique, fut un point final réjouissant et galvanisant de cette 19e édition ! Malgré la blessure de l’un d’entre eux, survenue lors d’une représentation la veille, les cinq artistes de cette bande turbulente surent revigorer les disciplines traditionnelles du cirque, lors de joutes virtuoses qui alternaient jonglage, diabolo, cerceau aérien, hula hoop et trampoline. L’histoire racontée est celle de leurs retrouvailles, 10 ans après des adieux déchirants : lors d’un week-end qui a le goût des prouesses, chacun avait à cœur de montrer aux autres qu’il avait progressé, et qu’il était en mesure de le prouver... Humour et bonne humeur présidaient, les spectateurs ne bénéficiant d’aucun répit, jusqu’aux figures hallucinantes exécutées sur le trampoline qui recueillait leurs prouesses, empreintes d’une belle complicité. JAN CYRIL SALEMI, GAËLLE CLOAREC ET DOMINIQUE MARÇON

La Biennale internationale des arts du cirque s’est déroulée dans divers lieux de la Région Paca du 21 janvier au 19 février, Les Élancées sur le territoire de Ouest Provence du 1er au 12 février


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Le cerveau pervers de la machine

L

orsqu’il a découvert le texte d’Alexandra Badea, Vincent Franchi a ressenti une « vraie urgence à monter cette pièce », parce qu’elle « aborde une question fondamentale aujourd’hui, très peu traitée dans la littérature, et qui commence à peine à l’être au cinéma : © Roxane Samperiz celle des lobbies ». Il met donc en scène le monologue d’un lobbyiste (Nicolas Violin, remarquable) chargé de défendre l’industrie des pesticides auprès des instances européennes, qui va connaître -tardivement et sans remise en question de son mode de vie- une prise de conscience inusitée, dans un métier où la morale est un frein. Décidé à tout pour muscler son CV, focalisé sur l’élévation de son taux horaire, le jeune

ambitieux commence une carrière très représentative des parcours bruxellois : attaché parlementaire devenu consultant, il aime « être le cerveau pervers de la machine qui tourne ». Dans le but de maintenir coûte que coûte les prérogatives des vendeurs de poison agro-alimentaire, il ment comme un arracheur de dents (pardon : il communique), manipule, fomente des rumeurs et de fausses accusations, achète des scientifiques mercenaires, ruine

la réputation de chercheurs intègres, crée des ONG de toutes pièces pour parer à toute critique, en dissimulant leur financement par l’industrie chimique... Son grand-père, qui n’aime pas ses façons, l’appelle pour lui parler de son jardin et de ses semences anciennes, bientôt privatisées ? Qu’à cela ne tienne, la culpabilité ne l’empêche pas de continuer de plus belle, encouragé par sa femme : « Tu n’es pas payé pour y croire, tu le fais pour nous ! Tu le fais bien, je suis fière de toi. » Car le lobby est un sport de haut niveau, et trois poulains attendent sa chute pour prendre sa place. Il a beau somatiser, faire un burn out, pas question d’abandonner. Plutôt poursuivre sa carrière comme chasseur de tête en assurant des cours à Sciences Po, pour former la nouvelle génération de jeunes loups aux dents longues qui, comme lui, vendront la santé publique au plus offrant. GAËLLE CLOAREC

Europe Connexion a été joué le 16 février au Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille

Une vie normale

«

Moi j’ai juste eu une vie normale », conclut Moi, le personnage central et narrateur de Mon Fric avant le noir final. C’est cette existence ordinaire, placée sous le signe de l’argent, et le plus souvent du manque d’argent, que David Lescot retrace en une succession de scènes de la vie quotidienne de Moi. De 1972 à 2040, du franc à l’euro, de l’argent de poche aux pensions alimentaires, la vie de Moi défile, succession de ratages sentimentaux et financiers. En une heure et demie, toute l’époque défile aussi : élection de François Mitterrand, chute du Mur de Berlin, attentats du 11 septembre puis du Bataclan… Une évocation douce-amère, un peu désabusée et pourtant nostalgique du temps qui passe, comme l’argent file entre les doigts. Ce pourrait être plombant. En fait, c’est drôle. Le choix des scènes, la justesse des répliques, la bande son de chaque moment… le jeu surtout ! Sur scène, cinq comédiens formidables endossent tous les rôles de cette galerie de portraits. Un élément de costume, une façon de bouger, de parler, et le personnage prend vie et consistance (même s’il ne fait

© Thomas Faverjon

que passer dans l’histoire). Et puis il y a le rythme. La mise en scène de Cécile Backès ne laisse aucun temps mort. Les sketches s’enchaînent à une cadence soutenue, ce qui rend d’ailleurs la performance des acteurs encore plus remarquable. Et par-dessus tout il y a l’intelligence, la malice de la scénographie et du décor. De grands portants garnis de cintres vides à cour et à jardin, des tables de formica multicolores, des boîtes et des tiroirs,

tout cela se module à souhait ; en quelques gestes, avec presque rien (quelques judicieux éclairages, un ou deux accessoires), on se retrouve au cirque, en colonie de vacances, en boîte de nuit, au self, dans un cercueil… Le miracle du théâtre opère, la représentation hisse le récit d’une vie ordinaire au rang de (modeste) épopée. On rit souvent, on sourit beaucoup et, mine de rien, en sortant on médite sur ce qui fait la valeur d’une existence humaine. FRED ROBERT

Mon Fric a été représenté du 2 au 4 mars au théâtre de La Criée, Marseille


28 critiques spectacles

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Traversée d’un style

L

e théâtre du Merlan, en invitant + de danse à commencer son festival chez lui, a magnifiquement rappelé que Michel Kelemenis est un artiste précieux, dans une ville qui a du mal à reconnaître le talent des siens. Le programme Collector proposait 4 pièces anciennes, composées par le chorégraphe entre 1984 et 1995, Collector, Michel Kelemenis © Agnès Mellon un duo de Dominique Bagouet, avec qui Kelemenis a commencé des duos, féminins, masculins ou mixtes ; la sa carrière, et une pièce de 2015, pour clore répétition des phrases chorégraphiques, et le programme aujourd’hui. Voyage dans le ce qu’elles évoquent ; la manière musicale temps, dans la musique aussi, le programme de construire le mouvement, en répétitions, dessine le trajet stylistique d’un artiste, et il y échos, décalages, fugues et unissons mais intervient, discrètement, pour dire comment aussi, surtout, grâce à l’attention aux timbres il est passé de l’abstraction à l’introduction et aux nuances, que les corps rendent par de figuralismes, ou comment l’interprète est leurs dynamiques, et le caractère de leurs devenu un être dansant ; et pour affirmer son gestes ; le jeu avec les paroles des chansons, attention à la musique, toujours, contempo- Laisse tomber les filles ou Je construis des raine, chanson, impressionisme. Les clefs qu’il marionnettes, jamais directement illustratives, donne permettent de mieux voir : la sensualité mais qui se permettent l’ironie distanciée de

la mise en écho... Les quatre interprètes sont parfaits : présents, émouvants, techniquement impeccables, Luc Bérard, Laurent le Gall, Claire Indaburu et Cécile Robin-Prévalée sont rompus au style, aux styles, de Kele. À celui de Preljocaj, avec lequel Kele a écrit et interprété son premier duo, Aventures coloniales, la plus glacée des pièces présentées ce soir-là ; à celui de Bagouet, dont ils restituent le duo central de Déserts d’amour en offrant, juste à la fin, lorsque les corps se touchent, une vague d’émotion jusque-là retenue. AGNÈS FRESCHEL

Collector a été dansé les 2 et 3 mars au théâtre du Merlan, dans le cadre de + de danse initié par le Klap, Marseille

à venir + de danse jusqu’au 1er avril Klap, Marseille La Garance, Cavaillon Le Merlan, Marseille 04 96 11 11 20

kelemenis.fr

D’une société l’autre

DAnsE

cHOTT DEsH

M

parfaitement intégré dans le récit, les quatre comédiens (épatants !) évoluent sous une AKRAM KHAn cO lumière tamisée, qui permet 23 + 24 mars l’immersion au cœur d’un territoire qui évoque à la fois le Mississippi du récit et tout autre lieu pouvant y ressem- DAnsE bler. Le tout est enveloppé des sons puissants et magnifiques créés pour l’occasion par les deux musiciens du groupe POcKET RHAPs anglais A band of burriers, ven 31 mars présence spectrale que des projections vidéo judicieuses font apparaître en fond de THéâTRE MUs scène tout au long de la pièce.

FRAnc VOEsT

© Cie Peanuts

ark Twain a donné vie à Huckleberry Finn en 1885, neuf ans après avoir relaté les aventures de Tom Sawyer, son acolyte. Située dans les années 1840 dans l’État du Mississippi, état esclavagiste du sud des États-Unis, l’histoire est celle de cet adolescent en passe de devenir adulte, que ses aventures initiatiques vont peu à peu déniaiser. Fuyant son père violent et alcoolique, Huck fait croire qu’il a été assassiné et se retrouve sur les routes aux côtés de Jim, esclave en cavale. Ils vont alors tenter de gagner ensemble, sur un radeau de fortune, le Nord, abolitionniste… L’adaptation théâtralisée qu’en fait la Cie Peanuts prend une résonnance très contemporaine, interrogeant tout un chacun, y compris les spectateurs les plus jeunes, sur ses capacités à se défaire de ses préjugés moraux et sociaux, et à développer son esprit critique. Huckleberry, qui révèle son humanité après avoir pesé le pour et le contre entre son instinct et sa conscience, entre ce que lui intimaient les diktats de l’époque et ce vers quoi son cœur le portait, quitte à aller en enfer, remet

en cause les bases de la société dans laquelle il vit, sociales, religieuses, culturelles. Sur un plateau en bois qui se déploie au rythme des événements, et se transforme à vue en étant

Chunk CharCo

DOMINIQUE MARÇON

C’est bon, alors, j’irai en enfer a été joué le 3 mars dans la salle polyvalente de Berre L’Étang

sébAsTIEn bAR 25 + 26 avril

04160 Château–ar Saint–auba


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Vendredi 10 > Samedi 25 Mars

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Les Clowns du Semianyki / Théâtre Toursky 2016

Les clowns Semianyki Cabarets russes Récital Exposition Le Dragon Journées cinéma Ballet Igor Moïsseïev Université populaire

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MARSEILLE

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DAnsE

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cUbE AssOcIATIOn / cIE ORnITHORynqUE ven 17 mars 21:00

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POcKET RHAPsODy ven 31 mars 21:00

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Frank Woeste

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RRIER l 21:00

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cUbE AssOcIATIOn / cIE ORnITHORynqUE ven 17 mars 21:00

L’HISTOIRE DU RADEAU DE LA MéDUSE

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30 critiques spectacles

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États de grâce au Liberté

Q

uand une moitié et une autre moitié se fondent l’une dans l’autre, ça s’appelle l’amour. C’est une évidence, comme toutes les évidences filmées par les documentaristes de Strip-tease diffusée autrefois sur France 3. Touché par la poésie et le rêve du héros ordinaire de La soucoupe et le perroquet de Frédéric Siaud, Paul Pascot a tenté sa propre aventure : faire de deux entités un tout sur scène, construire un récit qui ne soit ni une parodie ni une reproduction. Pari mille fois réussi. Avec Florine Mullard, il campe un couple cohabitant dans deux bricà-brac, complètement « barrés », prisonniers de leurs obsessions : pour lui, fabriquer une soucoupe pour se tirer sur la lune, ou Mars… ; pour elle, s’aimer et faire battre leur cœur à l’unisson. Et pour Cricri le perroquet, troisième personnage mort depuis belle lurette, voler une fois encore… Las, leur chute sera

mortelle et leur désillusion un tsunami. D’une écriture drolatique et féroce, dans un tempo parfaitement maitrisé, le spectacle offre à Didier l’inventeur fou et Corinne la fausse ingénue deux « réapparitions » plus vraies qu’une réalité parfois monstrueuse. Vu du pont d’Arthur Miller pose la question du destin croisé d’un docker new-yorkais victime de son aveuglement, de son désespoir, et d’immigrés siciliens entrés clandestinement aux USA. L’adaptation de Bart van den Eynde conjuguée à la sobriété millimétrée de la mise en scène d’Ivo van Hove souligne la densité de la pièce, sa montée en puissance sourde. Sa violence gangréneuse explose dans le dispositif trifrontal qui projette les acteurs, tous éblouissants de vérité, dans une arène implacable. Car les problématiques morales et sociales s’entremêlent dans la dramaturgie millérienne : le respect des lois (« la justice,

Vu du pont © Thierry Depagne

Déflagration verbale Le Tumultes de Marion Aubert, tourbillon de jeunesse, ivre de mots, prépare la Révolution. Neuf comédiens interrompent les répétitions, décident d’occuper le théâtre, pour « faire quelque chose ». Les références Les Vagabondes © Cécile Marc

F

racas à hTh pendant une dizaine de jours, où les six spectacles du programme Big Bang, dédié à la création régionale, ont chacun contribué à nourrir un puissant flot de questionnements politiques et poétiques.

au Front populaire, aux montées du fascisme imprègnent leurs discours enflammés, les périodes sont poreuses, le contemporain et l’Histoire échangent les rôles, se mélangent, les aspirations visent à traverser les époques, les craintes débordent les dates. Et le quotidien, le particulier parviennent à exister dans ce groupe -si bien mis en scène par Marion Guerrero. Le texte et le mouvement gambadent sur scène, emportent le propos très loin et très près. Les slogans s’égrainent, les doutes affluent. Les tensions et les amours se développent comme un corps enfantin qui grandit. C’est trivial et beau. Et drôle. Et énergisant. « Ça fait 1h30 qu’on fait la Révolution et ça ne semble pas avoir pris… », s’inquiète une des actrices en scrutant la salle. Mais si, Manon, Aurélia, Tibor, Maurin, et les autres : on est avec vous, on hume le souffle de votre jeunesse. Melancholia, créé et mis en scène par Mathias Beyler et Stefan Delon, s’intéresse à modeler le continent de la mélancolie. Les six auteurs-interprètes semblent tourner autour de quelque chose qui leur fait peur. Peur au point de ne pas y plonger véritablement. Le spectacle est comme anesthésié par une trop forte dose de dérision. Les quelques moments débarrassés de ce verni en sortent magnifiés, certes : Mathias Beyler qui traverse le plateau avec, au cou, un nœud coulant suspendu par


par ici, c’est très important, pas comme en Sicile »), la délation, la séduction pour obtenir une carte de séjour (« la plus vieille arnaque du pays »), les amours interdites… Et cette passion logée dans le corps d’Eddie comme un étranger qui détruit tout sur son passage : son couple, sa famille, ses amis, son travail, jusqu’à sa mort. Brutale. Certitudes anéanties, repères brouillés, sentiments refoulés, honneur bafoué… une pluie de sang s’abattra sur lui et les siens ! Autour de Charles Berling remarquable par la voix, la gaucherie, la rustrerie, aux épaules de plus en plus courbées sous le poids du désir et de la culpabilité, la troupe illumine le plateau. Trempée de sueur, noyée de sang. MARIE GODFRIN-GUIDICELI

La soucoupe et le perroquet a été donné le 3 mars Vu du pont est joué jusqu’au 12 mars, Le Liberté, scène nationale de Toulon

LA RÉSILIENCE - BORIS CYRULNIK Psy et auteur incontournable à qui l’on doit le concept de résilience (renaître de sa souffrance). Conférence suivie d’un débat avec des personnalités locales autour de ce concept. ©DRFP

MERCREDI 5 AVRIL - 19 h -

- Théâtre Toursky - Marseille Evénement organisé par :

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Prov able Dur

PROVENCE

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AMÉNAGER ENSEMBLE

nos villes et nos villages

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PROVENCE

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Prov able Dur  N°4 // FÉV./MARS 2017

Tumultes, Melancholia et Les Vagabondes ont été jouées dans le cadre de Big Bang à hTh et au Domaine d’O entre le 23 février et le 3 mars à Montpellier. Le théâtre du Bois de l’Aune a également accueilli Les Vagabondes les 7 et 8 mars

« CE QUI NE NOUS TUE PAS... » :

 N°2 // OCT./NOV. 2016

ANNA ZISMAN

CONFÉRENCE-DÉBAT

 N°3 // DÉC./JANV. 2017

des ballons à l’hélium. L’image est belle. On sent un fort désir d’aborder ce qui taraude et bouleverse nos vies à tous. Mais peut-être pas assez de mise en question personnelle dans ce spectacle qui utilise pourtant les codes de la performance. Les Vagabondes, tout en légèreté, pleines de folie, irriguées par la liberté du texte, ancrées dans une réflexion profonde et jouissive progressent sur scène, dans les pas de l’auteur interprète Alain Béhar. C’est l’histoire d’un projet de pièce qui toujours est rediscuté, jamais figé. Dans la magnifique partition verbale de ce personnage écrivain qui cherche à maintenir les mots dans un perpétuel devenir politique et onirique, la végétation s’affranchit des limites et des classifications. Elle mute sur le plateau. Les fleurs, les plantes, la terre, les graines, les bottes de jardinage, tout un bric-à-brac qui au début est cantonné dans un sage parterre se déplace, mu par Montaine Chevalier, qui scénographie la pièce en direct, crée une sculpture végétale quasi vivante, superbe troisième personnage de la pièce. Les murs se couvrent aussi peu à peu d’images délicatement bruissantes (Stéphane Couzot, Jesshuan Diné). Béhar célèbre ce qui sort du cadre, l’invention, le temps qui ne servirait à rien, sauf à continuer de garder les projets assez vivants pour que surtout ils ne se réalisent jamais. Et tenir la mort à distance, l’apprivoiser, la regarder dormir enfin dans cet étrange jardin qui luit.

VIN BIO Persévérer

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Une agriculture d’avenir ?

pour la qualité QUAND L’ÉCOLE PUBLIQUE INNOVE en Provence

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Le trop-plein ! Quand les terres paysannes disparaissent...

En finir avec LE CHÔMAGE DE LONGUE DURÉE Des solutions locales

DES START-UP

Éthiques et responsables, c’est possible ?

SOIGNER LA MÉDECINE GÉNÉRALE Pour lutter contre les déserts médicaux

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La Provence expérimente

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DÉCHETS

Marseille : plus propre grâce aux réseaux sociaux ?


32 critiques musiques

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Aux ors de la Cité !

L

es amateurs de musique de chambre goûtent volontiers aux concerts que La Cité de la Musique de Marseille, son Opéra municipal et le département des Bouchesdu-Rhône proposent à la Villa Magalone. Le cadre est idéal, l’écrin somptueux avec sa vaste entrée parquetée, son double escalier, ses marbres et dorures, stucs, bas-reliefs, chandeliers… Les artistes s’y nichent et le public trouve là l’occasion de suivre de près leurs jongleries musicales dans une acoustique réverbérante qui enrobe les sonorités instrumentales. Le 10 février, un quatuor issu des rangs de l’Orchestre Philharmonique de Marseille a fait salle comble et enchanté les lieux. La violoniste Hélène Deleuze dialogue harmonieusement avec Frédéric Dannière qui troque, pour la circonstance, son violon coutumier à l’Orchestre de l’Opéra pour un alto chantant une quinte plus grave. Au violoncelle, François Torresani dessine finement la ligne de basse, tandis que, planant au-dessus, Jean-Marc Boissière (soliste de l’Orchestre Philharmonique) fait naturellement

© Morgane Fouret

rimer son nom avec… sa flûte traversière ! Le Quatuor avec flûte en ré majeur de Mozart est interprété avec toute la distinction qu’il exige : dans le fameux mouvement lent avec pizzicati, Jean-Marc Boissière souffle la grâce et le bon goût, mariant une aisance lyrique à une vibration maîtrisée et retenue. Dans une Sonate a quattro de Rossini (transcrite pour flûte), c’est le goût mélodique du jeune compositeur de douze ans (et future star de l’opéra !) que les quatre musiciens mettent en lumière pour notre plus grand plaisir. Et l’on découvre enfin un autre compositeur, peu

connu chez nous mais très prolixe en Suisse dans la première partie du XXe siècle : Volkmar Andreae. Dans son Quatuor, il laisse s’envoler la flûte-oiseau des côtés de Debussy ou Ravel. L’écriture est claire : y coule paradoxalement un esprit français (chez ce chef d’orchestre admirateur de Bruckner !) que les artistes rendent avec talent. JACQUES FRESCHEL

Concert donné dans le cadre de la programmation de la Cité de la Musique, le 10 février à la Villa Magalone, Marseille

Naître à l’amour

© Dominique Jaussein

E

ugène Onéguine, opéra de Tchaïkovski d’après le roman en vers de Pouchkine, met en scène de jeunes aristocrates russes qui naissent à l’amour. La musique, d’un romantisme intime, sait y évoquer les mouvements subtils des âmes qui s’interrogent, se passionnent, se tourmentent, s’abandonnent. Elle sait aussi faire chanter les paysans, entrainer dans un bal de province ou de cour, dans des danses célèbres qui ouvrent les tableaux et font ressentir les mondes successifs que l’opéra traverse. Car le livret s’attache au roman par bribes, en restituant sa poésie dans des moments phares qui évoquent le trajet psychologique et social de l’héroïne, Tatiana. La production de l’opéra d’Angers reprise à Nice sait laisser place à cette subtile succession de scènes de groupes, et de moments

solitaires, dans cette œuvre de la rencontre impossible. Les quatre rôles principaux sont sublimes dans leur commune volonté de retenir leur voix pour mieux les laisser éclater dans leurs morceaux de bravoure. Olga (Julie Robard-Gendre) est une contralto aux graves faciles, amples et chaleureux ; Lemski (Igor Morozov) un ténor qui sait s’inscrire dans ses pas, et donner toute sa mesure dans l’air dramatique qui précède le duel ; Onéguine (Andrei Zhilikhovsky) reste froid jusqu’au moment où il tue son ami, puis tombe à son

tour dans les tourments d’un amour contrarié. Quant à Tatiana (Marie-Adeline Henry), sa voix vibre de désir et de fougue dans la scène où elle écrit sa lettre amoureuse, et elle garde cette ampleur dans la dignité du dernier acte où, mariée, elle refuse celui qu’elle désire encore. La nourrice et le prince Grémine manquent parfois de profondeur, mais dans l’ensemble les rôles secondaires sont excellents, l’orchestre et les chœurs épousent chaque élan subtil, emmenés par les nuances maitrisées de Daniel Kawka à la baguette. On regrette d’autant plus une mise en scène sans imagination et vieillotte : les chœurs se déplacent maladroitement, les chanteurs ont un jeu d’une expressivité naturaliste d’un autre temps, les troncs d’arbres qui bouchent l’espace sont affligeants de laideur, les costumes conventionnels... Bref, un opéra figé et patrimonial qui se joue comme le théâtre d’il y a 60 ans. AGNÈS FRESCHEL

Eugène Onéguine a été joué à l’Opéra de Nice du 15 au 21 février


79,254

MARS 2017

SAISON 2016 // 2017

MARS

DANSE

AVEC KLAP

18 / 11 / 16

© Nina Hernandez

79,254

MAISON POUR LA DANSE

MOHAMED EL KHATIB | COLLECTIF ZIRLIB

18 / 11 / 16

ave c KLA P Mai son pour l a danse

JEUDI 6 AVRIL 19H30 VENDREDI 7 AVRIL 20H30 SAMEDI 8 AVRIL 19H30

création dan s l e cadr e de + DE DAN SE À M ARSEILLE

CLAIRE INGRID COTTANCEAU & OLIVIER MELLANO | PETER HANDKE

NOVA

tarifs : 15 / 10 / 5 / 3 € ± 1h /// ≥ 8 ans

MARDI 21 MARS > 20h30 MERCREDI 22 MARS > 19h

ROCK’N CHAIR

JEUDI 20 AVRIL 19H30 VENDREDI 21 AVRIL 20H30

Arthur Perole / CieF

Bois de l’Aune 1bis place Victor Schœlcher Jas de Bouffan 13090 Aix-en-Provence - 04 88 71 74 80 - aixenprovence.fr

SAISON 16/17

Pour familiariser les enfants avec la danse contemporaine, nul besoin de conférences savantes : la magie d’un spectacle peut suffire ! Surtout lorsque celui-ci, délibérément ludique et interactif, met le jeune public au centre de la création. Basé sur un processus aléatoire et participatif Rock’n Chair se joue en manches, à la manière d’un jeu de société. Rythmée par la musique des Doors, cette création explore le tissage entre espaces dansés, interprètes et spectateurs, dans une atmosphère électrique et jubilatoire, pour petits et grands.


34 au programme musiques bouches-du-rhône

La création

04 91 54 70 54

14 mars La Criée, Marseille theatre-lacriee.com

I Capuletti e i Montecchi Ah ! Ces Capulet et Montaigu, leur rivalité sanglante et leur réconciliation alors qu’il est trop tard pour leurs enfants, Roméo (Karine Deshayes) et Juliette (Patricia Ciofi)… La tragique histoire d’amour résonne en avertissement. L’opéra de Bellini en rend la sombre beauté, avec le chœur et l’orchestre de l’Opéra de Marseille, sous la houlette de Fabrizio Maria Carminati dans une mise en scène de Nadine Duffaut. 26 mars au 4 avril Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr

© Marc Molinos

L’action se déroule au Pontévédro (ne cherchez pas sur une carte !) et la main de la jeune et riche veuve Missia Palmieri est convoitée par beaucoup ; comment faire pour que sa fortune ne quitte pas le pays en faillite ? Dans ce contexte de possible fuite des capitaux à l’étranger, (que ne vont pas inventer les auteurs !), l’opérette viennoise de Franz Lehár rit, chante, danse, bouillonne de vivacité sous la direction de Bruno Membrey. Champagne !

04 96 12 52 70

1er avril Odéon, Marseille odeon.marseille.fr

14 & 15 mars GTP, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

Malika Bellaribi Le Moal Dans l’écrin de la Maguelonne, un programme de chants d’opéra dans lesquels les femmes ont un destin positif, Les héroïnes de la Méditerranée, déclinera émotions et histoires, interprété par trois virtuoses : la mezzo-soprano Malika Bellaribi Le Moal, la soprano Mathilde Furois et la pianiste Sophie Partouche. Héroïnes d’opéra, intemporelles et si proches de nous !

La Russie éternelle

Les dames du Chœur de l’Opéra

Malika Bellaribi Le Moal © J. Mignot

Le foyer de l’Opéra de Marseille accueille deux soirées exceptionnelles consacrées à la musique française, sous la houlette et le piano d’Emmanuel Trenque (chef des Chœurs de l’Opéra de Marseille). On se laissera emporter par l’élégance souple des phrases musicales de Messager, Viardot, Delibes, Han, Debussy, Chausson, Wido, Lalo, Ropartz… Un concert de choix, par les voix sûres et pailletées des Dames du Chœur de l’Opéra. 30 & 31 mars Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr

Évènement ! L’oratorio de Haydn, La création, est repris par la compagnie catalane La Fura dels Baus et Insula Orchestra (Accentus). Entre Haydn et ADN le pas est franchi, la création joue de l’infiniment grand et de l’infiniment petit, des cycles de la nature et de la vie… pour atteindre l’idéal de perfection d’une humanité, conçue comme reflet de Dieu… Avec la complicité de Mari Eriksmoen (soprano), Benjamin Bruns (ténor) et Daniel Schmutshard (baryton), sous la direction de Laurence Equilbey.

© Christian Mendoze

Une rareté musicale à La Criée ! Huit violoncelles, unissant les qualités de la jeunesse et de l’expérience, autour et avec le violoniste international Henri Demarquette : Cécile Beutler, Anastasia Kobekina, Victor-Julien Laferrière, Aurélien Pascal, Jérôme Pernoo, Raphaël Pidoux, Marine Rodallec. Duo, quatuor, octuor, toutes les configurations pour interpréter avec brio les œuvres de Verdi, Offenbach, Delibes, Bizet… Un évènement.

La veuve joyeuse

Charlotte Despaux © Marie Larcher

Henri Demarquette © Jean-Philippe Raibaud

Cell-opéra

17 mars Cité de la Musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com

L’ensemble Musica Antica Mediterranea dirigé par le flûtiste Christian Mendoze propose un programme consacré aux plus belles chansons traditionnelles de Russie (par la jeune soprano russe Lidia Izossimova), accompagnées par l’accordéon (Boris Skhakoumidov), la dômra (mandoline russe, par Natalia Tomilova), la flûte, le clavecin (Corine Betirac), le violoncelle (Audrey Sabattier) les percussions (J.C. Lorgoulloux) qui s’évaderont en quelques danses virevoltantes. 12 mars Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr


au programme musiques bouches-du-rhône vaucluse alpes var

35

Café Zimmermann

Prenez deux immenses virtuoses, la jeune pianiste Vanessa Benelli-Mosell et le violoncelliste Henri Demarquette, et vous obtiendrez un concert d’exception, tant leur art sait se lier, explorer les méandres musicaux avec une intelligence passionnée. Au programme, des œuvres brillantes qui permettront d’apprécier les différentes facettes de leur talent : Rachmaninov, Ravel, De Falla, Piazzolla… Un bonheur conseillé à partir de 12 ans.

Il est des ensembles que l’on ne présente plus tant leurs qualités sont éclatantes et confirmées. Café Zimmermann en fait indéniablement partie. C’est un vrai bonheur de retrouver cet ensemble de musique de chambre dans toute la région lors de la tournée organisée par Prodig’Art dans le cadre du dispositif Détours en Région (voir Zib 104). Jean-Sébastien Bach et Mozart au programme… on ne se lasse pas, grâce au talent et à l’atmosphère chaleureuse qu’apportent ces musiciens baroques amateurs de café.

4, 6, 9 avril Le Méjan, Arles 04 90 49 56 78 lemejan.com

I Love Mozart Eh bien oui, on l’aime Mozart, et quand il est interprété par des artistes aussi talentueux que le Chœur Appassionata dirigé par la mezzo-soprano Réjane Sordes, avec le ténor Diego Stathopoulos, le baryton Pierre Villa-Loumagne et le piano de Jérémie Honnoré, le bonheur de cette musique en est décuplé. Fantaisie et légèreté à la Ferme avec Cosi fan tutte, Les Noces de Figaro ou Don Giovanni !

7 avril Église Saint-Césaire, Berre 04 42 10 23 60 berreletang.fr 23 mars Église Saint-André, Morières-les-Avignon 24 mars La Boiserie, Mazan 29 mars Salle des expositions, Noves 04 90 78 64 64 lagarance.com 30 mars Église de Veynes 31 mars Église de Valserres 2 avril Église Saint-Laurent-du-Cros 06 82 81 87 42 festivaldechaillol.com Le chœur Appassionata © X-D.R

2 avril Musique à la Ferme, Lançon 04 13 29 02 00 musiquealaferme.com

Vanessa Benelli-Mosell et Henri Demarquette © X-D.R

Benelli-Demarquette

Musiciens virtuoses pour la XXXIIe Semaine sainte ! On se délectera Du carnaval à la Semaine sainte à la cour de Versailles, avec la soprano Maïlys de Villoutreys accompagnée de la viole de gambe de Christine Plubeau et du clavecin d’Olivier Baumont (4 avril), on sera transportés par Un orage d’avril sur la musique instrumentale de Pachebelbel, grâce à l’ensemble Gli Incogniti (6), ou par le Concert spirituel (9) sous la houlette d’Hervé Niquet et la délicatesse des Impressions d’Italie (Lorenzoni, Benevolo, Charpentier).

© JB Millot

XXXIIe Semaine Sainte

La Traviata Ah ! La rédemption par l’amour ! Une histoire qui finit mal bien sûr… La fragile Violetta, cette dame aux camélias, sulfureuse à ses débuts, touchante d’abnégation et de courage à la fin, a inspiré à Alexandre Dumas fils son roman et à Verdi un opéra bouleversant de beauté. La compagnie Opéra Éclaté fait entendre toutes les finesses de cette partition, sous la houlette de Gaspard Brecourt dans une mise en scène d’Olivier Debordes. 1er avril La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr

8 avril Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 mairie-saintremydeprovence

Stabat Mater Dernière œuvre de Pergolèse que la tuberculose devait emporter deux mois plus tard, à 26 ans, ce Stabat Mater écrit pour soprano, alto, cordes et continuo est une page d’une poignante simplicité. L’Orchestre Amadeus s’empare de cette pièce avec deux grandes solistes, la soprano Mirjam Myklebust et la mezzo-soprano Hélène Delalande. En première partie, et en création mondiale, La voie du mystère de Raymond-Bailley, évocation de la quête du silence intérieur. 19 mars Casino, Hyères-les-Palmiers 06 41 34 10 88 amadevs-musique.com


36 au programme musiques var gard hérault alpes-maritimes

Sonates éclatantes

Quatuor Modigliani

Pour leur concert de fin de résidence au Lycée Dumont d’Urville de Toulon, les deux jeunes artistes Fanny Azzuro (piano) et Kristi Gjezi (violon) offriront un programme de sonates d’une grande richesse de registres et d’émotions de Prokofiev, Schumann, Fauré. Ces deux interprètes, moult fois primés et à la carrière déjà internationale, feront la démonstration de la subtile complémentarité de leurs instruments.

Par la beauté de son chant, Orphée était capable d’émouvoir les animaux les plus sauvages et les rochers, jusqu’à la reine des Enfers qui, bouleversée, lui permettra de ramener son Eurydice à la vie… Mais il perdra encore la femme aimée en se retournant avant d’arriver à la lumière. L’opéra de Monteverdi est remanié, transposé par Samuel Achache et Jeanne Candel. Un spectacle déjanté et burlesque, lieu d’un « artisanat furieux ».

© X-D.R

Fanny Azzuro © Jean-Baptiste Millot

Orféo, je suis mort en Arcadie

Le Quatuor Modigliani -Amaury Coeytaux et Loïc Rio, violons, Laurent Marfaing, alto, François Kieffer, violoncelle-, sans doute l’un des plus demandés au monde, apportera sa finesse, son intelligente interprétation des partitions, ses phrasés, ses envolées sculptées dans un programme qui convoque Mozart (Quatuor à cordes en ré majeur, KV 575), Schumann (Quatuor à cordes n°3 en la majeur op.41), Dvorák (Quatuor à cordes n°12 op.96, « Américain »). 28 mars Théâtre Molière, Sète 04 67 74 66 97 theatredesete.com

23 mars Lycée Dumont d’Urville, Toulon 04 94 92 70 78 festivalmusiquetoulon.com

Beethoven – Moussorgski

© Hugues Lagarde

© Jean-Louis Fernandez

Quatuor Eclisses © Jean-Baptiste Millot

La Folle nuit

24 mars Domaine d’O, Montpellier 0800 200 165 domaine-do-34.eu

Carmen

Un marathon de quatre concerts vous donne rendez-vous à partir de 15h au Théâtre de Nîmes, avec des artistes aussi prestigieux que les pianistes David Kadouch, Luis Fernando Perez, Shani Diluka ou le quatuor de guitares Eclisses et le quatuor à cordes Ardeo. Un thème, la danse, « Rythme (premier) des peuples »… Valses, pavanes, passacailles, tango, danses populaires ou savantes… de Schubert, à Piazzolla.

Indétrônable Carmen, avec qui l’on a envie de danser la Séguedille et de boire du Manzanilla, d’applaudir l’habit de lumière du toréador (même si l’on n’aime pas la corrida), d’aller là-bas là-bas… car l’amour est toujours « un oiseau rebelle », dans cette nouvelle production où brillent les chœurs et l’orchestre de l’Opéra de Nice sous la houlette de Nicolas Krüger. Aurore Ugolin sera Carmen, dans la mise en scène et les lumières de Daniel Benoin.

18 mars Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes 04 66 36 65 10 theatredenimes.com

19 au 25 mars Opéra de Nice opera-nice.org

04 92 17 40 79 31

5 au 9 avril Anthéa Antipolis Théâtre d’Antibes 04 83 76 13 00 anthea-antibes.fr

La toute jeune scène 55, à Mougins, inaugurée le 10 mars, propose une belle programmation musicale : la 5e Symphonie et l’ouverture Weihe des Hauses op. 124 (La consécration de la maison), de Beethoven, par le bel Orchestre Régional de Cannes, rejoint ensuite par l’Orchestre de Percussions de la Côte d’Azur pour jouer Tableaux d’une exposition de Moussorgski dans une orchestration de Pierre Ruscher. 29 mars Scène 55, Mougins 04 92 92 55 67 scene55.fr


au programme musiques bouches-du-rhône hérault alpes-maritimes

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Carnaval Jazz des animaux Dix-sept musiciens réinterprètent l’œuvre de Camille Saint-Saëns, de façon ludique et avec humour ! The Amazing Keystone Big Band, orchestre dirigé par quatre figures de proue de la nouvelle génération du jazz français (Fred Nardin, Jon Boutellier, Bastien Ballaz et David Enhco), parcourt avec ce conte l’histoire et les styles du genre, du blues au bebop, du swing au jazz rock ou à la bossa nova ! En 2e partie de soirée il jouera un programme autour de Duke Ellington. Soirée proposée par la ville de Vitrolles et Charlie Free.

Le pianiste et compositeur Paul Lay, jeune étoile montante du jazz, invite le trompettiste Avishai Cohen pour une soirée magistrale où seront joués standards et compositions originales, entre expérimentations et lyrisme inspiré. Ils seront accompagnés de Yoni Zelnik à la contrebasse et Dré Pallemaerts à la batterie.

Paul Lay © Jean-Baptiste Millot

31 mars Salle Guy Obino, Vitrolles 04 42 02 46 50 ville-vitrolles13.fr

Bey.Ler.Bey Le trio -formé de Florian Demonsant à l’accordéon, Laurent Clouet à la clarinette turque et Wassim Halal aux percussions orientales- joue une musique qui détourne les codes et les couleurs des musiques des Balkans. Ces trois improvisateurs hors-pair joueront et commenteront leur musique singulière à l’occasion de ces deux conférences illustrées.

Myra Melford et Ben Goldberg Deux grandes figures du jazz contemporain feront scène commune pour offrir un Dialogue musicale de haute volée ! Myra Melford, géniale pianiste avant-gardiste de free jazz, et Ben Goldberg, clarinettiste fer de lance du renouveau de la musique klezmer, jouent en duo depuis 2008. S’ils utilisent comme point de départ leurs compositions, c’est pour mieux renouveler et pimenter leur imprévisible tête-à-tête !

04 42 10 23 60

31 mars Forum de Berre forumdeberre.com

25 mars Moulin à jazz, Vitrolles 04 42 79 63 60 charlie-jazz.com

Olivier Hutman trio

Ron Carter et Richard Galliano

© Christelle Quessad

23 mars BMVR Alcazar, Marseille

Le chanteur camerounais signe Akö, un 3e album lumineux et éclairé, inspiré par le musicien Skip James, grand bluesman américain. Une figure tutélaire qui a renvoyé Blick Bassy à ses origines, aux traditions de son village, à l’importance de la transmission… Onze chansons, chantées dans sa langue maternelle, le bassa, que sa voix charnelle emporte sur les sons swing et soul de sa guitare, du violoncelle de Clément Petit et du trombone de Fidel Fourneyron. Un vrai coup de cœur !

27 ans après leur collaboration sur l’album Panamanhattan, Ron Carter et Richard Galliano se sont retrouvés pour enregistrer un nouvel opus, An Evening with, l’occasion de renouer avec cette magnifique complicité nouée autour d’un duo contrebasse-accordéon d’exception. Écoute, dialogue, compréhension, des fondamentaux qui contribuent à équilibrer et magnifier un jazz hors norme.

C’est un trio légendaire de la scène jazz française qui s’est reformé en 2016… après presque 30 années de sommeil ! Olivier Hutman au piano, Marc Bertaux à la basse et Tony Rabeson à la batterie reviennent jouer une musique dans laquelle le blues tient une place importante, agrémentée à n’en pas douter de sons nouveaux ! Ils invitent pour l’occasion le guitariste Serge Lazarevitch à se joindre à eux.

18 mars Scène 55, Mougins 04 92 92 55 67 scene55.fr

© Ariel Arias

04 91 54 70 54

30 mars La Criée, Marseille theatre-lacriee.com

Blick Bassy

© X-D.R

Paul Lay Trio & Avishai Cohen

24 mars Cité de la musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com 17 & 18 mars Théâtre sortieOuest, Béziers 04 67 28 37 32 sortieouest.fr


38 au programme spectacles bouches-du-rhône var vaucluse alpes-maritimes

Bella Figura © Pascal Victor - ArtComPress

Interview

© Christophe Raynaud de Lage

Bigre

Notre époque merveilleuse, où les « vérités alternatives » et intox virales sur Internet s’affrontent au fact checking et à la « transparence », conduit la presse à revoir ses fondamentaux si elle entend garder une quelconque crédibilité. Nicolas Truong est journaliste et met en scène l’incontournable exercice de l’interview. Non pas le superficiel entretien médiatique, mais la méthode qui permet d’accoucher les esprits en profondeur (au mieux), et (a minima) de débusquer la langue de bois ; pour cela il est allé à la rencontre de ceux qu’il qualifie d’artistes de la rencontre : Florence Aubenas, Edgar Morin, Raymond Depardon...

Pierre Guillois, Agathe L’Huillier et Jonathan Pinto-Rocha sont installés dans des chambres de bonne voisines, avec chacun sa routine, ses petites lubies de solitaire : l’un, rouquin à lunette, se chamaille souvent avec le second, maniaque et adepte du karaoké, tandis que la jeune femme les recruterait volontiers comme cobayes pour pratiquer la médecine douce... Un « mélo burlesque » inventif et drôle, porté par un trio de comédiens déchaînés. La représentation du 24 mars à la Criée sera suivie d’une rencontre avec les artistes, traduite en LSF.

04 91 54 70 54

23 au 25 mars La Criée, Marseille theatre-la-criee.com

31 mars & 1er avril Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

04 42 56 48 48

04 91 54 70 54

16 au 18 mars La Criée, Marseille theatre-la-criee.com

4 avril L’Olivier, Istres scenesetcines.fr

7 avril Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com

Yasmina Reza emprunte « la matière stagnante et houleuse de la vie » pour en faire du théâtre. La maladresse d’un homme qui invite sa maîtresse dans un restaurant conseillé par sa femme... un incident qui pourrait sembler mineur. La pièce, créée début janvier à Toulon, raconte la soirée qui suit cette erreur originelle. Sur un parking, deux couples, liés par un mystère, se croisent, se défient. L’auteur met en scène son texte, avec Emmanuelle Devos en femme sensible traversée par la vie qui court. 1er avril Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com

04 91 54 70 54

5 au 7 avril La Criée, Marseille theatre-la-criee.com

Fleur de cactus

22 au 24 mars sortieOuest, Béziers 04 67 28 37 32 sortieouest.fr

Le Marathon du Merveilleux Pour la troisième année, La Baleine qui dit vague organise son Marathon du Merveilleux à La Criée. Une journée dédiée au conte, avec une attention portée à tous les âges. Nathalie Le Boucher présentera ainsi Brunette et les trois ours, une œuvre adaptée aux tout-petits (dès 6 mois !). Pour les plus grands à partir de 6 ans, Kamel Guennoun contera les aventures d’une Blanche-Neige kabyle, tandis que Pascal Quéré se lancera dans une version tout public des contes de Grimm.

04 91 54 70 54

19 mars La Criée, Marseille theatre-la-criee.com

Voilà un chef-d’œuvre du théâtre d’objet, qui a parcouru le monde sous les applaudissements, depuis sa création en 2010 au festival d’Édimbourg. La compagnie anglaise Catherine Wheels y conte l’histoire d’un monde tout blanc (les arbres, les oiseaux, les maisons, et même la nuit !). Deux gardiens veillent au grain, pour préserver cet espace immaculé de toute impureté, quand soudain... surgit la couleur. Cinquante nuances de rouges, bleus, verts, jaunes, ou oranges viennent teinter la vie, et ça change tout. Un bel hommage au métissage. Dans le cadre de Festo Pitcho 25 & 29 mars La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com

04 91 54 70 54

5, 6 & 8 avril La Criée, Marseille theatre-la-criee.com

© Marcel Hartman

White

Un dentiste demande à sa secrétaire de se faire passer pour son épouse auprès de sa maîtresse. L’employée, secrètement amoureuse de lui, n’est pas n’importe qui : il faut une grande actrice pour jouer ce rôle casse-gueule d’héroïne faussement coincée. Catherine Frot succède à Lauren Bacall et Ingrid Bergman qui l’ont interprété, l’une à Broadway, l’autre à Hollywood, et -cela n’étonnera personne- y fait des étincelles. 14 au 25 mars Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net 28 au 30 mars Anthéa Antipolis Théâtre d’Antibes 04 83 76 13 00 anthea-antibes.fr


24 et 25 mars Cie ArniCA

Erich von Stroheim

7+ ans

© Jean-Louis Fernadez

Stanislas Nordey trouve que montrer l’acte sexuel sur un plateau « n’a pas tellement d’intérêt » pour interroger le rapport au couple ou au corps, il a donc choisi de mettre en scène une nudité crue mais esthétique, « comme dans la peinture ». Trois comédiens, une femme (Emmanuelle Béart), deux hommes (Laurent Sauvage et Thomas Gonzalez), plusieurs combinaisons possibles... Et des relations qui se tendent entre la cynique working girl, l’acteur porno et le jeune en révolte contre le travail. La pièce tire son nom d’un cinéaste de l’entre-deux-guerres, souvent censuré par l’Amérique puritaine. 4 au 6 avril Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net

14 au 18 mars Les Bernardines, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net Dans le cadre du Train Bleu (voir p. 21) 31 mars Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 theatre-semaphore-portdebouc.com

© Erik Korzo

Tétris C’est bien du jeu vidéo qu’il s’agit, mais dans un clin d’œil « à ceux qui n’arrivent jamais à rester tranquillement assis, qui ont envie de grimper aux murs et d’aller voir toujours plus loin ». Le chorégraphe Erik Kaiel imbrique le corps de ses danseurs jusqu’à former d’invraisemblables pyramides. Un spectacle à voir en famille à partir de 6 ans, avec les jeunes espoirs du Ballet National de Marseille et du BNMnext. 24 & 25 mars Les Bernardines, Marseille 08 2013 2013 l estheatres.net

1er et 2 avril

ThéâTre du PhAre 9+ ans

\/ théâtre de récit et de cirque adapté en lsF

Les règles du savoir-vivre dans la société moderne

Friche la Belle de Mai 41 rue Jobin 12 rue François simon 13003 marseille © Raphael Arnaud

Agnès Régolo met en scène une pièce de Jean-Luc Lagarce, auteur hanté par la mort, mais non dénué d’humour et refusant le pathos. Son texte s’inspire d’un manuel du savoir-vivre rédigé au XIXe siècle, pour comprendre ce qui, dans toute société, encadre l’existence. Un nombre colossal de règles explicites ou implicites, rassurantes et étouffantes à la fois. Car si naître et mourir se font assez aisément, somme toute, c’est la vie entre les deux qui demande de l’endurance et parfois... un mode d’emploi.

\/ marionnette

Billetterie 04 95 04 95 75 www.theatremassalia.com


40 au programme spectacles bouches-du-rhône vaucluse

Le 6e jour

Les rois de la piste Papa part - Maman ment Mémé meurt

Arletti (Catherine Germain), seule sur scène, rôde autour des lieux publics, cherche à s’approcher des gens, tente de comprendre comment au 6e jour de la création l’aventure de l’homme a commencé. Elle vole le cartable d’un conférencier endormi au pied d’un arbre (est-ce un pommier ?) et le remplace pour son allocution sur la Genèse. Une remise en chantier de ce spectacle drôle et tendre, d’une inventivité toute élastique, créé il y a 20 ans par François Cervantès. 28 mars au 8 avril Les Bernardines, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net

© Sabine Bouffelle

Des années 70 à nos jours... Triptyque

Théâtre Joliette-Minoterie), met en scène Lucile Oza et Marc Menahem sur un texte de Fabienne Yvert, écrit de manière spontanée sur des papiers différents, rassemblés en cahiers, sans droit à l’erreur. Une artiste, auteure et typographe « en prise avec le monde, mais sur courant alternatif », qui conçoit des propositions hybrides. Le titre se suffit à lui même pour comprendre l’intrigue de cette pièce, fort loin toutefois de se résumer à une crise familiale. Tout à la fois proposition chorégraphique, musicale, théâtrale et burlesque, Les rois de la piste est avant tout une « critique sociale ciblant la nécessité de séduction ». Car s’il y a bien un endroit où l’on met son sex appeal en avant, c’est le dancefloor, de la simple boum à la discothèque en passant par la fête entre amis ! Le directeur du CNN de Tours, Thomas Lebrun, s’est entouré de Julie Bougard, Matthieu Patarozzi, Véronique Teindas, Yohann Têté, pour interpréter une galerie de danseurs aux styles variés.

1er avril Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr

Me taire + Je ne veux plus Deux fillettes des favelas brésiliennes déplorent le mur symbolique qui les sépare du monde des bulles, de champagne ou de savon... Une jeune religieuse, Sœur Maria Luz, revient sur son passé et le poids des secrets. Deux histoires d’engagement au féminin, mises en scène par Olivier Letellier pour le Théâtre du Phare. La troisième petite forme de son triptyque, Maintenant que je sais, n’est pas présentée ici ; sans que cela ne pose problème : on peut les voir indépendamment. D’ailleurs attention, la première pièce est accessible aux 10 ans et plus, la seconde à partir de 13 ans seulement.

28 & 29 mars Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

Mon cœur

© Christophe Raynaud De Lage

Que reste-t-il des rêves d’antan ? Le collectif In Vitro propose de revisiter en trois actes l’évolution des idéaux à travers plusieurs générations, des utopies de mai 68 à nos jours, où règne l’individualisme. Pour ce faire les douze comédiens s’appuient sur La Noce de Bertolt Brecht, Derniers remords avant l’oubli de Jean-Luc Lagarce, et Nous sommes seuls maintenant, leur propre texte rédigé collectivement. (Le spectacle dure 5 heures, avec entracte). 18 & 19 mars Théâtre Joliette-Minoterie, Marseille 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr

© Duret Bernard

© Christophe Raynaud de Lage

Pierrette Monticelli (co-directrice du

15 mars Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org

Trois histoires forment la trame d’un scandale sanitaire éhonté, celui du Mediator. Une jeune femme s’effondre un soir devant son fils, avant d’être transportée aux urgences pour une opération cardiaque ; une pneumologue comprend qu’un médicament couramment utilisé comme coupe-faim est en fait un poison ; une adepte des régimes vient voir son avocat lorsqu’elle réalise à quoi elle doit son cœur artificiel... Pauline Bureau s’empare du combat d’Irène Frachon, médecin à l’origine des révélations sur les agissements des laboratoires Servier. 5 & 6 avril Le Merlan, Marseille 04 91 11 19 20 merlan.org 25 avril La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com


Pourquoi mes frères et moi on est partis

© Yom-s

Sarah Tick met en scène une pièce de Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre. Quatre frères vivant de l’autre côté de la Méditerranée décident d’émigrer. Pourquoi ? Parce que leur mère se meurt, leur père s’imbibe au bistrot, le chômage les guette, et parce que l’espoir est ailleurs. Le plus jeune -joué par une femme, Laura Chetrit- veut devenir mime, les autres ont chacun leur rêve, parfois déçu d’avance, et tous mettent le spectateur face à ses propres aspirations. 4 avril Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.fr

© X-D.R.

Show devant Une trapéziste-stripteaseuse-télépathe, c’est plutôt rare. Mais si on apprend qu’elle lit l’avenir dans les pieds-paquets, alors plus de doute : elle ne peut être que provençale, et en affinant la recherche on tombe fatalement sur une grande spécialiste de la culture marseillaise, Edmonde Franchi. Avec son compère Diego Bordonaro, formé au lancer de hache « auprès des moines chats au line », ils forment un duo des plus joyeux, Yolanda et Pepito.

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ASPAS SOLIDARITE PROVENCE/ AMERIQUE DU SUD PRÉSENTE

Dans le cadre de Festi’Femmes 1er avril Théâtre Toursky, Marseille 0 820 300 033 toursky.fr

Clairière Émilie Flecher parle très joliment de la clairière, qu’elle rapproche d’une île, d’un théâtre, ou d’un « point lumineux qui nous attire ailleurs ». Inspirée par Henry David Thoreau et par sa propre enfance, elle raconte l’histoire d’une fillette née dans une forêt profonde, parvenant à l’âge où l’on commence à sentir ses pieds chatouillés par une envie de voyage. Comme tout adulte en devenir, Ourse devra trouver son propre chemin... Un spectacle de marionnettes à découvrir à partir de 7 ans.

© Emilie Flacher

SENDEROS DE AMANECERES SENTIERS DES AURORES

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23 au 25 mars Massalia, Marseille theatremassalia.com

19es RENCONTRES DU CINÉMA SUD-AMÉRICAIN

17 AU 25 MARS 2017 MARSEILLE Cinéma Le Gyptis et Friche la Belle de Mai / Grand Plateau Puis en avril dans 15 villes de PACA

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FILMS DE TOUTE L’AMÉRIQUE LATINE INVITÉS LEÇON DE CINÉMA SÉANCES SCOLAIRES CONCERTS

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42 au programme spectacles bouches-du-rhône

Beaucoup de bruit pour rien

C’est une histoire d’amour racontée par Olivier Letellier. Entre une mère adoptive et son bébé, Tiago, qu’elle est allée chercher dans un couvent au Brésil. Est-elle tombée dans un réseau de trafic d’enfants ? L’enquête est menée par un agent de police. Trois hommes, deux comédiens et un circassien, sont sur scène dans cette pièce inspirée de faits réels, retraçant la lutte d’une femme prête à tout pour repartir avec son enfant. La représentation du 2 avril sera interprétée en langue des signes.

Magali Rousseau a l’art de donner vie et poésie à la mécanique, ce qui n’est pas un mince exploit. La jeune femme, diplômée de l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, a imaginé une performance basée sur toutes sortes de machines mues par le feu, l’eau ou la vapeur, avec un système ingénieux de manivelles, de fils tendus et de poulies. Ces êtres d’acier lui servent de point d’appui pour évoquer l’histoire de sa famille, accompagnée à la clarinette par Julien Joubert.

1er au 3 avril Massalia, Marseille theatremassalia.com

© X-D.R.

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Je brasse de l’air

Omar Benlaala

© X-D.R.

© Christophe Raynaud de Lage

La nuit où le jour s’est levé

Après Alfred de Musset, Eugène Labiche ou Alexandre Dumas, la Cie Interlude s’attaque à William Shakespeare et crée à Vitrolles Beaucoup de bruit pour rien. Séduit par l’esprit brillant de la pièce, le metteur en scène Julien di Tommaso reprend à sa façon l’intrigue bien connue de deux couples d’amoureux réunis à Messine, sur fond de jalousie malintentionnée, d’innocence bafouée et de malentendus heureusement résolus... 6 & 7 avril Théâtre Fontblanche, Vitrolles 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr

16 & 17 mars Théâtre Fontblanche, Vitrolles 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr

Plateau humour

Le Théâtre La Cité invite à une série de lectures et rencontres, dans le cadre de son projet Jeunes à vif, jeunes en devenir. Après Magyd Cherfi, c’est l’auteur Omar Benlaala qui interviendra, autour de son ouvrage autobiographique La Barbe. Le récit de son parcours vers l’âge adulte, de la discothèque à la mosquée, pour enfin trouver sa voie dans l’écriture. Une façon de sortir des clichés sur l’embrigadement religieux, en démontrant qu’il n’y a pas grand enseignement à tirer des généralités, mais beaucoup plus à observer les cheminements individuels.

04 91 53 95 61

24 mars La Cité, Marseille theatrelacite.com

Mottes est un « théâtre d’argile éphémère et fait main », proposé par la compagnie ariégeoise Le poisson soluble. Tirant le modelage vers la marionnette, François Salon et Sébastien Dehaye y explorent notre rapport à la terre, charnel et viscéral, tour à tour constructif et destructeur. Un spectacle à voir en famille, pour son humour universel.

17 mars Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr

© François Bérard

La Barbe, Omar Benlaala

Mottes

Trois humoristes se succéderont sur la scène du Comoedia le 17 mars, près de deux heures durant. Monsieur Fraize, faux timide virtuose de la gaucherie, Bernard Azimuth, l’homme à la chemise jaune beaucoup vu à la télévision aux côtés de Michel Drucker, et enfin le jeune Aymeric Lompret, qui voulait devenir CRS mais n’a trouvé qu’un job dans l’humour en intérim... Trois styles, trois générations, trois approches du rire.

23 & 24 mars Théâtre Fontblanche, Vitrolles 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr


au programme spectacles bouches-du-rhône var

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Reality

Bien sûr, les choses tournent mal

Soirée de ballets

31 mars Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr

743 carnets, notes patientes prises entre 1947 et 2000, journal intime étrange, dénué de tout commentaire de tout pathos, de toute analyse, relevé des faits et gestes du quotidien, inscrits par Janina Turek. Après sa mort, sa fille retrouve les écrits maternels. Les comédiens complices, Daria Deflorian et Antonio Tagliarini, offrent un spectacle (en italien surtitré) qui tente de déceler, entre les lignes, ce que signifie le terme « réalité » dans son rapport au jeu d’acteur et de création artistique. 16 & 17 mars Le Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 boisdelaune.fr

Conseil de famille Et si on assassinait maman ? Éric Civanyan met en scène une comédie cruelle sur l’idée saugrenue qui traverse l’esprit de trois frères et sœur, des enfants indignes pas si éloignés que ça du commun des fratries. C’est vrai que les maisons de retraite ça coûte cher, et comme la génitrice (Éva Darlan) est un peu peau de vache, au moins on n’aura plus à entendre ses récriminations... Un accident est si vite arrivé !

24 & 25 mars Le Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 boisdelaune.fr

no.W.here

© Sem Brundu

C’est la vie

© Charlotte Spillemaecker

6 avril Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr

Le chorégraphe Frank Micheletti et sa Cie Kubilai Khan investigations en appellent au désordre salvateur face à l’omnipotence/ présence du capitalisme dans nos vies. Le langage de la danse devient poésie, joue des équilibres et déséquilibres, rendent aux corps la capacité de résister, de trouver des voies nouvelles, sur la musiques live de Frank Micheletti et Benoît Bottex.

© Sem Brundu

© Compagnie Acodanse

© Filipe Viegas

Héloïse Bourgeat, Manoah Michelot, Camille Lebesque, Thierry Hussain, Toyce Anders, les danseurs de la Compagnie Acodanse, interpréteront un florilège des ballets figurant à son répertoire : Carmen, Le songe d’une nuit d’été, Dvorak sérénade et d’autres encore, sous la houlette de leur chorégraphe, Alessandra Delle Monache.

Spectacle du Bois de l’Aune, abrité par la Cité du Livre, no.W.here joue de l’énigme, avec un titre au nom dont la dissociation entraîne moult élucubrations… Le duo dansé, rêvé « hors catégorie » par le chorégraphe Frank Micheletti (Kubilai Kahn investigations), bouscule les conventions, interroge les codes qui nous enferment, porté par les danseuses Viktoria Andersson et Sara Tan, dans les lumières d’Ivan Mathis, sur les musiques en direct de Frank Micheletti et Jean-Loup Faurat. 21 mars Le Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 boisdelaune.fr

On avait applaudi Moi, Corinne Dadat et Finir en beauté. Toujours entre documentaire et fiction, Mohamed El Khatib (collectif Zirlib) explore le quotidien. Sous le titre qui renvoie à l’une des réflexions les plus banales, « C’est la vie », il aborde le drame absolu qu’est la perte d’un enfant, avec deux acteurs Fanny Catel et Daniel Kenigsberg, deux « orphelins à l’envers ». Une expérience limite pour écrire, évoquer au théâtre ce deuil impossible. 6 au 8 avril Le Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 boisdelaune.fr 4 & 5 avril Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr


44 au programme spectacles bouches-du-rhône

Horace

Plexus

Honneur à notre élue Fable politique d’une actualité confondante, la pièce de Marie NDiaye, dans une mise en scène de Frédéric Bélier-Garcia, plonge avec un humour féroce dans les mécanismes du pouvoir. Notre Élue (Isabelle Carré), maire d’une petite ville portuaire, offre l’image d’une personnalité exemplaire, irréprochable et vertueux modèle. Mais les élections approchent et l’Opposant (Patrick Chesnais) guette… Quelle affaire déstabilisera celle que l’on pensait au-dessus de tout soupçon ? Une plume trempée dans un acide poétique… 29 mars au 2 avril Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

22 au 25 mars GTP, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

17 & 18 mars Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org

Ad noctum

Alice Le Groupe Grenade, mené avec une délicate précision par Josette Baïz, nous conduit dans les méandres de l’univers de Lewis Caroll. Nous revivons les moments-clé du conte initiatique qu’est Alice au Pays des Merveilles, portés par le talent des jeunes danseurs, dans la scénographie et les lumières de Dominique Drillot, qui joue en virtuose de la vidéo, des surgissements, des changements d’échelle. Un régal de fraîcheur et d’inventivité !

31 mars & 1er avril GTP, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

© Marc Coudrais

21 au 25 mars Théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net

Non, il ne s’agit pas de la reprise du roman d’Henri Miller, mais d’un essai de calligraphie spatiale d’Aurélien Bory, composé pour la danseuse Kaori Ito, comme le « portrait de son corps ». Solo de danse qui dessine un portrait en creux, enlacé, entrelacé de 5000 fils de nylon noir… Univers mouvant, ondoyant, peint d’ombres et de lumières. Prix International Applausej Joan German Schroeder de la FAD Sebastià Gasch de Barcelone, Plexus est un pur bijou au croisement du théâtre optique, de l’art des marionnettes et du cinéma. © Hugues Anhes

Sous le règne de Tullius Hostilius, les villes de Rome et d’Albe-la-Longue désignèrent chacune trois champions pour régler leur différend. Entre les Horace (pour Rome) et les Curiace (pour Albe), la bataille est terrible. Un frère Horace survit. Dans Rome en liesse, il tue sa propre sœur qui pleurait son fiancé, l’un des Curiace. Condamné à mort, il sera gracié par l’Assemblée du peuple. Corneille s’empare du thème et compose une bouleversante tragédie que met en scène Renaud Marie Leblanc.

© Mario Del Curto

La délicatesse, l’inventivité poétique et fantasque de James Thierrée se retrouvent dans sa dernière création, La grenouille avait raison. Imaginez… une créature souterraine trahie par les hommes, les représailles qui s’ensuivent, et puis… la poésie accorde du sens à tout cela, puisant dans les méandres les plus secrets de notre être. Seules les paraboles révèlent les mystères… Laissons-nous guider par le magicien James Thierrée.

© Leo Ballani

© Creative Commons Domaine Public

La grenouille avait raison

Dans un clair-obscur propice aux illusions (renforcées par le sol aux rayures inspirées des wall drawings de Sol LeWitt), le couple aérien des interprètes (Julie Guibert et Kerem Gelebek) de la pièce de Christian Rizzo conte les danses populaires. Couples qui s’effleurent, images rapides et fluides d’un passé qui s’anime et s’efface, menuet, tango, valse… Fantômes de souvenirs resurgis, pour un spectacle d’une intense poésie. 24 & 25 mars Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org


au programme spectacles bouches-du-rhône alpes-maritimes

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Candide

Quatre moments de lecture au Vitez. Autre manière de fréquenter la littérature, de lui accorder une voix autre que celle des lecteurs solitaires, dans une invitation au partage des mots, dans une mise en espace particulière. On entendra ainsi les textes de la sortie d’atelier d’écriture des étudiants de théâtre d’AMU, animé par Sonia Chiambretto sur le thème du Journal d’un voleur de Jean Genet ; Des Vies (Etienne Brûlé, Savonarole, Rimbaud) par Arnaud Maïsetti ; Dans la république du bonheur de Martin Crimp, lecture dirigée par Angie Pict ; enfin, des textes de la romancière turque Asli Erdogan, lus par des étudiants de l’ERAC.

26 & 27 avril Théâtre de Grasse ( La Roquette/Siagne), Grasse 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com

Dénonciation des obscurantismes, désillusion du monde, confrontation aux catastrophes, aux injustices, aux guerres…Candide arpente les pays et conserve son « inébranlable innocence ». Kevin Keiss adapte et réécrit le texte de Voltaire, ajoute au titre initial « si c’est ça le meilleur des mondes », suit le cheminement de Candide, quête initiatique qui permet au personnage de se construire au travers des expériences, dans une intelligente mise en scène de Maëlle Poesy, magnifiquement servi par la Cie Drôle de bizarre. (Programmation des ATP Aix) 14 mars Théâtre Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 theatre-vitez.com 04 42 63 46 22 atp-aix.net

Sonia Chiambretto © Patrick Laffont

3 au 8 avril Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org

© Vincent Arbelet

Lectures contemporaines

Atypique, le spectacle d’Arthur Perole fait participer le public à son élaboration. Un ensemble de cartes, « à danser », ou « action », disposées au centre de l’espace scénique, porte son lot de mystères. Découvertes au fur et à mesure par les danseurs, elles leur imposent telle ou telle règle à suivre. Le public est consulté sur l’interprétation des signes géométriques dessinés sur chaque carte. Le tout s’emballe dans un rythme rapide et jubilatoire sur des enregistrements live des Doors. Une manière ludique d’appréhender l’écriture chorégraphique, dès huit ans !

© Nina-Flore Hernandez.

Rock’n chair

5 & 4 avril Théâtre National, Nice 04 93 13 90 90 tnn.fr

18 mars Théâtre Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 theatre-vitez.com

À nos enfants

Esmerate !

7 & 8 avril Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org 04 42 63 46 22 atp-aix.net

Jaloux de Dieu © X-DR

Huit anthropologues, sociologues, ethnologues et autres scientifiques tentent chaque semaine de nouvelles expériences afin de tenter d’expliquer et de comprendre le monde dans sa complexité… vaste programme auquel ils s’attaquent avec conscience. Un spectacle entre danse et théâtre concocté avec humour et volubilité par Élisabeth Gonçalves pour les deux metteurs en scène et chorégraphes Roser Montlló Guberna et Brigitte Seth. Esmerate ! (Fais de ton mieux !) pour atteindre ou fuir ( ?) le bonheur… (Programmation des ATP Aix)

Ils sont en vacances avec leurs enfants, Junon qui est malade mais ne le dit pas, son mari, Jean qui ne supporte plus le monde tel qu’il est, René, qui « avance comme un boxeur », Daisy, son épouse, qui voudrait encore un enfant, mais… En une quarantaine de séquences le quotidien est passé à la moulinette. L’ordinaire devient objet de théâtre, par la grâce de la Cie L’oubli des cerisiers dans une mise en scène de Nicolas Struve. 21 mars Théâtre Vitez, Aix-en-Provence 04 13 55 35 76 theatre-vitez.com

Dans la continuité de Monologue I, Sous le signe du chien (donné en nov/déc 2015 cf article Zibeline), Alain Simon, directeur du Théâtre des Ateliers, offre le Monologue II, Jaloux de Dieu. On retrouvera l’amour des mots, un esprit « à sauts et à gambades », une verve qui dépoussière le monde avec une jubilation délicieuse. Aux côtés d’Alain Simon pour cette nouvelle aventure, Jeanne Alcaraz et Mickaël Zemmit. À voir absolument ! 25 au 31 mars Théâtre des Ateliers, Aix-en-Provence 04 42 38 10 45 theatre-des-ateliers-aix.com


46 au programme spectacles bouches-du-rhône

BESAME (mucho)

Faire cailloux

Mettre les points sur le i et un esprit délirant sur le reste du monde, c’est la spécialité de la Compagnie du i qui se lance dans la création d’un spectacle de clown. Elle, Séraphine, chignon tiré et talons vertigineux, aime tout ce qu’elle contrôle, mais bien sûr, la vie est récalcitrante à ce genre d’aspiration ! Nous suivons sa découverte des imperfections humaines aux côtés d’un musicien muet et mystérieux, un certain Gabriel… délicieusement séraphique !

Une reine jalouse, un prince un peu benêt, une princesse pas très futée, un majordome malveillant, une coquette vengeresse… Si l’on connaît tous ces caractères séparément, il est rare de les retrouver en une seule et même pièce. C’est sans compter la douce folie du Collectif La bouée qui a assemblé des répliques phares de plus d’une centaine de pièces de théâtre, du classique au vaudeville, en passant par la tragédie et la comédie musicale, pour créer ce bel hommage au spectacle vivant !

© Jean-Claude Sanchez

© Vincent Bidault

Rien ne se perd

C’est un voyage poétique au cœur de la matière que nous invite à faire la Cie Itinerrances. Sur une chorégraphie de Christine Fricker, la danseuse Alice Galodé compose ses mouvements au fur et à mesure de l’exploration des galets qui sont posés sur la scène, formidable terrain de jeux, et paysage onirique en constante évolution, qui met en lumière ses cinq sens et plus particulièrement le toucher. Texture, volume et densité s’ouvrent ainsi à l’imaginaire des tout-petits, à partir de 2 ans.

24 & 25 mars 3bisf, Aix-en-Provence 04 42 16 17 75 3bisf.com

3 au 5 avril Maison du peuple, Gardanne 04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr © Collectif La Bouée

Sherlock Holmes

La Malédiction de Saint-Marc

Le théâtre du Kronope adapte (Etienne Simon) et met en scène avec bonheur (Guy Simon) le livre de Conan Doyle, Sherlock Holmes et le chien des Baskerville. La pièce joue avec le fantastique, décline des univers imaginaires où caricatures proches des personnages de Tim Burton croisent un monde inspiré du Shutter Island de Martin Scorsese. Heureusement, Sherlock Holmes et son fidèle Watson résoudront encore cette énigme… Attention, à partir de 10 ans !

04 42 87 75 00

31 mars Espace Nova, Velaux espacenova-velaux.com

© Claude Rivas

© Philippe Hanula

24 mars Maison du peuple, Gardanne 04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr

Bon débarras C’est l’histoire d’un objet qui est trop beau pour durer. La cafetière Puccini R26000 est la dernière née des ateliers Puccini, créée pour transformer le moment du café en rêve… Ce dont ne doute pas Emma qui s’en entiche immédiatement. Mais voilà qu’arrive déjà une autre cafetière, encore plus révolutionnaire… et la précipite au rancart ! La Cie Force nez s’empare avec humour et poésie du thème de l’obsolescence programmée, en faisant des objets des personnages réels qui parlent et réagissent émotionnellement. À voir dès 6 ans. 29 mars Maison du peuple, Gardanne 04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr

Pourrait-on sauver Venise, et plus particulièrement la Place Saint-Marc, de la menace récurrente de la montée des eaux ? La Cie Tiramisù, basée à Gardanne, avance quelques solutions avec ce spectacle de Commedia dell’arte ébouriffant ! En 1711, deux enfants sont retrouvés abandonnés sur la Place. 18 ans plus tard, suite à cette incroyable et effroyable acqua alta, le ducat est en crise, et un sommet européen est organisé pour chercher des solutions. Arriveront-ils à fusionner leurs énergies pour sauver Venise ? 7 avril Maison du peuple, Gardanne 04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr


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Antigone

L’Héritier de village

Plutôt que de suivre pas à pas la lutte entre les Capulet et les Montaigu jusqu’à son dénouement tragique, et loin d’un conflit social ou clanique, Jean-Christophe Maillot réinterprète le chef-d’œuvre de Shakespeare comme un drame fortuit qui fait périr des adolescents plus préoccupés par les jeux de l’amour que ceux de la haine. Un pas de deux onirique au cœur du décor épuré pensé par Ernest Pignon-Ernest.

Cette pièce peu connue, certainement l’une des plus corrosives et drôles de Marivaux, est mise en scène par Sandrine Anglade. Dans une société artificielle fondée sur la seule valeur de l’argent, une petite communauté improbable, subitement plongée dans une richesse potentielle, va être amenée à confronter ses valeurs. Face à Blaise, le paysan héritier d’une fortune considérable et inattendue, chacun s’essaiera à un jeu de séduction perverti pour récupérer sa part du gâteau. Jusqu’à l’annonce d’une banqueroute impitoyable…

17 & 18 mars Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net

Attached L’un est un géant placide, Massi, l’autre est petit et nerveux, Manu, les deux sont voltigeurs-jongleurs et font assurément la paire ! Les deux compères du duo franco-norvégien de la Cie Magmanus ne peuvent rien faire l’un sans l’autre, et sont désespérément connectés : quand l’un résiste l’autre vole, quand l’un tombe l’autre s’accroche… le tout lors de portés acrobatiques à couper le souffle ! 25 mars Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net

28 mars Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net

Collection secrète #4 Et de 4 pour ces Collections secrètes qui le restent jusqu’au dernier moment ! Celle-ci, un peu particulière, pourrait vous mener jusqu’à la Côte bleue, durant la manifestation Le Train bleu (voir p 21)… Pour participer, il vous suffit de vous inscrire auprès de la billetterie du Théâtre des Salins, qui vous enverra par email ou texto le lieu du rendez-vous.

© Shutterstock

Dans cette version d’Antigone, née au lendemain des événements de Maïdan, à Kiev, Lucie Berelowitsch confie le chœur aux Dakh Daughters, groupe de comédiennes et musiciennes ukrainiennes issues de la seule compagnie indépendante d’Ukraine dirigée par Vlad Troitsky, qui signe la composition musicale. L’actualité se mêle alors à la tragédie grecque de Sophocle, dans une esthétique moderne, sombre et dépouillée.

17 mars Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 theatre-semaphore-portdebouc.com

Fuck America Le mythe du rêve américain vire parfois au cauchemar. Fuck America, de l’auteur allemand Edgar Hilsenrath, décrit cet envers du décor. Rescapé des camps de la mort, Jakob Bronsky débarque plein d’illusions au pays de l’Oncle Sam. Il se voudrait écrivain mais traîne sa misère et ses fantasmes dans un monde sans pitié. Haïm Menahem, accompagné par le saxophoniste David Rueff, met en scène et interprète ce roman d’autofiction au ton provocateur et corrosif.

© Laurent Schneegans

© Marie-Laure Briane

© Maxim Dondyuk

Roméo et Juliette

1er avril Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 les-salins.net 22 mars Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 theatre-semaphore-portdebouc.com


48 au programme spectacles bouches-du-rhône alpes alpes-maritimes hérault

Andromaque

Romance

Racine manie la passion jusqu’à son paroxysme, amène ses personnages au bout de leur monstruosité, les poussant à dépasser leur statut social et leur position politique. « Sous le doux couvert des règles de bienséance, il déchire les cœurs, fait saigner les corps » souligne Anthony Magnier, de la Cie Viva, qui s’attache dans sa mise en scène à révéler et magnifier ce « théâtre de chair » en projetant les spectateurs dans les affres et délices de la passion.

4 avril Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu

23 & 24 mars Théâtre Durance, Château Arnoux/Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr

18 mars Théâtre de Fos scenesetcines.fr

04 93 40 53 00

04 42 11 01 99

28 mars Théâtre de Grasse theatredegrasse.com

Dans ma tête

Ubu roi

© Eric Chevalier

Tyran grotesque, né d’une farce potache d’Alfred Jarry, Ubu ne cesse de fasciner. Jérémie Le Louët (Cie Des Dramaticules), qui a toujours aimé « les destructeurs, les transgresseurs et les affreux imposteurs », adapte le texte en faisant d’Ubu un metteur en scène capricieux, odieux, violent qui tente, avec sa troupe qu’il malmène avec obstination, d’adapter Ubu roi… Cette absurde et intemporelle comédie du pouvoir trouve-là une réécriture joyeuse et jubilatoire !

© Jean-Louis Fernandez

© Jean-Claude Fraicher

Terre noire

17 mars La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr

21 mars La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr

C’est le magnifique album éponyme de Blexbolex qu’adapte La SoupeCie. L’histoire d’un enfant qui va de la maison à l’école, et retour, et qui se crée du monde qui l’entoure une aventure incroyable, en suivant des pistes imaginaires qui font de simples personnes des protagonistes en puissance : reine, sorcière, oiseau, brigands… Trois comédiens-marionnettistes accompagnent et immergent le spectateur dans une machinerie d’images projetées et découpées, et de musique.

15 mars Théâtre Molière, Sète 04 67 74 66 97 theatredesete.com

7 avril Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 theatre-semaphore-portdebouc.com

Irina Brook met en scène un brûlot dans la veine du film Erin Brockovich : une femme seule contre l’immense pouvoir de multinationales. Sauf que l’histoire, basée sur des éléments réels, se passe en Afrique du sud, où des multinationales peuvent s’emparer des terres de paysans étranglés financièrement ; et qu’elle est signée Stefano Massini, l’un des dramaturges italiens contemporains les plus prometteurs, connu pour son engagement politique et la férocité de son regard sur les sujets d’actualité.

Akram Khan, chorégraphe londonien dont les parents sont originaires du Bangladesh, ne cesse, depuis les débuts de sa compagnie, de questionner ses racines pour en tirer un récit chorégraphique unique. Dans cette fable moderne, Petite patrie, il marie la danse contemporaine et le Kathak, danse traditionnelle de l’Inde du nord, pour conter les souvenirs d’un jeune homme qui rêve d’être danseur.

© X-DR

© X-DR

Chotto Desh

28 mars La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr

Romain Poisson n’est pas un homme tout à fait comme les autres : sa vie est faite de rituels et de petites habitudes qui le rassurent, il s’attarde sur des détails que d’autres ne voient jamais, il doit apprivoiser ses peurs, les enfermer car trop envahissantes, pour pouvoir avancer. « On » le dit idiot, étrange quoi qu’il en soit… Loin des grands discours, la Cie Entre Eux Deux Rives propose un spectacle empreint d’une grande sensibilité sur le thème de l’autisme, et plus généralement de la différence.

04 42 11 01 99

1er avril Théâtre de Fos scenesetcines.fr

4 avril La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr


49

Sunny

Ahmed Madani, auteur et metteur en scène grandi à Mantes-la-Jolie, travaille sa matière, la banlieue, depuis près de 35 ans. Il écrit des textes qui donnent la parole aux habitants des cités. Cette fois, dix jeunes femmes racontent leur quotidien, leurs rêves, leurs parents venus d’ailleurs. Elles sont belles, fortes, elles emportent tous les clichés sur leur passage. Un spectacle d’utilité publique.

04 42 11 01 99

Composition pour dix danseurs, la nouvelle création du chorégraphe Emanuel Gat continue d’inventer de nouvelles règles du jeu. Chaque interprète apporte son discours, et chacun est à l’écoute de l’autre. À cette danse nimbée de lumières créées par le chorégraphe lui-même, s’ajoute la présence de l’ancien danseur et nouvelle étoile de la scène électronique, le musicien-compositeur Awir Leon qui se livre à une performance live.

4 avril Théâtre de Fos scenesetcines.fr

1er avril L’Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 90 92 70 37 mairie-saintremydeprovence.fr 25 au 28 mars Théâtre La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 theatre-la-passerelle.eu

04 42 56 48 48

© François-Louis Athenas

F(l)ammes

En adaptant en une heure le chef-d’œuvre de Victor Hugo avec son petit théâtre d’objets, Agnès Limbos réveille miraculeusement les consciences morales, tout en soufflant une bénéfique aspiration à la révolution ! Deux comédiennes manipulatrices hors pair jouent avec grâce tous les personnages de ce roman social, donnant vie à ces petits êtres de bois pour faire exister la pensée politique et philosophique de l’auteur.

© X-D.R.

Les misérables

11 mars L’Olivier, Istres scenesetcines.fr

04 93 40 53 00

Volver

Tout à refaire

04 42 56 48 48

8 avril Théâtre de Fos scenesetcines.fr

4 avril Le Silo, Marseille 04 91 90 00 00 silo-marseille.fr 5 avril Théâtre Croisette, Cannes 04 92 98 62 77 c annes.com

Après une première collaboration pour L’Amour sorcier, Olivia Ruiz et Jean-Claude Gallotta se retrouvent dans cette « comédie musicale » : l’histoire d’une jeune artiste exilée qui va devenir chanteuse populaire à Montmartre. Entourés des danseurs de Gallotta, et de ses musiciens, Olivia Ruiz joue et chante « la richesse d’appartenir à deux cultures, la souffrance parfois de se sentir deux fois étranger ».

04 42 56 48 48

21 mars L’Olivier, Istres scenesetcines.fr

Elle pas princesse, lui pas héros Comment, et à partir de quoi, se crée l’identité ? Comment la construire face aux projections des autres sur soi ? Leïli, petite fille très débrouillarde élevée par sa mère, et Nils, petit garçon fragile qui aime les choses silencieuses et dont la grand-mère fait de la mécanique, grandissent loin des clichés et stéréotypes imaginables. Séparés en deux groupes, les spectateurs entendront alternativement les deux histoires, sur un texte de Magali Mougel mis en scène par Johanny Bert.

18 mars L’Olivier, Istres scenesetcines.fr

19 mars Palais des festivals et des congrès, Cannes 04 92 98 62 77 cannes.com

© J.M Lobbe

© Bernard Richebe

© Jean-Louis Fernandez

Deux amis de toujours se retrouvent un soir d’été à la terrasse d’un café et commencent à se plaindre du temps qui passe. La jeune serveuse leur fait alors une proposition étrange mais très tentante : remonter le temps ! Les deux compères vont alors se rendre compte que vieillir n’est peut-être pas si mal… Gérard Darmon (à la mise en scène) et Philippe Lellouche (auteur du texte) les incarnent à merveille.

04 42 11 01 99

16 & 17 mars Théâtre de Grasse theatredegrasse.com

04 42 56 48 48

1er avril L’Olivier, Istres scenesetcines.fr


50 au programme spectacles bouches-du-rhône

Le Tour de valse

Hearing

La bande dessinée de Denis Lapière et Ruben Pellejero relate une histoire d’amour qui se déroule durant l’époque stalinienne d’après-guerre : en septembre 1946, Vitor Kolonieitsev est arrêté sur dénonciation anonyme et déporté en Sibérie, laissant derrière lui sa femme et ses deux enfants. Montée en une séquence vidéo dynamique, image après image et sur grand écran, elle est accompagnée en direct par les musiciens Jean-Pierre Caporossi (piano, claviers, machines et percussions) et Tony Canton (violon, samples et percussions), qui assure aussi la direction artistique du spectacle.

Tirée d’une histoire vraie, la pièce dresse le portrait de deux frères jumeaux, partis de rien et devenus milliardaires, à la fin du XXe siècle en Grande-Bretagne. Deux as du capitalisme, magistralement interprétés par Hédi Tillette de Clermont-Tonnerre (qui signe aussi le texte) et Lisa Pajon qui, après avoir conquis le monde sans état d’âme, ont réussi à faire réformer le droit féodal normand afin de pouvoir transmettre leur empire à leur fille…

© Amir Hossein Shojaei

© X-D.R

Les deux frères et les lions

C’est une supposition qui crée toute l’intrigue de l’auteur iranien Amir Reza Koohestani : une voix d’homme aurait peut-être été entendue dans un dortoir féminin. C’est alors une cascade d’accusations, d’intimités solidaires qui se nouent dans ce texte joué en persan, surtitré en français. Une mise en scène de la censure entre femmes.

04 90 52 51 51

24 mars Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 scenesetcines.fr

16 & 17 mars Théâtre d’Arles theatre-arles.com

Nos amours

© Pierre Grosbois

© C. Waksmann

Je change de file

© Cyrus Atory

17 mars Espace Gérard Philippe, Port-Saint-Louis 04 42 48 52 31 scenesetcines.fr

Molière malgré moi

C’est son parcours qu’elle rejoue sur scène, de son départ d’Iran, à l’âge de 10 ans, jusqu’à l’obtention du passeport français. À travers une savoureuse galerie de personnages, Sarah Doraghi parle d’intégration réussie et de choc des cultures, en dénonçant au passage le racisme ordinaire pétri de clichés et préjugés et en déclarant son vibrant amour pour la France.

Si on connaît ses pièces, Le Bourgeois gentilhomme, Georges Dandin, Le Malade imaginaire, Le Misanthrope, etc., que sait-on vraiment de l’homme qu’était Molière ? Francis Perrin, qui a très souvent interprété ses personnages, retrace son parcours et lui rend un vibrant hommage en ponctuant son récit de répliques extraites de ses textes. Une performance artistique remarquable !

7 avril Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 scenesetcines.fr

25 mars Espace Gérard Philippe, Port-Saint-Louis 04 42 48 52 31 scenesetcines.fr

Julie Nioche imagine une partition pour deux interprètes (elle-même et Miguel Garcia-Llorens) à partir des différentes formes d’amours qui accompagnent et traversent nos vies. Partant du constat que chaque histoire s’inscrit et laisse des traces dans le corps, la chorégraphe ravive les mémoires amoureuses enfouies en chacun. Ensemble, ils les réveillent, suspendent le temps, entrent dans un état second pour intensifier la réalité et l’imaginaire.

04 90 52 51 51

24 mars Théâtre d’Arles theatre-arles.com


au programme spectacles bouches-du-rhône

vaucluse var

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La Barbe bleue

Raging Bull

Que se passe t-il quand une marionnette revendique son autonomie ? Dans l’atelier d’Alain Moreau, où tout se conçoit et se crée, il y en a justement une en cours de fabrication. Plus précisément, qui tente de se fabriquer elle-même, entre hésitations sur les matières qui la constitueront et les outils à employer. Polystyrène, scie, cutter, colle… un visage émerge enfin, doté de la vue, de l’ouïe et de l’odorat. Mais à peine construit, ce personnage devient incontrôlable et tyrannique, jusqu’à se retourner contre ses manipulatrices et… elle-même !

Jake LaMotta, alias le taureau du Bronx, alias Raging Bull, fut champion du monde des poids moyens de 1949 à 1951. Comme nombre de boxeurs, il a connu un parcours chaotique, passant de la célébrité à la déchéance, de la prison à la rédemption. La rage qui lui a permis de rester debout est tout entière rendue dans cet hommage du Caliband Théâtre, portée par un comédien, un danseur de hip-hop et un musicien sampleur.

© Didier Philispart

Dans l’atelier

Dans la chorégraphie de Michel Kelemenis, le personnage effrayant de Charles Perrault prend les traits d’une femme cruelle et insatiable, poursuivie par les fantômes de ses amants assassinés. Les danseurs incarnent l’histoire avec émotion, et une technique impeccable, les musiques de Philippe Hersant et de Christian Zanési s’y entremêlant magistralement.

26 mars (à Boulbon) Théâtre d’Arles 04 90 52 51 51 theatre-arles.com

© Leclerc

© Guto Muniz

16 mars La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com 26 & 28 avril Châteauvallon – Scène nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

17 mars Auditorium Jean Moulin, Le Thor 04 90 33 96 80 auditoriumjeanmoulin.com

Vertiges Sous le signe de cro-magnon

04 90 52 51 51

5 avril Théâtre d’Arles theatre-arles.com

Troisième volet de la trilogie de Nasser Djemaï autour de la construction identitaire, Vertiges nous plonge dans les paradoxes des liens familiaux. Après plusieurs années d’absence, Nadir décide de se rapprocher des siens pour s’occuper de son père, mais de nombreuses zones d’ombre subsistent autour de l’état de santé du patriarche. Englouti dans un intérieur où tous les miroirs sont déformants, aux côtés d’une famille engluée dans ses paradoxes et son aveuglement, il tentera de renouer avec les fils de son identité. 31 mars La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com

La Cie Imaginaire Théâtre signe-là un spectacle qui mêle la fiction, la réalité historique, la magie et la marionnette pour raconter l’histoire de nos origines. La mise en scène de Sydney Bernard nous entraîne dans un univers inventif, bourré d’effets de lumière et de surprenantes trouvailles visuelles, qui mettent en lumière un monde, le nôtre, en constante évolution.

© X-D.R

© Dan Ramaen

Premier abécédaire théâtral de philosophie pour les enfants, le spectacle de Bérangère Jannelle les invite dans une vraie-fausse classe un peu spéciale où tables et chaises sont emmêlées, et où il n’y a pas un, mais deux professeurs, qui s’appellent tous deux Gilles et sont légèrement fêlés ! Si le dispositif est un peu particulier, c’est surtout pour donner joyeusement aux enfants le goût de la pensée, de l’art, de la culture, en les invitant à penser à voie haute et collectivement.

© Emile Zeizig

Le Petit Z

19 mars Auditorium Jean Moulin, Le Thor 04 90 33 96 80 auditoriumjeanmoulin.com


52 au programme spectacles vaucluse alpes

Les fourberies de Scapin

Les ailes du désir

C’est une étonnante version du grand classique de Molière que propose la Cie Emilie Valantin. Cette farce indémodable trouve un nouvel écho grâce au choix fait par la troupe de confier tous les rôles de la pièce à des marionnettes. Avec Jean Sclavis pour seul et unique manipulateur. La performance de rythme, d’interprétation, de jeu d’acteur est époustouflante. Et d’autant plus bluffante que les marionnettes sont toutes quasiment à taille humaine. 23 & 24 mars Théâtre du Chêne Noir, Avignon 04 90 86 74 87 chenenoir.fr

© Giovanni Cittadini Cesi

© F.Jean

La référence au célèbre tableau de Courbet est évidente. C’est bien de matrice qu’il s’agit dans ce spectacle de création collective signée Les Filles de Simone. De la responsabilité d’être mère et de ce que cela implique dans la vie d’une femme mais aussi dans celle de tous ceux qui l’entourent : l’enfant, les parents, les beaux-parents, le père, le patron, les copines… Mêlant réalisme et dérision, Claire Fretel, Tiphaine Gentilleau et Chloé Olivères évoquent tous ces aspects de la maternité.

C’est (un peu) compliqué d’être l’origine du monde 30 & 31 mars Théâtre des Halles, Avignon 04 32 76 24 51 theatredeshalles.com

© Philippe Hanula

C’est (un peu) compliqué...

Tout le monde connaît le superbe film de Wim Wenders, primé pour sa mise en scène à Cannes en 1987. Gérard Vantaggioli et sa compagnie adaptent au théâtre ce texte du réalisateur allemand, co-signé par Peter Handke et Richard Reitinger. Si le film se déroulait dans le Berlin des années 80, encore balafré par un mur en son centre, la pièce, elle, se passe au début du XXIe siècle à Avignon. Les anges, qu’ils planent dans le ciel ou sur la terre ferme, y conservent toute leur grâce. 18 & 19 mars Le Chien qui Fume, Avignon 04 90 85 25 87 chienquifume.com

Au

Moi Gaston Dominici… Plus d’un demi-siècle a passé, mais l’affaire fascine toujours. A l’été 1952, une famille de touristes britanniques est assassinée au bord d’une route des Basses-Alpes, telles qu’on les appelait alors. Gaston Dominici, le propriétaire des terres toutes proches, est accusé du crime par ses deux fils. Lors de son procès, le paysan s’exprimait bien plus en provençal qu’en français, qu’il ne maîtrisait pas. Il fut condamné à mort sans que sa culpabilité soit prouvée. André Neyton signe le texte, la mise en scène et l’interprétation de cette tragédie du XXe siècle. Moi, Gaston Dominici, assassin par défaut 30 mars Théâtre du Chêne Noir, Avignon 04 90 86 74 87 chenenoir.fr

Tout autour d’eux, un monde termine, se meurt. Ils sont isolés dans un hôtel, quelque part au bout de l’Europe. Le destin, la providence, le hasard les ont réunis là. Il y a un milliardaire, deux musiciens, et quelques autres. Ils vont bien devoir vivre ensemble encore au moins quelques temps. Sur un texte de Michel Bellier, mis en scène par Joëlle Cattino, et avec les musiques de Dominique Lafontaine, la Cie Dynamo Théâtre présentera une étape de ce travail en cours. 17 mars Théâtre des Carmes, Avignon 04 90 82 20 47 theatredescarmes.com

© Didier Philispart

Que faire ?

Le « Au » du titre n’est pas la contraction de « à le » en français. C’est le début de ce qui sert de jonction entre un danseur autrichien et une danseuse australienne. Des milliers de kilomètres séparent Austria et Austalia. La rencontre a pourtant eu lieu entre Christian Ubl et Kylie Walters. De cette confrontation des cultures, des langues, des façons de danser, naît un autre monde, une fusion utopique qui puise sa source dans l’expression des différences. Le musicien Seb Martel accompagne les deux danseurs. 17 mars Théâtre Durance, Château-Arnoux/ Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr


au programme spectacles vaucluse alpes var

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La soucoupe et le perroquet L’histoire du radeau de la méduse

Un mystérieux voyage en forêt

28 & 29 mars Théâtre Durance, Château-Arnoux/ Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr

Deux personnages sortis d’un épisode de la décoiffante émission Strip-tease datant de 1993, un fils cultivateur-constructeur et sa mère amoureuse d’un perroquet empaillé, se lancent dans la mise au point d’une soucoupe volante. Totalement inadaptés à la société, entretenant des rapports empreints d’une sourde violence, ils ont inspiré à Paul Pascot et aux jeunes acteurs de l’ERAC une fable sur notre capacité à adhérer aux rêves de l’autre... sans que ces derniers ne deviennent notre propre cauchemar.

04 92 52 52 52

Et si nos journées étaient rythmées par des contes ? C’est ce qu’imagine La Fabrique des petites utopies, qui propose son spectacle dans des écoles de Briançon et des alentours. Les histoires contées aux petits sont trois : au matin, celle d’un vieux chêne et des oiseaux qui l’entourent ; à la sieste, une découverte au milieu des insectes, et à la nuit, une balade à travers la forêt et ses bruits mystérieux. Avec Alphonse Atacolodjou et Isabelle Gourgues au récit, et Francis Mimoun à l’accordéon.

© Marika Gourreau

© Jean-pierre Vallorani

© Olivier Quero

En juillet 1816, un bateau sombra au large des côtes mauritaniennes ; seuls quinze marins furent rescapés, ce qui scandalisa la France de l’époque. Le Groupe Maritime s’appuie sur le tableau de Géricault en s’installant dans l’atelier du peintre et donne vie à ce terrible naufrage. En écho à cette histoire, et tragiquement toujours d’actualité, un homme racontera sa traversée dans une embarcation clandestine vers l’Europe.

30 & 31 mars La Passerelle, Gap theatre-la-passerelle.eu du 27 au 31 mars Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu

Goupil

Enée, une récitation de Virgile

31 mars & 1er avril Anthéa, Antibes 04 83 76 13 00 anthea-antibes.fr

04 92 52 52 52

du 3 au 5 avril La Passerelle, Gap theatre-la-passerelle.eu

6 & 7 avril Théâtre Durance, Château-Arnoux/ Saint-Auban 04 92 64 27 34 theatredurance.fr

Le célèbre Roman de Renart, perle de la littérature du Moyen-Âge, est adapté de manière singulière par Les Compagnons de Pierre Ménard. Avec la réécriture du texte qu’en fit Samivel en 1936, la troupe bordelaise signe une version adressée à tous les publics dès 6 ans, où se mêlent un conteur, Nicolas Fagart, deux comédiennes, Isabelle Florido et Sabrina Dalleau, et le violoncelliste Maxime Dupuis. Dimension supplémentaire, les deux actrices s’expriment en mime et en langue des signes. 14 & 18 mars Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu

Après la récitation du chant 1 de L’Eneide, déjà interprétée au Liberté en 2014, Miloud Khetib poursuit son exploration de l’œuvre dense et immense de Virgile. Le deuxième chant (il y en a 12 au total) est célébré par le comédien, dans une mise en scène de Marie Vayssière. Le vaincu de Troie et futur fondateur de Rome y trouve toute sa dimension héroïque. Véritable défi d’acteur, la performance est soutenue, comme en clin d’œil, par Sofy Jordan, qui incarne la souffleuse, prête à suppléer les failles du récitant.

© Pit Goedert

Un sombre cirque a débarqué en ville. Les spectateurs affluent et ils assistent à un spectacle désastreux : la trapéziste tombe, le dompteur est croqué par le fauve. Seul le jongleur redonnera de la vie à ce sinistre chapiteau. L’auteur jeunesse Pef a écrit cette histoire pour la Cie Stereoptik. Romain Bermond et Jean-Baptiste Maillet lui donne vie grâce au théâtre d’ombre, aux marionnettes, et bien d’autres trouvailles.

© Sylvain Caro

Dark circus

15 & 16 mars Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr


54 au programme spectacles var alpes-maritimes

Ninet’inferno

La femme rompue

© Pascal Victor - ArtComArt

L’envol des cigognes C’est le dernier volet de la trilogie signée Simon Abkarian. Après Pénélope Ô Pénélope, et Le Dernier jour du jeûne, l’auteur, acteur et metteur en scène conclut cette saga familiale qui traverse les âges. Accompagné d’une quinzaine d’acteurs, il nous plonge dans l’ambiance de guerre qu’il a connue lors de son enfance au Liban. Et fait de cette nouvelle « tragédie de quartier », dont il a le secret, un hommage aux femmes et aux mères.

© Raynaud De Lage

Seule chez elle un soir de réveillon, une femme soliloque avec rage. Anéantie, déchirée par la vie, elle laisse remonter à la surface de ses pensées la douleur des souvenirs et son lot de culpabilité, évoque les drames et deuils qui ont jalonnés sa vie, mais aussi son exaspération face à l’idée d’un bonheur sans faille imposé par un monde encore aujourd’hui dominé par les hommes. Hélène Fillières met en scène ce texte sublime et bouleversant de Simone de Beauvoir, joué par Josiane Balasko.

Out of the box 2/3 Deuxième épisode pour les formes courtes, initiées par le Conservatoire Toulon Provence Méditerranée, associé à la Cie Kubilai Khan Investigations. Derrière ce titre étrange, la proposition prévue promet de l’être tout autant. Mis en place pour « décloisonner et activer des transversalités de pratiques artistiques », ces éclats mêlent les expressions. Danse, musique et cirque sont au programme de celle-ci, avec pour projet de « retrouver la boîte noire qui retrace les dernières intentions de notre projet de société. » Out of the box 2/3 – Cockpit voice recorder : Sahara 23 mars Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

Strates quartet

du 7 au 11 mars Théâtre national de Nice 04 93 13 90 90 tnn.fr 5 & 6 avril Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

Appréhender la parole publique Dans le prolongement de son spectacle, Le vent se lève – Les Idiots / Irrécupérables ?, présenté fin janvier au Liberté, David Ayala revient pour deux jours consacrés à l’engagement, à la parole qui s’implique. S’appuyant sur les mêmes références intellectuelles que lors de son spectacle (Edward Bond, Pasolini ou Guy Debord) l’artiste, aux côtés de Véronique Ruggia, interroge la force de la parole citoyenne, la parole qui s’oppose, et l’impact qu’elle produit quand elle est portée à la scène. 8 & 9 avril Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

© Roger Jacquet

21 mars Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

du 16 au 19 mars Châteauvallon – Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

© Antoine Agoudjian

Une fusion des arts est au programme de ce spectacle, conçu par Roland Auzet. Il met ici en scène un face à face singulier entre un homme muet (le circassien Mathurin Bolze) et celui qui se prétend son amant (le comédien Pascal Greggory). Insensible aux déclarations de l’amoureux, le muet acrobate s’échappe, voltige au-dessus de la scène. La danse aérienne, suspendue, s’impose en symbole de cette passion impossible. La musique du Quatuor Debussy accompagne et enveloppe la performance des deux interprètes.

Explorer le passé pour en tirer les leçons d’expérience et avancer vers un nouveau chemin. Le processus peut sembler vu et revu, il est pourtant toujours indispensable. Bintou Dembélé, chorégraphe majeure de la street dance et Anne-Marie Van alias Nach, son interprète, se plongent aux racines de l’inconscient, pour créer un spectacle qui creuse aux tréfonds du non-dit et donne corps au lâcher prise. Elles y réalisent la jonction entre le hip-hop et le krump, né dans les années 90 après les émeutes de Los Angeles. 21 mars Châteauvallon – Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com


au programme spectacles var

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© Francoise Besson-Laurent Mulot

Aganta Kairos Vers un protocole de conversation Georges Appaix poursuit son exploration des liens entre les mots et les gestes, entre les notes et les corps. Une femme, muette, qui danse, et un homme qui parle beaucoup vont se rapprocher, paroles et mouvements se faisant rythme, danse, seul ou à deux. Pendant que Mélanie Venino et Alessandro Bernardeschi s’apprivoisent, G. Appaix les guide d’un mouvement de tête, chante et danse aussi. Le plateau devient terrain de jeu, lieu des langages communs au corps et à la parole.

C’est un drôle de voyage que proposent le plasticien Laurent Mulot et le metteur en scène Thierry Poquet. Entre sciences, théâtre, poésie et musique, la physique des particules et les neutrinos sont au cœur de ce spectacle, qui réunit deux comédiens, Jacques Bonnafé et Didier Galas, et un physicien, Paschal Coyle. Ce dernier est un véritable chasseur de neutrinos, ces particules élémentaires qui traversent la matière à la vitesse de la lumière et nous interrogent sur notre perception de l’univers.

Othello, variation pour trois acteurs Dans le cadre d’une carte blanche proposée à la Cie Cabinet de curiosités, en résidence au Rocher, la Cie du Zieu joue dans la salle Mussou sa version du drame de Shakespeare avec trois comédiens. Dans cette libre adaptation, écrite par Olivier Saccomano et mise en scène par Nathalie Garraud, un Othello actuel révèle et éclaire notre situation historique et politique contemporaine en devenant LA figure de l’Étranger (désirable et haïssable) en Europe.

24 mars Châteauvallon – Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

© X-D.R

We love arabs 24 mars Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr

Six pieds sur terre

En mai 1871 flambait la Commune de Paris. David Lescot, dramaturge, comédien et musicien s’est plongé dans cette histoire et a voulu l’associer au jazz. De cette idée improbable en apparence naît un étrange opéra où se mêlent chansons, textes, jazz et slam. Avec Emmanuel Bex à la baguette musicale, les six interprètes du spectacle font revivre les événements et les acteurs de cette période révolutionnaire. Et révèlent le lien finalement évident entre jazz et Commune : la lutte contre l’ordre établi. 31 mars & 1er avril Châteauvallon – Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

© Gadi Dagon

La chose commune

Déconstruire les murs. Pierre par pierre. Ce spectacle, éminemment politique, y contribue. Hillel Kogan, chorégraphe israélien, est en train de donner un « leçon de danse ». Il invite Adi Boutrous, danseur arabe, à le rejoindre pour danser. Mais casser les murs n’est pas si simple, et le chorégraphe se retrouve pris au piège des clichés et préjugés contre lesquels il pensait lutter. Œuvre à la fois parodique et sans concession, ce spectacle transmet un message de paix indispensable. 6 avril Châteauvallon – Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

S’amuser de la mort, et en faire un spectacle, en voilà une idée ! Lumineuse et essentielle selon Jean-Luc Piraux, qui rajoute en soustitre La mort, plutôt en rire ! Pour ne pas avoir à en crever. Le ton est donné, lucide et drôle, grave mais infiniment hédoniste. En abordant les angoisses universelles de la vieillesse et de la fin de vie, le clown belge souligne finement, sans complaisance ni caricature, ce qui (doit) nous anime(r) : l’urgence de vivre !

© Karl Autrique

© Pascale Hugonet

4 & 5 avril Châteauvallon – Scène Nationale, Ollioules 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

5 avril Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr


56 au programme spectacles var

Résister c’est exister

Les misérables © Nicola-Frank Vachon

Une esthétique baroque et masquée, un grand texte classique c’est bien la marque de fabrique du Théâtre du Kronope ! Six comédiens, acrobates et danseurs, se partagent une cinquantaine de rôles pour rendre compte de l’œuvre foisonnante de Victor Hugo. La grande fresque est bien là, des bas-fonds aux plus hautes sphères du pouvoir, mêlant grande histoire et anecdotes et brossant en quelques traits de génie Jean Valjean, les Thénardier, Cosette, Javert, Gavroche

Édredon

© X-DR

Se réveiller bien au chaud sous un édredon, reprendre conscience de son corps, recouvrer ses sens et s’apercevoir que l’on n’est pas seul, craindre cette présence et finalement apprivoiser son courage pour la suivre et partir ensemble à la rencontre du monde ! La Cie québécoise Les Incomplètes s’adresse aux tout-petits (à partir de 1 an) dans cette forme courte qui convie ombres chinoises, images vidéo et installation de lampes sonores, dans un espace conçu comme une bulle dodue, au plus proche des enfants.

Seul en scène, François Bourcier incarne une vingtaine de personnages, de ceux qui osent ou ont osé dire non, depuis les Résistants et les Justes de 1940. Il rend ainsi vie aux témoignages qui jalonnent l’histoire, celle qui passe par les résistances, les refus, nés de la compassion, de la solidarité, de convictions fortes… Sous ses airs de clown naïf, le comédien interpelle les consciences, et nous pousse à nous demander ce que nous faisons pour résister aujourd’hui

1er & 2 avril PôleJeunePublic, Le Revest 04 94 98 12 10 polejeunepublic.com

© Bruno Flag

25 mars Théâtre Marelios, La Valette-du-Var 04 94 23 62 06 lavalette83.fr

L’effet escargot

© Manu Reyboz

Und

Dans l’univers burlesque et surréaliste de la Cie Kadavresky, les cinq acrobates, musiciens, danseurs et comédiens enchaînent avec brio et talent les numéros de jonglage, d’équilibre, de sangles aériennes et de ski danse ! À chaque instant résonne une poésie qui s’installe en contrepoint des risques pris, pour le plus grand plaisir de petits et grands ! 8 & 9 avril Théâtre Marelios, La Valette-du-Var 04 94 23 62 06 lavalette83.fr

Une femme, qui dit d’elle qu’elle est juive et aristocrate, attend un homme ; il est en retard. Alors elle parle, livre pensées, pulsions, répulsions, questions Dans ce monologue, Howard Barker tisse le portrait d’une femme dont la parole devient une arme de survie, face à la violence et à l’absurde. Jacques Vincey s’est emparé de cette écriture poétique, lyrique, dense pour en faire une expérience sensorielle que porte magnifiquement Natalie Dessay. 21 mars Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com

© Chris Hardy

14 & 16 mars Théâtres en Dracénie, Draguignan 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com

Biophony/Sand Le chorégraphe et maître de ballet californien Alonzo King propose deux pièces en symbiose avec la nature. Biophony s’appuie sur une création sonore de Bernie Krause et Richard Blackford, nourrie d’enregistrements d’animaux, de vents, de plantes qui bruissent. Sand s’inspire de l’élément sable, multitude fluide et mouvante. La danse traverse les matières, sur pointes et gestes d’ensemble, à l’écoute du vivant et du minéral. 18 mars Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com


au programme spectacles var alpes-maritimes bouches-du-rhône

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Un fil à la patte

Momo

La Famile Flöz est de retour !... Le collectif berlinois, toujours sans paroles mais avec masques, acrobaties et clowneries nous emmène dans cet Hotel Paradiso où tout semble étrange, voire inquiétant. Les cadavres se succèdent, peut-être ressortent-ils en plats cuisinés ?! Un voyage désopilant, cauchemar cocasse au cœur des Alpes, à vivre en famille à partir de 8 ans.

Ils ont dépassé la soixantaine, bien installés et sans histoires. Routine et préoccupations petites-bourgeoises au programme. Sauf qu’un homme va s’inviter dans le train-train, en affirmant qu’il est leur fils. Ils tombent des nues, ignorant qu’ils avaient une progéniture ! Et c’est la supposée mère (Muriel Robin), qui soupçonne le père désigné (François Berléand) d’infidélité… Le fils s’avère être l’auteur de la pièce : Sébastien Thiéry. Dialogues loufoques et imbroglios à la fois cocasses et émouvants portent le spectacle au-delà d’un comique de situation.

Comment se débarrasser d’une maîtresse lorsqu’on prévoit de se marier le jour même avec une riche héritière ? C’est tout le sel de la pièce de Georges Feydeau que met en scène Christophe Lidon, sur le tempo effréné d’une bande-son jazzy qui rendra hommage au faste du Paris des années 50, fait de music-hall et de joie de vivre débridée. Des grands noms se réapproprient le texte : Dominique Pinon, Yvan Le Bolloc’h, Catherine Jacob…

Les fourberies de Scapin Scapin recèle encore des trésors de langue et multiples stratégies de pouvoirs. Mettre et remettre en scène Molière, c’est toujours un défi et une découverte. Philippe Clément et sa Cie de l’Iris présentent un spectacle classique et tonique, qui permet aux enfants à partir de 9 ans de se familiariser avec cet univers patrimonial, où les puissants ne sont pas toujours là où on les attend.

04 93 40 53 00

24 & 25 mars Théâtre de Grasse theatredegrasse.com

© X-DR.

Le mariage de Figaro

9 avril La Croisée des arts, Saint-Maximin-la-Sainte-Baume 04 94 86 18 90 st-maximin.fr

Agnès Régolo met en scène la pièce de Beaumarchais avec une belle intelligence du texte, de la scène et des acteurs. Elle en a gardé la drôlerie mais surtout la force révolutionnaire, la revendication d’égalité, de liberté, l’impertinence de cette raison qui s’impose et va quelque mois après l’écriture renverser le système monarchique, conservant à la pièce une incroyable actualité.

04 93 40 53 00

04 91 90 00 00

11 & 12 mars Silo, Marseille silo-marseille.fr

17, 18, 19 mars Salle Jacques Audiberti, Antibes 04 83 76 13 00 anthea-antibes.fr

Nobody Cyril Teste adapte l’œuvre Sous la glace, du dramaturge allemand Falk Richter en écrivant un scénario inédit sur les dérives managériales et la déshumanisation au travail. Immergé dans un dispositif cinématographique, le public assiste à la projection d’un film qui se fabrique en direct, sur un écran tendu au-dessus de la scène. Tout est familier, même le plus navrant, le plus surréel. Le collectif MxM explore avec une percutante lucidité la violence d’un système qui nous grignote…(voir critique sur journalzibeline.fr)

6 & 7 avril Théâtre de Grasse theatredegrasse.com

© Marie Clauzade

26 mars Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com

© C. Nieszawer

© Marianne Menke.

Dominique Pinon © X-DR

Hotel Paradiso

24 & 25 mars Salle Jacques Audiberti, Antibes 04 83 76 13 00 anthea-antibes.fr


58 au programme spectacles alpes-maritimes

Éclats d’ombres

Le Corps du BNM

Pinocchio © Alwin Poiana

D’un décor sépia, la musique (composée par le metteur en scène Thomas Bellorini) fait une scène magique et colorée, où tout s’anime pour faire vivre les héros du conte de Collodi. Elle parvient aussi à faire tomber la neige, à faire surgir un chapiteau… Il est doux de se laisser porter par la délicate magie de la pièce, qui s’adresse autant aux petits enfants qu’aux adultes plus avertis sur les intentions du renard et du chat. © Camille Satyic Prod

Les deux directeurs du Ballet National de Marseille, Emio Greco et Pieter C. Scholten, ont décidé de laisser les corps sans artifices pour cette nouvelle création. Les douze danseurs évoluent sur une chorégraphie qui noue les codes classiques et contemporains, sur l’environnement musical du designer sonore Pieter C.Scholten. 31 mars Grande scène, Mougins scene55.fr

Trois femmes, trois expressions, trois manières d’affronter le drame de l’exil. Le travail de recherche sur la question kurde de la sociologue Pinar Selek lui vaut de se faire arrêter par les autorités turques, emprisonner, torturer, et exiler en Allemagne puis en France. L’auteure italienne Lina Prosa écrit une pièce politique et lyrique sur la vie de la militante. Et Chiara Villa met en scène ce texte avec des comédiens cosmopolites, ouvrant le parcours personnel à l’ensemble des destinées exilées d’aujourd’hui.

© pierre dolzani

[Inuk]

17 mars salle Pierre Brasseur, Nice 04 93 13 90 90 tnn.fr

© David Moreau

6, 7 & 8 mars Salle Michel Simon, Nice 04 93 13 90 90 tnn.fr

clytemnestre@pocalypse L’art de l’adaptation des classiques place souvent les metteurs en scène sur un fil très tendu entre fidélité et liberté créatrice. C’est surtout le sens qu’il faut faire émerger, la nécessité de porter un texte jusqu’à aujourd’hui, en se le réappropriant. David Turkel (texte) et Dan Jemmet (mise en scène) convoquent Euripide et Eschyle dans un motel américain, avec jukebox et langage cru, au cœur du Kentucky. Clytemnestre y est toujours autant habitée par la douleur et l’esprit de vengeance. du 24 au 29 mars Salle Michel Simon, Nice 04 93 13 90 90 tnn.fr

Le prince travesti On se déguise, on se cache, on parle à la place d’un autre, le tout sur une scène où les murs sont tapissés de miroirs. On s’aime, on se trompe, on espère et on se surprend. Daniel Mesguich remonte ce Prince travesti, 40 ans après une première mise en scène. Le prince Léon, grimé en l’étrange et captivant aventurier Lélio pour mieux goûter la saveur du monde, n’a pas fini de faire tourner les têtes et les cœurs. 24 mars Grande scène, Mougins 04 92 92 50 00 scene55.fr

Pas facile de faire ressentir le froid au théâtre… Et pourtant, on a envie de souffler dans ses mains pour les réchauffer devant les aventures des trois héros du conte Inuk, inspiré des mythes et traditions Inuit, écrit par Arm et mis en scène par David Gauchard. Les ours polaires pourraient bien débarquer sur la scène, éclairée par une aurore boréale… Spectacle visuel dans décor glacé, à partir de 7 ans. 17 mars Théâtre de la Licorne, Cannes 04 89 82 20 95 cannes.com


au programme spectacles gard

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Tel quel !

Cocorico

Événement à Nîmes : la chorégraphe Maguy Marin revient, après plus de 20 ans d’absence. BIT (créé en 2014) est un spectacle qui cogne. Somme de pas empruntés aux danses traditionnelles, glanés dans le monde sans frontières de l’expression des corps (de la sévillane au sirtaki), la pièce entraine les six danseurs dans une course folle contre et avec le temps du rythme techno de Charlie Aubry. Maguy Marin parvient à transcrire dans cet assemblage implacable les rites contemporains, qu’elle décrypte sans concessions.

Un duo de comiques, qui déclenche l’hilarité sans paroles, tout autour du monde, depuis bientôt 9 ans. Sacré performance ! Patrice Thibaud et Philippe Leygnac passent par Alès, et attention : risque de fou rire annoncé. A quoi cela est-il dû ? Ils ont juste un piano, trois panneaux sur scène, très peu d’accessoires. Et chaque fois, le délire l’emporte, on explose et on s’abandonne, tous âges confondus. Virtuose et sensible. La classe.

14 mars Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes 04 66 36 65 10 theatredenimes.com

São Paulo Companhia de dança

© Martin Rottenkolber © Jean-Louis Fernandez

C’est toujours un beau moment d’assister aux débuts d’un artiste qui commence à pointer. Stéphanie Thiersch est de ceux-là, qui présente une chorégraphie pour sept danseurs, un quatuor à cordes, et DJ Elephant Power. Tout se mélange sur le plateau : La Grande fugue de Beethoven et les sons électro, les corps envoutés qui nouent et défont la ronde, recréant une diversité frénétique et profonde, à l’image du monde qui tourne. 29 & 30 mars Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes 04 66 36 65 10 theatredenimes.com

L’une des plus prestigieuses compagnies de danse brésilienne vient présenter trois pièces de leur répertoire au Cratère. The Seasons, créée en 2014 par Edouard Lock pour 12 danseurs, Mamihlapinatapai de Jomar Mesquita (2012, 9 danseurs), et Gnawa, de Nacho Duato (2005, 14 danseurs). La haute technicité et la grâce associées.

© Ligia Vargas

Bronze by gold

Créé en 2002 par 9 copains du Cours Florent, le Collectif Les Possédés creuse la question des rapports intimes, noués en particulier dans l’espace familial. Jean-Luc Lagarce ou Anton Tchekhov ont une belle place dans leurs créations. C’est aujourd’hui un texte de l’une des Possédés, Katja Hunsinger, qui scrute les effets produits par le retour d’un fils chez lui après 15 ans, et avec sa femme. Le loup qui rôde dans la forêt réveille des souvenirs enfouis. Nos souvenirs ?

04 66 36 65 10

13 & 14 mars Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr

25 mars Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes 04 66 36 65 10 theatredenimes.com

Au beau milieu de la forêt

16 & 17 mars Odéon, Nîmes theatredenimes.com

Deux hommes, deux femmes. Des danseurs. Oui mais. Ils sont trop grands. Trop gros. Ou maigres. Bref, ils ne sont pas comme tout le monde. Ou plutôt si, justement : ils ne sont pas parfaits. Thomas Lebrun, dans ce spectacle destiné aux jeunes, dès 7 ans, crée une chorégraphie qui s’affranchit du paraître, et érige nos différences comme autant d’occasions d’inventer du lien et de la vie.

© Céline Aubertain

© Hervé Deroo

© Eric Iovino

BIT

30 & 31 mars Le Cratère, Alès 04 66 52 52 64 lecratere.fr


60 au programme spectacles hérault

Villon la vie

Assemblée

© Jean-Pierre Poget

Darius, Stan et Gabriel…

Michel Arbatz s’est emparé du Testament de François Villon. Il garde la verve et le piquant de la langue du poète contemporain de la fin de la Guerre de Cent ans, il revivifie le texte qui continue, aujourd’hui encore, à bousculer les oreilles avec ses travers de banditisme et d’érotisme, et toucher au plus profond lorsqu’il médite sur la mort, l’amour, la révolte… Avec le musicien Olivier Roman-Garcia à la guitare, bouzouki et percussions. Et la voix off de Jean-Louis Trintignant.

Ils ont échoué dans une caverne, et ils essaient de comprendre comment ils en sont arrivés là, dans ce trou. Il y avait la crise au dehors, dans toute l’Europe. Il fallait fuir ce « Monde méchant ». A l’heure du bilan, les trois marginaux s’évadent par les mots, et Claude Schmitz élabore un théâtre politique très poétique, promenant ses protagonistes entre un film et le plateau, démultipliant ainsi les niveaux de narration.

Souliers rouges

17 mars Domaine d’O, Montpellier 0800 200 165 domaine-do-34.eu

© Manuel Abramovitch

Champ de mines

Rien de plus effrayant que les contes traditionnels. Ceux d’Andersen encore plus. Et celui-ci est tellement terrible qu’on ne le raconte presque plus jamais aujourd’hui. C’est l’histoire d’une petite fille qui a osé se parer de ces souliers trop frivoles et surtout trop féminins, qui se verra trancher les deux pieds à la hache… Aurélie Namur en a réécrit le texte. Elle y a intégré révolte et humour, deux ingrédients qui parviendront à venir à bout de l’horrible marâtre. A partir de 7 ans.

La Compagnie Provisoire décloisonne le théâtre en jouant ses textes dans des lieux qui ne sont pas estampillés pour le spectacle. Cette fois-ci, Julien Guill investira la Maison pour Tous Léo Lagrange pour une adaptation de la pièce de Victor Hugo Marion Delorme. Nous sommes au XVIIème siècle, et Marion brave tous les dangers pour sauver son homme de la corde. Capes, épées, apostrophes en vers, et l’Assemblée, donc, constituée par le public : le peuple qui toujours chez le poète tient le rôle principal. 31 mars, 1er & 2 avril Maison pour Tous Léo Lagrange, Montpellier 04 67 40 41 39 theatrejeanvilar.montpellier.fr

La dramaturge argentine Lola Arias a fait se croiser les récits de vétérans de la guerre des Malouines, petites iles caillouteuses et non moins stratégiques aujourd’hui encore au cœur de controverses entre le Royaume-Uni et l’Argentine. Plus de 30 ans après les faits, les témoins des deux pays racontent leurs souvenirs, qu’elle a collectés et assemblés pour construire une seule histoire. Une réflexion sur la mémoire qui cristallise et efface, sur le statut du témoignage, sur la frontière mouvante entre réalité et fiction, axée sur un épisode qui a scindé en deux l’existence des protagonistes, ici réunis sur scène.

Vangelo

© eXtraTime

du 21 au 23 mars Domaine de Grammont, Montpellier 04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr

© Marc Ginot

Darius, Stan et Gabriel contre le monde méchant du 29 au 31 mars Domaine de Grammont, Montpellier 04 67 99 25 00 humaintrophumain.fr

23 & 24 mars Théâtre Jean Vilar, Montpellier 04 67 40 41 39 theatrejeanvilar.montpellier.fr

Pippo Delbono tient ici une promesse faite à sa mère sur son lit de mort : écrire un spectacle sur l’Evangile… D’où le titre, seule trace apparente de la parole religieuse dans cette fresque délirante où le maître de cérémonie italien dénonce et raille notre monde en crise, dans une création tous feux tous flammes qui mélange théâtre, vidéo, danse et musique. Il est sur scène, diablotin qui mène douze comédiens hors normes, dont certains ont été recrutés dans des hôpitaux psychiatriques. Madame Delbono peut reposer en paix. 18 mars Théâtre Molière, Sète 04 67 74 66 97 theatredesete.com


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Revoir Paris A l’occasion de la sortie du tome 2 de la série d’albums BD Revoir Paris, La nuit des constellations, le dessinateur François Schuiten et l’auteur Benoit Peeters proposent une conférence fiction qui font dialoguer leurs planches futuristes avec deux siècles de projets d’architectes pour la capitale. (Baltard, Le Corbusier,…) Dans les yeux de Kârinh, qui rêve de Paris depuis sa colonie spatiale en 2556, la ville lumière prend des airs d’éden. Mise en musique de Bruno Letort. Entrée libre.

Babel (words) Partant du mythe de la tour de Babel, le chorégraphe Sidi Larbi Cherkaoui et le metteur en scène Damien Jalet se joignent au plasticien anglais Antony Gormley pour explorer le langage, l’identité et la religion. Dans le décor imposant d’une ville futuriste, treize danseurs déclinent les langues, les cultures, les croyances, les passions individuelles et collectives, accompagnés par cinq musiciens qui jouent sur la scène.

Fenêtres Il y a 13 ans, le trampoliniste Mathurin Bolze créait et interprétait cette magnifique ode à l’apesanteur, tout en rebonds et sens bouleversés. Il le remonte aujourd’hui, avec Karim Messaouidi derrières les Fenêtres du décor imaginé par Goury. L’artiste, à la croisée d’une interprétation inspirée du cirque, de la danse et du théâtre, saute, saute, cherche toujours plus haut, dans cet étrange appartement où tout est surface propre à rebondir, quelqu’un à rencontrer. Il faudra d’abord qu’il se trouve lui-même. Spectacle co-accueilli avec le service culturel de la Ville de Bédarieux.

25 mars pierresvives, Montpellier 04 67 67 30 00 pierresvives.herault.fr

© Koen Broos

© Christophe Raynaud De Lage

Diktator Circus

23 & 24 mars Théâtre Molière, Sète 04 67 74 66 97 theatredesete.com 16 & 17 mars La Tuilerie, Bédarieux 04 67 28 37 32 sortieouest.fr

Poison © les voisins du dessus

Sur un texte de Lot Vekemans, Dag Jeanneret met en scène un couple (Christophe Reymond et Sophie Rodrigues) qui se retrouve après des années de séparation. Ils se ré apprivoisent, et peu à peu, sourd le drame qui a mis fin à leur union. Ils ont perdu leur enfant, et continuent malgré tout de vivre, chacun à leur rythme. Ils s’en excusent et s’en réjouissent à la fois. Le texte est limpide, le jeu très incarné, la vie pulse intensément. Un moment d’une pureté grave et énergique. Voir critique sur journalzibeline.fr

© Marie Clauzade

C’est l’histoire d’un cirque où les artistes aiment se faire peur tant qu’ils éprouvent l’ivresse de la liberté. Jusqu’à ce qu’un homme qui dit être le chef décide d’instrumentaliser cette peur, et refusent aux circassiens leur droit de création. Alors la résistance s’organise… Un théâtre de marionnettes et d’objets manipulés par Rosa et Dominique Latouche, de la Cie Les voisins du dessus. A partir de 10 ans.

30 & 31 mars Centre culturel Léo Malet, Mireval 04 67 74 66 97 theatredesete.com

13 & 14 mars Le Repaire, Bayssan 04 67 28 37 32 sortieouest.fr 22 mars La Cigalière, Sérignan 04 67 32 63 26 lacigaliere.fr

Vols en piqué dans la salle Karl Valentin était un maitre de théâtre burlesque dans le Munich des années 20. Sa cible était justement ceux qui venaient rire de ses gags dans les cabarets : les bourgeois. Patrick Pineau met en scène dix sketchs revisités par la Cie Pipo, tissant un spectacle où l’absurde côtoie le comique de situation, la caricature rafraichissante et l’humour noir qui décape. 23 mars Théâtre historique, Pézenas 24 mars La Tuilerie, Bédarieux 26 mars Salle des Fêtes, Saint Pons 27 mars Salle des Fêtes, Corneilhan 28 mars Théâtre de Pierres, Fouzilhon 1er avril Salle Jean Ferrat, Potiragnes 04 67 28 37 32

sortieouest.fr


62 au programme cinéma bouches-du-rhône

Humanités

Sac la mort

Vertiges

Porte de Vanves, 1951 © Sabine Weiss

Le 23 mars à 19h30, Sabine Weiss sera au Gyptis pour une Petite leçon de photographie organisée en partenariat avec les Ateliers de l’image et le Bec en l’air éditions. Aux côtés de Robert Doisneau, Willy Ronis, Brassaï, cette femme plutôt discrète, née en 1924, est un des grands noms de la photographie humaniste. Photos de mode, de pub, portraits, reportages, elle a fixé le visage des artistes majeurs du XXe siècle comme celui des inconnus croisés durant ses nombreux voyages. Une belle occasion de rencontrer celle qui écrivit : « Je n’aime pas les choses très éclatantes mais plutôt la sobriété… il ne s’agit pas d’aimer bien, il faut être ému. » Cinéma Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 lafriche.org

Performance

Le Concours, de Claire Simon © Andolfi

La thématique Performance se poursuit au Gyptis jusqu’au 11 avril. Alors, quoi de plus naturel que de programmer Le Concours, le dernier film de Claire Simon qui suit candidats et jurés durant les épreuves d’admission à la prestigieuse école de cinéma française qu’est la FEMIS. La réalisatrice sera là le 19 mars à 19h pour présenter ce documentaire où on se glisse dans les rêves, les angoisses des jeunes postulants, où on partage les questions des jurés sur leurs critères de choix, où on s’interroge aussi sur le cinéma. Cinéma Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 lafriche.org

En partenariat avec Cinémas du Sud et Films Femmes Méditerranée, le 26 mars à 19h au Gyptis, ce sera le grand saut avec Corniche Kennedy de Dominique Cabrera. La réalisatrice sera là pour nous parler de son adaptation du roman de Maylis de Kerangal, de ces minots des quartiers nord défiant les lois de la gravité, plongeant dans la Grande Bleue au pied des luxueuses villas du 8e arrondissement de Marseille, vivant crânement leurs histoires d’ados, celles d’amour et... les autres.

Corniche Kennedy, de Dominique Cabrera © Jour2fête

Cinéma Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 lafriche.org

Sac la mort, d’Emmanuel Parraud ©Les Films de l’Atalante

Le 21 mars à 19h30, au Gyptis, en partenariat avec l’ACID, projection de Sac la mort d’Emmanuel Parraud en présence du réalisateur. Tourné à la Réunion avec des acteurs non professionnels, le film suit le cheminement de Patrice qui oublie ses échecs dans le rhum. Chargé par sa mère de venger son frère assassiné sans motif rationnel, il cherche l’aide d’un guérisseur. À la fois polar, drame social et fantastique, le film plonge sans exotisme dans l’univers des cafres, descendants d’esclaves, et nous fait sentir le poids de ce terrible héritage dans le rapport à la loi et aux autres. Cinéma Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 lafriche.org

Mahmoud Darwich Un week-end avec Dom & Fiona Une bibliothécaire canadienne en quête de sa tante disparue rencontre un SDF à Paris, un instituteur et une institutrice passionnés de tango croisent le chemin d’un suicidaire maladroit, un veilleur de nuit du Havre tombe amoureux d’une fée : telles sont les trames des trois films d’Abel & Gordon projetés au Gyptis pour un week-end entièrement consacré à ce couple venu du théâtre. Paris pieds nus, leur dernier opus, sera projeté le 8 avril à 20h15, Rumba et La Fée le 9 avril à 14h30 et 16h30. Ce même jour, on pourra les rencontrer dès 11h pour parler de ce cinéma où la performance des corps en mouvement crée burlesque et poésie.

Mahmoud Darwich - Et la terre, comme une langue, de Simone Bitton © X-D.R

Le grand poète palestinien Mahmoud Darwich, exilé depuis près de 50 ans, est à l’honneur de ce documentaire réalisé par Simone Bitton en 1997. Présenté au MuCEM le 18 mars dans le cadre du cycle Palestine : Territoire, Mémoire, Projections, ce film retrace avec justesse et émotion la ferveur qui entoure l’écrivain. L’importance de la poésie dans le monde arabe, véritable art vivant et populaire, est également retranscrite, tout comme le rôle majeur de Darwich, perçu comme la voix de son peuple. MuCEM, Marseille 04 84 35 13 13 mucem.org

Rumba, de Fiona Gordon & Dominique Abel © MK2 Diffusion

Cinéma Le Gyptis, Marseille 04 95 04 96 25 lafriche.org


63

Des courts l’après-midi

Vidéo FID 2017 3

Venise à l’Eden

Le 14 mars à 20h, soirée Vidéo FID. Projection de Robert Wilson in situ de Pauline de Grunne. Avec des images d’archives restaurées, de répétitions, d’ateliers et de récentes tournées en HD, le film suit l’histoire de Robert Wilson, les triomphes et les difficultés de la construction de ce Watermill Center qui n’en finit pas de se bâtir. En chemin, nous rencontrons les artistes qui ont influencé l’œuvre de Wilson. Un portrait de ce maître de la scène théâtrale dont la devise est « Make it happen ! » .

Dans le cadre de sa participation au cycle Villes de cinéma organisé par Cinémas du Sud, l’Eden propose du 29 mars au 4 avril, Casanova, un adolescent à Venise de Comencini, une peinture de la vie et des mœurs de la Cité des Doges du XVIIIe siècle, ainsi que Vacances à Venise, la comédie romantique de David Lean avec Katharine Hepburn dans le rôle de Jane Hudson, une Américaine venue passer des vacances seule en Italie… Le 31 mars à 18h, conférence de Vincent Thabourey, critique à la revue Positif et auteur de Marseille mise en scènes, avant la projection.

Chasse royale, de Romane Gueret et Lise Akoka © Les Films Velvet

L’association Des courts l’après-midi propose, le 1er avril à 15h au Musée d’histoire de Marseille (auditorium), une séance de courts-métrages en présence de Romane Gueret et Lise Akoka qui présenteront leur film Chasse royale, nominé aux César, où l’on rencontre Angélique, 13 ans, aînée d’une famille nombreuse dans la banlieue de Valenciennes, à qui est proposé un casting. On verra aussi Birdboy un film d’animation d’Alberto Vasquez, ainsi que Nice de Maud Alpi, où Martial revient à Nice, sur les traces de sa mère….

04 96 18 52 49

Eden Théâtre, La Ciotat edencinemalaciotat.com

Robert Wilson in situ, de Pauline de Grunne © Watermill Productions

04 95 04 44 90

FID, Marseille fidmarseille.org

Une histoire d’amour

CinéFID 1 À partir de mars 2017 le FID, en partenariat avec Les Variétés, propose de faire découvrir chaque mois des films inédits, accompagnés par un réalisateur, un acteur ou un spécialiste du cinéma. On commencera le 16 mars à 21h par The End de Guillaume Nicloux, qui met en scène Gérard Depardieu en homme parti chasser dans une forêt qu’il croyait connaître. Son chien s’enfuit puis son fusil disparaît. Alors qu’il se perd, une atmosphère hostile et étrange s’installe... La projection sera suivie d’un débat avec Christophe Offenstein, chef opérateur du film.

The End, de Guillaume Nicloux © Les Films du Worso

04 95 04 44 90

Musée d’histoire de Marseille 04 91 55 36 00 marseille.fr descourtslapresmidi.fr

FID, Marseille fidmarseille.org

Thriller bolivien Art et Essai Lumière propose, le 9 avril à 18h30 à L’Eden de La Ciotat, en présence de Leonor Harispe, Présidente de l’ASPAS, Carga Sellada, un thriller de Julia Vargas, en compétition pour les Oscar. Un train chargé clandestinement de minéraux toxiques roule sans destination apparente sur l’Altiplano bolivien, inquiétant la population. Le gouvernement charge alors un capitaine de police d’une mission secrète afin de se débarrasser de ces déchets…

Paris la Blanche, de Lidia Terki ©ARP Sélection

Le 22 mars à 20h, le cinéma Les Variétés, en partenariat avec Films Femmes Méditerranée et la Région PACA, projette en avant-première Paris la Blanche de Lidia Terki, en présence de la réalisatrice. Ce film suit le voyage de Rekia, du village algérien où elle vit avec ses enfants jusqu’à Paris. Elle veut ramener au pays son mari Nour, un chibani qui a travaillé 48 ans en France et dont elle n’a plus de nouvelles. Entre celle qui est restée et celui qui, devenu étranger partout, ne peut plus revenir malgré l’attachement à sa terre natale et à cette femme qui lui prend la main avec tant de douceur, la rencontre sera bouleversante. (Le film sort en salle le 29 mars) Cinéma Les Variétés, Marseille 08 92 68 05 97 cinemetroart.com

Carga Sellada, de Julia Vargas © Lavega

Art et Essai Lumière, La Ciotat 06 64 85 96 40 artetessailumiere.fr

Marseille à l’Eden En partenariat avec Cinémas du Sud, le 25 mars à 20h30, l’Eden propose Corniche Kennedy en présence de la réalisatrice Dominique Cabrera. Le lendemain à 18h30, Vincent Thabourey, critique à la revue Positif présentera le film de Karim Dridi, Chouf, un thriller sans complaisance sur la jeunesse du nord de la ville. Avant la projection, Vincent Thabourey signera son livre Marseille, mise en scènes (Ed. Espaces et signes). (lire sur journalzibeline.fr 04 96 18 52 49

Eden Théâtre, La Ciotat edencinemalaciotat.com


64 au programme cinéma bouches-du-rhône var gard hérault

Lumière ! L’aventure commence

Imagining Emanuel Femmes d’ici

Lumière ! L’aventure commence, de Thierry Frémaux © Ad Vitam

Soirée exceptionnelle le 24 mars à Martigues. En ouverture du cycle 24 images/seconde, Thierry Frémaux, directeur de l’Institut Lumière, délégué Général du Festival de Cannes et président de l’association Frères Lumière, sera accueilli au cinéma Jean Renoir. Il y présentera son film, Lumière ! L’aventure commence !, terminé tout récemment. Véritable trésor, cette œuvre plonge à la racine du cinéma et rassemble les premières réalisations des deux frères qui l’inventèrent à la fin du XIXe siècle.

Dans le cadre de la semaine du Bien vivre ensemble initiée par la ville d’Istres, et parallèlement à la programmation du spectacle F(l)ammes d’Ahmed Madani (voir p 49), le Théâtre de l’Olivier a sollicité la réalisatrice marseillaise Paule Sardou pour réaliser un film documentaire sur des jeunes femmes istréennes. Loin des clichés et sans être une étude sociologique, le film, projeté le 20 mars au Coluche ( en entrée libre ), dresse le portrait de certaines d’entre elles -étudiante, employée à la déchetterie, contrôleuse aérienne, adhérente d’un centre social, et cinq des danseuses de Coline ; elles nous feront partager leurs rêves, leurs parcours, leurs désirs, leurs doutes…

Cinéma Jean Renoir, Martigues 09 63 00 37 60 cinemartigues.com

Out of Norway, de Thomas Ostbye © X-D.R.

+ Out of Norway Imaginer la vie d’un réfugié. Pas facile.... Le parcours de milliers de kilomètres, semé de dangers, d’essais, d’échecs, de refus et de barrières. Emanuel vient du Liberia. Il a filmé en partie lui-même ce diptyque. Le premier volet, Imagining Emanuel, est celui de son arrivée en Europe. Le deuxième, Out of Norway, conte son retour en Afrique. La soirée, organisée notamment par Amnesty International et la Ligue des Droits de l’Homme, se conclura par un débat avec Thomas Ostbye, le réalisateur (le 30 mars). Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

Les intemporels du cinéma

© Paule Sardou

The Ladykillers, d’Alexander Mackendrick © Tamasa Distribution

Le cycle des Intemporels se poursuit avec la programmation de la grande comédie anglaise d’Alexander Mackendrick, The Ladykillers (Tueurs de dames, 1956), à la fois frivole et mortellement sérieuse, un combat inégal entre braqueurs de banque et vieille dame. Avec un avantage à l’humour ! Le film sera projeté le 28 mars et le 4 avril à Grans, le 27 mars et 4 avril à Port-Saint-Louis, et les 23, 26, 29 et 31 mars à Fos. Cinéma l’Odyssée, Fos-sur-Mer 04 42 11 02 10 Espace Robert Hossein, Grans 04 90 55 71 53 Espace Gérard Philipe, Port-Saint-Louis 04 42 48 52 31 scenesetcine.fr

Cinéma Le Coluche, Istres 04 42 56 92 34 scenesetcines.fr Orpheline, d’Arnaud des Pallières © Le Pacte

Dignités 3e édition pour le projet Courts-métrages en Liberté, initié lors de la saison 2014-2015. Le principe est de s’adresser aux jeunes, en partenariat avec des structures éducatives, et de leur proposer des ateliers de création vidéo. Cette année, après les deux premiers volets consacrés au harcèlement et au rapport garçons/filles, c’est le thème « dignités » qui a été retenu. 126 jeunes ont participé à l’aventure. Ils dévoileront leur production le 16 mars, qui sera suivie d’un débat, en présence notamment de Michel Boujenah. Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr

Orpheline Soirée exceptionnelle le 16 mars au Cinéma Sémaphore de Nîmes. Orpheline, le nouveau film d’Arnaud des Pallières, sera projeté en avant-première. Un débat et une rencontre avec le réalisateur seront ensuite au programme. Ce film, qui sortira en salles le 29 mars, conte la vie d’une jeune fille fugueuse, lancée dans une véritable course à la vie. Quatre actrices, dont Adèle Exarchopoulos, incarnent le personnage à des âges différents, de l’enfant à la femme adulte. Cinéma Sémaphore, Nîmes 04 66 67 83 11 cinema-semaphore.fr


Le droit de vivre décemment, Actes 1 et 2 En deux ans, entre 2015 et 2017, un collectif d’habitants de la Tour d’Assas, dans une cité de Montpellier, a réalisé, aux côtés de l’association Les Ziconofages, deux courts-métrages retraçant leurs conditions de vie. Relégation dans des tours vouées à la démolition, qui ne sont plus entretenues depuis des années, toujours considérés comme des immigrés, le mal-vivre est devenu quotidien pour les résidents de ce grand ensemble. L’injustice sociale ne peut plus être tue. La projection, le 14 mars, sera suivie d’un débat.

Chaque semaine, un expert

Le droit de vivre décemment, Les Ziconofages © Les Ziconofages

GÉOPOLITIQUE

Cinéma Diagonal, Montpellier 04 67 58 58 10 cinediagonal.com

ÉCONOMIE Ed Wood Dans le cadre de l’exposition En toute modestie - archipel Di Rosa, le MIAM, en partenariat avec Le Comoedia, propose une programmation mensuelle jusqu’en septembre. En mars : Ed Wood (1994), de Tim Burton. Le film fait découvrir celui qui avait acquis le titre de « plus mauvais réalisateur de tous les temps ». Habité d’une énergie créatrice sans bornes (Johnny Depp), sans aucun budget, avec des décors bricolés, des scénarii fantasy bancals, son amitié avec Béla Lugosi (Martin Landau), tout est devenu culte. La Science-fiction kitch des années 50 revue par Burton, ou l’art modeste pour grand public. Débat à l’issue de la projection le 28 mars.

URBANISME GRAND TÉMOIN

MA RD I S

D E L A V I L L A

T PAPETERIE

e visite, la carte de correspondance et le papier d’entête.

INFORMATIONS ET INSCRIPTIONS SUR

WWW.VILLA-MEDITERRANEE.ORG/FR/MARDIS-DE-LA-VILLA

Ed Wood, de Tim Burton © Touchstone Pictures

Cinéma le Comoedia, Sète 04 99 04 76 44 miam.org

WAFAW

WHEN AUTHORITARIANISM FAILS IN THE ARAB WORLD European Research Council - www.wafaw.org

II + + ARAP VE ISLAM

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66 au programme cinéma bouches-du-rhône

De la musique, des films à Aubagne Si vous aimez la musique et le cinéma, précipitez-vous à Aubagne où se tient, du 20 au 25 mars, la 18e édition du Festival International du Film d’Aubagne (FIFA) qui met l’accent sur la musique de film, invitant réalisateurs et compositeurs pour des échanges toujours passionnants. Avec, pour bien commencer (20 mars à 20h), le film de Matt Ross, Captain Fantastic qui raconte la vie d’une famille vivant en autarcie dans une forêt du nord-ouest américain, suivi d’un concert.

Compositeurs, compositrice Invitée d’honneur, Rachel Portman est la première femme à avoir remporté l’Oscar de la meilleure musique de film (1997) ; elle présentera l’un des films dont elle a composé la partition musicale, Le Chocolat de Lasse Hallström. Un autre compositeur, Jérôme Lemonnier, animera la master class de composition musicale pour l’image, et présentera un ciné concert à la clôture. Il rencontrera le public après la projection du premier long

Captain fantastic, de Matt Ross © Mars Films

métrage d’Emmanuel Courcol, Cessezle-feu, dont il a signé la musique. Quant à Nathaniel Méchaly, formé à la musique

électro-acoustique, il présentera le premier film de Haïm Tabakman, Tu n’aimeras point, sur l’amour qui fait scandale entre deux juifs

Du 28 mars au 4 avril se tiendront les 27e Rencontres Cinématographiques de Salon : une cinquantaine de films venus de 29 pays, dont 2 inédits et une avant-première, Mean Dreams du Canadien Nathan Morlando, un thriller qui évoque le passage à l’âge adulte et l’émerveillement du premier amour. Et aussi des rencontres avec des réalisateurs, acteurs ou scénaristes, des débats animés par Dominique Chansel et Gael Labanti, de la musique, une expo photos… ainsi qu’un hommage à l’actrice, scénariste et réalisatrice Ronit Elkabetz, disparue en avril 2016 : on pourra (re)voir La Visite de la Fanfare et Sept jours, et on pourra en parler avec Xavier Nataf.

Visa pour la francophonie Le cinéaste Xavier Seron sera présent pour Je me tue à le dire, une fable belge caustique (le 29 à 21h15), et le lendemain c’est le scénariste Jean-Luc Gaget qui parlera du dernier film de Solveig Anspach, disparue en août 2015, L’Effet aquatique,. Le 2 avril, le

Mean Dreams, de Nathan Morlando © La Belle Company

Autour du monde

cinéaste ivoirien Jacques Trabi présentera Sans regret, la vie tumultueuse d’un docker qui se reconvertit dans le grand banditisme avec le secret espoir d’offrir une vie meilleure à sa famille…

Voyages autour du monde En Allemagne, avec Phoenix de Christian Petzold, où une survivante de l’holocauste revient chez elle sous une nouvelle identité ; en Australie avec Alex et Eve de Peter Andrikidis, une comédie qui bouscule les codes de deux communautés australiennes, et Touch, le thriller de Christopher Houghton ; au Brésil, avec Aquarius de Kleber Mendonça Filho, où l’on suit la lutte de Clara, harcelée

par un promoteur immobilier sans scrupule, ou encore Le Professeur de violon de Sergio Machado, inspiré de faits réels ; en Colombie, avec Alias Maria de Jose Luis Rugeles sur les pas de Maria, l’enfant-soldat, ou en compagnie de Karamakate, chaman amazonien dans L’Etreinte du serpent de Ciro Guerra ; en Espagne, avec L’Olivier d’Icìar Bollain, en partenariat avec le Festival Terre d’Avenir, où l’on partagera le combat d’Alma pour récupérer un arbre centenaire. Ce sera aussi l’occasion de découvrir de nouveaux cinéastes, car il y a beaucoup de premiers films comme Mandarines du Géorgien Zaza Urushadze, qui parle de l’espoir de lendemains meilleurs ou Theeb : la naissance du chef du Jordanien Naji Abu Nowar. Sans oublier la séance courts-métrages et un documentaire musical, The music of strangers de Morgan Neville en partenariat avec le Portail Coucou. De belles traversées cinématographiques en perspective… ANNIE GAVA

Les Rencontres Cinématographiques Cinéma Les Arcades, Salon-de-Provence rencontres-cinesalon.org


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orthodoxes et donnera aussi une « Leçon de musique ».

Cinéastes invité-e-s d’honneur

Radu Mihaileanu rencontrera le public autour de son film Le Concert, et Lyes Salem fera découvrir Je suis mort mais j’ai des amis (2015), une comédie de Guillaume et Stéphane Malandrin dans laquelle il tient le rôle d’un militaire. Noémie Lvosky présentera Camille redouble (2012), comédie nominée 13 fois aux César en 2012, qu’elle a écrite, réalisée et dont elle tient le rôle principal.

Des compétitions Comme chaque année, 10 longs-métrages seront en compétition ; après les projections, cinéastes, acteurs et compositeurs répondront aux questions du public. L’occasion de découvrir de jeunes talents. Venus par exemple de Lettonie comme Renārs Vimba avec Mellow Mud, de Belgique comme Nathalie

Teirlinck avec Le Passé Devant Nous, ou Peter Monsaert avec Le Ciel flamand, présenté en avant-première, tout comme Souffler plus fort que la Mer de Marine Place avec Aurélien Recoing. Parmi les 1895 courts-métrages venus de 92 pays, 73 d’entre eux (représentant 31 pays) ont été sélectionnés pour la compétition : 17 films d’animation, 6 documentaires et 50 fictions, dont 48 ont des musiques originales. Et cette année les 15 courts de « la nuit engagée » concourront pour le prix du meilleur court dans une compétition parallèle.

Des coups de cœur Parmi lesquels le documentaire « énergisant qui rend heureux » d’Alexandra Messina, Percujam, portrait d’un groupe de musique composé de jeunes autistes et de leurs éducateurs ; Beatbox, boom bap autour du monde de Pascal Tessaud, le premier documentaire français sur ce sujet ; le superbe Divines de Houda Benyamina (César 2017 du meilleur premier film) qu’accompagne Déborah

Lukumuena (César 2017 du meilleur second rôle féminin) ; le touchant film d’animation de Claude Barras, Ma Vie de Courgette, doublement césarisé cette année. (meilleure adaptation et meilleur film d’animation).

Et encore… Les « courts qui rendent heureux » pour une séance familiale, des cartes blanches à 3 festivals européens d’Allemagne, de République tchèque et d’Italie, des films pour les ados, des concerts, une soirée pour les amateurs de 33 tours, des petits déjeuners en musique, des soirées festives des ciné-concerts, des rencontres professionnelles, une exposition de photos… ANNIE GAVA

Festival International du Film d’Aubagne 20 au 25 mars 04 42 18 98 10 aubagne-filmfest2017.com

Latines aurores 9 jours, 10 pays, 32 films ! Le teaser endiablé des 19e Rencontres du Cinéma Sud-Américain l’affirme : l’édition, dont le titre Sentiers des aurores célèbre les matins qui dissipent la nuit, sera foisonnante, tonique, optimiste. Elle ouvrira un large panorama sur le cinéma latino-américain, avec des films inédits en France, des invités réunis lors d’une table ronde le 21 mars à La Friche et une leçon de Cinéma assurée par Julia Vargas, réalisatrice de Carga Sellada, en lice pour le Colibri d’or. Du drame social, politique, historique, humain, mais aussi des ressources, sociales, politiques, historiques, humaines. En ouverture, le 17 mars à 19h au Gyptis, un film brésilien : Nise, au cœur de la folie de Roberto Berliner qui nous transporte dans un hôpital psychiatrique où l’espoir s’incarne en une femme médecin imaginant, pour établir des liens avec ses patients menacés d’électrochocs et de lobotomie, une médiation par l’art et l’amour. En clôture, le 25 mars au Grand Plateau de La Friche, suivi d’un concert-dansant avec La Kamba, un film argentin de Rodrigo Grande, au titre emblématique : Au bout du tunnel, thriller « dont on sort content » après avoir frémi. L’Argentine sera à l’honneur encore avec un concert du Cuarteto Tafi le

Au bout du tunnel, de Rodrigo Grande © Tornasol Films

18 mars à La Friche, et l’hommage au grand écrivain Ricardo Piglia récemment disparu. Le jury officiel aura à départager huit longs métrages et, dans la variété de leurs sujets et de leurs styles, dix courts. Comme les années précédentes, les Prix du Jury Jeune, du Public scolaire et adulte complèteront ce palmarès. Une nouveauté 2017, des séances spéciales où interviendront les Philosophes Publics pour commenter deux films du programme, celui de l’ouverture et celui de Paula Ortiz Gonina, Miedo, qui radiographie une société

colombienne sous l’emprise de la peur. L’Amérique latine au cœur de la belle de Mai, ça vaut plus d’un détour ! Notons que les Rencontres se poursuivent en avril dans 15 villes de PACA. ÉLISE PADOVANI

Rencontres du Cinéma Sud-Américain 17 au 25 mars Le Gyptis, La Friche, Marseille puis dans 15 villes de Paca en avril 09 80 78 01 53 cinesud-aspas.org


68 au programme cinéma hérault gard

Traversée recommandée La belle aventure continue à Lunel, avec la 33e édition du festival de cinéma Traversées. Avec ses 13 000 spectateurs l’an dernier, la fréquentation est à la hausse, et l’événement s’ancre toujours plus dans le paysage culturel local. L’association Pêcheurs d’Images élargit le propos : d’une programmation axée sur les problématiques méditerranéennes, elle ouvre de plus en plus à d’autres paysages, d’autres histoires. La liste des films pourrait en conséquence sembler dispersée, sans ligne directrice. Mais ce qui fait le liant de ce festival au fil des ans, c’est son esprit, très citoyen -on pourrait dire tout simplement humain. Les rencontres avec les cinéastes invités, la compétition de courts métrages (10 films sélectionnés), les ateliers proposés aux lycéens (dans le cadre des Rencontres Ciné-Jeunes), la mise en musique par les élèves de l’École de musique municipale : ce sont toutes ces propositions qui soudent les spectateurs et les rend acteurs d’une initiative partagée, à la fois conviviale et exigeante. La carte blanche est offerte cette année à la journaliste Florence Aubenas, qui présentera trois films : La Promesse (L. et J-P Dardenne), Chez Nous, le nouveau film de Lucas Belvaux, et le documentaire Would

Bernadette Lafont sera l’occasion de la présentation d’une exposition de portraits photographiques inédites de Pierre Zucca, et de la diffusion du documentaire qu’Esther Hoffenberg a consacré à la comédienne nîmoise : Bernadette Lafont, et Dieu créa la femme libre. La documentariste Bernadette Lafont dans Une belle fille comme moi, de François Truffaut © Pierre Zucca Alice Diop sera you have sex with an arab ? de Yolande aussi invitée à échanger autour de trois de ses films, dont Vers la tendresse, César 2017 Zauberman. Dominique Cabrera ouvrira le festival avec du meilleur court-métrage. son adaptation du roman de Maylis de Kerangal Au total, 30 invités pour 50 films projetés : une Corniche Kennedy, et animera une rencontre traversée aux multiples raisons de s’arrêter. ANNA ZISMAN autour de son documentaire Chronique d’une banlieue ordinaire (1992). Les comiques poètes Dominique Abel et Fiona Gordon seront à l’honneur, avec leur dernier film Paris pieds Traversées nus. Une rencontre sera organisée le lende24 mars au 2 avril main, après la diffusion de La Fée et de deux Cinéma Athénée et autres lieux, Lunel de leurs courts-métrages. Un hommage à 04 67 83 39 59 pecheursdimages.fr

Itinéraire conseillé de situations qui dérapent ou se développent autour de l’arrivée d’un personnage extérieur. Cocasses (The Party, Blake Edwards, 1968), troublants (Théorème, Pasolini, 1968), comique-fantastique (L’Aventure de Madame Muir, Mankiewicz, 1947), fresques historiques (Django, Tarantino, 2012),… Loin d’être un fourre-tout, la liste est cohérente et le thème donne une dynamique stimulante à l’ensemble. El Perdido, de Christophe Farnarier © French Kiss production Une sélection internationale À Alès, on suit aussi le chemin du cinéma d’avant-premières et inédits (environ 50 films) d’années en années, avec une 35e édition du propose un regard étendu sur la création festival Itinérances qui s’annonce très variée. contemporaine. On peut cependant regretter ne La rétrospective thématique de 2017, Visi- pas trouver, à part la nouveauté, ce qui pourrait teurs, est maligne et pleine de pistes à croiser. relier les films entre eux. On aura le plaisir et 35 films (environ un quart de la totalité de la curiosité de découvrir le nouveau Arnaud la programmation), toutes dates et pays des Pallières (Orpheline), À mon âge, je me confondus, évoquent la rencontre, sur le mode cache encore pour fumer de Rayhana, Elle particulier de l’élément perturbateur. Visiteur s’appelle Alice Guy d’Emmanuelle Gaume, invité, ou non attendu, les scénarii regorgent We Are Never Alone de Petr Vaclav, le beau

El Perdido de Christophe Farnarier, produit en région… Des cartes blanches à deux artistes : le chanteur Bertrand Burgalat, compositeur de plusieurs musiques de films propose entre autres de redécouvrir Les Yeux sans visage de Franju (1960) et donnera une master class Musique et Cinéma, et Thomas Caillet, réalisateur du remarqué Les Combattants. Des hommages enfin : Edith Scob et Olivier Gourmet seront à l’honneur, tandis que la documentariste Esther Hoffenberg sera invitée à présenter l’intégrale de ses films, parmi lesquels de très touchants portraits de femmes (son dernier, sur Bernadette Lafont, l’écrivaine Violette Leduc, l’animatrice productrice Denise Glaser…) A.Z.

Itinérances 17 au 26 mars Divers lieux, Alès 04 66 30 24 26 itinerances.org


au programme cinéma bouches-du-rhône

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Le plat pays qui est le leur

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u 4 au 11 avril Cinépage zoome sur la Belgique. Un petit territoire que se partagent, non sans tension, Flamands et Wallons, un plat pays où on produit, en deux langues, un cinéma qui ne manque ni de relief, ni de profondeur. La première session des Rencontres du Cinéma européen sera wallonne. Elle débutera à l’Alcazar avec une leçon sur la comédie « à la belge », de Louis Je suis mort mais j’ai des amis, de Guillaume et Stéphane Malandrin Héliot, l’incontournable Monsieur © Happiness Distribution Cinéma de Bruxelles, étayée par la projection gardien de prison fan de tango dans Tango du film de Benoît Mariage, Les Rayures du libre de Frédéric Fonteyne. Ainsi que les zèbre, mettant en scène l’ébouriffant Benoît road-movies insolites de Bouli Lanners, Poelvoorde. Puis soirée d’ouverture aux tendres et drôles : Eldorado et Les Géants, Variétés en fanfare, tout cuivres dehors, une commentés par Catherine Allard dans le bière -belge si possible- à la main avant de cadre du compagnonnage des RCE et de retrouver La Vie est belge de Vincent Bal, la revue Positif. La veine sociale sera aussi comédie musicale « moitié flamande, moitié représentée avec les frères Dardenne dont on wallonne, 100% belge » qui voit se réconci- pourra (re)voir, en copie restaurée et numérilier deux fanfares rivales dans un concours sée, 20 ans après sa sortie, La Promesse avec européen « des harmonies » : on ne peut Olivier Gourmet ou, en sa présence, le joli plus allégorique ! On retrouvera le génial film de Bernard Bellefroid, inédit à Marseille, François Damiens en loser passionné de Mélody, sur les rapports subtils entre une mère vélo dans Torpédo de Matthieu Donck, en porteuse et sa « cliente » stérile. Ou encore

MUSÉE DE PRÉHISTOIRE DES GORGES DU VERDON À QUINSON - ALPES DE HAUTE-PROVENCE

DERRIÈRE LA PAROI

© Psaila/Perazio

LA GROTTE CHAUVET-PONT D’ARC RÉVÉLÉE PAR LA 3D

10FÉVRIER30NOVEMBRE 2017

#ExpoChauvet3D

EN PARTENARIAT AVEC SYNOPS - ÉDITEUR DE SAVOIRS

www.museeprehistoire.com Retrouvez-nous sur

le drame « loachien » de Lucas Belvaux, La Raison du plus faible, présenté par un de ses interprètes, Patrick Descamps. Pas de Belgique sans BD : l’ancien directeur du Festival d’Angoulême, Benoît Mouchart, nous dira tout sur Tintin et le cinéma. Le week-end, duo burlesque Abel & Gordon au Gyptis et festivités de clôture aux Variétés où le comédien Wim Willaert présentera Je suis mort mais j’ai des amis de Guillaume et Stéphane Malandrin, le voyage belgo-rock de quatre musicos aux States, l’urne funéraire du chanteur du groupe en bagage. Les 8 et 13 avril, les Rencontres feront un tour à Gardanne et pour le jeune public en vacances, des ciné-goûters seront organisés tout au long de la semaine avec Panique au village, film d’animation de Vincent Patar et Stéphane Aubier aussi réjouissant que toute cette programmation ! ÉLISE PADOVANI

Rencontres du Cinéma européen 4 au 11 avril Marseille, Gardanne cinepage.fr


70 critiques cinéma

plus de cinéma sur journalzibeline.fr

Un dimanche sud-américain

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eureux choix de l’ASPAS pour ce 2e Travelling Marseille* qui a eu lieu au cinéma Les Variétés le 26 février, dans le cadre des Dimanches de la Canebière. Les quelque cent spectateurs qui y ont participé en sont sortis les yeux emplis de larmes, touchés par deux films évoquant l’éducation, la confiance en des jeunes en proie à des difficultés, campant deux personnages humanistes et généreux.

À Cuba La première est Carmela (Alina Rodriguez), une vieille institutrice qui aime ses élèves et leur transmet les valeurs auxquelles elle croit dans Chala, une enfance cubaine, second long métrage d’Ernesto Daranas. Le plus difficile de ses écoliers, Chala (excellent Armando Valdes Freire), jeune Cubain qui vit avec sa mère droguée et alcoolique, ne pourrait s’en sortir sans elle. L’aide aussi son amour naissant pour Yeni, une élève modèle qu’on veut priver d’école car son père n’a pas le permis de vivre à La Havane. Même si les élèves, dans leur uniforme rouge et blanc, chantent l’hymne

révolutionnaire, le système scolaire cubain exclut une frange de la population ! Chala fait les 400 coups et la caméra du chef opérateur Alejandro Pérez le suit, nous faisant ainsi découvrir, joliment filmé, le quartier pauvre de La Havane où il vit.

Au Brésil Le 2e personnage Le Professeur de violon, de Sergio Machado © Jour2fête au grand cœur est Laerte, inspiré par le chef d’orchestre Silvio part enseigner la musique dans une favela. Baccarelli qui, touché par la détresse des Les jeunes, indisciplinés, s’invectivent, ne habitants de l’éponyme Héliopolis, la plus semblent pas vraiment prendre la musique au grande favela de São Paulo, avait décidé d’offrir sérieux et jouent très mal. Laerte va essayer des cours de musique aux jeunes défavorisés de leur apprendre la musique, leur faisant de la ville. Laerte, violoniste virtuose qui vient découvrir le solfège, Mozart et Bach… Parmi de rater son concours d’entrée dans l’orchestre eux il repère Samuel, particulièrement doué, symphonique de São Paulo à cause du trac, incompris par son père, et va tout faire pour

Le hasard et la nécessité Paris pieds nus, le dernier film d’Abel & Gordon est une de ces raretés-là. Le sujet en est ténu : Fiona, bibliothécaire dans un improbable village canadien de carte postale, reçoit une lettre de détresse de sa tante Martha partie jadis à Paris. Aussitôt, Fiona, sac à dos rouge surmonté du petit drapeau à feuille d’érable, part à son secours et bientôt à sa recherche car Martha, interprétée par Paris pieds nus, d’Abel & Gordon © Potemkine Films

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es films burlesques sont rares aujourd’hui sur nos écrans. Les vrais, s’entend ! Ceux qui mettent en scène la maladresse virtuose du corps en butte avec les objets ou la simple loi de la pesanteur. Ceux qui semblent passer du coq à l’âne, laisser faire le hasard mais enchaînent les gags avec une précision toute horlogère obéissant à la nécessité des rouages narratifs.

l’espiègle Emmanuelle Riva dont c’est ici le dernier rôle, a disparu, fuyant une Mme Gentil qui veut la placer dans une maison de retraite. La grande rousse dégingandée, au pull vert pomme et aux grosses baskets, paumée dans la capitale, rencontrera Dom (Abel), un clochard dormant sous une tente près du Pont de Grenelle dans l’île aux Cygnes. Le luxe ! Vue sur la Tour Eiffel et proximité de la réplique de la Statue de la Liberté. Liberté que le film revendique non seulement par son titre -aller pieds nus c’est échapper au carcan des chaussures-, mais aussi par son ode au vagabondage dans un Paris iconique. Non seulement par le choix de la mobilité et de la légèreté offertes par un tournage en numérique, mais aussi par une écriture qui file, surfile et brode le scénario. On suit successivement Fiona, Dom et Martha. Petits retours en arrière à chaque fois. Les itinéraires se superposent, se croisent, s’éclairent. Les objets transitent d’une main à l’autre, d’une séquence à l’autre au fil de la Seine par un hasard nécessaire. On reconnaît çà et là un hommage aux maîtres du cinéma burlesque : Fiona suspendue à


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Deux premières l’aider… Même si le scenario, adapté de la pièce Acorda Brasil d’Antônio Ermírio de Moraes, est un peu prévisible, le film de Sergio Machado touche grâce à l’interprétation de Lazaro Ramos (Laerte) et par le jeu des jeunes comédiens, Kaique Jesus (Samuel) et Elzio Vieira (son ami VR) ainsi que par les autres jeunes, acteurs non professionnels. Entre les deux films, l’ASPAS a offert aux enfants un goûter et les tours du magicien Pierre Poncelet qui les a ravis. Le 3e Travelling Marseille, le 26 mars, sera organisé par AFLAM. ANNIE GAVA

*Le collectif Travelling Marseille regroupe AFLAM (Rencontres des cinémas arabes), ASPAS (Rencontres du Cinéma sud-américain), Cinépage (Rencontres du cinéma européen), FIDMarseille (Festival international de cinéma), Films Femmes Méditerranée, Horizontes Del Sur (Festival du cinéma espagnol), Inquadratura (production de films), TILT (Ciné plein air), Urban prod (Rencontres iMediaCinéma) et le cinéma LES VARIÉTÉS.

Le 2e Travelling Marseille a eu lieu au cinéma Les Variétés, Marseille, le 26 février

une échelle déboulonnée au haut de la Tour Eiffel comme Keaton à l’aiguille de l’horloge, Dom au restaurant comme tant de fois Charlot, ou encore Martha et son ancien amour, Norman, interprété par Pierre Richard, qui dansent assis sur un banc, leurs vieux pieds filmés en gros plan comme les petits pains de La Ruée vers l’or. On perçoit même un clin d’œil à un des courts-métrages d’Abel et Gordon, Walking on the wild side, dans le pliage d’un drap comme parade amoureuse. Car de l’amour, il y en a, présent, passé, futur. Le vieux couple Martha-Norman fait écho à celui tout neuf de Fiona et de Dom, aussi décalé, aussi subversif dans sa poésie. ÉLISE PADOVANI

Le film a été présenté en avant-première au cinéma Les Variétés, Marseille, le 5 mars en prélude aux Rencontres du Cinéma européen organisées par Cinépage (voir aussi p 62 et 69). Sortie nationale le 8 mars

Belle de nuit, Grisélidis Réal, autoportraits, Marie-Eve Grave © On Move Productions, CBA (Centre Bruxellois de l’Audiovisuel), RTBF

L

es premières fois ne sont pas forcément des balbutiements. Le festival de documentaires organisé par Les Films du Gabian le prouve tous les ans. Il garantit dans sa diversité de « trouver ce qu’on cherche ». Ce vendredi 3 mars deux « premières fois » étaient proposées au Vidéodrome 2 : La Route du pain de Hicham Elladdaqi en sa présence, et Belle de nuit - Grisélidis Réal, autoportraits de Marie-Eve Grave, projection suivie d’une rencontre avec Simon Arazi, le monteur du film. La Route du pain est dédié aux grands-parents du réalisateur, ouvriers, comme ceux qu’il nous montre sur la grande place Jemaa el-Fna de Marrakech. La ville, dans un contrechamp très discret, affiche sa modernité (panneaux publicitaires, night-clubs) et sa façade pittoresque, que les touristes voient en oubliant ceux qui l’ont bâtie. Désœuvrés, à côté de leurs vélos chargés d’outils, ils attendent que le client, devenu rare, s’arrête pour leur proposer un travail. Maçonnerie, plomberie, peinture, peu importe. Ils sont sans ressources, et pourtant l’Aïd approche, il faut acheter le mouton et les cahiers pour les enfants qui viennent de rentrer à l’école. Le réalisateur ne leur pose aucune question, se fait oublier. La caméra est fixe, les plans prennent le temps de peser cette attente sous le soleil marocain, de faire partager les moments de vie familiale, à l’intérieur des maisons misérables de la Médina ; un seul micro-perche capte les dialogues, les rires aussi de ces hommes qui répètent que tout arrive par la volonté d’Allah et ont bien besoin de cette joie-là pour supporter leur condition.

Belle de nuit, dédicacé « À nos mères », commence par un plan d’encre noire se dissolvant en volutes dans l’eau. Le noir, c’est la couleur de Grisélidis Réal, peintre, écrivaine, poétesse, péripatéticienne genevoise de « race gitane », meneuse de la Révolution des prostituées des années 70. Une « Irréductible » dont ni la prostitution, ni les coups de son amant américain, ni la prison à Munich pour vente de marijuana, ni même ce cancer qui la tue au printemps 2005, n’auront vraiment raison. « Au fond de moi je suis vierge » écrit-elle. Ses éditeurs encore séduits par la puissance artistique de la dame témoignent : Bertil Galland, Jean-Luc Henning avec lequel elle a entretenu une correspondance littéraire, Yves Pagès. Le documentaire suit son parcours à travers films d’archives, photos, reconstitutions fictives, mise en scène de ses textes et enregistrements de cette voix gouailleuse qui fait penser à une Arletty helvète. Il s’agit bien pour Marie-Eve Grave de faire briller les différentes facettes de ce diamant, noir bien sûr. Et, malgré quelques plans trop illustratifs, le Sujet est si fort que l’autoportrait (ou les autoportraitS, puisque le sous-titre souligne le multiple) s’impose avec force. ELISE PADOVANI

Le Festival La Première Fois s’est tenu à Aix et à Marseille du 28 février au 4 mars


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L’image, un espace de liberté

«

L’image est un espace de liberté avant tout » pour la photographe Anne-Marie Filaire qui a fait du territoire son champ d’investigations. D’abord sur sa terre maternelle auvergnate dans les années 1990, puis dès 1999 sur les poudrières du MoyenOrient et de l’Afrique de l’Est. Un déplacement volontaire pour « voir de loin » et déplacer son observation du paysage. Pour l’exposition Zone de sécurité temporaire, le MuCEM prélève un fragment de son œuvre, déjà ancienne, dont la valeur de témoignage est primordiale. Anne-Marie Filaire s’en réjouit « car montrer des paysages en Palestine et en Israël qui n’existent plus, ou en Érythrée qui à l’époque était peu connue et peu photographiée, nous éclaire sur les populations aujourd’hui ». Privilégiant le découpage cartographique - Israël et Palestine en résonance entre 1999 et 2007, Yémen et Érythrée de 2000 à 2005, Sud-Liban en 2006, frontière Jordano-Syrienne en 2014 - plutôt que la chronologie, la scénographie

entérine son propos : les choses persistent, les lieux occupés illégalement, les espaces frontières, les no man’s land de désolation existent encore. Toujours en noir et blanc, ses images s’inscrivent dans le mouvement perpétuel de la photographe entre les lieux et les gens. Elles induisent intrinsèquement plusieurs niveaux de lecture : documentaire par son écriture du réel, plastique par sa construction formelle, et philosophique par son sujet : l’enfer- Colonie israélienne de Maale Adumim, Palestine, juillet 1999 © Anne-Marie Filaire mement. Paradoxal ? Certainement pas ! Anne-Marie Filaire n’a les stigmates de la violence mais évoque le pas voulu « montrer » l’enfermement mais a vide provoqué par la violence et le sentiment travaillé « dedans » ; elle n’impose pas au regard d’inquiétude qui en surgit.

Ici ou là Richard Baquié

Début, 1987, Métal, laine de verre, bande son, 65 x 360 x 64 cm, Collection Centre national des arts plastiques © ADAGP, Paris 2017 / CNAP / Courtesy photo : Galerie Beaubourg

C

e n’est pas Marseille, sa ville natale, mais sa voisine Toulon qui réhabilite Richard Baquié, figure de proue de la movida marseillaise, disparu en 1996 à l’âge de 44 ans. Bien que présent dans de nombreuses collections muséales et privées, son œuvre n’a plus la cote du marché de l’art ni des

grand-messes contemporaines. Constats d’échec à la Fondation Cartier, et la Biennale de Lyon Pour l’amour de l’art datent de 1991, la rétrospective au CAPC de Bordeaux de 1998 ! Pourtant « il n’y a guère d’artiste plus vivant qui résonne aujourd’hui dans la sensibilité des artistes » confie Jean-François

Chougnet, commissaire de l’exposition avec Ricardo Vazquez, directeur de l’Hôtel des arts. Et d’ajouter : « Il y a des artistes qui partagent cet esprit de multi médias pauvres, qui veulent sortir du cadre et auraient à profit de s’intéresser à son œuvre ». Ce sera chose faite avec Déplacements, qui retrace son parcours d’une grande productivité malgré sa brièveté, et contrebalance l’étiquette longtemps attribuée d’artiste bricoleur. Ingénieux, il l’est, certes, affranchi des codes des années 80/90. Artiste textuel aussi, comme en témoigne sa propension à malaxer la langue, à jouer des titres et du sens. Le sculpteur s’amuse, on l’imagine ainsi, à calligraphier en lettres métalliques « Fin de siècle » dans sa pièce intitulée Début. Tandis que dans Batailles, il crée une poésie visuelle composée d’aquarelles et de textes dactylographiés : « attaque du jaune et enfoncement des lignes » ou encore « zone ocre rouge occupée ». L’exposition met donc au jour les combinaisons linguistiques infinies que lui offrent la matière et le texte. Et révèle la prédominance des pièces sonores, son travail sur les cartes et la géographie, son aptitude à se déplacer par le prisme de la représentation ou de l’utilisation d’objets


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À la différence du photojournalisme ou du reportage de guerre, son œuvre déplace notre regard, invite à la contemplation, dans l’œil de l’artiste, observatrice et témoin du réel. « Loin de l’instant aveuglant de l’actualité » dont elle se détache nécessairement. Et puis il y a ses notes, comme un journal, et cette voix, sa voix, audible dans l’espace d’exposition ; une dimension autobiographique supplémentaire que l’on décèle après-coup. Ce sont autant de clefs de compréhension d’une œuvre traversée par les questions d’exil, même temporaire, de « refuge » dans le paysage. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Rencontre avec Anne-Marie Filaire le 11 mars à 16 h dans l’auditorium. Zone de sécurité temporaire, Anne-Marie Filaire jusqu’au 29 mai MuCEM, Marseille Catalogue coédité par Textuel et MuCEM, 55 € 04 84 35 13 13 mucem.org

comme le train, l’avion, la voiture (ou plutôt sa carcasse) et de médiums tels la photographie, l’image et le son. Dans ces Déplacements, le commissariat réserve deux espaces à deux épisodes clefs de son travail. L’un est consacré au destin rocambolesque de sa sculpture monumentale L’Aventure, implantée à Malpassé dans le 13e arrondissement de Marseille (aussitôt installée, vite démantelée…), où l’on découvre l’élaboration du projet - maquettes, plans, dessins, collages - et, sorti d’antres mystérieuses, la partie haute du Belvédère. Exploit réitéré avec l’une de ses pièces maitresses, la « Réplique » de l’œuvre testamentaire de Marcel Duchamp Étant Donnés : 1 la chute d’eau 2 le gaz d’éclairage… que l’on expérimente individuellement par le biais de deux œilletons. Totale, l’immersion dans son répertoire personnel s’enrichit des témoignages photographiques de son ami et complice Yves Gallois qui réalise pour l’occasion un film-témoignage sensible et éclairant. M.G-G.

Une rénovation à la hauteur des collections

L

’immersion de Xavier Rey dans le paysage politico-culturel marseillais a été immédiate ! Depuis sa prise de fonction le 1er février à la direction des musées de la Ville, en remplacement de Christine Poullain partie à la retraite, il a déjà inauguré l’exposition Sonia Rykiel, La féminité en mouvement1, et la nouvelle présentation des collections du musée des Beaux-Arts, résultat « de la plus grande politique de restauration d’œuvres en France », avec une campagne menée en 2015/2016 et financée par la Ville à hauteur d’un million d’euros. Le projet a engendré la rénovation des salles - nouvelles cimaises aux couleurs Louis Finson, la Madeleine © Marseille, musée des Beaux-arts © Gérard Bonnet sourdes, mise en lumière ouatée - et une déambulation plus aérée qui privilégie les tête-à-tête avec les toiles. Bref, « une scénographie2 qui permet de jouer sur les densités, les rythmes, les vides », les rapprochements thématiques ou stylistiques. De quoi donner envie à Xavier Rey de rêver à voix haute « de développer le budget d’acquisition du musée »... En attendant, sur les 8000 œuvres que compte le musée, 200 sont exposées, composant un bel ensemble de peintures, bas-reliefs et sculptures du XVIe au XIXe siècle. Le parcours sonne ainsi le temps des retrouvailles et des découvertes, ponctué d’œuvres majeures telles La chasse au sanglier de Rubens, Paysage classique de Millet, et l’intrigant tableau monumental de Courbet, Le cerf à l’eau, où l’animal plongé dans la noirceur d’un ciel crépusculaire lève la tête au ciel à l’instant de franchir un cours d’eau, comme arrêté dans son élan. En lévitation quasi mystique. Les collections regorgent de peintures religieuses et mythologiques, de portraits, de paysages champêtres, de peintures d’histoire, de natures mortes et de bouquets qui sont l’apanage de l’art classique français - avec une belle représentation de l’École provençale, de Pierre Puget et d’orientalistes - et italien. Peintures académiques bousculées ici par un commissariat qui ose des rapprochements habiles ou décalés : la galerie de portraits de Courbet, Monticelli, Couture et Gonzales est exceptionnelle ; le Portrait de Madame Pascal de Monticelli, à la touche aussi tourmentée qu’un Pollock, et son contraire, le hiératique Portrait de Madame Goldschmidt de Carolus-Duran, plus dur et froid qu’une pierre. M.G-G.

1 2

Déplacements, Richard Baquié jusqu’au 7 mai Hôtel des arts, Toulon 04 83 95 18 40 hdatoulon.fr

Musée des arts décoratifs, de la faïence et de la mode jusqu’au 11 juin Scénographie conçue par Camargo Art & Design

depuis le 18 février Palais Longchamp, Marseille 04 91 14 59 30 marseille.fr


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Croisements libres

A

l’occasion des dix ans de la rénovation du musée Fabre, une nouvelle exposition célèbre un artiste contemporain natif de Montpellier. Les Tressages de François Rouan, organisés en cinq décades chronologiques, (1966-2016), illustrent le parcours du peintre. Les deux commissaires (Michel Hilaire, directeur du musée, et Isabelle Monod-Fontaine) proposent une lecture thématique pour chacune des cinq décennies : une déclinaison autour de la réflexion du peintre, qui, depuis ses débuts, découpe et tresse les matières, les couleurs, les souvenirs, les hommages, l’histoire et ses quêtes personnelles. Rouan, né en pleine guerre, de parents résistants (sa mère est arrêtée, en représailles des actions de son père qui dirige un maquis dans les Cévennes, emmenée en prison avec lui âgé d’un an, puis torturée) quitte rapidement Montpellier. En 1961, il arrive à Paris pour suivre les cours de l’Ecole des Beaux-Arts. Il se lie avec Buren, Viallat, Parmentier, Buraglio, échange avec le mouvement Supports/Surfaces, dont il refuse l’abstraction radicale. Bouleversé par les papiers découpés de Matisse, il s’engage dans une voie qu’il explore encore aujourd’hui. L’ensemble des œuvres présentées permet d’appréhender son dialogue permanent entre disparitions-apparitions des motifs. Les tissages de bandes de toiles préalablement gouachées, puis fendues, découpées, entrecroisées, et repeintes sont loin d’évoquer l’idée d’enfermement. Ce qui pourrait signifier une grille diffuse au contraire du mouvement, quelque chose qu’on devine ou qui s’impose plus frontalement selon le propos. Des visages, des corps, des formes qu’on sent palpiter dans la couleur remettent toujours en question la place du fond et de la surface. Le premier plan disparaît dans l’épaisseur de la toile, l’intention surgit entre les stries. De son séjour à la Villa Médicis en 1971 (dirigée à l’époque par Balthus), il garde un très fort attrait pour l’art classique italien, qu’il intègre dans ses œuvres. La série des Portes, au nombre des douze entrées de la ville de Rome, grands formats rectangulaires aux couleurs mates, distille un mystère, un interdit à aller chercher au-dedans des teintes dominées par le rouge et le noir. La surface n’est là que pour nous entrainer plus loin, plus profond. Il reprend des motifs de l’architecture romaine (morceaux de frontons, tracés de carreaux de marbres,…), qu’on retrouve, découpés, tressés, mélangés, recouverts de hachures,

François Rouan, Porta Flaminia II, 1975-1976, peinture à l’œuf et huile sur toiles tressées, 200 x 170 cm, Collection Francis Berthier, © photo Atelier de l’artiste, ADAGP, Paris, 2017

de croix… On pense fugitivement au conte d’Ali Baba et les 40 voleurs, lorsqu’en une nuit Morgiane marque d’une croix toutes les portes de la ville. Stratégie du jeu de damier, récit populaire, histoire de l’art, ouverture, fermeture, dedans, dehors : les lectures se bousculent et offrent un regard pluriel d’une grande richesse. Le mélange des motifs n’est pas toujours obtenu par la découpe en bandes. Rouan utilise aussi l’empreinte : des corps, calqués sur la toile, habitent la série des Voyages d’hiver, produite après le choc de la vision de Shoah en 1985 (Lanzmann). Plus figurative, on y voit la gare d’Auschwitz, et des « morceaux » (Stücke, autre série présentée), ces humains promis à la chambre à gaz. Plus tard, avec les Trotteuses (2011-2013) Rouan desserre la trame, laisse passer des images vaporeuses derrière et sur les bandes. Silhouettes, souvenirs, fantasmes. La toile

s’anime. L’artiste, qui pratique la vidéo depuis 2002, donne une dimension supplémentaire à ses toiles : elles étaient déjà multi plans, elles semblent ici déplacer les sujets latéralement, comme sur un écran. Un nuage (de beau temps) passe. Dans le hall du musée, au-dessus du sol noir et blanc conçu par Buren, ce sont les œuvres les plus récentes qui sont exposées. Tressage, couleurs, flux lumineux, chemins mystérieux, souplesse des lignes. Les angles droits des multiples croisements des bandes se laissent dépasser par une force qui ressemble à la liberté. ANNA ZISMAN

François Rouan – Tressages 1966-2016 jusqu’au 30 avril Musée Fabre, Montpellier 04 67 14 83 00 museefabre.fr


04.42.10.82.90

Alice Neel, Jackie Curtis et Ritta Redd, 1970. Huile sur toile, 154,30 x 108,90 cm The Cleveland Museum of Art, Leonard C. Hanna, Jr. Fund 2009.345. © Succession d’Alice Neel

Vincent van Gogh, Branches de marronniers en fleur, 1890 Huile sur toile, 73 x 92 cm, F 820. Fondation Collection E. G. Bührle, Zurich

PEINTRE DE LA VIE MODERNE

CALME ET EXALTATION VAN GOGH DANS LA COLLECTION BÜHRLE

Samedi 25 mars 2017

ville-martigues.fr

ALICE NEEL

VINCENT VAN GOGH

Carnaval de martigues INFORMATION

04.03 — 17.09.2017 35ter RUE DU DOCTEUR-FANTON,13200 ARLES FONDATION-VINCENTVANGOGH-ARLES.ORG


76 au programme arts visuels marseille

Le Nord fait le mur L’exposition mobile éphémère de Lieux publics, Le Nord fait le mur, s’affiche en version monumentale à partir du 9 mars sous forme d’une « multitude de mini-expositions ». Le projet de galerie urbaine participative fait sens, fruit d’une collaboration avec 50 structures et 1000 habitants qui racontent leur ville en images à partir de 26 mots et 26 thèmes choisis par Stéphan Muntaner. Un abécédaire à feuilleter nez au vent… M.G.-G. Cité des arts de la rue, Marseille 04 91 03 69 09 lenordfaitlemur.com lieuxpublics.com O comme Oh ! © Anaïs Kamal

Se mettre au verre Bien qu’implanté depuis 30 ans à Marseille, reconnu à l’international par les institutions publiques ou privées et les artistes, le Cirva (Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques) s’expose trop rarement dans sa région. L’occasion se présente heureusement aujourd’hui pour découvrir les créations en verre d’Ettore Sottsass, Arnaud Vasseux, Robert Wilson, Erik Dietman, James Lee Byars, Gaetano Pesce, Pascal Broccolichi...C.L. Une maison de verre 17 mars au 24 septembre Musée Cantini, Marseille 04 91 54 77 75 culture.marseille.fr cirva.fr/v2/

James Lee Byars, Le petit ange rouge (détail), 1991-1993. Photo C. Capelle/ Cirva © The Estate of the Artist

Virginie Hervieu-Monnet Virginie Hervieu-Monnet se saisit de sacs-poubelles, de sacs de caisse, de housses plastiques, de filets de ravalement de façade, de laine ou encore de verre, qu’elle soumet à des gestes qui les transforment. L’ensemble génère « une œuvre » protéiforme qui se répand dans les espaces, les emplit de mille et un éléments, objets, échantillons, ou signes, à lire comme la trace de l’activité quotidienne humaine. M.G.-G. Activité jusqu’au 15 avril Vidéochroniques, Marseille 09 60 44 25 58 videochroniques.org Vue de l’exposition Activité de Virginie Hervieu-Monnet, vidéochroniques, 2017 © Lothaire Hucki

André Lauro Il a collaboré avec Fernand Pouillon, rencontré Bram Van Velde, Valerio Adami, conçu des œuvres dans le Hoggar ou publié avec le poète Christian G. Guez Ricord. C’est une série de dessins à l’encre de chine sur papier que présente aujourd’hui André Lauro : pour le peintre et sculpteur, le dessin ferait le lien entre ces deux modes d’expression, comme à l’époque de la Renaissance. C.L. Le silence n’est pas l’ennemi des paroles jusqu’au 8 avril Galerie Jean-François Meyer, Marseille 04 91 33 95 01 marseilleexpos.com

André Lauro, Suite d’une métamorphose de l’encre et des jours qui suivent, encre de chine/papier Canson, série débutée en 2015. © Denis Masi


au programme arts visuels bouches-du-rhône

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14e Rencontres du 9e Art Incontournable rendez-vous culturel aixois, les Rencontres du 9e Art se déploient sur 10 lieux avec, dans son album personnel, 10 expositions, 9 créations, 50 auteurs. À feuilleter au long du parcours graphique urbain qui réunit toutes les tendances françaises et internationales : Dave Cooper, exposition en France du panorama Bastokalypse des artistes M.S Bastian et Isabelle L., Simon Roussin, Nine Antico, Pierre La Police, Jochen Gerner, Jakob Hinrichs, Marco Tóxico... M.G.-G. avril-mai Week-end BD les 7, 8, 9 avril à la Cité du livre, Aix-en-Provence Office de tourisme, Aix-en-Provence 04 42 16 11 61 aixenprovencetourism.com

C’est où l’Irak ? © Nine Antico

Laura Bonnefous Laura Bonnefous pense son travail en volume et conçoit son travail comme « une pratique sculpturale de la photographie ». Et, dans Out of Line, elle s’inspire des choses qui l’entourent pour créer des espaces plus personnels et métaphoriques, où l’humain est introduit par sa force la plus primaire, son corps et sa singularité. Avec le vêtement, « les formes se redessinent, les personnages se révèlent, les hybridations se créent entre matière humaine et matière textile ». M.G.-G. Out of Line jusqu’au 1er avril La Fontaine obscure, Aix-en-Provence 04 42 27 82 41 fontaine-obscure.com

© Laura Bonnefous

Au paradis Le lieu est de taille modeste mais la proposition se veut ambitieuse. A l’heure où le regard sur l’état de notre planète et de ses habitants reste bien pessimiste, que proposent les artistes ? Ou comment ré-enchanter le monde selon les formes de bonheur vues par des photographes et un plasticien : Estelle Delesalle, Suzanne Hetzel, Emanuela Meloni, Barbara Rickewaert. Thibault Franc. Vernissage jeudi 23 mars. C.L. L’alternative heureuse 15 mars au 15 avril La Galerie Nomade, Arles 09 83 68 94 83 lagalerienomade.fr

Œuvre extraite de la série Jardins reliquaires, 2017. © Estelle Delesalle

Paul Rebeyrolle Tenu en haute estime par Sartre comme Foucault, l’œuvre de Paul Rebeyrolle a grandement participé, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, au renouveau de la peinture figurative européenne. Une quête existentielle qui s’incarne notamment dans la présence animale et la richesse de la matière picturale. Certainement un des moments forts de la programmation saint-rémoise ! C.L.

Paul Rebeyrolle, Amalthée rouge, techniques mixtes, 1997, Collection LGR. cliché F. Fernandez, © ADAGP, Paris, 2016

Les animaux de Paul Rebeyrolle 18 mars au 23 juillet Musée Estrine, Saint-Remy-de-Provence 04 90 92 34 72 musee-estrine.fr


78 au programme arts visuels vaucluse var gard hérault

Yseult Digan a.k.a YZ Figure majeure du street art, YZ (« eyes ») inverse les codes : elle introduit dans l’espace clos de l’exposition des installations réalisées dans les rues de villages sénégalais. De fait, les éternelles amazones changent de statut sous l’impact de notre regard : toujours indépendantes, elles sont les femmes d’aujourd’hui, et plus encore des symboles. M.G.-G. Éternelles amazones jusqu’au 6 mai Fondation Blachère, Apt 04 32 52 06 15 fondationblachere.org Amazone Sita – Dakar, 2015, encre de chine sur papier marouflé, 200 x 200 cm © Yseult Digan.

Floryan Varennes Hiérarques, Rivages, Équipotence, Dyade, telles sont quelques-uns des « objets-parures » de Floryan Varennes présentés à La Garde, dont certains furent exposés à Mediterranea 17 à Château de Servières. Son détournement symbolique du vêtement (col ou jogging noir), ses visions métaphoriques de l’objet (stylo, perles, épingles), sa manière de transcender la banalité dans un geste flamboyant, sont la marque de fabrique de ce jeune artiste surdoué. M.G.-G. Even Spectres Can Tire 11 mars au 12 avril Galerie G, La Garde 04 94 08 99 19 ville-lagarde.fr

Dyade (détail) 2016 © Floryan Varennes

Terre et chaos Comment procéder à la métamorphose du chaos primitif comme de celui qui nous entoure, à leur mise en forme dans l’argile ? Quatre céramistes, Marianne Castelly, Kerry Hastings, Mette Maya Gregersen, et Nicole Pagès-Lindner proposent des cheminements singuliers à travers leur créativité et leurs savoir-faire au féminin. C.L. L’élégance du tumulte 19 mars au 7 juin Galerie Terra Viva, Saint-Quentin-la-Poterie 04 66 22 48 78 terraviva.fr Mette Maya Gregersen, Double Wave, grès, 2016. Photo de l’artiste

Expositions en Mrac La mer comme source onirique, mais aussi comme enjeu politique et économique : La vie aquatique réunit 20 artistes internationaux autour d’une réflexion sur leur rapport avec la mer, et cette relation comme métaphore du lien entre l’homme et le monde contemporain. La plasticienne écossaise Lucy Skaer (Turner Prize 2000) occupera les 900 m2 du premier étage du MRAC, et le franco-colombien Daniel Otero Torres inaugurera le nouvel espace dédié à la jeune création avec ses photographies retravaillées au graphite, pointant et détournant les stéréotypes de la représentation de l’autre. A.R. La vie aquatique, 25 mars au 18 juin Lucy Skaer, 25 mars au 4 juin Daniel Otero Torres, 25 mars au 4 juin MRAC, Sérignan 04 67 32 33 05 mrac.languedocroussillon.fr

Daniel Otero Torres, Homme assis, 2015. Crayon sur aluminium, acier, verre, plante, échelle 1. © Daniel Otero Torres.


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«

Pâle, profondément mordue / et la prunelle suspendue … » la lectrice du Cimetière Marin de Paul Valéry commenté par Michel Guérin, semblable à la Pythie évoquée par le poète, n’a trouvé son

repos que livre refermé sur l’intense méditation que le philosophe déploie autour de l’envoûtant poème de l’homme qui aimait la mer. Les 24 strophes de 6 vers font monument et mémoire de formules éclatées mais toujours vivaces : « Midi le Juste » ou « Le vent se lève ! Il faut tenter de vivre ! » Rythme entêtant du décasyllabe, points d’exclamation, ruptures et reprises parlent au corps et donc à l’esprit que l’on peut préférer nommer âme, à l’Antique. La danse n’est pas loin bien sûr et Michel Guérin choisit le boléro (et celui Majuscule de Ravel, compagnon de Valéry en modernité) comme cadence de cette marche poétique vers la déflagration finale. Motif quasi pictural, écho subtil, éventuellement aide à la lecture, mais surtout pas grille : le philosophe sensible et rigoureux avance avec (on aimerait en français un verbe adéquat), épouse les contours, irrigue sans les inonder les mots élancés du poète dans une proximité de fond à la pensée grecque, les présocratiques,

mais aussi Rilke ou Nietzsche ; là où Valéry confessait le péché esthétisant de « prendre à la Philosophie un peu de sa couleur » - qui nous a pourtant bien fait cheminer avec ce « Cruel Zénon ! Zénon d’Elée ! » - le philosophe travaille la matière poétique du dedans, semble forger son commentaire dans une découverte permanente de ses propres outils comme si la main guidait la pensée. Cet exercice magistral de haute liberté réconcilie alors de manière lumineuse savoir, songer et concevoir ! MARIE-JO DHO

Le cimetière marin au boléro Michel Guérin Les Belles Lettres / encre marine, 19 €

Lignes de courses

R

ue Monsieur-le-Prince, le deuxième roman de Didier Castino, est d’abord une histoire de courses. Celles que court Victor, le frère du narrateur. Celles qu’Hervé, le narrateur, ne court et ne courra jamais. Celles surtout que l’Histoire a retenues : courses des Juifs tentant d’échapper aux SS, courses des Algériens dans Paris en octobre 1961, courses dans les townships de Soweto… Toutes ces courses pour essayer de ne pas mourir. « Quand on court on n’a pas le choix » affirme Hervé. Dans la nuit du 6 décembre 1986, Malik Oussekine n’a pas eu le choix. Alors « il faut un récit pour Malik Oussekine », pour « raconter sa course […] ce laps de temps où sa vie a basculé. Depuis le jazz jusqu’aux coups qui continueront quand il sera mort, écroulé sur le sol, seulement cinq minutes. […] retenir cette nuit, ralentir la course, l’empêcher de filer et transformer les cinq minutes en une éternité. » Le narrateur ne court pas, il raconte. « Seuls nos récits existent » écrivait déjà Castino dans Après le silence, son très remarqué premier roman (lire critique sur journalzibeline.fr). Qu’en

des extrêmes, le racisme ordinaire? Le roman mêle habilement les genres. Le narrateur (toute ressemblance avec l’auteur n’est sans doute pas fortuite) porte une parole forte, pour ne pas oublier les « racines du mal, un mal qui s’est assis sur nos bancs en 1986, un mal qu’on a combattu, puis qu’on a fini par accepter… ». Cet Hervé, qui ne cesse de répéter qu’il n’est pas dans l’Histoire, nous fait entrer dans la sienne, qui est aussi la nôtre. Et la longue liste des victimes qui clôt le livre - le dernier nom est celui d’Adama Traoré - égraine « des noms qui nous appellent, qui nous rappellent à eux. » Ecrire pour consigner, se souvenir, tenter de circonscrire le mal. Pas inutile par les temps qui courent. FRED ROBERT

est-il de celui-ci ? Roman d’apprentissage (premières revendications, premiers émois) ? Chronique des révoltes estudiantines liées au projet Devaquet ? Réécriture fictionnelle d’une terrible bavure policière (selon le point de vue de la victime, du témoin principal, mais aussi du jeune voltigeur motoporté) ? Réflexion sur la perte des utopies, la montée

L’auteur et son éditrice seront présents à la librairie L’Histoire de l’œil, Marseille, le 17 mars à partir de 19 heures.

Rue Monsieur-le-Prince Didier Castino Éditions Liana Levi 17,50 €


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Une Vie de chacal

A

u premier coup d’œil, avec un titre aussi inoffensif que Des coccinelles dans des noyaux de cerise, typographié en rose sur la couverture de surcroît, on s’attendrait à une ambiance poétique et joviale. Il n’en est rien. Le protagoniste semble tout droit sorti du film Affreux, sale et méchant de Vittorio de Sica : détenu à la prison de Fresnes, il partage sa cellule avec « Le vieux », un brave bras cassé qui fait plus pitié que peur, et Medhi Cherif, qui joue dans une tout autre catégorie, celle du grand banditisme. À sa sortie, il part vivre avec « La grosse », une âme charitable, soit, mais à qui il manque une case. Si le parcours du héros a de prime abord de quoi attendrir (il a passé six mois dans le corps de sa mère maintenue artificiellement en vie), il invite ensuite à sourire avec ses magouilles farfelues dignes d’un personnage de Donald Westlake. C’est plus loin que cela se corse et que le lecteur avale des couleuvres de plus en plus charnues : le protagoniste, sous ses

son manteau des crimes de la plus grande sauvagerie ! Pétrie d’humour noir, l’intrigue prête à rire autant qu’à blêmir, et le monologue de l’antihéros sympathique se mue en logorrhée franchement antipathique. Le style, construit sur l’oralité, charrie des images cocasses et plus amères que douces : « le gang des valves », « Dédé-la-Tumeur », « il tousse comme un moteur qui aurait des ratés ». De l’amusement à la nausée, ce livre étonne, remue, et nous en fait voir de toutes les couleurs. MARION CORDIER

airs de crapule de pacotille que personne ne calcule et dont personne ne se méfie, est en réalité maître dans l’art de la dissimulation et de l’escroquerie de haut vol… Pire : un redoutable manipulateur qui cache sous

Des coccinelles dans des noyaux de cerise Nan Aurousseau Buchet Chastel, 15 €

Poétisphères

L

e nouveau numéro de la revue GPS, qui, ainsi que son nom l’indique, permet de nous orienter dans le monde touffu de la création poétique contemporaine (en fait, GPS est l’acronyme de Gazette Poétique et Sociale), réunit une collecte de textes élaborés lors d’une résidence d’écriture aux 3e et 4e trimestres 2016 à la ZIP/Plaine Page de Barjols, sous la houlette de Jean-Pierre Bobillot. Ce dernier précise dans son introduction les nouveaux enjeux de la création poétique : « on (est) passé de la typosphère (où domine le livre imprimé) à la photosphère et à la phonosphère (…) ramenés enfin au même –le « bit »- dans l’actuelle numérisphère ». « Émergera, immanquablement (précise-t-il) une autre histoire de la poésie autant que de la poétique ». C’est sans doute avec des publications comme celle de GPS et des travaux qui l’entourent que s’écrivent déjà ces nouvelles pages. 58 poètes ont apporté leur contribution, sous des formes aussi variées et intéressantes que le suggérait l’avant-propos : collages, montages photographiques, calligrammes, vers libres, courts essais… Abord visuel,

dirige la succession des écrits, si bien que l’on passe d’une photographie « dont-on parle/d’où l’on parle » de Thomas Déjeammes à une fresque symbolique aux motifs précolombiens de Jacques Demarcq puis à un calligramme de Patrick Dubost (« Voir un poème sonore, c’est l’entendre déjà »). On découvre aussi des raretés, comme celles qu’affectionne Éric Blanco qui évoque le paléophone de Charles Cros (découvert trois mois avant la machine d’Edison), poète pionnier qui inventa même l’électro-poésie ! Poésie ancrée/encrée dans le présent aussi, avec le « TOC TOC TOC des millions de réfugiés » de Cédric Lerible. Comment tout citer ? Une expérience de lecture essentielle… MARYVONNE COLOMBANI

variations de volume des graphies, mise en espace signifiante sur la page, travail à partir des sonorités, des rythmes, croisements ludiques et profonds entre les mots et leurs sens… La lecture laisse percevoir les voix des auteurs. Pas de hiérarchie dans cette foisonnante production, l’ordre alphabétique

GPS 10, Poésies expérimentales éditions Plaine Page, 15 €


82 critiques livres

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En rouge et bleu

N

ous connaissons les livres pop-up à manipulation tridimensionnelle ou les objets à vision stéréoscopique, les hologrammes, et certains ont pu apprécier la projection en 3D d’Avatar ou de Titanic. Avec le livre Anaglyph de la photographe Mireille Loup, nous tenons entre les mains probablement

le premier ouvrage d’artiste photographe qui se feuillette une fois chaussés de lunettes rouge et bleu. Le livre rassemble trois séries utilisant la technique anaglyphe élaborée au 19e siècle par Ducos du Hauron. « Là, 53.77 » et « Les Fous du Rhône » s’inscrivent dans le travail fictionnel caractéristique de Mireille Loup depuis ses débuts. À l’artifice tridimensionnel, qui pourrait n’être qu’un simple effet visuel, l’artiste attribue dans ses saynètes à vision en relief une part de leur narration. L’espace profondeur s’immisce comme un acteur virtuel, installe de l’air entre les choses, le paradoxe d’un peu d’invisible dans le visible et par là une forme de distanciation quant à la construction de ses propres images. L’effet est édifiant dans le nostalgique « Le reflet » où s’envolent un livre et une montre à gousset surdimensionnés. Reprenant à son compte un procédé archaïque, Mireille Loup réactive aussi les couches du passé, quand s’inventaient les procédés simulant la troisième dimension avec leur part d’illusoire. Christian Gattinoni, un des contributeurs, historien et critique

d’art, met en exergue ces « doubles jeux de rôles », tandis que Cécile Camart pour la série « 53.77 » parle de « trappes temporelles ». Nicolas Mavrikakis, à propos de la série « Là », reprenant l’historique du projet, se penche sur les enjeux de la mémoire et de la réalité virtuelle. Le dernier travail de la photographe arlésienne répond à une commande du Musée de la Camargue, présentée par sa conservatrice Estelle Rouquette. « Les Fous du Rhône » met en scène cinq personnes dans leur contexte d’élection. On tirera un coup de chapeau à l’éditeur et à sa maquettiste Elisabetta Cavallo qui ont su relever le défi d’une réalisation périlleuse. Une sélection issue de ces trois séries est à voir à la galerie Voies Off, à Arles jusqu’au 4 avril. CLAUDE LORIN

Anaglyph Mireille Loup Images Plurielles, 25 €

Un climat d’apocalypse

U

ne image merveilleusement cinématographique : deux talons aiguilles noirs sur une rivière glacée, la nuit. C’est le début de l’histoire d’amour de Grigori et Maria. Mais les aléas du régime soviétique vont les séparer. Grigori est devenu un chirurgien estimé et solitaire à Moscou. Maria a dû abandonner son métier de journaliste pour faire des ménages. Et, le 26 avril 1986 survient la catastrophe nucléaire de Tchernobyl. Événement pivot du roman, il lui donne sa matière, sa profondeur, son unité. Un réacteur prend feu, une explosion sème la terreur, les secouristes sont démunis ; pas d’iode, pas de consignes puisqu’une telle catastrophe ne pouvait pas arriver dans l’empire soviétique : « On ne peut pas plus prévoir une telle chose qu’elle ne peut se produire » ! À 12 ans Darragh McKeon a été troublé par sa rencontre avec de jeunes russes venus en vacances dans son Irlande natale. Dès lors, il s’est beaucoup documenté sur les risques du nucléaire et le projet d’un roman a longuement mûri. Mêlant actualité féroce

L’effritement du pouvoir soviétique, sa fin proche sont superbement montrés. L’émotion affleure dans la générosité de Grigori qui se bat, abandonné de tous, pour sauver ceux qui peuvent encore l’être, dans l’énergie de Maria et de ses amis à résister. Une fresque sombre et magnifique. CHRIS BOURGUE

Prix LIRE du meilleur premier roman étranger en 2015 Sélectionné pour l’édition 2016-17 du Prix littéraire des lycéens de PACA Sortie en poche (éditions 10-18) le 16 mars

et fiction émouvante, il nous confronte au calvaire des populations irradiées, évacuées puis parquées dans des conditions misérables, négligées par l’Etat qui minimise et cache même honteusement les conséquences de l’explosion. Le style reste sobre, presque clinique, les phrases rognées jusqu’à l’os.

Tout ce qui est solide se dissout dans l’air Darragh McKeon Belfond, 22 € / 10-18, 8,80 €



84 critiques livres

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Le béton est-il fasciste ?

«

Il faut le bon plan, le plan totalitaire symphonique, qui réponde aux besoins collectifs et assure le bonheur individuel. Ici est le rôle tout puissant et bienfaisant de l’autorité : l’autorité, père de famille ». Quel est l’auteur de ces propos pour le moins effrayants ? Le Corbusier… Il inaugura le siège

du Faisceau en 1925, sera séduit par le sens de la planification soviétique, et s’engagera auprès de fascistes français pendant 20 ans. Le 31 octobre 1940, il écrivait à sa mère « Hitler peut couronner sa vie par une œuvre grandiose : l’aménagement de l’Europe » et en novembre 40 à son frère « L’argent, les Juifs (en partie responsables), la Franc-maçonnerie, tout subira la loi juste »… Et se réjouit un peu plus tard : « Il s’est fait un véritable miracle avec Pétain. Tout aurait pu s’écrouler, s’anéantir dans l’anarchie. Tout est sauvé…» Il peut en effet aimer le Maréchal : il sera titularisé quoique sans diplôme par l’Ordre des architectes (créé le 26 janvier 1941) ! Polémique sans aucun doute, le petit livre rouge d’Olivier Barancy, remarquablement documenté, Misère de l’espace moderne. La production de Le Corbusier et ses conséquences, qui dénonce le « caractère totalitaire de ses projets et la misère spatiale qu’il a engendrée ». Le Corbusier est ici présenté comme un idéologue, mégalomane, méprisant les personnes qui doivent s’adapter à son architecture et non

l’inverse. Olivier Barancy rappelle d’abord les conditions historiques qui ont conduit aux planifications diverses d’aménagement du territoire à partir de 1947 et l’influence déterminante qu’a exercée Le Corbusier. Les grands ensembles que l’on nommera bien vite des « cages à lapins » découlent de La Charte d’Athènes (publiée en 1941 sous le titre La ville fonctionnelle). Olivier Barancy démonte avec clarté les mécanismes économiques qui ont présidé à ces constructions, et, par une édifiante accumulation d’exemples, nous donne à considérer autrement celui dont l’œuvre est inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO… Sans doute parce qu’il préférait « le discours à la chose bâtie et l’image à la réalité » ? MARYVONNE COLOMBANI

Misère de l’espace moderne. La production de Le Corbusier et ses conséquences Olivier Barancy éditions Agone, collection Contre-Feux, 14 €

Premier mouvement de solidarité internationale

P

ublié dès 1945 aux États-Unis, Surrender on Demand, du journaliste américain Varian Fry, ne sera traduit et publié en français qu’en 1999, chez Plon, sous le titre La liste noire. Les éditions Agone en proposent une nouvelle traduction d’Édith Ochs, et l’assortissent d’articles de presse écrits par Varian Fry, où dès 1942, il consigne qu’en 1935, on pouvait déjà deviner le sort prévu pour les Juifs d’Europe, d’un glossaire des noms cités et d’une passionnante postface de Charles Jacquier. On vit au jour le jour la mission de Varian Fry, envoyé en août 1940 par l’Emergency Rescue Committee qu’il a en partie fondé, mué en Centre Américain de Secours (façade inoffensive) à Marseille. Il a une liste de 200 écrivains, scientifiques et artistes en danger à évacuer. Il ne devait rester que trois semaines, il agira finalement treize mois. Au CAS, on pratique l’art des faux-papiers, (passeports, laissez-passer, visas de transit), les négociations avec les passeurs, on compose avec les variations des lois d’immigration qui font changer les

destinations (beaucoup partent au Mexique ou dans d’autres pays d’Amérique du Sud), les lenteurs, les lourdeurs administratives, les sommes à verser, considérables… Seront ainsi sauvés André Breton, Walter Mehring, Jean Malaquais, Marc Chagall… Des centaines d’anonymes s’ajouteront à la liste des

premiers noms. Un récit bouleversant où l’on croise artistes et anonymes, et les collaborateurs exceptionnels de Varian Fry, par exemple Daniel Bénédite qui maintiendra l’activité du CAS jusqu’en juin 42. On révise aussi son histoire, certains points gagnent des éclairages nouveaux… parfois peu glorieux. Charles Jacquier, qui resitue dans sa postface l’action de Varian Fry dans son contexte, rappelle l’importance du monde syndical dans cette première manifestation de solidarité internationale, la translation du centre de gravité de l’art moderne « de l’Ancien vers le Nouveau Monde », et esquisse une mise en perspective avec les évènements actuels : « que les commémorations des résistances passées ne servent pas de cache-sexe aux ignominies d’un présent ». MARYVONNE COLOMBANI

Livrer sur demande. Quand les artistes, les dissidents et les Juifs fuyaient les nazis (Marseille 1940-1941) Varian Fry éditions Agone, 15 €


le meilleur des

© ALEX MAHIEU

réveils 6h-9h30


86 patrimoine

Rencontre éblouissante entre les plus vieilles peintures de l’humanité connues à ce jour (elles ont 36000 ans !) et la technologie de pointe, l’exposition Derrière la paroi, La grotte Chauvet-Pont d’Arc révélée par la 3D, est un modèle du genre.

16 milliards de points de Préhistoire des Gorges du Verdon : panneaux rétro-éclairés, dans une version grand format assortis d’écrans interactifs qui permettent au visiteur de se promener dans certaines salles de la grotte, projections d’interviews, dont celle de Marie Bardisa, conservatrice de la Grotte Chauvet-Pont d’Arc, qui confie que tout n’est pas encore découvert et que des détails nouveaux apparaissent… (gravures dans les espaces vides, ou sous les peintures !)

Un art maîtrisé

Vue d’un des panneaux 3D de l’exposition © Maryvonne Colombani

C

ette année, le musée de Préhistoire des Gorges du Verdon nous offre une exposition particulière qui s’attache à présenter non seulement un lieu dont la découverte en 1994 par les spéléologues Éliette Brunel, Jean-Marie Chauvet et Christian Hillaire a défrayé la chronique et bouleversé la vision de nos origines, mais aussi le remarquable travail de sa restitution, qui révèle les merveilles abritées dans les ombres de cette « grotte-sanctuaire ».

La 3D au service de la Préhistoire Dès sa découverte, la conscience de son importance et de la nécessité de la préserver prime : les spéléologues avancent sur un « tapis » de plastique dans les profondeurs d’une grotte dont la superficie avoisine les 8500 m2 (Lascaux en compte 700), et qui abrite, dans un état de conservation incroyable, des restes de foyers destinés à éclairer et à produire des pigments charbonneux, des traces de pas (un adolescent, des ours, …), des centaines d’ossements d’ours,

et des représentations rouges et noires d’une époustouflante beauté. Aussi, interdite dès le début au grand public, Patrimoine mondial de l’Unesco (2014), la grotte va faire l’objet d’une restitution, baptisée Caverne du Pont d’Arc, grâce au relevé 3D effectué par des scanners (cabinet Perazio) : 500 000 points à la seconde, et 6 000 photographies en HD (Lionel Guichard) apposées comme une « peau informatique »… Un ouvrage de référence rend compte de ce travail, Chauvet-Pont d’Arc, Le premier chef-d’œuvre de l’humanité révélé par la 3D, écrit, sous le contrôle scientifique du géomorphologue Benjamin Sadier, par le journaliste scientifique Pedro Lima. Les étapes et les enjeux sont présentés de façon passionnante (la situation des lieux, la chronologie, la présentation des moyens mis en œuvre pour la restitution 3D, comme retrouver les gestes et les outils afin de pouvoir élaborer les répliques des œuvres), illustrés par les photographies et les images réalisées dans le modèle 3D par Philippe Psaïla. Ces deux derniers sont aussi les commissaires de l’exposition temporaire présentée au Musée

Admiration et émotion devant la perfection des techniques, doigts, mains, fusain, estompe, pinceaux… et une maîtrise sans faille pour transcrire perspective, effets de groupe (la forêt des cornes des rhinocéros qui chargent n’est pas sans préfigurer celle des lances de la mosaïque pompéienne d’Alexandre à la bataille de l’Issos), mouvement, exploitation de l’espace (avec des tableaux immenses à la construction rigoureuse), sens des proportions, de l’effet d’optique. Pas de représentation de paysage, mais les volumes de la grotte en suggèrent les lignes : les pattes s’animent sur une fissure, les ventres, les dos, s’appuient sur une bosse ou un creux de la paroi… La notion de progrès en art s’effrite ici définitivement ! Les mythes et les symboles semblent s’inventer sur ces murs. Ici, une Vénus aux jambes enlacées à un bison, là un crâne d’ours sur ce qui pourrait être un autel, là encore, le souffle vital représenté aux naseaux d’un petit cheval… C’était il y a 36 000 ans, et déjà, par l’art, l’Homo Sapiens (nous), tissait une relation au monde emplie d’interrogations et de curiosité. MARYVONNE COLOMBANI

Derrière la paroi, La grotte Chauvet-Pont d’Arc révélée par la 3D 10 février au 30 novembre Musée de Préhistoire des Gorges du Verdon, Quinson 04 92 74 09 59 museeprehistoire.com Chauvet-Pont d’Arc : le premier chef-d’œuvre de l’humanité révélé par la 3D Pedro Lima éditions Synops, 34.90 €


Vies d’ordures De l’économie des déchets Exposition 22 mars—14 août 2017

Mucem #viesdordures

Esplanade du j4, 7 promenade Robert Laffont, 13002 Marseille

Avec le soutien de

Véhicule de transport des déchets, Le Caire, Égypte, 2015, photo David Degner © David Degner / Mucem

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Sérigraphie : Lézard Graphique


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