Supplément MP2013 nov 2012

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SPÉCIAL MP2013 | 14 nov 2012


Fier de sa ville, et au-delà… Que pense monsieur le Maire de sa capitale européenne ? À la veille de l’ouverture, nous avons voulu recueillir son point de vue sur cette Capitale culturelle, qu’il a désirée. Zibeline : Comment cette idée de faire concourir Marseille au titre de Capitale Européenne de la Culture vous estelle venue? Jean-Claude Gaudin : C’est tout un dessein fédérateur. J’étais convaincu qu’il fallait mettre toutes les énergies d’un vaste territoire, qui s’étend d’Arles à Marseille en passant par Aix-en-Provence, en commun. Cette grande aventure, nous permettait de montrer Marseille sous un nouveau jour, celui de la culture. L’image de la Cité Phocéenne se cantonnait surtout au sport et en particulier au football. Cette opportunité nous a donné l’occasion de changer cette vision. Et c’est autour d’un projet culturel innovant, sur le thème de l’Europe vers la Méditerranée, indissociables dans l’histoire de notre ville, que nous avons remporté ce concours. Ainsi par la culture, nous pouvons rapprocher les hommes d’une rive à l’autre de la Méditerranée, mais aussi d’une rue à l’autre des villes de ce territoire. Pourquoi proposer de travailler à l’échelle de Marseille Provence, qui n’est pas politiquement, un territoire unifié ? Vouliez-vous anticiper le développement d’une grande agglomération ? Parce que l’idée était nouvelle et que cela pouvait être une façon originale de remporter la compétition ! Ainsi, on a pu laisser nos différences politiques de côté pour instaurer Jean-Claude Gaudin, Sénateur-Maire UMP de Marseille © Agnès Mellon

un nouveau dialogue interculturel avec un objectif commun. Je pense que c’est ce qui a fait la différence avec les autres candidatures. Maintenant, y voir une façon d’anticiper le développement d’une grande agglomération, pourquoi pas… Mais c’est à l’État de mettre en œuvre cette nouvelle dynamique et de permettre le rapprochement des différentes intercommunalités. Il est sûr que la création d’une Métropole permettrait une meilleure gestion du territoire marseillais, notamment pour une amélioration de la répartition des ressources financières. Pourquoi, après l’échec de la candidature à l’America’s Cup, avoir choisi d’investir dans un événement culturel plutôt que sportif par exemple ? Est-ce que selon vous cela amène un développement différent en termes d’image, au niveau du tourisme, et pour les habitants du territoire ? Même si nous n’avons pas été choisis pour l’America’s Cup, nous ne pouvons par parler d’échec. Durant toute la candidature les médias du monde entier pointaient leurs projecteurs sur notre ville et cela nous a permis d’être reconnus parmi les grandes villes sportives capables d’organiser de grands événements internationaux. Nous avons su transformer l’essai, si je puis dire, en accueillant la Coupe du Monde de Rugby en 2007. D’autres grands rendez-vous sportifs sont encore à venir dans notre cité autour du football avec l’Euro 2016… Donc une chose est certaine, Marseille sait organiser de grands rendezvous à l’échelle internationale, nous l’avons vu avec le Forum Mondial de l’Eau. Des événements comme l’Année Capitale Européenne de la Culture attirent le Monde dans notre ville. Nous avons tous les atouts en main pour développer l’attractivité touristique de Marseille. Nous devons nous appuyer sur une offre culturelle existante (Festivals, l’Opéra de Marseille, les Arts de la rue, le Ballet National de Marseille…) et mettre en valeur le patrimoine historique de la plus ancienne ville de France. L’activité touristique doit s’affirmer comme un pilier de l’économie marseillaise. C’est pourquoi nous avons beaucoup investi dans l’accueil de congrès et de salons, et nous poursuivons l’objectif d’être la tête de ligne des croisières en Méditerranée. Grâce à ce secteur en plein essor nous créons des milliers d’emplois, à tous les niveaux de qualification. Pour continuer à lutter contre le chômage et améliorer la qualité de vie des Marseillais, nous devons poursuivre. Mais le tourisme ne peut se développer sans la culture. Mais depuis que MP2013 a été retenue comme Capitale Européenne de la Culture, on a le sentiment que vous êtes plus en retrait que lors de la phase de candidature. Quelles en sont les raisons ? Je suis avec autant d’attention la préparation que je l’ai fait pour la candidature. Simplement, j’ai tout de suite voulu créer une association qui s’occupe de la programmation. Lorsque j’ai choisi Bernard Latarjet pour

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piloter et créer le projet, il était clair dans mon esprit qu’il ne fallait pas me mêler du projet culturel qui devait être indépendant. D’ailleurs, au Conseil d’Administration de l’Association Marseille Provence 2013, comme chaque ville partenaire, la métropole marseillaise n’a qu’une seule voix, portée par la députée européenne Dominique Vlasto. Mais si l’association a conçu et doit mettre en œuvre le programme artistique, il appartient en revanche à la Ville de Marseille de réaliser les équipements publics qui accueilleront les manifestations culturelles, et de mettre en œuvre le développement urbain pour recevoir tous les visiteurs attendus en 2013.

des Beaux-Arts abrite notamment l’exposition phare 2013, Le Grand Atelier du Midi. Le château Borély sera rénové pour héberger le musée des arts décoratifs et de la mode. Quant au Musée d’histoire, il sera agrandi et restructuré pour offrir aux visiteurs un espace ouvert sur le port antique et une collection unique au monde. Tous proposent une offre artistique et patrimoniale de premier plan. Tous deviennent des lieux à vocation multiple, où le visiteur peut à la fois se promener dans un cadre agréable et profiter d’équipements culturels exceptionnels.

Les difficultés politiques -retrait de Toulon et son agglomération, menaces de retrait de Mme Joissains- sont plutôt venues des municipalités UMP que des municipalités ou collectivités PS ou PC. Comment l’expliquezvous ? Ce n’est pas une question politique mais un problème de travail en commun. Nous avons souhaité que de nombreuses villes soient associées à ce grand défi. Si certaines ne l’ont pas voulu, le choix leur appartient. Je pense néanmoins que nous devons aujourd’hui raisonner à l’échelle métropolitaine. Vous connaissez les difficultés du dossier ! Cependant, nous travaillons très bien avec Aix-en-Provence pour l’organisation de l’exposition phare de l’année 2013 Le Grand Atelier du Midi qui aura lieu conjointement au musée Granet et au Musée des Beaux-Arts de Longchamp. Un partenariat que nous avons initié dès cet automne avec l’exposition consacrée au photographe Bernard Plossu qui est également dans nos deux villes. C’est une première étape.

Parmi tous ces nouveaux bâtiments, ou rénovations de bâtiments, desquels êtes-vous le plus fier ? Le Pavillon M sera la figure de proue des moyens mis en œuvre par la Ville de Marseille. Cette structure éphémère, qui s’installera sur 3000 m2 place Villeneuve Bargemon, sera l’interface entre la programmation 2013 et le grand public, un lieu d’information multi-guichets qui fournira tous les renseignements pratiques de l’année 2013. Il donnera l’image d’un territoire porteur des valeurs d’ouverture et de partage qui ont permis d’obtenir le label de capitale européenne de la culture. Dès le week-end d’ouverture il sera la vitrine d’une ville dédiée à la valorisation de ses innombrables atouts. II va mettre la Cité Phocéenne sous les feux de la rampe européenne, tout en guidant les visiteurs dans leurs premiers pas à Marseille. Je suis très fier également du Mémorial de La Marseillaise, qui est novateur dans la présentation historique de la Révolution Française. Et j’ai une affection particulière pour le Musée d’Histoire de Marseille, entièrement rénové et qui sera étendu sur plus de 6500 m2 en faisant l’un des plus grands musées d’Histoire en France et en Europe. Il exposera une collection unique au monde des vestiges et témoignages des 2600 ans d’existence de la Cité phocéenne. Nous avons investi 30 millions d’euros dans cet équipement qui devrait ouvrir ses portes au public en septembre 2013. Tous les équipements remplissent-ils leurs objectifs ? Ceux qui sont gérés par des délégations de service public, comme le Silo ou le Mémorial de la Marseillaise, vous donnent-ils satisfaction ? Pour ce qui est des DSP, je prendrais l’exemple du Silo, «Olympia sur Mer» qui remplit son rôle et propose une programmation de premier plan au public, saluée par la critique. De nombreux producteurs nous sollicitent pour l’intégrer dans les tournées de leurs artistes.

Pouvez-vous dire ce qui, dans la programmation concoctée par MarseilleProvence 2013, vous réjouit particulièrement, et ce dont vous regrettez l’absence ? La programmation préparée par l’association Marseille Provence 2013 est à la hauteur du défi qui nous a été lancé. J’ai immédiatement souhaité que cette association puisse travailler en toute indépendance, pour façonner le contenu culturel de 2013, car ce travail constitue leur cœur de métier et n’est pas celui des politiques. Je suis particulièrement satisfait du programme prévu pour le week-end d’ouverture, les 12 et 13 janvier prochains. Marseille vibrera de festivités, animations et spectacles lumineux qui illumineront la ville. Par ailleurs, une Grande Clameur s’élèvera, constituée des cornes de brume des navires, des sirènes de la ville, des cloches des églises et des cris du public. Nul ne pourra ignorer que Marseille entre dans une année exceptionnelle ! La Ville a investi dans de nombreux équipements culturels pour que Marseille soit capable d’accueillir l’année capitale. Pourriez-vous préciser la somme de ces investissements par la Ville ? Et à quelle hauteur l’Etat, les collectivités territoriales, ainsi que les fonds privés ont abondé ces investissements ? 660 millions d’euros ont été investis dont 40 % financés par la Municipalité. D’innombrables chantiers sont déjà sortis de terre, pour renforcer l’offre culturelle et doter Marseille d’équipements dignes d’une grande métropole: le Mémorial de la Marseillaise consacré à l’Hymne National ; le Château de la Buzine de Marcel Pagnol, restauré en Maison des Cinématographies de la Méditerranée ; le Silo d’Arenc, transformé en salle de spectacles avec vue sur mer ; la Cité des Arts de la Rue pour encourager les arts urbains ; le cinéma l’Alhambra, salle d’art et d’essai mythique tout juste rénové ; la Friche de la Belle de Mai, vaste lieu de création ; Le Moulin, scène de musiques actuelles. Nous avons lancé un vaste chantier destiné à rénover les musées marseillais pour accueillir des expositions et des collections prestigieuses. Le Palais Longchamp et ses jardins seront restaurés, pour que le Musée

Vous avez dès toujours insisté sur l’importance d’un développement culturel qui se pérennise après 2013. Pour financer les programmations de ces nouveaux bâtiments, avez-vous prévu une augmentation globale du budget de fonctionnement de la culture en 2014 ? Si non, comment envisagez-vous le financement de leur programmation ? 2013 n’est pas une finalité en soi. C’est pour nous l’affirmation d’une nouvelle dynamique que nous voulons faire reconnaître. C’est une chance pour notre économie, pour le développement touristique et pour l’attractivité de Marseille. Il est évident que nous n’avons pas créé des équipements culturels pour les laisser mourir. Après l’Année Capitale, notre ville continuera à accueillir de grandes expositions internationales, de grands concerts, des festivals de qualité. Le budget de la culture tiendra compte de ces changements, de ces nouveaux lieux et de ces équipements. En 1995, la Municipalité consacrait 70 millions d’€ de son budget à la Culture. En 2013, ce sont 160 millions d’€ qui y sont dédiés. Nous sommes conscients qu’être Capitale Européenne de la Culture est une merveilleuse chance pour Marseille ! ENTRETIEN RÉALISÉ PAR AGNÈS FRESCHEL

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Le week-end d’ouverture L’année 2013 commence … le 12 janvier ! L’ouverture de la Capitale européenne de la Culture va se décliner en quatre temps successifs, le temps d’un week-end. Avec la possibilité de tout suivre en se déplaçant ! C’est Aix-en-Provence qui inaugure les festivités avec L’art à l’endroit, un parcours d’art contemporain inauguré le 12 janvier à 13 heures. Puis Marseille va dès 17h30 parier sur une Fête d’ouverture, pleine de lumière et de clameur, qui se déplacera

des quartiers nord vers un centre ville entièrement piéton qui criera, dansera, s’illuminera, jusqu’à l’aube. Le dimanche le rendez-vous sera plus familial : une gigantesque Chasse au 13’Or animera de 10h à 15h tout le département, d’Aubagne à Saint-Rémy, de Cassis à Salon-de-Provence. Le 13 janvier à 18h30, c’est Arles qui débutera elle aussi en lumières avec le groupe F, un bal, des vernissages. Une Révélation pour une année capitale.

La Fête d’Ouverture

Détail © P. Moutte/Sud Side, les ateliers spectaculaires – esquisse Parade des lumières 03/2012 pour Marseille-Provence 2013

Le rôle attribué à Marseille durant ce week-end d’ouverture avait de quoi étonner : à Aix l’art contemporain, aux autres communes la découverte patrimoniale, à Arles une coda spectaculaire, tandis que Marseille est renvoyée à son éternelle identité populaire ? Ouvrir par une fête ne place-t-il pas la Ville centre aux marges esthétiques d’une manifestation culturelle dont elle est pourtant, structurellement, le point névralgique ? Mais ce serait mal comprendre la volonté de brassage des identités et de circulation territoriale… car il s’agit bien à Aix d’encanailler un peu les amateurs d’art, et à Marseille de partager de véritables propositions artistiques faites par tous, et surtout par des Marseillais. De fait c’est ainsi que Bernard Souroque et son équipe entendent le slogan du premier épisode de l’année capitale : Marseille accueille le monde ne signifie pas, pour eux, que Marseille veut admirer passivement les artistes du monde venus jusqu’à elle. Pour l’équipe de la Fête d’ouverture il s’agit que les citoyens marseillais, les artistes et compagnies

Supplément gratuit de Zibeline n°57 Edité en 21000 exemplaires Sur papier recyclé Imprimé par Rotimpres 17181 Aiguaviva (Esp.)

Directrice commerciale Véronique Linais vlinais@yahoo.fr 06 63 70 64 18

Directrice de publication Agnès Freschel

Rédacteurs Agnès Freschel Marie Godfrin-Guidicelli Gaëlle Cloarec Delphine Michelangeli

Maquette Philippe Perotti

du territoire, montrent au monde ce dont ils sont capables ! Cela fait 10 ans qu’il n’y a pas eu de grande fête à Marseille, en dehors du sport. Par trois fois pourtant la Ville avait organisé de grands événements impliquant la population et faisant vibrer étonnamment les rues, dans des communions exceptionnelles. On se souvient de la Massalia en 1999 où Bernard Souroque, déjà lui, avait su donner la parole aux Vietnamiens et aux Comoriens de Marseille. De l’Odyssée de la Canebière en 2002, où tous les enfants de Marseille avaient appris le même chant … En 2013 la Fête d’ouverture devra être encore plus éclatante, et laisser des traces. Dans les mémoires, les écrits, les images, les cœurs. Parce que la ville aura disjoncté, hurlé, aura rassemblé le monde entier sur ses trottoirs, aura illuminé le ciel. Parce Marseille depuis 26 siècles a inventé ses propres légendes, et qu’il est temps de recommencer, ensemble, à écrire un récit commun.

Couverture

Cabaret visage © Compagnie l’Immédiat Camille Boitel

Zibeline 76 avenue de la Panouse n°11 13009 Marseille Dépôt légal janvier 2008


GRAND LITTORAL, La Parade des Lumières

Détail © P. Moutte/Sud Side, les ateliers spectaculaires – esquisse Parade des lumières 03/2012 pour Marseille-Provence 2013

Il est 17h24 le 12 janvier, sur Le Balcon des Mondes. Le soleil se couche sur la mer… et tout commence. Là, dans les Quartiers Nord qui défrayent la chronique médiatique, sur le parking d’un centre commercial à la vue sur la baie époustouflante, la Parade des Lumières s’élance : un immense défilé de véhicules désossés, colorés et baroques, pour rendre hommage à l’inventivité industrielle de ceux qui créent notre monde avec leurs mains. Une célébration du passé industriel qui tient particulièrement à cœur à l’équipe de la Fête d’ouverture, qui lui a consacré une bonne part de son budget. Des élèves de tous âges, du CM1 au lycée, ont travaillé depuis six mois avec les Ateliers Sud Side ou Les Petits Débrouillards pour construire en grand les camions poétiques de nos jeux d’enfant : classes de métiers de la mode, de mécanique, d’arts appliqués, de carrosserie à la fabrique et élèves de collèges et de primaire pour interpréter les personnages… Durant une heure motos, camions de pompiers, caravanes, voitures, bétonnières animées descendront vers la mer et le Couchant, allumant peu à peu leurs flammes, jusqu’à L’illumination de la grande roue qui allumera la mèche de la fête…

AXE CENTRAL, Grande Clameur, Black Out, Vague Lumière et feux 18h55. La circulation automobile dans tout le centre de la ville est bloquée depuis 17h, et Marseille s’invente une grande circulation piétonne, du Pharo au J4 en passant par la Canebière… Des mesures de sécurité exceptionnelles sont déployées, jusqu’à trois heures du matin les transports publics vont desservir très fréquemment le Centre, les métros sillonner l’espace souterrain, pour que les Marseillais, les habitants du territoire et tous ceux qui viennent d’ailleurs à la fête puissent circuler autrement… 18h55. la Grande roue s’enflamme sur la colline au Nord, signal de départ de la vague des sons de villes, cornes de brume, cloches d’églises et carillons, puis de la Grande Clameur. Pendant 5 minutes les habitants rassemblés en une trentaine de lieux actifs de la Capitale, du Gymnase à la Criée, du Dock des Suds à la Villa Méditerranée, vont crier, chanter, taper, s’électrifier, guidés par des artistes qui ont concocté pour eux 1000 manières de saturer l’espace sonore… Jusqu’à tout faire disjoncter ! Pendant trois minutes Marseille sera envahie de ténèbres, les éclairages publics seront éteints, les bâtiments plongés dans un total Black Out, installant 3 minutes de suspension commune, de souffle retenu dans le noir inédit de la ville… puis la Vague Lumière et feux éclatera sur la mer, réinitialisant l’espace, les bâtiments qui inaugurent leurs nouveaux éclairages pour célébrer l’entrée en 2013, tandis que la Bonne Mère et le Château d’If illumineront, incandescents, la ville et la mer.

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black out


AXE CENTRAL, L’enceinte de la fête À 19h15 chacun choisit sa fête ! Qui se décline en cinq espaces, mais une centaine de propositions. D’UNE RIVE À L’AUTRE La Canebière, le Vieux-Port, la place Bargemon, le Cours Belsunce, le boulevard Sadi-Carnot vont plonger le public dans des univers poétiques en évolution permanente : installations, performances visuelles, jets d’eau, chutes de plumes et sculptures de glace, projections monumentales sur les bâtiments, féérie aérienne, spectacle de cirque… Sans oublier bien sûr fiesta flamenca et balèti, parce qu’il faut bien danser. EN TRANSIT Le Panier, quartier historique dont l’urbanité chaleureuse mais étroite ne peut recevoir des foules, sera un espace de passage, et un parcours d’art urbain mènera vers un Balbaroc flamboyant à la Vieille Charité. Participatif, récréatif et choral ! AVENUE MONDE Le Boulevard des Dames et l’Avenue de la République seront l’axe névralgique de la fête, animé en permanence par le Trio électrico et le Marseilles méga band, en avant vers les musiques du monde. UN POINT SUR LES «J» Du J4 au J1 tout un quartier nouveau se dévoile, sous le signe d’Ulysse sur la jetée, et des sirènes africaines dans la cathédrale Major. Un espace contemplatif, pour prendre une pause…

© Agnès Mellon

Aux commandes des dizaines de compagnies et d’artistes de la région, de Juan Carmona aux Studios de Cirque en passant par Léda Atomica Musique, l’ensemble Télémaque, le Groupe F, par Benjamin Carbonne qui expose ses silhouettes humaines dans la Montée des Accoules, Alain Aubin qui fait chanter 300 choristes dans la Major… Tous les spectacles seront joués en continu ou plusieurs fois, pour que tous les lieux demeurent animés durant toute la Fête. On retrouvera aussi les véhicules de la Parade descendus du Balcon pour animer le Centre, et toutes les heures, comme un écho, une Vague lumière et feux rallumera les esprits fatigués… jusqu’à l’aube.

CIUTAT NÓVA À La Joliette et Arenc la ville se transforme, et on découvre ces nouveaux espaces où va s’écrire l’histoire de demain. Pour mieux rêver ensemble l’avenir de Marseille. Place des Anges, Studios de cirque Costumes Buenos © Olivier Crova

ALAIN AUBIN, Aïodé ! «Lorsqu’on m’a demandé d’écrire pour la fête d’ouverture, j’ai tout de suite précisé que je voulais y parler d’exil et de mort. Du voyage des Africains vers l’Europe, de ces vies s’éteignent au fond des barques brisées sans que personne n’en parle au JT. J’avais un peu peur que MP2013 ne trouve le thème trop grave, cet appel des sirènes vers un horizon hostile… mais on m’a laissé carte blanche, avec un vrai respect pour le travail artistique.» Car Aoïdé, c’est le chant d’une sirène, l’appel au voyage. L’oratorio, écrit et composé par Alain Aubin, est ponctué de langue marseillaise. Car il aimerait

«qu’à l’occasion de MP2013 les particularismes marseillais soient pris en compte comme des éléments de civilisation». Sa création sera chantée par deux chœurs mixtes qui se répondent sur le principe de certains chants populaires, un ostinato qui suit le mouvement des vagues, un thème mélodique sur une échelle pentatonique, pratiquée dans toutes les musiques du monde. Avec L’Académie du chant populaire et 10 autres chœurs rassemblés, Philippe Gueit au grand orgue, un quatuor de cuivres, Jacques Chalmeau à la direction…

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L’ART À L’ENDROIT, Parcours d’art contemporain Dots Obsession Day, Yayoi Kusama City Gallery de Wellington, 2009 © Franck Gautherot

En racontant son premier épisode dans les rues d’Aix-en-Provence, MP2013 place son Ouverture sous le double signe d’un patrimoine revisité, et d’un ancrage dans la création contemporaine. Avec 14 sites publics, 12 artistes internationaux, 14 œuvres dont une majorité de commandes, L’Art à l’endroit utilise les identités des lieux sélectionnés pour «mettre en perspective ouverte les caractéristiques» de la vie civile, culturelle, urbaine et spirituelle. Car l’exposition est née d’une réflexion sur la pratique du vivre ensemble dans l’espace public, et son commissariat a été confié à Xavier Douroux, codirecteur du Consortium à Dijon, qui a choisi de faire entrer en résonance l’artiste, l’œuvre et le lieu. Une manière d’insuffler de nouvelles vibrations, sur la façade aveugle de la Cour d’Appel, de multiplier les points de vue, en surplomb à l’atrium du Grand Théâtre de Provence, ou d’inventer, au Tribunal de Grande Instance, des contre-plongées au cœur de l’architecture aixoise, elle-même œuvre d’art patrimoniale. Le parcours ne propose pas d’intégrer l’œuvre à l’architecture ou de s’emparer de son environnement, mais de faire naitre de nouvelles «articulations» générées par les lieux culturels, sociaux, de savoir ou religieux. Ce positionnement singulier privilégie la création contemporaine à travers la production de 11 œuvres inédites.

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Marc Camille Chaimowicz Abbaye de Silvacane et chapelle de la Consolation Créations, Resting… and Learning Marc Camille Chaimowicz habille de coussins de velours les assises de la nef centrale de l’abbaye de Silvacane et réinvestit l’armarium de 102 faux livres fabriqués sur mesure (102 étant le nombre exact de livres que possédaient les moines) ; à la chapelle de la Consolation, il dépose un prie-Dieu au centre de la nef centrale et obture les chapelles sur les côtés par de grandes tentures en velours du même coloris que ceux utilisés à l’abbaye. Rachel Feinstein Fontaine de la Rotonde Création, Puritan’s Delight L’artiste américaine utilise la peinture à l’huile sur verre, le plâtre et le bois pour ses sculptures. Matériaux que l’on retrouve dans le «carrosse» installé dans le premier bassin de la fontaine de la Rotonde, en écho aux promenades pour voitures à cheval au XVIIe.


Mark Handforth Place François Villon Création, Horseshoes Les sculptures de Mark Handforth détournent les objets du quotidien et le mobilier urbain, et ses installations sont fortement marquées par la réalité sociologique : à Aix, il installe une sculpture composée d’un fer à cheval en couleur d’environ 3 m de haut, sur lequel sont enchâssés deux autres fers à cheval plus petits, également colorés. Le public pourra s’asseoir sur le fer horizontal. Thomas Houseago Mausolée Joseph Sec et Place de l’Université Créations, Seatting Woman et Panels Thomas Houseago explore les matériaux et les techniques traditionnels de la sculpture pour questionner le volume, le relief, la monumentalité, le jeu entre bi-dimensionnalité et tridimensionnalité. Place de l’Université, il expose une sculpture monumentale en bronze (Seatting Woman), et au Mausolée Joseph Sec des bas-reliefs géants (Panels). Kimsooja Façades de la ville Créations, Flags Son travail l’inscrit dans la famille des artistes géographiques dont le parcours est scandé par des allers-retours : Taegu en Corée où elle est née et New York où elle vit. Elle crée une série d’affiches 4x3 m avec des surimpressions de différents drapeaux, «placardées» sur les espaces d’affichage et sur les façades pour créer des points de vue et des perspectives inhabituels.

Yayoi Kusama Cours Mirabeau Création, Ascension of Polkadots on Trees Kusama habille les platanes du cours Mirabeau avec du tissu à pois, dans une dimension féérique et hallucinatoire. Son intervention s’inscrit dans une pratique artistique obsessionnelle fondée sur la répétition et la multiplication des signes, particulièrement le motif du pois. Huang Yong Ping Patio du Grand Théâtre de Provence Création, Abbottabad Son œuvre est le symbole de la démocratie, un grand geste pour la liberté et contre la barbarie. L’artiste reproduit en miniature et en terre cuite traditionnelle chinoise le dernier bunker de Ben Laden, en y ajoutant une végétation envahissante : la force de la nature reprend ses droits en poussant où elle peut… Ugo Rondinone Place Saint Jean de Malte Création, I feel, you feel, we feel through each other into our selves Connu depuis le milieu des années 1980 pour ses installations et ses performances, Ugo Rondinone a étendu sa pratique artistique à la sculpture, la peinture, la photographie et la vidéo. Sur la place Saint Jean de Malte, l’artiste suisse expose un nouvel arbre dans la continuité de celui qui y pousse.

Sofia Taboas Cour d’Appel Création, Four Personal Cages L’artiste mexicaine dispose autour de la Cour d’Appel une série de quatre cages monumentales, noires, dont les barreaux sont inspirés de l’art de la ferronnerie mexicaine, notamment des barreaux des fenêtres des maisons de Mexico. Jorge Pardo Pavillon Vendôme Installation Jorge Pardo explore les frontières entre art, design et architecture à travers la création de mobilier, de tapis, de rideaux inspirés des motifs floraux du design des tissus des années 60. Ici son projet prend forme dans le jardin du Pavillon Vendôme. Xavier Veilhan Cour de l’Hôtel de Ville Prêt, Le Monument La cour de l’Hôtel de Ville accueille Le Monument, pièce de 2011, qui constitue et interroge son environnement : d’environ 8m x 5m, cette pièce rouge crée une mise en abyme de l’espace public. Franz West Palais de Justice Prêt, Rooms for Rome Exposée à Rome en 2010, l’œuvre aux formes hybrides et organiques de l’artiste autrichien (Lion d’or à la Biennale de Venise 2011) entre en résonance avec la façade et la place du Palais de Justice : il s’agit de Room in Aix.

Temps public Du 12 janvier au 17 février Tous les week-ends, des médiateurs accompagneront le public Plan disponible à l’Office du tourisme d’Aix-en-Provence

Orchestra Le Monument, 2012 © Diane Arques

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CHASSE AU 13’OR Points de départ :

Carte-Tresor © Ma Langue au Chat

Dans l’imaginaire collectif de la Provence, l’eau courante est encore parfois accompagnée de la figure du sourcier, muni de sa baguette sensible aux flux souterrains. C’est le thème qui a été choisi pour l’un des quatre événements majeurs de l’ouverture de l’année capitale : le dimanche 13 janvier, une chasse au trésor géante aura lieu, déployée sur 111 parcours, couvrant le territoire de 20 communes. L’équipe de Marseille Provence 2013 insiste sur le caractère participatif de ce projet, conçu pour que chacun trouve plaisir à explorer la région de façon ludique et non compétitive. Les «zones de jeu» sont volontairement extrêmement variées, pour que jeunes et moins jeunes, piétons, automobilistes, randonneurs et personnes à mobilité réduite puissent faire leur choix. Les départs se faisant de manière échelonnée, le public pourra se présenter à n’importe quel moment de la journée, à partir de 10h, sur les points de départ, et partira en famille ou entre amis à la (re)découverte du Garlaban, de la Sainte Victoire, du Palais Longchamp de Marseille, ou du Parc naturel régional de Camargue. Les groupes se verront remettre un carnet de route, et comme lors de toute chasse au trésor qui se respecte, il leur faudra avancer pas à pas, répondre à des énigmes, s’orienter en fonction d’indices distillés au comptegoutte, pour enfin identifier le point d’arrivée. Une fois parvenus à la destination, il ne leur restera plus qu’à laisser leurs coordonnées dans une urne prévue à cet effet, en attendant le résultat des 28 tirages au sort. Trois prix sont prévus pour récompenser les participants : un passe donnant accès à plusieurs manifestations au cours de l’année capitale pour le vainqueur, un tour en montgolfière pour le second, et un «filet garni» de goodies pour le troisième. Cette exploration est destinée à dévoiler tout un patrimoine naturel, architectural et culturel méconnu, et en sollicitant commerçants et associations pour le projet (plus de 350 partenaires se sont investis), l’équipe a souhaité mettre en valeur le tissu local, ses créateurs et artisans. Entre 100 000 et 150 000 participants sont attendus ! La remise des prix se fera à Arles en fin d’après-midi, pour commencer le 4ème temps du week end d’ouverture.

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Aix-en-Provence : Palais de justice (10 parcours dont 2 en anglais, 1 smartphone, 1 handicapés) Arles : Place du Forum (11 parcours dont 2 en anglais, 1 smartphone, 1 handicapés) Aubagne : Place Joseph Rau (4 parcours dont 1 handicapés) Cadolive : Parvis de la Mairie (1 parcours familial) Cassis : Office du Tourisme (3 parcours) Eygalières : Salle des Fêtes (3 parcours) Gardanne : Place Chalamet (3 parcours) Istres : Kiosque à musique, Square Marie Mauron (4 parcours dont 1 handicapés) La Ciotat : Place Sadi Carnot (3 parcours) Le Tholonet : Kiosque information du Grand Site Sainte Victoire (1 parcours randonnée) Le Parc naturel régional de Camargue : Musée de la Camargue (1 parcours voiture) Marseille : Quai des Belges (11 parcours dont 2 anglais, 1 smartphone, 1 handicapés) Friche la Belle de Mai (4 parcours) Parvis du Théâtre de la Criée (5 parcours dont 1 anglais) Place Jean Jaurès (5 parcours) Parc de la Moline (4 parcours parc – spécial jeune public et famille) Centre d’animation Font Obscure (3 parcours parc – spécial jeune public et famille) Gare SNCF de l’Estaque (4 parcours) Sortie du métro Sainte Marguerite Dromel (3 parcours) Château Estrangin, Campagne Pastré (3 parcours parc – spécial jeune public et famille) Martigues : Place des Aires (4 parcours dont 1 parcours handicapés) Noves : Office de tourisme (3 parcours) Pertuis : Hôtel de ville (3 parcours) Port de Bouc : Office de Tourisme (3 parcours) Saint-Rémy de Provence : Bibliothèque Municipale (3 parcours) Salon de Provence : Espace Charles Trenet (5 parcours dont 1 handicapés) Tarascon : Office de Tourisme (3 parcours) Trets : Place de la Libération (2 parcours)


ARLES, Groupe F

Spectacle multimédia «Lux Populi-episode 1» au Pont du Gard - 2008 © Thierry Nava Groupe F

Célèbre dans le monde entier pour ses spectacles pyrotechniques, le Groupe F va investir le territoire de Marseille Provence 2013 avec ses Révélations en sept épisodes. Arles inaugure la saga pour clore le week-end d’ouverture C’est sur les berges du Rhône qu’aura lieu le 13 janvier à 18h30 le quatrième acte du week-end d’ouverture avec la mise à feu de Révélations. Cette saga d’artificiers poursuit le principe des Topo-fictions inventées par le Groupe F. «La Topo-fiction, c’est un projet lié au territoire dans lequel on joue et qui génère sa propre fiction. À Arles, on a décidé de travailler sur ce que charrie le Rhône : de la vie, des actes de vie, mais aussi du limon et des choses plus inquiétantes, comme les PCB par exemple. Une population de lumière, qu’on appelle les Photons, va débarquer sur le Rhône pour explorer le territoire. Car le Rhône, c’est une voie navigable depuis la nuit des temps, c’est aussi la tête de Jules César retrouvée dans les berges... Après des repérages et l’accumulation de matériaux sur les différents sites sur lesquels on va intervenir, on pointe… et on interprète» explique Dominique Noel, chargée du projet Révélations. Avec la tribu d’explorateurs rayonnants, «la course du Rhône va se refléter dans le ciel ». Une course pyrotechnique appuyée par un dispositif multimédia pour interpréter le territoire et ses ressources, au carrefour du Land-art, de la performance et du théâtre à ciel ouvert. Quant au titre, il joue sur la double notion d’exposition du territoire, onirique et technique, et de l’apparition qui en découle, comme grâce à un révélateur photographique. Cette saga créée pour MP2013 qui couvrira sept villes du territoire fait partie du cycle de créations Les Migrations : une manière d’intégrer également le spectacle prévu en ouverture du

Festival d’Avignon 2013, pour une capitale qui rayonne au-delà de ses frontières. Claire Antognazza, adjointe à la culture de la ville d’Arles, entretient des liens forts avec le Groupe F régulièrement programmé : «Ça aurait été une incongruité totale que l’on se prive de cette compagnie arlésienne pour magnifier cette journée. Les programmer en ouverture était une évidence ! Ce beau projet est un temps fort pour la ville, et nous rend heureux. Il était nécessaire de mettre en valeur Marseille pour l’ouverture, c’est la capitale du département et de la Région. Mais Arles est la troisième ville du département et dans la chronologie, ces journées commencées à Aix devaient aboutir ici». Et puis ce 13 janvier, d’autres festivités arlésiennes marqueront les réjouissances, avec un grand concert place de la République et le vernissage de deux expositions liées au FRAC (Toguo Barthélémy et Claudio Parmiggiani). Révélation, épisode 1 Arles, dimanche 13 janvier à 18h30 Calendrier Révélations Cassis, le 18 mai Martigues, le 6 juillet Port-Saint-Louis, du 7 au 10 août Château d’If, du 4 au 7 septembre Aix-en-Provence, du 13 au 16 novembre Istres, le 31 décembre

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De grandes expositions artistiques ou sociétales vont s’ouvrir dès le 12 janvier dans tout le territoire…

J1, Méditerranées Des grandes cités d’hier aux hommes d’aujourd’hui

1er Dessin J1 © Raymond Sarti

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«Marseille appartient à qui vient du large»... qui sait si Blaise Cendrars aurait apprécié la grande expositionfiction qui ouvrira le 12 janvier au J1 ? Sans doute aurait-il été sensible à la thématique, qui écrit la mer au pluriel, va du passé à notre présent, et des cités aux hommes. Pour ce voyage en forme d’Odyssée à travers le temps et l’espace. Marseille-Provence 2013 a offert à Raymond Sarti (scénographe) et Yolande Bacot (commissaire d’exposition) une surface de 2 600 m2 sur laquelle on pourra circuler d’époque en époque, de port en port, de merveille en merveille. Troie, Tyr, Athènes, Alexandrie, Rome, Cordoue, Venise, Gênes, Istanbul, Alger, Tunis et enfin Marseille... les seuls noms de nos joyaux méditerranéens ont le don de faire rêver la terre entière et l’exposition veut être à la hauteur de ce pouvoir évocateur. Dans un décor labyrinthique de 60 containers aménagés, le public découvrira des huiles sur toile, gravures, sculptures, bas reliefs, affiches coloniales et cartes maritimes... En tout 170 éléments issus de plusieurs collections publiques ou privées, notamment des chefs-d’œuvre prêtés pour l’occasion par la Bibliothèque Nationale, le Musée du Louvre, ou celui du Bardo en Tunisie. À noter plusieurs maquettes de bateaux, du plus frêle esquif aux galères ou navires plus imposants. On pourra également admirer les tirages grand format de Brian Griffin, qui a photographié docks et dockers à Fos, dans un espace lunaire ponctué de grues. Les containers serviront aussi de salles de

visionnement, et accueilleront les films d’animation de sept jeunes diplômés de l’Ecole des Arts-Décoratifs à Paris. Yolande Bacot a donné à chacun un thème à explorer : la figure de Périclès, par exemple, ou la bibliothèque d’Alexandrie restituée en duo avec l’auteur de bande dessinée François Schuiten, célèbre pour ses envolées architecturales. Ces pauses ludiques sont destinées à rendre l’exposition accessible au jeune public, tandis que d’autres propositions seront plus orientées vers les visiteurs adultes. Le réalisateur Malek Bensaïd, par exemple, s’est rendu dans chaque cité du parcours méditerranéen pour filmer et interviewer la population. Sur de grands totems de vidéo-projection rythmant l’intégralité du circuit, son travail offrira un contre-point contemporain à chaque étape de notre histoire millénaire : ainsi l’Athènes d’aujourd’hui, confronté à la crise, en regard de son âge classique. Car le fil rouge de l’exposition, qui veut offrir à ses visiteurs autre chose qu’un simple passage de cimaise en cimaise, est bien l’épopée d’Ulysse : l’un des mythes fondateurs de notre culture, lequel ne continue pas à résonner à travers les siècles sans raison. On rêverait de voir les citoyens Méditerranéens, à son instar, réchapper de la guerre, résister aux sirènes financières, déjouer les pièges du Cyclope totalitarisme, et revenir « pleins d’usage et raison », sur des rivages enfin apaisés !

J1, Place de la Joliette Port autonome de Marseille Inauguration le 12 janvier, exposition jusqu’au 18 mai 2013.

Le Sultan Soliman, empereur des turcs, huile sur toile, portrait anonyme italien, XVIIe siecle © Collection du sénat, Espagne


LA FRICHE, Ici, ailleurs Sur trois niveaux et une surface totale de 2400m2, 39 artistes vont exposer dans la Tour de La Friche Belle de Mai, du 12 janvier au 31 mars. S’ils sont issus pour la plupart du pourtour méditerranéen, il n’est pas question pour autant de dresser un panorama de la création dans ce vaste territoire. D’ailleurs les artistes, souvent nomades, ont des points d’ancrage multiples… Juliette Laffon, Conservateur général honoraire du Patrimoine et commissaire de l’exposition, a choisi ceux «qui témoignent d’un intérêt pour l’autre dans leurs démarches et dans leurs œuvres, et qui, à des degrés divers, vivent dans un rapport au monde ouvert sur la pluralité des peuples, des identités». Tous sont en prise avec les problématiques du monde actuel : certains, qui ont une double culture,

interrogent les relations entre l’orient et l’occident ; d’autres abordent le domaine du spirituel, engagent un travail de mémoire, convoquent coutumes et rituels. D’autres encore, comme Orlan, placent la question de l’hybridation au cœur de leur œuvre. Car dans le cadre de cette carte blanche, les artistes ont été invités à produire une œuvre à la faveur de l’événement, loin de toute illustration thématique. Il s’agit pour Juliette Laffon de susciter des œuvres inscrites dans les problématiques de leur temps et de l’exposition. «Ils ont compris d’eux-mêmes ce qu’ils devaient faire dans le cadre de la capitale culturelle et au regard des événements présents». Et de constater, au vu de l’évolution des projets, que «cela permet à certains de faire éclore des œuvres en latence, de réactiver d’autres plus anciennes ou en sommeil». Sur ce bel ensemble de productions, une douzaine de vidéos ont été réalisées pour Ici, Ailleurs, et de nombreux projets ont évolué en cours de route : «Les choses bougent en deux ans, et quelques artistes ont vu leur parcours exploser à l’international…». Ici, Ailleurs sera donc le reflet des pratiques plastiques d’aujourd’hui et des problématiques d’aujourd’hui. Un art contemporain ancré dans le réel.

Cabaret Crusades, the path of Cairo, Aubagne 2012, capture d’écran, production Marseille Provence 2013 - œuvre réalisée dans le cadre des ateliers de l’euroméditerranée © Wael Shawky

PARCOURS THÉMATIQUE

À la Tour Jobin Le voyage, l’exil, le déplacement Etel Adnan, Fayçal Bachriche, Mounir Fatmi, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, Mona Hatoum, Bouchra Khalili, Ange Leccia, Annette Messager, Jean-Luc Moulène, Youssef Nabil L’histoire au présent, le monde en question Ziad Antar, Fikret Atay, Kader Attia, Mohamed Bourouiss, Ince Eviner, Lara Favaretto, Gloria Friedmann, Djamel Kokene, ORLAN, Yazid Oulab, Javier Pérez, Waël Shawky La mémoire, la transmission Yto Barrada, Taysir Batniji, Danica Dakic, Ymane Fakir, Jannis Kounellis, Adrian Paci, Sarkis, Hrair Sarkissian, Zineb Sedira, Stefanos Tsivopoulos, Akram Zaatari Au Belvédère et au Panorama Le voyage, l’histoire au présent, la mémoire Lara Baladi, Gilles Barbier, Mouna Karray, Sigalit Landau, Djamel Tatah

5 PRODUCTIONS DES AEM AU SEIN DE ICI, AILLEURS

Mona Hatoum / Entreprise Arnoux-Industrie (Aubagne) et CIRVA (Marseille) D’autres œuvres de l’artiste seront exposées du 12 janvier au 17 mars à la chapelle des Pénitents Noirs à Aubagne, dans le cadre de l’itinéraire d’art contemporain Ulysses du Frac. Taysir Batniji / Savonnerie Marius Fabre (Salon-de-Provence) L’œuvre de Taysir Batniji L’Homme ne vit pas seulement de pain #2 sera présentée du 10 avril à fin mai dans la salle Le Septier à Salonde-Provence lors d’une exposition monographique. Waël Shawky / ADEF-École de la céramique et Satis / Astram Lab Faculté des Sciences AixMarseille Université (Aubagne) La chapelle des Pénitents Noirs d’Aubagne accueillera fin 2013 l’installation The Path to Cairo, second volet de la série vidéo Cabaret Crusades dont les personnages sont incarnés par des marionnettes. Mohamed Bourouissa / Pôle emploi (Marseille) Zineb Sedira / Grand port maritime de Marseille

Inci Eviner, Nursing Modern Fall, 2012, capture d’écran, production Marseille Provence 2013 © Inci Eviner / Courtesy of the artist and Galeri Nev Istanbul, 2012

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L’ATELIER DU LARGE J1, Place de la Joliette, Marseille Ce hangar de 6000 m2, mis à disposition par le Port Maritime de Marseille, et aménagé temporairement pour l’année 2013, sera dès le 12 janvier un lieu de rendez-vous diurne, ouvert de 10h à19 h. Il comporte : un espace d’exposition de 2500 m2 ; l’Atelier du Large (galerie des Quais, les Chercheurs de Midi, La Jetée, ateliers publics) ; un point d’information, une librairie et un restaurant. Les

mois d’été y étant trop chauds pour y exposer sans risque pour les œuvres, le J1 sera fermé de juin à septembre, l’installation d’une climatisation ayant été jugée trop couteuse pour ces trois mois durant lesquels de nombreuses propositions festivalières prendront le relais dans l’espace public. J1© Archi-tecture

STUDIO PHOTO

ATELIER FOTOKINO

Au sein de l’Atelier du Large, L’École Nationale Supérieure de la Photographie d’Arles recrée un Studio Photo. Quatre groupes de 4 étudiants en 3e année se succéderont durant quatre mois pour concevoir, réaliser, mettre en place et animer ce studio photo qui n’est ni une citation ni une copie des célèbres studios de Nadar ou Harcourt… Ce projet, qui s’inscrit dans le cadre de leur cursus (étude des spécificités économique, sociale et artistique du studio photo), est ouvert aux visiteurs conviés à se faire tirer le portrait. Chaque tirage sera réalisé en deux exemplaires, l’un pour le «sujet», l’autre pour MP2013, qui exposera en mai une sélection de portraits ; l’ensemble de la collection sera projeté sur grand écran pendant toute la manifestation. Sur le même principe ludique, MP2013 installera à La Coursive un photomaton argentique en libre service : pour 2 €, chacun pourra se photographier dans cette ancienne machine customisée. MP2013 proposera un éventail de scenarii possibles en lien avec l’histoire du photomaton, très prisé par les Surréalistes en France et par la Factory de Andy Warhol aux États-Unis. Le premier atelier sera coordonné par l’artiste Anne Claire Broc’h, ex-étudiante à l’ENSP d’Arles, autour de l’argumentaire : «Ceci n’est pas un studio c’est un chantier poétique ! Ceci n’est pas un studio c’est un laboratoire créatif !», et de photographes référents : Robin Rhodes, Gillian Wearing, Francesca Woodman, Duane Michals et Roger Ballen.

10 bougies, 10 artistes, 10 cartes blanches : c’est ainsi que Fotokino imagine Laterna Magica en 2013, multipliant son énergie par 10 pour proposer 10 «mini» éditions en 10 mois. Dessin, cinéma, illustration, animation, graphisme… tous les visages de l’image se déclinent en des croisements inédits : Atak ouvre le feu, suivi de près par Jenni Rope, Ericailcane, Jochen Gerner, Yto Barrada et Paul Cox prennent la relève le temps d’un été, Gianluigi Toccafondo, Isidro Ferrer, Kitty Crowther et Fanette Mellier ferment la marche. La manifestation qui aura réchauffé l’hiver marseillais du 5 au 23 décembre 2012 jouera donc les prolongations et sème sur son passage expositions monographiques inédites, réalisations in situ, ateliers de création, workshops, rencontres et publications. Avec comme point de départ à ces «géographies personnelles et ces cartographies imaginaires» le Studio Fotokino au cœur de la cité. Mais Fotokino réserve également des surprises horsles-murs, tels ces graphistes invités à L’Atelier du Large dès le 12 janvier 2013, des projections, interventions et audio-balades en compagnie, entre autres, de Gusto, Christina Gransow, Éric Bernaud, Catherine Chardonnay, Delphine Bournay, Catherine Vincent, Marie-Jo Long, Sabine Allard... Et d’autres rendez-vous ponctuels à La Criée, aux Variétés, à la librairie-galerie Le Lièvre de Mars, au FIDMarseille, à l’Alhambra Cinémarseille, à l’Alcazar...

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Studio Fotokino 09 81 65 26 44 www.fotokino.org


GALERIE DES QUAIS, L’art des commencements L’association Art et Développement travaille depuis des années à mettre en contact régulier artistes et enfants résidant en zones «sensibles», pour amener ces derniers à produire leurs propres œuvres plastiques. L’équipe de Marseille-Provence 2013 a souhaité mettre en lumière cette démarche, et a sollicité Vanessa Notley (enseignante aux Beaux-Arts et au Musée International des Arts Modestes de Sète) pour qu’elle sélectionne 25 dessins parmi les 40 000 qui constituent le fonds de l’association. L’objectif de cette Action de Participation Citoyenne n’était pas de déployer une vision attendrie ou caritative, mais d’approcher la spontanéité du dessin d’enfant en résonance avec l’histoire de l’art : arts mineurs, art brut, art primitif, art des années 20, cubisme... Toutes formes que certains ont décriées en leur temps, ou décrient encore, en usant d’arguments du type « même un enfant de 5 ans saurait peindre ça». Mais n’y a-t-il pas justement dans ces commencements un travail de la représentation ou de l’abstraction qui échappe ensuite aux adultes? La commissaire d’exposition a retenu des œuvres plutôt abstraites, pour évacuer la tentation d’un autre écueil courant lorsqu’il s’agit d’apprécier les dessins d’enfants : la lecture pédopsychiatrique. Elle s’est appuyée sur des textes tels que Les Commencements d’Henri Michaux

José fils de jeanne 1991 30x42xm

pour relier l’enfance et la notion d’origine, et sur cette citation de Pablo Picasso : «Il m’a fallu toute une vie pour apprendre à dessiner comme un enfant». L’exposition Un jeu d’enfant aura lieu du 12 janv au 10 fév

GALERIE LA JETÉE, Se/Ce souvenir

Attenante à la galerie des Chercheurs du Midi, la galerie La Jetée présente les travaux de photographes plasticiens aux préoccupations voisines. Sa programmation, déclinée sur l’année en cinq volets, explore une vision de la photographie où «l’acte photographique et la démarche plasticienne font partie intégrante de l’œuvre présentée», en partenariat avec la Conserverie de Metz, Conservatoire national de l’Album de famille. Premier temps fort du 12 janvier au 24 février avec Se/Ce souvenir qui réunit cinq auteurs travaillant autour de la photographie de famille ; la leur, mais pas seulement : certains retravaillent des photos «trouvées», d’aucuns les détournent, associent de nouvelles images, ou s’y incrustent. Carole Benitah brode des photos souvenirs de son enfance

marocaine, réveillant en elle «une angoisse de quelque chose de familier et totalement inconnu à la fois, une sorte d’inquiétante étrangeté dont parle Freud». Anne

Quand je serai grand © les instantanés ordinaires

Delrez reconstitue le puzzle familial à travers les photos de vacances de son grand-oncle Charles et de sa grand-tante Gabrielle qui lui ont confié ce lourd héritage…

Quand je serai grand © les instantanés ordinaires

Sylvie Meunier redonne vie à des anonymes, invente des histoires et remet le temps en route au hasard d’étonnants rapprochements photographiques. Moira Ricci fouille dans le passé de sa mère, quand le traitement numérique des vieux clichés lui permet d’apparaître à ses côtés comme une figure étrangère. Comme au théâtre, Benoit Luisière récupère des photos dans lesquelles il se met en scène, se substitue aux personnages, interrogeant de façon troublante la question de la représentation de soi.

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GALERIE des CHERCHEURS de MIDI Depuis 18 mois MP2013 a lancé une collecte de photos de midi. De clichés d’amateurs qui disent au quotidien les Paysages, les Usages, les Personnages du territoire. Pour mettre au jour la diversité et les invariants, ce que l’on aime dire et garder de soi, les villes et la mer, les horizons si divers, et les changements qui s’opèrent mine de rien au fil des années. La Galerie exposera ces photos d’amateurs comme elle a constitué ses collections : en pensant/classant, c’est-à-dire en trouvant des constantes pour donner à voir des séries thématiques, et pour organiser comme un récit du territoire. Elle veut aussi traiter ces photos d’amateurs comme des objets précieux, dont l’éditorialisation, les tirages, l’encadrement, l’éclairage doivent bénéficier du même soin que des photographies d’art… Collection PAYSAGES, série La Route

«Juste avant la pluie, Tour CMA CGM» © Rionlion

«Les docks» © Philippe Marc

La collecte se poursuit jusqu’au 31 décembre 2012 La première exposition ouvrira le 12 janvier Le Site des Chercheurs de Midi www.mp2013.fr/chercheursdemidi

«Camargue deltaïque à l'aube» © Elsa

«Ligne [de] blanche» © Delphine Wagner

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«Au coeur du marais...» © Céline Palma


Les Villes du territoire, le Conseil général 13 profitent du Week-end d’ouverture pour inaugurer de nombreuses expositions, historiques ou artistiques, coproduites avec Marseille Provence 2013 Le Trésor des Marseillais

500 av. J.-C., l’éclat de Marseille à Delphes : le Trésor consacré par les Massaliètes à Athéna, est dévoilé par le Musée d’Archéologie. Pour la première fois, 29 fragments classés «trésor national» sont exposés hors de Grèce. Le visiteur pourra découvrir en 3D, au cœur de la chapelle Puget, la reconstitution de ce petit édifice richement sculpté, destiné à recevoir des objets précieux dans l’Antiquité.

Fragment de coupe attique à figures rouges décorée d’une main soutenant un skyphos © Fouilles du collèges vieux port Marseille 2005

du 12 janvier au 15 avril Vieille Charité

Vestiges

En résonance avec le Trésor des Marseillais, la première exposition rétrospective de Joseph Koudelka, photographe membre de Magnum Photos, autour de ses images panoramiques de sites archéologiques du bassin méditerranéen, présentée dans l’ensemble des salles d’exposition temporaire.

Buste attribué à Jules Cesar © Remi Benali - museée départemental Arles antique - CG13

du 12 janvier au 15 avril Vieille Charité

César et les secrets du Rhône

Pièces emblématiques issues du travail de la fouille du Rhône et documents extraits des fonds des Archives départementales sont rassemblés : l’occasion de découvrir le riche passé de l’Arles romaine , et d’admirer le fameux buste en marbre de César.

du 12 janvier au 23 mars ABD Gaston Defferre

Mémoire des rives. Cartes et portulans en Méditerranée

Les portulans, cartes marines manuscrites, issus des fonds patrimoniaux de la Bibliothèque de Marseille témoignent de l’activité de la cité phocéenne au XVIIe siècle et invitent à une flânerie de port en port. du 11 janvier au 27 mars Alcazar, BMVR

Cadavre exquis, suites méditerranéenes

Une quinzaine d’artistes de disciplines diverses, issus de l’espace méditerranéen et proche-oriental présentent sous la forme finale d’une exposition des œuvres réalisées sur une durée de deux ans. Une création collective sous forme de «rebonds» successifs. du 13 janvier au 13 avril Musée Granet, Aix-en-Provence

Cellule (detail), Mona hatoum,2012-2013-Production Marseille Provence 2013, œuvre réalisée dans le cadre des ateliers de l’euroméditerranée © Sébastien Normand, 2012 Atlas nautique de la Mediterrannee,1665,Alcazar-Fonds Rares et Precieux

Ulysses

Un itinéraire d’art contemporain autour de la figure d’Ulysse va se dessiner durant toute l’année sur l’ensemble du territoire de la Capitale. Première escale de l’Odyssée à Aubagne avec la mise en place de l’exposition monographique de Mona Hatoum qui puise son inspiration dans son histoire d’exilée. Née à Beyrouth, elle travaille sur la confrontation entre la beauté et la violence, la douceur et la brutalitédes matériaux (du 12 janvier au 17 mars, chapelle des Pénitents Noirs). Ulysses voyagera aussi en Camargue et à Arles, avec Claudio Parmiggiani (du 13 janvier au 13 mai, chapelle Saint-Blaise) et Barthélémy Toguo (du 13 janvier au 10 mars, chapelle Sainte-Anne).

de janvier à décembre Frac PACA

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Cirque en CAPITALES C’est le premier temps fort de l’année capitale. Juste après le week-end d’ouverture, du 24 janvier au 24 février, le cirque mettra en fête le territoire avec plus d’une cinquantaine de spectacles, de La Seyne à Arles Art jeune, par son histoire toute récente, l’âge de ses artistes mais aussi de son public, le cirque nouveau aime à croiser les disciplines, à se promener de théâtres en chapiteaux, à inventer des formes qui croisent l’exploit du corps, la magie ou le rire, la nostalgie de rêves perdus que l’on cherche le nez en l’air, au zénith des arènes de toile. Premier événement spectaculaire et fédérateur, Cirque en Capitales propose, en coproduction avec une quinzaine d’opérateurs du territoire et trois festivals, plus de 200 représentations, et 17 créations en tournée dont 10 premières. Soit 80 000 places, à des tarifs différents selon les opérateurs, variant des entrées libres au spectacle à 21 €, pour la place adulte la plus chère. Un temps fort qui accompagne véritablement des compagnies de cirque régionales, présentes dans la programmation aux côtés de spectacles internationaux très divers. Pierre Martinez, responsable de la programmation, veut ainsi réussir « l’équation parfaite » qui allierait trois variables à l’équilibre. Des propositions d’une grande qualité créative, qui puissent aussi rencontrer un public large et populaire ; une manifestation d’un grand renom international, qui aura aussi à cœur d’accompagner les artistes du

À bas bruit CIE MPTA/Mathurin Bolze © Tom Neal

Le bal des intouchables - Cie Les Colporteurs © Jean-Pierre Estournet

territoire ; un événement exceptionnel, unique, qui parviendra, en jouant des dynamiques territoriales, à installer des collaborations et une structuration du territoire qui perdure au-delà de l’année capitale. De fait les spectacles de cirque ont toujours été nombreux dans la région : des festivals spécialisés proposent à Arles de petites formes de recherche, à la Seyne un grand événement spectaculaire, à Istres des formes circassiennes proches de la danse ou du théâtre d’objet. Mais il s’agit aujourd’hui de faire vibrer tout cela, en synergie, de créeer un véritable Pôle national de territoire, d’y ajouter la magie du Merlan, le clown du Daki Ling, les surprises acrobatiques du Gymnase, le cirque d’enfance du Massalia, les créations du CREAC. Et de multiplier encore les lieux qui accueillent et fabriquent du cirque, en croisant les programmations. Ainsi, grâce à la diversité des opérateurs, plusieurs spectacles navigueront entre Marseille et Aix, Arles, Martigues ou Portde-Bouc, La Seyne et Istres. Les spectateurs pourront se déplacer dans le territoire, mais attendre aussi dans leur ville le passage de propositions diverses, hors des sentiers battus de leurs salles habituelles.

Les Colporteurs installent leurs chapiteaux au parc Chanot pour 11 représentations de leur nouvelle création du 9 au 23 février. Antoine Rigot, acrobate virtuose qui a repris la piste après un accident très invalidant, s'y demande, avec une bande de subtils monte-en-l'air, dont Agathe Olivier et Cécile Kohen, si l'acrobate est un homme comme les autres... Touchant, poétique, et ravigorant, comme une leçon de courage, à partir de 8 ans. Théâtre du Gymnase 08 2013 2013 www.lestheatres.net

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Deux parcours Cirque en capitales a choisi, sans s’y cantonner, de porter le regard vers deux tendances circassiennes atypiques. Nouvelles dans leur forme contemporaine, mais qui s’ancrent dans des histoires séculaires. La magie nouvelle renoue avec la tradition illusionniste du spectacle de foire ou du grand show visuel à cascades, mais s’intéresse aussi à la manipulation mentale, dont elle dénoue les rouages en montrant comment politiciens, sociologues et communicants recyclent les découvertes des sociologues et comportementalistes pour mieux nous manœuvrer. Le Théâtre d’Arles ou la Scène Nationale du Merlan ont su habituer leurs publics à ces nouvelles formes issues autant des bateleurs que de cirque. Durant ce Focus Magie des Brigades magiques prêtes à pratiquer le close-up vont se lancer dans Marseille… tandis que dans les salles on retrouvera les illusions d’Etienne Saglio ou Guillaume Vallée, les manipulations de Thierry Collet, les tours d’Eric Burbail… L’art du clown s’appuie sur ces comédiens particuliers qui savent inventer des doubles inadaptés d’eux-mêmes. Ils parviennent aujourd’hui à recycler la poésie, l’impertinence et la naïveté des clowns traditionnels, en les mâtinant de l’ironie des humoristes et de la virtuosité des acrobates, pour construire des satires nouvelles. Un Focus Clown fera la place à plusieurs compagnies de la région, en pointe dans ce domaine où la parole féminine sait aussi se faire entendre : L’apprentie Compagnie de Proserpine, le Cirque Trottola, l’Entreprise de François Cervantès, présenteront ainsi leurs créations, aux côtés de Pré-O-Coupé, Camille Boitel, du théâtre du Prato ou de la très féminine Cie des Plumés.

Brigades Magiques, Guillaume Vallée © Le Merlan

Le silence du monde, installation magique, Compagnie Maitre(s) © Etienne Saglio

«Le prince segmenté», répétitions, Compagnie l’Entrepreneur François Cervantès © X. Brousse

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Pôle National des Arts du Cirque Méditerranée Le Théâtre Europe à La Seyne et le CREAC à Marseille ont créé, dans la dynamique de Marseille Provence 2013, un pôle cirque national – il y

en a désormais 12 en Franceconstitué de deux structures associées. Une structure qui perdurera après 2013. La 14e édition de Janvier dans les étoiles à La Seyne (Théâtre Europe) et la première de Cirque en Corps à Marseille (CREAC), proposent une programmation commune de 15 compagnies qui circulent généralement entre les deux villes, avec 70 représentations partagées, au Chapiteau des Sablettes, au CREAC ou au Parc Chanot. Une des missions du Pôle national étant de favoriser la création, beaucoup de spectacles y feront leurs premières armes. Pour un cirque résolument virtuose, aimant la physicalité, de la danse aérienne au cadre coréen en passant par le trapèze, l’équilibre, le main à main, la bascule et le jonglage. Car aux côtés des deux Parcours Clown et magie il y aura des spectacles qui enchainent les numéros acrobatiques aux agrès étonnants, qui construisent des narrations dans les airs, dansent sur des vélos, des armatures, des fils, des tissus et des trapèzes… Un cirque spectaculaire qui fait aussi marcher les têtes et les cœurs, et ne s’adresse pas forcément à tous les yeux : Gulko (Cie Cahin Caha) propose Rose pour explorer l’Eros à partir de 16 ans, dans un triptyque Lacrimae qui fait surgir la douleur du monde. Les deux autres volets

seront proposés par le Circus Cirkör (Suède) qui tire des fils pour tricoter la paix (Knitting Peace, spectacle d’ouverture à Marseille), et la cie tchèque la Putyka qui explore la notion de risque (RISK). Plus tard Fanny Soriano et Corinne Cella, guidées par Mathilde Monfreux, chercheront dans les airs ce qui fait et défait les sœurs… Une Ronde de la Cie Rouge Elea soutenue aussi par le Bois de l’Aune (Aix). Le spectacle qui ouvrira les festivités à La Seyne, puis que l’on retrouvera sous chapiteau programmé par le Gymnase en février, sera quant à lui un voyage particulier vers l’aérien virtuose, proposé par la Cie les Colporteurs d’Agathe Olivier et Antoine Rigot. Un Bal des Intouchables qui met en scène la résistance aux forces de l’air, au handicap, à la paralysie et aux normes sociales, en inventant un espace où tout danse… Et c’est Guy Carrara, directeur artistique d’Archaos, qui clôturera Cirque en Corps avec la création de Somewhere and Nowhere, un spectacle de cordes et d’entraves, sur les migrations et les exils, par la cie israélienne Orit Nevo. Théâtre Europe 04 94 06 84 05 CREAC / Cie Archaos 04 91 55 61 64 www.pole-cirque-mediterranee.com

Somewhere and nowhere, Compagnie Orit Nevo © Yoav Etiel

Au Parc Après la fête d’ouverture dans les quartiers nord et la rive nord du Vieux Port, Marseille se tourne vers son Sud pour dresser dans le Parc Chanot trois chapiteaux… Les spectacles vont s’y succéder sur un rythme intense, mais qui laissera le temps de se promener, de participer aux ateliers, de s’essayer aux agrès, et de se restaurer entre les propositions familiales ou plus pointues, prévues par le Gymnase, le CREAC, et toutes les structures marseillaises… La billetterie générale est ouverte ! www.mp2013.fr

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«Rose» (volet du triptyque LACRIMAE), Cie Cahin Cahan © JP Estournet


Arles, Marseille, Aix Centrés sur les écritures d’aujourd’hui, le Théâtre d’Arles, la Scène Nationale du Merlan à Marseille et le Bois de l’Aune à Aix questionnent les écritures scéniques singulières, portées par une nouvelle génération d’artistes. Le théâtre d’Arles qui depuis 6 ans propose un temps fort cirque en septembre, sur plateau plutôt qu’en chapiteau, a changé son calendrier pour pouvoir offrir une programmation qui tisse des liens avec les propositions magiques du Merlan dans ou hors les murs : Etienne Saglio sera ainsi à la Criée et au Gymnase, Thierry Collet au Merlan… Mais il collabore aussi avec le Massalia pour accueillir le cirque Trottola, et présente aussi des formes subtiles chez lui (Guillamume Vallée), sous chapiteau (le main-àmain de Nichons là, le jonglage de Yann Bourgeois) et jusqu’à Boulbon et Saint Rémy de Provence ( Cuerdo de Karl Stets). Quant au Bois de l’Aune, il s’affirme comme la tête de pont du Pays

Matamore, Compagnie Trotola © Yves Glorian

Théâtre d’Arles 04 90 52 51 55 www.theatre-arles.com

d’Aix : Mathurin Bolze, acrobate virtuose et sensible tournera ainsi À bas bruit, petit bijou en trio, à Rousset et Aix, mais ouvrira aussi les festivités à la Criée avec son grand spectacle les Utopistes… Camille Boitel, clown acrobate merveilleux, parcourra Marseille grâce au Merlan, et Vitrolles, Fuveau, Lambesc, Aix grâce au Bois de l’Aune. Qui accueillera aussi sous chapiteau la

dernière promotion du Centre National du Cirque, tandis que le Grand Théâtre de Provence s’occupera d’offir son espace au grand spectacle des 7 doigts de la main. Marseille, Arles et Aix ensemble ? c’est possible, lorsque des maisons partagent les mêmes préoccupations transversales, et aiment à les décliner ensemble, et autrement…

Bois de l’Aune 04 42 93 85 43 www.agglo-paysdaix.fr/ Le Merlan 04 91 11 19 20 www.merlan.org Le Gymnase 0820 000 422 www.lestheatres.net La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com

Autour de L’Étang Depuis 2003 à Istres, le théâtre de l’Olivier, scène conventionnée pour les arts du geste, pilote sur Ouest Provence le festival Les Élancées. Une manifestation originale, essentiellement jeune public, à cheval entre danse, cirque et arts de la manipulation. Pour Cirque en Capitales les propositions se centrent à Istres, mais irriguent ses quartiers, en se préoccupant toujours du rapport à l’objet : Le Repas joue avec la nourriture, Complètement swing avec la musique, Buren cirque avec les rayures, et des Cabanons, tandis que des trapézistes, cordistes, acrobates vont proposer aux enfants de petites formes, et de véritables ateliers de cirque, pour apprendre à cabrioler… Quant au Magic Mirror de Stephan Muntaner (voir p 31)., il continuera d’installer ses after-cirque dans une magie visuelle d’esprit cabaret. À quelques encablures le Sémaphore de Port-de-Bouc et les Salins de Martigues concoctent également, depuis quelques années, un temps fort de cirque qui s’inscrit en complémentarité des Élancées : la scène nationale de Martigues aime à présenter de grands spectacles acrobatiques et poétiques, et le Collectif AOC, le Théâtre du Prato de Gilles Defacque, les jeux de lumières colorées des Gandini Juggling vont faire les beaux jours de Martigues… tandis qu’à Port-de-Bouc, un chapiteau sera dressé pour accueillir AOC, L’apprentie Compagnie et les clowneries tapageuses de Ludor Citrik.

Proserpine, L’apprentie Compagnie © X-D.R

Magic Mirror, Istres 04 42 02 48 17 Théâtre de l’Olivier, Istres 04 42 55 24 77 www.istres.fr

Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 www.theatre-semaphoreportdebouc.com

Les Salins, Martigues 04 42 49 02 00 www.theatre-des-salins.fr

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Les Ateliers de l’EuroMéditerranée, résidences d’artistes en entreprises coproduits par Marseille-Provence 2013, se multiplient sur tout le territoire à l’aube de l’Année Capitale. Qui permettra aussi d’en exposer les résultats plastiques, éditoriaux ou sonores au gré des expositions et événements. 65 Ateliers auront animé les entreprises durant trois années… Un mode de production artistique mixte que chaque partenaire espère inscrire dans l’avenir.

JEAN-CLAUDE CHIANALE, Carnets

Poster © Jean-Claude Chianale

Repères Jean-Claude Chianale, diplomé de l’ENS des Arts décoratifs, aime à travailler dans l’édition d’architecture ou de design, et exposer ses livres d’art dans les lieux artistiques de spectacle vivant (Ferme du Buisson, 104… ; Il décrit son processus de création comme une expérience chimique, qui assemble pour révéler. Azur Offset est une entreprise marseillaise fondée il y a 50 ans, une imprimerie offset et numérique réputée pour son travail de prépresse aux réglages minutieux. Elle fait partie du groupe Feuilles du sud, présent également à Salon et Cavaillon.

C’est l’atelier des ateliers, l’AEM au carré, la mémoire éditorialisée d’une entreprise inédite. Jean-Claude Chianale est en résidence à l’imprimerie Azur Offset depuis mars 2012 et jusqu’au terme de l’année Capitale, pour réaliser 65 carnets originaux. Un par AEM, tous différents dans leur contenu et leur conception qui naît de leur aventure singulière : notes, maquettes, images, propos recueillis, traces du processus et de l’œuvre pour les artistes, les salariés, le public… tous ces éléments, comme des particules élémentaires, se déclineront dans chaque carnet pour tenter d’atteindre la spécificité de chaque aventure. Sur le même format, chaque carnet mettra au jour les éléments de langage de l’artiste, mais aussi de l’environnement particulier de chaque entreprise. Qu’en sera-t-il du Carnet des Carnets, qui en abyme racontera l’aventure de Jean-Claude Chianale par Jean-Claude Chianale ? Et comment la résidence d’un artiste au sein même d’une imprimerie, dans la fabrique mi-artisanale des choses, influera-t-elle sur la conception des objets ? Cet AEM particulier permettra la publication de 2500 exemplaires de chaque carnet, qui seront pour partie offerts aux entreprises et aux artistes, pour partie mis en vente au prix de 5€ l’unité. Puis en 2014 paraîtront des collectors, pour que les 65 carnets élémentaires fassent somme et masse, dans les bibliothèques du futur.

© Jean-Claude Chianale

Résidence À partir de février 2013 Le 3bisf Situé à proximité du centre ville d’Aix-en-Provence, le 3bisf est un lieu de spectacle et d’art contemporains qui accueille des artistes en résidence de création dans les murs de l’hôpital psychiatrique Montperrin depuis 1982.

Résidence de mars 2012 à décembre 2013 Coproduction MP2013, Azur Offset

© Jean-Claude Chianale

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Repères Dora Garcia, née en 1965 à Valladolid, partage son temps entre Barcelone, Paris et Bruxelles. Son travail est par nature conceptuel et se constitue de textes, photographies, performances et installations dans des lieux spécifiques. Il a notamment pour but de démystifier la relation entre l’artiste et le public : «l’art ne représente plus le monde mais devient lui-même producteur de réalités souvent à la limite de la fiction».

Partenariats MP2013, 3bisf


MATHIEU IMMER & BENJAMIN LAHITTE, Topophonia Repères Mathieu Immer, né à Bordeaux en 1975, est directeur artistique de l’association de Musiques Improvisées & Contemporaines en Aquitaine Amor Fati. Il a mené en parallèle l’apprentissage de la contrebasse et des études de philosophie. Sa pratique artistique s’étend au son en général. Benjamin Lahitte est graphiste indépendant depuis 2004 et réalise des supports papier pour différents commanditaires dans le domaine culturel. Atelier de l’EuroMéditerranée Résidence de juillet 2012 à août 2013 Plage - Usine © Immer et Lahitte

Mathieu Immer, musicien et plasticien sonore et Benjamin Lahitte, graphiste et artiste visuel créent des histoires sonores et visuelles de villes industrielles : les Topophonies. Après une immersion en trois temps au cœur de l’Usine EDF de Ponteau Martigues, ils (re)créent un territoire imaginé et rêvé avec ses yeux et ses oreilles. «Nous avons déjà consacré trois semaines cet été à la prise de contact avec l’usine, on a pu visiter, avoir des explications sur ce qu’il va se passer avec la reconstruction d’une nouvelle usine et le passage du fuel au gaz. Ce qui nous a beaucoup préoccupé c’est la vie quasi balnéaire qu’on trouve au pied de l’usine. C’est très surprenant de voir d’un côté un site industriel et de l’autre des gens en maillot de bain et des bouées canards. On s’est intéressé au point de vue social, sonore et paysager.» En parcourant ainsi l’environnement de la centrale thermique, située sur la zone industrielle de Lavera en bord de mer, en se plongeant dans le quotidien des salariés, ils collecteront des sonorités industrielles, des images et témoignages, des photographies, des textes et documents d’archives et constitueront une «cartographie» du site pour dessiner cette nouvelle Topophonie, un terme inventé par le musicien Pascal Battus pour des performances artistiques. La sortie publique de ce travail, en forme d’exposition visuelle et sonore, sera présentée le 31 août dans le cadre de la Nuit Industrielle. En parallèle un livre et un disque seront réalisés.

DORA GARCIA, Désordre

The Klau Mich Show une performance et serie de tele pour dOCUMENTA (13) avec Theatre Chaosium, Kassel © Dora Garcia et Theatre Chaosium Photo- Dirk Radunz

En 2011, Dora Garcia représentait l’Espagne à la 54e Biennale d’art contemporain de Venise ; en 2012, elle présentait Klau Mich : radicalism in society meets experiment on TV à la Documenta de Kassel.

Aujourd’hui, elle est l’invitée de MP2013 au 3bisf dans le cadre des Ateliers de l’Euroméditerranée. «Son projet questionne toutes les façons d’être d’un artiste immergé dans notre lieu» souligne Marie-Louise Botella, directrice arts visuels au 3bisf : le contexte particulier de l’hôpital et de son public hors catégories (malades et visiteurs participant aux ateliers) est l’un des questionnements de l’artiste qui travaille sur l’enfermement, la règle… Son œuvre protéiforme convoque arts visuels, performances, installations et vidéos, intégrant parfois des comédiens ou le public sur des principes d’interventions différentes. Au 3bisf, le temps de l’AEM et le temps du travail se télescoperont car elle proposera une expérience permanente sous forme spectaculaire et éditoriale. Avec un blog qui permettra d’en suivre toutes les étapes : «toute la matière des ateliers sera recréée et fera œuvre car elle sera filmée, retranscrite : c’est la trame même de sa représentation».

Centrale thermique EDF de Ponteau Martigues EDF a investi 400 millions d’euros dans la transformation de cette centrale thermique en deux Cycles Combinés Gaz (CCG), d’une puissance totale de 930 MW. Ce changement technologique qui engendre une modification radicale de physionomie, dont la démolition des quatre cheminées, sera achevé en 2014. Programmation en 2013 La Nuit Industrielle Martigues, Port de Bouc, divers lieux 31 août 2013 Coproduction Marseille-Provence 2013, EDF & Médiathèque de Martigues Production déléguée Amor Fati

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DJAMEL KOKENE, Sans titre (provisoire) Djamel Kokene aime travailler l’idée de frontière, et pas de la manière la plus consensuelle : en témoignent sa sphère de barbelés rasoirs, ou sa barrière de police pliée en zig-zig. Au Tribunal de Commerce de Marseille, il a choisi d’observer l’action de la justice qui tranche, la question de la subjectivité humaine dans le

champ du droit, l’articulation entre équité et arbitraire. Il a prévu de mettre en scène l’espace judiciaire, disposé de la même manière partout en France, en réalisant suivant un procédé digne d’un archéologue une coupe en diagonale et dans l’épaisseur de la grande salle d’audiences !

La pièce de bois à l’échelle 1 sera façonnée à la Joliette dans les Ateliers de Production d’Akim Ayouche, et présentée au sein de l’exposition Ici, ailleurs. L’objectif de Djamel Kokene est de proposer différents niveaux de lecture de cette création : on ne percevra pas au premier coup d’œil qu’il s’agit d’une portion de la salle en trois dimensions, et il envisage de la compléter d’une ligne dessinée sur le mur. Cette dernière évoquant tant une frontière géographique qu’une courbe économique, deux notions en lien selon lui avec l’univers des Tribunaux de Commerce, particulièrement à Marseille où se croisent toutes les migrations. Suite à une rencontre féconde avec le Président du Tribunal, Georges Richelme, et désireux de décliner son intervention en l’ouvrant à d’autres disciplines, Djamel Kokene songe à organiser une table-ronde réunissant magistrats, élus, philosophes et artistes pour susciter un débat autour des enjeux éthiques et politiques du concept de justice.

Allégorie, sculpture et dessin, 2012 / 2013 Technique mixte, 10 m x 40 cm (sculpture) Dessin mural au fusain/charbon, dimensions variables (dessin) - Planche 1 et 2 : sculpture et dessin mural (esquisses) Courtesy de l'artiste, 2012/2013

GETHAN&MYLES, La Cité des curiosités La Bricarde serait-elle appelée à devenir dans l’esprit de tous «La Cité des Curiosités», du nom des ateliers initiés par la Fondation d’entreprise Logirem ? Car depuis 2009, tous les ans, un artiste est invité à travailler pendant 6 mois dans le 15e arrondissement de Marseille, en lien avec ses habitants, pour la création d’une œuvre pérenne dans l’espace public. De longues périodes de résidence pour se saisir du contexte (géographie, population,

positionnement par rapport à la ville…), créer des liens et réaliser les œuvres. Après Yazid Oulab en 2009 (série d’objets détournés et transformés visibles sur les façades des immeubles, Socles Hauts pour le rêve, en hommage aux histoires et itinéraires personnels des habitants) et Jean-Marc Munerelle en 2011 (réponse poétique à l’invitation «Réenchanter le quotidien» par la création de la sculpture cinétique L’envol qui interagit avec le vent qui traverse La Bricarde), c’est le duo anglo-irlandais gethan&myles qui a été choisi en 2012 pour sa proposition participative incluant sculpture in situ, vidéo et publication. Avec les habitants, ils ont travaillé sur l’idée du temps suspendu, du rythme différent entre la cité et la ville et ont conçu Time Machine, une sculpture à remonter le temps… un cadran solaire où sont gravées les dates de naissance des participants. Pour 2013, le résultat de l’appel d’offres sera communiqué en décembre.

5 x 200 (and a bear) - visuel pour le livre Time Machine © gethan&myles 2012

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Résidence D’octobre à décembre 2012 Temps public Ici, ailleurs Friche la Belle de Mai du 12 janvier au 7 avril. Coproduction Marseille-Provence 2013 Tribunal de Commerce de Marseille Production déléguée : Art to be

Producteur délégué Sextant et plus assure la production des œuvres et développe des passerelles avec les habitants, les acteurs socioculturels locaux et les scolaires, via l’organisation d’actions de médiation, d’expositions, de sorties dans des lieux d’art contemporain, de rencontres et d’ateliers artistiques. Production Logirem est une SA d’habitat social implantée en PACA (groupe Caisse d’Épargne) : plus de 20 000 logements, 400 salariés, 120 M€ de C.A. Sa fondation d’entreprise apporte son concours au développement de projets en région, notamment dans le domaine culturel. Partenariats La Fondation Logirem, Logirem, le FRAC, la DRAC, le Conseil régional, le Conseil général 13, la Ville de Marseille et MP2013

Résidence 2012/2013 Temps public Exposition La Fabrique des Possibles, Frac Paca, janvier/mars 2013 Repères Bettina Samson vit et travaille à Paris. Ce qui l’intéresse, «c’est comment l’objet vient s’écraser dans le présent, au point qu’il semble parfois venir du futur». Elle est représentée par la galerie Sultana à Paris et Nettie Horn à Londres. Le Laboratoire d’Astrophysique de Marseille associe la recherche en astrophysique et le développement d’instrumentation pour le sol et le spatial. Ses équipes pilotent des réalisations d’instruments en partenariat avec le CNRS, CNES, ESA, ESO ou encore la NASA.

Gravure fragment Matiere Noire

Bettina Samson travaille depuis 2010 en relation avec l’Institut Pytheas, plus particulièrement le Laboratoire d’Astrophysique de Marseille, pour donner lieu à une série de tableaux de verre. L’Atelier de l’Euroméditerranée proposé dans le cadre de la préparation de l’exposition La Fabrique des Possibles au Frac lui permet de poursuivre cette collaboration et de réaliser 1 sculpture et 3 nouveaux tableaux de verre. Comme son esprit fonctionne à la manière «des boules de neige», les images apparues sur les écrans du laboratoire lui ont fait penser aux tableaux de verre plaqué et sablé que Joseph Albers réalisa au Test verre © Bettina Samson Bauhaus, puis aux lentilles de verre. De quoi inventer des tableaux comme des bas-reliefs où l’éclat et la profondeur sont le résultat d’un jeu subtil de fusion, de sablage et de gravure, où «le verre noir gravé laisse apparaître ici du gris avant d’atteindre le blanc et, dans le sens inverse de superposition, c’est l’opaline qui laisse apparaître un gris foncé proche de l’aspect du béton». Parallèlement, Bettina Samson a créé une sculpture en verre optique inspirée du spectroscope multi-objets et de ses observations autour de l’élaboration de cette machine qui parviendra peut-être, un jour, à détecter ou explorer la matière noire qui constitue la plus grande partie de l’univers. Ainsi est né le Rubik’s cube en verre, assem-blé cube par cube, gravé en microCapture ecran Matiere Noire points, dont la taille est égale à celle du cerveau humain. Par analogie entre matière noire et matière grise…

Partenariats Coproduction MP2013, OSU Institut Pythéas (Aix-Marseille Université - CNRS), Frac Paca

Capture ecran integration matiere noire dans sculpture © Bettina Samson

Repères Djamel Kokene vit et travaille à Paris, où il est né en 1968. Son travail articule images et objets, éléments de divers langage, autour d’une réflexion sur la globalisation des échanges et de l’enseignement de l’art. Le Tribunal de commerce est une juridiction chargée d’enregistrer les créations d’entreprises, de régler les litiges entre les commerçants, les procédures de liquidation, redressement…

BETTINA SAMSON, Pour une observation future de la matière noire

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OLIVIER MENANTEAU, Mediagenic

Résidence Janvier-avril 2013 L’œuvre sera présentée en 2013 dans le cadre de l’exposition Situation Z / Archist programmée par Art-Cade, Galerie des Grands Bains douches de la Plaine. Repères Amina Menia vit et travaille à Alger où elle est née en 1976. Après une formation en art et design à l’Ecole Supérieure des Beaux-Arts d’Alger, elle explore les questions liées à l’espace public, en particulier celui de sa ville, dans une série d’interventions artistiques et d’installations urbaines (série «Extra Muros»).

Aurélie Filippetti au Sénat pour affronter les questions au gouvernement © OLIVIER MENANTEAU

Repères Olivier Menanteau photographe, cofondateur des Ateliers Nadar à Marseille avec Monique Deregibus, vit et travaille à Berlin et Paris. Son travail montre «comment les codes de représentation des systèmes culturels et médiatiques s’inscrivent dans l’espace et dans la relation du corps à sa fonction sociale». La Marseillaise, enracinée en Provence et en Languedoc depuis sa création sous l’occupation allemande, en 1943, était diffusée de manière clandestine par des Résistants. En 1997, sa ligne éditoriale, jusque là communiste, s’est ouverte à «toutes les composantes du mouvement social» ; aujourd’hui, il est un quotidien indépendant «porteur des idées de justice, de démocratie et de progrès humain». Temps public Les pièces réalisées pendant la résidence seront exposées dans les locaux de la Marseillaise et au [mac] durant l’exposition le Pont. Partenariats MP2013, La Marseillaise, [mac], musée d’art contemporain de Marseille

Mediagenic est un projet dans et avec le journal La Marseillaise. Rien d’étonnant car il aborde les questions posées par la production, la circulation et la perception des images produites par les médias : ont-elles la capacité de donner des formes d’historicité à la vie politique ? Pour y répondre, Olivier Menanteau planifie des projets lui permettant d’avoir la même place que les journalistes, même si ses outils et son rythme sont différents. «J’utilise des procédés photographiques analogiques traditionnels et une chambre photographique grand format. Je m’efforce d’être le plus neutre et précis possible. J’essaie de montrer les processus relationnels qui accompagnent la parole publique. Je tente de révéler les positions de réversibilité auxquels sont soumis les protagonistes des espaces de représentation politique». À Marseille, il suit l’activité politique de la métropole régionale ; à Paris, il mène son travail dans les institutions politiques nationales telles que le Sénat ou l’Assemblée Nationale… Ses images, mises en ligne sur un compte Flicker, peuvent être téléchargées par les journalistes de La Marseillaise pour illustrer leurs articles. Le texte de l’article devenant le titre de l’image. La rédaction lui passe des commandes qui sont mises en concurrence avec celles des photographes «maison» et des agences de presse. Le résultat est un objet hybride qui pose une nouvelle question : existe-t-il des concordances entre les images malgré ces différents processus de fabrication et de divulgations ? .

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Établissement d’accueil L’AGAM associe collectivités locales, État, organismes et établissements concourant au développement urbain et économique de la métropole marseillaise : expertise des phénomènes urbains actuels et émergents (analyses et données), mises en perspective du territoire. Partenariats AGAM, MP2013, Art-Cade, Galerie des Grands Bains douches de la Plaine.

Repères Zareh Sarabian enseigne à l’Académie Libanaise des Beaux-Arts ; il est également co-fondateur du studio Tribudesign à Beyrouth, et a remporté en 2009 un Red Dot Design Award pour une création de narguilé. Le Farinoman Fou a ouvert sa boulangerie rue Mignet à Aix en Provence il y a quelques années. Depuis, il régale ses clients de pains savoureux, tous plus originaux les uns que les autres (il parle plutôt d’un « atelier de fabrication » que d’une boulangerie), et de son accent québécois inimitable.


AMINA MENIA, Sans titre (provisoire)

Extraits video de «un album de famille tres particulier», film video mono ecran, 18'. Courtesy de l'artiste © Amina Ménia

Partant du constat qu’«un dialogue naturel s’installe entre Alger et Marseille», Amina Menia a souhaité «retrouver les points de rencontre et les points de rupture au niveau d’un patrimoine architectural commun : le travail de l’architecte Fernand Pouillon». En se fondant sur les archives urbaines (documents, cartes, plans et croquis relatifs au geste architectural), sortes de «négatif» de la ville telle qu’elle a été édifiée, elle veut explorer «cette mémoire en mouvement» pour écrire un nouveau chapitre de l’histoire urbaine de Marseille… Elle s’est également attachée à retrouver les similitudes, les liens qui se sont tissés entre les deux métropoles, dialogues directs ou indirects à travers les noms des rues ou les gestes architecturaux, Fernand Pouillon s’imposant comme un patrimoine commun. Son œuvre finale prendra des formes multiples (travail photo sur les archives, séquences filmées, maquettes…) et portera «sur un fragment de la cité Confort de Diar el Mahçoul», l’une des réalisations de Pouillon à Alger. Pour le revisiter avec un nouveau regard…

ZAREH SARABIAN, Sans titre (provisoire)

© Melanie Drouere

Le designer libanais n’a pas pour habitude de travailler sur de l’alimentaire, mais sa rencontre avec le boulanger canadien Benoît Fradette devrait être féconde : les deux hommes partagent une inventivité et une curiosité d’explorateurs. Comme l’écrit cet autoproclamé Farinoman Fou, « la boulangerie est un art complexe qui exige le meilleur de soi ». Si l’on en juge d’après la poésie qui se dégage des noms de ses créations : la Bure du Prêcheur, la Chair d’Aphrodite et puissance d’Eros, l’Effarouchée, le Complet Veston Cravate et son Invité ou le Maître Goji et ses deux épeautres, il n’est pas prêt de s’engluer dans la routine de la baguette. Les deux hommes n’en sont qu’aux prémisses de leur collaboration, mais on peut d’ores et déjà saliver en imaginant que de leur laboratoire créatif naîtra un feu d’artifice culinaire. Design de pains, nouvelles recettes spéciales 2013, moules ou maquettes, typographies ?


Résidence Septembre 2012 à décembre 2013 Nicolas Simarik est plasticien. Son book tient en 54 pages, où l’on apprend qu’en plus des conférences, éditions et expositions, bourses et diplômes obtenus, il a fait l’acquisition en 2002 «d’un fourgon Ford Transit minibus 9 places» et en 2004 «d’une Toyota Yaris 5 places 5 portes». Partenariats Coproduction MarseilleProvence 2013 & New Hotel of Marseille Production déléguée Art to be Paris, Marseille, Montpellier, Bruxelles : l’enseigne New Hotel, détenue par Georges Antoun, collectionneur d’art, est constituée de 11 hôtels 3*. Art to be Née de la volonté d’explorer les possibilités de rencontre entre l’art et le monde social et économique, Art to be a réalisé, entre autres, les Ateliers de Rennes - Biennale d’art contemporain, Valeurs croisées en 2008 et Ce qui vient en 2010.

NICOLAS SIMARIK, Sans titre (provisoire) «Partir du grain de raisin pour créer des environnements artistiques en dépassant le stade de l’anecdote», tel est le «projet de territoire» de Nicolas Simarik au New Hotel of Marseille. Projet à plusieurs facettes, dont l’élaboration progressive tiendra compte de l’espace, des éléments et de son environnement : l’hôtel, la clientèle, les partenaires, le Vieux-Port, le fort Saint Nicolas, le four à navettes, l’abbaye Saint Victor, Notre-Dame de la Garde. Avec, comme postulat, «de prendre la contrainte comme un argument» pour créer une histoire autour d’un liquide issu d’un cépage (le Cyrrha) dont la commercialisation n’est pas autorisée ! Viendra ensuite le temps de scénographier la vigne de manière urbaine, de transformer le vin en eau, de questionner les liens du religieux et du vin… Conseillé par un vigneron, Nicolas Simarik a réalisé en octobre les premières vendanges, l’équivalent de 100 grappes écrasées, broyées et filtrées. L’analyse du premier jus est en cours pour déterminer ses caractéristiques… Les prochaines actions seront le défrichage de la vigne (lierres, cailloux, arbres, mise en valeur d’objets ou de façades), puis la création et la fabrication d’un contenant spécifique, la conception d’événements et de performances qui jalonneront l’année, déterminés par l’identité du raisin. © Nicolas Simarik

Repères Le groupe Ici-même est une des compagnies de rue les plus actives du moment. Interventionniste, elle conçoit les arts de la rue sur le mode participatif, et non spectaculaire. Le Centre Bonneveine est le plus grand centre commercial des quartiers sud de marseille. Conçu comme une petite ville, il regroupe 58 commerces de diverses tailles, mais aussi des lieux de vie comme une halte garderie, une bibliothqèeu, un cinéma de 800 places… Résidence de décembre 2011 à déc 2012 Programmation Durant le festival actOral 2013 Coproduction MP2013, Centre Bonneveine

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GROUPE ICI-MEME, First life, explorations mobiles Reprendre pied dans le réel… tel est le projet du groupe Ici-même Paris, qui conçoit l’intervention dans l’espace public comme une réappropriation de la vie. Quand Second Life® produit des avatars qui évoluent sur écrans, First Life, grâce à l’application Smartphone qu’Ici-Même a conçue lors de sa résidence, va servir de guide, pied à pied, centimètre par centimètre, dans le quartier de Bonneveine. Son Centre commercial, son Musée d’Art contemporain, sa crèche, le pouce de César, sa bibliothèque, ses vastes trottoirs et son parc seront les points d’ancrage d’où la fiction va émaner, décors réels d’une histoire dont les spectateurs, guidés par les smartphones, deviendront acteurs, puis personnages…

Repères Alia Sellami, née à Paris en 1970, choriste à Radio France entre 2001 et 2006, enseigne le chant à l’Université de Tunis. Elle produit des oeuvres sonores et vocales, à l’intersection entre la musique et d’autres disciplines artistiques (théâtre ou danse notamment). Carniel est une centrale d’appels téléphoniques marseillaise, spécialisée en marketing territorial, marketing opérationnel et études (enquêtes, sondages, baromètres). Résidence Juin-juillet 2012


ALIA SELLAMI, Opéra’tor Elle vient du chant lyrique et sacré, s’est frottée au jazz, à l’improvisation, à la musique contemporaine. En résidence à Marseille à Carniel, cette musicienne complète a côtoyé les voix désincarnées d’une centrale d’appels, celles à qui l’on répond parfois rudement, et qui véhiculent plutôt les injonctions sucrées du marketing que l’émotion de la musique. L’artiste ayant travaillé sur la théâtralisation du son comme véhicule de la communication sous toutes ses formes, de la plus standardisée à la plus intime, le résultat est une de ces formes hybrides qu’elle affectionne, un montage de sons et de corps, tissé d’une multitude d’échanges téléphoniques. Alia Sellami a présenté cette nouvelle création à la biennale d’art contemporain Dream City, qui s’est déroulée en septembre 2012 à Tunis. En mai 2013, Opéra’tor tournera sur le Territoire lors de la Folle Histoire des arts de la rue. Alia Sellami Dream City 2012 Par Orkhan Turki

Alia Sellami Dream City 2012 Par Orkhan Turki

Alia Sellami Dream City 2012 Par Orkhan Turki


Quartiers créatifs Associant urbanistes, sociologues, artistes, centres sociaux, établissements scolaires et habitants, ces Actions de Participation Citoyenne concernent plus d’une dizaine de territoires en difficulté sociale. À Marseille, mais aussi à La Ciotat, Salon, Arles, Martigues, Vitrolles, Istres et Aubagne.

STEPHAN MUNTANER, Freak Show À Istres, Stephan Muntaner (fondateur de l’agence marseillaise C-Ktre) propose de revisiter nos curiosités contemporaines à partir du Magic Mirror implanté près d’une ancienne piscine désaffectée. Son projet est à double détente. Il s’agissait d’abord d’agrémenter le Magic Mirror de structures éphémères capables d’accueillir artistes et techniciens le temps des spectacles. Le choix porta sur l’acquisition d’un autobus à impériale, de vieux cars Berliet des années 50 repeints et aménagés pour répondre à leurs différentes fonctions (catering, loges, toilettes…). Un «mini village mobile et éphémère» a vu le jour. La décoration intérieure a été imaginée avec les habitants via des vide-greniers et des collectes d’objets et de mobiliers. Ensuite, place aux ateliers sur le thème du monstre et des supers héros. Couture, rafistolage, peinture ou mosaïque : les participants confectionnent des fétiches à partir des éléments collectés, puis les nomment, les classent et choisissent quels pouvoirs leur attribuer.

Inauguration Lors de Cirque en Capitales les 2 et 3 février Collaborations artistiques Adrien Bargin et les Ateliers de Léo : Freak Show Magic Mirrors © X-D.R

Viendra en 2013 le temps de l’exposition dans une caravane-musée, et d’une publication des photos et textes qui accompagnent le projet. L’inauguration du Magic Mirror sera précédée d’une procession carnavalesque dans la ville afin d’y déposer, comme un rituel, la collection.

Coproduction Ville d’Istres et MarseilleProvence 2013, avec le soutien de la Caisse des Dépôts et Consignations

HERVÉ LELARDOUX, Rendez-vous dans la Ville invisible

Aubagne © Hervé Lelardoux

Depuis de nombreuses années Hervé Lelardoux (Théâtre de l’Arpenteur) inscrit sa démarche artistique dans la ville invisible, «celle que nous portons en nous» en fonction de nos vies. À Aubagne, il se propose d’emprunter le parcours du futur tramway comme axe principal d’exploration : de la Zac du Charrel, point de départ de la ligne, au terminus dans la zone industrielle des Paluds… Le principe ? Amener les habitants à exprimer leurs points de vue sur leur ville, à livrer leurs souvenirs, leurs secrets. Comment ? En menant une vaste collecte d’informations, via une enquête artistique sensible, sur la mémoire liée au tramway. Qui longtemps rapprocha Aubagne et Marseille, et qui dès 2014 reprendra, gratuitement, ce trajet qui relie des quartiers populaires au centre-ville, et au-delà à la grande cité. Sur ce projet au long cours viennent se greffer différentes actions artistiques : ateliers d’écriture ; lectures autour de La Ville invisible d’Italo Calvino; création du spectacle Walk Man 3. Petite rumeur en mars au Théâtre Comoedia (pérégrination sonore dans la ville pour 12 spectateurs) ; «Enquête créative» sur la découverte du tracé du tramway par Hendrik Sturm, «artiste-marcheur», professeur à l’école

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des Beaux-arts de Toulon ; audio-balade réalisée avec Radio-Grenouille… Ce projet aboutira en octobre 2013 à la création du spectacle Rendez-vous dans la Ville invisible – Archéologie du présent qui devrait restituer un peu de ce qui aura été entrepris… et vécu. Lancé officiellement le 6 novembre dans la cour de l’école du Charrel, Aubagne invisible «évoluera au gré des rencontres et des opportunités». Jusqu’à la mise en œuvre, concrète, d’un tramway visible !

Inauguration De mars à octobre 2013 Coproduction Communauté d’agglomération du Pays d’Aubagne et de l’Étoile et Marseille-Provence 2013, avec le soutien du Théâtre Comoedia d’Aubagne et de la Caisse des dépôts et consignations




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