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Gaz et pétrole : même combat !

Il n’y a pas si longtemps, le secteur du gaz naturel et du mazout se livraient une guerre fratricide. Aujourd’hui, ces deux secteurs énergétiques sont confrontés au même défi : proposer un produit énergétique climato-compatible et carbone neutre.

Le symposium sur la transition énergétique organisé par BRAFCO en 2019 a clairement démontré que le secteur est non seulement innovant mais aussi capable de se transformer et de mettre sur le marché des combustibles et carburants renouvelables et de synthèse pour remplacer les vecteurs énergétiques fossiles, contribuant ainsi à la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).

En décembre dernier, Gas.be (la fédération des gestionnaires belges des réseaux de transport et de distribution de gaz naturel) a organisé une journée d’étude sur la transition énergétique et présenté les différentes innovations du secteur pour démontrer qu’il faudra compter avec lui pour réussir à relever le défi immense de la réduction des GES.

Les chaudières nouvelle génération et les appareils hybrides combinés à l’énergie renouvelable peuvent réduire de moitié les émissions de CO2. Le gaz vert, le biogaz et le biométhane sont en plein développement. Ils permettent déjà de produire, à l’échelle locale, de la chaleur et de l’électricité à partir de déchets organiques et, en développant le potentiel identifié et en favorisant les importations, d’injecter une partie croissante du biométhane produit dans les réseaux de gaz existants.

Actuellement, il existe déjà plus de 200 bio-installations en Belgique qui produisent de l’énergie pour leurs propriétaires. Située à Beerse, la première unité de production de biométhane injecte son surplus de gaz dans le réseau. Cinq autres installations d’injection sont aujourd’hui opérationnelles. Plus de vingt autres projets verront le jour d’ici 2025.

Co2 Ch4

D’autres idées sont sur la table pour optimiser à la fois le réseau existant et en assurer sa diversification :

• Power-to-gas : le réseau de gaz peut être utilisé comme batterie pour stocker l’énergie renouvelable excédentaire du réseau électrique.

• Le gaz vert peut être utilisé par les ménages et les entreprises comme source d’énergie supplémentaire neutre en carbone à l’aide d’une technologie gazière innovante.

• Le réseau de gaz peut également être utilisé pour le transport du CO2 après captage.

Avec un réseau opérationnel pour tous types de gaz et pas uniquement pour le gaz naturel, le secteur du gaz naturel dit se mettre à la disposition de toute innovation en matière énergétique.

La guerre en Ukraine et l’interdiction d’importation de gaz russe en Europe poussent ce secteur à redoubler d’énergie pour accélérer le passage du fossile au renouvelable. D’ici 2050, l’Europe vise à atteindre le zéro émission nette de GES (neutralité carbone). Or, selon Eurostat, la part des énergies renouvelables dans la consommation énergétique globale de la Belgique en 2021 est de 13%. A elles seules, les énergies renouvelables ne permettront pas à notre pays d’atteindre ses objectifs de réduction de GES. Selon Gas.be, le gaz lui-même devient de plus en plus écologique et offre de nombreuses solutions durables, en association avec d’autres sources d’énergie.

LA BIOMÉTHANISATION, UN GISEMENT INEXPLOITÉ

Commandée par Gas.be, une étude de Valbiom (animateur territorial de la transition vers une économie biosourcée) a démontré le potentiel de production de biométhane à partir de la biométhanisation. Le potentiel du biogaz en Belgique est de 15,6 TWh, dont 53 % issus de la Wallonie grâce aux nombreuses terres agricoles. Ces gisements énergétiques sont pratiquement inexploités à ce jour. Pourtant, la demande du marché existe, notamment de la part d’industriels qui cherchent des alternatives aux énergies fossiles et pour qui l’électrification n’est pas possible ou insuffisante.

C’est la réglementation encadrant la filière qui reste le principal obstacle pour les investisseurs. Le Gouvernement wallon s’est doté en 2018 d’un cadre juridique visant à favoriser la production de biométhane et son injection dans le réseau du gaz naturel. Ce texte a eu le mérite de voir le jour mais le cadre réglementaire reste trop rigide et trop complexe pour pouvoir développer rapidement de nouveaux projets. La région travaille actuellement sur une modification de la réglementation, condition sine qua non d’une activation de la filière.

La Commission européenne a fixé l’objectif d’une production de 35 milliards de m³ de biométhane à l’horizon 2030. C’est demain ! Il est grand temps de simplifier les démarches administratives et de revoir les mécanismes de soutien à cette production d’énergie renouvelable si on veut que la filière se développe réellement, sinon il sera trop tard. Le secteur du gaz naturel aussi peut donc produire de l’énergie durable, d’une part, et contribuer à tendre vers l’autonomie énergétique, besoin essentiel dans le contexte géopolitique et socio-économique actuel, d’autre part.

A l’instar du secteur pétrolier, celui du gaz naturel est confronté à un catalogue de bonnes intentions de la part du monde politique européen, fédéral ou régional. Il n’existe pas de soutien franc et massif au développement de ces nouvelles filières renouvelables. Les deux secteurs réclament à cor et à cri à la fois courage et vision politique, sans céder au « secteur bashing » trop en vogue actuellement.

Le tout à l’électrique est un leurre et les objectifs en termes de réduction des GES ne pourront être relevés que si nos chers élus prennent enfin conscience de l’absolue nécessité d’un mix énergétique intégrant e.a. les évolutions incontestables des produits énergétiques existants, gaz et pétrole !

Olivier Neirynck

Directeur technique

Gaz vert

Terme générique désignant toute forme de gaz renouvelables (biométhane, biopropane…).

Biogaz

Mélange composé de méthane (CH4) et de dioxyde de carbone (CO2) issu du processus de dégradation de matières organiques (méthanisation).

Biométhane

Résulte d’un processus d’épuration du biogaz, le rendant utilisable comme carburant ou pour le réseau de gaz naturel.

VARO annonce

l’acquisition de 80% de l’un des plus grands fabricants de biogaz en Europe

VARO Energy Group (« VARO ») annonce l’acquisition de 80% des actions de Bio Energy Coevorden BV (BEC) aux Pays-Bas, l’un des plus grands fabricants de biogaz en Europe. Cette acquisition permettra à VARO d’atteindre 65% de son objectif pour 2026, à savoir 1 TWh de biométhane/bio-LNG, dans le cadre de sa stratégie de transformation ONE VARO lancée en juillet 2022 (voir en p.36 de notre édition de septembre-octobre 2022). Parmi les points forts de la transaction figure le doublement de la capacité de l’installation actuelle de 300 GWh à 650 GWh d’ici 2026. Après l’extension, le site figurera parmi les 3 plus grandes installations de biogaz en Europe.

Le biogaz a un rôle important à jouer en fournissant aux clients de secteurs plus difficiles à maîtriser, tels que le transport lourd et la navigation, un approvisionnement en carburant à faible émission de carbone et à un coût compétitif. Les installations de biogaz à grande échelle jouent un rôle important dans l’accélération de la transition énergétique en Europe, explique Dev Sanyal, CEO de VARO. Cela offre une alternative aux carburants conventionnels à grande échelle avec des émissions de 90% inférieures à celles du gaz naturel, tout en permettant à nos raffineries de remplacer leur consommation de gaz naturel par des produits à base de biométhane à plus faible intensité de carbone. La croissance du biogaz contribuera à la sécurité énergétique de l’Europe en diversifiant l’approvisionnement.

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