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Hébergement : Familles gouvernantes - UDAF 16
Les « Familles-gouvernantes » sont nées dans les années 90, à l’initiative de l’UDAF de la Marne confrontée à de nombreux suicides et à un fort taux de personnes marginalisées et sans domicile fixe, parmi la population suivie en mesures de protection. Depuis lors, cette expérience s’est développée dans les UDAF et le dispositif s’est adapté aux besoins locaux.
L’idée, fondée sur des valeurs de solidarité, est de créer un environnement à dimension familiale, au sein d’un petit groupe de personnes qui ne peuvent vivre de façon autonome. Les liens qui se tissent entre les résidants autour de la gouvernante, leur permettent de vivre dans un cadre stable et rassurant.
L’UNAF s’est investie dans l’accompagnement des UDAF qui s’engageaient dans ce projet et a initié un comité national de développement avec les UDAF impliquées dans cette action. La dénomination « Famille-Gouvernante » n’est d’ailleurs ouverte qu’aux projets respectant l’esprit et les objectifs du concept.
Depuis sa création, ce dispositif a évolué, ses modalités de fonctionnement se sont structurées et les partenariats se sont renforcés. Aujourd’hui, il est implanté dans une quinzaine de départements, concerne plus de 400 résidents et une centaine de gouvernantes.
En ChArEnTE : L’InSErTIon DU hAnDICAp pSYChIqUE CoMMEnCE pAr LE LogEMEnT
Témoignage de M. Durieux, Directeur de l’UDAF de la Charente
L’UDAF de la Charente gère 4 groupes « famille-gouvernante ». 3 sont dédiés à des résidents en situation de handicap psychique et la 4e accueille des personnes cérébro-lésées.
L’UDAF 16 s’est engagée dans ce dispositif en 2005, Le Conseil d’administration était déjà résolu à faire reconnaître le handicap psychique et avait été sensible à l’interpellation de l’UNAFAM (membre de l’UDAF) sur l’absence d’hébergement pour les personnes en situation de handicap psychique.
Une alternative à l’hospitalisation de très longue durée
L’UDAF a donc réuni un comité de pilotage composé du Conseil général, de DDCS, de la MDPH, des offices d’HLM, de l’ADMR, de l’UNAFAM et de l’hôpital psychiatrique Camille Claudel, avant de mettre en place ces groupes « famille-gouvernante ».
L’UDAF loue à un bailleur les logements des 3 unités dédiées au handicap psychique. Dans un copilotage, l’hôpital psychiatrique sélectionne les publics accueillis. Chaque unité accueille 5 personnes dans deux logements proches. La prestation de gouvernance est assurée 7 jours sur 7 par des techniciens de l’intervention sociale et familiale (TISF), salariés de l’ADMR.
La 4e unité est pilotée en partenariat avec DomicLé16, une association spécialisée dans l’accompagnement des personnes cérébro-lésées. Avec famille gouvernante, elle peut proposer une passerelle vers un logement autonome. Cette unité accueille 3 résidants dans un logement avec une gouvernance 5 jours sur 7 assurée par un salarié AMP (aide médicopsychologique) de l’UDAF et un salarié TISF de l’ADMR.
Ce dispositif fait partie intégrante d’une action d’insertion des personnes handicapées organisée en 2 axes. Un axe « insertion par le logement » composé des groupes famille-gouvernante et d’une maison relais. Un axe « insertion par le collectif » composé du club d’activité et de 2 groupes d’entraide mutuelle (GEM).
« Logement » et « collectif » sont complémentaires et gradués selon le niveau d’autonomie des personnes. Ainsi, les résidents famille-gouvernante peuvent fréquenter le club d’activité, et s’ils deviennent plus autonomes, ils peuvent être accueillis en maisons relais.
Un dispositif innovant, à renforcer
Le besoin est flagrant ! Sans famille-gouvernante, faute de dispositifs d’hébergement adaptés, les personnes en situation de handicap psychique, stabilisées et peu autonomes n’auraient pas d’autres solutions que l’hospitalisation psychiatrique de très longue durée. Le Conseil général qui finalise son schéma départemental a d’ailleurs reconnu famille-gouvernante comme une réponse innovante à un besoin sans réponse.
Cependant, il y a dysfonctionnement dans le mécanisme de financement. Le système est financé par les résidents eux-mêmes, c’est un gage de souplesse. Or, ils ne peuvent financer leur hébergement que s’ils touchent des prestations de la MDPH, mais le handicap psychique n’est pas reconnu dans la grille nationale d’attribution des prestations handicap.
En Charente, le besoin est loin d’être couvert, nous pourrions encore développer ce dispositif, mais pour cela il faudrait améliorer le système. Il s’agirait de faire évoluer la grille nationale, d’ailleurs certains départements adaptent cette grille pour prendre en compte le handicap psychique. L’autre option serait de changer le mode de financement en faisant reconnaître ce dispositif comme un service autorisé, comme ont réussi à leur faire d’autres UDAF. ■