JA3101 – Juin 2021 – TOP500

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L’édito

Marwane Ben Yahmed @marwaneBY

Senghor, Hassan II, Ben Ali, Compaoré, Wade, Gbagbo, Ouattara… BBY et les chefs d’État africains

B

échir Ben Yahmed nous a quittés ce 3 mai, à l’âge de 93 ans, aux premières lueurs de l’aube. Et au terme d’une vie épique, consacrée à l’Afrique et au journalisme, au cours de laquelle il aura embrassé de si nombreuses vocations : patron de presse engagé et inclassable, éditorialiste au talent hors pair et à la culture immense, analyste toujours sur le qui-vive, panafricaniste résolu, détecteur et formateur de talents, acteur et témoin de l’Histoire, esprit libre mû par une curiosité intellectuelle sans limites, travailleur acharné, indépendant par-dessus tout. « Il y a quelque chose de plus fort que la mort : c’est la présence des absents dans la mémoire des vivants et la transmission, à ceux qui ne sont pas encore, du nom, de la gloire, de la puissance et de l’allégresse de ceux qui ne sont plus, mais qui vivent à jamais dans l’esprit et dans le cœur de ceux qui se souviennent », écrivait Jean d’Ormesson, cette autre grande figure de la plume et du journalisme. À l’heure où un immense chagrin nous étreint, le torrent d’hommages

qui ont été rendus à « BBY », émanant de personnalités comme d’anonymes, de ceux qui l’ont côtoyé comme des lecteurs de Jeune Afrique, ne peuvent que nous réchauffer le cœur. Le soleil s’est couché sur une vie extraordinaire, mais il continue de briller dans le jardin de nos souvenirs. L’enfant de Djerba laisse une empreinte profonde qui aura marqué plusieurs générations d’Africains ou de passionnés de l’Afrique. Il nous incombe, par amour autant que par devoir, de nous montrer dignes de cet héritage. Homme de presse à la lisière de la politique, ancien ministre, patron d’un journal panafricain qui a porté sur les fonts baptismaux la fabuleuse dynamique des indépendances…

Les ayant côtoyés, il a pu se forger une opinion plus « humaine » des uns et des autres.

Tout concourait au fait que Béchir Ben Yahmed ait été amené à rencontrer, voire à fréquenter de nombreux chefs d’État. Parmi ceux qu’il connaissait le mieux, les Tunisiens Habib Bourguiba et Zine el-Abidine Ben Ali, le Sénégalais Léopold Sédar Senghor, le Français François Mitterrand et l’Ivoirien Alassane Ouattara, dont il était très proche. Dans une moindre mesure, il a tissé des liens cordiaux, parfois amicaux, avec le Mauritanien Moktar Ould Daddah, les Maliens Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré, le Burkinabè Blaise Compaoré ou le Sénégalais Abdou Diouf. Il en a rencontré, pendant ses soixante ans de carrière, beaucoup d’autres, ce qui lui permit de se forger une opinion plus précise, plus « humaine ». Très observateur, BBY pouvait tirer d’une attitude, d’un comportement – pour d’autres anecdotique – ou d’une manière de s’exprimer de riches enseignements qui nourrissaient, associés à un examen plus journalistique de la gouvernance, sa perception et son analyse de nos dirigeants. Être son fils et son collaborateur JEUNE AFRIQUE – N° 3101 – JUIN 2021

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