4 minute read

Le rêve d’un grainetier

Si le golf est un sport individuel par excellence, l’une de ses plus belles compétitions est une rencontre par équipe. Depuis 1927, les Américains et les Européens se retrouvent tous les deux ans, tôt le matin, sur le pré, pour un duel certes inoffensif, mais pas toujours amical…

La paternité de la Ryder Cup n’est pas clairement définie, puisqu’il semble qu’un journaliste américain, James Harnett, ait eu l’idée, mais pas le «pétrole» pour organiser l’événement au début des années 20. Et c’est donc plutôt du côté des pros que serait venu la réelle motivation de faire se rencontrer les deux grandes puissances du golf international. Walter Hagen, fondateur de l’American PGA et légende vivante du golf américain (11 titres majeurs) et Abe Mitchell, pro anglais totalement inconnu, ont tiré des sonnettes, mis le pied dans des portes pour que la rencontre se réalise. A défaut d’être brillant golfeur, Abe Mitchell était un bon enseignant et certainement quelqu’un de persuasif, puisqu’il réussit à convaincre l’un de ses élèves, Samuel Ryder, de sponsoriser le trophée. Ce grainetier, considéré comme le générateur de la passion anglaise pour les jardins, allait mettre son enthousiasme et ses gros moyens au service d’une coupe, qui devait rapidement enflammer les passions des deux côtés de l’Atlantique. La première rencontre officielle s’est déroulée en 1927, sur le sol américain, au Worcester Golf

Advertisement

Club, dans le Massachussetts. Walter Hagen y a mené les Américains à la victoire, qui l’emportèrent sur l’équipe de ted Ray par 9,5 à 2,5. La revanche se déroula deux ans plus tard, sur sol britannique, au Moortown Golf Club, à Leeds. Les Britanniques parvinrent à s’imposer 7 à 5. Le rythme était pris et les deux continents s’enflammèrent pour cette nouvelle formule, disputée, évidemment, en match­play.

L’EURoPE ENtièRE on constata malheureusement que la GrandeBretagne ne parvenait que difficilement à contrer l’Amérique. D’ailleurs, de 1935 à 1983, la Ryder Cup ne séjournera qu’une seule fois en Angleterre. Et c’est pourquoi la sélection fut étendue à l’irlande, à partir de 1973. Le renfort fut malheureusement insuffisant et les Britanniques, la mort dans l’âme, acceptèrent que l’Europe continentale entre dans la danse. Cette décision allait sauver la Ryder Cup. Car l’intérêt qui s’émoussait était soudain relancé par un certain Severiano Ballesteros. Les rencontres s’équilibrèrent, jusqu’en 1985, où les Européens s’imposèrent trois fois consécutivement! Les Américains furent blessés dans leur orgueil et la Ryder Cup devint une priorité dans le calendrier, avec des capitaines successifs qui se consacrèrent totalement à la reconquête du trophée. Dave Stockton y parvint en 1991, dans un climat de concurrence exacerbée, qui fera dire quelques bêtises à un certain Corey Pavin… capitaine de l’équipe américaine en 2010! Ce furent les plus belles années de la Ryder Cup, avec des matches serrés, des dénouements dramatiques, des ambiances de folie.

Une nouvelle fois, le soufflé allait redescendre. Mais c’est la domination européenne qui en fut la cause! Humiliés, laminés, les Américains s’intéressèrent davantage à la President’s Cup, le pendant de la Ryder Cup face au «reste du Monde». La première édition s’est déroulée en 1994 et les succès américains réjouirent le public et les joueurs.

Heureusement, après trois éditions à sens unique, les pros du Nouveau Monde, emmenés par Paul Azinger, allaient reconquérir leur chère Ryder Cup sur les greens du Valhalla Golf Club. L’équipe européenne n’était pas trop triste et elle s’empressa de mettre la responsabilité de cette défaite sur le dos du très controversé capitaine, Nick Faldo!

HiStoiRE

DE GRoS SoUS

Depuis une vingtaine d’années, la Ryder Cup est devenue un rendez­vous très médiatisé et les clubs se battent pour accueillir la rencontre. Si bien que l’argent a fait le ménage dans le choix des parcours, avec des resorts puissants qui

Beaucoup de néophytes !

Après plus d’une année d’attente, le suspense est tombé, avec la publication des deux équipes qui s’affronteront en octobre au Pays de Galles. Les Européens ont tiré les premiers, avec 9 qualifiés et 3 choix du capitaine Colin Montgomerie. Ce dernier s’est déterminé pour Padraig Harrington en raison de son expérience, pour Luke Donald en fonction de ses résultats lors des deux éditions qu’il a disputées et pour Edoardo Molinari par sa forme actuelle et la victoire avec son frère dans l’omega Mission Hills World Cup. Justin Rose et Paul Casey sont les deux pros qui peuvent être déçus de ne pas figurer dans cette liste.

A signaler que six des douze joueurs européens sont des rookies : les Molinari, Mcilroy, Hanson, Kaymer et Fisher. Pour les Etats­Unis, dont le mode de sélection est différent, Corey Pavin disposait de 4 choix à ajouter aux 8 qualifiés. Puisque 6 joueurs parmi les qualifiés n’ont jamais disputé la Ryder Cup, le capitaine américain a privilégié l’expérience, en choisissant tiger Woods, Zach Johnson et Stewart Cink. Avec Rickie Fowler, il a négligé sa jeunesse pour miser sur un incroyable talent, qui se montre aussi très régulier. Charley Hoffman, très impressionnant pendant les play­offs de la FedEx Cup et Ryan Palmer sont les malheureux laissés pour compte.

La «fraîcheur» des deux équipes pourrait être très positive pour le spectacle, avec des paires totalement inédites et des styles percutants, pleins de panache. Face au mental des aînés, les jeunes peuvent s’appuyer sur leur puissance et leur culot. Aux capitaines de trouver les bonnes combinaisons… s’imposent face à des clubs renommés. Le K­Club en irlande (2006) et Celtic Manor au Pays de Galles (2010) en sont les exemples les plus frappants. Alors qu’on rêverait d’assister à une Ryder Cup à St. Andrews ou sur l’un des parcours du British open, comme ce fut le cas pendant des années, elle se déroule sur des terrains certes magnifiquement préparés, mais dont l’âme et l’histoire manquent cruellement de profondeur. Heureusement, la formule de jeu (4 balles/Meilleure balle et foursomes pour les deux premiers jours et single pour le dernier jour, le tout en match­play) a gardé son côté spectaculaire, avec des empoignades palpitantes, des renversements de situation sur le dernier green et des démonstrations de joie parfois débordantes. A une époque où le strokeplay s’impose pour des impératifs médiatiques évidents, le match­play de la Ryder Cup est l’un des derniers témoins d’un style de compétition qui a longtemps prévalu dans le golf. Du 1er au 3 octobre prochain, l’équipe de Colin Montgomerie tentera de reprendre le trophée aux «boys» de Corey Pavin.

Jacques Houriet

etats-unis

Qualifiés

Phil Mickelson

Hunter Mahan

Bubba Watson

Jim Furyk

Steve Stricker

Dustin Johnson

Jeff overton

Matt Kuchar

Invités tiger Woods

Stewart Cink

Zach Johnson

Rickie Fowler

Europe

Qualifiés

Lee Westwood

Rory Mcilroy

Martin Kaymer

Graeme Mcdowell ian Poulter

Ross Fisher

Francesco Molinari

Miguel Angel

Jimenez

Peter Hanson

Invités

Padraig Harrington

Luke Donald

Edoardo Molinari

This article is from: