D’un paraDis à l’autre

Golfs sublimes et accessibles: ça existe!

On l’a maintes fois répété: les plus beaux golfs ne sont pas forcément inaccessibles. Et comme le plaisir du jeu est autant technique qu’émotionnel, amical ou visuel, il ne faut jamais hésiter à viser haut pour se créer des souvenirs golfiques luxueux, fabuleux! Comme sur le parcours de Cape Kidnapper en Nouvelle Zélande…

Si l’on demande à 100 golfeurs le parcours qu’ils aimeraient découvrir, plus de 50 répondront le Old Course de St. Andrews. Mais moins de 10 savent que ce golf est public et que son accès est ouvert à tout le monde (restriction faite d’un handicap de 24 pour les hommes et de 36 pour les dames et du payement d’un green-fee de 130 £). Une information qui confirme une chose: les Ecossais savent compter! Et qui en infirme une autre: les femmes sont les bienvenues en Ecosse!

En fait, jouer le Old Course nécessite peu d’efforts, mais parfois de la patience. Car il n’y a pas de réservations garanties à l’avance, sauf concrètement le tirage au sort. Tout juste a-t-on entendu dire que les amateurs japonais à hauts handicaps – jugés très lents… – ont beaucoup moins de chance de jouer que des Européens continentaux single handicap!

Avec les liaisons aériennes en vol direct vers Edinburgh, une voiture de location, un hôtel ou un «Bed&Breakfast», le voyage vers St. Andrews est extrêmement simple, rapide et bon marché. Eu égard à la valeur historique et technique du parcours, c’est assurément un déplacement très avantageux. Sans compter qu’il y a d‘autres parcours exceptionnels à proximité. Car une fois comme Kinbgsbarn, ou du plus scénique, comme Castle Course! pour ceux qui ont un «piston» sur place… Il faut donc passer par le «ballot»: il s’agit d’un tirage au sort effectué par les officiels de St. Andrews et publié en fin d’après-midi, pour un départ le lendemain. Toutes les personnes qui souhaitent jouer peuvent déposer leur nom dans cette urne… virtuelle. On ne sait en effet pas si elle existe vraiment et comment est effectué que l’on aura humé l’air marin de cette jolie ville universitaire, que l’on aura arpenté les mêmes greens et les mêmes fairways que toutes les légendes du golf, que l’on aura pesté face à la difficulté du «road hole» (trou No17) et que l’on aura été ému en franchissant le «Swilken bridge» en remontant le 18, on en voudra encore! Et du plus difficile, comme Carnoustie, du plus beau,

St. Andrews est un véritable pèlerinage et ce n’est pas par hasard si on appelle cette ville, la «Mecque» du golf! En tant que suisses, nous avons la chance de vivre à moins de 3 heures d’avion de ces links prestigieux. Les Australiens sont verts de rage, les Californiens rouges de jalousie, les Sud Africains sont… Bref, ils nous envient et il n’y a donc aucune excuse à ne pas découvrir la particularité de ce sport, sur les links qui l’ont vu naître. Même les joueurs les plus expérimentés et les plus blasés n’ont pas de mots pour décrire leurs émotions après une partie à St. Andrews!

32‘000 ChOIx!

Rêver c’est déjà ça, chantait Julien Clerc. Simplement en tournant les pages puis en fermant les yeux, les magazines spécialisés, les prospectus d’agences de voyages ou le guide «Rolex, les 1000 meilleurs golfs du monde» nous transportent immédiatement dans des contrées éloignées ou non, sous des cieux ensoleillés ou non, à des tarifs abordables… ou non! Faire un choix parmi les 32‘000 parcours que compte la planète est ardu. Parfois, on privilégiera le pays (l’île Maurice en ce qui me concerne), parfois le style des golfs (les links, évidemment!), parfois la cuisine que l’on y sert (italienne, ma…), parfois le shopping (Dubaï). Mais quel que soit le prétexte accessoire invoqué, on pourra découvrir des terrains exceptionnels. Le guide Rolex précité est un ouvrage exceptionnel, car réalisé en totale indépendance, sans que les clubs qui sont présentés ne puissent influencer le jugement des inspecteurs qui s’y rendent, incognitos. Quinze parcours ont reçu la note maximale de 100. Et parmi eux… 11 sont ouverts aux visiteurs! Les quatre parcours totalement privés, donc les plus exclusifs, sont tous américains (une remarque, un commentaire…?): Augusta National, Cypress Point, Oakmont et Pine Valley. Si vous connaissez un membre de ces clubs, les portes vous seront entrouvertes! Sinon, vous pourrez continuer de rêver. Mais pour les autres (y compris St. Andrews mentionné plus haut), il suffit d’en avoir envie – et quelques moyens, soyons honnêtes – pour les découvrir.

Que Du Lourd

Bethpage Black est connu des observateurs les plus avertis pour avoir reçu deux fois l’US Open depuis 2002. Il s’agit d’un golf public de la région de New-York, au tracé dessiné par le célèbre A.W. Tillinghast. Pour 105 $, vous passerez de l’enfer au paradis, mais l’expérience restera inoubliable. Carnoustie est en Ecosse, à moins d’une heure de St. Andrews. Il s’agit certainement du plus

Teeth of the Dog, République Dominicaine

sement. Et la bière est très bon marché! Conçu par W.C. Pickeman et George Ross en 1896, Portmarnock Championship est un géant. Certains disent le meilleur links au monde. Le golf irlandais se trouve sur une presqu’île, près de Dublin et mérite largement que l’on dépense 180 euros pour l’affronter.

Second parcours australien (200 $ australiens), Royal Adelaide date de 1905, mais a été plusieurs fois transformé, notamment par Alister MacKenzie et Peter Thomson. heureusement, il n’a pas perdu son identité dans ces mutations, laissant aux dunes et aux pins lui donner un caractère si typique.

Royal Birkdale est un autre links – il y en a 7 dans le Top 15 mondial – de grande valeur. Dans la banlieue de Liverpool, ce parcours (165 £) dessiné par Fred W. hawtree et John h. Taylor en 1922, accueille souvent le British Open. Il possède de nombreux trous dont on se rappelle, ce qui est assez rare sur ce type de golf.

Sur sa falaise californienne, Torrey Pines (South) déroule majestueusement ses fairways. William F. Bell a réalisé un monstre de beauté en 1957, qui a depuis accueilli l’US Open (2008), dernière levée du Grand Chelem remportée par Tiger Woods. A 160 $, c’est un véritable cadeau.

MON

GRAAL à MOI!

difficile links d’Ecosse, à défaut d’être le plus esthétique. Pour 130 £, vous pourrez affronter ce golf puissant et récolter un peu des émotions qui ont assaillis Jean Van de Velde, au moment de perdre le British Open 1999…

C’est en Australie, à Melbourne, que vous trouverez Kingston heath. Pas étonnant qu’il soit si bien noté, puisqu’il est l’œuvre d’Alister MacKenzie, le même architecte qui a conçu Augusta National! Le green-fee est costaud (250 $ australiens), mais vaut largement l’investis-

Royal County Down (Old) date de 1889. Il est le seul de la liste qui est né du talent de Old Tom Morris. Un argument suffisant pour se déplacer jusqu’à Belfast (Irlande du Nord) et pour payer les 160 £ du green-fee. Ce links est d’une pureté absolue.

En dessinant ce parcours en 1922, harry S. Colt n’imaginait pas que Sunningdale (New) serait plus tard considéré comme le meilleur golf anglais, juste devant son voisin, Sunningdale (Old)! Le prix de la béatitude golfique est fixé à 155 £!

J’ai la chance de jouer au golf depuis 23 ans. Et j’ai méticuleusement noté tous les parcours que j’ai visités. La barre est à 492 aujourd’hui (36 pays) et je sais que j’attendrai le chiffre mythique de 500 cet automne. Si mon planning est respecté, c’est à Muirfield (le dernier des 11 parcours accessibles notés à 100 par le guide Rolex), encore et toujours en Ecosse (à proximité d’Edinburgh), que j’atteindrai ce petit Everest, que je m’étais puérilement et orgueilleusement créé. La coïncidence avec ce links phénoménal n’est pas anodine. Comme le golf est un sport essentiellement mental, constitué presque exclusivement d’émotions et de sensations, il fallait que le 500ème parcours soit symbolique. Les valeurs historiques, techniques et picturales de Muirfield semblaient correspondre à ma philosophie du jeu. Je vais donc aller vivre ce grand moment de golf en compagnie de deux amis, en espérant que le temps sera clément et mon swing affûté!

Jacques Houriet