Le prix de La persévérance

MigueL angeL JiMenez s’iMpose à crans-Montana

Après 24 tentatives, le joueur de Malaga a enfin remporté l’Omega European Masters, pour son plus grand plaisir, mais également celui des organisateurs et du public, qui lui a réservé une formidable ovation.

Est-ce que certains vainqueurs sont plus beaux que d’autres? Officiellement non, mais officieusement oui! Miguel Angel Jimenez fait désormais partie du palmarès de l’Omega European Masters et il n’y a certainement personne pour s’en plaindre, à part peut-être Edoardo Molinari…

Certains sportifs parviennent à charmer le public, donc à satisfaire les organisateurs, à répondre aux attentes de la presse, à se faire respecter de leurs pairs. Le joueur de Malaga a toutes ces qualités et bien d’autres encore. Sous des allures parfois bourrues, il est en définitive un grand sensible, qui avoue adorer l’atmosphère de Crans-Montana. Il aime le parcours, revu et corrigé par son compatriote et ami Severiano Ballesteros, parce qu’il exige plus de précision et de créativité au petit jeu qu’une réelle longueur. Il apprécie l’ambiance alpestre et le confort de la station, qui lui permet d’emmener sa famille pour une vraie semaine de vacances, même si lui doit être «au bureau». Il est enchanté de retrouver ses amis et notamment le patron du restaurant La Marquise – encore un compatriote – où il a ses habitudes à Crans. Enfin, il n’aime pas qu’une compétition lui résiste! Et c’est pourquoi il a remis l’ouvrage sur le métier, jusqu’à ce que ce tournoi unique figure à son palmarès. Ce qui est symptomatique dans la carrière du joueur andalou, c’est une certaine précocité, puisqu’il est passé professionnel en 1982, à l’âge de 18 ans, mais aussi une grande résistance et une maturité, que l’on pourrait qualifier de tardive, puisque 11 de ses 18 victoires du Tour européen ont été acquises depuis qu’il a célébré ses 40 ans.

Miguel Angel Jimenez est un golfeur qui a mûri et qui s’est bonifié. Son swing, d’un style un peu désuet et qui ne correspond pas aux mouvements compacts et puissants des jeunes «robots

Une semaine avant Crans-Montana, il avait été très inconstant sur les putts de 2 mètres en Ecosse, ce qui lui avait certainement coûté la victoire, face au même Molinari. Une mise au point et le putter est redevenu son ami!

Tous ces éléments mis bout à bout expliquent la formidable saison 2010 de l’Espagnol. Victoire à l’Omega Dubai Desert Classic en février, titre à l’Alstom Open de France en juillet et triomphe sur le Haut Plateau valaisan en septembre. Un stéréotypés» de la nouvelle génération de pros, est un modèle de précision et de constance. C’est certainement grâce à une excellente maîtrise technique et à un rythme parfait qu’il est capable de disputer beaucoup de compétitions. L’Omega European Masters constituait en effet son 5ème tournoi d’affilée depuis début août et le 22ème d’une saison extrêmement chargée. timing parfait pour un joueur qui, à 46 ans, sera le plus expérimenté de l’équipe européenne de Ryder Cup en octobre prochain. Inoxydable Miguel Angel, dont la démarche cambrée, le catogan, les chaussures «Al Capone» et l’incontournable cigare sont la signature absolument unique. Attachant Jimenez, dont les clins d’œil et les gestes amicaux ont séduit tant de spectateurs et suscité tant de vocations chez les jeunes. A l’année prochaine, Hombre!

A la régularité, Jimenez ajoute la précision. Son petit jeu est très délicat, à l’image de celui affiché par tous ses compatriotes, qui réalisent des merveilles sur et autour des greens. Il a en outre la faculté de ne pas répéter les mêmes erreurs.

Jacques Houriet