7 minute read

Nouvelle perspective pour les pros et les amateurs

Lors de sa session d’octobre Copenhague, le Comité Olympique a non seulement choisi Rio de Janeiro pour recevoir les JO d’été 2016, au détriment de Chicago, Tokyo et Madrid, mais il a également décidé de mettre le golf et le rugby au programme de ces olympiades. Pour le golf, le long processus de séduction a finalement abouti après Paris en 1900 et St. Louis en 1904, le golf fait son retour aux Jeux Olympiques.

L’olympisme, dans le sport actuel, ou plutôt dans la société actuelle, est un phénomène d’une immense ampleur. Tous les quatre ans, quelle que soit leur forme, les Jeux Olympiques fascinent tous les habitants de cette planète. Pourquoi en est-il ainsi? Ce sont des sociologues et des historiens qui peuvent répondre à cette question. Mais peu importe la réponse, il en est ainsi: nous sommes absolument tous conquis par les idées olympiques. Les annonces sportives font parties des rares infos quotidiennes qui nous donnent le sourire; au contraire des reportages sur les catastrophes naturelles, sur les guerres, les épidémies, les famines, l’économie ou la corruption politique. Cela dit, on sait bien que même dans le sport olympique, tout ce qui brille n’est pas or! Mais le bilan du sport reste globalement positif et surtout, l’on sait que lorsque nos enfants font du sport, ils ne sont pas en train de faire des bêtises. Notamment lorsqu’ils jouent au golf.

Advertisement

Le sport, au travers du mouvement olympique, est certainement devenu une sorte de refuge; un domaine de la vie dans lequel nous nous sentons libres, où nous oublions momentanément nos soucis, nos doutes, nos blessures et où nous pouvons vivre des émotions positives répétées et partagées. Des millions, plus vraisemblablement des milliards de personnes pratiquent le sport; des enfants des favelas d’Amérique du Sud qui jouent au football avec un ballon improvisé, jusqu’aux retraités de la Côte d’Azur qui se font une pétanque sur la place du village. Chaque homme vit le sport à sa manière. Mais ce qui est sûr, c’est que la pointe du mouvement sportif est représentée par les Jeux Olympiques. Pour tous les jeunes sportifs, pour tous les peuples de la planète, une participation aux Jeux Olympiques est l’objectif ultime, le but avoué, l’ambition d’une carrière pour autant bien sûr que la discipline pratiquée fasse partie du programme olympique. Et jusqu’à aujourd’hui, aucune golfeuse ni aucun golfeur ne pouvaient avoir cet objectif à l’esprit.

Tiger, Padraig, Michelle, Matteo, Ernie, Karrie

Mais cela a changé. L’admission du golf aux JO 2016 ouvre des perspectives complètement nouvelles aux joueurs de haut niveau. Nous ne savons bien entendu pas qui aura le privilège en 2016 de jouer pour une médaille olympique. La seule chose qui est certaine, c’est que de multiples joueurs d’élite ont affirmé leur volonté de participer à ces Jeux si l’occasion leur en est donnée. Des golfeurs du calibre de Tiger Woods, Ernie Els, Vijay Singh, Phil Mickelson ou Anthony Kim, sans oublier Karrie Webb, Lorena Ochoa, Michelle Wie ou Matteo Manasserro, le jeune prodige italien de 16 ans.

Padraig Harrington fut l’un des athlètes présents à la session de Copenhague en tant qu’ambassadeur du golf, qui a donné son avis sur les Jeux. Un joueur dont on rappelle qu’il a déjà gagné trois majeurs, mais qui place une participation aux Jeux Olympiques à un niveau encore plus haut que ses victoires en Grand Chelem. Il a affirmé: «jusqu’en 2016, il y a encore 28 tournois majeurs à disputer, mais un seul tournoi olympique!» Quant à Michelle Wie, elle a déclaré que dès son plus jeune âge, elle aurait voulu participer aux JO, mais qu’elle n’avait jamais imaginé un jour que cette chance lui serait donnée et qu’elle pourrait participer à la cérémonie d’ouverture en défilant pour son pays. Si elle devait y parvenir, elle est certaine que cela inspirerait une jeune fille, quelque part dans le monde et qu’elle tenterait de l’imiter. Il y a quelques années seulement, la participation du golf aux Jeux Olympiques n’était qu’une théorie assez peu probable; de nombreux pros célèbres affichaient d’ailleurs une certaine distance avec cette idée et certains considéraient même que le golf n’avait pas besoin des Olympiades. C’est certainement vrai, mais dans l’intervalle, l’avis des joueurs du circuit a changé. Car, aujourd’hui, le golf olympique est quelque chose de concret et chacun veut «en être»!

Selon de nombreux experts, le golf olympique va faire la promotion de ce sport dans de nombreux pays où il n’est pas encore populaire. Des pays où le golf est extrêmement marginal et où il devrait soudainement connaître une exposition stimulante, amenant à la construction de parcours et à l’éclosion d’une nouvelle génération de gol- feurs, permettant à ce sport de devenir véritablement planétaire.

Celui qui s’impose aux Jeux Olympiques s’offre la plus belle couronne du sportc’était ainsi au sens propre dans la Grèce antique et ça le reste au sens figuré aujourd’hui.

L’association internationale est rassembleuse

A l’inverse de beaucoup d’autres sports, en matière de compétition, le golf a vécu dans un imbroglio bien connu (ce qui fut d’ailleurs son principal handicap pour une participation aux Jeux Olympiques). Il faut dire que nous sommes le dernier sport où il y a encore une distinction précise et définie du milieu amateur et du milieu professionnel; une différence qui a disparu depuis longtemps aussi bien dans le tennis que dans le vélo. Mais pas dans le golf, comme chacun le sait. Par ailleurs, il y a de nombreuses organisations nationales et internationales qui sont actives dans l’organisation de compétitions et qu’il n’est pas facile de coordonner. On trouve aussi les associations de golf nationales; elles sont réunies dans des associations continentales (comme l’EGA, la European Golf Association), qui organisent les championnats continentaux (les championnats d’Europe par exemple). Jusqu’en 1958, il n’y avait pas d’association mondiale, analogue par exemple à la FIFA, pour organiser des championnats mondiaux.

Cela dit, tous les fans sont essentiellement attirés par les pros, qui sont réunis au sein des associations PGA des pays et des continents et qui jouent sur les circuits correspondants. Les plus grands circuits mondiaux sont ceux de l’US PGA Tour et de l’European Tour. Mais il y a encore de nombreux circuits, jusqu’à de petits circuits satellite comme l’EPD Tour en Allemagne ou l’Alps Tours dans les pays alpins.

Toutes ces organisations, cela va sans dire, ne pouvaient représenter individuellement le golf et être un interlocuteur pour le CIO. L’USGA et le R&A, les deux plus importantes associations de golf, réunissant pas moins de 35 associations nationales (parmi lesquelles l’ASG), ont fondé le World Amateur Golf Council en 1958, avec notamment pour objectif d’organiser un Championnat du Monde Amateur. Ce dernier se déroule aujourd’hui tous les deux ans, sous le label «World Amateur Team Championship». Il s’est disputé la dernière fois à Adelaïde en 2008 et sera organisé l’an prochain à Buenos Aires. En 1958, ce sont les Australiens qui ont été les premiers Champions du Monde, apportant un tribut considérable au golf par le biais de l’Eisenhower Trophy; Bobby Jones était le capitaine de l’équipe américaine!

Depuis 1964, il y a aussi un Championnat du Monde pour les Dames, qui se joue sous le nom de l’Espirito Santo Trophy. Les premières gagnantes furent les Françaises. En 2003, le nom du World Amateur Golf Council a été transformé en International Golf Federation (IGF), avec comme objectif statutaire de faire du golf un sport olympique.

La valeur éthique du golf et la charte olympique Aujourd’hui, l’IGF est bien organisée, même si sur le plan public elle n’est pas très connue. Les circuits mondiaux et

Comment devient-on champion olympique?

Nous sommes encore loin de savoir quels seront les critères de qualification pour le tournoi olympique. L’IGF a fait une proposition comme base de discussion, qui sera certainement prise en compte par le CIO.

Un tournoi en strokeplay sur quatre tours

60 femmes et 60 hommes au départ

Le top 15 des classements mondiaux automatiquement qualifiés les PGA la soutiennent, ainsi que les 123 associations nationales amateurs. Le succès de cette nomination aux JO l’a naturellement placée sous les projecteurs. Au centre de cette nomination, il y a quelques arguments qu’on ne peut contrer. Notamment le fait qu’on peut tabler sur un minimum de 60 millions de golfeurs et de golfeuses dans le monde. Sans compter que grâce aux circuits et à la présence du golf à la télévision dans plus de 200 pays, quelques centaines de millions de gens sont des fans du golf.

Deux représentants par pays en plus des 15 qualifiés d’office, sur la base du classement mondial.

Néanmoins, au sein du mouvement olympique, il y a quand même des détracteurs du golf. Finalement, la décision a été positive à Copenhague, grâce certainement à un gros travail de lobbying en coulisses, comme John C. Storjohann, le secrétaire général de l’ASG le souligne: «je me suis personnellement beaucoup investi pour soigner les contacts que j’ai avec les membres suisses du CIO. Cela a peut-être eu une incidence modeste mais positive sur le succès de l’opération».

Ce qui a également été important, ce sont les valeurs que tous les golfeurs véhiculent dans la pratique de leur sport. Le respect, les égards, l’honnêteté, la serviabilité, l’attention aux adversaires, la probité face aux règles autant de qualités que l’on retrouve également dans la charte olympique. De nombreuses organisations et de nombreux pros renommés s’engagent dans des programmes de soutien à des personnes défavorisées et notamment envers les jeunes, pour leur faire découvrir le golf et pour leur apporter une meilleure qualité de vie; on pense notamment à la Tiger Woods Foundation ou au programme First-Tee. Le golf et les Jeux Olympiques vont très bien ensemble. Les années prochaines montreront le développement concret de cette collaboration. Mais il est certain que cette nouveauté à Rio inspirera des dizaines de milliers de jeunes golfeurs dans le monde et certainement quelques centaines en Suisse! L’olympisme va aider ces joueurs, qu’ils soient jeunes ou moins jeunes, à développer une vie meilleure. C’est tout l’intérêt de la chose, maintenant que «nous» sommes aux Jeux Olympiques.

Les vainqueurs de l’Ordre du Mérite de l’ASG

This article is from: