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UNE NOUVELLE VIE
UNE NOUVELLE VIE
D’un lac à l’autre
Antoine Barizzi de Neuchâtel va tenter sa chance en terre alémanique à la para-colocation de Schenkon.
Gabi Bucher
Antoine Barizzi, 27 ans, tétraplégique depuis un accident de gymnastique en 2010, vivait jusqu’ici dans un foyer tout proche de l’université de Neuchâtel. Pour l’étudiant, ce logement était idéal pour deux raisons: la courte distance et l’assistance 24 heures sur 24 qu’il offrait. «Je pouvais aller et venir à ma guise, il y avait toujours quelqu’un», raconte Antoine qui explique en riant que c’était surtout très pratique quand il voulait partir en virée. Mais il lui manquait un peu d’intimité et surtout, «cela ne m’encourageait pas vraiment à devenir autonome.»
Une mystérieuse lettre
Au printemps, il s’est mis à réfléchir à son insertion dans la vie professionnelle. «J’ai un master en sociologie et en gestion générale d’entreprise, et il est temps d’en faire quelque chose», confie-t-il. Un truc étrange se produisit alors. «J’ai reçu une lettre, sans message, juste une publicité pour la paracolocation à Schenkon.» Ce n’était pas un prospectus publicitaire ordinaire. «C’était plutôt comme un de ces avis que l’on accroche sur des tableaux d’affichage avec des petits bouts de papier portant un numéro de téléphone.» Or il manquait deux bouts de papier. «Quelqu’un a dû les voir et penser à moi, mais je ne sais pas qui.» Ce «quelqu’un» n’était autre que les responsables de projet de la para-colocation: ParaHelp et ParaWork. Ils avaient écrit à Antoine qu’ils voyaient comme un candidat potentiel.
Apprivoiser la Suisse alémanique
Comme ils l’espéraient, cette publicité non conventionnelle a attiré l’attention d’Antoine et est arrivée à point nommé pour lui. Le jeune homme s’est renseigné pour savoir s’il pouvait quand même être accepté à 27 ans et sans aucune perspective d’emploi. On lui a certifié que dans son cas, cela ne serait pas un obstacle, et Antoine s’ap-

Antoine Barizzi est prêt à emménager dans la para-colocation prête donc à passer du lac de Neuchâtel au lac de Sempach. Il ignore ce qui l’attend dans la colocation. «Je ne connais pas mes colocataires», mais c’est toujours comme cela lorsqu’on emménage dans un logement partagé. Et son allemand n’est pas parfait non plus, «mais c’est en se jetant à l’eau que l’on apprend le mieux». En Suisse romande, les opportunités professionnelles sont plus nombreuses si l’on parle allemand, et s’il restait en Suisse alémanique, l’allemand lui serait indispensable.
Des objectifs ambitieux
En termes d’insertion professionnelle, il sait où il va. «Je vais d’abord faire un stage de trois mois à ParaWork. J’y serai préparé au marché conventionnel du travail en fonction de ma profession.» Lors de son stage, on évaluera sa capacité de travail, puis on l’aidera à chercher un emploi fixe sur le marché du travail. «Cette situation de logement me posera aussi de nouveaux défis», reconnaît-il, «je devrai faire la lessive et les commissions moi-même, et les soins ne seront plus disponibles 24h sur 24.» C’est un grand pas hors de sa zone de confort, mais Antoine est ouvert à tout et a envie d’apprendre. «Si je veux devenir autonome, il est essentiel que j’assume davantage de responsabilités dans la vie quotidienne.» Il a aussi un autre projet en vue: apprendre à conduire. «La proximité de Nottwil est aussi idéale pour passer son permis.»
Pour l’instant, il est prévu qu’il reste un an dans la colocation. «J’aurai besoin de temps pour m’habituer à tout, pour prendre mes marques dans l’appartement et dans mon métier.» Il ne sait pas encore s’il restera en Suisse alémanique ou s’il retournera en Suisse romande. «Cela dépendra de mes perspectives professionnelles après cette première année.»
Antoine a quelques défis à relever, mais il est prêt à commencer sa nouvelle vie dans la para-colocation!
Para-colocation Schenkon Reportage de SRF Schweiz aktuell les 28/29/30.12.2020 et 4.1.2021 (sous réserve de modifications)