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NOS ALLIÉS
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Un polyglotte à l’aéroport
Depuis cinq ans, Markus Schürmann accueille les athlètes du monde entier à l’aéroport de Zurich et les amène au car qui les conduit à Nottwil.
Gabi Bucher
Les grands événements sportifs à Nottwil représentent un défi, notamment en ce qui concerne le transport des athlètes de différentes nations, en provenance et à destination de l’aéroport. Pendant des jours, on peaufine des listes: qui arrive où et quand, combien de place faut-il prévoir dans le car pour les fauteuils roulants de sport et les bagages? Ces listes sont indispensables à la bonne organisation, mais si un avion a du retard, si un athlète s’égare ou si un car est coincé dans un bouchon, elles ne sont d’aucun secours. C’est là qu’intervient Markus Schürmann depuis 2015. L’ex-banquier remplit à merveille le rôle «d’intermédiaire» à l’aéroport: il adore l’agitation multiculturelle qui y règne, dispose du temps nécessaire car il est retraité, et parle plusieurs langues. «J’ai grandi à Beyrouth, j’y ai fréquenté l’école française et allemande et j’ai appris l’anglais et l’arabe.» C’est ainsi que l’un de ses clients, collaborateur de l’ASP – dont il taira l’identité en invoquant le «secret bancaire» – est venu lui demander s’il serait d’accord d’accueillir des athlètes à l’aéroport une ou deux fois par an et les amener aux cars de l’ASP.
Une belle surprise
Markus a accepté et a accompli sa première mission en 2015. «À l’époque, j’étais assez nerveux, je faisais des allers-retours entre les terminaux, je regroupais les personnes en fauteuil roulant et je cherchais des fonctionnaires», se rappelle-t-il. Mais cela lui plaisait déjà énormément. Et c’est toujours le cas, cinq ans après. Se voir souhaiter personnellement la bienvenue après un long voyage en avion est une belle surprise pour de nombreux athlètes. «Et quand je salue ensuite les arabophones dans leur propre langue, ils en restent en général bouche bée: j’avoue que je biche.»
Un invité mystère
Markus connaît désormais l’aéroport comme sa poche et de nombreux athlètes l’apprécient. De temps en temps, c’est lui qui reçoit un accueil chaleureux: «Oh, hi Markus, how nice to see you!» Les situations particulières ne lui font plus peur. «L’année dernière, un voyageur est arrivé sans s’être annoncé. Il voulait néanmoins participer aux compétitions.» En pareil cas, Markus consulte Rita Häfliger, responsable des transports à l’ASP. L’athlète a eu de la chance, il restait de la place dans la navette suivante. Si un car est pris dans un bouchon et a du retard, il en informe les athlètes, leur indique où ils peuvent boire un café, où se trouvent les toilettes, où se procurer des câbles pour téléphone portable, etc. «Pour ces derniers, j’ai envoyé une fois cinq personnes coup sur coup dans le même magasin. Le vendeur a dit que si cela continuait, je toucherais une commission.» Les jours de pointe, Markus est à l’aéroport de 7h00 à 22h00 et parcourt jusqu’à 25 kilomètres. Il travaille en étroite collaboration
Pendant son temps libre
Markus aime être créatif avec les chauffeurs qu’il soulage d’une grande partie de leur travail et, en cas de doute, Rita Häfliger est à ses côtés. Un «trio magique» parfait, tout le monde est gagnant et les athlètes se sentent entre de bonnes mains. «Cela me plaît réellement, toutes ces nationalités, ces langues, mais aussi la gratitude des athlètes.»
Une inaction forcée
Cette année, pas d’aéroport pour lui, et il a dû aussi raccrocher provisoirement son emploi à l’office du tourisme des CFF. Mais pas question de s’ennuyer pour autant: notre fringant Markus a entrepris de transformer l’ancienne écurie à côté de chez lui en atelier, s’adonne à la photographie et à la peinture ou passe du temps dans son petit refuge derrière sa maison en attendant de pouvoir à nouveau se rendre utile d’une manière ou d’une autre, car «le farniente, ce n’est décidément pas mon truc».