
2 minute read
ÉCHIQUIER INTERNATIONAL 3
SÉRIE 3/4: ÉCHIQUIER INTERNATIONAL DES FÉDÉRATIONS
Intégration: souhaitée ou subie?
Dans tous les domaines de la vie, l’appel à l’intégration prend de l’ampleur – en va-t-il de même dans le paysage fédératif du sport?
Nicolas Hausammann
Mot à la mode, «l’intégration» ne gagne pas toujours autant en substance qu’il n’y paraît à première vue. Voilà une bonne raison de nous intéresser, dans cette troisième partie de notre série, aux fédérations sportives internationales, chez lesquelles le sport handicap figure au programme en tant que discipline à part entière et l’implication du sport en fauteuil roulant est parfois même imposée à leurs membres nationaux.
La fédération internationale de curling «World Curling Federation», qui propose depuis des années le curling en fauteuil roulant, en est un exemple type, au même titre que la fédération sportive de cyclisme UCI (Union Cycliste Internationale), et que les sports de raquette (tennis (ITF) et
Vidéo de publicité intégrative
Badminton sur le Titlis tennis de table (ITTF)). La BWF, fédération mondiale de badminton, enfonce même le clou avec son slogan «one sport – one team» et entend bien placer la philosophie de commercialisation commune de ce sport au cœur des débats.
Partenariat au niveau national
Sport suisse en fauteuil roulant (SSFR) entretient un partenariat avec toutes les fédérations suisses qui font la promotion de cette approche intégrative, basée sur des engagements et des contrats. SSFR apporte le savoir-faire technico-sportif, tandis que l’organisation des compétitions et le choix des entraîneurs nationaux incombent aux CT ou au club et à ses managers du sport. En retour, le sport en fauteuil roulant peut souvent bénéficier de partenariats avec des fédérations de piétons qui l’aident à se procurer du matériel ou des vêtements à prix réduits. En termes d’utilisation de l’infrastructure, s’intégrer dans les organisations
sportives de piétons présente un autre avantage. Il est souvent possible de louer du matériel pour des événements, comme chez Swiss Cycling pour les courses sur route, ou de partager l’utilisation des centres de performance, à condition qu’ils soient accessibles en fauteuil roulant.
Marketing intégré
Un autre objectif est la commercialisation intégrée du sport en fauteuil roulant dans le sillage des grandes stars d’une discipline. La Fédération mondiale de badminton a agi de manière exemplaire en amont du CM de para-badminton 2019 à Bâle, qui s’est déroulé en même temps que le CM des badistes valides dans une salle extérieure de la Halle St-Jacques. Or si le para-badminton a été intégré dans diverses activités de marketing avant le tournoi, il n’a pas réussi à attirer davantage l’attention du public local lors du tournoi.
La commercialisation intégrée peut toutefois avoir aussi des effets négatifs, comme dans le tennis par exemple, où l’ITF stipule qu’il n’existe plus de catégories liées au handicap. Cela a bien sûr plus d’impact du point de vue des médias, car il n’y a pas de classifications compliquées ni de problèmes médicaux à expliquer. En revanche, les athlètes souffrant de lésions plus hautes et à la mobilité plus réduite n’ont plus aucune chance de se tailler une place dans l’élite mondiale.
En fin de compte, l’intégration n’est qu’un mot que l’on retrouve dans de nombreux concepts – qui partent sûrement d’une bonne intention. Mais ce mot ne prendra tout son sens que s’il est réellement vécu.