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NUTRITION SPORTIVE
NUTRITION SPORTIVE
Disposer de l’énergie au bon moment
Tel est le défi que doit relever Joëlle Flück dans son travail quotidien avec les athlètes. La Médecine du sport de Nottwil fait à nouveau figure de pionnière.
Nicolas Hausammann
Le Centre suisse des paraplégiques est connu dans le monde entier pour son approche globale de la rééducation. Les athlètes en fauteuil roulant bénéficient d’un suivi tout aussi global au Centre national de performance de la Médecine du sport à Nottwil. C’est l’occasion pour Joëlle Flück, experte en nutrition sportive du Swiss Olympic Medical Center, d’apporter un éclairage sur ce sujet.
Joëlle, où en est la science en termes de nutrition sportive pour les athlètes atteints de paralysie médullaire?
La nutrition sportive et les compléments alimentaires sont des spécialités encore assez récentes. Le sport en fauteuil roulant est aussi trés jeune. Sur une dizaine d’études dans ce domaine, la Médecine du sport de Nottwil en a initiées et menées six ou sept elle-même. Bien que le nombre de cas composant ces études soit relativement peu élevé, nous avons la chance d’avoir un assez bon accès aux athlètes de par notre position centrale et notre étroite coopération avec Sport suisse en fauteuil roulant. Les sportifs se montrent souvent disposés à y participer, ce qui nous permet de mener des études significatives.
Quelles sont les principales différences entre les piétons et les athlètes en fauteuil roulant?
Chaque sportif est unique et fait donc toujours l’objet d’une analyse et d’un suivi individuels. Chez les athlètes en fauteuil roulant, il est encore plus difficile de généraliser, vu les changements physiques causés par le handicap respectif. L’appareil locomoteur, les muscles et le contrôle hormonal sont affectés différemment d’un athlète à l’autre, même avec des lésions comparables. En outre, les médicaments et les diagnostics secondaires sont souvent des facteurs annexes qui peuvent aussi jouer un rôle.
Le métabolisme de base d’un athlète en fauteuil roulant est toutefois beaucoup plus faible que celui d’un piéton. Les athlètes de haut niveau ne brûlent parfois que 1000 à 1600 calories par jour au repos, et l’énergie dépensée à l’entraînement est moindre. Il est donc essentiel de disposer de l’énergie au bon moment, selon le principe: des glucides avant les entraînements intensifs et des protéines après, le tout à sa juste mesure.
De nos jours, être sportif est très en vogue. Quel danger y vois-tu en termes de nutrition sportive?
En fait, la tendance qui consiste à faire plus d’exercice est en soi très positive. Elle ne devient négative que si elle tourne à l’obsession et si les compléments alimentaires prennent soudain le pas sur l’entraînement et sur une alimentation équilibrée, voire se substituent à celle-ci.
Dans quelle mesure la nutrition sportive optimale contribue-t-elle à la performance d’un athlète?
C’est très difficile à quantifier. En principe, je pense qu’il existe un potentiel de réussite encore plus élevé si l’on professionnalise davantage le sport en fauteuil roulant, en augmentant les temps d’entraînement
Joëlle Flück en consultation
et de repos. Mais la nutrition sportive est une pièce importante du puzzle dans l’équation du succès.
Quel conseil donnerais-tu à un sportif amateur qui participe à notre Giro Suisse pour réussir une étape?
Lors du Giro, le but n’est pas de se rendre le plus rapidement possible d’un point à l’autre. Il n’est donc pas nécessaire de prendre des compléments alimentaires, mais il faut avoir suffisamment d’énergie et boire régulièrement avant, pendant et après l’étape. On pourrait envisager les compléments (tels que les gels) uniquement si, en raison d’intolérances gastro-intestinales, aucun aliment solide comme un fruit ou une barre énergétique ne pouvait être avalé pendant l’effort.
Cela vous intéresse? Souhaitez-vous bénéficier d’un conseil individuel? 041 939 66 00 www.sportmedizin-nottwil.ch