L'Adresse - Hiver 2024

Page 46

ZONE GES TION

Psychologie du vieillissement : détecter et ralentir le déclin PAR MARIA DUFAYS, CONSEILLÈRE EN COMMUNICATION ET GESTIONNAIRE DE PROJETS, RQRA

LES SIGNES AVANT-COUREURS DU DÉCLIN COGNITIF CHEZ LES PERSONNES AÎNÉES PEUVENT ÊTRE TEMPORAIRES OU PERMANENTS. LORSQU’UNE PERSONNE VIT DES CHANGEMENTS DANS SA VIE, CELA PEUT AFFECTER SES FONCTIONS COGNITIVES OU PSYCHOLOGIQUES TEMPORAIREMENT ET DE FAÇON NON PERMANENTE. MAIS POUR UNE PERSONNE PRÉSENTANT DÉJÀ DES FRAGILITÉS AU NIVEAU COGNITIF ET VIVANT UNE SITUATION BOULEVERSANTE, CELA PEUT PRÉCIPITER DES BRIS DE FONCTIONNEMENT, EXPLIQUE JESSICA COLE, DOCTORANTE EN PSYCHOLOGIE ET CHARGÉE DE COURS EN PSYCHOLOGIE DU VIEILLISSEMENT À L’UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL (UQAM). S’il s’agit d’une démence de type Alzheimer, la personne peut présenter des difficultés de mémoire, se souviendra moins bien de conversations récentes et aura plus de difficultés à apprendre de nouvelles choses. Les démences peuvent également toucher les sphères langagières, sans forcément affecter la mémoire et entraîner une difficulté de reconnaissance de certains symboles par exemple.

UNE APPROCHE INDIVIDUALISÉE Jessica Cole préconise une approche individualisée pour évaluer les troubles cognitifs et psychologiques chez les personnes aînées et pour vérifier s’il y a un déclin. Selon cette approche recommandée, la collaboration entre la famille et le personnel de la RPA est nécessaire. « Il faut s’intéresser individuellement à la personne, voir quels sont ses besoins, en parler avec la famille », explique-t-elle. Elle ajoute qu’il est important de prendre le temps, car « quelques contacts permettent parfois un apaisement chez la personne ». Jessica Cole soutient qu’il est important que les proches et la famille s’intéressent à la personne qu’ils ont devant eux, « même si ce n’est plus celle qu’on a connue auparavant, […] on doit s’intéresser à la personne telle qu’elle est aujourd’hui et non pas à ce qu’on aimerait qu’elle soit ». La santé mentale est composée de nombreuses sphères qu’il faut être en mesure de différencier quand vient le temps de communiquer avec les personnes présentant des troubles cognitifs. Par exemple, si la personne 46

L’ADRESSE HIVER 2024

présente des troubles langagiers, cela ne veut pas dire qu’elle a des problèmes de compréhension, car ces troubles concernent deux régions du cerveau qui fonctionnent de façon indépendante, explique la chercheuse. « Répéter certaines choses ou parler plus fort n’aidera pas une personne qui a un trouble de compréhension et cela peut même être très insultant pour elle », poursuit-elle. Les personnes qui se sentent incomprises ou infantilisées ont tendance à s’isoler davantage, ce qu’on veut éviter. Elle estime également que lorsque la personne prend la peine de s’intéresser à nous et veut nous transmettre ou échanger des informations, il est important de ne pas prétendre que l’on comprend.

QUAND FAUT-IL S’INQUIÉTER ? C’est à partir de la vingtaine que les changements cognitifs commencent : « plus on vieillit, plus on est à risque », avertit la chercheuse. Toutefois, les habitudes de vie y sont pour beaucoup. Les troubles neurocognitifs de type Alzheimer impliquent des changements cognitifs progressifs amenant une atteinte dite fonctionnelle avant le stade majeur. « On parle de troubles cognitifs légers en cas de changements subtils, sans bris de fonctionnement », dit-elle. Madame Cole précise qu’avec le vieillissement, certains changements sont normaux sur le plan cognitif, sans difficulté de fonctionnement. Toutefois, lorsque la personne n‘est plus capable d’effectuer les mêmes activités qu’avant, c’est là un premier indice.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.
L'Adresse - Hiver 2024 by RQRA - Issuu