Alexandre le Grand et le Nouveau-Monde - Mappemonde et Nouveau-Monde par Alexandre le Grand : L'auteur des fresques des tombes commissionnés par Alexandre fût Apelles; son oeuvre connue de nos jours, la Vénus anadyomène, a été copié à Pompéi. Walter de Châtillon nous offre une version dite Alexandreis rapporté au XIIe siècle. Apelles, au temps d'Alexandre donc, produit des tableaux dans les tombes du conquérant. Il écrivait les descriptions accompagnant les images des tombes : noms de rois, de clan, leur genèse jusqu'à l'origine du monde. La tombe de Stateira, la femme de Darius, comprenait un tableau du Chaos aux couleurs variées, la splendeur de Lucifer peint en doré avec des gemmes rouges qui allumait l'air comme des flammes, et il a aussi peint une série de patriarches; l'ensemble se veut une sorte de vengeance suite à la déportation des juifs à Babylone survenue deux siècles auparavant. L'auteur nous dit que Apelles était juif. Il dépeint encore des prophètes et leurs prophéties gravées sur la tombe, dont le fils d'Amos «Lo, a virgin shall conceive» et Daniel «The Christ will be killed after seventy weeks» [111] La mappemonde de Darius (VIe siècle av. J-C) : Dans une autre version du récit, le Alexanders Saga, chap. 112, le passage décrit la tombe de Darius (Darius III?) avec des colonnes éclatantes et un dome qui affiche une mappemonde sur sa surface intérieure. Alexandreis, Book 7 «He ordered the embalmed corpse laid to rest in Darius’ ancestral tombs, and there a lofty pyramid was later raised. Apelles in his subtle craft adorned it with snowy marble facings. [] Above these rose—such was Apelles’ craft—clearer than glass, purer than placid streams, a crystal image of the turning sky, a hollow shell of balanced weight, on which the tripart world lay beautifully described. Here Asia’s seat was broadly spread, while there her sisters each received a lesser space. Here, by clear symbols, places were distinguished—rivers, peoples, cities, forests, mountains, provinces and towns, and every island hemmed in by surging seas. What every land was rich in, what it lacked, was there inscribed "Libya is fruitful. Near the Syrtes Ammon begs for showers. Nile’s streamen riches Egypt. India is endowed with ivory and with shores decked out in gems. Great Carthage with its lofty citadels marks Africa, and the immortal fame of Athens picks out Greece. The Palatine makes Rome proud in her growth. Sabaea glories in incense, Spain in Herculean Gades, France in her soldiery, Campaniain wide-famed wine, the Britons in their Arthur, and Normandy in customary arrogance. England entices. Love of possession burns Liguria. The Teuton vents his rage."[] Around the outer edges of that dome, the labile Ocean roamed. Between the lands, dividing Asia from the other two, there lay the sea—the Sea, toward which descend all vagrant rivers in their twisting banks : by circling routes they plunge into the deep.» (L'auteur semble confondre un type de carte qui date de son époque : les soldats de la France doivent évoquer les Gaules, et le nom Arthur qui est hétéroclite peut définir une représentation des cultes Celtes.) Au chapitre 9.55, Alexandre s'apprête à tenter une traversée des limites de l'Océan «I hasten to penetrate the gulfs of the antipodes and to see a different nature. If, nevertheless, you deny me your arms, I cannot fail myself. Everywhere I move my bands, I may judge myself watched by the entire world, and I will ennoble unknown places and an ignoble mob with my wars, and those hidden lands which Nature has removed from the nations you will tread with this leader. I have decided to work on these things nor do I refuse even to extinguish my illustrious life in them, if Fortune brings it.» La déesse de la Nature (Demeter?) descend dans l'outre-monde et s'adresse au Leviathan pour empêcher que l'on perce ses secrets. [112] Le passage serait aussi évoqué par Quinte-Curce dit Curtius Rufus au Ier siècle, History 9.6.20 où Alexandre dit : “D'abord maître de la seule Macédoine, je possède la Grèce; j'ai soumis la Thrace et l'Illyrie; je commande aux Triballes et aux Mèdes; l'Asie enfin m'appartient depuis les bords de l'Hellespont jusqu'à ceux de la mer Rouge. Arrivé, pour ainsi dire, aux limites du monde je vais les franchir, et j'ai résolu de m'ouvrir une nouvelle nature, un nouveau monde. Le court espace d'une 111
112
Mapping Human Limitations : The Tomb Ecphrases in Walter of Châtillon's Alexandreis, by Maura K. Lafferty, Dalhousie University. Nature, Man, and Society in the Twelfth Century, M. D. Chenu, 1968