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Rèmedeleste

Élise Guerrero

le Rèmedeleste me fait grimper aux piliers de béton, quick quick ils me promettent pas d’argiles sensibles dans le sol, quick quick grimper aux quais anticipés, à la science-fiction fossile de l’ossature grise

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vite vite je lèche leur gorge de bourgeois cinquantenaires pour m’abreuver des hypocrisies qui pleurent de leurs lèvres du paternalisme qui bave de leurs yeux des projets comme le nôtre n’autres qui n’habitez pas sous ses voies

Rèmedeleste fais-moi grimper aux cravates de satin

je grimpe quick je grimpe mes ongles ancrés dans leur gorge pâle, rendue au menton je suis presque tête en bas, je suis Spider-Man sous le métro newyorkais, je lance mes pieux qui se balancent et se piquent entre le menton et la lèvre, je tire mon corps vers le haut, plante mes orteils sur le mou de leur langue qui ne profère que le masculin et je jouis des milieux naturels pleins de pissenlits

rendue si haut je suis nez à nez bouche bée avec le Rèmedeleste aérien, je crache un caillot d’asphalte sur la plateforme, quick quick empoigne mon fil de bave et y glisse comme sur une tyrolienne, atterris les deux talons dans le béton, je pète un coup et le grand vent le porte à leurs tympans, je pète plus fort que les rails mal fixés du CN et le vacarme de la construction

Rèmedeleste fais-moi grimper aux murets antibruits

quick quick donnez-moi de belles simulations silencieuses, des images pleines d’un désir pleines de boucane, quick un orgasme ferroviaire léger, une rame entre mes jambes, un pilier entre mes cuisses et mon pubis frotté sur le train

après ma houle des corps s’extirpent hors des fenêtres des maisons, s’achalandent sous les poutres, tremblent aux heures de pointe, la horde s’amalgame avec des sons mouillés, des sons de souffle, yeux révulsés on hurle quick, oui, quick

Rèmedeleste fais-moi grimper au tablier

Rèmedeleste tout mon amour gravite vers Mercier et ma peur grimpe à ma peau, mes fluides biologiques font plus d’écho que les chantiers

la horde prend d’assaut la peau grise des ingénieurs civils, on ne voit presque plus leur pomme d’Adam monter et descendre, notre tribu prend l’emprise Souligny de haut en bas, de piliers en pylônes, sous notre poigne ils promettent des voies végétales bafouillent des BAPE, talk pissenlit to me

et nous

c’est ce qu’on voulait après tout.

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