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Femme assise à l’écharpe verte
Ève Lemieux-Cloutier
Femme assise à l’écharpe verte1
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Entre deux étreintes ses doigts parcourent la carte de mes vaisseaux bleutés sa langue implore mes lèvres de l’accueillir sans attendre elles lui répondent deux amant·e·s qui ne cessent de tenter l’érotisme exténué·e·s par ces plaisirs qu’on nomme, à la légère, physiques2
je croise le regard de la femme assise à l’écharpe verte ses yeux sortent de l’ombre pour suivre la danse de nos corps ses jambes croisées ressentent l’urgence de s’ouvrir la passivité dont elle est prisonnière m’enflamme (être une muse n’est pas aussi excitant qu’on le pense) pour elle et pour toutes les autres3 je renverse la tête et j’en redemande encore
une mare de désirs nous berce nos va-et-vient se conjuguent je serre son corps jusqu’à l’ingérer la chaleur m’enivre j’ai envie d’être brûlée
la femme assise à l’écharpe verte vire à l’écarlate son euphorie fait chanceler les murs sous les secousses m’ébranlant je n’ai plus la force de m’y opposer la jouissance se proclame souveraine de ma chair le plaisir jaillit de ma gorge en hoquets convulsifs4 et un cataclysme s’échappe d’entre mes cuisses
épuisée je murmure bonne nuit pour la femme assise à l’écharpe verte.