20140412 mag

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le style.

tainement pas à elle seule. Et, malgré les innovations, cet aspect « mécanique » du cuir reste au cœur des critères de choix. « Les variations de formes et de proportions qui touchent les souliers féminins sont moins pertinentes pour les souliers masculins, raconte Simon Holloway. C’est donc davantage une affaire de détails subtils : la semelle, les coutures, les lacets, les mélanges de matières, les possibilités de personnalisation, etc. La différence se fait là. » Autre donnée importAnte dAns le rApport des hommes à leurs chAussures : l’entretien. «

De haut en bas, Richelieus Burwood, en cuir camel, Church’s. Chaussures en cuir, Adieu. Mocassins en cuir, Hogan.

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••• confondre avec un alibi pour masquer la « honte du modeux ». « Nos clients sont très attentifs au montage des souliers, à la fabrication, aux cuirs, poursuit Laurent Coulier. Pour eux, nous avons organisé récemment un événement avec un maître bottier venu de chez Crockett & Jones pour leur montrer comment on réalise une chaussure. L’horloger Juvenia était associé à cette rencontre pour expliquer les mécanismes intérieurs d’une montre. Les hommes qui aiment les montres aiment souvent aussi les chaussures, sont des connaisseurs de bons vins ou de grands whiskys ; tout cela participe d’un même art de vivre. » Sans faire de caricature, avec leur aspect très technique, les souliers ont tout pour plaire aux hommes. Pour satisfaire cette curiosité à distance, les sites Internet des grandes marques classiques comme John Lobb, J.M. Weston ou Church’s multiplient les vidéos qui mettent en scène les étapes de « construction » de ces accessoires, une épidémie que la mode actuelle de valorisation du travail d’atelier n’explique cer-

Ils ont une relation sur la durée avec leurs souliers qui ont valeur d’investissement », explique Patricia Romatet. Ce critère paraît d’autant plus important pour des chaussures classiques dont les heureux propriétaires disposent d’une batterie croissante de services : le département cireurs du Bon marché (qui fonctionne très bien), un atelier de restauration chez J.M. Weston dans la manufacture que la griffe possède à Limoges – où elles sont traitées avec autant de précaution que la porcelaine du cru –, l’entretien minutieux des patines de couleurs proposé chez Berluti… Avec leur petit côté collectionneurs obsessionnels, les hommes ne sont pourtant pas en train de devenir des femmes comme les autres. « Ils achètent toujours des chaussures selon des codes classiques : les chaussures “habillées” de style Oxford d’un côté et, de l’autre, des modèles plus sport venus du basket, du tennis ou du running, explique Simon Holloway. Dans ce répertoire, de nombreuses versions hybrides attisent les appétits d’achat, bien que les hommes conservent un penchant pour l’aspect pratique du soulier. Les femmes, elles, sont plus sensibles aux modes impraticables, aussi tentantes et périlleuses soientelles. » Une dichotomie qui tend à s’effacer car c’est au tour des femmes d’adopter des souliers plats de style androgyne. Derbies pour filles – parfois choisies dans les mêmes marques que les hommes – et baskets couture tendent à remplacer les plateaux vertigineux. Une certaine idée de l’égalité est en marche. 12 avril 2014


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