Perspectives Med N°. 97 - janvier 2015

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PLUS QU’UN Peau neuve ! Ce n’est ni la première fois, ni la dernière que la maquette de « Perspectives Med » obéit à la logique du rafraîchissement. Revue de fond en comble, la nouvelle maquette réalisée après des mois de réflexion, se distingue par l’adoption d’un nouveau format, plus pratique entre les mains du lecteur. Ensuite, elle offre une pagination plus aérée avec une mise en page en phase avec l’air du temps. Une grande place est ainsi faite à l’iconographie dans l’esprit d’offrir un contenu aussi facile qu’agréable à lire. Enfin, le nouveau « rubriquage » plus fluide, obéissant à une logique d’ensemble cohérente, permet au lecteur de mieux se repérer pour aller à l’essentiel. Toute l’équipe de « Perspectives Med » qui promet à ses lecteurs de bonnes surprises au cours de l’année qui démarre s’attèle à réussir les multiple défis qu’elle s’est lancée. Notamment en déclinant, dans les prochaines semaines, un site d’information totalement novateur.

LIFTING Bien entendu, en changeant de forme, «Perspectives Med» ne change rien quant au fond qu’elle s’est toujours attelée à défendre, dans l’adversité, à savoir la promotion d’une presse responsable qui défend les valeurs de la modernité et du progrès. Valeurs qui méritent, à n’en point douter, tous les sacrifices en ce début de millénaire où des apprentis-sorciers soutiennent mordicus la fin des idéologies. L’homme peut-il se passer du rêve ? NON ET MILLE FOIS NON ! ET « PERSPECTIVES MED » SE FAIT UN HONNEUR QUE DE COMPTER PARMI LES RÊVEURS. EN CULTIVANT L’ESPOIR DE LENDEMAINS MEILLEURS POUR NOTRE PAYS EN DROIT D’ÊTRE UN ACTEUR SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE.

L’HOMME PEUT-IL SE PASSER DU RÊVE?

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KALAM PAR ALLAL EL MALEH

L

’épisode regrettable de Charlie Hebdo qui est de nature à consacrer une France d’avant et d’après le 7 janvier ne doit nullement disculper la communauté musulmane qui, il faut se l’avouer, endure de l’Atlantique à la Mer Rouge, voire bien au-delà, les pires tares du 3ème millénaire : l’ignorance. Car combien de légions arabo-musulmanes décortiquent un hebdomadaire français dont le tirage fut limité à 60.000 exemplaires? Et pourtant, il a suffi, bien souvent, qu’une malheureuse planche soit du lot de l’hebdo satirique, expéditivement jugée blasphématoire par les veilleurs de la doxa vermoulue, pour mettre en émoi la communauté musulmane sous les coups de boutoir de quelques clercs qui s’autoproclament gardiens du Temple. A l’expression libre de caricaturistes de talent que la France a perdu, et elle n’est pas la seule à regretter leur disparition tragique, s’oppose une réaction islamisante des plus épidermiques qui dénote d’un véritable manque de discernement. Car ni l’Islam, ni son prophète n’exigent qu’ils soient ainsi défendus. Les preuves de l’intolérance de toute critique, fondée ou non, nous sont livrées en vrac non seulement par le crime odieux qui a failli décimer la rédaction de Charlie Hebdo, mais aussi et surtout par l’instabilité de l’aire arabo-musulmane sous d’innombrables interprétations erronées de l’Islam qui vont de la dimension soft des courants modérés, prompts à surfer sur la vague de la réislamisation de la société, jusqu’à la dimension barbare que nourrissent des groupuscules takfiristes de la trempe d’Al-Qaida et/ou de Daech qui cultivent l’instabilité dans un bain de sang des plus barbares. Dans la sphère arabo-musulmane, l’élan de solidarité avec la publication française qui fait sienne la charge de l’outrage dépasse le seul cadre corporatiste pour toucher une question nodale, et bien souvent existentielle : la défense de la liberté d’expression et la liberté de croyance. Car nul besoin de souligner que la préservation de la liberté d’autrui contribue à la sauvegarde de nos propres libertés, acquises ou encore à venir. Ce qui est sûr, c’est que tout membre de la communauté arabo-musulmane doit tirer les conclusions nécessaires du triste épisode de Charlie Hebdo. Chacun de nous doit oser se regarder en face pour déceler les raisons qui font que d’autres, en notre nom, excommunient et assassinent. L’effort n’est pas à confondre avec un quelconque sentiment de culpabilité, diffus ou avéré. Mais le fait est que notre aire géographique est, en ce début de millénaire, loin du compte. D’où la nécessité impérieuse d’une réelle révolution culturelle à promouvoir pour rendre blindé ce pauvre corps musulman gravement malade. Souvenons-nous que le premier commandement divin adressé au sceau des prophètes fut : « lis », « lis au nom de ton Seigneur qui a créé, qui a créé l’homme d’une

NI L’ISLAM, NI SON PROPHETE N’EXIGENT QU’ILS SOIENT AINSI DEFENDUS.

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EDITO

LE VERITABLE DJIHAD S’ACCOMMODE DES PLUMES COMME DES CRAYONS SANS COMPLEXE AUCUN

adhérence, lis ton Seigneur est le très noble qui a enseigné par la plume “le kalâm”, a enseigné à l’homme ce qu’il ne savait pas ». Et c’est bien à ce niveau que l’on mesure l’arriération de nos sociétés figées par plus de quatorze siècles d’inepties redondantes qui sacralisent ce qui ne doit nullement l’être. Pour la simple raison que les prétendus gardiens du Temple ont décidé de cloisonner l’Ijtihad et encourager toutes les formes d’aversion à l’endroit du carthésianisme qui incite tout être à triturer ses méninges. Le monde arabo-musulman reste funestement emprisonné dans un carcan d’ignorance qui fait outrage à l’intelligence même du Prophète Mohamed qui fut raillé, de son vivant, par nombre de tribus. Sans pour autant que cela affecte en quoi que ce soit ni sa sagesse, ni sa grandeur. Alors, on est en droit de nous interroger, des siècles après la révélation, en quoi un quelconque dessin, croquis ou icone pourront-ils altérer l’entièreté du messager de Dieu qui n’hésita pas à rappeler à ses coreligionnaires qu’il n’est pas à considérer comme un surhomme quand bien même il serait le sceau des prophètes. La notion de sacralité du messager qui préfigure l’Islam n’est dès lors que la résultante d’une lecture aussi figée que dévoyée de la religion elle-même. Une religion qui mérite, à n’en point douter, de passer au crible de l’analyse plurielle, c’est-à-dire, multidisciplinaire pour permettre aux Musulmans, arcboutés aux préceptes des « Livres jaunes », d’expirer l’air vicié que leur corps a emmagasiné pour s’oxygéner à pleins poumons. La communauté ne doit pas non plus ignorer que dans une autre sourate, le tout puissant atteste de l’importance du « kalâm », autrement de l’écriture, de la science et de la connaissance. « Par la plume et ce qu’ils écrivent » consacre, à n’en point douter, l’effort de relecture à venir pour libérer les esprits. Abdelwahhab Meddeb, l’un des éclairés de l’espace arabo-musulman que la faucheuse vient d’emporter n’est pas le seul à exiger que l’effort d’exégèse soit promu au rang de priorité. Dans les têtes de ses lecteurs résonnent toujours cette phrase qui résume le drame arabo-musulman : “L’islamisme est une maladie de l’islam, mais le germe est dans le texte”. Le ton est donné. Comme le fut aussi l’intime conviction de Charb qui assurait, deux ans avant de succomber sous les balles de quelques illuminés que « ceux qui ont des armes et qui les affûtent depuis un moment, ce sont les extrémistes religieux. Et ils n’ont pas besoin de Charlie Hebdo pour égorger qui ils veulent ». En somme, s’il y a une revanche à prendre sur tous ce que crayonnent les uns et les autres, c’est par le Kalam qu’elle doit advenir. En permettant aux masses d’ici, comme d’ailleurs, d’avoir accès à une éducation qui fait grand cas de l’esprit critique pour faire barrage à tous les obscurantismes. Tel est le véritable djihad qui s’accommode des plumes comme des crayons. Sans complexe aucun. Emprunter cette voie-là ne veut pas dire d’y aller la mort dans l’âme.

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POINTS CHAUDS

ATTENTAS DE PARIS

HALTE À LA BARBARIE! P23

SOMMAIRE 22

CHRONIQUE

Bonjour les dégats L’humour , cet esprit...

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POINTS CHAUDS

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POINTS CHAUDS

Attentats de Paris Au-delà de Charlie Hebdo

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MAROC

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CHRONIQUE Vécu ici Je suis Charlie!!

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MAROC

Point de vue Aux origines du terrorisme

Dossier saharien Fini la duplicité

Régionalisation avancée À qui profite le découpage?

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MAGHREB

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MAGHREB

MAGHREB

Algérie Système, rente et sclérose

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MONDE

Retrait d’Afghanistan Fiasco annoncé

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Tunisie À la recheche de la normalisation

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MONDE

État du monde arabe Lourdes menaces

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Mauritanie LA traversée du désert

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MONDE

Tour d’horizon Entre tensions et chaos


ÉCONOMIE CULTURE

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ÉCONOMIE

Maroc émergent Bilan & perspectives

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ENTREPRISE

Conjoncture Perspectives mitigées

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CULTURE

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ÉCONOMIE

Croissance mondiale Des hauts et des bas

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MARCHÉS

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ENTREPRISE

Patronat-gouvernement L’année du concret?

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MARCHÉS

Secteur bancaire Bon cru!

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CULTURE

CULTURE

Prix Booker Deux marocains en lice

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SPORT

TREND

Bourse de Casablanca 2014 au vert!

Roman arabe L’autre narration au féminin

Athlétisme Bon crono!

ENTREPRISE

SPORT

Football La «Clique» professionnelle

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Agenda Des rendez-vous à ne pas manquer

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SPORT

Gouvernance Un ministre obsolète

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION & DE LA RÉDACTION: ALLAL EL MALEH | RÉDACTION: ABDERRAHMANE EL MALEH - A. BEN DRISS - A.ABOUMARWA - MOHAMED EL HANDIL - SAID AKECHEMIR - LAMIA MAHFOUD - OULED RIAB - MUSTAPHA EL MALEH - YAHYA SAÏDI | ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : ABDERRAHMANE MEKKAOUI - YOUSSEF CHIHEB | RESPONSABLE ADMINISTRATIF & FINANCIER : FATIMA EL MALEH | PORTRAITISTE: HELMA LALLA | CRÉATION & INFOGRAPHIE: ISSRAE TAYBI/PM DÉVELOPPEMENT | PHOTOS: PM EDITIONS | MENSUEL ÉDITÉ PAR POP MÉDIA SARL: 8, BD. YACOUB EL MANSOUR MAARIF – CASABLANCA | TÉL.: 05 22 25 76 17/ 05 22 25 76 54/05 22 25 77 84/ FAX: 05 22 25 77 38/ E MAIL : INFO@PERSPECTIVESMED.MA/ WWW.PERSPECTIVESMED.MA/ IMPRESSION: IDÉALE | DISTRIBUTION : SOCHEPRESS | N° DÉPÔT LÉGAL: 2005/0101 | ISSN : 1114-8772 | CE NUMÉRO A ÉTÉ TIRÉ À 15.000 EXEMPLAIRES

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ENTENDU

MAROC-COTE D’IVOIRE

AU BEAU FIXE

C’est sous le regard attentif de SM le Roi et du Président Ouattara qu’une quarantaine d’accords ont été signés, à Marrakech, pour booster la coopération économique entre le Maroc et la Cote d’Ivoire. Voilà qui est de nature à renforcer davantage les liens d’amitié entre les deux pays. Un Comité stratégique d’impulsion économique a été mis en place dans la foulée pour assurer suivi et concrétisation des divers volets de la coopération bilatérale. Avec cette moisson d’accords, menés par les banques, le Maroc entend faire de la Cote d’Ivoire un partenaire de choix dans ses relations avec l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Energie, immobilier, grande distribution et aliments pour bétail font partie des deals conclus.

Archives

PROCESSUS DE RECUPERATION Le Maroc est décidé à récupérer ses archives auprès de tous les pays qui en disposeraient. Le processus semble déclenché pour de bon et une masse de documents ont été récupérés (microfiches) auprès des anciennes puissances coloniales, la France et l’Espagne. Ainsi, 2,2 millions de documents ont été récupérés auprès de Paris (sur 20 millions de documents) et 120.000 de Madrid. Pas moins de 18 pays devraient être concernés par ce processus, signale El Mostafa El Ktiri, Haut Commissaire aux anciens combattants. Dans cette quête, force est de souligner qu’auprès d’Ankara, le Maroc a intérêt à faire l’effort nécessaire pour récupérer le fond documentaire qui l’intéresse. Surtout que ledit fond est rempli d’archives qui attestent de la marocanité du Sahara.

CHAMP RELIGIEUX

PRIORITE AUX MOSQUEES Ahmed Taoufik, ministre des Habous et des affaires islamiques vient de faire état du bilan de son département pour 2014. Le gros est fait d’entretien des mosquées, de la valorisation de la situation des Imams et de l’édition du Coran. Ainsi, 160 nouvelles mosquées ont été inaugurées depuis Ramadan (40 grandes mosquées édifiées par le ministère) alors que le nombre de mosquées en décrépitude, recensées depuis 2010, s’élève à 2427 dont plus 300 en cours de réfection avec le concours de mécènes et 100 par le département. Pour 1100 autres mosquées, les travaux nécessitent 1,5 milliard de Dh ( sur 3 ans à partir de 2015).

COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

HASSAD, EFFACEUR…

HARO SUR LA “FATIHA” QUI SCELLE LES LIENS DU MARIAGE

Eraze ! Le ministère de l’Intérieur vient de sévir contre 6 présidents de communes relevant des villes de Casablanca, Azilal, Ouezzan, Mdieq, Salé et Agadir. Cette opération fait suite aux enquêtes diligentées auprès des Communes où des manquements flagrants ont été constatés. M. Hassad joue à l’effaceur au moment où il est à pied d’œuvre pour boucler le registre des prochaines échéances électorales.

LE TRADITIONNEL MARIAGE DE LA « FATIHA » QUI NE REPOSE SUR AUCUN DOCUMENT JURIDIQUE A DE LONGUES ANNÉES DEVANT LUI. UN DÉLAI DE 5 ANS A ÉTÉ AVALISÉ PAR LE GOUVERNEMENT AVANT SON INTERDICTION DÉFINITIVE.

5.000 femmes ont subi 40.000 agressions (8 par femme) selon l’Observatoire marocain des violences faites aux femmes. Pas moins de 1059 cas de viols ont été constatés, dont 379 par les conjoints et 256 hors mariage.

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ENTENDU SALAFISTES

SOUS CONTRÔLE…

FRONTIÈRE EST

SÉRÉNITÉ

A l’Intérieur, one badine pas avec la sécurité. Tel est le message adressé par Charki Draiss aux élus de la 2ème chambre inquiets de la situation le long de la frontière avec l’Algérie. Le responsable a souligné que face à la multiplication des incidents à la frontière Est, le Maroc a décidé de construire un mur doté des moyens de contrôle électroniques pour mettre un terme aux trafics en tous genres qui sévissaient dans la région. La frontière qui s’apparentait à une passoire permettait le trafic des stupéfiants, la contrebande du carburant et la traite des immigrés africains qui cherchent à passer vers le Nord du Maroc pour investir Sebta et Melilia occupées. Le mur sera équipé de miradors susceptibles de garantir une meilleure veille sécuritaire. Le Maroc, selon Draiss, est conscient des enjeux régionaux liés au terrorisme. D’où le bouclage des frontières…

Avec la multiplication des cellules terroristes démantelées dans le pays, un contrôle des plus stricts des salafistes a été décidé par les services de sécurité. Que ce soit dans les prisons et en dehors, la veille est menée tambour battant pour prévenir tout risque d’attentat. Cette montée en puissance dans le contrôle des éléments jugés proches des salafistes se trouve légitimée par les risques de recrutement par Daech de jeunes combattants devant alimenter la cohorte des djihadistes en Libye. Des graffitis appelant au djihad constatés au niveau de plusieurs villes ont échaudé les services compétents. Au même titre d’ailleurs que le récent appel d’Al-Baghdadi fait à destination des berbères du Maghreb invités à intégrer les rangs de sa funeste structure terroriste qui a déjà établi ses bases en Libye. L’alerte est chaude.

LOI SUR L’EAU DÉBAT NATIONAL Attendue depuis des années déjà, tout semble prêt pour la révision de la loi 10.95 sur l’eau.Au secrétariat d’Etat en charge du dossier, cette révision sera faite dans l’optique de la bonne gouvernance d’une ressource aussi stratégique que rare.Le consensus est recherché auprès de la société civile, des associations professionnelles et des instituts de recherche. Cette démarche associative devrait répondre aux défis sociodémographiques et aux changements hydro-climatiques.

Les « petites bonnes » doivent-elles rêver à une situation plus améliorée que celle que leur procure la législation marocaine ? Avec un Smig fixé à 1500 Dh, le travail de ces gamines de 16 ans est dénoncé par plusieurs organisations marocaines. Elles y voient un asservissement des enfants plus qu’une solution aux déficits socio-économique. DANS LE REGISTRE DES DÉFAILLANCES CONSTATÉES AU NIVEAU LÉGISLATIF, LE CES VIENT DE METTRE EN ÉVIDENCE UNE ABSENCE DE TAILLE : LE LITTORAL. EN EFFET, AUCUN TEXTE NE RÉGLEMENTE LE LITTORAL ET LES ACTIVITÉS QUI S’Y RAPPORTENT, INTERPELLÉ CE QUI RENFORCE DAVANTAGE LA FRAGILITÉ D’UN ÉCOSYSTÈME EN BUTTE À TOUS LES ABUS. L’EXPLOITATION DES CARRIÈRES DE SABLE N’EST QU’UN EXEMPLE PARMI D’AUTRES.

LITTORAL LE CES

LAHCENDADOUDI A LA LANGUE QUI FOURCHE. ET DANGEREUSEMENT. SURTOUT LORSQU’IL EST QUESTION DE PAROLES ÉLECTORALISTES. « LA MAJORITÉ DES ÉTUDIANTS BÉNÉFICIERONT DES BOURSES », A-T-IL ASSURÉ DEVANT LA JEUNESSE PJD. POURTANT, LES CHIFFRES OFFICIELS LE CONTREDISENT : SEULS 240.000 SUR 900000 ÉTUDIANTS SONT BÉNÉFICIAIRES.

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GOUVERNANCE

CHOUBANI ÉPINGLÉ El Habib Choubani est connu pour ses frasques qui ont défrayé la chronique lors du débat national sur la société civile. Un débat qui s’est étendu sur pratiquement un an et avalé, en cours de route, pas loin de 17 MDH. Mais ce que l’opinion ignore c’est que le dit ministre en charge des relations avec la société civile a décidé de promouvoir sa carrière de professeur de deuxième cycle en s’inscrivant à la faculté de Droit de Rabat-Agdal pour l’obtention d’un doctorat. Grand bien lui fasse. Sauf que le ministre entend exploiter le gisement société civile pour en faire le sujet de sa thèse ! Et dans son équipée, c’est un cador du PJD qui tend la main, A. Hamieddine. Il aurait pu obtenir mieux en matière d’encadrement. Pour pouvoir prétendre, une fois la carrière de ministre terminée, à un autre poste plus rémunérateur que l’enseignement. Qui vivra verra…


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ENTENDU

MEKNÈS-FÈS

UN DIRECTEUR POUR DEUX AGENCES URBAINES!

L’agence Urbaine de Meknès n’a plus de directeur depuis octobre dernier lorsque son directeur Abdelali El Quour à été désigné nouveau directeur de l’agence Urbaine de Fès. Et qui gère celle de Meknès? C’est le même Abdelali El Quour à titre intérimaire. Si le vide à la direction de l’Agence Urbaine de Meknès semble prendre fin après le lancement récent d’un appel à candidatures, il n’en demeure pas moins qu’au niveau du ministère de l’Urbanisme et de l’Aménagement du territoire, on s’accommode d’une

Criminaliser le mépris des religions. Lors de la conférence de l’Union des parlementaires des Etats membres de l’OCI, à Istanbul, M. Yatim,premier vice-président de la chambre des représentants, a condamné l’atteinte aux valeurs sacrées de l’Islam invitant les Etats membres de l’OCI à se concerter avec l’ONU pour criminaliser le mépris des religions.

Khadija Rouissi listée par Daech. La députée PAM Khadija Rouissi qui bataille pour les libertés individuelles a reçu des messages de menaces sur son compte twitter. « Ils ne me feront pas taire. Je ne céderai pas à la terreur. Il nous faut rester debout », clame-t-elle. Renforcement de la loi antiterroriste. Le ralliement à des groupes terroristes, le suivi d’entraînement à l’intérieur ou à l’extérieur du Maroc mais également l’apologie et l’incitation au terrorisme seront désormais punis par la loi marocaine. 5 à 15 ans de prison ainsi qu’une amende de 50.000 à 500.000 dirhams sont prévus. Les contrôles aux frontières seront étendus dans le cadre de cette loi.

Ralliements à Daech. Le ministre de la Justice a évoqué une “hausse notable” du nombre de candidats marocains au jihad. Pas moins de 242 procédures judiciaires ont été diligentées dans ce cadre, a indiqué Mustapha Ramid.

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telle situation. Où relents politiciens et intérêts de rentiers sont manifestes. Car entre rentiers et es politicards des deux villes des liens très étroits ont été tissés ces dernières années. Et ils se frottent les mains après avoir amarré la ville de Meknès à Fès dans le cadre du nouveau projet de redécoupage régional! Abdelali El Quour, fraîchement installé à l’agence Urbaine de Fès vient de répondre à l’appel à candidatures pour pourvoir au poste de secrétaire général du ministère de l’Urbanisme. Allez-y comprendre...

ASSOCIATIONS

LE GRAND BARNUM ! Pas moins de 77%des associations d’utilité publique violent la loi, notamment en matière de transparence financière. Elles n’ont pas présenté de rapports financiers au Secrétariat général du gouvernement au titre de 2014. C’est bel et bien Driss Dahak qui le souligne. Lui qui aurait écrit à 166 associations (sur un total de 213) pour qu’elles remplissent leurs obligations réglementaires aussi bien qu’éthiques. Reste à savoir si les associations mises à l’index s’empresseraient de répondre favorablement à la demande qui leur a été faite. Sans quoi, la conviction largement partagée quant à la rente de situation qui marque ce secteur se renforcera davantage. On est malheureusement encore loin du bénévolat qui doit présider à l’action de toutes les associations qui font la société civile…

DROITS HUMAINS

HAUTE TENSION Y aura-t-il réconciliation entre les associations des droits humains et l’Intérieur ? La question reste d’actualité à l’heure où le collectif « Dynamique 18 juillet » qui est composé entre autres de l’AMDH,la LDH,l’OMDH et Adala bataille pour circonscrire le conflit né avec Mohamed Hassad. Pour ce collectif, tout doit être entrepris pour normaliser la situation entre les associations « droits-de-l’hommiste » et l’Intérieur. Un langage commun est à trouver entre les deux parties pour qu’elles puissent travailler en parfaite intelligence et loin de toutes les attitudes acrimonieuses. L’image de l’Intérieur s’en sortira renforcée à l’heure où le Royaume bataille sur tous les fronts pour justement changer l’image d’Epinal qui lui colle à la peau.


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ENTENDU DIPLOMATIE

LES TEMPS SONT DURS… Il ne manque pas de ressources notre chef de la diplomatie. Même le jetlet n’arrive pas à le déstabiliser. A fortiori un hacker qui s’est fait baptiser « Chris Colman » pour le petit bonheur des adversaires de la cause saharienne et le grand malheur des aficionados locaux des services. N’a-t-il pas osé venir investir le parlement pour répondre des dégâts causés par ledit hacker qui s’amuse comme il peut sur les réseaux sociaux en prenant soin d’étaler le linge diplomatique national? Mais pour dire quoi. Le coup est durement supportable… Et ce qui le rend encore plus dur est bien l’incapacité des « veilleurs » sur le net à arrêter l’hémorragie. Et si le débit des fuites est maintenu en l’état, il faudra s’attendre à ce que le sang coule. Les services savent bien que le DRS est « radical » dès lors qu’il est question de « traiter » ce qu’il considère comme « brebis galeuses ». Et dans cet élémentaire, très cher à Watson, le célébrissime détective Immortalisé par Holmes, nul besoin de rappeler au diplomate en chef que des hommes à lui de valeur ont été bel et bien grillés pour être maintenus en poste.

LORSQUE LES FUITES

TOURNENT À L’INONDATION, IL FAUT FERMER LE(S) ROBINET(S)

LES VISAS POUR LES NULS

Discussions intenses Entre le Maroc et l’UE, d’intenses discussions sont engagés autour du« Partenariat pour la mobilité », comme le précise le jargon eurocrate bruxellois. Pour les Nuls, rien de plus simple que de parler de visas à octroyers aux Marocains. Dans la perception des technocrates de Bruxelles, il ne faut jamais rêver de mobilité sans restrictions. L’Homme n’est capital que lorsqu’il épouse les besoins européens exprimés. Quant au reste, il faut toujours courir derrière des visas de courte durée. Autant dire qu’il faut disposer du souffle cher à nos héros du demi-fond, ces athlètes qui avaient défrayé la chronique.

Le député basque Jon Iñarritu a éventé ce qui s’est négocié en secret entre les gouvernements espagnol et marocain. Madroid a décidé d’augmenter le budget alloué à la coopération policière avec le Maroc, de manière significative. En deux LARGESSE ESPAGNOLE ans, ce budget a triplé, a précisé le dépuLE SÉCURITAIRE, HERMANO… té, en passant àplus de 108.733 euros. En trois ans, Madrid à déboursé 250.000 euros dans ce cadre. Le succès des services d’El Hammouchi dans le débusquage des djihadistes a son prix. Sans parler de la gestion de la migration sahélo-africaine.

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CLANDESTINS

Quelque 80 assauts de migrants vers Sebta et Mellilia, soit près de 20.000 entrées illégales, auraient été épargnés à l’Espagne grâe à la vigilence des services marocains. Mais la coopération entre les deux voisins du Détroit ne se limite pas à ce seul seuil. Des enquêtes conjointes sont aussi menées pour déstructurer les réseaux qui vivent de ces trafics inhumains.


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ENTENDU USFP

ISTIQLAL

BERBÈRE ATTITUDE

MAUVAISE PRESSE C’est fait ! Habib El Malki a bel et bien remplacé Abdelhadi Khairat à la tête du groupe médiatique de l’ISFP. Un changement vécu par les frères de « Libération » et « Al Ittihad Al Ichtiraki » dans la douleur. Le prix du bras de fer engagé entre le clan D. Lachgar et celui du défunt Ahmed Zaidi : l’absence des deux organes de presse des kiosques durant 24 heures. La colère sourd toujours au sein du parti socialiste où les sanctions de la direction pleuvent sans discontinuer. Ce qui livre à l’opinion une mauvaise presse d’une formation politique historique.

USFP ET ISTIQLAL DANS LA TOURMENTE

DENIERS PUBLICS

LA TENSION SOURD TOUJOURS AU SEIN DE LA FAMILLE ISTIQLALIENNE. ET C’EST LA BERBÈRE ATTITUDE DE HAMID CHABAT, PATRON DU PARTI CONTESTÉ PAR LE COURANT « BILA HAWADA », QUI A JETÉ L’HUILE SUR LE FEU. LA CÉLÉBRATION DE L’AN AMAZIGHE À GRAND RENFORT DE COUSCOUS PAR H. CHABAT ET SES AFFIDÉS, A EU POUR COROLLAIRE L’ABSENCE DES DÉPUTÉS ISTIQLALIENS DU PARLEMENT. AZIZ FILALI, CONSEILLER QUI A DÉROGÉ À L’APPEL DE LA DIRECTION DU PARTI (JUGEANT FÉRIÉ LE JOUR DE L’AN AMAZIGHE) A ÉTÉ SANCTIONNÉ. SOULEVANT L’IRE DES ADVERSAIRES DU CHABATISME AMBIANT.

L’Association de protection des deniers publics a choisi de faire entendre sa voix devant le siège du parlement où un sit-in a été organisé. Objectif, protester contre les émoluments accordés aux ministres, directeurs des établissements publics et députés. L’association juge scandaleux que de pareils traitements soient le lot de quelques privilégiés alors que le Smig est dramatiquement bas. L’association qui invite à une révision de la grille des traitements privilégiés n’a pas manqué de dénoncer à l’occasion les retraites dont bénéficient députés et ministres. Une gabegie qui doit prendre fin, s’indigne l’association.

GOUVERNANCE POLITIQUE

«Qui va à la chasse, perd sa place». Mohamed Ouzzine aurait du certainement y penser lorsqu’il quittait son maroquin ministériel pour traquer le gibier dans le Moyen Atlas. Et alimenter sa page facebook des pauvres petites bêtes qu’il alignait au bout de son fusil. En tout cas, gageons que le précédent Ouzzine aura engendré une formule que tous les politiques devraient bien méditer avant d’assumer leurs responsabilités : « le syndrome de la chasse ». Comme quoi, rien n’est éternel, et surtout pas une place au soleil dans toute constellation gouvernementale aussi forte soit elle. Un tir de raté et tout s’écroule. L’ex-ministre qui irradiait jusqu’à ses pairs par un trop plein d’optimisme aura vécu, isolé, ses derniers et trop longs jours. Avant d’essuyer le coup fatal qui lui a valu le poste auquel il s’accrochait. L’instinct du chasseur lui a joué un mauvais coup, lui qui aurait certainement grandi aux yeux des citoyens s’il avait eu le courage de jeter l’éponge au moment où les raclettes faisaient leur singulière œuvre sur la pelouse du complexe sportif de Rabat. Mais il a préféré, sourire narquois en prime, narguer l’opinion. Attitude sotte s’il en est. Surtout qu’il n’y avait plus personne pour le blanchir. Dure raclée ! La bête politique qu’il croyait être s’est écroulée. Reste à savoir si ses frères d’armes s’empresseraient de le soigner ou l’achever…

LA RACLÉE…

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ENTENDU RICHESSE MONDIALE

SCANDALE MINORITAIRE Le patrimoine détenu par les 1 % les plus riches à travers le monde dépassera en 2016 celui des 99 % restants, selon une étude dévoilée par Oxfam. L’organisation tire la sonnette d’alarme sur le creusement «vertigineux» des inégalités depuis la crise de 2008. Si cet enrichissement se poursuit, affirme l’organisation, les plus riches possèderont à eux-seuls plus que le reste de la planète. L’organisation, dont la directrice générale Winnie Byanyima a coprésidé le forum de Davos, a réclamé l’organisation d’un sommet mondial sur la fiscalité pour réécrire les règles internationales. Les États ont été invités à adopter un plan pour lutter contre les inégalités, en ciblant l’évasion fiscale, la gratuité des services publics, en taxant le capital, en instaurant des salaires minimum ou encore en mettant en place une protection sociale pour les plus démunis.

VU D’ISRAËL MONDE

ARABE ÉCLATÉ UNE ÉVALUATION DU SHIN BET PRÉDIT UN MOYEN-ORIENT INSTABLE ET DANGEREUX. « LES ÉTATS VONT SE DÉSINTÉGRER », ET « LES ENNEMIS D’ISRAËL VONT PEAUFINER LEURS TACTIQUES », AJOUTE LE RAPPORT. LE MOYEN-ORIENT DEVRAIT ÊTRE UN TRÈS MAUVAIS ENDROIT POUR VIVRE L’ANNÉE À VENIR – PEUT-ÊTRE UN DES ENDROITS LES PIRES ET LES PLUS DANGEREUX AU MONDE. QUAND LE RENSEIGNEMENT MILITAIRE MET SES ANTENNES À TRAVERS LES FRONTIÈRES – VERS L’IRAN, L’IRAK, LA JORDANIE, LA SYRIE, LE LIBAN, L’EGYPTE, LE YÉMEN, L’ARABIE SAOUDITE ET L’AFRIQUE DU NORD – IL VOIT ET DÉCRIT UN MONDE EN PROIE À LA DÉCADENCE SOCIALE, L’EFFRITEMENT POLITIQUE ET LA PAUVRETÉ. 18

PERSPECTIVES MED

INÉGALITÉ ALARMANTE LE ROI ABDALLAH N’EST PLUS

LE MAROC PERD UN AMI Un nouveau rapport sur l’Afrique vient d’être concocté par le groupe de recherches « Think Security Africa ». Fait de supports visuels (diagrammes, résumés graphiques et cartes), ses principales conclusions est que les pays africains ont de plus en plus de difficultés à maintenir leur intégrité territoriale. En 2014, dix gouvernements africains rivalisaient avec des groupes non étatiques en vue d’exercer le contrôle territorial, ce qui correspond à une croissance de plus de cinquante pour cent par rapport à l’année dernière. L’aggravation enregistrée en 2014 résulte du fait que les groupes non étatiques ne formulent désormais plus de demandes, mais passent à l’action en établissant des fiefs, indiquant une dégradation des capacités gouvernementales face aux acteurs non étatiques. Par ailleurs, le nombre de pays touchés par les défis de sécurité aux frontières et de sécurité maritime s’est considérablement accru, révélant un problème structurel croissant d’étendue régionale.« L’élément clé qui permettra d’améliorer la sécurité en Afrique ainsi que la capacité des gouvernements à maintenir l’intégrité territoriale est de pérenniser, en 2015, les améliorations enregistrées dans les pays confrontés à de sérieux défis liés à la chaîne de commandement. Cela sera cependant difficile, étant donné les élections prévues cette année dans plusieurs États fragiles», a indiqué Adunola Abiola, fondateur de Think Tank.


MAURITANIE

IRAK

APOSTASIE ET PEINE CAPITALE

UN JOURNALISTE À L’OMBRE M. Al-Zaidi a été arrêté par les forces de sécurité irakiennes à le 9 Janvier, près d’Al-Nasriyah dans le sud de l’Irak. Al-Zaidi, journaliste respecté, est reconnu internationalement pour sa défense courageuse contre le nettoyage sectaire en Irak qui a commencé avec le début de la politique de «diviser pour régner» de l’invasion américano-britannique. Une politique qu’il dénonce après le départ des troupes US qui ont mis en selle Nouri al-Maliki avant d’ordonner son remplacement, en août dernier, par Haider Al-Abadi. Les démocrates du monde s’insurgent contre cette arrestation arbitraire qui intervient à un moment où l’actualité est dominée par les crimes de Daech en Irak.

QUAI D’ORSAY FAFA SUR LE DÉPART

AUTORITÉ PALESTINIENNE

LA CPI, ET APRÈS

MOHAMED CHEIKH OULD MOHAMED, 29 ANS, A CRITIQUÉ L’ORDRE SOCIAL EN MAURITANIE QU’IL A COMPARÉ À CELUI PRÉVALANT DU TEMPS DU PROPHÈTE MAHOMET DANS UN ÉCRIT MIS BRIÈVEMENT EN LIGNE. UNE DÉCISION DE JUSTICE INÉDITE DANS UN PAYS OÙ LA CHARIA EST CERTES EN VIGUEUR MAIS DONT LES SENTENCES EXTRÊMES COMME LES PEINES DE MORT ET DE FLAGELLATIONS NE SONT PLUS APPLIQUÉES DEPUIS ENVIRON TROIS DÉCENNIES.

Diminué physiquement, Laurent Fabius qui occupe un des postes les plus sensibles de l’Exécutif français, la diplomatie en l’occurrence, n’assure plus. Cet éléphant du PS connu pour ses errements anti-marocains serait victime de sautes d’humeur causées par le protocole médicamenteux auquel il est assujetti depuis que ses crises d’Alzheimer se sont multipliées. Au point de piquer des sommes lors de rencontres officielles, comme ce fut le cas lors de son déplacement à Alger. Pathétique ! Reste à savoir sur qui se portera le choix du Président Hollande pour permettre à la diplomatie française de retrouver une aura qu’elle semble avoir de plus en plus de mal à reconquérir.

LA DEMANDE D’ADHÉSION À LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE (CPI) DES PALESTINIENS A ÉTÉ ACCEPTÉE PAR LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DES NATIONS UNIES, BAN KI-MOON.. L’OBJECTIF DE LA DÉMARCHE D’ADHÉSION PALESTINIENNE, ENTAMÉE VENDREDI AUX NATIONS UNIES, EST DE POUVOIR DEMANDER DES COMPTES AUX DIRIGEANTS ISRAÉLIENS SUR LES TROIS OFFENSIVES LANCÉES SUR GHAZA DEPUIS 2008, OU ENCORE POUR L’OCCUPATION, DEVANT CETTE COUR COMPÉTENTE EN MATIÈRE DE GÉNOCIDE, CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ ET CRIMES DE GUERRE. WASHINGTON A CRITIQUÉ LA DÉCISION DE L’AUTORITÉ PALESTINIENNE ET TEL-AVIV CONDAMNÉ VIVEMENT L’INITIATIVE SIGNÉE MAHMOUD ABBÈS QUI N’EST PLUS CONSIDÉRÉ COMME UN PARTISAN DE LA PAIX. RIEN D’ÉTONNANT LORSQU’ON SAIT QUE WASHINGTON QUI SOUTIENT ISRAËL LUI A SAUVÉ LA MISE EN USANT DE SON VÉTO AU MOINS 60 FOIS ! PERSPECTIVES MED

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VU LU

ENTENDU

CARRIÈRE ET MINES

TRAVAIL DE LONGUE HALEINE

Le gouvernement veut libéraliser le secteur des carrières, tout en veillant au respect des normes réglementaires et environnementales, a affirmé le ministre de l’Equipement, du transport et de la logistique, Aziz Rabbah. En septembre 2014, le nouveau projet de lo i n° 27-13 sur l’exploitation des carrières a été présenté devant la Commission des infrastructures, de l’énergie, des mines et de l’environnement à la Chambre des représentants. A.Rabbah avait indiqué que ce texte vise à faciliter les démarches

Casablanca a désormais son référentiel des prix pour les transactions immobilières a annoncé le ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Boussaid. Cette initiative, pilotée par la Direction générale des UN RÉFÉRENTIEL DES PRIX POUR impôts (DGI), a pour objectif CASABLANCA d’améliorer les relations avec le contribuable et d’encadrer le pouvoir d’appréciation de l’administration fiscale. Par ailleurs, ce référentiel, auquel la Fédération nationale des promoteurs immobilier (FNPI) a fortement contribué, consiste en une grille évolutive et actualisée du marché foncier et immobilier, reposant sur le découpage administratif de la région et situant les prix au niveau de zones déterminées à l’intérieur des différents quartiers.

IMMOBILIER

EOLIEN

LE QATAR DANS LE VENT Le directeur général de la société de l’eau et de l’électricité du Qatar, Fahad Al-Mohannadi, président du conseil d’administration de la société Nebras Power, manifeste son intérêt pour investir dans cinq parcs éoliens au Maroc. Il a indiqué que Nebras Power a soumis, à cet effet, un plan technique et s’apprête à soumettre un plan financier en partenariat avec la compagnie française EDF. Devenue depuis début 2014 une société anonyme, Nebras est active dans les secteurs de l’énergie et des eaux avec un capital d’un milliard de dollars. Dans ce cadre, Nebras a signé, au cours de l’année dernière, en partenariat avec une société nippone, un contrat d’investissement de 100 millions de dollars pour la construction en Jordanie d’une centrale électrique solaire de 52,5 mégawatts. 20

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et à accélérer les réponses aux demandes d’ouverture et d’exploitation des carrières. Le texte a aussi pour objectif d’encourager les investissements dans un cadre de compétitivité, tout en renforçant le contrôle pour imposer le respect des conditions environnementales, techniques et financières. Il a précisé que plus de 500 permis d’exploitation de carrières ont été délivrés jusqu’à présent, soulignant la nécessité d’amender le dahir portant sur l’exploitation des carrières qui remonte à 1914.

HALIEUTIS

LE STRATÈGE ÉVALUATEUR De sources dignes de foi, le ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime qui avait mandaté à coup de millions de dirhams le cabinet Valyans pour l’élaboration d’une stratégie pour le secteur de la pêche, ayant aboutie au plan Halieutis, vient d’engager le même cabinet pour en assurer l’évaluation. Les observateurs s’interrogent sur la pertinence d’un tel choix d’autant que le pays ne manque pas de cabinets concurrents à même de faire l’affaire.

OCP

TOUT EST DANS LA R&D L’Office Chérifien des Phosphates (OCP) compte injecter 100 MDH (9,2 millions d’euros) dans le financement de projets de recherches agricoles. Cette décision intervient après que son fonds de 90 MDH consacré à la recherche et développement (R&D) sur le phosphate ait connu un franc succès. La mise en place du nouveau fonds se fera avec l’appui du ministère marocain de l’Enseignement supérieur qui apportera également 100 MDH.

TOURISME LE MAROC DEVRAIT ACCUEILLIR PLUS DE 11 MILLIONS DE TOURISTES EN 2015 CONTRE 10,5 MILLIONS DE TOURISTES EN 2014. C’EST LE RAPPORT ÉLABORÉ PAR BUSINESS MONITORING INTERNATIONAL « BMI » INTITULÉ « MOROCCO TOURISM REPORT 2015 » QUI L’AFFIRME. A L’HORIZON 2018, QUELQUE 12,7 MILLIONS DEVRAIENT VISITER LE MAROC.


BIENTÔT EN KIOSQUE

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CHRONIQUE BONJOUR LES DÉGATS

L’HUMOUR, CET ESPRIT… Par Said Akechmir

I

ls en veulent aux canards ! Et surtout à ceux d’entre eux qui osent jouer la partition de la raillerie qu’elle prenne la forme de caricatures ou non. Les djihadistes n’amusent plus la galerie ! Ils font même passer l’envie de rigoler à ceux qui les ont chouchoutés pour servir et valoir ce que d’obscurs planificateurs auraient ourdi comme desseins sanglants pour l’échiquier arabo-musulman. Une poudrière avec de multiples épicentres évoluant de la Libye à l’Irak en passant par la Syrie et le Yémen. Ceux qui ont sévi à Paris, contre l’hebdomadaire satirique « Charlie Hebdo », voudraient en rajouter une autre couche. En menaçant un autre hebdo parisien lui aussi du pire : on l’aura copris, il s’agit du « Canard Enchaîné ». Déchainés, les djihadistes voudraient tirer un trait sur ce qui distingue l’Homo-Sapiens-Sapiens : l’humour. Ils veulent priver l’humanité de ce qui la distingue : le rire. Ils veulent que sur cette terre qui sent déjà assez la poudre et le sang ne triomphe que la peur et les sanglots. Dotés de l’une des armes les plus destructrices, celle de l’enfermement théologique, ils veulent noyer la terre sous un déluge de larmes. Réussiront-ils dans leur macabre équipée qui n’épargne guère l’intelligence où qu’elle soit ? Osons croire, au non de ce qui fait le nid de l’humanité, que la raison finira par triompher. La raison qui appelle à être mobilisée pour enfermer la déraison là où elle doit être : la poubelle de l’Histoire. Bien sûr qu’il faut voler au secours de nos confrères du « Canard Enchaîné », aujourd’hui menacés dans leur intégrité physique. Car c’est cet élan de solidarité qui pourrait agir comme une réelle digue contre les

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dérives mortifères de quelques illuminés qui veulent prendre la revanche sur l’Histoire. En faisant reculer le temps de plusieurs siècles pour rééditer ce que l’Humanité a fini par vaincre : gibets, autodafés et autres goulags. Pour tous les épris de liberté, d’expression et de pensée, le souffle de la censure fait froid dans le dos. Dès lors, il faut avoir peur de ce que réservent les dérives sanguinaires de quelques égarés de l’islamisme qui mesurent la foi à l’aune de la touffeur d’une barbe et des largesses d’un kamis. Car le djihadisme n’a pas de frontières. Il peut frapper, aveuglement, dans n’importe quelle partie du monde. Notre solidarité doit être plus forte pour que vive l’esprit rebelle. Car c’est bel et bien à lui que l’Humanité est redevable de tous les bonds de développement réalisés jusqu’à nos jours. Peut-on imaginer un seul instant l’espace arabo-islamique réussir à en découdre avec le sous-développement ambiant sans esprits libres ? Doute-t-on un seul instant de cette leçon de l’Histoire que personnifia, à un moment donné et sur une terre bien connue, le messager de Dieu ? Comment fut accueillie la prophétie de Mohamed de la Mecque à Médine ? Et pourtant, ce pan de l’Histoire est occulté par tous ceux qui font de la surenchère peu orthodoxe de l’Islam leur fond de commerce. Chez nous, au Maroc, bien des aficionados du djihadisme osent encore manifester leur mépris pour l’intelligence. En menaçant de mort des esprits libres. Le cas de Khadija Rouissi est symptomatique d’une telle dérive. Au même titre que de simples acteurs qui ont pris part au tournage d’un film de Ridley Scott. A tous ces démons qui veulent semer la mort au nom d’une pureté dogmatique fantasmée, il faut leur rétorquer haut et fort : halte ! Ce n’est pas parce qu’une minorité est à côté de la plaque que la majorité leur doit l’obéissance aveugle. « No pasaran ! » A ces fascistes des temps modernes, tous les démocrates doivent rétorquer non pas en se contentant d’afficher le dédain à leur endroit, mais en les clouant au pilori ! Les dénoncer est un moindre mal. En attendant que les bonnes consciences se mobilisent pour passer au crible le discours haineux des djihadistes pour disqualifier, une bonne fois pour toutes, la trame idéologique qui le sous-tend. Nos intellos doivent oser faire œuvre utile…


POINTS CHAUDS

ATTENTAS DE PARIS

HALTE À LA BARBARIE!

S’IL EST ACQUIS QUE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE S’EST SOLIDARISÉE, DANS UN SEUL ÉLAN, AVEC LA FRANCE QUI A SUBI, EN SON PLEIN CŒUR, DES ATTENTATS TERRORISTES, IL N’EN RESTE PAS MOINS QUE LE FORFAIT ABJECT INTERPELLE À PLUS D’UN TITRE. SUR CE QU’IL EST CONVENU D’APPELER « LE MAL FRANÇAIS ». UN MAL QUI VA DE L’ÉCHEC DES POLITIQUES D’INTÉGRATION À L’ALIGNEMENT DIPLOMATIQUE DE PARIS SUR LA MACHINERIE OTANIQUE. UNE AFFAIRE QUI VA BIEN AU-DELÀ DU TRISTE ÉPISODE DE « CHARLIE HEBDO » POUR INTERPELLER LA PATRIE DONT LA DEVISE REPOSE SUR DES NOTIONS AUSSI UNIVERSELLES QUE « LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATÉRNITÉ»

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POINTS CHAUDS

ATTENTATS DE PARIS

AU-DELÀ DE « CHARLIE HEBDO » Début janvier, Paris fut ensanglanté. L’outrage est cette foisci l’œuvre de la nébuleuse islamiste qui sévit dans le monde arabo-musulman. Et le choix de la cible n’est point innocent: « Charlie Hebdo » faisant partie des attributs de la capitale des lumières. Mais de quoi la France est-elle la cible ?

E

n ce 11 janvier, des millions de Français ont marché dans les grandes villes pour dénoncer la barbarie djihadiste. Une forfaiture qui a coûté la vie à 12 personnes le 7 janvier lorsque le siège de « Charlie Hebdo », hebdomadaire satirique connu pour ses planches, jugées outrageuses par la communauté musulmane, a été investi par un duo armé jusqu’aux dents pour semer la mort. L’élan citoyen que l’Hexagone a vécu, attirant comme un aimant une sympathie internationale que légitime l’opprobre de tout acte terroriste, ne doit pas occulter des questions de fond. Pourquoi la France a-t-elle été ciblée ? Comment se fait-il que des Français aient pu être aspirés par la nébuleuse djihadiste ? Et qu’elle est la raison qui fait que dans des pays arabo-musulmans, dont des représentants officiels ont marché aux côtés des Français, des manifestants n’ont

pas hésité une fois encore à brocarder l’hebdomadaire qui a encore récidivé en caricaturant le prophète ? Si la France a été grandie par ses positions arrêtées lors de grandes crises que le monde arabe devait traverser, notamment en s’opposant à l’équipée de Washington contre l’Irak, il faut dire que la diplomatie française a fini par abandonner ses repères gaulliens qui lui valurent une stature à part dans un monde chaotique. Souvenons-nous de la déclaration faite par un fin connaisseur de la diplomatie française, l’enfant de Meknès Michel Jobert, lorsqu’il aborda la politique arabe de la France. « Il n’en est resté que Barbès!», disait-il pour traduire la confusion généralisée. Car depuis de longues années, on assistait à un réalignement français sur la politique atlantiste que pilote Washington. Avec quelques nuances tout au plus. A l’aube de ce qu’il

LES ATTENTATS SUSCITENT DES INTERROGATIONS LÉGITIMES

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SOLIDARITÉ AGISSANTE

La classe politique française s’est mobilisée pour condamner la barbarie

est convenu d’appeler « Printemps arabe», Paris était aux premières loges dans l’agression contre la Libye. Et depuis la chute de Kadhafi, quel bilan peut-on faire du « chaos » laissé dans le sillage des bombardiers français intervenus pour assurer une zone d’exclusion aérienne à Benghazi ? Un pays livré aux milices djihadistes au point d’en faire un terreau fertile pour l’implantation de Daech dans la région. Aujourd’hui, Paris est engluée dans une zone d’instabilité sahélo-saharienne où l’empreinte libyenne n’est pas à minorer. La France a failli foncer tête baissée dans le bourbier syrien avant de s’aligner sur la politique US qui table sur l’effondrement du régime Baas à Damas en laissant pourrir la situation. Paris s’est même permis le luxe de s’arroger une base militaire dans le Golfe, suivant en cela les desseins expansionnistes de Washington. Mais le pire, avec l’arrivée des socialistes français à l’Elysée, c’est que Paris n’a pas hésité l’ombre d’une secondepour avaliser la forfaiture israélienne contre Gaza, et pas plus tard que l’été dernier… C’est donc la somme de tous ces engagements par trop atlantistes qui font que la France est devenue une cible prioritaire des djihadistes. Ceci est d’autant plus vrai que cet alignement « otanique» s’accommodait des manœuvres occultes qui permirent à quelques illuminés français, séduits par le Djihad en Syrie et en Irak, de bénéficier du permis de sauter dans les bras de Daech et d’Al-Nosra. Les services français ayant prêté main forte à la préparation de combattants syriens appelés à tenir la dragée haute au régime syrien. La France mesure aujourd’hui l’ampleur des dégâts asymétriques de son engagement dans le bourbier proche-oriental.

Des représentants de la communauté musulmane n’ont pas hésité à se joindre à la marche de la solidarité avec « Charlie Hebdo » menée par diverses formations politiques. Histoire de rappeler qu’il y a l’Islam et l’islamisme.

Et c’est ce qui explique les descentes dans les milieux djihadistes ou soupçonnés comme tels dans les banlieues françaises. Effort qui allait, d’ailleurs, se généraliser à d’autres pays tels la Belgique, l’Allemagne et l’Espagne… La France a mal non seulement à sa seule politique étrangère, le solde du colonialisme n’aura pas été réalisé au vu des rapports viciés entretenus par le néo-colonialisme, mais aussi à sa société. Les politiques d’intégration des communautés étrangères auront, de l’aveu même du chef du gouvernement français, engendré l’apartheid. La ghettoïsation rampante des banlieues ne pouvait qu’engendrer ce qu’un ex-responsable français de l’Intérieur affubla du terme « sauvageons ». Des exclus d’une république qui affiche au fronton les nobles principes de « Liberté, égalité et fraternité ». Il ne faut dès lors pas s’étonner à ce que les ratés de la politique assimilationniste débordent les cités pour en faire des « zones grises » où pullulent aussi bien petits comme grands trafics, y compris dans leur dimension religieuse. D’où la prolifération de lieux de culte musulmans hors de tout contrôle, si l’on excepte celui exercé par des imams irrédentistes qui prônent le djihad comme autant de chaines satellitaires autorisées dans l’hexagone. Dès lors, la grande crainte serait de voir ces actes criminels isolés déteindre sur la société française au point de mettre à l’index tous les musulmans de la République. Ceux qu’une « zemmourite » aigue accable de tous les maux au point de pousser l’essayiste français à imaginer, dans son délire par trop franchouillard, la déportation des 6 millions d’étrangers. La France a mal a ses minorités. Et cela

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POINTS CHAUDS

François Hollande, ami des caricaturistes assassinés, tente d’apaiser la colère du médecin urgentiste Patrick Pelloux, chroniqueur à « Charlie Hebdo »

explique les dérives du verbe qui prend les allures d’une « huelbecquomania », l’invasion musulmane devant, à terme, déborder jusqu’à l’Elysée. Là aussi, il faut voir que l’altérité est bafouée. Ce qui donne du grain à moudre à d’autres formes du fascisme qu’une « marée bleue » lepéniste ne saurait contenir. La France a d’autres ressorts, fort heureusement, susceptibles d’amortir toutes les manifestations de la bêtise humaine. L’espoir est qu’elle puisse les manœuvrer pour empêcher que sur son sol ne s’expriment avec autant de hargne l’idéologie néo-conservatrice qui oppose civilisations et cultures les unes aux autres. Le 3ème millénaire n’a que faire d’une guerre des religions d’où l’humanité sortira, à n’en point douter, exsangue. Ni glaive, ni sabre ne sont d’actualité. L’heure est à une solution réfléchie des problèmes qui taraudent le globe. L’approche guerrière est celle que privilégient les faibles. La France est suffisamment grande pour assumer sa part de responsabilité. En contribuant fortement au rayonnement de l’esprit critique. Celui qui ose dénoncer les injustices là où elles sont. Et l’une des premières injustices

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que le monde arabo-musulman ressent dans sa chair est tributaire des accords de Sykes-Picot (Daech en fait un enjeu capital) et de leur déclinaison qui a aboutit à l’incrustation d’Israël en territoire palestinien. L’injustice dont pâtit le peuple palestinien, expulsé de sa terre, est le nœud gordien qui alimente les tensions dans la sphère arabo-musulmane. Et il faut dire que sans un règlement juste et équitable de ce dossier nodal, les soubresauts qui secouent la région proche-orientale contribueront à l’instabilité mondiale. A cette injustice politico-diplomatique se greffe, bien entendu, une injustice économique. Et là, ce sont les termes de l’échange, traditionnellement déséquilibrés en faveur des pays du centre, qui alimentent le sentiment de l’injustice dans les pays périphériques. Si la France s’est engagée à mettre en bière « la France-Afrique», l’accélération d’un tel processus n’a pas eu lieu. Et ce n’est pas pour rien que lors de la rencontre de Dakar, consacrée à la lutte contre le terrorisme, il s’est trouvé des chef d’Etat africains offusqués par l’approche parisienne au point de faire étalage de leurs critiques. Le monde change. La France doit se remettre au diapason en inventant de nouveaux outils de coopération et de collaboration qui rendent justice aux peuples meurtris. Le bouillonnement africain est symptomatique du réveil d’une jeunesse plus exigeante aussi bien des classes qui les dirigent, mais aussi des partenaires étrangers. Il s’agira de ne pas rater le coche. Comme cela s’est fait avec le monde arabe qui n’a pas encore dit son dernier mot.

NETANYAHOU A AUSSI MARCHÉ

LE BOURREAU DE TROP ! Une des images choquantes du défilé officiel en solidarité avec les victimes des attentats terroristes de Paris est bien celle-là. Celle où l’on voit Netanyahou, chef du gouvernement israélien, à la tête des marcheurs. L’Elysée, avait-on annoncé, aurait cherché à éviter une telle présence des plus embarrassantes. Sans pour autant parvenir à dissuader le responsable israélien… Forçant ainsi la diplomatie française à faire preuve de génie en invitant Mahmoud Abbès, chef de l’Autorité palestinienne en proie aux pires difficultés pour faire taire les voix qui s’élèvent au sein des Palestiniens pour abandonner la voie des négociations jugées de capitulation. En effet, la diplomatie française semble oublieuse de l’affront qu’elle venait de subir au Conseil de sécurité de l’ONU où elle avait présenté la requête palestino-arabe, retouchée, pour obtenir la reconnaissance de l’Etat palestinien. Un affront signé Washington… Mais sous pression de Tel-Aviv. Pire, la France a accueilli un criminel de guerre qui n’a pas osé à donner le feu vert à son armée pour cibler, dans la bande de Gaza, jusqu’aux organismes de l’ONU. Ecoles, hôpitaux, mosquées… Les bombes israélienne ont tout rasé. Dans cette marche, il y avait un bourreau de trop…


CHRONIQUE VÉCU ICI

JE SUIS CHARLIE!! Par : Mustapha El Maleh

M

’inspirant des faits d’actualité qui ont secoué le monde lors des dernières semaines de l’année écoulée, j’étais tenté d’écrire une chronique que j’avais choisi d’intituler « Qu’est-ce qu’on a fait à Allah». Que ce soit en Algérie, en Syrie, au Canada, en Irak, en Australie, au Yémen ou à Strasbourg, et la liste est longue, j’avais la nette impression que tous les tarés de la planète se sont donnés rendez-vous pour nous pourrir la vie au nom d’Allah. Je revoyais pour cela, la Une de Charlie hebdo avec sa couverture de Mahomet qui se tient la tête en se disant : c’est dure d’être aimé par des cons ».

noire commençaient à faire partie du paysage d’une société cosmopolite. Quoi que l’on dise, la France est une terre d’accueil et de tolérance. Mais c’est oublier que, même affaibli, l’hydre est toujours tapi dans la pénombre. Quand les balles ont décimé des plumes de grande valeur au seul motif qu’ils sont journalistes, que l’identité des terroristes dévoilée, c’est une autre histoire qui commence. Que se passera-il demain dans la rue, au travail…autant de questions, autant d’angoisse. Mais que valent-ils face au chagrin des familles et des proches de ces compagnons de route ?

Si la trêve des confiseurs est une tradition de ce côté-ci de la Méditerranée, pour les idiots qui ont perverti le texte coranique pour en faire un permis de tuer, c’était le moment de faire parler d’eux. Le climat devenait anxiogène : toute face basanée devenait dans les yeux des idiots illettrés des terroristes en puissance. Comme bon nombre de mes concitoyens, on était loin, très loin d’imaginer les effroyables heures du mercredi 7 janvier et la folle fin de semaine qui a suivi avec son mélange d’effroi, de recueillement et de moments de grâce et de communion.

Attristé comme des millions de mes concitoyens, j’ai été ému aux larmes. J’ai arboré des jours durant mon identification à Charlie que j’ai longuement expliquée à mes élèves lors d’exceptionnels et riches moments d’échange. J’ai battu le pavé dans le froid. Je me suis inquiété de l’avenir de Charlie hebdo, impatienté de la sortie du nouveau numéro et félicité de l’engouement qu’il provoque chez les hommes libres d’esprit. Et pour les obscurantistes de tout bord.

La profonde affliction et la rage impuissante qui m’ont envahi n’ont d’égales que celles ressenties le 16 mai 2003, cette nuit bleue où le blanc de Dar el Beida a été entaché de sang. Dans ma tête une seule question revenait sans cesse : Pourquoi Charlie Hebdo ?

LES IDIOTS ONT PERVERTI L’ISLAM POUR EN FAIRE UN PERMIS DE TUER

Comme tout le monde, je sais que la France est en guerre sur plusieurs fronts contre les Djihadistes, mais j’ai oublié comme tout le monde que sur la tête de Charlie, une Fatwa court toujours. Happé par le quotidien, on s’habitue presque aux images furtives et révoltantes de l’horreur vécue par les Palestiniens, les Irakiens, et autres Syriens qui nous sont si proches. La multiplication des barbes qui fleurissent et les chevelures qui se drapent de

Comme des dizaines de milliers de Franco-marocains, j’ai guetté la position officielle comme celle de la rue de mon pays d’origine. Je me suis félicité de la condamnation au sommet de l’Etat et de la solidarité de quelques organes de presse et des amoureux de la liberté d’expression, mais je suis pour le moins perplexe face à l’attitude de la délégation marocaine lors de la manifestation de Paris. A moins d’être en Corée du Nord ou toute autre dictature similaire, je ne pense pas qu’il soit possible de contrôler les affiches d’une manifestation populaire dont le principal mot d’ordre était la liberté d’expression. Et franchement, je ne vois pas où est l’injure dans les dessins de Charlie contre l’Islam ou son prophète. Décidément à chacun son humour ! Pour finir, une pensée à toutes les victimes de ces attentats morts dans l’accomplissement de leurs devoirs ou pour leur confession. Quant aux terroristes…… qu’ils aillent au diable. Leur entreprise a échoué, Charlie jadis au bord de l’asphyxie vivra à jamais…

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HUMEUR

EL KHALFI DANS LA DJELLABA DE YESSEF

ABSURDIE & CO

L

e pimpant porte-parole du gouvernement et ministre de la comPjidiste, Mustapha El Kahlfi, semble atteint par l’usure de l’action publique. D’où sa démarche « offensive » qui le place chef parmi les conservateurs de l’équipe Benkirane. Dans les habits de la fonction qui lui est dévolue, il faut dire que les coutures ont tendance à se craqueler empêchant le journaliste qu’il fut de réussir à ourler ce qui peut l’être. Autant il a le verbe haut pour déstabiliser ses vis-à-vis, autant il fait preuve de célérité à actionner les ciseaux de la censure pour plaire à une vieille garde décrépie. S’il a trébuché sur le blockbuster de Ridley Scott, en interdisant la diffusion de la saga Exodus, avant de se rattraper en permettant sa reprogrammation dans les salles moyennant une coupure de quelques secondes pour le moins confuses, il s’est armé de tout son courage en interdisant purement et simplement nombre de titres de la presse françaises qui ont choisi de se solidariser avec « Charlie Hebdo » en reproduisant des caricatures jugées expressivement blasphématoires. Comme quoi, de simples planches qui n’auraient pas réussi à ébranler la foi des Marocains ont fait trébucher un El Khalfi qui n’ignore pourtant pas la mévente de la presse en général et

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celle française en particulier. Pas de quoi piquer la curiosité des lecteurs nationaux s’il s’en trouve peu portés sur la caricature, un genre à part canardé sans pitié tout le long des années de plomb. Le fort en gueule ministre a de quoi se justifier en plaçant la foi là où il ne faut pas. Pas si intelligent que ça, Monsieur le ministre… Car la raison exige de composer autrement avec l’irréfragable liberté de la presse à laquelle s’accrochent la gente médiatique qui se respecte. Celle qui voit mal comment les Oulémas du cru ont préféré garder motus et bouche cousue devant la boucherie qui a cherché à étêter un canard tant de fois mis dans les cordes par la bêtise humaine. Le Marocain moyen aura juste gobé le discours de l’exclusion que des Imams ont claironné le vendredi qui a suivi les attentats contre Charlie Hebdo. Discours qui fait la part belle au soutien inconditionnel à apporter aux Moujahidines sur la voie de Dieu contre les Juifs, les Chrétiens et les impies. Mortel est le silence de Mohamed Yessef, figure de proue des Oulémas nationaux qui aurait gagné en sympathie s’il aurait juste fait d’ânonner ce que les foukahas d’Al Azhar ont su dénoncer. Dommage !


L

e MUR, bras idéologique du PJD, vient de faire preuve d’une parfaite orthodoxie en suivant au pied de la lettre le souci conjoncturel de l’instance politique à laquelle il est adossé. Preuve en est la condamnation de l’équipée meurtrière dont a fait les frais l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo. Tout cela fleur bon le « politiquement correct » d’une structure peu habituée à l’ouverture de bon aloi. Les Marocains qui n’ont pas la mémoire courte se souviendront, et pour toujours, de l’excès de dogmatisme dont a toujours fait preuve le MUR. Une question cependant mérite réponse : l’ingénierie de cette instance spécialisée, nous dit-on, dans le prêchi-prêcha, a-t-elle succombé aux charmes de sa nouvelle tête, Abderrahim Chikhi en l’occurrence, pour s’aligner mordicus sur les positions très politiques du PJD au point de faire la nique à son orthodoxie ? Pour ceux qui connaissent les arcanes de la sphère islamiste « modérée », celle qui gouverne le pays depuis 2011, l’ingénieur promu à la tête du MUR n’aurait comme épaisseur que celle que procure le suivisme du chef… Qu’il soit « agresseur ou agressé », comme le rappelle l’adage. En d’autres termes, A. Chikhi se distingue plus par le rapport de sujétion prononcée à l’endroit d’A. Benkirane que par autre chose. Toujours est-il que le MUR a bel et bien sauté le mur, si on se réfère à toute la littérature produite naguère autour des dessins de Charlie Hebdo. De là à n’y voir que la consécration du « double jeu » dans lequel excellent toutes les formations islamistes, il n’y a qu’un pas… Que de nombreux observateurs rappelleront à tous ceux qui risquent de se perdre dans la masse des amalgames. Bien entendu, là aussi, la compétition entre « frères » dans « l’Islam politique » n’est pas à déconsidérer en soi. Surtout que la direction de l’Association Al-AdlWalIhssan n’a pas résisté, elle aussi, à médiatiser un communiqué assorti de la condamnation de circonstance de l’attentat qui a décimé une partie de la rédaction de l’hebdo français. Rien d’étonnant de la part de la nébuleuse islamiste bien marocaine. Car tout en s’empressant de condamner un attentat meurtrier, ses cadors n’hésitent pas à faire plus que la moue devant la liberté d’expression. En clouant au pilori tous ceux qui osent caricaturer les prophètes et à désacraliser le religieux. Sur cette affaire-là, les Benkirane, Chikhi et les autres, tous les autres, ne se taisent pas. Ils condamnent avec la vigueur qui leur est proverbiale. Comme quoi, la raison se perd là où le saint esprit office

LE MUR FAIT LE MUR PERSPECTIVES MED

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POINT DE VUE

PR. ABDERRAHMANE MEKKAOUI Politologue et spécialiste des affaires militaires et stratégiques

AUX ORIGINES DU TERRORISME LE TERRORISME QUI PREND EN OTAGE L’ACTUALITE SOUS LES ORIPEAUX DU JIHADISME ISLAMISTE RELEVE DE L’INDUSTRIE SINISTRE. UNE INDUSTRIE QUI OBEIT A LA LOI DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE TOUT EN REPOSANT SUR UN CORPUS IDEOLOGIQUE QUI LUI EST PROPRE. ABDERRAHMANE MEKKAOUI, POLITOLOGUE ET SPECIALISTE DES AFFAIRES MILITAIRES ET STRATEGIQUES, EN DECORTIQUE LES DIVERSES FACETTES.

C

roire que derrière le terrorisme il n’y a pas d’idéologie, pas d’institutions ; croire qu’il n’est pas gouverné par une stratégie pensée et qu’il est une réalité qui agit à l’aveuglette comme le laisse voir ses opérations tragiques ; croire, enfin, qu’il ne sait pas où il va ni où il mène le monde, est une erreur monumentale. Faire croire cela aux peuples et à l’opinion internationale est en soi un acte terroriste, au même titre que les horreurs perpétrées sur le terrain. Certes, le terrorisme est aveugle lorsqu’il assassine, apparemment sans distinction,des victimes innocentes. En réalité, il n’est pas si aveugle qu’on voudrait le faire croire, car ses opérations, dans lesquelles l’humanitaire est un détail, sont commandées par des intérêts géostratégiques calculés sur le très long terme. Le terrorisme est aujourd’hui une industrie comme l’était la mort sous le régime nazi durant la Seconde guerre mondiale. C’est une industrie dans

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la mesure où ses destructions, ses ravages et les charniers qu’il laisse derrière lui sont planifiés selon des agendas sinistres et des objectifs pesés et mis en perspective. Il est absolument candide de croire qu’il a tué aveuglément et qu’il n’a pas de solides bases idéologiques qui justifient son comportement. Comment autrement expliquer sa capacité à sévir aussi longtemps, et surtout dans le monde musulman ? Reste donc à poser cette énorme et déroutante question :qui est le producteur de l’idéologie fondatrice du terrorisme et pourquoi ? Nous pensons que la majorité de la littérature analysant cette idéologie fondatrice du terrorisme,admet que celle-ci s’est appuyée sur deux bases. La première est le cadre programmatique structurant faisant référence essentiellement à l’école du pragmatisme anglo-saxon et l’analyse dialectique. La deuxième est l’adaptation de ce cadre à la


culture et à la pensée traditionnelle islamiques dans toute leur diversité. Autrement dit,les idéologues du terrorisme maîtrisent parfaitement les programmes occidentaux et la pensée traditionnelle islamique. Il serait impossible, autrement, d’expliquer des expressions telles que « la force et les relations de la force », « la force mensongère », « la domination par la force centrale », « le brouillage des valeurs », « le centre et les périphéries », « la carte des intérêts », etc., existant côte à côte dans certaines ressources de référence avec des expressions politiques datant des premières années de l’Islam. De même, comment expliquer la faculté de ces référentiels à lier des notions comme « la force et l’intérêt », « le désordre et le jihad », « la lutte et la barbarie » entre le

centre et la périphérie, sans ce précieux fil conducteur entre ces concepts de l’école réaliste anglo-saxonne. dont le fondateur n’est autre que le premier philosophe de l’athéisme politique Thomas Hobbes qui aconsidéré l’être humain comme un animal méchant et sauvage de nature, et cette idéologie accolée aux Musulmans concernant l’expiation, la criminalité et la destruction sauvage sans précédent ? N’y a-t-il donc pas là une preuve de l’existence de cette industrie suspecte

LE PREMIER VRAI PAS VERS LA LUTTE CONTRE CE FLÉAU DU 21ÈME SIÈCLE EST D’IDENTIFIER D’ABORD SES AUTHENTIQUES IDÉOLOGUES DE L’OMBRE ET SES PROMOTEURS ZÉLÉS DANS LES MÉDIAS.

du terrorisme aujourd’hui et de son idéologie fondatrice ? Et que penser de cette pléthore de lettres, de billets et de publications bénéficiant de tribunes et de publicités nationales et internationales démesurées, alors que les auteurs sont anonymes, écrivant sous pseudonymes ou cherchant, à visage découvert, à dresser les peuples les uns contre les autres ? Les actuels brillants acteurs du brouillage des repères, casseurs des valeurs humaines hyper médiatisés, ne sont-ils pas les véritables géniteurs de l’industrie du terrorisme ? Le premier vrai pas vers la lutte contre ce fléau du 21ème siècle est d’identifier d’abord ses authentiques idéologues de l’ombre et ses promoteurs zélés dans les médias. L’âme et la pensée islamiques sont étrangères à cette industrie de laterreur.

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MAROC DOSSIER SAHARIEN

FINI LA DUPLICITÉ !

Par Lamia Mahfoud

Le dossier saharien connaitra des développements accélérés au cours de l’année qui démarre. A charge pour la diplomatie marocaine de faire preuve de proactivité. Face à la neutralité onusienne, bienvenue, le temps est venu de dévoiler au grand jour le vrai visage du Polisario.

L a tension qui a marqué les rapports entre le Maroc et l’ONU au cours de ces derniers mois devrait céder la place à une normalité que Rabat avait en droit de revendiquer sous ses conditions. Tel est l’objet de la communication téléphonique qui a eu lieu, en ce début d’année, entre le roi Mohammed VI et Ban Ki-Moon. Le SG de l’ONU a assuré le souverain de « la neutralité de l’ONU » sur le dossier saharien tout en précisant qu’il avait «pris dûment compte des commentaires et observations du Maroc» sur le dossier du Sahara marocain. Le communiqué du Cabinet royal s’est voulu explicite en soulignant que l’appel de Ban Ki-Moon au souverain a apporté «des assurances fermes quant à la neutralité, l’objectivité et l’impartialité des responsables de l’ONU

BAN KI-MOON SE VEUT GARANT DE LA NEUTRALITÉ DE L’ONU

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en charge de la conduite de la médiation onusienne» en vue du règlement du conflit saharien. L’hôte du Palais de Verre a précisé que la MINURSO poursuivra sa mission dans le respect strict de son mandat actuel. Sur la base des clarifications formulées et des assurances données, le Souverain a confirmé à Ban Ki-Moon l’engagement du Maroc pour soutenir la facilitation de la mission conduite par l’Envoyé personnel et sa pleine coopération avec les responsables désignés à cet effet par le secrétaire général.

PROACTIVITE De ce qui précède, il y a lieu de noter que ceux les milieux adverses qui tablaient sur le dévoiement de la mission onusienne au Sahara auront fait les frais de calculs pour le moins étriqués. Quand bien même auraient-ils tenté d’user de tout leur poids, y compris en recourant aux basses manœuvres de hackers pour dévoiler au grand jour les câbles diplomatiques frappés du sceau du secret. Ceci est d’autant plus vrai que le Chef de l’Etat n’avait pas hésité, le 6 novembre dernier, de jeter une lumière crue sur la gestion du dossier saharien depuis que le pays a récupéré ses provinces méridionales occupées par l’Espagne. Et dans ce cadre-là, le


processus onusien accepté par le Maroc doit être interprété non pas comme une faiblesse, mais comme une démarche susceptible d’assurer un règlement pacifique à un conflit factice dans lequel les séparatistes du Polisario ne jouent la partition de l’indépendance que pour mieux répondre à une demande de leadership régional à laquelle aspire le voisin algérien. Quoi qu’il en soit, il est fort judicieux de souligner encore que même si l’Algérie subit de plein fouet les effets déstabilisateurs induits par la chute des cours du pétrole, il n’en reste pas moins que sa force de nuisance n’est pas à minorer. Et c’est dans ce cadre-là qu’il faudra que la diplomatie marocaine fasse preuve de proactivité en supputant à l’avance les coups tordus de la partie adverse. Comme ce fut le cas dans l’alimentation de la tension entre le Caire et Rabat. Tension vite étouffée au prix d’un entretien téléphonique entre le Roi et le Président Al Sissi. La diplomatie marocaine est appelée à rester sur le qui-vive à l’heure où la carte du monde arabe subit des transformations inédites. Et il faudra s’attendre à ce que les ennemis de la cause nationale s’allient au flou ambiant pour tirer le meilleur parti en faveur de leur thèse hégémonique qui prend les allures de la défense d’un peuple sahraoui spolié. Et ce qui vaut pour le monde arabe vaut aussi ailleurs, comme en Europe où des percées de la gauche radicale peuvent créer la surprise (comme aujourd’hui en Grèce et peut-être demain en Espagne), ou encore en Amérique Latine…

DOUBLE JEU Sur le Vieux Continent, partenaire économique stratégique pour le Royaume, il y a lieu de faire preuve de plus de fermeté dans la défense de la cause nationale. D’autant plus que le processus devant conduire le Royaume à rassurer quant à la convergence des intérêts avec la partie euro-péenne est bel et bien enclenché. Voire qu’il est même de nature irréversible. Dès lors, le traitement que les instances européennes devraient réserver au Maroc nécessite une réévaluation qui dépasse les clivages «politiciens» qui se

nourrissent aux mamelons d’un progressisme baignant dans les hydrocarbures. Car si le Maroc n’est pas riche en hydrocarbures, il offre une autre image d’une prospérité garantie par un système stable où l’apprentissage démocratique n’est pas chimérique. Dès lors, il faut convaincre les milieux hostiles qui font la part belle aux griefs que leur livrent les adversaires de la marocanité du Sahara, tantôt teintés de revendications liés aux droits humains, tantôt marqués du sceau de l’exploitation des richesses sahariennes, de revoir leur copie. Le Maroc n’est ni le Goulag que l’on dépeint, ni l’occupant que l’on dénonce. Et ses droits historiques sur Oued Ed-Dahab et Saqiet Al Hamra ne sont plus à établir… Pour ces milieux-là, le scandale qui vient d’être révélé à Bruxelles, au sujet des détournements de l’aide européenne aux réfugiés des camps de Tindouf, doit tenir lieu de preuve irréfutable de la nature même du mouvement séparatiste et de ceux qui les manipulent depuis des lustres. La diplomatie marocaine doit exploiter au mieux ce dossier pour mettre un terme à la duplicité dont font preuve des milieux intéressés au sein de l’UE par le pourrissement de la situation régionale. Un pourrissement qui facilite, dans une large mesure, « la diplomatie du racket » que l’on oppose au Royaume, comme ce fut le cas lors des négocia-tions sur le renouvellement de l’accord de pêche avec Bruxelles ou encore à l’occasion de la remise à plat des négociations agricoles. Une diplo-matie du racket qui, il ne faut pas l’oublier, n’est point à sens unique. Alger subissant de son côté les pressions ad hoc… Le rapport qui porte l’estampille de l’Union européenne (UE) discrédite aussi bien les dirigeants d’Alger que ceux du Polisario. Le rapport très compromettant de l’Office anti-fraude (OLAF) révèle qu’une partie importante de l’aide humanitaire accordée par l’UE aux réfugiés sahraouis de Tindouf, est détournée de façon organisée depuis des années. Selon l’Office, ces détournements commencent dans le port d’Oran, où est opéré le tri entre « ce qui doit arriver et ce qui peut être détourné». L’OLAF indique que le blé canadien et d’autres aliments de bonne

qualité destinés aux réfugiés, «sont remplacés par leur équivalent de qualité moindre pour être revendus » sur le marché noir. «Les produits d’élevage de volailles financé par l’aide internationale sont vendus et non donnés aux réfugiés», ajoute le rapport qui se fonde sur les résultats d’une enquête menée depuis 2003. Le rapport a été rédigé en 2007 mais n’a été publié qu’en 2015 grâce à l’intervention du médiateur européen en 2014 qui avait permis d’en obtenir une copie. Ces détournements ont été facilités, selon l’OLAF, par la surestimation du nombre des réfugiés et donc des aides fournies. L’UE qui a maintenu depuis 1975, pour des raisons non connues, son aide à son niveau initial de 10 millions d’euros par an, est calculée sur la base d’une population évaluée par les autorités algériennes à 155.000 personnes et estimée en 2005, à 90.000 individus par l’Office anti-fraude. Cette confusion, l’OLAF l’impute à l’Algérie et au Polisario qui n’ont jamais « accepté qu’un recensement des populations des camps soit organisé ». Pourtant, le Maroc a fait de ce recensement, l’une de ses revendications dans le cadre du règlement d’un conflit factice

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MAROC RÉGIONALISATION AVANCÉE

À QUI PROFITE LE DÉCOUPAGE? Par Yahya Saïdi

Premier investisseur du pays, l’Etat compte augmenter, selon la feuille de route des Finances, sa part d’investissements pour l’année 2015. Pas moins de 189 Milliards de dirhams (Vs 186 Mrds Dhs en 2014) sont alloués pour la poursuite des projets lancés avec un effort d’accélération de leur rythme d’exécution et d’amélioration de leur impact sur les citoyens.

E

En adoptant les nouvelles lois organiques des collectivités territoriales (Communes, Provinces ou Préfectures et Régions), le Conseil du gouvernement a reporté in extrémis l’adoption du nouveau redécoupage régional. Car il faut croire que le projet en question est loin de faire l’unanimité. Et même l’approche consensuelle privilégiée entre les composantes de la majorité ne semble pas de mise. Mais, in fine, réduire où augmenter le nombre de régions, c’est du pareil au même, si tant est l’important serait de jouer aux apprentis de l’algébrise. Mais tel ne semble pas être l’objectif tapi derrière le remodelage régional : un développement inter et intra-territorial des plus inclusifs. Et dans tous les cas de figure, la contradiction principale de la régionalisation avancée est à situer au niveau de la décentralisation et son corollaire la déconcentration, telle est qu’elle suggérée dans la nouvelle Constitution et explici-

LA CONSTRUCTION SE FAIT

TOUJOURS DE BAS EN HAUT ET NON LE CONTRAIRE

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tée par plusieurs discours royaux dont le dernier remonte au 3 janvier 2010.

LA CHARRUE AVANT LES BŒUFS ! Que l’on se rappelle qu’à seulement quatre mois de l’adoption de la nouvelle loi fondamentale du pays, la Commission Consultative de la Régionalisation avait soumis à l’appréciation royale le rapport sur la régionalisation avancée. Un rapport assis sur une nouvelle carte régionale proposée. Et ce qu’il faut garder en mémoire, c’est que ce projet de redécoupage régional avait été conçu bien avant la promulgation des critères dits “Principes de délimitation spatiale relatifs aux ressorts territoriaux. Le ministère de l’Intérieur a beau jeu de reprendre in extenso la copie du redécoupage régional telle que proposée par la Commission Consultative de la Régionalisation, il n’en reste pas moins qu’une telle démarche ne saurait occulter son anachronisme. Et il en dit long sur les desseins dissimulés puisque le décret de délimitation spatiale des régions s’est avéré une mascarade qui sert d’alibi pour légiférer sur la base de critères vagues définis à la hussarde et dotant le pouvoir exécutif d’une grande marge de manœuvre. On


comprend dès lors les raisons qui ont poussé les membres de l’Association des régions du Maroc (ARM) à ruer dans les brancards. La limitation du nombre des régions agissant comme un facteur de désintégration d’une expérience de gestion territoriale, forte de quelques lustres déjà, et de désarticulation d’espaces qui ne souffrent pas d’incohérences. Cela sans parler du transfert des pouvoirs du centre aux périphéries, transfert qui reste en inadéquation totale avec l’esprit et la lettre des principes fondateurs de la Constitution. Intertextualité ubuesque! L’actuel projet de redécoupage régional est-il cohérent avec ce qu’avait souligné le discours royal du 3 janvier 2010 de créer« régions à part entière, viables et stables dans le temps, fondées sur des critères rationnels et réalistes »? Ledit projet a-t-il généré une construction idéelle qui s’inscrit en faux vis-à-vis « des entités purement formelles ou bureaucratiques », dénoncées par la plus haute autorité du pays ? Un des membres de la Commission Consultative de la Régionalisation, Mohamed M’rabet, pour ne pas le nommer, avait même reconnu dans une interview publiée dans “Conjoncture” (bulletin de liaison de la Chambre Française de Commerce au Maroc), que le seul critère retenu par la CCR quant au projet de redécoupage régional était le critère économique. Un critère qui n’est explicitement cité ni dans le décret ni dans le discours royal. L’actuel projet de redécoupage n’est-il pas le même suggéré par le professeur Mohammed Berriane qui, bien avant que la CCR n’entame ses travaux, avait tracé dans une interview accordée à l’hebdomadaire La Vie - Eco (10 Janvier 2010) les grandes lignes du redécoupage tel que programmé dans le projet actuel ? Faudrait-il revenir à l’ouvrage collectif, édité en 2002, “Maroc, Régions, pays, territoires”, sous la direction des deux universitaires géographes Jean - François Troin et Mohammed Berriane, pour s’apercevoir que la messe fut dite avant « la révélation » de la CCR ? Car dans ledit ouvrage, certes inclassable, on retrouve bien des choses reprises d’une manière ou d’une autre par la CCR, y compris les orientations du redécoupage régional.

place d’abord les fondations avant de le meubler par les étages. En d’autres termes plus sibyllins, la construction se fait toujours de bas en haut et non le contraire. Cela, bien entendu, sans parler du« plus »que le nouveau recensement de la population légale est de nature à apporter. Car pour ceux qui l’ignorent, le recensement ne se contente pas d’aligner les données démographiques plus qu’il n’apporte un éclairage sur la distribution de la population à l’échelle spatiale. Et va même plus loin dans l’affinement des données recueillies en exprimant l’état socio-économique et culturel des populations en allant du plus petit hameau à l’échelle régionale… Cet instrument d’aide à la décision, centrale, locale ou régionale n’est donc pas à minorer. Mais tout prête à croire que l’on ne prête pas une oreille attentive à toutes les remarques exprimées aussi bien par les experts que par les représentants de la société civile. Faut-il dès lors sacrifier un vrai projet de régionalisation avancée sur l’autel des enjeux électoralistes ? A qui profite le redécoupage régional proposé alors qu’il fallait inscrire la réflexion dans la durée pour mûrir assez le projet pour qu’il soit facilement transposable à la réalité du pays ? Pourquoi tant de précipitation dans la présentation d’un « kit « inapproprié, in fine, par rapport aux attentes démocratiques exprimées ? En somme, la construction démocratique aurait certainement gagné en ne s’exposant pas de la sorte à la dictature de l’immédiateté. Car pour toute option stratégique, le recul est capital. Et le pays ne manque pas d’épaisseur pour mieux aborder l’avenir.

SANS REDECOUPAGE LOCAL ET PROVINCIAL S’il est évident que la cohérence et la pertinence du découpage régional relèvent de l’obligation, on a du mal à percevoir la nouvelle carte régionale sans avoir, au préalable, procédé au redécoupage des collectivités territoriales locales rurales et urbaines, avant de conclure par les provinciales. Et c’est là où le bât blesse. Car contre toute attente, le processus de reconstruction territoriale n’a pas obéi aux règles élémentaires que tout chef de chantier observe au pied de la lettre : on met en PERSPECTIVES MED

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MAGHREB L’ALGERIE EN PROIE À L’INCERTITUDE

LA MALEDICTION DU PÉTROLE Jamais deux sans trois. L’Algérie avait déjà mal à sa gouvernance. Un système qui a assis son pouvoir sur la rente avec une redistribution en circuit fermé. Mais voilà que les cours du pétrole s’effondrent pour mettre à mal tout le pays. 20 milliards de dollars en moins en 2015 ! Voilà qui risque de porter un coup fatal à une paix sociale durement négociée au cours des mandats de Bouteflika.

SYSTEME, RENTE ET SCLÉROSE 36

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Les apparitions de l’hôte du Palais Al Mouradia se font par intermittence. Et c’est au cours de l’une de ses dernières apparitions que l’annonce a été faite quant à la relance du processus de révision de la Constitution. Autant dire qu’Abdelaziz Bouteflika se plait à jouer avec les nerfs de sa population. Forçant les partis politiques à exiger plus d’un système en panne. Mais en attendant que la transition démocratique soit acceptée, la tension sociale est à son summum. Particulièrement dans les zones méridionales ciblées par les nouveaux appétits liés à l’exploitation des gisements de schiste. La population ne décolère pas… En attendant, c’est une autre crise à laquelle est confrontée, directement, le système. Il s’agit, bien entendu, de la baisse des cours mondiaux du pétrole. Le trésor algérien devra faire son deuil de 20 milliards de dollars, signale le FMI. Et ce n’est pas pour rien que les propos du

Chef du gouvernement ont été des plus alarmants, traduisant l’état de panique dans lequel la république voisine se trouve. Abdelmalek Sellal a lancé à la télé que la baisse des prix du pétrole «s’annonce plus longue que prévu et pourrait s’étaler jusqu’en 2019». Selon lui, l’Algérie «est dans la crise». Voilà qui rompt avec le discours lénifiant fait d’optimisme béat. Nous ne savons pas combien de temps va durer la crise » alors que le pays a besoin de financer son développement. Pour atténuer les effets d’un tel coup dur, l’Algérie prévoit de porter sa production de pétrole au-delà des 1,2 million de barils par jour qui lui sont fixés par l’OPEP. La lutte contre le gaspillage est relancée pour limiter les sorties de devises que la culture du tout import a favorisée. Pas suffisant alors qu’experts et partis politiques appellent à une révision de fond en comble d’un système économique aléatoire..


LA TUNISIE CHERCHE NORMALISATION Habib Essid, chargé par Béji Caïd Essebsi de constituer le gouvernement a enfin réussi.En s’appuyant directement sur « Nidaa Tounes » et l’UPL représentés fortement au sein du gouvernement. Taïeb Baccouche, sécrétaire général de Nidaa Tounes, hérite des Affaires étrangères alors que Ferhat Horchani et Mohamed Salah Ben Aïssa, sociodémocrates indépendants s’accaparent la Défense et la Justice. Slim Chaker, Selma Rekik, Mahmoud Ben Romdhane, Saïd El Aïdi et Lazhar Akermi, tous encartés Nidaa Tounes, détiennent les portefeuilles du Commerce, de l’Emploi, du Transport, de la Santé et des Relations avec la présidence et l’Assemblée des représentants du peuple.Quant à l’Union patriotique libre, elle ne compte que 3 ministres: Néjib Derouiche à la Coopération internationale, Mohsen Hassen au Tourisme et Meher Ben Dhia au département de la Jeunesse et des Sports. On

LE CHAOS LIBYEN

Les regards étaient braqués sur Génève où des pourparlers de paix, parrainés par l’ONU, regroupaient la mi-janvier les différents groupes libyens. Sur le terrain, l’armée nationale libyenne a annoncé un cessez-le feu, sans pour autant abandonner « la chasse aux terroristes», suive en cela par les commandements de Fajr Libya et de Chourouk. Mais la tension reste entière au sein de mouvements irréductibles tels Ançar Chariaâ, qui ont perdu leur chef blessé lors d’affrontements, aux côtés de milices pro- Frères musulmans. Réalité marginale ? Rien n’est moins sûr même si des observateurs affichent leur optimisme alors qu’une large frange de Fajr Libya et des groupes influents à Misrata soutinent les pourparlers de Genève. «Les réactions sont plus favorables que lors des pourparlers de Ghadamès, fin octobre dernier, quand le camp Fajr Libya était encore sur le rejet de la légitimité du Parlement de Toubrouk, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui», a précisé le député Bacha Agha de Misrata, présent aussi bien aux pourparlers de Ghadames (fin octobre) qu’à ceux de Genève, où il représente les députés boycottant les réunions du Parlement de Toubrouk. Le Conseil de sécurité a salué la démarche adoptée lors du premier round des pourparlers de réconciliation libyenne à Genève. Tout en menaçant de punir tous ceux qui freinent le processus de paix en cours. En face, le Congrès national général (CNG) à Tripoli, levier institutionnel de Fajr Libya, n’a pas approuvé la décision de participer aux pourparlers de Genève alors que l’envoyé de l’ONU, Bernardino Leon, espérait arracher un accord.

remarquera l’absence d’Ennahda de cette équipe même si des proches de la mouvance islamiste disposent de l’Intérieur (Mohamed Nejem Gharsalli) et de l’Education (Abdelmenef Abderebbou). Voilà qui éclaire sous un jour nouveau les déclarations de Ghannouchi qui avait assuré dernièrement que «la participation au gouvernement Essid n’était pas une condition sine qua non pour le soutenir». Ni « Afek Tounes », ni « Al Massar » ne sont représentés au sein de ce gouvernement que des observateurs créditent d’une « majorité fragile ». La touche du Président n’est pas étrangère aux choix faits par H. Essid. Toujours est-il que les attentes de la population et du monde des affaires restent immenses 4 ans après la révolution du Jasmin.

MAURITANIE

TRAVERSÉE DU DÉSERT Rompant avec le calme ambiant en ce mois de janvier, une mutinerie a éclaté à la prison centrale de Nouakchott où sont détenus des salafistes. De violents affrontements ont opposé gardes et prisonniers munis d’armes blanches. Deux gardes ont été pris en otages pendant plusieurs heures par les salafistes qui n’ont pas hésité à mettre leurs photos sur les réseaux sociaux. Voilà qui en dit long sur le déficit que connaît la gestion de la chose islamiste dans ce pays qui, valeur aujourd’hui, a été épargné de la contagion terroriste qui sévit dans le Sahel tout proche. Dans ce pays où la Charia est appliquée, la justice s’est révélée lourde en condamnant à mort Mohamed Cheikh Ould Mohamed, 29 ans, pour avoir critiqué un ordre social comparé à celui prévalant du temps du prophète Mahomet. Un mail mortel !

IL EST TEMPS DE RÉÉVALUER LE COÛT DU NON-MAGHREB ESTIMÉ ENTRE 3 ET 5% DU PIB RÉGIONAL APRÈS L’ACCALMIE CONSÉCUTIVE À CE QU’IL A CONVENU D’APPELER “PRINTEMPS ARABE”. QUANT À L’ÉVALUATION DES PERTES GÉNÉRÉES PAR LE CHAOS, PARTICULIÈREMENT EN LIBYE... PERSPECTIVES MED

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MONDE RETRAIT D’AFGHANISTAN

FIASCO ANNONCÉ Par Abou Sarah

Après 30 ans de guerre (de la guerre froide aux attentats de 11septembre 2001), l’Afghanistan est livré à lui même. Le 31 décembre 2014 marque la fin de 13 ans de présence militaire de l’Isaf et 1000 milliards de dollars engloutis : le pays devra faire face à de multiples défis. Multiples sont les enjeux pour un pays instable.

«A

ujourd’hui, l’OTAN achève sa mission de combat, (…) avec d’importantes réalisations après d’énormes sacrifices de milliers de soldats de la coalition et des forces de sécurité afghanes ». C’est avec ces mots triomphalistes que le général John Campbell, commandant de l’Isaf a enterré une mission de 14 ans en ce dimanche 28 décembre 2014. « Nous avons créé les conditions de sécurité qui ont permis l’émancipation de la société afghane après des décennies de guerres incessantes.(…) Nous avons élevé le peuple afghan hors des ténèbres et du désespoir et nous leur avons donné de l’espoir pour l’avenir » devait-il préciser. Pour sa part, Barack Obama a salué le fait que « la plus longue guerre dans l’histoire des Etats-Unis s’achève de manière responsable (…) que la présence militaire américaine avait permis « aux Afghans de reconstruire leur pays, de tenir leurs premières élections et d’achever leur première transition démocratique dans l’histoire du pays »

50 % DE LA POPULATION

AFGHANE N’A PAS ACCÈS AUX SERVICES DE BASE.

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et de promettre que parce que, « l’Afghanistan reste un endroit dangereux » (…) « les Etats-Unis et leurs alliés maintiendront une présence militaire limitée en Afghanistan afin d’assister et d’entraîner les forces afghanes, ainsi que pour mener des opérations antiterroristes contre ce qui reste d’Al-Qaïda ». Cinglante, la réponse des Talibans n’a pas tardé via un communiqué qualifiant le retrait de troupes occidentales d’ « échec absolu » tout en promettant de continuer le combat jusqu’au départ des 12 500 instructeurs occidentaux présents sur le sol afghan. Derrière le triomphalisme des uns et la détermination des autres, la question qui se pose serait de savoir si les forces afghanes sont capables d’assurer, seules, le semblant de sécurité qui régnait dans le pays. Si l’on doit se référer aux chiffres, un seul suffit pour mesurer le fossé entre les déclarations de bonnes intentions et la réalité. En 2014, le tribut payé par l’armée afghane s’élève à 3485 soldats tués soit l’équivalent des pertes des forces de la coalition depuis le début de leur intervention fracassante au lendemain des attaques du 11 septembre 2001. Avec autant de perte de quelle armée parle-on au juste ? Avec 350 000 soldats, l’armée afghane est minée de l’intérieur. Considérée comme une force supplétive de l’Isaf, son Etat major


a longtemps hésité pour la concevoir. A 80 % analphabètes, ses hommes reçoivent une formation sommaire de 60 heures pour apprendre à lire et par conséquent être capables, sur papier, de manier et d’entretenir des armes modernes. Au-delà, le clanisme qui règne dans le pays fait que l’armée enregistre chaque année pas moins de 10 % de déserteurs. Cela sans parler de la corruption qui mine la société. Rien ne prête à l’optimisme. Au départ des Occidentaux, répond la montée en puissance des seigneurs de la guerre qui, grâce à l’argent de la drogue, entretiennent des milices privées mieux payées que les subsides versés par l’armée afghane à ses soldats. Les talibans, de plus en plus actifs, profitent de la déliquescence ambiante. Stationnés au sud et à l’Est du pays, ils ont pour habitude de cesser leurs opérations durant la saison froide. Cette année, la « trêve hivernale » ne semble guère être de mise, bien au contraire. Dans son dernier rapport, le CICR note que 50% de la population afghane n’a pas accès aux services de base. Les efforts des Occidentaux pour palier au manque d’infrastructures sont restés vains puisque les écoles, dispensaires et autres infrastructures sont tout simplement des coquilles vides. L’Afghanistan de 2014 est tout autre comparé à celui de 2001. L’urbanisation rapide du pays due à l’exode rural pour des raisons tout aussi bien économiques que sécuritaires a accentué la précarité de l’Afghan si bien que le contrat social est rompu surtout que la greffe du mode de vie Occidental ne prend pas. C’est l’échec cuisant de la politique américaine qui voulait faire de l’ingénierie sociale par les armes. Alors ou sont passé les 150 à 200 milliards de dollars d’aides civiles injectés ? Selon l’indice de perception de la corruption publié par Transparency international, l’Afghanistan occupe la 172 place sur 175 pays. La corruption faits des ravages. Les scandales qui touchent aussi bien le petit fonctionnaire que le sommet de l’Etat sont légion. Honnie comme toutes les armées d’occupation, l’ISAF a cessé de s’attaquer à la culture du pavot de peur de se mettre davantage la population rurale à dos. Ce fut aussi un moyen de payer les informateurs en laissant proliférer cette culture. Cet argent profite à tous : gouvernement, police, armée, caïds locaux et paysans sans oublier les Talibans !! Parce que ses profits sont confortables, il n’y a pas de produits de substitution à la culture du pavot si bien qu’en 13 ans, la surface réservée à sa culture a été multipliée par 28 principalement dans le sud du pays. Avec 80 % de la production mondiale du pavot et du cannabis, l’Afghanistan trône au sommet. Avec le tarisse-

ment des aides américaines, ce narco Etat a de beaux jours devant lui. Après les récentes élections, Hamid Kharzai a été balayé par les urnes. Du statut de chouchou de l’Oncle Sam, il est devenu le « Boulet » en ayant complexifié sa sortie de la scène politique. Son bilan politique tient en quelques lignes : Il n’y ‘a pas de pouvoir exécutif en Afghanistan. A 30 Km de Kaboul, les Talibans verrouillent le pays. Certes ils n’ont pas les moyens de contrôler tout le territoire, mais ils peuvent lancer des attaques au cœur même de Kaboul. Le Président actuel Ashraf Ghani, élu depuis le 29 septembre, peine à former un gouvernement tellement les composantes politiques ont des intérêts contradictoires. Les Talibans n’ont jamais été loin car si la guerre n’a jamais cessé, la diplomatie aussi, dixit Lakhdar Brahimi. Avec la recrudescence de leurs attaques, ils veulent se mettre en position de force pour peser sur les négociations à venir et sur les choix politique du nouveau Président

RÉGIONALISATION PROBLÉMATIQUE Depuis longtemps, le conflit afghan n’était plus l’exclusive des Américains contre les Talibans. L’Af-Pak, acronyme inventé par l’administration américaine pour désigner l’Afghanistan/Pakistan témoigne de l’implication d’Islamabad dans le conflit. Cet encombrant voisin détenteur de l’arme nucléaire n’est pas tendre avec Kaboul. Son armée noyautée par le fondamentalisme fut et demeure toujours ambigüe dans sa lutte contre les Talibans au grand dam de Washington. La dernière attaque qui a visé une école où sont scolarisés les enfants des militaires à Peshawar pourrait peut être changer la donne. Et pour une fois, Kaboul et Islamabad pourraient s’entendre sur le plan sécuritaire en coordonnant leurs efforts et en acceptant, à titre d’exemple, que l’Armée afghane se dote d’une aviation militaire à ce jour catégoriquement refusée par les Pakistanais. Sur le plan politique, il serait grand temps de se mettre d’accord sur le tracé des frontières entre les deux pays. Autre acteur et non des moindres n’est autre que le voisin Chiite à l’Ouest. Téhéran redoute les Talibans sunnites et constitue de fait un rempart non négligeable contre cette menace. Les Iraniens savent pertinemment que si les Etats-Unis cessent toute aide à l’Afghanistan, le pays tomberait à coup sûr aux mains des Talibans, leur ennemi juré. Plus loin mais tout aussi influents, L’Arabie Saoudite, le Qatar et autres émirats du Golf, forts de leur manne financière, cherchent, chacun de son côté, à garder une influence sur le pays pour contrer l’ennemie de toujours : L’Iran. Mais dans un monde multipolaire, la Russie de Poutine, la Chine et l’Inde sont aussi des acteurs actifs. Dans le premier cas, c’est la quête de leadership d’antan qui anime le Kremlin, alors que Pékin et New Delhi veulent s’inscrire dans le peloton de tête des puissances de demain. Une intense activité diplomatique se joue dans l’ombre des chancelleries. Chacun regarde de près l’évolution de la situation dans cette poudrière qu’est le Proche Orient au bord de l’implosion, avec l’entrée fracassante de DAECH dans le jeu.

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MONDE ETAT DU MONDE ARABE EN 2015

LOURDES MENACES

-La Libye qui a engagé, à Genève, un processus de réconciliation nationale est toujours en proie à la zizanie djihadiste. A Derna, principal bastion terroriste, Ansar Al Charia, dont des affidés s’activent aussi en Tunisie, tente d’amalgamer plusieurs combattants pour en faire une véritable armée supervisée par Daech. Les Egyptiens qui suivent de près ce qui se passe dans l’Est libyen s’inquiètent de voir les djihadistes investir la zone frontalière où les relations tribales s’accommodent mal d’un quelconque contrôle étatique. -L’Egypte, en proie à une insurrection latente de la part des Frères Musulmans, -La Tunisie craint pour sa stabilité depuis éjectés du pouvoir, est confrontée à une que les djihadistes ont choisi de s’attaquer pression terroriste plus forte dans le Sinaï. non seulement aux forces armées, mais Répondant au nom d’AnsarBait Al-Maqdiss, aussi à des figures de proue de l’opposition ils continuent à sévir dans cette zone que tunisienne. Dans les villes, les forces de le pouvoir égyptien tente de faire revivre police tentent toujours de démanteler les après de longues années de relâchement, cellules salafistes qui prônent le djihad alors notamment via un nouveau canal de Suez. que l’armée s’attèle, dans les zones montaMais rien n’est encore dit dans cet épisode gneuses qui jouxtent l’Algérie, à ratisser large sanglant au bord du Nil surtout que les mepour éliminer les groupements terroristes. naces qui pèsent sur l’Egypte peuvent aussi survenir du Soudan.

- L’Algérie tente de boucler sa frontière de l’Est et multiplie les points de contrôle et les rondes de surveillance pour empêcher les infiltrations de groupes terroristes qui ont trouvé refuge dans le désert libyen. Les services algériens sont échaudés par le précédent In Amenas, lorsque le groupe Al Moulathmoune avaient investi le site gazier et fait le plein d’otages. La collaboration avec les services tunisiens se fait étroitement pour juguler les groupuscules en activité dans les zones montagneuses à l’Ouest tunisien.

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-Le Liban n’est pas épargné par le brasier syrien. En effet, au-delà de la forte implication du Hezbollah dans les combats aux côtés de l’armée syrienne, l’armée libanaise essuie l’ire des djihadistes d’Al-Nosra qui sévissent dans la région en bénéficiant de l’appui israélien. La tension reste vive à la frontière syro-libanaise depuis que les djihadistes ont choisi de kidnapper des soldats libanais pour servir de monnaie d’échange.

-En Irak, la guerre très médiatisée de Daech, quelques milliers de combattants ayant réussi à mettre en déroute une armée irakienne formée par les Américains, traduit la barbarie des djihadistes. Viols, exécutions sommaires, déportation des populations de confession non musulmane… ont réussi à mobiliser la communauté internationale pour voler au secours d’un pays au bord de la rupture. Mais les frappes aériennes dans lesquelles participent des forces coalisées, arabes et occidentales, n’ont toujours pas réussi à limiter les dégâts des djihadistes financés en sousmains par des puissances régionales pour maintenir la région sous très haute tension. Le jeu de la Turquie est symptomatique de l’implication d’autres forces régionales très intéressées par le chaos.

-La Syrie est victime d’une kyrielle de groupuscules djihadistes. Mais les forces les plus structurées s’avèrent être Jabhat Al-Nosra, filiale locale d’Al-Qaida, et Daech. Même si ces divers groupes sont issue d’une seule et même matrice, ils n’hésitent pas à s’entretuer dans une quête sanguinaire à la suprématie. L’armée syrienne tente de reprendre du terrain aux groupes insurgés et réussit des percées… Notamment avec le concours du Hezbollah libanais. D’ailleurs, c’est au niveau d’Al Koneitira, dans le Golan, que des cadres de ce groupe combattant ont été tués dans une attaque aérienne israélienne. Le convoi comptait aussi un général iranien.

-Le Yémen est au bord de l’implosion depuis que les djihadistes d’Al-Qaida ont repris du poil de la bête avec la montée en puissance des foyers de tension dans la région. Ce qui se passe en Syrie et en Irak les renforce davantage alors que la guerre des drones US continue d’alimenter la chronique locale. En parallèle, les Chiites tentent de leur côté de circonscrire le danger d’Al-Qaida pour mieux négocier les nouveaux termes de l’équation politique. La tension est à son summum dans ce pays en proie à l’insurrection du Sud.

INSTABILITÉ EN MILLIARDS DE DOLLARS

COMPTES INCOMPLETS… Le StrategicForesight Group (SFG), chiffrait, quant à douze mille milliards de dollars la somme perdue du fait des guerres qui ensanglantent l’ensemble du Proche-Orient depuis 1991. Ce coût englobant aussi bien les pertes humaines que les dégâts infligés à l’écologie, aux répercussions sur l’eau, le climat, l’agriculture, en passant par la croissance démographique, le chômage, l’émigration, la hausse des loyers, le prix du pétrole, voire même l’éducation. Ce chiffre ne tient pas compte du coût de la reconstruction tant de la Syrie, que de la Libye, que de l’Égypte que de l’Irak, de l’ordre de 500 milliards de dollars. Plus de cinquante experts d’Israël, des territoires palestiniens, d’Irak, du Liban, de Jordanie, d’Égypte, du Qatar, du Koweït et de la Ligue arabe ont participé à cette étude menée par ce groupe de réflexion basé en Inde et soutenu par la Suisse, la Norvège, le Qatar et la Turquie….

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MONDE UKRAINE

TENSION À MARIOPOL Alexandre Zakhartchenko a nié la responsabilité des séparatistes dans les bombardements au lance-roquettes qui ont fait 30 morts à Mariopol. Leprésident ukrainien qui craint que ce port stratégique ne tombe entre les mains des rebelles a convoqué en urgence le Conseil de sécurité nationale alors faisant monter la pression internationale contre Moscou.La conquête de cette ville industrielle d’un demi-million d’habitants, dernière grande ville de l’Est ukrainien sous contrôle de Kiev, créerait un pont terrestre entre la Russie et la Crimée, annexée en mars mais très dépendante de Kiev pour ses approvisionnements en eau, électricité et produits alimentaires.L’attaque survenue quelques jours après l’abandon par l’armée ukrainienne de l’aéroport de Donetsk, site hautement symbolique, marque un tournant dans le conflit qui a fait plus de 5.000 morts en neuf mois.

EGYPTE

EMBALLEMENT RÉPRESSIF Plusieurs personnes ont été tuées en Egypte lorsque des manifestants ont tentédecélebrer, Place Tahrir, le quatrième anniversaire de la révolte de 2011 qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir. Une militante de gauche au sein de « l’Alliance populaire socialiste » figurait parmi les victimes. Attirant l’ire d’une jeunesse qui affiche sa colère contre le retour aux méthodes classiques de répression. Shaimaa al-Sabbagh,34 ans, mère d’un enfant de 5 ans, rejoint le cortège des militants tombés pour que vive la révoluion. Les jeunes révolutionnaires critiquent vertement la justice égyptienne qui vient d’élargir les fils de Moubarak tout en maintenant des des dizaines de militants laïcs et de gauche sous les verrous pour avoir enfreint la loi controversée limitant le droit de manifester. Voilà de quoi raviver une tension qui profite essentiellement aux Frères Musulmans qui continuent à battre le pavé et à défier les forces de l’ordre.

Un blogueur tunisien a été arrêté à l’aéroport de Tunis alors qu’il revenait de Paris, il est accusé d’avoir «porté atteinte» à l’armée. Il a été condamné à trois ans de prison ferme par un tribunal tunisien «sans qu’il en soit informé», affirme son avocat, Samir Ben Amor, qui juge la peine «sévère» et privant son client de «toute liberté d’expression».

Abdelfattah Al-Sissi a invité Al-Azhar, université qui assure la formation de théologiens d’Egypte et d’ailleurs, de procéder à une véritable “révolution dans la pensée islamique”. A ses yeux, il n’est désormais plus possible d’avancer en reproduisant les mêmes thèses d’avant.

Le Kremlin a publié, en décembre, la nouvelle version de la doctrine militaire de la Russie, approuvée par Vladimir Poutine. Ce nouveau texte reprend L’OTAN TOUJOURS… pratiquement le précédent, approuvé en 2010. L’Otan reste ainsi le principal ennemi. Le renforcement des capacités offensives de l’Alliance atlantique aux frontières de la Russie est plus que jamais perçu comme une menace fondamentale à sa sécurité.revendications territoriales, ingérence,militarisation de l’espace et présence des contingents militaires étrangers dans les États.

CONDAMNABLE !

300 sites syriens d’intérêt historique ont subi les contrecoups de la guerre qui sévit en Syrie depuis plus de trois ans. L’ONU s’en inquiète. Des trésors qui remontent aux époques romaine, byzantine et mamelouk. Daech au même titre qu’Al-Nosra tirent profit de ce trésor historique en finançant et leurs achats en armes et les recrutements qui vont avec.

DIXIT DANS SON 2ÈME DISCOURS DE NOËL, LE PAPE FRANÇOIS ÉTONNE EN TONNANT UNE HOMÉLIE MOLLEMENT APPLAUDIE PAR LES 250 ÉVÊQUES RÉUNIS À ROME QU’IL LEUR TROUVE « UNE FACE DE FUNÉRAILLES » . PARMI LES 15 MAUX QUI AFFLIGENT LES DIGNITAIRES DU VATICAN, « LA PATHOLOGIE DU POUVOIR », « LE TERRORISME DU POTIN », « L’ALZHEIMER SPIRITUEL » ET « LA SCHIZOPHRÉNIE EXISTENTIELLE » . VOILÀ ENTRE AUTRES LES REPROCHES FAITS À LA CURIE VATICANE.

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PALESTINE

SILENCE, ON DÉTRUIT C’EST L’ONU QUI LANCE L’ALERTE : LES MAISONS DE 77 PALESTINIENS ONT ÉTÉ DÉTRUITES SUR ORDRE DES AUTORITÉS ISRAÉLIENNES CES DERNIERS JOURS. LA MOITIÉ DES DÉPLACÉS SONT DES ENFANTS, AJOUTE L’OCHA. SUR L’ANNÉE 2014, L’AGENCE ONUSIENNE A ENREGISTRÉ 1 177 PALESTINIENS OBLIGÉS DE QUITTER LEUR LOGEMENT, SOIT LE PLUS GRAND NOMBRE DEPUIS 2008, DATE DES PREMIERS RECENSEMENTS EN CE SENS. CE RECENSEMENT NE PREND CERTAINEMENT PAS EN COMPTE LA DÉMOLITION RÉPÉTÉE DES VILLAGES PALESTINIENS DANS LE NEGUEV. MAIS PARALLÈLEENT À CES DESTRUCTIONS SYSTÉMATIQUES ET ARBITRAIRE, LA POLITIQUE DE COLONISATION AVANCE À GRAND PAS POUR N’ÉPARGNER AUCUN SECTEUR DE RAMALLAH ET ENCORE MOINS AL-QODS.

La soldatesque israélienne ne se contente pas de détruire les maisons palestiniennes, de jeter en prison y compris les enfants... Elle va plus loin en liquidant des ministres palestiniens. Le cas de Ziad Abou Ain est symptomatique des dérives israéliennes.

Béji Caïd Essebsi: «J’espère que les Islamistes tunisiens continuent dans cette même voie. S’ils optent pour constituer une composante normale du fonctionnement du paysage politique, la Tunisie prouvera au monde, après tout qu’un pays arabe et musulman est capable d’être une démocratie complète. »

NIGERIA

BOKO HARAM SÉVIT La ville de Maiduguri au nord-est du Nigéria, dans l’Etat du Borno. A été attaquée par Boko Haram. L’armée est intervenue pour repousser l’offensive.L’attaque a eu lieu par deux fronts : les assaillants de Boko Haram ont d’abord visé le faubourg de Njimtilo, à l’entrée de la ville ; parallèlement, d’autres combattants attaquaient au nord, dans le village de Monguno. Ces combats font suite à d’autres plus meurtriers qui confirment sans ambage l’incapacité de l’armée négériane à circonscrire le danger djihadiste. Pourtant, sur le papier, cette même armée est donnée parmi les plus fortes d’Afrique puisqu’elle absorbe pas moins de 4 milliards d’euros par an. Le risque que fait courir Boko Haram au Nigéria est à la mesure du chaos qui pourrait s’installer dans la région des grands lacs. Le Cameroun, dont la frontière est violée par Boko Haram a demandé l’aide militaire du Tchad. Ce que Ndjamena n’a pas hésité à faire…

YEMEN

CHAOS TOTAL

Des milliers de personnes, inquiètes, ont manifesté à Sanaa et ailleurs. Cette vague de colère est intervenue après que les miliciens chiites ont obtenu la démission du président et du Premier ministre et contrôlent quasi-totalement la capitale.Plusieurs combats s’entrecroisent en fait au Yémen et le déchirent. Un affrontement politique d’abord, entre les partisans du président Hadi et ceux de son prédécesseur Ali Abdallah Saleh. Mais surtout, la lutte des milices d’Ansarullahcontre Al-Qaida réfugiée dans le Sud et à l’Est du pays.

L’envoyé spécial de l’ONU peine à dégager une solution au chaos yéménite

Les djihadistes font du rapt des jeunes une priorité pour faire le plein de kamikazes

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ÉCONOMIE &

MARCHÉS

PERSPECTIVES DE CROISSANCE

2015 SERA-T-ELLE UNE ANNÉE FASTE?

POUR L’ECONOMIE MAROCAINE, L’ANNEE 2014 S’EST INSCRITE SOUS LE SIGNE DU REEQUILIBRAGE MACRO-ECONOMIQUE. AINSI, LA PRIORITE A ETE DONNEE A L’ATTENUATION DES DEFICITS DES SOLDES BUDGETAIRE ET COMMERCIAL. CHOSE FAITE, GRACE ESSENTIELLEMENT A LA REFORME REUSSIE DE LA CAISSE DE COMPENSATION ET A LA MONTEE EN PUISSANCE DE SECTEURS EXPORTATEURS TELS QUE L’AUTOMOBILE ET L’AERONAUTIQUE. POUR L’ANNEE 2015, LES PERSPECTIVES ECONOMIQUES FONT ETAT D’UNE PROJECTION DE CROISSANCE DU PIB EN ACCELERATION A +4,4% POUR LES PLUS PESSIMISTES ET + 5,1 POUR LES AUTRES. NEANMOINS, DES ELEMENTS D’INCERTITUDE POURRAIENT PESER SUR L’EVOLUTION DE LA CONJONCTURE NATIONALE, EN LIEN NOTAMMENT AVEC LES INQUIETUDES ENTOURANT LA REPRISE DE L’ACTIVITE AU SEIN DE LA ZONE EURO, PRINCIPAL PARTENAIRE COMMERCIAL, ET LEURS REPERCUSSIONS SUR L’ACTIVITE TOURISTIQUE ET LES TRANSFERTS DES RESIDENTS MAROCAINS A L’ETRANGER. AUTANT D’ELEMENTS QUI EN APPELLENT A LA REFONTE DU MODELE ECONOMIQUE AFIN DE LIBERER LES FORCES EMERGENTES JUSQUE-LA EN HIBERNATION.

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ÉCONOMIE MAROC ÉMERGENT

BILAN & PERSPECTIVES Par Abou Marwa

L’année 2015 semble partir du bon pied. En plus de la clémence des cieux qui augurent d’une bonne année agricole, cet exercice semble en rupture avec le précèdent sous l’effet d’une conjoncture favorable et empreinte d’un retour de confiance en l’économie du pays. Verra-t-on le Maroc des années fastes ou la croissance du PIB frôlait les 7 % seuil de l’émergence d’une économie ? Loin de là…

L’

évaluation générale de l’économie nationale renseigne sur la solidité des fondamentaux économiques : un PIB qui devrait clôturer l’année 2014 autour de 2,5% et ce, en dépit du retrait du PIB agricole, un déficit courant qui devrait se réduire à 6% du PIB, des réserves de changes en net affermissement à plus de cinq mois d’importations de biens & services, un taux d’endettement public qui demeure viable, quoiqu’en augmentation, et un déficit budgétaire attendu en allègement à moins de 5% du PIB courant. Ainsi l’économie marocaine a connu durant 2014 un vraisemblable retour de confiance, favorisé par la reprise des activités non agricoles dans un contexte de rétablissement progressif de la demande en provenance de l’étranger dont la progression s’établit à +3,5%. Les prévisions de croissance pour 2014 ressortent ainsi à +2,4% selon Bank Al Maghrib et à +2,5% d’après le HCP, soit le scénario central de croissance élaboré

L’APAISEMENT EST

ATTRIBUABLE EN PARTIE À

L’ORIENTATION POSITIVE DES «MÉTIERS MONDIAUX » DU MAROC

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en début d’année. Cette croissance serait portée par la reprise de 3,1% des activités non agricoles, contrebalançant en principe la contraction de 2,3% du PIB agricole, suite à la non-récurrence de la campagne exceptionnelle de 2012/2013. L’apaisement du climat économique est également attribuable en partie à l’orientation positive des « Métiers Mondiaux » du Maroc, ayant également permis de contenir le déficit de la Balance Commerciale à -186,4 Mrds Dhs, en allègement de 6% comparativement à une année auparavant, soit un taux de couverture de 51,3% (vs. 48,3% en 2013). De même, l’orientation positive de l’activité industrielle s’est traduite par une progression du Taux d’Utilisation des Capacités de Production qui ressort à 69% à fin novembre 2014. Les industriels tablent, pour leur part, sur une amélioration des ventes et ce, pour l’ensemble des branches. Sur le plan budgétaire, l’année 2014 a été marquée par la détente considérable du besoin de financement de l’Etat, grâce à l’allègement des charges de Compensation, talon d’Achille des Finances publiques, dont la baisse ressort de 9 Mrds Dhs à fin novembre 2014 et de 16 Mds Dhs en moyenne au cours des cinq dernières années.


Cet allègement du besoin de financement de l’Etat s’est traduit par une modération du recours du Trésor au marché de la dette locale. L’année a également connu la poursuite du déblocage des dons promis par les pays du Golfe dont le montant atteint 11 Mrds Dhs à fin novembre 2014 (vs. 5 Mrds Dhs en 2013) ayant permis de conforter à la fois les réserves de changes, les Finances Publiques et le système monétaire. Au volet prix, l’inflation a évolué en 2014 à des niveaux bas, enregistrant une stagnation par rapport au mois d’octobre 2014 et une hausse de 1,2% sur une année glissante. Cette tendance s’explique par la hausse de 2,1% des prix des produits non alimentaires, compensée par la stabilisation des prix des produits alimentaires, fortement pondérés dans l’indice puisqu’ils accaparent près de 40% de l’IPC. D’un autre côté, et compte tenu de la hausse du SMIG entrée en vigueur en juillet 2014 d’une part, et, des révisions des tarifs d’eau et d’électricité ainsi que des prévisions des cours des produits pétroliers de l’autre, l’inflation est restée à des taux relativement bas en 2014, devant se fixer à 0,4% selon les estimations de BAM. C’est dans ce sillage que la Banque Centrale a décidé d’abaisser à deux reprises son taux directeur de 25 pbs pour le porter à 2,5%, eu égard à une prévision centrale d’inflation en ligne avec les objectifs de maitrise des prix et dans une perspective de cantonnement du déficit budgétaire, de soutien à l’amélioration du niveau des réserves de change et de dynamisation de la reprise de l’activité économique.

VERS UNE CONSOLIDATION DES ACQUIS En 2015, en sus du contexte économique international qui s’annonce globalement favorable, notamment en termes de carnets de commande étrangers, l’activité économique nationale devrait profiter également du fort repli de la facture énergétique, avec

une prévision d’un cours moyen du pétrole à 62,53 USD/baril en moyenne en 2015 d’après le consensus Bloomberg, contre 102,34 USD/baril en 2014 et une hypothèse de 103 USD pour les prévisions de la LF 2015. Cela sans parler des prémisses d’une campagne agricole qui s’annonce prometteuse au regard des dernières précipitations. Par ailleurs, dans sa quête d’un modèle de croissance durable et résiliant face aux différents chocs, notamment exogènes, le Gouvernement compte renforcer sa politique de soutien aux stratégies sectorielles, tout en assurant la complémentarité entre celles-ci dans un cadre de répartition régionale équilibrée des projets d’investissement. Dans la même lignée, les actions de l’Exécutif se focaliseront sur la relance de l’industrie dans le cadre de la stratégie d’accélération industrielle. L’objectif étant de ramener la contribution du secteur dans le PIB à 23% (Vs. 14% actuellement). Ce

Le trend la croissance nationale est reté collé à celui de la croissance mondiale au cours des dix dernières années selon la Banque Mandiale.

LE GOUVERNEMENT

COMPTE RENFORCER SA POLITIQUE DE SOUTIEN AUX STRATEGIES SECTORIELLES

BANQUE MONDIALE ENCORE DES EFFORTS Le Directeur de la région Maghreb de la Banque Mondiale estime que la croissance de l’économie marocaine devrait se situer entre 4% et 4,5% en 2015, indiquant que le pays devrait bénéficier de la baisse des prix mondiaux du pétrole. Il précise également que la croissance s’accompagnera d’une amélioration soutenue des équilibres internes et externes. Notons qu’à moyen terme, les bases structurelles de la croissance nationale dépendent de la mise à niveau de trois éléments clés à savoir: la productivité, l’environnement des affaires et le capital immatériel. Dans ce sillage, les perspectives de l’économie marocaine continueraient de dépendre de la poursuite de politiques macroéconomiques saines et de l’accélération des stratégies sectorielles et des réformes structurelles, notamment celles liées à la fiscalité et aux régimes de retraire.

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ÉCONOMIE

plan vient succéder au Plan Emergence qui a été à l’origine de la montée en puissance de plusieurs secteurs tels que l’automobile, l’aéronautique et l’offshoring. Dès lors, l’objectif prioritaire assigné à la Loi de finances reste la poursuite des réformes dans une logique de rétablissement progressif des équilibres macroéconomiques. Après-avoir mené avec succès la réforme de la Caisse de compensation dans son volet produits DES CHIFFRES POUR pétroliers (arrêt définitif à partir du 1er décembre 2014 de la subvention pour LE MOINS PROMETTEURS MAIS QUI DE- les produits pétroliers, à l’exception du gaz butane), l’Etat aura comme MEURENT LOIN DES priorité majeure en 2015 de réformer ANNÉES OU la Caisse des Retraites. Pour ce faire, une allocation financière de l’ordre de LE MAROC A FRÔLÉ 15,2 Mrds Dhs sera accordée en 2015 au L’ÉMERGENCE… régime des pensions civiles de retraite pour mener à bien ce chantier. D’autres efforts seront aussi consentis dans le sens de la rationalisation des dépenses de fonctionnement et des dépenses d’investissement, ainsi qu’en matière 48

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de maîtrise de la masse salariale. Parallèlement à cela, il est question de poursuivre les actions relatives au soutien de la compétitivité et, par ricochet, au renforcement des réserves de change. Il s’agit notamment des mécanismes de soutien aux exportations, dans le cadre du programme « Contrats de Croissance à l’Export », ainsi que des mesures d’accompagnement en matière d’assistance et de financement pour la pénétration des marchés extérieurs. Toujours dans le registre du renforcement des réserves de change, il convient de souligner le succès de la mesure de contribution libératoire instaurée en 2014 et qui a permis à fin 2014 la déclaration de 27,8 Mrds Dhs (contre 5 Mrds Dhs prévus initialement) pour un montant de 2,3 Mrds Dhs collecté par l’Etat. Ainsi en 2015, l’économie marocaine alimente l’espoir de profiter de l’amélioration du contexte économique mondial dont le potentiel de croissance est estimé par le FMI à +3,8%, contre +3,3% en 2014,notamment via la progression des exportations des Métiers Mondiaux du Maroc et, accessoirement la progression des ventes des phosphates. Dans cette dynamique, le Royaume devrait enregistrer une progression du PIB de 4,4% à 5,1, grâce au maintien de l’orientation favorable des activités non agricoles et, dans une moindre mesure, à la reprise mécanique de la valeur ajoutée agricole. Les activités non agricoles devraient a priori continuer à porter la croissance économique, eu égard à la poursuite de l’orientation positive des exportations et de la maturation des activités de services et accessoirement, de la consolidation de la demande intérieure, notamment publique. Notons à ce titre que 2015 sera également une année électorale devant probablement être marquée par la montée en puissance de la dynamique d’investissements des collectivités locales, devant en principe revigorer l’activité au niveau du secteur des BTP (prévisions de croissance de 2,8% en 2015) et, par ricochet, le marché de l’emploi. Et pour conclure, la croissance du PIB pour 2015 devrait osciller entre +4,5% et 5,1, soit un niveau proche des estimations du ministère des Finances, du HCP et de BAM, compte tenu d’une hausse de 5,5% de la valeur ajoutée agricole et d’une reprise du PIB non agricole à +4,4%. Au volet emploi, la consommation intérieure devrait contribuer à hauteur de 2,6 pts à la croissance au moment où l’investissement brut devrait porter sa part dans la croissance à 1 pt tandis que le commerce extérieur devrait enregistrer une contribution positive de 0,9 pt. Des chiffres pour le moins prometteurs mais qui demeurent loin des années ou le Maroc a frôlé l’émergence…


HAUT COMMISSARIAT AU PLAN

HORIZONS CLAIRS Ahmed Lahlimi, Haut-commissaire au Plan, a présenté, le 21 janvier à Casablanca, l’analyse de la situation macro-économique en 2014 et les perspectives d’évolution en 2015. Dans cet exercice familier, la prévision de croissance pour l’année en cours a été livrée : 4.8% contre 2.6% en 2014. Ces perspectives, à revoir d’ici juin, sont basées sur les dispositions de la loi de Finances 2015 en matière de dépenses d’investissement, de fonctionnement et de compensation. Ces prévisions tablent sur une bonne, voire exceptionnelle, campagne agricole au vu de la clémence du Ciel. Elles tiennent en compte, également, l’amélioration de la demande adressée au Maroc de 4,5% en 2015 au lieu de 4,1% en 2014. Les transferts des MRE devraient s’accroitre au même rythme qu’en 2014, soit 1,2%, alors que les recettes touristiques, après avoir augmenté de 0,2% en 2014, connaitraient une hausse de près de 1%. Même les investissements directs étrangers (IDE) consolideraient leur rythme d’accroissement à 10%. Dans ce contexte, la valeur ajoutée du secteur

primaire devrait progresser de 9,3% (contre un repli de 1,7% en 2014) et les activités non agricoles s’accroitraient de 4,1% (au lieu de 3,4%). Ce résultat serait dû à l’amélioration de 3,5% du secteur secondaire et à l’accroissement des activités du secteur tertiaire de 4,5%. Ce dernier devrait bénéficier de l’amélioration de la valeur ajoutée des administrations publiques de 3,3% et de l’accroissement des services marchands de 4,7%. Cette croissance économique prévue pour 2015 devrait créer un volume net d’emploi d’environ 170 000 postes. Dans ce cadre, le taux de chômage national devrait passer à 9,6% contre 9,8% en 2014.

CES PRÉVISIONS TABLENT SUR UNE BONNE CAMPAGNE AGRICOLE

L’OPTIMISME RÉSERVÉ DU CENTRE MAROCAIN DE CONJONCTURE Le Centre Marocain de Conjoncture (CMC) ressort davantage optimiste quant à la croissance du PIB du pays. Toutefois, son pronostic reste tributaire d’hypothèses fortes basées sur un redressement considérable de la contribution des secteurs primaires à la croissance. Selon le CMC, le taux de croissance de l’économie en 2015 devrait avoisiner les 5,1%, alors que Bank Al Maghrib, Banque Mondiale et FMI tablent sur un taux moins optimiste situé dans la fourchette allant de 4,4% à 4,7%. Pour le CMC, ce redressement sera toutefois conditionné par les résultats de la campagne agricole, la demande intérieure ainsi que la variation des différents indicateurs de la politique économique. Pour le CMC, la valeur ajoutée des activités primaires devrait s’améliorer de 12,9% après un repli de 4,4% l’année dernière. Le secteur industriel, devrait enregistrer quant à lui un taux de croissance de 3%, en quasi-stagnation par rapport à 2014 et ce, en dépit de la stagnation prévue du secteur des BTP, faiblement impacté par la légère augmentation du budget de l’investissement public. Enfin, la baisse enregistrée des cours pétroliers devrait se répercuter positivement sur les coûts de production et le pouvoir d’achat mais n’arriverait pas à contrebalancer une demande extérieure qui demeure faible.

A. Lahlimi se découvre une fibre réformatrice et plaide pour des politiques osées allant jusqu’au dégraissage du Mammouth, cette masse salariale qui dans le public pèse plus que le double d’une compensation qui totalisait 5 à 6% du PIB. A ses yeux, il faut limiter les dégâts par une redistribution intelligente des effectifs plutôt que par l’emballement des recrutements pour meubler observatoires et autres agences. PERSPECTIVES MED

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ÉCONOMIE CROISSANCE MONDIALE

DES HAUTS & DES BAS Par Abou Marwa

La confiance retrouvée des ménages et des entreprises américains est le principal moteur de l’accélération (modeste) de la croissance mondiale, qui pourrait aussi bénéficier du recul des prix de l’énergie. Ailleurs, les contraintes restent trop fortes pour un véritable rebond : endettement et pessimisme des agents économiques en zone euro, essoufflement du modèle en Chine, étroitesse des marges de manœuvre de la politique économique dans la plupart des émergents.

L’

e contraste est saisissant entre une économie américaine qui semble en mesure de générer une croissance auto-entretenue, et des économies européenne et japonaise qui, malgré de fortes impulsions (monétaire dans le premier cas et monétaire et budgétaire dans le second), n’affichent que des performances encore décevantes. Il serait excessif de dire que l’économie US ne bénéficie d’aucun support de politique économique. La politique budgétaire est maintenant neutre mais, malgré la fin du QE, la politique monétaire reste très accommodante. Cependant, c’est bien la reprise de la consommation privée, permise par l’amélioration continue du marché du travail et l’allègement de la dette des ménages, qui nourrit l’essentiel du rebond de l’activité. L’investissement, résidentiel et productif, est également bien orienté. La faiblesse actuelle du prix de l’énergie apporte un coup de pouce supplémentaire. La bonne santé de l’économie US illustre une nouvelle fois le statut de « demandeur final » qu’est le pays de l’Oncle Sam, car son rebond

LA BONNE SANTÉ DE L’ÉCONOMIE US ILLUSTRE UNE

NOUVELLE FOIS LE STATUT DE « DEMANDEUR FINAL »

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PERSPECTIVES MED

ne bénéficie d’aucun soutien extérieur. La reprise dans la zone euro a déçu en 2014, et la modeste accélération attendue pour 2015, d’ailleurs revue à la baisse, devra sans doute beaucoup à des facteurs jugés « techniques » : reconstitution de stocks et achats de biens de consommation durables, pour cause d’obsolescence. Mais la confiance nécessaire à une véritable reprise restera absente. Au Japon, après deux trimestres de contraction elle aussi technique (stocks), une reprise est probable à court terme, mais elle sera le fruit d’une perfusion massive, monétaire et budgétaire, et pas encore du tout autonome. Enfin, les pays émergents vont enregistrer une croissance à peu près stable, mais très en retrait par rapport aux années fastes, et avec de fortes divergences entre pays.

REBOND DE L’UE Après une année 2014 à nouveau décevante, l’activité devrait, enfin, commencer à accélérer courant 2015, sous l’effet de plusieurs impulsions positives, comme la baisse des prix du pétrole, la dépréciation de la monnaie et la robustesse de la croissance dans quelques grands pays avancés tels que les Etats-Unis, le Canada ou le Royaume-Uni. De plus, l’orientation de politique monétaire de la BCE pourrait devenir encore plus accommodante. Pour atteindre son objectif en termes de taille de bilan, celle-ci pourrait élargir


la liste des actifs qu’elle acquiert. La grande question reste de savoir jusqu’où elle est prête à aller, l’opportunité d’acquérir des titres de dettes publique faisant toujours autant débat. Ceci étant, les perspectives à court terme ne sont pas très encourageantes, mais, à en juger par plusieurs signes, la reprise pourrait finir par se renforcer, notamment au second semestre de 2015. L’activité devrait bénéficier d’au moins trois chocs positifs. Le premier est la chute du prix du pétrole, s’il devait durer, pourrait se traduire par un gain de croissance de l’ordre de 0,3 à 0,4 pp d’ici un an. Deuxième choc positif, celui lié à l’assouplissement de la politique monétaire. La divergence d’orientation de politique monétaire entre la Réserve fédérale (Fed) et la Banque d’Angleterre (BoE), d’une part, et la BCE de l’autre, devrait favoriser la dépréciation de l’euro, avec des conséquences positives pour les exportations. Le taux de change EUR/USD pourrait ainsi continuer de reculer. Enfin, il y aura moins d’austérité budgétaire, un facteur qui, conjugué aux gains de pouvoir d’achat procurés par la baisse de la facture énergétique, devrait soutenir la consommation privée. Ces trois facteurs réunis devraient permettre à l’activité d’accélérer au-delà du taux de croissance potentiel. En glissement annuel, la croissance du PIB devrait passer de 0,8 % en 2014 à un peu plus de 1 % en 2015 et légèrement moins de 2 % en 2016. Ce scénario n’en est pas moins soumis à plusieurs risques à la baisse. En particulier l’incertitude électorale (en Grèce, Espagne...) risque de compromettre le processus de réformes structurelles. De même, un regain de tensions géopolitiques pourrait freiner la confiance, limiter l’investissement et, en fin de compte, la croissance.

à sentir les difficultés de refinancement ne sont pas à exclure au T1 2015 mais la situation avec la dette extérieure semble à l’heure actuelle gérable (avec 130Md$ de remboursement à prévoir au cours de l’année 2015). Dans un contexte de faiblesse des prix du pétrole, les pressions sur le rouble devraient se poursuivre, malgré les efforts de la banque centrale. Parallèlement, le ralentissement et le changement de modèle de l’économie chinoise ont des répercussions négatives sur la plupart des émergents : répercussions directes par le canal commercial ; répercussions indirectes par la chute des cours des matières premières importées par la Chine, qui parallèlement à la dépréciation des changes, dégrade les termes de l’échange pour les émergents. Ils perdent alors en compétitivité et en part de marché à l’exportation (Brésil, Russie). Avec moins de recettes tirées des échanges extérieurs, les politiques budgétaires sont également moins redistributives, surtout dans des pays à modèle interventionniste comme le Venezuela, l’Argentine la Bolivie ou l’Equateur. Les risques d’instabilité politique de ces régimes augmentent (Turquie, Thaïlande, Venezuela), sans citer les chocs géopolitiques en Russie et la nouvelle crise financière argentine. Tous les émergents ne doivent pas être perçus négativement. Les pays où l’économie de marché domine (Colombie, Chili, Pérou) et qui de surcroît ont un vrai agenda de réformes (Mexique) restent attractifs. En conclusion, les différentes projections attestent d’une légère accélération de la croissance mondiale, à 3,2% contre 2,9% en 2014.

UE : LA REPRISE POURRAIT FINIR PAR SE RENFORCER AU SECOND SEMESTRE DE 2015.

EMERGENTS LENTS Si les pays émergents assurent encore 72% de la croissance mondiale au T2-14, le ralentissement de l’économie mondiale depuis le dernier trimestre 2013 leur incombe pour moitié. A l’exception de la Chine, la fin des achats d’obligations par la Fed (le « tapering ») a contribué à une dépréciation des devises que les banques centrales émergentes ont tenté d’endiguer en remontant leur taux d’intérêt. Les conditions monétaires se sont donc durcies et le crédit a ralenti de quatre points de croissance depuis son pic de 2011. Les tensions géopolitiques (Ukraine et Syrie en particulier), les sanctions économiques en place, la chute des prix du pétrole et l’accélération de l’inflation qui a entrainé une hausse sans précédent du taux directeur devraient peser de plus en plus sur l’économie russe dans les mois à venir. Les défauts des entreprises privées qui commencent

LA PLANCHE À BILLETS S’EMBALLE La Banque centrale européenne (BCE) va racheter jusqu’à 60 milliards d’euros de dette publique et privée par mois, entre mars 2015 et septembre 2016, a indiqué son président Mario Draghi. Cette décision est justifiée, à ses yeux, par « un ajustement pérenne dans la trajectoire de l’inflation en ligne avec notre objectif d’atteindre un taux d’inflation inférieur mais proche de 2%.” Ce sont donc 1.140 milliards d’euros à mobiliser sur 19 mois. L’objectif de la mise en branle de « la planche à billets » serait de faire repartir la croissance en Europe, et en même temps l’inflation. Cette décision ne semble pas être du goût de Berlin. Angela Merkel a plaidé à Davos pour que les décisions de la BCE ne fassent pas “dévier du chemin des réformes” donc de l’austérité - les pays européens.

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ÉCONOMIE INVESTISSEMENT PUBLIC

LÉGER REBOND Par Abou Marwa

PREMIER INVESTISSEUR DU PAYS, L’ETAT COMPTE AUGMENTER, SELON LA FEUILLE DE ROUTE DES FINANCES, SA PART D’INVESTISSEMENTS POUR L’ANNÉE 2015. PAS MOINS DE 189 MILLIARDS DE DIRHAMS (VS 186 MRDS DHS EN 2014) SONT ALLOUÉS POUR LA POURSUITE DES PROJETS LANCÉS AVEC UN EFFORT D’ACCÉLÉRATION DE LEUR RYTHME D’EXÉCUTION ET D’AMÉLIORATION DE LEUR IMPACT SUR LES CITOYENS.

IL S’AGIRAIT DE

REDOUBLER D’EFFORTS POUR ACCÉLÉRER LA CADENCE D’EXÉCUTION DES STRATÉGIES SECTORIELLES 52

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L’

es efforts consentis ces dernières années en matière de consolidation de l’investissement public ont pour but d’accroître la confiance des opérateurs nationaux et internationaux dans l’économie nationale et d’améliorer sa compétitivité et ainsi stimuler l’investissement privé. Dans ce sens, le gouvernement poursuit sur sa lancée, comme en témoigne la loi des finances, en programmant un volume non négligeable d’investissements pour la poursuite des réalisations des grands chantiers d’infrastructure. L’objectif assigné à une telle option serait de redoubler d’efforts pour accélérer la cadence d’exécution des stratégies sectorielles, tout en veillant à la mise en place des conditions favorables à leur convergence ainsi que l’adoption des mécanismes de suivi et d’ajustement pour une meilleure utilisation des crédits alloués. Pour 2015, l’effort d’investissement global du secteur public, s’élevant tous supports inclus à 189 Mrds Dhs, est ventilé comme suit : 69,89 Mrds Dhs pour le Budget Général de l’Etat, les Comptes Spéciaux du Trésor et les SEGMA, en neutralisant les transferts du Budget Général vers les Entreprises et Etablissements Publics, les CST et les SEGMA ; 115 Mrds Dhs pour les Entreprises et Etablissements Publics, et 13 Mrds Dhs pour les Collectivités Territoriales.

RATIONALISATION ET CONTRÔLE Dans le but d’assurer la rationalisation des dépenses d’investissement, l’Exécutif compte adopter une approche basée sur la performance et la réalisation des objectifs. Ainsi, une programmation des dépenses d’investissement est prévue sur la base d’une évaluation objective prenant en considération les objectifs assignés, le coût des programmes et des projets, leur faisabilité, la durée d’exécution nécessaire, leur cohérence avec les priorités de l’action gouvernementale et la capacité de gestion des ordonnateurs. Il est prévu aussi d’accélérer le rythme d’exécution du budget d’investissement en donnant la priorité à l’apurement des crédits reportés relatifs aux projets en cours d’exécution, d’une part, et aux projets faisant l’objet des accords nationaux et internationaux d’autre part, avec la collaboration et l’accompagnement des services concernés du ministère de l’Economie


et des Finances. Pour l’Exécutif, il est aussi question d’une rationalisation des dépenses liées aux études à travers la concrétisation et la valorisation des études déjà réalisées et leur exploitation mutuelle entre les différents départements dans les domaines à intervention commune, tout en les rapportant aux objectifs et résultats attendus et, enfin, l’interdiction de l’imputation des dépenses de fonctionnement dans le budget d’investissement.

BTP FER DE LANCE Dans le cadre d’une journée d’information organisée autour des marchés BTP du ministère de l’Equipement, du Transport et de la Logistique, prévus au titre de l’année 2015, le programme d’investissement dévoilé s’élève à 36 Milliards de dirhams, dans le cadre de la maîtrise d’ouvrage déléguée. Dans le détail, ce montant est réparti sur les secteurs des routes et autoroutes avec 9,74 Mrds Dhs, le secteur ferroviaire 4,70 Mrds Dhs et des ports 12,84 Mrds Dhs. Pour le secteur aérien l’investissement prévu est de 1,20 Mrds Dhs, celui du transport et de la logistique 161 M Dhs et des équipements publics 7,38 Mrds Dhs. Les investissements dans les infrastructures et équipements publics devraient plafonner à 166 Mrds Dhs au titre de la période 2012-2016, alors que ceux programmés pour la période 2015-2017 avoisinent les 900 Mrds Dhs. Le ministre en charge Aziz Rabbah, a souligné l’importance de l’investissement dans le secteur BTP, et a rappelé que le nouveau décret sur les marchés publics oblige de réserver 20 % des marchés aux petites et moyennes entreprises (PME). Dans ce sens, une série de mesures ont été décidées pour garantir les conditions de

transparence, de compétitivité et de bonne gouvernance dans le secteur BTP, notamment la mise en place d’un système de qualification et de classification des entreprises BTP et la réforme de la réglementation des consultations.

DES PROJETS ENTÉRINÉS 15,5Mrds Dhs, c’est le montant des projets d’investissements déjà approuvés en décembre 2014 par la commission interministérielle des investissements pour l’année 2015.Présidée par le Chef du gouvernement, ladite commission a dévoilé les 32 projets d’investissements qui devraient créer plus de 4.000 emplois l’année prochaine. Les porteurs de ces projets bénéficieront d’avantages fiscaux et d’exonérations douanières et bénéficieront du fonds de promotion d’investissement qui peut financer une partie de leurs investissements d’infrastructures. Industrie, LES GRANDS énergie et eau et tourisme (avec CHANTIERS SONT DE moins de 3% de ces investissements) sont concernés. Ainsi NATURE À REDYNAMISER les projets indusL’ÉCONOMIE NATIONALE triels représentent près de 12 Mrds Dhs d’investissements et devraient créer plus de 85% des emplois escomptés. Néanmoins, c’est un projet de l’OCP qui totalise presque toute l’enveloppe. L’Office chérifien du phosphate projette d’investir près de 10 Mrds Dhs l’année prochaine dans des projets industriels à forte valeur ajoutée. Vient ensuite l’éolien pour un projet estimé à 1,8Mrds Dhs.

INVESTISSEMENTS RÉGIONAUX

ET SI LE PRIVÉ SE MOUILLAIT ? Il est temps de tirer les leçons de l’expérience de régionalisation mise en pratique depuis des lustres. Notamment en matière d’investissements canalisés par le Centre vers la périphérie. En effet, si l’Etat demeure le seul acteur en termes d’investissements lourds, rien n’empêche désormais le privé de s’impliquer dans le développement des différentes régions en forçant ainsi la décentralisation de la décision dans une optique de partenariat public-privé. Car, faut-il le rappeler, dans le but de mieux articuler les collectivités locales et faire des régions des outils de développement économique et social, la participation des acteurs (civils et du privé) locaux à la préparation des décisions et des projets des collectivités locales est des plus nécessaires pour la réussite de cette réforme. Un trait pourrait donc être tiré sur la concentration pour peu que l’effort financier exigé du centresoit reconsidéré… De manière à profiter plus aux régions pauvres.

Qui a dit que A. Rabbah n’avait pas la fibre patriotique? En tout cas, lors de la journée de “transparence” consacrée aux projets de l’Equipement, un bon pactole, il n’avait pas hésité à déclarer sa flamme pour “a préférence nationale” qu’il aimerait qu’elle soit érigée en dogme. Qui dit mieux!

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ÉCONOMIE FINANCES PUBLIQUES

LÉGER REPLI DU DÉFICIT BUDGÉTAIRE Par Abou Marwa

D LES IMPÔTS INDIRECTS ET LES DROITS DE DOUANE ONT LÉGÈREMENT AUGMENTÉ

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’après les statistiques de la Trésorerie générale, la situation des finances publiques à fin 2014 fait état d’une légère hausse de 0,7% des recettes ordinaires à 202,5 Mrds Dhs pour des dépenses ordinaires en légère augmentation de 0,3% à 218,5 Mrds Dhs. Au registre des recettes ordinaires, les recettes fiscales se sont hissées de 1,9% à près de 177,5 Mrds Dhs. Dans cette catégorie, les droits d’enregistrement et de timbre ont augmenté de 16,3% à 15,8 Mrds Dhs. Pour leur part, les impôts indirects et les droits de douane ont légèrement augmenté respectivement de 1,0% et 0,7% à 76,3 Mrds Dhs et 7,7 Mrds Dhs. Pour ce qui est des recettes non fiscales, elles ont chuté de 7,1% à 22,1 Mrds Dhs . Cette variation est due particulièrement à la dégradation des recettes de « monopoles et participations » de -26,7% à 9,8 Mrds Dhs. S’agissant des dépenses ordinaires, celles-ci recouvrent une hausse de 7,1% des dépenses au titre des biens et services à 157,0 Mrds Dhs. Dans cette catégorie, les autres biens et services ont augmenté de 16,4% à 55,4 Mrds Dhs. Dans une moindre mesure, les dépenses du Personnel ont progressé de 2,6% à 101,6 Mrds Dhs. D’un autre côté, une augmentation de 10,7% des charges en intérêts de la dette a été enregistrée à 24,3 Mrds Dhs (+13,1% en intérêts de la dette intérieure à 21,1 Mrds Dhs, contre -2,4% en intérêts de la dette extérieure à 3,2 Mrds Dhs). Enfin, les dépenses de compensation ressortent en retrait de 24,7% à 37,2 Mrds Dhs. Par ailleurs, les dépenses d’investissement engagées par l’Etat se sont améliorées de 14,0% à 51,6 Mrds Dhs. Au total, la situation des charges et ressources du trésor fait état d’un déficit budgétaire de 49,0 Mrds Dhs (Vs. un déficit de 50,0 Mrds Dhs à fin 2013). Ceci étant et compte tenu d’un besoin de financement de 46,7 Mrds Dhs et d’un flux net positif du financement extérieur de 8,3 Mrds Dhs, le Trésor a eu recours au financement intérieur pour un montant de 38,4 Mrds Dhs (Vs. 37,9 Mrds Dhs à fin 2013). Sur le plan de l’encours de la dette intérieure, celui-ci s’est élevé à 427,6 Mrds Dhs, en hausse de 3,2% comparativement à fin décembre 2013. Ceci s’explique par le recours du Trésor au marché des adjudications pour un montant net de 13,1 Mrds Dhs.


PÊCHE

ÉVOLURTION FAVORABLE L’Office National de la Pêche a publié les statistiques des captures de poissons au titre de l’année 2014. Les débarquements des produits de la pêche côtière et artisanale ont progressé de 9% à 1 287 179 tonnes, comparativement à une année auparavant. Cette évolution recouvre principalement une amélioration de 12% des débarquements en poisson pélagique à 1 153 015 tonnes, soit 89,6% du total des captures, une hausse de 9% du poisson blanc à 78 539 tonnes, une baisse de 18% des céphalopodes à 37 544 tonnes, et une progression de 2% des crustacés à 7 380 tonnes. Sur le même trend, le chiffre d’affaires a enregistré une hausse de 10% à 6 MMDH à fin 2014. Cette variation intègre une hausse de 7% du chiffre d’affaires du poisson pélagique à 2 602 M Dhs, une progression de 11% du volume d’affaires du poisson blanc à 1 401,7 M Dhs, une augmentation de 21% des ventes des céphalopodes à 1 727,9 M Dhs et une baisse de 5% des crustacées à 273,4 M Dhs. Par zone géographique, les débarquements de poissons en Méditerranée ont reculé de 9% alors que ceux de l’Atlantique ont augmenté de 9% à 1 256 209 tonnes (97,6% du total des débarquements) pour une hausse de 9% en valeur. Par port d’embarquement, le port de Laayoune arrive en tête, suivi de Dakhla (Stock C). Enfin, les captures de poisson au port de Tan Tan ont enregistré une progression de 51% en valeur.

Au niveau des activités secondaires, l’essentiel de leur amélioration revient à la performance des mines, dont la contribution à la croissance économique aurait culminé à 0,5 point, au lieu de -0.3 point une année auparavant. Le raffermissement des activités minières se serait, en effet, poursuivi au quatrième trimestre 2014, au rythme de 15,5%, en variation annuelle. Cette expansion incomberait notamment au renforcement de la demande des industries locales de transformation, dopé principalement par la reprise des importations asiatiques de l’acide phosphorique. Sur l’ensemble de l’année 2014, les activités minières seraient restées soutenues, affichant une croissance de 12,3%, en comparaison avec 2013. La production des minerais non-métalliques, notamment le phosphate brut représenterait le socle de cette performance. Les gains de compétitivité permis par la baisse des coûts de transport opérée en avril 2014 auraient favorisé un relèvement des exportations des engrais phosphatés, dans un contexte de relance de la demande des pays de l’Amérique latine et de l’Afrique.

LA PERFORMANCE DES MINES A BOOSTÉ LE NIVEAU DES ACTIVITÉS SECONDAIRES

DIXIT ABDELKADER AMARA, MINISTRE DE L’ÉNERGIE, DES MINES, DE L’EAU ET DE L’ENVIRONNEMENT, LORS DE LA PRÉSENTATION DU NOUVEAU CODE MINIER : «IL S’AGIT DE METTRE LES ARTISANS MINIERS DE LA RÉGION DE TAFILALET ET DE FIGUIG EN RELATION AVEC LES GRANDES ENTREPRISES ET INVESTISSEURS EN LA MATIÈRE AFIN D’AMÉLIORER LA VALEUR AJOUTÉE ET LA PROSPECTION. »

AGRICULTURE APRÈS LA PLUIE L’amélioration des réserves hydriques alimente favorablement les perspectives du secteur agricole. Ainsi les réserves hydrauliques des barrages nationaux se sont élevées, au

15 janvier 2015, à 11,3 milliards de mètres cubes, ramenant le taux de remplissage des barrages à 72,1%, après 64,9% un an passé, alimentant favorablement les perspectives de la compagne agricole 2014/2015. En effet, ce niveau de disponibilités hydriques permettrait de satisfaire la demande en eau potable et contribuerait positivement au bon déroulement de la campagne agricole qui devrait bénéficier, notamment, du renforcement des performances au niveau des activités de l’élevage, de l’arboriculture fruitière et des cultures maraîchères, impactées favorablement par l’opérationnalisation de plus en plus poussée du Plan Maroc Vert.

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ÉCONOMIE MARCHÉ AUTOMOBILE

HAUSSE DE 1% DES IMMATRICULATIONS Le secteur automobile national clôture l’année 2014 en légère progression, profitant notamment des promotions exceptionnelles de fin d’année. Ainsi selon Les dernières statistiques des ventes automobiles laissent apparaître une hausse de 1% des immatriculations à 122 081 unités à fin 2014, comparativement à la même période une année auparavant. Par segment, les écoulements des Voitures Particulières -VPs’élèvent à 109 670 unités, en progression de 1,4%, tandis que ceux des Véhicules Utilitaires Légers -VUL- ressortent en régression de 1,3% à 12 411 unités. Par marque, DACIA est toujours en tête du marché avec 33 734 voitures écoulées tous types confondus, soit une part de marché -PDM- de 27,63%, suivie de RENAULT avec 11 475 unités vendues (avec une Market Share de 9,4%). FORD ressort en troisième place affichant un volume de 11 194 unités, soit une PDM de 9,17%. HYUNDAI se classe quatrième avec 9 056 véhicules, talonnée par FIAT avec des écoulements de 9 025 voitures. Pour le segment Premium, BMW demeure leader avec 2 199 unités vendues, suivie d’AUDI avec 1 666 unités écoulées et LAND ROVER avec 1 532 unités. Pour le seul mois de décembre, les nouvelles immatriculations se fixent à 13 778, en hausse de 22,3% par rapport au mois de décembre 2013 et en augmentation de 68,5% comparativement au mois précédent.

Depuis l’année 2012, le secteur BTP s’est inscrit dans une phase de correction. L’évolution de sa valeur ajoutée a nettement ralenti, passant de 4,2% en 2011, puis à 2,1% en 2012 pour clôturer l’année 2013 sur une piètre performance de seulement +1,4%. Une tendance à l’affaiblissement qui s’est poursuivie en 2014, comme en atteste l’évolution de ses principaux indicateurs d’activité : compression des ventes de ciments, baisse des mises en chantier de logements sociaux (-17,0% à 96 821 unités), quasi-stagnation (+0,2% en glissement annuel) de la valeur ajoutée du secteur BTP au T2-2014 et perte de 14 000 emplois entre le S1-2013 et le S12014. Pour l’année 2015, les perspectives font état d’une projection d’amélioration des activités BTP, celles-ci devraient s’apprécier de +2,8% en 2015, selon le ministère des Finances (Vs. 1,8% estimé pour 2014). Outre le déficit important en logements estimé à 125 000 unités par an et les effets décalés des mesures prises dans le cadre de la LF 2014 relatives au logement destiné à la classe moyenne, le secteur devrait tirer profit de la tendance à la modération des cours du pétrole ; synonyme d’une amélioration des marges pour les entreprises en BTP, ainsi que des différents projets structurants en cours et projetés.

EN CHANTIER BTP

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TRAFIC AERIEN

Hausse du trafic

Selon les statistiques de l’Office National des Aéroports, le flux de passagers transitant par les aéroports nationaux a progressé de 4,8% en 2014 pour atteindre 17 294 871 passagers. Pour le mois de décembre, le trafic a enregistré une contraction de 2,4% à 1,3 million de passagers. Cette baisse est imputable principalement à la contraction du flux dans l’aéroport Mohammed V (-4,2% à 610 486 passagers), d’Agadir(-9,9% à 98 656 passagers) et de Tanger (-12,7% à 49 924 passagers). Par destination, le flux commercial international a reculé de 3,2% en décembre, en glissement mensuel, à 1 167 054. En revanche, le trafic domestique a enregistré une hausse de 4,7% à 137 207 passagers. Par région, l’Europe demeure le premier marché, accaparant 79,9% du trafic international, suivi par l’Afrique (8,6%) et le moyen et extrême orient (6,3%). Le trafic du fret quant à lui, s’est établi à 5 158,5 tonnes en décembre 2014, contre 5 123,1 tonnes en décembre 2013.

L’EUROPE DEMEURE LE PREMIER MARCHÉ

ASSURANCES REDRESSEMENT EN VUE Le marché de l’assurance reprend des couleurs durant l’année 2014 en raison de l’évolution favorable de la branche Vie. En effet, les primes émises totales ont progressé de 6,6% au S1-2014, comparativement à une année auparavant, (contre +3,1% au S1-2013) pour s’établir à 15,8 Mrds Dhs. Par branche, la Vie affiche une croissance à deux chiffres des primes de 11,7% à 11,2 Mrds Dhs, profitant de l’allégement des tensions sur les liquidités bancaires. Pour sa part, la Non Vie a réalisé un volume d’affaires de 4,5 Mrds Dhs, en hausse de 4,6%. Pour l’année 2015, la reprise économique, notamment dans sa composante non agricole suite à l’amélioration de la consommation interne, devrait être en faveur du marché de l’assurance, notamment l’activité Non Vie qui a connu un ralentissement de son rythme de croissance récemment. Toutefois, la limitation de la déduction des cotisations d’assurance retraite à 50% du salaire net imposable ou à 10% du revenu global imposable (dans le cadre de la loi de Finance 2015) pourrait ralentir la dynamique des produits d’épargne (2/3 des émissions de la branche Vie). Dans un autre registre, la reprise prévue du marché action en 2015 devrait impacter positivement la rentabilité du secteur compte tenu de la dépendance de cette dernière au résultat financier. Enfin, la politique d‘expansion africaine adoptée par quelques opérateurs marocains ne pourrait qu’être bénéfique et ce compte tenu de l’important potentiel de croissance qu’offre le continent.


INDICE DES PRIX À LA CONSOMMATION

HAUSSE DE 0,4% EN 2014 Selon le HCP, l’indice moyen des prix à la consommation a affiché une hausse de 0,4% au terme de l’année 2014 en glissement annuel. Cette variation est attribuable à la progression de 1,6% de l’indice des produits non alimentaires. Au sein de cette catégorie, le recul le plus prononcé a concerné le poste « Communication », soit -4,6%. A contrario, la hausse la plus importante est à mettre à l’actif du poste « Enseignement » avec une hausse de 3,4% et des « Transports » avec 2,6%. Pour sa part, l’indice des produits alimentaires a affiché une baisse de 1,1%. Pour le seul mois de décembre 2014, l’IPC a augmenté de 0,3% par rapport à un mois auparavant. Cette évolution intègre la hausse de 0,9% de l’indice des produits alimentaires, suite à une augmentation des prix des « légumes » de 8,4%, des « Poissons et fruits de mer » de 0,7% et du « lait, fromage et oeufs » de 0,6%. En revanche, les prix des « fruits » ont diminué de 3,8%. De même, les prix des « huiles et graisses» et de « viandes » ont accusé un repli de 0,3% et de 0,2% respectivement. Pour sa part, l’indice des produits non alimentaires a affiché un retrait de 0,4%.

CIMENT Toujours en panne

La consommation de ciment, principal baromètre du secteur BTP, a clôturé l’année 2014 sur une baisse de 5,4% par rapport à l’année 2013, en légère atténuation du rythme baissier enregistré l’année précédente (-6,3%). Cette évolution trouve son origine dans la bonne tenue des ventes de ciment au cours de décembre, d’octobre, d’août et de mars 2014, avec respectivement des progressions de 0,6%, de 1,4%, de 26,5% et de 8,2% . Du côté du financement de l’activité immobilière, le volume des crédits alloués à l’habitat maintient son orientation favorable au terme des onze premiers mois de l’année 2014, enregistrant une croissance de 5,3%, contre un repli de celui destiné à la promotion immobilière de 5,7%.

TOURISME

EVOLUTION POSITIVE

LA CONSOMMATION DYNAMISE LES CIRCUITS ECONOMIQUES

Au terme des onze premiers mois de l’année 2014, le nombre des arrivées touristiques a plafonné à 9,5 millions de visiteurs, en progression de 2,9%, en glissement annuel, après +6,8% il y a une année. Soit une évolution des arrivées des touristes étrangers de 3% et de celle des MRE de 2,8%, en lien avec le bon comportement de la quasi-totalité des principaux marchés émetteurs. En effet, les arrivées des touristes français se sont renforcées de 2,3%, celles des touristes britanniques de 14,2%, des allemands de 5,1%, des italiens de 6,7% et des espagnols de 2,1%. S’agissant des nuitées réalisées dans les établissements d’hébergement classés, leur volume s’est renforcé de 3,8% à 18,4 millions de nuitées, conforté, essentiellement, par la bonne orientation des nuitées des non-résidents (+4,1%). Du côté des nuitées réalisées par les résidents, leur volume s’est consolidé de 3% comparativement à fin novembre 2013, contribuant à la croissance globale des nuitées réalisées de 21%. Concernant les recettes touristiques, elles ont enregistré une légère baisse de 0,4% à fin décembre 2014 pour s’établir à 57,4 milliards de dirhams.

Fouzi Zemrani, vice-président délégué de la CNT. «Nous sommes dans la continuité car nous sommes signataires du contrat programme Vision 2020. Nous ne pouvons pas le remettre en cause mais il y aura une nouvelle dynamique et une nouvelle manière d’aborder les problématiques pour les faire avancer»

PERSPECTIVES MED

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ÉCONOMIE BALANCE COMMERCIALE

L’EQUILIBRE EN PERSPECTIVE Par Abou Marwa

L’amélioration du taux de couverture en 2014 a profité de l’orientation positive des ventes des branches automobile et électronique, dans un contexte de baisse de la facture énergétique. Le déficit devrait, selon les différents pronostics, s’alléger d’avantage pour l’année en cours.

S

ur la base des données préliminaires de 2014, le déficit commercial s’est allégé de 6% à 186,4 Mrds Dhs, comparativement à 2013. Cette évolution s’explique par l’amélioration de6,1% des exportations à 196,7 Mrds Dhs, alors que les importations sont restées quasiment stables à 383,1 Mrds Dhs. Le taux de couverture s’est ainsi amélioré de 3points de pourcentage à 51,3%.La progression des exportations est liée principalement à l’augmentation de 26,2% des ventes du secteur automobile à 39,8 Mrds Dhs, traduisant la hausse de 52,7% de celles de la construction de voiture. De même, les exportations de câblage se sont accrues de 9,9% ou 1,6Mrds Dhs. En parallèle, les expéditions du secteur de l’électronique ont crû de 26% à 8,7 Mrds Dhs et celles du secteur agricole et agro-alimentaire se sont appréciées de 3,2%, recouvrant une amélioration des ventes de l’industrie alimentaire de 8,3% et une baisse de celles de produits agricoles. Sur le même registre, les livraisons du secteur du textile et cuir ont progressé de 3,8%, revenant à leur niveau de 2012 et celles du secteur aéronautique ont légèrement augmenté s’établissant à 7,1 Mrds Dhs. Par ailleurs, les ventes de l’OCP se sont stabilisées à 37,3 Mrds Dhs,après une baisse de 22,9% en 2013 et les exportations du secteur pharmaceutique ont reculé de3,9%, après la hausse de 22,1%.

ment avec le fléchissement de 56,6% de celles de machines à trier et au recul de 17,4% des achats des machines et appareils divers. Ces baisses ont été atténuées par les hausses des importations des produits alimentaires et celles de biens de consommation. En effet, la facture alimentaire s’est alourdie de 14,8% à 41,2 Mrds Dhs, traduisant l’augmentation de plus de moitié des approvisionnements en blé. Dans le même sens, les achats de biens de consommation ont progressé de 8%, suite notamment à l’accroissement de 8,5% de ceux des voitures de tourisme. Quant aux autres groupements de produits, les achats de produits bruts se sont accrus de10,5%, reflétant, en particulier, l’augmentation de 30,4% des acquisitions de soufre brut, alorsque les importations de demi-produits ont quasiment stagné à 81,1 Mrds Dhs. S’agissant des autres rubriques du compte extérieur, les recettes voyages sont restées quasi stables à 57,4 Mrds Dhs, après une légère baisse constatée en 2013, tandis que les transferts des MRE n’ont augmenté que de 2,2% à 59,1 Mrds Dhs, après avoir diminué de 1,5%un an auparavant. Quant aux flux net des investissements directs étrangers, ils ont augmenté de2,6% à fin 2014 à Mrds Dhs, reflétant la baisse de 5,5 Mrds Dhs des dépenses, plus importante que celle de 4,8 Mrds Dhs des recettes.

LE POIDS DU BARIL

DÉTENTE CONTINUE

Après une légère baisse en 2013, les importations se sont stabilisées en 2014, sous l’effet conjugué du recul de 10,1% de la facture énergétique suite à la diminution de 22,9% des achats de pétrole brut et à celle de 10,1% des acquisitions de gasoil et fuel et du repli des importations de biens d’équipement qui ont régressé de 4,1%, en liaison essentielle-

Pour ce qui est des perspectives pour l’année qui démarre, la Balance Commerciale devraient accentuer son dynamisme, capitalisant notamment sur une légère rupture pour les phosphates, avec la tendance baissière de fond amorcée par l’industrie depuis 2011, grâce au raffermissement escompté de la demande mondiale en fertilisants de 2,5% en 2015

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PERSPECTIVES MED

LA FACTURE ALIMENTAIRE S’EST ALOURDIE DE 14,8%


poursuivre son intégration au niveau des chaînes de valeurs mondiales, profitant de la reprise progressive de la demande européenne ainsi que du recentrage de plus en plus marqué de la Chine sur son marché intérieur. Toutefois, le secteur serait concurrencé par la montée en puissance de l’activité en Ethiopie, devenue une destination africaine privilégiée en matière de sourcing, notamment avec l’implantation de géants mondiaux tels que le suédois H&M et le turc AYKA. Il y a lieu de souligner l’allègement de la facture énergétique grâce à la poursuite de la tendance baissière du cours du Baril de Pétrole. En effet, l’AIE aurait abaissé de 230 000 barils par jour (bj) ses prévisions de croissance de la

demande mondiale pour 2015 pour les fixer à 93,3 millions (bj), estimant que la surabondance de l’offre combinée à une reprise économique toujours timide chez certains pays importateurs devrait maintenir la détente des prix. Même son de cloche pour les réserves internationales nettes qui devraient également profiter de la poursuite de l’orientation positive des flux d’IDE avec l’encaissement de nouveaux dons en provenance des Pays du Golfe estimés à 13 Mrds Dhs en 2015. Dans ces conditions, les RIN devraient se monter à près de 5 mois et 15 jours d’importations, selon les estimations de la Banque Centrale, avec un déficit du compte courant contenu à 5% du PIB.

CONVERTIBILITÉ DU DIRHAM

PLUS DE FLEXIBILITÉ ?

combiné à une demande très importante des pays de l’Afrique subsaharienne, devant en principe compenser le repli de la demande brésilienne dans un contexte de ralentissement économique. La poursuite de la montée en puissance de l’industrie automobile , nouveau relais de croissance, devrait profiter de la consolidation de la production du projet Renault de Tanger avec l’entrée en service de la deuxième ligne de production de voitures, devant a priori porter la production à 340 000 voitures destinées à hauteur de 90% à l’export. La redynamisation de la branche textile qui représente 14% de la valeur ajoutée des industries de transformation devrait

La Banque centrale a déclaré qu’il était éventuellement temps de changer le panier de devises par rapport auquel se fixait la valeur du dirham. En effet, le dirham fluctue en fonction d’un panier de devises composé à 50% de dollars et 50% d’euros (par le passé, l’euro représentait 70% du panier de devises utilisé pour définir la valeur de la monnaie nationale). Si le dirham fluctue en fonction des évolutions de la paire EUR/ USD, c’est que l’Europe est le principal partenaire commercial (80% des exportations et des investissements étrangers) et « coller » à l’euro dans un contexte d’euro fort permet de minimiser le prix des importations (notamment de biens industriels et de voitures) et de limiter la facture des importations de pétrole et de blé qui sont libellées en dollars américains. Mais la baisse actuelle de l’euro face au dollar à laquelle s’adjoint celle des prix du pétrole semblent changer la donne. Lorsque l’euro baisse face au dollar, le dirham baisse d’une façon similaire face au billet vert. Or, en introduisant davantage de flexibilité, le dirham pourrait baisser dans une moindre proportion face au dollar, ce qui permettrait de tirer profit au maximum des prix bas du pétrole pour un pays importateur net. D’un autre côté, le Maroc qui diversifie ses partenaires commerciaux (Afrique et Golfe) et dont une partie des exportations est montée en gamme (automobiles notamment), se doit d’envisager sérieusement une plus grande flexibilité. Toutefois, la visibilité sur la poursuite d’un baril bas est faible, tout comme les perspectives de croissance en Europe. Or, le Maroc accède peu à peu au statut de pays émergent en raison de la croissance (et du maintien depuis 2011) des investissements étrangers, dont une majorité provient d’Europe. Affaiblir la visibilité pour les investisseurs européens dans un contexte où l’aversion au risque semble en hausse au niveau mondial serait risqué. La baisse des prix du pétrole et une bonne pluviométrie (synonyme d’une bonne saison agricole en 2015 et d’une hausse du taux de croissance) donneront elles suffisamment confiance aux autorités pour envisager cette mesure en 2015 ? Affaire à suivre…

PERSPECTIVES MED

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ÉCONOMIE DÉPENSES FISCALES

PLUS DE MANQUE À GAGNER

L

e poids des niches fiscales devrait ressortir en hausse en 2015 au regard de l’importance des dérogations accordées notamment aux entreprises. Ainsi selon la synthèse du rapport sur les dépenses fiscales accompagnant le PLF 2015, le manque à gagner en recettes fiscales évalué en 2014 s’établit à 34 645 M Dhs contre 33 284 Dhs M en 2013, soit une augmentation de 4,1%. Cette évolution recouvre une hausse de 1,7% des dépenses fiscales estimées en matière de TVA à 14 254 M Dhs, lesquelles accaparent 41,1% du total des dépenses, une augmentation de 18,3% des dépenses estimées de l’impôt sur les sociétés à 8 415 M Dhs, dont 94,3% bénéficient aux entreprises, un repli des dépenses fiscales concernant l’IR, à 3 964 M Dhs dont 62,7% en faveur des ménages et une baisse de 2,1% des

LE POIDS DES NICHES FISCALES DEVRAIT RESSORTIR EN HAUSSE EN 2015

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PERSPECTIVES MED

droits d’enregistrement et de timbre à 5 242 M Dhs(15,1% des dépenses), dont 53% liées aux activités immobilières. Par bénéficiaire, ces dépenses concernent à 59,6% les entreprises, à 27,9% les ménages et à 11,7% les services publics. Par secteur, l’agriculture et la pêche concentrent 9,9% des dépenses, contre 8,3% pour l’industrie alimentaire et 8,2% pour la prévoyance sociale. La part des dépenses fiscales dans les recettes représente 17,1% en 2014 contre 17,2% en 2013 pour une part dans le PIB de 3,8% pour les deux années. Pour leur part, le nombre de mesures dérogatoires recensées se monte à 402 en 2014 contre 412 en 2013 dont 300 ont fait l’objet d’évaluation. Par bénéficiaire, les mesures dérogatoires recensées ont profité à 44% aux entreprises et à 26,4% aux ménages, soit une baisse de 3,8% et de 4,5% respectivement par rapport à 2013. Par secteur, les dérogations attribuées ont bénéficié aux activités immobilières pour un montant de 6 684 M DHs, soit 19,3% des dépenses fiscales.


CONTRIBUTION LIBÉRATOIRE

APRÈS LE BATON LA CAROTTE Par Abou Marwa

Après le succès de l’amnistie fiscale, l’Office des Changes maintient sa politique de fermeté en fixant un barème de pénalités plus contraignant que les facilitations accordées pendant l’opération.

S

elon le ministre des Finances, le montant des déclarations a atteint 27,8 Mrds Dhs, répartis entre les actifs liquides pour 8,5 Mrds Dhs, les actifs financiers pour un montant de 9,8 Mrds Dhs et les actifs immobiliers pour 9,5 Mrds Dhs. En effet, 19.000 déclarations ont été enregistrées suite à l’appel de cette mesure contenue dans la Loi de Finance 2014 ayant pris fin le 31 décembre. Signalons que ce chiffre n’est pas définitif, le bilan final sera arrêté le 31 janvier 2015. Pour sa part, le produit de la contribution libératoire de 2,3 Mrds Dhs, sera entièrement affecté au Fonds de Cohésion Sociale. Un nouveau projet de Loi 63-14 serait à l’étude concernant les MRE transférant leur résidence au Maroc. Le délai de déclaration de 3 mois devrait passer à 6 mois et offrir la possibilité d’effectuer tout acte de disposition sur les avoirs et liquidités déclarés sans en référer à l’Office des changes. La réussite de cette opération devrait avoir un impact très positif sur l’économie à travers le renforcement des réserves de change, l’atténuation des tensions sur les liquidités et le renforcement de l’offre gestion de patrimoine au niveau des banques locales.

UN NOUVEAU BARÈME DES AMENDES Suite à l’amnistie fiscale, l’Office des Changes devrait mettre en place un nouveau dispositif pour les contrevenants et ce, avant fin janvier 2015. Toutefois, les contribuables n’ayant pas souscrit à la contribution libératoire pourraient toujours négocier une amende transactionnelle. Le barème des pénalités devrait se fixer comme suit :10% du montant des actifs pour les bénéficiaires d’un héritage ou d’une donation n’ayant pas été actifs dans le transfert de fonds ; 15% à 20% du montant des actifs pour les personnes n’ayant pas profité de l’amnistie; 20% des avoirs pour les personnes ayant déclaré spontanément; et 40% du montant des actifs pour les personnes ayant été identifiées suite à un contrôle. Ces dernières encourent au minimum une amende allant

jusqu’à six fois le montant des avoirs constitués illégalement assortie d’une peine de prison. D’autre part, de nouvelles facilitations devraient être déployées consistant à autoriser l’acquisition d’appartements à l’étranger (hors spéculation immobilière) et à ouvrir des comptes en devises à l’étranger pour les personnes physiques, sous accord et contrôle de l’Office des Changes.

LA CONTRIBUTION LIBÉRATOIRE A PERMIS AU TRÉSOR D’ENGRANGER QUELQUES MILLIARDS… EN ATTENDANT LE RESTE.

BENCHMARK INTERNATIONAL

LE PARI GAGNÉ DE BOUSSAID - La France: 28 milliards d’euros détenus à l’étranger : La régularisation de comptes bancaires dissimulés à l’étranger a rapporté près de 2 milliards d’euros à l’Etat français en 2014, Depuis son ouverture, le Service de traitement des déclarations rectificatives (STDR) a reçu plus de 35.000 demandes de contribuables ; - La Belgique qui a appliqué une amnistie fiscale destinée à encourager le rapatriement des capitaux belges placés à l’étranger, contre une amende libératoire de 6 à 9%, n’a récolté au titre de la période 2006 à 2009 que le rapatriement de 581,8 millions d’euro pour 2.571 déclarations. Les versements effectués en faveur du trésor à ce titre n’ont pas dépassé 145,2 millions d’euro; - L’Italie a appliqué une amnistie fiscale assortie du paiement d’une taxe libératoire variant de 5 à 7% des fonds placés à l’étranger et déclarés à l’administration fiscale italienne, (les titulaires n’étant pas obligés de rapatrier les fonds), a encaissé, grâce à cette opération, 5,6 milliards d’euros à titre d’impôts sur un total de 104,5 milliards d’euros placés à l’étranger; - La Tunisie (cas similaire au Maroc, amnistie fiscale et de change) a appliqué en 2007 une amnistie, assortie du paiement d’une taxe libératoire fixée à 5% de la valeur des avoirs déclarés, n’a récolté pendant une période de douze mois d’amnistie, que 12 millions d’euros pour 80 déclarations.

PERSPECTIVES PerspectivesMED MED

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PATRONAT/GOUVERNEMENT

INTÉRÉTS CROISÉS

L’ÉCONOMIE SOUS PRESSION CHANGER DE CAP ! L’économie nationale passe par une période charnière. Le train des réformes engagé sur les rails par l’Exécutif devrait bénéficier d’un meilleur aiguillage si les partenaires sociaux ne restent pas sur les quais. A plus d’un titre favorable, la conjoncture (y compris celle politico-électorale) peut agir comme catalyseur de la relance. En fixant clairement un cap susceptible d’endiguer la défiance. A moins que…

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PERSPECTIVES MED


ENTREPRISE PATRONAT

L’ANNÉE DU CONCRET ? Par Abou Marwa

La Confédération patronale a choisi Tanger pour tenir son premier conseil d’administration de 2015. En passant en revue les réalisations de l’année écoulée, la CGEM, et à sa tête Miriem Bensaleh dont le mandat s’achève, compte bien faire entendre sa voix auprès de l’Exécutif sur les multiples dossiers en attente, délais de paiement en tête.

L

a loi sur les délais de paiements fait encore couler beaucoup de salive et d’encre. Cheval de bataille de l’actuelle présidence de la CGEM, cette loi exclut les établissements publics des délais qu’elle fixe. Or pour le Patronat, l’intégration du public dans l’équation est l’épine dorsale de ses revendications. Pour la confédération patronale, ce texte est inapplicable en l’état car le cœur du problème demeure la commande publique aux entreprises qui échappe au délai imposé par la loi, ce qui, sans le rappeler, a provoqué et continue d’asphyxier les entreprises, PME en tête. En effet, dans le texte de loi sur les délais de paiement, le dernier alinéa en limite l’application aux entreprises inscrites au registre de commerce. Cependant, sur la cinquantaine d’établissements publics, seul l’ONCF dispose d’un RCrappelleMiriemBensalah. Voilà pourquoi elle n’a pas manqué de remettre sur la table cette question lors de sa première rencontre avec le chef de l’Exécutif en ce début d’année. A. Benkirane et M. Bensalah se sont mis d’accord pour tenir d’autres réunions en vue de parachever la réforme du projet de loi complétant et modifiant la loi numéro 15.95 relative au code du commerce et poursuivre la résolution des problèmes auxquels est confrontée l’entreprise dans sa relation avec les administrations et institutions publiques.

CONFIANCE À RETROUVER Si la question du retour de confiance à

l’endroit de l’économie nationale semble se résoudre avec la manne que représente le rapatriement de devises grâce à la contribution libératoire, les entreprises marocaines opérant dans le cadre des marchés publics, et surtout les PME, souffrent de ce partenariat. Car si les caisses de l’Etat semblent se remettre progressivement de leur déficit chronique, celles des entreprises enregistrent des arriérés de paiement avoisinant les 12 milliards Dhs. Pour la CGEM, cette détente du budget de l’état se doit d’être partagée avec le tissu productif privé. Ce qui provoquera inéluctablement le retour de confiance des PME quant aux commandes publiques. Ces mêmes PME qui, selon la CGEM, souffrent de manque de compétitivité causé entre autre par la hausse du coût du travail qui constitue un risque supplémentaire. L’autre équation à résoudre est liée aux droits de timbre et de la TVA sur la messagerie. Les redressements qu’ont eu à subir plusieurs entreprises, tant dans le cadre de la grande distribution que dans celui de la messagerie, atteignent des dizaines de millions de dirhams, ce qui a entraîné l’intervention de la CGEM auprès de la direction générale des impôts pour présenter ses propositions.

CLÉ DE VOUTE Si les perspectives de croissance semblent prometteuses, elles demeurent toujours assujetties aux performances du secteur primaire. Aussi, et afin de retrouver l’élan industriel perdu (l’industrie contribue aujourd’hui à moins de 15% du PIB alors

PERSPECTIVES MED

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LA LOI DES FINANCES A PRÉVU UNE BATTERIE DE MESURES LA COMPÉTITIVITÉ DES PME 64

PERSPECTIVES MED

que sa part était de 17% en 2005), la loi des finances a prévu une batterie de mesures pour booster le secteur secondaire mais aussi la compétitivité des PME. Ainsi, l’État a mis en place un certain nombre de mécanismes en vue de donner une nouvelle impulsion aux activités industrielles, avec notamment le programme d’accélération industrielle doté d’un fonds public de 20 Mds Dhs. Les mesures dédiées aux PME consistent notamment en une réduction du montant de l’investissement destiné à l’acquisition des biens d’équipement, matériel et outillages bénéficiant de l’exonération du droit d’importation de 200 à 100 MDH. Elles concernent également l’abaissement du seuil d’investissement dans le cadre du régime conventionnel de 200 MDH à 100 MDH pour les entreprises nouvellement créées. Le texte prévoit aussi une limitation de la déduction des cotisations d’assurance-retraite des salariés à 50% du salaire net ou 10% du revenu global imposable. Parallèlement, les avances sur contrats (perçus avant le terme du contrat et/ou l’âge de 50 ans) sont désormais considérées comme des rachats et donc imposables. Un relèvement de la durée d’exonération de la TVA sur l’acquisition des biens d’investissement aussi bien à l’intérieur qu’à l’importation de 24 mois à 36 mois à compter de la date de début d’activité est aussi inscrit dans le texte et en vigueur depuis le 1er janvier. Plus encore, le texte prévoit une disposition qui permet aux sociétés d’imputer d’office l’excédent d’impôt versé au titre d’un exercice sur les acomptes provisionnels dus au titre des exercices suivants et éventuellement sur l’impôt dû au titre desdits exercices. Seul bémol, la CGEM aurait souhaité voir ces mesures d’encouragement à l’emploi et à l’investissement étendues aux entreprises déjà existantes et pas seulement aux nouvelles créations à venir, et ce dans le souci d’améliorer la compétitivité du tissu économique…

BUSINESS ET POLITIQUE La CGEM a profité de son invitation au port Tanger Med pour faire le bilan de l’exercice précédent et le point les défis de 2015. Dans ce sens, la Confédération a procédé à la validation du budget annuel ainsi qu’à une réforme de son règlement intérieur. Ce dernier a été légèrement modifié afin de se conformer à la mue que connait le pays et notamment en ce qui concerne le plan de régionalisation avancée. Dans ce sens, plusieurs changements ont été effectués au niveau de certaines représentations et au niveau de l’affiliation des membres afin de rendre les fédérations et les régions plus structurées, d’organiser leur approche et la professionnaliser et ainsi rendre l’adhésion plus attractive. Pour la représentativité au niveau de la deuxième Chambre, la CGEM a décidé de mettre en place un collège électoral. Enfin, pour ce qui de son bilan, il fait état de plusieurs partenariats internationaux signés et des chantiers entamés dont le principal est la compétitivité des entreprises marocaines.


ENTREPRISE

ENQUETE DE CONJONCTURE PERSPECTIVES MITIGÉES

S

elon les résultats de l’enquête mensuelle de conjoncture de BAM relative au mois de décembre 2014, la production industrielle a accusé une stagnation avec un solde d’opinion de 3%. Cette évolution intègre un recul pour les industries « chimiques et para-chimiques » avec un solde d’opinion de -10%. A contrario, la production des autres branches a été globalement orientée à la hausse avec des soldes d’opinion de respectivement 24% pour les « électriques et électroniques », 16% pour les « industries mécaniques et métallurgiques », 9% pour l’agroalimentaire et 8% pour le « textile et cuir». Dans ces conditions, le taux d’utilisation des capacités de production auraient atteint 65%, soit un recul de 4 pts, comparativement à un mois auparavant. Une situation qui s’explique par

LA PRODUCTION INDUSTRIELLE A ACCUSÉ UNE STAGNATION

une baisse dans la branche « chimiques et parchimiques », alors qu’il serait resté stable dans les autres branches. Pour ce qui est des ventes globales, celles-ci auraient augmenté dans les branches « agro-alimentaires », « mécaniques et métallurgiques » et « électrique et électronique» et auraient diminué dans le « chimie et parachimie ». Les ventes dans le «textile et cuir» s’étant inscrites, quant à elles, en stagnation. S’agissant des nouvelles commandes, celles-ci auraient affiché leur première hausse depuis le mois de mai 2014, pour un niveau de carnets de commandes inférieur à la normale. En terme de perspectives pour les trois prochains mois, les industriels s’attendent globalement à une hausse aussi bien de la production que des ventes dans les branches « agro-alimentaire », « textile et cuir » et « chimie et parachimie ». En revanche, les industriels de la branche « mécanique et métallurgique » s’attendent à une stagnation de l’activité et à une hausse des ventes, alors que ceux de la branche « électrique et électronique » anticipent une baisse de l’activité et des ventes. PERSPECTIVES MED

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MARCHÉS BOURSE DES VALEURS DE CASABLANCA

2014 AU VERT ! Par Abou Marwa

Une première depuis 2010, la Bourse des Valeurs de Casablanca retrouve des couleurs et clôture l’exercice 2014 sur une note positive. Dans ce contexte, le MASI parvient à renforcer sa performance « Year-To-Date »en frôlant le seuil symbolique des +6,0%. Une tendance positive qui, selon les différents pronostics, se maintiendra pour l’année en cours.

F

ini la période des vaches maigres !2014 fut l’année du rebond de la bourse de Casablanca. Après 3 ans dans le rouge, la place casablancaise s’est replacé en territoire vert en clôturant avec une hausse de +5,55% à 9 620,11pts pour le MASI et de +5,73% à 7 842,76pts pour le MADEX.A ce titre, la valorisation globale du marché se situe à 484,4 Mrds Dhsen bonification de 33,33 Mrds Dhs, soit une amélioration de +7,39% en comparaison avec le 31 décembre 2013.Ce comportement positif trouve son origine dans les évolutions contrastées des secteurs phares de la cote, à savoir : « Banques », «Télécommunications », « Bâtiments & Matériaux de Construction » et « Immobilier ». Ces quatre secteurs canalisent, conjointement, près de 65% de la capitalisation flottante totale avec des poids respectifs de 37,86%, 17,77%, 13,15% et 9,18%.A ce niveau, il y’a lieu de noter la contribution négative de la filière

L’IMMOBILIER,

VALEUR REFUGE, N’EST

PLUS AUSSI BÉTONNÉ QUE PAR LE PASSÉ

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PERSPECTIVES MED

« Immobilier » qui a terminé l’exercice 2014 en forte décroissance (moins 28,46%). Au palmarès des variations sectorielles, 15 secteurs sur 22 ont clôturé l’année 2014 sur des fluctuations positives. Il en va ainsi de l’indice « Transport » qui a clôturé l’année sur une performance non négligeable de 48,33%. De son côté, la branche « Ingénierie & biens d’équipements ind. » occupe la 2ème position avec une progression de 43,62%. Performance redevable à ses deux titres Stroc industries et Delattre Levivier Maroc dont les cours ont enregistré une appréciation YTD de +106,67% et 17,76%, respectivement. En 3ème rang, se trouve la filière « Sylviculture & Papier » qui a clôturé l’année 2014 sur une hausse de +42,76% attribuable au bon comportement de son unique valeur Med Paper. Rappelons que l’ex Papelera de Tétouan a bénéficié, en 2014, de l’application provisoire d’un droit antidumping de 10,6% sur les importations de papier A4 en provenance du Portugal. A contrario, l’indice « Immobilier » accuse la plus forte baisse annuellesuite aux pertes accusées par l’ensemble des valeurs cotées et ce malgré l’arrivée d’une nouvelle recrue en


décembre 2014 dont le cours n’a pas hésité à perdre 8,14% de son prix d’introduction. En revanche, la plus forte baisse annuelle a été enregistrée par Alliances avec une contre-performance de 41,9% à 277,9 Dhs suite à une rumeur liée aux difficultés rencontrées par son activité construction. Dans une moindre mesure, on trouve le secteur des « Mines» qui s’effrite de 15,91% en raison des contre-performances enregistrées par la totalité de ses titres. En effet la branche a pâti de la baisse drastique des cours de certains métaux à l’échelle internationale. Par ailleurs, la filière « Sociétés de financement» lâche 10,16 % marquée, principalement, par le retrait de ses quatre valeurs EQDOM (-18,88%), Axa Credit(-11,95%), Maroc Leasing (-10,0%) et Taslif (-5,49%). Le secteur souffre de la décélération continue de la croissance des crédits et de la montée en force des créances en souffrance. Dans ce contexte, la place boursière casablancaise n’a retrouvé des couleurs que grâce à la performance notée par la quasi-totalité des grandes capitalisations, telles que : Holcim (+30,41%), Lafarge ciments (+23,65%), Wafa assurance (+20,70%), IAM (+18,54%) et Attijariwafabank(+12,79%). Ces cinq valeurs ont contribué, à hauteur de +7,81% dans le gain amassé par le marché au titre de l’exercice 2014.

HORIZON CLAIR Se limitant à seulement 39,41 Mrds Dhs, le volume global transigé sur le marché Actions au titre de l’exercice 2014, ressort en dégradation de près de 19% par rapport au flux transactionnel traité en 2013. Le compartiment central s’accapare, à lui seul,70,02% de l’ensemble des échanges. Par compartiment, le volume du marché central totalise 27,59 Mrds Dhs, en légère appréciation de 4,33% comparativement à l’année 2013. Dans ce sens, les valeurs Attijariwafabank, Addoha, BMCE Banket IAM canalisent, conjointement, près de 49% des transactions. Ces quatre valeurs raflent respectivement des volumes de 5,64 Mrds Dhs, 3,09 Mrds Dhs, 2,44 Mrds Dhset 2,34 Mrds Dhs,Par ailleurs, le marché de gré à gré accuse une forte régression de 46,53% pour s’établir à, seulement, 11,82 Mrds Dhsen 2014, contre 22,10 Mrds Dhsune année auparavant. Dans ces conditions, près de 60% des échanges ont été raflés par le trio Centrale laitière, BCP et Cosumar. Pour l’année 2015, les indices de la BVC devraient poursuivre sur leur lancée et ce,

tenant compte de plusieurs facteurs à commencer par la baisse du taux directeur par BAM à 2,5% qui devrait engendrer une baisse du rendement du marché obligataire. Une réorientation qui pourrait se traduire pour un arbitrage en faveur du marché actions. De même, cette baisse devrait relancer la distribution des crédits et donner ainsi un coup de pousse à la croissance économique. D’un autre côté, le repli du cours de pétrole devrait engendrer une optimisation des charges d’exploitation de certaines sociétés cotées, au moment même où les prémisses d’une campagne agricole favorable devant impacter positivement l’économie et catalyser la consommation. La relance des investissements publics, telle que prévue dans la loi des finances 2015, devrait aussi redynamiser certains secteurs cotés… Et, cerise sur le gâteau, l’introduction en bourse de deux valeurs Marsa Maroc et Total Maroc, en plus de la cession de la participation de SNI dans le capital de Cosumar et Centrale Laitière devraient maintenir les fluctuations des indices de la place sur un rythme positif. Voilà qui rendra plus liquide un marché demandeur.

LES REFORMES ECONOMIQUES DEVRAIT SOUTENIR LA CONVALESCENCE DE LA BVC

APPUI DU SECTEUR FINANCIER

LA BAD S’ACTIVE Dans le cadre de la stratégie entamée par le Royaume pour se doter d’un secteur financier solide à rayonnement international, le Maroc serait en passe de négocier avec la BAD un prêt de 110 M Eur pour financer la 4ème phase du Programme d’Appui au Développement du Secteur Financier -PADESFI IV. Cet appui, devant se matérialiser début 2016, s’inscrit dans la stratégie d’intervention de la BAD au Maroc pour la période 2014-2016 nécessitant une enveloppe globale de 600 M Eur. Le PADESFI IV est destiné à renforcer l’inclusion financière de la Gouvernance et de l’environnement des affaires à travers la création des conditions nécessaires pour une croissance économique inclusive et le soutien de la réforme du système national de retraite et du secteur des assurances.

PERSPECTIVES MED

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MARCHÉS BANQUES

BON CRU !

Par Abou Marwa

Bonne résilience des banques marocaines en 2014 en dépit d’un contexte de montée des risques, profitant principalement de leur solidité financière. Et les perspectives d’amélioration de l’économie marocaine en 2015 augurent d’un avenir meilleur.

P

rofitant d’une amélioration du contexte économique (hors agriculture) au cours de l’année 2014, l’activité bancaire marocaine affiche une reprise de son rythme de croissance. Ainsi, les crédits bancaires se sont hissés de 4,3% à fin novembre 2014, en glissement annuel, à 753,2 Mds Dhs (contre 2,5% à fin novembre 2013), tirés principalement par l’évolution favorable des crédits à l’équipement (+5,1%) et des crédits immobiliers (+2,4%). Depuis le début de l’année 2014, les crédits bancaires n’ont augmenté que de 0,8%. Toutefois, les deux dernières baisses du taux directeur par la banque centrale de 25 pts de base chacune à 2,5% devraient redynamiser la distribution des crédits si les banques répercutent cette baisse sur leurs intérêts débiteurs. Notons que BAM anticipe une croissance de 4,5% des crédits à fin 2014.

rapport à fin 2013. Toutefois, cette évolution demeure insuffisante pour financer l’activité des banques (un taux de transformation de 102% à fin novembre 2014). Ainsi et compte tenu des taux de sortie attractifs, les banques se sont orientées vers le marché obligataire notamment AWB (1,2 Mrds Dhs), BCP (1 Mrds Dhs), BMCE (1 Mrds Dhs) et CIH (1 Mrds Dhs) qui ont émis des dettes subordonnées. Pour les perspectives 2015, l’amélioration du contexte économique national en raison de la reprise des activités non agricoles (amélioration de la demande adressée au Maroc) et des prémisses d’une bonne année agricole et ses effets d’entrainement sur la consommation interne et le dynamisme des autres secteurs, notamment les services et l’agroalimentaire, devrait ainsi profiter à l’activité des banques. Dans un autre registre, le parlement marocain a adopté la loi sur les banques participatives.

Côté ressources, les dépôts de la clientèle ont affiché une hausse plus soutenue que celle des crédits de 3,4% à 740,1 Mrds Dhs à fin novembre 2014 par

A l’international, les trois banques marocaines engagées devraient continuer leur développement soutenu, capitalisant sur le potentiel important que

50 % DE LA POPULATION

AFGHANE N’A PAS ACCÈS AUX SERVICES DE BASE.

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PERSPECTIVES MED

Ainsi, la mise en place de cette catégorie de banques devrait donner un nouveau souffle à l’économie en injectant des fonds dans le circuit bancaire marocain et en attirant des investissements étrangers.


les marchés de l’Afrique subsaharienne recèlent.

domestiques et les PME ainsi que la couverture insuffisante des prêts douteux délivrés en Afrique Subsaharienne.

PERSPECTIVES STABLES POUR LE SECTEUR L’agence de notation FITCH a publié une analyse sur le secteur bancaire marocain le présentant comme résilient, en se basant sur le niveau de rentabilité des principales banques, leur solidité financière et le niveau de leurs actifs. En effet, avec des résultats semestriels probants, une quête de différenciation des métiers réussie et une politique d’expansion internationale davantage dynamique, les Bigthree (AWB, BCP et BMCE) contribuent à la résistance du secteur. Dans ce sens, l’agence a maintenu « à stables » les perspectives de 3 des 4 plus grandes banques marocaines soumises à notation. Ces établissements sont ATTIJARIWAFA BANK (BB+/Stable), BMCE BANK (BB+/Stable), BMCI (AAA/Stable) et SGMB (AAA/Négative). Si l’expansion vers les marchés subsahariens présente une importante source de revenus supplémentaires pour les Bigthree, elle revêt aussi un aspect risque relatif à la volatilité de ces environnements d’exploitation. De même, les réserves de fonds propres constituées par les banques marocaines contre des pertes inattendues sont jugées assez modestes et ce, compte tenu de leurs expositions sur les entreprises

Dans ce cadre, il est précisé que les ratios de capital ont augmenté seulement en raison d’exigences réglementaires plus strictes et que les 3 plus grands établissements bancaires marocains ont récemment procédé, à ce titre, à des émissions obligataires comprises entre 1 Mrd et 1,2 Mrds Dhs. Sur un autre volet, l’agence considère que la qualité des actifs détenus par les banques marocaines reste modérée comparée aux normes internationales au vu de la vulnérabilité des entreprises et PME marocaines et qu’elle resterait sous pression en 2015. Les liquidités sont, quant à elles, qualifiées comme étant plus ou moins tendues mais supportables, compte tenu du soutien de la Banque Centrale. Enfin, les banques marocaines devraient bénéficier de l’impact positif de la hausse prévue du PIB non agricole en 2015.

LES BANQUES DEVRAIENT

BÉNÉFICIER DE LA HAUSSE DU PIB NON AGRICOLE

AWB: SORTIE RÉUSSIE ATTIJARIWAFA BANK réussit sa sortie sur le marché de la dette privée et se dote, de ce fait, des moyens de poursuivre sa stratégie de développement dans le respect des exigences réglementaires. Ainsi, à travers cette émission obligataire de 1,2 Mrds Dhs , dont la période de souscription s’est étalée du 10 au 12 décembre 2014, l’établissement vise à renforcer ses fonds propres réglementaires actuels et par conséquent, renforcer son ratio de solvabilité et à financer son essor aussi bien international que domestique.

BCP: SURSOUSCRIPTION RECORD Après ATTIJARIWAFA BANK, la BCP clôture avec succès sa sortie sur le marché de la dette privée, bouclant ainsi les besoins de financement de son projet de développement, notamment l’acquisition potentielle de la majorité des Banques Populaires Régionales et ce, tout en renforçant ses fonds propres réglementaires. La BCP a publié les résultats relatifs à son émission obligataire plafonnée à MAD 1 Md visée en date du 27 novembre 2014..

CIH BANK: SUCCÈS DE L’EMPRUNT OBLIGATAIRE CIH BANK clôture l’année 2014 par une sortie réussie sur le marché de la dette privée, ce qui devrait porter appui à son plan de développement. D’un montant global de 1 Mrdde Dh, cette opération vise à favoriser le renforcement des fonds propres réglementaires actuels, financer son développement et accompagner la dynamique de croissance de la distribution de crédits .

PERSPECTIVES MED

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MARCHÉS

CIMENT L’ASSIETTE DE LA TAXE CHANGE

Pour alléger la note fiscale, notamment la taxe spéciale sur le ciment, les cimentiers ont procédé à l’absorption de leurs filiales de béton. Cette stratégie a privé le Trésor d’une bonne partie de la taxe sur le ciment utilisé pour la production de béton. En effet, les ventes aux filiales représenteraient un peu plus de 16% de la production de ciment. Le ministère de Finances s’est rendu compte du stratagème et a décidé d’en revoir les dispositions. Ainsi, la loi de finance 2015 prévoit non plus d’imposer les ventes, mais la production.

CGI OPR REJETÉE Suite à la décision de radiation des actions de la Compagnie Générale Immobilière (CGI) de la cote de la bourse des valeurs, CDG Développement avait déposé auprès du CDVM un projet d’offre publique de retrait (OPR). Ce projet a fait l’objet d’un avis de dépôt publié par le CDVM le 24 novembre 2014. Dans le cadre de l’examen de la recevabilité du projet d’OPR conformément aux dispositions des articles 31 et 32 de la loi 26-03 relative aux offres publiques sur le marché boursier, le CDVM a demandé des justifications et informations complémentaires à l’initiateur. Et à l’issue des différents échanges entre le CDVM et l’initiateur, et afin de clarifier les points restés en suspens, le Conseil a annoncé le 14 janvier qu’il a décidé de réaliser une évaluation supplémentaire des actions de la société visée, et ce par un 2ème évaluateur indépendant dont la désignation devra se faire conformément aux dispositions de l’article 25 de la loi 26-03 précitée. Par conséquent, la suspension de la cotation des actions CGI sera maintenue jusqu’au terme de l’examen, par le CDVM, des conclusions de la 2ème évaluation indépendante.

L’OCP finalise son entrée dans le capital de FertilizantesHeringer, important distributeur d’engrais brésilien, suite à l’obtention ENGAGEMENT BRÉSILIEN des autorisations réglementaires et à l’approbation des actionnaires, l’opéOCP ration d’achat de 10% des actions de Heringer par OCP International via une augmentation de capital a finalement été bouclée pour un montant de près de 55 millions de dollars (plus de 508 MDH). Et en parallèle,le groupe réduit sa participation dans le capital de la BCP en cédant récemment 0.6% du capital sur le marché de blocs, pour un montant de 200 MDH. L’opération a été réalisée à un cours de 205 Dhs. Suite à cette transaction, OCP ramène sa participation dans le tour de table à 4.49%.

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ADDOHA

‘’PLAN GÉNÉRATION CASH’’ Le Conseil d’Administration de Douja Promotion Groupe Addoha s’est réuni le 13 janvier 2014, sous la présidence de Anas Sefrioui, afin d’approuver le nouveau plan stratégique à horizon 2017. Le ‘‘Plan Génération Cash’’ représente une nouvelle vision stratégique triennale avec, pour objectif majeur, d’améliorer significativement la capacité du Groupe à générer de la trésorerie et de revenir à une structure financière largement désendettée via une monétarisation du bilan et la transformation des actifs en cash. Addoha ambitionne ainsi d’atteindre un cash-flow d’exploitation de 3,2 Mrds Dhs en 2017 et un gearing de 33% en 2017 (4,5 Mrds Dhs), de réduire les besoins financiers d’exploitation de 4,5 Mrds Dhs entre 2014 et 2017 et rehausser le dividende par action à partir de 2015 (relatif à l’exercice 2014). A noter que le Groupe s’engage dans le cadre du plan stratégique à renforcer les pratiques de bonne gouvernance à travers, notamment, la mise en place d’un Comité Stratégique de suivi du plan y compris concernant l’acquisition du nouveau foncier et l’ouverture du Conseil d’Administration à de nouveaux administrateurs indépendants.

CIH SE RENFORCE DANS LE CAPITAL D’ATLANTA LE CDVM A ANNONCÉ RÉCEMMENT LE FRANCHISSEMENT DE SEUIL À LA HAUSSE DE LA (CIH) DANS LE CAPITAL D’ATLANTA. UNE ACQUISITION DE 6.019.044 DE TITRES ATLANTA POUR UN PRIX UNITAIRE DE 67.99 DH, ET QUI S’EST RÉPARTIE EN 3.009.522 TITRES SUR LE MARCHÉ CENTRAL ET 3.009.522 SUR LE MARCHÉ DE BLOC. NOTONS QUE CETTE TRANSACTION REPRÉSENTE 10% DU CAPITAL D’ATLANTA.


IAM/ ETISALAT

PASSATION EN ATTENTE Selon l’agence togolaise AfreePress, les autorités togolaises ont refusé à Etisalat le transfert de contrôle du groupe Atlantique Telecom Togo (ATT) à l’opérateur téléphonique marocain. En effet, la société de télécommunications émiratie a demandé à l’Etat de lui permettre de transférer le contrôle d’Atlantique Telecom, qui détient l’opérateur téléphonique Moov Togo, à Maroc Telecom. Mais pour autoriser le transfert de contrôle, l’État togolais a exhorté Etisalat (qui détient 95% d’ATT) à ramener ses actions à 70% du capital d’ATT vu que cela représente une violation des clauses du cahier des charges. Etisalat s’était engagée à céder 30% de l’opérateur Moov Togo à des investisseurs locaux. Chose qui n’a pas été faite. Maroc Telecom, qui reprend progressivement le contrôle des filiales africaines d’Etisalat, devra ainsi attendre que cette dernière cède 25 %de ses parts dans Atlantique Telecom Togo à des investisseurs locaux, et ce dans un délai de 5 mois maximum.

LESIEUR CRISTAL OBJECTIF TOURNESOL

Trois années après sa prise de contrôle du leader marocain de l’huile Lesieur Cristal,le groupe français Sofiprotéol désire toujours relancer localement la culture du tournesol. Selon le DGA du groupe, la branche disposait, il y a vingt ans, de 200 000 hectares en production qu’elle avait abandonnée. L’entreprise a atteint aujourd’hui 20 000 hectares en production. A son arrivé, 100% des grainesoléagineuses triturées au Maroc étaient importées d’Amérique latine. Rappelons que Sofiprotéol s’était engagé à développer le secteur lors de son rachat de 41% du capitalde Lesieur Cristal auprès de la Société nationale d’investissement (SNI), le holdingroyal. Le groupe agro-industriel vise à atteindre, en partenariat avec des producteurs locaux, 50 000 hectares de cette culture, sur un objectif total de 85 000 hectares fixé par les autorités marocaines pour 2020.

UNE PREMIÈRE AU MAROC !

“ MADE IN MOROCCO “

La Fédération Nationale du E-commerce du Maroc (FNEM) vient de lancer le “ Made in Morocco “, la plus grande plate-forme e-commerce jamais réalisée en Afrique, intégralement dédiée aux produits fabriqués au Maroc. Cette plateforme inédite du commerce en ligne, avec plus de 420.000 produits des meilleures enseignes marocaines, certifiés aux normes internationales. Ce plus grand Mall et Souk du monde a vu le jour grâce aux efforts inlassables déployés par la FNEM qui a su mobiliser et fédérer 217 producteurs marocains, membres de la FNEM

par ailleurs, pour former la plus grande entreprise au Maroc dans le cadre d’un GIE (Groupement d’intérêt économique) dénommé OnlyMorocco. Made In Morocco offre un catalogue riche et varié, composé de plus de 90.000 livres, des tableaux d’art d’une centaine d’artistes, une belle sélection de films et de musique marocaine, des produits alimentaires et cosmétiques, notamment de l’huile d’argan, de plus de 1024 coopératives, PME et GIE, des bijoux traditionnels et design… et même des PC, Smartphones et tablettes fabriqués localement.

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MARCHÉS COFACE AU MAROC

LA MACHINE EST LANCÉE Après avoir obtenu le Statut CFC, Coface Maroc, filiale du groupe Coface, un des leaders mondiaux de l’assurance –crédit, a obtenu l’agrément d’assurance et de réassurance des autorités de régulation marocaine. Avec l’obtention de cet agrément, Coface Maroc peut désormais proposer directement aux entreprises marocaines des solutions d’assurance-crédit, Au cours de ces dernières années, à cause des incertitudes de paiement liées à la crise internationale et au nombre croissant de défaillances d’entreprises dans le monde, Coface Maroc a doublé son chiffre d’affaires tous les deux ans au Maroc. Au-delà des potentialités du marché, l’objectif du groupe Coface est désormais de faire du Maroc son hub pour les marchés africains. Un marché où Coface est déjà le premier assureur-crédit avec une présence effective dans 14 pays africains.

FEUILLE DE ROUTE VALIDÉE MARSA MAROC

La nouvelle stratégie de Marsa Maroc intègre les impératifs du développement socio-économique du pays et devrait lui permettre de bien négocier le tournant de son introduction en Bourse attendue en 2015. Ainsi le Conseil de Surveillance, tenu en date du 23/12/2014, a validé le budget 2015 de la société portuaire. A cet effet, Marsa Maroc table sur un trafic de l’ensemble des ports qu’elle gère de 38,5 millions de tonnes devant générer un chiffre d’affaires de 2 MrdsDhs(+5%). En 2015, la société prévoit un trafic de 38,6 millions de tonnes pour un niveau de revenus en quasi-stagnation à MAD 2,1 Md (+0,4%). Au volet stratégique, l’entreprise compte poursuivre son plan de développement, notamment via l’accroissement de ses activités de conteneurs, l’amélioration de la qualité de service et la performance opérationnelle, la recherche et la mise en œuvre de nouveaux partenariats stratégiques avec des industriels tels que l’ONEE et le Groupe OCP, le maintien et la modernisation de ses activités de manutention. Et, enfin, la consolidation de ses fondamentaux à travers la refonte des procédures, la mise en place du contrôle de gestion et de la comptabilité analytique et l’introduction de nouvelles bases managériales dans la gestion des ressources humaines. Pour y parvenir, une enveloppe d’investissement de 721 MDH sur la période 2015-2017. L’opérateur portuaire ambitionne d’obtenir la triple certification qualité-sécurité-environnement pour l’ensemble de ses activités à horizon 2016 et ce, après avoir été certifié en 2014 pour la quasi-totalité de ses activités selon les normes ISO 9001 version 2008 et OHSAS 18001 version 2007 et avoir élaboré sa propre charte environnementale.

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PERSPECTIVES MED

MASEN AVENIR ÉCLAIRÉ Le groupement composé d’Acwa Power et de Sener a remporté l’appel d’offres lancé par l’Agence Marocaine de l’Energie Solaire -MASEN- portant sur la conception, le financement, la construction, l’exploitation et la maintenance des centrales solaires NOOR II et NOOR III à Ouarzazate. Par centrale, NOOR II aurait recours à la technologie thermo solaire à capteurs cylindroparaboliques dotée d’une puissance de 200 MW, d’une capacité de stockage de 7 heures et à un prix du kilowattheure évalué à MAD 1,36 en heure de pointe. De son côté, NOOR III utiliserait une sous-technologie thermo solaire (CSP Tour) et aurait une puissance de 150 MW et une capacité de stockage de 7 à 8 heure, pour un prix du kilowattheure évalué à 1,42 Dhs en heure de pointe.

RENAULT MAROC HAUSSE DE 36% DE LA PRODUCTION Le Groupe Renault Maroc enregistre de nettes performances tant au niveau de la production nationale qu’à l’export. A fin 2014, la production du Groupe s’élève à 227 579 unités en progression de 36%, comparativement à une année auparavant. Par site, l’usine Renault-Nissan Tanger accapare près de 77% de la production globale avec 174 245 unités, tandis que SOMACA réalise 53 334 unités. Par modèle, les 2 usines ont fabriqué 123 516 Sandero, 54 768 Dokker, 25 046 Lodgy et 24 249 Logan. A l’export, le volume global ressort à 202 989 véhicules, dont 170 079 unités produites à l’usine de Tanger (soit 98% de la production du site) et 32 910 unités au site de Casablanca (soit près de 62% de la production de l’usine). Par destination, France, Espagne et Allemagne occupent le Top 3 des pays importateurs avec 49 028 véhicules (soit près d’1/4 des exportations). Sur le continent africain, l’Egypte et la Tunisie arrivent en tête de liste. Sur un autre registre, l’export des pièces dans le cadre du programme INTERNATIONAL LOGISTICS NETWORK, le Groupe a fait transiter plus de 400 conteneurs à travers le port Tanger Med à destination notamment du Brésil, de l’Inde et de la Colombie.

COLORADO: CERTIFICATION « AAA » LA SOCIÉTÉ COLORADO COTÉE À LA BOURSE DE CASABLANCA A ÉTÉ CERTIFIÉE ‘‘AAA’’ (TRIPLE A) POUR L’ANNÉE 2015 PAR LA COMPAGNIE FRANÇAISE D’ASSURANCE-CRÉDIT À L’EXPORTATION COFACE. AINSI, À TRAVERS CETTE DISTINCTION DE 1ÈRE QUALITÉ ‘‘AAA’’, L’ORGANISME ATTESTE DE LA SOLVABILITÉ ET LA FIABILITÉ DE COLORADO ENVERS SES PARTENAIRES COMMERCIAUX.


RAM

MAROC /CÔTE D’IVOIRE

SAUVÉE PAR L’AFRIQUE La Royal Air Maroc (RAM) a transporté plus de 6 millions de passagers, via 68.300 vols, au terme de l’exercice 2014 (novembre 2013-à fin octobre 2014), enregistrant une hausse du trafic de 6%. Durant la même période, près de 5,2 millions de passagers ont effectué des vols internationaux, soit 83% du trafic de la compagnie, tandis que 4 millions de passagers ont emprunté le hub de Casablanca qui a absorbé ainsi 67% du trafic de Royal Air Maroc, enregistrant un coefficient de remplissage en hausse de 2% par rapport à l’année dernière, selon la compagnie. Les destinations de Royal air Maroc en France (huit au total) arrivent en tête avec près de 2 millions de passagers, en stagnation par rapport à l’exercice précédent, précise le communiqué qui souligne que les vols sur l’Europe (en dehors de l’Hexagone) ont transporté près de 1,6 million de passagers, en hausse de 6%. De son côté, le trafic sur les 32 destinations de Royal Air Maroc en Afrique a atteint près de 1,3 million de passagers en progression de 16%, tandis que le trafic domestique a enregistré une hausse de 20%, avec près de 790.000 passagers.

Après 10% de croissance des défaillances d’entreprises en 2014, le Maroc va continuer à connaitre le même rythme en 2015 selon le rapport publié par Euler Hermès. Alarmantes sont les prévisions 2015 sur les délais et retards de paiement, impayés et défaillances d’entreprises intitulé “Le ver est dans le fruit”. Voilà les sinistres prédictions du cabinet interDÉFAILLANCE D’ENTREPRISES national de l’assurance-crédit, Euler Hermes, pour le Maroc en 2015. Une hausse des entreprises défaillantes de plus de 10% soit 5.500 sociétés. Cette mauvaise passe s’expliquerait par la baisse de la consommation privée des ménages et la consommation publique en plus des retards de paiement. Et dans ce sens, les entreprises concernées sont de tailles petites ou moyennes opérant dans les secteurs du textile, l’hôtellerie, la restauration, les épiceries, l’immobilier, le BTP et les services aux entreprises. Cependant, selon ce cabinet, les défaillances ne vont pas s’inscrire dans le long terme à un tel niveau de progression et, sont pour le moins compensées par la dynamique de création d’entreprises.

ALERTES

Plein de partenariat

En deux jours de rencontre, les accords bilatéraux ont été multipliés par deux en moins d’un an. Les premiers dans la course sont les promoteurs immobiliers. En effet, le groupe ADDOHA a conclu le 21 Janvier, un partenariat avec le gouvernement ivoirien relatif aux constructions de logements sociaux. Le groupe Alliances a de son côté signé un protocole d’accord avec la société ivoirienne de construction et de gestion immobilière. Dans le même cadre, le secteur bancaire est très présent en côte d’ivoire avec des établissements comme AWB, BCP et BMCE.

ALLIANCES ÉMISSION OBLIGATAIRE LE GROUPE ALLIANCES, DONT LES FINANCES SONT EN SOUFFRANCE, VIENT D’OBTENIR LA RECEVABILITÉ POUR SON ÉMISSION OBLIGATAIRE DE 1MRD DHS. LE GROUPE TIENDRA SA ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ORDINAIRE LE 13 FÉVRIER 2015, AFIN DE VALIDER L’OPÉRATION SUR CET EMPRUNT.

ALCOOL GUEULE DE BOIS… A fin 2014, les ventes de boissons alcoolisées poursuivent leur descente aux enfers entamée depuis 2012, consécutivement à la politique d’augmentation de la TIC initiée par le Gouvernement en 2010. Ce qui ouvert en grand les portes au renforcement de la part de marché du secteur informel. Selon les chiffres de l’Administration des Douanes repris par un hebdomadaire de la place, les ventes légales d’alcool ressortent à 1,123 millions hectolitres -hl- en 2014, en recul de 5% comparativement à une année auparavant. Par catégorie, les vins enregistrent une diminution de 10,67% à 271 387 hl, suivis par les bières, en repli de 3% à 780 089 hl, tandis que les spiritueux progressent légèrement de 0,85% à 71 629 hl. Les professionnels estiment, quant à eux, que la baisse des ventes des boissons alcoolisées est plus importante que celle annoncée officiellement et ce, malgré les efforts promotionnels et la politique d’affichage des prix de vente publics conseillés. En effet et par produit, les volumes de ventes régressent de 15% pour les vins, 5% pour les bières et entre 20% et 30% pour les spiritueux. Pour les restaurateurs, les revenus générés ont fléchi de 30%. Cette situation s’explique principalement par la politique d’augmentation de la Taxe Intérieure de Consommation –TIC instaurée depuis 2010, ayant induit le doublement de la part de marché de l’informel, qui représente ainsi 30% de la consommation totale des marocains. Dans ce sens, les recettes de la TIC se sont repliées de 6,18% à 1,165 Mrds, soit un manque à gagner de 77 MDH pour le trésor.

PERSPECTIVES MED

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DE DETROIT À VEGAS, LE PLEIN DE NOUVEAUTÉS…

2015, UNE ANNÉE RICHE ! L’année promet d’être chargée avec l’arrivée de plusieurs nouveaux modèles toutes catégories confondues. Le tour des prochains lancements et restylages les plus attendus est assez édifiant.

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PERSPECTIVES MED


TRENDS

FORD MUSTANG GT350R

LE VENIN SHELBY Après la Shelby GT350 exposée en novembre dernier à Los Angeles, Ford dévoile la version R au Salon de Detroit.Un monstre doté d’une puissance dépassant 500 ch et un couple de plus de 542 Nm. Shelby a dévoilé au salon de Detroit la 350R, produit officiel de la gamme devant assurer la relève de la précédente génération GT500. Ford indique que cette version radicale développe plus de 500 chevaux pour un couple dépassant la barre des 542 Nm. Elle se différencie de la GT350 par un châssis rigidifié et une aérodynamique encore plus musclée, notamment au niveau de la face avant et des ailes. On note aussi l’implantation d’un aileron arrière qui promet un niveau de performances de premier plan. Au-delà de l’esthétique, Ford annonce que ce monstre du bitume a perdu 59 kg notamment grâce à des jantes inédites en fibre de carbone pour sa configuration piste. Mais l’offre dérivée de la nouvelle Mustang s’enrichit aussi de la GT, qui est en fait la plus puissante des nouvelles Shelby avec 635 ch. Shelby American a repris comme base la Mustang GT pour lui ajouter un kit de carrosserie en fibres de carbone (diffuseur arrière, bas de caisse, lame avant, capot et aileron arrière). Sous le capot, on retrouve le V8 Coyote 5.0. Sauf qu’il développe ici bien plus que les 441 ch de la Mustang d’origine. Grâce à un système d’échappement spécifique et un compresseur, le V8 passe à 635 ch ! Toute la partie trains roulants a évidemment été revue en conséquence. La Shelby GT500 a donc déjà une descendance légitime avec cette GT. Pour les volontaires, il faudra débourser 39 995 dollars en plus du prix d’une Mustang GT de base. Avec un tarif final tournant autour des 65.000 dollars, l’americandream n’a pas de quoi rebuter les amateurs des sensations fortes.

Et la Mythique GT Focus RS, Mustang Shelby GT350 et GT350R, F150 Raptor, etc. Ford promet de lancer pas

moins de 12 modèles hautes performances d’ici à 2020. Parmi celles-ci et non des moindres, la nouvelle GT programmée pour arriver en concessions en 2016, soit juste à temps pour fêter les 50 ans de la première victoire aux 24 Heures du Mans du constructeur américain. C’était en en 1966 avec la mythique GT40. Un triplé qui mit fin à une domination de près d’une décennie Ferrari. La berlinette US à moteur central arrière sera propulsée par un V6 biturboEcoboost de 3.5 litres à injection mixte développant plus de 600 chevaux. Dérivé du bloc utilisé en championnat IMSA, le moteur est accouplé à une boîte à double embrayage à 7 rapports. Ford met un accent particulier sur le poids en utilisant des composites renforcés de fibre de carbone, à commencer par la cellule centrale, sur laquelle viennent s’attacher deux berceaux pour supporter les trains roulants. Ford a également recours à des éléments aérodynamiques actifs, notamment l’aile arrière ajustable en hauteur et en inclinaison. Les roues de 20 pouces sont montées en Michelin Pilot Super Spot Cup et le freinage confié à des disques en carbone céramique. Enfin, le volant adopte un style F1 avec tout le bagage technique que cela induit. Il est possible de configurer entièrement l’écran présent dans l’habitacle afin d’avoir les informations que l’on désire et d’avoir plusieurs environnements de conduite. Bref une voiture de course homologuée pour la route dont les caractéristiques techniques lui permettront bientôt de se frotter aux références du segment des supercars, parmi lesquelles figure notamment la McLaren 650S.

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TRENDS AUDI RS3 SPORTBACK

CITROËN C4

Armée face à la concurrence

AU GOÛT DU JOUR

Le nouveau fer de lance de la gamme A3 adopte un bloc cinq cylindres de 367 ch qui lui permet de passer de 0 à 100 km/h en seulement 4s3 ! Véritable sportive, l’A3 Sportback en version RS3 promet le plein de sensation à son conducteur. Cette auto adopte une transmission intégrale Quattro pour faire passer toute la puissance sur la route et des freins en céramique pour lui permettre de stopper plus rapidement… Son look est également soigné avec des appendices aérodynamiques qui habillent sa carrosserie.Même l’habitacle affiche un style résolument sportif…

La berline compacte de la marque aux chevrons a fort à faire face à la paire franco-allemande Peugeot 308-Volkswagen Golf plus récente qu’elle. Pour rester dans le coup, la C4 va recevoir un petit lifting de printemps. Rien de révolutionnaire sur le plan du design extérieur, les modifications sont peu nombreuses (projecteurs diurnes à leds et feux arrière 3D). Dans l’habitacle, une tablette tactile de 7 pouces et de nouveaux garnissages sont prévus. Pour l’équipement, l’accès mains libres fait son apparition, l’aide au démarrage en côte aussi… Sous le capot, l’arrivée d’une nouvelle boîte auto à six rapports pour le PureTech 130 ch essence. Essence toujours avec un Pure Tech de 110 ch, tandis que l’offre Diesel accueille un 1.6 BlueHDi de 100 ch.

PEUGEOT 308 GT

HYUNDAI I30

DU NOUVEAU SOUS LE CAPOT

LIFTING DE RELANCE

Disponible en version berline et break, la 308 sportive s’équipe, au choix, d’un 1.6 THP de 205 ch en essence ou d’un Diesel 2.0 BlueHDi de 180 ch, ce dernier étant couplé à une boîte automatique à six rapports. De quoi apporter un regain de performance à cette auto dont on vante l’efficacité routière. Vers l’automne, on aura droit à une autre version boostée qui pourrait s’appeler GTi à bloc 1.6 THP de 250 ch, en attendant une probable 308 R à bloc 1.6 THP de 270 ch.

LA RIVALITÉ ENTRE CONSTRUCTEURS EST SANS LIMITES

Nouveau bouclier, calandre hexagonale à lamelles chromées, projecteurs modifiés adoptant une lame supérieure lumineuse, antibrouillards redessinés, voilà ce qui différencie la face avant de la i30 restylée du modèle actuel. Feux légèrement redessinés à l’arrière et offre d’équipement en progression (sièges chauffants et ventilés, aide active au parking, alerte de franchissement de ligne)... Sous le capot, de grosses modifications interviennent avec une offre Diesel remaniée avec un 1.6 CRDI 110 ch qui passe à 94 g/km contre 97 g/ km. Arrivée d’une boîte de vitesse à double embrayage, baptisée 7DCT, seulement sur le 1.6 diesel (dans les 2 niveaux de puissance). Une nouvelle version 1.6 Turbo essence fait son apparition et surtout, la i30 reçoit le bloc essence turbocompressé de sa cousine la KiaCee’d, dans une version dégonflée à 186 ch, contre 204. Pour accompagner cette puissance, les trains roulants et la direction sont modifiés. De plus, le style évolue avec des boucliers plus agressifs, des jantes 18 pouces. L’intérieur est spécifique avec partout des touches en rouge.

Tous les constructeurs automobiles bataillent dur pour faire percer des produits de plus en plus sophistiqués.

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INFINITI Q30

NOUVEAU SUR LE SEGMENT

MERCEDES GLE COUPÉ

DIXIT LE CLASS M Rival de BMW X6, le GLE Coupé est doté d’un beau gabarit, d’une garde au sol relevée et arbore une belle carrosserie de coupé 4 portes. Un contraste entre une vision futuriste dédiée à l’habitacle et la conduite autonome et les valeurs bien traditionnelles du gros SUV au profil sportif : 4,90 m, une face avant massive, des jantes jusqu’à 22 pouces et sous le capot, trois V6 3 litres avec une boîte auto 9 vitesses. Sous son capot on peut trouver un Diesel de 258 ch ou des moteurs essences de 333 ch et de 367 ch pour la version AMG.

Après la X-Type qui n’avait pas vraiment rencontré le succès dans les années quatre-vingt-dix, Jaguar renouvelle le genre avec un modèle maison. La XE est une berline de conception moderne avec les roues arrière motrices qui utilise largement l’aluminium pour sa structure. Elle exploite la nouvelle FAMILIALE DANS LES GÊNES plate-forme qui servira au futur SUV de la marque et inaugure de nouveaux moteurs quatre cylindres essence (200 et 240 ch) et Diesel (163 et 180 ch). Une version S disposant d’un V6 de 340 ch est aussi au programme.

JAGUAR XE

Infiniti se dote, enfin, d’une compacte pour aller se frotter contre les Audi A3, BMW Série 1 et Mercedes Classe A. Une belle bête qui sera proche de l’étude de style présentée en 2013 par la marque japonaise. Produite dans l’usine anglaise de Nissan à Sunderland, la Q30 empruntera bon nombre d’organes à la Mercedes Classe A, en particulier quelques moteurs. Dotée d’un physique original, la berline japonaise espère bien donner du fil à retordre à ses concurrentes germaniques.

OPEL ASTRA 5

Bientôt livrée

Pour sa cinquième génération Astra, Opel va mettre les petits plats dans les grands en dotant son auto d’une base remaniée qui sera plus légère d’une centaine de kilos. Affichant des dimensions similaires à l’actuel opus, l’Astra ‘‘5’’ devrait être très habitable et confortable. Pour les performances, la berline allemande fera confiance à des blocs essence trois cylindres sur les modèles d’entrée de gamme et à plusieurs motorisations diesel 1.6 CDTI de différentes puissances. En haut de gamme Diesel on trouvera un 2.0 CDTI de 170 ch. La version sportive OPC devrait être reconduite (320 ch).

BMW SÉRIE 3 : RESTYLAGE DE MI-PARCOURS ET UN PETIT LIFTING POUR LA BERLINE FAMILIALE MUNICHOISE QUI CONCERNERA SURTOUT LA FACE AVANT (PROJECTEURS, CALANDRE, BOUCLIER). DE QUOI LUI DONNER UN PETIT COUP DE JEUNE POUR LUI FAIRE ABORDER LA SECONDE PARTIE DE SA CARRIÈRE AVEC LE SOURIRE. EN PRIME, ON AURA DROIT À UNE VERSION HYBRIDE RECHARGEABLE.

ALFA ROMEO Après la Giulietta, la Giulia

Alfa Romeo va passer à la phase 2 de son plan de relance en présentant au mois de juin prochain sa nouvelle berline qui remplace la 159. La prochaine grande Alfa Romeo a été repensée à plusieurs reprises mais désormais, ses objectifs sont clairs : concurrencer les premiums allemands et ce jusqu’à leurs modèles les plus sportifs. Comme la BMW M3. Elle utilisera une nouvelle plate-forme (celle de la Maserati Ghibli modifiée) et sera dotée de la propulsion. Pour cette nouvelle Giulia, Alfa Romeo promet des moteurs puissants et un style très séduisant. Si la présentation aura lieu dans le courant de l’été, pour la commercialisation, il faudra attendre sans doute fin 2016. PERSPECTIVES MED

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TRENDS FORD EDGE

BORN TO BE FREE Véhicule venu tout droit des USA, le Ford Edge affiche des mensurations de Volkswagen Touareg et dispose d’une motorisation puissante, un Diesel 2.0 de 180 ch. Transmission intégrale de série, Ford soigne l’équipement de son modèle avec une offre high-tech importante : système de réduction active des bruits générés par le roulage, système de vue avant à 180° sur un écran central (pratique en manœuvre ou à un croisement), direction adaptative (directe à basse vitesse, douce en forçant l’allure)...

BMW SÉRIE 7

LUXE ENIVRANT

SON STYLE S’INSPIRE DANS LES GRANDES LIGNES DU CONCEPT-CAR VISION FUTURE LUXURY CONCEPT

UN CROSSOVER TAGUÉ K RENAULT KADJAR

En reprenant une base de Rapide modifiée, Aston Martin va donner une héritière aux Lagonda des années soixante-dix et quatre-vingt. Sous son capot, on trouvera le V12 habituel de la marque. Produite à un petit nombre ASTON MARTIN LAGONDA d’exemplaires, cette grande berline sera réservée à une clientèle triée sur le volet.

SORTIE DES TIROIRS

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Née en 2008, la grande BMW sera remplacée par un modèle à haute teneur technologique. Son style s’inspire dans les grandes lignes du concept-car Vision Future LuxuryConcept du Salon de Pékin 2014. À l’extérieur, cette nouvelle BMW Série 7 est équipée de phares plus fins et plus dynamiques, d’une calandre proéminente et d’un pare-chocs rappelant celui de la BMW Série 6 restylée. À l’arrière, les feux teintés de rouge sont séparés par une large bande chromée. Ainsi ses concepteurs ont prévu d’employer un maximum d’aluminium, de magnésium et de fibre de carbone afin de réduire la masse de plus d’une centaine de kilos. La version la moins puissante de la Série 7 (730i) offrira 260 chevaux via un bloc quatre cylindres de 2,0l de cylindrée. Les berlines de niveau supérieur profiteront, quant à elles, de 3,0l six cylindres, de V8 et de V12 6,6l. Les versions diesel démarreront à 272 chevaux en 730d. Des motorisations plus puissantes 740d et 750d sont aussi attendues. La nouvelle BMW Série 7 devrait être présentée au public en septembre à l’occasion du salon de Francfort.

Renault poursuit son offensive dans l’univers des crossovers avec le lancement de KADJAR, son premier crossover de segment C. Avec une attaque en « K » qui évoque la robustesse, KADJAR s’inscrit de manière naturelle dans l’univers des crossovers de la marque Renault, aux côtés de Captur et de Koleos. A partir du 26 janvier 2015, Renault s’active sur les réseaux sociaux pour faire découvrir l’univers de KADJAR. Tous les jours, de nouvelles photos et vidéos originales y seront diffusées en attendant de dévoiler le visage de Renault KADJAR le 2 février 2015.

BENTLEY BENTAYGA SUV HAUT DE GAMME

S’il est commercialisé en 2016, le SUV Bentley sera présenté sans doute à Francfort. Il reprendra la base de l’Audi Q7 et devrait utiliser des motorisations puissantes (V8 et V12 seront de la partie). Bentley utilisera un maximum d’aluminium pour limiter le poids de son modèle. Si son style devrait s’inspirer du concept-car EXP 9F de 2012, il s’en démarquera suffisamment pour que son design soit mieux perçu du public.


VOLKSWAGEN PASSAT GTE

RÉGIME DIÈTE

La Passat GTE qui sera déclinée en berline et break annonce seulement 45 g/km de CO². Pour parvenir à cet exploit, elle utilise un bloc 1,4l TSI de 156 ch marié à un moteur électrique de 115 ch et 400 Nm (puissance cumulée de 218 ch). La boîte DSG à double embrayage 6 rapports permet à cette auto de limiter sa consommation à seulement (selon le constructeur) 2l/100 ! Moteur

thermique plus électrique permettent une autonomie de 1000 km. Les performances ne sont pas pour autant faiblardes puisque le 0 à 100 km/h est annoncé à moins de 8s et la vitesse maximum est de 220 km/h. Extérieurement, la Passat GTE reprend les codes des autres modèles GTE (touches de bleu sur la calandre et antibrouillards leds en forme de fer à cheval).

HONDA NSX

Super-hybride !

AUDI Q7

RÉVISION TOTALE Dévoilée en juin 2014, lors de la Google I/O, Android TV est désormais le seul et unique système de Google pour les téléviseurs. Ce nouvel OS, qui remplace Google TV, a pris place dans de nombreux téléviseurs, notamment chez Sony, et même dans quelques boîtiers et consoles de salon. C’est le cas de la Razer Forge TV. Mais là où Google a pu facilement s’imposer avec Android dans les smartphones, le combat pour les téléviseurs sera des plus disputés. Car les fabricants ne veulent pas reproduire le même schéma de dépendance vis-à-vis de la société de MountainView. Ainsi, LG a mis en avant son WebOS 2.0, tandis que Panasonic optait pour Firefox OS et que Samsung prenait ses marques avec son Tizen.

Après trois années de développement dans ses bureaux américains de Raymond, dans l’Ohio, Honda USA (Acura) a présenté officiellement sur le Salon de Detroit sa nouvelle Supercar à technologie hybride, la Honda NSX. Celle qui promet une « nouvelle expérience sportive » est en apparence similaire au concept NSX présenté en 2012, mais en apparence seulement. Cette NSX a en effet été allongée de plus de 8 cm (4.47 m) et élargie de 2.5 cm (1.94 m), afin de favoriser l’installation du V6 biturbo sous le capot. Celui-ci sera associé à un système Sport Hybrid composé de trois blocs électriques, deux sur le train avant et un sur le train arrière, lequel positionné entre le moteur et la transmission assurera l’accélération, le freinage et le passage des vitesses. L’ensemble délivrera quelque 550 ch et sera couplé à une boîte 9 vitesses à double embrayage (DCT).

DISCOVERY SPORT BEAU COMPROMIS Land Rover remplace son Freelander par un Discovery Sport plus grand et plus ambitieux, mais fidèle à l’esprit de la marque. Sur le plan du style, en tous cas, le Discovery Sport est une synthèse sobre et réussie des traits caractéristiques des différents modèles de la gamme Land Rover. L’ensemble est élégant et harmonieux, mais conserve une certaine discrétion, laissant le rôle de l’extraverti à l’Evoque. Il peut recevoir sept passagers, se montre très confortable et aussi agréable sur la route qu’en tout-terrain. Il est disponible avec un bloc essence (240 ch) et deux Diesel (150 et 190 ch).

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TRENDS CES 2015

CE QUI SE PASSE À VEGAS… A

ujourd’hui, 1,7 milliard d’ordinateurs et 2 milliards de smartphones sont utilisés dans le monde. Demain, ils seront peut-être largement supplantés par une autre catégorie : les objets connectés « intelligents », communiquant via internet et collectant diverses statistiques, qui selon des estimations de l’équipementier américain Cisco pourraient être 50 milliards d’ici 2020. L’édition 2015 du CES est le reflet de cette prolifération attendue. Robots, smart cards, drones, imprimantes 3D, smartphones, tablettes, smartwatches et enfin écran 4K : c’est ce qui était au centre de l’attention au Consumer Electronics Show de Las Vegas. Au fil des ans, le CES est devenu le plus important des rassemblements de ce style où constructeurs, journalistes et férus de nouvelles technologies se côtoient une semaine durant. Cette année, ce ne sont pas moins de 3 000 exposants qui ont répondu présents pour une édition pleine de nouveaux gadgets: Qu’ils soient wearables ou posés sur un coin de table basse dans le salon, les objets connectés représentent plus un raz de marée qu’une tendance en 2015. Les projets allant de la ceinture motorisée (l’Emiota), aux semelles intérieures de chaussures en passant par les habituels bracelets… La question désormais n’est plus de déterminer ce qui est technologiquement faisable, mais plutôt si ces objets ont un sens, car parmi les multiples nouveautés présentées chaque année, une grande partie n’est jamais adoptée par le grand public.

SMART HOME LG EN FER DE LANCE Pour LG, pas de doute : 2015 sera l’année de l’interopérabilité dans la smart home et les objets connectés. “Home Chat” développée par LG est un système qui permet de piloter ses objets connectés et outils domotiques par la voix (en parlant à son smartphone ou sa montre intelligente) ou via une application de messagerie. La smart home selon LG se veut aussi ouverte à des objets connectés d’autres constructeurs. LG promet que l’unification de la maison connectée va aller vite. Son système Home Chat sera déployé, pour certains équipements, dès cette année aux Etats-Unis. Au CES, Samsung a fait le même vœu d’ouverture que son concurrent, promettant que 90% de ses produits seront connectés et capables de communiquer avec ceux d’autres marques à l’horizon 2020…

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LA RÉVOLUTION « NANO » N’A PAS DE LIMITES IMPRESSION 3D

LA RÉVOLUTION EN MARCHE

LE PC N’EST PAS MORT… MINIATURISATION À OUTRANCE Si les tablettes ont pu laisser penser qu’elles ne laisseraient rien aux PC et que ces derniers étaient pour ainsi dire laissés pour morts, ce CES 2015 a prouvé le contraire. Les ordinateurs personnels vivent encore et ont toujoursde belles surprises en réserve. Samsung a ainsi dévoilé un ultraportable sans ventilateur et très léger qui pourrait faire craquer les fans de MacBook Air, tandis que Dell – chantre du PC s’il en est – semblait revenir dans la course avec un autre ultraportable, « le plus petit du monde ». Les mini PC étaient également à l’honneur, comme avec le Revo One d’Acer… et même le Netbook revient à la vie, chez Toshiba. Intel est intimement lié au PC et ses avancées dessinent le futur de ces plates-formes. L’Intel Compute Stick trace les contours d’un nouvel univers du PC. Son facteur de forme original le fait tenir dans un micro boîtier de 10cm de longueur sur 4 de large et moins d’un centimètre d’épaisseur. Oui, le PC du futur a un air de clé USB…

L’impression 3D n’en finit pas de prendre de l’ampleur, de se démocratiser et de s’attaquer à de nouveaux usages et domaines. Ce CES 2015 a ainsi été l’occasion de découvrir Scanify, un scanner 3D portable « accessible » à presque tous, puisqu’il n’est vendu qu’a 1490 dollars. Côté impression, Makerbot a fait forte impression, justement, en présentant de nouveaux filaments de polymères qui permettent de reproduire le fer, le bronze ou même la pierre calcaire. Des imprimantes 3D à des prix accessibles – 350 euros environ – et qui sont même capables d’imprimer des biscuits ou des pizzas. L’appétit vient en 3D…

ROBOTS HUMANOÏDE

Demain c’est aujourd’hui

Avec 26 exposants et un espace dédié à la robotique, les robots commencent à se tailler une place de choix au CES. L’édition 2015 a beaucoup mis en avant les robots de téléprésence, ou ménagers qu’on voit émerger depuis quelques mois, voir des années déjà. Mais celui qui marquera très certainement les esprits, c’est AikoChihira, présenté par Toshiba. Ce prototype humanoïde extrêmement réaliste communique grâce à la langue des signes et fonctionne sous Android.

LA TECHNOLOGIE, L’AUTRE PROLONGEMENT DE L’HOMME PERSPECTIVES MED

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TRENDS SMART TV

DRONES

LA GUERRE EST DÉCLARÉE

Le vol devient intelligent

Dévoilée en juin 2014, lors de la Google I/O, Android TV est désormais le seul et unique système de Google pour les téléviseurs. Ce nouvel OS, qui remplace Google TV, a pris place dans de nombreux téléviseurs, notamment chez Sony, et même dans quelques boîtiers et consoles de salon. C’est le cas de la Razer Forge TV. Mais là où Google a pu facilement s’imposer avec Android dans les smartphones, le combat pour les téléviseurs sera des plus disputés. Car les fabricants ne veulent pas reproduire le même schéma de dépendance vis-à-vis de la société de MountainView. Ainsi, LG a mis en avant son WebOS 2.0, tandis que Panasonic optait pour Firefox OS et que Samsung prenait ses marques avec son Tizen.

Sensation de Noël ! Omniprésents dans l’actualité high-tech en 2014, les drones n’ont pas manqué de se poser en plein cœur du CES 2015. Désormais ils ne se contentent plus de voler et de filmer, mais ils deviennent un peu plus puissants et intelligents. Capables de virevolter, ils suivent l’action de manière autonome, pour la filmer au mieux. C’est le cas du Hexo+, passé par la case Kickstarter. Zano aussi est passé par là. Ce mini drone vous suit également à la trace, fidèle comme une ombre. Drone de chien…

RÉALITÉ VIRTUELLE

AVENIR PORTEUR

ENTRE LE « SMART » ET LE VIRTUEL, QUE CHOISIR ?

L’Oculus Rift n’en finit pas d’améliorer ses capacités et de donner à penser que la réalité virtuelle arrivera bientôt à son âge d’or, celui où les usages et la technologie se retrouvent au bon moment. Le casque à réalité virtuelle racheté par Facebook embarque désormais un système de rendu du son en 3D pour renforcer l’immersion de l’utilisateur. Ce sera certainement parfait pour les jeux et les films. Mais un autre acteur a profité du CES pour entrer dans le petit monde de la réalité virtuelle, avec des ambitions colossales. C’est Razer, pourvoyeur de périphériques de gamers, qui a lancé un projet, OSVR, open source, aussi bien pour le matériel que pour le logiciel. Son objectif est de produire un écosystème ouvert et standardisé pour la réalité virtuelle

L’évolution technologique avance à une incroyable vitesse. Mais elle consacre la domination de quelques nations. Aux autres de consommer !

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AUDI À LAS VEGAS A7 SANS CONDUCTEUR

L

e salon CES de Las Vegas, salon tendance pour les constructeurs automobiles, a fait le plein de nouveautés. Cette année le thème principal est celui de la voiture autonome, secondé par les véhicules à hydrogène et/ou hyper-connectés. Ainsi après les présentations des nouveautés de BMW et de Mercedes, Audi y a aussi laissé une trace. BMW a fait fort avec la présentation au CES de deux nouveautés technologiques : la M4 Iconic Lights et la i3 dotée de la fonction « self parking ». Mercedes aussi est bien présent avec un concept de véhicule autonome, la F-105. Et la marque aux anneaux s’est déplacée à Las Vegas sans pilote. Audi a en effet fait le trajet entre la SiliconValley et Las Vegas avec la fameuse A7 autonome, l’A7 « PilotedDriving ». La distance séparant les deux points étant tout de même de 900 km (réalisés en deux jours), le fait est plutôt remarquable, même s’il s’agit principalement d’autoroutes. Le trajet n’a toutefois pas été totalement fait sans l’action de l’homme puisque l’on peut voir sur la vidéo qu’un homme est au volant pour prendre le relais dans

les zones urbaines. Le système autonome de cette A7 est en effet pour l’instant totalement opérationnel sur autoroute uniquement. La configuration du système pour la ville étant bien plus complexe, cela demande sans surprise bien plus de temps aux constructeurs.Seconde voiture autonome d’Audi, la Prologue concept a fait une entrée remarquée au CES 2015 de Las Vegas. Pilotée à partir d’une montre connectée, ce coupé donne une idée de la voiture de demain chez le constructeur allemand. A partir d’une montre connectée LG, le Dr. Ulrich Hackenberg, directeur technique de la marque, a appelé la voiture sur scène. Dotée de la technologie Audi Mobile Key, la Prologue Concept peut ainsi être démarrée à distance.La partie autonome bénéficie elle des mêmes technologies que l’A7 piloted driving qui a parcouru les 900 kilomètres qui séparent la baie de San Francisco à Las Vegas. Bardée de capteurs, de caméras et de lasers qui sont discrètement intégrés, la voiture profite également de la nouvelle plateforme zFAS avec un processeur fabriqué par Nvidia. PERSPECTIVES MED

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FICTIONS ARABES AU FÉMININ PLURIEL

LE ROMAN ARABE AU FÉMININ EROS ET PLUS SI AFFINITÉS

Le roman arabe s’écrit aussi au féminin. La scène littéraire foisonne de créatrices de grand talent qui s’inscrivent, avec brio, dans la lignée de géants de la littérature arabe de la trempe de Neguib Mahfouz, AbderrahmanMounif ou encore Sonaallah Ibrahim. Au-delà de la dimension « intimiste » de cette production, il faut dire que les romancières arabes osent s’attaquer aux maux de la société. Sans fards. Voilà qui décille nombre d’observateurs.

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ROMAN ARABE L’AUTRE NARRATION AU FÉMININ Par A.benzeroual

La littérature « féminine » remplit l’espace arabe, notamment via le roman, genre dominé naguère par « les hommes ». Une kyrielle de romancières de talent défraye la chronique littéraire non seulement par le pli « intimiste », mais en épousant les grandes questions de l’heure.

E

lles sont de plus en plus nombreuses à étonner par une inspiration des plus fécondes au point de dominer le hit parade des rééditions. De Rabat à Beyrouth, de Bagdad au Caire en passant par Damas, des romancières de talent investissent le jardin de la création qui, il n’y pas si longtemps, fut dominé essentiellement par des créateurs d’envergure internationale. On est dès lors en droit de dire que la génération des géants de la trempe de Nagib Mahfoud, Ghassan Kanafani, Haidar Haidar, Abderrahman Mounif ou de Jabra Ibrahim Jabra, Tayeb Saleh… peut tirer orgueil de la prolixité de la terre arabe. Même dans les espaces réputés être clos où l’on soupçonnait le moins l’éclosion de talents littéraires, des battantes ont réussi, non sans succès, à tordre le cou à l’image d’Epinal qui colle comme une seconde peau aux sociétés du Golfe arabique. On est dès lors tout à fait loin des sorties étouffées de « Bint Al Jazeera » dont l’élan n’a pas dépassé le palier des pionnières. De nos jours, le succès éditorial des romancières arabes se confirme à l’aune des compétitions courues par les divers créateurs. Comme c’est le cas pour le prestigieux prix Poker.

BOOKER AU FÉMININ Pour s’en convaincre, il suffit de rappeler que sur une liste de plus d’une centaine de romans, des 16 prétendants au titre, le tiers est le lot de romancières qui marquent la scène littéraire aussi bien par leur prolixité, la constance de ces jardinières est à saluer au vu de la faiblesse endémique du lectorat, que par la valeur de leurs équipées éditoriales. En somme, si la quantité y est, et elle semble se renforcer au fil des ans, la qualité des écrits y est aussi.

Jenna Fawaz Al-Hassan, candidate libanaise, concourt avec « Etage 99 » publié récemment. Du roman syrien, Lina Houyan Al Hassan et Maha Hassan, en dignes héritières du géant Hana Mina, concourent respectivement avec « Diamants et femmes » et « Les romans ». Hadiya Hussein porte l’étendard du roman irakien avec « Riam et assez » alors que l’égyptienne Mouna Alchimi a été choisie pour son dernier opus « De la taille d’un raisin ». Bien entendu, Jenna Fawaz Al-Hassan avaient déjà figuré parmi les noms des romanciers composant la « short list » de l’édition 2013 (avec son roman « Moi, elle et les autres ») alors que Maha Hassan faisait partie de la liste des candidatures retenues en 2011 (avec son roman « Grossesse clandestine »). Autant dire que dans cette grande compétition, les romancières ont aussi leur mot à dire. Quand bien même aucune présence féminine n’est à compter parmi les membres du jury. Une masculinité qui, sans doute aucun, est appelée à céder pour faire la part belle à une parité revendiquée. Tant il est vrai que l’univers de la création n’est pas si éloigné que ça des soucis politiques qui taraudent la société arabe. Car le monde arabe qui traverse une période de grands chamboulements ne saurait l’économie des voix féminines qui s’élèvent de plus en plus fort pour avoir droit au chapitre. Elles qui n’ont pas hésité à battre le pavé pour revendiquer le départ de potentats et exiger la liberté.

FICTION SINGULIÈRE Le roman féminin n’est certainement pas une « singularité » dans le monde arabe puisque ce genre littéraire avait fait des émules au cours du siècle passé. Ghadat Assaman comme

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CULTURE Nawal Essaadaoui s’y sont essayé. Entre autres auteures de cet Orient qui avait dominé la scène éditoriale arabe. Le Caire et Beyrouth ayant toujours été les places fortes de l’édition. Mais il est cependant vrai que la balance a nettement basculé au début du millénaire avec la multiplication des pépinières un peu partout dans le monde arabe. L’écloserie a même permis la poussée, fait rare, de best-sellers. L’algérienne Ahlam Moustghanmi en est la preuve vivante, elle qui a su captiver à ses débuts l’un des plus grands poètes arabes : Nizar Kabbani. Une des premières singularités à mettre en relief est que le monde arabe découvre que les pays maghrébins aussi bien que ceux du Golfe se démarquent par une pléthore d’auteurs pour le moins talentueux. Le succès d’A. Moustghanmi est symptomatique de cette évolution alors que l’espace maghrébin a été dominé, à une certaine époque, par un foisonnement d’écrivains de langue française que l’effort de la traduction a contribué à les marginaliser. Ceci est d’autant plus vrai que la scène arabe était peu accommandante à l’endroit d’écrivains jugés, à tort ou à raison, acculturés linguistiquement. Pourtant, ni la scène marocaine ni celle algérienne n’ont été pauvres en romanciers de talents de la trempe de Mohamed Berrada, Ahmed Madini, Taher Ouatar, Oussini Laaraj… Et il faudra s’attendre à ce que ce vivier se décline, dans le futur, au féminin. Si l’on fait abstraction des romans écrits en français. D’autres Moustghanmi enrichiront l’expérience maghrébine dont la balance penche encore en faveur des hommes.

JEU OUVERT

«UN PARFUM DE CANNELLE» EST UNE ŒUVRE REMARQUABLE

La production romanesque arabe qui fait le bonheur de nombre d’éditeurs arabes, comme étrangers, jouit d’une épaisseur inestimable. Non seulement en termes de succès éditoriaux, A. Moustghanmi réussit l’’exploit de 30 rééditions de ses travaux alors que Alaa El Aswany plafonne à 2 millions d’exemplaires, mais aussi par la teneur de leur création et la valeur ajoutée qu’elle charrie. Samar Yazbek, réfugiée en France, passe au crible la société syrienne bloquée. « Un parfum de cannelle » est une œuvre remarquable qui lui a ouvert grand l’univers de l’édition française. Rosa Yassin Hassan n’est pas en reste avec la sortie de son roman « Les gardiens de l’air ». Ahmed Saadaoui avec « Frankenstein à Bagdad » et Khaled Khalifa avec « Eloge de la haine » n’hésitent pas à brocarder le système baas et les violences qu’il a charriées dansson sillage aussi bien en Irak qu’en Syrie. Et c’est qui nous ramène à la dimension valeur ajoutée du roman arabe. Farouk Mardam Bey qui pilote la collection Sindbad chez Actes Sud résume en des termes clairs ce plus incontournable en soulignant que « celui qui veut comprendre aujourd’hui le monde arabe doit passer par le roman, car s’y expriment à la fois l’intime, le collectif et les strates profondes d’une société que les écrits politiques ou sociologiques ne sauraient éclairer.» Le plaidoyer est des plus encourageants pour ceux qui voudraient découvrir l’âme arabe et les questionnements qui obnubilent tant les esprits éclairés ou non. En tout cas, de nombreux romancières arabes ont tenté d’ôter le masque, comme ce fut le cas pour Raja Alem qui via « Le collier de la colombe », prix Booker, a réussi le survol des Lieux

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Saints où la délinquance le dispute à l’extrémisme religieux. R. Alem fait ainsi jeu égal avec son coreligionnaire Abdo Khal qui dénonce le lucre et luxe de l’heureuse Arabie dans « Crachant des étincelles». Il a fallu que ce saoudien soit primé du Booker pour que l’interdit qui le frappait soit levé par les autorités saoudiennes. L’intimisme dont font preuve les romanciers arabes ne relève point de l’exercice gratuit. Bien au contraire. Comme en témoigne également Adania Shilbi, romancière palestinienne qui à travers « Nous sommes tous à égale distance de l’amour » traite aussi de l’occupation israélienne. « Politique, sexe et religion », c’est bien entendu le triptyque traditionnel qui résume tous les tabous sous lesquels croule encore la « Felix Arabia ». Tout est abordé avec de moins en moins de complexe. La pire des appréhensions des écrivains arabes qui osent est de se voir censurés chez eux. Mais il faut dire qu’au-delà des chemins de l’exil que d’aucuns choisissent, l’option de liberté qui s’offre est celle de voir la circulation des productions s’opérer par la grâce du network. On comprend dès lors pourquoi les romancières arabes font dans les écrits rebelles. Hanan El Cheikh, alia Madouh, Hyam Yared, Hoda et Najwa Barakat, Saar Yezbek, Rosa Yassin Hassan, Sahar Khalifa… Voilà autant de noms qui témoignent d’une scène arabe qui bouillonne aussi par la création. Nolens volens, il y a lieu de rappeler que la révolution des romancières est en marche. Avec la richesse de la faconde en plus. Dans les rayons des librairies trônent, et en bonne

place, une génération de romancières qui bravent tous les tabous. Amal Al-Jarrah, Rajaa Alem, Zakia Al-Qorchi, Yassmina Saleh, RajaaNaama, HoudaBarakat, Radoua Achour… Voilà autant d’icônes du roman arabe de nouvelle génération qui décortiquent dans les plus infimes détails les soubresauts de l’être arabe. Désormais, les plis de l’intimisme féminin, avec ses espoirs et ses désirs, ses aspirations et ses passades volées, ses revendications et ses errements, ne représentent plus le jardin secret des seules femmes. Celles que les romanciers ont pu dépeindre sans jamais réussir à égaler les touches féminines. Tout y est dit… Bien des fois crûment, sans que les voiles tendus des traditionnels contes des « Mille et une nuits » ne soient tirés pour occulter la part du réel, avec ses pulsions fortes et ses répulsions dramatiques. Autant dire que la puissance narrative de ces auteurs contribue, dans une large mesure, à ciseler le présent arabe, sous la pression de l’immédiateté certes, mais aussi à sonder, sous le poids du passé, les grands traits d’un futur encore à venir. On n’est donc en présence ni de clichés déformateurs, ni de « recettes» éditoriales toutes faites. Voilà qui fait de l’aventure éditoriale de toutes ces romancières tout un délice. A consommer sans modération.

LE ROMAN, UNE ÉXPÉRIENCE FAITE DE PULSIONS ET DE RÉPULSIONS

« Politique, sexe et religion », c’est bien entendu le triptyque traditionnel qui résume tous les tabous sous lesquels croule encore la « Felix Arabia »

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CULTURE ET SI LE BOOKER ÉTAIT MAROCAIN

DEUX GEANTS EN LICE Par A.benzeroual

La voie est-elle toute pavée pour que des romanciers marocains finissent enfin par glaner le prestigieux prix Booker ? Rien n’est moins sûr. Même si on a affaire à deux géants de la littérature marocaine, Mohamed Berrada et Ahmed El Madini en l’occurrence. Alors, croisons les doigts et espérons que cette distinction soit du lot d’une scène littéraire locale en proie au doute et en panne de take off !

M

Même si le marché marocain reste étriqué, le lectorat se faisant rare, il est des incontournables dans la scène romanesque marocaine qui ne trompent pas : Mohamed Berrada et Ahmed El Madini en font partie. Voilà pourquoi ces deux figures de proue ont été retenues dans la liste des seize candidats pour le Prix international du roman arabe Booker 2015. Mohamed Berrada est en lice avec son roman “Loin du bruit, près du silence”, publié par la maison du Fennec, alors que Ahmed Madini sera présent grâce à son ouvrage “Le passage du saule”, édité par le Centre culturel arabe. Les deux romans ont été sélectionnés par un jury de cinq membres dont les noms seront dévoilés le 13 février à Casablanca, en même temps que la liste des finalistes. Les romans des deux écrivains marocains ont été choisis parmi 180 œuvres publiées en 2014 dans 15 pays et figurent dans la short-list du Prix international du roman arabe 2015, publiée le 12 janvier. Loin du bruit, près du silence (éditions du Fennec) de Mohamed Berrada, universitaire et critique littéraire, est un roman historique qui retrace le destin de 4 personnages à différentes époques: avant et après l’indépendance du Maroc et à l’époque contemporaine. Audacieux, l’auteur célèbre des “Vies voisines” a fait grand cas de son engagement politique, même s’il traduit, par la même occasion, la déception d’une expérience traumatisante pour toute une génération « engagée » à gauche. L’aura du romancier qui a longtemps sévi à la tête de l’Union marocaine des écrivains (UEM), au cours des années de braises, est

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quelque peu diluée par sa compagne palestinienne Layla Chahid. M. Berrada est beaucoup moins connu que son épouse, déléguée générale de Palestine à Bruxelles, après avoir longtemps occupé le même poste à Paris. Mais au-delà de cette dimension qui relève du plus du mondain que d’autre chose, nul ne saurait minorer l’apport du romancier et des critiques dans l’animation de la scène littéraire marocaine à bien des égards scélérate. M. Berrada a bel et bien joué le rôle d’animateur qui a veillé à ce que l’écloserie de la création soit aussi prolifique que singulière. Combien d’artistes et de créateurs lui doivent en partie leur célébrité. Et c’est cette dimension profondément humaniste que les deux romanciers partagent en bloc. Avec sa dimension qui confine à donner plus qu’à recevoir. Pour Ahmed El Madini, la trame de son roman « Le passage du saule » se déroule dans une médina tortueuse et pleine de vie, peuplée de recoins sont pleins secrets et d’habitants aux prises avec l’arrogance et le despotisme des autorités locales. On doit à Ahmed El Madini, écrivain prolixe qui « théorise » aussi pour le roman et en critique les soubassements, ses contributions au renouveau de l’écriture romanesque au Maroc. Pour El Madini,une dissociation entre courant classique et concept de tradition doit être opérée pour assurer une meilleure intégration à la société du savoir telle qu’on l’a vécue au 20è siècle et telle qu’on la vit, même dans le chaos, à l’orée du 3ème millénaire. Le romancier qui se double d’un critique de talent a toujours bataillé pour un mode d’écriture échafaudé par un penchant vers la critique et la remise en cause de tout ce qui est courant, typique et ordinaire. En somme, il invite à un travail d’introspection fondé sur la précision dans la narration des faits ». Son univers romanesque est souvent “assorti d’une réflexion fantaisiste dont lui seul a le secret” et qui convertit avec un art consommé la banalité des situations en étrangetés captivantes.


LE MALHOUN EN DEUIL

BOUZOUBAA SANS KHOLKHAL Haj Mohamed Bouzoubaâ, maître incontesté du Malhoun, s’en est allé à l’âge de 75 ans. Inhumé à Fès, le défunt artiste qui a été terrassé par une longue maladie, a marqué de son empreinte le riche répertoire du Malhoun. Il a légué à la radio de Fès par pas moins de 170 chansons et kassaides. Ces poésies où l’amour dans sa plus noble expression fut érigé en genre qui transcende le conservatisme ambiant. Celui qui fut également maître de musique au Conservatoire de musique de Fès a réussi le challenge de la sauvegarde d’un pan entier du patrimoine oral national. Il faut rappeler que ce grand maître qui consacra plus de 56 ans à affiner son art fut le digne héritier d’une famille d’artistes férus de cette poésie dont les clés sont aussi foisonnantes que les venelles des anciennes médinas. En effet, c’est grâce à son père que HajBouzoubaa a pu être initié à cet art populaire qui fait honneur aux soirées fassies festives. « Kholkhal Aouicha », une des plus belles compositions du défunt restera à jamais dans les mémoires. Une idylle qui

LE « LE MAROC CONTEMPORAIN » À L’IMA

CARTON PLEIN

Le succès de l’exposition « Le Maroc contemporain » a poussé ses organisateurs à la prolonger jusqu’au 1er mars prochain. Inaugurée depuis le 15 octobre à Paris, à l’Institut du Monde Arabe (IMA), l’exposition ne prendra pas fin le 25 janvier, comme prévu initialement. Jack Lang qui préside aux destinées de l’IMA en a fait le sermon en marge d’une réception organisée par le groupe BMCE Bank, qui a contribué (avec le concours d’autres sponsors et mécènes marocains) à la réalisation de cette exposition. Othman Benjelloun, président de l’institution bancaire, a rappelé que l’exposition « met en lumière les valeurs de l’Islam, celles de la paix et de la tolérance, prônées par le Maroc». Il a aussi profité de l’occasion pour rappeler « les liens économiques qui unissent le Maroc et la France, ainsi que la proximité culturelle qui existe entre les deux pays ». Des déclarations d’une brûlante actualité puisque intervenant au lendemain des attentats terroristes contre l’hebdomadaire satirique français « Charlie Hebdo » et au moment même où les relations entre Paris et Rabat traversent une période de grande turbulence. Comme quoi, même la culture peut faire œuvre utile en matière diplomatique. C’est ce que l’on admet, communément, sous le vocable très anglicisant de « soft power ». En tout cas, ni J. Lang ni O. Benjelloun ne sont nés de la dernière pluie pour passer outre les contingences de l’heure. Et leur démarche, à n’en point douter, intègre la case de la sagesse. Car il ne faut pas insulter l’avenir. Surtout que tout observateur averti sait que le Maroc a en face plusieurs France qu’il s’agira, et c’est là où réside la nuance, d’assimiler au mieux pour aplanir toutes les difficultés.

en dit long sur les mœurs de la société marocaine en proie aux tabous. En allant sur ses 70 ans, l’artiste a préféré l’éclipse avant que la faucheuse ne fasse son œuvre. Si on excepte l’amour que lui vouèrent ses aficionados et les rares soirées télévisuelles où un vibrant hommage lui a été rendu (2M lui a consacré une de ses émissions phares avec A. Echiguer et TVM sa capsule NeghmaWatay) il faut dire que les préposés à la gestion de la chose culturelle dans le pays l’ont complètement ignoré. Dommage pour l’artiste, certes, mais aussi et surtout pour un genre artistique qui appelle à bénéficier d’un intérêt plus grand pour la sauvegarde de la mémoire collective. Bien entendu, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Un hommage au défunt ne saurait que donner plus de punch aux générations que le défunt artiste a réussi à séduire. Comme il a séduit des millions de Marocains.

EDITION

LA GAUCHE EN QUESTIONS Allal Al Azhar, ex-détenu politique proche d’Abraham Serfaty, un des leaders de l’organisation marxisteléniniste AIlal Amam vient de sortir la deuxième partie de son livre consacré aux « Marxistes au Maroc » aux éditions « Azzaman» (229 Pages). Cet opus soulève des questions aussi pertinentes qu’actuelles quant à l’expérience marxiste dans le Royaume. Que reste-t-il du marxisme aujourd’hui? Quid de son avenir à l’heure où la fin des idéologies est consacrée par d’aucuns? Comment les marxistes marocains décortiquent leur expérience à la lumière de la lutte engagée dans un climat politique spécifique ? Quid des positions, contradictions et déceptions engendrées par la lutte engagée contre le pouvoir aussi bien par les organisations « IlalAmam » que du « 23 Mars»? Le capitalisme est-il sorti triomphant dans cette bataille idéologique ? L’auteur qui cultive toujours l’idéal pour lequel il a combattu avec d’autres tente d’apporter des réponses et, partant, de susciter un débat dont la scène politique a cruellement besoin par ces temps où les repères ont tendance à se perdre. A saluer… PERSPECTIVES MED

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CULTURE

A L’IMA-PARIS JUSQU’A MARS

Noureddine Tilsaghani combine photos, vidéo et textes littéraires. Un « Passage protégé » contre la bêtise humaine.

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ANGOULÊME

LE PRIX DE LA LIVERTÉ

LE POUVOIR DE L’INSOLITE

Fin janvier, Le Festival d’Angoulême célèbrera aussi « Charlie Hebdo » frappé au coeur par l’attentat terroriste du 7 janvier dernier. Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski y avaient trouvé la mort. Ce dernier avait d’ailleurs obtenu en 2005 le Grand prix du Festival qui récompense chaque année un bédéiste pour l’ensemble de sa carrière. Willem, membre historique de “Charlie Hebdo”, rescapé, avait été lauréat en 2013. Le Festival international de la bande dessinéea annonçé la création d’un “Prix de la liberté d’expression” qui sera décerné lors de l’édition 2015.

Un Diplodocus à Rome! Une exposition avec des reproductions de dinosaures grandeur nature se déroule jusqu’au 31 mai 2015 à l’université La Sapienza, à Rome. Une quarantaine de créatures – dinosaures ou animaux éteints – ont été fidèlement reconstituées

F. HAMAMA N’EST PLUS

MORT DE J. COCKER

ECLIPSE D’UNE DIVA

LE ROCK ÉTOUFFE

L’actrice égyptienne Faten Hamama, l’icône incontestée du cinéma arabe et ex-femme du célèbre acteur Omar Sharif a tiré sa révérence à l’âge de 83 ans.”La grande dame de l’écran arabe” dont la carrière fut riche avait aussi la tête sur les épaules. Elle qui considérait que l’important pour la femme arabe ne réside pas dans le port du voile plus qu’il n’est tributaire d’une tête bien faite. F Hamama n’avait pas encore 10 ans lorsqu’elle a commencé sa carrière au cinéma. C’est Mohamed Abdelwahab qui lui a mis le pied à l’étrier. A son actif, une centaine de films tournés avec de grands réalisateurs égyptiens, dont Youssef Chahine. Elle a partagé maintes fois l’affiche avec son ex-mari d’origine égyptienne Omar Sharif, notamment dans “Le Fleuve de l’amour” (1961), une adaptation de “Anna Karenine » de L. Tolstoï.

Le légendaire chanteur britannique Joe Cocker, s’est éteint aux États-Unis, à l’âge de 70 ans. Selon sa maison de disques Sony Music, il a succombé à un cancer de poumon. Artiste majeur du rock depuis la fin des années 1960, J. Cocker était originaire de Sheffield, mais s’était installé aux États-Unis depuis vingt ans. Il était notamment devenu célèbre pour sa voix rauque. En 1968, sa reprise du titre des Beatles ”With a Little Help From My Friends”, au festival de Woodstock, se classe en tête des ventes. Même s’il a sombré dans l’univers glauque de l’alcool et de la drogue, J. Cocker est resté digne, sans les frasques des rocks-stars

F. Hamama qui campait ses rôles, sans failles, fut aussi une militante qui défendait l’émancipation de la femme arabe. Et ce n’est pas du cinéma!

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ATHLÉTISME BON CHRONO ! GOUVERNANCE SPORTIVE LE LEVIER ATHLÉTISME S’il est une Fédération sportive qui s’affirme, sous toutes ses coutures, comme irréprochable, c’est bien celle de l’Athlétisme. Le secret de cette singulière performance ? Une bonne gestion marquée du sceau de la transparence. Il ne faut dès lors pas s’étonner à ce que cela déteint sur les pistes, nationale ou internationales, où les athlètes marocains réussissent à performer. Que de bons chronos !

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FÉDÉRATION ROYALE MAROCAINE D’ATHLÉTISME

LE NEC PLUS ULTRA Par Yahya Saïdi

La Fédération Royale Marocaine d’Athlétisme (FRMA) est sans conteste la mieux institutionnalisée et la mieux organisée dans le paysage sportif national. Un cas d’école en matière de bonne gouvernance qui appelle à faire des émules. En tout cas, les résultats obtenus et les chantiers ouverts sont autant de bonnes surprises. Autant dire que le processus managérial adopté rend justice à l’athlétisme national qui renait de ses cendres.

Régentée par un Comité Provisoire pendant six années (Août 2000-Décembre 2006) et prisonnière d’une mentalité par trop « makhzénienne», la FRMA est aujourd’hui entre de bonnes mains. Tel est l’avis quasi-unanime des observateurs avertis qui est partagé y compris par ceux qui n’ont lésiné sur aucun moyen pour assouvir leurs appétits personnels. Juste après son arrivée le 4 décembre 2006 à la tête de la FRMA, Abdessalam Ahizoune n’a pas attendu longtemps pour entamer le chantier des réformes qui s’apparente aux travaux d’Hercule. Cent jours après son élection, le gouvernement marocain signe avec la FRMA un contrat de mise à niveau de l’athlétisme. Un chantier auquel va s’associer la plus haute autorité du pays. Un chantier qui a nécessité sept années de labeur et qui vient d’être achevé il y a deux ans. Sans parler d’un programme additif qui est dans le pipe. A l’IAAF et ailleurs, la FRMA est l’une des fédérations nationales la mieux structurée. Les témoignages d’icônes sportives mondiales voire de personnalités notoires sont légion après avoir constaté de visu ce qui a été réalisé quant aux infrastructures modernes pour asseoir l’athlétisme national sur des bases solides. Une vingtaine de pistes, cinq centres régionaux, une académie internationale d’athlétisme à Ifrane, un centre médico-sportif de haut niveau à Rabat, cela sans parler du centre national domicilié, lui aussi, dans la capitale. Voilà autant d’édifices de qualité pour construire l’avenir de l’athlétisme marocain et faire reluire son image de marque, longtemps ternie par la rente et le dopage. Pas étonnant quand on sait qu’à la tête de la FRMA, il y a un leader qui s’appelle A. Ahizoune qui se trouve être au panthéon des huit meilleurs managers du monde. Si aujourd’hui

il rempile pour un troisième mandat, ce n’est pas parce qu’il y a l’unanimité autour de lui, mais parce que l’athlétisme a besoin de lui, tout bonnement. ‘’Rien ne va de soi, rien n’est donné, tout est construit’’, écrivait Gaston Bachelard. C’est en fait la sacrée logique de développement autour de laquelle gravite la gouvernance de la FRMA et dont le noyau est focalisé sur les clubs, qui est la clef de voûte susceptible de favoriser l’émergence d’athlètes d’excellence. Un avantgoût a été ressenti lors de la 19 ème édition des Championnats d’Afrique d’Athlétisme, organisée à Marrakech : l’écrasante majorité des médailles marocaines ont été d’une part glanées par une nouvelle génération d’athlètes dont la moyenne d’âge est de 23 ans (La médaille d’or du saut hauteur féminin -18 ans-) et d’autre part une moisson importante de médailles a été enregistrée dans les concours (Sauts et lancers). Même sur le 10.000 m, la médaille d’argent remportée par Mustapha El Aziz, vaut de l’or car la dernière médaille d’or du Maroc sur cette distance, remonte à… 1990 ! Et pour ceux qui pérorent sur la soi-disant épopée des courses du fond, il y a lieu de rappeler que le Maroc a été absent du podium africain depuis pratiquement un quart de siècle ! Reconnue d’utilité publique après avoir eu l’habilitation et des statuts validés et publiés au Bulletin Officiel par des arrêtés ministériels à l’instar de la Fédération Royale Marocaine de Golf, la gouvernance de la FRMA est un cas d’école. L’excellence est là pour tracer, d’une manière aussi propre que transparente, la voie à la réalisation d’exploits techniques à l’échelle mondiale et olympique. C’est ce qu’on appelle : joindre l’utile à l’agréable.

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SPORT FOOTBALL

LA « CLIQUE » PROFESSIONNELLE ! Par Yahya Saïdi

L’année 2015 semble partir du bon pied. En plus de la clémence des cieux qui augurent d’une bonne année agricole, cet exercice semble en rupture avec le précèdent sous l’effet d’une conjoncture favorable et empreinte d’un retour de confiance en l’économie du pays. Verra-t-on le Maroc des années fastes ou la croissance du PIB frôlait les 7 % seuil de l’émergence d’une économie ? Loin de là…

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Alors que la FRMF fonctionne encore avec des dispositions statutaires transitoires, y compris la composition de son comité directeur, présidée par Fawzi Lekjaâ, la ligue professionnelle de football est dans le pipe. On prévoit sa constitution pour le mois de mars prochain. Une ligue dont la composition de l’organe directeur pose problème à plus d’un titre ! D’abord, tous les clubs de la BOTOLA « Pro» de Première division et de Deuxième division n’ont pas de statut professionnel.

LE FISC N’A JAMAIS TOUCHÉ LE MONDE ROND DU FOOT

Certes, l’article 15 de la loi 30-09 fait référence aux associations qui sont profession-

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nelles dès qu’elles sont contractuelles avec au moins 50% de licenciés sportifs. Mais ces contrats avec joueurs et entraineurs ne sont pas conformes au CGI (Code Général des Impôts). Autrement dit, aucun joueur et aucun coach technique ou administratif ne verse au fisc le moindre centime tout comme les cotisations sociales. Pourtant, la loi des Finances 2012 parle des sociétés sportives sur fond d’incitations fiscales où l’on trouve un abattement quant à l’IGR (30% au lieu de 42%) et de l’IS (17% au lieu de 30%). Or la loi 30-09, relative à l’Education Physique et aux Sports exige la mise en place d’une SA (Société Anonyme), une forme juridique qu’on ne devrait pas spécifier dans la loi dès lors que ce processus relève de ce qui est réglementaire. En plus, il fallait laisser le libre arbitre aux clubs de choisir la forme juridique de la société sans oublier de légiférer les spécificités de la structure sociétaire sportive dans la loi qui régit les sociétés et non dans la loi sur le sport.


Dans le même registre, le projet des statuts de la Ligue Professionnelle de Football que la FRMF envisage de mettre en place, est émaillée de couacs, notamment l’article 39 de la loi 30-09. Cet article parle d’un côté de l’élection des deux tiers du comité directeur de la ligue professionnelle sans stipuler explicitement que ces deux tiers doivent être des membres éligibles mais n’appartenant à aucun club, et de l’autre côté d’un « tiers désigné par le président de la fédération délégante parmi les membres de l’assemblée générale ». Cet article est d’autant plus en contradiction avec l’article 38 de la même loi puisqu’il stipule que les ligues professionnelles sont composées d’associations sportives et de sociétés sportives. On aura du mal à voir des dirigeants qui se trouvent au confluent de deux instances : Fédération et ligue professionnelle. Le hic est au niveau même des statuts des deux organismes où l’amalgame est des plus déroutants. Quant aux organismes fédéraux d’arbitrage, de discipline, des représentants d’anciens joueurs internationaux, des joueurs pratiquants, des entraineurs et bien d’autres, on ne sait de quelle instance elles feront partie : De la FRMF ou de la Ligue ? Face à ce tohu-bohu normatif, la FRMF est une instancequi n’arrive toujours pas à se départir de la « zone de non-droit » dans laquelle elle se trouve confinée. Une fédération qui n’a ni habilitation ni reconnaissance d’utilité publique à l’instar de l’écrasante majorité de fédérations sportives. A moins qu’il s’agisse des fédés du Golf et de l’athlétisme qui restent, dans

le paysage sportif, assez singulières. Quant à prétendre que la Ligue Nationale de Football Amateur est du ressort du pouvoir législatif pour la valider, voilà un bobard qui en dit long sur les prétentions de ceux qui badinent avec la législation. Car le parlement a d’autres chats à fouetter et ne peut en aucune manière délibérer sur les statuts ou réglements d’une association de droit privé. Son rôle est de légiférer et délibérer sur ce qui relève de l’ordonnancement juridique de l’Etat et donc du droit public. Ici, on consulte la FIFA et là, le ministère de la Jeunesse et des Sports. Aujourd’hui, le parlement et demain le SGG. Advienne que pourra !

LA NOUVELLE REGLEMENTATION SPORTIVE CONSACRE LA CONFUSION DES GENRES

FRMF VS CAF ADDITION SALÉE Se retranchant derrière le danger imminent de l’épidémie d’Ebola, le Maroc a subi le retrait par la CAF de l’organisation de la 30 ème édition de la CAN qui a élu domicile in extremis en Guinée Equatoriale. Nous l’avons dit et redit qu’il n’y aura pas de sanctions sportives mais bien évidemment des sanctions pécuniaires qui seront infligées à la FRMF à l’issue de la CAN, fin février prochain. Aujourd’hui, Fawzi Lakjaâ qui préfère se confier à une presse qui esquive les vraies questions à capitulé en confirmant les sanctions pécuniaires qui coûteront les yeux de “l’athlète” aux contribuables. Des milliards de centimes ont été investis pour accueillir cet événement africain de football sans qu’il n’ait eu lieu. Et ce que sous-entend notre Lakjaâ c’est que la FRMF n’interjettera pas appel auprès du TAS (Tribunal d’Arbitrage Sportif)… Quand bien même l’addition serait des plus salées !

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ENTRETIEN AVEC NOUR AMRI, DTN DE LA FRMBB

LA DTN MODE D’EMPLOI Propos recueillis par : B.Ch

L’année 2015 semble partir du bon pied. En plus de la clémence des cieux qui augurent d’une bonne année agricole, cet exercice semble en rupture avec le précèdent sous l’effet d’une conjoncture favorable et empreinte d’un retour de confiance en l’économie du pays. Verra-t-on le Maroc des années fastes ou la croissance du PIB frôlait les 7 % seuil de l’émergence d’une économie ? Loin de là…

PERSPECTIVES MED : QUE POUVEZ-VOUS NOUS DIRE DE L’ORGANIGRAMME ET DE LA STRUCTURATION DE LA DTN ? Nour Amri : Afin de mettre en œuvre son plan d’action stratégique, la Direction Technique Nationales’est d’abord dotée d’une structure organisationnelle. Depuis plusieurs années, il était de coutume à la FRMBB d’avoir, de façon discontinue, un DTN, unique technicien qui travaille au sein de la fédération. Ce dernier se voyait confier des missions aussi diverses qu’importantes, telles que la formation des cadres, la gestion et préparation des Equipes Nationales, la formation des jeunes joueurs, etc. Face à la multiplicité des tâches, il était difficile voire impossible qu’il réussisse sa mission. Voilà pourquoi nous avons mis en place une structure de travail différente, avec un organigramme qui comporte quatre pôles : pôle Equipes Nationales, pôle Formation des entraîneurs, pôle Développement et pôle des Opérations. Dorénavant, 4 techniciens, à temps complet, sont à la charge de ces pôles au sein de la Direction Technique Nationale. Ils collaborent étroitement avec les 20 Conseillers Techniques Fédéraux nommés au sein des Ligues, portant ainsi à 24 le nombre de techniciens travaillant au sein de la FRMBB. Nous pensons que c’est le minimum qu’il faut pour mener à bien notre mission et réussir les objectifs que la FRMBB s’est fixée.

LE FISC N’A JAMAIS TOUCHÉ LE MONDE ROND DU FOOT

QU’EN EST-IL DE L’INSTITUTIONNALISATION DU TECHNIQUE ?

Face au vide juridique et à l’absence de plusieurs textes régissant le volet technique de la FRMBB, nous avons commencé par mettre en place les règlements nécessaires pour donner un caractère juridique à nos différentes futures actions : règlement particulier des Equipes Nationales, statut de l’entraîneur, règlement des compétitions des jeunes catégories, statut de l’agent de joueur, révision et mise à jour des règlements généraux, etc.

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ET QUE DIRE DE LA FORMATION DES ENTRAINEURS ? Pour répondre au manque de cadres, la FRMBB place la formation des entraîneurs comme une priorité absolue. Aussi, la Direction Technique Nationale s’est affairée à mettre en place les structures de l’Ecole Nationale des Entraîneurs. Depuis avril dernier, cette dernière a formé à ce jour 256 entraîneurs tous grades confondus.

VOUS RAISONNEZ EN TERME D’ÉQUIPES NATIONALES ET NON PLUS DE L’EQUIPE NATIONALE, POURQUOI ? Avec les nouvelles orientations de la FRMBB, et sa volonté d’augmenter notre participation à l’international, le pôle des Equipes Nationales prépare activement les éliminatoires du championnat d’Afrique de la Zone 1 de l’Equipe Nationale seniors masculine et celle des U16 masculins et féminins. La grande nouveauté c’est le retour des Equipes Nationales féminines après plus de 10 ans d’absence de la scène internationale. Grâce aux nouvelles approches scientifiques de détection des joueurs (au Maroc et à l’étranger) et à l’ambitieux programme de préparation à moyen et à long terme que la Direction Technique Nationale a mis en place, j’ai la ferme conviction que nos Equipes Nationales vont jouer les premiers rôles au niveau africain dans le futur proche.

VOUS AVEZ ÉVOQUÉ LE «PÔLE DÉVELOPPEMENT ». DE QUOI S’AGIT-IL ? Le pôle Développement est sans doute, à mes yeux, le département le plus important de la Direction Technique Nationale. Sa particularité est de travailler directement sur le terrain avec les clubs et les ligues régionales. Son champ d’action est très large et passe par la création d’écoles de basket, l’augmentation et la supervision des compétitions des jeunes, la recherche sur l’amélioration des championnats nationaux, à la mise en place de nouveaux projets tels que le championnat national de Basket 3x3 et l’opération « Le Maroc en Grand » (détection et travail avec les joueurs de grandes tailles).


JEUNESSE & SPORT

UN MINISTERE OBSOLETE Par Yahya Saïdi

Le ministère de la Jeunesse et des Sports subsiste et survit à ses contradictions. Retour sur une structure gouvernementale obsolète.

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aisant partie du casting gouvernemental marocain sous plusieurs appellations depuis l’installation du premier gouvernement le 7 décembre 1955, le ministère de la Jeunesse et des Sports s’est vermoulu avec le temps. Voilà donc un département qu’il faut repenser de fond en comble. En commençant par la partition de la jeunesse et du sport: la jeunesse est une tranche d’âge tandis que le sport est une activité sectorielle. Soixante années après, l’anachronisme de ce ministère continue à servir la soupe aux politicards sans stratégie claire pour développer le sport sur des bases modernes.

DU MOUVEMENT SPORTIF Les dysfonctionnements qui minent le ministère de la Jeunesse et des Sports ne datent pas d’aujourd’hui ou de ce scandale des raclettes du Mondialito des clubs de football. En fait, ça n’a été que la partie invisible de l’iceberg mais aussi l’occasion de réfléchir sur une Grande Réforme d’un ministère qui pourrait avoir droit de cité mais pas de la manière dont il existe depuis plus d’un demi - siècle. Changer de ministre c’est vouloir changer le changement afin que tout change pour que rien ne change. Le mouvement sportif ne peut être l’apanage ni du Mouvement Populaire ni d’aucun parti politique. Qui des partis politiques marocains depuis l’indépendance jusqu’à aujourd’hui a une vision transversale et/ou un plan de développement du sport sur la base d’une étude bien ficelée? Question rhétorique. C’est d’autant plus le même constat pour le gouvernement et l’Etat qui galèrent. Le mouvement sportif (CNOM, Fédé-

ration, Ligues et Clubs) a besoin d’un organisme régulateur pour l’accompagner, l’impulser et le promouvoir. Un organisme régulateur fort de par ses moyens humains hautement qualifiés, financiers consistants investis dans une logique de développement et non dans l’événementiel démentiel : Le cas du football entre autres où la FRMF est un État dans l’Etat.

DES POLITIQUES PUBLIQUES La Lettre Royale sur le Sport et les recommandations qui ont découlé du grenelle de Skhirate en octobre 2008 n’ont rien laissé au hasard. L’objectif majeur ne consiste pas à réorganiser le sport sur tous les plans mais à l’ancrer dans les politiques publiques locales, régionales et nationales. Mais l’Exécutif ne les a pas traduites en plan d’actions et ne s’est jamais fait la peine d’évaluer et de délibérer sur le sport en Conseil du Gouvernement en vertu de l’article 92 de la constitution. Substitut de la faillite des politiques, le sport fait social global, est souvent sous le couperet des mesurettes, des tâtonnements et du replâtrage pur et simple. Le ministère de la Jeunesse et des Sports n’est plus une administration de mission mais de démission. Son décret organisationnel, amendé en juin 2013, est incohérent. Taillé sur mesure par le ministre relevé de ses fonctions, ce décret sert plus les desseins et les appétits politiciens que d’en faire un organisme qui sert l’intérêt général de la Jeunesse et du Sport.

LA NOUVELLE REGLEMENTATION SPORTIVE CONSACRE LA CONFUSION DES GENRES

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CHRONIQUE JUSTE POUR RIRE

HARO SUR LES KANGOUROUS ! Par Ouled Riab

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omment peut-on lutter contre la corruption ? La question demeure vaste… Toutefois, pour lutter contre la petite corruption, celle qui fait le quotidien de tout marocain qui se respecte, il faut dire que le génie national ne pointe pas au chômage. Bien au contraire. Déjà, après avoir sondé le chemin, très pratique, de la dématérialisation des documents administratifs, là où l’effet guichet contribue à l’engorgement des circuits (la file est toujours faite pour les autres !), il faut dire que ces diables de marocains ont cru voir juste en affublant les fonctionnaires, en contact direct avec les administrés, d’uniformes sans poches. Reste à savoir si cette logique du nettoyage par le vide, mise en pratique à l’air libre au niveau de Tanger Med, c’était à l’occasion de la traditionnelle opération transit 2014, a eu les effets escomptés. En l’absence de toute étude de cas, il est difficile de pouvoir trancher. Même si du premier coup, on serait tenté de dire que lorsqu’il n’y a pas de place pour le petit bakchich, cette caoua bien liquide qui circule de main en main pour finir dans la poche, la tentation de corruption tombe d’elle-même.

A la place du gouvernement, et il fait sienne la lutte contre la corruption, mézigue aurait commandité fissa l’étude d’impact pour tirer les conclusions nécessaires. Histoire de voir comment on pourrait inaugurer, sans coup férir, une saison vestimentaire louablement anticorruption. Et passer commande auprès des « textiliens » qui chôment pour habiller le personnel de toutes les administrations publiques et

IL FAUT SALUER BIEN BAS LE COURAGE DE TOUS LES SNIPERS QUI OSENT BROCARDER LES RIPOUX QUI OFFICIENT EN PLEIN JOUR

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semi-publiques d’uniformes neutres. Sans poches, on imagine mal un quelconque agent public se contorsionner pour permettre à un soupçon de billet bleu de pendre le long de sa ceinture. Quand bien même nos semblables sont portés sur les prouesses de toutes les Zahwaniate du coin dont la frénésie d’ondulation du bassin serait fonction de la traditionnelle « Ghrama ». Car tout contrevenant serait la risée du grand public qui aspire à ce que la machine administrative soit huilée « halal » au lieu de voir sa réactivité tributaire de la mise de départ que d’aucuns légitiment comme complément de salaire. Mézigue aurait préféré que le chef de gouvernement parle de cette nouvelle ligne de mode qui fait grand cas de la transparence. Plus, les Marocains auraient même pu lui être gré d’intégrer dans ses connaissances zoologiques l’espèce qu’il n’a jamais osé mettre à l’index : les kangourous. Pourtant, c’est bien la lutte contre les kangourous qui a été lancée à Tanger Med. Même si le chef de l’Exécutif a une prédilection pour les crocodiles et autres sauriens… Car seul le mammifère australien dispose d’une insondable poche… Alors, osera-t-on allez plus loin dans la lutte contre la corruption ? D’ores et déjà, il faudra y aller par paliers. Bref, le processus doit se faire par élimination. On attaque d’abord le visible, cette corruption au quotidien, avant d’affronter, au pas de charge, l’invisible. Et sur ce chantier-là, il faut dire que la bataille sera des plus durailles à gagner au vu des grandes poches en lice. Alors, la lutte contre la corruption est-elle « In the pocket », comme disent les Anglais ? Rien n’est moins sûr, comme le laisse entendre le grand soldat de l’instance ad hoc, Aboudrar. Une affaire de temps, mais surtout de culture ambiante. Pourtant, rien ne vaut les opérations « mains propres » à multiplier pour extirper un mal qui ronge le développement du pays. A moins que…


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