Perspectives Med N°. 100 - Avril 2015

Page 1

DIRECTEUR DE PUBLICATION : ALLAL EL MALEH │ÉDITIONS POPMEDIA │ PUBLICATIONS DES RÉFÉRENCE │PRIX PUBLIC : 20 DH │N°100

ÉDUCATION

ZÉRO POINTÉ L. Daoudi n’est pas un ministre des réformes. L’université en pâtit C’est l’islamisation rampante qui s’opère dans les universités depuis que le ministre PJD est à la tête du ministère de l’Enseignement supérieur. On est loin de l’autonomie souhaitée. Avril 2015

PERSPECTIVES MED

1


2

PERSPECTIVES MED


ÉDITORIAL

LE PROGRÈS TRINQUE !

R

ALLAL EL MALEH

éveillez-vous ! Le Royaume du progrès et de la modernité est en danger. Si des cellules nihilistes qui font du djihadisme leur raison de vivre (et de mourir) restent actives dans le pays, ce qui nécessite le maintien d’une veille constante pour éviter le pire, des milieux obscurantistes s’activent, et en plein jour, pour enfermer la société, et à double tour, dans l’arriération. Dans quelques cercles qui cultivent la bien-pensance, il n’est pas étonnant de voir des sentences tomber aussi bas en cultivant des thèses selon lesquelles la société marocaine serait foncièrement conservatrice et éminemment prompte à réagir à tout discours salafiste. On y théorise, avec un brin de néo-conservatisme qui ne dit pas son nom, la fin de l’Histoire dans le Royaume. On y pérore sur l’impossibilité de voir l’équation sociale évoluer au-delà de ce que l’ersatz d’une composition cultuelle permet. Ces veilleurs de l’apocalypse ne croient pas si bien faire en alimentant, du haut de leur tour d’ivoire, les torrents de l’enfermement identitaire et du rejet de l’autre. Autant dire que cette « mal-pensance », aussi bardée de diplômes reconnus soit-elle, s’inscrit diamétralement en faux vis-àvis de la marche de l’Histoire telle que voulue par le peuple marocain dans son ensemble. Un peuple qui ne saurait être dupé, indéfiniment, par la forte propension de quelques représentants de l’Exécutif à vouloir réduire tout le malheur national brut à la seule dimension, contestable s’il en est, des mœurs. Car il ne suffit pas de monter en épingle de fausses priorités qui relèvent plus de la casuistique que d’autre chose pour priver l’opinion de ce à quoi elle aspire vraiment : lutter contre l’oppression et contre la prévarication. Un message qui n’aura pas échappé aux radars d’un pouvoir réactif qui a mesuré l’onde de choc pour réagir en conséquence en procédant à une réforme constitutionnelle que l’actuelle équipe aux affaires peine à traduire les bienfaits, dans la lettre, mais surtout dans l’esprit, sur le terrain politico-institutionnel. Pour ceux qui ont la mémoire aussi courte que leur vue, faut-il leur rappeler l’épisode des « cahiers des charges » qui avait défrayé la chronique depuis que le gouvernement que pilote un « islamiste modéré » avait tenté de faire main basse sur l’audio-visuel public ? Heureusement qu’à cette occasion, la vigilance était au rendez-vous pour endiguer un tel élan qui aurait pu transformer le paysage audiovisuel en une rampe de lancement de l’obscurantisme tous azimuts. Et c’est ce qui se passe aujourd’hui encore avec le projet de code pénal soumis au débat. Le promoteur de ce projet qui n’est autre que le ministre de la Justice et des libertés publiques sait que sa copie répond aux attentes exprimées par les faucons de sa formation qui n’ont eu cesse de vouloir « ré-islamiser » la société. M. Ramid qui mesure la déstabilisation que toute fugue cause pour une cellule familiale ne saurait passer outre les récriminations exprimées, fougueusement, par la société civile quant aux dérives que comportent plusieurs des dispositions dudit code, éminemment liberticide. Va-t-il forcer le passage et violer les règles de la démocratie participative en passant outre les observations bien senties de toutes les familles politiques qui rejettent sa copie présentée en l’état ? Les associations féministes ont raison de monter au créneau pour défendre les véritables agressions que le corps de la société ne saurait taire indéfiniment. Il faut dès lors rendre justice à une des principales composantes du tissu social: la femme en l’occurrence! Pour ceux qui connaissent encore mal le Maroc, il faut leur rappeler crûment que la société est loin de subir un quelconque « vague à l’âme ». Le Royaume n’a pas besoin, non plus, de « sondages » traficotées sur une quelconque prégnance du religieux qui pousse la société à en redemander. Le Maroc est bien dans sa peau, comme l’exprime sa culture populaire ambiante qui rejette et l’extrémisme et l’enfermement. Et si besoin il y a dans le pays, il s’exprime d’une manière volontaire et claire par les masses envieuses du statut d’acteurs dans la globalisation que des pays ont réussi à négocier en un laps de temps record. Les meilleures leçons à assimiler se situent en Asie, là où un Ibnou Batouta a été porté par une curiosité atavique que des obscurantistes voudraient gommer. Le peuple a-t-il tort de revendiquer pour son pays un statut meilleur et autrement plus valorisant que celui dans lequel il est vautré actuellement en reportant au fil des échecs ses élans pour l’émergence ?

PERSPECTIVES MED

3


POINTS CHAUDS

LA RÉFORME DAOUDI RECALÉE

ECHEC ET MAT !

P25

SOMMAIRE 24

CHRONIQUE

Bonjour les dégats L’ère du muet

32

MACHREK

26

POINTS CHAUDS

Enseignement supérieur

L’oraison funèbre…

34

MÉDITERRANÉE

MACHREK

Tempête sur le Yémen Ambiguïtés saoudiennes

Le monde arabe secoué Riyad contre l’émiettement

40

CHRONIQUE

ENTRETIEN

L’enfermement communautaire Attention, danger!

50

ÉCONOMIE

Meriem Bensalah brigue un 2ème mandat à la CGEM Seule, en course ! 4

PERSPECTIVES MED

29

POINTS CHAUDS

Autonomie des Universités Elan brisé…

43

38

La France face au djihadisme Tour de vis répressif ?

44

MAGHREB

Vécu ici La Sncf déraille !

L’Algérie piétine Le système mis à nu

52

ÉCONOMIE

ÉCONOMIE

54

La cour des comptes frappe fort ! Croissance bloquée, selon la BAD La somme de toutes les défaillances Disqualification humaine


ÉCONOMIE CULTURE

64

RÉSULTATS

Résultats des sociétés En dents de scie

78

TRENDS

Smeia enrichit son offre SUV Du Discovery Sport au X6

86

CULTURE

49 63 82 90

74

RÉSULTATS

SNI Résultats en berne

80

TRENDS

Essai Nissan Juke Bon compromise

92

SPORT

RÉSULTATS SPORT

77

TRENDS

Porsche Casablanca Adresse exclusive

81

TRENDS

Deux lancements chez Univers Motors Le CR-V côtoie la Civic

93

SPORT

Tunis honore Adonis et Saadawi Le souffle de la liberté…

Litige FRMF-CAF Les fourberies de Michel Boyon

Violence dans les enceintes sportives Les prescriptions d’un grenelle

94

96

CHRONIQUE

SPORT

SPORT

Subventions publiques aux fédérations sportives Formule 1 La complaisance du MJS Mercedes domine toujours…

98

Juste pour rire Amours exécutives

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION & DE LA RÉDACTION: ALLAL EL MALEH | RÉDACTION: ABDERRAHMANE EL MALEH - A. BEN DRISS - ABOUMARWA - SAID AKECHEMIR - LAMIA MAHFOUD - OULED RIAB - MOHAMMED TALEB - MUSTAPHA EL MALEH - YAHYA SAÏDI | ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : ABDERRAHMANE MEKKAOUI| RESPONSABLE ADMINISTRATIF & FINANCIER : FATIMA EL MALEH | CRÉATION: ISSRAE TAYBI/PM DÉVELOPPEMENT | PORTRAITISTE: HELMA LALLA | PHOTOS: PM EDITIONS | RÉGIE PUBLICITAIRE: 2S PUB | MENSUEL ÉDITÉ PAR POP MÉDIA SARL: 8, BD. YACOUB EL MANSOUR MAARIF – CASA | TÉL.: 05 22 25 76 17/ 05 22 25 76 54/05 22 25 77 84/ FAX: 05 22 25 77 38/ E MAIL : INFO@PERSPECTIVESMED.MA/ WWW.PERSPECTIVESMED.MA/ IMPRESSION: IDÉALE | DISTRIBUTION : SOCHEPRESS | N° DÉPÔT LÉGAL: 2005/0101 | ISSN : 1114-8772 | CE NUMÉRO A ÉTÉ TIRÉ À 15.000 EXEMPLAIRES

PERSPECTIVES MED

5


6

PERSPECTIVES MED


PERSPECTIVES MED

7


VU LU

ENTENDU SAHARA/RAPPORT DE BAN KI-MOON

BLOCAGE CONSTANT Dans le rapport réalisé en prévision du renouvellement annuel du mandat de la Minurso (Mission de l’ONU au Sahara), Ban Ki-moon invite le Maroc et le Front Polisario à «dialoguer sérieusement» avec son émissaire personnel Christopher Ross. «Je réitère mon appel aux parties (..) à redoubler d’efforts pour négocier une solution politique mutuellement acceptable, qui permette une auto-détermination pour la population du Sahara occidental», écrit Ban Ki-moon dans ce rapport. Cependant, il rappelle le «manque de progrès» des discussions. «Il est trop tôt, ajoute M. Ban, pour dire si la nouvelle approche choisie» par M. Ross –qui combine contacts bilatéraux et navettes diplomatiques mais sans négociations directes– «portera ses fruits». «40 ans après le début de ce conflit (…) rien ne justifie de maintenir le statu quo», affirmet-il. M. Ban souligne que «la frustration croissante parmi les Sahraouis et l’expansion des réseaux criminels et extrémistes dans la région Sahel-Sahara présentent des risques accrus pour la stabilité et la sécurité de la région». Un règlement au Sahara «diminuerait ces risques». Au Maroc, on se félicite de l’absence dans le rapport de toute référence à l’élargissement de la mission de l’ONU aux droits humains.

MAROC-NIGÉRIA

TOUT RENTRE DANS L’ORDRE

LE CHEF DE LA MISSION DIPLOMATIQUE MAROCAINE À ABUJA, CAPITALE ADMINISTRATIVE DU NIGÉRIA, A REGAGNÉ SON POSTE. MUSTAPHA CHERKAOUI AVAIT ÉTÉ RAPPELÉ EN CONSULTATION APRÈS LA POLÉMIQUE NÉE ENTRE LES DEUX PAYS LORSQUE L’ANCIEN PRÉSIDENT GOODLUCK JONATHAN QUI AVAIT TENTÉ D’INSTRUMENTALISER LE ROI MOHAMMED VI DANS SA CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE, POUR S’ATTIRER LA SYMPATHIE DES ÉLECTEURS MUSULMANS. L’EX-PRÉSIDENT AVAIT EFFRONTÉMENT MENTI CE QUI A POUSSÉ LE ROI À DÉMENTIR LES PROPOS D’UN CHEF D’ETAT EN INSTANCE DE DÉPART.. NUL BESOIN DE RAPPELER QUE LA SANCTION EST TOMBÉE DES URNES, LES ÉLECTEURS N’ONT PAS VOTÉ POUR LE SORTANT, MAIS POUR LE NOUVEAU PRÉSIDENT MUHAMMADU BUHARI AVEC LEQUEL RABAT ENTRETIENT DE MEILLEURES RELATIONS. RESTE À SAVOIR SI ABUJA CHANGERA DE POLITIQUE À L’ENDROIT DU MAROC.

8

PERSPECTIVES MED

MAROC-ESPAGNE

FRITURES SUR LA LIGNE Plusieurs incidents ont ébranlé la sérénité des relations entre Rabat et Madrid. À chaque fois, les diplomaties des deux pays ont veillé à circonscrire les foyers de tension. Dernier événement en date, l’étrange décision d’un juge espagnol de poursuivre des responsables marocains pour… génocide au Sahara. Une affaire que l’Espagne entend étouffer. Mais avant cela, la rencontre de Crans Montana à Dakhla, à laquelle l’ancien Premier ministre espagnol José Luis Rodriguez Zapatero avait pris part, a été contestée par le ministre des Affaires étrangères. Puis ensuite, le Bureau central des investigations judiciaires a démantelé une aussi importante qu’inquiétante cellule de Daech, indiquant que les armes de poing saisies étaient entrées au Maroc par Melilla… Et puis le drame des trois spéléologues, dont deux sont morts dans le Grand Sud marocain, et le battage médiatique qui a accompagné ce drame affirmant que le Maroc avait refusé l’assistance de l’Espagne dans les opérations de sauvetage. En tout cas, S. Mezouar était à l’aise à Madrid en affirmant que les relations entre les deux voisins sont à leur meilleur niveau et le resteront.


PERSPECTIVES MED

9


VU LU

ENTENDU SOUMYA BENKHALDOUN

AMOURS VACHES !

« Il y a de ces amours, tueuses ! » Soumaya qui n’ignore pas le couplet en sait certainement quelque chose depuis que les médias se sont acharnés à la croquer et à la cornaquer vers ce qu’ils attendaient : que la ministre quitte sa réserve et sorte de son silence ! Elle l’a fait, avec dignité, certes, mais en assumant aussi sa part de féminité, faisant le deuil d’un mariage qui battait de l’aile depuis des années déjà. Parole de la ministre. « L’amour ne relève pas de l’interdit », a-t-elle lancé pour faire taire ses détracteurs. Bravo donc pour cette scientifique qui a l’heur (ou le malheur, c’est selon) de travailler en binôme avec L. Daoudi. La pauvre qui a été « exilée » dans une succursale, loin du siège du département de l’Enseignement supérieur, est déchargée de tous les dossiers. Ou presque. Heureusement pour elle que le chef du gouvernement n’a pas cherché à la fuir, comme un islamiste bon teint fuirait « une côte tordue » dirait-on, A. Benkirane ayant choisi de lui exprimer sa pleine solidarité dans ce qu’elle traverse. On imagine mal comment le gouvernement ne puisse pas se solidariser avec l’une de ses ministres qui, somme toute, a le droit, tout le droit, d’aimer qui elle veut. Mais on est là face à dilemme. Que feront les policiers en charge d’assurer la protection physique de Madame la ministre ? Doivent-ils consigner toutes les rencontres qu’elle aura avec les hommes ? Oseront-ils pousser la surveillance un tantinet plus loin ? Honni soit qui mal y pense ! Mais gageons que les voies du Seigneur restent impénétrables… Car dans bien des cas, les amours deviennent vaches dans notre contrée. Et le projet de code pénal est bien loin d’arranger les choses dans tous les cas de rapports extraconjugaux. De quoi sera faite la réaction de M. Ramid qui, pour conjurer le mauvais sort, s’est payé le luxe de tout polygame qui s’assume ?

VIGILANCE PAYANTE ATTENTATS DÉJOUÉS

Le Bureau Central des Investigations Judiciaires (BCIJ) a déjoué un plan terroriste visant à porter atteinte à la sécurité et la stabilité du Maroc suite au démantèlement à Salwane, dans la région de Nador, d’une cellule terroriste de six membres adeptes de la pensée jihadiste. Les membres de la cellule planifiaient des opérations terroristes « ciblées », dont l’assassinat de personnes aux convictions contraires à celles de l’EI. Les membres de cette cellule se préparaient dans le secret et s’exerçaient dans l’une des forêts limitrophes de Salwane, afin d’être prêts à toute éventuelle confrontation avec les forces de sécurité.

LE BUREAU CENTRAL D’INVESTIGATIONS JUDICIAIRES (BCIJ) A DÉFÉRÉ DEVANT LE PROCUREUR GÉNÉRAL DU ROI PRÈS LA COUR D’APPEL DE RABAT, SEPT MEMBRES D’UNE CELLULE ACTIVE DANS LE RECRUTEMENT ET L’ENVOI DE VOLONTAIRES MAROCAINS DAECH EN FAVEUR DE « L’ETAT ISLAAU MAROC MIQUE » EN SYRIE ET EN IRAK. CELLULE DÉMANTELÉE À FÈS LES PRÉVENUS ARRÊTÉS À FÈS SONT POURSUIVIS NOTAMMENT POUR « CONSTITUTION D’UNE BANDE CRIMINELLE POUR PRÉPARER ET COMMETTRE DES ACTES TERRORISTES DANS LE CADRE D’UN PROJET COLLECTIF VISANT À PORTER GRAVEMENT ATTEINTE À L’ORDRE PUBLIC …) 10

PERSPECTIVES MED

DAECH FRAPPE LE MAROC EN LIBYE

MESSAGE EXPLOSIF

Mbarka Bouaïda, ministre déléguée aux Affaires étrangères a indiqué que le Maroc, prenant au sérieux la menace de Daech en Libye, a lancé une enquête pour déterminer les responsabilités et traquer les coupables de l’attaque contre son ambassade à Tripoli, commise au moyen d’une bombe cachée dans une valise. Pour la diplomatie marocaine, le message explosif a été déchiffré : en clair, il signifie le refus du dialogue entre les factions en guerre en Libye engagé au Maroc. Par ailleurs, l’ambassade de la Corée du Sud a aussi été ciblée par Daech à coups de roquettes.


PERSPECTIVES MED

11


VU LU

ENTENDU M. VALLS À RABAT

PARTENARIAT D’EXCEPTION Le temps de la brouille est passé. Manuel Valls a bien insisté sur ce point après son entretien avec A Benkirane, chef du gouvernement marocain : «J’ai dit à mon homologue que j’étais heureux que les relations entre la France et le Maroc aient repris leur cours normal, c’est-à-dire celui d’un partenariat d’exception au-delà de l’amitié. La France est fière d’être l’amie du Maroc. Cette amitié a de beaux jours devant elle. Nous sommes décidés plus que jamais à la faire prospérer. » Le patron de l’Exécutif français a aussi été reçu en audience par le Roi.

H. CLINTON CANDIDATE UNE AMIE À LA MAISON BLANCHE ?

FAWZI LEKJAA

MAROC-FRANCE BUSINESS AS USUAL Durant son séjour dans le Royaume, Michel Sapin, grand argentier, a signé avec son homologue Mohamed Boussaid, deux conventions destinées à faciliter l’accès au financement des PME marocaines. Paris a mis sur la table plus de 40 millions d’euros. Responsables marocains et français disent vouloir réorienter leurs relations économiques, pourtant déjà étroites, en misant sur le développement du business. Le ministre français de l’Economie et des finances avait rencontré lors de sa visite de 48 heures une délégation d’industriels marocains. Comme quoi, la diplomatie par le business est en marche.

C’est officiel. Hillary Clinton est candidate à la présidentielle, a annoncé dans un courriel à des donateurs John Podesta, un haut responsable de campagne. La démocrate qui est à sa deuxième tentative pour devenir la première femme à diriger les Etats-Unis est réputée pour être une « amie » du Maroc. Si elle arrive à la Maison Blanche, une nouvelle page dans les relations entre les deux pays est à envisager. En tout cas, l’actuel hôte du Bureau Ovale n’a pas manqué de féliciter la candidate qu’il considère comme une « amie ». Avec B. Obama, H. Clinton avait assumé les fonctions de chef de la diplomatie avant de se retirer.

Un berkani pur jus ne saurait confondre les rondeurs d’une clémentine des plus chanceuses à l’export avec le ballon tout rond qui fait le sport populaire numéro un du pays. A la tête de la Fédération royale marocaine de football, Lekjaa qui adorait travailler dans un esprit d’équipe, aux Finances, refuse de voir le Maroc pluriel s’exprimer en toute liberté. En démarrant son mandat à la tête de la FRMF, il fait tout pour écarter les voix discordantes quand bien même elles auraient raison de porter la critique sur la place publique. Fawzi fait-il partie de ces obtus qui croient qu’un match peut être sauvé par une individualité ? En tout cas, il n’y en a que pour ses thuriféraires au point de faire tiquer quant à la propension des responsables du cru à tomber dans l’adoration du brossage dans le sens du poil. Ce n’est certainement pas de la sorte que tout sera sous contrôle à la Fédé. Celle dont le Président crie déjà victoire en évoquant le conflit, coûteux, avec la CAF. Pourtant, bien des distinguos restent à faire quant aux jugements rendus par le Tribunal arbitral du sport. Les sanctions sportives sont une chose et le reste est autre chose. Qui boira la tasse ? Une question à mille francs CFA…

TOUT SOUS CONTRÔLE ?

12

PERSPECTIVES MED


PERSPECTIVES MED

13


VU LU

ENTENDU PÉTITIONS

D. DAHAK VERROUILLE

SYNDICATS EN ROGNE

MARCHES À TROIS

LA CONSTITUTION PRÉCISE, EN SON ARTICLE 14 QUE « LES CITOYENNES ET CITOYENS DISPOSENT, DANS LES CONDITIONS ET SELON LES MODALITÉS FIXÉES PAR UNE LOI ORGANIQUE, DU DROIT DE PRÉSENTER DES MOTIONS EN MATIÈRE LÉGISLATIVE ». C’EST CE QU’ÉNONCE L’ARTICLE 14 DE LA CONSTITUTION DONT LA LOI ORGANIQUE VIENT D’ÊTRE ÉLABORÉE PAR LE SECRÉTARIAT GÉNÉRAL DU GOUVERNEMENT. AINSI, TOUTE MOTION DEVRA COMPORTER AU MOINS 25.000 SIGNATURES ET NE PAS TOUCHER AUX FONDAMENTAUX (MONARCHIE, RELIGION, ACCORDS INTERNATIONAUX ET CHOIX DÉMOCRATIQUE). AU MÊME TITRE QUE LES ORIENTATIONS STRATÉGIQUES DU PAYS, LES AFFAIRES DE SÉCURITÉ NATIONALE ET L’ARMÉE, LA DÉCLARATION DE GUERRE, LES NOMINATIONS AUX HAUTES FONCTIONS PUBLIQUES...

« Chaque jour qui passe nous confirme qu’il ne faut rien attendre de ce gouvernement». Les propos émanent de Mohamed Kafi Cherrat, secrétaire général de l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM). Le numéro un de la centrale syndicale, proche du parti de l’Istiqlal (opposition parlementaire), a décidé qu’il était grand temps d’agir. Le responsable annonce dans ce sens l’organisation de quatre marches de protestation le 19 avril dans quatre villes différentes. Il s’agit notamment de la capitale ouvrière, Casablanca, ainsi que Fès, fief de l’ancien dirigeant de l’UGTM et secrétaire général actuel de l’Istiqlal. Outre Kénitra et Tétouan. «L’organisation des marches de protestation vient bien évidemment en réponse au cheminement qu’a pris le dialogue social. Le gouvernement continue d’ignorer les principales revendications du mouvement syndical», explique le secrétaire général de l’UGTM. Et de poursuivre : «La décision a été prise en coordination avec nos alliés à la FDT qui seront également présents lors des quatre marches. L’ODT (Organisation démocratique du travail) vient également de nous rejoindre». Les trois syndicats lancent ce qui ressemble à un premier avertissement au gouvernement.

Le Conseil de l’Europe pointe du doigt l’attitude des autorités marocaines et espagnoles envers les clandestins. Les mauvais traitements infligés aux migrants d’Afrique subsaharienne qui tentent de passer la frontière à Melilia persistent. Un rapport rendu public à Strasbourg détaille les exactions. Mustapha Bakkoury, secrétaire général du PAM reprocher à la formation dirigée par Abdelilah Benkirane de recourir à l’«arme de recrutement massif LE PAM PASSE » pour mieux négocier les prochaines À L’ATTAQUE élections. Lors du Conseil national de la POPULISME toute nouvelle organisation de la jeunesse Pamiste à Rabat, il a attaqué le gouvernement qui profiterait de l’état de «désespoir qui a envahi l’esprit de larges pans de la population marocaine ne cherchant qu’à recevoir des aides sociales» afin de pouvoir recruter dans les rangs de cette frange de l’électorat.

CODE PÉNAL

LE PPS SE REBIFFE !

EN PRINCIPE, C’EST FIN MARS QUE LE CONSEIL DE L’EDUCATION, DE LA FORMATION ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE, PRÉSIDÉ PAR OMAR AZZIMANE, DEVAIT REMETTRE SON RAPPORT. MAIS LES DISSENSIONS ENTRE LA CENTAINE DE MEMBRES QUI CONSTITUENT CET ORGANISME CHARGÉ D’ÉLABORER LA NOUVELLE VISION STRATÉGIQUE POUR L’ÉDUCATION ONT RETARDÉ L’ÉCHÉANCE. LA RAISON DE CES DISSENSIONS ? LA LANGUE D’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE ET LES LANGUES ÉTRANGÈRES, ESSENTIELLEMENT.

Plusieurs dispositions de l’avant-projet de code pénal que Mostafa Ramid tente de faire avaliser ne sont pas agréées par le PPS, formation de la majorité gouvernementale. D’où la convocation de son bureau politique pour un tout premier débat sur le projet jugé « liberticide » et en décalage par rapport à la société marocaine. Des militants du PPS s’opposent à laisser passer les articles liberticides d’un code pénal « comprenant également des avancées notables, comme les peines alternatives ». Nabyl Benabdallah, SG du PPS a déclaré que sa famille politique « agira avec sérénité et fermeté pour que le projet de code pénal aille dans le sens des principes et valeurs portés par la constitution » tout en précisant qu’il était nécessaire de « savoir tenir compte de l’évolution de la société marocaine.»

14

PERSPECTIVES MED


PERSPECTIVES MED

15


VU LU

ENTENDU Si des institutions rendent souvent publics un nombre important de rapports, au

INÉGALITÉS RÉGIONALES

Conseil National de la Concurrence c’est la lenteur qui prévaut. Abstraction faite du rapport annuel 2014 qui tarde à voir le jour, ni les décisions ni les avis du Conseil ne sont connus. Sur le site de l’institution, la dernière édition de la Lettre d’Information remonte à décembre 2012. Le constat est accablant : la pratique sur le terrain ne se hisse pas au niveau des prescriptions constitutionnelles en matière d’égalité homme-femme a déploré Nizar El Baraka qui préside le CESE. Une flagrante lapalissade que l’on retrouve au niveau de la représentativité féminine au sein des conseils d’administration des entreprises publiques et privées.

L’AUTRE TABLEAU « Des inégalités régionales sous le prisme de l’accès aux droits humains : de la multiplicité à l’indivisibilité », tel est l’intitulé d’une étude que la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) vient de rendre publique. La direction relevant du ministère de l’Économie et finances a essayé d’approcher la soutenabilité du modèle de développement marocain à travers sa capacité inclusive et de sa finalité au regard du respect de la dignité humaine. Dans ce dessein, tout en procédant à une évaluation de l’accès des régions aux droits fondamentaux, les auteurs de ladite étude ont essayé de synthétiser les disparités existantes à travers un indice composite de l’accès aux droits fondamentaux (IADF). L’appréciation de plus de soixante indicateurs que la DEPF a jugés pertinents pour mesurer l’état d’avancement des régions sous le prisme d’une palette de droits fondamentaux sur la période 1998-2013.

L’OMDH a porté à sa tête l’USFPéiste Boubker Larko à l’issue de son congrès national. Mohamed Nachnach cède donc sa place à un autre militant appelé à travailler avec un conseil national fort de quelques figures connues pour leur engagement tels Amina Bouayache, Mohamed Grin, Mustapha Znaidi, Abdelmajid Belghzal, Aida Hachad et M. Nachnach. Günter Grass est mort. L’écrivain et prix Nobel de littérature allemand s’est éteint lundi 13 avril à l’âge de 87 ans. Né en 1927 à Dantzig (aujourd’hui Gdansk, en Pologne), Günter Grass, homme de gauche, était en effet réputé pour ses prises de position polémiques. Nobelisé en 1999, il était l’écrivain allemand de la seconde moitié du XXe siècle le plus connu à l’étranger.

DÉVELOPPEMENT DE MEKNÉS

DU PRÊT-À-PORTER 16

PERSPECTIVES MED

LE FMI JAUGE LE MAROC

RÉFORMES URGENTES LE MAROC DOIT POURSUIVRE SA RÉFORME FISCALE ET CELLE DES RETRAITES AFIN DE CONSTRUIRE UNE CERTAINE VIABILITÉ BUDGÉTAIRE, DANS LA PERSPECTIVE DE RAMENER LE DÉFICIT DU BUDGET À 3% À L’HORIZON 2017. MAIS SANS COMPROMETTRE LA CROISSANCE, SI POSSIBLE. TELLES SONT LES RÉCENTES CONCLUSIONS DU FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL SUR L’ÉCONOMIE MAROCAINE QUI AFFICHENT UNE CERTAINE SATISFACTION QUANT AUX PROGRÈS RÉALISÉS ET AUX MESURES PRISES. LE FMI JUGE QUE L’ÉCONOMIE DU ROYAUME A CONNU UNE DÉCENNIE GLOBALEMENT POSITIVE. EN DÉPIT D’UN TASSEMENT DES PERFORMANCES CES DERNIÈRES ANNÉES, LA REPRISE SEMBLE ÊTRE LÀ. CE QUI N’EXCLUE POINT LES RÉFORMES À MENER.

Nommé wali de la région Meknés-Tafilalet, Mohamed Kadri, en sa qualité de Gouverneur de la Préfecture de Meknés, a lancé un large débat pour « concocter » un projet dit Projet de Développement du Grand Meknès (2015-2020). Si l’initiative est salutaire, l’approche et la manière sont controversées. Les grandes lignes de ce projet, ficelé en 45 jours, ont été déclinées récemment devant une assistance nombreuse sous l’œil vigilant de Mohammed Fawzi, patron de l’Inspection Générale de l’Administration Territoriale. Et qui en

orfèvre connait les problèmes structurels qui minent l’essor de Meknès après avoir marqué son passage en tant que wali entre janvier 2009 et mai 2012. Des observateurs avertis jugent que l’on est face à un pur et simple « prêt-à-porter» Relevant de la compétence du Conseil Communal quand on se réfère à la charte communale, ce projet pose un problème à six mois des échéances électorales et de l’abrogation de la Wilaya de Meknès-Tafilalet après la perte de la capitale ismaïlienne du statut de capitale de région.


PERSPECTIVES MED

17


18

PERSPECTIVES MED


PERSPECTIVES MED

19


20

PERSPECTIVES MED


PERSPECTIVES MED

21


HUMEUR Abdellatif Jouahri

JET DE PIERRE ! Le tout puissant Wali de Bank Al Maghrib, Si Abdellatif, est d’une jovialité exceptionnelle. Pétri de la culture populaire, et pas seulement au vu du parcours de l’homme, il n’hésite pas à égayer les réunions « collet-montées » de sa fine touche humoristique qui, bien souvent, fait mouche. A-t-il eu raison de voler au secours de l’un des capitaines de la pierre pour empêcher qu’il ne coule, à pic, dans la mer démontée de difficultés ? Le fait est qu’il a sensibilisé ses créanciers, banques en tête, sur le cas du candidat au naufrage. Reste à savoir si le très fort en gueule, secouru par la divine intervention de Jouahri, saura faire d’une pierre deux coups. Sauver la mise de ceux qui l’ont suivi et prendre le temps pour méditer la leçon qui vient de lui être prodiguée sans frais. Car dans les affaires, les alliances se font et se défont au gré de l’air du temps. Nul besoin de dire à Si Abdellatif qui sait faire la différence entre les argiles, les hommes ne se valant pas, que le tout puissant préserve ton amour de chuter sur la moindre pierre. Surtout que BAM qui a construit sa crédibilité, brique par brique, doit garder ses distances vis-à-vis des divers acteurs économiques. A moins que… Auquel cas, comme le résume si bien l’adage, « tout ce que les chameliers ont emblavé risque de s’aplatir sous le poids des chameaux »

My Hfid Alami

22

PERSPECTIVES MED

COURSE FOLLE…

On l’a déjà vu à bord d’une Maserati qui rugit entre ses mains telle une furie en cage. Car mine de rien, My Hfid qui aime la course veut tout faire. Et tout de suite. On devine à peine comment il a réussi, et c’est peut-être son karma, à assimiler les leçons de musique qui ont fait de lui l’incontournable homme du Oud de soirées très select. En tout cas, il a du suer sur son cahier des notes pour ne rien égrener de faux. Mais c’est justement son amour fou pour les excès de vitesse qui l’a desservi en tant que ministre en charge de l’Industrie, etc, etc. Ce qui lui a valu une remontrance royale lorsqu’il s’est agi d’élaborer une stratégie de prise en charge des vendeurs ambulants. Pâlotte fut la copie qu’il a rendue, dans sa précipitation. Du coup, il a été remis à sa place par une adresse prononcée par Hassad devant les élus réunis à Rabat. Le faux départ ! A charge pour lui de refaire ses classes pour pondre un nouveau projet qui fleure bon l’économie solidaire éminemment inclusive. Un vrai casse-tête pour l’ancien Patron des patrons qui ne jurait que par ses équipes restreintes pour, disait-il « faire bien ». Le ministre Alami qui fonce dans tous les sens pour se placer à la tête des soins privés à prodiguer à la nation, ses achats groupés font rage à l’échelle nationale, risque de se retrouver là où échoient tous les survoltés de la planète… Out pour un burn-out ! A moins qu’il ne soit d’une extraction que Dale nature ignore sur la planète bleue. Auquel cas, l’OVNI en lui se passe de toute explication.


Charki Draiss

CE QUE LE ROI VEUT …

P

UN MAROC FOU!

our ceux qui le connaissent le moins, Draiss qui officie au ministère de l’Intérieur est un homme discipliné. S’il a le calibre de l’emploi en matière de sécurité, et là l’étoffe doit être imparable puisqu’il y va de la sureté de l’Etat, on craint fort que l’épaisseur du commis de l’Etat ne s’amenuise dès lors qu’il est question d’aborder les chapitres politiques. Tenez, lorsque Charki s’est évertué à « vendre » le projet de loi sur la régionalisation, critiquée par l’Association des présidents de région pour incompatibilité avec la loi fondamentale du pays, il n’a pas hésité à user de la langue de bois. En rappelant à ses vis-à-vis qu’il s’agit-là du « projet de SM le Roi». Le ministre a-t-il été en mal d’arguments pour s’avancer, imprudemment, sur une piste des plus glissantes ? En tout cas, force est de souligner que derrière le ton professoral de Si Draiss, on devine une incroyable gêne du décideur pressé de « boucler » le dossier. Pourtant, tous les représentants politiques de. la nation, de Tanger à Lagouira, savent que le projet de régionalisation avancée a été défendu par le chef de l’Etat. Mais entre ce que veut le Roi, et qui est consacré par la Constitution de dernière génération et ce que propose le projet de loi, les contradictions ne sont pas si minces. Nul besoin de se mettre dans la peau d’un Président de région pour constater que la Présidence de la région revient, de droit, au Wali. A charge pour le premier, pauvre élu au suffrage universel, d’assurer la présidence du Conseil de la région. On est loin de l’autonomie, là ! Et là, la nuance est immense… Car à la lecture des discours royaux consacrés aux entités territoriales, c’est la bonne gouvernance qui constitue la trame de fond. En d’autres termes, c’est au Président élu d’assumer ses responsabilités en matière de gestion directe des affaires de la région tout en étant disposé à assumer la contrepartie politique: celle qui conduit à la reddition des comptes. Ce qui va à l’encontre de la mouture sortie des ateliers de l’Intérieur : le Wali dispose et impose quitte à ce que le Président de la région implose ! PERSPECTIVES MED

23


CHRONIQUE BONJOUR LES DÉGATS

L’ÈRE DU MUET Par : Said Akechmir

I

ls n’ont pas tort les confrères qui ont fait tout un battage sur le passage à vide du chef du gouvernement. Car un Abdelilah Benkirane qui garde motus et bouche cousue est en soi une information. Surtout lorsqu’on est habitué de voir le patron du PJD occuper les devants de la scène, monopoliser les feux de l’actualité et briller de toutes les paillettes de sa traditionnelle logorrhée sous les sunlights. La vedette des phrases choc, l’acteur des mimiques populistes, le moulin à invectives a laissé orphelins les chroniqueurs de cette « chose politique » qui, une fois régurgitée par Si Benkirane, faisait le tour des rédactions. Faisant esclaffer les uns et tiquer bien d’autres… Ce silence est des plus singuliers à l’heure où les Marocains s’étaient habitués aux campagnes lyriques d’un chef de l’Exécutif qui s’oublie au point de faire son cinéma. Chacun y va de son petit couplet pour expliquer l’absence de la bande sonore qui faisait le buzz ! Est-on passé, avec le changement d’horaire, à l’ère du muet? La coïncidence est plus que frappante. Mais l’opinion sait faire la relation qui s’impose en de pareils cas: en liant la cause à l’effet. Nul besoin d’être un clerc pour lire dans le marc que laisse dans son sillage le marigot politique… D’abord, parce qu’il y eut une rencontre des représentants de l’opposition avec des conseillers du Roi à laquelle ne s’attendait pas le bulldozer Benkirane. Une rencontre qui a été suivie par un déplacement des mêmes conseillers au cabinet du Chef du gouvernement. Les reproches des uns vis à vis des L’APHONIE DE autres sont connus pour faire BENKIRANE grand cas ici. Et ce sont les représentants de l’opposition S’EXPLIQUE PAR qui se sont épanchés sur les LES SCANDALES DE reproches faits au rouleau compresseur du PJD qui les écrasait L’EXÉCUTIF lors de ses divers passages. Alors, le tonitruant Benkirane a-t-il pris pour son grade au point de se renfrogner ? Car il ne faut pas croire ! Le chef de file des islamistes modérés n’aura pas été dénoncé à qui de droit pour ses écarts et son verbiage par trop bigarré et par ses seuls adversaires politiques. Même au niveau de

24

PERSPECTIVES MED

la boutique PJDiste, des voix se sont élevées incitant leur chef à faire preuve de moins d’emphase. Soit! Mais bien des commentateurs dépassent cet épisode baroque, assez singulier dans la vie politique, pour apporter leur lot d’éclairages. La fin de la cacophonie ambiante serait liée, croientils savoir, à un remaniement qui se prépare au sein de l’équipe Benkirane. Remaniement qui, lui aussi, ne s’arrêterait pas au seuil du ministère de la Jeunesse et des sports, géré par intérim, mais le dépasserait… et de loin. Bref, le Chef du gouvernement est appelé à se servir de la serpillière qui, il n’y a pas si longtemps de cela, avait défrayé la chronique pour faire le grand ménage. Des têtes vont tomber et il faut essuyer toutes les larmes qui inonderont le terrain de l’Exécutif… Surtout qu’il est difficile, et c’est humain, de se passer des attributs de la fonction et, surtout, de ses avantages. La cloche a donc fini par sonner pour une équipe gouvernementale dont le chef d’orchestre louait la parfaite harmonie. Que de scandales ont fini par éclater! Du chocolat fondant par-ci, des billet doux par-là… Mais surtout, une incompétence de quelques ténors du carré proche de Benkirane qui n’honore en rien leurs auteurs. Chez bien des ministres, la confusion des genres a fini par déteindre sur leur carrière politique. Il y a ceux qui ont réduit leur cabinet ministériel à la dimension d’un loft où il fait bon étaler les affaires de cœur d’adolescents sur le tard. Comme il y a ceux qui ne pigent rien à ce pourquoi ils ont été mis en place contribuant, par leur incompétence, à bloquer la machine des réformes. On peut dès lors comprendre la réserve inhabituelle dont fait preuve le tonitruant Benkirane. S’il est invité à se tordre ses méninges pour remplacer les partants, et le chef est à plaindre lui qui est appelé ainsi à se fait violence, c’est qu’il y a urgence. Bref, une dictature du temps avec laquelle le patron de l’Exécutif est appelé à composer tout en ruminant sa déconvenue. Si Abdelilah n’oubliera pas de sitôt qu’il a été poignardé par les siens dans le dos. Un coup dur qui explique, à bien des égards, son aphonie actuelle. Attendons pour voir…


POINTS CHAUDS

LA RÉFORME DAOUDI RECALÉE

ECHEC ET MAT !

LE SYSTÈME ÉDUCATIF NATIONAL EST EN PANNE DANS SES DIVERSES SPHÈRES PUBLIQUES. MAIS CEUX QUI RÉUSSISSENT LE PARCOURS À L’AMONT SE RETROUVENT COINCÉS EN AVAL. L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR PEINE À SE MÉTAMORPHOSER POUR JOUER PLEINEMENT SON RÔLE DANS LA DYNAMIQUE DE DÉVELOPPEMENT. A QUI LA FAUTE ? UNE CHOSE EST SÛRE : LES ÉTUDIANTS SONT LES VÉRITABLES DE CETTE MALFORMATION PAR LAQUELLE SE DISTINGUENT LES ENCEINTES UNIVERSITAIRES. L’AFFAIRE EST DONC ÉMINEMMENT POLITIQUE. ET C’EST À CE NIVEAU-LÀ QU’IL FAUDRA PLACER TOUS LES ÉCHECS. L’ACTUEL MINISTRE EN CHARGE DU DOSSIER A MAL ASSIMILÉ LES PARAMÈTRES D’UNE RÉFORME URGENTE DES UNIVERSITÉS BASÉE SUR L’AUTONOMIE. D’OÙ LE RECALAGE DE SON PROJET SOUMIS À L’APPRÉCIATION DE LA COMMISSION NATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT. L’ÉCHEC EST CUISANT POUR L. DAOUDI, MINISTRE DU PJD, TENTÉ PLUS PAR LA PROMOTION DES COPAINS ET DES COQUINS QUE PAR LA QUÊTE DE L’EFFICACITÉ. UN RATÉ LOURD DE CONSÉQUENCES. PERSPECTIVES MED

25


POINTS CHAUDS ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

L’ORAISON FUNÈBRE…

A l’enseignement supérieur, c’est l’impéritie qui s’est confortablement installée dans les mœurs. Tatillon, Lahcen Daoudi, au poste de pilotage, navigue à vue. Dans les radars, le panorama offert est des plus sombres pour un système largement noyauté par les islamistes. Le danger est bien là, tristement réel. La facture que la société doit acquitter sera des plus lourdes. Que de générations perdues !

D

ans « la galaxie Daoudi », ce sont des retraités usés jusqu’à la corde qui font figure de sherpas. On y trouve un ancien de la Promotion nationale côtoyant un ex-chirurgien… Mais l’entourage de Lahcen Daoudi grouille aussi de cercles d’amis aux parcours divergents mais dont les intérêts restent convergents. Et dans ces cercles, il faut croire que c’est bel et bien la coterie de Fkih Bensaleh qui a la… cote. Dès lors, il ne faut pas s’étonner de voir le Président de l’Université Cadi Ayyad occuper les couloirs du ministère le temps de récupérer des effets « jet-let ». Là où il croise, avec d’incroyables fréquences, le Président de l’Université internationale de Rabat.Et le cas échéant, le “patron” du CNRST qui, lui aussi, uses ses souliers dans les couloirs du ministère. Proximité oblige! Autant

dire que pour avoir « la baraka » du ministre PJD en charge de l’Enseignement supérieur, il faut prouver ses liens avec le terroir de Tadla-Azilal et, pour parfaire le tout, rien ne vaut d’adopter la démarche consistant à prouver ses sympathies pour l’idéologie islamisante… C’est comme ca que le train de l’entrisme s’ébranle sur les rails du supérieur au point de faire dire à des observateurs avertis que les universités sont désormais dominées à 95% par les islamistes. Il ne faut dès lors pas s’étonner outre mesure de voir le PJD couver le feu d’une scission au sein du SNEsup. Histoire de permettre aux «islamistes modérés » d’avoir droit au chapitre au sein d’une chapelle naguère dominée par les progressistes. Car le pays évolue, mine de rien, à contre courant des idéaux du progrès et de la modernité. La lourde ma-

ON EST LOIN D’ASSISTER A UNE ACCELARATION DES PARTICULES DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

26

PERSPECTIVES MED


ENVIRONNEMENT VARIABLE

Université internationale de Rabat

chine des obédiences s’est ébranlée depuis que le PJD est aux affaires pour s’assurer l’allégeance des élites susceptibles de gérer l’enseignement supérieur. Et l’affaire est loin d’être mince lorsqu’on sait qu’il est question d’une véritable armée composée d’au moins 17.000 actifs. Rien de plus normal que de voir les concours organisés pour le choix des Présidents d’universités épouser les desseins d’un L. Daoudi qui nourrit l’ambition PJDiste du phagocytage des campus. Et fort malheureusement, ce qui court pour les présidences court aussi pour les chefs des établissements (doyens et directeurs). Bien entendu, des voix s’élèvent pour dénoncer ce sombre processus qui est de nature à plonger davantage l’université dans le bain de la médiocrité ambiante. Massification à outrance, taux d’encadrement administratifs et pédagogiques défaillants, … Mais il faut dire que ces dénonciations sont vite étouffées par les cris d’orfraie que L. Daoudi pousse à chaque fois que sa gestion calamiteuse est mise en doute. Lui qui, une fois installé confortablement dans son maroquin, n’a pas hésité à faire de « la bonne gouvernance» son dada. Encore faut-il décortiquer les ressorts d’une telle déclinaison gestionnaire du politique. C’est que le ministre qui doute de tout a peur pour les deniers publics, lui qui a maintenu en place le gérant des cités qui tripatouille un budget des plus colossaux tout en trainant derrière lui bien des casseroles. Du haut de son ambivalence, le ministre a donc décidé de centraliser le suivi du budget des universités pour soi disant suivre à la trace le mou-

Ce n’est pas dans toutes les universités que l’on retrouve un cadre aussi propice aux études. La massification reste le dénominateur commun...

vement de tout centime budgétisé au service de l’enseignement supérieur, y compris les universités, CNRST et ONOUSC. Un appel d’offres a été lancé et relancé puis adjugé pour l’acquisition d’un logiciel de comptabilité budgétaire et non générale, et analytique comme l’exigerait la gestion financière moderne, pour la modique somme de plusieurs millions de dirhams. Cela sans compter une section de cadres, presque une vingtaine fraichement recrutés et sans expérience pour la plupart, pour assurer le suivi d’une telle opération « mains propres ». Résultat des courses, au ministère, on tâtonne toujours. Et le serveurs qui ont été logés à l’université Abdelmalek Saadi en attendant leur transfert, dit-on, au CNRST de Rabat sont toujours là pour prouver l’inanité d’une telle approche. Mais il faut savoir pourquoi le ministre fait autant preuve de circonspection! Car à ses yeux, il n’y a aucune raison pour qu’un Président d’université (chef d’un établissement public, supposé être autonome) se lance dans la construction des bâtiments. Autant dire que dans la logique simpliste de ce cador du PJD, quand le bâtiment va, c’est la corruption qui roule… N’est-ce pas lui, tout ministre de son état, qui s’est rapproché de la CGI pour la charger de veiller, en sa qualité de maître d’ouvrage délégué, à la construction de 25 amphithéâtres ? Et ce marché là est, lui, colossal. Il est évalué à 230 MDH. Ce qui a fait tiquer nombre d’observateurs avertis qui s’interrogent sur le coût du mètre carré construit et sur le respect des délais de livraison, sans oublier des délais PERSPECTIVES MED

27


Une vue rare d’un amphythéâtre où il fait bon suivre des cours magistraux. Car en général, les gradins sont tellement bondés que les étudiants se laissent tomber dans les allées pour suivre les cours.

impensables à cause de procédures administratives lourdes). En attendant, les compteurs des bailleurs de fonds publics et privés, continuent de tourner sans discontinuer. Tel est l’exemple manifeste d’un «centralisme » gestionnaire qui a fait son temps. Sauf pour ce ministre dont l’atavisme pourrait s’avérer des plus sclérosants pour « les fabriques de l’élite » que sont les universités. Et la grande question que nombre d’experts mettent sur le tapis a trait, et ce n’est pas rien que de le souligner, au nombre de budgets non engagés par les universités et par le ministre lui-même. On est loin de l’économie du développement. Pour un disciple de Fathallah Oualalou, il faut croire que Dr Lahcen Daoudi n’aura pas bien potassé ses cours. Lui qui s’est empressé de sacrifier la Conférence des présidents d’université (et elle comptait naguère de grosses pointures qui ne se laissaient pas marcher sur les pieds) sur l’autel de la médiocratie à installer. Avant de commencer à négocier avec la direction du budget les dotations du département qu’il pilote sans pour autant assurer la moindre négociation avec les universités qui ne sauraient évoluer dans leurs missions pédagogiques 28

PERSPECTIVES MED

sans argent ; ce nerf de la guerre. Et c’est après le bouclage du budget de l’Enseignement supérieur que les opérations de saupoudrage démarrent. Quitte à oublier des tablettes du ministre, et c’est le comble pour un gestionnaire de tout et de rien à la fois,! Avec, bien entendu, les arbitrages qu’une telle opération de saupoudrage exige. Autant dire que lorsqu’on était dans les petits papiers du Secrétaire général (et il vient d’en décrocher un nouveau !), la bourse était déliée. Les copains d’abord ! Vers où va le ministère de l’Enseignement supérieur? Nul ne le sait… Sauf le puissant L. Daoudi qui tranche dans les candidatures des Présidents et s’arroge le droit de financer l’extension du département au quartier rbati de Hassan en chargeant la Direction des équipements publics (DEP) de la maîtrise d’ouvrage déléguée. Ce n’est certainement pas pour demain que l’accélération des particules de la recherche scientifique aura lieu dans le pays. Quand bien même le ministre ne jure que par une telle perspective. Il y a fort à craindre qu’un trou noir n’engloutisse tous les efforts déployés depuis des décades pour assurer l’essor du Supérieur. Loin des pesanteurs politico-politiciennes que l’on s’acharne à réinstaller contrairement aux orientations affirmées par la plus haute autorité de l’Etat. En tout cas, du côté de L. Daoudi, il y a lieu de relever que grand cas est fait des « lettres anonymes» qui naguère finissaient dans le broyeur. Lettres qui descendent en flammes les compétences qui gênent et détruisent des carrières. Ainsi, la messe est dite. Amen !

PÉDAGOGIE

INGÉNIERIE FIGÉE

En ramenant la licence fondamentale de 4 à 3 ans, aucune révolution copernicienne n’a été constatée au niveau des campus. Les étudiants ne bénéficient même pas de 70% du volume théorique exigé pour forger leurs compétences par l’accès au savoir. Pour nombre de pédagogues, une telle réalité traduit à elle seule la misère de nos universités. Surtout lorsqu’on sait que 50% du temps imparti aux étudiants sont consacrés aux seuls examens ! L’Université est mal partie puisqu’elle s’accroche aux méthodes classiques de l’enseignement focalisée sur les notes. C’est « l’assimilation » des polycopies (vendues par nombre d’enseignants aux étudiants) qui est ainsi mise en valeur alors que des méthodes nouvelles qui ont fait leurs preuves ailleurs, telles l’approche par compétences ou par problèmes, sont boudées par le corps enseignant. Ce dernier qui fait de la résistance contribue, à n’en point douter, à maintenir figée l’ingénierie pédagogique. Tout cela se fait sous l’œil ravi du ministre qui n’a même pas accordé le moindre intérêt à l’évaluation des enseignants. Il ne faut dès lors pas s’étonner des résultats catastrophiques que les divers campus affichent chaque année. Campus qui se sont transformés en garderies à ciel ouvert. L’incompétence est totale.


POINTS CHAUDS AUTONOMIE DES UNIVERSITÉS

ELAN BRISÉ… Par : A.E.M

Le verdict est aussi sévère qu’unanime : « on a bâclé le projet » d’autonomie des universités. Nombreux sont les enseignants du supérieur à crier au scandale face à l’inanité gestionnaire de L. Daoudi, actuel ministre de l’Enseignement supérieur plus prompt à placer les « siens », proximité géographique et idéologique aidant, qu’à faire fructifier les deniers publics au service d’un enseignement de qualité. Cela explique pourquoi le projet de réforme qu’il a soumis au Conseil supérieur de l’enseignement a été recalé.

Q

uelle place pour l’autonomie des universités et pour quelle gouvernance ? A cette question, nodale, force est de rappeler que l’autonomie a été pensée pour aller aux devants des textes liés à la régionalisation. Autant dire que pour réussir un tel dessein porteur, décentralisation et déconcentration devaient présider aux choix liés aux engagements consentis par l’Etat central au profit de l’enseignement supérieur qui, faut-il le rappeler, est géographiquement éclaté entre plusieurs universités. Le tout moyennant une contractualisation négociée en bonne et due forme et une gestion soumise, cela va de soi, à la logique de la bonne gouvernance, celle qui s’achève par la reddition des comptes. L’université française devait servir de modèle pour faire avancer le schmilblick. Sauf qu’entre 2000 et 2003, le système LMD devait se révéler plus comme un processus de blocage que comme un vecteur

EN MATIÈRE D’AUTONOMIE DES UNIVERSITÉS, LE SURPLACE A PRÉVALU

de développement. Car il a été bâclé, le tout ayant basculé d’un coup, dans l’impréparation totale. Et si entre 2008 et 2010, la réforme européenne avait incité le système de l’enseignement supérieur français, convaincu de son classement à la traine, à faire une révolution à 180 degrés, en intégrant l’espace européen d’enseignement supérieur ( Lisbonne 2010), les responsables marocains, eux, ont continué à privilégier le surplace. Une loi nouvelle devait remplacer la précédente jugée conservatrice. Surtout que la fameuse loi 0100 a été goupillée sans décrets d’application charriant, dans son sillage, le flou artistique dans les relations entre la tutelle et l’université. Une petite commission, convoquée d’urgence, a procédé à huit clos et sans concertation avec les opérateurs du système, à des retouches, comme le voulait L. Daoudi. Et l’approche participative a été, une fois encore, sacrifiée sur l’autel de l’impéritie ambiante. Ce qui a nourrit un feu roulant de critiques via le net ( forum mis en place par la tutelle )et conduit le Président du conseil supérieur de l’enseignement à sortir de ses gonds. Pour appeler le ministre Daoudi à revoir sa copie aussi bien dans la forme que dans le contenu. PERSPECTIVES MED

29


GESTION HASARDEUSE La clé de voute de l’autonomie des universités est inhérente à l’adoption d’une gouvernance fiable. Ce qui n’est pas encore le cas dans le pays où le système actuel n’a pas encore digéré les principales vocations de l’Université basées sur un triangle du savoir (enseignement, recherche et innovation) outre les services à prodiguer à la société. « On se focalise encore sur l’enseignement et sur un peu de recherche facultative sans plus » déplore un ex-Président d’université qui suit de près le chantier de la réforme du système éducatif dans son ensemble. A contrario, ce que dicte la pression du moment est lié à l’émergence d’une autre logique de gestion des universités basée sur un « team management », à l’américaine, qui assure une bonne gouvernance au niveau du leadership et au niveau du management. C’est à ce staff là que revient la définition de l’orientation stratégique de l’enseignement à prodiguer dans les différentes structures de l’université. Le tout reposant sur une kyrielle de prérequis allant de la démarche qualité , au système d’information et de gestion (SIG) facilitant le pilotage, en passant par l’audit et contrôle de gestion et à la comptabilité générale et analytique. Mais ces prérequis sont malheureusement inexistants pour l’heure. « On est loin de l’adoption d’un modèle économique où tout le monde est gagnant», constate non sans dépit un autre universitaire qui rappelle les doléances de la DEPP à maintes reprises dans ce sens . Et la politique de « l’accès ouvert» à l’université contribue à une massification de mauvais aloi qui freine la rotation normale des étudiants au sein des facultés (pour une licence de 3 ans, bien des étudiants continuent encore à camper 10 ans aux frais des contribuables livrés à eux mêmes). Le seul «bassin national » à accès régulé a trait 30

PERSPECTIVES MED

aux écoles (ingénieurs , Sciences et techniques, architecture,..) et certaines facultés (médecine, pharmacie, medecine dentaire, sciences et techniques,…). A-t-on fait une étude d’impact de ces établissements sur les régions , notamment les plus lointaine du centre ? A-t-on évalué, au niveau de ce bassin-là, l’impact qui résultera des départs massifs à la retraite des cadres administratifs , techniques et pédagogiques? Valeur aujourd’hui, le budget alloué aux universités par l’Etat se fait encore au goutte-àgoutte basé essentiellement sur l’Etat avec des ressources propres très insuffisantes . Et plus de 50% des crédits vont au fonctionnement. Quant au budget d’investissement, il faut le négocier chaque trimestre au niveau des crédits de paiement (ce qui suppose sa validation par les Finances), le tout avec un contrôle apriori (abstraction faite du trésorier payeur !). Voilà pourquoi les taux d’engagement dans les universités oscillent entre 30 et 50%. Pourtant, avec l’autonomie, c’est l’économie de toutes ces lourdeurs qui est faite avec un contrôle a-postériori. Et c’est bien à ce niveau-là que le bilan des universités s’avère défendable ou non.

L’Université fait partie des institutions qui doivent influer sur la stratégie de développement nationale et régionale . En collant aux besoins exprimés par les régions et tout en tenant compte des orientations stratégiques nationales. Cette institution doit défendre son positionnement socio-économique en répondant aux divers besoins exprimés à moyen et long termes et en évaluant l’impact de ses diverses interventions à l’échelle de sa région d’implantation. Ce qui l’incite à opérer des choix au niveau des partenariats à nouer, dans la logique du « gagnant-gagnant ». De cette projection on est encore loin. Et même au niveau de la gestion des ressources humaines, la centralisation se fait toujours au niveau de la tutelle mettant le nez même au niveau des profils à recruter et leur distribution , alors qu’une date butoir a été fixée par le programme d’urgence pour l’autonomie : 2010 en l’occurrence. En sus, le recrutement est long puisqu’il chevauche sur deux années académiques . On est loin de la flexibilité souhaitée. Pourtant, la logique voudrait que les Universités puissent accueillir des chercheurs étrangers, inviter des profes-

UN ARGENT FOU COULE

DANS LE VIDE…

On savait que le secteur de l’enseignement est budgétivore. Comme on soupçonnait, depuis des années déjà, la disqualification du système éducatif dans son ensemble. Au Conseil supérieur de l’enseignement, les membres auxquels on avait enjoint de faire motus et garder bouche cousue ont commencé à réagir. Rahma Bourquia, ex présidente d’université, vient de présenter une évaluation des 13 années de la mise en application de la Charte nationale de l’Education et de la Formation (2000-2013). Et les voyants sont loin d’être au vert. Ainsi, sur la foi de cette évaluation, le niveau de l’enseignement est jugé «en deçà des attentes» malgré les budgets colossaux consacrés au secteur de l’enseignement. Pourtant, le budget alloué au secteur de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle a affiché une hausse de 22 milliards DH, passant de 24,8 milliards DH en 2001 à 62 milliards DH en 2011. Résultat des courses, près de 3 millions d’élèves ont quitté l’école avant d’achever le cycle du primaire et 300.000 ont arrêté leurs études avant de terminer le cycle d’enseignement qualifiant. Sans oublier le problème de la langue enseignée et sa gestion au niveau de la transition entre l’enseignement e scolaire et l’enseignement universitaire . Dès lors, pas moins de 5 millions élèves ont déserté l’école lors des années de l’application de la charte. Ahurissant, non ?


POINTS CHAUDS

seurs visiteurs, motiver les jeunes chercheurs, opter pour la contractualisation…

LES DEFIS DE L’HEURE En ce début de millénaire, et à l’heure où on sa gargarise de l’autonomie des universités, faut-il rappeler qu’en matière d’offre des formations, c’est toujours le ministère qui décide ( processus lent d’accréditation, confusion entre diplôme national et diplôme universitaire, ,..)? Et il en va de même pour les contenus des cours. Et que dire de la gestion du patrimoine lorsqu’on sait qu’aucune université ne possède le moindre mètre carré, tout relevant du ministère? Pourtant, à ce niveau-là, il y a à boire et à manger, et bien des terrains sur lesquels des établissements ont été construits ne sont toujours pas payés par le ministère de tutelle !!. L’as-

sainissement de l’assiette foncière doit impérativement être opérée pour pouvoir réhabiliter et assurer la maintenance de l’acquis. Et pouvoir procéder à de nouvelles acquisitions pour y bâtir de nouvelles constructions pour répondre aux demandes exprimées , notamment la massification, à moyen et long termes. Est-il normal que de nouvelles villes soient construites sans que la dimension éducation y soit intégrée à l’avance? A Tamensourt, comme à Tamesna, cette absence de cohérence est criarde ! Et les projets promis à Rabat et Marrakech tardent toujours à voir le jour. In fine, l’enseignement supérieur appelle à être pensé, dans son essor, avec la région et non plus avec la tutelle. Ce qui exige l’établissement d’une stratégie décennale, voire une vision sur 20 ans. Les responsables doivent convenir qu’on ne peut pas décider du jour au lendemain selon les désirs de tel ou tel ministre dans des chantiers aussi structurants et déterminants pour le développement du pays et de ses ressources humaines.

SANS RÉELLE STRATÉGIE, BASÉE SUR LES BESOINS RÉELS DES RÉGIONS EN PROFILS, L’UNIVERSITÉ COURT À L’ÉCHEC

PERSPECTIVES MED

31


MACHREK TEMPÊTE SUR LE YÉMEN

AMBIGUÏTÉS SAOUDIENNES Par : A. Ben Zeroual

La guerre ouverte contre le Yémen dépasse tous les entendements. Riyad, à la pointe d’une coalition, est plus tentée d’endiguer le poids grandissant de l’Iran dans la région arabe que de trouver une solution à la guerre civile qui ravage son voisin. Explications.

Voilà près d’un mois que le Yémen essuie une pluie de bombes venues, celles-là, du Ciel. Non pas parce que ce pays dont la pauvreté est consacrée par les différents rapports de l’ONU (60% de la population ne mange pas à sa faim) serait en proie à une quelconque malédiction céleste. Mais c’est surtout parce que son voisin saoudien, dont la transition monarchique n’a pas encore été achevée, a décidé de se lancer dans une

L’ÉQUIPÉE MILITAIRE SAOUDIENNE AU YÉMEN TRADUIT L’IMPASSE 32

PERSPECTIVES MED

aventure militaire qui prend les allures de raids aériens successifs. Transformant cette terre dite Felix Arabia en un amas de ruines à ciel ouvert : déjà, en trois semaines de largage des bombes, les réfugiés yéménites dépassaient la barre des 120.000, en majorité des enfants. Riyad qui pilote cette offensive militaire qui a bénéficié d’une coalition voulue large, avant que le parlement pakistanais ne décide de surseoir à tout effort militaire aux côtés des Saoudiens, poussant les Turcs à brider leur élan guerrier, dévoile les cartes de cette équipée contre le Yémen. C’est une offensive qui vise à briser la rébellion des Houthistes, une communauté chiite qui pèse pour près de la moitié dans le poids démographique du Yémen, et à rétablir la légitimité du


UN PEUPLE YÉMENITE QUI PEINE, POUR MOITIÉ DE SA POPULATION, À SE NOURIR, PEUTIL REPRÉSENTER UN DANGER RÉGIONAL?

Président Hadi, en exil. Et comme pour donner plus de poids « diplomatique» à leur guerre, les Saoudiens tentent de promouvoir un dialogue national inter-yéménite à… Riyad ! Même l’Egypte qui a accueilli, à Charm-El Cheikh, le sommet arabe qui a «avalisé » l’intervention saoudienne, avec quelques réserves, ne semble pas particulièrement portée sur une intervention militaire au Yémen. Quand bien même le Président Al-Sissi afficherait sa ferme volonté quant à ne plus badiner avec « la sécurité arabe »… La logique du « temps de la route » ne semble pas prendre dans le cas du Yémen, l’Arabie Saoudite qui agit comme une véritable pompe à finances pour la survie de l’économie égyptienne, n’étant pas agressée pour justifier un alignement militaire égyptien sur les lignes saoudiennes. Plus, le pays du Nil pour qui Bab Al Mandab revêt une importance stratégique de premier ordre, le Canal de Suez étant la veine jugulaire de l’économie égyptienne, se contente de suivre l’évolution de la situation. Tout blocage de la navigation étant circonscrit par ailleurs, Américains et Français, dont la présence militaire dans la région est un secret de polichinelle, assurant la veille stratégique depuis que le Yémen est en proie au djihadisme… Celui qui a été promu en Afghanistan avant de s’étendre tel un chancre pour affecter jusqu’à la Corne de l’Afrique et bien au-delà. Si des commentateurs occidentaux ont applaudi à l’idée d’un « réveil » arabe devant prendre les formes de la constitution d’une force commune, à laquelle l’Egypte n’est pas étrangère, force est de souligner qu’une telle projection ne fait qu’avaliser un constat promu par quelques capitales arabes, d’Amman à Riyad, quant à la montée en puissance du chiisme, branche minoritaire de l’islam, à majorité sunnite. Mais une telle construction idéelle tient-elle la route lorsqu’on voit que c’est l’Iran

qui agit en pompier dans la région, de l’Irak au Liban, en passant par la Syrie? Fait-on preuve d’incrédulité lorsqu’on constate que seul l’appui de Téhéran est réellement actif dans la lutte contre Daech dont la rapidité d’implantation dans bien des pays soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses ? Cet « Etat Islamique », honni à l’international et dont le danger est déjà chose réelle au Yémen et en Egypte, etc. Bien des analystes soutiennent l’idée que Riyad est entrée en guerre contre l’Iran bien avant son offensive contre les miliciens Houthistes au Yémen. Telle serait l’explication fournie quant au recours à l’arme du pétrole, la baisse des cours mondiaux devant pénaliser « l’ennemi chiite » engagé dans les derniers mètres de la course pour arracher un accord sur son programme nucléaire avec la communauté internationale. Les Américains qui ont la main sur ce dossier savent bien ce que représente l’Iran, puissance régionale incontournable. Et ses responsables n’ont pas manqué de le souligner en rappelant que Téhéran dispose d’une vision globale alors que les pays arabes n’arrivent pas à donner une lisibilité dans leur perception du monde au-delà des frontières de chacune des capitales prises à part. Dès lors, rien d’étonnant à ce que des stratèges assurent que Riyad, en se laissant entrainer dans une épreuve de force avec l’Iran, par pays interposés, joue avec le feu. La guerre du Yémen se fait ainsi par procuration, contribuant davantage à attiser le feu qui ravage la région du Machrek. A qui profite tout ce déluge d’enfer qui s’abat sur le Yémen aujourd’hui ? Nul besoin de rappeler que les promoteurs du « chaos créateur », adapté à la géopolitique régionale, se frottent déjà les mains. A l’idée d’écouler plus d’armes qu’il ne faut pour une région des plus explosives. Que l’Orient est compliqué, comme disait De Gaulle… PERSPECTIVES MED

33


MACHREK LE MONDE ARABE SECOUÉ PAR LA « TEMPÊTE DE FERMETÉ » AU YÉMEN

RIYAD CONTRE L’ÉMIETTEMENT Propos recueillis par Lamia Mahfoud

En lambeaux, le monde arabe se ressaisit face à la montée en puissance de l’Iran. Riyad s’est portée à la tête d’une coalition pour rétablir le sunnisme dans son poids régional et contrecarrer l’avancée d’un chiisme conquérant. Abderrahmane Mekkaoui, expert en géopolitique, éclaire les dessous d’un conflit de basse intensité qui pourrait embraser toute la région. PERSPECTIVES MED: L’ÉCLATEMENT DE LA CRISE DU YÉMEN NE DATE PAS D’AUJOURD’HUI. POURQUOI DÈS LORS AVOIR ATTENDU L’ÉMERGENCE DES HOUTHIS POUR QUE RIYAD DÉCIDE D’UNE VASTE OPÉRATION MILITAIRE COALISÉE ? ABDERRAHMANE MEKKAOUI : Je pense que la crise yéménite a pris soudainement un tour plus visible, voire musclé, alors que les observateurs regardaient se développer une situation marquée d’instabilité chronique depuis les années 1960. Soudainement, nombre de spécialistes militaires et politiques s’alarment du risque d’un embrasement régional total comme si la presqu’ile arabique ne subissait pas depuis la révolution pacifique au Yémen l’accumulation indécente de plusieurs conflits enchevêtrés et de guerres par procuration. Il faut voir dans ce conflit de faible intensité dans le Yémen Heureux (Felix Arabia) plus le révélateur d’un affrontement géopolitique aiguë, avec un confessionnalisme sousjacent, que le déclenchement d’une guerre régionale généralisée. EN QUOI L’OPÉRATION « TEMPÊTE DÉCISIVE» CONTRIBUERA-T-ELLE À FAVORISER UNE NOUVELLE DONNE GÉOPOLITIQUE POUR LA RÉGION ? A.M: L’opération en cours qui suit l’autre «Tempête du Désert », déclenchée en 1991 contre Saddam Hussein, confirmera le réveil de la nation arabe contre le projet de la nouvelle configuration géopolitique soutenu par deux acteurs aux intérêts contradictoires : l’Iran chiite d’un coté et la Turquie sunnite de l’autre. Mais le réflexe et l’instinct de survie des nations arabes ont contribué 34

PERSPECTIVES MED

à barrer la route à un scénario qui consistait à réduire le sunnisme, source de terrorisme et de barbarie d’après les occidentaux, à des minorités impuissantes. L’Iran n’a-t-il pas déclaré que le Bahreïn est sa 14ème wilaya et que le chiisme domine quatre capitales arabes ? Le roi de Jordanie avait déjà tiré la sonnette d’alarme, il y a quatre ans, contre l’élargissement de ce croissant chiite qui envisageait de faire main basse sur les sources énergétiques et à contrôler les deux détroits hautement stratégiques pour le commerce international ; le détroit d’Ormuz et celui de Bab El Mandab, la porte sud du canal de Suez. Le scénario allait diviser l’Arabie Saoudite en trois entités essentielles, Wilayat Al-Hijaz, Wilayat Nadjd et Wilayat Kassir, majoritairement chiite et riche en hydrocarbures. Les déclarations d’Ansar Allah, ces Houthis chiites qui représentent entre 8 et 20% de la population yéménite, visaient la libération des Lieux Saints de l’Islam, et l’émancipation des zones chiites en Arabie Saoudite, avec l’appui de l’Iran et d’autres acteurs extérieurs. L’Arabie était toujours un acteur influent au Yémen faisant et défaisant les gouvernements, tissant les liens avec les tribus. Les Saoudiens avaient réussi à porter un coup mortel à l’armée égyptienne lors de leur expédition en terre yéménite, entre 1961-1979, en leur infligeant des pertes énormes estimées à 26.000 morts sur un corps expéditionnaire fort de plus de 70.000 soldats. La défaite égyptienne en terre yéménite fut à l’origine de leur défaite de 1967, la démotivation ayant marqué son corps d’élite. L’autre guerre que l’Arabie Saoudite a pu gagner était contre le Yémen du Sud, marxiste léniniste, dirigé par Ali Abdellah Al Bid. Ce qui n’occulte en rien la percée de Riyad contre le front du Dhofar qui a voulu créer une république communiste à l’Est du Yémen et sur une partie du Sultanat

RIYAD NE POUVAIT LAISSER LE CROISSANT CHIITE S’ÉTENDRE JUSQU’AUX PORTES DE BAB AL MANDAB


avec la participation de tous. Mais l’armée restée quasiment divisée, la plupart des bataillons se sont ralliés au président déchu, notamment la garde républicaine, les force spéciales les renseignements militaires, la marine ainsi que l’armée de l’air… C’est ce qui a permis à Ansar Allah, avec la complicité de l’armée régulière, de descendre de la montagne pour investir la capitale et mettre le président élu et son gouvernement en résidence surveillée. N’oublions pas que le peuple yéménite frère est un peuple armé, avec 40 millions d’armes individuelles. En plus, avec la complexité de la société yéménite, il ne faut pas occulter le fait que 2 millions de somaliens y sont réfugiés. Tous ces éléments ont contribué, d’une manière ou d’une autre, à pousser le Yémen vers l’anarchie totale. Les belligérants ne veulent pas de dialogue sur la base de la feuille de route du CCG et en même temps refusaient, voire défiguraient l’esprit de la résolution 2201 du Conseil de sécurité de l’ONU.

d’Oman. Toutes les tribus yéménites sunnites yézidites étaient inféodées à l’Arabie Saoudite, si l’on excepte les Houthis basés dans les montagnes. Durant le règne du Président déchu Abdallah Saleh, il y a eu six guerres entre les Houthis et l’armée régulière au niveau de leur bastion près des frontières avec l’Arabie Saoudite. L’intervention de la coalition arabo-musulmane conduite par Ryad a commencé depuis la révolution populaire pacifique de 2011. Les Saoudiens et leurs alliés du CCG, connaissant bien la réalité du terrain, ont essayé de maîtriser la situation en proposant un projet de sortie de crise. Ce projet consistait en un dialogue intertribal et interreligieux, l’élection d’un président et d’un parlement

PEUT-ON PARLER DE CONVERGENCE ENTRE RIYAD ET LE CAIRE POUR LE CAS DU YÉMEN? ET QUID DU RÔLE TURC ? A.M: D’abord, un lien solide s’est établi entre Riyad et le Caire depuis la chute des Frères Musulmans et l’arrivée au pouvoir du Maréchal Al-Sissi, avec une vision proche de celle des pays du Golfe : toute la région étant confrontée à une seule et même menace : la désintégration. Un projet qui, faut-il le rappeler, avait bénéficié de l’imprimatur de la Confrérie. L’Egypte et l’Arabie font face à un seul et même défi lié au détroit de Bab Al Mandab qui risquait de basculer dans le giron chiite. Notons que pour la première fois, l’Iran avait organisé des manœuvres militaires de grande envergure qui avaient couvert jusqu’à la Mer Rouge. Dès lors, l’alliance entre Riyad et le Caire est somme toute naturelle. D’après le Président égyptien, l’engagement auprès de l’Arabie Saoudite dans cette phase s’apparente à une question de vie ou de mort. Quant à la Turquie, lui même pays sunnite, ses dirigeants qui entretiennent le rêve néo-ottoman, considèrent d’un mauvais œil l’expansion iranienne dans cette zone considérée par eux comme relevant de leur

sécurité nationale. La compétition entre Ankara et Téhéran qui prend des dimensions politico-militaires et économico-stratégiques est suivie de très près par un acteur arabe sur le retour, l’Egypte en l’occurrence. Car il ne faut pas oublier que le Caire nourrit les mêmes ambitions de puissance régionale en mal d’expression. Ceci étant, il ne faut pas oublier, non plus, l’autre dragon musulman qui a bougé lors des premiers jours de la « Tempête décisive », le Pakistan, seule puissance nucléaire musulmane qui considère l’Arabie Saoudite et les pays du CCG comme une ligne rouge. On est donc face à un jeu d’alliances qui oppose un milliard de sunnites à 200 millions de chiites. TÉHÉRAN QUI VIENT DE SE RÉCONCILIER AVEC LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE, AVEC L’ACCORD SUR LE NUCLÉAIRE, LAISSERA-T-ELLE FAIRE DANS LA RÉGION ALORS QU’ELLE EST IMPLIQUÉE NOTAMMENT EN IRAK, EN SYRIE ET AU LIBAN ? A.M: En établissant un pont aérien avec Sanaa pour fournir armements et instructeurs, l’Iran ne voulait pas se faire distancer. Mais la frappe surprise de la coalition, avec la maîtrise aussi bien du Ciel que des voies maritimes, ont transformé les positions iraniennes en simples déclarations critiques et menaçantes contre les pays coalisés. D’après plusieurs spécialistes occidentaux, malgré son armada, Téhéran ne pourra pas faire face à cette force coalisée. Déjà, on parle de la constitution d’une force arabe de 500.000 hommes pour endiguer toute velléité iranienne dans la région. L’embargo et la chute des cours du baril sont autant de facteurs défavorables qui contrecarrent l’ambition iranienne. D’ailleurs, les Houthis restent une minorité dans le tissu yéménite. COMMENT LIRE L’IMPLICATION « EN ARRIÈRE » DES USA ET DES BRITANNIQUES AU CÔTÉ DE LA COALITION DIRIGÉE PAR L’ARABIE ? A.M: Je pense que les Américains ont été informés de la volonté de Riyad et de ses alliés de remettre de l’ordre dans le dossier yéménite. Surtout que les moyens politiques et diplomatiques, soit à travers le représentant du SG de l’ONU, le marocain Jamal BenoPERSPECTIVES MED

35


MACHREK tions négatives de l’Irak et de l’Algérie. Tertio : le projet de constitution d’une armée arabe baptisé « bouclier du désert ». Il s’agit d’une armée de 500.000 hommes répartis entre les pays du CCG et l’Egypte. Ce réveil arabe a même démontré que le Yémen était la porte par laquelle devait transiter le projet déstabilisateur pour nombre de pays arabes sunnites.

mar, soit via des pays éloignés du bourbier, avaient échoué. Bien entendu, si Barak Obama reste fidèle à ses engagements de ne plus envoyer de troupes dans les zones de conflit, le bataillon des marines basé au Yémen ayant été replié vers Djibouti, il n’en reste pas moins qu’il a laissé clairement entendre que la Coalition bénéficiera de la logistique et des renseignements US. Quant aux britanniques, alliés des Américains, ils ne pouvaient que suivre au même titre que les Français.

L’IMPLICATION MAROCAINE RESTE LOGIQUE DANS LA UN « NOUVEL ORDRE ARABE » EST-IL MESURE OÙ RABAT ENTRAIN DE SE DESSINER POUR LA RÉGION ? A RÉPONDU A A.M: Le dernier sommet de Charm Al L’APPEL DE s’est focalisé sur trois points LA LÉGITIMITÉ Cheikh cardinaux. Primo, une réponse favorable à la demande d’intervention présentée par le Président yéménite élu Hédi Mansour. Deuxio ; la résolution de la Ligue arabe d’appuyer l’intervention au Yémen malgré les posi36

PERSPECTIVES MED

COMMENT ÉVALUER LE RÔLE RUSSE DANS LA RÉGION PUISQUE C’EST MOSCOU QUI A APPELÉ LA RÉUNION DU CONSEIL DE SÉCURITÉ SUR LE YÉMEN ? A.M: La Russie avait toujours eu une attitude positive vis-à-vis de la crise yéménite en votant toutes les résolutions qui encourageaient au dialogue, notamment la résolution 2201. Mais après dix jours de frappes de la coalition, et en concertation avec l’Iran, Moscou a demandé l’arrêt des hostilités pour des raisons humanitaires. Mais tout le monde sait qu’il y a alliance entre l’Iran et la Russie concernant l’évolution de la situation au Yémen. Voilà pourquoi c’est avec circonspection que la coalition a accueilli la proposition russe jugeant qu’une trêve serait mise à profit aussi bien par les Houthis que par l’armée régulière pour se réorganiser et se réapprovisionner et donc faire durer le conflit. Voilà pourquoi une contre proposition a été faite par les pays de la coalition pour prendre en charge le dossier humanitaire et permettre aux organisations humanitaires internationales d’entrer au Yémen. Moscou ne va pas au-delà de cette demande pour plusieurs raisons. La coalition compte en son sein des pays amis de la Russie, sans oublier que les 20 millions de musulmans russes sont sunnites. Moscou ne saurait dès lors mettre en équation sa population dans le Caucase quand bien même son appétit géostratégique est assez prononcé dans la zone. COMMENT EXPLIQUER L’INTERVENTION MAROCAINE DANS LE CONFLIT DU YÉMEN ? A.M: Je crois que l’intervention marocaine s’explique par plusieurs raisons. Historiquement, le Maroc est un allié des pays du Golfe. La coopération militaire et sécuritaire entre le Maroc et ces pays évolue en fonction des menaces qui pèsent sur l’un ou l’autre de ses partenaires. Toute la région est considérée par le Maroc comme relevant de sa profondeur stratégique, la Constitution faisant foi. Les pays du Golfe se sont alignés sur toutes les positions marocaines de l’indépendance à nos jours. Les premiers avions qui ont doté les FRA ont été un don fait par la monarchie irakienne. Et la liste est longue. Les pays du Golfe étaient de notre côté dans tout le processus de récupération du Sahara. Cela sans parler de la coopération multiforme qui prend de l’ampleur depuis ces dernières années. Le Maroc a répondu favorablement à l’appel d’un Président légitime qui a été limogé par des milices armées qui obéissent à un agenda extérieur. En tant


que membre de la Ligue arabe, le Maroc ne pouvait se défausser de l’engagement au sein d’une coalition qui veut rétablir la légitimité et la concorde entre les diverses composantes du peuple yéménite. Rabat a même proposé d’accueillir une conférence de réconciliation nationale sous l’égide de l’ONU et de la Ligue arabe. En sus, le Maroc est lié aux pays du Golfe par un pacte d’alliance stratégique. Le Chef de l’Etat est intervenu dans ce dossier en conformité avec la Constitution de 2011 qui régule les pouvoirs royaux en temps de guerre. Dans cet état de figure, avec sa participation symbolique, le Maroc n’est pas en état de guerre contre le Yémen plus qu’il ne répond à l’appel de ses alliés et de la Ligue arabe. QUE GAGNERA LE MAROC D’UN TEL ALIGNEMENT CONTRE L’EXCROISSANCE DU CHIISME DANS LA SPHÈRE ARABE ? A.M: Sur les plans militaire et sécuritaire, le Maroc cumule les expériences. Sur le plan diplomatique, il gagne son statut de pays fiable fidèle à ses engagements de défenseur des Lieux Saints. Et sur le plan cultuel, il contribue à freiner l’expansion du chiisme dans le monde arabe. C’est l’acteur qui joue pleinement le rôle du facteur unificateur contrairement à ceux qui agissent en tant que facteur diviseur et spectateur. LES RELATIONS ENTRE RABAT ET TÉHÉRAN, EN COURS DE RÉTABLISSEMENT, NE RISQUENT-ELLES PAS D’EN PÂTIR ? A.M: Je pense que les relations maroco-iraniennes ne seront pas déstabilisées par l’épisode yéménite. Car les Iraniens ont un projet économique et politique pour le Maroc, la porte de l’Europe et de l’Afrique. Et la petite communauté chiite dans notre pays est insignifiante par rapport à la majorité sunnite. Malgré les regrets de quelques politiques iraniens, la position officielle de Téhéran reste muette. Le rétablissement des relations a été étudié entre les deux parties pendant presque deux ans et le Maroc en a profité pour mettre les points sur les « i ». A l’occasion de la fête du Nairouz, l’ambassadeur d’Iran à Paris a critiqué tous les pays arabes, alliés des USA, sans citer le Maroc. Quoi qu’il en soit, Rabat souhaite des relations avec Téhéran assises sur des bases claires faites de respect mutuel. L’OCI DANS LAQUELLE LE MAROC S’ACTIVE NE RISQUE-TELLE PAS D’ÉCLATER À L’OMBRE DU CONFLIT QUI S’INSTALLE ENTRE CHIITES ET SUNNITES ? A.M: Je pense que l’OCI dont le siège se trouve en Arabie et présidée par un turc a brillé par son absence dans ce conflit. Car toute prise de position pour l’une ou l’autre partie en conflit aurait des répercussions fâcheuses sur l’équilibre de cette organisation panislamique.

A.SALEH BOUTÉ DU POUVOIR

COMPLOTEUR NÉ

Ali Abdellah Saleh. Voilà un « homme fort » qui a duré à la tête de l’Etat du Yémen pendant plusieurs lustres avant d’être balayé par le vent du changement qui a soufflé sur le pays. Ayant déjà fait l’objet d’un attentat qui a failli l’emporter, il ne doit son salut qu’à la bienveillance de l’Arabie Saoudite qui l’a requinquée avant son retour au Yémen, bloqué par une mobilisation générale des masses aspirant au changement. En 2012, à la suite de l’aboutissement des pourparlers de réconciliation nationale, l’ex-homme fort du Yémen devait céder son fauteuil au Président Hédi, élu au suffrage universel. Mais il faut croire que le retrait de Saleh n’a été qu’un retrait de façade puisqu’il continua à bénéficier d’appuis au sein de l’appareil militaire pour préparer son retour. Aujourd’hui que le Président élu a été obligé de s’exiler face à la montée en puissance des milices chiites en atterrissant à Riyad, c’est A. Saleh qui cherche à remonter en selle pour diriger le pays en proie à une guerre civile en jouissant d’un double appui : une partie des corps armées qui lui est restée fidèle et, surtout, les Houthis, ces miliciens chiites qui ont le vent en poupe. Mais dans ce magma d’instabilité où le tribalisme reste prégnant, il est difficile de pouvoir pronostiquer le succès ou non de la démarche roublarde du président déchu Saleh. Surtout que l’instabilité qui secoue le pays est alimentée aussi par des appétits exogènes, la position géostratégique de la Felix Arabia étant au centre de bien des convoitises. PERSPECTIVES MED

37


MÉDITERRANÉE LA FRANCE FACE AU DJIHADISME

TOUR DE VIS RÉPRESSIF ?

Par: Mustapha El Maleh

Tout en menant une guerre sur plusieurs fronts au Sahel et au Proche Orient, la France continue à s’interroger sur l’organisation de ses moyens de lutte contre les réseaux djihadistes. Tout en s’appuyant sur les résultats des commissions d’enquête, le gouvernement Valls s’apprête à légiférer pour accorder plus de moyens aux différents services de la police et du renseignements.

C’

est une commission d’enquête sénatoriale qui s’est penchée sur la lutte contre les réseaux djihadistes en France et en Europe depuis octobre 2014. Exhaustif, ce rapport publié début avril est scindé en deux parties. D’abord en dressant un état des lieux du danger que représentent les réseaux djihadistes et leurs moyens de recrutement en France et en Europe, et ensuite une série de propositions pour prévenir la radicalisation à l’amont et l’adaptation des réponses répressives en aval. Le caractère inédit, puisqu’il est question de «crise sans précédent » est mis en exergue. Les origines du radicalisme sont inhérentes à la déstabilisation de la Syrie et de l’Irak qui exerce une forte attraction sur les combattants étrangers parmi lesquels on compte quelque 1432 ressortissants français. Pour

LA RADICALISATION DJIHADISTE OBNUBILE LE POUVOIR FRANÇAIS QUI RÉAGIT... À DIVERS NIVEAUX

38

PERSPECTIVES MED

les rapporteurs, si le phénomène est ancien c’est son ampleur qui est nouvelle de même que l’aire de recrutement qui couvre désormais l’ensemble de l’hexagone. Les familles des prétendants au djihad restent, en majorité, hostiles aux départs de leurs proches. Mais, démunies et seules face à une forte détermination, elles n’ont rien pu faire. L’accélération du phénomène date de 2012, mais l’Etat ne s’est guère montré prompt à endiguer le phénomène, contrairement à l’Allemagne qui a crée un centre d’information sur la radicalisation chargé, entre autres, de dispenser des conseils aux personnes confrontées à la radicalisation d’un proche. Un tel « capteur» aurait sans doute permis aux pouvoirs publics français de réagir rapidement face à l’accroissement des départs. Il n’empêche que sans l’appui de la société civile - insistent les sénateurs - le développement d’un contre discours véhiculé par l’Exécutif ne saurait, à lui seul, porter ses fruits. La mobilisation observée au lendemain des attentats de janvier laisse espérer l’engagement de la société dans la lutte contre le processus de radicalisation.


Dans la foulée, les sénateurs pointent le manque d’adaptation des services de renseignement face à la nouvelle donne terroriste. Les récents attentats en sont la preuve. A l’intérieur du territoire comme à l’extérieur, la coordination entre les services de renseignement doit se renforcer. « Arrivés aux limites de leurs capacités humaines et techniques », ils doivent être dotés de moyens à la hauteur des tâches qui leur incombent. De même, la « judiciarisation » est tout aussi importante pour empêcher le passage à l’acte des djihadistes revenus de Syrie ou d’Irak. Le « djihad en accès libre » rend la tâche des enquêteurs de plus en plus difficile. Et quand bien même le parquet anti-terroriste de Paris serait compétent dans le traitement des multiples dossiers instruits chaque année, la phase d’incarcération suscite de nombreuses interrogations. Le regroupement des personnes radicalisées au sein d’une maison d’arrêt est problématique. Passés maîtres dans l’art de manier la litote, les sénateurs estiment l’action de l’administration pénitentiaire « perfectible » dans la dé-radicalisation. Deux autres sujets de préoccupation majeurs ont été détaillés. Le premier porte sur « l’utilisation d’internet par les réseaux djihadistes à des fins d’organisation ou pour propager des messages et des vidéos d’apologie du terrorisme ». Loué, l’investissement des forces est rendu difficile par la diversité des supports et l’hébergement des sites à l’étranger. Dès lors, les effectifs des fonctionnaires spécialisés doivent être renforcés pour traquer les infractions. Et les amendes encourues par les contrevenants substantiellement alourdies. Dans le même temps, la France doit s’engager dans une coopération internationale pour lutter contre les « cyberparadis » en définissant une « liste grise » des pays coopératifs et une « liste noire » des pays non coopératifs. Le second accorde une attention toute particulière au financement du terrorisme. Si jadis, seuls les gros transferts d’argent attiraient l’attention des enquêteurs, à leur tête Tracfin, des micro-financements à hauteur de quelques centaines d’Euros suffisent aujourd’hui à ouvrir la route des djihadistes pour se rendre à la frontière syrienne. Dès lors, il faut adapter l’outil en conséquence. Reste la coopération antiterroriste internationale. Celle entre les pays de l’Union européenne a montré ses limites puisque les contrôles aux frontières de l’espace Schengen sont insuffisants. Le rapport exhorte les capitales européennes a davantage de coopération car « les filières djihadistes constituent un défi pour l’ensemble des pays de l’Union européenne et s’en tenir à des mesures purement nationales reviendrait à renoncer à toute efficacité ». Quant aux rapports avec les Etats Unis, la délégation

qui s’est rendue à Washington a pris conscience que les préoccupations américaines sont identiques aux européennes et que « leur expérience dans le domaine de la lutte antiterroriste constitue une source précieuse d’enseignement – y compris par les erreurs ou les dérives qui ont pu être constatées ». Enfin la coopération avec la Turquie, point de passage quasi obligé pour se rendre en Syrie ou en Irak, doit être renforcée. La même politique doit être menée avec l’Egypte. Telles sont les grandes lignes du rapport du sénat français qui doit nourrir la réflexion et l’action du gouvernement dans les mois à venir. Deux semaines après sa publication, Manuel Valls a jugé bon de « boucler la boucle, avec un projet de loi sur le renseignement. Jugé liberticide et intrusif par bon nombre d’associations de défense des droits de l’homme, d’avocats et de magistrats, il suscite l’inquiétude alors que, à l‘èvidence, la France a besoin comme toutes les démocraties de moyens légaux pour se protéger sans pour autant toucher aux libertés fondamentales. L’on verra après les débats à l’assemblée comme au sénat si la France saura trouver le juste milieu pour éviter un Patriot Act à la française.

PERSPECTIVES MED

39


ENTRETIEN

ANTOINE SFEIR ANALYSTE ET POLITOLOGUE

L’ENFERMEMENT COMMUNAUTAIRE

ATTENTION, DANGER !

Par : Abou Sarah

Très sollicité pour son expertise, Antoine Sfeir, à la tête du Centre d’études et de réflexion sur le Proche-Orient, à Paris, ne se berce guère d’illusion quant aux risques qui menacent la stabilité du monde arabe en proie au terrorisme aveugle et aux risques du repli identitaire. Le patron des « Cahiers de l’Orient » répond aux diverses interrogations que suscite l’accélération subite de l’histoire de l’Atlantique à la Mer Rouge. Edifiant.

PERSPECTIVES-MED : LE BOUILLONNEMENT QUE VIT AUJOURD’HUI L’ESPACE ARABE CONFINE AU PESSIMISME. CROYEZ-VOUS EN UNE RÉELLE VICTOIRE SUR L’EXTRÉMISME DONT FAIT PREUVE UNE ORGANISATION TERRORISTE COMME DAECH À LA LUMIÈRE DES APPELS À LA COMPOSITION D’UNE FORCE ARABE D’INTERVENTION ? ANTOINE SFEIR: Le monde arabe a vécu une révolution, souvent hélas confisquée par ceux qui prônent une lecture littéraliste de l’islam. Une révolution prend du temps, et les acquis du printemps arabe sont réels : la parole s’est libérée et les jeunes se sont réapproprié la rue. Quant aux organisations terroristes qui ont poussé l’extrémisme et les atrocités au bout de la barbarie, elles font subir celle-ci en premier aux populations musulmanes, et cherchent à éradiquer toutes les minorités – tout ce qui n’est pas eux – de la région. Or le Coran dit clairement qu’il n’y a pas de « contrainte » en religion, et « je vous ai créé plusieurs nations pour que vous puissiez vous parler ». La communauté internationale ne sait pas comment réagir ; et les Arabes ne sont pas unis pour le faire, ce qui explique que les appels à l’unité soient restés sans réponse pour le moment. C’est bien là le défi qui est lancé pour nous qui avons le pied de chaque côté de la Méditerranée, avec notre double culture, nés Arabes et Français par choix : continuer à être une passerelle et la reconstruire chaque fois qu’elle est détruite. PERSPECTIVES-MED : LA COMMUNAUTÉ INTERNA40

PERSPECTIVES MED

TIONALE SEMBLE S’ÉMOUVOIR BEAUCOUP PLUS DU SORT RÉSERVÉ AUX COMMUNAUTÉS CHRÉTIENNES, SAUVAGEMENT RÉPRIMÉES, ET À UN PAN DE L’HÉRITAGE CULTUREL DE L’HUMANITÉ DÉTRUIT À COUPS DE MASSUES, PLUS QUE DU SORT DE PAYS ÉCLATÉS. EST-IL DANS L’ORDRE DES CHOSES DE FERMER LES YEUX SUR UN AVENIR INCERTAIN QUI MENACE TOUTE LA RÉGION PROCHE-ORIENTALE, VOIRE AU-DELÀ? A.S : La communauté internationale aurait tort de s’émouvoir plus du sort réservé aux communautés chrétiennes. D’ailleurs le massacre des Yézidis l’a également fortement émue, ainsi que ceux perpétrés vis-à-vis des populations kurdes. Parler d’une seule communauté attise en effet des velléités de vengeance à l’égard de celle-ci. Il est vrai que remettre en question les frontières de ces pays forgées au lendemain de la Grande guerre crée un précédent qui peut nous engager dans un avenir non seulement incertain mais précaire, et surtout, susciter en raison de ces barbaries auxquelles on assiste, des renfermements communautaires qui peuvent plonger toute la région dans un communautarisme exacerbé qui annonce d’ores et déjà de nouveaux conflits. PERSPECTIVES-MED : QUE SUGGÈRE POUR VOUS LE GLISSEMENT AFRICAIN DE DAECH? A.S : Le glissement africain de Daech est un signe d’affaiblissement : à la fois de Boko Haram, attaqué par sept armées africaines, et Daech, diminué par


sa défaite à Kobané. PERSPECTIVES-MED : L’EGYPTE EST-ELLE EN MESURE DE JOUER LE RÔLE QUI A ÉTÉ LE SIEN DE STABILISATEUR RÉGIONAL FACE À LA MONTÉE EN PUISSANCE DE LA TURQUIE ET DE L’IRAN? A.S : Il est certain que nous assistons aujourd’hui à un retour de l’Égypte sur la scène arabe. D’autant que la Turquie ne peut légitimement pas se prévaloir d’être un modèle vu l’inscription de la laïcité dans la Constitution et l’échec d’Erdogan à obtenir les deux tiers des sièges du Parlement en juin 2011, ce qui lui aurait permis de renier dans la constitution l’immuabilité de ce principe de laïcité. Le général Sissi considère quant à lui l’Iran comme appartenant quasiment à une autre religion : contrairement à ce que nous aurions pu prévoir, il n’épouse pas la querelle saoudo-iranienne et croit plutôt comme il l’a affirmé à une entente avec l’Iran, pour mieux stabiliser la région.

TOUTE REMISE EN CAUSE DES FRONTIÈRES RISQUE DE PRÉCIPITER LA ZONE ARABE DANS L’INCERTAIN ET LA PRÉCAIRITÉ

L’interventionnisme égyptien en Libye contre les islamistes, au Liban et en Syrie se multiple, et laisse croire à une prochaine initiative égyptienne qui, faut-il le rappeler, a été fort efficace dans le cessez-le-feu négocié entre Israël et le Hamas. PERSPECTIVES-MED : QUEL RÔLE DEVRAIT JOUER L’ARABIE SAOUDITE DANS LA REFONTE DE «L’ORDRE ARABE» QU’ELLE PILOTE DEPUIS LES ACCORDS DE CAMP DAVID ET LA MARGINALISATION DE L’EGYPTE? A.S : L’Arabie saoudite est plutôt aujourd’hui sur la défensive : menacée par un encerclement chiite (Yémen, Iran, Bahreïn), elle risque également de perdre son bastion libanais, Saad el Hariri ayant perdu beaucoup de terrain face aux chiites du Hezbollah. De plus, l’Arabie craint les conséquences d’un nouveau retrait américain, ainsi que le rapprochement irako-iranien, et enfin surtout les deux cartes de Ralph Peters qui circulent aujourd’hui sur la Toile et qui pourraient présager PERSPECTIVES MED

41


ENTRETIEN une sorte d’abandon de la famille des Séoud, puisqu’on y voit l’Arabie dépecée.

A. SFEIR A UNE VISION AIGUISÉE SUR LES ENJEUX QUI MENACENT LE MONDE ARABE DANS SA PLURALITÉ ET STABILITÉ 42

PERSPECTIVES MED

PERSPECTIVES-MED : LA QUESTION PALESTINIENNE EST LA GRANDE OUBLIÉE DANS TOUT CE CHAMBOULEMENT. COMMENT VOYEZ-VOUS L’AVENIR D’UNE CAUSE JUSTE OCCULTÉE AUSSI BIEN PAR LA BARBARIE DAÉCHIENNE QUE PAR LA COMPLAISANCE DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE À L’ENDROIT DE TEL-AVIV? A.S : La question palestinienne a été et demeure encore le conflit matriciel de toutes les confrontations dans le Proche et le Moyen Orient. Elle a été source de frustration, de dénonciation et d’humiliation de toutes les populations arabes. Avant même d’être réélu M. Netanyahu a affirmé qu’il n’y aurait pas d’État palestinien. Cependant, malgré les pressions du Premier ministre israélien Netanyahu, les États-Unis de monsieur Obama ont refusé de céder au diktat israélien. Israël a déjà ignoré plus d’une quinzaine de résolutions du Conseil de sécurité qui remettaient en cause la politique de ses gouvernements successifs ; il n’en est pas à sa première volte-face. L’absence de réaction de la communauté internationale n’est pas une complaisance vis-à-vis d’Israël, mais plutôt un effet de sa culpabilité en raison de tous les pogroms, de tous les ghettos et de la Shoah. Quel avenir peut-on envisager aujourd’hui après la victoire du Likoud ? Etre réaliste signifierait proclamer son pessimisme. PERSPECTIVES-MED : COMMENT FAIRE EN SORTE POUR QUE LE MONDE ARABE, PLUS DIVISÉ QUE JAMAIS, NE RATE PAS SON ENTRÉE DANS LE 3ÈME MILLÉNAIRE? L’ISLAM APPELLE-T-IL À ÊTRE REVU ET CORRIGÉ? A.S : L’islam est appelé aujourd’hui à faire son aggiornamento : malgré un dogme figé depuis la fin du XIe siècle, il avait commencé à le faire au milieu du XIXe siècle, avec Al Ghazali et Mohammed Abduh. Plus récemment, le dernier discours du président Al-Sissi aux deux cent ulémas d’Égypte a été dans ce sens : on ne peut pas ignorer l’Autre indéfiniment. De plus il est vrai que les Arabes ne parviennent pas à s’unir, et on voit se dessiner à nouveau les lignes de clivage qui apparues durant les années 50 et 60 entre les pétromonarchies, émanant de la simple organisation tribale, et une opinion publique arabe qui est, beaucoup plus qu’on ne le dit et le pense, dans un processus de droit à la ressemblance avec l’Occident plutôt que dans une volonté de différence.


CHRONIQUE VÉCU ICI

LA SNCF DÉRAILLE !

«A

vec la SNCF, tout est possible » c’est l’un des slogans phare de cette entreprise, que dire de cette institution des plus réputées en France et dans le monde. Certes, les chiffres sont là pour attester de la sécurité de son réseau ferré et du caractère exceptionnel et fiable de son matériel roulant. Mais le procès qui oppose cette « vieille dame »à une partie de ses salariés marocains ou français d’origine marocaine appelés les « chibanis » lève le voile sur les pratiques discriminatoires qu’elle s’est permise pour asseoir son évolution dans le temps, sans rides. La SNCF d’aujourd’hui, c’est le fruit de lourds investissements et de l’expérience acquise au fil des années. En somme, le facteur humain fut et demeure déterminant pour se parer de ces glorieux qualificatifs. Outre les pères des Michelines et autres TGV, des petites mains ou plutôt de gros bras se sont chargés - d’autres le font toujours - de graisser les rouages, de scruter les milliers de kilomètres de rails qui composent les artères de cette vieille dame. Parmi ces derniers, des centaines de marocains se sont illustrés depuis des dizaines d’années en participant de manière active dans la vitalité de la SNCF. Des bras qu’on est venu chercher dans les villes et campagnes de notre beau royaume, fertile en hommes travailleurs et consciencieux. Reconnaissants à leur employeur, ils lui ont donné le meilleur de leur vie. Au fil des années, ils sont rendus compte qu’ils n’étaient pas comme les autres salariés ou plutôt que si le travail est le même voir plus dur, la rémunération est loin d’être égale alors même que les lois, que dire les textes fondamentaux de la constitution leur garantissent cette égalité ! Outre les différences de salaire, l’âge de départ à la retraite n’est pas le même, la pension n’est pas la même non plus et le taux de réversion à l’épouse en cas de décès est une misère. Aujourd’hui, cette injustice est peut être en

COMME IL N’Y A PAS LIEU DE PARLER DE SHOAH, LA SNCF PEUT SE PERMETTRE DE BROYER SES CHIBANI

Par : Mustapha El Maleh

passe d’être effacée si la justice de la République dit le Droit, rien que le Droit. En effet, depuis 2005, ce sont des centaines de plaignants qui se sont retournés contre la SNCF pour demander réparation d’un préjudice long et coûteux. Les renvois se sont succédés pendant huit longues années avant que la première audience ne soit tenue par les prud’hommes chargés de trancher dans ce genre de litige entre employeurs et salariés. Depuis, dix-neuf autres audiences se sont succédées sans résultats pour nos célèbres « chibanis du rail ». Le 21 septembre sera peut-être la fin de cet opprobre que la SNCF pouvait aisément réparer. Cette affaire rappelle d’autres dans l’hexagone. Les anciens combattants qui ont vu leurs pensions gelées jusqu’à une date récente ou des médecins étrangers. Mais revenons à l’histoire de nos chibanis. Si la SNCF joue la montre puisque l’on estime le préjudice à quelques 350 Millions d’Euros, plus singulières sont les postures des syndicats et des gouvernements français et marocain. Normalement dans une démocratie qui se respecte, les centrales syndicales veillent au respect du droit du travail pour tous. Mais alors, hormis Sud Rail, les autres centrales se sont drapées dans un silence comment dire …….complice ! Quant à l’Etat dont l’une des charges régaliennes est de veiller au respect de ses valeurs fondamentales à savoir l’égalité, il n’a nullement rempli sa tâche depuis 1970, date à laquelle cette ignominie a été mise en application. Aujourd’hui encore, il excelle dans l’art footballistique : botter en touche. Normal, c’est l’actionnaire unique !! Quid de l’amitié indéfectible avec le Maroc ? C’est étonnant, comme j’ai un arrière goût amer dès qu’on parle d’amitié. Mais c’est oublier qu’on politique il n’y a pas d’amis, il n’y a que des intérêts. Dès lors, pourquoi Rabat ne fait pas de la défense des intérêts de ses ressortissants un casus belli à la signature de tout contrat ? L’exemple de Washington est édifiant. Pour que la SNCF puisse investir le sol étatsunien, il a fallu que Paris s’acquitte d’une somme rondelette en guise de réparation du rôle de la SNCF dans la déportation des juifs entre 1942 et 1944. Décidément, avec la SNCF tout est possible.

PERSPECTIVES MED

43


MAGHREB L’ALGÉRIE PIÉTINE

LE SYSTÈME MIS À NU Par : A. Ben Zeroual

Entre spéculations et projections, la révision constitutionnelle en Algérie joue à l’Arlésienne. Aux consultations s’ajoutent les spéculations sur la teneur des réformes… Le tout demeurant aussi flou que pour le modus operandi.

P

assé le cap de l’organisation de la Coupe d’Afrique dans laquelle le pouvoir algérien plaçait ses espoirs, le foot étant aussi « l’opium du peuple », la nomenklatura a choisi de réoccuper le terrain en jouant sur plusieurs tableaux à la fois. D’abord, il y a la liquidation de ce que le système algérien appelait «terrorisme résiduel », l’APN ayant réussi une opération qui aurait conduit à la liquidation, dans la région de Boumerdès, du chef de file de Jund Al-Khilafa. C’est toujours bon à prendre pour faire oublier le précédent d’In Amenas. Ensuite, en multipliant les démarches de bons offices pour régler les problèmes du voisinage, les cas du Mali et de la Libye restant toujours en suspens, avec les dangers qu’ils font courir à la stabilité de l’Algérie. Et last

LE BLOCAGE RESTE ENTIER EN ALGÉRIE OÙ DES VOIX SE FONT DE PLUS EN PLUS AUDIBLES POUR LE CHANGEMENT

44

PERSPECTIVES MED

but not least, rien ne vaut d’occuper la scène politique en faisant grand cas de la révision de la Constitution pour laquelle deux consultations ont déjà eu lieu… Sans pour autant que les formations politiques ne soient fixés sur sa teneur. Surtout que « la vacance de pouvoir » qui profite à Said Bouteflika, depuis que son frère Président est diminué, a poussé de gros calibres politiques, bénéficiant d’une aura historique doublée d’une respectabilité aussi bien nationale qu’internationale, à en appeler à la grande muette pour qu’elle sorte de son silence pour aider le pays à s’assurer d’une alternance politique sans dégâts. Ainsi, une offensive été menée par le tandem du FLN, Ould Khelifa-Saadani, auxquels s’est adjoint le secrétaire général du RND, Abdelkader Bensalah, pour faire monter les enchères politico-politiciennes. Avant qu’une voix «autorisée» n’intervienne pour les rappeler à l’ordre. C’est Mourad Medelci, président du Conseil constitutionnel, qui est sorti de sa réserve pour rappeler trio susmentionné la réalité toute nue. «La Constitution est régie par des règles claires et lorsque le président de la République décide de procéder


LOI ANTITERRORISTE EN TUNISIE

TOUR DE VIS SÉCURITAIRE

Le gouvernement tunisien entend faire les bouchées doubles pour faire avaliser le nouveau projet de loi de lutte antiterroriste qui d’ores et déjà inquiète les ONG de défense des droits humains. Le projet de loi de 2014 avait été mis de côté au moment des élections générales. Mais depuis l’attentat contre le musée du Bardo, les parlementaires entendent mener à bien un nouveau projet de loi pour renforcer la lutte antiterroriste. Pour Human Rights Watch, ce texte autoriserait la garde à vue prolongée et affaiblirait les garanties judiciaires des prévenus inculpés d’acte terroriste. Il lèverait également le moratoire sur la peine de mort, comme s’en inquiète Amna Guellali, chercheuse pour l’ONG à Tunis : « En Tunisie, il y a un moratoire sur la peine de mort. Donc les juges peuvent condam-

à sa révision, il le fait à travers une saisine officielle du Conseil constitutionnel, et nous sommes en attente de cette saisine jusqu’à présent», a-t-il martelé. Mais serait-ce suffisant pour que la fièvre ainsi alimentée retombe. Rien n’est moins sûr. Surtout que le système est loin d’être crédible aux yeux d’une opinion très attentive aux scandales qui façonnent le quotidien d’une république de toutes les gabegies. Au-delà des procès vite pliés, c’est un nouveau pavé qui est jeté dans la mare. Il s’agit d’un livre publié en France qui apporte nombre d’éclairages sur les « affaires » dans lesquelles trompent nombre de dignitaires du régime. Commis par deux grands reporters français « Paris-Alger, une histoire passionnelle » ne restera pas en stock. Surtout que des noms comme Sellal, Bouchareb, Saadani, Brahimi, Cherif Abbas sont cités pour leurs acquisitions immobilières en bordure de la Seine et bien au-delà de la capitale des lumières. Ca sent le roussi… Tout cela donne du poids à Louisa Hanoune qui, dans un de ses récents meetings populaires a fait état de la gabegie dont fait montre le système. Les chiffres confirment une certaine tendance au laisser-aller avec un secteur informel qui brasse près 3700 milliards de dinars selon le Premier ministre et une évasion frauduleuse de devises à hauteur de 60 milliards de dollars, selon le président de la République, a-t-elle rappelé. La leader du parti du Travail (PT) s’interroge pourquoi le privé bénéficie de 60 milliards d’effacement de dettes fiscales alors que la fraude est évaluée à 5000 milliards. A ses yeux, « l’oligarchie » qui vit de la rente que lui offre une économie parasitaire ne saurait faire preuve de « nationalisme » comme le fait la vraie bourgeoisie qui investit pour développer son pays. A ses yeux, «les révolutions naissent pour deux raisons : l’exploitation d’une majorité du peuple par une minorité de privilégiés (sociale) ou alors l’oppression et la dictature (politique).» Une prémonition ?

ner les personnes à une peine de mort, mais cette peine n’est pas exécutée. Ce moratoire existe depuis 1991. Donc ici, la réintroduction de la peine de mort dans le nouveau projet peut donner lieu effectivement à une application de ces peines. Et ça peut représenter un recul par rapport à ce qui existait avant en Tunisie ». Dès lors, il est important que le Parlement garde à l’esprit que le débat sur le projet de loi doit rester rationnel et ne doit pas être influencé par l’émotion engendrée par les attentats. « Il est très important que le Parlement examine sereinement cette nouvelle loi et qu’il ne prenne pas des décisions hâtives, dictées par des questions politiques ou par la réactivité par rapport à l’événement parce que cela, finalement, ne serait que contreproductif et ne ferait qu’affaiblir encore plus la possibilité pour le système de lutter contre le crime terroriste ». La société civile réussira-t-elle à se faire entendre dans le pays de la Révolution du Jasmin ?

LA LIBYE EN PROIE À LA VIOLENCE LA PAIX AU BOUT DU FUSIL ?

La Mission d’appui de l’Organisation des Nations unies en Libye (Manul) a réitéré son appel aux parties en conflit «à éviter d’entreprendre des actions militaires» qui exacerberaient les «très fortes tensions» existantes et menaceraient le dialogue inter-libyen. Livré aux milices depuis la chute du régime El Kadhafi, en 2011, le pays est écartelé entre deux gouvernements et deux Parlements, l’un à Tripoli sous la coupe d’une coalition de milices appelée « Fajr Libya », l’autre dans l’est du pays reconnu par la communauté internationale. Depuis octobre, les forces pro-gouvernementales (miliciens et soldats) tentent de reprendre Tripoli et les régions à l’ouest de la capitale libyenne, aux mains de « Fajr Libya » depuis août 2014. Causant des combats d’une rare violence dans la région d’Aziziya, à 35 km à l’ouest de la capitale. Plus à l’est, du coté de Benghazi, deuxième ville du pays, ce sont des groupes armés islamistes non liés à « Fajr Libya » qui s’opposent aux forces progouvernementales. Les forces du général Khalifa Haftar, devenu l’homme fort de l’armée libyenne, cherchent depuis mai 2014 à chasser de Benghazi les groupes islamistes armés qui contrôlent en partie la ville. Il a assuré à, la mi-mars qu’il reprendrait le contrôle de Benghazi d’ici un mois. Ces nouvelles violences surviennent alors que les réunions de réconciliation s’alternent entre Rabat, Alger et Vienne. PERSPECTIVES MED

45


PANORAMA TURQUIE

SALE TEMPS POUR ERDOGAN A l’aube de jeudi 2 avril plusieurs dizaines de policiers ont effectué une descente dans des foyers liés au Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C), une organisation clandestine qui a revendiqué de nombreux attentats armés depuis les années 1990, a indiqué l’agence de presse Dogan. Une dizaine de personnes ont été arrêtés lors de cette vaste opération. Le même jour, le quartier général de la police turque était visé par une attaque. La police turque a opéré, mercredi 1er avril, dans tout le pays, un vaste coup de filet parmi les proches du groupe clandestin d’extrême gauche à l’origine de la prise d’otage du magistrat Kiraz qui enquêtait depuis plusieurs mois sur les circonstances de la mort de Berkin Elvan, adolescent décédé le 11 mars 2014 après 269 jours de coma, par le tir d’une grenade lacrymogène lors de la fronde antigouvernementale de juin 2013. Selon les médias turcs, le commando qui a pris le magistrat en otage exigeait que les policiers à ses yeux responsables de la mort de Berkin Elvan fassent une «confession publique» et qu’ils soient traduits devant un «tribunal du peuple». L’adolescent est devenu un symbole de la dérive autoritaire que ses adversaires reprochent à Tayyip Erdogan. A la veille de législatives au terme desquelles le président Erdogan espère réviser la Constitution en sa faveur, la Turquie connaît un regain de violence.

Mathieu Guidère (Islamologue) : « Même si l’islam politique est tenu en échec un peu partout, on est loin d’une séparation de l’État et de la religion. Les islamistes continuent, sous diverses formes, d’exercer une pression politique énorme et font peser un risque réel d’instabilité sur les pays arabes, y compris sécularisés comme le Maghreb.Une députée palestinienne va être emprisonnée six mois par Israël. Khalida Jarrar a reçu dimanche 5 avril un ordre de détention administrative, un emprisonnement sans procès. La membre du Conseil législatif palestinien avait été arrêtée dans la nuit du 1er au 2 avril dernier,

DÉSTABILISATION ISLAMISTE SOS !

chez elle, à Ramallah. L’Autorité palestinienne ainsi que plusieurs associations ont réclamé sa libération ainsi que la Ligue arabe (…Aucun pays arabes n’est vraiment protégé. La fulgurante montée en puissance de l’État islamique et sa résilience ont donné des idées aux divers groupes djihadistes qui végétaient depuis la mort de Ben Laden en 2011. On peut redouter dans l’avenir une implantation durable de l’idéologie de l’EI en l’absence d’un projet politique pour cette région du monde. )

46

PERSPECTIVES MED


Afghanistan

ATTENTATS MEURTRIERS

Les attaques perpétrés par les Talibans n’en finissent pas. Un soldat US en a fait les frais au même titre qu’un combattant de l’armée régulière afghane. La tension reste vive dans ce pays où un attentat-suicide perpétré lors d’une manifestation a fait au moins 13 morts et des dizaines de blessés, dans une province de l’est de l’Afghanistan, frontalière du Pakistan. L’attentat s’est produit dans la ville de Khost, capitale de la province éponyme, alors que des milliers de manifestants se dirigeaient vers la résidence du gouverneur provincial Abdul Jabar Naeemi, accusé de corruption.

ISRAËL RÉPRIME DÉPUTÉE EMBASTILLÉE Khalida Jarrar, militante du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et députée, passera six mois dans une prison israélienne sans autre forme de procès depuis que les autorités israéliennes ont décidé de sa détention administrative, une disposition héritée du mandat britannique. L’association Adammer a vivement réagi en considérant que cette « arrestation arbitraire faisait partie d’une campagne israélienne visant à emprisonner les figures politiques palestiniennes.» A l’été 2014, la députée avait reçu une obligation de quitter Ramallah, ordre qu’elle avait refusé de respecter. Pas moins de quinze membres du Conseil législatif palestiniens sont actuellement derrière les barreaux. Parmi eux, Marwan Barghouti considéré comme un potentiel successeur de Mahmoud Abbas.

Terrorisme

De Charlie Hebdo à TV5 La chaine française d’informations TV-5 a subi une attaque menée par des hackers qui se réclament du groupe terroriste « l’Etat islamique ». C’est la France qui est visée

SINAÏ

SANGLANTES ATTAQUES

par cette attaque, laisse-t-on entendre à Paris. En effet,

Au moins 15 soldats et 15 assaillants

l’engagement militaire français sur plusieurs théâtres

djihadistes ont été tués dans cinq

d’opération où la nébuleuse islamiste est active (Sahel,

attaques dans le nord du Sinaï égyp-

Corne de l’Afrique, Golfe) pourrait expliquer une telle

tien, où l’armée combat une branche

opération qui a ciblé un média audiovisuel après l’attaque

locale du groupe Etat islamique (EI),

de Charlie Hebdo.

a annoncé la police. Les soldats ont été pris pour cibles par des «terroristes» qui ont attaqué, à l’arme automatique et au lance-roquettes, deux postes de contrôle routier, l’un à Cheikh Zuwaïd, l’autre à Rafah, le

L’ÈRE DU DJIHADISME 2.0 EST DÉSORMAIS BIEN INSTALLÉE.

point de passage entre l’Egypte et la bande de Ghaza. Par ailleurs, trois civils ont été blessés par l’explosion d’un obus de mortier dans la province du Nord-Sinaï. Cet attentat est le plus meurtrier depuis que l’Egypte a décidé de se joindre à la coalition qui mène une large offensive au Yémen.

« Soyez de bons citoyens, de bons musulmans et de bons juifs », telle est en substance l’appel fait par Béji Caid Essebssi à la communauté tunisienne établi en France en marge de sa visite d’Etat où il a rencontré l’hôte de l’Elysée F. Hollande.

PERSPECTIVES MED

47


PANORAMA

GOOD-BYE JONATHAN… LE NIGÉRIA DANS L’INCERTITUDE Triste et lourd bilan : au moins 147 personnes ont été tuées, le 2 avril, dans l’attaque par les islamistes somaliens shebab du campus de l’university College de Garissa, ville de l’est du Kenya située à environ 150 kilomètres de la frontière somalienne. Il y a “147 morts confirmés dans l’attaque de Garissa”, a annoncé le Centre national de gestion des catastrophes (NDOC). Il s’agit de l’attaque la plus sanglante dans le pays depuis l’attentat contre l’ambassade américaine de Nairobi en 1998. Les islamistes somaliens shebab ont revendiqué cette attaque qui a duré environ 16 heures. “Le Kenya est en guerre avec la Somalie [...]

CARNAGE

EAUX DU NIL LA GUERRE N’AURA PAS LIEU

L’Égypte et le Soudan ont donné leur accord de principe à la construction par l’Éthiopie d’un immense barrage sur le Nil bleu. L’accord de principe au barrage Grande Renaissance a été signé à Khartoum entre le président égyptien, son homologue soudanais et le Premier ministre éthiopien. « Je confirme que la construction du barrage Grande Renaissance ne nuira pas à nos trois États, et en particulier au peuple égyptien », a déclaré ce dernier. L’Éthiopie a commencé à détourner les eaux du Nil bleu en mai 2013 pour construire le barrage de 6 000 mégawatts, qui sera le plus grand d’Afrique en 2017. Le Nil bleu rejoint le Nil blanc à Khartoum pour former le Nil qui traverse le Soudan et l’Égypte avant de se jeter dans la Méditerranée. L’Égypte, qui dépend du Nil pour s’approvisionner en eau, redoutait que le barrage n’affecte le débit du fleuve. « Nous avons choisi de coopérer et de nous faire confiance mutuellement », a commenté le président égyptien à Khartoum, rappelant qu’il « s’agit d’un accord de principe qui doit être complété ». 48

PERSPECTIVES MED

Au Nigeria, à peine élu au terme d’un scrutin salué dans le monde, le nouveau président, l’ex-général Muhammadu Buhari s’est engagé mercredi à « débarrasser la Nation de la terreur » du groupe islamiste Boko Haram. Comme en réponse, un attentat a eu lieu dans le nord à Gombe, tuant au moins cinq personnes. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, Muhammadu Buhari va encore devoir patienter deux mois, période de battement avant d’être effectivement au pouvoir. Si Muhammadu Buhari a récupéré son certificat de la Commisson électorale nationale indépendante attestant qu’il a été officiellement élu président, sa prise de pouvoir ne sera effective qu’à l’issue d’une cérémonie d’investiture qui a traditionnellement lieu le 29 mai. En attendant, l’administration de Goodluck Jonathan est toujours aux commandes et les opérations menées conjointement avec le Cameroun et le Tchad pour lutter contre les islamistes se poursuivent telles quelles.

SCANDALE AU PP RAJOY DANS LA TOURMENTE

En Espagne, rebondissement dans le scandale du financement illégal du Parti populaire (PP) dirigé par M. Rajoy. L’affaire, éclatée en 2009, pourrait se retrouver devant la justice. Le juge P. Ruz vient de rendre son rapport après deux ans d’enquête : le parti de droite a eu une comptabilité occulte. Il aura fallu attendre le départ de la ministre de la Santé, pour corruption, en novembre 2014 pour que le gouvernement décide d’inscrire le délit de financement illégal des partis au code pénal. Mais le nom du Premier ministre est régulièrement cité dans l’affaire de la caisse noire, et la meccano judiciaire tombe mal, en pleine année électorale.

BOKO HARAM CONTRE ATTAQUE TCHADIENS DANS LE COLLIMATEUR

Neuf soldats tchadiens ont été tués et 16 autres blessés au Nigeria lors de combats avec des éléments du groupe terroriste Boko Haram, près de la ville de Malam Fatori (nord-est), a annoncé l’état-major de l’armée tchadienne. Les soldats ont été tués dans une embuscade à une dizaine de kilomètres de Malam Fatori, reprise à Boko Haram en par les armées tchadienne et nigérienne, a précisé le porte-parole de l’armée, le colonel Azem.

DIXIT

« JE CROIS AU POUVOIR DE MILLIONS DE CONSERVATEURS AMÉRICAINS COURAGEUX SE DRESSANT POUR FAIRE REVIVRE LES PROMESSES DE L’AMÉRIQUE. ET POUR CETTE RAISON, J’ANNONCE QUE JE SUIS CANDIDAT À LA PRÉSIDENCE DES ETATS-UNIS. » TED CRUZ, PREMIER CANDIADT POUR LA PRIMAIRE DES RÉPUBLICAINS US.


ÉCONOMIE &

MARCHÉ

LA CGEM FACE AUX URNES

AU MILIEU DU GUÉ

LE PATRONAT MAROCAIN SAIT CONJUGUER, QUAND IL LE FAUT, BUSINESS ET POLITIQUE. S’IL S’EST MOBILISÉ POUR LES PROVINCES SAHARIENNES, ET LA SYMBOLIQUE EST DES PLUS FORTES, C’EST QU’IL PEUT AUSSI FAIRE PREUVE DE PLUS DE VOLONTARISME DANS L’ACCOMPAGNEMENT DES RÉFORMES SOUHAITÉES ET SOUHAITABLES DANS LE PAYS. RÉFORMES SUSCEPTIBLES DE PERMETTRE L’ÉMERGENCE RÉELLE DU MAROC, AVEC UNE STRATÉGIE DE GROUPES CONVERGENTE, ASSISE SUR LE VOLONTARISME DE VRAIS CAPITAINES D’INDUSTRIE QUI CROIENT EN LEUR CHANCE DANS UN MONDE OÙ LA CONCURRENCE SE FAIT SANS MERCI… LE TOUT POUR RÉINDUSTRIALISER LE PAYS, PRENDRE À BRAS LE CORPS LA PROBLÉMATIQUE DU CHÔMAGE, SCELLER UNE VRAIE POLITIQUE SOCIALE, PLUS PARTENARIALE QUE CONFLICTUELLE. ON PEUT, BIEN DES FOIS, SE PRENDRE À RÊVER DE CE MAROC POSSIBLE OÙ LA CULTURE DES « OCCASIONS À NE PAS RATER» CÈDE LE PAS À CELLE DE L’EFFORT, OÙ L’ÉCONOMIE DE RENTE ET SON COROLLAIRE PARASITAIRE SOIT REMPLACÉE PAR UNE ÉCONOMIE DU SAVOIR-FAIRE ET DU SAVOIR. CAR C’EST BIEN LÀ L’UNIQUE SOLUTION À L’ÉQUATION SOCIO-ÉCONOMIQUE DU PAYS QUI PARAÎT BIEN INEXTRICABLE À LA LUMIÈRE D’UNE FAIBLE CROISSANCE QUI, GÉNÉRALEMENT, N’EST SAUVÉE QUE PAR LA CLÉMENCE DU CIEL. L’HEURE N’EST PLUS CELLE QUI INCITE À FAIRE DU SURPLACE. L’ÉLECTION AU RYTHME DE LAQUELLE VIBRERA LA CONFÉDÉRATION PATRONALE SUSCITE, CERTES, DES INTERROGATIONS. MAIS SURTOUT CULTIVE DES ATTENTES. SURTOUT QUE LE PAYS A BESOIN DE SEMER AUJOURD’HUI CE QUE LES GÉNÉRATIONS FUTURES DOIVENT CONSOMMER DEMAIN. UN PATRONAT QUI SE RESPECTE EST UN PATRONAT QUI OSE DÉRANGER LES CERTITUDES ET QUI OFFRE D’AUTRES PERSPECTIVES QUE CELLES QUI FONT QUE LE TAUX DE CROISSANCE DU PIB SOIT AUSSI FAIBLE. OSERA-T-ON FRANCHIR LE RUBICON ? PERSPECTIVES MED

49


ÉCONOMIE MERIEM BENSALAH BRIGUE UN 2ÈME MANDAT À LA CGEM

SEULE, EN COURSE !

Par : A.Ben Driss

Et c’est parti pour un 2ème tour à la CGEM. C’est bel et bien la présidente-sortante qui rempilera pour un deuxième mandat à la tête du Patronat marocain. Une élection sans enjeu ? Rien n’est moins sûr.

C’

est au cours de la première semaine d’avril que Meriem Bensalah a confirmé, par un tweet, sa volonté de briguer un deuxième mandat à la tête du Patronat marocain. La Présidente des Eaux minérales d’Oulmès compte s’appuyer, en rempilant, sur Mohamed Talal, comme vice-président général, Salaheddine Kadmiri ayant préféré, de guerre lasse, jeter l’éponge. Pour les observateurs de la chose patronale, tout semble indiquer que la « Patronne des patrons », une première dans les annales de la CGEM, a toutes les chances de rester seule en course… Faute de candidats. Une atmosphère de « déjà vu» qui pèse, à coup sûr, sur la pratique démocratique de base qui, en toute logique, devait engager dans la course plusieurs candidatures. Le fait est que la logique « consensuelle » semble être la plus privilégiée dans les cercles du business, un trait de caractère qui plus se trouve renforcé par l’absence d’un militantisme de bon aloi chez les patrons. Ces derniers font toujours attention aux concurrents et calculent là où ils entendent

AVEC UN GOUVERNEMENT ISLAMISTE, LA PATRONNE DE LA CGEM A BATAILLÉ

50

PERSPECTIVES MED

mettre les pieds. Et a fortiori lorsqu’il est question de « proximité », réelle ou supposée, entre les engagés dans la course à la présidence et le pouvoir politique. On est dès lors loin de revivre un quelconque remake des épisodes fiévreux qui avaient marqué la CGEM il y a quelques lustres de cela. Et c’est ce qui alimente le feu de la critique de bien des observateurs qui regrettent «la monoculture » qui domine les couloirs du patronat. Alors qu’une telle structure aurait tout à gagner en composant autrement avec le pouvoir politique en faisant preuve de plus d’autonomie, voire d’indépendance. «Patronat 2.0 » ou encore CGEM « nouvelle génération» sont autant de qualificatifs qui collent à une vieille institution dont toute perte d’autonomie induirait, à terme, des risques. Nul besoin de rappeler ici que la démocratie se conforte et se renouvelle lorsqu’elle se base sur des institutions fortes et crédibles. Certes, le Patronat a été conforté dans son rôle par le gouvernement. Et les échanges d’amabilités entre la Patronne des patrons et le Chef du gouvernement avaient vite fait de céder le pas à une « entente » entre les deux parties sur les règles du jeu à observer sur un terrain où « la puissance publique » côtoie et heurte, à l’occasion, un contre-pouvoir privé, ou supposé comme tel. Souvenons-nous de l’épisode de l’éléphant Benkirane qui, dans sa marche victorieuse de son début de mandat, a tenté maladroi-


tement de marcher sur les pieds de ses vis-à-vis du Patronat. Et de la réplique cinglante de M. Bensalah qui avait fait le buzz. De l’anecdotique que tout cela ? En tout cas, ce n’est pas pour rien que l’on avance déjà sur le tapis la frilosité dont fait preuve « la vieille dame » face à l’irruption d’affaires qui affectent des groupes économiques assez puissants. Le syndicat patronal n’est pas monté au créneau pour bien ficeler une « communication de crise » pour atténuer un tant soit peu les appréhensions d’une opinion publique qui suit, non sans inquiétudes, les turpitudes de groupes cotés en bourse. Plus, on reproche aussi à la vieille dame qu’est la CGEM de ne pas avoir réagi face à un délit d’initié qui a secoué le landerneau dans les provinces méridionales lors d’appels à manifestation d’intérêt. « Où est le Patronat ? » s’interroge-t-on. Si les critiques fusent, rien n’occulte le courage dont a fait preuve la candidate sortante. « C’est un boulot à plein temps » qu’elle a réussi à abattre en assumant ses responsabilités, assure-t-on auprès de la CGEM. Une structure devenue incontournable dans tous les chantiers économiques lancés dans le pays et partie intégrante de nombre de stratégies sectorielles. Plus, à décharge, on avoue que le Patronat a même pris une autre dimension en étant de toutes les batailles politico-économiques engagées par le Maroc à l’étranger. Les liens avec les patronats européens ont été raffermis et la CGEM joue aux VRP dans des foras où business et diplomatie vont de pair, comme c’est le cas avec les puissances américaine, russe ou chinoise… Si elle n’accompagne pas la franche ouverture du Royaume dans plusieurs pays africains qui sollicitent et l’investissement et l’expertise marocains. Là, carton plein pour le syndicat patronal. Celui-là même qui vient de concrétiser le vœu de voir les hommes d’affaires marocains s’impliquer davantage dans le développement des provinces sahariennes. Plus de 4 milliards de Dh seront ainsi injectés dans l’économie régionale. Mais si la symbolique est capitale pour le cas d’espèce, on regrette la faible implication du Patronat au niveau des autres régions. « Elles sont délaissées » alors que le gros des troupes de ce syndicat patronal se trouvent justement dans les régions. La CGEM ne se limite pas à Casablanca,

Tanger, Oujda ou Laayoune. Des Unions régionales qui attendaient plus d’intérêt de la part de la « patronne des patrons » sont restées sur leur faim. Et pourtant, dans le chantier institutionnel qui se met en place avec la régionalisation, la CGEM a déjà 8 tickets de réservés à la Deuxième chambre. M. Bensalah craignait-elle de croiser le fer avec les patrons des unions régionales qui n’ont pas la langue dans la poche ? En tout cas, hors Casablanca, on se fait fort que de rappeler que la Patronne des patrons n’a pas honoré ses engagements de campagne. Tout en lui concédant, quand même, une «force de caractère » qui force le respect (le dirigisme dont elle fait montre est quelque peu atténué par les solutions consensuelles adoptées) et un « carnet d’adresses intéressant » pour juguler les crises. C’est ce qui fait que la candidate-sortante a toutes les chances de l’emporter haut la main. Même si des « ratés » marquent son parcours. Comme c’est le cas pour le dialogue social, source de pesanteurs, qui piétine… Ou encore la prise en charge par l’Exécutif de tous les dossiers que la CGEM prend sur elle de défendre pour empêcher qu’un pan de l’économie nationale ne soit asphyxié par une réactivité gouvernementale des plus lentes.

Avec A. Benkirane, M. Bensalah a réussi à faire avancer un dialogue institutionnel. Même si les acquis restent maigres pour les patrons.

UNE FEMME À POIGNE…

Les équipes de la présidente sortante phosphorent dur pour élaborer le bilan du mandat de Meriem Bensalah, élue présidente de la CGEM alors que l’équipe islamiste de Benkirane chauffait ses fauteuils ministériels. Car si la Présidente n’aura aucune peine à rassembler les 100 signatures pour valider sa candidature à un 2ème mandat, couru d’avance, il n’en reste pas moins que c’est autour du bilan, à soumettre au débat du Conseil d’administration, que l’élection sera bouclée. L’espoir étant de voir cette élection succession représenter un réel enjeu pour la mobilisation des acteurs économiques. Ce que l’on craint le plus c’est la désaffection des patrons. Eux qui évaluent le bilan de la Présidente en demi-teinte. Surtout en matière de dialogue social et des doléances qui conditionnent la survie de nombre d’entreprises. Le règlement de la lancinante problématique des délais de paiement est toujours en suspens alors que la bataille sur la fiscalité fait du surplace… Si l’on excepte le remboursement prioritaire pour les PME du crédit TVA. La femme de poigne qui a marqué les annales de la CGEM a des excuses à faire valoir : son mandat étant intervenu en une période des plus délicates, l’environnement international n’étant pas de tout repos avec une crise systémique à l’international doublée d’une déliquescence à l’échelle arabe et sahélo-africaine. Mais estce suffisant pour remporter les suffrages de ceux qui attendaient plus d’une battante ?

PERSPECTIVES MED

51


ÉCONOMIE CROISSANCE BLOQUÉE, SELON LA BAD

DISQUALIFICATION HUMAINE Par : Abou Marwa

En vue de comprendre les difficultés de l’économie marocaine à s’inscrire dans une trajectoire de croissance forte et durable, et à la demande du gouvernement, la BAD a tenté d’examiner, à travers une étude pour le MCC, les limites inhérentes au modèle de croissance suivi par le pays. Au-delà des paradoxes soulevés par cette étude, le capital humain ressort de loin comme la première cause de défaillance de l’économie du pays.

L

a Banque africaine de développement (BAD) avec le Millenium Challenge Corporation (MCC) ont procédé à une étude exhaustive des faiblesses et des atouts qui caractérisent l’économie du pays. Intitulée « Diagnostic de croissance du Maroc – Analyse des contraintes à une croissance large et inclusive », l’étude note que l’économie marocaine doit faire sa mue pour corriger ses faiblesses. D’emblée, le rapport souligne la volatilité dont souffre la croissance marocaine, liée à la concentration de la production dans un petit nombre de secteurs, à savoir celui des matières premières et le secteur agricole qui sont fortement dépendants des marchés mondiaux et des aléas climatiques, ou encore à l’absence de création significative de valeur ajoutée dans les branches de produits industriels ce

LE MODÈLE DE CROISSANCE EN VIGUEUR A ATTEINT SES LIMITES. LE SALUT EST AILLEURS!

52

PERSPECTIVES MED

qui constitue probablement un obstacle au passage à un stade de développement supérieur. Le rapport revient aussi sur les trois paradoxes qui caractérisent l’économie du pays. Primo, son taux de croissance qui demeure en deçà de son potentiel, et principalement nourrie par la consommation (publique et privée), alors même que le Maroc peut se targuer d’afficher un taux d’investissement parmi les plus élevés au monde (31,7 pour cent du PIB en 2012). Secundo, la transformation structurelle de l’économie reste lente, en dépit de ce taux d’investissement à deux chiffres. Enfin, le secteur privé souffre d’un manque de dynamisme comme en témoignent le poids important du secteur informel, l’importance de la part des PME et leur incapacité à se hisser à des niveaux supérieurs, la maigre part du secteur privé dans l’investissement global, la faible diversification sectorielle des investissements, et l’afflux limité des investissements directs étrangers, porteurs de modernité et de dynamisme. Aussi et malgré la résilience affichée ces dernières années, le modèle de croissance du pays a atteint ses limites et, selon ce rapport, il est désormais urgent de le repenser si l’on veut tirer le maximum de profits des potentialités du pays dont notamment, son dividende


démographique non encore suffisamment valorisé.

L’HEURE DES RÉFORMES Après le constat, l’étude recommande aux autorités de procéder aux réformes nécessaires pour la viabilité de l’économie marocaine. Dans ce sens, et pour remédier à ces faiblesses, le pays doit procéder à des réformes sur deux ensembles de contraintes majeures qui entravent une croissance qui doit d’être portée par le secteur privé. La première est liée au capital humain qui, malgré les efforts déployés par les autorités pour améliorer le système d’enseignement et de formation, constitue toujours le maillon faible. Le pays affiche des taux et une durée moyenne de scolarisation insuffisants au regard de son niveau moyen de revenu. Du coup, la main d’œuvre marocaine, pas assez qualifiée, n’offre pas assez de compétences avérées ou spécialisées – ce dont pâtit le secteur privé. En plus de l’insuffisance en capital humain qualifié, l’inadéquation entre les formations proposées par le système d’éducation et de formation et les besoins des entreprises est l’un des facteurs ayant un impact négatif sur la croissance économique et l’employabilité des jeunes diplômés. Dès lors, la réforme du système d’enseignement devient une priorité et l’investissement dans l’enseignement secondaire professionnel serait une condition pour promouvoir une croissance durable. Le deuxième type de contraintes qui entravent la croissance se situe à un niveau micro-économique, qui conjugue un système judiciaire lent, un système fiscal perçu comme peu lisible et relativement lourd, un foncier difficile d’accès et une réglementation du marché du travail contraignante. Aussi, l’accélération des réformes structurelles dans le domaine judiciaire, foncier et fiscal est essentielle pour promouvoir l’investissement privé et donner plus de confiance aux investisseurs. Enfin, pour asseoir une croissance durable qui profite à tous, l’étude note que le pays doit impérativement améliorer l’accès aux services de santé et développer les infrastructures dans les zones rurales enclavées et faire en sorte que les ressources en eau et en énergie y soient mieux gérées pour perdurer.

PLUS D’INNOVATION ET DE COORDINATION L’économie marocaine souffre d’un manque d’innovation – ce qui pèse sur les exportations du pays, en deçà de leur potentiel de sophistication. Ce n’est pas faute d’incitations publiques, l’Etat marocain affichant des politiques généreuses en ce domaine. C’est la coordination entre les acteurs privés (au sein

des chaînes de valeur) et publics (agences dédiées et ministères concernés) d’une part, et entre le public et le privé (promotion des accords commerciaux, par exemple) d‘autre part, qui s’avère défaillante», souligne le rapport. L’essentiel est de renforcer les capacités nationales de suivi des activités d’exportation, de déceler les contraintes et de les résoudre efficacement. Un modèle de croissance tirée par les exportations et l’innovation doit être érigé en priorité nationale et soutenu par des actions complémentaires. En somme, il s’avère indispensable de repenser la problématique de cohérence des stratégies et politiques publiques et de coordination dans la sphère économique et instaurer par la même la notion de bonne gouvernance, élément déterminant de la croissance économique en particulier sur les conditions de développement du secteur privé, comme valeur cardinale de l’exercice du pouvoir et de la prise de décision.

LE TRAIN DES RÉFORMES NE DOIT JAMAIS S’ARRÊTER SUR LA VOIE DE LA CROISSANCE. ATTENTION AUX DÉRAILLEMENTS!

TPE-PME

LA RÉVOLUTION ATTENDUE Dans le but de parer à l’éternelle problématique du chômage et du rôle important que peuvent jouer les micro, petites et moyennes entreprises (MPME) dans la création d’emplois et de richesses, la BAD a réalisé une étude sur les obstacles que rencontre ce type d’entreprises au Maroc et en Tunisie. Le cas marocain se révèle dominé par des microentreprises du secteur informel concentrées sur des secteurs d’activités traditionnels à faible valeur ajoutée, avec une faible croissance de la création d’emplois dans le secteur formel, une faible innovation et une faible activité d’exportation. La BAD recommande de déployer plus d’efforts afin d’encourager la croissance d’un plus grand nombre d’entreprises, simplifier la création (et la disparition) des entreprises et éliminer les obstacles à la croissance. Le soutien précoce des projets viables est aussi primordial pour aider les entrepreneurs en démarrage à traverser la phase de vulnérabilité des premières années. Il s’agira aussi selon l’institution d’améliorer la productivité et la compétitivité ainsi que la gestion et la transparence des MPME, d’investir dans le capital humain et des niveaux supérieurs de recherche et développement (R&D), de moderniser les installations de production, de développer des pôles technologiques, des incubateurs et des infrastructures connexes pour pouvoir être concurrentiels dans une économie mondiale fondée sur l’innovation. PERSPECTIVES MED

53


ÉCONOMIE LA COUR DES COMPTES FRAPPE FORT !

LA SOMME DE TOUTES LES DÉFAILLANCES Par : Mohammed Taleb

La Cour des comptes a livré son fameux rapport annuel retraçant encore une fois de plus nombre de dysfonctionnements dans la gestion de la chose publique. Un énième diagnostic agrémenté de pistes de réformes qui en appellent à l’Exécutif en place à s’engager sur la voie des réformes.

L’

instance pilotée par Driss Jettou a levé le voile, début avril, sur son rapport 2013 qui pointe nombre de dysfonctionnements et de défaillances. Même décalé, le rapport interpelle à plus d’un titre à l’heure où la quête de la bonne gouvernance est appelée à s’enraciner dans la pratique plus qu’elle ne doit se limiter aux slogans d’une campagne. Car l’amélioration de la gestion publique et la veille sur l’utilisation efficiente des deniers publics, dans le strict respect des procédures et règles juridiques, constituent des piliers pouvant contribuer à surmonter les défis qui grèvent les finances publiques. Ce document des plus copieux dévoile, le long de ses 1961 pages, plusieurs carences en matière de gouvernance et de gestion affectant plusieurs établissements et institutions. Parmi les cibles des magistrats de la Cour : le ministère de la Santé, le Fonds de solidarité à l’habitat et à l’intégration urbaine, le Fonds de développement agricole, l’Office national marocain de

QUE DE LEÇONS DE BONNE GOUVERNANCE À ASSIMILER!

54

PERSPECTIVES MED

tourisme, l’Agence marocaine de développement des investissements, la Maison de l’artisan, la Bibliothèque nationale… Et le florilège ne s’arrête pas là ; le rapport a mis a nu les anomalies et les dérives dans la gestion des collectivités locales et a épinglé, en sus, le système de gestion des dépenses fiscales. Tant désiré par les uns et souvent subi par le reste, en l’occurrence les responsables des établissements publics, le document de la Cour des Comptes offre aussi quelques perles rares. En voici quelques-unes.

SANTÉ : MAUVAISE MINE La Cour a fait grand cas du grand corps malade qu’est le ministère de la Santé en fustigeant les défaillances de son management. « Non institution de la carte sanitaire, absence d’évaluation des réalisations des plans stratégiques, absence d’une vision globale des opérations d’aménagements, état dégradé des infrastructures des formations sanitaires (…), ainsi que l’inexistence d’une politique générale d’acquisition des équipements biomédicaux, l’absence de planification à ce niveau, l’iniquité dans la répartition géographique et l’absence d’un cadre législatif et de gouvernance…». Telles sont, entre autres, les principaux griefs on


ne peut plus alarmants relevés par les magistrats de l’institution. Ce rapport qui passe au marqueur la période 2007-2012 fait état d’un manque de vision claire à moyen et long termes en ce qui concerne la gestion immobilière du département, avec une approche du court terme conçue principalement sur les disponibilités des crédits de financement et se souciant essentiellement des contraintes de restauration de bâtiments dégradés. Ainsi, les opérations d’aménagement ne sont pas intégrées dans une vision analysant et définissant les besoins prioritaires en structures sanitaires. Pis, la Cour souligne l’existence de centres de santé construits en préfabriqué durant le protectorat qui n’ont jamais fait l’objet d’une restauration et dont un bon nombre sont d’ores et déjà non fonctionnels puisqu’il n’y a, selon la même source, aucun programme allant dans le sens de la réhabilitation des centaines de centres de santé complètement délabrés, voire croulants. Le dossier n’est pas mince puis qu’il concerne pas moins de 151 établissements de soins de santé de base répertoriés par la Cour comme non fonctionnels à cause du manque de branchement d’eau et d’électricité, menace d’effondrement, manque de personnel, etc. Sur le même registre, la Cour a déploré les disparités fulgurantes dans l’achat des équipements entre les différentes régions du Royaume pointant du doigt la forte concentration des achats étant donné que 97% des acquisitions ont été réalisées par les entités centrales. En substance, le rapport souligne l’absence d’une politique générale d’acquisition, de planification, l’iniquité dans la répartition géographique, et l’absence d’un cadre législatif et de gouvernance dédié…

au profit de certains secteurs économiques. Tirant la sonnette d’alarme quant l’augmentation incessante de ces dépenses, la haute instance souligne qu’elles « n’ont pas encore fait l’objet d’un système de gouvernance, de suivi et d’évaluation devant aboutir à leur maîtrise ». Pis, le rapport souligne que le dispositif actuel permet la reconduction de ces dérogations, qui étaient de l’ordre de 412 en 2014 contre 392 en 2009, d’exercice en exercice, sans que « leur pertinence et leur efficience fassent l’objet d’évaluation de l’impact socio-économique ». Face à ces anomalies, la Cour recommande aux pouvoirs publics de procéder à une « définition précise aux dites dépenses et soumettre leur adoption à une procédure claire ». Elle prône également de procéder à la révision régulière de la liste des dépenses fiscales dans la perspective de maîtriser leurs coûts et d’insérer dans les lois de finances annuelles la liste exhaustive de « l’ensemble des dépenses fiscales autorisées et chiffrées ». Il ne s’agit ici que de deux exemples des plus criards de ce que représente ce gouffre financier pointé au niveau de l’administration. On pourrait imaginer que le rapport de la Cour des Comptes impose à l’Etat un plan d’actions et de réformes. Le législateur serait bien inspiré de se saisir des recommandations ainsi formulées. Reste à savoir si l’Exécutif réagira en conséquence, donnant un contenu à la bonne gouvernance, ou mettra-il sous le boisseau ledit rapport avec ses recommandations. L’affaire est loin d’être mince !

LE POIDS DE DÉROGATIONS Les fins limiers de la Cour des comptes ont procédé, et c’est une première à rééditer sans doute, à une évaluation du coût des dépenses fiscales. Celles-ci ont, en effet, fait d’objet d’une évaluation partielle depuis 2005. Mais leur coût n’a jamais été évalué. Selon le document de l’honorable institution, ces dépenses ont été estimées, depuis 2005, à 28,4 milliards de dirhams en moyenne annuelle. Un « manque à gagner » net pour l’Etat. En 2014, elles ont englouti, à elles seules, 34,65 Mrds Dhs, soit 17,1% des recettes fiscales et 3,8% du PIB. Un montant qui dépasse de loin le budget de certains grands départements ministériels comme l’Intérieur, l’Équipement et le transport ou la Santé. S’attelant pour la première fois à décortiquer ce système, la Cour a mis le doigt là où le bât blesse quant à la gestion des finances publiques marquée par « l’absence d’encadrement juridique approprié des dépenses fiscales», dans le sens où cette notion n’est définie par aucun texte juridique. Le Code général des impôts, qui est le cadre de référence en la matière, « ne lui réserve pas de définition», se limitant seulement à l’énumération des différents types de dérogations que l’État consent PERSPECTIVES MED

55


ÉCONOMIE COLLECTIVITÉS TERRITORIALES

ANOMALIES À LA PELLE ! Par : M.Taleb

Elle est loin d’être irréprochable, la gestion des affaires locales. Une fois de plus, la Cour des comptes met le doigt sur nombre de dysfonctionnements. Il faut croire que les édiles locaux s’embarrassent peu des règles de base en matière de gestion transparente. Hilarant !

L

es collectivités territoriales jouent un rôle charnière en matière de développement. Pas moins de 19% de l’ensemble des dépenses d’investissement de l’Etat relève t’on y sont englouties. Leurs apports en recettes se sont accrus avec une moyenne annuelle de 5,52% sur la période 2009-2013. Que de milliards sont ainsi brassés. Mais dans ce tableau, c’est la partie sombre de la gestion qui a focalisé l’attention de la Cour des comptes. Les magistrats qui dépendent de l’institution pilotée par D. Jettou ne chôment pas. Pas moins de 127 missions ont ainsi été effectuées par les Cours régionales des comptes auprès de 9 préfectures et provinces, 27 communes, 83 communes rurales… Dans la foulée, ces limiers ont passé au peigne fin 5 contrats de gestion déléguée. En se basant sur les constatations dûment établies, le rapport de la Cour des comptes met en lumière l’insuffisance de la mise en œuvre des plans de développement, l’absence d’organigrammes stables et approuvés et l’inexistence d’un manuel de procédures administratives. Sur le même volet, la juridiction financière a relevé que certaines communes prennent en charge des dépenses ne relevant pas de leurs attributions et mettent leurs fonctionnaires à disposition d’autres administrations. Elle a également tiré la sonnette d’alarme quant à l’insuffisance de la formation continue du personnel communal et l’impact engendré sur leur efficacité. La gabegie qui défraye la chronique est imputable à l’organisation des services chargés de la gestion des recettes communales qui se fait sans procédures formalisées et demeure dépourvue des moyens nécessaires à la gestion des recettes. Mieux encore, le rapport épingle le manque de communication et de coordination entre 56

PERSPECTIVES MED

les services chargés de la gestion des recettes et « l’absence de coordination entre les services communaux et les autres services en matière de maîtrise de l’assiette fiscale. Pis encore, il a mis le doigt sur l’ambigüité existante en matière de délimitation des responsabilités en matière de gestion des recettes. Par ailleurs, la Cour reproche aux communes de ne pas maîtriser leurs dépenses en personnel qui représentent à elles seules environ 55% des dépenses globales de fonctionnement.

CASABLANCA

TROUS NOIRS

La Cour régionale de Casablanca a disséqué l’anatomie de deux gestions déléguées, celles de la décharge et des abattoirs, en plus de plusieurs préfectures et communes ainsi qu’une province. En ce qui concerne la décharge, la juridiction financière a constaté plusieurs manquements aux dispositions de la loi relative à la gestion des déchets en fustigeant, entre autres, la non-mise en place d’un dispositif de contrôle du respect des engagements contractuels, le retard de plus de 4 ans accusé dans l’acquisition du terrain devant servir de nouvelle décharge et l’absence de traitement spécial des déchets hospitaliers et pharmaceutiques. Pour ce qui est des abattoirs, la Cour a noté l’absence de documents permettant d’apprécier l’équilibre financier du contrat, le non-respect des normes d’abattage, l’insuffisance de justification de certaines dépenses, la déficience du fonctionnement du service de suivi et de contrôle ainsi que la non révision du contrat une fois tous les 5 ans comme prévu par la loi. Quant à la gestion des préfectures et province, la Cour a noté plusieurs anomalies telles que la prise en charge de dépenses ne relevant pas du budget préfectoral ou provincial et a soulevé plusieurs carences au niveau de la programmation, de l’exécution et du suivi des projets réalisés. Autant dire que Casablanca a aussi ses trous noirs.


HCP/ CROISSANCE

DES CHIFFRES PROMETTEURS

S

elon le Haut-Commissariat au Plan, l’économique nationale aurait enregistré un taux de croissance de +4,4% au T1 2015 en variation annuelle, contre +1,8% un trimestre auparavant, portée par une amélioration de 12,3% de la valeur ajoutée agricole, au moment où les branches non agricoles auraient connu une progression limitée de +3,2% en variation annuelle, tirées par le bon comportement des branches tertiaires hors tourisme. La contribution de la demande intérieure à la croissance économique se serait, elle, légèrement améliorée au T1 2015. Dans ce sillage, la consommation des ménages aurait affiché une progression de +3,3% en variation annuelle (vs. +2,8% un trimestre auparavant), profitant, selon le HCP, de la poursuite de la modération des prix à la consommation avec une hausse limitée de l’IPC à +1,5%, de l’expansion des crédits à la consommation de +11% à MAD 44,5 Mrds selon les statistiques de BANK AL MAGHRIB à fin février 2015, et enfin de la hausse des revenus extérieurs comme en témoigne l’élargissement de +6,7% pour les transferts MRE en glissement annuel. L’orientation positive de la consommation domestique aurait, pour sa part, profité à la production locale. Les importations de produits manufacturés ayant fléchi de 8,9%, après une hausse de

EN ATTENDANT UN AUTRE MODÈLE ÉCONOMIQUE, LE CIEL AGIT

15% un trimestre auparavant. De son côté, l’investissement productif aurait enregistré une augmentation de 2,2% en variation annuelle, contre +2,5% un trimestre auparavant. Cette évolution intègre un léger redressement des investissements en construction, compte tenu de l’augmentation de 5,8% du flux des crédits accordés à l’habitat. Idem pour l’investissement en produits industriels qui se serait également maintenu au même niveau que le trimestre précédent, comme en atteste le raffermissement de 4,2% de l’encours des crédits à l’équipement à fin février 2015. Au volet prévisionnel, le redressement de l’économie marocaine devrait se poursuivre au T2 2015, conforté par l’amélioration escomptée de 12,9% de la valeur ajoutée primaire en variation annuelle. Ce regain de dynamisme serait principalement favorisé par la hausse des prodcctions végétale et animale, combinée à la réduction du volume des importations agricoles notamment en céréales. Au niveau des branches secondaires et tertiaires et, face à des anticipations de poursuite de la modération des cours internationaux de pétrole et d’amélioration de la conjoncture internationale, la demande mondiale adressée au Maroc devrait enregistrer une hausse de 5% au T2 2015 en variation annuelle. Dans ce sillage, les activités hors agriculture devraient enregistrer une progression de +3,3% au T2 2015 en variation annuelle. Dans ces conditions, la croissance économique globale devrait se situer à +4,6% au cours de la même période. PERSPECTIVES MED

57


ÉCONOMIE POLITIQUE MONETAIRE

STATU QUO DE BANK AL-MAGHRIB

Suite à la tenue de sa réunion trimestrielle, le Conseil de BAM a décidé de maintenir le taux directeur à 2,50%. Cette décision est justifiée par plusieurs éléments comprenant une prévision de croissance du PIB qui devrait se renforcer à 5% en 2015, contre 2,2% en 2014, sous l’effet d’une bonne campagne agricole ainsi que de la poursuite de l’orientation positive des branches non agricoles. Dans ce sillage, l’Output Gap non agricole et l’écart monétaire demeurent négatifs, traduisant l’absence de tensions inflationnistes émanant de la demande à moyen terme. Au volet des échanges extérieurs et au vu de l’orientation globalement positive des comptes extérieurs à fin février 2015 et sous l’hypothèse d’un prix moyen du pétrole de 60 $ le baril, le déficit du compte courant devrait se situer à près de 4% du PIB en 2015 (vs. 5,9% en 2014). Dans ces conditions, l’encours des réserves internationales nettes devrait se renforcer en 2015 pour clôturer l’année à un niveau équivalent à plus de 6 mois d’importations. Concernant le niveau général des prix et, tenant compte notamment de la hausse du SMIG entrée en vigueur en juillet 2014 et de celle devant se réaliser en juillet 2015 ainsi que de la nouvelle tarification d’eau et d’électricité, l’inflation devrait rester modérée à 1,4% en moyenne en 2015 et au deuxième trimestre 2016. Au vu de cette prévision centrale d’inflation combinée à l’amélioration escomptée de l’activité économique et du crédit bancaire, le Conseil a décidé de maintenir inchangé le taux directeur à 2,5%, tout en continuant à suivre de près l’ensemble de ces évolutions. Sur un autre registre le Wali de BAM a annoncé la tenue d’une réunion en mai prochain en vue de préparer un éventuel passage vers un régime de change flexible et une libéralisation progressive du compte capital.

Selon le HCP, la croissance économique nationale durant l’année 2014 se serait chiffrée à 2,2%, soit notamment 0,3pt de moins que l’estimation retenue par le HCP en juin 2014 et bien moins que la prévision optimiste du gouvernement de janvier 2014 (4.2%).

ARRIVÉES EN BAISSE TOURISME

58

PERSPECTIVES MED

Sur le mois de février 2015, les arrivées touristiques aux postes frontières enregistrent une baisse de 1,8% par rapport à une année auparavant, pour se fixer à 614 263 personnes, dont 244 977 MRE (+6,8%) et 369 286 touristes étrangers (-6,7%), portant ainsi le cumul des arrivées de l’année 2015 (janvier-février) à 1 219 093 personnes (-0,8% par rapport aux mois janvier-février 2014). Les plus fortes progressions au mois de février 2015 concernent les arrivées en provenance de l’Allemagne (+18% à 40 249 personnes) et de la Belgique de 3% à 32 855 touristes. Les principaux marchés émetteurs restent la France avec 202 862 touristes (33% du total) suivie de l’Espagne avec 116 398 visiteurs (19% du total). Sur la même période, les nuitées dans les établissements classés ont connu une baisse de 8% à 1 255 959, incluant un repli de 13% à 899 853 nuitées pour les touristes non-résidents, non compensé par la hausse de 6% à 356 106 nuitées pour les résidents. En cumulé, le nombre de nuitées pour les mois janvier-février se déprécie également de 8% à 2 481 106 par rapport à la même période de 2014. Enfin, les recettes voyages régressent de 0,4% à 3,5 Mrds Dhs sur le mois de février 2015 et de 7,3% à 7,3 Mrds Dhs pour la période janvier-février 2015.


COMPENSATION

AUTOMOBILE

FORTE CHUTE DES CHARGES

REDÉMARRAGE !

Au terme du mois de février 2015, la charge de Compensation relative au gaz butane et au sucre enregistre un repli de 45% à périmètre égal à 1,9 Mrds Dhs, selon les données relatives aux dossiers reçus par la Caisse de Compensation au 31 mars 2015. Cette charge est relative à hauteur de 72% au gaz butane à 1,4 Mrds Dhs, en baisse de 53% comparativement à la même période de 2014 et ce, sous l’effet de la baisse des prix. Il convient de noter que 97% de cette charge concernent les frais de distribution des centres emplisseurs et qu’elle correspond à une subvention de 34 Dhs/Bouteille (vs. 54 Dhs/Bouteille à fin janvier 2015). Pour sa part, le sucre brut polarise 28% du budget de Compensation à fin février 2015 à 533 MDH, en hausse de 19% par rapport à la même période de l’année 2014, due principalement à l’impact de la subvention du sucre brut importé. Signalons enfin que les arriérés de paiement des opérateurs s’élèvent à fin mars 2015 à 2,3 Mrds Dhs, en baisse de 70% comparativement à la même période de 2014 et concernent les créances des mois de décembre 2014 et janvier 2015 non échues, elles demeurent dominées essentiellement par ceux relatifs au gaz butane avec une proportion de 80%. Les arriérés se rapportant aux produits pétroliers ayant été totalement apurés suite à la suppression totale de la subvention du gasoil 50 ppm en janvier 2015.

ASSURANCE

REPRISE EN 2014 Au titre de l’exercice 2014, le secteur des assurances marocain affiche une accélération de son rythme de croissance, capitalisant sur la reprise de la branche Vie. En effet, le chiffre d’affaires global du secteur a augmenté de 6,3% (contre +2,7% en 2013) pour s’établir à 28,4 Mrds Dhs. Par branche, les primes émises du segment « Vie et Capitalisation » se sont hissées de 9,3% (contre une baisse de -2,7% en 2013) pour se situer à 9,4 Mrds Dhs. Cette performance est redevable principalement l’activité Epargne qui a enregistré une bonification de 8,5% de ses émissions à 6,5 Mrds Dhs. De même, l’assurance décès enregistre une croissance de 5,1%. Pour sa part, l’activité Non Vie affiche une croissance de 4,9% de ses revenues pour s’établir à 19 Mrds Dhs, portée essentiellement par l’automobile (+6,3%), les accidents corporels (+5,1%) et les accidents de travail et maladies professionnelles (+3,4%). En revanche, l’incendie a affiché un recul de de 7,7% en 2014.

Selon les statistiques de l’AIVAM les ventes automobiles enregistrent une amélioration de 4,62% à 28 906 unités à fin mars 2015, comparativement à une année auparavant. Par segment, les Voitures Particulières -VP- affichent une hausse de 4,88% à 25 831 unités, tandis que les Véhicules Utilitaires Légers -VUL- augmentent de 2,5% à 3 075 nouvelles immatriculations, redressement attribuable principalement aux prémices d’une excellente saison agricole dans le sillage de la bonne pluviométrie. Par marque, DACIA occupe toujours la tête du peloton avec 8 335 unités (tous segments confondus), suivie par la marque au losange avec 2 741 unités, soit une part de marché -PDM- pour le Groupe RENAULT de 38,32%. La marque coréenne HYUNDAY occupe le 3ème rang avec 2 605 unités, soit une PDM de 9,01%. FORD et FIAT se positionnent, quant à elles, aux 4ème et 5ème places avec 2 549 (PDM de 8,82%) et 2 367 (PDM de 8,19%) véhicules vendus. Sur le segment premium et luxe, BMW et MERCEDES occupent à deux la première position avec un total de 500 unités chacun (+47,06% pour BMW et +52,44% pour MERCEDES), suivies d’AUDI avec un volume de 445 voitures (+49,33%) et JEEP avec 220 nouvelles immatriculations (+136,56%). Pour le seul mois de mars, les ventes s’élèvent à 10 307 unités en hausse de 10,7% comparativement à février 2015 et en progression de 10,9% en glissement annuel.

PORTS

MOINS DE TRAFIC Selon les statistiques de l’ANP à fin février 2015, le trafic portuaire global recule de 2,7% pour s’établir à 16,7 millions de tonnes, incorporant une baisse de 5,8% à 11,8 millions de tonnes du trafic domestique (import / export) non compensée par la hausse de 5,7% à 4,9 millions de tonnes du trafic de transbordement des conteneurs au port de Tanger Med. En parallèle, le trafic total généré par les ports gérés par l’ANP régresse de 6,2% sur la même période à 10,3 millions de tonnes, dont 6,3 millions de tonnes pour les importations (-8,4%) et 3,4 millions de tonnes pour les exportations (-4,2%). Par port, celui de TANGER MED arrive en tête du peloton avec 6,4 millions de tonnes (+3,8%) suivi par celui de CASABLANCA avec 3,8 millions de tonnes (+2,4%) et JORF-LASFAR avec 3,2 millions de tonnes (+14%). Enfin, le trafic national du Charbon & Coke enregistre une augmentation de 55,6% à 1,3 millions de tonnes, tandis que le trafic d’engrais progresse de 30,4% à 0,7 million de tonnes, contre -28,9% à 1,8 millions de tonnes pour le trafic global d’hydrocarbures et -6,9% à 461 786 passagers pour le trafic passagers et croisières. PERSPECTIVES MED

59


ÉCONOMIE BALANCE COMMERCIALE

L’EFFET ÉNERGIE

A

fin février 2015, le déficit commercial a enregistré un allègement notable de 37,2% par rapport à la même période de 2014. Cette évolution résulte de l’effet conjugué de la baisse de 15,2% des importations à 53,6 milliards de dirhams et de l’augmentation de 8,2% des exportations à 33 milliards de dirhams. Dans ces conditions, le taux de couverture s’est amélioré de 13,4 points de pourcentage à 61,7%. Le fléchissement des importations s’explique en grande partie par la baisse de 45,2% de la facture énergétique, et dans une moindre mesure, par celle de 26,5% des achats des produits alimentaires, en particulier le blé. De même, les acquisitions de biens de consommation ont reculé de 9,7% à 9,9 Mrds Dhs, suite notamment au repli de 21,3% des importations de voiture de tourisme à 1,4 Mrd Dhs. Pour leur part, les achats de biens d’équipement ont quasiment stagné comparativement à ceux de février 2014, mais compte non tenu de l’acquisition de nouveaux avions, ils affichent une diminution de 8,3%. En revanche, les achats de demi-produits ont augmenté de 2,7% à 13,2 Mrds Dhs, en relation avec la hausse de 14,4% des achats de papier et carton. De leur côté, les approvi-

LE POIDS DES HYDROCARBURES N’EST PAS À MINORER

60

PERSPECTIVES MED

sionnements en produits bruts ont crû de 3,6% à 2,9 Mrds Dhs, avec en particulier une augmentation de 29,7% des achats de soufre brut. L’amélioration des exportations reflétée principalement par la bonne performance des phosphates en hausse de 20,4% et de de la construction automobile, dont les ventes ont augmenté de 23,9%. Dans le même sens, les exportations du secteur agricole et agroalimentaire se sont accrues de 10,4% à 7 Mrds Dhs, résultat d’une augmentation de 21,2% des ventes de l’industrie alimentaire et d’un recul de 4,8% des exportations des produits d’agriculture. Les livraisons du secteur du textile et cuir se sont, également, élevées à 5,8 Mrds Dhs, en augmentation de 7%, suite à l’amélioration de 9,5% des expéditions des vêtements confectionnés et de 4,7% des ventes de bonneterie. En revanche, les expéditions du secteur de l’électronique se sont inscrites en baisse de 3,6% et celles de l’aéronautique de 2,5%. Pour les autres rubriques du compte courant, les recettes de voyages ont reculé de 8,2% après avoir quasiment stagné en 2014, alors que les transferts des MRE ont progressé de 6,9%, après une hausse de 2,3% à fin 2014. Tenant compte de ces évolutions, le déficit du compte courant à fin 2015 devrait s’alléger à près de 4% du PIB, au lieu de 4,8% prévu en décembre 2014. Cette actualisation résulte essentiellement de la révision à la baisse de l’hypothèse relative au prix du pétrole.


DETTE EXTERIEURE PUBLIQUE

POIDS MORT FINANCES PUBLIQUES

ENCORE LE DÉFICIT ! A fin février 2015, les recettes ordinaires du Trésor augmentent de 5,3% à 28,9 Mrds Dhs, comparativement au mois de février 2014, intégrant notamment l’amélioration de 173,2% des recettes non fiscales à 2,8 Mrds Dhs, et une baisse de 1,3% à 26,0 Mrds Dhs des recettes fiscales suite au ralentissement de 8,2% à 11,9 Mrds Dhs des impôts directs. En contrepartie, les dépenses ordinaires enregistrent une baisse de 1,7% à 35,1 Mrds Dhs, résultant de l’affaissement de 9,3% à 3,2 Mrd Dhs des charges d’intérêt de la dette, de la baisse de 2,4% à 28,2 Mrds Dhs des dépenses de biens et services, et de l’augmentation des charges de compensation de 12,7% à 3,7 Mrds Dhs. Dans ce sillage, le solde ordinaire à fin février 2015 se fixe à -6,2 Mrds Dhs contre un excédent de 5,2 Mrd Dhs le mois précédent et un déficit de -8,2 Mrds Dhs une année auparavant. Pour leur part, les dépenses d’investissement ressortent à 12,4 Mrds Dhs, en repli de 2,3%, soit un taux de réalisation de 22%. Dans ces conditions, l’exécution de la Loi de Finances à fin février 2015 laisse apparaître un déficit budgétaire de -14,6 Mrds Dhs, en baisse de 3,6% comparativement à une année auparavant.

Selon la Direction du Trésor et des Finances Extérieures, l’encours de la dette extérieure publique ressort à 277,7 Mrds Dhs à fin décembre 2014, en hausse de 18% comparativement à fin 2013. Celle-ci est détenue à hauteur de 45,3% par les créanciers multilatéraux, 29,4% par les créanciers bilatéraux et 25,3% par le Fonds Monétaire International -FMI- et les banques commerciales. Par emprunteur, le Trésor accapare 50,8% de l’encours global de la dette extérieure du Maroc, suivi en cela par les Etablissements publics (48,9%). Banques et - collectivités territoriales détiennent, elles, le reliquat qui se fixe à 0,4%. Par devise, la dette extérieure est libellée à hauteur de 68,8% en Euro, de 17,9% en Dollar et de 3,5% en Yen japonais. Les tirages de la dette drainent, quant à eux, un volume de 52,4 Mrds Dhs à fin décembre 2014 dont 34,9 Mrds Dhs dans le cadre de l’effort d’investissement des EEPs et 17,5 Mrds Dhs pour le Trésor.

CAPACITÉS DE PRODUCTION

LÉGÈRE HAUSSE

Selon les résultats de l’enquête de conjoncture de BANK AL-MAGHRIB pour le mois de février 2015, le taux d’utilisation des capacités de production -TUC- s’établit à 66%, en hausse de deux points par rapport au mois précédent, mais reste inférieur à son niveau de 68% constaté une année auparavant. Par branche, le TUC observe une amélioration pour l’industrie chimique et parachimique et celle mécanique et métallurgique de 3 points chacune à 66% et à 60% respectivement, au moment où les branches électriques et électroniques et les industries agroalimentaires affichent un TUC en stagnation à 78% et à 72% respectivement. A l’inverse, le TUC des branches textile, habillement et cuir aurait accusé une baisse de 3 points à 65%. En parallèle, les ventes auraient enregistré une hausse au niveau de toutes les branches à l’exception du textile, habillement et cuir qui aurait connu une baisse des écoulements. Pour les trois prochains mois, les industriels restent optimistes et s’attendent globalement à une hausse aussi bien de la production que des ventes, sauf pour l’industrie du textile et cuir et celle mécanique et métallurgique, où la stagnation serait au rendez-vous.

L’AUTO AGIT EN TRACTEUR PERSPECTIVES MED

61


ÉCONOMIE CAPITAL INVESTISSEMENT

UN MÉCANISME EMBRYONNAIRE Par : M.Taleb

B

ien qu’il avance à pas sûrs, le capital investissement demeure peu connu et encore moins encore développé. Pourtant, c’est là une véritable alternative au financement bancaire de plus en plus frileux surtout dans un contexte d’assèchement des liquidités. Ayant connu un réel développement depuis le milieu des années 2000, jusqu’au point de voir le cumul des montants levés à fin 2014 s’élever à 10,23 milliards de dirhams, dont 5,49 Mrd Dhs levés par les fonds d’infrastructures, selon un rapport de l’Association marocaine des investisseurs en capital (AMIC), le capital investissement confirme l’impact économique positif qu’il peut avoir même dans un contexte économique peu favorable. D’après un rapport que l’AMIC vient de rendre public, sur un total des investissements qui a atteint 4,9 Mrd Dhs dans 155 entreprises, les investissements en capital se sont élevés à seulement 696 MDH en 2014. Autant dire que cette nouvelle piste cherche toujours à s’imposer comme une source de financement et un levier de

L’AMIC MILITE POUR UN NOUVEL ÉCOSYSTÈME FINANCIER

62

PERSPECTIVES MED

développement des entreprises. La preuve en est son faible taux de pénétration, qui quoiqu’il superforme depuis 2013, dans la zone Mena, le seuil n’a pas dépassé 0,08 en 2014. Le Royaume qui fait partie du peloton de tête des pays d’Afrique où l’activité de capital est le plus développée, après l’Afrique du sud, bien sûr. Soit au même niveau que la Tunisie, le Kenya, l’Île Maurice, et le Nigeria, même si le Maroc ne compte aucun fonds régional sur son territoire contrairement à la Tunisie qui abrite le hub régional de plusieurs fonds régionaux ou continentaux (AfricInvest, Swicorp, ECP). Cela étant, la bataille attendue par le Royaume qui essaye de s’imposer sur ce créneau, en tachant d’attirer des fonds souhaitant investir aussi bien sur son sol que dans la région. Autant dire que la course à l’installation de sociétés de gestion destinées à gérer les investissements en Afrique à Casablanca Finance City, s’annonce très rude. L’émergence d’un tel écosystème financier demeure entachée de quelques lacunes, notamment en ce qui concerne le retard accusé en matière de conventions de non-double imposition et de protection réciproque des investissements avec plusieurs pays d’Afrique. Un effort de rattrapage, sur ce plan là, se fait progressivement.


SPÉCIAL RÉSULTATS

MARCHÉ FINANCIER DOMINÉ PAR LES PROFIT-WARNINGS

LE RÉGULATEUR POINTÉ DU DOIGT !

LE CONTEXTE ÉCONOMIQUE A FINI PAR IMPACTER LES PERFORMANCES DES SOCIÉTÉS COTÉES COMME EN TÉMOIGNE LA FLOPÉE DE PROFIT- WARNINGS. EN EFFET LA REPRISE TANT ATTENDUE DE L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE OBSERVÉE À PARTIR DE LA SECONDE MOITIÉ DE 2014 NE SEMBLE GUÈRE AVOIR PROFITÉ AUX RÉALISATIONS FINANCIÈRES DES SOCIÉTÉS COTÉES À LA PEINE. SI LES COMPAGNIES FINANCIÈRES ET LES ASSURANCES SONT PARVENUES À GÉNÉRER DES PRODUITS EN HAUSSE, CAPITALISANT SUR L’ORIENTATION POSITIVE DES MARCHÉS FINANCIERS AINSI QUE SUR LA MONTÉE EN PUISSANCE DE NOUVEAUX RELAIS DE CROISSANCE, LES VENTES DES COMPAGNIES INDUSTRIELLES SEMBLENT AVOIR MARQUÉ LE PAS EN 2014, PLOMBÉES PAR LA BAISSE DE RÉGIME OBSERVÉE AU NIVEAU DE QUELQUES SECTEURS PHARES DE LA COTE, NOTAMMENT LES IMMOBILIÈRES, LE PÉTROLE ET LES MINES. CE QUI S’EST TRADUIT PAR DES REVENUS GLOBAUX DES SOCIÉTÉS COTÉES EN QUASI-STAGNATION. D’UN AUTRE CÔTÉ, LES MULTIPLES « INCIDENTS OCCULTES » QUI ONT DÉFRAYÉ LA CHRONIQUE POINTENT DU DOIGT LE RÉGULATEUR POUR SON MANQUE DE RÉACTIVITÉ, VOIR MÊME SON INTÉGRITÉ, JUGÉE COMPROMISE PAR LA COMMUNAUTÉ DES PETITS PORTEURS. EN EFFET, LES FEUILLETONS JUDICIAIRES DES CGI, SNEP, MEDIACO ET MED PAPER, JUMELÉS À LA FLORAISON DES PROFIT- WARNINGS, LE TOUT DANS UN CONTEXTE DE TRANSPARENCE OPAQUE DES SOCIÉTÉS COTÉES, RENVOIENT UN TRÈS MAUVAIS SIGNAL AUX INVESTISSEURS NATIONAUX ET INTERNATIONAUX AUXQUELS ON VEND DÉJÀ LE HUB RÉGIONAL PROMIS. L’OMBRE QUI PLANE SUR CASABLANCA FINANCE CITY SERAIT-ELLE DE COURTE DURÉE ? PERSPECTIVES MED

63


RÉSULTATS RÉSULTATS DES SOCIÉTÉS

EN DENTS DE SCIE Par : Abou Marwa

Après un premier semestre prometteur, la cote casablancaise a clôturé l’année 2014 sur une note mitigée comme en atteste la publication de 11 profit-warnings. En dépit des performances réalisées sur les différents secteurs de la place, l’ensemble de la capitalisation a souffert de la mauvaise passe que traversent les deux secteurs hautement capitalistiques : raffinage de pétrole et immobilier.

L’

ensemble, ou presque, des entreprises cotées sur la Bourse de Casablanca ont publié leurs résultats pour l’exercice 2014 dans un contexte d’attentisme marqué par la diffusion de plusieurs profit-warnings annonçant d’importantes dégradations des bénéfices au titre de l’exercice 2014. Sur cette liste, on retrouve d’importantes capitalisations telles Samir, Managem et sa filiale SMI, CMT, Alliances, Centrale Laitière, Involys, Zellidja, Jet Allu… Pourtant, 48 sociétés sur les 71 ayant publié leurs données, ont enregistré des revenus en hausse et 40 entreprises ont affiché un RNPG en appréciation. Autant dire que la méforme de certains secteurs n’atténue pas significativement la performance du marché boursier qui semble avoir bien résisté en enregistrant des performances annuelles de +6,75% pour le MASI et de +7,47% pour le MADEX. Cependant, en dépit de la relative éclaircie économique observée en

LE PÉRIMÈTRE DES PERFORMANCES S’EST RÉTRÉCI ET LE PLAFOND DES DIVIDENDES ABAISSÉ

64

PERSPECTIVES MED

2014 au niveau des activités non agricoles, le total des ventes des sociétés cotées ressort en quasi-stagnation (+0,4%) à 246,1 Mrds Dhs en 2014 (vs. une baisse de -0,5% en 2013). Cette évolution s’explique par le repli des réalisations commerciales des compagnies industrielles en raison principalement de la contraction des revenus générés par les secteurs pétrolier (-10%) et immobilier (-22%). Heureusement, banques et assurances sont parvenues à sauver la mise, profitant conjointement des conditions favorables du marché.

PERFORMANCES EN RETRAIT Sur le volet opératoire, le résultat d’exploitation global accuse une baisse de 5,1% à 51,5 Mrds (vs. +2,4% en 2013), imputable au repli du REX des industries et ce, en dépit des efforts de rationalisation menés par les compagnies financières et accessoirement par les assurances. La contraction du résultat opérationnel des industries s’explique notamment par la dégradation de l’EBIT de SAMIR, des immobilières et des mines. Dans ces conditions, la marge opérationnelle globale


des sociétés cotées ressort à 20,9%, en baisse de 1,2 pts en variation annuelle. Par branche, celle des industries accuse une baisse de 3 pts à 11,9%, affectée principalement par la dégradation des indicateurs opérationnels des secteurs de l’Immobilier, du pétrole et des Mines. A contrario, les financières affichent une marge opérationnelle en appréciation de 1,5 pts à 51,9%, sous l’effet d’une meilleure maîtrise des charges opératoires, preuve en est l’amélioration de 1,5 points du coefficient d’exploitation sectoriel coté à 48,1%. Dans ces conditions, la capacité bénéficiaire globale des sociétés recule de 12,8% à 22,6 Mrds Dhs (vs. -5,7% en 2013) recouvrant les évolutions en progression de 8,9% à 10 Mrds Dhs des bénéfices des sociétés financières, une amélioration de 13% à 1,4 Mrds Dhs du RN des compagnies d’assurance/ courtage, et une baisse de 27,7% à 11,2 Mrds Dhs de la capacité bénéficiaire des compagnies industrielles, plombée par la dégradation des bénéfices de SAMIR et des immobilières. Sans ces derniers, la capacité bénéficiaire globale ressort en amélioration de 5,1% à 24,6 Mrds Dhs. La marge nette globale de la cote casablancaise ressort, elle, à 9,2%, contre 10,6% en 2013. Pour les sociétés industrielles, la marge nette baisse de 2,2 pts à 6,2%, impactée par la baisse de régime observée au niveau des secteurs pétrolier, minier et immobilier. Toujours au niveau de l’analyse des contributions des secteurs, et malgré la poursuite de la montée du risque sur le marché, le secteur bancaire parvient à tirer son épingle du jeu, capitalisant sur la performance exceptionnelle des activités de marché et sur la bonne tenue des activités à l’international. En effet, le PNB consolidé sectoriel s’est bonifié de 10,2% à 52,8 Mrds Dhs, tiré principalement par l’évolution favorable des trois plus grands groupes bancaires marocains à savoir BMCE BANK (+3,4 pts), BCP (+3,3 pts) et ATW (+3,3 pts). Notons que ces derniers ont profité de la hausse de la contribution de leur activité bancaire à l’international, notamment en Afrique, et des réalisations exceptionnelles des activités de marché suite à la baisse des taux obligataires en 2014.

BAISSE DES DIVIDENDES Ainsi, la répartition sectorielle des revenus a connu un renforcement du poids du secteur bancaire à 22% (contre 20% en 2013), devenant par la même occasion le premier

contributeur au CA consolidé. Recalé en deuxième position, le secteur du Pétrole et Gaz continue à contrôler 20% des revenus de la cote, suivi par les Télécoms (avec une contribution de 12%). Aussi et face à des réalisations financières globalement en berne, la masse de dividendes à distribuer au titre de l’exercice 2014 ressort en baisse de 10,5% à 19,7 Mrds Dhs. Comme à l’accoutumée, Maroc Telecom demeure le plus gros distributeur de dividendes de la cote, soit près de 31% de la masse globale à 6 Mrds Dhs, en amélioration de 15% comparativement à 2013. En seconde position, les banques polarisent 24% de la masse des dividendes en 2014, proposant à leurs actionnaires un montant de MAD 4,8 Md, en hausse de 5,3%. Enfin, la plus importante variation est à mettre à l’actif du secteur des assurances dont la masse des dividendes passe de 560 M à 1,1 Mrds Dhs, portée par la rétribution exceptionnelle opérée par Wafa Assurance. Au final, le Dividend Yield du marché, compte tenu de l’ensemble de ces éléments, ressort en baisse, au 31 mars 2015 par rapport à 2013 à 3,8% contre un rendement de 5,7% en 2013.

PERSPECTIVES 2015

L’OPTIMISME EST DE MISE

Après un exercice 2014 dans le vert, la place casablancaise parvient à maintenir le cap au titre du 1er trimestre 2015 pour clôturer sur une allure positive. En effet, la BVC installe le niveau de son indice phare au-dessus de la barre symbolique des 10 000 points. A ce niveau, le MASI s’adjuge une hausse trimestrielle de 6,75% à 10 269,75pts tandis que le MADEX marque un accroissement de 7,47% à 8 428,42pts. Dans ce registre, la capitalisation globale du marché au T1 2015 s’établit à 517,95 Mrds Dhs en appréciation de 33,50 Mrds Dhs par rapport au 31 décembre 2014, soit un rebond de +6,91%. Le comportement positif de la place casablancaise trouve son origine dans la bonne tenue de la quasi-totalité des grandes capitalisations. Dans ce sens, cinq valeurs contribuent à hauteur de +5,39% à la progression de l’indice de toutes les valeurs cotées au terme des trois premiers mois de l’exercice 2015: Ciments du Maroc (+25,00%), Holcim (+18,70%), IAM (+16,87%), Lafarge Ciments (+13,65%) et Wafa Assurances (+11,32%). La capitalisation boursière totalise 517,95 Mrds Dhs en amélioration de 33,50 Mrds Dhs comparée à fin décembre 2014, soit un gain de +6,91%. Pour ce qui est du deuxième trimestre, l’élan positif devrait se maintenir grâce aux « papiers frais » des prochaines introductions attendues. Il s’agit de Total Maroc, Marsa Maroc et Mutandis. Côté régulation, au vu des récents évènements, la réalisation d’avancées notables sur le plan réglementaire par le biais de la réforme de la loi sur la Bourse est susceptible d’insuffler un air de confiance côté investisseurs en plus du son impact tant attendu sur le volet liquidité de la place.

PERSPECTIVES MED

65


RÉSULTATS BCP

BON CRU Au terme de l’exercice 2014, le Groupe Banque Centrale Populaire affiche des réalisations commerciales et financières soutenues, portées par l’amélioration de la contribution des filiales subsahariennes et la consolidation de la valeur ajoutée de son cœur de métier. En revanche, la poursuite de la montée des risques inhérente au secteur atténue l’élan de la capacité bénéficiaire du Groupe. Dans le détail, et sur le plan financier, l’encours des dépôts à la clientèle se renforce de 9,4% à 229,8 Mrds Dhs (dont 23,7% proviennent de l’activité agrégée, contre 24,4% en 2013) porté essentiellement par la progression de 4,8% des comptes créditeurs à 31,7 Mrds Dhs et de 10,1% des dépôts à terme à 16,1 Mrds Dhs. Cet effort de collecte se reflète par le renforcement de 7 pbs de la part de marché du Groupe à 26,8%. Cette performance étant redevable essentiellement à l’extension du réseau et à l’élargissement de la base clientèle (420 000 nouvelles relations sur l’année). Côté exploitation, les charges générales du Groupe s’alourdissent de 5,8% à 6,9 Mrds Dhs, fixant ainsi le coefficient d’exploitation à 46,6% en amélioration de 2,7 points compte tenu de la progression plus importante du PNB. Au vu de ces évolutions, le RBE consolidé s’apprécie de 17,8% à 7,9 Mrds Dhs. Au volet risque, le coût consolidé se renforce considérablement et ressort en hausse de 53,7% à 3 Mrds Dhs. Les créances en souffrance s’aggravent, quant à elles, de 17,6% à 13,9 Mrds Dhs, fixant le taux de provisionnement à 74,7% contre 70,6% une année auparavant. En dépit de l’alourdissement du coût du risque, le RNPG se bonifie de 12,5% à 2,2 Mrds Dhs.

CIH

PERFORMANCES MITIGÉES

En clôturant l’année 2014, le CIH affiche, en terme de résultats, une baisse de 1,7% du PNB consolidé à 1 701 M Dhs, une évolution imputable à la non récurrence de la contribution exceptionnelle de TIVOLI en 2013. Pour sa part, le PNB social progresse de 1,6% à 1 462 M Dhs intégrant une ascension de 12,9% des commissions nettes et une quasi-stagnation (+0,8%) de la marge d’intérêt. De son côté, le coût du risque reprend à 51,6 M Dhs, contre une reprise de 29,8 M Dhs en 2013. Le résultat d’exploitation a connu, pour sa part, une appréciation de 2,2% du à 741 M Dhs portant la marge d’exploitation à 43,6% contre 41,9% en 2013. Si le résultat consolidé enregistre un repli de 2,8% à 500 M Dhs, le résultat net social de CIH BANK se hisse, en revanche, de 2,5% à 470 M Dhs. Enfin, le Conseil a décidé de proposer à l’Assemblée Générale la distribution d’un dividende ordinaire de 14 Dhs par action et la distribution d’un dividende exceptionnel de 2 Dhs payables à compter du 1er juillet 2015.

EN DESSOUS DES SONASID

66

PERSPECTIVES MED

ATTENTES

Dans un contexte marqué par une concurrence rude, et un recul de production et des mises en chantier avec une consommation du rond-à-béton en retrait, le Groupe SONASID annonce avoir réalisé un gain de part de marché de 2 points, capitalisant sur le programme des ventes directes et l’initiative d’excellence en matière de qualité. Cette performance commerciale est également redevable aux efforts du Groupe au niveau de l’amélioration de l’outil industriel. Ainsi le chiffre d’affaires consolidé au titre de l’année 2014, s’établit à 4 254 M Dhs, en repli de 10% par rapport à 2013. Le résultat d’exploitation consolidé enregistre une hausse de 3% à 371 M Dhs contre 360 M Dhs en 2013. Le résultat net part du groupe, quant à lui, enregistre une hausse de 48% à 127 M Dhs contre 86 M Dhs en 2013. Par ailleurs, le conseil d’administration a décidé de proposer à l’AGO la distribution d’un dividende de 41 Dhs par action au titre de l’exercice 2014, contre 58 Dhs en 2013.


BMCI

BMCE BANK

LA MACHINE REDÉMARRE

LE POIDS DU RISQUE Liées principalement au marché marocain, les réalisations du Groupe BMCI semblent subir l’impact du ralentissement de l’activité et de la montée du risque sur le marché. En effet, la bonne tenue de la profitabilité du Groupe n’a pas été suffisante pour absorber la forte hausse du coût lié à la dégradation de la qualité de son portefeuille. Au terme de l’année 2014, BMCI affiche une hausse de 4,5% de son PNB consolidé, soit environ à 3,3 Mrds Dhs. Pour sa part, le coefficient d’exploitation se dégrade de 0,8 pt à 48% (vs. 47,3% en 2013). Pâtissant vraisemblablement de l’aggravation de 67% du coût du risque à 982 M Dhs, le résultat net consolidé du Groupe BMCI s’effrite de 43,1% à 364,4 M Dhs pour un résultat net en social de 461,1 M Dhs en baisse de 23,7%. Le Groupe affiche cependant un ratio de solvabilité de 14,8% et un ratio de liquidité de près de 130%. Enfin, et selon le communiqué, le Groupe BMCI compte poursuivre en 2015 son plan de développement, avec pour ambition d’innover en permanence au service de ses clients et de renforcer son rôle dans le financement de l’économie.

LA QUALITÉ DU PORTEFEUILLE DÉGRADÉ

Le produit net bancaire consolidé du groupe BMCE Bank, à fin décembre 2014, s’élève à 11.5 Mrds Dhs, en croissance de 16% par rapport à fin décembre 2013. Cette évolution trouve son origine dans la bonne tenue des activités, et le gain d’efficacité confirmés au Maroc, et la croissance des bénéfices réalisés par les filiales à l’international, grâce à la poursuite du développement en Afrique subsaharienne accompagné du renforcement de la gouvernance et des synergies Groupe. Le résultat brut d’exploitation consolidé s’établit à 5 Mrds Dhs, en hausse de 27% relativement à 2013. Le coefficient d’exploitation ressort à 56.6%, grâce à l’évolution du PNB plus soutenue que celle des charges. Quant au résultat net part du groupe qui s’affiche à 1.9 Mrds Dhs, il est en amélioration de 58% par rapport à 2013. Une évolution limitée par le coût du risque net qui enregistre une croissance de 37 % à près de 1.8 Mrds Dhs. Quant aux perspectives, le groupe, compte poursuivre en 2015 sa dynamique de développement en se focalisant sur la poursuite du programme d’extension au Maroc et en Afrique subsaharienne, le renforcement de la contribution des activités MRE, la consolidation des activités africaines du Groupe Bank Of Africa, et le développement du Programme Convergence à l’échelle du Groupe visant l’harmonisation des fonctions gestion des risques et contrôle interne.

C’est une première dans les annales des sociétés cotées à la Bourse de Casablanca. La BCP a tapé fort en distribuant à l’occasion de la présentation de ses résultats annuels son rapport d’activité de 2014.

CIMENTS DU MAROC un contexte de marché en DES RÉSULTATS EN RETRAIT Dans contraction de 5,4%, les ventes en volume de Ciments du Maroc et de sa filiale Indusaha ont affiché un repli de 5,1% au terme de l’année 2014. Dans ce sens, l’activité du cimentier a été marquée par une baisse significative des volumes de vente de l’activité matériaux de respectivement -26,6% pour le béton prêt à l’emploi et -28,8% pour l’activité granulats. Ainsi, le chiffre d’affaires consolidé s’est contracté de 5,1% à 3 439 M Dhs. Pour ce qui est de l’excédent brut d’exploitation, il a accusé un recul de 7,9% pour se chiffrer à 1 486 M Dhs, soit une marge EBITDA de 43,2%. L’utilisation de combustibles de substitution ayant partiellement compensé l’amoindrissement des volumes vendus. Sur la même tendance, le résultat d’exploitation affiche une dégradation de 9,3% pour s’établir à 1 024 M Dhs. De cette évolution ressort une marge d’EBIT en amoindrissement à 29,8%. Au final, le résultat net consolidé ressort en légère diminution de 0,8% pour s’établir à 813 M Dhs portant la capacité d’autofinancement a la clôture l’exercice 2014 sur une baisse de 5,2% à 1 284 MDhs. Compte tenu de ces résultats, le Conseil d’administration compte proposer la distribution d’un dividende de 50 Dhs/action, ainsi que la distribution d’un dividende exceptionnel de 28 Dhs/action payé sur la prime de fusion Betomar. Pour ce qui est des projets de développement, le cimentier annonce la construction prochainement d’une unité de broyage en Guinée-Conakry avec, notamment, l’identification d’un site. PERSPECTIVES MED

67


RÉSULTATS LESIEUR CRISTAL

VITESSE MAINTENUE MANAGEM CONTRACTIONS CONJONCTURELLES L’année 2014 s’est soldée sur le plan financier pour Managem, filiale minière de SNI, par un chiffre d’affaires consolidé de 3 840 M Dhs, en hausse de 2% comparativement à une année auparavant. Néanmoins, pénalisé notamment par la baisse de la teneur de la mine d’Imiter, le résultat d’exploitation consolidé perd 38% à 446 M MAD établissant la marge opérationnelle à 11,6% contre 19,3% une année auparavant. Souffrant principalement de la dégradation du résultat financier consolidé (en repli de 56 MDhs), le RNPG ressort en contraction de 55% à 182,0 M Dhs et par conséquent, la marge nette s’affaisse de 6 points à 4,7%. Volet rendement, le Conseil d’Administration entend proposer à la prochaine AGO la distribution d’un dividende par action de 25 Dhs. Enfin et sur le plan des perspectives, le Groupe minier ambitionne de déployer ses efforts afin d’améliorer ses performances opérationnelles et ce, tout en poursuivant son programme de développement tant au Maroc qu’en Afrique.

LYDEC

BAISSE TECHNIQUE DES RÉSULTATS

68

PERSPECTIVES MED

Dans un contexte de matières premières et de change volatil, LESIEUR CRISTAL continue sur la consolidation de sa position de leader ainsi que sa politique soutenue d’innovation et d’expansion sur les marchés porteurs. Côté résultat, le chiffre d’affaires consolidé ressort, lui, en repli de 7% à 3 819 M Dhs pour un Excédent Brut d’Exploitation en quasi-stagnation à 328 M Dhs, soit une marge d’EBE de 8,6% contre 8,0% une année auparavant. Le résultat d’exploitation consolidé se déprécie, pour sa part, de 3% à 255 M Dhs, pour une marge opérationnelle en accroissement de 0,3 point à 6,7%. A l’opposé, le RNPG progresse de 56% à 195 M Dhs, pour une marge nette de 5,1% contre 3,0% en 2013. En social et en dépit de l’augmentation des volumes de ventes sur l’ensemble des segments, le chiffre d’affaires de LESIEUR se déleste de 7,2% à 3 822 M Dhs en raison de l’impact de la baisse du coût des matières premières sur le prix de vente. En revanche et profitant d’une bonne gestion des couvertures des matières premières combinée à la maîtrise des charge opératoires, l’EBIT s’améliore de 5,5% à 270 M Dhs. Dans ce sillage, la capacité bénéficiaire s’améliore de 5,3% à 183 M Dhs. Pour ce qui est des perspectives pour 2015, le Groupe prévoit une enveloppe budgétaire de 105,4 M Dhs dédiée à son TGV de l’innovation et à la diversification des produits (3 à 4 produits par an), la modernisation de ses outils de production et la mise en place de nouvelles chaudières à grignon permettant une réduction des coûts.

Lydec affiche au terme de l’année 2014 un chiffre d’affaires de 6 827 M Dhs, en progression de 7,5% comparativement à fin 2013, profitant notamment de l’appréciation de 3,3% des écoulements de fluides à 5 605 M Dhs. Par segment, les volumes de ventes de l’électricité se hissent de 2% en 2014, dans le sillage de la bonne tenue des volumes vendus aux industriels de 3,8% tandis que le rendement du réseau se stabilise à 93,1%. En parallèle, les volumes de l’eau augmentent de 1,6% sur la même période, intégrant une croissance de la demande des nouveaux clients, compensant le repli des ventes aux industriels, tandis que le taux de rendement du réseau s’apprécie de 0,5 point à 76,5%, reflétant l’efficacité du plan pluriannuel de réduction des eaux non facturées. Pour sa part, l’EBE se bonifie de 4,4% à 978

M Dhs, bénéficiant principalement de l’évolution de la marge de distribution, combinée à l’évolution favorable de l’activité travaux et de la bonne maîtrise des charges d’exploitation. Par conséquent, la marge d’EBE se réduit de 0,4 point à 14,3%. Ainsi le résultat net ressort en baisse de 4,4% à 283 M Dhs, suite à la non-récurrence d’un résultat non courant de 49 M Dhs observé en 2013 suite à l’ajustement tarifaire sur exercices précédents, grevant la marge nette de 0,6 point à 4,1%. En termes de perspectives, la filiale marocaine du Groupe Suez Environnement projette d’achever la mise en service du système anti-pollution, d’harmoniser les périmètres de la gestion déléguée et l’achèvement du plan d’actions prioritaires prévu en 2015.


CENTRALE LAITIÈRE

BASSE LACTATION Les résultats annuels au titre de l’exercice 2014 de la Centrale Laitière, filiale marocaine du Groupe Danone, ont été plus pénalisés par des charges fiscales exceptionnelles liées aux années précédentes et ayant un impact considérable sur le résultat net. En conséquence, les résultats sont en baisse significative par rapport à 2013. Ainsi le chiffre d’affaires consolidé ressort en quasi-stagnation à 7 043 M Dhs contre 7 007 M Dhs en 2013. Fortement impacté, l’Excédent Brut d’Exploitation courant consolidé régresse de 35,4% à 610 M Dhs. Au final et intégrant des charges fiscales exceptionnelles liées essentiellement aux années antérieures, le RNPG s’effiloche de 81,3% à 41 M Dhs, fixant la marge nette à 0,6% contre 3,1% en 2013. En conséquence, le Conseil d’Administration devrait proposer à la prochaine Assemblée Générale, prévue le 12/06/2015, de ne pas distribuer de dividendes. En terme de perspectives, Centrale Laitière entend poursuivre sa politique d’innovation et de rénovation de ses marques, mettant l’accent sur les initiatives d’amélioration des packagings et des produits visibles sur le marché depuis l’été 2014. La société prévoit également de continuer d’investir dans l’amélioration de la qualité de ses produits pour consolider sa position de leader.

L’ENJEU QUALITÉ PRIME LAFARGE CIMENTS

AUTO HALL

DES RÉALISATIONS

LÉGER REPLI

FINANCIÈRES EN BAISSE

Pâtissant d’un contexte sectoriel marqué par une baisse du marché des véhicules industriels (-5,2% à 4 254 unités), un recul des ventes des utilitaires légers (-1,3% à 12 411 immatriculations), un retrait du segment des tracteurs agricoles (-30,1% à 2 986 tracteurs) et une évolution de 1,4% de l’activité des voitures particulières à 109 670 immatriculations, AUTO HALL affiche au titre de l’exercice 2014 des agrégats financiers en baisse. De ce fait, le chiffre d’affaires consolidé s’étiole de 1,7% à 3 397 M Dhs pour un résultat net consolidé de 219,5 M Dhs, en hausse de 1% par rapport à l’année précédente. Dans ces conditions, la marge nette gagne 0,2 pt pour se situer à 6,5%. Pour ce qui est des comptes sociaux, l’évolution qui en ressort est de 2% du chiffre d’affaires à 2 409 M Dhs pour un résultat net de 194,4 M Dhs, contre 193,9 M Dhs une année auparavant. Concernant sa politique de rétribution des actionnaires, la société compte proposer à la prochaine AGO qui se tiendra le 26 mai 2015, un dividende par action de 3,5 Dhs.

Evoluant dans un contexte de marché en retrait de 5,4%, les volumes de ciments vendus par LAFARGE CIMENTS se sont inscrits en contraction. Dans ce sillage, le chiffre d’affaires consolidé s’est soldé par une baisse de 2,3% pour se chiffrer à 4 935 M Dhs, profitant en cela du lancement de nouvelles offres, de l’amélioration des performances opérationnelles et du développement des exportations vers l’Afrique de l’Ouest. Pour ce qui est du résultat d’exploitation, celui-ci a cédé 4,3% pour se situer à 2 046 M Dhs, moyennant une marge d’exploitation en baisse à 41,5% (Vs. 42,3% un an auparavant). Au final, le résultat net consolidé clôture l’exercice 2014 sur un fléchissement de 6% pour se chiffrer à 1 316 M Dhs, correspondant à une marge nette en perte de vitesse à 26,7% (Vs. 27,7% en 2013). Le résultat net a été impacté par la charge d’impôt sur les sociétés additionnelle relative à l’opération de fusion-absorption par Lafarge ciments de ses filiales Lafarge Bétons et Lafarge Granulats. En social, le résultat net a enregistré une hausse de 1,5% à 1 413 M Dhs. Côté rémunération des actionnaires, la société compte proposer à sa prochaine Assemblée Générale le versement d’un dividende de 66 Dhs/action, similaire à celui distribué un an auparavant. En termes de perspectives, le cimentier entend poursuivre son programme de développement avec, notamment, son projet de nouvelle cimenterie dans le Sud, l’installation de nouvelles centrales à béton, l’introduction de nouvelles solutions constructives et de nouveaux produits et la construction de plateformes pour la valorisation des déchets ménagers. PERSPECTIVES MED

69


RÉSULTATS ALLIANCES

1 MRDS DHS DE DÉFICIT ! Pâtissant de la méforme des pôles Construction, Golfique & Résidentiel, le Groupe ALLIANCES affiche au titre de l’exercice 2014, des agrégats financiers en dégradation. De ce fait, le chiffre d’affaires consolidé s’effiloche de 31,3% (contre une baisse de 20% annoncée lors du profit warning) à 2 932,4 M Dhs. Cette variation est attribuable à la forte régression du chiffre d’affaires consolidé du pôle Construction (-640 M Dhs par rapport à 2013) et au recul des revenus du pôle Golfique & Résidentiel (-598 M Dhs comparativement à 2013). Pour sa part, l’activité de l’habitat social et intermédiaire a enregistré en 2014, une stagnation à 2,2 Mrds Dhs. Dans ce contexte, le résultat d’exploitation consolidé s’est fixé à -496 M Dhs en 2014, contre 1 356 M Dhs une année auparavant. Cette situation est due essentiellement à la constatation des pertes au pôle Construction de 1,1 Mrds Dhs. Impacté par une contribution négative du pôle construction dans les résultats de l’ordre de -992 M Dhs (en raison de la sous-performance des filiales EMT et

REPLI DES RÉSULTATS SNEP

70

PERSPECTIVES MED

EMT Bâtiments), le RNPG ressort déficitaire à -968,7 M Dhs Vs. +580 M Dhs en 2013 et +130 M Dhs prévus lors du denier communiqué). En termes de solvabilité, l’endettement net s’est alourdi de 9,6% à 8 502,3 M Dhs, sous l’effet de la hausse de 2,9% des dettes financières à 6 121,3 M Dhs, dégageant un gearing de 171,4%, contre 124,3% en 2013. L’analyse des comptes sociaux fait ressortir un recul de 63,9% du chiffre d’affaires à 97 MDhs une aggravation du déficit du résultat d’exploitation à -158,8 M Dhs et un résultat net négatif de -295 M Dhs (Vs. +193,9 M Dhs en 2013). En termes de perspectives, le Groupe serait en train d’élaborer un plan stratégique visant le remboursement des dettes par la cession d’actifs immobiliers, le reprofilage de l’endettement des holdings, et enfin l’optimisation des charges opérationnelles. Ces mesures devraient en principe permettre au Groupe d’alléger son endettement de 4 Mrds Dhs à l’horizon 2016. A ce titre, la société compte mettre en place un business plan sur la période 2015-2017, qui sera communiqué vers la mi-mai 2015.

Dans un contexte concurrentiel difficile, SNEP ne parvient toujours pas à sortir de sa léthargie. Ainsi, les revenus de l’entreprise se sont contractés de 4,2% à 754,6 M Dhs. Cette baisse est due essentiellement à la dégradation des prix de vente des produits vinyliques (PVC et Compound PVC). A cet effet, l’EBITDA se dégrade de 33% à 38 M Dhs. Il en découle une marge d’EBITA de 5,0%, contre 7,2% en 2013. Outre la baisse du chiffre d’affaires, l’EBITDA pâtit d’un renchérissement du fuel et de l’électricité de 14 M Dhs. Pour sa part, le résultat d’exploitation ressort déficitaire à -0,5 M Dhs, contre 15,6 M Dhs en 2013. Par ailleurs, le résultat financier allège son déficit à -3,8 M Dhs, contre -17 M Dhs en 2013, grâce essentiellement à des reprises financières de l’ordre de 5,4 M Dhs (Vs. 1,4 M Dhs en 2013). Le résultat net se fixe à 4,4 M Dhs, en baisse de 47,4%. Ainsi, la marge nette perd 0,5 pt pour atteindre 0,6%. Au niveau des comptes consolidés, SNEP affiche un chiffre d’affaires consolidé de l’ordre de 754,6 M Dhs, en dégradation de 4,2%. Dans ce contexte, le résultat d’exploitation atteint 7,7 M Dhs, contre 23,8 M Dhs en 2013. Pour sa part le résultat net part du Groupe creuse son déficit à -13 M Dhs, contre -8,4 M Dhs en 2013. Pour 2015, les perspectives s’annoncent plus positives, notamment avec la chute des prix des produits pétroliers (l’Ethylène et le fuel représentant 80% des achats consommés). Cette donne devrait permettre à SNEP de renforcer les marges et par conséquence sa compétitivité par rapport aux produits importés et ainsi améliorer sa trésorerie. Enfin, la société demeure confiante quant à l’issue de sa requête pour l’application de mesures anti-dumping à l’égard des importations en provenance de l’Union Européenne.


BRASSERIES DU MAROC

SANS MOUSSE !

RISMA

DES RÉSULTATS EN AMÉLIORATION Le groupe hôtelier affiche, au titre de l’année 2014, des résultats positifs en ligne avec les prévisions. En effet, le chiffre d’affaires a marqué, en 2014, une hausse de 6% à 1 557 M Dhs, réalisé sur l’ensemble des segments (+7% pour le segment luxe et haut de gamme, +4% sur le segment économique). Le résultat d’exploitation s’affiche à 251 M Dhs, contre 193 M Dhs en 2013, marquant une croissance de 86%. Cette performance significative trouve son origine dans la bonne tenue de la fréquentation touristique au Maroc, la montée en puissance des unités ouvertes en 2012, et la bonne maîtrise des charges d’exploitation. Le résultat net part du groupe s’élève à 6 M Dhs en 2014, affichant une progression de +205 M Dhs en 3 ans. En 2015, le groupe Risma prévoit l’ouverture d’un « So lounge » à Rabat, et le lancement du programme immobilier les villas jardin des roses. Adossé à l’hôtel Sofitel Rabat Jardin des Roses, ce parc résidentiel offre 34 villas exclusives à l’architecture moderne. Les premières livraisons sont prévue début 2017. Le coût de chaque villa variera entre 9 et 13 MDhs.

DU CASH ! ADDOHA

ATLANTA

SUR LA BONNE VOIE

L’EXERCICE 2014 DE LA SOCIÉTÉ BRASSERIES DU MAROC A ÉTÉ MARQUÉ PAR UN NOUVEAU RECUL DE L’ACTIVITÉ, TRADUIT PAR UNE BAISSE DE 5.4% DES VOLUMES DE VENTE DE LA BIÈRE, SUITE À LA FERMETURE DE NOMBREUX POINTS DE VENTE, NOTAMMENT AU NIVEAU DE LA GRANDE DISTRIBUTION. PAR CONSÉQUENT, LA SOCIÉTÉ AFFICHE AU TITRE DE L’EXERCICE 2014, UN CHIFFRE D’AFFAIRES CONSOLIDÉ EN RECUL DE 2.6% À 2 257.3 M DHS. LE RÉSULTAT D’EXPLOITATION ENREGISTRE ÉGALEMENT UNE BAISSE DE 15.4% À 358.4 M DHS, EN RAISON DE L’IMPACT DE LA BAISSE DES VOLUMES DE VENTES SUR LA MARGE BRUTE GLOBALE ET DE L’AUGMENTATION DE CERTAINES CHARGES D’EXPLOITATION NOTAMMENT, LES FRAIS MARKETINGS. PAR RICOCHET, LE RÉSULTAT NET S’EST ÉTABLI À 251.8 M DHS, EN RETRAIT DE 20.1% PAR RAPPORT À 2013. AU FINAL, LES PRÉVISIONS DE CROISSANCE RETENUES POUR L’ANNÉE 2015, TRIBUTAIRES D’UNE BONNE COMPAGNE AGRICOLE, POURRAIENT AVOIR DES EFFETS FAVORABLES SUR LE SECTEUR D’ACTIVITÉ. TOUTEFOIS, LA FERMETURE DES POINTS DE VENTE DES PRODUITS DE SBM, AU NIVEAU DE LA GRANDE DISTRIBUTION, CONSTITUE UN FACTEUR DE RALENTISSEMENT DE LA REPRISE DES VENTES DU GROUPE ET DE SES RÉSULTATS OPÉRATIONNELS.

Le groupe Douja Promotin Addoha a réalisé un chiffre d’affaires consolidé de 7.04 Mrds Dhs, en baisse de 22% par rapport à 2013. Cette évolution trouve son origine dans la baisse des préventes de la Business Unit Economique et Moyen Standing, en raison notamment du rythme des ventes en dehors de l’axe Casablanca-Rabat. Le résultat d’exploitation à fin décembre 2014 s’établit à 1.33 Mrds Dhs contre 2.10 Mrds Dhs en 2013. Le taux de marge d’exploitation s’établit à 19%. Pour sa part, le résultat net consolidé du groupe, s’établit à 1.07 Mrds Dhs contre 1.71 Mrds Dhs en 2013, laissant apparaître une marge nette de 15%. En termes de perspectives, le groupe s’inscrit à ses propres moyens dans le renforcement de ses indicateurs de performances en parfaite adéquation avec les chiffres annoncés dans le Plan Génération Cash.

La filiale Assurance du Groupe Holmarcom clôture l’année 2014 sur des performances commerciales en amélioration comme en atteste la progression de 8,7% des primes brutes consolidées à 3 153 M Dhs. Cette évolution recouvre une croissance de 7,6% des primes Non Vie et un bond de 17% du chiffre d’affaires Vie redevable à la dynamique commerciale des produits distribués à travers le réseau bancassurance. En conséquence, le résultat consolidé ressort en appréciation de 57,6% à 174 M Dhs. Concernant les comptes sociaux, le chiffre d’affaires global s’accroît de 11,2% à 1 600 M Dhs, contre 1 439 M Dhs en 2013, l’activité Non Vie affiche une appréciation de 11% tandis que le chiffre d’affaires brut Vie se hisse de 12,9%. Aussi et compte de tenu de l’impact du dénouement du contrôle fiscal en 2013, le résultat net se renforce de 57,6% à 174 M Dhs. Ainsi, l e partenariat capitalistique et commercial entre Atlanta et CIH Bank semble porter ses fruits comme en témoignent les bonnes réalisations de son activité Vie. Aussi, l’amélioration du contexte de liquidité et la reprise du marché action devraient être favorables au développement de la société dans l’avenir. PERSPECTIVES MED

71


RÉSULTATS SAMIR

UN DÉFICIT RECORD EN 2014 L’année 2014 constitue une année difficile pour les raffineurs marquée par la baisse des marges de raffinage et la stagnation de la demande, la forte baisse des cours de pétrole engendrant une forte dépréciation des stocks détenus par les raffineurs, et une tension sévère sur la liquidité. Par ailleurs, l’année 2014 a été marquée pour la SAMIR par la signature de contrats commerciaux avec la quasi-totalité des distributeurs sur la base d’un partenariat gagnant-gagnant, permettant à la société de conforter ses parts de marché, la forte croissance des activités de distribution et de logistique, signature et entrée en vigueur de deux importantes conventions de financement avec des institutions internationales pourtant sur une enveloppe globale de 600 millions de USD. S’agissant des réalisations financières, et suite à son profit warning, la SAMIR affiche au terme de l’année 2014 un chiffre d’affaires en retrait de 10% du principalement à la

baisse des cours à partir du 2ème semestre combinée à un repli du volume des ventes de 5% en raison de la baisse significative de la demande en fuel industriel. Sous l’effet de l’effondrement des prix et de la dépréciation des stocks, le résultat d’exploitation s’est établi à -3 320 M Dhs en 2014 contre 841 M Dhs en 2013. Le résultat net s’est établi alors à -3 424 M Dhs à fin 2014 contre 320 M Dhs en 2013.

LE VOLATILITÉ DES PRIX A PÉNALISÉ LES PERFORMANCES DU RAFFINEUR

COSUMAR

LE POIDS DU FUEL En 2014, l’activité du sucrier a été marquée par la hausse des prix et la volatilité des intrants sur le marché international et la progression de 32% de la production nationale sucrière à 478 000 T, avec un taux de couverture des besoins du marché par la production nationale de 40% (vs. 30% en 2013 et 20% en 2012). Sur le plan commercial, le chiffre d’affaires du Groupe ressort en légère hausse de 1,2% à 6 046 M Dhs. De son côté, l’EBE consolidé s’apprécie de 3,1% à 1 337 M Dhs, consécutivement à l’amélioration des performances opérationnelles de la campagne sucrière 2014 conjuguée aux retombées positives des récents investissements de mise à niveau et de développement de l’outil industriel. Le résultat d’exploitation consolidé limite sa progression à 0,9% pour se fixer à 1 001,8 M Dhs en raison de l’alourdissement des dotations d’exploitation de 8,5% à M Dhs 348,6. En conséquence, la marge opérationnelle ressort à 16,6%. Toujours négatif, le résultat financier atténue ses pertes à -53,5 M Dhs contre -71,3 M Dhs en 2013, suite à l’accroissement de 30,2% des produits d’intérêts à 13,8 M Dhs couplé à la baisse de 27,5% des charges d’intérêts. En social, les revenus de la société reculent de 4,5% à 4 524,1 M Dhs, suite à la baisse du volume des ventes des produits finis de la raffinerie au profit des filiales sucrières du Groupe dont la production a progressé de 32%. Le résultat d’exploitation accuse, quant à lui, une baisse de 9,1% à 672,2 M Dhs, plombé principalement par le renchérissement du prix moyen 2014 du fuel.

La SGMB a enregistré au terme de l’année 2014 une progression de 2,5% à 547,6 M Dhs, une augmentation de 2% à 4,1 Mrds Dhs du PNB Et une appréciation de 11,4% du RNPG à 627,9 M Dhs.

72

PERSPECTIVES MED


OCP

SENSIBLE HAUSSE !

M

algré la baisse du cours des phosphates, l’Office Chérifien des Phosphates a pu garder la tête hors de l’eau au terme de 2014. En témoigne l’amélioration de son chiffre d’affaires à fin 2014 de 4,2% au moment même où le résultat net part de groupe est en recul de 10%. Ce décalage trouve son origine dans la baisse continue des cours internationaux de ce minerai : de 179 $ la tonne en 2013 à 115 $ actuellement, soit une dépréciation de 36% en moins de deux ans. D’où la diversification opérée par l’office signant une montée en force des fertilisants et autres produits industriels à forte valeur ajoutée. Ces derniers représentent désormais 45% des revenus du groupe au moment ou l’exportation de la roche brute ne représente que 25 %. Dans le détail des résultats, le REX consolidé s’améliore de 4,4% à 9,2 Mrds Dhs tenant compte de l’appréciation des produits d’exploitation de 5,1% à 51,5 Mrds Dhs grevée par la hausse des charge d’exploitation de 5,2% à 42,3 Mrds Dhs. Par conséquent, la marge opérationnelle ressort en quasi-stagnation à 19% par rapport à fin 2013. De son côté, le résultat financier bascule au vert à 236 M Dhs (vs.

LA VALORISATION INDUSTRIELLE TIRE LES RÉSULTATS VERS LE HAUT

-214 M Dhs en 2013). Intégrant un RNC de 144 M Dhs (vs. 2,1 Mrds Dhs en 2013), le RNPG se replie de 10,5% à 7,7 Mrds Dhs, atténuant ainsi la marge nette à 15,8% contre 18,4% à fin 2013. Au niveau bilanciel l’endettement net a été multiplié par 2 à 28,6 Mrds Dhs, élevant le niveau du Gearing à 55,3% (vs. 27,7% à fin 2013). En social, les revenus s’apprécient de 5,9% à 39,3 Mrds Dhs comparativement à l’année 2013. Pour sa part, l’EBIT progresse de 15,4% à 6,9 Mrds Dhs, portant la marge opérationnelle à 17,5% (contre 16% en 2013). Compte tenu d’un résultat financier de 606,3 M Dhs (contre 158,9 M Dhs en 2013) et d’un résultat non courant de 136,7 M Dhs (contre 2,2 Mrds Dhs en 2013), la capacité bénéficiaire se stabilise à 6,3 Mrds Dhs. Enfin, signalons que le groupe a commencé une tournée des plus grandes places financières mondiales pour une possible émission obligataire. Elle serait la deuxième pour le groupe après celle de 1,55 milliards de dollars contractée l’année dernière. Selon Reuters, l’OCP qui a mandaté pour piloter cette opération financière d’envergure deux grandes banques internationales, Morgan Stanley et Barclays Plc, le produit de cet emprunt devrait être alloué à des investissements en infrastructures, dans le but de faire croitre la capacité de production annuelle du groupe en la portant de 34 millions de tonnes actuellement, à 47 millions de tonnes de phosphate brut en 2017. PERSPECTIVES MED

73


RÉSULTATS SNI

RÉSULTATS EN BERNE

L

a Société nationale d’investissement (SNI) a enregistré un net recul de son chiffre d’affaires et de ses bénéfices en 2014 sous l’effet conjugué des différentes cessions de ses participations lucratives notamment dans plusieurs groupes agro-industriels et des contre-performances de ses filiales dans le ciment et le secteur minier. Dans ce sens, le holding voit son résultat net part du groupe baisser de 42,3 % en 2014 à 3,56 Mrds Dhs contre 6,18 3,56 Mrds Dhs en 2013. Le chiffre d’affaires consolidé pour sa part est en recul de 18,6 % à 33,88 3,56 Mrds Dhs. Il faut voir dans ces résultats le fruit de la stratégie de mutation de la SNI en fonds d’investissement qui s’est concrétisée durant l’année écoulée par la cession des participations de la SNI dans l’industrie agroalimentaire marocaine. En effet, après avoir cédé 24,5 % du capital du sucrier national Cosumar, le holding royal s’est également retiré du fabricant de produits laitiers Centrale laitière au profit du français Danone en vendant ses parti-

LA SNI PEAUFINE SA STRATÉGIE DE CROISSANCE

74

PERSPECTIVES MED

cipations de 21,75 %. Le holding s’est également désengagé de Lesieur Cristal en cédant 22,8 % du capital sur le marché de la Bourse de Casablanca. Au-delà de ces cessions, les résultats 2014 de SNI ont également été affectés par les contre-performances de ses filiales dans le ciment et le secteur minier. Dans ce sens Lafarge Ciments a enregistré un chiffre d’affaires en recul de 2,3 % à 4,93 Mrds Dhs, pour un résultat net consolidé en baisse de 6 %, et le groupe Managem, pour sa part qui a vu son résultat d’exploitation reculer de 38 % à 446M Dhs, tandis que son résultat net part du groupe baissait de 55 %. Ces résultats en berne, ont pu toutefois être amortis grâce à la bonne tenue de la filiale bancaire Attijariwafa Bank dont les résultats de 2014 font apparaître un bénéfice net attribuable aux actionnaires de 4,4 Mrds Dhs en hausse de 5,2 % par rapport à 2013. Enfin, côté perspectives, la mue en fonds d’investissement pana-africain est en marche. Le groupe, à travers ses filiales bancaires, télécoms, énergie et de distribution, compte augmenter ses investissements aussi bien au Maroc qu’en Afrique subsaharienne dans des projets innovants et structurants et ce à la recherche d’opportunités de croissance profitables.


ATLANTA

A L’HEURE DE LA ZENITUDE

Une nouvelle identité visuelle (relookée) et une nouvelle signature : « L’Assurance de vivre mieux ». Atlanta a de la suite dans les idées en ayant capitalisé sur les résultats de l’étude sur le bonheur qu’elle avait diligentée. Voilà une compagnie qui veut être de bonne compagnie. Pour ses clients, en tout cas. Car sa signature reflète son nouveau positionnement Atlanta ambitionnant de contribuer au bonheur de ses assurés en les aidant à faire face aux imprévus de la vie et en assurant leurs biens matériels et immatériels. Ce choix est loin d’être fortuit puisqu’il puise tout son sens du bonheur des Marocains tel que défini par l’étude, et qui se traduit en premier lieu par la tranquillité d’esprit, un concept aussi vague que la « zenitude » qui avait défrayé la chronique française pour un certain temps. L’étude nationale sur le bonheur a permis à Atlanta Assurances de collecter une mine d’informations qui lui servira à mieux répondre aux aspirations de ses assurés actuels et futurs puisque l’assurance a déclaré la mise en place d’un «observatoire du bonheur» pour suivre les marocains dans leurs aspirations de bien- être. Cet observatoire va publier de manière régulière des communications pointues sur le bonheur en se basant sur des données statistiques qui permettront plusieurs possibilités de traitement et des analyses multiples par genre, âge, territoire géographique… Une contribution au bonheur national brut

Mondelez OREO 100% LOCAL

Mondelez veut capitaliser sur le succès de sa marque Oreo auprès en suppléant la filière d’importation par une fabrication locale. En effet, la filiale marocaine du groupe a investi 105 MDH dans une unité de production de cette marque à Casablanca. L’infrastructure, qui peut produire jusqu’à 900 millions de biscuits par an, entend renforcer sa position sur le marché en misant sur une stratégie de réduction des prix qui verra désormais le biscuit Oreo marocain se céder à 2 dirhams contre 4 dirhams actuellement. Pour ce qui est de la qualité du produit, les équipes de Mondelez Maroc affirment que tous les biscuits Oreo produits localement seront conformes aux standards de Mondelez International. Enfin, et pour profiter pleinement du marché qu’il évalue à environ 400 millions de dollars, le groupe compte rendre disponible ce produit dans tout le pays à travers un réseau de 80 000 points de ventes.

FORUM DE LA MER

CAP SUR LA TROISIÈME ÉDITION Le Maroc dispose désormais d’un espace de réflexion et d’échange autour de la Mer et des zones littorales. En effet, le Forum de la Mer ambitionne d’être un rendez-vous international de référence dédié à la Mer et au développement durable du littoral. Organisé par « Eganeo », un cabinet de conseil spécialisé dans le développement durable, une centaine d’experts, institutionnels et acteurs économiques et sociaux venant du Maroc et de l’étranger interviendront lors de la troisième édition prévue à El Jadida du 6 au 10 mai. Le programme, riche et diversifié, comprend deux séances plénières, cinq ateliers thématiques et deux conférences. Les participants échangeront autour des thématiques en rapport avec la loi littorale, les mythologies de l’Atlantique, la biodiversité marine en Méditerranée, Tanger Med, les sports de plage et sports nautiques, la prospection pétrolière en off-shore, l’économie et fiscalité du sable, la gestion intégrée des zones côtières, le Pavillon marocain ainsi que les infrastructures portuaires et de plaisance. Enfin et en marge de cette édition, l’Archipel des Enfants accueillera, le week-end du 8 au 10 mai, plus de 3 000 enfants pour des initiations aux sports nautiques et de plage, des actions de sensibilisation au développement durable, des opérations de nettoyage des plages, des diffusions de films, des ateliers artistiques, des activités de découverte de l’environnement marin… PERSPECTIVES MED

75


SYMBOLE DE L’EXCELLENCE

76

PERSPECTIVES MED


TRENDS PORSCHE CASABLANCA

ADRESSE EXCLUSIVE Par : Abou Marwa

La Centrale Automobile Chérifienne, distributeur exclusif des marques Volkswagen vient de s’offrir un nouveau centre dédiée à la prestigieuse marque Porsche. Le centre de Casablanca, la 787 représentation de Porsche dans le monde, aura pour vocation d’accélérer le développement de la marque au Maroc en offrant l’exclusif et son entretien à portée de main.

A

près un record des ventes en 2014 pour Porsche dans le monde entier, la CAC, distributeur exclusif des marques Volkswagen au Maroc, dont Porsche, vient de s’offrir un nouveau centre à l’image de cette marque emblématique. Il vient s’ajouter aux 786 centres Porsche existant dans le monde, l’objectif étant d’atteindre 1000 à l’horizon 2018. Le constructeur de Stuttgart qui a conclu 2014 avec 189 849 véhicules vendus, soit une hausse de 17% par rapport à l’année 2013, entend développer ses ventes au Maroc qui ont connu une baisse en 2014 par rapport aux réalisation de 2013 du fait de l’impact de la taxe de luxe. Implanté dans la continuité du showroom Audi-Volkswagen, le centre Porsche Casablanca répond parfaitement au concept et aux exigences du constructeur en terme de design, d’ergonomie, et de durabilité, et est doté d’installations à la pointe à même d’accompagner les ambitions locales futures de la marque. Doté d’une façade urbaine imposante, le bâti utilise l’acier et se distingue par une élégante uniformisation des couleurs ainsi qu’une harmonieuse forme courbe qui permet une identification rapide. Ce nouveau centre qui s’intègre dans un investissement global de la CAC de 60 M Dhs, s’étend sur 4 538 m2 de superficie dont 700 m2 d’exposition et 2 060 m2 d’ateliers techniques. Le hall d’exposition permet la mise en valeur de l’ensemble des modèles et offre aux visiteurs une qualité et un confort d’accueil hors normes. Ce confort et cette efficacité sont présents que vous soyez à la réception commerciale ou dans le fitting lounge, espace spécifiquement dédié pour le choix des options, des couleurs et des matières retenus

pour la personnalisation des bolides.Le Service Après-Vente a été également mis en conformité avec les dernières normes internationales de la marque et intègre désormais un système de réception rapide. De plus, et pour accompagner les investissements matériels réalisés, l’ensemble de l’équipe Porsche Maroc a bénéficié de formations spécifiques assurées par Porsche Allemagne. Le team de mécaniciens dédiés à la marque a en particulier suivi les modules de formation « Zertifizierter Porsche techniker » qui permettent de garantir le plus haut standard de qualité que ce soit à la préparation ou à l’entretien du véhicule. Tout le matériel et les outils sont certifiés Porsche et dans les nouveaux équipements, on soulignera en particulier la dernière génération de ponts à géométrie avec guidage lazer. Bref que l’on soit à Rio, Tokyo, Londres ou Casablanca, on retrouvera le même sentiment d’exclusivité qu’inspire la marque. Pour célébrer cette inauguration, Porsche Maroc a mis en place une opération de « ventes privées » afin de proposer un accueil personnalisé et des conditions exceptionnelles sur un ensemble de véhicules sélectionnés. Le Maroc est un marché en émergence pour la marque, et offre un fort potentiel de croissance comme en témoignent les réalisations à fin mars qui totalisent plus de 35 véhicules vendus. Et au cours de cette année, l’actualité produit sera faite par la déclinaison complète de la version GTS sur toute la gamme, l’introduction des ultra-sportives GT3RS, GT4, Boxter speeder, Cayenne Turbo S et des versions exclusives comme la Panamera exclusive série. Tous ces modèles seront à découvrir dans le nouvel écrin de la marque à Casablanca.

PERSPECTIVES MED

77


TRENDS SMEIA ENRICHIT SON OFFRE SUV

DU DISCOVERY SPORT AU X6 Par : L.M

C’est le printemps chez Smeia. A mois de mars, le représentant exclusif de Land-Rover et de BMW a lancé, coup sur coup, deux de ses produits phares sur le marché marocain. Le mythique Discovery qui a subi une cure de rafraichissement totale et le X6, célèbre outsider du constructeur bavarois. De quoi répondre, efficacement, aux attentes du marché, y compris le plus petit segment.

L

es aficionados du clan Land-Rover ont de quoi jubiler avec l’entrée, en lice, du dernier-né de la famille : le Discovery Sport. Avec ce nouveau véhicule tout terrain, c’est une page de tournée à laquelle on assiste depuis que l’album de famille fait l’impasse sur le Freelander, dépassé, et sur le mythique Defender en voie d’extinction. En tout cas, au premier contact avec les yeux, le nouveau SUV premium laisse une belle impression. Sa jupe volontairement impressionnante le prédispose déjà à aller chasser sur le terrain de ses concurrents allemands directs ; le BMW X3 et l’Audi Q5 en l’occurrence.

DANS LA FAMILLE LAND-ROVER, UN CHAINON DE PLUS SE DISTINGUE: DISCO!

CONÇU POUR LA DÉCOUVERTE Tout en monopolisant bien des avantages, et à leur tête la possibilité d’embarquer jusqu’à 7 passagers dans un habitacle qui expire le luxe british. Exhibant ses muscles, le digne successeur du Freelander joue

78

PERSPECTIVES MED

la carte de la sportivité. Seuls les nostalgiques des lignes rectilignes regretteront la sportive attitude du nouveau Discovery dont la fidélité à ses origines Land Rover n’occulte en rien le changement stylistique adopté par les designers, histoire d’assurer son démarquage vis-à-vis des autres modèles de la gamme. On a affaire à un capot enveloppant, une calandre à deux barrettes horizontales, le tout assurant à la silhouette des surfaces galbées et des lignes affirmées, le tout assorti de plaques de protection au niveau du pourtour. La forte personnalité de cet SUV (4,60 m de longueur avec un empattement de 2,70 m) qui fait pâlir la concurrence par ses capacités de franchissement est liée au profil du capot incliné qui épouse jusqu’à la ceinture de caisse alors que la ligne de toit tirant vers l’arrière force son caractère. Mais derrière tous ces artifices, c’est l’efficacité aérodynamique qui est recherchée et confirmée par un coefficient de trainée aérodynamique d’à peine 0,36. Performances, sobriété en carburant et comportement sain sont garanties. Rien à reprocher à cette belle bête dont la réputation, à confirmer, serait celle d’un SUV le plus polyvalent au monde. Côté franchissement, en tout-terrain, ses angles d’attaque et de fuite et


sa garde au sol assez importante lui assurent de l’aisance. Le D’ailleurs, héritant du « Terrain Responce », il s’adapte à différents types de revêtement. Et puis, le nouveau Land Rover donne le choix entre des 4-cylindres essence ou diesel, tous équipés d’un système Start & Stop, associé à une transmission manuelle à 6 rapports ou automatique à 9 rapports. L’aménagement intérieur du Nouveau Discovery expire le luxe sans verser dans l’exclusivité que la qualité des revêtements plastiques laisse apparaître. Et la console centrale affiche les principales commandes placées de façon facilement accessibles depuis la position de conduite surélevée. Avec ses 6 connexions SUB et 4 prises 12 volts sur les trois rangées de sièges, l’écran tactile 8 pouces regroupant toutes les fonctions d’info-divertissement, la génération Y en a pour son argent. Le plus à ne pas dédaigner a trait à l’airbag piéton, dissimulé dans le capot moteur, et le freinage automatique en ville. Les amoureux des grandes escapades ont de quoi être comblés avec les finitions déclinées en SE, HSE et Luxury. De quoi répondre aux multiples attentes. Chez Smeia, on veut consolider les acquis exprimés en 2014, avec 1529 unités vendues. Et le nouveau Discovery a des arguments de vente. A commencer par son prix qui démarre juste au-dessus de la barre mythique des 400.000 Dh.

DANS LE SAC ! Mais Smeia n’oublie pas son cheval de bataille qu’est BMW. D’où le lancement du nouveau modèle du X6 dont le pari, osé au départ, a fini par faire des émules. En 2008, le lancement du X6 relevait un défi de taille : la mise sur le marché d’un nouveau type de carrosserie : celle d’un S.A.C (Sport Activity Coupé). Depuis, pas moins de 260.000 modèles ont été écoulés dans le monde. En attendant que le ML Coupé

de Mercedes fasse ses preuves, le X6 est déjà à sa deuxième génération. Le monstre sacré offre, de face, une imposante calandre rehaussée de naseaux dédoublés conçus pour exprimer la force de caractère. Une dose de ressemblance avec le X5 est bien évidente pour les puristes qui ne ratent pas non plus l’héritage transmis du X4 au profil du X6. La singularité est à situer au niveau des flancs disposant d’une d’une nervure latérale scindée en deux. Si la première suit la ceinture de caisse et s’estompe dans la porte arrière, la seconde souligne les hanches jusqu’aux feux arrière. Au niveau de la poupe fuyante vers l’incontournable lunette arrière, inclinée à outrance, le tout n’a pas été révolutionné. L’effet de puissance est bluffant, surtout avec les sorties d’échappement qui semblent montés sur les larges pneus arrière. Aérodynamisme et fluidité sont au rendez-vous… L’intérieur du X6 reprend la planche de bord du X5, mais la dotation standard a été enrichie. Hormis les jantes alliage de 19 pouces, tous les modèles disposent de série : phares bi-xénon, sellerie cuir, hayon à ouverture automatisé, climatisation bi-zone… Question motorisations, le X6 emprunte les blocs de son frère X5 tant en diesel qu’en essence. Les premiers sont le 3 litres 6-cylindres (245 ch), le 4 litres V8 Diesel (313 ch), ou encore le V8 d (381 ch). Alors que l’offre essence reprend le 6-cylindres en ligne (306 ch), ainsi que le V8 (450 ch). Tous ces moteurs sont associés à la boîte automatique à huit rapports Steptronic et offrent des baisses de consommation singulières (moins 22%). On affirme chez Smeia que le X6 peut accueillir le « Package M » et que les commandes spécifiques sont prises en charge. Un marché de niche porteur avec des objectifs affichés de 70 à 80 unités en année pleine. Avec un prix de vente qui démarre à 704.000 Dh pour plafonner à 1,2 MDH, la passion n’a pas de prix…

Le X6 expire la puissance brute qui tétanise les regards. Cela explique sans doute le succès mondial auquel ce bolide a été et est promis.

PERSPECTIVES MED

79


TRENDS ESSAI NISSAN JUKE

BON COMPROMIS

I

mpossible de passer à côté d’un Juke sans être attiré par son design« original » et audacieux. Ayant subi un lifting de mi-parcours, son restylage ne touche pas aux caractéristiques principales qui ont fait son succès. Nissan a revu les boucliers avant et arrière, faisant plus agressif avec leurs deux petites lames en virgule, a intégré l’épais U chromé dans la calandre et a remodelé légèrement les phares. A l’avant, les feux supérieurs ont été redessinés pour adopter une forme de boomerang. Ils intègrent - dès l’entrée de gamme - des feux diurnes à LED à double intensité. Au design de ces nouveaux feux s’ajoute celui de nouvelles ailes avant. Les projecteurs principaux conservent leur forme ronde caractéristique qui offre à l’extérieur stylé du Juke l’image voulue de ténacité et d’agilité. Son design compact crossover sportif offre une visibilité supérieure de roulement et son grand pare-brise permettent une vision beaucoup plus large de l’environnement routier et de ses environs. La position de conduite

DANS LE JEU DE NISSAN, LA CARTE JUKE SE RÉVÈLE GAGNANTE À PLUS D’UN TITRE

80

PERSPECTIVES MED

dominante et les grands rétroviseurs extérieurs en font un engin bien adapté à la ville. La version de base, Visia, reçoit six airbags, l’anti-dérapage ESP, la clim’ (manuelle), la radio CD-MP3, quatre vitres électriques et le Start &Stop. Une fois installé dans l’habitacle, le levier de vitesses tombant sous la main invite à prendre la route afin d’explorer les limites de ce crossover urbain. Déjà connu pour sa performance et sa fiabilité, le Juke est équipé d’un nouveau moteur diesel de dernière génération, le 1,5 l dCi de 110 ch issu du partenariat avec Renault d’une consommation moyenne de 5 litres/100 km, qui offre, dans un silence agréable, performances et reprises se situant dans une bonne moyenne. La boîte manuelle à 6 rapports est précise et son maniement est aisé du fait d’un levier court au débattement réduit. Côté suspensions, elles offrent un confort correct et une tenue de route saine. Pour conclure, et au-delà de son aspect décalé, le Juke conserve pas mal d’agrément de conduite, en se révélant peu bruyant, avec un comportement routier honorable et un confort apprécié. De quoi donner du fil à retordre aux concurrents.


DEUX LANCEMENTS CHEZ UNIVERS MOTORS

LE CR-V CÔTOIE LA CIVIC

L

e représentant exclusif de la marque Honda a réussi son coup double. En faisant découvrir, depuis son siège à Aïn Sebaa, ce qu’offre le millésime 2015 : un CR-V restylé et une Civic plus sportive que jamais. On ne badine plus avec les nouveautés du côté d’Univers Motors. Lancée récemment au Salon de Genève, la version restylée de la 4ème génération du CR-V est déjà là pour séduire les adeptes des SUV compacts. Expirant la robustesse, l’habitacle ultraconnecté ne fait pas oublier la nouvelle motorisation dont est doté ce véhicule de loisirs dont la transmission innovante allie franchissement et divertissement. À l’avant, la calandre redessinée dote le SUV de plus de nerf et l’affinement du style à l’arrière lui assure du caractère. A l’intérieur qui affiche une générosité accueillante, le CR-V offre une nouvelle touche qu’un liseré chromé assure comme un marqueur la planche de bord. Le système d’info-divertissement Honda Connect et son écran tactile de 7 pouces ainsi qu’une interface sans fil Bluetooth est de série sur la Confort comme sur la Lifestyle. Mais la révolution est cachée sous le capot qui accueille un inédit Diesel 1.6 i-DTEC de 160 ch et 350 Nm, dont les émissions atteignent 130 g/km. Une nouveauté qui en apporte une autre puisque ce bloc est disponible avec une boîte automatique à neuf rapports, qui viendra remplacer l’ancienne boîte à cinq rapports. Ce nouveau moteur, réservé à la transmission 4x4, sera également proposé avec une boîte manuelle à six rapports. Le Honda CR-V restera également disponible en version deux-roues motrices avec un moteur 1.6 Diesel i-DTEC de 120 ch. Avec des prix qui démarrent à partir de 314.000 DH, Univers Motors cible large. Comme il le fait également avec la Civic 2015. La déclinaison Sport cette dernière débarque au Maroc avec un style encore plus agressif qui se manifeste par une calandre parfaitement intégrée aux audacieuses lignes avant, le becquet arrière et les jantes alliage 17 pouces. Des feux de jour à LED font désormais leur apparition sur la Civic 2015… De la Confort à l’Elégance, c’est le plaisir du conducteur qui est recherché. Dotée d’un bloc Diesel 1.6 i-DTEC couplé à une boîte manuelle à 6 rapports. Labelisé «Earth Dreams Technology», ce moteur de 120 chevaux fait le compromis entre performance et efficacité. A 239.000 DH, le prix de lancement a de quoi séduire. PERSPECTIVES MED

81


CINÉMA, L’AUTRE FACETTE DU DÉCOR

VOLONTARISME L’industrie du cinéma se conforte dans le pays. Le volontarisme est là et les lauriers aussi. Certes, ce n’est ni encore du Hollywood, ni du Bolliwood, mais c’est de la création marocaine qu’il s’agit. Liberté de ton et soutien étatique se liguent pour assurer l’essor de la production filmique dans le pays. Une révolution tranquille se dessine. En mal d’un public à retrouver et d’une bonne gouvernance à asseoir.

82

PERSPECTIVES MED


CULTURE LORSQUE LE 7ÈME ART FAIT SON CINÉMA

RÉVOLUTION TRANQUILLE Par : Lamia Mahfoud

Peut-on parler de « révolution » lorsqu’on évoque le cinéma marocain d’aujourd’hui ? La question mérite d’être soulevée à l’heure où les paradigmes liés au 7ème art s’annoncent contradictoires. Des productions qui oscillent, autour de 20 longs métrages, des subventions contestées et des salles moribondes… Il faut croire que les distinctions récoltées par les créateurs marocains à l’étranger confortent un art désormais majeur.

C’

C’est une lapalissade que de dire que le cinéma marocain a le vent en poupe. Depuis quelques années, il faut croire que quelque chose de fondamental s’est opérée sur la scène du 7ème art porté, il est vrai, par un Centre cinématographique marocain (CCM) qui avait, à sa tête, un fin connaisseur qui a fait sienne la bataille pour la liberté. Rendre hommage à Noureddine Saïl qui a laissé son fauteuil à son successeur depuis quelques mois déjà c’est déjà reconnaître le long chemin parcouru depuis qu’une volonté politique ferme quand au développement de l’industrie cinématographique a été au rendez-vous. Du coup, ce sont pas moins de vingt à vingt-cinq longs métrages qui sont produits annuellement. Cela sans compter plus du double en courts métrages. Autant dire que la quantité est bien là, en attendant des jours meilleurs où ce « Smig » sera largement dépassé pour faire de la production marocaine un véritable levier culturel. Mais il faut croire que cette partie intégrante d’un « soft power » en devenir est déjà concluante. Ainsi, Hicham Ayouch vient de remporter avec « Fièvres » l’Etalon d’or au Fespaco, soit la « Palme d’or africaine » du plus grand festival panafricain du cinéma. La distinction de ce réalisateur natif de Paris et qui a tourné en France ce film qui raconte l’histoire d’une famille immigrée dans la banlieue parisienne pose la question : comment définir aujourd’hui un film « marocain ». Au 10ème Panorama des cinémas du maghreb et du Moyen Orient organisé à Saint Denis, près de Paris, l’occasion fut belle pour raconter l’évolution du 7ème art au Maroc et raconter ses turpitudes. Mohamed Zineddaine dont le premier long métrage « Réveil », le rêve d’un réveil, tout en noir et blanc, laisse parler ses entrailles lorsqu’il souligne que « Fièvres», réalisé par un marocain, expire le long de ses

bobines « un esprit marocain ». Pourquoi pas dès lors le considérer comme un film marocain? M. Zineddine avait lui aussi tenté de décortiquer, à sa manière, les relations entre le Maroc et l’Europe. Evoquant « Réveil », film qui a été tourné avec « peu de moyens » rappelle-t-il, c’est « la rage » de l’affirmation qui a représenté le moteur d’un tel tournage. « On peut être fier des films marocains qui sont projetés ici au Festival. De revoir ici mon film et les autres, cela veut dire que le cinéma marocain commence à irradier et avoir un écho ». Mais que pense Kamal El Mahouti, fondateur du PCMMO qui a traversé bien des turpitudes? « Je ne me pose pas trop ces questions. Chaque réalisateur se définit comme il a envie. Quand on fait partie de la diaspora, on a souvent deux ou trois nationalités et une histoire qui a grandi dans plusieurs pays. À un moment donné, on peut avoir envie de se dire que je suis Canadien sur ce film et à un autre moment on se positionne comme un réalisateur marocain à part entière et pleinement sur un autre projet. » Autant dire qu’il est question ici de problèmes identitaires, voire existentiels, sous-tendus par une altérité mise en équation. Hammadi Guerroum, critique de cinéma, considère que la distinction de Hicham Ayouch a une fois de plus rendu visible l’universalité de l’approche cinématographique : « Dans le cinéma, il n’y a pas d’identité, il y a ce côté personnel. Et je crois que Hicham l’a transposé dans son film Fièvres. C’est pour cela qu’il mérite vraiment d’être applaudi. » Le directeur artistique du Festival international du cinéma amateur de Rabat a-t-il raison de soustraire cette production de la quête identitaire ? Le déni de l’enfermement est bien là. Et c’est ce qui fait réagir, en creux, Sarim Fassi-Fihri, directeur du CCM. «Ces histoires de nationalités ne veulent plus rien dire. Timbuktu

PERSPECTIVES MED

83


CULTURE

N. SAÏL A MARQUÉ L’ÉLAN PRIS PAR L’INDUSTRIE FILMIQUE DANS LE ROYAUME. AVEC UN CCM DYNAMIQUE 84

PERSPECTIVES MED

a été présenté aux Oscars en tant que film mauritanien, malgré le fait qu’il a été entièrement produit à Paris. Il y a un réalisateur qui est mauritanien, c’est tout. « Indigènes » de Rachid Bouchareb a été présenté aux Oscars en tant que film algérien. Il a été tourné au Maroc, financé par la France », concède-t-il. Pour ce qui est de « Fièvres », S. Fassi-Fihri rappelle à propos de sa trame de fond que « les problèmes des communautés maghrébines en France font partie de la vie des Maghrébins. » Le Panorama a été enrichi par une kyrielle de productions marocaines. Nabil Ayouch, grand frère de Hicham, avec « Les Chevaux de Dieu », côtoyait toute la filmographie de Faouzi Bensaïdi ou d’Ismaël Ferroukhi. Outre les films « grand public » comme «Rock The Casbah » de Laïla Marrakchi ou « Number One » de Zakia Tahiri. Bien entendu, cette manifestation ne pouvait passer à côté du cinquantenaire de la mort de Ben Barka (1920-1965). Les films « Ben Barka, l’équation marocaine » de Simone Bitton et « J’ai vu tuer Ben Barka » de Serge Le Péron rappellent des faits historiques qui ont marqué l’échiquier politique marocain. L’ouverture sur des réalisateurs étrangers qui ont pris en charge des « questions marocaines» n’est pas fortuite. Elle traduit, sans doute, la ligne directrice d’un Panorama qui refuse l’enfermement de quelque nature qu’il soit. Bien entendu, cela ne veut pas dire que les réalisateurs marocains continuent à fuir les tabous politiques. Preuve en est que des films comme « Nos lieux interdit » de Leïla Kilani, « C’est eux les chiens » de Hicham Lasri ou « Fuite ! » de Ali Essafi ont marqué de leur empreinte cette édition. Aucune des facettes de l’âme marocaine, y compris la plus sombre qui soit, n’est occultée par une génération de réalisateurs qui militent, à leur manière, pour accompagner les changements qui s’opèrent dans le pays. Les années de plomb, les emprisonnements politiques et le terrorisme d’État, mais aussi le Printemps arabe sont très présents dans les œuvres projetées au festival. Fadoua Maroub qui veille, depuis 2010, sur les Rencontres méditerranéennes du cinéma des droits de l’homme à Rabat a la bonne phrase qui résume l’effervescence du 7ème art au Maroc. Pour elle, « le cinéma est un bon moyen d’aborder et de discuter sereinement les questions de la liberté. « Aujourd’hui, la liberté de ton pour les cinéastes marocains ne dépend que d’eux-mêmes », affirme-t-elle. « C’est à eux de voir ce qu’ils veulent aborder. Il n’y a pas de censure. La censure ne se pose pas au niveau de l’Etat, elle se pose au niveau de l’acceptation sociale de certaines questions. C’est pour cela que l’éducation est si importante. Le film de Kamal Hachkar, « Tinghir-Jérusalem, les échos du Mellah » a été refusé par la société, parce qu’il parle de l’immigration des juifs marocains en Israël. » Sous d’autres cieux, le 7ème art marocain fait office d’invité spécial. Comme c’est le cas pour


les Journées cinématographiques de Beyrouth. Le Maroc participera en tant qu’invité spécial à l’édition 2015 de cet évènement cinématographique, à travers la projection du long métrage “La Nuit entr’ouverte” de la réalisatrice maroco-irakienne, Tala Hadid, qui vient de remporter le Grand Prix du 16ème Festival national du film de Tanger, a indiqué l’Association culturelle “Beirut DC” organisatrice des Journées cinématographiques de Beyrouth. Le long métrage “La Nuit entr’ouverte” a été également projeté lors de la 14ème édition du Festival international du film de Marrakech, dans la section “Coup de cœur”. Par ailleurs, et dans le cadre des efforts visant à faire connaître au grand public des figures cinématographiques du monde arabe, le Festival rendra hommage, cette année, au réalisateur marocain, Hicham Lasri. Autant dire que l’intérêt est grandissant pour le cinéma marocain. Mais si le nouveau patron du CCM fait grand cas du nouveau budget alloué à la promotion de l’industrie cinématographique, il n’en reste pas moins que cette politique de soutien se retrouve au centre de la polémique. Comme celle que nourrit le cinéaste Abdelilah El Jaouhari fraîchement consacré au FESPACO. Il dénonce les « intrus », soit « ceux qui ont intégré le secteur, à la faveur de fonds et de rouages financiers et relationnels » avec lesquels il ne faudrait s’attendre à rien si ce n’est le nivellement par le bas. Le réalisateur du film «De l’eau et du sang» qui a récolté le Poulain d’or, à l’unanimité du jury, lors du dernier FESPACO, regrette que le milieu artistique ait fini par succomber, lui aussi, face aux démons de la prévarication, de la corruption et du népotisme. Simples accusations lancés en l’air ? Rien n’est moins sûr aux yeux du réalisateur. Sa sentence est sans appel : «Ceci paraît clairement dans les démarches requises pour bénéficier des subventions et le choix de certains films pour représenter le Maroc à l’étranger ou encore le choix des jurys. Malheureusement, ce secteur a vu également s’infiltrer certains intrus ayant pour seul but la rente financière», fulmine-t-il. Et il n’est pas le seul à dénoncer pareils travers.

Distingué au FESPACO, en 2005, pour «La chambre noire», Hassan Benjelloun, cet enfant de la Chaouia, observe une pause en attendant de rebondir.

CINEMA UNE INDUSTRIE EN MAL DE FONDS Peut-on parler d’industrie du cinéma lorsque le pays ne produit que 20 à 25 longs métrages et 60 courts métrages produits chaque année ? La question doit obnubiler les responsables du CCM qui dispose d’un budget annuel de 600 MDH, augmenté cette année de près de 200 MDH pour la production de documentaires, outre les 300 MDH de prévus pour l’organisation de festivals et les subventions pour la numérisation des salles de cinéma. Sarim Fassi-Fihri, successeur de Noureddine Sail à la tête du CCM s’inquiète de la baisse de fréquentation des salles de cinéma qui cache à peine l’autre revers de la médaille; la prédilection des Marocains à consommer les copies piratées des films. « En un an, nous avons perdu un million de spectateurs. Nous n’avons plus que 31 salles et 57 écrans, ce qui est très peu », résume S. Fassi-Fihri que ne rêve que de multiplexes. Mais même en France, là où les salles ne manquent pas, il faut croire que les films marocains soit encore loin de faire recette. Le film de Nabil Ayouch, « Les Chevaux de Dieu », présenté dans la sélection officielle du Festival de Cannes en 2012 et sorti en 2013 avec 35 copies dans les salles en France n’a finalement enregistré que quelque 30 000 entrées. Et les statistiques sont parlantes : parmi les 7 316 films distribués dans les salles de cinéma en France entre 2000 et 2013, seulement 26 films (dont 6 en 2013) étaient produits ou coproduits par le Maroc. PERSPECTIVES MED

85


CULTURE TUNIS HONORE ADONIS ET SAADAWI

LE SOUFFLE DE LA LIBERTÉ… Par :L.M

Le grand penseur et poète syrien Adonis et l’hégerie du féminisme arabe Nawel Al Saadawi, ont été décorés à Tunis, en marge de la 31ème édition de la foire du Livre. Tout un symbole dans le pays de la Révolution du Jasmin en proie aux menaces djihadistes.

C’

est au pays de la Zaitouna que le penseur et poète syrien, Adonis, a été distingué en recevant l’Ordre national du mérite. L’insigne a été remis au poète de 85 ans par la ministre tunisienne de la Culture, Latifa Lakhdar, qui également décoré l’écrivaine et militante féministe égyptienne, Nawel Al Saadaoui, où les deux auteurs étaient les invités d’honneur. Réagissant à chaud, l’intellectuel syrien connu pour ses positions engagées qui tranchent avec les convenances de l’air du temps a souligné qu’il s’agit là de « la première reconnaissance (d’un pays) arabe que je reçois après avoir été distingué à plusieurs occasions (dans le monde)». L’auteur de «Kitab Al-Hissar» (1985) et de «Aghani Mehiar Adimachqui»(1988), a indiqué que cette distinction lui avait été remise à un moment qualifié de «tournant historique (pour les pays arabes)» où, a-t-il dit, la Tunisie représente un «noyau», un «leader» et un «modèle» en matière

DES PENSEURS LIBRES HONORÉS AU PAYS DU JASMIN

86

PERSPECTIVES MED

de démocratie. Dans la bouche d’Adonis, pareilles affirmations valent leur pesant d’or. Surtout que le penseur syrien qui a fui son pays pour se réfugier au Liban, avant de devoir s’exiler en France, n’est pas particulièrement tendre avec ce qu’il est convenu d’appeler « Printemps arabe». Aigri par autant de sous-développement qui suinte par les pores du corps arabe, rabougri dans le passéisme, l’auteur de «L’immobile et le transformé», œuvre d’analyse de la pensée arabe via la poésie se garde de tout triomphalisme de bon aloi. «C’est notre problème actuel dans le monde arabe (...) On insiste sur le changement de régime (...) Mais si on ne change pas la société, on ne change rien (...) On remplace un tyran par un autre tyran», a-t-il souligné. A ses yeux, « ce qui se passe en Syrie c’est du massacre. » Ali Ahmed Saïd, alias Adonis, est l’auteur depuis 1947 d’une oeuvre considérable primée plusieurs fois dans le monde et qui a profondément marqué la poésie arabe de la seconde moitié du XXe siècle. Essayiste, critique littéraire et traducteur de grands poètes européens, il est également connu pour son engagement en faveur des libertés individuelles.


C’est ce qui lui a valu les géoles syriennes en 1955, avant de se réfugier une année plus tard au Liban, un pays dont il prendra la nationalité avant de fuir à nouveau pour Paris durant la guerre civile libanaise (1975-1991). Son pseudonyme se réfère au dieu du même nom chez les phéniciens, une référence aux civilisations païennes et antiques très présente dans ses œuvres. Ce penseur libre qui critique l’immobilisme de la psychée arabe, marquée au feu du religieux, est un partisan de la laïcité, seule issue à même de libérer les énergies créatrices. A ses yeus, « une civilisation qui n’invente rien est une civilisation morte. » Quant à Nawal el Saadawi qui a créé un esclandre à l’occasion de séjour à Tunis, elle fait partie de ces militantes de gauche qui ont contribué à l’éclosion de toute une littérature consacrée à la libération de la femme. L’écrivaine égyptienne née près du Caire, en octobre 1937, a démarré sa carrière comme médecin psychiatre. Auteure engagée, cette féministe de bon teint fut emprisonnée en 1981 pour s’être opposée à la loi du parti unique sous Sadate. Son livre Mémoires de la prison des femmes relate cet épisode. Libérée sous Moubarak elle fonde en 1982 l’Association arabe pour la solidarité des femmes interdite en 1991. « Dieu démissionne à la réunion au sommet », pièce théâtrale publiée en 2007 a été jugée blasphématoire par l’université islamique du Caire et retirée de la vente avant même l’ouverture du procès qui lui a été intenté. La fille de Kafr Tahla, delta de la basse Égypte, fait un premier mariage avec Ahmed Helmi, étudiant en médecine et militant pour la liberté, dont elle divorce. Son second mari est un riche traditionaliste, avec lequel Nawal El Saadawi rompt lorsqu’il s’oppose au fait qu’elle écrive – activité qu’elle exerce depuis l’enfance. En 1964, elle épouse Sherif Hetata, médecin et romancier qui a passé plusieurs années derrière les barreaux pour ses activités politiques au sein du parti communiste égyptien. Militante convaincue, N. Al

Saadawi n’a pas la langue dans la poche. Que l’on en juge dès lors qu’elle est appelée à commenter le mal-être arabe. « Depuis la revolution, mais déjà avant la révolution, j’ai beaucoup écrit sur ce thème, de nombreuses fois. La constitution n’est pas honnête, pas du tout. Mais c’est ainsi dans tous les pays, je ne parle pas seulement de l’Egypte ou de l’Islam. Je parle de cette maladie présente dans le monde, car nous vivons dans un monde unique et nous sommes confrontés à une maladie. Je vous rappelle que je suis médecin et non pas politicienne, alors je dois diagnostiquer cette maladie qui frappe le monde, le système lui-même. La charia en fait partie, la religion en fait partie. La religion est une idéologie politique. Ce n’est pas une cour de justice morale. La religion est faite par des être humains, par les hommes, le patriarcat, les classes sociales. On trouve tout ça dans la religion. Nous avons fait de nombreuses et grandes manifestations en Egypte contre les Frères musulmans, contre l’islamisation de l’Egypte, et nous avons dénoncé la constitution. Car un comité sans femmes a commencé à rédiger la constitution et ils ont introduit la charia. Nous avons dit que le pays ne devait pas avoir de

religion, ça devait être un pays pour tous, pour les chrétiens, les musulmans, les hommes, les femmes, pour tous . Mais les Frères musulmans soutenus par les Américains, voulaient la charia. En Europe on ne le sait pas. En Europe, on pense que les Etats-Unis sont opposés à l’islamisation. D’habitude je dis, Georges Bush et Ben Laden sont jumeaux ». Radicale dans ses jugements dès lors qu’il est question du processus démocratique en Egypte, elle rappelle que « pour faire évoluer les esprits, il faut l’éducation. La démocratie commence dans l’enfance à la maison. La démocratie ce n’est pas une décision prise au parlement qui se décrète un jour. La démocratie c’est un art de vivre(…) Mais parce que le système est malade et inégalitaire, et qu’il existe une oppression sexuelle, une oppression de classe, les enfants sont contaminés par de très mauvaises valeurs contraires à la démocratie. C’est pour ça qu’ils ne peuvent pas être démocratiques de façon soudaine, juste en allant aux urnes. C’est un apprentissage. Il faut éduquer les enfants, comment respecter l’égalité pour que ça coule dans leurs veines. Mais ce n’est pas ce qui se passe. Le système éducatif sert le système politque.»

PERSPECTIVES MED

87


CULTURE

QUE DE NOTES! Hong Kong. Clôture, le 15 mars dernier, de la 3e édition de la foire d’art contemporain « Art Basel ». Y a-t-il une fausse note dans l’œuvre de l’Américain John Baldessari “Beethoven’s Trumpet (With Ear) Opus # 133” ? Le succès de l’œuvre auprès du public dénote de l’intérêt pour tout délire artistique.

88

PERSPECTIVES MED


CONTRE-POUVOIR

UNE JOURNALISTE LIBANAISE DEVANT LE TSL ! Dans le monde arabe, la liberté de la presse reste malmenée. Et des fois, par des mmilieux insoupçonnables. C’est devant la Cour internationale de la Haye que Karma Khayat, journaliste libanaise et sa chaîne de TV Al Jadeed doit répondre, à la mi-avril, aux charges qui pèsent sur elle, le dossier d’acciusation étant monté par le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL) (ou tribunal Hariri). On reproche à cette journaliste d’avoir révélé des informations pouvant mettre en doute le bon fonctionnement de la justice dans l’enquête sur l’assassinat du premier ministre libanais, Rafic Hariri et de 21 personnes le 14 février 2005 à Beyrouth. La journaliste d’ « Al Jadeed », chaîne de télévision libanaise libre et indépendante, avait pris le risque de vouloir faire la lumière sur les enjeux et le fonctionnement du TSL. Rappelons que le TSL a déjà connu plusieurs scandales et aucune explication plausible ni aucun assassin n’a été arrêté depuis plus de 10 ans, alimentant ainsi l’hypothèse selon laquelle certaines forces politiques ne veulent pas que les auteurs du crime commis le 14 février 2005 soient identifiés. Lourde charge que celle de l’Outrage au tribunal ! K. Khayat sera accusée d’avoir fait «entrave à la bonne administration de la justice» en signant un reportage susceptible de mettre en danger des témoins, alors même que celui ci dénonçait les failles dans la protection des témoins. La journaliste y donnait la parole à des témoins, visages floutés et ne mentionnait pas leur identité .La jeune femme risque 7 ans de prison et 100.000 euros d’amendes, face à un tribunal à la fois «juge et partie» et aucun recours ne lui sera possible. Ni cassation, ni recours devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme non plus.

EXPOSITION F. CHARDOUDI CHEZ MATISSE

Entre le 17 avril et le 1er mai 2015, l’artiste peintre Fouad Chardoudi exposera ses œuvres à la galerie Matisse de Marrakech. A la fois poète et peintre, l’auteur du recueil «Le ciel quitte la gare» va à la rencontre de la complexité humaine. Son oeuvre mûrit à vue d’œil et transcende son ancienne teinte expressionniste, signale un communiqué, « pour s’investir dans l’enceinte du néo expressionnisme où s’invitent conjointement mysticisme et transfiguration au sein d’un réel imagé jusqu’au bout ». Dans l’œil de Fouad Bellamine « la répartition des aplats épais et translucides débordant les quatre cotés de la toile créant un équilibre entre les formes et les masses, mariant gris colorés et couleurs vives ; cette ossature permet a l’artiste d’inscrire par la suite une gestuelle personnelle, forte et fougueuse, qui va donner naissance a une œuvre attestant d’une maturité et d’une singularité particulière dans le paysage de la peinture contemporaine au Maroc . »

« Dialy, il est à moi c’est le mien... », la pièce marocaine a été jouée à l’Institut du Monde arabe à Paris, le 11 avril. Inspirée des Monologues du vagin, elle a été écrite en 2012 par Maha Sano. 150 témoignages de Marocaines joués avec brio par trois comédiennes d’exception : Amal Benhaddou, Farida Elbouazaoui et Nouria DIALY À L’IMABenbrahim. Elles parlent en arabe dialectaldarija- et en français. Au moment de sa création, la pièce a dû subir THÉÂTRE les critiques du PJD, à travers son quotidien, qui jugeait cet art comme « sale ». Malgré ces attaques, l’équipe ne s’est pas découragée et elle a connu le succès puisque le spectacle s’est prolongé au Maroc (au Studio des Arts vivants de Casablanca et bientôt à l’Institut Français de Rabat), en Tunisie et en Allemagne.

TWITTER DANS LE COLLIMATEUR

Dans le clip de «Carmen», le petit oiseau bleu de Twitter suit Stromae partout, pour le meilleur, mais surtout pour le pire. Co-écrite par le chanteur et Orelsan, et réalisée par Sylvain Chomet, cette vidéo enregistre plus de 640.000 vues ce 2 avril, au lendemain de sa publication. Une belle illustration du buzz qui dénonce le buzz, cette vidéo étant une critique acerbe de Twitter en particulier, et des réseaux sociaux en général.

PERSPECTIVES MED

89


A LA FRMF, QUI BOIRA LA TASSE?

COUP DE COM Les dirigeants de la FRMF ont-ils raison de se donner raison dans le conflit qui les a opposé à la CAF? Sans vouloir minorer les efforts menés ici et là, force est de souligner que le verdict du TAS est pour le moins équivoque. N’en déplaise à une défense de la Fédé qui crie victoire sur tous les toits. F. Lekjaa, Président de la Fédé communique comme lui l’entend. Sans répondre aux vraies questions. Dommage!

90

PERSPECTIVES MED


SPORT FRMF VERSUS CAF

SENTENCE DICHOTOMIQUE Par : Yahya Saïdi

La saisine du TAS (Tribunal d’Arbitrage du Sport) par la FRMF contre la CAF a débouché sur l’annulation des sanctions sportives mais pas sur les sanctions financières. Une sentence dichotomique du TAS.

L

a FRMF a eu gain de cause : le Tribunal d’Arbitrage du TAS a décidé d’annuler les sanctions sportives infligées à l’Equipe Nationale marocaine ‘’A’’. Des sanctions sportives ‘’éjectées’’ par le TAS du fait qu’elles ne sont prévues par aucun texte. Quant aux sanctions financières, la sentence du TAS a été mitigée car si d’un côté le TAS a réduit l’amende de 1 million $ à 50.000,00 $ ; de l’autre, la formation du TAS n’a pipé mot sur l’évaluation du préjudice moral et financier arrêté par la CAF au montant de 8.050.000,00 d’euros. Là, le TAS a renvoyé l’ascenseur aux deux parties pour se soumettre à la juridiction convenue dans l’AAO (Accord Association Organisatrice), signé entre la FRMF et la CAF, le 21 avril 2014 : c’est la CCI (Chambre de Commerce et d’Industrie à Paris) qui est habilitée à trancher dans ce litige en vertu des règles de l’ADR (Alternative, Dispute, Résolution). En commençant par le commencement, le TAS a donné raison à la CAF qui n’a pas retenu le cas de force majeure derrière lequel se retranchait la FRMF. ‘’La FRMF ne peut se prévaloir d’un cas de force majeure se rapportant au virus Ebola rendant impossible l’organisation de la 30 ème édition de la CAN à sa date initiale.’’, souligne la formation des arbitres du TAS qui ont délibéré durant sept semaines. Une sentence qui corrobore la décision de la CAF et qui n’a pas fait dans la dentelle pour retirer l’organisation de la CAN à la FRMF. Une sentence qui a été appréciée par le Comité Exécutif de la CAF qui dans un communiqué a noté que ‘’Le TAS est arrivé aux mêmes conclusions que la CAF malgré quelques incohérences enregistrées dans le verdict du TAS.’’ Aujourd’hui, les décideurs à la FRMF affichent un satisfecit quant au verdict du TAS au point de faire dire à la sentence du TAS ce que la sentence du TAS n’a pas dit. Il en va de même des avocats accrédités par la FRMF qui ont prétendu une victoire alors qu’il s’agit d’une victoire à la Pyrrhus ! Car tout le litige, depuis son début à sa fin, a gravité autour de ce cas de force majeure que

la défense de la FRMF a essayé de remplacer par un ‘’principe de précaution’’ pour bien défendre la cause du Maroc. D’autant plus que si le TAS était persuadé de la validité du cas de force majeure invoqué par la FRMF, les sanctions sportives et financières de la CAF auraient automatiquement été abandonnées. Sur ce lourd dossier comme sur tant d’autres, on aurait aimé que le Président de la Fédé communique autrement. Pourtant, F. Lekjaa n’en fait qu’à sa tête. C’est à croire que les vraies questions dérangent peut-être le tout puissant Président. Du coup, il jette son dévolu sur les questions des journalistes sportifs pour apporter ses réponses tout en fuyant les journalistes du sport ! ‘’Si après tout ce qu’on a fait en dix mois c’est rien pour ceux qui portent des lunettes noires, je suis prêt à aller voir des opticiens pour leur trouver des lunettes pour ajuster leur vue(…)’’, a déclaré F. Lekjaâ au lendemain de la sentence du TAS au micro d’une radio casablancaise. Prétendant avoir accompli ce qu’il appelle un travail institutionnel gigantesque au sein de la FRMF, le Président a tout simplement raconté des fariboles. D’abord, la FRMF n’est pas du tout en conformité avec la législation en vigueur voire avec les statuts qui la régissent. Une fédération régentée par des dirigeants de clubs où l’opacité et les conflits d’intérêts sont flagrants. Et cette situation de rente qui subsiste ne date pas de l’avènement de F. Lekjaâ. Le Président chez qui le ‘’je’’ ou le ‘’moi’’ n’est pas haïssable, confondant phraséologie et communication, nous a montré sans équivoque que la gestion de la FRMF n’est ni feudale ni fédérale. Autrement dit, il trempe dans le déterminisme unidirectionnel de la gouvernance de la FRMF au lieu de l’adoption d’une vison interactionniste fiable et viable. C’est ce qu’on appelle l’adhocratie par opposition à la bureaucratie. Et il suffit aussi de consulter le site web de la FRMF pour faire le constat accablant quant à la gouvernance opaque et obsolète de l’institution.

PERSPECTIVES MED

91


SPORT LITIGE FRMF-CAF

LES FOURBERIES DE MICHEL BOYON Par : Y.S

Le Président de la FRMF se fait l’avocat du diable en soutenant la thèse de la victoire contre la CAF dans le litige qui a fini par atterrir devant le TAS. Il faut croire que le système de défense loué par F. Lekjaa a été défaillant. Le droit du sport a ses spécialistes.

J

uste après la sentence du TAS qui a tranché d’une manière mitigée dans les sanctions sportives et financières infligées par la CAF à la FRMF, nous avons beau essayé d’interviewer Me Michel Boyon qui a plaidé pour la partie marocaine. Après moult contacts, Me Michel Boyon a, dans un premier temps, accepté en nous demandant de lui envoyer les questions. Chose immédiatement faite. Mais depuis… Me Michel Boyon a, semble-t-il, été dérangé par nos questions qui auraient été agaçantes! Agaçantes car contrairement à ce qu’il a déclaré, la FRMF n’a pas eu gain de cause à 99 p.c. Le TAS (Tribunal d’Arbitrage du Sport) a certes annulé les sanctions sportives et une petite partie inhérente aux sanctions financières. Le montant astronomique du prétendu préjudice moral et matériel, estimé par la CAF à 8 millions d’euros et quelques poussières, est toujours là et on voit mal comment on va tourner cette page. C’est d’ailleurs ce qu’on tait et qu’on évite même d’aborder. De parler d’arrangements sous-jacents quand on sait que le président de la FRMF a avancé que la saisine du TAS a été d’un commun accord avec la CAF. Quant à la contradiction principale autour de laquelle gravite tout le litige (FRMF vs CAF) et qui porte sur le cas de force majeure, le TAS a épousé la CAF en soulignant que la FRMF « ne peut se prévaloir d’un cas de force majeure à cause du virus Ebola rendant impossible l’organisation de la CAN ». Et c’est sur ce cas de force majeure qu’on attendait les avocats de la FRMF pour persuader le TAS. ‘’Un avocat est dans un procès ce qu’est un cuisinier dans un repas’’ disait Aristippe. Il y a à peine deux ans que Me Michel Boyon a commencé à porter la toge après être admis par un cabinet d’avocats, basé à Paris, et disposant d’autres antennes dans d’autres villes, comme Casablanca. Et cerise sur le gâteau, ledit cabinet n’a jamais plaidé dans un litige 92

PERSPECTIVES MED

sportif. En France, il y a ce qu’on appelle le syndrome de Poulidor, ce coureur-cycliste français qui n’a jamais remporté le Tour de France. Me Michel Boyon et le président de la FRMF voudraient faire d’un semi-échec, une victoire historique. Et si la FRMF avait opté pour un Grand avocat, spécialiste de la chose sportive, comme JeanLouis Dupont qui était derrière l’arrêt Bosman astreignant la FIFA à adopter le système de rotation de l’organisation de la Coupe du Monde? Et si et si… ‘’A beau mentir qui vient de loin’’ car on ignore peut-être que ‘’ l’activité sportive est un monde de droit’’ comme l’écrivait Gérald Simon.

HISTOIRE D’UN CAMOUFLET

LA CAF, LE TAS ET LA CCI La CAF a taxé le TAS de quelques incohérences inhérentes à sa sentence et bon gré mal gré, la CAF s’est engagée à appliquer cette sentence car ses statuts reconnaissent le recours au TAS. Alors pourquoi dans l’AAO (Accord Association Organisatrice) la CAF a exigé de la FRMF qu’en cas de litige, il faut recourir à un tribunal commercial français ? De son côté, le TAS s’est déclaré compétent en admettant partiellement la requête de la FRMF pour éviter d’enfreindre à la règle R39 de son code d’arbitrage. L’incohérence de la sentence du TAS réside dans le fait d’avoir délibéré partiellement sur les sanctions sportives. Sur ce point, soit le TAS devrait statuer sur tout qui se rapporte aux sanctions pécuniaires en se fondant sur la reconnaissance de la saisine contenue dans les statuts liant les deux parties, soit renvoyer le litige dans son intégralité à la CCI de Paris comme stipulé dans l’alinéa 2 de l’article 15 de l’AAO. Et puis le Comité Exécutif de la CAF a-t-il eu le droit de retirer l’organisation de la CAN au Maroc sans qu’il y ait jugement de la CCI ? Dans le même registre, la FRMF ne devrait-elle pas en faire de même pour défendre sa cause avant que la CAF ne lui ait infligé les sanctions sportives et financières ?


VIOLENCE DANS LES ENCEINTES SPORTIVES

LES PRESCRIPTIONS D’UN GRENELLE Par : Y.S

R

éunissant des acteurs de divers horizons du Maroc et d’ailleurs, la deuxième édition du Colloque National de la DGSN a été marquée par la qualité des intervenants. Face à un ministère de la Jeunesse et des Sports défaillant et défaitiste, la DGSN a pris l’initiative pour sonner le tocsin pour la deuxième fois. Conscient des proportions alarmantes prises par la violence notamment lors des compétitions du football qui constituent les rassemblements les plus massifs, ce grenelle a accouché de prescriptions que les pouvoirs publics doivent mettre en œuvre pour lutter contre ce grand problème insoluble qui coûte la vie à plusieurs citoyens. Les recommandations des participants (tes) sont largement suffisantes pour humaniser les enceintes sportives au Maroc. La balle est dans le camp du ministère de la Jeunesse et des Sports, concerné dans une large mesure par la mise en œuvre des sept recommandations, déclinées judicieusement en prescriptions mode d’emploi. Et ce sont des recommandations fondées quand on se réfère à la loi 09-09 et aux articles 78,79 et 80 de la loi

LE MAROC N’EST PAS EXEMPT DU PHÉNOMÈNE DES HOOLIGANS

30-09 relative à l’Education Physique et aux sports qui portent sur la sécurité des compétitions et des manifestations sportives. Même ces articles ont besoin de textes réglementaires pour leur entrée en vigueur. Est-il admissible de voir le ministère de la Jeunesse et des Sports fuir ses responsabilités sans consacrer le minimum en ressources humaines, financières et logistiques pour lutter contre la violence dans les stades ? Deux recommandations devaient enrichir un tel travail de réflexion. D’abord, inciter le mouvement sportif à consacrer un intérêt particulier au sport éducatif car la mission de la pratique du sport ne se cantonne pas dans la formation de stars mais de faire des jeunes des adultes de demain, éduqués et civilisés. Activer le processus de mutation des clubs en sociétés sportives pour les professionnaliser pour pouvoir exiger un cahier des charges aux organisateurs des manifestations sportives. Un moyen et non des moindres pour mettre un terme aux conflits entre dirigeants et adhérents qui attisent les braises par supporters interposés, ces idiots utiles pour reprendre Lénine. Et in fine il faut professionnaliser l’infrastructure sportive au lieu de continuer à se perdre dans une professionnalisation galvaudée. PERSPECTIVES MED

93


SPORT SUBVENTIONS PUBLIQUES AUX FÉDÉRATIONS SPORTIVES

LA COMPLAISANCE DU MJS Par : Abou Nadir

Au ministère de la Jeunesse et des Sports, la reddition des comptes est un vocable avec lequel on badine. La nonchalance est déroutante quand on sait que les décideurs n’ont pas trouvé utile de communiquer à la Cour des Comptes la liste des associations et des fédérations sportives qui bénéficient des concours financiers publics.

S’

il y a un ministère qui est concerné par la circulaire de la Primature (02/2014 du 5 mars 2014) et de la Cour des Comptes à propos des subventions accordées aux associations et/ou aux fédérations sportives (44 fédérations), c’est bien le ministère de la Jeunesse et des Sports. Le rapport récent de la Cour des Comptes a bien dévoilé la liste des ministères qui ont communiqué la liste des associations qui reçoivent périodiquement des subventions. Une liste où le MJS a brillé par son absence et n’entend pas la Primature et la Cour des Comptes de cette oreille. Grave voire très grave car on est face à une minoration des institutions de l’Etat et de la reddition des comptes, l’un des vocables constitutionnels incontournables. Outre l’absence du contrôle des fonds publics affectés aux fédérations sportives, une absence qui n’a que trop duré, le MJS persiste à brûler la chandelle

UNE GESTION SAINE

SUPPOSE LA REDDITION

DES COMPTES. EXERCICE

PEU USITÉ DANS LE SPORT...

94

PERSPECTIVES MED

par les deux bouts notamment du FNDS (Fonds National du Développement du Sport). Déjà, on constate avec fiel, le mandatement des subventions aux fédés sans que ces dernières ne soient habilitées par arrêté ministériel, publié au Bulletin Officiel à l’instar des fédés du Golf et de l’Athlétisme. Ce sont les deux seules fédérations qui sont dans une situation cohérente avec la législation sportive en vigueur. Même le récépissé de déclaration auprès de l’autorité gubernatoriale doit être délivré sur la base de l’habilitation et des statuts validés par arrêté ministériel. L’Habilitation est obligatoire pour que les fédérations puissent bénéficier non seulement du droit aux subventions des secteurs privé et public mais aussi pour qu’elles puissent participer à la mission de service public. Faut-il rappeler aussi que les finances des fédérations sportives sont ordonnées en infraction de la législation en vigueur notamment le dahir des Libertés Publiques : L’article 32 ter exige des associations de se conformer à un livre comptable, élaboré par les inspecteurs de l’IGF. Il suffit de jeter un regard sur les rapports financiers pour s’en


convaincre et déplorer les entorses à la loi. Il en est de même pour ces soi-disant comités provisoires, désignés par le MJS et composés de ses bureaucrates qui ouvrent des comptes bancaires et les clôturent sans reddition... des comptes. Cela sans parler de comptes spéciaux que le MJS ouvre et clôture mystérieusement et sans aucun fondement juridique. C’est le cas du compte spécial pour la préparation des sportifs aux Jeux Olympiques de Londres alors que cette mission relève exclusivement du CNOM ou même l’organisation de l’édition 2013 du mondial des clubs de football. La Cour des Comptes fait, certes, du bon travail dans un cadre préventif, pédagogique et répressif. N’empêche, ses magistrats sont vivement interpellés pour épingler la gestion financière des fédérations sportives, du Fonds National du Développement du Sport, des avis d’appels d’offres inhérents aux travaux de construction ou du gazon artificiel et des équipements sportifs. L’audit de la Cour des Comptes va assurément contribuer à la moralisation du secteur du sport. Ce qui est cohérent avec le contenu de la Lettre Royale sur le Sport qui n’a pas manqué d’attirer l’attention sur le pourrissement, l’opacité et le mercantilisme dans lesquels s’enkyste de plus en plus le mouvement sportif.

IL Y A BOIRE ET À MANGER SUR LA TABLE DE LA DISTRIBUTION DES SUBVENTIONS SPORTIVES. LE GROS DE CES DENIERS PROFITE À DES STRUCTURES ILLÉGALES.

GOUVERNANCE ESSUYER LES ESCALIERS DE HAUT EN BAS La circulaire de la Primature est destinée uniquement aux ministères pour rappeler aux associations nationales la reddition des comptes. Une circulaire qui a omis d’en faire de même pour les collectivités territoriales (communes, conseils provinciaux et Conseils Régionaux) afin que les associations sportives locales et les ligues régionales soient assujetties à la discipline budgétaire et financière. On estime que ce sont les décideurs des Cours Régionales des Comptes qui doivent saisir les collectivités territoriales pour leur communiquer annuellement la liste des associations auxquelles on a affecté des subventions. Circulaire ou pas, l’article 118 des juridictions financières n’est pas clair là-dessus. Les Cours régionales des comptes sont compétentes pour s’assurer de l’authenticité et de la sincérité des dépenses des deniers publics utilisés par les associations locales ou régionales. Pour que les escaliers soient essuyés, l’exercice exige d’être mené de haut en bas. Sans quoi, on persistera dans les travers qui ont marqué et marquent toujours le sport national. Celui-là qui aiguise les appétits des uns et des autres puisqu’ils y trouvent une source d’enrichissement personnel... Au grand dam du développement du sport national, toutes disciplines confondues. La lettre royale sur le sport doit servir de meilleur canevas pour sortir un secteur porteur pour le pays de l’état de deliquescence avancée dans lequel il est englué depuis des lustres. Une affaire de gouvernance, en l’occurrence. De bonne gouvernance s’entend! PERSPECTIVES MED

95


SPORT FORMULE 1

MERCEDES DOMINE TOUJOURS… Par : Abou Sarah

Avec le grand prix d’Australie, la Formule 1 a repris ses droits pour une nouvelle saison espérée riche en rebondissements soit le strict contraire de celle qui a consacré la suprématie insipide mais ô combien méritée de l’écurie Mercedes, de son champion du monde Lewis Hamilton et de son coéquipier Nico Rosberg.

E

ntre temps, écuries, motoristes et architectes de châssis ont repris le travail à Silverstone, le temple de la discipline. La course contre la montre est lancée pour satisfaire aux exigences de la FIA pour développer une nouvelle génération de moteurs moins gourmands en carburant, plus performants pour tracter des châssis plus légers et aux normes de sécurité de plus en plus draconiennes. Dans la foulée, on a assisté à l’arrivée d’une nouvelle génération de jeunes pilotes au côté d’autres plus aguerris si bien que la moyenne d’âge est la plus précoce de toute l’histoire de la Formule 1. Tout juste âgé de 17 ans, le néerlandais Max Verstappen fait figure de jeunot comparé à Jenson Button, déjà vétéran à 35 ans ! Les « rescapés » de la saison passée ont, pour

LA GUERRE ENTRE CONSTRUCTEURS FAIT RAGE DANS ET HORS PADDOCKS

96

PERSPECTIVES MED

partie, joué aux jeux des chaises musicales entre les écuries. Le changement le plus notoire est celui opéré par Ferrari. Aux côtés de Raïkkönen, c’est Sebastian Vettel qui occupe une des monoplace de la scuderia en lieu de place de Fernando Alonso, parti chez Mc Laren.

GRAND PRIX D’AUSTRALIE : LES FLÈCHES D’ARGENT ONT FAIT MOUCHE DÈS LES PREMIERS TOURS. Avec une voiture très performante dotée d’un moteur étincelant de puissance et de fiabilité et un châssis à faire pâlir ses rivales, la Mercedes s’est imposée dès ce premier grand prix. L’écurie est dans une stratégie agressive. Dans les séances qualificatives, c’est Hamilton qui s’adjuge la pôle position devant son coéquipier et rival N. Rosberg. Dès l’extinction des feux, le pilote anglais réussit son envol toujours devant Nico. Les Ferrari sont à la peine. Vettel rate son démarrage et bouscule la monoplace de Raïkonen qui, avec un pneu crevé est obligé d’opérer un arrêt précoce dans les


stands. Avec 8 secondes d’arrêt, une éternité dans les paddocks, le pilote finlandais repart pour s’immobiliser quelques kilomètres plus tard pour cause de roue arrière gauche mal serrée. Mais Ferrari n’a pas dit son dernier mot puisque Vettel bataille avec sa nouvelle voiture pour conserver sa troisième place devant Massa qui se fait de plus en plus pressant dans les rétroviseurs du pilote Allemand. A 1,5 seconde d’Hamilton, Rosberg est impuissant pour réduire l’écart et activer le DRS. Finalement la course se termine avec les deux flèches d’argent en premier suivis par la Ferrari de Vettel. De cette course on retient que Mercedes est largement au dessus des autres. Fidèle au slogan de la maison mère à Stuttgart, « Das Beste oder nichts », « le meilleur sinon rien », les performances de la monoplace sont tout simplement époustouflantes. Les chronos tombent l’un après l’autre au profit des mêmes si bien qu’en tant qu’observateur, on a eu le sentiment d’un remake de la saison passée. Dans un aveu d’impuissance à peine voilé, le patron de la Red Bull préconise même de brider le moteur Mercedes, une hérésie dans la formule 1. LA MALAISIE : LA RENAISSANCE DE FERRARI ? Dans la fournaise de Sepang où chaleur et humidité mettent à rude épreuve hommes et mécaniques, le deuxième grand prix a tenu ses promesses. Si les acteurs étouffaient, les amoureux de la formule 1 respiraient enfin le bon air de ce sport mécanique à haut niveau avec ses rebondissements, ses frayeurs et incertitudes.

Ce suspens, on le doit à la scuderia qui dès la fin de la saison passée a mis sur la table près de 100 millions d’Euros avec une reconstruction de fond en comble des effectifs de ses ateliers à Maranello. Cette fois la stratégie de la passerelle de commandement rouge a eu raison de la puissance des Mercedes. Vettel, avec un choix de pneumatique judicieux, a su tirer profit de sa machine alors que Hamilton était à l’agonie dès le 37 tours. Il faut rendre hommage à l’esprit d’équipe chez Ferrari puisque la monoplace de Raïkonen a servi de cobaye dans cette inconnue qu’est le comportement des gommes dures sur la piste de Sépong. Pari gagnant qui a permis à Vettel de faire réentendre les cloches de Maranello. A ses cris de joie mélangés aux remerciements à ses techniciens répondent l’émotion intense et les larmes de bonheur de son patron Maurizio Arrivabene. Lucide, le team Ferrari sait que Mercedes est un cran au dessus, mais les zones de développement sont claires et précises. Dès lors, les prochains développements comme les temps de piste doivent être exploitées au plus vite avant d’arriver sur les circuits européens. GP DE CHINE : LA RÉÉDITION AUSTRALIENNE. Vexée et contrariés par la réussite de la Scuderia à Sépang, Mercedes avait hâte d’effacer cet affront à en réduisant la victoire de leur concurrent direct en accident de parcours. Rosberg et Hamilton ont très vite dominé le paddock avec des temps que seul Ferrari a mollement contesté. Pour cette dernière, la remontée de Raïkonen à la 4 ème place reste sa bonne opération aux côtés de la 3 ème de Vettel.

Quant à Mercedes qui a démontré si besoin est sa domination, elle assiste au déchirement entre ses deux pilotes. Rosberg s’est plaint de la lenteur d’Hamilton qui a fait le jeu de Vettel. Mais Nico doit montrer ses capacités au volant de sa monoplace et éviter des polémiques nuisibles à la sérénité de l’équipe. RENAULT OU LA TRAVERSÉE DE DÉSERT : Dernier enseignement de ce début de saison, ce sont les piètres résultats du motoriste Renault dont la fiabilité des moteurs est loin d’être au rendez-vous. Entre casses multiples et manque de puissance face aux écuries de tête, les ingénieurs français doivent réagir pour redresser la tête surtout que leurs partenaires, à leur tête l’équipe Red Bull, ne leur facilite pas la tâche. Cette déconfiture de début de saison laissera des traces surtout que les améliorations tarderont à venir. C’est au grand prix de Bahrein que se jouera la quatrième manche et l’on verra qui de Mercedes ou Ferrari saura tirer profit des aléas de ce grand prix pour arriver en force en Europe.

JAMAIS LA FORMULE-1 N’A ALIGNÉ AUTANT DE JEUNES PILOTES QUI NE DEMANDENT QU’À SE CONFIRMER SUR CIRCUITS PERSPECTIVES MED

97


CHRONIQUE JUSTE POUR RIRE

AMOURS EXÉCUTIVES

L

e gouvernement Benkirane est décidé de fêter à sa manière le printemps. Et croyez-le ou non, c’est la saison des amours qui démarre sur les chapeaux de roue ! Mézigue ne va pas jouer aux cachottiers pour un sou lorsqu’il prend soin de répercuter ce qui a été rapporté ces derniers jours autour des mœurs d’une partie de la « dream-team » du patron du PJD qui eut l’heur de piloter l’actuel gouvernement. D’abord, il y eut cette rumeur sur l’échange de SMS salaces entre une ministre voilée qui assure le binôme avec un cacique du parti islamiste très porté sur l’algèbre et un jeune premier de l’Exécutif. La première qui a divorcé ne doit rêver que de jouir pleinement de sa présence ministérielle (à l’origine d’une séparation à l’amiable, dit-on) en filant le grand amour avec l’un de ses confrères bien aimé. A charge pour elle de réviser les grands classiques de la littérature qui ont fait grand cas des folles passions de l’humain. Et tant mieux si la solidarité gouvernementale prenne ce pli là, quitte à froisser la rigidité dont fait preuve un ministre de la Justice prompt à brandir face à la communauté la carte rouge au moindre écart constaté (allez consulter ce que nous réserve d’incongru le nouveau code pénal pour vous rendre compte des aberrations dans lesquelles on risque de plonger la société)… Mais lui-même, repu de ses mariages pluriels, se laissera certainement bercer par les ondes du cœur qui traversent l’actuel gouvernement qui frôla la syncope il n’y a pas si longtemps. On peut imaginer dès lors les échanges de mails entre les amoureux de l’Exécutif sous l’œil concupiscent du Chef du gouvernement. On ne sait si le célèbre hacker qui a mis en émoi le tout Rabat qui décide réussira, ce coup-ci, à gratifier l’opinion des petites messes entre ministres et autres billets doux échangés en coulisse. Toujours est-il étonnant de voir que la vague sentimentale ne s’est pas arrêtée

C’EST LE PRINTEMPS! POURQUOI PRIVER LES MINISTRES DE DÉCLARER LEUR FLAMME?

98

PERSPECTIVES MED

Par : Ouled Riab

au seuil du fichu de la ministre puisqu’elle a fini par s’échouer au bord du collier de barbe du jovial A. Benkirane. Celui-là même qui n’a pas hésité l’ombre d’une seconde à faire la cour à une présentatrice avec grand fracas. « Toi, même si je ne te connais pas, tu me plais » a seriné le chef du gouvernement à l’honorable dame qui, n’ayant point froid aux yeux, a partagé avec le public les sentiments exprimés par le patron du PJD. Quitte à froisser l’amour propre de sa moitié qui assistait aux écarts de son homme qui lui jura, on l’imagine, fidélité et «engagement » jusqu’à la mort. Comme quoi, il suffit de tendre au chef du gouvernement un micro pour saisir ce qui lui pèse sur le cœur. Que Mme Latifa puisse se réfugier dans le « latif » en attendant des jours meilleurs… La question que mézigue se pose serait de savoir si le printemps 2015 irait comme un gant aux fleuristes de la capitale qui faisaient tout leur beurre avec les divers Exécutifs qui ont marqué le paysage national. Car nos barbus qui apprécient à peine l’effet des barbiers ne sont pas particulièrement portés sur les sécateurs. Dans un ministère, un des leurs avouait qu’il était estomaqué par les livraisons quotidiennes de compositions florales qui atterrissaient au cabinet du ministre. Du coup, ils ont décidé de couper le robinet avec les économies que l’on sait. Mais lorsque le cœur se mêle de l’histoire pour l’emballer, gageons que les amoureux ne comptent plus. Et comme les bombons font grossir, et là on n’ose même pas parler du chocolat, autant se rabattre sur les roses. Une économie verte pour filer le grand amour durable. Y a-t-il meilleur slogan pour faire durer la flamme ? L’heureux élu de la ministre qui ne doit rêver que de convoler en justes noces sait désormais quoi faire : draper le lit nuptial du nec plus ultra de la production florale nationale. Et tant pis pour les épines à moissonner ultérieurement ! Si l’opinion aime bien Benkirane, rien de plus normal que de voir ce dernier le lui rendre bien. C’est peut-être à l’aune de cette évidence qu’il s’est pâmé face à une présentatrice… Doit-on douter de tout ? En tout cas, une chose est sûre : l’amour a aveuglé bien des passionnés. Cherchez du côté de DSK…


PERSPECTIVES MED

99


100

PERSPECTIVES MED


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.