Mayotte Hebdo n°1026

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Annonce des nommés jeudi 19 janvier à 19h00, en direct au JT de Mayotte la 1ère & Ouverture des votes sur : sportif.yt 2023 14éme édition DELEGATION REGIONALE AUX DROITS DES FEMMES ET A L’EGALITE

LE MOT DE LA RÉDACTION

Ce 9 janvier marquait les 118 ans de la mort de Louise Michel, fameuse militante française s’étant illustrée lors de la Commune de Paris, en 1871, contre la capitulation de la France face à l’empire prusse, mais aussi et surtout contre l’assemblée constituante de l’époque, élue au suffrage masculin et seulement dans les zones non-occupées. Plus d’un siècle plus tard, l’écrivaine témoigne encore d’une influence importante, notamment dans les milieux d’extrême-gauche – où ne figurent que peu de femmes –, qui lui associent l’imagerie du drapeau noir, mais aussi du féminisme et de la lutte kanak, ayant été déportée au bagne de Nouvelle-Calédonie.

Nul ne sait si Louise Michel se réclamerait de ces mouvements actuels. Tout est question d’influence, et de celle exercée par des actions passées sur les générations futures. Nous vous proposons d’ailleurs un classement exceptionnel des 30 personnalités les plus influentes de Mayotte cette semaine. Loin de posséder une quelconque valeur de vérité, il permet de mettre en avant des politiciens, artistes, entrepreneurs et acteurs associatifs qui font briller l’île au-delà de son lagon, et inspirent la jeune génération – ou du moins une partie d’entre elle. Il en existe cependant bien d’autres, que nous n’avons pu classer ici, et dont nous vous invitons à parler sur nos réseaux sociaux.

Bonne lecture à toutes et à tous, et bonne année 2023 !

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AUSSI SIMPLE QU’UN PARIEZ SPOT ? DEUX PARIEZ SPOT. Soyez les premiers pour en profiter. DU 7 AU 22 JANVIER, CHAQUE WEEK-END, À PARTIR DE 13 H UN QUINTÉ+ SPOT JOUÉ = UN QUINTÉ+ SPOT GAGNÉ.(2) LES DIMANCHES 8, 15 ET 22 JANVIER, SUPER TIRELIRE 1 000 000 €.(3) (1) Pariez spOt se met maintenant à jour toutes les 10 minutes au lieu de 20. Il permet une sélection encore plus proche des chevaux désignés par les autres parieurs de la course. (2) Conditions de l’offre disponibles sur pmu.fr/point-de-vente. (3) Montant minimum à partager entre les gagnants du rapport Ordre du Quinté+, chaque jour, les 8, 15 et 22 janvier 2023. Le pari hippique comporte une part de hasard, le gain n’est donc pas garanti. PMU G.I.E. SIREN 775 671 258 RCS PARIS. MAYOTTE HEBDO • 1/2 Page Largeur FU • 190 x 130 mm • Remise le 03/janv./2023 • Parution du 06/janv./2023 • Repasse 13/01 pgi • BAT
Axel Nodinot
INSPIRATIONS

tchaks

119 300 000 €

C’est la somme qui sera versée à Air Austral pour renflouer les caisses de la compagnie aérienne réunionnaise, un projet de l’État français qui a été validé en début d’année par la Commission européenne. Il faut dire qu’Air Austral a bouclé son exercice 2020-2021 avec une perte nette de 76 millions d’euros et un chiffre d’affaires en chute de 55%, à 185 millions d’euros. Elle était déjà endettée fin 2021 à hauteur de 161 millions d’euros, hors prêts des actionnaires. L’État ne sera pas seul à mettre la main à la poche. Outre les 55 millions d’euros de la France, la Sematra y ajoute 25 millions, dont 15 millions via la Région, cinq via le Département et cinq via la Chambre de commerce et d’industrie de La Réunion. Un consortium d’investisseurs locaux va rajouter 30 millions d’euros. Les dettes de la compagnie seront, en plus, effacées.

Le cinéma Alpa Joe rouvre aujourd’hui !

Ça y est, les travaux liés au pont provisoire de Dzoumogné prendront fin dans les tous prochains jours. Quant au giratoire dit « sud », qui relie Dzoumogné à Bouyouni et au carrefour Milou au sud, la préfecture de Mayotte prévoit une fin de travaux pour le début d’année 2023. Pour rappel, ce rond-point permettra de rallier Bandraboua, au nord, sans avoir bespont définitif de Dzoumogné, il est censé être construit en 2025. Le pont provisoire d’urgence qui vient d’être installé sera alors récupéré et conservé en cas de besoin.

Programmation du

week-end

Vendredi 13 janvier

11h00 : Avatar 2 : la voie de l’eau (3D) 15h30 : Le Chat Potté 2 : la dernière quête 19h00 : Avatar 2 : la voie de l’eau (3D)

Samedi 14 janvier

10h00 : Le Chat Potté 2 : la dernière quête 14h00 : Avatar 2 : la voie de l’eau (3D) 19h00 : Avatar 2 : la voie de l’eau (3D)

Dimanche 15 janvier

10h00 : Le Chat Potté 2 : la dernière quête 14h00 : Avatar 2 : la voie de l’eau (3D) 19h00 : Avatar 2 : la voie de l’eau (3D)

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2 journalistes français refoulés des Comores

Yvan Martinet et Olivier Gardette, journalistes de France Télévisions, ont été expulsés de l’Union des Comores vers Mayotte, vendredi dernier. Les deux reporters avaient prévu de tourner un sujet sur l’exploitation et l’exportation de l’ylang-ylang à Anjouan, ayant même réussi à planifier un entretien avec Azali Assoumani, le président autoritaire de l’archipel. Seulement, les services de l’immigration comoriens les ont refoulés, officiellement pour un motif administratif, les journalistes n’ayant pas fourni les documents nécessaires à leur tournage. Officieusement, les autorités comoriennes avancent que le tandem envisageait de parler des migrations entre Anjouan et Mayotte. « Ils avaient un séjour de quatre jours et voulaient tourner sur l‘ylang-ylang, en se plongeant sur toute la chaîne », avance pourtant leur guide sur place.

C’est en tout cas ce que défend Salim Nahouda, secrétaire de la CGT-Ma, syndicat majoritaire au sein de l’Électricité de Mayotte (EDM). Pour lui, les nombreuses dégradations commises ces derniers jours sur des postes de distribution publique et ayant provoqué de nombreuses coupures de courant sur toute l’île n’ont rien à voir avec les grévistes, rejetant la faute sur la direction d’EDM. Ce n’est évidemment pas l’avis de cette dernière, qui blâme un petit groupe de salariés possiblement à l’origine de ces actes de vandalisme. Pour rappel, une seule revendication reste désormais à l’actif des grévistes : la fin des poursuites entamées par la direction vis-à-vis de ses employés…

L’image de la semaine

Agé de 54 ans, Jacques Mikulovic (à gauche) est devenu recteur de Mayotte en ce mois de janvier. Il remplace Gilles Halbout, devenu recteur de l’académie Orléans-Tours.

Le proverbe Yamuhedza nyoha mwirini kirahi
« Ce qui fait monter le serpent à l’arbre, c’est l’orgueil »
«
Les coupures […] ne sont d’aucune manière imputables au mouvement de grève »
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Chaque semaine, découvrez le regard porté sur l’actualité locale à travers la presse nationale ou régionale

À MAYOTTE, FACE À L'INSÉCURITÉ ET AUX VIOLENCES, LES ÉTABLISSEMENTS SCOLAIRES SE BARRICADENT AVANT LA RENTRÉE

Le 7 janvier 2023, par Yannick Falt pour Radio France.

Racket, kidnapping, coups de machette... Une flambée de violences a embrasé l'archipel à l'automne. Lundi 9 janvier, les écoliers reprendront le chemin des classes, la boule au ventre.

À Mamoudzou, la capitale de Mayotte, le maire s'est résolu à mettre du barbelé autour des écoles. Six jours après la rentrée scolaire en métropole, les élèves reprendront le chemin des classes lundi 9 janvier sur l'archipel. Avec, parfois, la peur au ventre après la flambée de violences qui a embrasé Mayotte à l'automne. Pour les élèves, c'est une insécurité au quotidien. Dans la capitale, le pire a été évité au printemps dernier grâce à une Atsem, ces agents territoriaux qui travaillent aux côtés des enseignants en maternelle. "Un individu s'est introduit dans l'école et a voulu kidnapper une jeune fille, raconte Ambdilwahédou Soumaïla, le maire LR de Mamoudzou. L'Atsem, à qui nous avons décerné une médaille de courage avec le préfet pour son acte de bravoure, s'est interposée et a dit : 'Vous me prenez moi mais, l'enfant, vous ne la prendrez pas.' Elle a résisté aux menaces au couteau jusqu'à ce que le terroriste décide d'aller chercher de l'essence pour les brûler toutes les

deux." Entre temps, la directrice de l'école a pu appeler les forces de l'ordre qui ont interpellé l'agresseur, qualifié de "terroriste" par l'édile.

Les barbelés autour des écoles ne sont pas les seules mesures prises. Les établissements scolaires sont aussi protégés par des agents municipaux ou des vigiles privés. Des parents sont chargés de faire de la prévention sur l'attitude à adopter pour éviter les agressions.

Racket, bagarres, bandes rivales...

Concernant les collégiens, et surtout les lycéens, c'est la police qui est désormais régulièrement sollicitée. Le racket, les bagarres, voire les affrontements entre bandes rivales sont de plus en plus fréquents autour des établissements.

"Lors des rentrées après les vacances scolaires, il y a des opérations qui sont organisées pour fouiller les sacs car on sait qu'il y a davantage d'agressions avec des tournevis, explique Baccar Attoumani, policier à la BAC de Mamoudzou. Ces opérations sont organisées avec le concours du rectorat." "Des rondes sont aussi effectuées assez régulièrement sur les lycées car il y a beaucoup des personnes qui viennent racketter

LU DANS
LA PRESSE
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les jeunes ou s'affronter aux abords. Ça fait partie de la mission de services publics et de protection des policiers" , assure le secrétaire département du syndical Alliance. Quand les établissements ne sont pas à proximité du domicile des élèves, il faut utiliser le ramassage scolaire... via des bus eux aussi de plus en plus attaqués, caillassés ou agressés lors de barrages routiers. En novembre, plusieurs élèves ont été blessés à coups de couteau et de machette à Majicavo, au nord de Mamoudzou. Une réflexion est en cours pour créer une police des transports.

La moitié de la population est mineure

Les parents d'élèves sont excédés. Echati, mère de cinq enfants, habite à Chirongui au sud du département. Après l'agression de l'un de ses fils par des jeunes venus des bidonvilles au nord de l'île, elle a décidé de mettre ses enfants dans le privé : "Il était en cinquième, il a été racketté par deux jeunes. Ils lui ont pris son téléphone, il a porté plainte. Le lendemain, les gendarmes sont intervenus au collège pour dire aux jeunes de faire attention." Echati reconnaît qu'elle a la chance d'avoir les moyens de payer l'école de ses enfants. Cette mère envisage aussi

d'envoyer un autre de ses fils au lycée en métropole l'an prochain.

Ces problèmes de sécurité aggravent une situation déjà explosive en raison de la saturation des établissements scolaires. La moitié de la population mahoraise a moins de 18 ans. Si 110 000 élèves sont scolarisés, la plupart des mineurs isolés ne le sont pas dans les bidonvilles, malgré un système d'école itinérante. Quant aux établissements saturés, une rotation a été mise en place : la moitié des élèves le matin, l'autre l'après-midi.

Des programmes écornés, des retards accumulés et des dégâts à l'arrivée. "Le niveau n'est pas suffisant, déplore Haïdar Attoumani-Saïd, co-président de la Fédération des conseils de parents d'élèves. Nous avons des études qui démontrent que seulement 10% des jeunes bacheliers passent en deuxième année d'études supérieures. Ils accumulent du retard un peu partout et n'ont pas la culture du travail quand ils arrivent sur les bancs des universités." Insécurité et système scolaire saturé sont les ingrédients, parmi d'autres, d'une volonté d'ailleurs : chaque année, au moins 10 000 habitants quittent Mayotte pour la Réunion ou la métropole.

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Pour débuter cette nouvelle année, Mayotte Hebdo vous propose un classement exceptionnel des 30 personnalités les plus influentes de l’île.

Politique, entrepreneuriat, culture, sport, monde associatif… Nous avons recensé dans cette liste celles et ceux qui, selon nous, font briller le 101ème département français au-delà de ses frontières. Retrouvez en page suivante les portraits de ces personnalités, classées de la 30ème à la première place.

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Axel Nodinot, Raïnat Aliloiffa, Agnès Jouanique, Shanyce Mathias Ali, Alexis Duclos, Lucas Philippe et Hilda Ali

SAFINA SOULA

PRÉSIDENTE DU COLLECTIF DES CITOYENS DE MAYOTTE 2018

Elle est l’une des figures emblématiques de la mobilisation qui a paralysé Mayotte en 2018. Safina Soula est la présidente du Collectif des citoyens de Mayotte 2018, un groupe qui dénonce depuis bientôt cinq ans les failles du 101ème département de France. Immigration, insécurité, éducation, vie chère… Il faut désormais composer avec Safina Soula lorsque les institutions abordent tous ces sujets. Cette femme leader a porté la voix des Mahorais et Mahoraises et a su se faire entendre. Les membres de son collectif et elle-même sont d’ailleurs souvent présents autour des tables de négociations avec les élus et les représentants du gouvernement. Dernier exemple en date, elle a été reçue par le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer lors de sa dernière visite à Mayotte. L’occasion pour cette représentante de la société civile mahoraise de rappeler les conditions de vie de la population de l’île, rythmée par la peur de se faire agresser et une vie de plus en plus chère.

Safina Soula ne craint pas d’aller au front, quitte à sacrifier sa vie privée car selon elle, la cause mahoraise est plus importante. Elle est parfois pointée du doigt par des associations humanitaires pour ses prises de position jugées dures, voire xénophobes pour certains. Mais elle se défend et estime porter seulement les intérêts de son île. Elle souhaite s’inscrire dans la lignée des femmes qui ont défendu Mayotte envers et contre tous, telles que Zena M’déré, Zakia Madi ou encore Boueni M’titi, pour ne citer qu’elles. Une chose est sûre, le combat ne fait que commencer pour Safina Soula, et elle le mènera quoi qu’il en coûte.

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AYUB INGAR

DIRECTEUR GÉNÉRAL D’EWA AIR

Il est de nature discrète, mais a pourtant une influence importante dans la vie des Mahorais. Ayub Ingar est le directeur général de la compagnie aérienne Ewa Air, la seule qui effectue des vols entre les différentes îles de la région, à savoir les Comores et Madagascar. Alors lorsque ses avions sont mobilisés ou si les employés sont en grève, l’impact est considérable sur les voyageurs qui n’ont pas d’autre choix que d’attendre, puisqu’Ewa Air a le monopole dans cette région.

Ayub Ingar arrive à la tête de la société en 2015 après une longue carrière dans le domaine aérien à La Réunion. Ce fils de migrants indiens installés sur l’île Bourbon commence à travailler au sein d’Air France en 1975. D’abord en tant qu’agent administratif, puis il gravit les échelons, devient l’adjoint du directeur commercial et finit en tant que responsable de la communication de la branche réunionnaise jusqu’en 2008.

Son activité à Mayotte est bien différente. Ayub Ingar doit gérer toute une compagnie aérienne, avec les difficultés que cela engendre. Souvent pointé du doigt quand la compagnie ne tient pas ses promesses, Ayub Ingar est également encensé par la population lorsque ses prises de décisions sont en faveur des habitants de l’île. Dernier exemple en date, à la fin de l’année 2021, lorsqu’il annonçait la nouvelle grille tarifaire pour les billets à destination ou en provenance de La Réunion. Des prix bien en deçà de ceux qui sont sur le marché et qui sont pratiqués par Air Austral. Ces billets low-cost ont ainsi permis à de nombreuses personnes de voyager.

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MOUHOUTAR SALIM

ÉCRIVAIN ET CONFÉRENCIER

Mouhoutar Salim est le directeur général adjoint de l’Agence régionale de santé de Mayotte. L’essentiel de sa fonction se caractérise par la prévention. Il monte régulièrement au créneau pour prévenir la population des différentes maladies qu’elle encourt si les modes de vie ne changent pas. Il est très engagé dans le monde de la santé, mais celui qu’on appelle affectueusement « Booba » à Mayotte, est avant tout un écrivain et conférencier, également observateur de la société. Il sort son premier livre en 2011, intitulé « Mayotte, une appartenance double » . Son deuxième ouvrage « Au-delà de la vie chère » est publié deux ans plus tard en 2013. Dedans, il parle de la transition de la société traditionnelle mahoraise à celle importée de l’occidentalisation. Il s’agit d’un des sujets de prédilection de Salim Mouhoutar. Il n’a de cesse de rappeler que tout n’est pas bon à jeter dans les coutumes mahoraises et qu’il faudrait au contraire parfois y revenir pour que la société actuelle se porte mieux. De ce fait, dans sa fonction de directeur général adjoint de l’ARS de Mayotte, il concilie la tradition, la médecine traditionnelle aux méthodes plus conventionnelles. Très engagé dans la lutte contre l’insécurité, il est le président de l’Observatoire des violences créé à la fin de l’année 2020 entre l’ARS, le rectorat et le parquet de Mamoudzou, pour comprendre l’origine des violences et y remédier. Salim Mouhoutar traite tous les sujets, qu’il s’agisse de délinquance, de jeunesse, de personnes âgées, d’économie, d'environnement, de justice… Il porte un regard, parfois critique et à juste titre, sur le fonctionnement de notre société actuelle.

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«
Plus que l’immigration, ce sont les inégalités sociales qui sont à l’origine de la violence »

SAÏRATI ASSIMAKOU

Depuis des années, Saïrati Assimakou lutte pour parler des sombres troubles qui frappent encore trop de personnes : les violences sexuelles. Victime elle-même d’inceste, elle est l’une des premières Mahoraises à évoquer le sujet ouvertement. D’abord engagée aux côtés de l’association Haki za Wanatsa, la jeune femme de 28 ans vole ensuite de ses propres ailes et connaît le zénith en 2022.

En effet, elle a sorti son premier livre intitulé « Ose et ça ira » , dans lequel la mère de famille met par écrit son histoire mais aussi son ressenti face aux violences qu’elle a subies. La parution de cet ouvrage a contribué à la libération de la parole à Mayotte, cela a aidé de nombreuses personnes à prendre la parole et à dénoncer ce qu’elles ont vécu. Son œuvre a eu un vrai succès auprès du public local, mais aussi dans les îles voisines telles que La Réunion, où elle a effectué une tournée pour la promotion de son ouvrage.

En parallèle, Saïrati Assimakou est à la tête d’une association : Souboutou Ouhédzé Jilaho qu’elle a créé en 2019 quelque temps après avoir pris la parole en public à propos de son agression. Cette association a pour but de donner la parole aux victimes d’agression sexuelles, de les soutenir et de faire de la prévention. À travers son association, la jeune femme mène plusieurs actions pour permettre aux victimes d’oser dénoncer leurs agresseurs, mais elle se bat aussi pour que la société mahoraise évolue et qu’elle arrête de considérer le viol et l’inceste comme étant des sujets tabous.

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MILITANTE CONTRE LES VIOLENCES SEXUELLES ET L’INCESTE
«
Il tenait le parapluie.
Quand je lui ai dit, j’ai juste senti l’averse sur moi. Il est parti, sans rien dire »

DEA

C’EST L’ACRONYME DU DIPLÔME D’ÉTUDES APPROFONDIES, ANCIEN DIPLÔME FRANÇAIS ÉQUIVALENT AU MASTER. AHMED ALI MONDROHA EN A OBTENU UN EN 1997, EN ÉCONOMIE, AU SEIN DE L’UNIVERSITÉ DE BESANÇON, AVANT DE GLANER UN INSTITUT TECHNIQUE DE BANQUE EN 2002.

AHMED ALI MONDROHA

DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA SIM

Foncier, immobilier, voilà bien deux mots qui suscitent des convoitises à Mayotte. Au centre de ces problématiques se trouve la SIM, la Société immobilière de Mayotte, qui dispose d’un parc de logements de plus en plus grands et a atteint les 20 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020. Pour gérer ces actifs, il y a le directeur, Ahmed Ali Mondroha. Après neuf années passées à la banque BFC, où il exerce en tant que responsable marché auprès des entreprises et gestionnaire des grands entreprises, l’ancien étudiant de Besançon et de La Réunion rejoint la SIM en 2007.

Passionné de jeux de plateau tels que les dames ou les échecs, c’est en stratège qu’Ahmed Ali Mondroha mène sa barque, bien loin des remous médiatiques, œuvrant sérieusement dans l’ombre. Après plus de sept ans au poste de directeur financier, il prend le gouvernail de la Société immobilière de Mayotte par intérim, puis en tant que directeur général en 2015, parmi plus d’une cinquantaine de candidats. Il s’applique donc à augmenter la production de logements depuis, humblement, mais sûrement.

Le Tsingonien a notamment souhaité se tourner vers l’action sociale, en permettant à la SIM de proposer de nombreux appartements sociaux ces dernières années. Lui qui voulait seulement rattraper le retard de Mayotte il y a sept ans le fait de fort belle manière, puisque les résidences ne cessent de fleurir sur l’île aux parfums, la « résidentialisation » des logements SIM étant également l’une des idées qui anime Ahmed Ali Mondroha. Qui l’habite, pourrait-on même dire.

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30 ANS

C’EST LA DURÉE DEPUIS LAQUELLE MARCEL SÉJOUR CONSACRE SON ART À MAYOTTE.

MARCEL SÉJOUR

ARTISTE-PEINTRE

Arrivé sur l’île de Mayotte il y a trente ans, Marcel Séjour est devenu Mahorais au fil des années. Cet artiste autodidacte a découvert le dessin lors de son voyage en Australie dans les années 1980. Lui qui a préféré exercer son métier de professeur d’anglais sur l’île aux parfums, plutôt qu’à Saint-Pierre-et-Miquelon, a mis de côté cours magistraux et salles de classe pour se consacrer totalement à la peinture en 1997 et ainsi, vivre de sa passion. Ce peintre singulier a immédiatement été séduit par Mayotte et décide donc de s’y installer définitivement, la même année. Lui qui aime peindre et dessiner pendant des heures dans son atelier travaille selon lui « comme un fleuriste » , en composant ses œuvres. Il aime s’inspirer de tout ce qui l’entoure, traits, formes, couleurs, hommes et femmes croisés sur son passage. Ses 10 000 photos prises au fil des années lui permettent d’être au plus juste. Équipé d’une toile posée sur son chevalet, Marcel Séjour compose ses œuvres au gré de ses envies, à l’aide de ses fusains, pinceaux, peintures et chiffons. Mayotte est présente dans son cœur et dans son esprit, ses mélanges de lumières et de couleurs représentant l’île au travers de tous ses tableaux. Toute son énergie est consacrée à essayer de créer des portraits, paysages et scènes de vie uniques en leur genre. Depuis quelques mois, l’artiste s’investit dans la préparation de l’exposition à la maison de Mayotte à Paris prévue en 2025. Mais Marcel Séjour, c’est également une marque éponyme, créée il y a quelques mois, qui exporte dorénavant ses œuvres, son talent et son regard de l’île au-delà des frontières mahoraises.

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Naftal Dylan, Flash Infos, 28 novembre 2020.

NAFTAL DYLAN

RÉALISATEUR

Depuis son retour à Mayotte, Naftal Dylan, réalisateur, scénariste et producteur propose divers moyens pour mettre en avant le cinéma à Mayotte, le talent mahorais ainsi que la culture de son île. Tout cela en passant par sa mini-série « FBI Mayotte » , les spots publicitaires et les réalisations de clips ou encore d’émissions de cuisine.

Passionné par le cinéma depuis son enfance, le jeune Pamandzien part dans l’Hexagone comme la plupart des jeunes mahorais après voir eu le bac pour poursuivre ses études supérieures. Après avoir surmonté les difficultés de la vie d’un étudiant d’outre-mer en France, Naftal Dylan va donc intégrer un BTS audiovisuel à Paris, puis une formation dédiée au cinéma. Ne se voyant pas travailler ailleurs que sur son île natale, le jeune homme rentre avec pour but de faire évoluer le monde du cinéma à Mayotte, créer de l’emploi et montrer que sur l’île au lagon regorge de talent.

En 2018, le jeune réalisateur va créer sa société « N.D Productions » , inspiré par les séries policières américaines telles que Bad Boys ou NCIS. Le jeune homme, accompagné de ses amis, commence le tournage de FBI Mayotte, une série policière 100% mahoraise, auto-financée par le groupe d’amis, en se basant sur le quotidien des habitants et la culture de l’île. Deux épisodes pilotes seront postés sur YouTube et le succès sera immédiat, ils seront ensuite retransmis sur Mayotte 1ère, après quelques mois. Cinq épisodes sont actuellement disponibles sur YouTube.

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« Au début, c’était compliqué, mais petit à petit, les projets commencent à voir le jour »

88,9%

C’EST LE TAUX DE PERSONNES ATTEINTES DU VIH ET QUI NE LE SAVENT PAS, À MAYOTTE EN 2021. AUX CÔTÉS D’AUTRES STRUCTURES TELLES QUE L’ARS, NARIKÉ M’SADA ŒUVRE POUR FACILITER ET DÉMOCRATISER LE DÉPISTAGE ANONYME, RAPIDE ET GRATUIT, AUX QUATRE COINS DE L’ÎLE

MONCEF MOUHOUDHOIRE

DIRECTEUR DE NARIKÉ M’SADA

Lunettes sur le nez, la barbichette toujours saillante, il est reconnaissable entre mille. Tantôt entrepreneur, communicant ou organisateur d’évènements, Moncef Mouhoudhoire a convoqué toute son expérience au service de l’association Nariké M’sada depuis 2003. Cela fait en effet vingt années, deux décennies de lutte contre les infections sexuellement transmissibles – et notamment le VIH –, les violences sexuelles et sexistes ou encore le manque de moyens de contraception. Devenu directeur de la structure en 2016, Moncef Mouhoudhoire a su se faire une place dans le monde associatif mahorais, n’hésitant pas à monter au créneau dans les médias ou sur le terrain, au quotidien, pour aborder des sujets qui lui tiennent à cœur, souvent tabous dans notre société. Nariké M’sada se penche également sur les violences faites aux femmes et liées au genre, devenant l’une des associations pionnières du territoire sur ce sujet.

Particulièrement sensible à l’expression artistique, le directeur est un passionné de peinture, de littérature ou de musique. Cette sensibilité est d’ailleurs mise au service des personnes que l’association accompagne, mais aussi dans l’explication et la vulgarisation des problèmes liés au sexe auprès de la population. En somme, une personnalité dans laquelle se marient le fond et la forme, qui sied parfaitement à la structure, ainsi qu’aux milliers de Mahoraises et de Mahorais qu’elle aide.

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C’EST LE NOMBRE DE

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SÉLECTIONS

QUE COMPTE TOIFILOU MAOULIDA EN ÉQUIPE DE FRANCE ESPOIRS, POUR 7 BUTS MARQUÉS. LE MAHORAIS N’A MALHEUREUSEMENT JAMAIS ÉTÉ SÉLECTIONNÉ EN ÉQUIPE A.

TOIFILOU MAOULIDA

FOOTBALLEUR

Il est le seul sportif de ce top 30, et le mérite amplement, tant il a porté les couleurs de Mayotte au plus haut niveau du football français. Né à Kani Kéli, l’attaquant sillonne les clubs de Ligue 1 dans les années 2000 et 2010, en passant cinq ans à Montpellier et trois ans à Rennes, deux villes comptant un fort contingent de Mahorais. C’est d’ailleurs dans une autre ville chérie de l’île qu’il atteint son apogée : Marseille. Pour l’OM, club le plus supporté sur l’île, il inscrit 21 buts en 69 matchs, avant des piges à Auxerre, Lens, Bastia, Nîmes et Tours.

Le footballeur sudiste est notamment connu pour ses bandelettes de tissu sur lesquelles il écrit des messages, qu’il dégaine pour célébrer la majorité de ses buts. Finaliste de la Coupe de France en 2006 et 2007, Toifilou Maoulida est l’un des meilleurs buteurs et passeurs de la compétition, aux côtés de sommités telles que Kylian Mbappé, Pauleta ou Djibril Cissé. Consultant pour France Télévisions et régulièrement invité à des matchs de charité aux côtés d’autres anciennes gloires du foot, Toifilou Maoulida a aussi créé son « école des attaquants » . Au sein de cette dernière, celui qui a récemment glané son diplôme d’entraîneur des attaquants propose des stages à des jeunes, et notamment de l’île aux parfums. Il a ainsi accueilli en décembre dernier un jeune Sadois faisant partie de la première promotion de la section sportive d’excellence à Mayotte. Une manière d’exercer son influence même à 8000 kilomètres de son île natale.

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SAÏD OMAR OILI

MAIRE DE DZAOUDZI-LABATTOIR

C’est l’homme fort de Petite-Terre. Saïd Omar Oili rafle tout à chaque élection. Dernier exemple en date, en mars 2020 lors des municipales, où il est le seul candidat à être élu maire dès le premier tour avec 55% des suffrages exprimés. Il signe à ce moment-là pour un deuxième mandat en tant que premier magistrat de la commune de Dzaoudzi-Labattoir, le précédent étant de 2014 à 2020. Quelques mois plus tard, il se présente également à sa réélection en tant que président de la communauté des communes de Petite-Terre, et sans surprise il gagne une nouvelle fois l’élection avec 18 voix sur 30.

Très souriant et d’un calme déconcertant, celui que l’on surnomme « S2O » semble toujours serein lors des différentes élections dans lesquelles il pose sa candidature. Il faut avouer qu’il n’en n’a perdu aucune depuis qu’il a commencé sa carrière politique, au début des années 2000.

Saïd Omar Oili est un ancien professeur mais il a de l’expérience en politique. En 2004 il devient le président du Conseil général de Mayotte, il assure la présidence jusqu’en 2008. Entre temps, en 2007, il crée son propre parti « Nema » , Nouvel élan pour Mayotte, car il ne veut s’associer à aucun des partis déjà existants. Pourtant, il ne cache pas ses affinités avec les différents gouvernements d’Emmanuel Macron.

À 65 ans, Saïd Omar Oili pense à la relève et forme ses poulains, à l’exemple de Maymounati Moussa Ahamadi, la conseillère départementale du canton de DzaoudziLabattoir. Même s’il se fait de plus en plus discret, il n’en reste pas moins actif. On dit souvent de lui qu’il tire les ficelles en coulisse et qu’il est préférable d’être son ami…

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UNE APPLI SANTÉ SEXUELLE POUR LES JEUNES

IMPULSÉE PAR LA DRDFE DE TASLIMA SOULAIMANA, L’APPLICATION « CHABABI JOUWA » EST DISPONIBLE SUR APPSTORE ET PLAY STORE DEPUIS LE 2 DÉCEMBRE 2022. ELLE RECENSE L’ENSEMBLE DES SERVICES MAHORAIS LIÉS À LA CONTRACEPTION, AUX VIOLENCES SEXUELLES OU À LA GROSSESSE.

TASLIMA SOULAIMANA

DÉLÉGUÉE AUX DROITS DES FEMMES ET DE L’ÉGALITÉ ENTRE LES FEMMES ET LES HOMMES

Elle est la directrice régionale déléguée aux droits des femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes à Mayotte depuis le mois d’avril 2020. Une fonction qui semble être faite pour Taslima Soulaimana. La trentenaire se dit très sensible à la condition des femmes, et notamment à Mayotte. Elle est motivée par de nombreuses causes, mais l’éducation des jeunes filles lui tient particulièrement à cœur. Elle les encourage à étudier aussi longtemps qu’elles le peuvent, afin de pouvoir occuper les mêmes postes à responsabilités que les hommes.

Elle est également très engagée dans la lutte contre les violences conjugales et les violences sexuelles. Elle n’hésite pas à donner de sa personne au sein des différentes associations afin de sensibiliser le grand public. La directrice régionale aux droits des femmes est inspirée par des figures féminines emblématiques mahoraises. Il y a évidemment l’incontournable Zéna M’déré, mais également la très appréciée Taambati Moussa, fervente défenseur des traditions mahoraises.

Taslima Soulaimana est diplômée d’un master en droit, mais c’est sans aucun doute la cause féminine qui lui tient à cœur. Récemment, elle a porté le projet de la bande-dessinée « La voix des jasmins – Chemins de femmes » , un ouvrage écrit par Charifati Soumaila et qui retrace l’histoire de quatre femmes mahoraises. La déléguée aux droits des femmes et de l’égalité entre les femmes et les hommes veut initier les jeunes filles à l’écriture et à toutes les activités qu’elles n’osaient pas faire. Tordre le cou aux préjugés sexistes, tel est son objectif.

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11 FÉVRIER 2023

C’EST LA DATE DU PROCHAIN CONCERT DE MEIITOD, QUI SE DÉROULERA À ABIDJAN, EN CÔTE D’IVOIRE. LE CHANTEUR S’Y ÉTAIT DÉJÀ PRODUIT L’ANNÉE DERNIÈRE LORS D’UN LIVE MÉMORABLE, POUR LE PUBLIC COMME POUR L’ARTISTE.

MEIITOD

CHANTEUR

Chacun de ses clips cumule plusieurs millions de vues, où il compte bientôt 350 000 abonnés. Sur les plateformes de streaming, ce sont plus de 100 000 auditeurs qui savourent sa voix chaque mois. Meiitod est sans aucun doute, derrière l’omniprésente Zily, l’artiste le plus influent de l’île. Ayant fait du RnB son terrain de chasse, qu’il sillonne de sa voix cristalline, il partage ses émotions avec un public de plus en plus cosmopolite, de Mayotte à Montpellier, de Paris à La Réunion, en passant par les Antilles et l’immensité du continent africain.

Après la parution d’un excellent EP « Silence » en 2021, le chanteur a renouvelé l’expérience en mai dernier avec « Naufrage » , un petit écrin de 9 titres taillé pour son talent. Ce dernier a été suivi par le clip « Encore » , en fin d’année 2022. Une nouvelle occasion pour l’ancien résident de Bandrélé de chanter sa mélancolie et ses histoires d’amour. « Meiitod est une future star du RnB, mais il ne le sait pas encore » , déclarait récemment Moussa Soumbounou, ancien directeur général d’Universal Music Africa. Ne lui en déplaise, le Mahorais a bel et bien conscience de son talent au micro et à l’écriture, et va continuer d’écumer les scènes internationales et les plateformes de streaming. Mais aussi de composer pour d’autres artistes, comme il le révélait à Mayotte Hebdo il y a peu : « J’aimerais vraiment pouvoir faire ça, pour plein de personnes et dans plein de genres différents » C’est tout ce qu’on souhaite au beau gosse, qui n’oublie jamais de revenir régulièrement sur ses terres.

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15 ANS

C’EST LA DURÉE DEPUIS LAQUELLE MICHEL CHARPENTIER PRÉSIDE L’ASSOCIATION DES NATURALISTES DE MAYOTTE.

MICHEL CHARPENTIER

PRÉSIDENT DES NATURALISTES DE MAYOTTE

Il est le visage de l’association des Naturalistes de Mayotte depuis plus de quinze ans. Michel Charpentier est lié à l’association depuis sa création au début des années 2000, mais aussi son président depuis plus de quinze ans. Cet homme dévoué à la nature a pour leitmotiv l’éducation et la sensibilisation au développement durable et au respect de l’environnement. Retraité de l’éducation nationale, son investissement à la promotion du patrimoine naturel et culturel de l’île aux parfums n’est plus à prouver. En plus de vingt ans de présence à Mayotte, Michel Charpentier a beaucoup apporté à l’île au travers notamment d’actions de protection et de préservation de la biodiversité. Chaque jour, il œuvre à la protection de la faune et de la flore mahoraises, parmi les plus riches de l’océan Indien. La réserve naturelle nationale de Mayotte à l’îlot M’Bouzi, la préservation des mangroves ou encore des tortues marines sont autant d’actions menées par les Naturalistes de Mayotte, avec comme seul objectif de réhabiliter, protéger et préserver l’environnement de l’île. Derrière ces nombreux grands projets se cache un pilier, Michel Charpentier. Il met son cœur, son âme, son dévouement et tout ce qui est en son pouvoir pour que la nature de l’île aux parfums ne perde pas de sa richesse et de son patrimoine. Des activités multipliées et encore en place sur le territoire, grâce à son engagement mais également aux nombreux membres actifs de l’association.

Depuis toutes ces années, Michel Charpentier met un point d’honneur à ce que tous les Mahorais et toutes les Mahoraises connaissent leur environnement, dans le but qu’ils aient eux aussi envie de le protéger et de le faire connaître au plus grand nombre.

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2000

C’EST LE NOMBRE DE TIRAGES DU DERNIER ANNUAIRE DU SPORT 2021-2023, ÉDITÉ PAR LE CROS DE MAYOTTE. CE PETIT CARNET CONTIENT TOUTES LES COORDONNÉES DES LIGUES ET CLUBS DE L’ÎLE, TOUJOURS DANS UNE VOLONTÉ DE LES « RENDRE PLUS ACCESSIBLES ».

MADI VITA

PRÉSIDENT DU CROS

Florent Piétrus déclarait récemment du sport mahorais qu’il avait un potentiel énorme. Il faut dire que le patron du Comité régional olympique et sportif s’active depuis une décennie pour le faire décoller. Madi Vita fait l’unanimité, tant son sérieux irradie les quatre services du CROS, que sont le Sport, Santé, Bien-Être, le Sport et Professionnalisation, le Sport, Éducation et Citoyenneté, et le Sport et Politiques publiques.

Créé en 1987 sur l’île au lagon, l’organisme dépend du CNOSF, le Comité national olympique et sportif français, et rassemble les ligues et comités de tous les sports exercés à Mayotte. Loin de régner sans partage, Madi Vita et ses équipes s’appuient sur une forte collaboration avec toutes les forces vives du département, qu’elles soient sportives, politiques, associatives ou privées. Notamment au sujet des Jeux des îles de l’océan Indien, tant pour que les athlètes mahorais performent cette année, à Madagascar, que pour les organiser dans quatre ans.

Loin de n’être qu’une promesse, les JIOI 2027 à Mayotte doivent être réalité, et le président du CROS de Mayotte est l’un des grands activistes de cette organisation. Désigné président de la toute fraîche Conférence régionale du sport en 2021, qui doit aboutir à un Plan sportif territorial pour Mayotte, il est aussi réélu pour un quatrième mandat à la tête du Comité en 2021. Il prouve encore son dynamisme avec le lancement du magazine du CROS, la même année, « pour faire briller ceux dont on ne parle que trop rarement […] mais qui pourtant, par leur passion de Mayotte et des Mahorais œuvrent au quotidien et font tant de bien à la société » , écrit-il dans le premier édito.

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747 000

C’EST LE NOMBRE DE VUES QUE CUMULE LA PLUS FAMEUSE DE SES VIDÉOS YOUTUBE, DANS LAQUELLE ELLE EXPLIQUE COMMENT COIFFER LES « BABY HAIR ». NASSRATI RÉUNIT UN PEU PLUS DE 28 000 ABONNÉS SUR LA PLATEFORME.

NASSRATI

MAKE-UP ARTISTE ET HUMORISTE

Difficile de passer à côté du phénomène Nassrati. Créatrice de contenu depuis cinq ans, cette Mahoraise s’est spécialisée dans le maquillage artistique et partage son savoir-faire sur les réseaux sociaux. Elle peint sur son visage les cartes de Mayotte, elle crée des effets et des visuels qui sortent de l’ordinaire. Sa particularité ? Elle est autodidacte. Elle s’est formée seule en pratiquant devant son miroir. C’est grâce à cela qu’elle s’est fait connaître. Aujourd’hui, elle est la créatrice de contenu mahoraise la plus suivie sur internet. Plus de 300 000 personnes la suivent sur Tik-Tok, ils sont plus de 60 000 sur Instagram, et le même nombre sur Facebook. Nassrati a plus d’une corde à son arc. Elle fait également rire la toile grâce à des vidéos humoristiques dans lesquelles elle tourne en dérision des scènes de vie. Elle aborde tous les sujets et tourne en dérision certains aspects de la culture mahoraise. Relations familiales, clichés, la réputation des Mahorais à l’extérieur, rien n’est épargné et plus elle en fait, plus ça plait. Elle a récemment annoncé qu’elle est également artiste peintre, un autre talent qu’elle a caché toutes ces années à sa communauté. Ses tableaux sont désormais visibles sur les réseaux sociaux et disponibles à la vente. Devenue une personnalité publique, la jeune femme veut utiliser sa notoriété pour redorer l’image de son île natale.

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DES LIVES FACEBOOK RÉGULIERS

RARES SONT LES ÉLUS – À FORTIORI LOCAUX – À UTILISER LES RÉSEAUX SOCIAUX. AMBDILWAHEDOU SOUMAÏLA EN FAIT PARTIE, EN PROPOSANT RÉGULIÈREMENT DES LIVES FACEBOOK DANS LESQUELS IL ÉCHANGE AVEC SES ADMINISTRÉS.

AMBDILWAHEDOU SOUMAÏLA

MAIRE DE MAMOUDZOU

Omniprésent dans les médias, maire de la plus grande commune de Mayotte, Ambdilwahedou Soumaïla a renforcé sa notoriété mois après mois depuis son élection, le 5 juillet 2020. Celui qui a battu l’ancien maire Mohamed Majani avec un écart de 676 voix se démène sur deux thèmes qui lui sont chers : la sécurité et la jeunesse. Assises de la sécurité, renforcement de la police municipale, augmentation des caméras de surveillance ou de l'éclairage public, le premier élu de la commune a également fait entendre plusieurs fois la voix des Mahorais en métropole. Parmi ses chevaux de bataille, la lutte contre l’insécurité juvénile qui mine sa commune, ou encore l’immigration illégale.

Depuis deux ans, de nombreux projets et infrastructures sont également à mettre à son crédit, même s’il n’en est pas le seul artisan. On pense notamment aux plateaux sportifs de Baobab, de Kawéni, ainsi qu’au nouveau gymnase, inauguré ce jeudi 13 janvier dans le quartier de M’gomban, tous destinés à la jeunesse. Originaire de Tsoundzou, l’édile insiste d’ailleurs sur la scolarisation de tous les enfants des neuf villages. Pour cette année scolaire, 17 200 élèves sont scolarisés en primaire et maternelle, mais 600 élèves sont sur liste d’attente à cause du manque de places dans les établissements.

Côté politique enfin, le parti Les Républicains peut compter sur Ambdilwahedou Soumaïla dans les années à venir. Le secrétaire départemental du parti est, à presque quarante ans, l’un de ses poids lourds sur l’île.

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BOUÉNI

C’EST DANS SON FIEF DU SUD-OUEST QUE TAAMBATI MOUSSA POSSÈDE TOUS LES INSTRUMENTS DE SON SAVOIR-FAIRE, AVEC NOTAMMENT UN VÉRITABLE ATELIER OÙ SONT ENTREPOSÉS DE NOMBREUX OBJETS TRADITIONNELS MAHORAIS.

TAAMBATI MOUSSA

GARANTE DE LA CULTURE MAHORAISE

Taambati Moussa est la gardienne de la culture et des traditions mahoraises. Elle est à elle seule une encyclopédie. Qu’il s’agisse de beauté, d’histoire, de gastronomie, elle est la référence à Mayotte. La sexagénaire s’est fait connaître lorsqu’elle a créé son association « Ouzouri wa mtroumché » en 2004, comprenez « la beauté de la femme » . À travers les années, elle s'évertue à mettre en lumière tous les aspects de la beauté féminine traditionnelle mahoraise. Cela passe par le masque de beauté « msindzano » , les fleurs de jasmin, et bien d’autres astuces dont elle seule détient les secrets.

Si vous cherchez Taambati, vous la trouverez également dans le domaine culinaire. Consciente que les plats locaux sont de moins en moins cuisinés à Mayotte, elle propose un retour aux sources avec les produits que les anciennes générations consommaient. On peut d’ailleurs goûter ses bons plats chez elle, à Bouéni, où elle tient des chambres d’hôtes. Car Taambati est également entrepreneure.

Le patrimoine culturel mahorais, ce sont aussi les chants et les danses traditionnelles. Et dans ce domaine, elle excelle également. Elle les pratique et les enseigne à la jeune génération. L’engagement de Taambati pour la préservation de la culture mahoraise est tel qu’elle a été nommée chevalier de l’ordre des Arts et des Lettres en 2012. Trois ans plus tard, en 2015, elle est décorée chevalier de l'ordre national du Mérite par le préfet de Mayotte de l’époque.

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C’EST LE NOMBRE DE VUES DE LA VIDÉO LA PLUS POPULAIRE D’ELINÉM, DANS LAQUELLE IL PARODIE LE TITRE « BÉBÉ », DE MHD ET DADJU. SA SÉRIE « DANS LA VRAIE VIE » CUMULE PLUSIEURS DIZAINES DE MILLIONS DE VUES SUR YOUTUBE.

ELINÉM

VIDÉASTE

Ahamadi Boura El-farouk, mieux connu sous le pseudonyme d’Eliném auprès de sa communauté, fait rire les internautes depuis bientôt 10 ans. Originaire de Labattoir, il est aujourd’hui sans nul doute le vidéaste mahorais le plus influent de la toile : ses vidéos cumulent plus de 200 millions de vues sur YouTube !

Mais tout ne s’est pas fait du jour au lendemain. « Je n’ai pas lâché ! » , admet-il, fier d’avoir su rassembler une telle audience autour de ses vidéos tournées à Mayotte en autodidacte. « Je bosse avec mes amis, et ma caméra. On tourne entre nous : si je n’apparais pas à l’écran, c’est que c’est moi qui filme, et inversement ! […] On n’a pas de moyens professionnels, je fais même le montage moi-même ! »

Ses vidéos parodiques mettent en scène des situations absurdes, inspirées « d’anecdotes, d’histoires de la vie réelle » qu’Eliném adapte à sa manière. La dernière le montre traversant – soi-disant – illégalement l’archipel en kayak pour demander une jeune fille en mariage. « J’en suis fier, mais je sais que je peux faire encore mieux ! » , promet-il, en mentionnant de « gros projets à venir »

L’homme aux 1,1 million d’abonnés mène plusieurs vies. En parallèle de sa carrière de vidéaste, Eliném – qui se voyait d’abord musicien – passe par l’école maritime de Dzaoudzi, obtient son brevet de capitaine 200 et devient skipper pour un prestataire de sorties nautiques de l’île. Pas de quoi abandonner les réseaux pour autant : « Chaque soir, je me répète que je ne peux pas me permettre d’arrêter, et de laisser tous ces gens qui me suivent ! »

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13 000 000

95%

C’EST LE POURCENTAGE DES MARCHANDISES ARRIVANT PAR BATEAU POUR LES BOUTIQUES DU GROUPEMENT 3M, CE QUI A NÉCESSITÉ LA CRÉATION DE STOCKS LORS DU LANCEMENT DU GIE, MAIS AUSSI UNE CERTAINE ORGANISATION POUR ANTICIPER LES COMMANDES.

MARCEL RINALDY

CHEF D’ENTREPRISE

Si Taambati Moussa est la garante de la beauté mahoraise, Marcel Rinaldy en est le promoteur. Cohérent, le serial entrepreneur s’occupe depuis des années de nombreux commerces liés au prêt-à-porter, à la bijouterie ou aux cosmétiques. Et pour briller, il lui fallait un coup d’éclat à l’image de la création du groupement d’intérêt économique 3M en 2017. Sous cette couronne, il réunit plus d’une quinzaine d’enseignes franchisées ou indépendantes, parmi lesquelles Madora, Adopt’, My Duty Free, Celio, Jennyfer, Maya Lingerie, Samsonite, Mzuri Sana, Safara ou Swarovski. Certaines des franchises s’implantent donc sur l’île aux parfums à la faveur de ce GIE. L’occasion pour Marcel Rinaldy de faire passer un cap aux boutiques mahoraises, de leur imposer un nouveau standing, une communication perfectionnée, et d’augmenter par la force des choses leur clientèle. Mieux encore, la création de « Ma galerie shopping » , un site internet recensant les produits de toutes les entreprises membres du groupement et permettant l’achat en ligne pour les utilisateurs mahorais. Ma galerie shopping dispose également d’un local au sein de la galerie Jumbo. Loué pour son esprit vif, inventif et créatif, Marcel Rinaldy ne manque pas d’idées. En témoigne la création en 2020 du Collectif du monde économique de Mayotte (CMEM), une association ayant pour but de porter la voix des entrepreneurs mahorais contre l’insécurité grandissante dans le département. En 2022, une autre idée fuse, celle du partenariat avec Marcel Séjour, lancé en mai dernier. Commercialiser les œuvres du peintre sur des objets pour y promouvoir Mayotte, un énième coup de génie du chef d’entreprise, avec toujours l’esthétique en toile de fond.

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LES FEMMES

C’EST L’UN DES SUJETS LES PLUS ABORDÉS PAR L’ÉCRIVAIN, QUE CE SOIT DANS SES PIÈCES DE THÉÂTRE OU SES ROMANS. MISES SUR UN PIÉDESTAL OU REMISES EN QUESTION, NASSUR ATTOUMANI DÉCLARE VOULOIR LES DÉFENDRE, AVANT TOUT.

NASSUR ATTOUMANI

ÉCRIVAIN, MUSICIEN, DRAMATURGE

Écrivain, dramaturge, on ne présente plus Nassur Attoumani. Il est né à Moroni (Comores) le 5 mars 1954, mais il est originaire de Mayotte, dans la commune de Sada. Une fois son baccalauréat littéraire en poche, il entame des études d’anglais. Après l’obtention de son diplôme, il devient professeur d’anglais et de français au collège. Mais Nassur Attoumani est un passionné de musique et se produit régulièrement sur scène.

C’est durant les années 80 qu’il s’essaye au théâtre. En 1989, il écrit sa première pièce en français, intitulé « La fille du polygame » . Le succès est immédiat et une nouvelle carrière s’offre à lui. Il continue à écrire des contes, des nouvelles, des pièces de théâtre, des romans, des bandes dessinées. Aucun sujet abordé n’est choisi par hasard. L’auteur est engagé et il parle ouvertement des sujets tabous que cachent la société mahoraise tels que le viol, l’inceste, la polygamie ou les violences conjugales.

Aujourd’hui, il est devenu la référence dans le monde de la littérature mahoraise. Il est connu des adultes mais également des enfants, allant régulièrement à la rencontre de la jeunesse dans les établissements scolaires. Au fil des années, il a su porter un regard critique mais bienveillant sur la société mahoraise, et son influence est telle qu’il est le seul écrivain mahorais qui a contribué à la bande dessinée « Mayotte : rencontre de peuples et de civilisations » , publiée en 2021 aux éditions du Signe. L'œuvre retrace l’histoire du territoire à travers les figures emblématiques de l’île. Jamais sans son chapeau, Nassur Attoumani est devenu à son tour un personnage à part entière de Mayotte.

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14C’EST LE NOMBRE DE VOIX GRÂCE AUXQUELLES BEN ISSA OUSSENI A ÉTÉ ÉLU PRÉSIDENT DU CD EN 2021, CONTRE 12 POUR SA RIVALE, MAYMOUNATI MOUSSA AHAMADI, DEVENUE L’UNE DES FIGURES DE PROUE DE L’OPPOSITION.

BEN ISSA OUSSENI

PRÉSIDENT DU CONSEIL DÉPARTEMENTAL DE MAYOTTE

Ben Issa Ousseni, président du Conseil départemental de Mayotte depuis le 1er juillet 2021, a gravi les échelons pour se hisser jusqu’au sommet du 101ème département de France. Il se fait connaître en 2011 lorsqu’il est élu conseiller départemental de M’tsangamouji. Il est réélu en 2015 dans le canton de Tsingoni, et devient par la même occasion le 7ème vice-président chargé des finances, du développement et du tourisme. Un poste qu’il occupe jusqu’en 2021, lorsqu’il est élu une troisième fois.

La politique est devenue sa deuxième carrière, mais Ben Issa Ousseni est avant tout un homme de chiffres. Il est titulaire d’un DUT de finance/ comptabilité et travaille en tant que comptable durant une dizaine d’années, avant de créer son entreprise en 2011. Il préside en parallèle l’ADIM, l’Agence de développement et d’innovation de Mayotte. C’est donc tout naturellement que le développement économique du département est sa priorité, dans son plan territorial, car « rien n’est possible sans le tissu économique » , selon lui.

Loin d’être discret comme son prédécesseur, Ben Issa Ousseni est présent sur tous les fronts. Il entend bien être « le président de tous » et il veut apporter des résultats concrets et visibles aux différentes politiques menées par son équipe pour le développement du territoire. Son ambition est de porter la voix de Mayotte avec les différents acteurs : économiques, sociaux, la jeunesse, l’ancienne génération et toutes les forces vives de l’île.

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C’EST L’ÂGE DE MAHAMOUDOU HAMADA SAANDA, QUI A EXERCÉ EN TANT QUE CADI À PASSAMAÏNTY, OUANGANI ET PAMANDZI, MAIS AUSSI PRÉDICATEUR À LA MOSQUÉE DU VENDREDI DE PASSAMAÏNTY. LE GRAND CADI A EN OUTRE PASSÉ 10 ANS DE SA VIE EN ARABIE SAOUDITE.

MAHAMOUDOU HAMADA SAANDA

GRAND CADI

Il s’appelle Hamada Saanda Mahamoudou, et il est l’actuel Grand Cadi de Mayotte depuis janvier 2020. Avant d’accéder à ce poste, il a assuré l’intérim depuis 2018, lorsque son prédécesseur est parti à la retraite. En 2021, il est décoré en tant que chevalier de la Légion d’honneur pour ses bons et loyaux services pour la patrie. Mais au-delà de la personne, c’est la fonction de Grand Cadi qui importe. Dans un département français, on pourrait croire que la laïcité est de rigueur, mais Mayotte fait exception. L’Islam fait intégralement partie de la vie des Mahorais. C’est plus qu’une religion, il s’agit d’un mode de vie. Et le chef de file est le Grand Cadi. Il tient le rôle de juge des juges, de médiateur et d'institution régulatrice de la vie sociale et familiale. De nos jours, les Musulmans de l’île font encore appel à lui et aux 17 cadis qui l’entourent, pour régler les conflits du quotidien. Problèmes de couple, familiaux, ou entre voisins, rien ne lui échappe, et il applique la justice cadiale qui se base sur l’Islam. Demander son aide évite que les différentes parties se poursuivent en justice, un acte très mal vu dans la société mahoraise.

Le Grand Cadi est considéré comme le conciliateur, mais il incarne aussi la sagesse. Il travaille en étroite collaboration avec les élus et le préfet, qui l’invitent régulièrement lors des grandes rencontres afin d’avoir son avis et l’inclure dans les prises de décisions. Il est d’ailleurs au centre des solutions proposées pour lutter contre la délinquance juvénile car beaucoup pensent que la religion peut sauver ces jeunes en perdition.

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PRÉSIDENTE D’AL’MA

FIN MARS 2022, CARLA BALTUS ÉTAIT DÉSIGNÉE PRÉSIDENTE D’AL’MA, LE NOUVEL OPÉRATEUR DE LOGEMENTS ABORDABLES DESTINÉ AUX COLLECTIVITÉS LOCALES ET CRÉÉ PAR ACTION LOGEMENT.

CARLA BALTUS

PRÉSIDENTE DU MEDEF MAYOTTE

La Guyane et Mayotte sont les départements les plus pauvres de France. Il existe cependant une personne ayant des liens étroits avec ces deux territoires, et s’efforçant de les faire avancer : Carla Baltus, véritable success-story à elle-même. Présidente du SEMOP, le gestionnaire du réseau de transports urbains de l’Île-de-Cayenne, elle occupe surtout le poste de présidente du MEDEF de Mayotte, et possède notamment l’entreprise Carla Mayotte Transports Baltus, lancée en 1997 avec l’achat d’un bus scolaire, le premier des quelque 70 qu’elle a aujourd’hui dans sa flotte.

Outre sa réussite, la serial-entrepreneuse a su, depuis son arrivée sur l’île au lagon, prendre position sur des sujets aussi divers que le développement économique de Mayotte, l’insécurité, l’énergie et l’administration. Preuve de son sérieux et de sa compétence, Carla Baltus est réélue à la tête de la branche mahoraise du Mouvement des entreprises de France en 2021. La patronne des patrons de l’île accueillait même sur le territoire Geoffroy Roux de Bézieux, président national du MEDEF, l’année dernière. Celle qui privilégie l’action sans pour autant oublier le dialogue compte aujourd’hui une dizaine de mandats à Mayotte, dans les domaines du transport donc, mais aussi du tourisme, de la logistique, de l’immobilier, de l’enseignement de la conduite, de la location de véhicules, de la formation ou des services de proximité. Une bonne manière d’étendre son influence dans le 101ème département, qui l’a accueillie les bras ouverts, et elle le lui rend bien.

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UNE ÉLECTION ANNULÉE

SIÉGEANT À LA MAJORITÉ DU CONSEIL DÉPARTEMENTAL, LE BINÔME DE SADA TAHAMIDA IBRAHIM –MANSOUR KAMARDINE A VU SON ÉLECTION ANNULÉE PAR LE TRIBUNAL ADMINISTRATIF, APRÈS DES RADIATIONS ILLÉGALES, DES EMPÊCHEMENTS DE VOTER ET DES FAUSSES SIGNATURES.

MANSOUR KAMARDINE

DÉPUTÉ

Faut-il encore présenter celui qui est peut-être la plus importante figure politique mahoraise depuis Younoussa Bamana ? Au fil des années, Mansour Kamardine s’est imposé comme un éléphant de la vie citoyenne de l’île. Plus jeune maire de France en 1983, dans sa commune de Sada, il s’engage très tôt avec le RPR, ex-UMP, ex-Les Républicains, séduit par les figures de Jacques Chirac et d’Alain Juppé, mais aussi et surtout par le combat de la départementalisation de Mayotte, comme son père avant lui, qui était un fidèle de Marcel Henry dans les années 1960. Élu député de Mayotte en 2002, 2017 et 2022, l’avocat de profession siège également au Conseil départemental par intermittences depuis 1994, sans jamais renier son parti. Chevalier de la Légion d’honneur et chevalier de l’ordre national du Mérite, Mansour Kamardine est l’un des Mahorais les plus influents sur et en-dehors de son territoire. Il le défend d’ailleurs toujours, n’hésitant pas à apostropher le gouvernement depuis les bancs de l’Assemblée nationale, que ce soit au sujet de la vie chère, de l’alignement des droits sociaux, de l’insécurité ou de l’immigration, l’un de ses chevaux de bataille.

Convoquant tous les moyens possibles pour sa réussite, et n'hésitant pas à mouiller la chemise, comme ce fut le cas en 2017 et 2018, le Sadois lutte en effet depuis toujours pour que l’État français respecte et développe son 101ème département. En continuant d’exercer au barreau de Mayotte, de dénoncer l’impérialisme comorien, et d’accroître son capital financier, immobilier son influence auprès de plusieurs générations.

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TDI SKAODI

ADMINISTRATEUR DU GROUPE INFOS ROUTE MAYOTTE

Ni politique, ni entrepreneur, ni artiste, ni acteur associatif, il réunit sur sa page quasiment 100 000 utilisateurs. Un tiers de la population mahoraise officielle donc, sur ce groupe Facebook qui est tout bonnement indispensable lorsque l’on vit sur l’île aux parfums. Œuvrant dans l’ombre, Tdi Skaodi, renommé plusieurs fois – comme son groupe – y répertorie les barrages, caillassages, accidents de la route, coupures d’eau ou d’électricité frappant l’île, en compagnie d’une dizaine de modérateurs et des dizaines de milliers de contributeurs et lecteurs qui ne manquent pas d’humour. À Mayotte, où Facebook est encore le réseau social le plus utilisé et réunissant plusieurs générations, le groupe IRM – ou « Actu’ et Infos Routes à Mayotte » actuellement – s’est imposé comme une agora numérique, où chacun discute et lit ses semblables, quel que soit le sujet de société y étant abordé.

Si l’homme lui-même demeure assez discret, il possède et distille sur sa page de nombreuses informations, notamment sur les faits divers frappant l’île, mais également sur les opérations des fonctionnaires de police, des militaires de la gendarmerie, ou des sapeurs-pompiers de Mayotte. Le tout avec une touche d’ironie quand il peut se le permettre, histoire d’attirer encore un peu plus l’œil des internautes sur son contenu. Nul besoin d’être connu pour être influent, Tdi Skaodi et l’équipe de la page IRM (Chayelle Arnaud, Eli Mtiti, Anias Abdou ou Aymane Abdourahamane entre autres) le prouvent tous les jours.

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35 • Mayotte Hebdo • N°1026 • 13/01/20 23 DÉCOUVREZ MAINTENANT LES 5 PERSONNALITÉS LES PLUS INFLUENTES DE MAYOTTE, AVEC POUR CHACUNE D'ENTRE ELLES, UNE INTERVIEW EXCLUSIVE.

ZILY

CHANTEUSE

Elle est la chanteuse mahoraise la plus en vogue du moment. Depuis la sortie de son single « Tsika » au début de l’année 2021, Zily a conquis les cœurs des Mahorais. Pourtant, sa carrière musicale a débuté il y a une dizaine d’années. L’artiste se fait connaître du grand public grâce aux chants traditionnels. Elle rejoint le groupe Fleurs d’ylang en 2009 et commence à chanter dans les mariages. Dix ans plus tard, l’interprète voit grand et veut dépasser les frontières de son île natale. Elle s’entoure alors d’une nouvelle équipe et crée son propre label, Yeka Music, ainsi que sa boite de production, Yeka Production, en 2020. L’auteurcompositrice et interprète enchaîne les tubes à succès : « Amani » , « Zaina » , « Karibu hangu » ... Le 8 mars 2022, pour la journée internationale des droits des femmes, elle sort son EP de 9 titres, intitulé « Imani na Amani » , comprenez « foi et paix »

Ses objectifs sont clairs : elle veut viser un public plus jeune et, par la même occasion, s’exporter à l’international. Mission réussie pour cette femme originaire de Tsingoni. Elle est nommée au Mauritius Music Awards en 2021, dans la catégorie « Best Island Artist » . Même si elle ne remporte pas le prix, sa carrière internationale prend de l’ampleur. Zily conquiert petit à petit l’Afrique. Elle est invitée à participer au festival de musique « Line-up visa for music » au Maroc au mois de novembre 2022. Et prochainement, en février 2023, elle sera présente au festival musical « Sauti za busara » à Zanzibar.

Cependant, la chanteuse n’oublie pas son public mahorais et elle a effectué ses premiers concerts dans le département avec le « Mayotte Tour » , en deux dates à la fin de l’année 2022, une à Boueni et l’autre à M’tsangamouji. Consciente de l’influence qu’elle a sur les différentes générations, les jeunes et les moins jeunes, Zily est également une femme engagée, notamment dans la lutte contre le cancer du sein ou encore l’émancipation des femmes mahoraises. Aujourd’hui, celle que l’on surnomme désormais la diva ne cache pas son ambition d’aller encore plus loin, et, pourquoi pas, d’inspirer d’autres artistes à se dépasser.

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Mayotte Hebdo : Quel souvenir marquant gardez-vous depuis le début de votre carrière ?

Zily : Je me rappelle que lorsque j’ai sorti la chanson « Voi Urembo » en 2019, un célèbre artiste congolais l’avait diffusée sur ses réseaux sociaux, en direct. Il était enthousiaste et je me rappelle qu’il avait dit : « Vous êtes les meilleurs, les Mahorais » ! J’étais fière qu’un artiste international nous distingue ainsi. Dans la liste des souvenirs marquants, il y a aussi le tournage de mon premier clip, « Tsika » . Tous ces professionnels autour de moi, des monteurs, cadreurs, les figurants…. C’était intense pour tout le monde, mais quelle expérience incroyable !

MH : Où vous voyez-vous dans 5 ans ?

Zily : À Mayotte. Avec un grand studio d’enregistrement. Accompagnant les futures voix d’or de chez nous. Je pense qu’il y a énormément de pépites, de diamants bruts qui ne demandent qu’à briller et j’espère pouvoir accompagner ces jeunes filles à accomplir leur rêve.

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THÉOPHANE « GUITO » NARAYANIN

CHEF D’ENTREPRISE

Redoutable homme d’affaires, Théophane Narayanin a fait son irruption sur la scène politique mahoraise l’année passée, en se présentant aux élections législatives dans la circonscription nord de Mayotte, et parvenant même à se hisser au second tour parmi une dizaine de candidats. Son cheval de bataille ? La lutte contre la vie chère sur l’île, que le natif de Sainte-Suzanne, à La Réunion, a rejoint dans les années 1980 par opportunisme entrepreneurial. Depuis, Guito est tombé amoureux de l’île au lagon, qu’il s’acharne à développer de sa manière, en répondant à tous les appels d’offres et en continuant de monter bâtiments et affaires. Du BTP à la politique, il n’y avait alors qu’un pas. Fort de son expérience sur l’île Bourbon, où il compte une quinzaine d’entreprises, il souhaite la formation des artisans locaux via l’expertise d’étrangers pour éviter que les grands groupes ne raflent la mise à chaque fois (voir entretien). S’il n’est évidemment pas désintéressé d’un point de vue personnel, ce combat pousse Théophane Narayanin à toujours se dépasser, cet ancien militaire étant déjà d’un naturel jusqu’au-boutiste.

Employant quelque 300 personnes chez Ingénierie béton système (IBS), le Réunionnais a su développer ses relations dans tous les secteurs de la vie quotidienne mahoraise, et notamment dans le nord de l’île, où il se présentait l’année dernière. Mais le « patron IBS » , qui n’hésite pas à se montrer sur les panneaux publicitaires, a encore la défaite amère et n’en a pas fini. Au point de viser les prochaines sénatoriales ?

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Je ne discute pas avec une insolente »

C’est l’une des séquences phares de l’année 2022. Opposés au second tour des législatives, Estelle Youssouffa et Théophane Narayanin se sont écharpés sur le plateau de Mayotte la 1ère, l’une abordant le casier judiciaire de son adversaire, l’autre se distinguant par des remarques pour le moins déplacées : « Je viens pas lui demander à 45 ans pourquoi elle n’a pas de mari, pas d’enfants ».

Mayotte Hebdo : Comment jugez-vous votre année 2022 ?

Théophane Narayanin : C’était une année difficile, durant laquelle on a galéré, entre les prix qui ont flambé, les retards de bateaux, le déficit de personnel car les gens ne veulent plus venir à Mayotte… On est dans une souffrance sociale que je n’ai jamais vécue, que ce soit à Madagascar, Maurice, La Réunion ou Paris.

M.H. : Vous déclarez vouloir agir contre la vie chère. Quels sont objectifs pour cette nouvelle année ? T.N. : Il faut savoir qu’au niveau de l’État, même si on est moins chers, ils préfèrent les majors. Que ce soit pour le Lycée des métiers de Longoni, qui va revenir en appel d’offres, mais dont le marché avait été cédé à Colas, ou pour la Technopole de la CCI, qu’ils ont donné à Colas, ou pour le Caribus, qu’ils ont donné à Vinci. Donc nous ne sommes là que pour ramasser des miettes. Mais ce n’est pas grave, on se bat contre ça. Les multinationales sont en train de planter toutes les entreprises locales, de les reléguer à de la soustraitance. La justice est responsable de cette situation, et les politiques sont aveugles, ne le voient pas venir, alors que je le ressens tellement bien, puisque c’est ma deuxième vie. On a vécu ça à La Réunion et on est en plein dedans sur Mayotte.

M.H. : Et s’il n’y a pas d’entreprises locales assez compétentes pour s’acquitter de ces marchés ? T.N. : C’est le cas, parce qu’il n’y a pas de formation, parce qu’on n’arrive pas à embaucher… Si les Français ne veulent pas venir à Mayotte, laissez-nous faire entrer des étrangers ! C’est aussi simple que ça ! Comment un pays comme Maurice a pu réussir, alors que c’est aussi une île qui n’a pas assez de formation ? Ils ont fait entrer des Sud-Africains, des Anglais, et aujourd’hui ils sont au top ! Le niveau des entreprises locales est faible, bien sûr, mais qu’a fait l’Éducation nationale ? Où sont les centres de FPA [Formation professionnelle des adultes, NDLR], où sont les formations qualifiantes dans le domaine du BTP ? Zéro ! Et on se plaint que

les artisans soient nuls. Bien sûr, mais on ne fait rien pour eux, on n’apporte pas les solutions !

M.H. : Vous jouez du côté « grande gueule » qui plaît aux gens. Ce profil est-il compatible avec un poste politique ?

T.N. : Je sais qu’on est adorés de la population, à un point tel que je suis harcelé en ce moment pour venir aux sénatoriales. Je n’ai pas dit mon dernier mot, parce qu’avec la députée qui va aux Nations Unies, qui veut vendre des Comoriens aux Marocains… Moi je ne fais pas dans le virtuel, et les gens ont bien compris qu’ils ont loupé une première chance. Si aujourd’hui, les grands électeurs viennent me voir, c’est qu’il y a une raison. Je suis une grande gueule mais surtout un faiseur : aujourd’hui on dit qu’on monte une compagnie régionale de bateaux, donc nous lançons le dossier, et on transportera des agrégats, du ciment, des containers, et on va faire tourner des popotes dans tout l’océan Indien. On sait de quoi en parle.

M.H. : Les élections sénatoriales se tiennent cette année. Êtes-vous candidat ? T.N. : On réfléchit.

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ESTELLE YOUSSOUFFA

DÉPUTÉE

Elle est sans aucun doute la personnalité mahoraise la plus dynamique de 2022, ayant été omniprésente l’année passée. Portant auparavant les revendications du Collectif des citoyens de Mayotte, Estelle Youssouffa a réussi un coup de force autant qu’un changement de statut radical en devenant la députée de la première circonscription de l’île. Tout cela à la faveur d’un franc-parler qui plaît ou déplaît, qui fait réagir de toute façon.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la députée « poutou mgowa » n’a pas hésité à épicer les débats sur les bancs de l’Assemblée nationale, au sein du petit groupe centriste LIOT (Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires). Quelle que soit sa tenue, elle est recouverte de son kichali noir et rouge aux fleurs d’ylang jaunes, car, quel que soit le sujet, Estelle Youssouffa est ici pour défendre les intérêts des Mahorais. L’ancienne journaliste n’a cure, en effet, de chasser sur les terres de la gauche – que ce soit au niveau des prestations sociales ou de la vie chère – ou de la droite plus ou moins extrême – notamment sur l’immigration comorienne et l’insécurité.

Qu’importe, cette hyperactivité rondement médiatisée plaît au peuple qui l’a élue, d’autant que la députée sait se servir des outils de communication numériques pour promouvoir ses actes. À l’image de son passage au siège des Nations Unies, à New York, pour dénoncer une fois de plus l’hypocrisie des dirigeants comoriens. Si la Mahoraise fait partie des députés les moins actifs et présents de l’hémicycle, elle a assurément remporté la bataille de l’image.

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«
L’affection mahoraise me permet de recharger les batteries émotionnelles »

Mayotte Hebdo : Entre la campagne, l’élection et votre rentrée à l’Assemblée nationale, l’année 2022 a été pour le moins effervescente. Quels sont vos objectifs pour 2023 ?

Estelle Youssouffa : Obtenir des résultats pour Mayotte, après un début de mandat dense. Une année 2023 qui s’annonce aussi difficile diplomatiquement, puisque le président Azali prend la tête de l’Union africaine. Je m’attends donc à des répercussions négatives pour Mayotte. Donc combative et motivée, plus que jamais, pour 2023 et les années qui viennent, au service de la population.

M.H. : En parlant de la population, vous avez bien saisi la nécessité de prendre la lumière sur les réseaux sociaux, de communiquer pour mettre en avant votre travail…

E.Y. : Ce n’est pas prendre la lumière que de rendre compte. Je parle à la population mahoraise sur les réseaux sociaux et je vais dans les médias nationaux pour alerter sur la situation de Mayotte et augmenter la pression sur le gouvernement. Ce sont deux stratégies différentes.

M.H. : Quoi qu’il en soit, vous avez acquis en quelques mois une réelle cote de sympathie auprès des Mahorais. L’interprétez-vous comme une validation de votre travail lors de ces premiers mois ?

E.Y. : Je considère avoir un lien très fort avec la population, qui me touche beaucoup, qui est sincère et réciproque. C’est surtout une force énorme, politique mais d’abord affective, pour ce que je fais au quotidien. Dans la rue ou sur les réseaux, les gens viennent vers moi, de façon très respectueuse et affectueuse, ce qui me dépasse complètement, puisque je suis quelqu’un d’assez réservé. C’est très beau. Ça me motive, car le travail à Paris est solitaire, ingrat. L’affection mahoraise me permet de recharger les batteries émotionnelles. La communication me permet d’expliquer sans contrainte de temps, les gens regardent en direct ou quand ça leur convient, rediffusent, commentent et nous envoient énormément de messages. Le dialogue est constant. Et c’est très utile pour ma mission, puisque cela me permet de rester au fait des problèmes de la population. Elle m’ancre au réel, et me rappelle régulièrement « On t’a mise là-haut » , ce qui veut dire « On peut t’enlever » . C’est une pression saine et indispensable.

M.H. : Comme lors de votre intervention à l’Assemblée cette semaine, lorsque vous avez rappelé au gouvernement le prix d’un pack d’eau à Mayotte ? E.Y. : Bien sûr, on m’envoie des messages concernant la vie chère. Je suis une Mahoraise comme les autres, j’ai ma kapok, je fais des stocks… Chaque fois que je remplis ma bassine, je pense au ministre Carenco. Ça

me file des bouffées d’angoisse et d’énervement, je rêve de distribuer des kapoks d’or tellement je n’en peux plus de ces coupures d’eau ! Je trouve ça inadmissible.

M.H : La réforme des retraites arrive à l’Assemblée début février. Comment se positionneront Estelle Youssouffa et le groupe LIOT sur ce sujet ?

E.Y. : Aucune idée, car nous n’avons pas encore le texte. Personnellement, et compte tenu de la situation des retraites à Mayotte qui est absolument indigne car limitant les cotisations et envoyant l’excédent de ces dernières en métropole, je dois examiner le texte pour voir ce qui est prévu pour Mayotte. Si quelque chose est prévu. Sinon, je déposerai des amendements et, dépendamment de l’avis du gouvernement, je voterai ou pas. Compte tenu du rapport de force à l’Assemblée, où chaque voix va compter, la mienne sera pour le texte s’il y a des avancées pour nous. Le groupe LIOT est quand même assez défavorable à la réforme, sous réserve de ce que l’on verra, car il y a une marge entre ce qui est annoncé et ce qui est sur papier. Je suis devenu très Saint Thomas, je ne crois que ce que je vois. Il faudra aussi voir la mobilisation populaire à ce sujet.

M.H. : Cela va compter, pour vous ? E.Y. : Oui. Pour le moment, il y a beaucoup de gesticulations mais personne ne peut dire ce que ça peut donner. Le climat dans l’Hexagone est assez inédit. On ne sait pas si les gens vont avoir ce courage alors qu’ils sont épuisés, ainsi que les moyens financiers. Une grève, ça coûte cher. Aller manifester, c’est du carburant, un billet de train… Les Français sont encore plus déprimés que d’habitude. Et on ne sait pas si ça les rendra apathiques, ou au contraire si ce sera la goutte d’eau qui fera déborder le vase.

La discussion sur les retraites est extrêmement technique, et je ne suis pas sûre que les gens se projettent alors que le prix du caddie est vraiment dingue, on ne parle que de ça. C’est une hausse continue depuis bientôt un an qui commence à vraiment faire mal. Avec la hausse des prix du carburant, ces deux éléments prennent la tête de la population, qui ne se penchera peut-être pas sur les retraites. Je pense que c’est aussi le calcul du gouvernement, même si les syndicats espèrent une coagulation.

Et il y a toujours l’hypothèse d’un énième 49.3. Si ça se confirme, on va encore faire de la figuration au Parlement, puisque nos amendements, même votés, ne sont pas retenus par le gouvernement. D’ici février, on devrait avoir plus de clarté sur ce qui se passera. Nous verrons aussi le 19 janvier [lors de grèves et manifestations prévues par les syndicats et certains partis politiques, NDLR] si le pays est paralysé. Je n’ai pas de problème à dire que l’on ne sait pas encore, on verra.

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THANI MOHAMED SOILIHI

SÉNATEUR

À Sada, la politique n’est jamais loin. Thani Mohamed Soilihi en est l’exemple même. Voilà onze ans que l’avocat originaire du sud est sénateur du territoire mahorais. D’abord socialiste, il a rejoint La République en marche au moment où Emmanuel Macron arrive au pouvoir. Un choix payant puisque, apprécié par le pouvoir en place, il a gravi les échelons et a pu prendre, de 2017 à 2020, un poste de vice-président du Sénat dévolu à son parti. Apprécié du gouvernement, il est souvent loué pour son travail quand les ministres se déplacent sur l’île aux parfums.

L’homme toujours prompt à défendre son île n’a eu de cesse de travailler pour elle. En 2019, il est à l’origine du décret portant sur la limitation du droit du sol aux enfants dont au moins un parent est en situation régulière depuis trois mois sur le territoire. Il a également œuvré pour la loi Mayotte (qui comportait des mesures sur l’immigration, la santé, le social, la sécurité et les institutions) finalement mise au placard, avant l’élection présidentielle de 2022. Regrettant « un manque de communication » , il espère que son travail sera repris cette année, comme l’a laissé entendre Gérald Darmanin, lors de sa dernière visite à Mayotte. Autre proposition à mettre à son actif, celle annoncée par Éric Dupond-Moretti sur un centre éducatif fermé en 2024. « Un outil nécessaire pour juguler la flambée de violences sur l’île » , défend le Sadois.

À 50 ans, le parlementaire ne compte pas s’arrêter là et envisage de se représenter aux sénatoriales en septembre. « Si elles étaient aujourd’hui, je dirais que je suis candidat » , nous a-t-il confié le 3 novembre, au cours de son dernier bilan annuel.

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Mayotte Hebdo : Centre éducatif fermé, augmentation des forces de l’ordre sur l’île, les idées que vous défendez semblent faire mouche cette année ? Thani Mohamed Soilihi : C’est une année qui ressemble aux autres, on est enfin revenu à une année normale après la crise du coronavirus. J’ai continué à me consacrer à mes travaux parlementaires et avancé sur des sujets qui me tiennent à cœur. Ça peut sembler parfois long, car je sais que les citoyens mahorais veulent des résultats tout de suite.

M.H. : Vous avez été l’un des acteurs de la loi Mayotte. Mise au placard en 2022, elle pourrait revenir sur la table, comme l’a laissé entendre Gérald Darmanin. Est-ce que ce sera pour cette année ? T.M.S. : Je vais d’abord revenir sur l’échec de la première tentative. C’est la faute de tout le monde si on n’a pas réussi à y aboutir. Mais comme je le disais en novembre, il y a déjà des mesures qui sont prises sans cette loi. Tout n’est pas réductible à un texte. Les quatre nouvelles unités de gendarmerie, les forces de l’ordre supplémentaires, il n’y a pas eu besoin de loi. Ce que j’espère cependant, c’est qu’avec cette loi, on avance sur les volets social, sanitaire, économique et institutionnel. Sur ce dernier point, on doit passer à un mode de scrutin régional et avoir des élus en quantité suffisante pour assurer toutes les compétences nécessaires.

M.H. : Vous venez d’intervenir au cours d’un colloque consacré au foncier en outre-mer. Le sujet est-il toujours un cheval de bataille ?

T.M.S. : C’était très intéressant puisque ce sont les notaires de métropole qui étaient amenés à s’exprimer sur les indivisions en outre-mer. J’étais triplement réjoui, puisque je travaille sur ce sujet depuis que j’ai intégré la délégation d’outre-mer. C’est une bonne chose que le notariat de France se préoccupe de la question, même si ce n’est pas la première fois. Enfin, la présidente du la commission d’urgence foncière (CUF) est intervenue et celle-ci commence devenir un modèle pour les autres départements. Tous ces échanges pourraient se traduire ensuite en texte de loi.

M.H. : Justement, seriez-vous prêts à rédiger une nouvelle loi sur le sujet ?

T.M.S. : J’attends d’abord l’état des lieux. Mais oui, je suis prêt à dégainer si besoin. Cependant, j’ai toujours privilégié le véhicule le plus rapide. Je ne cherche pas forcément à voir une loi à mon nom. On peut très bien avancer par des amendements.

M.H. : Année des sénatoriales oblige, confirmez-vous votre candidature ?

T.M.S. : Je serai candidat. J’ai même commencé ma campagne. Je n’ai pas pour habitude de m’y prendre au dernier moment.

M.H. : Étant du même bord politique que le gouvernement, vous semblez être l’interlocuteur privilégié sur l’île. T.M.S. : J’assume de soutenir le président de la République. Je ne fais pas forcément sa campagne à Paris, mais plutôt à Mayotte. J’ai connu deux présidents de la République avant lui [N.D.L.R. Nicolas Sarkozy et François Hollande] et je pense sincèrement qu’Emmanuel Macron met les moyens sur la table pour donner une chance au développement de Mayotte. Ça ne veut pas dire qu’il faut se satisfaire de tout. Mais pour moi, les violences que connaît le territoire sont une conséquence de l’inaction précédente. Je n’oublie pas non plus des problèmes de l’eau et de l’éducation. Mais quand une bombe explose, est-ce que le responsable est celui présent à ce momentlà ou celui qui a allumé la mèche ? Pour ce qui est du rôle d’interlocuteur privilégié, ça me va très bien. J’assume pleinement.

M.H. : Du fait de cette proximité, est-ce que vous pourriez devenir ministre des Outre-mer ? T.M.S. : Je ne pourrais pas vous répondre, je fais le boulot. Quand j’ai commencé mon premier mandat, et même mon second, je ne pensais pas devenir viceprésident du Sénat (de 2017 à 2020). Je suis dorénavant vice-président de la commission des lois et les collègues m’ont fait l’honneur d’intégrer le comité de déontologie du Sénat.

M.H. : Que souhaitez-vous aux Mahorais pour la nouvelle année ? T.M.S. : Au-delà des vœux classiques de santé et de prospérité, il y a une chose qui exaspère la population mahoraise, c’est le yoyo des violences. C’est-à-dire qu’elles reviennent de façon incessante. Ça joue sur le moral des autres. Ça serait un soulagement qu’il n’y ait plus d’actes de violence. On sait très bien que qu’elles réapparaissent quand les chefs de bandes sortent de prison, alors que je pense qu’on a les moyens d’anticiper.

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IDA NEL

FEMME D’AFFAIRES

Elle est surnommée « la patronne » , ou parfois tout simplement « Madame » . Un quartier tout entier de Kawéni porte son nom, la zone Nel. Il s’agit bien évidemment d’Ida Nel. Si elle arrive à la première place des personnalités les plus influentes à Mayotte ce n’est pas par hasard. Cette Sud-africaine installée sur l’île depuis 44 ans est considérée comme la femme la plus puissante et la plus riche du département, même si elle ne communique jamais sur le montant exacte de sa fortune.

Ida Nel arrive sur le territoire en 1979, en bateau, avec son mari et son fils. Mayotte n’est qu’une étape dans leur idée du tour du monde. Mais une fois sur place, « on était tellement bien reçus qu’on a décidé de rester plus longtemps » , indique-t-elle. Très vite, ils se rendent compte qu’il y a tout à faire. Les besoins sont criants notamment dans le domaine de l’alimentation.

Le couple voit là une opportunité d’ouvrir une épicerie. Et c’est ainsi que naît la SNIE en 1980. Le besoin est tel que la petite boutique grandit rapidement, et la famille en ouvre d’autres sur le territoire.

À la mort de son époux, Ida Nel continue à faire prospérer leurs entreprises, mais elle finit par vendre la SNIE en 2003. Elle n’en reste pas moins une femme d’affaires redoutable et se renouvelle à chaque occasion.

Aujourd’hui elle est principalement connue en tant que présidente directrice générale de Mayotte Channel Gateway, la société qui gère le port de Longoni depuis dix ans. Une fonction qui n’a pas été de tout repos pour la sexagénaire, mais elle n’a pas l’intention de lâcher prise. MCG est délégataire du port jusqu’en 2028. À presque 69 ans, Ida Nel a encore de grandes ambitions. Elle estime être une visionnaire et elle souhaite que l’île aux parfums se développe davantage. Pour cela, « il faut réunir tous les acteurs afin qu’ils travaillent ensemble, qu’il s’agisse des politiques, du monde économique, de l’administration... » , insiste-t-elle. Et si Ida Nel s’investit autant pour faire avancer le département c’est parce qu’elle considère être chez elle à Mayotte et elle est persuadée qu’elle y mourra.

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Mayotte Hebdo : Comment êtes-vous arrivée au port de Longoni ?

Ida Nel : Quand on a démarré en 1980 et qu’on a décidé d’ouvrir un magasin alimentaire, on était à Dzaoudzi, et c’est nous qui avons emmené la première cargaison venue d’Afrique du Sud. La première chose que nous avons importée, c’était des oignons, et c’est comme ça que je suis arrivée au port. J’ai toujours travaillé avec le port depuis le début.

M.H. : Que retenez-vous de ces 44 ans de vie et de travail à Mayotte ?

I.N. : Il y a encore beaucoup de choses à faire. J’espère que les Mahorais vont se retrousser les manches et bosser. Ce qui m’a marquée dans le passé c’est qu’il y avait un énorme besoin. Récemment je regardais quelques-unes de mes archives datant d’il y a trente ans et ce qui me choque c’est qu’aujourd’hui on a toujours les mêmes problèmes, c'est-à-dire l’immigration, le manque d’eau, l’aménagement du territoire. C’est hallucinant que l’on parle toujours de la même chose. Il

faut qu’il y ait plus un esprit d’entreprendre à Mayotte et ne pas juste attendre que le gouvernement fasse tout. Et puis de l’autre côté, si on veut que les choses évoluent, il faut faire les infrastructures nécessaires, construire des routes, mais cela nécessite une bonne volonté de la part de tous…

M.H. : Tout au long de votre carrière, vous avez fait face à quels types de difficultés ?

I.N. : Il y a beaucoup de jalousie, beaucoup ne veulent pas que Mayotte avance, ni que les autres évoluent. Mon fils et mes petits-enfants ne vivent pas ici donc si je fais tout cela c’est pour la population mahoraise. Je pense que certaines personnes essayent de me bloquer sans raison, c’est juste parce que je suis Ida Nel et que j’ai fait beaucoup de choses. Il faut laisser les gens qui veulent entreprendre le faire tranquillement. Je ne veux pas que dans trente ans on parle encore des mêmes problèmes. Cependant, quand je pense à l’avenir, je reste positive.

DEUX DATES IMPORTANTES POUR IDA NEL

1988 : « C’est l’année où le ministre des Outre-mer de l‘époque, Bernard Pons, a dit que Mayotte va se développer. Je pense que tout s’est accéléré à ce moment-là, à partir de cette date Mayotte avançait à grand pas. »

2013 : « C’est quand j’ai repris le port, au mois de novembre. On était un peu naïfs car on ne pensait pas que ça aurait été aussi compliqué, qu’il y aurait autant de freins. »

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UNE ÎLE EN TRAVAUX

Agnès Jouanique

LE CUFR À LA CHASSE AUX PERTES ÉNERGÉTIQUES

AFIN D'AMÉLIORER LES PERFORMANCES ENVIRONNEMENTALES ET ÉNERGÉTIQUES DE SON PATRIMOINE IMMOBILIER, LE CENTRE UNIVERSITAIRE DE FORMATION ET DE RECHERCHE (CUFR) DE MAYOTTE MÈNE ACTUELLEMENT UN PROGRAMME DE RÉNOVATION DE SES BÂTIMENTS. CETTE OPÉRATION VISANT À RÉNOVER LES BÂTIMENTS CONSTRUITS IL Y A 22 ANS, S'INSCRIT DANS UNE DÉMARCHE ENVIRONNEMENTALE GLOBALE ET SERA INTÉGRALEMENT LIVRÉE D'ICI FIN JUILLET 2023.

Les bâtis d’une université représentent un enjeu majeur dans la qualité des enseignements, des conditions de formation et des activités de recherche. C'est donc dans l'optique de pérenniser le patrimoine immobilier que ce sont menés ces travaux. « Ce projet est articulé autour de trois axes, à savoir la performance énergétique, la performance environnementale et la sensibilisation des usagers sur la transition écologique », explique Soulaïmana Madi Ali, responsable patrimoine et logistique à l'université.

LES PERFORMANCES AU CŒUR DES TRAVAUX

Le projet de rénovation énergétique du centre universitaire concerne à 90 % le bâtiment principal de 2.450 m². Les principaux travaux menés dans la trentaine de pièces portent

sur « le renouvellement complet des équipements énergétiques comme les climatisations, l'éclairage mais aussi le changement des menuiseries. Nous avons fait le choix d'en installer des nouveaux à haute efficacité énergétique », ajoute-t-il. Des brasseurs d'air ont également été installés, dans le but de dispenser l'activation de la climatisation en saison hivernale. Afin de compléter la démarche, une commande centralisée des climatiseurs, avec remontée des consommations en temps réel sera installée. En sus de cette technologie, « un système de supervision avec catégorisation par type de consommation et par bâtiment » sera également mis en place. Une façon de mieux suivre les consommations et ainsi d'éviter les utilisations inadéquates.

En vue de mieux s'ancrer dans la démarche d'une performance environnementale, l'établissement a eu recours

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Le nouveau bardage bois du CUFR permet une atténuation de l'ensoleillement direct.

à des matériaux à faible impact carbone. « Le bois est très présent dans cette rénovation, avec du bardage bois pour l'isolation thermique et de la fibre de bois pour l'isolation des plafonds », complète le responsable. Un autre matériau à faible impact, le liège, utilisé pour la première fois sur un chantier à Mayotte, permettra l'isolation thermique des toits-terrasses. 315 m² de panneaux photovoltaïques seront également installés sur la toiture du centre universitaire. Ce recours aux énergies renouvelables pourra alimenter en électricité l'établissement à hauteur de « 25 % de sa consommation », confirme le responsable.

Ce projet, d'un montant global de trois millions d'euros, a vu le jour dans le cadre de l'obtention de fonds du plan France Relance 2020-2022. En outre, il permettra un gain énergétique de 330 MWh/an, une réduction des émissions de CO² de 230 tonnes/an mais aussi une économie sur la facture énergétique, d'environ 65 %.

UN CHANTIER ET DES ÉLÈVES

Ces travaux de rénovation énergétique ont débuté en février 2022. Depuis le lancement, le centre universitaire a fait le choix de les réaliser tout en maintenant ses activités d'enseignement et de recherche. « Nous avons, dès le démarrage, associé les encadrants dans la phase d'études et nous avons mis en place un calendrier des travaux afin d'impacter au minimum les cours », déclare Soulaïmana Madi Ali. Si la sobriété énergétique est aujourd’hui incontournable pour s’inscrire dans une démarche environnementale, cette rénovation des locaux, des salles de classe ou encore du laboratoire, bénéficiera également aux 2.000 étudiants du centre en améliorant leurs conditions de vie étudiante.

VERS UN FUTUR CAMPUS UNIVERSITAIRE ?

A ce jour, le centre universitaire se trouve face à un foncier saturé. La référence nationale en termes de mètres carrés par étudiant est de 3,5, à Mayotte nous sommes à 2 m². Il y a donc une nécessité de développer les infrastructures et les bâtiments. « Nous sommes passés de 400 étudiants inscrits en 2012, à 2.000 à cette rentrée 2022. A horizon 2032, nous attendons 4.000 étudiants », confie le responsable patrimoine et logistique. Cette augmentation des effectifs nécessite donc de nouveaux investissements immobiliers. Dans ce cadre, le centre universitaire a obtenu, via le contrat de convergence et de transformation, une enveloppe de 6,5 millions d'euros dans le but de construire une extension afin de répondre à l'urgence. Cette extension de 1.000 m² comportera un amphithéâtre modulable, des salles de cours et des bureaux. Sa livraison est prévue fin 2024.

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Les menuiseries sont intégralement changées.

LES RAMASSEURS DE DÉCHETS MOBILISÉS À KAWÉNI, SAMEDI

DERNIER

La saison des pluies et ses grosses averses amènent souvent avec elles une descente des détritus présents dans les hauteurs des villages, à l’image de la pluie qui a touché Kawéni, le jeudi 29 décembre. L’averse d’une trentaine de minutes a déversé tous les déchets présents en amont jusqu’en aval du village, là où tout a été récupéré. Pour endiguer ce problème, une opération de nettoyage est organisée, ce samedi 7 janvier, à Kawéni.

Pourquoi est organisée cette opération ? Cette action de nettoyage et de sensibilisation est organisée pour lutter contre l’insalubrité accentuée par la saison des pluies. Elle était programmée initialement courant janvier, avant le début des précipitations. « L’intense pluie qui a eu lieu jeudi et qui a fait descendre tous ces déchets nous a pris de court », reconnaît Ambdilwahedou Soumaïla, le maire de Mamoudzou. Cette première opération de l’année est une réelle « cause communale » et une « réflexion qui sera complétée à l’avenir avec une répétition de ces actions et potentiellement la mise en place d’un contrat d’objectifs »

Quels sont les objectifs de cette opération ?

L’événement est coorganisé par la ville de Mamoudzou, la Cadema (communauté d’agglomération Dembéni-Mamoudzou) et des associations de Kawéni. En plus de nettoyer les hauteurs du village, il a pour but de sensibiliser les habitants des différents quartiers aux enjeux de la propreté urbaine

et ainsi, réduire le flux de déchets produits en amont. Cette opération s’ancre dans la préservation de la biodiversité du territoire et de sa préservation. En complément, tout au long de cette semaine, les équipes de la Cadema se sont mobilisées pour mener une action de sensibilisation auprès des habitants des zones situées en amont. « Il faut impliquer les habitants de ces quartiers et insister sur la sensibilisation auprès d’eux », affirme le maire.

Qui est mobilisé ?

Afin de réaliser cette journée de ramassage des déchets, « une douzaine d’associations se mobilisent », confirme le maire de Mamoudzou. Wenka Culture, ABK, Kawéni Nouvelle air, SOP Mangatélé, association des jeunes talents, Bouge-toi pour ta santé, association des producteurs maraichers de Kawéni, étoile bleue de Kawéni, amis des îles, action coup de pouce ou encore ACEKB font partie des associations ayant répondu présentes pour cette action aux côtés des collectivités.

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Dans quels secteurs les ramasseurs vont passer ? La zone de ramassage des déchets s’étend de Mangatélé à Mahabourini. Ce sont donc quatre secteurs qui sont concernés, à savoir Mahabourini Ravine, Mangatélé, Cascade – Haut Ravine et Haut Kakal. L’action débutera justement par la rue Zamantalé, devant le Sénat bleu de Mahabourini.

Comment se déroulera la journée ?

Ce samedi 7 janvier, « tous les habitants sont invités à participer à cette opération. Le rendez-vous est donné à 6h au

niveau de la Maison du projet à Kawéni », annonce le premier magistrat de la commune. Pendant plusieurs heures, les habitants présents et quelques 360 bénévoles (adhérents à l’une des associations) s’attelleront à la difficile tâche du ramassage de déchets de tous types. n

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LISEZ MAYOTTE LA BD (4/6) : MAYOTTE EN TROIS CASES

AGRÉGÉ DE LETTRES MODERNES ET DOCTEUR EN LITTÉRATURES FRANCOPHONES, CHRISTOPHE COSKER EST L’AUTEUR DE NOMBREUX OUVRAGES DE RÉFÉRENCE SUR LA LITTÉRATURE DE L’ÎLE AUX PARFUMS, NOTAMMENT UNE PETITE HISTOIRE DES LETTRES FRANCOPHONES À MAYOTTE (2015) DONT IL REPREND, APPROFONDIT ET ACTUALISE, DANS CETTE CHRONIQUE LITTÉRAIRE, LA MATIÈRE.

L’un des deux plus célèbres dessinateurs de Mayotte est, avec Vincent Liétar, Cyrille Le Corre. Il publie, entre 2011 et 2012, trois recueils intitulés respectivement : « Sur la route de la bouénification », « Un Vent de révolte » et « La Reprise du travail ». Le premier est noir, le deuxième rouge et le dernier vert ; il s’agit d’un format rectangulaire à l’italienne parce que la formule de l’auteur est celle d’un strip de trois cases carrées qui se suivent. Il est à noter que ces dessins ont précédemment été publiés dans la presse. Voici comment l’auteur présente le premier volume : « Ce recueil rassemble les cent premiers Comic strips publiés la première année d’existence du journal Albalad à Mayotte, entre les mois de septembre 2010 et le mois de mai 2011. La vente de l’album « Les Bouénis, Tome 1 : sur la route de la bouénification » est à but non lucratif. En effet, les bénéfices permettront de financer en partie la création de la première école des Arts Visuels de Mayotte dont l’ouverture est prévue pour la rentrée scolaire 2012. »

Cyrille Le Corre invente le personnage de le bweni, autrement dit « femme » en langue vernaculaire. Poussons plus loin l’enquête lexicographique grâce au dictionnaire de Sophie Blanchy qui indique que le terme

signifie aussi, de façon distinguée, « dame » ou « madame ». Mais c’est moins cette acception qui intéresse l’auteur que celle, plus populaire, qui fait de la bweni une femme plantureuse en accord avec les canons de beauté traditionnelle en vigueur à Mayotte, en particulier l’embonpoint. Le néologisme bouénification indique, dans l’économie de l’œuvre, la transformation en femme. Mais ce n’est pas non plus un hasard s’il rime avec le mot départementalisation, la grande obsession de Mayotte.

Le premier dessin par lequel le lecteur découvre le bédéiste lui fait comprendre que les caractéristiques du style de l’auteur sont la simplicité de l’image et l’esprit des répliques. Ainsi voit-on une bweni porter une carte de Mayotte sur son dos et dire, en trois temps », d’abord « Mayotte est une société matriarcale », puis « C’est facile à dire… » et enfin « mais pas facile à porter !!! ». Avec économie de moyen, l’auteur varie seulement le cadrage pour montrer progressivement la taille de l’île et faire sentir au lecteur le poids qui va avec, il opte ensuite pour un dessin symbolique qui redonne au contenu des bulles son sens premier. En effet, si Mayotte

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Cyrille le Corre, Les Bouénis, 2011.
LITTÉRATURE
Ce recueil rassemble les 100 premiers comic strips publiés pendant la première année d'existence du journal Albalad à Mayotte.

est une société matriarcale, alors ce sont les femmes qui portent l’île.

Les deux volumes suivants signalent un passage du journal Albalad à Mayotte Hebdo ainsi qu’à Flashinfos. En dépit de l’inconvénient qu’a pu constituer le changement de medium, Cyrille Le Corre a su trouver un nouvel espace d’expression, ou conserver le sien. Les deux volumes suivants reprennent et approfondissent donc le style de l’auteur. On y retrouve la bweni courageuse et pragmatique face aux maux de Mayotte. Ouvrant un dialogue interculturel, Cyrille Le Corre transfère culturellement le SAV de canal plus en une liaison téléphonique, non pas avec le Conseil général, mais avec le conseil « géré-mal ». On remarque aussi la présence, de plus en plus forte, de l’ironie romantique. Avec la notoriété, le dessinateur entreprend de jouer avec la formule qu’il

a créée, invitant parfois les lecteurs à remplir des bulles laissées vides.

Ce sont donc trois cents dessins de presse que Cyrille Le Corre offre au lecteur pour saisir Mayotte. Et nous faisons le lien, toutes proportions gardées tant en qualité qu’en quantité, entre ses dessins et nos textes. Les premiers visent à saisir l’air du temps à Mayotte, c’est-à-dire le présent subtil, volatile et éphémère ; les seconds visent à construire une mémoire de Mayotte, tant en mots qu’en images afin de montrer que la bibliothèque n’est pas une tour d’ivoire mais un panopticon ouvert sur le monde et que le futur se construit au présent, mais seulement pour ceux qui n’ignorent pas le passé.

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SPORT Calendriers - classements - résultats FOOTBALL Régional 1 FOOTBALL Régional 2 Dernière journée Jumeaux de Mzouazia 2–2 Bandrélé FC Diables noirs de Combani 1–3 ASC Abeilles de Mtsamboro ASC Kawéni 0–1 Tchanga SC USCP Anteou 2–1 AS Rosador de Passamaïnty AS Sada 2–1 AS Bandraboua FC Mtsapéré 2–2 AJ Kani Kéli Dernière journée UCS de Sada 2–1 FC Majicavo FC Kani Bé 1–4 AS Neige de Malamani AJ Mtsahara 2–1 US Kavani Olympique Miréréni 0–1 Foudre 2000 FC Chiconi 0–0 USCJ Koungou FC Dembéni 3–0 ASJ Moinatrindri (forfait) Equipe Pts J G N P Dif 1 FC Mtsapéré 49 22 14 7 1 +29 2 Jumeaux de Mzouazia 43 22 12 7 3 +19 3 ASC Kawéni 42 22 13 3 6 +16 4 AJ Kani Kéli 37 22 11 4 7 +12 5 Diables noirs de Combani 31 22 8 8 6 +3 6 Bandrélé FC 29 22 9 3 10 -7 7 ASC Abeilles de Mtsamboro 27 22 8 3 11 -13 8 AS Rosador de Passamaïnty 26 22 7 5 10 -2 9 USCP Anteou 22 22 5 4 13 -12 10 AS Bandraboua 21 22 6 3 13 -20 11 AS Sada 19 22 5 4 13 -15 12 Tchanga SC 19 22 6 6 10 -11 Equipe Pts J G N P Dif 1 US Kavani 41 22 11 8 3 +13 2 Foudre 2000 38 22 12 2 8 +11 3 AS Neige de Malamani 37 22 9 10 3 +11 4 FC Majicavo 36 22 10 6 6 +11 5 AJ Mtsahara 36 22 11 5 6 +12 6 FC Dembéni 32 22 8 9 5 +3 7 FC Chiconi 29 22 8 5 9 -1 8 UCS de Sada 28 22 7 7 8 -8 9 Olympique Miréréni 25 22 6 7 9 -3 10 FC Kani Bé 21 22 6 3 13 -16 11 USCJ Koungou 19 22 4 7 11 -14 12 ASJ Moinatrindri 13 22 5 1 15 -19 52 • Mayotte Hebdo • N°1026 • 13/01/20 23
FOOTBALL Régional 1 féminines Dernière journée Olympique de Sada 3–0 Wahadi ASC (forfait général) USC Labattoir 0–1 FC Mtsapéré US Kavani 0–0 AS Jumelles de Mzouazia Devils Pamandzi 2–7 Club Unicornis ASJ Handréma 1–1 ASO Espoir Chiconi Exemptées : Entente Miréréni / Tsingoni Equipe Pts J G N P Dif 1 AS Jumelles de Mzouazia 47 18 15 2 1 +67 2 Club Unicornis 43 18 13 4 1 +53 3 FC Mtsapéré 38 17 12 3 2 +43 4 USC Labattoir 32 18 10 2 6 -4 5 ASJ Handréma 25 18 7 4 7 -17 6 Devils Pamandzi 21 18 6 3 9 -37 7 Entente Miréréni / Tsingoni 20 18 6 2 10 -10 8 ASO Espoir de Chiconi 14 18 4 2 12 -21 9 Olympique de Sada 13 18 4 2 11 -22 10 US Kavani 2 18 0 2 16 -56 11 Wahadi ASC 0 0 0 0 0 0 FOOTBALL Régional 1 Entreprises Dernière journée AS Colas 2–1 ASC Sodifram CHM Foot 1–5 Entente CPSM Mlezi Maoré – OGC Tilt SOS AS Cuisibains 1–1 Mayotte air service ASP Maison d’arrêt (forfait général) – Mairie de Mamoudzou ASC Préféduc 3–1 AS Emca Equipe Pts J G N P Dif 1 AS Colas 52 21 17 2 2 +35 2 AS Cuisibains 46 21 15 2 4 +35 3 Mairie de Mamoudzou 43 21 14 2 5 +23 4 Mayotte air service 31 21 9 6 6 +17 5 AS Emca 31 21 9 4 8 +2 6 Mlezi Maoré 27 19 7 7 5 -1 7 Entente CPSM 27 20 9 0 11 -2 8 ASC Sodifram 19 20 5 4 11 -6 9 OGC Tilt SOS 18 20 5 4 11 -19 10 ASC Préféduc 16 21 5 2 14 -17 11 CHM Foot 12 21 2 6 13 -48 12 ASP Maison d’arrêt -1 10 0 1 7 -24 53 • Mayotte Hebdo • N°1026 • 13/01/20 23
SPORT Calendriers - classements - résultats BASKET Prénationale féminine Journée 13 – 14 janvier 2023 Golden Force – Colorado Beetle Mtsahara Partizan BCA – Basket club Iloni Fuz’Ellips de Cavani – Basket club de Mtsapéré Chicago club de Mamoudzou – Magic basket de Passamaïnty Equipe Pts J G P Dif 1 Basket club de Mtsapéré 19 10 9 1 +281 2 Fuz'Ellips de Cavani 16 8 8 0 +347 3 Magic Basket Passamaïnty 15 10 6 3 +123 4 Golden Force 14 9 5 4 +47 5 Chicago club de Mamoudzou 14 10 4 6 -14 6 Basket club Iloni 11 10 1 9 -301 7 Partizan BCA 11 9 2 7 -253 8 Colorado Beetle Mtsahara 10 8 2 6 -230 BASKET Prénationale masculine Journée 14 – 7 et 8 janvier 2023 Rapides Éclairs – Basket club de Mtsapéré TCO Mamoudzou – Colorado Beetle Mtsahara Jeunesse Canon 2000 – Vautour club Labattoir Basket club de Tsararano – Étoile bleue de Kawéni Fuz’Ellips de Cavani – Gladiator de Doujani Equipe Pts J G P Dif 1 Vautour club de Labattoir 26 14 12 2 +237 2 Basket club de Mtsapéré 25 13 12 1 +145 3 Étoile bleue de Kawéni 25 14 11 3 +233 4 Fuz'Ellips de Cavani 21 14 7 7 +11 5 TCO Mamoudzou 20 14 6 8 +47 6 Gladiator de Doujani 19 13 6 7 +8 7 Rapides Éclairs 17 11 6 5 +6 8 Colorado Beetle Mtsahara 16 13 3 10 -269 9 Basket club de Tsararano 15 13 2 11 -239 10 Jeunesse Canon 2000 12 13 1 10 -179 54 • Mayotte Hebdo • N°1026 • 13/01/20 23
13 TCO Mamoudzou 36–40 AJH Tsimkoura CH Combani 44–29 AC Chiconi AJH Koungou 37–24 Sohoa Handball Bandraboua HC 31–25 HC Kani Kéli
14 janvier AC Chiconi – AJH Tsimkoura TCO Mamoudzou – AJH Koungou Sohoa Handball – Bandraboua HC HC Kani Kéli – CH Combani Equipe Pts J G N P Dif 1 AJH Tsimkoura 34 12 11 0 1 +71 2 CH Combani 31 11 10 0 1 +152 3 TCO Mamoudzou 30 12 9 0 3 +64 4 HC Kani Kéli 25 12 6 1 5 +20 5 Bandraboua HC 24 13 5 1 7 -23 6 Sohoa Handball 19 13 3 0 10 -104 7 AC Chiconi 16 12 2 0 10 -68 8 AJH Koungou 15 13 2 0 11 -112
ASC Tsingoni 27–27 HC Bandrélé PC Bouéni 25–25 Tchanga Handball Haima Sada 33–32 HC Labattoir HC Acoua 43–30 Alakarabu Hand
HC Bandrélé – PC Bouéni Alakarabu Hand – Haima Sada HC Labattoir – ASC Tsingoni Tchanga Handball – HC Acoua Equipe Pts J G N P Dif 1 ASC Tsingoni 34 12 10 2 0 +119 2 HC Bandrélé 32 13 9 1 3 +44 3 Tchanga Handball 30 12 8 2 2 +52 4 HC Acoua 30 13 7 1 5 +33 5 PC Bouéni 24 13 5 2 6 -21 6 Haima Sada 19 13 4 0 9 -54 7 HC Labattoir 18 13 4 0 9 -2 8 Alakarabu Hand 15 13 1 0 12 -171 HANDBALL Prénationale féminine Journée 13 ASC Tsingoni 27–24 CH Combani HC Kani Kéli 33–23 Moinatrindri HC HC Passamaïnty – AJH Tsimkoura TCO Mamoudzou 25–28 Haima Sada PC Bouéni 37–24 Doujani HC HC Bandrélé – HC Select 976 Journée 14 – 14 et 15 janvier AJH Tsimkoura – TCO Mamoudzou PC Bouéni – HC Bandrélé Moinatrindri HC – HC Passamaïnty HC Select 976 – HC Kani Kéli Doujani HC – CH Combani Haima Sada – ASC Tsingoni Equipe Pts J G N P Dif 1 ASC Tsingoni 39 13 13 0 0 +188 2 HC Select 976 30 11 9 1 1 +131 3 PC Bouéni 28 12 8 1 3 +20 4 CH Combani 27 12 8 0 4 +72 5 Haima Sada 27 12 7 1 4 +25 6 HC Bandrélé 24 11 6 1 4 +16 7 HC Kani Kéli 23 12 5 1 6 -6 8 Doujani HC 15 12 2 0 10 -69 9 TCO Mamoudzou 14 12 2 0 10 -95 10 Moinatrindri HC 14 12 2 0 10 -141 11 AJH Tsimkoura 14 9 2 1 6 -67 12 HC Passamaïnty 12 10 2 0 8 -74 55 • Mayotte Hebdo • N°1026 • 13/01/20 23
HANDBALL Prénationale Poule A Journée
Dernière journée – Samedi
HANDBALL Prénationale Poule B Journée 13
Dernière journée – 13 au 15 janvier

MAGAZINE D’INFORMATION

NUMÉRIQUE HEBDOMADAIRE

Edité par la SARL Somapresse au capital de 20 000 euros

7, rue Salamani Cavani M’tsapéré BP 60 - 97600 Mamoudzou Tél. : 0269 61 20 04 redaction@somapresse.com

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Rédacteur en chef Axel Nodinot

Couverture : Les 30 personnalités les plus influentes de Mayotte

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Axel Nodinot Jéromine Doux Raïnat Aliloiffa Alexis Duclos Said Issouf Lucas Philippe Agnès Jouanique Hilda Ali

Direction artistique Franco di Sangro

Graphistes/Maquettistes Olivier Baron, Franco di Sangro

Commerciaux Cédric Denaud, Murielle Turlan

Comptabilité

Catherine Chiggiato comptabilite@somapresse.com

Première parution

Vendredi 31 mars 2000 ISSN : 1288 - 1716

RCS : n° 9757/2000 N° de Siret : 024 061 970 000 18 N°CPPAP : 0121 I 92960

Site internet www.mayottehebdo.com

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