SOURCE vol 20 no 2

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Le magazine de l’eau au QuĂ©bec www.magazinesource.cc PRINTEMPS2024, vol. 20, n o 2 Convention de la poste-publications n o 41122591 14 Vers une tarification stratĂ©gique des services d’eau municipaux 13 RĂ©seaux d’eau potable : pathologies, diagnostics et interventions 20 La Ville de Rigaud et la plateforme Nerri Municipal : un mariage rĂ©ussi REPORTAGE EXCLUSIF TENONS-NOUS L’EAU POUR ACQUISE ?

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Pas moins de 41 % des millĂ©nariaux estiment qu’il est trĂšs probable que l’accĂšs Ă  l’eau potable soit affectĂ© par les changements climatiques, alors que ce pourcentage diminue Ă  35 % chez les personnes de la gĂ©nĂ©ration X et Ă  27 % chez les

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Le
de l’eau au QuĂ©bec
magazine
chroniques reportage SOMMAIRE
PRINTEMPS2024, vol. 20, n o 2 LE MAGAZINE DE L’EAU AU QUÉBEC SOURCEVOL. 20 N O 2 PRINTEMPS 2024 4 Ce magazine est imprimĂ© sur papier Ă  contenu recyclĂ©. TRAITEMENT DES EAUX LA MESURE EN TEMPS RÉEL DE LA DEMANDE BIOLOGIQUE EN OXYGÈNE 18 RÉSEAU ENVIRONNEMENT VERS UNE TARIFICATION STRATÉGIQUE DES SERVICES D’EAU MUNICIPAUX 14 CERIU RÉSEAUX D’EAU POTABLE : PATHOL OGIES, DIAGNOSTICS ET INTERVENTIONS 13 CPEQ LES REDEVANCES POUR L’UTILISATION DE L’EAU ET LE CUMUL DES TARIFICATIONS ENVIRONNEMENTALES 16
baby-boomers. 8 23 LES AMIS DE SOURCE S LESBONS CONTACTS 22 LE JURIDIQUE LES COMPOSÉS PER- ET POLYFLUOROALKYLÉS : MISE À JOUR RÉGLEMENTAIRE 20 SUR LE RADAR LA VILLE DE RIGAUD ET LA PLATEFORME NERRI MUNICIPAL : UN MARIAGE RÉUSSI

NOUVEAUSITE INTERNET

EAU:

LES EFFETS PERVERS DE L’ABONDANCE

Aqueducs en mauvais ou en trĂšs mauvais Ă©tat qui requiĂšrent des investissements. Consommation excessive de l’eau par individu. Usines de traitement des eaux usĂ©es qui ont besoin de nouvelles technologies pour Ă©liminer plusieurs nouveaux contaminants nuisibles Ă  la santĂ© de nos lacs et de nos riviĂšres. Le tout, sur fond de changements climatiques, avec des Ă©pisodes de temps chaud et sec qui rĂ©duisent le niveau de nos cours d’eau. Si la ressource est abondante au QuĂ©bec, il m’apparaĂźt clair que nous nous sommes habituĂ©s Ă  ce privilĂšge et que nous l’utilisons comme s’il n’y avait pas de lendemain.

C’

est ce qui me frappe en lisant le reportage de notre plus rĂ©cente Ă©dition, « Tenons-nous l’eau pour acquise ? ». Comme souvent, l’humain commence Ă  rĂ©aliser la valeur de ce qu’il a une fois qu’il est en train de le perdre. Au QuĂ©bec, nous sommes habituĂ©s Ă  ouvrir le robinet et Ă  y voir l’eau couler. On ne peut imaginer qu’il en soit autrement.

Or, la rĂ©alitĂ© est bien diffĂ©rente dans plusieurs autres endroits du monde. Pour ĂȘtre personnellement actif dans le domaine de la restauration au Mexique, j’ai vu des pĂ©riodes oĂč quatre ou cinq jours pouvaient s’écouler sans qu’une goutte d’eau sorte du robinet. Et je ne parle mĂȘme pas d’eau potable. Au Mexique, la population doit acheter de l’eau embouteillĂ©e pour Ă©tancher sa soif. Non, je parle d’une eau impropre Ă  la consommation, qu’on utilise pour laver la vaisselle, pour tirer la chasse d’eau et pour prendre sa douche. Si l’eau ne coule plus du robinet, il faut courir derriĂšre le camion-citerne dans la rue, pesos en main, pour convaincre le chauffeur de venir remplir notre rĂ©servoir d’eau personnel plutĂŽt que celui du voisin. Cette situation, elle se vit au Mexique, un pays Ă  l’économie Ă©mergente.

André Dumouchel adumouchel@maya.cc

Si la population du QuĂ©bec peut difficilement imaginer vivre une telle rĂ©alitĂ©, certaines municipalitĂ©s commencent nĂ©anmoins Ă  ĂȘtre confrontĂ©es Ă  des Ă©pisodes de canicules estivales oĂč l’eau se fait rare. Des incidents qui risquent de se produire de plus en plus souvent en raison des changements climatiques. Personnellement, j’apprĂ©hende particuliĂšrement l’étĂ© qui est Ă  nos portes, alors que la neige, peu abondante l’hiver dernier, n’est pas venue regorger d’eau les lacs et les riviĂšres du QuĂ©bec.

En mĂȘme temps, ĂȘtre confrontĂ©s Ă  cette raretĂ© nous servira peut-ĂȘtre de moteur pour passer Ă  l’action. Ressource essentielle Ă  la vie, l’eau n’est pas inĂ©puisable, et son processus pour la rendre potable a un coĂ»t.

Le reportage du dernier numĂ©ro du magazine Source, publiĂ© Ă  l’hiver dernier, « La toilette n’est pas une poubelle ! », me revient aussi en tĂȘte. Je pense plus spĂ©cifiquement Ă  la citation de Gregory Pratte, expert en information, sensibilisation et Ă©ducation dans le domaine de l’environnement. À propos de l’eau potable, il soulignait : « Nous y avons tellement accĂšs que nous y lavons notre linge. Nous alimentons nos toilettes et prenons nos douches avec de l’eau potable. Il faut ĂȘtre riches en tabarouette pour faire ça ! ».

Aussi, laisser les infrastructures se dĂ©tĂ©riorer pourrait nous mener tout droit vers la catastrophe. Sommes-nous prĂȘts, collectivement, Ă  prendre le risque de nous retrouver avec un Walkerton quĂ©bĂ©cois ? C’était il y a 24 ans : le rĂ©seau d’aqueduc de cette ville ontarienne avait Ă©tĂ© contaminĂ© par la bactĂ©rie E. coli, une situation qui a coĂ»tĂ© la vie Ă  sept personnes, en plus d’en rendre 2 300 malades. Plus on laisse les infrastructures se dĂ©grader, plus on joue avec le feu. Il ne s’agit plus juste d’une question d’environnement, c’est dĂ©sormais un enjeu de santĂ© publique.

D’ailleurs, comme vous le lirez Ă  la page 14 de cette parution, RĂ©seau Environnement, en collaboration avec le ministĂšre des Affaires municipales et de l’Habitation, sera en tournĂ©e rĂ©gionale de sensibilisation aux modes de financement des services d’eau Ă  l’intention des Ă©lus municipaux ce printemps. Il y sera notamment question de tarification volumĂ©trique, de taxe fonciĂšre gĂ©nĂ©rale, de taxe spĂ©ciale, etc. Il m’apparaĂźt trĂšs important que les Ă©lus des diffĂ©rentes municipalitĂ©s y assistent en grand nombre, qu’ils soient adeptes de la calculatrice ou non.

S’il faut trouver des façons de financer les travaux d’infrastructure en eau, il faudra aussi probablement revoir certaines de nos façons de vivre Ă  long terme. A-t-on vraiment besoin de faire nos besoins dans de l’eau potable ? Il faudra prendre des dĂ©cisions qui font mal Ă©conomiquement, mais qui sont essentielles. Parce que si le Canada a la chance de dĂ©tenir 20 % des ressources en eau douce de la Terre, il a aussi la responsabilitĂ© d’en prendre soin. Notre pays doit ĂȘtre assez grand pour ça n

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LE MAGAZINE DE L’EAU AU QUÉBEC SOURCE VOL. 20 N O 2 PRINTEMPS 2024 6

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Le Canada est un pays privilĂ©giĂ© lorsqu’on parle des ressources en eau douce. La population canadienne peut aussi se considĂ©rer chanceuse d’avoir cet accĂšs Ă  l’eau, dont bien des rĂ©sidents d’autres pays sont jaloux. Mais tenons-nous l’or bleu pour acquis ? Faisons-nous ce qu’il faut pour maintenir l’accĂšs Ă  cette ressource et en assurer la qualitĂ© ?

Alors que la grande majoritĂ© de la population canadienne est consciente que le pays est particuliĂšrement riche en eau douce – les Grands Lacs et le ïŹ‚euve Saint-Laurent reprĂ©sentent 20 % des ressources de la Terre –, prĂšs du tiers pense que tous les habitants du Canada ont un accĂšs Ă©quitable Ă  l’eau potable. C’est ce qui ressort d’un sondage rĂ©alisĂ© pour la Fondation One Drop auprĂšs de plus de 1500 adultes canadiens.

« Le gouvernement fĂ©dĂ©ral fait beaucoup d’efforts pour amĂ©liorer la situation, mais prĂ©sentement, l’eau n’est pas potable dans 26 communautĂ©s autochtones au Canada, un pays du G7 entourĂ© d’eau », afïŹrme Lisa Clowery, co-cheffe de la direction de One Drop, qui a créé le Programme autochtone des alliĂ©s pour l’eau. Les efforts du gouvernement ont d’ailleurs portĂ© leurs fruits au QuĂ©bec puisque les avis Ă  long terme concernant la qualitĂ© de l’eau potable ont Ă©tĂ© levĂ©s. La

majorité des communautés touchées actuellement sont situées en Ontario, mais il y en a aussi en Saskatchewan, au Manitoba et à Terre-Neuve.

Pour quelle raison ces communautĂ©s n’ont-elles pas d’eau potable ? « En majoritĂ©, c’est parce que leurs infrastructures ne sont pas adĂ©quates, explique Lisa Clowery. On parle de plusieurs millions de dollars par annĂ©e pour les maintenir. Il faut trouver des solutions pour protĂ©ger la ressource et ïŹnancer les travaux. »

Le gouvernement fédéral en action

Pas moins de 86 % des Canadiens considĂšrent d’ailleurs que la responsabilitĂ© de protĂ©ger les ressources en eau revient au gouvernement, rĂ©vĂšle le mĂȘme sondage rĂ©alisĂ© pour One Drop.

Ce gouvernement, il passe Ă  l’action. Dans les derniers mois, le fĂ©dĂ©ral a créé l’Agence canadienne de l’eau, dont le siĂšge social est Ă  Winnipeg. Son grand objectif : garantir la sĂ©curitĂ©, la propretĂ© et la bonne gestion de l’eau douce au pays. En plus de diriger la modernisation de la Loi sur les ressources en eau du Canada , notamment pour prendre en considĂ©ration les changements climatiques et les droits des peuples autochtones, elle s’occupe de mettre en Ɠuvre une version renforcĂ©e du Plan d’action sur l’eau douce. Il est question, entre autres, de permettre la rĂ©alisation d’initiatives rĂ©gionales relatives aux Ă©cosystĂšmes d’eau douce dans les plans d’eau d’importance nationale, comme le ïŹ‚euve Saint-Laurent et les Grands Lacs.

« Avant, chaque province jouait son rĂŽle dans le domaine de l’eau potable, mais il y a maintenant une voix canadienne, et je pense que cela fera une

REPORTAGE LE MAGAZINE DE L’EAU AU QUÉBEC SOURCE VOL. 20 N O 2 PRINTEMPS 2024 8
spéciale
Martine Letarte Collaboration

diffĂ©rence, croit Lisa Clowery. C’est important que le gouvernement aille de l’avant, mais je pense tout de mĂȘme que les entreprises et les individus ont un rĂŽle important Ă  jouer dans la protection de nos ressources en eau. »

MĂȘme si le Canada est privilĂ©giĂ© dans le domaine de l’eau, l’inquiĂ©tude monte dans la population, surtout chez les jeunes. Le sondage de One Drop rĂ©vĂšle d’ailleurs que pas moins de 41 % des millĂ©nariaux estiment qu’il est trĂšs probable que l’accĂšs Ă  l’eau potable soit affectĂ© par les changements climatiques, alors que ce pourcentage diminue Ă  35 % chez les personnes de la gĂ©nĂ©ration X et Ă  27 % chez les babyboomers.

Une prise de conscience quant Ă  l’importance de protĂ©ger notre ressource en eau se fait aussi du cĂŽtĂ© du secteur privĂ©. « Les entreprises tiennent de plus en plus compte des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), affirme Lisa Clowery. Elles doivent rendre des comptes Ă  leurs investisseurs et, de plus en plus, elles agissent dans une perspective durable alors qu’avant, il y a eu beaucoup d’abus. Mais il

reste encore beaucoup de travail à faire. On a besoin de plus de réglementations. »

Québec agit auprÚs des entreprises

Le gouvernement quĂ©bĂ©cois a d’ailleurs dĂ©cidĂ© d’agir auprĂšs des entreprises. Depuis le 1er janvier, le RĂšglement sur la redevance exigible pour l’utilisation de l’eau a Ă©tĂ© modiïŹĂ©. Pour les entreprises qui intĂšgrent une grande partie de l’eau qu’elles prĂ©lĂšvent dans leurs produits, le tarif est passĂ© de 70 $ le million de litres d’eau Ă  150 $. Les embouteilleurs doivent y ajouter 350 $ par million de litres d’eau. Pour les entreprises qui utilisent une grande quantitĂ© d’eau dans leurs procĂ©dĂ©s, mais qui la dĂ©versent ensuite dans un cours d’eau, la redevance est passĂ©e de 2,50 $ par million de litres Ă  35 $.

De plus, depuis le dĂ©but de l’annĂ©e, le ministĂšre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) rend publiques les dĂ©clarations des prĂ©lĂšvements d’eau des entreprises assujetties aux redevances. Une

mesure demandĂ©e depuis longtemps par les organisations environnementales. Et ce n’est pas terminĂ©. Si ce rĂšglement touche actuellement les entreprises qui consomment au moins 75 000 litres d’eau par jour, ce seuil sera abaissĂ© Ă  50 000 en 2026.

La hausse des redevances sur l’eau rĂ©alisĂ©e par le gouvernement du QuĂ©bec sert Ă  financer le nouveau Fonds bleu, qui sera dotĂ© d’un budget initial de 500 millions de dollars sur cinq ans. Ce fonds financera des initiatives pour protĂ©ger, restaurer et mettre l’eau en valeur.

RĂ©seau Environnement, le plus grand regroupement de spĂ©cialistes en environnement au QuĂ©bec, notamment dans le secteur de l’eau, a collaborĂ© avec le MELCCFP dans les derniĂšres annĂ©es et a dĂ©posĂ© un mĂ©moire pour la rĂ©vision des redevances exigibles pour l’utilisation de l’eau.

« Il reste encore du chemin Ă  faire pour protĂ©ger la ressource en eau au QuĂ©bec, mais l’augmentation trĂšs importante des redevances pour les industries qui prĂ©lĂšvent de grandes quantitĂ©s d’eau vient donner un signal fort quant

REPORTAGE LE MAGAZINE DE L’EAU AU QUÉBEC SOURCE VOL. 20 N O 2 PRINTEMPS 2024 9

Ă  l’importance de cette richesse collective », affirme Mathieu Laneuville, prĂ©sident-directeur gĂ©nĂ©ral du RĂ©seau Environnement.

Il souligne aussi l’importance du travail de concertation qui se fait au Forum d’action sur l’eau, créé par le MELCCFP. On y soutient ses choix d’interventions prioritaires dans le contexte actuel, qui tient compte des changements environnementaux et climatiques. « Nous travaillons notamment Ă  cibler les projets qui auront le plus d’impact pour que le Fonds bleu puisse les soutenir », explique Mathieu Laneuville.

Des nouveaux polluants desquels tenir compte

Pour intervenir stratĂ©giquement aïŹn de mieux protĂ©ger les ressources en eau potable, le MELCCFP a effectivement besoin d’avis Ă©clairĂ©s. Parce que la situation devient toujours de plus en plus complexe.

« Pour s’assurer que nous continuerons d’avoir accĂšs Ă  une eau de qualitĂ© et [que] les prochaines gĂ©nĂ©rations aussi, il faut protĂ©ger les lacs et les riviĂšres, soutient Mathieu Laneuville. Il y a plusieurs contaminants Ă©mergents dont il faut

tenir compte, comme les microplastiques et les perfluorĂ©s. Il faut traiter les eaux usĂ©es en consĂ©quence pour s’assurer que, lorsqu’elles retournent dans les cours d’eau, elles ne causent pas de dommage. »

Florent Barbecot, professeur et chercheur au DĂ©partement des sciences de la Terre et de l’atmosphĂšre Ă  l’UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  MontrĂ©al, s’intĂ©resse justement Ă  la ressource en eau et Ă  sa qualitĂ© au fil du temps. Dans le cadre d’un projet rĂ©alisĂ© dans la ville de QuĂ©bec, qui s’approvisionne principalement dans la riviĂšre Saint-Charles, l’équipe du chercheur a pu montrer que les deux tiers de l’eau prĂ©levĂ©e venaient des eaux souterraines.

« Au QuĂ©bec, la plus grande partie de la qualitĂ© de l’eau dans les riviĂšres dĂ©pend de celle des eaux souterraines, explique M. Barbecot. Or, en ce moment, les eaux souterraines prennent quelques dizaines d’annĂ©es Ă  se renouveler. Ainsi, l’eau que nous avons actuellement dans nos riviĂšres n’a pas Ă©tĂ© affectĂ©e par tous ces contaminants Ă©mergents. Ce seront nos enfants qui verront les consĂ©quences de nos actions, d’oĂč l’importance d’anticiper et de rĂ©agir avant d’atteindre les limites de l’acceptable. »

Tout a bien changĂ© depuis la construction des usines de traitement des eaux usĂ©es au QuĂ©bec, il y a environ 40 ans. « Nous sommes rendus au QuĂ©bec Ă  l’assainissement 2.0, parce que plusieurs contaminants n’existaient pas Ă  l’époque et on n’avait pas autant de connaissances non plus, par exemple sur l’impact des apports en phosphore et en azote, prĂ©cise Mathieu Laneuville. Cette pollution cause l’eutrophisation des milieux aquatiques, soit une diminution de la biodiversitĂ© et de la qualitĂ© de l’eau. C’est ce qui se passe notamment dans les lacs qui ont des algues bleues. Mais on le voit aussi dans l’estuaire du Saint-Laurent. »

De nouvelles technologies Ă  implanter

Pour mieux lutter contre les polluants, nous pouvons certainement changer quelques comportements, mais il faudra aussi investir dans de nouvelles technologies. Par exemple, en 2008, la Ville de MontrĂ©al a dĂ©cidĂ© de construire une usine d’ozonation des eaux usĂ©es, qui dĂ©sinfectera l’eau avant de la rejeter dans le ïŹ‚euve. L’injection du gaz, selon le Service de l’eau de la Ville de MontrĂ©al, permettra d’éliminer de l’eau plus de 99,9 % des bactĂ©ries, de 96 Ă  99 % des virus et de 75 Ă  90 % des substances d’intĂ©rĂȘt Ă©mergent. Or,

REPORTAGE
LE MAGAZINE DE L’EAU AU QUÉBEC SOURCE VOL. 20 N O 2 PRINTEMPS 2024 10 Steve Grueber, - Canada www.aerzen.com/wastewater

le projet, dont les coĂ»ts ont explosĂ© et atteignent maintenant prĂšs d’un milliard de dollars, a rencontrĂ© plusieurs problĂšmes, notamment pour trouver preneurs aux appels d’offres. Sa concrĂ©tisation est maintenant prĂ©vue pour 2028.

Mathieu Laneuville remarque que plusieurs technologies peuvent ĂȘtre mises en place dans le domaine de l’eau au QuĂ©bec, mais que l’enjeu est plutĂŽt sur le plan du ïŹnancement. Pour s’attaquer Ă  ce problĂšme, RĂ©seau Environnement a rĂ©alisĂ© une estimation du rendement de l’investissement dans les infrastructures en eau au QuĂ©bec. RĂ©sultat ? Chaque dollar investi engendrerait un rendement de 1,72 $.

Pourquoi ? « Si on n’investit pas suffisamment, on risque d’ĂȘtre confrontĂ© Ă  plusieurs problĂšmes, comme des fuites d’eau potable, des contaminations, des refoulements d’égouts et des dĂ©gĂąts dans les rĂ©sidences, Ă©numĂšre Mathieu Laneuville. Il coĂ»te beaucoup moins cher d’investir suffisamment dans les infrastructures et ainsi d’éviter le plus possible ces situations d’urgence coĂ»teuses. »

Il est toutefois grand temps d’agir. « Nous avons des infrastructures municipales d’une valeur d’environ 200 milliards de dollars au QuĂ©bec, ce qui est l’une de nos plus belles richesses collectives, afïŹrme Mathieu Laneuville. Par contre, une grande partie est en mauvais ou en trĂšs mauvais Ă©tat. Il faut rattraper le dĂ©ïŹcit de maintien d’actifs pour assurer leur pĂ©rennitĂ© tout en investissant dans de nouvelles technologies pour amĂ©liorer le traitement des eaux usĂ©es. »

Il souligne qu’un ïŹnancement adĂ©quat et bien planiïŹĂ© peut aussi permettre de rĂ©aliser des Ă©conomies. « Par exemple, on peut investir pour prolonger la durĂ©e de vie d’infrastructures en mauvais Ă©tat avant qu’elles deviennent en trĂšs mauvais Ă©tat. Puis, on peut planiïŹer des travaux en mĂȘme temps sur la conduite d’eau potable, la conduite d’eau pluviale et la conduite des eaux usĂ©es pour Ă©viter d’avoir Ă  ouvrir la rue plusieurs fois et ainsi pour rĂ©duire la facture. »

Si le ïŹnancement des infrastructures est un enjeu important, il doit par ailleurs nous amener Ă  nous questionner sur notre consommation d’eau. « On consomme deux fois plus d’eau par personne au QuĂ©bec qu’en Europe, afïŹrme Mathieu Laneuville. Il y a un coĂ»t Ă  ça et il est Ă  la fois ïŹnancier et environnemental. »

L’impact des changements climatiques

Prendre soin de la ressource en eau et Ă©viter son gaspillage est particuliĂšrement important alors que les changements climatiques se font sentir. En effet, si le QuĂ©bec et le Canada sont privilĂ©giĂ©s en matiĂšre d’eau, on commence Ă  voir de plus en plus de villes quĂ©bĂ©coises en manquer. Ce fut le cas notamment en 2021 dans plusieurs municipalitĂ©s de l’Estrie et de la MontĂ©rĂ©gie, oĂč le puits individuel de certains citoyens s’est retrouvĂ© Ă  sec. En 2020, c’était la ville de QuĂ©bec qui s’assĂ©chait en raison des faibles prĂ©cipitations alors que la COVID-19 gardait les gens Ă  la maison. Le niveau de la riviĂšre Montmorency, situĂ©e dans le bassin versant qui approvisionne la ville, avait atteint un niveau particuliĂšrement bas.

« C’est trĂšs surprenant que des villes au QuĂ©bec manquent d’eau, et cela s’intensiïŹera si on n’agit pas, afïŹrme Florent Barbecot. Ce qui se passe, c’est que les changements climatiques n’apportent pas seulement une augmentation des tempĂ©ratures, mais aussi une augmentation de la variabilitĂ©. Les pĂ©riodes plus humides s’allongent, mais les sĂ©cheresses aussi, alors les impacts sont plus grands. »

Le tout, dans un contexte oĂč la population s’accroĂźt. « Cela fait qu’on doit augmenter les prĂ©lĂšvements dans les riviĂšres et, en mĂȘme temps, bĂątir davantage, ce qui diminue les surfaces oĂč l’eau peut s’inïŹltrer dans le sol », explique le chercheur.

NĂ©anmoins, il est loin d’ĂȘtre dĂ©sespĂ©rĂ© de la situation. Il est mĂȘme trĂšs optimiste. « Dans bien d’autres pays, tout est dĂ©veloppĂ© dĂ©jĂ , alors qu’au QuĂ©bec, le processus est en cours, et le MELCCFP s’intĂ©resse Ă  nos travaux et les soutient, indique Florent Barbecot. L’objectif est de cibler les municipalitĂ©s particuliĂšrement vulnĂ©rables et de les accompagner dans leur dĂ©veloppement en prĂ©servant la ressource future en eau. Comme un manque d’eau affectera le rĂŽle d’évaluation fonciĂšre, je crois que ce sera facile de sensibiliser la population et d’aller vers des solutions. »

Parce que oui, des solutions, il y en a. Et Ă  ses yeux, il est contreproductif de s’acharner sur le secteur de l’agriculture, par exemple, qui consomme beaucoup d’eau. En restreignant l’accĂšs Ă  l’eau, on mettrait en pĂ©ril la qualitĂ© et la quantitĂ© des cultures. Devoir importer nos fruits et nos lĂ©gumes susciterait davantage d’enjeux.

« Ce qu’il faut plutĂŽt, c’est augmenter les recharges des eaux souterraines pour qu’on puisse rĂ©pondre Ă  nos besoins comme sociĂ©tĂ©, indique le chercheur. On peut le faire en amĂ©nageant le territoire, par exemple en privilĂ©giant des types de cultures plus favorables Ă  l’infiltration d’eau. On peut aussi installer des tuyaux et des puits d’infiltration pour forcer l’eau des pluies Ă  retourner dans le sol et ainsi venir protĂ©ger la ressource. L’accĂšs Ă  l’eau dans l’avenir est inquiĂ©tant si on ne fait rien, mais il n’est pas inquiĂ©tant si on devient un acteur dans le cycle de l’eau. »

Autrement dit, ce n’est pas le temps de nous asseoir sur nos lauriers.

« Le QuĂ©bec peut ĂȘtre fier de la qualitĂ© de son eau potable accessible partout sur son territoire, mais nous avons besoin d’une vision pour protĂ©ger nos acquis et les maintenir, rappelle Mathieu Laneuville. Il faut sensibiliser les gens Ă  cet enjeu. Oui, tout cela a un coĂ»t, mais il faut trouver des moyens de financer les investissements nĂ©cessaires. Parce que l’eau est essentielle et elle continuera de l’ĂȘtre. » n

Eau embouteillĂ©e, du robinet ou ïŹltrĂ©e ?

« Moi, je prĂ©fĂšre toujours l’eau du robinet. L’eau ïŹltrĂ©e, on ne sait jamais si le ïŹltre a Ă©tĂ© bien entretenu et, si ce n’est pas le cas, c’est certain qu’il rejette des contaminants. Avec l’eau embouteillĂ©e, il y a l’enjeu des microplastiques. Surtout si on parle d’une bouteille en plastique mou qui a passĂ© des heures au gros soleil. L’eau du robinet, on peut la boire sans inquiĂ©tude et avec ïŹertĂ©, peu importe oĂč on est au QuĂ©bec. »

REPORTAGE LE MAGAZINE DE L’EAU AU QUÉBEC SOURCE VOL. 20 N O 2 PRINTEMPS 2024 11

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Ing., M. Ing.

Chargée de projets

Responsable du conseil permanent Infrastructures souterraines et infrastructures de surface celia.abbas@ceriu.qc.ca

ÉVALUATION DE L’ÉTAT DES CONDUITES

Le diagnostic des conduites souterraines n’est jamais facile Ă  Ă©tablir, ni celui des conduites d’eau potable, qui pose davantage de difïŹcultĂ©. Cela vient du fait que la conduite est sous pression : des interruptions au service sont souvent nĂ©cessaires pour en permettre l’accĂšs, et le risque de contamination de l’eau est toujours un facteur Ă  considĂ©rer lors de l’insertion d’équipements et de la chloration avant la remise en service de la conduite.

MISE EN CONTEXTE

En rĂ©ponse aux impĂ©ratifs liĂ©s Ă  l’entretien et au maintien des rĂ©seaux d’eau potable, et avec le soutien ïŹnancier du ministĂšre des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH), le Conseil permanent – Infrastructures souterraines a Ă©laborĂ© le manuel RĂ©seaux d’eau potable : Pathologies, diagnostics et interventions1. InspirĂ© du manuel RĂ©seauxd’égouts:Pathologies,diagnostics et interventions pour les conduites gravitaires, 2e Ă©dition2, cet ouvrage vise Ă  apporter un appui aux gestionnaires et intervenants dans la gestion des rĂ©seaux d’eau potable. Son but principal est de simpliïŹer l’identiïŹcation des dĂ©ïŹciences affectant le niveau de service, en facilitant l’évaluation de leur gravitĂ© tout en permettant de comprendre les symptĂŽmes et les causes sous-jacentes. L’objectif global est d’anticiper les consĂ©quences de ces dĂ©fauts. Le manuel prĂ©sente les techniques les plus rĂ©centes d’auscultation et de rĂ©habilitation spĂ©ciïŹquement adaptĂ©es aux rĂ©seaux d’eau potable.

Le manuel comporte sept sections, chacune traitant spĂ©cifiquement d’aspects essentiels liĂ©s aux conduites d’eau potable. Elles abordent les dĂ©ficiences et les dĂ©gradations des conduites, les facteurs influant sur leur taux de dĂ©gradation, les symptĂŽmes permettant d’en dĂ©tecter les causes, les outils d’auscultation, l’évaluation de l’état des conduites et la dĂ©termination des types d’intervention.

DÉFICIENCES ET DÉGRADATIONS DES CONDUITES

D’EAU POTABLE

AprĂšs une pĂ©riode de service, les conduites d’eau potable sont sujettes Ă  divers enjeux liĂ©s Ă  leur capacitĂ© Ă  assurer le service prĂ©vu. Les mĂ©canismes physiques menant Ă  une dĂ©ïŹcience ou Ă  la dĂ©gradation d’une conduite d’eau potable sont complexes et parfois mal interprĂ©tĂ©s. Ils peuvent ĂȘtre liĂ©s aux propriĂ©tĂ©s structurales de la conduite, au type de matĂ©riau, aux charges internes ou externes, etc.

Les dĂ©ïŹciences les plus rĂ©pandues dans les rĂ©seaux d’eau potable ayant un impact important sur le service rendu aux usagers peuvent ĂȘtre :

1 Hydrauliques : Ces types de dĂ©fauts peuvent ĂȘtre reliĂ©s Ă  la qualitĂ© de l’eau, Ă  une capacitĂ© hydraulique insufïŹsante et Ă  une pression insufïŹsante ou excessive. Ils peuvent entraĂźner des consĂ©quences signiïŹcatives, notamment une rĂ©duction de l’eau disponible pour la population, de faibles dĂ©bits lors des incendies, des bris frĂ©quents dans le rĂ©seau, une mĂ©ïŹance des usagers Ă  l’égard de la qualitĂ© de l’eau et des impacts sur la santĂ© publique. Les mesures correctrices impliquent des actions telles que la sectorisation du rĂ©seau, la rĂ©habilitation des conduites, l’installation de dispositifs antibĂ©liers et d’autres stratĂ©gies visant Ă  amĂ©liorer la qualitĂ© et la capacitĂ© du rĂ©seau.

2 Structurales : Le rĂ©seau d’eau potable peut prĂ©senter divers modes de dĂ©faillance, inïŹ‚uencĂ©s par plusieurs facteurs tels que le type de matĂ©riau utilisĂ©, l’agressivitĂ© de l’eau, l’environnement de la conduite, la qualitĂ© des travaux, etc. Les anomalies structurales les plus frĂ©quemment observĂ©es dĂ©pendent du matĂ©riau des conduites, y compris les ïŹssures, ruptures, trous, pertes d’épaisseur, etc.

ParticuliĂšrement pour les conduites en fonte, sujettes Ă  la corrosion interne et/ou externe, diverses mesures correctives doivent ĂȘtre envisagĂ©es, telles que la mise en place de la protection cathodique, le nettoyage et la rĂ©habilitation. Pour de plus amples informations sur ce sujet, veuillez consulter le Guidetechniquepourprolongerl’intĂ©gritĂ© des conduites en fonte3.

AprĂšs une certaine durĂ©e de service, il est impĂ©ratif d’évaluer pĂ©riodiquement l’état des conduites d’eau potable. Cette dĂ©marche permet de dĂ©terminer la situation de la conduite selon son cycle de vie ainsi que le risque de dĂ©faillance ou de rupture du service. Une telle analyse approfondie permet non seulement d’anticiper les consĂ©quences potentielles, mais aussi de mettre en place des mesures prĂ©ventives adĂ©quates pour maintenir la qualitĂ© et la ïŹabilitĂ© du rĂ©seau d’eau potable.

L’évaluation varie d’une mĂ©thode d’auscultation Ă  une autre. Dans certains cas, ces Ă©valuations sont factuelles et encadrĂ©es par des protocoles bien Ă©tablis, comme c’est le cas des inspections tĂ©lĂ©visuelles, ou par le Guide d’élaboration d’un plan d’intervention pour le renouvellement des conduites d’eau potable, d’égouts et de chaussĂ©es . Des indicateurs tels que le taux de bris et de fuite ou les pertes d’épaisseur sont alors pris en compte.

DÉTERMINATION DES INTERVENTIONS

Le choix des interventions à réaliser se fait en deux étapes.

= PremiÚre étape : valider les données hydrauliques et visuelles

Lorsque les anomalies et dĂ©fectuositĂ©s ou le niveau d’état rĂ©vĂšlent que la pĂ©rennitĂ© de la conduite est menacĂ©e, une analyse plus approfondie est requise. Les informations disponibles sur le rĂ©seau offrent un bon point de dĂ©part Ă  cette analyse.

= DeuxiĂšme Ă©tape : dĂ©ïŹnir les actions requises pour les interventions structurales et non structurales

AprĂšs la validation des donnĂ©es et des recommandations gĂ©nĂ©rĂ©es par les outils d’auscultation, d’autres essais jugĂ©s pertinents et plus approfondis pourront ĂȘtre effectuĂ©s pour conïŹrmer la condition des tronçons considĂ©rĂ©s comme problĂ©matiques.

ACCÈS À PLUS D’INFORMATION

Une formation intitulĂ©e Techniques pour l’entretien et le maintien des rĂ©seaux d’égouts et d’eau potable4 est Ă  votre disposition. RĂ©partie en deux modules, cette formation va bien au-delĂ  des rĂ©fĂ©rences bibliographiques prĂ©cĂ©demment citĂ©es. n

1 RĂ©seau d’eau potable – Pathologies, diagnostics et interventions

https://ceriu.qc.ca/projets/manuel-reseaux-eau-potable-pathologies-diagnostics-interventions

2 RĂ©seaux d’égouts–Pathologies,diagnosticsetinterventionspourlesconduitesgravitaires,2e Ă©dition https://ceriu.qc.ca/bibliotheque/manuel-reseaux-egouts-pathologies-diagnostics-interventionsmise-jour-2e-edition

3 Guide technique pour prolonger l’intĂ©gritĂ© des conduites en fonte https://ceriu.qc.ca/bibliotheque/guide-technique-prolonger-integrite-conduites-fonte

4 Techniques pour l’entretien et le maintien des rĂ©seaux d’égouts et d’eau potable https://ceriu.qc.ca/formations/techniques-entretien-maintien-reseaux-egouts-eau-potable/1838

CERIU
RÉSEAUX D’EAU POTABLE : PATHOLOGIES, DIAGNOSTICS ET INTERVENTIONS
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Tableau extrait du Guide du plan d’intervention selon l’indicateur EP-5

VERS UNE TARIFICATION STRATÉGIQUE DES SERVICES

D’EAU MUNICIPAUX

Mathieu Laneuville ing., M. Sc. A. Président-directeur général Réseau Environnement

mlaneuville@reseau-environnement.com

l’heure actuelle, la gestion des ressources en eau est un enjeu de plus en plus pressant pour les municipalitĂ©s du QuĂ©bec. Les Ă©lus municipaux se doivent d’ĂȘtre pleinement conscients de l’importance du financement adĂ©quat des services d’eau et des avantages d’une gestion proactive, indĂ©pendamment de la taille de leur municipalitĂ©. Dans le contexte, RĂ©seau Environnement souhaite sensibiliser les Ă©lus Ă  l’importance de dĂ©velopper des stratĂ©gies de financement adĂ©quates, Ă©quitables et pĂ©rennes pour les services d’eau municipaux.

SENSIBILISER AUX ENJEUX SPÉCIFIQUES DES SERVICES

D’EAU MUNICIPAUX

Les services d’eau des villes et municipalitĂ©s jouent un rĂŽle crucial dans la protection de la santĂ© publique, le dĂ©veloppement durable et le bienĂȘtre des communautĂ©s. Ces services, qui comprennent l’approvisionnement en eau potable, le traitement des eaux usĂ©es et la gestion des eaux pluviales, sont confrontĂ©s Ă  des dĂ©ïŹs de taille, notamment le vieillissement des infrastructures, l’augmentation de la demande, les impacts des changements climatiques et les contraintes budgĂ©taires.

Face Ă  ces dĂ©ïŹs, une gestion proactive doit prendre en compte la totalitĂ© des coĂ»ts associĂ©s aux services d’eau, spĂ©cialement le manque Ă  gagner, qui permettra de couvrir les coĂ»ts des besoins en investissement. Sensibiliser les dĂ©cideurs municipaux Ă  ces enjeux est le premier pas vers une gestion plus efïŹcace et durable de l’eau.

COMPRENDRE

LE MODÈLE D’AFFAIRES DES SERVICES

D’EAU ET SES AVANTAGES

Il est important de noter que la tariïŹcation des services d’eau ne vise pas Ă  appliquer un prix Ă  la ressource elle-mĂȘme, mais plutĂŽt Ă  ïŹnancer le rĂ©seau d’infrastructures. Ce ïŹnancement reprĂ©sente un choix rentable sur le plan Ă©conomique, en plus de crĂ©er des collectivitĂ©s plus saines, rĂ©silientes et prospĂšres. À preuve, le rendement de l’investissement est de 1,72 $ par dollar investi dans les services d’eau (Groupe AGÉCO, 2021). C’est la maniĂšre la plus sĂ»re et durable d’assurer une meilleure gestion des services d’infrastructures en eau.

D’ailleurs, diffĂ©rentes sources de revenus sont disponibles pour les services d’eau. Ces modes incluent la tariïŹcation volumĂ©trique, la redevance au dĂ©veloppement et l’entente avec les promoteurs, la taxe fonciĂšre gĂ©nĂ©rale, la taxe spĂ©ciale ou de secteur, le pouvoir gĂ©nĂ©ral de taxation ainsi que la redevance rĂ©glementaire. Tous les modes de ïŹnancement possĂšdent des implications sur l’équitĂ©, l’efïŹcacitĂ© et la durabilitĂ© des services. Ils doivent ĂȘtre soigneusement Ă©valuĂ©s pour rĂ©pondre aux besoins spĂ©ciïŹques de chaque municipalitĂ©.

RESPONSABILISER LA POPULATION

Prenons exemple sur le rĂ©seau Ă©lectrique, qui fonctionne plus ou moins de façon semblable. Avec l’augmentation des tarifs, la population est devenue plus Ă©conome en Ă©teignant les lumiĂšres inutiles, en utilisant des appareils

Source : Groupe AGÉCO (2021). Estimation du retour sur investissement pour les infrastructures en eau au QuĂ©bec : Rapport ïŹnal.

https://reseau-environnement.com/wp-content/uploads/2021/10/Estimation-du-RSI-dans-lesinfrastructures-en-eau.pdf

Ă©coĂ©nergĂ©tiques, etc. En tarifant les services d’eau, on encourage la population et les industries Ă  consommer de façon responsable et Ă  utiliser des technologies plus efïŹcaces en matiĂšre de consommation d’eau. De plus, les revenus provenant de la tariïŹcation de l’eau peuvent ĂȘtre rĂ©investis dans les infrastructures de traitement et de distribution, ce qui amĂ©liore la qualitĂ© et la disponibilitĂ© de l’eau pour l’ensemble de la population. Cet autoïŹnancement permet la pĂ©rennitĂ© du service.

Comme l’eau est un besoin essentiel, ses systĂšmes de tariïŹcation peuvent ĂȘtre conçus en prenant en compte la capacitĂ© ïŹnanciĂšre des mĂ©nages. Par exemple, des tarifs progressifs ou des programmes d’aide ïŹnanciĂšre peuvent ĂȘtre mis en place pour soutenir les personnes Ă  faible revenu et garantir qu’elles ont toujours accĂšs Ă  une quantitĂ© sufïŹsante d’eau.

N’oublions pas que l’eau est une ressource limitĂ©e. Une tariïŹcation qui en reïŹ‚Ăšte les coĂ»ts rĂ©els et qui encourage une utilisation rationnelle peut donc contribuer Ă  la durabilitĂ© des ressources. Notamment, la tariïŹcation volumĂ©trique mĂšnerait Ă  une baisse de la consommation excessive de l’eau et permettrait l’atteinte des objectifs que s’est ïŹxĂ©s l’État quĂ©bĂ©cois avec la StratĂ©gie quĂ©bĂ©coise d’économie d’eau potable 2019-2025 (SQEEP).

UNE TOURNÉE RÉGIONALE DE SENSIBILISATION EN 2024

Dans le cadre de la mise en Ɠuvre de la SQEEP, RĂ©seau Environnement, en collaboration avec le ministĂšre des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH), lance d’ailleurs cette annĂ©e une tournĂ©e rĂ©gionale de sensibilisation aux modes de ïŹnancement des services d’eau Ă  l’intention des Ă©lus municipaux. L’objectif de cette tournĂ©e est d’informer les Ă©lus et autres parties prenantes sur l’importance de l’économie d’eau potable et des diffĂ©rents modes de tariïŹcation, tout en favorisant le partage d’idĂ©es et de bonnes pratiques.

Les Ă©lus municipaux ainsi que les directeurs gĂ©nĂ©raux, directeurs des services des ïŹnances, trĂ©soriers et gestionnaires des services des ïŹnances ou des services d’eau sont invitĂ©s Ă  participer Ă  l’une des formations organisĂ©es lors de cette tournĂ©e rĂ©gionale, qui se tiendra du 25 avril au 7 juin 2024.

Ces formations seront prĂ©sentĂ©es par nos deux experts dans le domaine, Justin Leroux et RĂ©mi Dubois. Justin Leroux est professeur d’économie Ă  HEC MontrĂ©al et directeur du programme de baccalaurĂ©at en administration des affaires. Il est notamment spĂ©cialiste de la justice distributive et participe grandement Ă  l’amĂ©lioration du programme d’économie d’eau. RĂ©mi Dubois, de son cĂŽtĂ©, est directeur du service des ïŹnances Ă  la Ville de Repentigny. Il possĂšde une grande expertise dans le domaine municipal. Il est membre de l'Ordre des comptables professionnels agréés (CPA) et de la Corporation des ofïŹciers municipaux agréés du QuĂ©bec (COMAQ).

Cet Ă©vĂ©nement est essentiel pour l’avenir de nos ressources en eau et reprĂ©sente une occasion unique d’échanger et de trouver des solutions efïŹcaces et durables pour nos communautĂ©s ! n

Pour vous inscrire aux formations prévues dans le cadre de la tournée régionale, rendez-vous sur le site du Réseau Environnement.

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À
RÉSEAU ENVIRONNEMENT
Texte écrit en collaboration avec Mélyna Masse, coordinatrice technique du secteur Eau
LE MAGAZINE DE L’EAU AU QUÉBEC SOURCE VOL. 20 N O 2 PRINTEMPS 2024 14
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Directeur adjoint des affaires publiques et lĂ©gislatives au Conseil patronal de l’environnement du QuĂ©bec (CPEQ) odulude@cpeq.org

Le gouvernement du QuĂ©bec a rĂ©cemment augmentĂ© significativement la redevance pour l’utilisation de l’eau 1. Cette hausse a d’ailleurs Ă©tĂ© accompagnĂ©e par l’institution du Fonds bleu, qui, notamment grĂące aux redevances plus Ă©levĂ©es, servira Ă  financer la protection, la restauration, la mise en valeur et la gestion de l’eau au QuĂ©bec 2

Comme plusieurs autres intervenants, le Conseil Patronal de l’Environnement du QuĂ©bec (CPEQ) a appuyĂ© la crĂ©ation du Fonds bleu et l’utilisation des redevances pour protĂ©ger les ressources en eau. Cependant, l’augmentation abrupte des sommes exigĂ©es soulĂšve certaines prĂ©occupations pour les entreprises qui y sont assujetties.

FixĂ©es en 2010 Ă  2,50 $ ou Ă  70 $ par million de litres, selon le type d’usage de l’eau, les redevances devaient initialement ĂȘtre indexĂ©es. Cet exercice a toutefois Ă©tĂ© jugĂ© « superflu » 3. Les sommes recueillies par l’entremise de ce systĂšme s’élevaient Ă  2,8 millions de dollars en 2021, ce qui a permis au ministĂšre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs de conclure que la redevance constituait « une application timide du principe de l’utilisateur payeur » 4

Un rĂšglement a Ă©tĂ© adoptĂ© le 6 dĂ©cembre 2023 afin d’augmenter les droits payables Ă  35 $ et Ă  150 $ par million de litres, selon le type d’usage de l’eau, et ce, dĂšs le 1er janvier 2024. Il s’agit de hausses de 1 400 % et de 214 % respectivement. Cela devrait permettre au gouvernement de rĂ©colter 195,9 millions de dollars additionnels d’ici 2031 5 .

Comme l’a soulevĂ© une parlementaire lors de l’adoption de la Loi sur le Fonds bleu6 :

« Nonobstant le bien-fondĂ© d’une hausse des redevances sur l’eau, il faudra ĂȘtre attentif Ă  l’impact sur certaines entreprises, qui doivent dĂ©jĂ  composer avec une taxation importante, l’inflation, la hausse du coĂ»t liĂ©e [sic] Ă  la chaĂźne d’approvisionnement et la pĂ©nurie de la main-d’Ɠuvre. »

À ces coĂ»ts, il faut Ă©galement ajouter les autres formes de tarification environnementale auxquelles les entreprises peuvent ĂȘtre soumises et qui peuvent avoir un impact sur leur compĂ©titivitĂ© Ă  l’international ou encore sur le coĂ»t de leurs produits au QuĂ©bec, notamment :

= le marché du carbone ;

= la tarification associée à certains rejets industriels ;

= la redevance pour la gestion des sols contaminés excavés ;

= la contribution financiÚre aux différents systÚmes de responsabilité élargie des producteurs ;

= la redevance pour l’élimination de matiĂšres rĂ©siduelles.

Ce texte vous fait rĂ©agir ? Faites-nous part de vos commentaires en Ă©crivant Ă  info@magazinesource.cc LE MAGAZINE DE L’EAU AU QUÉBEC SOURCE VOL. 20 N O 2 PRINTEMPS 2024 16 LES REDEVANCES POUR L’UTILISATION DE L’EAU ET LE CUMUL DES TARIFICATIONS ENVIRONNEMENTALES
CPEQ

Bien entendu, il s’agit d’outils indispensables pour faciliter la transition Ă©cologique. À ce sujet, notons que le gouvernement du QuĂ©bec prĂ©conise une « utilisation optimale et judicieuse de l’écofiscalitĂ© » 7

Certes, l’écoïŹscalitĂ©, y compris en matiĂšre d’utilisation de l’eau, doit ĂȘtre maintenue. Toutefois, dans un contexte oĂč les diffĂ©rentes formes de tariïŹcation environnementale s’additionnent – notamment en pĂ©riode d’inïŹ‚ation –, il convient d’adopter des approches plus progressives et prĂ©visibles.

De l’accompagnement et des fonds demeureront en outre utiles pour atteindre rapidement l’objectif de rĂ©duction des prĂ©lĂšvements de l’eau que sous-tend la hausse de la redevance. Comme l’indiquait d’ailleurs un autre parlementaire dans le cadre de l’adoption de la Loi sur le Fonds bleu8 :

« Les sommes qui sont perçues grĂące Ă  la hausse de la redevance pourraient en partie ĂȘtre rĂ©investies pour aider ces mĂȘmes entreprises Ă  se transformer vers des pratiques qui rejoignent les objectifs du Fonds bleu. »

1 RĂšglement modiïŹant le RĂšglement sur la redevance exigible pour l’utilisation de l’eau, Gazette ofïŹcielle du QuĂ©bec du 6 dĂ©cembre 2023, p. 5533 Ă  5537 (RĂšglement sur la redevance).

2 Loi instituant le Fonds bleu et modiïŹant d’autres dispositions, chapitre 17 des lois de 2023 (Loi sur le Fonds bleu). Pour une analyse plus dĂ©taillĂ©e de la Loi sur le Fonds bleu ainsi que du RĂšglement sur la redevance, voir : HĂ©lĂšne Lauzon et Olivier Dulude, « L’annĂ©e de l’eau s’amorce! », Pupitre du CPEQ, 19 avril 2023.

3 MinistĂšre du DĂ©veloppement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (2017, juin). Rapport de mise en Ɠuvre du RĂšglement sur la redevance exigible pour l’utilisation de l’eau, p. 9.

Le CPEQ suivra donc de prĂšs, en 2024, la maniĂšre dont les sommes du Fonds bleu seront utilisĂ©es aïŹn d’assurer qu’une partie de la redevance pourra effectivement ĂȘtre utilisĂ©e pour des projets de rĂ©duction des prĂ©lĂšvements d’eau en entreprise ainsi que pour l’optimisation de l’utilisation de l’eau au QuĂ©bec.

C’est en misant sur la progressivitĂ©, la prĂ©visibilitĂ© et le soutien aux entreprises que le gouvernement atteindra ses objectifs environnementaux, y compris la rĂ©duction de l’utilisation de l’eau, tout en limitant les impacts financiers cumulatifs de la rĂ©glementation. n

4 MinistĂšre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (2023). Analyse d’impact rĂ©glementaire des RĂšglements modiïŹant le RĂšglement sur laredevanceexigiblepourl’utilisationdel’eauetleRĂšglementsurladĂ©clarationdesprĂ©lĂšvements d’eau, p. 7.

5 Ibid., p. 8.

6 Journal des dĂ©bats de l’AssemblĂ©e nationale, mercredi 7 juin 2023, vol. 47, no 53, Ă  15 h 40.

7 MinistĂšre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (2023). StratĂ©gie gouvernementale de dĂ©veloppement durable 2023-2028 p. 9.

8 Journal des dĂ©bats de l’AssemblĂ©e nationale, mercredi 7 juin 2023, vol. 47, no 53, Ă  15 h 30.

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LES REDEVANCES POUR L’UTILISATION DE L’EAU ET LE C UMUL DES TARIFICAT IONS ENVIRO NNEMENTALES
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LClément Cartier

Ing., Ph. D. Représentant technique

Brault Maxtech inc. clement.cartier@braultmaxtech.com

es nouvelles technologies prennent de plus en plus de place dans le domaine du traitement des eaux. Dans un contexte de complexification des traitements et de pĂ©nurie de main-d’Ɠuvre, il devient naturel d’automatiser les usines de traitement des eaux, potables et usĂ©es. L’automatisation se fait sur diffĂ©rents plans, y compris le suivi en temps rĂ©el de l’activitĂ© des diffĂ©rents procĂ©dĂ©s. Divers analyseurs en ligne ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©s pour optimiser les procĂ©dĂ©s de traitement en fonction de la variabilitĂ© des intrants en temps rĂ©el.

Les fournisseurs ont mis sur le marchĂ© des instruments permettant d’obtenir, en continu ou trĂšs rapidement, des paramĂštres essentiels pour les opĂ©rateurs. Contrairement aux tests en laboratoire, qui requiĂšrent du temps et des manipulations, la surveillance en temps rĂ©el offre des informations immĂ©diates sans effort. Certains analyseurs en continu remplacent des procĂ©dures qui nĂ©cessitent plusieurs heures en laboratoire. Citons par exemple la mesure du pourcentage de siccitĂ© d’une boue et d’autres mesures plus simples, comme le pH. Les analyseurs en temps rĂ©el ont complĂštement transformĂ© la façon d’exploiter les usines de traitement des eaux.

LES APPLICATIONS

Bien que moins critiques que le traitement de l’eau potable, certains procĂ©dĂ©s de traitement biologique des eaux usĂ©es sont tout de mĂȘme bien sensibles. Ces derniers peuvent ĂȘtre soumis Ă  des changements rapides et importants en ce qui concerne leurs intrants, ce qui crĂ©e des chocs affectant particuliĂšrement leur composante essentielle : la biomasse. Cela est encore plus vrai lorsque des rejets industriels sont impliquĂ©s.

L’intrant le plus important est certainement la matiĂšre organique biodĂ©gradable, caractĂ©risĂ©e par la demande biologique en oxygĂšne (DBO) mesurĂ©e sur cinq jours (DBO5). Ce paramĂštre permet de quantifier le substrat biodĂ©gradable de façon aĂ©robie (carbonĂ© et azotĂ©). Par dĂ©finition, le protocole standardisĂ© demande essentiellement une attente de cinq jours entre deux mesures d’oxygĂšne dissous. Il n’est donc pas possible d’obtenir cette mesure en temps rĂ©el. En plus d’entraĂźner des problĂšmes de prĂ©cision et d’exactitude, toute tentative de rĂ©duction de l’écart entre les mesures ne rĂ©duit pas la complexitĂ© du protocole expĂ©rimental, au contraire.

Des technologies parallĂšles ont donc Ă©tĂ© mises au point pour faire une surveillance de la DBO en temps rĂ©el afin de limiter les impacts sur le traitement. Ces analyseurs peuvent ĂȘtre utilisĂ©s pour 1) la dĂ©tection de dĂ©versements de rejets industriels ; 2) le suivi de l’activitĂ© de diffĂ©rents procĂ©dĂ©s biologiques et l’optimisation du dosage de produits chimiques ; 3) l’optimisation des performances de dĂ©canteurs ; 4) l’optimisation des digesteurs anaĂ©robies en assurant un suivi de la charge organique optimale pour la gĂ©nĂ©ration de biogaz. Finalement, ces instruments peuvent simplement ĂȘtre utilisĂ©s pour faire le suivi des non-conformitĂ©s des effluents.

LES DIFFÉRENTES TECHNOLOGIES

1)L’absorbance UV

Un premier type d’outil de suivi de la DBO en continu mesure l’absorbance UV et la corrĂšle avec la DBO. Ces analyseurs fonctionnent essentiellement comme des spectromĂštres en continu mes urant l’absorbance Ă  diffĂ©rentes longueurs d’onde (gĂ©nĂ©ralement 254 nm associĂ©s au carbone organique, en plus d’autres longueurs d’onde). En utilisant les diffĂ©rentes longueurs d’onde, la corrĂ©lation avec la DBO est ajustĂ©e spĂ©cifiquement pour les caractĂ©ristiques de l’eau propre au site. Également, ces capteurs sont capables de dĂ©tecter des changements dans la composition de la charge organique indĂ©pendamment du niveau de matiĂšres organiques. Ces types de sondes ont l’avantage d’ĂȘtre relativement peu coĂ»teuses et simples Ă  faire fonctionner. Toutefois, elles sont moins efficaces lors de changements de la qualitĂ© d’eau, car elles sont basĂ©es sur des corrĂ©lations et font une mesure indirecte du substrat biologique.

2)La mesure de l’activitĂ© biologique

Une autre mĂ©thode de suivi en temps rĂ©el de la DBO consiste Ă  mesurer l’activitĂ© microbiologique Ă  l’aide de bioĂ©lectrodes immergĂ©es dans l’eau. Le courant Ă©lectrique gĂ©nĂ©rĂ© par les Ă©lectrodes donne une mesure de l’activitĂ© microbienne en temps rĂ©el. De cette façon, il est possible de mesurer une variation de la charge organique biodĂ©gradable de façon instantanĂ©e, qui est ramenĂ©e directement Ă  la demande biologique en oxygĂšne consommable Ă  un moment prĂ©cis. Cette mesure en temps rĂ©el de l’activitĂ© microbiologique fournit Ă©galement une indication de contamination dans le cas d’un choc toxique. Ces analyseurs sont plus coĂ»teux, mais ils offrent une mesure beaucoup plus fiable et prĂ©cise. L’interprĂ©tation des rĂ©sultats doit ĂȘtre faite minutieusement. Par exemple, la baisse de la charge organique ou la prĂ©sence d’un agent toxique donnent dans les deux cas une baisse de l’activitĂ© biologique.

Peu importe le type d’analyseur en temps rĂ©el de la DBO, il faut porter une attention particuliĂšre Ă  certains Ă©lĂ©ments : 1) la limite des mesures et le risque d’interfĂ©rences ; 2) la maintenance et la frĂ©quence de la calibration ; 3) la facilitĂ© d’installation, afin d’assurer un bon fonctionnement des capteurs (immersion dans l’eau en tout temps, capteurs certifiĂ©s pour des zones antidĂ©flagrantes lorsque requis, etc.).

SAVOIR S’ENTOURER

Le suivi en temps rĂ©el de la DBO peut ĂȘtre extrĂȘmement utile, que ce soit pour des stations de traitements des eaux usĂ©es municipales, pour des industries faisant face Ă  des dĂ©fis d’exploitation associĂ©s Ă  des variations de charge organique ou simplement pour des sites de traitements souhaitant optimiser leurs procĂ©dĂ©s.

Équiper une station de traitement des eaux doit toujours se faire de façon intelligente, en assurant que les instruments sont bien entretenus et calibrĂ©s. Peu importe le type d’analyseur, les consĂ©quences peuvent ĂȘtre dĂ©sastreuses si la maintenance n’est pas effectuĂ©e adĂ©quatement, surtout lorsqu’on se fie aveuglĂ©ment aux rĂ©sultats. Dans ce contexte, il est souhaitable de pouvoir compter sur une assistance accrue du fournisseur afin d’obtenir un fonctionnement optimal de l’analyseur et une meilleure interprĂ©tation des rĂ©sultats. Comme dans plusieurs autres domaines, il vaut mieux faire confiance aux spĂ©cialistes. n

TRAITEMENT DES EAUX
EN TEMPS RÉEL DE LA DEMANDE BIOLOGIQUE EN OXYGÈNE Ce texte vous fait rĂ©agir ? Faites-nous part de vos commentaires en Ă©crivant Ă  info@magazinesource.cc LE MAGAZINE DE L’EAU AU QUÉBEC SOURCE VOL. 20 N O 2 PRINTEMPS 2024 18
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LA VILLE DE RIGAUD ET LA PLATEFORME NERRI MUNICIPAL : UN MARIAGE RÉUSSI

La gestion des systĂšmes septiques est souvent un processus peu efïŹcace dans les municipalitĂ©s quĂ©bĂ©coises. La Ville de Rigaud a dĂ©cidĂ© de s’attaquer au problĂšme en formant un partenariat avec OClair Environnement pour crĂ©er Nerri Municipal. Cette plateforme rĂ©unit les diffĂ©rentes parties prenantes pour simpliïŹer le processus et ainsi permettre Ă  la Ville de mieux rĂ©pondre Ă  ses obligations envers le gouvernement provincial en matiĂšre de systĂšmes septiques. Au bout du compte, c’est la protection de l’environnement et de la santĂ© de ses citoyens qui s’en trouve renforcĂ©e. Une initiative qui pourrait maintenant proïŹter Ă  d’autres villes.

Rigaud compte 2 000 fosses septiques, une quantitĂ© qui a presque triplĂ© depuis la pandĂ©mie alors que bien des gens ont fui les grandes villes. Pour chacune de ces installations, il faut s’assurer que la vidange est effectuĂ©e tous les deux ans. Il y a aussi prĂšs de 700 systĂšmes septiques performants Ă  Rigaud. Pour chacun, la Ville doit avoir la preuve de renouvellement annuel du contrat d’entretien. Pour les systĂšmes performants avec dĂ©sinfection par rayonnement ultraviolet (prĂšs du tiers), il faut, en plus, que la Ville reçoive deux rapports d’intervention par annĂ©e ainsi que les rĂ©sultats d’échantillons, puis qu’elle fasse le suivi auprĂšs des propriĂ©taires. Elle doit Ă©galement rĂ©pondre aux demandes des citoyens qui ont besoin de prouver que leur installation septique est conforme, par exemple s’ils veulent vendre leur propriĂ©tĂ©. À Rigaud, c’est le travail d’une seule personne : Marianna Pelosse, inspectrice en urbanisme et en environnement. « Mon travail liĂ© aux systĂšmes septiques devrait occuper 50 % de mon temps, mais en rĂ©alitĂ©, dans les derniĂšres annĂ©es, cela a pris plus de 100 % de mon temps et je trouvais le moyen de faire le reste », raconte-t-elle.

Le grand problĂšme ? La paperasse. « Tous les rapports m’arrivaient en format papier, par la poste, ou en PDF, explique-t-elle. Puis, je devais entrer manuellement toutes les informations importantes du rapport dans notre logiciel. Ça prenait un temps fou. »

MIEUX PROTÉGER LE CITOYEN ET L’ENVIRONNEMENT

L’un des autres grands problĂšmes pour l’inspectrice Ă©tait que les rapports arrivaient souvent Ă  l’hĂŽtel de ville des mois aprĂšs le passage du technicien sur le terrain. « Si je reçois des rĂ©sultats d’échantillons d’un systĂšme performant non conforme, je dois avertir le propriĂ©taire et lui demander d’agir, afïŹrme-t-elle. Avec les dĂ©lais d’obtention des rapports, c’était rendu pratiquement impossible de faire les suivis. Je travaillais toujours en retard, alors que la vitesse de rĂ©action est importante. Pratiquement toutes les propriĂ©tĂ©s qui ont un systĂšme performant sont sur un puits. S’il y a un problĂšme, ce sont les eaux souterraines qui en sont affectĂ©es. Et le mont

« Nous voulions un nouvel outil qui permettrait à notre inspectrice de se concentrer sur les enjeux réels de son travail plutÎt que de perdre son temps à gérer la paperasse »

Maxime Boissonneault, directeur général, Ville de Rigaud

Rigaud est l'une des principales zones de recharge pour l'aquifÚre de notre MRC. »

Dans ce contexte, il devenait difïŹcile de faire appliquer le RĂšglementsurl’évacuationetletraitementdeseaux usĂ©es des rĂ©sidences isolĂ©es Q-2, r. 22, du gouvernement provincial. L'importance de cette rĂ©glementation est dĂ©montrĂ©e par une revue de littĂ©rature, Protection des puits rĂ©sidentiels vis-Ă -vis des installations septiques autonomes, rĂ©alisĂ©e en 2021 par des chercheurs de Polytechnique MontrĂ©al et de l’UniversitĂ© du QuĂ©bec Ă  Chicoutimi pour le ministĂšre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. On y apprend qu’en 2016, plus de 12 % de la population canadienne (soit 4,1 millions de personnes) s’approvisionnait en eau potable dans les puits privĂ©s et dans les eaux souterraines non traitĂ©es, qui sont une source potentielle d’infections parasitaires, virales et bactĂ©riennes. En effet, chaque annĂ©e, plus de 78 000 cas de maladies gastro-intestinales au Canada sont attribuĂ©s Ă  la consommation d’eau provenant de puits privĂ©s non traitĂ©s.

UN TRAVAIL DE COLLABORATION

Pour pouvoir bien faire appliquer le rĂšglement, Marianna Pelosse avait besoin d’un outil plus performant. C’est ce que OClair Environnement a proposĂ© de dĂ©velopper, en collaboration avec la Ville de Rigaud. Une offre que le directeur gĂ©nĂ©ral, Maxime Boissonneault, s’est empressĂ© d’accepter peu de temps aprĂšs son arrivĂ©e en poste, en 2022.

« Le logiciel que nous utilisions auparavant n’était pas trĂšs efficace et nous voulions un nouvel outil qui permettrait Ă  notre inspectrice de se concentrer

sur les enjeux réels de son travail plutÎt que de perdre son temps à gérer la paperasse », affirme M. Boissonneault.

Les conseillers municipaux ont finalement votĂ© Ă  l’unanimitĂ© en mars 2023 pour donner un mandat de trois ans Ă  OClair Environnement afin que celuici dĂ©veloppe Nerri Municipal.

« Pour moi, c’était vraiment gĂ©nial parce que j’avais des idĂ©es pour amĂ©liorer le processus, mais je n’avais pas les moyens de les rĂ©aliser, afïŹrme Marianna Pelosse. Avec OClair, cela devenait possible. »

ACCÈS AUX INFORMATIONS EN TEMPS RÉEL

L’une des prioritĂ©s en dĂ©veloppant Nerri Municipal Ă©tait de simplifier l’échange d’information. « La plateforme rĂ©unit les diffĂ©rents intervenants impliquĂ©s dans la gestion des eaux usĂ©es : les employĂ©s municipaux, les employĂ©s des entreprises d’entretien des systĂšmes septiques et les citoyens propriĂ©taires de ces installations », explique Pierre Mongeon, microbiologiste agréé et prĂ©sident d’OClair Environnement.

TĂ©lĂ©chargeable sur tablette et tĂ©lĂ©phone, la plateforme est utilisĂ©e directement sur le terrain lors des vidanges. Nerri Municipal utilise les coordonnĂ©es GPS du systĂšme septique, puis les travailleurs peuvent y entrer leurs informations, qui deviennent accessibles en temps rĂ©el sur la plateforme. Il n’y a plus besoin de produire de rapport.

« Par exemple, la personne qui fait la vidange d’une fosse septique rĂ©pond Ă  plusieurs questions sur

LE RADAR
SUR
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Nerri Municipal et peut y entrer des photos au besoin, explique Marianna Pelosse. Nous voulions nous assurer que l’utilisation de la plateforme ne soit pas une Ă©tape de plus Ă  franchir pour les travailleurs, mais que cela vienne leur faciliter la tĂąche. »

Évidemment, c’est aussi beaucoup moins de travail pour l’inspectrice, qui ne s’ennuiera pas d’entrer les donnĂ©es Ă  la main ! GrĂące Ă  Nerri Municipal, elle est appelĂ©e Ă  intervenir seulement lorsqu’un problĂšme surgit.

«

Un systĂšme d’alerte a Ă©tĂ© mis en place pour que je sois automatiquement avertie, par exemple si une vidange n’a pas pu ĂȘtre faite, ou s’il y a eu un bris, explique Marianna Pelosse. Puis, pour les systĂšmes performants, il y a une alerte si les rĂ©sultats d’un Ă©chantillon sont non conformes. On est aussi en train de mettre en place la possibilitĂ© d’envoyer automatiquement un courriel au propriĂ©taire de l’installation pour le mettre au courant de la situation. »

Nerri Municipal permet Ă©galement aux employĂ©s municipaux d’accĂ©der facilement aux informations en lien avec les fosses septiques. « Par exemple, si plusieurs inspecteurs sont attitrĂ©s aux fosses septiques, ou encore, si une nouvelle personne entre en poste, l’historique leur sera facilement accessible », affirme Isabelle Mongeon, viceprĂ©sidente exĂ©cutive Ă  OClair Environnement.

La plateforme comprend Ă©galement l’Espace citoyen. « Les propriĂ©taires de fosses septiques ont accĂšs Ă  un espace commun, oĂč ils peuvent retrouver diffĂ©rentes informations [
] utiles, et un espace privĂ©, oĂč ils retrouvent leur dossier septique, qui inclut notamment les vidanges, les rapports d’entretien et les rĂ©sultats d’échantillons, Ă©numĂšre Marianna Pelosse. On peut ainsi rĂ©duire le nombre d’appels de citoyens qui ont besoin de documents. Tout est accessible dans la plateforme. »

DES TESTS CONCLUANTS

En 2023, une partie des vidanges de fosses septiques de Rigaud ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es avec Nerri Municipal. « Nous voulions y aller par Ă©tapes pour Ă©viter le risque de nous retrouver avec un gros bogue qui paralyserait tout, explique Marianna Pelosse. Les tests de l’an dernier ont permis d’amĂ©liorer plusieurs choses, notamment grĂące Ă  la rĂ©troaction des techniciens sur le terrain. Nous sommes encore en pĂ©riode de rodage, mais ça fonctionne. »

Pour elle, c’est ni plus ni moins qu’une rĂ©volution. « L’an dernier, pour la facturation, j’ai dĂ» sortir toutes les vidanges qui avaient Ă©tĂ© faites dans la premiĂšre tournĂ©e et celles de la deuxiĂšme tournĂ©e, illustre-telle. En effectuant une recherche dans la plateforme, j’ai pu trouver l’information en cinq minutes. Pour les adresses qui avaient Ă©tĂ© faites avec l’ancienne mĂ©thode, ça m’a pris une journĂ©e. »

Cette annĂ©e, 100 % des suivis des vidanges de fosses septiques se feront avec la nouvelle plateforme. « Nous venons de lancer l’appel d’offres et nous y mentionnons que l’entreprise devra utiliser Nerri Municipal », affirme Maxime Boissonneault.

L’inspectrice remarque aussi que dĂ©jĂ , certains laboratoires emboĂźtent le pas et sont en mesure de communiquer directement les rĂ©sultats d’échantillons dans la plateforme.

AMENER D’AUTRES VILLES

DANS LE MOUVEMENT

Si Nerri Municipal a Ă©tĂ© conçue en partenariat avec Rigaud, d’autres villes pourraient maintenant l’utiliser. « Il y a entre 1,5 et 2 millions de fosses

septiques au QuĂ©bec, et toutes les villes ont cette problĂ©matique de gestion de l’information, affirme Pierre Mongeon. Pour qu’elles puissent utiliser notre plateforme, on a juste Ă  transfĂ©rer leur base de donnĂ©es des adresses des fosses septiques dans la plateforme, on entre le nom de l’entreprise qui rĂ©alise les vidanges et on crĂ©e les accĂšs. En une semaine, c’est fonctionnel. »

Marianna Pelosse aimerait d’ailleurs voir d’autres villes utiliser la plateforme. « Ce serait intĂ©ressant d’avoir des idĂ©es d’inspecteurs d’autres municipalitĂ©s pour continuer d’amĂ©liorer Nerri Municipal, afïŹrmet-elle. C’est une plateforme ïŹ‚exible créée par nous, pour nous. Et nous pourrons aussi l’adapter au besoin, par exemple, s’il y a un nouveau rĂšglement. »

Elle est toutefois consciente que le changement fait peur. « Moi-mĂȘme, j’ai eu peur lorsqu’on a fait le virage. Mais il faut avancer et c’est le moment d’agir. En travaillant ensemble, on obtient de meilleurs rĂ©sultats. » n

« En effectuant une recherche dans la plateforme, j’ai pu trouver l’information en cinq minutes. Pour les adresses qui avaient Ă©tĂ© faites avec l’ancienne mĂ©thode, ça m’a pris une journĂ©e. »

Marianna Pelosse, inspectrice en urbanisme et en environnement

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DMe Thibaud Daoust Avocat associé, LL. B. Daigneault, avocats inc. thibaud.daoust@daigneaultinc.com

epuis plusieurs annĂ©es, la prĂ©sence des composĂ©s perfluoroalkylĂ©s et polyfluoroalkylĂ©s (PFAS) dans l’eau alimente les journaux et les chercheurs, qui tentent de mieux en cerner les effets sur l’humain et sur l’environnement. Plus rĂ©cemment, aux États-Unis, les PFAS ont Ă©tĂ© la cible d’une rĂ©glementation de plus en plus sĂ©vĂšre, vu leurs effets anticipĂ©s sur la santĂ©, notamment des effets cancĂ©rigĂšnes. À l’hiver 2023, nous constations que les PFAS Ă©taient encore gĂ©nĂ©ralement absents des rĂ©glementations environnementales canadienne et quĂ©bĂ©coise, en particulier sur le plan de la rĂ©glementation sur l’eau potable 1. Un an plus tard, nous brossons un portrait de la situation afin de dĂ©terminer si les annonces faites Ă  cette Ă©poque par les diffĂ©rents paliers de gouvernement ont menĂ© Ă  des changements rĂ©glementaires.

LES PFAS ET LES BIOSOLIDES

Le secteur des biosolides, municipaux ou industriels, a été en ébullition au cours de la derniÚre année. De nombreuses normes, bien que temporaires, ont été annoncées par les différents paliers de gouvernement.

En mars 2023, le gouvernement du QuĂ©bec annonçait un moratoire temporaire sur l’épandage de biosolides en provenance de l’extĂ©rieur du Canada 2. Ce moratoire a Ă©tĂ© ofïŹcialisĂ© en juin 2023 par l’adoption de l’article 29.2 du RĂšglementsurlesexploitationsagricoles3, qui interdit l’épandage de biosolides municipaux ou industriels importĂ©s. Le gouvernement du QuĂ©bec a poursuivi sur sa lancĂ©e en annonçant son intention, en octobre 2023, d’imposer des seuils maximaux de PFAS dans les biosolides 4. Ces seuils n’ont pas Ă©tĂ© ïŹxĂ©s au moment oĂč cet article a Ă©tĂ© Ă©crit.

En dĂ©cembre 2023, l’Agence canadienne d’inspection des aliments a publiĂ© un document de consultation dans lequel elle expose sa proposition pour la gestion des biosolides contenant des PFAS, se fondant sur ses pouvoirs prĂ©vus Ă  la Loi sur les engrais5. Principalement, on y suggĂšre l’imposition d’un seuil intĂ©rimaire que devraient respecter les biosolides (soit 50 ppb de sulfonate de perïŹ‚uorooctane) ainsi que des obligations de transmission de certiïŹcats d’analyse attestant du respect de ce critĂšre pour toute personne important ou vendant des biosolides au Canada 6

LES PFAS ET LA QUALITÉ DE L’EAU

Nous ne pouvons que constater que les PFAS ne font toujours pas l’objet de valeurs limites en ce qui concerne la rĂ©glementation touchant l’eau potable. En effet, bien que des recommandations canadiennes sur

1 T. Daoust. « Les composĂ©s perfluorĂ©s : Les grands absents de la rĂ©glementation portant sur la qualitĂ© de l’eau potable », dans le magazine Source hiver 2023, vol. 19, no 1, p. 24.

2 MinistĂšre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (2023, mars). Le QuĂ©bec s'assure de demeurer un leader dans la gestion des risques associĂ©s aux contaminants d'intĂ©rĂȘt Ă©mergent dans les biosolides

3 RLRQ, c. Q-2, r. 26.

4 MinistĂšre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (2023, octobre). Des actions prĂ©ventives pour encadrer la prĂ©sence de contaminants dans les biosolides.

5 L.R.C. (1985), c. F-10.

6 Agence canadienne d’inspection des aliments (2023, dĂ©cembre). Mise en Ɠuvre de la norme sur les substances per- et polyfluoroalkyles dans les biosolides municipaux importĂ©s ou vendus au Canada en tant qu'engrais.

certains PFAS existent depuis six ans, les normes sur la qualitĂ© de l’eau potable quĂ©bĂ©coise n’ont toujours pas intĂ©grĂ© de paramĂštres visant les PFAS.

Depuis 2018, des recommandations de normes de concentration de certains PFAS dans l’eau potable ont Ă©tĂ© promulguĂ©es par le gouvernement fĂ©dĂ©ral 7. En 2023, le gouvernement canadien a menĂ© une consultation dans le but de mettre Ă  jour ses recommandations de normes de concentration des PFAS dans l’eau potable. Il proposait une norme maximale de 30 ng/L, calculĂ©e sur une somme de concentration d’une vingtaine de PFAS. Ce processus de consultation n’a pas encore menĂ© Ă  une modification des recommandations canadiennes sur l’eau potable, mais il tĂ©moigne d’une importante avancĂ©e de la rĂ©flexion au niveau fĂ©dĂ©ral.

LES PFAS ET LA RÉGLEMENTATION CANADIENNE

MalgrĂ© les consultations mentionnĂ©es plus haut, le cƓur du rĂ©gime rĂ©glementaire fĂ©dĂ©ral sur les PFAS se trouve encore aujourd’hui dans le RĂšglement sur certaines substances toxiques interdites 8, adoptĂ© en 2012 en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999) 9.Ce rĂšglement prĂ©voit essentiellement des interdictions de fabriquer, de vendre, d’utiliser et d’importer certains composĂ©s de la famille des PFAS et des produits en contenant, sauf exception. Ce rĂšglement de 2012 est vouĂ© Ă  ĂȘtre remplacĂ© par un autre du mĂȘme nom. Bien que le gouvernement fĂ©dĂ©ral ait initialement prĂ©vu que ce nouveau rĂšglement soit adoptĂ© en 2023, nous ne pouvons que constater que celui-ci n’a toujours pas fait l’objet d’une publication officielle, malgrĂ© le projet de rĂšglement mis en circulation en mai 2022 10. Cette nouvelle mouture resserrerait la vis en retirant les exceptions auparavant prĂ©vues, dont celle portant sur les mousses anti-incendie qui contiennent des mousses Ă  formation de pellicule aqueuse (aqueous film-forming foam) 11. Outre cette rĂ©glementation fĂ©dĂ©rale, les PFAS sont thĂ©oriquement abordĂ©s, de maniĂšre implicite, Ă  travers les rĂ©glementations sur la gestion des matiĂšres dangereuses.

En mai 2023, le gouvernement fĂ©dĂ©ral a publiĂ© l’ébauche du rapport sur l’état des PFAS, dans lequel il annonce notamment qu’il prĂ©voit d’ajouter les PFAS, en tant que classe de substances, Ă  la liste des substances toxiques se trouvant en annexe 1 de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999) . Le gouvernement fĂ©dĂ©ral prĂ©cise qu’il proposera et qu’il implantera un instrument de gestion des risques associĂ©s aux PFAS dans les 42 mois suivant cet ajout Ă  la liste des substances toxiques 12 .

À QUOI S’ATTENDRE

Les dĂ©veloppements rĂ©glementaires, tant ceux de la derniĂšre annĂ©e que ceux, nombreux, qui sont encore dans le collimateur des gouvernements, montrent que la gestion des PFAS finira par intĂ©grer les rĂ©gimes rĂ©glementaires canadien et quĂ©bĂ©cois. Toutefois, cette intĂ©gration s’étendra probablement sur plusieurs annĂ©es. D’ici lĂ , il est de notre responsabilitĂ© de conseiller les gouvernements dans l’implantation des mesures qui pourront, ultimement, mieux protĂ©ger la santĂ© de nos concitoyens. n

7 SantĂ© Canada (2018). Recommandations pour la qualitĂ© de l’eau potable au Canada : document technique — Le sulfonate de perfluorooctane. Direction gĂ©nĂ©rale de la santĂ© environnementale et de la sĂ©curitĂ© des consommateurs, Bureau de la qualitĂ© de l’eau et de l’air (H144-13/9-2018F-PDF) ; SantĂ© Canada (2018). Recommandations pour la qualitĂ© de l’eau potable au Canada : document technique — L’acide perfluorooctanoĂŻque (APFO). Direction gĂ©nĂ©rale de la santĂ© environnementale et de la sĂ©curitĂ© des consommateurs, Bureau de la qualitĂ© de l’eau et de l’air (H144-13/8-2018F-PDF).

8 DORS 2012-285.

9 L.C. 1999, c. 33.

10 Gazette du Canada partie I, vol. 156, no 20, p. 2365.

11 Ibid.

12 Santé Canada et Environnement et changement climatique Canada (2023). Cadre de gestion des risques pour les substances perfluoroalkyliques et polyfluoroalkyliques (SPFA).

LE JURIDIQUE
LES COMPOSÉS PER- ET POLYFLUOROALKYLÉS : MISE À JOUR RÉGLEMENTAIRE Ce texte vous fait rĂ©agir ? Faites-nous
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