SOURCE HIVER 2023

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REPORTAGE EXCLUSIF

Pourquoi les redevances sur l’eau promettent de faire parler d’elles en 2023

La floculation lestée pour le traitement des eaux usées

Les composĂ©s perfluorĂ©s : les grands absents de la rĂ©glementation portant sur la qualitĂ© de l’eau potable

Le magazine de l’eau au QuĂ©bec HIVER 2023, vol. 19 n o 1 www.magazinesource.cc Convention de la poste-publications n o 41122591 18
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« Mais dans l’ensemble, il serait plus intelligent d’éliminer les PFAS Ă  la source, donc avec l’autoritĂ© du gouvernement fĂ©dĂ©ral, qui a le pouvoir lĂ©gal d’autoriser ou non ces composĂ©s. Car ceux-ci ne sont pas nĂ©cessaires et leur existence n’est pas justiïŹĂ©e. D’autant plus qu’il existe des produits de remplacement qui sont inoffensifs. Il serait drĂŽlement plus Ă©conomique d’arrĂȘter d’utiliser ces composĂ©s et de dĂ©couvrir les sources de contamination aïŹn de les traiter. »

— Jean Paquin, ing., EESA Vice-prĂ©sident, technologie BĂ©nĂ©vole pour RĂ©seau Environnement

24 LE JURIDIQUE

LES COMPOSÉS PERFLUORÉS : LES GRANDS ABSENTS DE LA RÉGLEMENTATION PORTANT SUR LA QUALITÉ DE L’EAU POTABLE

D’ELLES EN 2023 16 20

Le
magazine de l’eau au QuĂ©bec
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HIVER 2023, vol. 19 n o 1 LE MAGAZINE DE L’EAU AU QUÉBEC SOURCEVOL. 19 N O 1 HIVER 2023 4 26 LES AMIS DE SOURCE S LESBONS CONTACTS Ce magazine est imprimĂ© sur papier Ă  contenu recyclĂ©. TRAITEMENT DES EAUX LE TRAITEMENT DES EAUX RÉSIDUAIRES D’UN SITE DE GESTION DES MATIÈRES RÉSIDUELLES 22 CERIU L’IMPORTANCE DE L’AMÉNAGEMENT DES TERRITOIRES ET DE LA CONSULTATION CITOYENNE POUR UNE GESTION EFFICACE DES EAUX PLUVIALES TRAITEMENT DES EAUX LA FLOCULATION LESTÉE POUR LE TRAITEMENT DES EAUX USÉES 18 RÉSEAU ENVIRONNEMENT POURQUOI LES REDEVANCES SUR L’EAU PROMETTENT DE FAIRE PARLER
chroniques reportage
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NOUVEAUSITE INTERNET

FACE DES PFAS

Pendant que nous respirons et buvons des nanoparticules chimiques quasi indestructibles, il pleut du plastique
 Un nouveau roman de science-ïŹction tirĂ© par les cheveux?

Dans un article rĂ©cent du magazine europĂ©en UP’1, lequel citait les rĂ©sultats d’une recherche scientiïŹque de l’UniversitĂ© d’Auckland, en Nouvelle-ZĂ©lande, on apprenait que prĂšs de 5 000 particules de microplastiques se dĂ©posent chaque jour, en moyenne, sur chaque mĂštre carrĂ© des toitures de la ville d’Auckland, par la brume ou par des averses. Il pleut du plastique, que je vous disais


Par ailleurs, il y a quelques annĂ©es, une Ă©tude de l’UniversitĂ© McGill s’est intĂ©ressĂ©e Ă  une pratique pas aussi innocente qu’elle en a l’air : celle de manger de la neige2. Parce que la neige, aussi immaculĂ©e soit-elle, capture quantitĂ© de polluants prĂ©sents dans l’atmosphĂšre et tous les autres types de particules, dont des bactĂ©ries, des poussiĂšres et des PFAS. C’est pourquoi il est fortement recommandĂ© de ne pas en manger. Avouez que vous aussi, vous pensez Ă  votre prochaine visite Ă  la cabane Ă  sucre. Vous rĂ©galerez-vous de sa succulente tire d’érable sur la neige?

Avec un grand verre d’eau, tout passe, me direz-vous ? Pas si vite
 Tout comme l’air que l’on respire et le sol d’oĂč sortent nos fruits et lĂ©gumes, l’eau, mĂȘme potable, contient des PFAS, ces satanĂ©s combinĂ©s chimiques qui se retrouvent dans l’environnement pour l’éternitĂ© aprĂšs une vie manufacturiĂšre, industrielle ou domestique souvent de courte durĂ©e.

Certaines de ces substances sont maintenant reconnues en tant que polluants persistants, voire éternels et

ConsĂ©quemment, de plus en plus de rĂ©glementations Ă  travers le monde tentent de limiter les dĂ©gĂąts. Pendant ce temps, des PFAS maintenant interdits par des lois, Ă  cause de leur perniciositĂ©, sont remplacĂ©s par de nouvelles substances Ă  la dangerositĂ© encore mĂ©connue. Il faut admettre que l’industrie de la chimie a toujours une longueur d’avance sur les restrictions et les interdictions lĂ©gales.

Réglementer et interdire

Les PFAS sont donc des substances dĂ©clinĂ©es en des milliers de molĂ©cules diffĂ©rentes, dont l’industrie chimique ne cesse de renouveler l’offre et que le secteur manufacturier utilise dans de nombreux produits du quotidien — en fait, dans plus de 200 produits diffĂ©rents. ExtrĂȘmement persistants, voire quasiment indestructibles, les PFAS contaminent l’environnement, les populations et les organismes vivants. Nous respirons de l’air, nous respirons aussi des PFAS. Nous buvons de l’eau, nous buvons aussi des PFAS
 Notons que mĂȘme si la problĂ©matique des PFAS n’a pas de frontiĂšres, on peut s’interroger sur l’état de la situation au QuĂ©bec.

Un indice : dans le lait maternel des bĂ©lugas du Saint-Laurent, on trouve beaucoup de PFAS. Faut-il s’étonner que ces mammifĂšres marins voient la plupart de leurs bĂ©bĂ©s mourir dĂšs la naissance et qu’en consĂ©quence, cette espĂšce Ă©prouve de la difïŹcultĂ© Ă  maintenir une population dĂ©cente, qui la sauverait d’une extinction ?

L’élimination des PFAS des objets du quotidien peut s’avĂ©rer compliquĂ©e. NĂ©anmoins, cette dĂ©marche est absolument primordiale du fait de la persistance de ces forever chemicals (traduit maladroitement en français par « polluants Ă©ternels ») et de leurs graves effets sur la santĂ© humaine et l’environnement.

Dans notre reportage principal sur les PFAS, deux experts, Jean Paquin et Charles Leclerc, nous brossent un portrait de la situation quĂ©bĂ©coise relativement aux PFAS, en soulignant la difïŹcultĂ© de les rĂ©glementer, mais en insistant sur le fait qu’il serait plus efïŹcace d’interdire Ă  la source la crĂ©ation de tels produits que d’en interdire l’usage un Ă  un.

D’autre part, en page 24, notre chroniqueur Me Thibaud Daoust nous fait part de la faiblesse de la rĂ©glementation canadienne concernant l’usage des PFAS, tout en se demandant si ces normes, bien que trĂšs rĂ©centes, sont toujours d’actualitĂ©, alors que les recommandations de l’Environmental Protection Agency des ÉtatsUnis, adoptĂ©es cet Ă©tĂ©, sont 10 000 fois plus strictes que celles du gouvernement canadien.

C’est donc dire que pour l’instant, nos efforts visant Ă  les enrayer sont insufïŹsants. Bien que les risques pour l’humain et la biodiversitĂ© soient bien rĂ©els, en ne mettant pas en place les actions justes, c’est comme si nous avions dĂ©cidĂ© de jouer Ă  pile ou face avec la vie. Un pari que nous avons bien peu de chances de gagner. n

1 Aget, A. (2022). Il pleut du plastique. Up’.

https://up-magazine.info/planete/pollutions/110385-il-pleut-du-plastique

2 (s. a.). (2016). Manger de la neige, est-ce dangereux ? Gentside.

https://www.maxisciences.com/neige/manger-de-la-neige-est-ce-dangereux_art37230.html

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LE MAGAZINE DE L’EAU AU QUÉBEC SOURCE VOL. 19 N O 1 HIVER 2023 6

LES PFAS: DES POLLUANTS « ÉTERNELS » , OMNIPRÉSENTS ET TRÈS PRÉOCCUPANTS

Jean Paquin n’est pas le premier venu dans l’univers des contaminants Ă©mergents. IngĂ©nieurchimiste et biochimiste de formation, il Ă©volue depuis 45 ans dans le domaine de l’environnement. M. Paquin maĂźtrise plusieurs dossiers relatifs aux contaminants Ă©mergents dont font partie les PFAS, et il est une ressource technique hors pair pour RĂ©seau Environnement Ă  titre de bĂ©nĂ©vole.

« Ce que les gens d’analyse de risques et les toxicologues expriment au sujet des PFAS, c’est que ce sont des composĂ©s chimiques pernicieux, dont les milliers de molĂ©cules diffĂ©rentes se retrouvent partout Ă  travers le monde, que ce soit sur terre, dans l’air ou dans l’eau, et que ces produits chimiques dits â€œĂ©ternels” ont des effets nocifs sur l’environnement et la santĂ© humaine », ajoute-t-il. Et le QuĂ©bec n’y Ă©chappe pas...

Mais avant d’aller plus loin, remettons le curseur au dĂ©but et apprenons Ă  mieux connaĂźtre cet Ă©trange univers rempli d’acronymes et de mots Ă©tranges.

Des milliers de molécules différentes

« PFAS » — Ă  prononcer « pifass » — est l’acronyme anglais de « per- and polyïŹ‚uoroalkyl substances », que l’on traduit en français par « substances perïŹ‚uoroalkyliques et polyïŹ‚uoroalkyliques » et que l’on dĂ©signe par l’acronyme « SPFA ». Toutefois, puisque presque partout dans le monde on utilise l’acronyme anglais « PFAS »

pour parler de cette famille de molĂ©cules chimiques, c’est donc ce terme qui sera employĂ© dans ce reportage.

Les PFAS sont des substances chimiques dont les propriĂ©tĂ©s spĂ©ciïŹques expliquent leur utilisation commerciale et industrielle dans plusieurs produits de la vie courante. Des emballages alimentaires jusqu’aux vĂȘtements en passant par les ustensiles de cuisine, les textiles, les cosmĂ©tiques, les produits phytosanitaires, les revĂȘtements antiadhĂ©sifs et les mousses anti-incendie, les PFAS jouent un grand rĂŽle dans l’efïŹcacitĂ© de diffĂ©rents produits et sont largement utilisĂ©s Ă  travers le monde depuis les annĂ©es 1950.

Toutefois, comme ces milliers de molĂ©cules — diffĂ©rentes, mais appartenant Ă  la mĂȘme famille — ne se dĂ©gradent pas dans l’environnement (de lĂ  leur attribut d’« Ă©ternels »), les PFAS ïŹnissent par contaminer les organismes vivants, dont les populations humaines qui les ingĂšrent en respirant, en mangeant et en buvant de l’eau, par exemple.

La quasi-indestructibilitĂ© de ces molĂ©cules entraĂźne la contamination de tous les milieux. Ainsi, les sĂ©diments, les sols (dont les terres agricoles vouĂ©es Ă  l’alimentation), l’eau et l’air en contiennent tous, d’autant plus qu’elles peuvent ĂȘtre transportĂ©es par air et par eau sur de trĂšs longues distances, ce qui explique qu’elles polluent mĂȘme des milieux aussi extrĂȘmes que l’Arctique et l’Antarctique. Et comme ces substances chimiques sont de surcroĂźt bioaccumulables, l’inquiĂ©tude ne cesse de grandir concernant leurs effets nuisibles

sur la santĂ© des organismes vivants, dont l’humain fait Ă©videmment partie.

Des substances inquiétantes

Selon un document rĂ©cent de SantĂ© Canada1, les PFAS forment un groupe de plus de 4700 substances synthĂ©tiques utilisĂ©es comme surfactants, lubrifiants et rĂ©pulsifs (pour les poussiĂšres, l’eau et les graisses).

À travers le monde, de plus en plus de substances appartenant Ă  la famille des PFAS sont interdites, mais l’industrie chimique les remplace par d’autres substances de la mĂȘme famille, non encore rĂ©glementĂ©es, qui pourraient avoir des effets tout aussi nĂ©fastes, voire toxiques, sur l’environnement et sur la santĂ© humaine.

« Nous rĂ©pertorions aujourd’hui plus de 20 000 de ces substances, rĂ©vĂšle Jean Paquin. Par ailleurs, il faut faire attention au mot “toxique”. On ne parle pas ici d’une toxicitĂ© classique. Par exemple, quand on parle de micropolluants, on les Ă©value en milligrammes par litre d’eau. Pour ce qui est des PFAS, on parle plus souvent de nanogrammes par litre, donc de concentrations beaucoup plus basses. C’est pour cela que les PFAS sont passĂ©s sous le radar, qu’il a fallu du temps avant de les dĂ©couvrir. »

M. Paquin souligne que lors des annĂ©es 1970 Ă  1990, et mĂȘme aprĂšs, ces substances Ă©taient utilisĂ©es absolument partout, industriellement et commercialement, parce que leur dĂ©tection Ă©tait

REPORTAGE
LE MAGAZINE DE L’EAU AU QUÉBEC SOURCE VOL. 19 N O 1 HIVER 2023 8 1 Gouvernement du Canada. (2021). Substances perïŹ‚uoroalkyliques et polyïŹ‚uoroalkyliques (SPFA) https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/substances-chimiques/autres-substances-chimiques-interets/substances-perïŹ‚uoroalkyliques-polyïŹ‚uoroalkyliques.html
Les PFAS sont omniprĂ©sents dans notre environnement. On en trouve dans nos maisons, dans nos restaurants, dans les cosmĂ©tiques et dans toutes sortes de produits. Dans les analyses toxicologiques et Ă©cotoxicologiques commandĂ©es par SantĂ© Canada, on dĂ©couvre qu’en gĂ©nĂ©ral, l’exposition des Canadiens aux PFAS dĂ©passe les normes de l’acceptabilitĂ©. »
Par Guy Des Rochers
«

passĂ©e Ă  travers les mailles du filet. « Ces composĂ©s n’avaient pas Ă©tĂ© identifiĂ©s comme Ă©tant toxiques, ajoute-t-il. Maintenant, le gouvernement du Canada a une dĂ©finition pour ces composĂ©s chimiques, laquelle utilise davantage les mots “dommageable” ou “nĂ©faste” et non plus uniquement le mot “toxique”, qui est incorrect lorsqu’on parle de composĂ©s perturbateurs.

« Dommageables », « nĂ©fastes », « toxiques », « perturbateurs » : les Ă©pithĂštes nĂ©gatives accolĂ©es Ă  ces composĂ©s chimiques ont de quoi inquiĂ©ter, d’autant plus que ces molĂ©cules sont bioaccumulables et presque impossibles Ă  Ă©liminer dans l’environnement. Soulignons que la bioaccumulation se dĂ©finit par l’accumulation d’un contaminant dans les tissus d’un organisme vivant, absorbĂ© Ă  partir de son milieu de vie. Elle survient

quand l’organisme ne parvient pas Ă  Ă©liminer le contaminant.

Selon Jean Paquin, la situation est inquiĂ©tante non seulement concernant les PFAS, mais concernant l’ensemble des composĂ©s organohalogĂ©nĂ©s, lesquels reprĂ©sentent une vaste famille de produits qui va des pesticides jusqu’à des composĂ©s pharmaceutiques, en passant par des composĂ©s persistants et bioaccumulatifs tels les BPC et le DDT.

« J’ai passĂ© 35 ans de ma carriĂšre Ă  l’élimination des BPC, lesquels Ă©taient ciblĂ©s parce que l’on sait qu’ils sont extrĂȘmement nocifs pour le vivant, dĂ©clare Jean Paquin. Mais ce que j’ai trouvĂ© de vraiment choquant, c’est que pendant tout ce temps, on a autorisĂ© toutes sortes de composĂ©s similaires qui sont devenus omniprĂ©sents dans

l’environnement, ce qui a induit une variĂ©tĂ© de problĂšmes populationnels chez les humains. Plusieurs observations sont actuellement faites au sujet de ces substances en rapport avec certains cancers, des dĂ©rĂšglements hormonaux et des consĂ©quences neurologiques, et maintenant que l’on dĂ©couvre ces effets, eh bien, comme sociĂ©tĂ©, on devrait rĂ©agir promptement pour corriger ces problĂšmes, pour s’attaquer Ă  ces erreurs du passĂ©. »

Pourtant, l’urgence d’agir ne semble pas encore exister, puisque les restrictions à l’utilisation de certains PFAS dans le monde ont conduit à l’exploitation de substances de substitution issues de l’industrie chimique appartenant, elles aussi, aux PFAS.

DES PFAS AU QUÉBEC, MÊME DANS L’EAU POTABLE

Les PFAS utilisent l’air que l’on respire, les sols que l’on foule (dont ceux qui soutiennent l’agriculture), ainsi que l’eau, qu’elle soit brute ou potable, pour contaminer l’environnement. Et au QuĂ©bec, il n’est pas rare d’en retrouver en faibles concentrations dans l’eau potable et dans les eaux usĂ©es, et parfois en concentrations plus fortes dans les biosolides, connus sous les noms de « boues municipales » et « boues industrielles ».

Des PFAS dans l’eau potable ?

« MĂȘme si l’eau potable en contient, ce n’est pas tellement par elle que l’exposition aux PFAS se fait, explique l’ingĂ©nieur et biochimiste Jean Paquin. En gĂ©nĂ©ral, c’est Ă  travers l’alimentation que les contaminations s’exercent. C’est au contact de produits de tous les jours. Par exemple, si vous mettez un sac de popcorn au micro-ondes, puisqu’un enduit dans le sac contient des PFAS, des particules s’échapperont de ce sac et vous en consommerez. Votre

exposition aux PFAS sera pas mal plus Ă©levĂ©e si vous mangez ce popcorn que si vous buvez de l’eau. »

Heureusement, le type d’industrie qui produit des PFAS n’existe pas sur le territoire quĂ©bĂ©cois. Comme le constate une Ă©tude du gouvernement quĂ©bĂ©cois basĂ©e sur des suivis rĂ©alisĂ©s de 2016 Ă  2021 sur les composĂ©s perfluorĂ©s dans l’eau potable du QuĂ©bec :

REPORTAGE
LE MAGAZINE DE L’EAU AU QUÉBEC SOURCE VOL. 19 N O 1 HIVER 2023 9

« [...] ces substances, lorsqu’elles sont dĂ©tectĂ©es, le sont Ă  de faibles concentrations dans l’eau des installations de production d’eau potable. Les concentrations maximales mesurĂ©es sont infĂ©rieures aux valeurs recommandĂ©es par SantĂ© Canada et aux critĂšres provisoires proposĂ©s par l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis (EPA) pour la qualitĂ© de l’eau potable ;

Comme les traitements conventionnels de l’eau potable sont inefïŹcaces pour Ă©liminer les composĂ©s perïŹ‚uorĂ©s, les concentrations

mesurĂ©es dans l’eau traitĂ©e sont essentiellement les mĂȘmes que dans l’eau brute2. »

« Toutefois, ajoute Jean Paquin, on utilise des PFAS dans plusieurs endroits au QuĂ©bec, avec un potentiel de contamination pour l’environnement, et ce sont ces comportements qu’il est important d’éradiquer Ă  la source le plus tĂŽt possible. »

Contaminations croisées

Alors, si le QuĂ©bec ne possĂšde pas sur son territoire d’usines Ă  fabriquer des PFAS, de quelle

façon ces substances nocives parviennent-elles à contaminer l’eau ?

Pour rĂ©pondre Ă  cette question, pensons Ă  la maniĂšre dont se faisaient autrefois les exercices de lutte contre les incendies, qui dĂ©montre Ă  quel point on se souciait Ă  l’époque trĂšs peu des consĂ©quences pernicieuses de ces activitĂ©s sur l’environnement. Faut-il s’étonner que ces entraĂźnements insouciants aient propagĂ© autant de PFAS dans la nature ?

« Prenons l’exemple classique des mousses antiincendie utilisĂ©es sur les bases militaires et dans plusieurs aĂ©roports, explique Jean Paquin. Chez les militaires, on faisait un trou dans le sol, on y mettait de l’eau, et Ă  sa surface, on dĂ©posait de l’essence et du diesel pour finalement mettre le feu lĂ -dedans. Cela produisait une grosse fumĂ©e noire, puis les gens s’entraĂźnaient Ă  Ă©teindre diffĂ©rents types d’incendies avec des mousses contenant des PFAS... Par consĂ©quent, les hydrocarbures et les PFAS s’inïŹltraient dans le sol et contaminaient les eaux souterraines. On retrouve dans ces Ă©vĂ©nements une source classique de contamination, ayant lieu surtout sur des bases

REPORTAGE
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« On utilise des PFAS dans plusieurs endroits au QuĂ©bec, avec un potentiel de contamination pour l’environnement, et ce sont ces comportements qu’il est important d’éradiquer Ă  la source le plus tĂŽt possible. » 2 MinistĂšre de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. (2022). ComposĂ©s perïŹ‚uorĂ©s dans l'eau potable au QuĂ©bec. Suivis rĂ©alisĂ©s de 2016 Ă  2021 https://www.environnement.gouv.qc.ca/eau/potable/composes-perïŹ‚uores/rapport-composes-perïŹ‚uores-eau-potable-2016-2021.pdf
technologie Bénévole pour Réseau Environnement

militaires, mais aussi dans d’autres endroits, comme les aĂ©roports. »

D’autre part, Jean Paquin souligne qu’une contamination provient aussi d’autres sources, comme des enduits. En effet, beaucoup d’enduits antitaches contenant des PFAS ont Ă©tĂ© utilisĂ©s sur des meubles, des tapis, des rideaux et toutes sortes de produits d’utilisation domestique.

« Les usines oĂč se pratique ce genre de traitement sont susceptibles de rejeter dans la nature des efïŹ‚uents contenant des PFAS, avance M. Paquin. Prenons un autre exemple, celui des enduits contenant des PFAS appliquĂ©s sur diffĂ©rents types de papier que l’on retrouve dans des papetiĂšres qui recyclent des papiers. Dans les boues de ces papetiĂšres, on retrouve aussi des concentrations de PFAS. »

Selon une Ă©tude rĂ©cente de l’État du Michigan, 13 sources communes de contamination aux PFAS ont Ă©tĂ© dĂ©tectĂ©es 3. Ce sont la galvanoplastie et la ïŹnition des mĂ©taux (chromage), les dĂ©charges (ordures et dĂ©combres de surface), les installations centralisĂ©es de gestion des dĂ©chets, les aĂ©rodromes (commerciaux, privĂ©s et militaires), les

installations du ministĂšre de la DĂ©fense, les installations de formation du service d’incendie, les blanchisseries industrielles, les sites de pĂ©trole et de pĂ©trochimie, les fabricants de produits chimiques, les fabricants de plastiques, les installations de textiles et de cuir, les fabricants de peinture, et les installations de pĂątes et papiers.

Ces rejets industriels pouvant contenir des PFAS et capables de se rendre aux stations d’épuration sont, selon Jean Paquin, les mĂȘmes que l’on retrouve au QuĂ©bec.

Des solutions ?

Selon Jean Paquin, SantĂ© Canada Ă©dicte des normes pour l’acide perfluorooctanoĂŻque (le PFOA) et pour le perflurooctane sulfonate (le PFOS) dans l’eau potable, lesquels sont d’autres types de molĂ©cules appartenant Ă  la famille des PFAS. « Cependant, ces critĂšres ont Ă©tĂ© Ă©laborĂ©s il y a presque une dizaine d’annĂ©es et ils sont actuellement en rĂ©vision. »

De nos jours, comme les traitements conventionnels de l’eau potable sont inefïŹcaces pour Ă©liminer les composĂ©s perïŹ‚uorĂ©s, il n’existe

pas au QuĂ©bec de pratiques systĂ©matiques visant Ă  Ă©liminer les PFAS. « Une solution intermĂ©diaire subsiste quand mĂȘme : l’utilisation du charbon activĂ© en poudre pour amĂ©liorer l’eau potable, explique Jean Paquin. Ce procĂ©dĂ© est employĂ© en Ă©tĂ© pour agir contre d’autres problĂšmes, mais il a aussi la capacitĂ© d’enlever la plus grande partie des PFAS dans l’eau. »

Selon M. Paquin, les municipalitĂ©s du QuĂ©bec savent maintenant que l’enjeu des PFAS nĂ©cessitera probablement une amĂ©lioration des mĂ©thodes d’exploitation, d’autant plus que la plupart d’entre elles sont Ă©quipĂ©es pour faire un dosage de charbon activĂ© lors du traitement habituel de l’eau dans le but d’éliminer ce genre de contaminant.

« Mais dans l’ensemble, ajoute Jean Paquin, il serait plus intelligent d’éliminer les PFAS Ă  la source, donc avec l’autoritĂ© du gouvernement fĂ©dĂ©ral, qui a le pouvoir lĂ©gal d’autoriser ou non ces composĂ©s. Car ceux-ci ne sont pas nĂ©cessaires et leur existence n’est pas justiïŹĂ©e. D’autant plus qu’il existe des produits de remplacement qui sont inoffensifs. Il serait drĂŽlement plus Ă©conomique d’arrĂȘter d’utiliser ces composĂ©s et de dĂ©couvrir les sources de contamination afin de les traiter. »

3 Michigan Department of Environment, Great Lakes, and Energy. (2021). Land Application of Biosolids Containing PFAS: Interim Strategy https://www.michigan.gov/-/media/Project/Websites/egle/Documents/Programs/WRD/Biosolids/PFAS-Biosolids-Strategy.pdf?rev=c81c006 4150d4f45bece88efcf304e3f

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PFAS, ÉPANDAGE ET ÉCONOMIE CIRCULAIRE


Les propriĂ©tĂ©s chimiques des PFAS font que ceux-ci sont trĂšs difïŹciles Ă  Ă©liminer non seulement de l’eau potable, mais aussi des eaux usĂ©es. De surcroĂźt, les boues municipales (ou biosolides), lesquelles sont des dĂ©chets issus du processus d’épuration des eaux usĂ©es, peuvent contenir des concentrations Ă©levĂ©es de PFAS.

En dĂ©cembre dernier, des reportages diffusĂ©s Ă  Radio-Canada dans le cadre des Ă©missions La semaine verte et EnquĂȘte ont rĂ©vĂ©lĂ© que des boues municipales et industrielles contaminĂ©es aux PFAS Ă©taient utilisĂ©es pour amender des sols en agriculture. On apprenait Ă©galement que le QuĂ©bec achetait mĂȘme des biosolides de l’État du Maine, lequel a d’ailleurs lĂ©gifĂ©rĂ© pour interdire toute forme de valorisation des boues d’épuration des eaux usĂ©es sur son territoire Ă  cause de leur concentration Ă©levĂ©e en PFAS.

Les rĂ©actions ne se sont pas fait attendre. Du fumier humain contenant des PFAS ? Il y avait de quoi alarmer tout citoyen ordinaire
 Dans le grand public, c’est donc avec une certaine inquiĂ©tude, allant jusqu’à une forme de dĂ©goĂ»t, que l’on apprit que ces biosolides Ă©taient Ă©pandus sur des terres agricoles et que ces dĂ©jections humaines Ă©taient mĂȘme importĂ©es.

Les rĂ©actions ont Ă©tĂ© vives, Ă  un point tel que le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), Benoit Charette, a rapidement dĂ©clarĂ© que le QuĂ©bec resserrera la rĂ©glementation concernant l’épandage de biosolides dans les champs et interdira l’importation de dĂ©jections en provenance des États-Unis4

ArrĂȘter les Ă©pandages de biosolides ?

Face Ă  cette situation, les milieux agricole et industriel se sont publiquement questionnĂ©s sur « l’incidence nĂ©gative » que ces reportages ont pu avoir, provoquant mĂȘme une prise de position plutĂŽt rapide du ministre Charette Ă  ce sujet. En effet, on peut s’interroger sur ce qu’il adviendrait des boues municipales si le gouvernement en interdisait l’épandage.

« Ce serait un problĂšme, explique l’ingĂ©nieur et biochimiste Jean Paquin. Bien sĂ»r, ces biosolides pourraient aller dans un site d’enfouissement ou Ă  l’incinĂ©ration, mais ces deux façons de faire Ă©mettraient beaucoup de gaz Ă  effet de serre. »

Charles Leclerc, un diplĂŽmĂ© en environnement de l’UniversitĂ© de Sherbrooke qui occupe actuellement les fonctions de directeur de l’équipe technique chez RĂ©seau Environnement, ne voit pas d’un bon Ɠil l’arrĂȘt total des Ă©pandages de biosolides sur des terres du QuĂ©bec.

« Chez RĂ©seau, nous travaillons en faveur d’une Ă©conomie verte. Cesser l’épandage des biosolides serait contraire aux principes importants de

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l’économie circulaire, explique-t-il. Ce qui est produit doit ĂȘtre rĂ©utilisĂ©. Le pire modĂšle, en l’occurrence, c’est de gĂ©nĂ©rer des matiĂšres rĂ©siduelles que l’on enfouit ou Ă©limine par incinĂ©ration. Notre Ă©poque doit Ă  tout prix combattre cette Ă©conomie linĂ©aire. »

Dans les faits, les reportages de Radio-Canada ont quelque peu « choquĂ© » des membres de RĂ©seau Environnement. « MĂȘme s’il y a un fond de vĂ©ritĂ© dans ces documentaires, c’est prĂ©sentĂ© d’une maniĂšre un peu sensationnaliste, constate Charles Leclerc. Les PFAS sont dangereux pour la santĂ©, c’est un fait, mais l’épandage de biosolides, ce n’est pas une pratique risquĂ©e en soi. Il faut dĂ©mĂȘler cet amalgame que les reportages ont fait entre les PFAS et les Ă©pandages. Il y a une part de nuances scientiïŹques Ă  mieux transmettre dans ce type de reportage. »

Travailler à mieux réglementer les PFAS et les biosolides

RĂ©seau Environnement n’a pas manquĂ© de prendre rapidement position dans ce dossier. Il a publiquement exprimĂ© son point de vue dans une publication officielle le 15 dĂ©cembre 20225. « Essentiellement, notre message est qu’il faut que les choses accĂ©lĂšrent concernant ce dossier, rĂ©vĂšle Charles Leclerc. Chez RĂ©seau, nous avions dĂ©jĂ  un comitĂ© d’experts qui se penchait

sur la question depuis l’étĂ© dernier. Nous avons aussi envoyĂ© des lettres aux ministres de l’Environnement du QuĂ©bec et du Canada pour leur dire que des PFAS, il y en a partout, qu’il s’agit d’un enjeu crucial et important, et qu’il faut rapidement les rĂ©glementer, les encadrer et rĂ©duire leur propagation Ă  la source. Comme Jean Paquin le mentionnait, ce qui est le plus viable Ă©conomiquement, c’est d’éliminer Ă  la source la production des PFAS. »

Charles Leclerc prĂ©cise que concernant la question des biosolides, son Ă©quipe continue de collaborer avec le MELCCFP afin de dĂ©terminer le plus rapidement possible des seuils temporaires qui pourraient permettre au QuĂ©bec d’éviter les catastrophes ayant eu lieu dans le Maine et qui Ă©taient dues Ă  des concentrations trĂšs Ă©levĂ©es de PFAS.

« Il s’agit donc d’établir des seuils qui indiquent qu’à partir de telle limite, on n’épand pas de biosolides Ă  cause du danger inhĂ©rent. Et de le faire trĂšs rapidement pour Ă©viter que toute la chaĂźne d’économie circulaire de l’épandage soit paralysĂ©e et sacrifiĂ©e, stipule Charles Leclerc. Au QuĂ©bec, il y a des milliers de tonnes de biosolides, et au lieu de prendre le chemin des champs, celles-ci risquent dĂ©sormais de prendre la route de l’incinĂ©ration, ce qui occasionnera des coĂ»ts substantiels pour les municipalitĂ©s, donc des coĂ»ts pour les citoyens, ainsi que quantitĂ© de gaz Ă  effet de serre. » n

4 Lecomte, A. M. (2022). QuĂ©bec resserrera la rĂ©glementation sur l’épandage des biosolides dans les champs. Radio-Canada. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1938090/quebec-resserrer-reglement-epandage-boue-biosolide-terre-agricole

5 RĂ©seau Environnement. (2022, 15 dĂ©cembre). Position de RĂ©seau Environnement concernant la prĂ©sence de SPFA dans les biosolides destinĂ©s Ă  l’épandage https://reseau-environnement.com/position-de-reseau-environnement-concernant-la-presence-de-spfa-dans-les-biosolides-destines-a-lepandage/

REPORTAGE
LE MAGAZINE DE L’EAU AU QUÉBEC SOURCE VOL. 19 N O 1 HIVER 2023 14
Charles

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hors normes. la vie

Mathieu Laneuville Ing., M. Sc. A. Président-directeur général Réseau Environnement mlaneuville@reseau-environnement.com

n dĂ©posant le projet de loi 42 en juin dernier, le gouvernement du QuĂ©bec faisait un pas en avant dans la protection de notre richesse collective en eau potable. Il s’avançait alors sur une demande de longue date du milieu environnemental relativement Ă  la nĂ©cessitĂ© de revoir les redevances tirĂ©es de l’utilisation de grandes quantitĂ©s d’eau par des entreprises privĂ©es Ă©tablies au QuĂ©bec. Le projet de loi 42 prĂ©voyait une rĂ©vision tous les trois ans des redevances perçues pour l’utilisation d’eau et le dĂ©voilement au public des mesures financĂ©es par ces mĂȘmes redevances.

MotivĂ© par l’intime conviction que nos ressources en eau doivent ĂȘtre pĂ©rennisĂ©es ainsi que par l’intĂ©rĂȘt avĂ©rĂ© du gouvernement pour la question, RĂ©seau Environnement a mobilisĂ© ses membres pour rĂ©flĂ©chir Ă  la bonification du systĂšme de redevances sur le prĂ©lĂšvement d’eau. Pour l’occasion, un comitĂ© de spĂ©cialistes composĂ© de gestionnaires d’infrastructures municipales et de reprĂ©sentantes et reprĂ©sentants de municipalitĂ©s, du milieu universitaire, de la sociĂ©tĂ© civile et du secteur privĂ© s’est rĂ©uni afin de discuter des dispositions du rĂšglement en vigueur et des recommandations Ă  mettre de l’avant pour l’amĂ©liorer. Dans les prochains paragraphes, j’en reprends les grandes lignes afin de vous prĂ©senter cet enjeu qui promet de revenir au programme lĂ©gislatif dans la nouvelle annĂ©e.

L’abondance de l’eau est un mythe qui doit ĂȘtre dĂ©boulonnĂ©. Tant en matiĂšre de quantitĂ© que sur le plan de la qualitĂ©, cette ressource collective se trouve sous pression. Il s’agit d’une ressource limitĂ©e, non renouvelable, sur laquelle repose notre prospĂ©ritĂ© Ă©conomique, mais qui est aussi Ă  la source de la santĂ© de nos collectivitĂ©s et de la durabilitĂ© de nos Ă©cosystĂšmes. Les spĂ©cialistes du consortium scientifique Ouranos nous avertissent mĂȘme des risques grandissants de pĂ©nurie d’eau potable au QuĂ©bec dans les prochaines dĂ©cennies1. L’eau doit ĂȘtre protĂ©gĂ©e : c’est un devoir dictĂ© par la Loi sur l’eau

La Loi sur l’eau Ă©tablit quatre principes directeurs devant guider le gouvernement dans ses efforts de gestion de l’eau, dont celui de l’utilisateurpayeur. Ce principe vient soutenir le dĂ©veloppement d’instruments Ă©conomiques pour rendre redevables les usagers au sujet de leur utilisation de l’eau et de l’éventuelle dĂ©tĂ©rioration qu’ils occasionnent. Les redevances visent Ă  internaliser les coĂ»ts supportĂ©s par l’environnement dus au prĂ©lĂšvement et Ă  la pollution des ressources en eau. Ce systĂšme incitatif

est destinĂ© Ă  envoyer un signal de prix aux usagĂšres et usagers pour dĂ©montrer la valeur de la ressource et les amener Ă  modifier leurs comportements. Les recettes perçues par les redevances sont ensuite redistribuĂ©es sous forme d’aides financiĂšres aux actrices et acteurs qui agissent pour la protection et la restauration de l’eau et des milieux aquatiques. Elles peuvent aussi financer les politiques liĂ©es Ă  l’eau, notamment pour soutenir l’acquisition de connaissances sur la quantitĂ© et la qualitĂ© des rĂ©serves d’eau et des Ă©cosystĂšmes aquatiques.

Quelques-unes des recommandations de RĂ©seau Environnement portent sur un Ă©lĂ©ment critique pour l’efficacitĂ© de notre systĂšme de gestion de l’eau : la transparence.

La base d’une bonne gestion passe par la maĂźtrise des donnĂ©es. Il est primordial d’équiper nos industries d’instruments de mesure afin de connaĂźtre les volumes d’eau prĂ©levĂ©s et ainsi de mieux gĂ©rer l’utilisation de la ressource Ă  l’échelle du bassin versant. RĂ©seau Environnement recommande de demander Ă  toute industrie prĂ©levant plus de 10 mÂł d’eau par jour de dĂ©clarer ses prĂ©lĂšvements, puis de compiler cette information dans un registre dont un bilan rĂ©gional pourrait ĂȘtre rendu public. Sans que la redevance s’applique aux plus petits consommateurs, la collecte et l’utilisation de donnĂ©es doivent se faire dans l’objectif de pĂ©renniser la ressource.

Il est Ă©galement important de rendre publique l’utilisation faite des fonds tirĂ©s de la redevance. PrivilĂ©gier le rĂ©investissement dans des projets de protection de la ressource favoriserait la mise en place de solutions concrĂštes aux problĂšmes de conservation auxquels nous faisons face.

Dans les semaines et les mois Ă  venir, vous pourrez compter sur RĂ©seau Environnement pour continuer ses efforts de sensibilisation autour de la gestion durable de notre eau potable. GrĂące Ă  notre fine expertise et Ă  un brin de volontĂ©, nous pourrons faire de l’annĂ©e 2023 celle de l’excellence en gestion de l’eau ! n

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1 Alberti-Dufort, A., Bourduas Crouhen, V., Demers-Bouffard, D., Hennigs, R., Legault, S., Cunningham, J., Larrivée, C. et Ouranos. (2022). Québec ; Chapitre 2. Dans F.J. Warren, N. Lulham, D.L. Dupuis et D.S. Lemmen (éd.), Le Canada dans un climat en changement : le rapport sur les perspectives régionales . Gouvernement du Canada.
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epuis les annĂ©es 1990, la floculation lestĂ©e est une rĂ©volution dans le domaine du traitement de l’eau potable, augmentant significativement la capacitĂ© des usines de traitement. Cette technologie venue d’Europe permet d’accroĂźtre de façon importante la charge superficielle et de diminuer d’autant l’espace requis pour les dĂ©canteurs. Ces gains d’espace compensent facilement les hausses de coĂ»ts en produits chimiques et en Ă©nergie, particuliĂšrement en zone urbaine.

La floculation lestĂ©e a fait ses preuves et est maintenant de plus en plus utilisĂ©e pour traiter les eaux usĂ©es : elle est dĂ©sormais assez bien maĂźtrisĂ©e pour ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme technologie conventionnelle du Guide pour l’étude des technologies conventionnelles de traitement des eaux usĂ©es d’origine domestique du ministĂšre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.

En rĂ©sumĂ©, la dĂ©cantation avec floculation lestĂ©e est un procĂ©dĂ© de sĂ©paration physico-chimique consistant Ă  fixer des particules de flocs sur un agent lestant (plus dense) Ă  l’aide d’un conditionnement chimique incluant du coagulant et/ou du polymĂšre. En combinant ces produits Ă  une optimisation de la dĂ©cantation lamellaire, il est possible d’accĂ©lĂ©rer la dĂ©cantation des particules et d’atteindre des charges superficielles de cinq Ă  dix fois plus grandes que des dĂ©canteurs conventionnels.

USÉES

À la base, dans le domaine des eaux usĂ©es, on utilise la floculation lestĂ©e pour rĂ©duire la matiĂšre en suspension (« MES »). En fonction de l’application, cela peut avoir pour effet :

1-De rĂ©duire la fraction particulaire de la demande biochimique en oxygĂšne ; 2-De coaguler et de dĂ©canter le phosphore dissous et les particules de phosphore dissous ; 3-De floculer et de dĂ©canter plusieurs autres composantes, dont l’azote et les mĂ©taux ; 4-D’accĂ©lĂ©rer la dĂ©cantation pour des dĂ©canteurs existants.

Par consĂ©quent, la floculation lestĂ©e peut ĂȘtre utilisĂ©e pour toutes les applications nĂ©cessitant un dĂ©canteur, que ce soit en dĂ©cantation primaire, secondaire (dans un traitement Ă  boue activĂ©e ou aprĂšs un traitement par biofilm fixĂ©) ou tertiaire (enlĂšvement de MES ou de phosphore), pour des applications de traitement des eaux d’orage ou pour des applications industrielles.

Les avantages de la floculation lestée sont :

= Sa compacitĂ©, avec une emprise au sol qui est une fraction d’une technologie classique ;

= Sa réactivité pour atteindre une pleine efficacité au démarrage ; = Sa capacité à produire un effluent de trÚs bonne qualité avec des concentrations en MES de <10 mg/l et en phosphore de <0,1 mg/l.

Ses désavantages sont les suivants :

= La floculation lestĂ©e nĂ©cessite une utilisation plus importante de produits chimiques, dont le dosage variera en fonction de la qualitĂ© de l’eau ;

= Ce procĂ©dĂ© demande plus d’implication des opĂ©rateurs et requiert une instrumentation dont la calibration doit ĂȘtre assurĂ©e en tout temps, particuliĂšrement si les caractĂ©ristiques de l’eau sont changeantes ;

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TRAITEMENT DES EAUX
FLOCULATION
POUR LE TRAITEMENT
EAUX
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LA
LESTÉE
DES

LA FLOCULATION LESTÉE POUR LE TRAITEMENT DES EAUX USÉES

= La perte d’agent lestant peut causer une dĂ©tĂ©rioration prĂ©maturĂ©e des Ă©quipements en aval, en plus d’entraĂźner des frais de nettoyage des canaux et de la tuyauterie ainsi que des coĂ»ts associĂ©s au mĂ©dia.

DiffĂ©rents supports peuvent ĂȘtre utilisĂ©s comme Ă©lĂ©ment lestant : de la boue recirculĂ©e, du microsable et de la magnĂ©tite.

1)Le premier type de floculation lestĂ©e consiste Ă  recirculer une partie des boues densifiĂ©es afin d’atteindre des concentrations trĂšs Ă©levĂ©es en solides (>30 g/l). Les boues densifiĂ©es et recirculĂ©es font alors office d’agent lestant, entraĂźnant les particules avec elles. Du polymĂšre est injectĂ© avec les boues densifiĂ©es pour accĂ©lĂ©rer le processus de floculation. Une zone de coagulation Ă  mĂ©lange rapide prĂ©cĂšde l’injection de floculant et est suivie d’une zone de transition (dĂ©graissage), puis d’une zone de dĂ©cantation lamellaire. Cette technologie a comme avantage de ne requĂ©rir aucun Ă©quipement pour sĂ©parer l’agent lestant.

2)Dans le cas de la floculation assistĂ©e au microsable, l’affluent est combinĂ© Ă  un coagulant – gĂ©nĂ©ralement du chlorure ferrique ou de l’alun – dans un rĂ©servoir de mĂ©lange rapide, oĂč le microsable et le polymĂšre sont ajoutĂ©s. Le microsable multiplie la surface de contact, favorisant l’intĂ©gration des polluants et des particules et agissant comme lest pour accĂ©lĂ©rer la dĂ©cantation du floc, ce qui permet de rĂ©duire de maniĂšre importante l’emprise au sol du dĂ©canteur. Un hydrocyclone est utilisĂ© pour sĂ©parer le sable de la boue captĂ©e. La gravitĂ© entraĂźne le microsable vers les parois de l’hydrocyclone,

oĂč il est rĂ©cupĂ©rĂ© pour ĂȘtre rĂ©injectĂ©. Les particules moins denses sont Ă©vacuĂ©es par le courant Ă  l’intĂ©rieur de l’hydrocyclone vers le traitement des boues ou en tĂȘte de traitement, selon la configuration du procĂ©dĂ©.

3)Depuis une quinzaine d’annĂ©es, une nouvelle gĂ©nĂ©ration d’agents lestants a vu le jour : au lieu du sable, de la magnĂ©tite est utilisĂ©e comme lest. Un tambour magnĂ©tique Ă  aimant permanent sert alors Ă  la rĂ©cupĂ©ration de l’agent lestant. La magnĂ©tite est beaucoup plus simple Ă  rĂ©cupĂ©rer et prĂ©sente moins de risques de court-circuitage. L’injection de magnĂ©tite peut Ă©galement ĂȘtre intĂ©grĂ©e directement dans un procĂ©dĂ© secondaire en utilisant le bassin de boue activĂ©e pour le mĂ©lange et le dĂ©canteur existant pour la rĂ©cupĂ©ration du mĂ©lange de boue et d’agent lestant sans requĂ©rir de polymĂšre. Cela a pour effet d’augmenter la charge superficielle admissible au dĂ©canteur et d’utiliser une liqueur mixte plus concentrĂ©e, ce qui permet de traiter une charge plus importante ou d’intĂ©grer des Ă©tapes de traitement des nutriments Ă  la filiĂšre de traitement.

La floculation lestĂ©e est un procĂ©dĂ© clef dans le traitement de l’eau au QuĂ©bec. Son application dans le domaine des eaux usĂ©es est une Ă©volution logique dans un contexte d’accroissement de la population, de resserrement des normes et de dĂ©fis liĂ©s Ă  la disponibilitĂ© du territoire. Les applications de cette technologie sont multiples et permettront certainement d’amĂ©liorer la qualitĂ© des effluents municipaux et industriels, un pas de plus pour assurer la qualitĂ© de notre environnement. n

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Le cabinet Daigneault, avocats inc. a le plaisir d’annoncer que Me Thibaud Daoust est maintenant associĂ© du cabinet, fondĂ© et dirigĂ© par Me Robert Daigneault, Ad.E. biologiste et Adm.A. Me Thibaud Daoust s’est joint au cabinet en 2018. Ses principaux dossiers touchent aux matiĂšres dangereuses, aux matiĂšres rĂ©siduelles non dangereuses, aux milieux humides et hydriques, aux Ă©missions atmosphĂ©riques (incluant les GES et le SPEDE) ainsi qu’aux sols contaminĂ©s. Il termine des Ă©tudes supĂ©rieures spĂ©cialisĂ©es en environnement et dĂ©veloppement durable. Il est Ă©galement formateur au Centre de formation universitaire en environnement (CUFE) de l’UniversitĂ© de Sherbrooke.

Depuis plus de 20 ans, le cabinet Daigneault, avocats inc. des ressources et du territoire et dessert à travers le Québec une clientÚle variée, principalement commerciale, industrielle et institutionnelle.

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Celia Abbas Ing., M. Ing.

L’IMPORTANCE DE L’AMÉNAGEMENT DES TERRITOIRES ET

LA CONSULTATION CITOYENNE POUR UNE GESTION EFFICACE DES EAUX PLUVIALES

Chargée de projets Responsable du conseil permanent Infrastructures souterraines et infrastructures de surface celia.abbas@ceriu.qc.ca

ommençons par le dĂ©but. Le cycle naturel de l’eau, c’est une eau de pluie qui tombe et qui s’inïŹltre naturellement dans le sol : cela donne des nappes phrĂ©atiques en meilleure santĂ© et des riviĂšres dont l’eau est de meilleure qualitĂ©. Or, en milieu urbain, la densiïŹcation du territoire entraĂźne souvent une diminution des surfaces permĂ©ables et du potentiel d’inïŹltration du sol. Une fois qu’elle a atteint le sol, la goutte d’eau coule dans la premiĂšre bouche d’égout qu’elle croise sur son chemin aïŹn de rejoindre rapidement un rĂ©seau souterrain.

Le problĂšme, c’est que la pluie, ne serait-ce que quelques millimĂštres d’eau, tombe sur plusieurs kilomĂštres carrĂ©s qui sont gĂ©nĂ©ralement des surfaces impermĂ©ables. PrĂšs de 80 % de cette eau se rend rapidement aux rĂ©seaux de drainage, ce qui entraĂźne leur dĂ©rĂšglement, c’est-Ă -dire qu’il y a un trĂšs fort dĂ©bit Ă  la suite d’une pluie, mais un trĂšs faible dĂ©bit en pĂ©riode de sĂ©cheresse.

LES ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

L’augmentation des prĂ©cipitations est un phĂ©nomĂšne rĂ©el. En effet, une augmentation de 2,5 mm/an a Ă©tĂ© observĂ©e de 1960 Ă  2013 dans le sud du QuĂ©bec1, ce qui implique une croissance de 100 mm des prĂ©cipitations annuelles moyennes sur le territoire, soit l’équivalent de l’ajout d’un treiziĂšme mois de prĂ©cipitations. Cette situation reprĂ©sente un danger pour les infrastructures souterraines, les citoyens et l’environnement. Lors de fortes pluies, les rĂ©seaux d’eaux usĂ©es peuvent ne pas avoir la capacitĂ© de transport et de traitement des eaux usĂ©es nĂ©cessaire. Cela peut engendrer plusieurs problĂšmes, comme des refoulements vers les rĂ©sidences, des inondations de surface, des surverses d’eaux usĂ©es partiellement ou non traitĂ©es dans les milieux naturels, ou une perte des usages rĂ©crĂ©otouristiques des plans d’eau contaminĂ©s. Les changements climatiques risquent donc d’augmenter la vulnĂ©rabilitĂ© des territoires desservis par des rĂ©seaux d’égout et d’entraĂźner une baisse gĂ©nĂ©ralisĂ©e des niveaux de service de ces rĂ©seaux. Ainsi, les dĂ©cisions concernant l’amĂ©nagement du territoire doivent tenir compte de ce changement de la pluviomĂ©trie.

LES ENJEUX ÉCONOMIQUES DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

L’augmentation des risques et des dommages en lien avec les inondations et les pertes d’usage des plans d’eau ont des rĂ©percussions directes sur les budgets municipaux. Les consĂ©quences ïŹnanciĂšres des changements climatiques et des phĂ©nomĂšnes mĂ©tĂ©orologiques extrĂȘmes sont ressenties

Milliards de dollars

partout au Canada. L’augmentation des pertes en assurance IARD (incendies, accidents et risques divers) est rĂ©vĂ©latrice de la croissance des coĂ»ts associĂ©s Ă  ces Ă©vĂ©nements : ces pertes sont de l’ordre de 405 millions de dollars par an de 1983 Ă  2008, et de 1,8 milliard de dollars par an de 2009 Ă  2017. Sur cette derniĂšre pĂ©riode, les indemnitĂ©s d’assurance pour les pertes catastrophiques dĂ©passaient 1 milliard de dollars par annĂ©e (voir ïŹgure 1). Les dommages matĂ©riels liĂ©s aux inondations sont le principal moteur de ces coĂ»ts croissants. Ces derniers sont susceptibles de continuer d’augmenter au cours des prochaines annĂ©es, en rĂ©ponse aux changements climatiques2

AïŹn de contrer les risques environnementaux et Ă©conomiques liĂ©s aux changements climatiques et Ă  l’urbanisation, une conception et un amĂ©nagement des ouvrages hydrauliques visant une gestion durable des eaux pluviales dans le respect des normes et rĂšglements s’avĂšrent essentiels. Un entretien inadĂ©quat et une mauvaise conception de ces ouvrages peuvent mener Ă  des dommages environnementaux majeurs qui risquent de toucher les citoyens. C’est pourquoi les dĂ©cisions concernant la planiïŹcation de l’occupation du territoire doivent minimiser l’ajout de surfaces impermĂ©ables et favoriser la prĂ©servation de zones permĂ©ables, l’inïŹltration des eaux dans le sol et la rĂ©tention de la rĂ©gulation des dĂ©bits rejetĂ©s dans l’environnement.

L’implantation d’ouvrages de gestion des eaux pluviales (OGEP) dans l’emprise publique peut ĂȘtre un enjeu, car l’espace y est limitĂ© (prĂ©sence de voies de circulation routiĂšre, cyclable et piĂ©tonne, stationnements, etc.). Il est donc important de trouver un juste Ă©quilibre entre chaque Ă©lĂ©ment et de faire leur intĂ©gration en amont des projets d’amĂ©nagement.

Les OGEP comprennent des infrastructures vertes et naturelles, les bassins de rĂ©tention, et toutes les mesures qui permettent de rĂ©duire le ruissellement le plus prĂšs de sa source. Ce sont des pratiques durables qui viennent soutenir l’amĂ©nagement urbain et le rendre plus rĂ©silient face aux changements climatiques. L’intĂ©gration de ces ouvrages doit ĂȘtre portĂ©e par une vision Ă  long terme et dans un souci de bĂ©nĂ©ïŹces collectifs.

Évidemment, la consultation et l’intĂ©gration des citoyens dans les diverses Ă©tapes de dĂ©ïŹnition des projets d’amĂ©nagement d’OGEP sont primordiales. L’implication des citoyens permettra d’assurer une acceptation et une meilleure intĂ©gration des OGEP dans tout projet d’amĂ©nagement du territoire.

Pour toutes ces raisons, la collaboration et la communication entre les acteurs du milieu (Ă©lus, directeurs, ingĂ©nieurs, urbanistes, citoyens, etc.) sont la clĂ© de la rĂ©ussite de tout projet d’amĂ©nagement du territoire. n

1 MELCC. (2015). PrĂ©cipitations en hausse depuis 1960 – l’équivalent d’un treiziĂšme mois ajoutĂ© au total annuel. https://www.environnement.gouv.qc.ca/climat/surveillance/1960-2015.htm

2 Moudrak, N., Feltmate, B., Venema, H. et Osman, H. (2018). Combatting Canada's rising ïŹ‚ood costs: Natural infrastructure is an underutilized option. Document prĂ©parĂ© pour l’Insurance Bureau of Canada. Intact Centre on Climate Adaptation, UniversitĂ© de Waterloo. http://assets.ibc.ca/Documents/Resources/IBC-Natural-Infrastructure-Report-2018.pdf

Figure 1 : Sinistres catastrophiques assurés au Canada (1983-2017)

(Source : Intact Centre on Climate Adaptation, Université de Waterloo)

Feu de forĂȘt Ă  Fort McMurray

TempĂȘte de verglas dans l’est du pays

Inondations au Québec

TempĂȘtes de vent et de pluie en Ontario

Inondations en Alberta et Ă  Toronto

5,0 4,0 3,0 2,0 1,0 0,0 19831985 1987199520031989199720051991199920071993200120092011201320152017

Sinistre + frais de rÚglement de sinistres Tendance estimée

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Ing.

Vice-président, développement des affaires QWATRO

christian.vezina@qwatro.ca

a gestion des eaux rĂ©siduaires gĂ©nĂ©rĂ©es par l’exploitation d’un site de gestion des matiĂšres rĂ©siduelles s’avĂšre tout un dĂ©ïŹ technique. La ïŹliĂšre de traitement Ă  proposer doit ĂȘtre adaptĂ©e selon trois aspects : les dĂ©bits des diffĂ©rents efïŹ‚uents gĂ©nĂ©rĂ©s, la composition de chacun de ces rejets et les objectifs de rejet Ă  atteindre. L’étude de cas ci-dessous prĂ©sente une solution de ïŹliĂšre de traitement devant gĂ©rer une « soupe » provenant de quatre efïŹ‚uents de nature complĂštement diffĂ©rente.

ORIGINE ET COMPOSITION DES EFFLUENTS

Les efïŹ‚uents produits par l’exploitation du site de gestion des rĂ©sidus solides proviennent des quatre sources suivantes : 1) un lieu d’enfouissement technique (LET) actuellement en exploitation ; 2) un lieu d’enfouissement sanitaire (LES) fermĂ© ; 3) une plate-forme de compostage des matiĂšres rĂ©siduelles fertilisantes ; et 4) le ïŹltrat d’un systĂšme d’épaississement de boues de fosses septiques (BFS).

Évidemment, chacun de ces efïŹ‚uents a ses propres caractĂ©ristiques de dĂ©bit et de charge. Le mĂ©lange des quatre se solde par un dĂ©bit maximum quotidien d’environ 300 m3/j. La concentration en DBO5* est relativement faible, Ă  160 mg/L, les matiĂšres en suspension (MES) sont de l’ordre de 500 mg/L, alors que l’azote total (NTK) et l’azote ammoniacal (N-NH4+) sont respectivement de 310 mg/L et de 250 mg/L.

Les objectifs de rejet Ă  atteindre sont les suivants :

= DBO5 tot ≀ 65 mg/L ;

= MES ≀ 35 mg/L ;

= N-NH4+ ≀ 10 mg/L ;

= Phosphore total ≀ 0,8 mg/L.

PRÉTRAITEMENT – ÉGALISATION ET CHAUFFAGE

La totalitĂ© des efïŹ‚uents est dirigĂ©e vers un rĂ©servoir d’égalisation existant (Ă©tang aĂ©rĂ©) dans lequel une sĂ©rie de trois aĂ©rateurs de surface sont installĂ©s. Ces aĂ©rateurs permettent de maintenir l’homogĂ©nĂ©itĂ© du mĂ©lange et d’amorcer le traitement biologique.

Un poste de pompage, muni d’une pompe verticale Ă  turbine, est amĂ©nagĂ© Ă  l’extrĂ©mitĂ© de ce bassin d’égalisation et permet d’alimenter Ă  dĂ©bit contrĂŽlĂ© les rĂ©acteurs biologiques. Le refoulement de cette pompe est dirigĂ© vers un Ă©changeur de chaleur qui chauffe l’efïŹ‚uent Ă  20 ÂșC. Cet Ă©changeur de chaleur est couplĂ© soit Ă  une bouilloire Ă©lectrique, soit Ă  un systĂšme de gĂ©othermie, selon les saisons.

Un systĂšme de dosage d’acide phosphorique est prĂ©vu en aval de l’échangeur de chaleur pour maintenir les ratios stƓchiomĂ©triques en nutriments nĂ©cessaires au traitement biologique.

TRAITEMENT BIOLOGIQUE

La technologie sĂ©lectionnĂ©e pour le traitement biologique de ces eaux rĂ©siduaires est le rĂ©acteur biologique Ă  garnissage en suspension (RBGS). La biomasse qui se dĂ©veloppe sur le garnissage est mise en contact avec le substrat organique, les nutriments et l’oxygĂšne dissous grĂące Ă  une aĂ©ration/agitation dans les rĂ©acteurs. La biomasse qui se dĂ©tache du garnissage est Ă©vacuĂ©e au ïŹl de l’eau. Le procĂ©dĂ© ne nĂ©cessite pas de recirculation des

boues et, par consĂ©quent, n’exige pas de contrĂŽle particulier du rapport aliments/micro-organismes (rapport F/M) et de l’ñge des boues.

Un systĂšme d’aĂ©ration, constituĂ© de trois soufïŹ‚antes alimentant une sĂ©rie de diffuseurs Ă  grosses bulles, assure le transfert d’oxygĂšne ainsi que le brassage de la phase liquide et du garnissage, ce qui favorise le dĂ©tachement de la biomasse gĂ©nĂ©rĂ©e au cours du processus de traitement biologique.

La ïŹliĂšre de traitement proposĂ©e permet la combinaison d’une premiĂšre phase dĂ©diĂ©e Ă  l’élimination de la DBO5 et d’une deuxiĂšme phase de traitement dimensionnĂ© pour la nitriïŹcation. Deux trains de rĂ©acteurs biologiques installĂ©s en parallĂšle ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s. AïŹn de rĂ©partir le dĂ©bit de façon Ă©gale sur chacun des trains de traitement, une boĂźte de rĂ©partition de dĂ©bit a Ă©tĂ© installĂ©e en amont des RBGS.

Un systĂšme de dosage d’alcalinitĂ©, sous forme de carbonate de sodium, permet de maintenir une concentration optimale en carbonate pour soutenir la nitriïŹcation de l’azote ammoniacal. Le dosage est effectuĂ© dans la boĂźte de distribution et il est contrĂŽlĂ© automatiquement, de façon Ă  respecter la concentration maximale prescrite par la Loi sur la qualitĂ© de l’environnement conformĂ©ment Ă  l’autorisation dĂ©livrĂ©e, ce qui permet de contribuer Ă  la nontoxicitĂ© de l’efïŹ‚uent ïŹnal.

Finalement, un systĂšme d’injection d’antimousse, composĂ© de quatre pompes doseuses, permet d’éviter la formation de mousse, produit indĂ©sirable de l’activitĂ© biologique, dans chacune des phases du RBGS.

SÉPARATION SOLIDES/LIQUIDE

La biomasse gĂ©nĂ©rĂ©e lors du processus de dĂ©gradation biologique des polluants et qui se desquame du garnissage par le brassage mĂ©canique du mĂ©dia est Ă©vacuĂ©e des RBGS par les deux conduites de sortie. Cette liqueur mixte est dirigĂ©e vers un ïŹ‚ottateur Ă  air dissous (FAD) qui permet la sĂ©paration des solides de l’efïŹ‚uent traitĂ©.

Trois systĂšmes d’injection de produits chimiques sont intĂ©grĂ©s Ă  la chaĂźne de sĂ©paration solides/liquide. Le premier systĂšme de dosage injecte un coagulant pour l’agrĂ©gation des MES en amont du FAD. Le deuxiĂšme systĂšme injecte un polymĂšre pour la ïŹ‚oculation des boues en amont du FAD. Finalement, le dernier systĂšme de dosage injecte de la soude caustique pour ajuster le pH de l’efïŹ‚uent ïŹnal.

TRAITEMENT TERTIAIRE

Étant donnĂ© qu’une portion de l’efïŹ‚uent global du site provient d’un systĂšme de traitement des boues de fosse septique, un systĂšme de traitement tertiaire par rayonnement aux ultra-violets complĂšte la ïŹliĂšre de traitement. Lorsque le systĂšme d’épaississement des BFS sera en exploitation (pĂ©riode estivale), les rĂ©acteurs UV seront utilisĂ©s pour inactiver les bactĂ©ries coliformes prĂ©sentes dans l’efïŹ‚uent ïŹnal.

DISPOSITION FINALE DES REJETS LIQUIDES ET SOLIDES

L’efïŹ‚uent ïŹnal de la ïŹliĂšre de traitement est disposĂ© par rejet en surface dans un fossĂ© qui est tributaire d’un petit cours d’eau. Il est Ă©galement possible de diriger cet efïŹ‚uent vers l’ancien systĂšme de traitement des lixiviats du LES. Ce systĂšme est composĂ© d’une sĂ©rie d’étangs aĂ©rĂ©s et d’un Ă©tang de polissage.

Les boues ïŹ‚ottantes recueillies du FAD peuvent ĂȘtre Ă©vacuĂ©es Ă  deux endroits selon la saison. En pĂ©riode estivale, les boues Ă©paissies sont dirigĂ©es vers la cellule du LET qui est en activitĂ©. Pendant la saison hivernale, les boues sont pompĂ©es vers le rĂ©servoir de stockage des BFS, oĂč elles sont Ă©paissies lors de la pĂ©riode d’exploitation estivale. n

*Demande biochimique en oxygĂšne (soit la quantitĂ© d’oxygĂšne consommĂ©e par les microorganismes) sur une pĂ©riode de cinq jours.

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TRAITEMENT DES EAUX LE TRAITEMENT
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PERFLUORÉS

Me Thibaud

Avocat associé, LL. B. Daigneault, avocats inc. thibaud.daoust@daigneaultinc.com

epuis plusieurs annĂ©es, la prĂ©sence des composĂ©s perfluorĂ©s dans l’eau alimente les journaux et la recherche, qui tente de mieux en cerner les effets sur l’humain et sur l’environnement. Plus rĂ©cemment, aux États-Unis, les substances perfluoalkylĂ©es et perfluoroalkylĂ©es (ci-aprĂšs « PFAS ») ont Ă©tĂ© la cible d’une rĂ©glementation de plus en plus sĂ©vĂšre vu leurs effets anticipĂ©s sur la santĂ©, notamment des effets cancĂ©rigĂšnes. Dans ce cadre, nous nous proposons de faire un rapide tour d’horizon de la rĂ©glementation sur les PFAS au Canada, dont celle portant sur la qualitĂ© de l’eau, et d’essayer d’anticiper les propositions rĂ©glementaires futures.

LES PFAS ET LA RÉGLEMENTATION CANADIENNE

Actuellement, le cƓur du rĂ©gime rĂ©glementaire fĂ©dĂ©ral sur les PFAS se trouve dans le RĂšglement sur certaines substances toxiques interdites1, adoptĂ© en 2012 en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999) 2. Ce rĂšglement prĂ©voit essentiellement des interdictions de fabriquer, de vendre, d’utiliser et d’importer certains composĂ©s de la famille des PFAS et des produits qui en contiennent, sauf exception. Ce rĂšglement de 2012 est vouĂ© Ă  ĂȘtre remplacĂ© par un rĂšglement du mĂȘme nom, au cours de l’annĂ©e 2023, car un projet de rĂšglement a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© mis en circulation au cours du mois de mai 2022 3. Cette nouvelle mouture resserrerait la vis en retirant les exceptions auparavant prĂ©vues, dont celle portant sur les mousses anti-incendie qui contiennent des mousses Ă  formation de pellicule aqueuse (aqueous film-forming foam ou AFFF en anglais) 4. Outre cette rĂ©glementation fĂ©dĂ©rale, les PFAS ne sont gĂ©nĂ©ralement qu’indirectement abordĂ©es dans la rĂ©glementation environnementale quĂ©bĂ©coise et canadienne, Ă  travers des rĂ©glementations sur la gestion des matiĂšres dangereuses.

LA QUALITÉ DE L’EAU ET LES PFAS

Comme mentionnĂ© plus haut, les PFAS ne sont gĂ©nĂ©ralement pas abordĂ©es dans la rĂ©glementation environnementale canadienne et quĂ©bĂ©coise. Elles brillent donc par leur absence, tout particuliĂšrement dans la rĂ©glementation portant sur la qualitĂ© de l’eau potable. Les PFAS seraient toutefois couvertes de maniĂšre rĂ©siduaire par la norme gĂ©nĂ©rale de toxicitĂ© aiguĂ« pour les efïŹ‚uents des ouvrages municipaux d’eaux usĂ©es 5 .

Il faut cependant noter que les lacunes en matiĂšre de rĂ©glementation ne dĂ©coulent pas d’une absence d’études ou de recommandations sur les

1 DORS 2012-285.

2 L.C. 1999, c. 33.

3 Gazette du Canada, Partie I, vol. 156, no 20, p. 2365.

4 Ibid

5 RĂšglement sur les ouvrages municipaux d’assainissement des eaux usĂ©es, RLRQ, c. Q-2, r. 34.1, art. 7.

6 Berryman, D., Salhi, C., Bolduc, A., Deblois, C. et Tremblay, H. (2012). Les composĂ©s perfluorĂ©s dans les cours d’eau et l’eau potable du QuĂ©bec mĂ©ridional. MinistĂšre du DĂ©veloppement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs, Direction du suivi de l’état de l’environnement.

Il faut Ă©galement se demander si ces normes, bien que trĂšs rĂ©centes, sont toujours d’actualitĂ©, alors que les recommandations de l’Environmental Protection Agency des États-Unis, adoptĂ©es cet Ă©tĂ©, sont 10 000 fois plus strictes que celles du gouvernement canadien.

PFAS sur le territoire canadien. En effet, dĂšs 2007, le gouvernement du QuĂ©bec procĂ©dait Ă  des Ă©chantillonnages de certains composĂ©s de PFAS dans dix cours d’eau du QuĂ©bec et en dĂ©tectait dans la majoritĂ© de ces cours d’eau 6 . Depuis 2018, des recommandations au sujet de normes de concentration de certaines PFAS dans l’eau potable ont Ă©tĂ© promulguĂ©es par le gouvernement fĂ©dĂ©ral 7 . Celles-ci n’ont toutefois pas encore Ă©tĂ© intĂ©grĂ©es au niveau provincial, bien que quatre ans se soient Ă©coulĂ©s depuis leur publication. Il faut Ă©galement se demander si ces normes, bien que trĂšs rĂ©centes, sont toujours d’actualitĂ©, alors que les recommandations de l’Environmental Protection Agency des États-Unis, adoptĂ©es cet Ă©tĂ©, sont 10 000 fois plus strictes que celles du gouvernement canadien8

À QUOI S’ATTENDRE ?

Il est clair que les PFAS feront l’objet d’une rĂ©glementation environnementale plus stricte, quoique la forme de celle-ci reste encore largement Ă  dĂ©finir. Au niveau fĂ©dĂ©ral, l’imposition de restrictions supplĂ©mentaires Ă  la fabrication, Ă  l’utilisation, Ă  la vente et Ă  l’importation de certaines PFAS et de produits qui en contiennent est dĂ©jĂ  enclenchĂ©e. Également, depuis avril 2021, le gouvernement fĂ©dĂ©ral Ă©tudie la possibilitĂ© de rĂ©glementer les PFAS de maniĂšre globale, bien que les rĂ©sultats complets de cette dĂ©marche restent encore inconnus 9 .

Sur le plan rĂ©glementaire, la réévaluation des normes sur la qualitĂ© de l’eau sera certainement la prioritĂ© des gouvernements canadien et quĂ©bĂ©cois10 De telles normes feront toutefois face Ă  un grave constat : la grande majoritĂ© des usines de production d’eau potable et d’assainissement des eaux ne possĂšdent pas d’équipements pouvant efïŹcacement capter ou traiter les PFAS. L’imposition de normes strictes devra alors nĂ©cessairement ĂȘtre accompagnĂ©e d’un soutien ïŹnancier important pour permettre une transition technologique Ă  grande Ă©chelle, si l’on veut raisonnablement espĂ©rer les atteindre Ă  court ou moyen terme. En attendant l’entrĂ©e en vigueur de nouvelles normes rĂ©glementaires sur le sujet, l’amĂ©lioration des procĂ©dĂ©s de traitement visant Ă  rĂ©duire les quantitĂ©s de PFAS dans l’eau potable et dans les eaux usĂ©es ne se fera, elle, qu’au compte-gouttes. n

7 SantĂ© Canada. (2018). Recommandations pour la qualitĂ© de l’eau potable au Canada : document technique — Le sulfonate de perfluorooctane. Direction gĂ©nĂ©rale de la santĂ© environnementale et de la sĂ©curitĂ© des consommateurs, Bureau de la qualitĂ© de l’eau et de l’air ; SantĂ© Canada. (2018). Recommandations pour la qualitĂ© de l’eau potable au Canada : document technique — L’acide perfluorooctanoĂŻque (APFO) . Direction gĂ©nĂ©rale de la santĂ© environnementale et de la sĂ©curitĂ© des consommateurs, Bureau de la qualitĂ© de l’eau et de l’air.

8 United States Environmental Protection Agency. (2022). Questions and Answers: Drinking Water Health Advisories for PFOA, PFOS, GenX Chemicals and PFBS https://www.epa.gov/sdwa/questions-and-answers-drinking-water-health-advisories-pfoa-pfos-genx-chemicals-and-pfbs

9 Gazette du Canada Partie I, vol. 155, no 17, p. 1703.

10 Duhamel, I. (2022, 4 septembre). Faut-il revoir les normes sur les composĂ©s perfluorĂ©s dans les sources d’eau potable ? Le Soleil https://www.lesoleil.com/2022/09/04/faut-il-revoir-les-normes-sur-les-composes-perfluores-dans-les-sourcesdeau-potable-368c56a629095e898c62b3e83ce83be8

LE JURIDIQUE
LES GRANDS ABSENTS DE LA RÉGLEMENTATION
SUR LA QUALITÉ DE L’EAU POTABLE Ce texte vous fait
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